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Situation de dkpendance et modeles de prise de decisions JEAN-PAUL RENAUD/ Universite‘Laval The author attempts to demonstrate, using a case study, that the economic be- haviour of peasants of Maranhlo, Brazil, in spite of the extreme ecological and economic constraints under which they live, may be perceived as a coherent set of decisions. He first procedes to analyse these different constraints: ecotechni- cal (mostly the time factor), properly economic (the exchange patterns in both subsistence and market sectors), and finally cultural. With this background the author then works out an “ideal strategy” of action (normative model) which he compares with the actual strategies of peasants (statistical model), In view of the concordance of these models, it is concluded that this group of peasants, although even less integrated to a market system than are certain societies of Mexico, makes as judicious an allocation of their resources as the Mexican societies. Par une etude de cas, l‘auteur s’efforce de dCmontrer comment le comportement tconomique d’un groupe de paysans du MaranhHo au Brksil, en dtpit de con- traintes tcologiques et kconomiques extrbmes qui p&sentsur eux, peut &tre saisi comme un ensemble cohtrent de dkisions. I1 procbde d’abord, par I’analyse de ces diverses contraintes : Ccotechniques (surtout le facteur de temps), propre- ment Cconomiques (les patterns d‘kchange dans les secteurs de subsistance et de marcht) , et finalement les contraintes culturelles. Dans l’ensemble, I’auteur dtfi- nit une < strategic idtale d‘action > (modhle normatif) qu’il compare aux strati- gies effectives des paysans (modkle statistique) . En vu de la concordance de ces modkles, il est conch que ce groupe de paysans, quoique moins intCgr6 B des systkmes de march6 que le sont certaines sociCtks du Mexique, pourrait faire une allocation aussi judicieuse de ses ressources que les sociLtCs mexicaines. S’il fallait dresser la liste de tous les reproches que l’ethnocentrisme occi- dental adresse aux modes de subsistance des sociCt6s paysannes latino- amCricaines, celle-ci risquerait &&re fort longue. Les plus friquents sont sans doute le primitivisme ou l’archa~sme des techniques, la paresse Ibgen- daire, l’irrationnaliti Cconomique, etc ... Par contre, des Ctudes rkcentes de plus en plus nombreuses ont montrC la nCcessitC de chercher les causes fondamentales du retard ou de la stagnation Cconomique non pas tant dam les caractbistiques culturelles des paysans que dans la situation objective des rkgions oil ils se trouvent par rapport A des mttropoles nationales ou internationales. Il ne s’agit pas ici de reprendre l’exposC de ces thhies dbji largement difisCes (Stavenhagen: 1966). Nous voulons plutbt aider i leur illustra- tion, par une ktude de cas, en montrant comment le comportement Ccono- 44 Rev. canad. SOC. & Anth./Canad. Rev. SOC. & Anth. lO(1) 1973

Situation de dépendance et modèles de prise de décisions

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Situation de dkpendance et modeles de prise de decisions

J E A N - P A U L R E N A U D / Universite‘Laval

The author attempts to demonstrate, using a case study, that the economic be- haviour of peasants of Maranhlo, Brazil, in spite of the extreme ecological and economic constraints under which they live, may be perceived as a coherent set of decisions. He first procedes to analyse these different constraints: ecotechni- cal (mostly the time factor), properly economic (the exchange patterns in both subsistence and market sectors), and finally cultural. With this background the author then works out an “ideal strategy” of action (normative model) which he compares with the actual strategies of peasants (statistical model), In view of the concordance of these models, it is concluded that this group of peasants, although even less integrated to a market system than are certain societies of Mexico, makes as judicious an allocation of their resources as the Mexican societies.

Par une etude de cas, l‘auteur s’efforce de dCmontrer comment le comportement tconomique d’un groupe de paysans du MaranhHo au Brksil, en dtpit de con- traintes tcologiques et kconomiques extrbmes qui p&sent sur eux, peut &tre saisi comme un ensemble cohtrent de dkisions. I1 procbde d’abord, par I’analyse de ces diverses contraintes : Ccotechniques (surtout le facteur de temps), propre- ment Cconomiques (les patterns d‘kchange dans les secteurs de subsistance et de marcht) , et finalement les contraintes culturelles. Dans l’ensemble, I’auteur dtfi- nit une < strategic idtale d‘action > (modhle normatif) qu’il compare aux strati- gies effectives des paysans (modkle statistique) . En vu de la concordance de ces modkles, il est conch que ce groupe de paysans, quoique moins intCgr6 B des systkmes de march6 que le sont certaines sociCtks du Mexique, pourrait faire une allocation aussi judicieuse de ses ressources que les sociLtCs mexicaines.

S’il fallait dresser la liste de tous les reproches que l’ethnocentrisme occi- dental adresse aux modes de subsistance des sociCt6s paysannes latino- amCricaines, celle-ci risquerait &&re fort longue. Les plus friquents sont sans doute le primitivisme ou l’archa~sme des techniques, la paresse Ibgen- daire, l’irrationnaliti Cconomique, etc ... Par contre, des Ctudes rkcentes de plus en plus nombreuses ont montrC la nCcessitC de chercher les causes fondamentales du retard ou de la stagnation Cconomique non pas tant dam les caractbistiques culturelles des paysans que dans la situation objective des rkgions oil ils se trouvent par rapport A des mttropoles nationales ou internationales.

Il ne s’agit pas ici de reprendre l’exposC de ces t h h i e s dbji largement difisCes (Stavenhagen: 1966). Nous voulons plutbt aider i leur illustra- tion, par une ktude de cas, en montrant comment le comportement Ccono-

44 Rev. canad. SOC. & Anth./Canad. Rev. SOC. & Anth. l O ( 1 ) 1973

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mique d’un groupe de paysans du MaranhZo au BrCsil, en dCpit de con- traintes Ccologiques et Cconomiques extremes qui pksent sur eux, peut &re saisi comme un ensemble cohkrent de dCcisions.

UN MILIEU P A Y S A N

Au recensement de 1960, la proportion de la population urbaine par rap- port ?I la population rurale de l’Etat du MaranhZo Ctait de 1 contre 4 (plus exactement 18 pour cent de population urbaine et 82 pour cent de popula- tion rurale) , la meme d’ailleurs qu’en 1950. Au cours de la dernidre dken- nie les rapports ont ICgbrement changC en faveur de la population urbaine, mais si peu que le MaranhZo demeure essentieflement rural. Des disparitb rCgionales existent : les statistiques nous dCfendent d’envisager ce monde rural comme un bloc homogdne. Dans la region CtudiCe ici (la Buixada) , la proximitC de la capitale, SZo Luis do MaranhZo, n’empkhe pas le secteur d‘auto-subsistance d’8tre prCpondCrant.

