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ARTICLE / ARTICLE Sucres, addiction et obésité Sugar, addiction and obesity S.H. Ahmed © Springer-Verlag France 2012 Résumé Après une analyse approfondie du concept médi- cal daddiction, cette revue décrit les recherches récentes sur laddiction à la nourriture et aux sucres raffinés (ex. saccharose, fructose) et son rôle dans létiologie de lobé- sité. Les recherches cliniques ont établi lexistence de cette forme daddiction dont la prévalence est particulièrement élevée chez certaines personnes obèses. L addiction à la nourriture et aux sucres est corrélée à des altérations fonc- tionnelles dans les circuits du cerveau impliqués dans lapprentissage par récompense, la motivation et le contrôle des impulsions. Ces altérations ressemblent à celles obser- vées dans laddiction aux drogues (ex. cocaïne). Les études précliniques chez lanimal ont montré que ces altérations neurobiologiques peuvent être causées par la surconsom- mation chronique de produits riches en sucres (et/ou en graisses). Cependant, tous les individus (obèses ou non) ne développent pas une addiction à la nourriture et aux sucres, ce qui suggère la présence dune vulnérabilité initiale dont lorigine reste à élucider. Pour citer cette revue : Obésité 7 (2012). Mots clés Addiction . Sucres . Cocaïne . Nicotine . Dopamine . Cortex orbitofrontal Abstract This review begins with an in-depth analysis of the medical concept of addiction and then describes recent research on food and sugar addiction and its role in obesity. Clinical research has established the existence of an addic- tion to food and refined sugars (ex. sucrose, fructose) whose prevalence is particularly high in some obese peo- ple. Food or sugar addiction is associated with functional changes in brain circuits involved in reinforcement lear- ning, motivation and impulse control. These changes are similar to those seen in drug addiction (e.g., cocaine). Pre- clinical research on animals has shown that these brain changes can be caused by chronic overconsumption of high-sugar (or high-fat) foods. However, not all individuals (obese or not) go on to develop food and sugar addiction, suggesting the presence of an initial vulnerability whose origin remains to be understood. To cite this journal: Obésité 7 (2012). Keywords Addiction . Sugars . Cocaine . Nicotine . Dopamine . Orbitofrontal cortex L obésité est causée par une balance énergétique excéden- taire chez des individus génétiquement économes et en déca- lage évolutif avec leur environnement alimentaire devenu surabondant [1,2]. Cet environnement est dit obésogène car il encourage à la fois la surconsommation daliments hyper- énergétiques et hyperpalatables, tels que les produits sucrés riches en sucres raffinés (PSRS) (ex. sodas, barres choco- latées, glaces), et linactivité physique (ex. motorisation du travail et du transport). La surconsommation de PSRS est motivée et entretenue par une conjonction complexe de plusieurs facteurs individuels et sociétaux : les effets hédo- niques et antistress puissants des PSRS ; lubiquité et lomniprésence des signaux incitant à la surconsommation de PSRS ; la quasi-absence de signaux opposés de modération ; la grande disponibilité et les prix relativement bas de ces produits ; etc [2]. Ces facteurs et leurs différentes inter- actions ont déjà fait lobjet de nombreuses revues de syn- thèse. La présente revue sera consacrée à un nouveau facteur dont limportance potentielle dans la surconsommation ali- mentaire à lorigine de lobésité na été prise en compte que très récemment par les scientifiques (Fig. 1). Cest laddic- tion à la nourriture en général (food addiction en anglais) et aux PSRS en particulier [3-9]. Cette revue cherchera à répon- dre aux différentes questions suivantes : Quel rôle laddiction à la nourriture et aux PSRS joue-t-elle dans le développement et/ou le maintien de lobésité ? Existe-t-il des similitudes biologiques entre laddiction aux drogues, laddiction aux PSRS et lobésité ? Quel est le potentiel addictif des sucres par rapport à celui des drogues (ex. cocaïne) ? S.H. Ahmed (*) Université Bordeaux-Segalen, Institut des Maladies Neurodégénératives, CNRS UMR 5293, 146 rue Léo-Saignat, 33000 Bordeaux, France e-mail : [email protected] Obésité (2012) 7:3-9 DOI 10.1007/s11690-012-0307-z

