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$tdrilixation sous coelioscopie J. MAGRE, P. LEROUX, M.-F. LERAT, P. HERVE, A. LEDANOIS (Nantes) Nous avons conscience d'aborder ici, un sujet par- ticulibrement brfllant discut6, et sans doute critiqua- ble, mats devant l'extraordinaire 6volution des id6es et des principes depuis quelques ann~es, il ne nous parait pas inutile et inopportun de revenir aujour- d'hui, sur le probl~me de la st6rilisation et plus par- ticuli6rement sur la st6rilisation par vote cmliosco- pique. Si Anderson en 1937 avait ddj~ envisag6 la stdrili- sation tubaire par 61ectrocoagulation, le pore de la metbode est en fait Palmer qui, le premier, a publi6 cn 1972, une s6rie de dix observations de st6rilisations par 61ectrocoagulation sous ccelioscopie. Depuis, on connait los travaux de Steptoe, de Palliez et Dele- cour, et ceux de Liston avec une statistique impor- tante de sept cent soixante cas. Il ne fait pas de doute qu'avec le ddveloppement extraordinaire de ]'endoscopie et le perfectionnement de l'instrumentation, la chirurgie per coelioscopique devient de plus en plus ~ la mode. S'il n'est pas question ici de nier ses extraordinaires avantages ni le c6t6 s6duisant et 616gant de la technique, nous avons conscience que sa facilit6, tout au moins appa- rente, nc conduise tout sp6cialement en mati~re de stdrilisation, ~ un 61argissement discutable et con- damnable des indications. Nous vous pr6sentons ici l'analyse de nos cent der- ni6res observations sur un total de cent cinquante, qLlc repr6sente notre exp6rience et nous voudrions surtout insister, pour terminer, sur les problbmes moraux et juridiques que pose cette technique. Analyse des observations : Age moyen : 34,6. Nombre d'enfant : 4,4. Nombre de fausse couche : 1,1. En matibre de st6rilisation, l'fige nous parait un facteur important et il faut bien stir l'eviter avant trente arts, sauf indication imp6rative, pour des ldsions organiques irr6versibles comme nous avons 6t6 amen6s ~ le faire, ~t trois reprises, chez des fern- rues de moths de vingt cinq arts, la plus jeune ayant vingt et un ans, mats d~j~ deux enfants. Le hombre d'enfant est 6galement un dldment tr~s important du probl~me, tout comme le ddsir fermement exprimfi de ne plus en avoir d'autres. II faut signaler ici que cette moyenne de 4,4 enfants par malade tient compte des tr~s grandes multipares, que nous retrouvons dans les indications psycho-sociales. Quant au hom- bre de fausse couche, il est variable, mai~ le nombre et la gravit6 des fausses couches prowt.tudes (cmtai- nes ayant 6t6 jusqu'h onze) peuvent ~tre des facteurs influenqants de 1 indication. Schdmatiquement, les indications somatiques et psycho-sociales se retrouvent presque h partie ~gale, mats il faut noter, dans les indications somatiques la predominance du risque maternel g6n~ral. Indications somattques : 54; -- risque maternel gdn6ral : 42; -- risque maternel local : 7 ; -- risque foetal': 5. Indications psycho-soctales : 46. Si nous reprenons chacun de ces 616merits, et si nous envisageons tout d'abord le probl6me du risque maternel gdndral, nous constatons : RISQUE MATERNEL GENERAL (42 cas) : -- affections cardio-vasculaires : 20; -- affections respiratoires : 6; -- affections neurologiques : 6; -- affections r6nales : 4; -- affections ophtalmologiques : 3 ; -- affections ost6o-articulaires : 2; affection O.R.L. : 1. L'analyse de ces diverses indications nous montre : 1~ Pour les vingt cas d'affections cardio-vasculai- res : quatre cardiopathies cyanog~nes majeures, qua- tre thromo-phl6bites et embolies, 8 varices importan- tes opdrdes, trois hypertentions r6cidivantes, 1 coro- narite. 2 ~ Pour les six cas d'affections respiratoires : trois tuberculoses s6v6res, une D.D.B. rdcidivante, un asthme s6v&re, un cceur pulmonaire chronique. 3' Pour les six cas d'affections ncurologiques : cinq dpilepsies sdv~res, une sclerose en plaque. 4 ~ Pour les quatre cas d'affections r6nales : quatre n~phropathies graves. 50 Pour les trois cas d'affections ophtalmologiques : un chrorio r6tinome, une rdtinite, un syndrome de Sjorgren. 6' Pour les deux cas d'affections ostfo-articulaires : deux discopathies op6rdes. 7~ Une surdi-mutit6 congdnitale. RISQUE MATERNIEL LOCAL -- Risque de rupture utdrine ................ 2 cos -- 4 c~sariennes ; -- 3 c6sariennes. --Risque de ddlabrement .................. 5 eas -- 5 prolapsus. II faut remarquer que ees femmes avaient en moyenne trente-huit anset trois prolapsus avaient ~tO antOrieurement operas par vote basse. RISQUE F(ETAL -- Mucoviscidose .......................... 2 cas -- Incompatibilit6 Rh6sus .................. 3 eas deta Endosco~a et Racliocinematogral~Mea Tome III . N ~ 3-4. Septembre 1973 55