Favoris6 par les conjonctures du march6 international du coton et du riz un moment donne de son histoire (fin me sibcle) , le Maranhi50 a subi

depuis une forte regression Cconomique. Une solution pour la survivance d’une population dependant entidrement d’un produit commercial apparait toute trouvCe dans l’auto-subsistance aprds l’aff aiblissement de ce produit, comme l’explique 1’Cconomiste Furtado : a Lorsqu’il y a abondance de ter- res, le systbme d’auto-subsistance tend naturellement ?i croitre, et cette croissance implique, la plupart du temps, reduction de l’importance relative de la zone monktaire ... Pour les strictes fins de l’alimentation d’une f a d e , la technique agricole (de 1’Ccobuage) est suffisante. On a rCpCtC communb ment au BrCsil que la cause de cette agriculture rudimentaire est le cabocZo,l quand le cuboclo est simplement une crCature de l’kconomie de subsistance. MSme s’il disposait de techniques agricoles beaucoup plus avanctes, l’hom- me de l’tconomie de subsistance devrait les abandonner car le produit de son travail n’aurait aucune valeur Cconomique B (Furtado, 1964: 85).

Au premier aoQt 1970, 35 familles (au total : 151 personnes2) vivent dans le village de Sacoanha, municipe de Peri-Mirim, sur une terre dite devolutu, considtree d6ormais comme sans propriktaire officiel et retournbe au a patrimoine national B. C’est leur activitk que nous allons analyser ici. 1 MCtis de Portugais et d‘AmCrindien, et par extension, le paysan de l’arriere-pays,

dont la culture est une fusion d’6ltments indiens et europiens. 2 Il y a nette prCdominance de maisonntes renfermant deux gCn6rations successives

seulement : 75 pour cent des farnilles sont nuclhaires, soit simples et completes (49 pour cent), soit composites, i.e., avec addition d‘un neveu ou d‘une niece (12 pour cent), soit incomplktes, i.e., absence du pkre ou de la msre (14 pour cent). Dix-sept pour cent des groupes cornportent des membres appartenant a des gBn6ra- tions alternes. I1 s’agit de la prise en charge d’un petit-fils ou d’une petite-fille par un couple de grands-parents. On ne rencontre aucun cas de famille Ctendue trig6 nhrationnelle, ob en somme plusieurs couples mariCs vivraient sous le meme toit. Huit pour cent des maisonn6es sont composkes de celibataires.

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L’ACTIVITE ECONOMIQUE

Probl2mes giniraux Une Ctude du comportement Cconomique d’une certaine catCgorie d’agent Cconomique (ici, le paysan sacoanhense) suppose que nous r6ssissions d’une part B Ctablir quel serait l’ensemble des choix qu’il devrait adopter de faGon B maximiser le rapport rendement/coQts, et d’autre part, que nous comparions son cornportement concret avec cette norme pour voir jusqu’i quel point il s’y conforme ou s’en Ccarte. Pour Ctablir le comportement idCal, il nous faudra difinir opCrationnellement d’abord les fins qu’il pour- suit et leur kvaluation relative, puis les moyens dont il dispose pour les atteindre (Robbins, 1968:94-96).3 Dans la sociCtC occidentale, il est facile de dCfinir la fin que poursuit l’entrepreneur : c’est la maximation du profit, soit de la diffdrence entre la valeur marchande de la production et les cotits. Dans une sociCt6 telle celle du Brksil rural, oh une partie importante des besoins sont satisfaits sans l’intermbdiaire de l’argent, par la production directe, a l’entrepreneur B visera B satisfaire un ensemble de fins distinctes, dont certaines ne pourront Ctre atteintes que par des activitb spbcifiques. Ainsi, alors que l’obtention de biens manufacturCs (outils, vCtements) exi- gera que le paysan se procure de l’argent, et s’engage pour ce faire dans des activitks commerciales, la nourriture et le logement devront &re obtenus par le travail agricole, la p2che et la construction. M&me si l’argent n’est pas ici la ressource rare et susceptible des usages les plus varids qui constitue l’instrument du choix Cconomique dans la sociCtQ occidentale, ce choix existe cependant : le temps-travail des membres de la maisonnee n’est dispo- nible qu’en quantitCs limitCes et le paysan doit le distribuer judicieusement entre les diverses occupations possibles pour en arriver A un degr6 optimal de satisfaction de ces divers besoins.

Voila donc dCtermin6es de faGon gCnCrale les fins de I’activitC Cconomique (satisfaction des besoins de nourriture, de logement, de loisir, de biens manufacturbs ...) et le moyen fondamental dont dispose le producteur qui n’est pas, ou n’est que partiellement int6grC B l’Cconomie de marchC, pour les atteindre : la force de travail de sa maisonnke, mesurable en unites de temps disponibles.

Dkfinie en termes aussi formels, cette situation s’applique B un grand nombre de sociCtCs. Ce qui fait la spkcificid de chaque systbme Cconomique, cependant, c’est l’existence d’un certain nombre de contraintes particulikres pesant sur la transformation des ressources (terre, travail, outils) en biens et services susceptibles de satisfaire les besoins. Ces contraintes appartien- nent B trois niveaux : 6co-technique, proprement Cconomique, et culturel. Les contraintes 6co-techniques concernent la facilitC relative avec laquelle une unit6 de travail engagCe dam une activitC donnke produira un rende-

3 Nous partons ici de la dCfinition formaliste de l’activit6 Cconornique de Lionel Robbins, parfaiternent adaptie ?i notre propos, B savoir l’allocation de ressources rares et susceptibles d’usages alternatifs ?i des fins rang& par ordre de prifirence. 46

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ment quelconque, compte tenu du milieu ( c h a t , sols, saisons) et des techniques employCes (intensives, extensives . ..) . Les contraintes propre- ment Cconomiques concement les modalitCs d’Cchange des facteurs de production et des produits sur le marche. Le fait que des aliments ou de la main-d’ceuvre sont ou non disponibles sur le march6 B un moment donne, et le mode d’khange de ces biens et services, auront une influence marquCe sur les possibilitis de choix du producteur. Le niveau culture1 enfin, com- prend deux dimensions principales : la dkfinition des besoins individuels eux-mi?mes (achat de vetements, etc ...) et la valorisation relative des modes d’allocation des ressources et des besoins les uns par rapport aux autres (inddpendamment des rendements, a il est mieux B de cultiver la terre que de pecher, etc ...).

Nous examinerons d‘abord ces diverses contraintes les unes aprks les autres, pour Claborer un modble du comportement Cconomique du pro- ducteur. Puis nous examinerons, statistiquement, l’activit6 Cconomique con- crkte des Sucounhenses et tenterons une interprktation des Ccarts enregistrgs.