Sucres, addiction et obésité

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ARTICLE / ARTICLE

Sucres, addiction et obésité

Sugar, addiction and obesity

S.H. Ahmed

© Springer-Verlag France 2012

Résumé Après une analyse approfondie du concept médi-cal d’addiction, cette revue décrit les recherches récentessur l’addiction à la nourriture et aux sucres raffinés (ex.saccharose, fructose) et son rôle dans l’étiologie de l’obé-sité. Les recherches cliniques ont établi l’existence de cetteforme d’addiction dont la prévalence est particulièrementélevée chez certaines personnes obèses. L’addiction à lanourriture et aux sucres est corrélée à des altérations fonc-tionnelles dans les circuits du cerveau impliqués dansl’apprentissage par récompense, la motivation et le contrôledes impulsions. Ces altérations ressemblent à celles obser-vées dans l’addiction aux drogues (ex. cocaïne). Les étudesprécliniques chez l’animal ont montré que ces altérationsneurobiologiques peuvent être causées par la surconsom-mation chronique de produits riches en sucres (et/ou engraisses). Cependant, tous les individus (obèses ou non)ne développent pas une addiction à la nourriture et auxsucres, ce qui suggère la présence d’une vulnérabilitéinitiale dont l’origine reste à élucider. Pour citer cetterevue : Obésité 7 (2012).

Mots clés Addiction . Sucres . Cocaïne . Nicotine .Dopamine . Cortex orbitofrontal

Abstract This review begins with an in-depth analysis ofthe medical concept of addiction and then describes recentresearch on food and sugar addiction and its role in obesity.Clinical research has established the existence of an addic-tion to food and refined sugars (ex. sucrose, fructose)whose prevalence is particularly high in some obese peo-ple. Food or sugar addiction is associated with functionalchanges in brain circuits involved in reinforcement lear-ning, motivation and impulse control. These changes aresimilar to those seen in drug addiction (e.g., cocaine). Pre-

clinical research on animals has shown that these brainchanges can be caused by chronic overconsumption ofhigh-sugar (or high-fat) foods. However, not all individuals(obese or not) go on to develop food and sugar addiction,suggesting the presence of an initial vulnerability whoseorigin remains to be understood. To cite this journal:Obésité 7 (2012).

Keywords Addiction . Sugars . Cocaine . Nicotine .Dopamine . Orbitofrontal cortex

L’obésité est causée par une balance énergétique excéden-taire chez des individus génétiquement économes et en déca-lage évolutif avec leur environnement alimentaire devenusurabondant [1,2]. Cet environnement est dit obésogène caril encourage à la fois la surconsommation d’aliments hyper-énergétiques et hyperpalatables, tels que les produits sucrésriches en sucres raffinés (PSRS) (ex. sodas, barres choco-latées, glaces), et l’inactivité physique (ex. motorisation dutravail et du transport). La surconsommation de PSRSest motivée et entretenue par une conjonction complexe deplusieurs facteurs individuels et sociétaux : les effets hédo-niques et antistress puissants des PSRS ; l’ubiquité etl’omniprésence des signaux incitant à la surconsommation dePSRS ; la quasi-absence de signaux opposés de modération ;la grande disponibilité et les prix relativement bas de cesproduits ; etc [2]. Ces facteurs et leurs différentes inter-actions ont déjà fait l’objet de nombreuses revues de syn-thèse. La présente revue sera consacrée à un nouveau facteurdont l’importance potentielle dans la surconsommation ali-mentaire à l’origine de l’obésité n’a été prise en compte quetrès récemment par les scientifiques (Fig. 1). C’est l’addic-tion à la nourriture en général (food addiction en anglais) etaux PSRS en particulier [3-9]. Cette revue cherchera à répon-dre aux différentes questions suivantes : Quel rôle l’addictionà la nourriture et aux PSRS joue-t-elle dans le développementet/ou le maintien de l’obésité ? Existe-t-il des similitudesbiologiques entre l’addiction aux drogues, l’addiction auxPSRS et l’obésité ? Quel est le potentiel addictif des sucrespar rapport à celui des drogues (ex. cocaïne) ?

