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Souris transg6niques : un tour d’horizon Charles Babinet La mise au point, il y a une quinzaine d’annkes, de m6thodologies permettant la crkation expkrimentale d’organismes modifiks g&Aiquement (ou transgCniques), par addition ou remplacement de g&es, a fourni aux biologistes un outil extraordinaire pour l’ktude de ces organismes. Chez la souris, cet outil a 4tC utilisk en vue de mieux comprendre des mkcanismes mol&zulaires qui sous-tendent le dCveloppement embryonnaire et la physiologie ou la pathologie des systemes nerveux, immunitaire, musculaire, reproductif, etc. La transgenke a donnk kgalement une impulsion remarquable h la crkation de mod6les murins de maladies g&Ctiques humaines. Unit6 de biologie du dheloppement, lnstitut Pasteur, 25, rue du Docteur-Roux, 75724 Paris cedex 15, France. I 1 y a plus de 50 ans, dans un article devenu c&bre puisqu’il identifiait pour la premiirre fois l’acide d&oxyribonucl&que (ADN) comme ktant le support moku- laire du matQie1 hkreditaire, Avery et al ecrivaient : (c Biologists have long aftempfed by chemical meansto induce in higher organisms predictable and specific changeswhich thereafter could be transmitted in series as here- ditary characfers N [l]. 11 faudrait aux biologistes attendre encore une bonne quarantaine d’annees pour que les premiers or- ganismes complexes gf?nktique- ment modifiks de manike expQi- mentalement contrBEe voient le jour. C’est peu de dire que cette lon- gue attente, durant laquelle furent mis au point les diffkrents outils ex- pQimentaux nkcessaires (biologie mokulaire pour le clonage de s& quences d’ADN, embryologie ex- pkimentale pour la culture et la mi- cromanipulation des embryons), n’a pas et6 vaine : en effet, la possi- bilitk d’introduire de man&e stable une information g&-&ique nou- velle sous forme d’ADN - le trans- g&e - et de crker ainsi des organis- mes transgkniques, a littkralement r&olutionnk l’approche de trk nombreux domaines de la biologie des organismes multicellulaires. Les premiers animaux transgkni- ques furent des souris et naquirent vers la fin des an&es 1970, mais depuis cette date, la transgengse a et+? ktendue a de nombreux organis- mes depuis les plantes jusqu’aux mammifkes (cochons, moutons, la- pins, etc), en passantpar le ver &ma- tode ou la drosophile. Nous nous limiterons, dans cette courte revue, aux souris transgkni- ques qui, grke aux innombrables &udes qui leur ont 6t6 consacrkes, permettent d’illustrer lesmultiples fa- ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR / actualit& (1997) 8,1,19-32 0 Elsevier, Paris cettesde l’utilisation de la transgenke (12-71, pour quelquesrevues et ouvra- gessur lesanimaux trangciniques). La crkation d’armaux transgkniques Deux mkthodes sont le plus sou- vent utiliskes pour cri?er des souris transgkniques : la premiere consiste & injecter 1’ ADN clon4 - le transgilne - directement dans l’un des deux pronuclei de l’ceuf tout juste f&on- de. L’animal transghnique n6 de cette operation (figures 1 et 2) con- tient de une 2 plusieurs dizaines de copies du transgPne, intkgrkes au hasard et organiskes Ien tandem (< &e-queue B (5’-+ 3’- 5’4 3’). Ain- si, ni le nombre de copies du trans- g&e ni le site d’insertion ne sont contr616s. NtSanmoins, comme nous le verrons, cette mkthode d’obten- tion est couramment utiliske car le transgene, pourvu qu’il contienne les &quences de rkgulation appro- prikes, est le plus souvent exprimk de man&e spkcifique. Cette obser- vation remarquable a ‘constituk le point de dkpart de pratiquement tou- tes les utilisations ultkieures de ce type de souris transgenique, que nous illustrerons plus loin et qui peu- vent @tre schkmatiquement &parties en deux catkgories : d’une part l’ana- lyse des sequences kgulatrices agis- sant en cis, qui gouvement l’expres- sion spkifique des gPnes in vivo ; d’autre part, le (X ciblage H de l’ex- pression d’un transgPne, qui permet soit la surexpression d’u:n produit g& nique don@, soit son expressionecto- pique, approche qui s’est avk-tk t&s fkonde dans l’6tude de multiples as- pectsdu dkveloppement ou de la phy- siologie, normale ou pathologique, de la souris. La deuxiPme voie d’obtention de souris transg6niques tire avantage 19

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Souris transg6niques : un tour d’horizon

Charles Babinet

La mise au point, il y a une quinzaine d’annkes, de m6thodologies permettant la crkation expkrimentale d’organismes modifiks g&Aiquement (ou transgCniques), par addition ou remplacement de g&es, a fourni aux biologistes un outil extraordinaire pour l’ktude de ces organismes. Chez la souris, cet outil a 4tC utilisk en vue de mieux comprendre des mkcanismes mol&zulaires qui sous-tendent le dCveloppement embryonnaire et la physiologie ou la pathologie des systemes nerveux, immunitaire, musculaire, reproductif, etc. La transgenke a donnk kgalement une impulsion remarquable h la crkation de mod6les murins de maladies g&Ctiques humaines.

Unit6 de biologie du dheloppement, lnstitut Pasteur, 25, rue du Docteur-Roux, 75724 Paris cedex 15, France.

I 1 y a plus de 50 ans, dans un article devenu c&bre puisqu’il identifiait pour la premiirre fois

l’acide d&oxyribonucl&que (ADN) comme ktant le support moku- laire du matQie1 hkreditaire, Avery et al ecrivaient : (c Biologists have long aftempfed by chemical means to induce in higher organisms predictable and specific changes which thereafter could be transmitted in series as here- ditary characfers N [l]. 11 faudrait aux biologistes attendre encore une bonne quarantaine d’annees pour que les premiers or- ganismes complexes gf?nktique- ment modifiks de manike expQi- mentalement contrBEe voient le jour. C’est peu de dire que cette lon- gue attente, durant laquelle furent mis au point les diffkrents outils ex- pQimentaux nkcessaires (biologie mokulaire pour le clonage de s& quences d’ADN, embryologie ex- pkimentale pour la culture et la mi- cromanipulation des embryons), n’a pas et6 vaine : en effet, la possi- bilitk d’introduire de man&e stable une information g&-&ique nou- velle sous forme d’ADN - le trans- g&e - et de crker ainsi des organis- mes transgkniques, a littkralement r&olutionnk l’approche de trk nombreux domaines de la biologie des organismes multicellulaires. Les premiers animaux transgkni- ques furent des souris et naquirent vers la fin des an&es 1970, mais depuis cette date, la transgengse a et+? ktendue a de nombreux organis- mes depuis les plantes jusqu’aux mammifkes (cochons, moutons, la- pins, etc), en passant par le ver &ma- tode ou la drosophile. Nous nous limiterons, dans cette courte revue, aux souris transgkni- ques qui, grke aux innombrables &udes qui leur ont 6t6 consacrkes, permettent d’illustrer les multiples fa-

ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR / actualit& (1997) 8,1,19-32 0 Elsevier, Paris

cettes de l’utilisation de la transgenke (12-71, pour quelques revues et ouvra- ges sur les animaux trangciniques).

