2
.E DE QUALITI UE DES BIOLOGISTES Alain LEBLANC* A la fin des annees 1970, tout ou pres£ ue etait dit sur le contr61e de qualite. II ne restait plus qu & mettre en place et faire evoluer ce concept, qui representait un progr6s important pour la biologie m6dica[e. Notre pays faisait alors en Europe, avec les Anglais, figure de pionnier. Invite recemment & un colloque dont le theme etait une reflexion sur la symbiose, et son uti!it61 d u contr(~le de qualite, de la formation conti- nue et du Net, j'ai d6c0uvertavec surprise qu'un certain nombre de collegues europeens reunis en association :continuaient & diss6quer le concept du contr6!e de qua!it6, dont ils se font les ex6g~tes. PrMlegiant le dire au faire, ils Se comp!aisent & produire des documents savants pour theoriser, norrna!iser, standardiser, reglementer.., le contr61e de qualite, au:lieu de le mettre en pratique et de I'ameliorer sur le terrain. Au cours du cotloque, j'ai oru r6ver en ecoutant un coll~gue nous par- ler du contr61e de quatit6 en Europe, dont il situait les debuts & la fin des ann6es 1980, en termes bien peu diff6rents de ceux du groupe de travail de i'OMS [1] qui en avait pos6 les jalons & Bruxelles en 1 979. Je me suis senti un instant rajeuni. J'ai pense avec un peu de nostalgie #. tous ces collegues, dont beaucoup aujourd'hui disparus, participant avec moi & ce groupe de travail..l'ai pense aussi #. tout ce qui a et6 fait depuis~ A toutes les initiatives, succes ou echecs. nees de I'experience acquise et des progres techniques qu onl jalonne I'~volution du contr61e de qualit~ sur le terrain au cours de ce quart de siecle. On devrait avoir largement depasse le stade des discussions byzan- tines sur le contrSle de qualite qui ne cesse heureusement de se deve- lopper et d'evoluer en m6me temps que le progres technique qui lui en donne les moyens. Je ne pense pas, comme certains, que ,, nous ne tenons guere & la qualite, quoique I' on en parle beaucoup ,, et les discussions que j'ai I'audace de qualifier de byzantines ne sont sans doute pas totalement inutiles. J'espere que les collegues que je semble vouloir stigmatiser sauront me pardonner, mais j'espere aussi qu'ils corn prendront I'interet prioritaire que je porte & toutes les initiatives qui font oouger le contr61e de qualit6 aujourd'hui : elles sont nombreuses. EIles fascinent et passionnent le spectateur que je suis devenu. J'ai toujours ete convaincu du r61e educatif et formateur du contr61e de qualite et de celui qu'on pouvait attendre du Net pour I'authenti- fier. ,le n'ai malheureusementjamais reussi & faire partager mon enthou- siasme & mes autorites. Si le legislateur avait accepte de confier au secteur prive, qui en avait ete le promoteur, le soin d'organiser le contrSle de qualite, je crois qu'aujourd'hui il eet pu en 6tre autrement... mais on ne r66crit pas I'Histoire. II est vrai qu'& I'epoque, peu de laboratoires etaient en mesure d'uti- liser I'internet mais le succes de ce mode de communication etait pre- visible et annonce. II est tout aussi vrai que la transmission par I'internet d'images numerisees en etait & ses premiers balbutiements.., et d'un co~t eleve. Je souhaitais seulement qu'on s'y prepare pour I'avenir mais je n'ai jamais pu en avoir les moyens. Avec mes amis Claude Sultan et Adrien Bedossa, I'intelligence artificielle comme le contr61e de qua- lite tenaient une grande place dans nos discussions sur la necessite de la formation continue. Nous avions senti que notre specialite avait beaucoup a en attendre. C'est une fois de plus du prive, libre des pesanteurs et des hesitations administratives, qu'est venue I'initiative d'associer le contrSle de qua- lit& la formation continue et le Net. Bioforma, que preside Adrien Bedossa. gr&ce & I'ouverture d'esprit de I'Assurance maladie, a sou- tenu des le debut I'initiative du Pr Corberand et du CTCB (Centre tou- Iousain pour le contr61e de qualite en biologie clinique) permettant & nombre de biologistes de participer au remarquable programme Hematimage. Le Pr Corberand a ouvert la voie et demontre ce que le Net pouvait apporter ~. la formation continue. Actuellement, I'eventail des programmes de contrSle ,, qualite/formation continue ,, via I'internet, facilites par la banalisation de cet outil et les progr6s des transmission d'images numerisees, permet & Bioforma de proposer de plus en plus de programmes de ce type aux biologistes prives, tant dans le domaine du contr61e de qualite que de celui de I'aide au diagnostic. Cette demarche a m6me pris depuis Pan dernier une dimension europeenne gr~.ce & la collaboration etablie avec nos confreres italiens reunis au sein de I'association Italbioforma, qui pour- suit les memes buts que Bioforma. Cette association avait developpe un programme comparable & celui du Pr Corberand et du CTCB, Revue Frangaise des Laboratoires, avrit 2004, N° 362 7