S.H. Ahmed (*)Université Bordeaux-Segalen,Institut des Maladies Neurodégénératives,CNRS UMR 5293, 146 rue Léo-Saignat,33000 Bordeaux, Francee-mail : [email protected]

Obésité (2012) 7:3-9DOI 10.1007/s11690-012-0307-z

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Le concept médical d’addiction :application à la surconsommation de sucre

On pourrait être tenté d’emblée de répondre par la négative àtoutes ces questions en faisant remarquer qu’il existe peu decas manifestes d’addiction aux sucres dans la littératuremédicale [10]. Cependant, en science, l’absence d’évidencen’est pas l’évidence de l’absence. L’exemple historique del’addiction au tabac a déjà démontré que la rareté manifestedes cas d’addiction peut dissimuler une véritable épidémie[11]. Il est donc possible qu’il en soit de même pour l’addic-tion aux PSRS. Mais avant d’aborder ce problème, il est utilede mieux définir le concept que recouvre le terme « addic-tion ». Aujourd’hui, on peut distinguer au moins deux usa-ges du terme « addiction ». Un usage commun qui dénotetout comportement gratifiant habituel mais dépourvu deconséquences négatives. Les individus parlent souvent, parexemple, de leurs petites habitudes ou manies personnellesen utilisant le vocable de l’addiction. Dans cette revue consa-crée au potentiel addictif des sucres, cet usage courant seraignoré. L’attention portera exclusivement sur son usagemédical considéré ici comme un synonyme interchangeabledu terme « dépendance ». Selon l’usage médical tel qu’il estcodifié dans le manuel statistique et diagnostique des trou-bles mentaux (4e édition révisée, DSM-IV-TR), l’addictionest un désordre psychiatrique caractérisé principalement parune perte de contrôle comportemental impliquant générale-

ment la consommation de drogues (ex. cocaïne) [12,13]. Undésordre psychiatrique est une condition psychologiquenégative résultant d’une dysfonction interne à l’individu[14]. Dans l’addiction aux drogues, la dysfonction corres-pond à une perte de contrôle de la prise de drogues. Sontdonc exclues de ce concept toutes conditions négatives maisnon-pathologiques qui peuvent plus simplement être expli-quées comme une réponse normale ou adaptative à unesituation ou un état anormal [15]. Dans le cas de l’addictionaux drogues, devraient être exclues les consommationsde drogues par défaut d’autres choix, pour faire face àdes situations sociales stressantes ou pour des raisonsd’automédication.

Le diagnostic actuel de l’addiction aux drogues est basésur la présence de critères comportementaux rapportés ver-balement par les patients eux-mêmes (Tableau 1). Il n’existeaucun critère objectif, biologique ou autre, permettant dediagnostiquer les addictions [16]. Quels que soient les critè-res envisagés, ils représentent presque tous des expressionscomportementales différentes de la perte du contrôle inhibi-teur de la prise de drogues (ex. critères 3-7). Cette dysfonc-tion des mécanismes de contrôle permet de distinguer lesnombreux usages non-pathologiques de drogues (évoquésci-dessus) de l’addiction en tant que désordre psychiatrique.Au plan subjectif, cette perte de contrôle peut se manifesterpar un conflit interne entre l’intention de s’abstenir – quel’on suppose authentique – et l’incapacité d’y parvenir. Sanscette intention propre à l’individu d’exercer un contrôle inhi-biteur sur sa consommation de drogues et le conflit qui enrésulte, il serait très difficile d’établir la présence d’une pertede contrôle et donc d’une addiction. Bien sûr, l’absenced’une intention d’arrêt ou de contrôle n’exclut pas laprésence d’une addiction ; elle nous empêche seulementd’en détecter la présence ou l’absence. C’est l’expériencevécue et réitérée de cette perte de contrôle qui poussecertains individus à rechercher une aide professionnelle.

