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SARM dans une équipe de football

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Page 1: SARM dans une équipe de football

Histoire de I'immunologie U n editorial du Lancet ~voque I'origine

et I'#volution de I'immunologie, des premieres experiences de Louis

Pasteur aux multiples applications actuelles dans de nombreux domaines de la m#clecine, Issu du mot latin immunitas (de immunis, indemne), le terme immunite est entr~ officietle- ment dans le langage britannique au XlV e si~cle. Mais ce n'est pas avant la fin du XlX e si~cle que les mots immunite et immunisation deviennent des termes courants du tangage m#dicaL Mais immunit6 (sous d'autres termes) existait pourtant d#j& depuis plusieurs si~cles, puisqu'on avait d~j& observe, chez certains enfants ayant souffert d'infections /'absence de r6infection ult~rieure. L'immunologie, d~finie comme la science 6tudiant les r#ponses de I'organisme humain et animal aux substances #trang~res, ne fut reellement reconnue comme sp#cialit~ m~dicale ~ part enti#re qu'au d#but du si~cle dernier. Les observations initiales

ancienne d'un complot ourdi par le gouvernement anglais (allie aux royalistes fran~ais), afin de mettre un terme au retour possible de Napoleon sur le territoire franc~ais. Des theories plus recentes ont sup- pose que Napoleon aurait ete vic- time d'une pathologie cardiaque, des torsades de pointe, consecu- tive & ringestion de traitements medicamenteux inappropries. Deux equipes suisses ont souhaite reevaluer I'hypothese d'un cancer gastrique & I'aide d'une strategie tout & fait originale. Le raisonne- ment est assez simple. Si Napoleon est mort d'un cancer gastrique, il a de subir une forte perte de poids dans les derniers mois de son exis- tence. Puisque qu'il n'existe aucun registre de courbe de poids de Napoleon, seules des methodes indirectes pouvaient etre employees. Les auteurs se sent adresses & diff6rents musees afin de collecter.., une serie de panta- Ions portes par Napoleon & diffe- rentes periodes de sa vie : Iorsqu'il etait general, empereur, et durant les derniers mois de sa vie. Au total, les auteurs ont reuni 12 pantalons portes par Napoleon sur une periode de 20 ans. Une methode de calcul assez classique a permis ensuite d'etablir des courbes de poids, connaissant la taille de I'empereur (1,67 m) et son tour de taille.

Les resultats montrent que Napoleon est reste assez svelte durant sa carriere de militaire (67 kg quand il etait general) et qu'il a atteint le poids respectable de 82 kg Iorsqu'il est devenu empereur. Son poids a encore augmente durant ses premieres annees d'exil pour atteindre 90,7 kg. Dans la der- niere annee de sa vie, en revanche, les auteurs ont decele une brutale chute de poids (entre 75 et 79 kg & sa mort), ce qui est tout & fait com- patible avec la perte de poids atten- due dans le cas d'un cancer gas- trique. Les origines de ce cancer restent neanmoins speculatives : composante genetique (son pore et rune de ses soeurs en seraient morts), infection bacterienne et/ou alimentation excessivement chargee en sel durant ses annees de cam- pagnes militaires ? Les pantalons ne le disent pas.., encore.

Lugfi A. et aL, Hum. Pathol. 36 (2005) 320-324.

Le systeme immunitaire du nouveau-ne :

wrong way • Les causes infectieuses repre- sentent de tr~s loin la majeure part

de la mortalite infantile, notamment dans les pays en developpement. I 'immaturite du systeme immunitaire chez le nouveau-ne et le nourrisson est souvent incriminee dans cette susceptibilite aux infections, mais il serait plus juste de parler d'une mauvaise orientation. En effet, les lymphocytes T CD4+ des nouveau- nes sont essentiellement de type Th 2, alors que c'est le phenotype Thl qui est le plus efficace contre les pathogenes intracellulaires et les infections virales. Les mecanismes expliquant cette orientation sont encore peu connus et constituent I'objet du travail remarquable recemment rapporte par une equipe de rinstitut Pasteur de Paris. En utilisant un modele murin, les chercheurs demontrent ainsi que ce n'est pas la capacite intrinseque des cellules T & se differencier cor- rectement qui est en cause, mais plut6t I'environnement celluIaire de I'immunite neo-natale qui favorise la vole Th 2 au detriment de la diffe- renciation Th 1. Cet environnement implique particulierement une sous- population de lymphocytes B dits CD 5+ et les cellules dendritiques, qui sont des acteurs essentiels de la stimulation immunitaire. Ainsi, des cellules dendritiques provenant de souriceaux nouveau- nes engagent correctement les cellutes T dans la vole Th 1, si elles sont placees dans un environne-

