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© Masson, Paris. CAS Ann. Fr. Anesth. Roanim., 5: 83-84, 1986. CLINIOUE Septicemie secondaire a une sinusite maxillaire : une complication rare de i'intubation nasotracheale Septicaemia and nasotracheal intubation B. RIOU, C. RICHARD, A. RIMAILHO, P. AUZE~PY Service de R~animation M~dicale Polyvalente, H~pital de BicOtre, Universit6 Paris-Sud, 78 rue du G~n~ral Leclerc, F 93275 Le Krernlin-BicEtre Cddex RI~SUM~ : Un cas de septlcEmie h bacilles gram nEgatif secondaire une sinusite maxillaire est rapport6 chez une patiente ayant eu une intubation nasotrachEale. La recherche d'un 6coulement nasal purulent et la radiographie des sinus sont des 616ments diagnosti- ques importants. Le retrait de la sonde d'intubation et l'antibiothE- rapie constituent les conditions n6cessaires h une gudrison en gEnEral rapide. ABSTRACT : A case of septicaemia due to gram-negative bacilli secondary to maxillary sinusitis occurring is reported in a patient intubated through the nose. The search of a purulent nasal discharge and the portable X-ray film were important in establis- hing the diagnosis. Removing the tube and antibiotics usually give a prompt recovery. La survenue d'une sinusite maxillaire compliquant l'intubation nasotrachEale est une entitE reconnue [1, 5, 7]. Un cas de septicEmie h bacilles gram nEgatif secondaire h une sinusite maxillaire compliquant une intubation nasotrachEale est rapport& Une telle compli- cation ne semble pas, h notre connaissance, avoir Et6 antErieurement rapportEe. OBSERVATION Une patiente de 44 ans est admise en reanimation pour une intoxication mEdicamenteuse volontaire avec des barbituriques lents et des benzodiazEpines. L'examen clinique montre un coma profond, arEactif, une pression artErielle ~t 110/80 mmHg, une fr6quence cardiaque ,~ 90 b • min-l et une temp6rature ?t 35 °C_ Une intubation nasotrachEale est pratiquEe, ainsi qu'une ventila- tion contrEl6e. La leucocytose est normale. Une fi~vre ~ 38-39 °C, irrEguli~re, appaxait au troisiEme jour, mais l'examen clinique et la radiographie thoracique sont normaux. Les hEmocultures, l'uro- culture et la ponction lombaire sont stEriles. Au sixi~me jour, une fi~vre ~ 40 °C avec frissons et marbrures cutanEes est notEe. Un 6coulement purulent de la narine, autour de la sonde d'intubation et dans le nasopharynx, montre la presence de Proteus mirabilis et de Klebsiella pneumoniae. Les hEmocultures sont toutes positives au Proteus mirabilis. La radiographie des sinus pratiquEe au lit de la malade, de face en projection antEropostErieure, montre une opacit6 du sinus maxillaire droit. En raison de l'amElioration de la conscience, la sonde d'intubation est retiree et une antibioth~rapie adaptEe est entreprise qui permet une rapide guErison. L'anamn~se de la patiente ne retrouve pas d'antEcEdent de sinusite ni aucune symptomatologie nasale dans les jours prEc6dant son intoxication mEdicamenteuse. COMMENTAIRES La responsabilit6 de l'intubation nasotrachdale dans la survenue d'une sinusite maxillaire peut ~tre retenue chez cette patiente en raison de l'absence d'antdcEdent ORL connu et de l'absence de tableau infectieux patent lors de l'admission en reanimation. De nombreuses complications infectieuses de l'intuba- tion trachEale ont 6tE dEcrites : pneumopathie nosoco- miale, otite moyenne, sinusite [2]. Parmi celles-ci, la sinusite maxillaire a fait l'objet de travaux rEcents. Dans une Etude retrospective, ARENS et coll. [1] rapportent une frEquence de 2 % des intubations, alors que O'REILLV et coll. [7] trouvent de faqon prospective une incidence de 27 %. L'intubation nasotrachEale serait responsable de 18 % des sinusites nosocomiales [3]. Malheureusement le diagnostic clinique de ces sinusites est difficile chez les patients de reanimation, souvent inconscients ou sous sedation. La manifestation la plus frEquente de ces sinusites est alors une fi~vre inexpli- quEe [4, 5]. Aussi l'examen clinique, ?~ la recherche d'un 6coulement nasal purulent, est-il important. Les Re~u le 29 juillet 1985; accept6 sous forme rEvisEe le 22 octobre Tiros a part: C. Richard. 1986.