L’intention de se contrôler ou de s’abstenir est générale-ment motivée par la prise de conscience des conséquencesnégatives de la consommation chronique de drogues. Cesconséquences négatives sont généralement d’ordre médical(ex. cancers ; infections) et/ou psychosocial (ex. abandondes obligations familiales et/ou professionnelles) [12,17].Si leur consommation de drogues n’avait aucune consé-quence négative, les individus n’auraient aucune raison des’abstenir et on ne parlerait pas d’addiction. Ces conséquen-ces négatives sont généralement difficiles à repérer et à pren-dre en compte par les individus car elles sont différées dansle temps (ex. plusieurs années s’écoulent entre l’initiation dutabagisme et l’apparition d’un cancer associé) et relative-ment incertaines (ex. la probabilité qu’un fumeur donnédéveloppe un cancer est inférieure à 1) [18,19]. Heureuse-ment, ces faiblesses cognitives individuelles peuvent êtrepalliées par la société qui peut identifier les risques associés

Fig. 1 Évolution du taux annuel des publications biomédicales

mentionnant les expressions « Food addiction » ou « Sugar addic-

tion » (courbe noire). Ces données ont été extraites de la base

de données du Web of Science (Thomson Reuters). On peut cons-

tater qu’après une longue période de stagnation autour de 0, ce taux

a augmenté brutalement à partir de 2008 (flèche pointée vers le bas),

suggérant une sensibilisation soudaine au problème. A titre de com-

paraison, cette figure présente également l’évolution du taux

annuel des publications biomédicales mentionnant les expressions

« Tobacco addiction » ou « Nicotine addiction » (courbe blanche)

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à certains comportements individuels (ex. en finançant desétudes épidémiologiques en santé publique) et, si nécessaire,inciter les individus à la modération ou à l’abstinence en lesinformant (ex. campagnes de sensibilisation ; taxes) ou enles y contraignant par la loi (ex. restriction des lieux de venteet de consommation) [20,21]. Par exemple, pendant trèslongtemps avant la découverte du lien causal entre le taba-gisme chronique et le cancer des poumons, « la fume » étaitvalorisée, les fumeurs fumaient librement avec insoucianceet le tabac n’était pas généralement perçu comme addictif[11]. Après la découverte de la dangerosité du tabac, lasociété a commencé à lancer des campagnes d’informationsur les dangers du tabac et a régulé sa disponibilité, lesfumeurs ont commencé à vouloir arrêter de fumer pouréviter ces dangers et beaucoup d’entre eux ont alors prisconscience qu’ils ne pouvaient pas s’abstenir sans aideextérieure [22]. Aujourd’hui, la distribution, la vente et laconsommation de cigarettes dans l’espace public sont étroi-tement régulées, les cigarettes sont considérées comme unproduit addictif très puissant (ex. 30 fumeurs sur 100 déve-loppent une addiction au tabac contre 15% chez les usagersde cocaïne) et des millions de fumeurs tentent chaque annéede s’abstenir [23]. On sait que le principe actif du tabac, lanicotine, affecte les mêmes circuits du cerveau que les dro-gues dures (ex. cocaïne) [24]. En résumé, l’addiction autabac existait bien avant la découverte des dangers du tabacmais son existence ne s’est manifestée que tardivementlorsque des millions de fumeurs prenant conscience des dan-gers encourus ont cherché à s’abstenir et ainsi expérimentéleur difficulté à y parvenir.

Cette analyse préalable du concept d’addiction permet demieux comprendre pourquoi l’absence de cas manifestesd’addiction aux PSRS ne doit pas être interprétée trop hâti-

vement comme une évidence de l’absence de cette formed’addiction. La raison en est simple : la société est encorehésitante sur la question de la dangerosité des PSRS et lessignaux qu’elle envoie aux individus sont ambigus [21].Alors que nous nous approchons d’une société sans tabac,la perspective d’une société sans PSRS semble pour l’heureutopique et carrément indésirable. Les PSRS sont ubiqui-taires et omniprésents [25]. Les parents récompensent etconsolent leurs enfants avec des PSRS. Les PSRS fontl’objet de nombreuses campagnes publicitaires dans lesmédias, ciblant souvent les plus jeunes [26]. Les signaux demodération sont rares et peu saillants. Il est vrai, cependant,que certains PSRS commencent à être surtaxés (ex. les sodasen France) mais on est encore très loin des taxes et desrestrictions sur le tabac. Dans ce contexte sociétal, lesconsommateurs de PSRS ont peu de raisons fortes de s’abste-nir et partant d’opportunité de prendre conscience de leur étatéventuel d’addiction. Il est donc difficile d’estimer la préva-lence réelle de cette forme d’addiction et par conséquent lepotentiel addictif des sucres. Une autre difficulté majeure estque les sucres raffinés n’apparaissent jamais seuls dans lesproduits alimentaires, y compris dans les PSRS. Ils sont leplus souvent accompagnés d’autres constituants alimentaires,rendant difficile la démonstration d’une relation causalespécifique entre sucres, addiction et obésité [10].

