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365 Indicateurs de Santé au Travail Arch Mal Prof Env 2006 JEUDI 1 ER JUIN 60 000 agents (collaboration entamée il y a 3 ans, pre- mières analyses en cours). Une convention pour une étude de mortalité chez les pompiers professionnels est sur le point d’être signée. Des contacts avec d’autres entreprises ou secteurs ont été noués en 2004 et 2005 et il est espéré que des études soient également initiées en 2006 dans le secteur de la chimie (priorité), la SNCF, Air France, l’AP-HP… Dans plusieurs cas, des négocia- tions n’ont pas abouti (La Poste, Lu). Conclusion Les grandes cohortes mises en place dans ce pro- gramme constitueront des outils de surveillance large et systématique dans des populations d’intérêt, venant en complément des autres études plus spécifiques exis- tantes ou à venir. Le volet mortalité permet une sur- veillance large et pouvant inclure les décès survenus après le départ à la retraite ; les suivis de morbidité seront plus spécifiques et concerneront des pathologies choisies. L’ensemble constituera un réseau de cohortes, permettant également de faire des comparaisons entre secteurs. Les discussions sur la mise en place de tels projets ne sont pas toujours simples et peuvent prendre du temps, un frein majeur étant l’hésitation des entre- prises à engager des moyens sur de tels projets. Indicateurs de santé au travail et surveillance épidémiologique A. CHEVALIER 1 , G. SANTIN, M. GOLDBERG, B. GEOFFROY-PEREZ, J. MARCHAND, E. IMBERNON 1. InVS. Objectif Le Département santé-travail (DST) de l’InVS a entre- pris la construction à l’échelle nationale d’indicateurs de santé au travail, permettant la surveillance épidé- miologique, c’est-à-dire le suivi et l’analyse, systémati- ques et permanents, des problèmes de santé et de leurs déterminants professionnels afin d’orienter les politi- ques de prévention en matière de santé au travail. Que ce soit au niveau de la population générale ou des sala- riés d’une entreprise, de tels indicateurs doivent per- mettre de quantifier les pathologies, les expositions ou l’impact de ces dernières sur la santé. Méthode Pour chaque indicateur, une fiche sera constituée com- prenant sa définition mathématique, les données à par- tir desquelles il est calculé, sa signification ainsi que sa validité et ses utilisations potentielles. Plusieurs types d’indicateurs, extraits des travaux en cours au DST sur le cancer du poumon, seront présentés : le risque relatif de décès selon la branche d’activité en France, le ratio de mortalité standardisé (SMR) par métier chez les sala- riés d’EDF GDF, le pourcentage d’exposés à l’amiante vie entière et la fraction de cancers du poumon attri- buables à l’amiante en France. Résultats L’étude COSMOP montre de grandes variations du ris- que relatif de décès par cancer pulmonaire selon l’activité : c’est dans l’enseignement et l’agriculture que l’on observe la sous-mortalité la plus forte (RR respectifs : 0,59 et 0,58) et dans les industries de la pro- duction des minerais et du verre qu’on observe la sur- mortalité la plus élevée (RR = 1,52 et 2,29). Dans les entreprises EDF GDF, le SMR calculé par métier met en évidence de grandes variations : le personnel chargé de l’entretien du thermique « classique » et les gaziers de la distribution présentent une surmortalité (SMR respectifs : 1,61 et 1,57) tandis qu’une sous-mortalité est observée pour les cols blancs et les contremaîtres de la distribution (SMR = 0,89 et 0,64). La proportion d’hommes de plus de 55 ans exposés à l’amiante en 1995 en France est estimée à 25 %. La fraction de ris- que de cancer pulmonaire attribuable à l’amiante est comprise entre 10 et 20 %, soit un nombre de décès attribuables à l’amiante variant de 2 433 à 5 427. Ces chiffres sont à rapprocher des 438 maladies profes- sionnelles indemnisées au régime général en 1999. Conclusion Les indicateurs présentés permettent d’appréhender divers aspects du risque professionnel de cancer du poumon : quantification d’activités ou de métiers « à risque », mise en évidence et quantification des lacunes du système de réparation. D’autres indicateurs, plus originaux, en cours d’élaboration feront l’objet de la même démarche systématique Recensement des besoins de nos adhérents : résultats d’enquête F. DE BANDT, G. DESNOYERS Yvelines Santé Travail. Objectif Premier acte d’un projet de service élaboré en 2003, l’identification des attentes des entreprises en matière