Contruintes kco-techniques Les deux activitCs principales qui s’offrent aux paysans de Sacoanha, sont l’agriculture et la eche, produisant respectivement les hydrates de carbone (glucides) , les protCines et les graisses d‘une alimentation en principe kqui- librCe. Nous dCcrirons ici succintement les contraintes Cco-techniques qui s’exercent sur ces deux activitis.

La terre Ctant juridiquement libre, il suffit pour s’approprier un lopin de terre en friche, de dClimiter le pourtour du champ que l’on a l’intention de cultiver durant l’annCe en cours. Les premiers arrivCs sont les premiers servis. La mCthode de prCparation du terrain est le brQlis (rocu). Manioc et mays (et d‘autres plantes potagkres en quantitCs moindres) sont plant& p$le-m&le dans le m&me terrain, alors que le riz demande gCnCralement un terrain spCcial. L’Cpuisement rapide des sols tropicaux, l’envahissement des brQlis par une broussaille tenace (Carneiro, 1961) et l’abondance des terres ont fait que jusqu’ici aucune technique de prkservation des sols ou de rota- tion des cultures n’a CtC employCe. La regCnCration des sols provenait de la jachkre prolongte : de cinq B dix ans de repos aprb chaque annke de pro- duction. Aujourd’hui, B cause de l’accroissement de la pression dkmogra- phique, on doit rCduire ou bien le temps de jachkre ou bien la surface culti- vie. La terre est d‘environ 100 hectares. En supposant une jachkre de cinq ans, la surface cultivable disponible serait d’environ 0.5 d’hectare par fa- milk. La jachbre de 4 ans laisse 0.6 d’hectare par famille. Les nCcessitCs alimentaires font qu’on opte pour la premikre solution ( jachkre plus courte) , accClCrant le processus de dtgradation des sols : pour l’annCe 1969-1970, la moyenne des terres cultivCes par famille a it6 de 0.68 d’he~tare.~ 4 La contrainte terre n’est pas absolue. Les paysans, d’une part, pourraient louer des

terres en dehors de Sacoanha. La distance de la maison ne milite cependant pas en faveur de cette solution. Dautre part, les surfaces cultivees varient en realit6 d‘une famille B l’autre. Mais il importe de noter qu’aucune famille n’est devenue entre- 47

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La eche, elle aussi, peut &tre pratiquCe librement, dam les ruisseaux en c hiver D et dans les marais A demi-sCchQ en e 6tC D.‘ Le pruduit de la @che de ruisseau est consomme immbdiatement. La p&he de c a m p par contre, en plus de cette nourriture immgdiate, fournit une reserve de protCines pour les mois de pCnurie, de janvier A avril (le Poisson est salC, sCch6, et stockb) .

Comme ces deux activitCs d’agriculture et de pQche sont intimement lides aux cycles saisonniers et que d’autre part la force de travail de la maisonnCe, conjuguke au temps disponible, est la resource rare dont cette maisonnee dispose, il est fort utile de dresser un calendrier des activitCs de subsistance afin de confronter le travail B fournir avec les temps utilisables pour chacune d’elles. Nous pourrons mieux dbgager les saisons de u pointe D, les goulots d’etranglement dans le domaine de la main-d’auvre, etc.

Pour fins d’analyse de la contrainte du temps par rapport au travail B fournir pour assurer sa subsistance B Sacoanha, on peut diviser l’annCe en trois pCriodes d’inegale longueur qui ne correspondent pas tout B fait aux saisons dCcrites plus haut. Il s’agit plut8t d’une division en fonction de grou- pes d‘activitts permises par la saison en cours. (Tableau I)

La pkriode I (octobre B dCcembre) permet la priparation des champs et la p8che dans les marais B cause de I’absence de pluie. Une pluie abondante B cette Cpoque emp8cherait un brillage adCquat, nCcessaire pour nettoyer le terrain et fournir un minimum d’engrais (les cendres). Les marais h demi- sCch6s favorisent la concentration du Poisson dans des chenaux et des mares peu profondes, ce qui facilite leur capture. La pCriode 11 (janvier A mi-avril) est caractCris6e par le plantage du manioc, le semis du mays, du riz et d’autres legumes, ainsi que par l’entretien des champs jusqu’au temps de la rCcolte (sarclage, combat aux insectes etc.) . Le dCbut de cette pCriode cohcide toujours avec le debut de la saison des pluies. Aucune peche n’est possible durant ce temps. Nous avons fix6 la pCriode 1x1 A partir de la mi- avril environ, debut de la ptche de ruisseau. Au plan agricole, deux activi- tCs principales : la rCcolte du mats et du riz allant au maximum jusqu’a la fin de mai, et la priparation du sungal, i.e. du brillis oii l’on plantera c le manioc d’Ct6 D fin-aoGt, dbbut-septembre.

Le paysan (et sa maisonnCe) aura donc B rCpartir son temps selon un calendrier assez prCcis s’il veut assurer sa subsistance par un rendement adCquat. Aux pCriodes I et 111 il devra le partager entre des activitts agri- coles et des activites de g c h e pour Cquilibrer sa nourriture. La periode 11

ne permettant pas la *he, les proteines seront fournies (en dehors du Poisson sCchC dont nous avons parld) par de la viande de volaille et parfois de porc spCcialement 6levCs durant toute l’annCe en prevision de cette pCriode. Le mays est d’ailleurs cultivd pour cet t51evage.6

preneu -, s’appropriant une surface considkable et y faisant travailler des ouvriers salarits.

5 - L‘hiver rn du MaranhSio correspond ?i une pkriode de pluies abondantes de janvier B juin; 1’6t6 s est une pdriode de stkheresse et de vents alizCs de juillet ?i dCcembre.

6 On aura not6 que le manioc n’est pas r6colt6 et transforme en farine ?i une bpoque prtcise de l’annbe, mais bien plutBt tout au long de l’annk. En effet, plus le tuber- 48

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(1) Main-d‘oeuvre masculine: Elevage Sciage, transport, et commerce du bois de construction Commerce en gros et au dttail Travail salarik Vannerie Pkhe a m crabes Fabrication et vente de charbon de bois

Fabrication et vente de hamacs Cueilfette, dkorticage et vente du babacu

(2) Main-d‘oeuvre fiminine:

A l’intkrieur de chacune des pCriodes ci-dessus mentionnbes, il y a un nombre limit6 de jours que le paysan peut consacrer ii l’une ou h l’autre de ces activitts de subsistance. Ainsi plus ou moins 70 jours (sur 90) B la ptriode I, 75/110 et 130/165 aux p6riodes 11 et III. La difftrence origine sfirement de la nCcessit6 biologique qu’a tout h o m e de se reposer, mais elle est rtglementte par des normes culturelles B caracthre religieux.’