Similitudes neurobiologiquesentre obésité et addiction

Ces difficultés ont récemment pu être en partie surmontéesgrâce aux recherches comparatives entre individus obèses etindividus dépendants aux drogues, d’une part, et entre sucres

Tableau 1 Critères diagnostiques de la dépendance aux drogues.

1.Tolérance hédonique Besoin d’augmenter les doses pour atteindre les effets désirés

Diminution des effets procurés par la même dose

2.Syndrome de sevrage Syndrome caractéristique de la drogue consommée

Besoin d’utiliser la drogue pour éviter ou soulager le manque

3. Perte de contrôle* Consommation plus importante ou plus prolongée que prévue ou voulue

4. Difficulté à s’abstenir ou à limiter

la consomlation*

Effort persistant ou vain de stopper ou limiter la consommation de drogue

5. Trop de temps consacré à la drogue Trop de temps passé à rechercher, à obtenir et/ou à récupérer des effets

de la drogue

6. Abandon des autres activités Consommation excessive de drogue au détriment des autres activités

(sociales, professionnelles et/ou récréatives)

7. Usage persistant malgré les conséquences

négatives*

Persistance de la consommation malgré la connaissance des problèmes

physique ou psychologique qu’elle cause ou aggrave

Ces critères sont traduits de la 4e révision du manuel statistique et diagnostique des troubles mentaux de l’association américaine

de psychiatrie (DSM-IV-TR).* : Observé également dans l’obésité. D’après Ahmed et al. 2011.

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et drogues d’abus, d’autre part [27]. Ces recherches ontrévélé d’importantes similitudes et ont apporté la preuved’une addiction à la nourriture dans l’obésité et donc parextension d’une addiction possible aux sucres. Première-ment, grâce à la neuroimagerie fonctionnelle, Gene-JackWang, Nora Volkow et leurs collègues du BrookhavenNational Laboratory, à New York, ont montré au début desannées 2000 l’existence d’altérations cérébrales communesdans l’obésité et l’addiction aux drogues (ex. cocaïne)[28,29]. Ils ont observé notamment une baisse des récepteursdopaminergiques de type D2 dans le striatum (STR) dorsalcorrélée à un hypofonctionnement métabolique basal duSTR et du cortex orbitofrontal (COF) [28, 30] (Fig. 2). Demanière intéressante, bien que le COF et le STR soient hypo-actifs en conditions de base, ils deviennent hyperactifs quandles personnes obèses (ou dépendantes aux drogues) désirentconsommer de façon anticipatoire des PSRS (ou des dro-gues) [31,32]. Cette hyperactivité pourrait expliquer l’attrac-tion et la préférence irrésistibles pour ces produits.

Les similitudes entre les altérations neurobiologiquesdans l’addiction aux drogues et l’obésité suggèrent mais nedémontrent pas que l’addiction à la nourriture ou aux sucresjoue un rôle étiologique majeur dans l’obésité. Pour testercette hypothèse, Ashley Gearhardt, Kelly Brownell et leurscollègues à l’université de Yale aux Etats-Unis ont déve-loppé une nouvelle échelle permettant d’adapter et d’opéra-tionnaliser le diagnostic de l’addiction aux drogues aux com-portements alimentaires (Tableau 1) [4, 33]. Grâce à cetteéchelle, appelée échelle d’addiction à la nourriture de Yale(EANYou YFAS en anglais), ils ont estimé pour la premièrefois la prévalence de l’addiction à la nourriture à partir d’unéchantillon d’étudiants de niveau universitaire et corrélé lescore d’addiction avec le poids corporel des individus. Laprévalence de l’addiction mesurée par l’EANY s’élève àenviron 12%, ce qui est comparable, par exemple, à la pré-valence de l’addiction à la cocaïne (12-16%) chez les usa-gers de cette drogue [4,33]. De manière importante, cetteprévalence augmente à 57% chez des individus obèses souf-frant de troubles du comportement alimentaire, suggérantune implication possible de l’addiction dans l’obésité [34].Enfin, plus récemment, la neuroimagerie fonctionnelle amontré que le score EANYest corrélé avec une hyperactivitédu COF médian pendant l’anticipation d’une consommationde nourriture palatable (i.e. un milkshake à base de glace etde sirop de chocolat) mais avec une chute d’activité dans leCOF latéral pendant la consommation de cette même nour-riture [35]. Dans l’addiction aux drogues, l’hyperactivité duCOF médian est associé au désir impérieux de drogues (oucraving) alors que l’hypoactivité du COF latéral est plutôtassocié à une diminution du contrôle inhibiteur pendant laconsommation de drogues [36]. Il existe donc au niveau del’activité du COF un parallélisme frappant entre addictionaux drogues, obésité et addiction à la nourriture.