La crkation d’armaux transgkniques

Deux mkthodes sont le plus sou- vent utiliskes pour cri?er des souris transgkniques : la premiere consiste & injecter 1’ ADN clon4 - le transgilne - directement dans l’un des deux pronuclei de l’ceuf tout juste f&on- de. L’animal transghnique n6 de cette operation (figures 1 et 2) con- tient de une 2 plusieurs dizaines de copies du transgPne, intkgrkes au hasard et organiskes Ien tandem (< &e-queue B (5’-+ 3’- 5’4 3’). Ain- si, ni le nombre de copies du trans- g&e ni le site d’insertion ne sont contr616s. NtSanmoins, comme nous le verrons, cette mkthode d’obten- tion est couramment utiliske car le transgene, pourvu qu’il contienne les &quences de rkgulation appro- prikes, est le plus souvent exprimk de man&e spkcifique. Cette obser- vation remarquable a ‘constituk le point de dkpart de pratiquement tou- tes les utilisations ultkieures de ce type de souris transgenique, que nous illustrerons plus loin et qui peu- vent @tre schkmatiquement &parties en deux catkgories : d’une part l’ana- lyse des sequences kgulatrices agis- sant en cis, qui gouvement l’expres- sion spkifique des gPnes in vivo ; d’autre part, le (X ciblage H de l’ex- pression d’un transgPne, qui permet soit la surexpression d’u:n produit g& nique don@, soit son expression ecto- pique, approche qui s’est avk-tk t&s fkonde dans l’6tude de multiples as- pects du dkveloppement ou de la phy- siologie, normale ou pathologique, de la souris. La deuxiPme voie d’obtention de souris transg6niques tire avantage

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R&implantation chez la souris

(3)

Souris normale x

I Transgt%que! FO flz2 pi (4)

Transgtniques htttrozygotes FI

(7) I

Production de F2 transgkniques homozygores et de lignks de souris transgtniques

(6)

fi&.fre 1. Obtention de @n.@es de souris transg&ques par micro-injection dans l’cauf fbcondg. La solution #ADNestinjectt+e (I) dans un pronucleus de kzwf toutjuste fbcondt;, ti l’aide d’un micro-mantipulateur qui commande deux microptipettes, l’une pour la micro- ivkction de So& Sautre pour son mainfien. L Injection entraine fe gonflemenf du noyau (voir Qure 2). Les owfs inject&s sont ensuite r%mplant& dans une m&e potteuse (2 3). Dans un petitnombre de cas, l’appareif enzymatique de kwfpermet ci SADNinjectte’ d’ktre intkgrb dans IADN des chromosomes de l’hbte, avant la premidre division. Par la suite, au fif des divisions, SADN exogkne ou transgkne est transmis aux ceffules Mes et une sour&, Me transgbnique, va naitre, contenantle transgt;ne dans toutes ses cellules, y compnk les cellules de la @nt+egerminale. Les souris transg&iques sont rep&bes paranalyse de leur ADN total ri l’aide d’une sonde radioactive qui hybnde seulement avec lADN inject6 $ l’onigine dans l’o%f (4). Le croisemenf des souris transg&iques avec une soutis non transgbnique donne naissance 2 des individus FI dont la moiti& a hkk’te’ du transgkne (5, 6). Le croisement de deux sourk FI produit des sour& donf un quarf est homozygote pour le transgt’ne (7. On dispose alors d’une @n&e de sound transgbniques.

figure 2. Micro-injection d’une sofutiion diADN dans le pronoyau mile dun ceuf fkconde’ de sounk Noter le gon flement du pronoyau (en B) apr& S?tection.

de l’existence de cellules souches embryonnaires (ou cellules ES, pour embryonic stem cells) (figures 3 et 4). Ces cellules, qui sont d&i&es directement de la mise en culture de trPs jeunes embryons de souris (ap- pel6s blastocystes), ont la propri& remarquable, lorsqu’elles sont r&n- troduites dans un jeune embryon (figure 41, de participer B la forma- tion de tous ses tissus, y compris la lignee germinale [8-l 01. L’individu ainsi obtenu est done une chimke, constituee de cellules issues pour partie des cellules ES, et pour partie des cellules de l’embryon h6te. Le croisement de cette chim$re avec une souris normale don:nera naissance 21 des individus ayant regu le patri- moine gkktique des cellules ES et ce, dans une proportion refktant le de- gr6 de colonisation de la lignile ger- minale de la souris chink-ique par les descendants des cell.ules ES. L’introduction prkalable d’un trans- gPne dans les cellules ES permet done, via l’obtention de chimkes, de g6nQer des souris transgeni- ques. Mais la vertu principale de l’utilisation des cellules ES pour la crkation de souris transgkniques r6- side dans le fait que l’on peut Glee- tionner et verifier un type de modi- fication genetique rare que I’on sou- haite in fine introduire chez l’animal. L’adoption d’un tel s&na- rio a ouvert de nombreuses possibi- lit&, en particulier dans l’ktude du dkveloppement embryonnaire et de la physiologie de diffkrents systP- mes (nerveux, immunitaire, muscu- laire, etc). En effet, des mkthodes ont kt6 mises au point, permettant le remplacement d’un alkle endo- gPne par une version mutee, ou- vrant ainsi la voie ii l’klucidation de la fonction des genes dans ces pro- cessus.

La transgenkse par addition du gkne

n Analyse des skquences rkgulatrices responsables de I’expression spkcifique des genes in viva

L’un des probkmes centraux de la biologie du dkveloppement est de

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(2) Stlec~ian in vitro des clones recombinanls homologues

4 (3) lnlection dans II: blastocyste

4 (4) RtimplantaLion chew la souris

DCtection des transgtniques httCrorygotes

1 (6)

Production de F2 et Cludc des effers du transgtne A I’ttal homozygote

figure 3. Obtention de lgnees de souns transgeniques mutantes, grace a la recombinaison homologue dans les celfufes souches embtyonnaires plun@otentes (celfules ES) : rempla- cement programme dun gene normal de la souns par un gene mute. L A DN exogene (ou transgene) consiste en une version mutee dun gene endogene qui va remplacer par recombrnaison homologue Sun des alleles sauvages presents dans les cellules ES trans- fectees. La mutation arnsi introduite pourra etre transferee in viva, jusqu;i l’obtention de souns homozygotes pour cette mutation, comme indique sur le schema.

comprendre comment une cellule unique, le zygote, donne naissance, par un double processus de divi- sion et de diversification cellulaires, a un organisme compose de multi- ples tissus differents. L’information genetique qui preside a ce proces- sus etant presente a l’identique dans toutes les cellules de l’orga- nisme, il est clair que le developpe- ment et la differentiation doivent proceder de l’expression, stricte- ment regulee dans le temps et dans l’espace, de genes ou groupes de genes ; d’ou l’importance de com- prendre les mecanismes qui presi- dent a cette regulation. De tres nom- breuses experiences effect&es, soit ex vivo (cultures de cellules) soit in vitro (systemes acellulaires), ont permis d’aboutir a la conclusion que la regulation genique resultait d’un processus complexe d’interac- tions entre des proteines agissant en trans, les facteurs de transcription, et des sequences en cis presentes dans l’ADN a l’interieur ou au voi- sinage des genes. Cependant, ces etudes ont leurs li- mites, d’une part parce qu’elles ne permettent pas d’aborder le pro-

bleme de la regulation temporelle (a differents moments du developpe- ment de l’organisme), d’autre part parce qu’elles ne prennent pas en compte les multiples niveaux de re- gulation a l’ceuvre in vivo (interac- tions entre cellules ou tissus, regu- lations a distance, facteurs diffusi- bles ou hormones, etc). L’utilisation d’organismes transgeniques per- met precisement de tourner cette difficult6 ; en effet, l’expression d’un transgene don& peut etre re- cherchee dans toutes les cellules et a tout moment du developpement, dans le contexte de l’organisme in toto. Cette strategic ouvre la voie a l’identification des sequences regu- latrices impliquees dans la regula- tion genique in vivo ; en effet, diffe- rentes versions contenant des par- ties variees d’un gene donne peuvent etre utilisees pour creer au- tant de lignees transgeniques diffe- rentes, chez lesquelles l’expression du transgene peut etre analysee en detail [ll, 121. Une telle strategic a et6 appliquee pour la premiere fois au gene de l’elastase, une proteine specifique- ment exprimee dans les cellules du

figure 4. Micro-injection de cellules ES dans la ca vite dun blastocyste.