Stérilisation sous cœlioscopie

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Page 1: Stérilisation sous cœlioscopie

$tdr i l ixat ion sous coelioscopie

J. MAGRE, P. LEROUX, M.-F. LERAT, P. HERVE,

A. LEDANOIS (Nantes)

Nous avons consc ience d ' abo rde r ici, un suje t par- t icul ibrement brf l lant discut6, et sans doute cr i t iqua- ble, mats devant l ' ex t raord ina i re 6volut ion des id6es et des p r inc ipes depuis quelques ann~es, il ne nous para i t pas inuti le et i noppor tun de reveni r aujour- d'hui, sur le p robl~me de la s t6r i l i sa t ion et plus par- t icul i6rement sur la s t6r i l isat ion p a r vote cmliosco- pique.

Si Anderson en 1937 avait ddj~ envisag6 la stdrili- sat ion tubai re par 61ectrocoagulation, le pore de la me tbode est en fait Pa lmer qui, le p remier , a publi6 cn 1972, une s6rie de dix observa t ions de s t6r i l isa t ions par 61ectrocoagulation sous ccelioscopie. Depuis, on connai t los t ravaux de Steptoe, de Palliez et Dele- cour, et ceux de Lis ton avec une s ta t i s t ique impor- tante de sept cent soixante cas.

Il ne fait pas de doute qu'avec le ddve loppement ex t raord ina i re de ] 'endoscopie et le pe r f ec t i onnemen t de l ' i n s t rumenta t ion , la chirurgie pe r coelioscopique devient de plus en plus ~ la mode. S'il n 'es t pas ques t ion ici de n ier ses ex t raord ina i res avantages ni le c6t6 s6duisant et 616gant de la technique, nous avons conscience que sa facilit6, tout au moins appa- rente, nc conduise tout sp6cialement en mat i~re de stdri l isation, ~ un 61argissement d iscu tab le et con- damnab le des indicat ions.

Nous vous p r6sen tons ici l 'analyse de nos cent der- ni6res obse rva t ions sur un total de cent c inquante , qLlc repr6sen te not re exp6rience et nous voudr ions sur tou t insis ter , pour t e rminer , sur les p rob lbmes moraux et ju r id iques que pose ce t te technique.

A n a l y s e d e s o b s e r v a t i o n s :

Age moyen : 34,6. Nombre d ' en fan t : 4,4. N o m b r e de fausse couche : 1,1. En mat ibre de st6ri l isat ion, l'fige nous para i t un

fac teur i m p o r t a n t et il faut bien stir l 'evi ter avant t r en te arts, sauf indicat ion imp6rat ive , pour des ldsions organ iques i r r6versibles c o m m e nous avons 6t6 amen6s ~ le faire, ~t t rois repr ises , chez des fern- rues de mo ths de vingt c inq arts, la p lus jeune ayant vingt et un ans, mats d~j~ deux enfan ts . Le h o m b r e d ' enfan t est 6galement un dldment tr~s impor t an t du probl~me, tout c o m m e le ddsir f e r m e m e n t exprimfi de ne plus en avoir d 'aut res . II faut s ignaler ici que cet te moyenne de 4,4 enfan t s par ma lade t ient compte des tr~s g randes mul t ipares , que nous re t rouvons dans les indica t ions psycho-sociales. Quant au hom- bre de fausse couche, il est variable, mai~ le nombre et la gravit6 des fausses couches prowt. tudes (cmtai- nes ayant 6t6 jusqu 'h onze) peuvent ~tre des fac teurs inf luenqants de 1 indicat ion.