Recensement des besoins de nos adherents : résultats d’enquête

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Indicateurs de Santé au Travail

Arch Mal Prof Env 2006

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JU

IN

60 000 agents (collaboration entamée il y a 3 ans, pre-mières analyses en cours). Une convention pour uneétude de mortalité chez les pompiers professionnels estsur le point d’être signée. Des contacts avec d’autresentreprises ou secteurs ont été noués en 2004 et 2005 etil est espéré que des études soient également initiées en2006 dans le secteur de la chimie (priorité), la SNCF,Air France, l’AP-HP… Dans plusieurs cas, des négocia-tions n’ont pas abouti (La Poste, Lu).

ConclusionLes grandes cohortes mises en place dans ce pro-gramme constitueront des outils de surveillance largeet systématique dans des populations d’intérêt, venanten complément des autres études plus spécifiques exis-tantes ou à venir. Le volet mortalité permet une sur-veillance large et pouvant inclure les décès survenusaprès le départ à la retraite ; les suivis de morbiditéseront plus spécifiques et concerneront des pathologieschoisies. L’ensemble constituera un réseau de cohortes,permettant également de faire des comparaisons entresecteurs. Les discussions sur la mise en place de telsprojets ne sont pas toujours simples et peuvent prendredu temps, un frein majeur étant l’hésitation des entre-prises à engager des moyens sur de tels projets.

Indicateurs de santé au travail et surveillance épidémiologique

A. CHEVALIER1, G. SANTIN, M. GOLDBERG, B. GEOFFROY-PEREZ, J. MARCHAND, E. IMBERNON1. InVS.

ObjectifLe Département santé-travail (DST) de l’InVS a entre-pris la construction à l’échelle nationale d’indicateursde santé au travail, permettant la surveillance épidé-miologique, c’est-à-dire le suivi et l’analyse, systémati-ques et permanents, des problèmes de santé et de leursdéterminants professionnels afin d’orienter les politi-ques de prévention en matière de santé au travail. Quece soit au niveau de la population générale ou des sala-riés d’une entreprise, de tels indicateurs doivent per-mettre de quantifier les pathologies, les expositions oul’impact de ces dernières sur la santé.

MéthodePour chaque indicateur, une fiche sera constituée com-prenant sa définition mathématique, les données à par-tir desquelles il est calculé, sa signification ainsi que sa

validité et ses utilisations potentielles. Plusieurs typesd’indicateurs, extraits des travaux en cours au DST surle cancer du poumon, seront présentés : le risque relatifde décès selon la branche d’activité en France, le ratiode mortalité standardisé (SMR) par métier chez les sala-riés d’EDF GDF, le pourcentage d’exposés à l’amiantevie entière et la fraction de cancers du poumon attri-buables à l’amiante en France.

RésultatsL’étude COSMOP montre de grandes variations du ris-que relatif de décès par cancer pulmonaire selonl’activité : c’est dans l’enseignement et l’agricultureque l’on observe la sous-mortalité la plus forte (RRrespectifs : 0,59 et 0,58) et dans les industries de la pro-duction des minerais et du verre qu’on observe la sur-mortalité la plus élevée (RR = 1,52 et 2,29). Dans lesentreprises EDF GDF, le SMR calculé par métier met enévidence de grandes variations : le personnel chargé del’entretien du thermique « classique » et les gaziers dela distribution présentent une surmortalité (SMRrespectifs : 1,61 et 1,57) tandis qu’une sous-mortalitéest observée pour les cols blancs et les contremaîtres dela distribution (SMR = 0,89 et 0,64). La proportiond’hommes de plus de 55 ans exposés à l’amiante en1995 en France est estimée à 25 %. La fraction de ris-que de cancer pulmonaire attribuable à l’amiante estcomprise entre 10 et 20 %, soit un nombre de décèsattribuables à l’amiante variant de 2 433 à 5 427. Ceschiffres sont à rapprocher des 438 maladies profes-sionnelles indemnisées au régime général en 1999.