Durant les saisons de @the qui durent respectivement trois et quatre mois, un paysan aurait donc, la limite, la possibilit6 de p6cher tous les jours. Mais ce faisant, il devrait ntgliger l’agriculture qui doit prendre place aux memes pbriodes. En consdquence, il nous apparait que la ptriode I

(octobre-dtcembre) est la pCriode u de pointe de l’annCe. D’une part elle conditionne les travaux agricoles du reste de l’annte. Dautre part, elle est de courte durte et permet par contre les deux activitts principales qui ntces- sitent, chacune, un nombre important de jours pour un rendement apprt- ciable : la rocu et la @che de cumpo. Il faudra donc tenir compte de cette contrainte primordiale dans l’tlaboration d’un modkle de prise de dtcision. Ceci sera ClucidC plus loin (pp. 54-55).

Le paysan de Sacoanha n’est cependant pas confine aux seules activitts de subsistance que nous venons de dCcrire. On retrouve un certain nombre d’activitds de march6 qui peuvent &re pratiqutes h l’annte longue, spbciale- ment durant les ptriodes creuses. (Tableau 11)

Au plan strict de la productivitt, nous pouvons comparer entres elles les diverses activitb tconomiques en utilisant l’indice suivant : la valeur locale de la production totale moyenne sur le nombre moyen de jours de travail requis. (Tableau 111)

Ainsi, les choix ou les prises de dtcision du paysan sacuanhense pour-

cule reste longtemps en terre, plus il grossit. D6jk comestible vers le neuvikme mois, il ne sera cependant arrach6 et transform6 en farine que selon les nCcessit6s du moment. h i ss6 dans le sol, il a le double avantage de produire plus et d’6viter un stockage inutile de farine.

7 Appartenant s officiellement s B 1’Eglise catholique romaine les Sacaonhenses ont appris par tradition le respect du jour du dimanche ainsi que d’un certain nombre de i.e., de repos obligatoire. De plus il existe des * jours mauvais B oh tout travail peut itre puni skviirement par une puissance surnaturelle.

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jours saints de garde 50

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TABLEAU III RENDEMENTJACIIVITI! (Sacoanha 1970)

Rendernent Activitis

Sup6rieur Commerce, surtout d‘animaux (Cr $3.50 et plus par jour) P&he a m crabes

P&he de camp0 Fabrication et vente du charbon de bois

Moyen Production de farine de manioc Production de riz Sciage et transport du bois Travail salari6 Cueillette et dkcorticage du babupu

(Cr $1.50-3.00 par jour)

Infirieur Fabrication de hamacs (Moins de Cr $1.50 par jour) Vannerie

P&he de ruisseau

raient &tre iduencCs par ces diffCrents rendements. Si ces choix ne suivent pas tout B fait la courbe de ces rendements, il faudra alors s’interroger sur le pourquoi, en prenant note d’autres contraintes qui interviendraient dans chaque cas. C’est ce que nous verrons plus loin, dans l’analyse du modhle statistique (voir pp. 56-60).

Contraintes proprement kconomiques Aucun groupe domestique de Sacoanha ne satisfait la totalit6 de ses besoins par la production directe de ses membres. L’Cchange tant des moyens de production que des produits lie entre elles les maisonntes d‘une part, et relie chacune d’elles B des unites Cconomiques extCrieures d’autre part.

L’Cchange des moyens de production L’accks B la terre et aux cours d’eau &ant libres et les outils, simples et peu nombreux, le principal moyen de production &hang6 est la force de travail. I1 existe au village deux modes de coop6ration agricole : le travail salari6 et 1’6change des journCes de travail. Ces modes de coopCration laissent chaque groupe domestique complktement maitre de ses decisions et de la destination de sa production. Dans la eche , la production individuelle est la plus fr6- quente. Il y a parfois coopkration entre membres d’unit6s familiales distinc- tes, cependant. Dans ce cas, puisque la resource de base, le cours d’eau, n’est pas appropri6 individuellement pendant le prods de production (comme l’ktait la terre), la retribution du travail se fait en partageant le produit Cgalement entre tous les participants.

En bref, donc, chaque groupe domestique a tendance ?I produire par lui- meme ce dont il a besoin, ne recourant qu’occasionnellement B I’aide extC- rieure, et ce, toujours selon des mkcanismes stricts.

8 Le mktayage, cependant, est encore en vigueur sur beaucoup de terres de la r6gion qui ont un propriktaire reconnu. 51

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L’Cchange des produits : le secteur de subsistance Ce que nous venons de voir sur l’khange assez restreint de la force de tra- vail suggbre que l’ensemble de la production est destin6e h la consomma- tion directe de l’unitt domestique. C’est B l’inthrieur d’un groupe domestique identifiable B la famille conjugale que circulent les biens de subsistance, A partir du principe de la a rCciprocit6 difise B : chacun travaille c o m e il peut, selon la division du travail reconnue dans la communaut6, et a droit ainsi h une redistribution selon ses besoins.

Le produit de la pCche de ruisseau se distingue cependant des autres ali- ments en ce qu’il circule assez librement (c’est-&dire, selon le msme r6cipro- cite diffuse) hors du groupe domestique. Mais h y regarder de pr&, le

don de Poisson constitue B Sacoanhaune sorte a d’assurance D.

L‘Cchange des produits : le secteur de march6 L’unitb d‘kchange couramment employee dans ce secteur est la monnaie officielle du BrCsil, le cruzeiro. Thtoriquement parlant, tout peut s’acheter comme tout peut se vendre. Par contre, en pratique, l’acquisition ou la ces- sion de certains biens se font autant par troc que par achat et vente, surtout B l’indrieur du village mCme.

Conclusion Comme on le voit, il n’existe pas B Sacoanha de a sphkes d’6change B comme on en a retrouv6 dans certaines soci6tCs primitives et paysannes (Bohannan et Dalton:1965; Barth:1970). Les termes secteur de subsistance D et e secteur de march6 D n’ont pas ici de contenu appartenir B l’un ou l’autre secteur, mais, ce qui est plus important pour nous, il n’est pas indiffkrent que le bien ou le service en question soit placC dans l’une ou I’autre cat& gorie. En d’autres termes, la pr6sence de ces deux secteurs ne constitue pas une a contrainte D au sens strict du terme, c’est-&dire, une limitation de l’activit6 6conomique, mais bien un choix suppl6mentaire de moyens qui s’ofke au paysan pour atteindre ses fins. Nous preciserons brihement ces dernibres, en termes de contenu culturel, dans la section qui suit.

Contraintes culturelles Ces contraintes culturelles qui affectent la prise de dbcision d’un paysan jouent it deux niveaux : au niveau de la production elle-mi$me, permettant ou limitant directement celle-ci, ou encore au niveau de la consommation, et par voie de cons6quence stimulant ou limitant la production.