Schdmat iquemen t , les indica t ions somat iques et psycho-sociales se r e t rouven t p r e s q u e h par t i e ~gale,

mats il faut noter , dans l e s i n d i c a t i o n s s o m a t i q u e s la p r e d o m i n a n c e du r i sque ma t e rn e l g6n~ral.

I n d i c a t i o n s s o m a t t q u e s : 54; - - r i sque ma te rne l gdn6ral : 42; - - r i sque ma te rne l local : 7 ; - - r i sque foetal ' : 5. I n d i c a t i o n s p s y c h o - s o c t a l e s : 46.

Si nous r ep renons chacun de ces 616merits, et s i nous envisageons tout d ' ab o rd le p rob l6me du r i s q u e m a t e r n e l gdndral, nous c o n s t a t o n s :

R I S Q U E M A T E R N E L G E N E R A L (42 cas ) :

- - affec t ions cardio-vasculaires : 20; - - affec t ions resp i ra to i res : 6 ; - - a f fec t ions neurologiques : 6 ; - - affect ions r6nales : 4 ; - - a f fec t ions oph ta lmolog iques : 3 ; - - a f fec t ions ost6o-ar t iculaires : 2 ;

af fect ion O.R.L. : 1. L 'analyse de ces diverses indica t ions nous m o n t r e : 1 ~ Pour les vingt cas d ' a f fec t ions cardio-vasculai-

res : qua t re ca rd iopa th ies cyanog~nes majeures , qua- tre th romo-phl6b i tes et embol ies , 8 varices i m p o r t a n - tes opdrdes, t rois hyper t en t ions r6cidivantes, 1 coro- nar i te .

2 ~ Pour les six cas d ' a f fec t ions resp i ra to i res : t ro i s tubercu loses s6v6res, une D.D.B. rdcidivante, u n a s t h m e s6v&re, un cceur pu lmona i r e chronique.

3' Pour les six cas d ' a f fec t ions ncurologiques : c inq dpilepsies sdv~res, une sclerose en plaque.

4 ~ Pour les qua t re cas d ' a f fec t ions r6nales : q u a t r e n~phropa th ies graves.

50 Pour les trois cas d ' a f fec t ions oph ta lmo log iques : un chror io r6t inome, une rdtinite, un s y n d r o m e d e Sjorgren .

6' Pour les deux cas d ' a f fec t ions os t fo-ar t icu la i res : deux d iscopath ies op6rdes.

7 ~ Une surdi-muti t6 congdnitale .

R I S Q U E M A T E R N I E L LOCAL

- - Risque de rup tu re u tdr ine . . . . . . . . . . . . . . . . 2 c o s - - 4 c~sar iennes ; - - 3 c6sariennes.

- - R i s q u e de dd lab remen t . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 e a s - - 5 prolapsus .

II faut r e m a r q u e r que ees f e m m e s a v a i e n t e n m o y e n n e t rente-hui t a n s e t t rois p r o l a p s u s a v a i e n t ~tO antOr ieurement operas p a r vote basse.

R I S Q U E F ( E T A L

- - Mucoviscidose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 c a s - - Incompat ib i l i t6 Rh6sus . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 e a s

deta E n d o s c o ~ a et Racliocinematogral~Mea Tome III . N ~ 3-4 . Sep tembre 1973 5 5

Page 2: Stérilisation sous cœlioscopie

I N D I C A T I O N S P S Y C H I Q U E S E T S O C I A L E S

- - Psych iques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 c a s - - Sociales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 c a s L ' i m p o r t a n c e de ces ind ica t ions psycho-soeia les p e u t

p a r a i t r e d n o r m e p a r r a p p o r t aux c i n q u a n t e q u a t r e c a s d ' ind ica t ions soma t iques . Dans les i nd i ca t i ons psychi- ques, nous ne r e t e n o n s que les m a l a d e s ad ress6es p a r psych ia t re , e t il f au t n o t e r clue ces v ing t -qua t r e mala- des son t ad r e s s6 p a r qua to rze p s y c h i a t r e s d i f f6rents .