Développement d’un état d’addiction suiteà une surconsommation de sucre

Ces données posent cependant l’éternel dilemme de l’œuf etde la poule. Les altérations neurobiologiques associées àl’obésité et/ou à l’addiction à la nourriture sont-elles la causeou la conséquence de la surconsommation de PSRS, ou lesdeux [27] ? En d’autres termes, ces altérations démontrent-elles que ces nourritures sont addictives ? Pas nécessaire-ment. On pourrait en effet imaginer que ces altérations pré-existent et prédisposent à la surconsommation de PSRS chezcertains individus vulnérables, remettant en cause la notiond’un pouvoir addictif intrinsèque des sucres. Pour résoudrece dilemme, il faudrait idéalement réaliser une étude de suivilongitudinal en double-aveugle avec au moins deux groupesd’individus sélectionnés au hasard, l’un exposé à une dièteriche en produit soupçonné être addictif (les sucres raffinés

Fig. 2 Schéma du cerveau humain montrant les différentes régions

corticale et sous-corticale ainsi que les différents circuits neuronaux

(en anglais) impliqués dans l’apprentissage par récompense,

la motivation et le contrôle inhibiteur des impulsions. Le striatum

dorsal et le noyau accumbens régulent les aspects hédoniques,

motivationnels et moteurs du comportement alimentaire. Le fonc-

tionnement de ces régions est modulé par des projections dopami-

nergiques en provenance du mésencéphale ventral (aire tegmentale

ventrale et substance noire). L’activité des neurones dopaminergi-

ques guide l’apprentissage par récompense et module la saillance

motivationnelle des stimuli associés à la palatabilité de la nourriture.

Enfin, le cortex orbitofrontal intervient dans les processus d’éva-

luation hédoniques à la base des choix et des préférences alimen-

taires. En concert avec d’autres régions du cortex préfrontal, il joue

aussi un rôle dans le contrôle inhibiteur des impulsions. D’après

Kenny 2011

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dans le cas qui nous occupe), l’autre à une diète témoinnonaddictive. Il est bien sûr difficile pour des raisons éthiqueet technique de réaliser ce type d’expériences chez l’homme.Heureusement, ces expériences ont été réalisées dans desmodèles animaux relativement proches de l’homme, telque le rat (ou la souris) [27, 37, 38]. Ces études chez l’animalont permis pour la première fois de démontrer que laconsommation de sucres active les différentes composantesde la neurocircuiterie de la récompense et de la motivation(DA, COF et STR) – observation confirmée ultérieurementchez l’homme grâce à la neuroimagerie fonctionnelle [39,40]. Ces études ont permis d’aller plus loin dans la compré-hension des mécanismes neurobiologiques impliqués,conduisant ainsi à la découverte de nouveaux phénomènesnon encore observés chez l’homme [41]. Par exemple,l’utilisation de souris génétiquement rendues insensibles augoût sucré a permis de montrer que l’activation des neuronesDA accompagnant la consommation de sucres dépend dedeux mécanismes indépendants : l’un dépendant des cellulesréceptrices du goût sucré présentes dans les papilles gustati-ves buccales, l’autre des récepteurs neuronaux au glucoseprésents dans l’hypothalamus latéral [42]. L’activation desneurones DA par la stimulation des cellules du goût sucrésurvient immédiatement pendant l’ingestion de sucres tandisque l’activation des neurones DA par les récepteurs au glu-cose survient plusieurs minutes après l’ingestion [42]. Chezles souris rendues insensibles au goût sucré, cette activationpostingestive tardive est indispensable à l’apprentissaged’une préférence pour les sucres. Sans elle, les souris insen-sibles au goût sucré sont incapables de choisir entre deuxsolutions, l’une contenant un sucre, l’autre un édulcorantnon-calorique, celle contenant le sucre [42]. Si elle était avé-rée chez l’homme, cette activation postingestive tardive desneurones DA pourrait influencer à notre insu nos préférencesvis-à-vis des produits contenant des sucres rajoutés. De plus,les études chez le rat ont également révélé que la consomma-tion de sucres provoque aussi la libération de peptides opioï-des (ou « morphines endogènes ») dans le STR ventral [43].Une fois libérés, ces peptides seraient responsables de lasensation hédonique intense du goût sucré qui se manifestechez l’animal comme chez le nouveau-né humain par desmimiques faciales mesurables [44]. En effet, le blocage phar-macologique ou l’invalidation génétique de certains récep-teurs opioïdes atténue, voire abolit, ces mimiques faciales ets’accompagne parallèlement d’une baisse de la consomma-tion de sucres. Pour rappel, ces récepteurs sont la cible prin-cipale dans le cerveau de l’héroïne et de la morphine [45].Enfin, comme chez l’homme, la consommation de sucresactive les neurones du COF chez le rat [46].