Septicémie secondaire à une sinusite maxillaire : une complication rare de l'intubation nasotrachéale

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© Masson, Paris. CAS Ann. Fr. Anesth. Roanim., 5: 83-84, 1986. CLINIOUE

Septicemie secondaire a une sinusite maxillaire : une complication rare de i'intubation nasotracheale

Septicaemia and nasotracheal intubation

B. RIOU, C. RICHARD, A. RIMAILHO, P. AUZE~PY

Service de R~animation M~dicale Polyvalente, H~pital de BicOtre, Universit6 Paris-Sud, 78 rue du G~n~ral Leclerc, F 93275 Le Krernlin-BicEtre Cddex

RI~SUM~ : Un cas de septlcEmie h bacilles gram nEgatif secondaire une sinusite maxillaire est rapport6 chez une patiente ayant eu

une intubation nasotrachEale. La recherche d'un 6coulement nasal purulent et la radiographie des sinus sont des 616ments diagnosti- ques importants. Le retrait de la sonde d'intubation et l'antibiothE- rapie constituent les conditions n6cessaires h une gudrison en gEnEral rapide.

A B S T R A C T : A case of septicaemia due to gram-negative bacilli secondary to maxillary sinusitis occurring is reported in a patient intubated through the nose. The search of a purulent nasal discharge and the portable X-ray film were important in establis- hing the diagnosis. Removing the tube and antibiotics usually give a prompt recovery.

La survenue d ' u n e sinusite maxi l la i re compl iquan t l ' in tubat ion nasotrachEale est une entitE reconnue [1, 5, 7]. Un cas de septicEmie h bacil les g ram nEgatif secondaire h une sinusite maxi l la i re compl iquant une intubation nasotrachEale est rapport& Une tel le compl i - cat ion ne semble pas, h notre connaissance, avoir Et6 antErieurement rapportEe.

OBSERVATION

Une patiente de 44 ans est admise en reanimation pour une intoxication mEdicamenteuse volontaire avec des barbituriques lents et des benzodiazEpines. L'examen clinique montre un coma profond, arEactif, une pression artErielle ~t 110/80 mmHg, une fr6quence cardiaque ,~ 90 b • min-l et une temp6rature ?t 35 °C_ Une intubation nasotrachEale est pratiquEe, ainsi qu'une ventila- tion contrEl6e. La leucocytose est normale. Une fi~vre ~ 38-39 °C, irrEguli~re, appaxait au troisiEme jour, mais l'examen clinique et la radiographie thoracique sont normaux. Les hEmocultures, l'uro- culture et la ponction lombaire sont stEriles. Au sixi~me jour, une fi~vre ~ 40 °C avec frissons et marbrures cutanEes est notEe. Un 6coulement purulent de la narine, autour de la sonde d'intubation et dans le nasopharynx, montre la presence de Proteus mirabilis et de Klebsiella pneumoniae. Les hEmocultures sont toutes positives au Proteus mirabilis. La radiographie des sinus pratiquEe au lit de la malade, de face en projection antEropostErieure, montre u n e

opacit6 du sinus maxillaire droit. En raison de l'amElioration de la conscience, la sonde d'intubation est retiree et une antibioth~rapie adaptEe est entreprise qui permet une rapide guErison. L'anamn~se

de la patiente ne retrouve pas d'antEcEdent de sinusite ni aucune symptomatologie nasale dans les jours prEc6dant son intoxication mEdicamenteuse.

COMMENTAIRES

La responsabili t6 de l ' in tubat ion nasotrachdale dans la survenue d ' u n e sinusite maxi l la i re peut ~tre retenue chez cette patiente en raison de l ' absence d 'antdcEdent O R L connu et de l ' absence de tableau infect ieux patent lors de l ' admiss ion en reanimat ion.

De nombreuses compl ica t ions infect ieuses de l ' in tuba- tion trachEale ont 6tE dEcrites : pneumopath ie nosoco- miale , otite moyenne , sinusite [2]. Parmi cel les-ci , la sinusite maxi l la i re a fait l ' ob je t de t ravaux rEcents. Dans une Etude re t rospect ive , ARENS et coll . [1] rapportent une frEquence de 2 % des intubations, alors que O'REILLV et coll . [7] t rouvent de faqon prospect ive une incidence de 27 %. L ' in tuba t ion nasotrachEale serait responsable de 18 % des sinusites nosocomia les [3]. Malheureusement le d iagnost ic c l in ique de ces sinusites est diff ici le chez les patients de reanimat ion, souvent inconscients ou sous sedation. La manifes ta t ion la plus frEquente de ces sinusites est alors une fi~vre inexpli- quEe [4, 5]. Aussi l ' e x a m e n cl inique, ?~ la recherche d ' u n 6coulement nasal purulent , est-il important. Les

Re~u le 29 juillet 1985; accept6 sous forme rEvisEe le 22 octobre Tiros a part: C. Richard. 1986.