Les v ingt -deux ind ica t ions d ' o r d r e social son t extr~- m e m e n t p l o l y m o r p h e s (d6chdance des d ro i t s m a t e r - nels , a lcoolisrne, etc...), ma i s Ia m u l t i p a r i t 6 eons t i t ue ici u n 61dment tr6s i m p o r t a n t , p u i s q u ' o n r e t r o u v e une 14' pare , t ro i s 12" pares , deux 10 ~ pares , q u a t r e 9 ~ pares , q u a t r e 8 ~ pares , et t ro i s 7' pares . I1 f a u t pr6c i se r enco re que l '~ge moyen 6 ta i t de q u a r a n t e ans.

R 6 s u l t a t s :

Toutes ces m a l a d e s on t 6t6 revues e n t r e le deux ibme et t ro i s i~me cycle su ivan t l ' i n t e r v e n t i o n et sys t6ma- t i q u e m e n t n o u s avons fa i t une h y s t 6 r o g r a p h i e de contr61e. Au ddbut , nous pens ions qu ' i l d ta i t impor - t a n t de fa i re ce t te h y s t d r o g r a p h i e avec tm p r o d u i t auss i peu f lu ide que possible , p o u r dv i te r u n ~ventue l pas sage h trave/-s n o t r e m o i g n o n tuba i re . E n fait, nous le ra i sons dans les cond i t ions hab i t ue l l e s en 6vi- t a n t b ien s~r route hype rp re s s ion .

Nous p o u v o n s c o n s t a t e r clue n o u s avons une obtu- r a t i o n t u b a i r e p r o x i m a l e avec pa r fo i s u n t r a j e t de deux h t ro i s cen t im~t re s , ma i s il es t b i en ce r t a i n q u e r a d i o l o g i q u e m e n t , il cs t diffici le de fa i re u n e d i f f 6 f ence en t r e la sec t ion o b t e n u e p a r 61ect rocoagula t ion p e r ecelioscopie et la l iga tu re ch i rurg ica le ,

S u r n o t r e s6rie de cen t cas, a u c u n 6chee n ' a ~t6 cons ta td . I1 f au t s igna le r q u ' u n e m a l a d e 6 ta i t mani - f e s t e m e n t ence in t e l o r sque la s td r i l i s a t ion a 6t6 effec- tu6e, la roulade ayan t omis de nous s igna le r u n r e t a r d de rbgles et la g rossesse qui ava i t a lors t ro is semai- nes s 'es t d6roul6e sans p r o b l ~ m e s e c o n d a i r e m e n t . De fa~on h se m e t t r e h l ' ab r i de ce genre d ' inc iden t , il e s t s o u h a i t a b l e de fa i re la s td r i l i sa t ion dans les sui tes i m m d d i a t e s des r~gles.

Nos rdsu l t a t s ne r e j o i g n e n t pas t ou t g fa i t ceux de Lis ton, qui r a p p o r t a i t dans le Lance t du 21-2-70 u n e s6rie de sep t cen t so ixan te s td r i l i sa t ions sous coelio- scopie d o n t soixante-dix4~uit f u r e n t vdrif ides p a r hys- td rographie . Six d ' e n t r c elles g a r d a i e n t u n e pe rm6ab i - lit6 tuba i re . Neuf au t r e s p r d s e n t ~ r e n t une grossesse u l tdr ieure , m a i s chez c inq de ces f em m es , la concep- t ion avai t p u avoi r l ieu avan t la s t6r i l i sa t ion . Chez les q u a t r e au t re s , la l a p a r o t o m i e p e r m i t de m e t t r e en 6vidence, u n e mal faqon , la coagu la t ion a y a n t en r~gle gdndra le po r td su r le l i gamen t fond .