L‘Cquilibre entre le temps de travail et le temps de loisir sera une premibre contrainte au niveau de la production. On a vu plus haut combien de jours utilisables h chaque pCriode de 1’annCe restaient au paysan aprhs le pr6llbve- ment des jours de repos a obligatoire B. I1 n’est certes pas d6fendu B l’individu d’aller au-delh de cette norme prkvue, mais une marge trop grande lui atti- rerait d‘abord le qualificatif de a fainhnt B (preguicoso), puis des soupons de malhonnCtet6 s’il rbussissait h survivre e malgr6 sa paresse B. 52

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La division du travail ii l’intkrieur de l’unitk familiale (unit6 de produc- tion autonome) influencera aussi la production. Toutes les activitCs directe- ment de subsistance (agriculture, $the, 6levage) sont le fait de toute cette unit6 familiale, independamment des sexes, seul le critbre de la force physi- que (rCelle ou supposte) entrant en ligne de compte pour r6server une opQa- tion B l’homme plut8t qu’8 la femme. Ceci veut dire, par exemple, que tant la femme que l’homme (et les enfants des deux sexes selon leurs capacit6s physiques) participeront 2 l’agriculture. Cependant, itant donnee la diffi- cult6 de certaines opkrations, telles que la prhparation des champs ou le transport du manioc, il devient nature1 que ce soit l’homme qui accomplisse ces tiiches. Par contre, les activit6s d’appoint au budget familial ont tendance b acqu6rir une sp6cialisation par sexe, quand la plupart du temps elles ne l’ont pas d6jl (voir Tableau 11). Il faut noter enfin une diminution de la par- ticipation feminine aux tiiches de la subsistance depuis l’introduction du march6 des hamacs. Cette perte de main-d’oeuvre dans l’agriculture est compenske par un apport d’argent liquide B court terme (vente des hamacs) . Ainsi donc cette division du travail permet une force de travail accrue dans le cas d’une demande accrue de biens de consommation par suite d’un ac- croissement de la famille.

Au niveau de la consommation, nous retrouvons trois contraintes princi- pales: la nourriture et Ie logement affectent le secteur de subsistance, et les biens manufacturks le secteur de march&.

Manioc, riz, quelques l6gumes et fruits d‘une part, Poisson, volaille, et viande de porc d’autre part sont les composantes du menu sacoanhense. Ce qui est consid6rk comme essentiel cependant, a sans quoi on ne peut sur- vivre ’I), c’est la farine de manioc. La norme de consommation par personne adulte par jour est d’environ 0.5 kg. Le choix du producteur dans la rCparti- tion de ses tPches sera donc conditionnk par cette norme de consommation. Dautre part le Poisson est aussi essentiel ?i la vie du paysan de Sacoanha. De neuf 21 onze mois par annke, cette denr6e constitue son plat de rksistance (environ 0.3 kg par personne par jour). Certains tabous alimentaires exis- tent (prohibition de viande de porc, de Poisson de mer, de venaison) , mais pour les femmes enceintes ou ayant r6cemment accouch6 seulement: aussi est-il dficile d‘y voir une v6ritable contrainte.

La d6pense pour le logement est minime. Le principal investissement, c’est le temps que l’on prendra pour pr6parer soi-meme les mat6riaux de construction: bois, lianes, branches de palmier, et terre. Cette maison, faite de clayonnage et de boue sCch6e avec un toit de chaume, rksiste plusieurs ann6es au soleil et b la pluie, moyennant de ltgkres rkparations annuelles. La main-d’oeuvre Ctant obtenue par la trocu de dim (bchange de journCes de travail) et dans des temps de moindre activit6, elle est tout & fait a bon march6 ’I) .

Par ordre d’importance, la famille paysanne cherche B se procurer, sur le rnarch6, des vetements, les c choses de la maison s, c’est-&dire, du caf6, du sucre, du sel, du k6rosbne, et enfin quelques bijoux de pacotille si possible. 53

Page 11: Situation de dépendance et modèles de prise de décisions

Une enqu&te sociologique menCe dans un municipe voisin en 1970, a rCvCl6 que les gens de I’intCrieur du pays consacraient en moyenne 17.7 pour cent de leurs revenus totaux au poste vestimentaire de leur budget. Cette forte dtpense s’explique du fait que les vgtements portts au cours des fetes pCriodi- ques sont un signe de distinction et aussi de luxe, le seul d’ailleurs que la plupart des gens s’offrent durant toute l’annCee (CCsar e Cunha, 1970:60).

Le paysan pourra donc satisfaire ses diffirents besoins hiCrarchisCs en recourant necessairement aux deux secteurs konomiques. Mais la subsis- tance est premiere: les choix concrets du paysan devraient le r6v6ler.

UN M O D E L E D E P R I S E D E DECISION

Le modele present6 ici tiendra compte des contraintes CnoncCes dans les pages qui pr6cbdent. Pour bien en apprbcier le poids, cependant, il nous faudra dtterminer, au prCalable, qui prend des dCcisions B Sacoanha.

Les agents &onomiques Diverses catCgories de personnes peuvent s’employer B produire tel ou tel bien ou service. Ainsi la production de la farine de manioc pourra employer une unit6 familiale entikre, soit le mari, la femme et les enfants des deux sexes et B difftrents iges. Cependant ce ne sont pas tous ces travailleurs qui prennent ensemble la dCcision de produire telle quantitC de farine. Notre enqucte a dCmontr6 que:

(a) Dans le cas d’un groupe domestique dont le chef est un homme, toutes les dicisions peuvent &re prises, en principe, par lui seul, 9 l’exception de travaux qui dtpendent uniquement de la femme (tissage de hamacs, dCcorti- quage du bahacu) et de ceux entrepris par les jeunes gens en dehors des activitks commandCes par le pere. Nous disons bien a en principe n, car si les informateurs afiirment que a dans la maison, la tCte, le chef, c’est le pbre B, ils accordent cependant B l’bpouse un certain pouvoir: a la femme peut donner son opinion, ouvrir les yeux de son mari. Elle peut dire : c18- ture ta rogz, fais-la de telle ou telle grandeur; ne vends pas ton bceuf pour telle ou telle raison, etc. D.

( b ) Dans le cas d’un groupe domestique dont le chef est une femme (le mari 6tant dkctkl6 ou ayant quittt femme et enfants) , les dCcisions reviennent en principe B celle-ci, mais peuvent &tre prises 9 l’occasion par un fils a adulte B (14 ans et plus) non-marit. Les prises de d6cision de cette femme chef de famille sont cependant 1imitCes par l’obtention de main-d’oeuvre masculine, selon que celle-ci existe ou non B 1’intCrieur du groupe domestique ou qu’elle peut &re obtenue moyennant salaire : en effet, l’op6ration essentielle du dtfrichage est un travail d’homme.