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radiographies des sinus, au lit du malade, constituent un bon examen pr61iminaire. L ' incidence de face en projection ant6ro-post6rieure visualise correctement les sinus frontaux mais non les sinus maxillaires, pour lesquels il est pr6f6rable de recourir ~ une incidence de face en projection axiale en hyperextension [8]. I1 faut noter qu 'une incidence de profil permet parfois de mettre en 6vidence un niveau liquide [6]. Toutefois la difficult6 d' interpr6tation de ces clich6s, de qualit6 souvent m6diocre, est r6elle. Seul l ' examen tomodensi- tom6trique permet une analyse pr6cise et notamment de d6celer des sinusites sph6noides et ethmoides.

L ' i so lement de bacilles gram n6gatif est fr6quent dans les sinusites nosocomiales [3]. I1 existe souvent un poly- microbisme, comme dans le cas d6crit ci-dessus. Devant un 6tat septique, septic6mique ou non, chez un patient intub6 par voie nasale, la recherche d 'une sinusite s ' impose. La pratique r6p6t6e d 'h6mocultures est indis- pensable chez un patient intub6 et ayant une sinusite. Sur le plan th6rapeutique, le retrait de la sonde d ' intubation semble au moins aussi important que la prescription d 'antibiotiques.

BIBLIOGRAPHIE

1. ARENS J.F., LEJEUNE F.E. Jr, WEBRE D.R. Maxillary sinusitis, a complication of nasotracheal intubation. Anesthesiology, 40 : 415-416, 1974.

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4. CARTER B.L., BANKOFF M.S., FISK J.D. Computed tomo- graphic detection of sinusitis responsible for intracranial and extracranial infections. Radiology, 147: 739-742, 1983.

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8. POPE T.L, STELLING C.B., LEITNER Y.B. Maxillary sinusitis after nasotracheal intubation. South_ Med. J., 74: 610-612, 1981.

Hypocalcemic heart failure. - - S.N. Levine, C.N. Rheams. Am. J. Med., 78: 1033-1035, 1985.

Cette observation est exemplaire car elle permet de preciser exactement les liens qui unissent la calcemie et le fonctionnement cardiaque. L'hypocalc6mie est ici secondaire & une hypoparathyrdidie apparue dans les suites d'une thyrdidectomie pour maladie de Basedow et ayant ~volue sur 10 arts. La seule manifestation est une insuffisance cardiaque congestive, avec fraction d'ejec- tion a 25 %. L'echographie montre une dilatation de toutes les cavit~s cardiaques et une hypokinesie impor-

tante du ventricule gauche. L'apport de calcium et la normalisation de la calcemie ont fait regresser cette insuffisance cardiaque. C'est le seul cas aussi pur de la litterature et il est curieux que ce malade n'ait pas presente des signes d'irritabilit~ neuromusculaire, qui normalement alertent plus precocement et emp6chent rapparition de I'insuffisance cardiaque.

V. BANSSILLON.

Cardiac evaluation following heart injury. - - K.L. Mattox, M.C. Limacher, D.V. Feliciano, U Colosimo, E. O'Meara, A.C. Beall, M.E. DeBakey. J. Trauma, 25: 758-765, 1985.

Un traitement d'urgence est n~cessaire a la suite des plaies cardiaques et des traumatismes fermes du cceur. Des sequelles et des complications ont ete rapportees chez 4 a 56 % des survivants, necessitant souvent une correction chirurgicale secondaire. Entre janvier 1980 et juin 1984, sur 204observations collig6es, 128 patients ont surv6cu. Sur les 90 sutures cardiaques pratiquees, 78 sujets ont surv6cu. Une echographie bidimensionnelle et un examen par effet Doppler pulse et/ou un cathete- risme cardiaque ont 6te effectues chez 40patients suspects d'atteintes residuelles; huit des 40 patients ont ~t6 r6op6res. L'echographie bidimensionnelle a permis le diagnostic d'epanchement pericardique, d'elargissement anormal des cavit6s, de lesions de la paroi et de caillots cardiaques et pleuraux. L'examen par effet Doppler pulse

a permis de diagnostiquer un defaut du septum ventricu- laire, une insuffisance tricuspidienne, une cinetique ventri- culaire droite anormale a la suite d'une fistule arteriovei- neuse. Le cath6t6risme cardiaque a permis de detecter des I~sions non diagnostiquees par echographie dans un cas de plaie par balle. Les auteurs concluent sur rinter6t de I'echographie bidimensionnelle, associee a I'examen par effet Doppler pulse en I'absence de balle intracardia- que sur la radiographie thoracique. Si 1'6chographie est positive ou s'il persiste une balle au niveau de la silhouette cardiaque, le cath6terisme cardiaque peut 6tre indiqu6 dans des cas selectionnes.

M. FREYSZ.