pancreas exocrine : en ef feet, en 1987, Hammer et al 1131 (voir aussi [14]) demontraient qu’une sequence de 205 paires de bases en 5’ du gene de l’elastase etait necessaire et suffi- Sante pour entrainer une expression regulee de ce gene, a la fois dans le temps (au tours du developpement embryonnaire) et dans l’espace. Cette strategic a ete depuis cette date &endue a de tres nombreux genes, permettant de determiner la nature et la localisation Ides sequen- ces regulatrices necessaires a leur regulation correcte in vivo. 11 faut noter toutefois une difficulte de cette approche, lice au lmode parti- culier d’obtention des souris trans- geniques : en effet, comme nous l’avons vu, le transgene ilp&S micro- injection dans le noyau du zygote, s’integre au hasard dans le genome et les sequences qui avoisinent le site d’integration peuvent eventuel- lement interferer avec L’expression du transgene ; ce phenomene, ap- pele c( effet de position >:’ [15], se ma- nifeste en particulier de deux fa- cons : d’une part le niveau d’expres- sion d’un meme transgene peut varier d’une lignee transgenique a

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l’autre et n’est generalement pas proportionnel au nombre de copies du transgene ; d’autre part, de ma- niere plus rare, une expression ecto- pique du transgene peut avoir lieu, l’interpretation etant ici que son ex- pression est soumise a l’influence dominante de sequences regulatri- ces d’un autre gene present au voi- sinage du site d’integration. 11 est interessant de noter a cet egard l’identification d’un type particu- lier de sequences, appelees locus control region, qui ont la capacite de conferer a un (trans)gene une ex- pression independante du site d’in- tegration et proportionnelle au nombre de copies. Ce type de se- quence a ete identifie a l’origine dans le cas du locus globine, qui comprend plusieurs genes codant des isoformes de la globine synthe- tisees, selon un profil complexe au tours du developpement embryon- naire et chez l’adulte, seule la p-glo- bine etant synthetisee chez ce der- nier. Ainsi, l’analyse de souris trans- geniques portant des transgenes contenant ou non la LCR a permis de montrer que cette derniere, loca- lisle a plusieurs dizaines de kiloba- ses des sequences codantes des ge- nes globines, avait la propriete re- marquable d’induire la constitution d’un domaine chromatinien actif, de l’isoler de l’influence des se- quences adjacentes et de conferer a des promoteurs heterologues une expression tissu-specifique, en I’oc- currence dans les lignees erythro’i- des [ 161. Depuis la decouverte de la LCR dans le locus globine, des ele- ments de type LCR ont ete identifies dans divers genes. Etude de ces elements a egalement contribue a la prise de conscience que des sequences regulatrices es- sentielles a l’expression correcte d’un gene pouvaient @tre sit&es a plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de kilobases de leurs se- quences codantes ; dans ces condi- tions, l’utilisation de transgenes clo- nes dans des plasmides ou des cos- mides et contenant done au maximum 40 a 50 kb de sequences genomiques constituait une limita- tion importante.

22

Cette situation a change grace a la mise au point recente de differentes techniques rendant possible la crea- tion de souris transgeniques por- tant des sequences genomiques clo- nees dans des chromosomes artifi- ciels de levure et pouvant atteindre des longueurs de deux megabases [17,181. Malgre certaines difficult& techniques (preparation de quanti- tes suffisantes d’ADN de YAC, con- tamination par l’ADN de levure, risques de coupures des sequences d’ADN du YAC lors de sa manipu- lation, etc), les avantages de leur utilisation en transgenese sont mul- tiples : 1) l’affranchissement, lie a la longueur des sequences introdui- tes, des effets indesirables des se- quences flanquant le site d’integra- tion du transgene ; 2) la possibilite d’identifier des sequences regula- trices eloignees et d’etudier la regu- lation de tres grands genes ; 3) la faculte d’aborder l’etude de pheno- menes biologiques mettant en jeu de tres grands domaines chromati- niens, comme l’empreinte genomi- que parentale ou l’inactivation du chromosome X 117,181. Enfin, iI faut souligner un aspect tres important de l’utilisation des YAC en transgenese et qui tient a leur propagation dans la levure ; en effet, il est relativement aise d’intro- duire dans les sequences genomi- ques portees par le YAC n’importe quel type de mutations (mutations ponctuelles, deletions, inversions, duplication) en tirant avantage des capacites de la levure a effectuer la recombinaison homologue. Le YAC modifie dans la levure peut alors etre reintroduit dans le ge- nome de la souris et l’effet de la

A

mutation sera etudie chez la souris transgenique obtenue.

H Le ciblage de l’expression des transghes et ses multiples applications

L’identification des sequences regu- latrices necessaires et suffisantes a l’expression normale d’un gene in vivo a ouvert la voie a de t&s nom- breuses investigations dans prati- quement tous les domaines de la biologie de la souris, ainsi qu’a cer- taines applications pratiques (fig- ure 5). En effet, une fois identifiees ces sequences, on peut construire, par les methodes classiques de la biologie moleculaire, un nouveau type de transgene, que nous appel- lerons transgene << hybride F) (fusion transgene) contenant d’une part les sequences regulatrices d’un gene A, et d’autre part les sequences codan- tes dun gene B. Les souris transgeniques creees avec un tel transgene exprimeront done, en principe, la proteine codee par le gene B, dans les tissus ou types cellulaires oil c’est normale- ment le gene A qui s’exprime. Avant d’indiquer quelques exemples de cette approche, notons qu’elle peut @tre utilisee pour l’identification elle-meme des sequences regulatri- ces des genes : le gene B, qui est alors un simple gene c( rapporteur jj de l’activite des sequences regula- trices du gene A, est choisi de ma- niere a coder une proteine facile- ment rep&able et dont la presence est saris effet delettlre pour la phy- siologie cellulaire. Le gene rappor- teur le plus couramment utilise jus- qu’a present est cel.ui de la P-galac-

B

fiaure 5. Utikation des souris fransg&@es potfeuses dun transgkne hybnde.

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tosidase d’E coli, dont l’activite est tres facilement rep&able, y compris a l’echelle cellulaire, grace au deve- loppement d’une coloration bleue en presence d’un substrat particu- lier. De fait, l’analyse des sequences regulatrices de nombreux genes a et6 effect&e de cette man&e 1191.

H DCrCgulation de l’expression gtkique : ktudes fonctionnelles et physiopathologiques

Selon le choix du type de transgene hybride utilise qui peut @tre varie a I’infini, les souris transgeniques pourront exprimer ou surexprimer une version normale ou modifiee d’une proteine don&e, dans un type cellulaire particulier, ou dans un petit nombre de tissus ou dans l’ensemble des tissus. La deregula- tion ou l’expression ectopique d’un gene donne, obtenue de cette ma- niere et l’etude de son effet permet- tent d’apporter des lumieres sur sa fonction. Une strategie de ce type a et6 utilisee dans l’analyse aussi bien de systemes physiologiques varies (systeme immunitaire, nerveux, he- matopo’ietique, etc) que dans l’etude du developpement em- bryonnaire et de nombreuses pa- thologies. Nous donnerons deux exemples d’une telle approche, choisis parmi de tres nombreux au- tres, dans le domaine du develop- pement et de la tumorigenese. Au tours des an&es 1980, fut de- couverte chez la drosophile une fa- mille de genes, les genes du com- plexe HOM-C, codant pour des fac- teurs de transcription contenant une sequence specifique de liaison a I’ADN la c( boite homkotique >j [20,21]. 11 fut alors demontre, grace a des experiences raffinees de gene- tique moleculaire, que ces facteurs de transcription jouaient un role crucial dans le developpement de la drosophile, en particulier dans la determination de l’identite des seg- ments le long de l’axe anteroposte- rieur [22]. Par la suite, les genes du complexe Hox-C, homologues des genes du complexe HOM-C de la drosophile, furent identifies chez la souris [23]. La strategic que nous avons d&rite