ConclusionLes indicateurs présentés permettent d’appréhenderdivers aspects du risque professionnel de cancer dupoumon : quantification d’activités ou de métiers « àrisque », mise en évidence et quantification des lacunesdu système de réparation. D’autres indicateurs, plusoriginaux, en cours d’élaboration feront l’objet de lamême démarche systématique

Recensement des besoins de nos adhérents : résultats d’enquête

F. DE BANDT, G. DESNOYERSYvelines Santé Travail.

ObjectifPremier acte d’un projet de service élaboré en 2003,l’identification des attentes des entreprises en matière

Page 2: Recensement des besoins de nos adherents : résultats d’enquête

29e Congrès national de médecine et santé au travail

366 Arch Mal Prof Env 2006

de prévention des risques professionnels est apparueprioritaire pour bâtir une offre de services cohérente,avec l’ambition de devenir un partenaire incontourna-ble au-delà de l’obligation légale.

MéthodeLa méthode choisie a été de réaliser une enquête parsondage à l’aide d’un questionnaire envoyé aux entre-prises avec la participation effective des médecins et deleurs assistantes.

Résultats736 entreprises, soit 9 % de nos adhérents, ont été son-dées et 420 réponses soit 57 %. L’analyse a pris encompte la taille des entreprises et leur domaine d’acti-vité (grâce aux codes NAF). Analyse globale : Sur les25 items proposés reprenant la majorité des domainesd’intervention de la Santé au travail les trois premiersqui ont intéressés les entreprises sont : – formation engestes et postures et secourisme et à égalité : – sécuritéet information en matière de législation. Analyse parclasse d’activités : 11 classes d’activités regroupantchacune plusieurs types d’activités : – Cohérence desattentes avec la spécificité de chaque classe.

ConclusionCette enquête nous a permis de bâtir une offre de servi-ces (moyens humains, techniques et organisationnels)et de servir de base de travail avec les branches profes-sionnelles.

L’application de la réforme dans les services de santé au travail. État des lieux

J. ANTZENBERGER, F. BLANC, G. LUCAS, M. CHEVALIER, G. ARNAUD, J. GUIRAUDSNPST.

ObjectifAfin de connaître la réalité de l’application du décretdans les services, un an après sa parution, le Syndicatnational des professionnels de santé au travail (SNPST)a effectué un sondage auprès de ses adhérents et sym-pathisants des services interentreprises. Ce sondage aété réalisé par un questionnaire en septembre 2005.

MéthodeLe questionnaire comportait des questions fermées etdes questions ouvertes. Une étude exhaustive des nom-

breux commentaires a été effectuée et donne un éclai-rage puissant sur la réalité du fonctionnement desservices de santé au travail. Les questions portaient surle mode de gestion des services (conseil d’administra-tion, commission de contrôle, commission médico-technique), les effectifs surveillés, le temps d’action surle milieu de travail et le temps connexe, la pluridisci-plinarité.

RésultatsLe taux de réponses de 20 % parmi lesquels 90 % desyndiqués est satisfaisant, et l’échantillon des répon-dants, féminisé aux deux tiers et pour moitié avec untemps partiel, est très proche de la représentation con-nue des services de santé au travail : un âge moyen de52 ans et une ancienneté de vingt ans indiquent claire-ment que la pyramide des âges va donner des soucis àla profession. Les réponses concernent soixante troisservices où le nombre moyen de salariés est de cin-quante et le nombre de médecins de vingt trois. Ledécret est en application dans 60 % des services, pource qui concerne le Conseil d’administration et la miseen place de la Commission médicotechnique (CMT) ; laréalité du fonctionnement de ces structures peut fairecraindre qu’elles ne restent seulement formelles. Lamajorité des médecins ont eu une augmentation deleurs effectifs de salariés ; la détermination des Sur-veillances médicales renforcées (SMR) reste floue et lecoefficient de pondération est inexistant. Un quart desmédecins pensent qu’il leur est impossible de réaliserles 150 vacations de tiers temps et le temps connexen’est souvent pas « reconnu ». La pluridisciplinaritéreste une rareté dans les services des médecins qui ontrépondu au questionnaire. Cinquante huit pour centdes médecins estiment que leurs conditions de travails’aggravent et ils sont 42 % à penser que l’efficacité deleur mission en santé au travail est moins bonne depuisla réforme.

ConclusionCette enquête ne donne qu’une vision partielle et tem-poraire de l’application de la réforme et de ses consé-quences. Mais c’est un bilan d’étape préoccupant quiconfirme hélas les craintes d’une majorité de la profes-sion. Comme le SNPST l’avait prévu, les dispositionsnumériques d’adaptation à la pénurie ont surtoutabouti à mettre les médecins du travail en injonctionparadoxale. L’autre crainte concernait l’efficacité descontre pouvoirs sociaux et administratifs … Il ne fau-drait pas que les nouvelles structures mises en place