Faute d’espace, nous ne considtrons ici que les groupes domestiques ayant un chef masculin (83 pour cent des groupes domestiques de Sacaonha).

54

Page 12: Situation de dépendance et modèles de prise de décisions

La a stratkgie idkale D ou le mod2le normatif La a stratCgie idCale s peut &tre dCfinie comme celle qui rCussirait le mieux B satisfaire l’ensemble des besoins reconnus dans le milieu. Nous avons d6jB indiqut que ces besoins pouvaient Ctre divisCs en deux categories : ceux que le paysan peut satisfaire par la production directe, et ceux pour lesquels il doit nkcessairement se procurer biens ou services sur le march6 en Cchan- geant un surplus de sa production par commerce ou troc. S’il est nCcessaire de s’engager dans certaines activitCs de marchC, celles-ci ne sauraient pas B Sacoanha se substituer aux entreprises de subsistance. En effet, B certains moments de I’annCe, l’argent peut ne pas Ctre convertible en nourriture suffisante: les difficult& de transport empikhent l’approvisionnement de l’extCrieur et la petitesse de la communaut6 rend le a march6 D local des vivres t r ks irrkgulier tant du point de vue de l’offre que de la demande, em- @chant toute sp6cialisation en ce sens. Le plus sQr moyen d‘avoir de la nourriture est donc de la produire soi-mgme. On peut donc s’attendre B ce que chaque producteur s’emploie avant tout h assurer sa subsistance, les autres besoins en biens manufacturCs Ctant satisfaits en second lieu. Nous serions ainsi amen& B conclure que la stratCgie idCale donne priorit6 B l‘auto-subsistance, en l’occurrence B la culture du manioc et a la +he, consacrant les forces productives inutilides (temps-travail qui reste) aux activitCs de march&.

Le tableau qui suit (Tableau IV) veut quantifier quelque peu cette hypo- th&se de strathgie idCale. Le test se fait B partir du travail que devra fournir un homme pour nourrir 2.5 consommateurs (rapport Ctabli d’apr2s les familles de Sacoanha) . Quel est le temps ntcessaire B chaque pCriode de l’annte pour satisfaire B la norme de consommation ? Les donnees du Tableau I nous seront prkcieuses ici.

(1) Le Tableau IV ci-dessus fait clairement apparaitre la possibilitC de goulot d’ktranglement B la pCriode I alors que les deux autres pCriodes sont relativement dCgagCes, si l’on s’en tient h la satisfaction des besoins de sub- sistance. A moins de faire appel B une main-d’oeuvre salariCe pour les activi- tCs agricoles, le paysan devra reorganiser cette periode selon les diverses pos- sibilitCs suivantes : ( a ) rCduire le champ de culture de manioc h la pCriode I et complCter la quantit6 nCcessaire par un sangal (champ d’CtC) B la pQiode III. Par exemple, 14 jours de travaux de preparation du champ de manioc d’ttC (= 0.1 ha) allkgeraient la pCriode I de 1 1 jours de travail (la prCpara- tion de 0.2 ha au lieu de 0.3 ha serait suffisante B cette Cpoque), et cons& quemnent, Cpargneraient 9 jours d’entretien B la pCriode 11. I1 faut se reporter au Tableau I pour ce comput des jours; ( b ) diminuer la rizih-e, ou tout simplement semer en riz une partie basse de la roca, ce qui Climine alors une bonne partie du travail supplCmentaire h la pCriode I; ( c ) diminuer les jours de p&che dans le campo, et alors ou bien restreindre sa consommation de poisson, ou bien acheter la quantite manquante.

La main-d’ceuvre salariCe est assez rare sur le march6 puisqu’elle est sur- 55

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TABLEAU IV PROBLEMES DU COMPORTEMENT ECONOMIQUE D’UNE FAMILLE DE SACOANHA (1 travailleur/2.5 consommateurs)

I. Besoins 11. Satisfaction des besoins par:

Temps nkessaire (jours) (A) Biensde Quantitk Surface subsistance: annuelle (Kg) nkces. (Ha) Pkriode I Pkriode I1 Pkriode 111 Total

Manioc 460 0 . 3 34 28 1 63 Mais ? idernmanioc 0 9 9 18 Riz 180 0 .2 22 16 4 42

- 28 Poisson (cumpo) 168 - 28 - Poisson (ruisseau) 84 - - - 28 28

84/70‘ 53/75 421130 1791275 (B) 3ien.s de march6 Activitts de rnarcht ? ? ? 961275

1 Total des jours disponibles selon les calculs de la page 49.

TABLEAU V

STRAT~GIES R ~ E L L E ~ (Sacoanha 1969-70)

Stratkges N de

famiiles Pour cent

Activith vivrikres et 24 83 Activitts de march6 Activitds vivrieres seulement 2 7 Activit6s de march6 seulernent 3 10

29 100

tout requise ii la pCriode I pour les travaux des champs. Or chaque famille aura tendance ii prkparer son propre champ d’abord. Face ii cette contrainte, on est en droit d’attendre une planification de la pkriode I plutbt selon les possibilit6s a, b, ou c.

(2) Les activitb de subsistance laissent un temps utilisable d’environ 96 jours aux activitks de marchd On voit donc le caract2re secondaire de ces dernizres par rapport aux premihres (65 pour cent du temps consacre la subsistance contre 35 pour cent au marchk) . De plus, dans des cas particu- liers (par exemple, lorsque le rapport producteurs/consommateurs aug- ment) une accentuation de l’une ou I’autre activit6 vivrike laisserait un surplus revendable, allant jusqu’g Cliiminer la n6cessitB d’exercer une activite secondaire.

Comparons maintenant cette hypothbse de stratkgie idkale avec la rCalit6 de Sacaonha.

Les stratkgies eflectives ou le mod2le statistique L‘ensemble des donnbes recueilles sur le terrain indique que dans les grandes lignes, l’activit6 des paysans de Sacoanha se conforme au a modble norma- tif..

Peu de familles, il est vrai, ont des stratkgies d’action tout ii fait identi- ques. Ainsi l’on retrace pour 29 familles, c’est-&dire, les 83 pour cent de 56

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groupes domestiques dont le chef est un homme, 23 stratCgies qui diffbrent entre elles par une ou plusieurs activit6s. On peut cependant regrouper les strat6gies rkelles en trois grandes classes (Tableau V) .

(1) La trbs grande majorit6 des groupes domestiques (83 pour cent) allient des activit6s vivribres avec une ou plusieurs activitb de march6 (voir Tableau II). Pour l’ensemble de la communautt, on obtient par travailleur adulte une moyenne de 126 jours consacr6s aux premieres activit6s contre 68 jours pour des activit6s secondaire~.~ Ainsi 46 pour cent du temps utili- sable est dddik aux activitts vivri2res 25 pour cent aux activit6s de march6 et 29 pour cent s’ajoute aux loisirs prCvus. En rCalit6, la quantitk de travail fourni est inf6rieure B la norme id6ale Ctablie plus haut (selon une consom- mation iddale). Il n’en demeure pas moins que les proportions activitis vivri&res/activitb de march6 sont gardies, soit environ deux fois plus de temps consacrd aux premikres qu’aux deuxibmes.