plus haut fut alors precieuse et con- tribua largement a la demonstra- tion du role des genes Hex dans le developpement embryonnaire de la souris. Ce fut le cas pour la premiere fois avec le gene Hoxa-7 : en effet, l’expression ectopique, chez des souris transgeniques, de ce gene mis sous la dependance du promo- teur de l’actine p de poulet, entrai- nait une transformation de certai- nes vertebres en vertebres plus pos- terieures, une transformation de type homeotique comme on en ob- serve chez les drosophiles mutees dans les genes du complexe HOM- C ([24,251). Depuis, cette strategic a ete appliquee a de nombreux autres genes du complexe HOM-C (revue, [la). Un autre exemple representatif de cette approche concerne une situa- tion pathologique, la formation de tumeurs, et a trait a l’etude du role des oncogenes dans ce processus. Les oncogenes, decouverts en 1976 dans certains retrovirus canceroge- nes et identifies alors comme des versions mutees d’un gene cellu- laire normal [26], constituent un groupe de genes codant des protei- nes de types varies (depuis des fac- teurs de transcription, jusqu’a des facteurs de croissance en passant par des recepteurs membranaires) qui ont en commun d’etre impli- q&s dans la regulation de la divi- sion cellulaire. Leur mutation ou la deregulation de leur expression a pour effet d’induire la formation de tumeurs 1271. En dehors de l’kude de la fonction des differents types d’oncogenes dans la vie cellulaire et le develop- pement, la creation de souris trans- geniques oh l’expression de diffe- rents oncogenes est ciblee a permis d’une part d’obtenir des modeles reproductibles d’etude du develop- pement tumoral in vivo, et d’autre part d’analyser l’implication du role specifique de differents onco- genes dans differents types de tu- meurs [4,281. De plus, elle a permis de mettre a jour la cooperation entre differents oncogenes dans la forma- tion des tumeurs, ainsi que le role d’autres genes dont l‘activite contri- bue a la tumorigenese [29,301.

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Une extension t&s interessante des souris trans (0nco)geniques est la possibilite qu’elles offrent d’obtenir l’immortalisation de types cellulai- res varies. Pour de multiples rai- sons, il est interessant de pouvoir maintenir en culture un type cellu- laire donne. Or, parmi la grande va- riete de cellules differenciees pre- sentes dans un organisme comme la souris, seule une petite proportion se prete a la mise en culture. Pour tourner la difficulte, on peut creer des souris transgeniqu.es oti l’ex- pression d’un oncogene immortali- sant est ciblee dans un ou plusieurs types cellulaires : il devient alors possible, apres prelevement et mise en culture des tissus oh le trans- oncogene est exprime, de deriver des clones cellulaires qui se divisent indefiniment en culture : par exem- ple, Vicart et al 1311 ont pu deriver des cultures de types cellulaires va- ries a partir de souris transgeniques pour un transgene constitue des se- quences codantes de l’antigene T de SV40 (Tag), un oncogene immorta- lisant, likes au promoteur de la vi- mentine, qui a la propriete d’etre active dans des conditi.ons de cul- ture ex vivo, meme dans les types cellulaires oti il n’est pas exprime in vivo (voir aussi 1321 et [33] pour le ciblage de Tag avec d’au.tres promo- teurs, et revue dans [34]).

m Ablation spkcifique de populations cellulaires

11 peut etre interessant, pour l’etude de la physiologie ou du developpe- ment des differents systemes biolo- giques, de tenter de supprimer specifiquement telle ou. telle popu- lation cellulaire. Lapp-roche trans- genique consiste ici 2 cibler specifi- quement l’expression d’une pro- teine toxique, comme la ricine ou la toxine diphterique, dans un tissu ou un type cellulaire donne, a l’aide d’un transgene contenant les se- quences regulatrices appropriees, provoquant ainsi la mart des cellu- les oti le transgene s’exprime (revue dans 1351). Ce protocole peut etre raffine en rendant la mort cellulaire condi- tionnelle, en ciblant l’expression de

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la thymidine kinase du virus de l’herpes (HSV-tk). Cette proteine, qui par elle-m@me n’est pas toxique, peut le devenir en presence dun mkdicament, le Gancyclovir, qui est metabolise par l’HSVtk et transfor- me en produit toxique pour la cel- lule. Dans ce cas, l’ablation cellu- laire dependra du site d’expression de l’HSV-tk et du moment d’admi- nistration du Gancyclovir. Outre leur interet dans l’etude du role de telle ou telle population cel- lulaire dans l’homeostasie de diffe- rents systemes physiologiques, ces approches, parfois qualifiees de <( toxigenetiques >>, peuvent contri- buer a l’etude des lignages cellulai- res qui participent a la formation d’un tissu ou d’un organe. Une etude tres recente illustre ce dernier point : le ciblage specifique de l’ex- pression de l’HSV-tk dans les cellu- les de la paroi de la muqueuse gas- trique, puis le traitement des souris transgeniques par le Gancyclovir entraine une regression de celle-ci. Lorsque le traitement au Gancyclo- vir est interrompu, on constate une reconstitution de la structure glan- dulaire, avec restauration des diffe- rents types cellulaires. L’utilisation de ce systeme a ainsi permis a Can- field et al de reveler l’existence d’une cellule souche pluripotente, a l’origine des nombreux types cellu- laires qui peuplent la muqueuse gastrique 1361. Une autre etude illustre l’interet de I/ablation cellulaire en vue de l’etude d’un systeme physiologi- que : en ciblant l’expression de la toxine diphterique (chaine A) dans le tissu adipeux, Lowell et al ont g&-&e des souris transgeniques chez lesquelles ce tissu etait defi- cient. Ces souris developpent alors un syndrome d’obesite, sans pour autant presenter d’hyperphagie, ce qui suggere tres fortement un role crucial du tissu adipeux brun dans l’homeostasie nutritionnelle de la souris 1371.

W Les animaux transgCniques comme CC biofermenteurs >> ?

La production de proteines d’inte- ret biologique ou medical par genie

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genetique a debute il y a plus d’une dizaine d’annees et constitue un en- jeu a la fois economique et de Sante publique. Parmi les multiples ap- proches utilisees, la transgenese pourrait rep&enter une solution interessante. 11 s’agit de cibler la synthese de ces proteines sur un site particulier de l’animal, d’oti elles pourraient etre ensuite extraites avec une relative facilite. Par exem- ple, en utilisant les sequences regu- latrices d’un gene exprime specifi- quement dans la glande mammaire, il est possible de cibler l’expression d’une proteine dans le lait de la sou- ris. Cependant, le but recherche est d’obtenir de grandes quantites de proteines ; la souris, compte tenu de sa petite taille, ne sert ici que de modele (voir par exemple 138, 391) pour la production d’al-antitryp- sine ou de surfactant-C dans le lait de souris transgeniques). De multi- ples etudes sont en tours, sur des animaux de plus grande taille (la- pins, moutons), visant a mettre au point des systemes de ciblage de l’expression dans les animaux transgeniques aussi efficaces que possible (voir revues 140-421).

W Les transghes comme agents mutaghes

Mutations d’insertion au hasard et isolement de nouveaux g&es

Nous avons vu que l’insertion d’un transgene a lieu au hasard dans le genome de la souris. Si celle-ci s’ef- fectue a l’interieur dun gene, cela peut entrainer une mutation, appe- lee alors mutation d’insertion, dans ce gene, et done eventuellement un phenotype lorsque l’insertion du transgene est amenee a l’etat homo- zygote. Ainsi, le croisement syste- matique de souris transgeniques heterozygotes pour un transgene peut @tre un moyen d’identifier des mutations d/insertion. Lint&et de ce type d’insertion transgenique est que le transgene peut servir d’,) hamecon >) pour le clonage moleculaire des sequences flanquant le transgene et l’identifi- cation du gene qui a subi la muta- tion (revues dans 1431 et 1441). Bien que cette approche soit alkatoire

(environ 5 a 10 % des insertions d’un transgene aboutissent a une mutation) et que l’insertion dun transgene induise asset frequem- ment des rearrangements genomi- ques rendant parfoils le clonage du gene concern6 difficile, elle a permis, en particulier, d’isoler de nouveaux genes importants dans le developpement embryonnaire, comme par exemple ceux codant les formines, des proteines importantes dans la morphogenese du membre (voir [45] et references incluses), le gene microphtalmia, qui est implique dans de multiples aspects du deve- loppement (revue clans [461), et le gene nodal qui code pour un nou- veau membre de la f,amille des TGF- B et dont le role est essentiel dans la gastrulation 147,481.