Propos sur le contrôle de qualité et la formation continue des biologistes

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Propos sur le contrôle de qualité et la formation continue des biologistes

.E DE QUALITI UE DES BIOLOGISTES

Alain LEBLANC*

A la fin des annees 1970, tout ou pres£ ue etait dit sur le contr61e de qualite. II ne restait plus qu & mettre en place et faire evoluer

ce concept, qui representait un progr6s important pour la biologie m6dica[e. Notre pays faisait alors en Europe, avec les Anglais, figure

de pionnier.

Invite recemment & un colloque dont le theme etait une reflexion sur

la symbiose, et son uti!it61 d u contr(~le de qualite, de la formation conti- nue et du Net, j'ai d6c0uvertavec surprise qu'un certain nombre de

collegues europeens reunis en association :continuaient & diss6quer

le concept du contr6!e de qua!it6, dont ils se font les ex6g~tes. PrMlegiant le dire a u faire, ils Se comp!aisent & produire des documents

savants pour theoriser, norrna!iser, standardiser, reglementer.., le contr61e de qualite, au:lieu de le mettre en pratique et de I'ameliorer

sur le terrain.

Au cours du cotloque, j'ai oru r6ver en ecoutant un coll~gue nous par-

ler du contr61e de quatit6 en Europe, dont il situait les debuts & la fin

des ann6es 1980, en termes bien peu diff6rents de ceux du groupe

de travail de i 'OMS [1] qui en avait pos6 les jalons & Bruxelles en 1 979. Je me suis senti un instant rajeuni. J'ai pense avec un peu de

nostalgie #. tous ces collegues, dont beaucoup aujourd'hui disparus, participant avec moi & ce groupe de travail..l'ai pense aussi #. tout

ce qui a et6 fait depuis~ A toutes les initiatives, succes ou echecs. nees de I'experience acquise et des progres techniques qu onl

jalonne I'~volution du contr61e de qualit~ sur le terrain au cours de ce quart de siecle.

On devrait avoir largement depasse le stade des discussions byzan-

tines sur le contrSle de qualite qui ne cesse heureusement de se deve-

lopper et d'evoluer en m6me temps que le progres technique qui lui en donne les moyens. Je ne pense pas, comme certains, que ,, nous

ne tenons guere & la qualite, quo ique I' on en parle beaucoup ,, et les discussions que j'ai I'audace de qualifier de byzantines ne sont sans doute pas totalement inutiles. J'espere que les collegues que je semble

vouloir stigmatiser sauront me pardonner, mais j'espere aussi qu'ils

corn prendront I'interet prioritaire que je porte & toutes les initiatives qui font oouger le contr61e de qualit6 aujourd'hui : elles sont nombreuses. EIles fascinent et passionnent le spectateur que je suis devenu.

J'ai toujours ete convaincu du r61e educatif et formateur du contr61e

de qualite et de celui qu'on pouvait attendre du Net pour I'authenti- fier. ,le n'ai malheureusement jamais reussi & faire partager mon enthou-

siasme & mes autorites. Si le legislateur avait accepte de confier au

secteur prive, qui en avait ete le promoteur, le soin d'organiser le

contrSle de qualite, je crois qu'aujourd'hui il eet pu en 6tre autrement...

mais on ne r66crit pas I'Histoire.

II est vrai qu'& I'epoque, peu de laboratoires etaient en mesure d'uti-

liser I'internet mais le succes de ce mode de communication etait pre- visible et annonce. II est tout aussi vrai que la transmission par I'internet

d'images numerisees en etait & ses premiers balbutiements.., et d'un

co~t eleve. Je souhaitais seulement qu'on s'y prepare pour I'avenir mais

je n'ai jamais pu en avoir les moyens. Avec mes amis Claude Sultan et Adrien Bedossa, I'intelligence artificielle comme le contr61e de qua-

lite tenaient une grande place dans nos discussions sur la necessite

de la formation continue. Nous avions senti que notre specialite avait

beaucoup a en attendre.