Les études chez le rat et la souris démontrent clairementque la consommation de sucres active la neurocircuiterie del’apprentissage par récompense et de la motivation. Enrevanche, en tant que telles, ces études ne nous disent rien

sur le potentiel addictif des sucres. En effet, cette activationest non seulement biologiquement normale mais aussi vitaledans l’environnement naturel [27]. Comment cette activa-tion naturelle peut-elle devenir addictive ? Sans doute enpromouvant et en entretenant la surconsommation de PSRSdans un environnement artificiel où ces produits sont ubiqui-taires et omniprésents. En effet, des rats soumis à un régimeriche en sucres (fructose, saccharose) pendant plusieurssemaines développent progressivement une tolérance etune dépendance aux sucres comparables à celles associéesà la surconsommation chronique d’héroïne ou de morphine[40]. Lorsqu’ils sont sevrés de sucres, les animaux tolérantset dépendants expriment un syndrome de manque caractérisépar un état dysphorique et anxieux [47]. Au plan neurobio-logique, cet état de manque est couplé à une chute de la DAdans le STR ventral, sans doute responsable de l’état dys-phorique, et d’une augmentation des neuropeptides du stressdans des régions du cerveau impliquées dans les effets affec-tifs négatifs du manque de drogue [48, 49]. L’évitement deces modifications neurobiologiques aversives associéesau manque pourrait expliquer le maintien de la surconsom-mation de sucres et peut-être même contribuer au dévelop-pement d’une consommation compulsive. En effet, aprèsexposition chronique à du chocolat qui, bien que très sucré,ne contient pas que du sucre, des souris acceptent d’endurerdes décharges électriques que des souris normales ne tolère-raient pas pour obtenir plus de chocolat [50]. La persistancede la consommation malgré ses conséquences négatives sug-gère la présence d’une consommation compulsive [51, 52].De manière importante, des effets comportementaux et neu-robiologiques similaires ont été également observés chez desanimaux devenus obèses après avoir été soumis pendant plu-sieurs semaines à un régime riche en graisses et en sucres(charcuterie, fromage, crèmes, barres chocolatées) suggérantque les sucres ne doivent pas être seuls mis en cause dansl’addiction à la nourriture [53].

Potentiel addictif du sucre comparéaux drogues d’abus

La surconsommation chronique de sucres peut donc conduirechez l’animal à un état comportemental et neurobiologiquecomparable à l’addiction aux drogues. Les sucres semblentdonc posséder un potentiel addictif. Mais quelle est l’intensitéde ce potentiel addictif ? Ce potentiel peut être évalué en lecomparant à celui d’une drogue standard dont le potentieladdictif est établi. Par exemple, dans une série d’expériencesrécentes, ce potentiel a été estimé en utilisant une procédure dechoix [54]. Des rats ont le choix entre boire de l’eau sucrée(contenant de la saccharine ou du saccharose) ou prendre unedose intraveineuse de cocaïne. De manière inattendue, faceà ce choix, la plupart des rats (environ 90%) développent