P a l m e r d g a l e m e n t s igna la i t que d a n s ses deux pre- m i e r s cas, il ava i t cons ta t6 un 6chec un i l a t6 ra l qu i ava i t d ' a i l l eu r s 6t6 r ep r i s avec succ~s p a r tune deuxi~me c0elioscopie. C'est d ' a i l l eu rs h la l u m i & e de ces deux dchecs, qu i 6 ta len t m a n i f e s t e m e n t cons6- co t i f s h dne in su f f i s ance du m a t & i e l , que P a l m e r a r~alisd ce t te merve i l l euse p ince f ab r iqude p a r D r ap i e r e t qui p e r m e t d ' avo i r u n e pr i se p a r f a i t e de la t r o m p e e t d ' avo i r a in s i u n e e l ec t rooagu la t i on et u n e sec t ion i n t d r e s s a n t t o u t e l ' dpa i sseur du cana l tuba i re .

A la lumi6re de ces rdsul ta ts , il nous p a r a i t sou- h a i t a b l e de ne pas se c o n t e n t e r d ' u n e s imple d e c t r o - coagu la t i on c o m m e r a fair Liston, ca r on imag ine a i s 6 m e n t que ce t te touche d 'd lee t rocoagula t ion , m ~ m e 6tagde, r e s p e c t e la lumi~re tuba i re .

En f in , p o u r n o t r e p a r t , n o u s a v o n s d e u x :dchecs . q u i n e font pas pa r t i e de ce t te sdr ic de n o s cen t der- n i e r e s s t~r i l i sa t ions . U u n e 6 ta i t assez c o m p a r a b l e a u x o b s e r v a t i o n s in i t ia les de Pa lmer , o~t le matdr ie l , m a i s peu t -6 t re aussi , r i n e x N r i e n c e , ava i t laiss6 u n e t r o m p e pe rm6ab le , ce qui ava i t ndcess i t6 une l a p a r o t o m i e s e c o n d a i r e m e n t . L ' au t re ma lade , ga rda i t u n m o i g n o n t u b a i r e t rbs m a i g r e m e n t p e r m d a b l e , ce qui ne I'a p u s e mp6ch6 de d d m a r r e r u n e grossesse t e r m i n d c p a r u n a b o r t u m spon tan6 .

M a t 6 r i e l e t t e c h n i q u e :

N o u s v o u d r i o n s s e u l e m e n t iei, sou l igner l ' in t6r~t d e que lques po in t s pa r t i cu l i e r s .

L ' appa re i l l age est celui i n d i s p e n s a b l e ~t t ou t e cmlios- copie et b i en en tendu , de prdfdrence , nous u t i l i sons des appa re i l s /~ lumiOre f ro ide type Wolf, Storz o u Drap ie r , s a c h a n t en fa i t que l ' i m p o r t a n t ici, est le r e c o u r s ~t la p ince 5 b iops ie de Pa lmer , i n t r o d u i t e p a r une voie d i f fd ren te de celle du cmlioscope. (Per- sonne l l emen t , nous i n t r o d u i s o n s le coelioscope p a r l a p a r t i e gauche du r e p r i ombi l ica l , le t r o c a r d de la p ince h b iops ie d tan t i n t r o d u i t d a n s la p a r t i e d r o i t e du repl i ombi l ica l , ce qu i pa r fo i s es t peut -4 t re m o i n s faci le t e c h n i q u e m e n t que l ' i n t r o d u c t i o n fa i te su r l a l igne b l anche h c inq ou six c e n t i m h t r e s de l 'ombi l ic , m a i s es t n e t t e m e n t p lus es thdt ique) .

