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DES CONSÉQUENCES BIEN RÉELLES VIOLENCE AU TRAVAIL VERS UNE MEILLEURE PRISE EN CHARGE Sondage dans le milieu DE Pour mieux comprendre cette réalité dans le secteur de l’administration provinciale, l’équipe de recherche VISAGE a choisi de réaliser un sondage sur la prévalence de la violence au travail auprès de membres du personnel du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. Par le biais d’un sondage Internet mené en partenariat avec l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur administration provinciale (APSSAP), cette étude a été réalisée entre octobre 2011 et janvier 2012. Elle a permis de rejoindre 251 travailleurs, pour la majorité des agents de protection de la faune. Les questions portaient sur les actes de violence dont ils auraient pu être victimes ou témoins au cours des 12 mois précédents et sur leurs conséquences. Le sondage examinait également les perceptions des travailleurs face à la violence et au soutien reçu au travail pour contrer cette réalité. DES ACTES DE VIOLENCE FRÉQUENTS Ce sondage a permis de confirmer que la violence au travail est effectivement une réalité importante pour le personnel du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune : 64 % des travailleurs sondés ont déclaré avoir été victimes ou témoins de différents types de violence au travail, ou les deux, au cours des 12 mois précédents (le nombre moyen étant de 4,78 actes). Parmi les résultats les plus significatifs, notons que les agents étaient davantage victimes ou témoins de violence (69 %, pour une moyenne de 6 actes) que les membres du personnel administratif (46 % et moyenne de 2 actes). Par ailleurs, les résultats indiquent que les hommes étaient proportionnellement plus victimes ou témoins de violence que les femmes, ou les deux (60 % vs 25 %). De plus, 12 % des répondants ont indiqué avoir été victimes ou témoins d’un AVG. Trois formes de violence sont plus souvent rapportées : la violence physique (31 %), les menaces de mort (27 %) et la violence verbale (17 %). Dans 62 % des cas, ces actes avaient été commis par un citoyen ou un client. Mais dans 38 % des cas, il s’agissait plutôt de violence interne, c’est-à-dire que l’agresseur était un collègue, un supérieur ou un employé subalterne. Fait à noter : tous les incidents rapportés ont été perpé- trés par un agresseur de sexe masculin. La violence au travail peut entraîner diverses conséquences pour les travailleurs touchés, tout particulièrement sur le plan psychologique. Il est à noter que parmi les répondants ayant été victimes ou témoins d’un AVG au travail, il semble que la violence interne génère davantage de conséquences psychologiques que la violence externe. Les flashbacks sont mentionnés comme la difficulté la plus fréquente, rapportée par 48 % d’entre eux. Sur le plan professionnel, ces actes de violence peuvent également entraîner divers impacts. Le tiers des répondants a jugé que les effets de cette violence sur leur fonctionnement au travail étaient modérés à très importants. La conséquence la plus souvent mentionnée est une baisse de productivité (28 %), suivie par les arrêts de travail (16 %). LE POINT DE VUE DES TRAVAILLEURS La violence en milieu de travail est une problématique qui touche tous les secteurs professionnels, mais il est clair que certains travailleurs sont plus à risque que d’autres d’être victimes ou témoins d’actes de violence grave (AVG) en raison des fonctions qu’ils exercent. Ce type de violence peut prendre plusieurs formes, quoique les plus répandues demeurent les voies de fait (attaque, menace de préjudice physique ou incident dans lequel une arme est présente) – 71 % de tous les cas de violence en milieu de travail. 1 Certaines catégories de travailleurs relevant de l’administration provinciale courent un risque particulièrement élevé de faire face à ce type de violence : c’est notamment le cas des agents de la paix (catégorie incluant différents représentants de l’ordre public tels que les policiers, les agents correctionnels et les agents de la faune). En 2011, au Canada, ces travailleurs ont fait l’objet de 11 943 voies de fait, soit un taux de 34,63 pour 100 000 habitants 2 , ces actes étant habituellement commis dans le cours d'autres infractions. On constate par ailleurs que les voies de fait contre des agents de la paix ont augmenté durant la dernière décennie 3 . RÉSULTATS UN MILIEU TRÈS À RISQUE 3 Le terme « travailleurs » est utilisé dans son sens général, incluant les catégories de travailleurs et de gestionnaires.