Une approche plus cibl6e pour I’isolement de nouveaux genes : les cc pikges t) 2 g&es

Dans cette approche, au contraire de celle d&rite ci-dessus, qui repose sur l’insertion aleatoire dun trans- gene donne, de nouveaux types de transgenes, appeles <c pieges >) a genes ont ete concus de man&e a reveler l’activite dun gene endo- gene et/au de ses sequences regu- latrices (revues, [4!)-521). Typique- ment, un vecteur <c piege )> contient un gene rapporteur (en general la B-galactosidase) et une cassette ser- vant a la selection. AprPs transfert dans les cellules ES, une selection appropriee est appliquee et l’activi- te du gene rapporteur peut etre re- cherchee dans les cellules ES ou pendant le developpement de chi- meres obtenues a partir de l’injec- tion des cellules ES modifiees dans un blastocyste hate. Bien qu’il existe de multiples va- riantes des vecteurs de piegeage, on peut distinguer deux grandes cate- gories : dans la premiere, les pieges a sequences regulatrices (ou enhan- cer trap) (figure 6A), les sequences codantes du gene rapporteur sont liees h un promoteur minimal : le gene rapporteur ne sera done expri- me que si le vecteur piege s’est inte- gre au voisinage die sequences acti- vatrices de type enhancer dun gene endogene. Dans la deuxieme cate-

ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR / actualit& (1997) 8,l

Page 7: Souris transgéniques: un tour d'horizon

A Piege 1 dquence r&ulatrice

Pm LacZ P nko

Integration et activation par l’activateur (E) du gene X

ATG I

I Pm LacZ P n&o P G&e X

ARNm -*

Prot6ines

B Piege B gPne AE Lac Z P nko

lnt6gration dans un gene endoghe, dans la bonne orientation et en respectant le cadre de lecture

A ,

Px G&wX AE Lac Z P n60

Epissage v-

Protbine de fusion X Lac Z

Protkine N&o

&we 6 A. PGge ri skquences acfllatrices. Le pigge ri skquence activanke contient un promoteur minimum (F “) branch& sur les sdquences codantes de la p -galactosidase et une cassette de s,4lecfon. La p -galactosidase pourra skyprimer si le transgC;n s Mgre au voisinage de sbquences activatnices (E) (d’aprks /S/). 0. Pi&ge ri g&e. llest constitut4 d’un accepteur d’t;pissage (AE) en s’des sbquences de la p -galactosidase Lac Z(hachures noires) saris promoteu< ainsi que dune cassette de s6Vection fonctionnant indt’pendamment (P-n&o). La p-galactosidase pouna s’exprier sous fonne dune prvt&e de fusion, si le transg&ne s%gte dans la bonne onkntai7on dans un g&e endogkne (#apr&/5l].

gorie (figure 6B), les pieges 2i gPnes (gene trap), le gene rapporteur est depourvu de promoteur et com- prend kventuellement un site ac- cepteur d’gpissage dans sa partie 5’. Dans ce dernier cas, le gPne rappor- teur pourra s’exprimer m@me s’il est intkgrk dans un intron ; au con- traire, en l’absence de site accepteur d’kpissage, le g&e rapporteur ne pourra s’exprimer que s’il s’est intk- grk en phase dans un exon d’un gPne endoggne. L’activite du gene pikgk peut @tre recherchke, soit au tours du dkveloppement embryon- naire soit au tours d’un processus de diffkenciation. Ainsi, des genes pourront @tre identifiks, dont le pro- fil &expression est rkgule au tours

de ces processus, indiquant par 12 qu’ils pourraient y jouer un r61e im- portant (figure 7). Outre la possibiliti! de suivre l’acti- vitk du gtine rapporteur, qui, en principe, mime celle du gene endo- gPne, l’utilisation des vecteurs de piegeage de gPnes prksente deux autres avantages : l/insertion du transgPne a toutes les chances, dans la mesure oti elle interrompt l’unite de transcription du gPne piegk, d’@tre mutagkne, et done de provo- quer des anomalies phenotypiques chez les souris hktkrozygotes ou ho- mozygotes pour l’insertion ; d’au- tre part, la presence d’un ARN mes- sager hybride contenant les skquen- ces du gPne rapporteur et des

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sgquences endogkes faicilite le clo- nage du gPne endogkne interrom- pu : en effet, l’utilisation d’un oligo- nuclkotide antisens choisi dans les skquences du gene rapporteur per- met par transcription reverse de cc remonter 1) en 5’dans les sequen- ces de l’ARN messager endogPne (technique dite d’amplification ra- pide des extremitk de l’ADNc ou a RACE PCR ,)) [531. Plusieurs etudes rassemblant des skies de pikgeage de g&es [54-561 ou d’activateurs 1571 lent et6 pu- blikes ces dernikes an&es et d& montrent que cette approche per- met d’identifier des gPnes dont l’ac- tivite est rkgulke au tours du developpement ou de la diffkren- ciation. De plus, dans les cas oh les g&es pikg& ont &k clank, il a &G montrG que l’activitk du g&e rap- porteur mimait de maniPre satisfai- Sante l’activite du g&e pi@gk Enfin, l’examen de plusieurs dizai- nes &insertions transmises & la li- gnke germinale montre qu’environ 40 % d’entre elles entrainent un phknotype l&al embryonnaire 2 l’ktat homozygote et concernent done des genes importants pour le dilveloppement embryonnaire. En- fin, un certain nombre ‘de ces g&es ont d’ores et dkj2 gtk identifies (voir par exemple [58-641) et pour de nombreuses autres insertions le clo- nage des g&es pikgk test en tours. Ainsi, la stratkgie de pikgeage cons- titue l’une des voies d’identification de g&es du dkveloppement.

De I’addition au remplacement de gknes : la mutagen&se dirigke par recombinaison homologue dans les cellules souches embryonnaires

L’une des limitations d.e la transge- n&se par addition de gPnes, nous l’avons vu, reside dans le fait que ni le site d’intkgration, ni le nombre de copies du transgkne intkgrkes ne peuvent @tre contrGl&. La mise au point de cultures des cellules ES, capables de coloniser la lignke ger- minale ainsi que de mkthodes per- mettant le remplacement d’un allele endogPne par une verljion mutee a permis de pallier ces inconvtkients et

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Page 8: Souris transgéniques: un tour d'horizon

Introduction dans les cellules ES et s6lection par la Nhmycine

R&klation de l’activit6 P-galactosidase

Rhtroduction des cellules dans les blastocystes

/! I u @@@@@ Rkvklation de l’activit6 P-galactosidase au stade

voulu du developpement

A B C D E

figure Z Recherche de g&es impt?qu&s dans le de’veloppemenf : examen du prowl d’expression des g&es pi&g&. Apr& introduction dans les cellules ES du transgine et s&lection par la N6omyc/he, l’actikit& p -galactosidase (d&veloppement &me coloration bleue en pr&ence d’un substrat, le X-gal) estrecherchbe dans les oVt&ents clones (cellule expnhant @) et n ‘expn’mant pas (0) la p -galactosidase). Cen’ains des clones r&Stants ri la nkomycine produisent de la p -galactosidase (B, C, D), o’autres non. Apr& injection des &5rents clones dans un blastocyste hbte, Sactivk+dug&ne pi&g& est recherchbe dans les chimkes obtenues $ pan% de ces bkistocystes, B un stade donne’ du de’veloppement embr/onaire, schdmatise’ sur la demikre @ne. Flusieurs situations sont illustr&es ; A : g&e active’ au tours du de’veloppement; I3 : g&e dont l’activitk est &einte durant la m&me p&de ;C :g&e dont l’actitit& est rt?gul&e au tours du de’veloppement; D : g&e ri actitiiie’ ubiquitaire et constitfuljve ; E : g&e thactif durant la p&ode consid&e (flap& /5?//.

d’ktendre de man&e spectaculaire pourvu qu’il soit clank, reprksente l’int&t de la transgenke (revues, un outil privilkgi~ pour acckder 5 la [51, 65-671). En effet, la possibilitk fonction des gtines ; en outre, elle d’introduire des mutations dans permet la crGation de modkles de n’importe quel @ne de la souris, maladies g&-&iques humaines.