(2) Sept pour cent seulement des groupes domestiques ne pratiquent que des activitCs vivribres. Tous leurs besoins de biens et services de march6 doivent alors &re comblCs par un surplus de ces activitb, ce qui est effective- ment le cas.

(3) On a donc 90 pour cent des groupes domestiques de Sacoanha (dont le chef est un homme) qui pratiquent des activitks vivri&res orientCes en majeure partie vers la subsistance, alors que le dernier 10 pour cent ne vit qu’avec des activit6s de marchi. Se disant trop faibles pour continuer le travail de r o p ou la piche, ceux-ci se sont tourn6s vers des activitks de com- merce principalement.

Nous pouvons, en second lieu, considirer chacune des activitCs exerc6es B Sacoanha, selon leur c popularit6 B, pour arriver B une conclusion semblable, B savoir qu’il est pr6fkable d’exercer surtout des activit6s de subsistance et de compldter son revenu, dans la mesure du possible, par des activit6s de march6.

Tout d’abord, voici l’ordre de a prCf6rence B dans lequel les activitCs sont exercCes par les unit& familiales paysannes (mCme Cchantillon que plus haut, i.e. 29/35) (Tableau VI).

Les activitts de subsistance ont une nette priorit6 sur les activitks de march6 (a l’exception de la chasse) si l’on regarde le pourcentage des familles qui exercent chacune de ces activitCs et, dans l’ensemble, le nombre de jours qu’on y consacre. Comment peut-on expliquer cet ordre ?

Une comparaison rapide avec les revenus de chaque activit6 (voir Tableau III) nous dCfend de chercher une explication de ce c6tC. Tout semble en raison inverse. En eff et, les activitCs consid6rkes thkoriquement comme les plus payantes (plus de Cr$3.50 par jour), c’est-$-dire, la @the aux crabes, la fabrication du charbon de bois, le commerce d’animaux, sont parmi les moins exerc6es. Meme la pCche de cumpo de loin plus rentable que celle de ruisseau, n’a que 62 pour cent de la faveur contre 80 pour cent pour cette dernikre. Les activitks B revenu moyen, par contre, sont gkdralement les

57 9 Quatre-vingt-huit jours si Yon ajoute le travail des femmes sur les hamacs.

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TABLEAU VI <( POPULAR IT^ )) DES ACTIVIT~S (Sacoanha 69-70)

Pour cent des familles Moyenne de qui exercent joursl familie'

(1) Activitks vivri&res: production du manioc 86 78 jours production du mais 80 39 p€che de ruisseau 80 53 pikche de camp0 62 33 production du riz 59 26 chasse I 12

industrie du bois 35 35 travail salarik 31 33 commerce 17 100 production de fruits 17 13 vannerie 10 40 pkhe aux crabes 7 1 1 production du charbon de bois 395 40

(2) Activitks de marchk:

1 Cette moyenne par famille suppose une force de travail Bgale B 1.7 travailleur, alors que les tableaux prkckdents supposaient une force de travail = 1.0.

plus cotkes, tant du c6t6 de la subsistance que dans la sphkre de march6 : ainsi le manioc et le ma%, ou encore l'industrie du bois et le travail salarik.

Les attitudes vis-A-vis du travail nous renseignent-elles mieux sur ces pr6- fCrences ? Ici encore l'inverse semble se produire. Les travaux consid6rCs comme les plus durs, les plus pinibles, sont be1 et bien la pkhe et l'agricul- turc. On serait donc en droit de trouver une u bouderie 2 vis-2-vis ces acti- vit6s. Or il n'en est rien, m&me chez les plus jeunes paysans. Cet attachement 2 l'agriculture et 2 la $the doit donc trouver son explication ailleurs. A notre avis, on peut trouver une piste valable dans une phrase d'un jeune paysan de Sacoanha : u La rota est une chose plus sQre que le commerce, parce qu'on n'a pas A acheter la farine A tout moment 8 . Ou encore dans l'exemple de cette femme seule avec sa vieille mkre et qui N prbfbre travailler dans la rota pour avoir sa farine plutbt que de faire un autre travail (tisser des hamacs par exemple) et devoir acheter la farine tout le temps 9.

Comment produire sa propre farine est-il u plus siir 8 que de l'acheter esp6ces sonnantes ? Cette situation d6coule nicessairement du systkme d'auto-subsistance dans lcquel le paysan est engag6, lequel 2 son tour vient et persiste du fait de l'absence de marches extbrieurs. Avec 18 pour cent de population urbaine seulement (82 pour cent rurale non-spkcialis6e) , le march6 de la farine est trbs restreint. Aussi la population rurale, B cause de l'incertitude de I'allocation de ses surpIus, aura tendance B produire le nCcessaire et le n6cessaire d'abord. De telle sorte que ginkralement rare, le manioc aura tendance 2 Ctre cher sur le march6 : deux inconv6nients s6rieux pour qui se fie sur son argent pour l'obtention de ce qui est consid6rC culturellement comme le pain de tous les jours. De meme, un surplus apprkciable de farine aura pour effet la baisse du coiit d'achat ii la con- sommation, donc de revenu A la production. Dans un tel cas, les investisse- 58

Page 16: Situation de dépendance et modèles de prise de décisions

ments en temps et en Cnergie ne sont nullement compensCs par le profit, et le paysan le sait fort bien.1° Ce qui expliquerait une fois de plus la tendance chez le paysan B ne produire en manioc que ce qui est ntcessaire B sa propre consommation, et consCquemment la pr6fCrence de 86 pour cent des groupes domestiques B s'adonner B cette culture, cette solution Ctant u plus sfire D que de l'acheter.

L'importance du mays ne saurait Ctre expliqute de la sorte, puisque ce produit ne sert gCnCralement pas B la consommation humaine, mais plutdt h l'dlevage de la volaille, cette dernibre ttant, il est vrai, source de viande d'appoint durant les mois difficiles de a l'hiver s. C'est du c6tC des cofits de production qu'il faut trouver la rCponse. La lenteur de croissance de

l'indispensable manioc s permet au paysan d'y intercaler le mays, de faGon ?i profiter au maximum de son brillis. Pour un supplCment de travail minime, il aura ainsi une double rtcolte, ce qui est toujours apprCciable m&me si ce produit compltmentaire n'est pas particulibrement prisC dans l'alimentation.