I1 es t b ien st ir i n d i s p e n s a b l e d ' i n s i s t e r su r la n6ces- sit6 d ' un p n e u m o p 6 r i t o i n e p a r f a i t e t sur la ndcess i t6 a b s o l u e d ' a v o i r une endoscop ie impeccab le , ce q u i exige une t rbs g r a n d e expdr ience de la ccelioscopie, e t n o u s ne pouvons que r e j o i n d r e P a l m e r 6c r ivan t qu ' i l se ra i t i m p r u d e n t d ' e n t r e p r e n d r e ce type d ' in te r - v e n t i o n avan t d ' avo i r u n e expdr ience pe r sonne l l e d ' a u m o i n s c inq cen t ccelioscopies exp lora t r i ces . Pa r ail- leurs , il es t i n d i s p e n s a b l e d ' avo i r une v is ion p a r f a i t e du p e t i t bass in , mais il f au t auss i que les t r o m p e s so ien t de ca l ib re n o r m a l , f a c i l e m e n t rdp6rab les s u r t ou t l eur t r a j e t , ca r il West pas ques t ion d ' env i s age r une s td r i l i sa t ion si m O m e u n e seule des t r o m p e s se t r o u v e m a s q u 6 e p a r des adhdrences , dd fo rm6e p a r une m a s s e o v a r i e n n e i m p o r t a n t e ou encore accolde a u fond du Douglas.

La pr i se de la t r o m p e p a r la p ince h b iops ie se f a i t d a n s la zone i s t h m i q u e h 15 m m de la co rne u t d r i n e , au r~iveau d ' une zone en p r inc ipe avascula i re . N o u s fa i sons d ' a b o r d une ~ lec t rocoagu la t ion en deux zones d i s t a n t e s de que lques mi l l im~t re s et nous compld- tons p a r une sec t ion jusqu'/~ o b t e n i r une s 6 p a r a t i o n f r a n c h e des deux extrdmitf is de la t r o m p e qui s '6ear- t e n t gdn6ra l emen t d 'un b o n cen t im~t re , l a i s san t a n n i v e a u du m 6 s o une zone dec t rocoagu l6e , b l anche , n u l l e m e n t h6mor rag ique . Cet te t e chn ique s 'oppose celle des a u t e u r s qui r e c o m m a n d e n t de fa i re les d e c t r o c o a g u l a t i o n s m o i n s pouss6es , sans sec t ion de la t r o m p e , en rdpd tan t dven tue ! l emen t la manoeuvre

que lqnes cen t im~t r e s de d i s tance . II f au t s igna l e r que nous avons f r d q u e m m e n t des

s u i n t e m e n t s de queIques d iza ines de cm3 p e n d a n t v ing t -qua t r e h c u r e s et nous m e t t o n s sys tdma t ique - mer i t en place u n d ra in de Redon, p a r le t r o c a r d d e la p ince h b iops i s et on en vdrif ie la raise en p lace p a r le coelioscope a v a n t la f in de r i n t e r v e n t i o n .

Les m a l a d e s son t ga rddes p e n d a n t q u a r a n t e - h u i t h e u r e s et mises s y s t d m a t i q u e m e n t sous an t i b io thd ra - pie p a r voie ora le p e n d a n t six jours , les sui tes s o n t celles de la coelioscopie n o r m a l c ct en deux h t ro i s jou r s , Ia roulade r e p r e n d u n e act ivi t6 s u b n o r m a l e , I ' a r r~ t dc t rava i l d t an t en p r i n c i p e de h u i t jours .

:56 T o m e I I I - N ~ 3-4 - S e p t e m b r e 1973 Acta Endoscogica et Radioctnernato.qraphica

Page 3: Stérilisation sous cœlioscopie

C o m p l i c a t i o n s :

Tout d ' abord , su r no t re sdrie de cent malades , nous avons dO a t rois repr ises faire m a r c h e arr i6re devan t l '6tat a n a t o m i q u e du pelvis et faire la s tdr i l i sa t ion p a r voie chirurgicale . (Deux fois, une t r o m p e 6tait noyee p a r des adh6rences post-opdratoires , la t ro is i~me fois, la t r o m p e 6tai t ddformde pa r tm vdri table hydro salpinx avec endom6t r iose .

Il nous fau t s ignaler une compl ica t ion grave, en l ' occur rence une h6mor rag ie in te rne sdv6re pa r bles- sure de l ' a rcade ar tdr ie l le sous tubaire , qui 6tait anor- male, t au t p a r son cal ibre, de la tai l le d 'une hypo- gast r ique, que sa s i tuat ion, pu i sque accolde directe- m e n t h la t r om pe . Bien entendu, cet acc iden t n6ces- si ta une in t e rven t ion imm6dia te don t les sui tes fu ren t sans s6quelles.