1 2 NW 2 3 I- Vecteur de ciblage

3 n AlMe endogkne

1 2 2 3

n Allkle mute

Egure 8. Introduction d’une mutafion nulle dans un g&e par recombinaison homologue . vecteur de ciblage. la n cassette )) Neo est introduite dans un exon @i exon 2), crbant ainsi une interruption de l’unite’ de transcripfion. La recombthaison s’effectue gfAce 9 la prksence, dans le vecteur de ctblage, des sbquences homologues au g&e endogkne.

E La mutagen&e dirigCe in vivo : crhation de souris porteuses de mu.tations nulles dans un gene donnC

Le schkma g&&al d’obtention de cellules ES mutees dans un g&e don& repose sur un scenario dont le principe de base est assez simple : un transgene est construit, conte- nant les sequences de ce gPne, au sein desquelles est in&&e une cas- sette de selection permettant l’ex- pression d’un gPne de rkistance B un antibiotique, cette cassette &ant placee a l’intkrieur d’une exon de man&e g empkher la formation d’un ARN messager fonctionnel. AprPs transfection du transgPne dans les cellules ES, la culture en prksence de l’antibiotique permet de klectionner des clones ayant in- tkgrk le transgPne ; l’expkrience montre cependant que la propor- tion des clones oh le transgPne s’est intkgrk par recombinaison avec les sequences homologues du gPne en- dog&e (figure S), bien que variable d’un gene & l’autre, est g&&ale- ment trPs faible ; aussi, des m&ho- des de si?lection particulkkes, per- mettant d’enrichir en clones ayant subi la recombinaison homologue ont-elles dG Ctre mises au point 168, 691. AprPs rep&age de ces clones, les souris porteuses de la mutation nulle ainsi introduite dans l’un des deux alleles du gPne endogkne peu- vent etre obtenues via l’obtention de chimPres (figure 3). L’analyse de l’effet phknotypique des mutations dans un g&ne don- nk est une approche privilegike pour accGder g la fonction de ce g&e ; il n’est done pas ktonnant que la facultk offerte de mutagkni- ser n’importe quel gPne, pourvu qu’il soit clank, ait &? mise 2 pro- fit de maniPre extensive depuis la crbation des premikes souris mo- difikes g&Gtiquement par recom- binaison homologue dans les cel- lules ES. De fait, une liste etablie en 1995 [70-721 fait &at de plu- sieurs centaines de genes mutes de cette manike. L’analyse des phkno- types engendrk par ces mutations a permis, dans la ,grande majoritk des cas, d’tklairer de man&e saisis-

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sante la fonction des genes corres- pondants. 11 importe de souligner aussi le ca- ractere precieux de la mutagen&e dirigee in vivo pour la creation de modeles murins de maladies gene- tiques humaines. En effet, de t&s nombreuses maladies de ce type existent chez l’homme et dans bien des cas, les genes incrimines et les mutations correspondantes ont ete identifies et caracterises. On peut des lors envisager d’introduire dans le genome de la souris des mu- tations dans le gene homologue du gene humain concerne et d’obtenir de cette man&e un modele murin de la pathologie humaine. Cette strategic a deja et& appliquee avec SUCCPS dans de nombreux cas, comme par exemple la mucovisci- dose, les thalassemies ou l’athero- sclerose (revue, 1731). 11 est clair que ces modeles, meme s’ils ne repro- duisent pas 21 l’identique la patholo- gie humaine, sont tres utiles pour les etudes de physiopathologie et les mises au point de therapeuti- ques de ces maladies.

n Progrb rkents de la mutagen&se dirigke in vivo : mutations non nulles et mutations conditionnelles

Le scenario que nous avons decrit plus haut aboutit a la creation de mutations nulles ; c’est celui qui a ete le plus couramment utilise jus- qu’a une periode recente. Cepen- dam, il est clair qu’il serait tres inte- ressant de creer egalement d’autres types de mutations plus subtiles, comme des mutations ponctuelles ou de courtes deletions, qui permet- traient de raffiner l’analyse, par exemple, de la fonction de proteines presentant de multiples domaines fonctionnels. Cela vaut egalement pour la creation de modeles de ma- ladies genetiques humaines qui, tres souvent, ont pour origine d’au- tres types de mutations que les mu- tations nulles. Le probleme se pose alors de la presence des sequences etrangeres de la cassette de selec- tion qui pourraient interferer avec la regulation de l’expression du gene cible ou m&me de genes voi-

RH

+

ES3Hpn- +

figure 9. Utiilisatton de la selection HPRT pour l’obtention de mutations (( propres >> parrecombinaison bomologue dans les cel- /u/es ES Les cellules ES1 (HPRT) sonf transfectees avec un premier vecteur de crblage contenant des sequences homolo- gues augene dint&t et une cassette d’ex- pression HPRT Apres sefecflbn des clones HPR P, les recombinan ts homo logues (ES2) sont identifies par une analyse en Southern blot. L es ceflules ES2 sont ala/s transfectees par un deuxieme vecteur de cibage constitue uniquement de sequen- ces homologues au gene diner/t et por- teuses dune mutafin (‘1. La selection en faveur des cellules HPRT donne naiksance uniquement a des cellules ES (ES3), porteu- ses de la mutation (*) et completement de- pourvues de sequences etrangeres [6$ 751 (RH = recombinarson homologue).

sins (notons que dans ce dernier cas le probleme peut se poser egale- ment pour les mututations nulles ; voir discussion de ce point dans [741). Deux types d’approches ont ete imaginees, qui permettent l’ob- tention d’un gene mute depourvu de sequences etrangeres, la muta- tion pouvant alors etre appelee mu- tation (( propre )j (figures 9 et 10). Le premier utilise la possibilite de se- lectionner pour ou contre l’expres- sion du gene codant l’hypoxanthine phosphoribosyl transferase (HPRT) ([751, revues, 165, 761). Des cellules ES HPRT- de genotype male XY et portant une mutation dans le gene HPRT endogene sur le chromosome X sont utilisees et transfectees avec une construction contenant comme sequences de selection une cassette d’expression HPRT (au lieu de la cassette Neo), localisee dans un in- tron du gene (figure 9). Apres selec-

Frgure 10 Schema .stmpM de l’utisation du systeme Cre-LoxP pour la creation de mutations c( propres ‘>. Le vecteur de ci- blage est consftue de sequences homolo- gues au gene dint&et et #contenant une mutation 1’). Leg&e de selection (Neo) est ftanque de sequences Lox P (+) et place dans un infron du gene o’MM. Apres selection, puis idenr%cation des clones re- combrnants homologues (ZQ), ces der- niers soflt transfectes par un vecteur d’ex- pression de la recombinase Cre, qui entraine Sexcision des sequences de selec- tion Neo. Les cefiules ainsiobtenues (ES2) pon’enf une mutation (*) dans le gene din- t&et et sont depoutvues de sequences &rang&es a l’exception dune sequence LoxP de 34 pb, reliquat de Saction de la recombrnase Cre (voir[63 78) (RH = re- combrnaison homologue).