ment favorable. Uactivation des cellules dendritiques permettant cette differenciation Th 1 des cel- lules Test notamment assuree par la stimulation des dendritiques par de petites molecules synthetiques mimant I'ADN bacterien. Les chercheurs demontrent egale- ment que cette stimulation appro- pride est inhibee in vivo chez le souriceau nouveau-ne par une forte production d'interleukine 10, un anti-infiammatoire naturel produit par des lymphocytes B du type CD5+, en reponse & des stimuli pro-inflammatoires. C'est cette pro- duction inappropriee qui serait res- ponsable d'un defaut de synthese de la cytokine pro-inflammatoire IL- 12 par les cellules dendritiques, empechant ainsi la maturation cor- recte des lymphocytes CD4. Ce decryptage des mecanismes de regulation et de maturation immunitaire confirme I'iml~ortance de I'environnement cellulaire dans ces proce.ssus et ouvre la vole & de nouveaux axes de recherche, menant & des traitements et vac- cins particulierement adaptes & la protection des nouveau-nes.

C.M. Sun, E. Deriaud, C. Leclerc, R. Lo-Man, Immunity 22(4)

(2005) 467-477

SARM dans une 6quipe de football

[oes autorites sanitaires ameri- caines portent une attention crois- sante aux infections contractees Iors d'activites sportives, notamment en milieu universitaire. On salt en effet que plusieurs agents infectieux, dont les staphylocoques dores r6sistant & la m6thicilline (SARM) peuvent ~tre & I'origine de petites epid6mies en milieu sportif. Quelques cas d'infections commu- nautaires & SARM ont et6 rapportes chez des d'athletes pratiquant le rugby, le football americain, la lutte greco-romaine ou le football. Plus surprenant, certaines etudes rap- portent egalement de petites epi- d6mies chez des sportifs adeptes du canoe-kayak ou encore de I'escrime. Dans la grande majorite des cas, les infections & SMR sont & I'origine d'infections cutan6es o(~ sous-cuta- nees. Les souches impliquees pre- sentent des caracteristiques phe-

1 6 Revue Francophone des Laboratoires, septembre-octobre 2005, N ° 375

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notypiques (spectre de resistance plus etroit aux antibiotiques qui n'ap- partiennent pas aux 6-1actamines) et des marqueurs moleculaires qui les distinguent des souches de SARM identifiees dans les epidemies sur- venant en contexte communautaire medicalis& Une etude conduite sous I'egide du Service de sant6 du comte de Los Angeles s'est interessee & une epi- demie & caract~re recurrent surve- nue dans une equipe de football americain entre aoet 2002 et aoet 2003. Cette epidemie a touche 11 des 107 joueurs constituant I'effec- tif de I'equipe. Les auteurs ont iden- tifie un portage nasal des souches de staphylocoque chez 26 % des joueurs. La transmission et la per- sistance des cas observes sur la periode d'etude s'expliqueraient : 1) par les contacts physiques sur- venant Iors des matchs et entrafne- ments, 2) par le peu d'attenfion et de surveillance portees aux lesions cutanees, 3) par I'absence de trai- tement adapte, 4) par le confinement des joueurs dans les periodes de preparation des saisons sportives. En effet, afin de renforcer resprit d'equipe et d'endurcir leurs joueurs, les entrafneurs reunissent leurs troupes dans des camps d'entraf- nement dent le contort et I'hygiene sent pour le moins spartiates : lavage irregulier des maillots, utilisa- tion de savons solides qu'on se prete Iors de douches communes, partage des serviettes de bain... La ma~rise de repidemie a requis des mesures d'hygiene individuelle et collective accrues, un traitement adapte des infections et la mise en place d'un programme de douches regulieres base d'hexachloroph6ne.

D.M. Nguyen et aL, Emerg. Infect. Dis. 11 (2005)526-532

Les atie ts so s tioTNF

besoi

• Les anti-TNF representent une avancee majeure dans le traitement de certaines maladies rhumato- Iogiques inflammatoires severes, mais ces traitement ont 6te asso- cies & des complications cutanees. Une etude prospective neerlan-

Arguments pour

anti-rotavirus : B es rotavirus constituent l'une des toutes J r premieres causes de gastro-ent#rite s#v~re b chez le jeune enfant, infection qui serait !'origine de ~40 mfltiot!s d'#pisodes diarrh~iques annuels; respoasable~ de 400 0 0 0

600 iO00 d#ces, principalement dans les pays en yoie de d~veloppemenL En absence de itraitement antivi(al, :les: seuls traitements ,tilis#s resten( symptomatiques. Cependan~

: l'histoire naturetle des ilnfeCtions ~ rotavirus, ain~! que les travaux r~alis~s sur des modeles