Nous n ' avons j amais consta t6 d 'h6mor rag ie secon- daire pa r chu te d 'escar res , mais nous a t t achons la p lus g rande i m p o r t a n c e au bon 6tat de m a r c h e de l ' apparei l lage d '61ectrocoagulation, ca r il es t b ien cer- ta in que si l '61ectrocoagulation et la sec t ion peuvent 6tre p rodu i t e s en quelques secondes darts les condi- t ions normales , il f audra r6p~ter les manceuvres pen- dan t de longues minu tes sans avoir une vdri table sect ion tubai re , et nous imaginons a i s6ment que c 'es t dans l ' e lec t rocoagulat ion h6s i tante et 6tagde que ]es

z o n e s ndcro t iques se ron t plus i m p o r t a n t e s et donc que le r i sque de chute d ' escar res es t h cra indre .

Il nous faut s ignaler deux brf l lures superf ic ie l les de la p a u m e de la ma in de l 'opdrateur , rdsul tant de faux contac ts , ce qui v ient me t t r e encore l 'accent sur la ndcessi td abso lue d 'avoi r un appare i l lage en pa r fa i t 6tat.

Bien en tendu , ces ma lades sont dga lement exposdes aux compl ica t ions par t icul i~res h la ccelioscopie et pou r no t re par t , nous avons cons ta t6 une he rn ie d 'une f range 6piploique pa r 1'orifice du t r o c a r d de coeliosco- pie, f range rdint6grde sans r6section.

D i s c u s s i o n :

En falt, le g ros p rob l6me dans ce t t e s tdr i l i sa t ion sous la coelioscopie est celui des in idcat ions . Avant d ' envisager la ds icuss ion de ces d iverses indicat ions, il n ' es t pas inut i le de rappe le r que le p rob l6me de la s tdr i l i sa t ion n ' e s t rdgit pa r aucun texte judi r ique, mais i l nous pa ra i t pa r t i cu l i6 rement souhai tab le de nous rdfdrer aux conclus ions du p r o f e s s e u r Merger, tou t pa r t i cu l i6 rement compd ten t en cc domaine .

a Peut-on fa i re une st6ri l isation, don t la grave con- s6quence est la suppres s ion ddfinit ive du pouvoi r de p roc rda t ion ? ,~

Si elle emp6che l 'aggravat ion de cer ta ines malad ies ou la su rvenue de cer ta ins accidents , elle est licite. Si elle 6tait fa i te sans ra i son valable, s i m p l e m e n t sur la demande de la femme, elle sera i t sans doute passi- ble d 'une sac t ion pdnale fond6e sur les ar t ic les 310 et 320 du Code P6nal et d 'une sanc t ion civile fo~dde sur la rdpa ra t ion du prd judice matdr ie l e t mora l subi t p a r l 'opdrde. Mais que conclure si eIlc es t pra t iou6e p o u r une ra i son p u r e m e n t sociale p o u r une mult ipa- r i td p a r exemple , darts le bu t d 'am61iorer l '6tat psy- ch ique et social de la f e m m e ? Encore une fois, t e s t au ldgislateur de d6cider en a t t endan t , le mddecin p r end ra i t en s ' au to r i san t ~t telles indica t ions un pou- voir du Droi t Commun .

Piedeli~vre h la Socidt6 Royale Belge de Gnydcolo- gie et d 'Obs td t r ique about i ssa i t h des conclus ions tr~s voisines que nous vous r appor tons . La s t6r i l isat ion

pr6vent ive d 'une f emme sans qu' i l y ait de ndcessi t6 m6dicale absolue de p rophylax ie pr6cise ou th6rapeu- t ique au point de rue m o r a l dol t 6tre 6v idemmen t rcjct6e.

La loi ne pr6cise pas les cond i t ions dans lesqueUes une telle s t6r i l isat ion peut 6tre pra t iqu6e pa r le mdde- c i n e t celui-ci p en d an t h l 'ar t ic le I e" du Code de D6on- tologie devra agir u n i q u e m e n t selon sa p r o p r e cons- cience et d6cider s'il dol t ou non p r a t i q u e r ce t te std- r i l isat ion.