tion des clones HPRT+ et recherche de ceux ayant subi un evenement de recombinaison homologue, ces der- niers sont transfectes avec une cons- truction comportant uniquement des sequences homologues au gene d’interet et porteuses d’une muta- tion dans ce gene. Les clones HPRT- obtenus par une selection appro- price seront porteurs de l’allele mo- difie, depourvu de tome sequence &rang&e. Une deuxieme methode pour la creation d’alleles mutes depourvus de sequences de selection (figure 10) tire avantage des proprietes des recombinases dites specifiques de sites (revue, [77]). Lune d’entre el- les, la recombinase Cre, isolee du bacteriophage Pl, a ete particuliere- ment etudiee dans le clontexte de la recombinaison homologue chez les cellules ES. Cette enzyme a la propriete d’in- duire l’excision d’une sequence d’ADN, lorsqu’elle est: flanquee de

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deux copies d’une sequence parti- culiere de 34 bp appelee LoxP (la probabilite de la presence de cette sequence dans le genome de la sou- ris est quasiment nulle) . AprPs l’ex- cision, seul reste un exemplaire du site LoxP. Ainsi, apres introduction dans les cellules ES dune construc- tion contenant une mutation dans un gene d’interet et des sequences de selection flanquees de sites LoxP, les clones ou la recombinaison ho- mologue a eu lieu sont tout d’abord identifies ; dans un deuxieme temps, un vecteur exprimant la re- combinase Cre est transfecte dans les clones recombinants homolo- gues, ce qui entraine l’excision des sequences de selection ([78,79], re- vue, [65]) (figure 8). 11 faut noter une extension recente et particulierement interessante de l’utilisation du systeme Cre-LoxP, qui permet d’obtenir des cellules ES et/au des souris porteuses de trans- locations [80] ou de tres grandes deletions [81] (jusqu’a environ 4 cMo). La disposition de souris pre- sentant des rearrangements chromo- somiques devrait faciliter l’analyse genetique de regions chromosomi- ques particulieres, et aussi ouvrir la voie a l’obtention de modeles des anomalies du developpement ou de tumorigenese : en effet, dans l’espece humaine les rearrangements chro- mosomiques sont une importante cause de mort f&ale [821 et de nom- breuses translocations sont a l’origine de tumeurs [83]. Un raffinement supplementaire dans l’utilisation de la mutagen&e dirigee a ete introduit recemment par la possibilite de creer des muta- tions conditionnelles. Pourquoi creer des mutations conditionnel- les ? Essentiellement pour trois rai- sons : d’abord, cela permet d’eten- dre l’etude de la fonction de genes dont la mutation entraine une leta- lite embryonnaire au-dela du mo- ment ob elle survient ; ensuite, parce que cela devrait permettre de simplifier l’analyse de l’effet dune mutation dans un gene dont la fonc- tion s’exerce dans plusieurs types cellulaires ; et enfin, cela ouvre la voie a la creation de modeles de maladies humaines liees & l’appari-

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tion de mutations somatiques, comme les translocations, qui sont a l’origine de certains types de can- cers humains [83]. Pour ce faire (figu- re ll), deux lignees de souris trans- geniques sont utilisees : dans la li- gnee A, le gene d’interet est encadre de sites LoxP (gene <( floxe PX) places de telle sorte qu’ils ne perturbent pas l’expression du gene en ques- tion ; une deuxieme lignee transge- nique, la lignee B, obtenue par ad- dition de gene, contient un trans- gene hybride constitue d’un promoteur et de ses sequences re- gulatrices fusionnees avec les se- quences codantes de la recombi- nase Cre. Le croisement de ces lignees A et B permet d’induire la deletion du gene d’interet, et done l’expression de la mutation dans tel ou tel type cellulaire, qui depend de la nature du promoteur utilise dans le trans- gene hybride. Ainsi, en principe, la voie est ouverte a l’etude des effets d’une mutation dans n’importe quel type cellulaire ou a n’importe quel moment du developpement. La faisabilite d’une telle strategic a ete demontree recemment, en utili- sant l’ADN polymerase B comme gene floxe et un transgene hybride ciblant l’expression de la recombi- nase dans les cellules T. L’analyse des souris issues du croisement en- tre les lignees A et B a en effet mon- tre que le gene de l’ADN polyme- rase B etait specifiquement delete dans les cellules T [loll. Une alternative t&s interessante a la creation de souris transgeniques chez lesquelles la recombinase pourrait @tre induite de man&e contrblee est suggeree par un recent travail de Gossen et al (1841, revue, [85]). Les auteurs ont tree une cons- truction codant une proteine de fu- sion (appelee rtTA) entre une ver- sion mutee du represseur tetracy- cline et les sequences activatrices de la proteine VP16 du virus de l’her- pes. 11s ont alors montre dans des cellules en culture que cette pro- teine de fusion etait capable, en pre- sence de tetracycline, de se lier a l’operateur tetracycline (t&O), en- tramant ainsi l’activation d’un gene rapporteur (la B-galactosidase ou la

luciferase), annex6 a un promoteur minimal. 11 devrait etre possible en utilisant ce protocole de rendre l’ex- pression de la recombinase Cre in- ductible par la tetracycline. Ainsi, des souris transginiques pour- raient @tre c&es, contenant deux transgenes, l’un exprimant la pro- teine rtTA et l’autre constitue de se- quences t&O likes a un promoteur minimal suivi des sequences codan- tes de la recombinase Cre. Ainsi, selon les sequences regulatrices uti- lisees pour gouverner la synthese de rtTA, ces souris transgeniques devraient, apres un traitement a la tetracycline, exprimer la recombi- nase dans un type cellulaire parti- culier, et ce, au moment choisi pour le traitement. Pour terminer ce tour d’horizon des possibilites ouvertes par la mutage- r&se dirigee, nous tenterons de tirer quelques conclusions g&&ales, qui se degagent de l‘iitude des tres nombreuses souris mutantes obte- nues a ce jour par cette methode.

n Profil d’expression gknique et fonction

Lexpression d’une proteine dans un type cellulaire donne est genera- lement consideree comme une indi- cation que cette proteine a une fonc- tion dans ce type cellulaire. L’ana- lyse des differentes souris porteuses de mutations nulles vient pourtant battre en b&he cette conjecture : en effet, il n’est pas rare d’observer, chez une souris mutante, que le phenotype concerne seulement une partie des types cellulaires, tissus ou organes ou le gene est normale- ment exprime. Par exemple, des souris mutees dan:s le protoonco- gene c-src, une tyrosine kinase, qui est exprimee fortement dans les pla- quettes et dans les neurones, ne pre- sentent aucune anomalie dans ces deux tissus [86] ; le phenotype prin- cipal de ces souris est une osteope- trose grave, et c’est d’ailleurs a par- tir de cette observation qu’il fut rea- lise que cette proteine etait exprimee dans les osteoclastes 1871. De meme, des souris invalidees dans le gene LEF-1 (lymphocyte en- hancingfuctor-U, presentent un phe-

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notype demontrant son implication dans le developpement de plu- sieurs organes requerant des inter- actions epitheliomesenchymateu- ses ; neanmoins, d’autres organes, qui expriment LEF1, se develop- pent de man&e normale [BBI. Cela pourrait @tre dQ a des problemes d’economie cellulaire dans l’orga- nisme : en effet, si un gene neces- saire a une cellule doit a l’evidence @tre exprime dans cette cellule, on peut imaginer qu’il puisse etre ega- lement exprime dans un autre type cellulaire, oii son expression n’est pas utile, du moment qu’elle n’en- traine pas d’effet toxique. Autre- ment dit, un controle negatif de cha- curie des milliers de proteines syn- thetisees par une cellule serait inutilement cotiteux et done super- fetatoire 1891.