! animaux~ suggerent que Mnfection induit Une immunite qui r~du# & la lois I'incidence et:la gravit~ des 6pisodes post#rieurs. iI! est gendratement admis que I'immunit# locale, mucosale ~ d~pend des:anticorps de type IgA. Cette immunit~ peut ~tre stimut~e par des vaccins Vivants administr#s par yoie orale~ Un vaccln vivant att~nu~ a ~t~ brevet# en 1998 aux ~tats-Uni& II s'esti : montrd assez peu efficace Chez tes enfan~s de'pays en voie de d#veloppe. ment, Peur des: raisons en partie liees & sa trop faible immuno g~nicitei: son utilisation a #t& arr#t#e en ~ooo & la suite de cas d'intussuscep-

tions (obstruction grave et parfois mortelle de I'intestin), rapport#s chez des enfants en bas-~ge. Les difficultes rencontrees Iors de I'utilisation d'un vaccin vivant administr# par vole orale ont motiv6 des travaux visant & d#velopper un vaccin utilisable par vole parent#rale. Cette approche repose sur I'efficacit6 suppos~e des anticorps s~riques de type IgG dirig~s centre le virus. L'equipe du Dr Roger Glass a mis au point un mod~le d'infection & rotavirus chez le jeune macaque. Elle demontre, clans un article publi~ clans les PNAS, que I'injection d'anticorps de type IgG dirig#s centre le rotavirus induit une immunit6 passive susceptible de pr~venir I'infection exp#rimentale chez le jeune singe. Bien que les m~canismes de cette protection soient inconnus, ils demontrent que les IgG s#riques anti-rotavirus ont une activit~ protectrice. Ces travaux relancent I'int~ret d'une voie de recherche qui pourrait aboutir & la conception de vaccins recombinants ou inactives, administr#s par voie parent~rale. D'exp#rience, on sait n#an- moins que I'utilisation de ce type de vaccin dans les pays en voie de d#veloppement peut 6galement poser certaines difficult~s.

Larry E Westerman et al., Prec. Nat. Acad. Sci. USA

102 (2005) 7268-?273

daise a suivi 289 sujets atteints de polyarthrite rhumatdl'de (PR) et trai- tes par des anti-TN F, les comparant & un groupe contr61e de 289 sujets 6galement atteints de PR mais ne recevant pas de tels traitements. Le critere principal de jugement etait la survenue d'incidents cutanes suffisamment importants pour inci- ter & une consultation un dermato- ]ogique. Uetude montre que les patients uti- lisant un anti-TNF consultent plus frequemment un dermatelogue (72/289 patients, 25 %) que les sujets contr61e (37/289 patients, 13 O/o, p < 0,0005 ). Les atteintes sent suffisamment severes pour imposer un arret du traitement par I'anti-TNF chez 19 des 72 patients concernes, et s'observent essen- tiellement pendant la phase active du traitement (et non dans le suivi post-therapeufique). Les motifs de consultations les plus frequemment constat6s sent les infections cuta- nees (33), I'ecz6ma (20) ou d'autres eruptions liees au traite- ment (15). Si I'interpretation de ce travail dolt gtre nuancee en raison des diffe- rences de gravite entre le groupe trait6 et le groupe contrSle et des complications cutanees propres & la polyarthrite rhumatdide, il

confirme neanmoins la grande frO- quence de ces complications sous anti-TNF, qui pourrait representer un facteur limitant significatif de leur utilisation.

M. Flendrie, W. Vissers, 191. Creemers et al., Arthr. Res. Ther. 7

(2005) R666-R676

Plasmodium falciparum ou I'art de I'esquive • L'evasion immune regroupe I'en- semble des strategies develop- pees par les micro-organismes pour echapper & la reponse immu- nitaire. Deux travaux collaborafifs associant des chercheurs frangais et australiens ont caracterise des mecanismes originaux qui permet- tent & Plasmodium falciparum, agent parasitaire du paludisme, de tromper le systeme immunitaire des patients infectes. Une variation antigenique perma- nente de certaines proteines para- sitaires exprimees & la surface des globules rouges infectes permet le camouflage efficace de cette infec- tion. Les proteines concernees sent

codees par une soixantaine de genes appeles var, dent I'expres- sion respective se modifie de fagon tres dynamique, en fonction de la reponse immune developpee par I'hete. Uoriginalite de ce meca- nisme est de n'etre associ6 & aucun changement de la sequence de ces genes (& la difference de ce qui est observe pour certains virus comme le VlH ou celui de la grippe) mais qu'il implique la regulation 6pi- gen6tique de rexpression de ces genes, & savoir des changements transitoires de la structure qui supporte I'ADN, la chromatine. Ces remodelages chromatiniens sent connus pour leur r61e dans la regulation des genes eucaryotes, mais n'avaient jamais et6 associes & une strategie d'echappement immunitaire observee de la part d'un parasite. Ces resultats majeurs pourraient 6tre & rorigine de nou- velles strategies de la lutte centre le paludisme, puisque les enzymes et mecanismes moleculaires res- ponsables de ces modifications ont commence d'etre caracterises.

Cell. 121 (1) (2005) 25-36, Lucio H, Freitas-Junior, Rosaura

Hernandez-Rivas, Stuart A. et coll. Cell. 121(1) (2005) 13-24, Manoj

T., Duraisingh , Till S. Voss et coll.

Revue Francophone des Laboratoires, septembre-octobre 2005, N ° 375 1 7