C'est une fois de plus du prive, libre des pesanteurs et des hesitations

administratives, qu'est venue I'initiative d'associer le contrSle de qua- lit& la formation continue et le Net. Bioforma, que preside Adrien

Bedossa. gr&ce & I'ouverture d'esprit de I'Assurance maladie, a sou-

tenu des le debut I'initiative du Pr Corberand et du CTCB (Centre tou- Iousain pour le contr61e de qualite en biologie clinique) permettant &

nombre de biologistes de participer au remarquable programme

Hematimage. Le Pr Corberand a ouvert la voie et demontre ce que le Net pouvait apporter ~. la formation continue.

Actuellement, I'eventail des programmes de contrSle ,, qualite/formation

continue ,, via I'internet, facilites par la banalisation de cet outil et les progr6s des transmission d'images numerisees, permet & Bioforma de

proposer de plus en plus de programmes de ce type aux biologistes prives, tant dans le domaine du contr61e de qualite que de celui de

I'aide au diagnostic. Cette demarche a m6me pris depuis Pan dernier une dimension europeenne gr~.ce & la collaboration etablie avec nos

confreres italiens reunis au sein de I'association Italbioforma, qui pour-

suit les memes buts que Bioforma. Cette association avait developpe un programme comparable & celui du Pr Corberand et du CTCB,

Revue Frangaise des Laboratoires, avrit 2004, N ° 362 7

Page 2: Propos sur le contrôle de qualité et la formation continue des biologistes

Bioforma

i contrhle 51e multi-

participant de rece-

ss, des cas cliniques,

et de choisir parmi

attendu

du cas

concern~e par ce

,aluation des com-

resultats de qua-

convivial dun tel ~ faire participer &

I'objectif d'en

8vec enthou-

~.n?ais, dont le

"Is d'ltalbioforma

us de 300 labo-

& Controlimage,

~vec, outre

Jne version

portugaise

nent

Bioforma souhaite que nos confreres espagnols el autres s'as- soc~ent & la collaboration qui se met en place avec les pays medi-

terran6ens, europ6ens ou non. L~Europe du Sud doit se manifester

au sein de I'Union europeenne alors q u'elle s'ouvre de plus en plus & celle du Nord.

Desormais retrait6, je suis toujours aussi passionne par le contrhle de

qualite, auquel j'ai consacre toute la seconde partie de ma vie pro-

fessionnelle..le suis heureux de pouvoir participer, au sein de Bioforma,

aux 6volutions F)ositives qui demarquent notre contrOle de qualite de

ses possibilit6s repressives qui le d6naturent. Stimule par ce que

j'ai entendu Iors de ce colloque, j'ai cru bon de rappeler simplement

& nos confreres, sans pretention aucune, combien il est important

apr~s les indispensables reflexions, de savoir prendre le risque d'en

materialiser le fruit, tout en restant I'esprit eveille au monde envi-

ronnant. Cela afin de faire evoluer cet outil si utile au progres de

notre profession q u'est le contrhle de q ~alit~. moteur de I'amelio-

ration des comp6tences.

[1 ] Exte ~ q ~ ' ~ - ' l t y ~ e n t of heaJth laboratories. Bn.~elles, 4 - 7 ~ m b r e ~ ~ Rapport dun groupe de travail de rOMS rL, uni par le Bureau regional Europe, pre- 1 side pa r Alfred Lafontaine (BelgJque). Rapporteurs : T.P Whitehead et F.p. t Woodford (R0yaume-Uni) la version originale de ce rapport, traduit et pubti6 t en fran?ais, etait en angtais.

Nora ; les conclusions du rapport ont ere publi6es en 5 parties pour I'European Committee for Clinical Laboratories Standards (ECCLS) par Beuth Verlag GMBH (Berlin, Cologne) sous le titre : Standard for Quality Assurance.

Part 1- Terminology and General Principles, ECCLS vol, 2, n°l, f6vrier t985, chairmen : A. Lebtanc and ER Woodford. Part ') ; Internal Quality Control in Microbiology, ECCLS vol. 2, n°4, juin 1985, chairmen : A. Leblanc ahd EP. Woodford. Part 3 ; External Quality Assessment in Microbiology, ECCLS vol. 2, n ° 2 f~vrier 1985, chairmen : A. Leblanc and EP. Wooclfo~d. Part 4 ." Internal Quality Control in Haematoiogy ECCLS vol. 4, n°2 February 1987 chairman : Pr S.M. Lewis. Part ,5 ; External Quality Assessment in Haematology, ECCLS vol; 3, n ° 1, mai 1986, chairman : Pr S.M. Lewis. UIFCC a publi6 un document comparable & la meme 6poque.

8 Revue Fran?aise des Laboratoires. avrJ12004. N ° 362