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DES CONSÉQUENCES BIEN RÉELLES

VIOLENCE AU TRAVAILVERS UNE MEILLEURE

PRISE EN CHARGE

Sondage dans le milieuDE

Pour mieux comprendre cette réalité dans le secteur de l’administration provinciale, l’équipe de recherche VISAGE a choisi de réaliser un sondage sur la prévalence de la violence au travail auprès de membres du personnel du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. Par le biais d’un sondage Internet mené en partenariat avec l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur administration provinciale (APSSAP), cette étude a été réalisée entre octobre 2011 et janvier 2012. Elle a permis de rejoindre 251 travailleurs, pour la majorité des agents de protection de la faune. Les questions portaient sur les actes de violence dont ils auraient pu être victimes ou témoins au cours des 12 mois précédents et sur leurs conséquences. Le sondage examinait également les perceptions des travailleurs face à la violence et au soutien reçu au travail pour contrer cette réalité.

DES ACTES DE VIOLENCE FRÉQUENTSCe sondage a permis de confirmer que la violence au travail est effectivement une réalité importante pour le personnel du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune : 64 % des travailleurs sondés ont déclaré avoir été victimes ou témoins de différents types de violence au travail, ou les deux, au cours des 12 mois précédents (le nombre moyen étant de 4,78 actes). Parmi les résultats les plus significatifs, notons que les agents étaient davantage victimes ou témoins de violence (69 %, pour une moyenne de 6 actes) que les membres du personnel administratif (46 % et moyenne de 2 actes). Par ailleurs, les résultats indiquent que les hommes étaient proportionnellement plus victimes ou témoins de violence que les femmes, ou les deux (60 % vs 25 %).

De plus, 12 % des répondants ont indiqué avoir été victimes ou témoins d’un AVG. Trois formes de violence sont plus souvent rapportées : la violence physique (31 %), les menaces de mort (27 %) et la violence verbale (17 %). Dans 62 % des cas, ces actes avaient été commis par un citoyen ou un client. Mais dans 38 % des cas, il s’agissait plutôt de violence interne, c’est-à-dire que l’agresseur était un collègue, un supérieur ou un employé subalterne. Fait à noter : tous les incidents rapportés ont été perpé-trés par un agresseur de sexe masculin.

La violence au travail peut entraîner diverses conséquences pour les travailleurs touchés, tout particulièrement sur le plan psychologique. Il est à noter que parmi les répondants ayant été victimes ou témoins d’un AVG au travail, il semble que la violence interne génère davantage de conséquences psychologiques que la violence externe. Les flashbacks sont mentionnés comme la difficulté la plus fréquente, rapportée par 48 % d’entre eux.

Sur le plan professionnel, ces actes de violence peuvent également entraîner divers impacts. Le tiers des répondants a jugé que les effets de cette violence sur leur fonctionnement au travail étaient modérés à très importants. La conséquence la plus souvent mentionnée est une baisse de productivité (28 %), suivie par les arrêts de travail (16 %).

LE POINT DE VUE DES TRAVAILLEURS

La violence en milieu de travail est une problématique qui touche tous les secteurs professionnels, mais il est clair que certains travailleurs sont plus à risque que d’autres d’être victimes ou témoins d’actes de violence grave (AVG) en raison des fonctions qu’ils exercent. Ce type de violence peut prendre plusieurs formes, quoique les plus répandues demeurent les voies de fait (attaque, menace de préjudice physique ou incident dans lequel une arme est présente) – 71 % de tous les cas de violence en milieu de travail.1

Certaines catégories de travailleurs relevant de l’administration provinciale courent un risque particulièrement élevé de faire face à ce type de violence : c’est notamment le cas des agents de la paix (catégorie

incluant différents représentants de l’ordre public tels que les policiers, les agents correctionnels et les agents de la faune). En 2011, au Canada, ces travailleurs ont fait l’objet de 11 943 voies de fait, soit un taux de

34,63 pour 100 000 habitants2, ces actes étant habituellement commis dans le cours d'autres infractions. On constate par ailleurs que les voies de fait contre des agents de la paix ont augmenté durant la dernière décennie3.