q Redondance fonctionnelle

Une autre hypothese pour expli- quer l’absence de phenotype dans un type cellulaire ou tissu depour- vu d’une proteine normalement presente reside dans la possibilite d’une coexpression d’une proteine ayant une fonction similaire. 11 s’agirait alors de redondance fonc- tionnelle. Bien qu’une redondance genetique stricte soit tres proba- blement impossible d’un point de vue evolutif (discussion dans [90]), elle pourrait expliquer les phenoty- pes tres discrets observes chez cer- taines souris porteuses d’une muta- tion nulle. Une telle situation a ete observee dans le cas, par exemple, de deux proteines, MyoD et Myf5, qui font partie dune famille de fac- teurs de transcription myogeni- ques. Les souris porteuses dune mutation nulle, dans le gene MyoD [91] ou Myf5 [921 respectivement, presentent une differentiation mus- culaire apparemment normale. Ainsi, la seule presence de MyoD ou de Myf5 parait suffisante pour une differentiation musculaire nor- male, ce qui suggere que leur fonc- tion est redondante. Cette hypo- these est renforcee par le phenotype des souris doubles mutantesMyeD/-, Myfs-I- : en effet, ces souris sont to- talement depourvues de myoblas-

Prth Cre (

1) Thymocytes

* Y excise

2) Autres types cellulaires

Y actif

figure 11. Vue scbematique de l’ufilisation d’HFf?T en vue de la creatioIn de mutations conditionnelfes. La souns transgenique A, obtenue parrecombinaison homologue dans les cellules ES, conttent le gene dint&et Y flanque par deux sequences Lox I’, positionnees de telle sorte quelles ne petturbent pas l’activite du gene Y gene n floxe J>. La souris transgenique B obtenue par addition de genes (micro-injection dans le pronucleus du zygote), contient un transgene hybnde constitue des sequences regulatnces dun gene specifiquement expnme dans les thymocfles (P?‘) raboutees aux sequences codantes de la recombinase Cre. Le croisement des souris A et B donne naissance a des souns chez lesquelles la recombtnase Cre nest exprimee que dans les thymocytes : finvalidation du gene Y n’a done lieu que dans ces demiers. Dans les autres &pes celllrlaires, le gene (( floxe )) fonctionne normalement / 1Olj

tes et de tissu musculaire (1931, re- vue dans [941). Un cas extreme peut egalement se presenter oti les souris, en l’absence d’une proteine don&e, se develop- pent et se reproduisent d’une ma- niere apparemment normale. Ainsi en est-il par exemple des souris sans vimentine [951, une proteine des fi- laments intermediaires du cytos- quelette ou sans tenascine 1961, une proteine de la matrice extracellu-

laire. Ces resultats sont d’autant plus intrigants que les genes en question sont hautement conserves au tours du developpement des vertebres. De plus, il n’existe pas de candidat evident pow prendre en charge la fonction de la tenascine ; de meme le remplacement de la vi- mentine par un autre membre de la famille des filaments intermediai- res n’a pu etre mis en evidence dans les souris sans vimenti-ne. I1 est done

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clair que ni la tenascine, ni la vimen- tine ne sont necessaires au dkvelop- pement normal. Est-ce 2 dire que ces protkines sont totalement super- flues ? Cela est trks invraisembla- ble, sinon impossible du point de vue Gvolutif : en effet, un gPne su- perflu et done non soumis .3 une quelconque pression de sglection devrait @tre rapidement inactive du fait du taux constant de mutation. L’explication est sans doute 2 re- chercher dans la difficult4 de trou- ver un test approprik pour dktecter un phenotype : soit qu’il soit t&s subtil, soit parce qu’il ne se manifes- terait que dans des conditions inha- bituelles. Enfin, il ne faut pas perdre de vue que la recherche du phkno- type s’effectue dans les conditions particulikes d’un glevage en ani- malerie. Ainsi des changements kventuels de valeur adaptative liees B une mutation ne peuvent @tre pris en compte : il a pu &re calculk qu’un changement de 1 %, signifi- catif dans une perspective kvolu- tive, de la valeur adaptative n&es- siterait pour @tre rep&t! l’analyse de 600 000 animaux (revue dans [97]) !

effectue des comparaisons phkno- typiques entre des souris mutantes et des souris sauvages, l’influence possible du fond gknktique ; d’au- tre part, l’observation de diffkren- ces dans l’expressivitk ou la p&n&- trance d’une mutation en fonction du fond gknetique ouvre la voie 21 l’identification des genes, appek gsnes modificateurs, qui modulent l’expression du phenotype lik 21 cette mutation. De ce point de vue, la souris constitue un modPle privi- legi d’analyse, parce que de nom- breuses lignkes consanguines exis- tent, porteuses kventuellement d’alkles diffilrents de ces gPnes mo- dificateurs [lOOI, ce qui devrait faci- liter la recherche des diffkents g&- nes qui contribuent 2 l’expression d’un phenotype donnk

Conclusion

sibilitk de pr&lect:ionner ex vivo une mutation particulike dans un gene don&, puis de la transfkrer in vivo chez l’animal. Si jusqu’g pr& sent, la grande majoritk des muta- tions cr&es sont des mutations nul- les, des mkthodes nouvelles com- mencent 21 Gtre mises au point pour la creation de mutat ions plus subti- les, permettant d’affiner l’analyse gknktique. Enfin, se dkveloppent des mGthodes qui permettront de cibler la survenue de la mutation dans tel ou tel type cellulaire ou tissu, ce qui, dans le cas d’une mu- tation l&ale embryonnaire, par exemple, ouvre la v,oie a l’ktude de la fonction du g&e mutk, au-de15 de la date oti se manifeste la l&alit& Ainsi, il est clair que l’approche transggnique continuera dans les annkes & venir 21 constituer un outil privilkgik dans l’ktude de la biolo- gie de la souris.

Le dkveloppement de methodolo- gies permettant l’introduction d’une information g&-ktique nou- velle dans la lignee germinale d’un organisme complexe comme la sou- ris a fourni un outil d’une puissance inkgalke pour l’analyse de pratique- ment tous les aspects de la biologie de cet animal. La modification g& netique ktant stable, puisque trans- mise aux gknkrations successives, les chercheurs disposent ainsi d’animaux en quantitk illimitke, chez lesquels l’effet de la modifica- tion gikktique peut @tre analyse en d&ail, aussi bien dans l’espace (dans les diffkrents tissus) que dans le temps (a toutes les etapes du de- veloppement). 11 n’est done pas ktonnant que cette methodologie ait pris une importance grandissante dans les scknarios expkrimentaux destines g mieux comprendre le rale des gPnes dans le dkveloppement embryonnaire, dans le fonctionne- ment de diffkents systPmes physio- logiques de l’animal et dans les pa- thologies dont rls peuvent Gtre le siPge. La disposition de cellules souches embryonnaires, un privi- 1Pge limit6 pour le moment 6 la sou- ris, a encore elargi les possibilit& de la transgenke, en ouvrant la voie 6 la crkation contrblke de mutations dans un g&ne don& grke g la pos-

RBf6rences 1

n PhCnotype et fond gkktique

Une autre leqon de l’analyse des souris mutantes obtenues par mu- tag&&e est l’importance, previsi- ble mais parfois sous-estimke, du fonds gknktique dans l’expression phenotypique des mutations. Deux ktudes de Threadgill et al 1981 et Sibilia et Wagner 1991 illustrent ce point de man&e saisissante : ces au- teurs ont cr& des souris invalid6es dans le g&e codant le rkcepteur au facteur decroissance (EGF-r). Par des croisements approprik., ils ont transfer4 la mutation dans trois fonds gknktiques diffkrents : dans le premier, ils ont observe une l&alit6 t&s prkoce de la mutation, vers quatre jours de gestation, dans le second, la l&alit6 se produisait 2 mi-gestation et enfin dans le troi- si&me fonds gknktique, les souris survivaient jusqu’a environ trois se- maines aprk la naissance. Deux leqons peuvent @tre tirkes de cet exemple : d’une part, il faut gar- der prksente 2 l’esprit, lorsque l’on

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