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rapidement une préférence pour l’eau sucrée et ce quelle quesoit la dose de cocaïne disponible [54]. La préférence pour legoût sucré apparaît même chez des rats sensibilisés aux effetsde la cocaïne et après une longue période d’exposition à ladrogue [54,55]. En fait, il est possible d’inverser la préférencedu sucre vers la cocaïne mais seulement en réduisant considé-rablement la concentration de l’eau sucrée (i.e. environ 100 foismoins que la concentration optimale) ou en augmentant consi-dérablement l’effort requis pour obtenir l’eau sucrée (i.e. envi-ron 10 fois plus que l’effort requis pour la cocaïne) [55]. Desrésultats identiques ont été obtenus récemment chez des ratsayant le choix entre du saccharose et de la nicotine [56]. Extra-polées à l’homme, ces données pourraient suggérer que lessucres ont un potentiel addictif plus élevé que certaines dro-gues d’abus. Cependant, il faut rester prudent. Les premièresestimations chez l’homme indiquent que l’addiction à la nour-riture ne touche qu’une fraction des individus, suggérant laprésence d’une vulnérabilité individuelle initiale [33]. Demême, tous les individus ne répondent pas de la même manièreaux PSRS et tous n’en surconsomment pas. Ces différencesindividuelles s’expliquent en partie par des différences généti-ques (ex. différents allèles du récepteur D2) [57] et neurobio-logiques (ex. réactivité différentielle préexistante du STR auxPSRS) [58-60]. Les recherches futures devront s’attacher àfournir de meilleures estimations de la prévalence des indivi-dus vulnérables à l’addiction aux PSRS et mieux définirl’origine de cette vulnérabilité individuelle [61].

Conclusions et limitations

En résumé, les recherches menées chez l’homme depuis ledébut des années 2000 ont apporté la preuve de l’existenced’une addiction à la nourriture et aux sucres dont la préva-lence est particulièrement élevée chez certaines personnesobèses. L’addiction à la nourriture et aux sucres est corréléeà des altérations fonctionnelles dans les circuits du cerveauimpliqués dans l’apprentissage par récompense, la motivationet le contrôle inhibiteur des impulsions. Ces altérations res-semblent à celles présentes dans l’addiction aux drogues. Defaçon générale, les études chez l’animal confirment ces obser-vations et montrent que ces altérations neurobiologiques sontau moins en partie causées par la surconsommation chroniquede diètes riches en sucres (et/ou en graisses). Cependant, tousles individus (obèses ou non) ne développent pas une addic-tion aux sucres et à la nourriture, ce qui suggère la présenced’une vulnérabilité initiale dont l’origine reste à élucider.

Cet article est resté principalement sur le terrain neurobio-logique pour mieux faire ressortir les nombreuses similitudesentre addiction aux drogues et au sucre chez l’animal et chezl’Homme. Cependant, chez l’Homme, il existe aussi des phé-nomènes psychologiques spécifiques, tels que, au premierchef, le phénomène de restriction cognitive [62, 63] qui pour-

rait expliquer au moins en partie certaines des anomalies neu-robiologiques décrites plus haut chez les sujets obèses. Larestriction cognitive touche certaines personnes au régimequi sont (ou ont été ou ont peur d’être) en surpoids [62]. Enclinique, la restriction cognitive et son corolaire la « transgres-sion » mime en partie la phénoménologie de l’addiction etconcerne principalement la consommation de produits sucrésdont la consommation est souvent considérée comme « inter-dite » du fait de ses effets «obésogènes». En effet, quand lapersonne restreinte cognitivement transgresse l’interdit et suc-combe à l’attrait de ces produits, elle se comporte selon unmode compulsif suivi de culpabilité voire d’angoisse [62, 63].Le rôle de la restriction cognitive (versus de l’addiction) dansles altérations neurobiologiques associées à l’obésité mérite-rait donc d’être étudié dans le futur.

Remerciements : Je remercie le Centre National de laRecherche Scientifique, l’Université Bordeaux-Segalen,l’Agence Nationale pour la Recherche, la Mission Intermi-nistérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie et leConseil Régional D’Aquitaine pour leur soutien financier. Jeremercie le Dr Sallouha Aidoudi, Caroline Vouillac et YounaVandaele pour leurs commentaires sur cet article.

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