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UN MILIEU TRÈS À RISQUE

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Le terme « travailleurs » est utilisé dans son sens général, incluant les catégories de travailleurs et de gestionnaires.

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Le sondage s’est aussi intéressé à la perception que les travailleurs ont des ressources et de l’aide offertes par leur milieu profession-nel concernant les actes de violence. De manière générale,

la majorité des répondants (82 %) ont évalué qu’il est très important ou essentiel d’avoir les outils nécessaires pour faire face à la violence physique, mais que ceux-ci ne sont que peu ou pas

du tout présents dans leur milieu de travail (56 %). Par ailleurs, les répon-dants ont estimé qu’ils recevraient plus d’aide s’ils étaient victimes plutôt que témoins.

PLUS DE RÉSULTATS

LES STRATÉGIES UTILISÉES PAR LES TRAVAILLEURSCette étude visait également à identifier les stratégies utilisées par les travailleurs victimes ou témoins d’un AVG au travail pour retrouver un fonctionnement normal. Parmi ceux-ci, 62 % ont déclaré en avoir parlé avec une personne de leur environnement personnel ou professionnel, ou avoir fait appel à une aide professionnelle. La stratégie jugée la plus bénéfique par ces travailleurs demeure toutefois le soutien de l’employeur, du syndicat et des collègues (46 %).

LES PERCEPTIONS DES TRAVAILLEURS FACE À LA VIOLENCE EN MILIEU DE TRAVAILLa dernière partie du sondage visait à mieux comprendre la perception que les travailleurs du secteur de l’administration provinciale ont de la violence au travail. Ces questions s’adressaient donc à l’ensemble des répon-dants, qu’ils aient été victimes/témoins ou non d’un AVG au travail. Le quart d’entre eux (25 %) ont affirmé qu’ils consi-déraient que la violence physique était normale dans leur milieu de travail, cette perception étant d’autant plus marquée pour les hommes (33 %) que pour les femmes (22 %). D’autre part, près du tiers des répondants considèrent qu’ils seraient jugés par leurs collègues ou leur employeur s’ils s’en plaignaient. Il est important de noter que 56 % d’entre eux ont mentionné qu’ils ignoraient les politiques concernant la violence physique dans leur milieu de travail.

D’autres milieux de travail ont également été consultés : des travailleurs des secteurs de l’assistance sociale et des soins de santé, ainsi que des affaires municipales ont participé au sondage.

Les résultats seront diffusés dans ces milieux et accessibles sur le site Web de l’équipe VISAGE afin de favoriser la sensibilisation au phénomène de la violence au travail et à ses conséquences sur les femmes et les hommes.

D’autres projets menés par l’équipe permettront de mieux comprendre spécifiquement les besoins des travailleurs victimes ou témoins d’AVG et de développer des protocoles d’aide pour y répondre.

Financée par l'Institut de la santé des femmes et des hommes des Instituts de recherche en santé du Canada, l'équipe VISAGE du Centre d'étude sur le trauma de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal développe des partenariats avec des milieux professionnels ciblés afin d'améliorer les aspects cliniques et organisationnels de la prise en charge des travailleurs exposés à des actes de violence grave ou à risque élevé de l'être. Son but : approfondir et partager les connaissances sur la violence en milieu de travail en vue de proposer des stratégies tenant compte des besoins différen-tiels des femmes et des hommes.

Partenaires principaux : Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur affaires municipales (APSAM), Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur administration provinciale (APSSAP), Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur affaires sociales (ASSTSAS)

1 Enquête sociale générale sur la victimisation, Statistique Canada, 2004 • 2 CANSIM • 3 Statistique Canada, Juristat, 2009

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