Nous voyons que le riz, par contre, ne jouit pas de la mCme faveur, en dtpit du fait qu'il est trbs apprtcit dans l'alirnentation. Seulement 59 pour cent des paysans l'ont cultivC en 1969-70. Il y a deux raisons principales ?i cela. D'abord la terre propre B cette culture est plus rare. En effet, les riz cultivts A Sacoanha demandent des terres riches et basses qui retiennent bien l'eau. Or B Sacoanha la plupart des terres sont soit trop ClevCes, soit complbtement inondCes pendant la saison des pluies. 11 semblerait que les terrains actuellement disponibles (compte tenu des longues jachbres que requiert cette culture exigeante) soient tous utilists. Le fait est que seule ment trois familles ont une rizibre (bmburral), les autres se contentant de semer en riz une partie basse de leur roca : le dtfrichage d'une terre Llevke ou trop fortement inclinte exclut automatiquement la culture du riz. L'autre raison, au moins aussi importante, c'est le travail supplementaire que devra fournir une f a i l l e qui veut se planter une rizibre. Cette dernisre &ant un champ distinct de la roGu de manioc, ceci suppose deux terrains B dt- broussailler, 2 clbturer, etc. Comme on ne dispose que d'une ptriode limitCe pour le dtfrichage, la culture d'une rizikre entrainera la diminution de la roqa (2 moins, Cvidemment, que l'on ait l'argent suffisant pour se payer des travailleurs salarits) .

Pourquoi la pCche de campo est-elle pratiqute B 62 pour cent seulement, alors que la p&che de ruisseau, considtrablement moins rentable et plus ardue B pratiquer, l'est B 80 pour cent ? Pour une part, il y a un plus grand

10 Une bonne rtcolte inattendue (conditions climatiques favorables mais impre- visibles, etc.) a toujours cet effet de baisse des cotits 2 la consommation. Ainsi, au dtbut de 1969, la farine etait si abondante que les paysans en nourrissaient les animauv 2 I'engrais. Puis le panier , de farine de manioc (30 kg.) est pass6 de Cr $4.00 qu'il ttait, graduellement jusqu'g CT $26.00 en juillet 1970. A cette date un commerpnt de Sacoanha affirmait : s le prix de la farine va tenir maintenant, car on en manque. I1 est impossible que les prk baissent tant qu'il y aura cette p6nurie m. Mais autant le producteur ne peut pr6voir cette rtcolte meilleure, autant I'individu- possiblement-uniquement-consommateur ne peut se fier B cette rCduction possible des prix pour prendre des d6cisions dans son travail. 59

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conflit d’activitts & l’tpoque de la Fche de curnpo qu’h l’6poque de la @che de ruisseau. En effet, la ptriode octobre-dtcembre est celle de la prtparation des champs. La ptriode avril-juillet est celle de la rtcolte : le travail des champs est beaucoup plus restreint durant cette dernibre, et on peut facile- ment s’adonner & la e c h e deux ou plusieurs jours de suite, ou alors inter- caler des jours de $the entre les jours la travaux des champs.ll D’autre part, inhkrente B la rentabilitt de l’une et l’autre eche, on peut dtduire la raison suivante : la pCche de ruisseau donnant, rhgle gtnCraIe, peu ou rien comme surplus, et encore ce dernier est-il distribut B ceux que l’on e voisine D comme mesure de stcurit6 (voir plus haut p, 52), personne ne peut vraiment se fier sur une production constamment achetable ou &changeable sur le marchk. Il est donc plus prudent, si l’on veut cette denrte, de la produire soi-mCme. La @che de cumpo, au contraire, peut laisser place & un surplus ntgociable. Certaines unitts familiales peuvent donc prtfkrer acheter ce Poisson plutbt que le pccher, dans certaines circonstances (ainsi, plus de temps & consacrer h la r o p ou & une activitt de march6 plus facile que la @che; pour cause de maladie aussi, etc.) .

Toutes les activit6s du secteur de march6 sont, elles, soumises & la loi de l’offre et de la demande. ll ne fait aucun doute que les pourcentages trouvts pour l’industrie du bois (35 pour cent), le travail salari6 (3 1 pour cent), la vannerie (10 pour cent) le charbon de bois (3.5 pour cent) soient forte- ment influencts par cette loi du march& Le commerce des fruits (10 pour cent) est conditionnt par les risques consid6rables du transport vers la capitale Slo Luis. I1 s’agit d‘une marchandise trks ptrissable et les transports sont coOteux et longs. La pkhe aux crabes doit son peu de popularitt (7 pour cent) aux conditions phibles de production. Quant au commerce en gros ou au dttail, ces activitks supposent un certain capital ou un bon crCdit aupr6s des fournisseurs : raisons suppl6mentaires pour limiter strictement le nombre d’adeptes ( 17 pour cent).

Ainsi donc, quelque soit l’angle sous lequel on examine les strategies paysannes B Sacoanha, le modble statistique nous apparait concorder avec le modde normatif qui devait tenir compte des diffkrentes contraintes qui s’cxercent sur I’activitt tconomique de cette rtgion.

C O N C L U S I O N

Quelques publications, ces dernibres anntes, ont ttudit quantitativement la prise de dtcision tconomique dans des socittts paysannes (Nash, 1961 : 186-191; Cook, 1970: 776-801). Ces ttudes, cependant, portaient sur des sociktks fortement intkgrks B des systbmes de marchk, et on pouvait se 11 A Sacoanha en 1969-70, la rbpartition des travaux des champs aux pCriodes I et II!

s’est faite comme suit: 56 pour cent des paysans ont plant6 une roca seulement 35 pour cent paysans ont plant6 une r x a et un sungal 9 pour cent des paysans ont plant6 un sangal seulement On voit donc qu’ils ont 6th beaucoup plus occup6s 21 I’kpoque de la roca (octobre- dbcembre) qu2 celle du sangal (juillet-septembre) . 60

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demander si des groupes plus isolCs pratiqneraient une allocation aussi judicieuse de leurs ressources. C’est ce que nous avons tent6 de dCmontrer ici. Il ressort en effet de notre analyse que le paysan de la Buixudu du MaranhLo n’est pas l’&tre routinier et dCpourvu d’initiative que l’on dCcrit parfois. S’il consacre la plus grande partie de son Cnergie B des activitCs de faible rendement, c’est qu’il y est contraint par x l’imperfection n du marchC, elle-mCme le rCsultat de l’absence de moyen de communication efficace.

De telles Ctudes n’ont pas qu’un interkt thiorique. Les populations du Tiers-Monde sont majoritairement constitukes de paysans dont le comporte- ment concret commence ii peine ii etre CtudiC. C’est seulement 1’Clargisse- ment de notre connaissance de la vie Cconomique des sociCtCs paysannes qui peut permettre le redressement de leur condition.

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