La d6cision qu' i l p r e n d r a est grave, son r61e es t d 'am61iorer au t an t qu'il le p o u r r a la sant6 de ses malades . Alors il r empl i ra sa fonc t ion m6dicale dans des condi t ions mora les int6grales.

Enf in , Merger regre t te l ' absence de texte 16gislatif re la t i f aux indica t ions de s t6r i l i sa t ion dans les indi- ca t ions p u r e m e n t sociales et dans l 'dtat actuel des choses nous ne pouvons fare a u t r e m e n t que de faire conf iance g n o t r e t rad i t ion coutumi~re de D4ontolo- gie mddicale.

Nous peiasions quant ~ nous, qu'il es t poss ib le d 'a l le r plus loin dans ce sens, et de faqon g ne pas voir la s tdr i l i sa t ion raise sur le m6me plan qu:- la pilule ou le stdri let , nous p roc6dons rdgul i6rement de la manihre suivante.

1 ~ Nous ddmon t rons au couple que la s t6r i l isat ion cst un gcste grave def ini t i f et nous d e m a n d o n s un cer t i f ica t signd par les con jo in t s nous au to r i san t tt faire ce t te in tervent ion .

2 ~ Nous ne posons j ama i s d ' ind ica t ion de st6rili- sa t ion seuls et nous d e m a n d o n s s y s t d ma t i q u emen t l 'avis de deux aut res confrhres , l 'un 6tant gdn6rale- merit le meSdecin t ra i tant , l ' aut re le sp6cia/ iste de l ' a f fec t ion causale con t re - ind iquan t une nouvclle gros- sesse. Nous d e m a n d o n s un cer t i f ica t 6crit des confre- res et ainsi nous avons un v6r i table doss ie r que nous p o u r r i o n s t r a n s m e t t r e au Conseil de l 'Ordre d6par- t emen ta l selon un p rocessus assez comparab l e ~t celui de l ' avo r t emen t thdrapeu t ique

Cet te so lu t ion n 'es t c e r t a i n e m e n t pas encore par- faite, c a r on sa i t pour cer ta ins , Ia facilit6 des eerti- f icats de complaisance , mais au moins ce t te solut ion a le mdr i te de bicn fa i re p r e n d r e conscience aux ma lades et tout de m6me ~ la p lupar t des m6decins qu'il ne s 'agit pas I/~ d 'un ges te anodin, qui peut ~tre rdalis6 au t e r m e d 'une d6cis ion hfttive, et avant tout pour rdal iser le confor t de ce r ta ins couples, plus aver- tis que d ' au t res sur les poss ibi l i tds t echniques de la mddec ine moderne . Nous ne vous cacherons pas que nous ser ions tr~s ddsircux que les autor i t6s respon- sables p r en n en t posi t ion sur le problhme, mais 6vi- d e m m e n t , il es t peut 4tre u top ique de d e m a n d e r qu 'h chaque s ter i l isat ion, il y ait un accord sign6 de la f e m m e et du mar i et le p ro toco le des t rois m6de- cins t r an s mi s au Conseil de l 'Ordre.

(Rdunion de Taormina , 1-2-34 ju in 1972).

RE SU ME

En rnati~re de st6rilisation, lorsque les conditions techniques sont satisfaisartes, la voie coelioscopique nous semble la solution iddale.

Sur une s~rie de cent cas, nous n'avons aucun ~chee; l'age moyen dtant de trente-cinq ans, avec quatre enfants en moyenne. Les indications somatiques reprdsentent 54 % des cas, avec risque maternel g~n~ral dans 42 % -- dont 20 % d'indications earalo- vasculaires, 6 % d'indications respiratoires et neurologiques,o/4 % d'indications r6nales. Le risque mzternel local repr6sente 7 o, le risque foetal 5 %. Enfin, darts les indications psyeho-sociales (46 %), les indications sociales comptent pour 22 %, avee neuf enfants en moyenne et quarante ans d'gge moyen.

A c t a E n d o s c o p i c a et R a c l i o c i n ~ m a t o g r c ~ c a T o m e H I - N ~ 3-4 . S e p t e m b r e 1973 5 7