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SUR L'ÉPITAPHE DU ROI DE SIDON ESMUNAZAR

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Page 1: SUR L'ÉPITAPHE DU ROI DE SIDON ESMUNAZAR

SUR L'ÉPITAPHE DU ROI DE SIDON ESMUNAZARAuthor(s): A. JudasSource: Revue Archéologique, 13e Année, No. 2 (OCTOBRE 1856 A MARS 1857), pp. 458-480Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41746393 .

Accessed: 21/05/2014 05:06

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Page 2: SUR L'ÉPITAPHE DU ROI DE SIDON ESMUNAZAR

SÜR L'ÉPITAPHE

DU ROI DE SIDON ESMDNAZAR.

Après les onze auteurs justement renommés (1) qui, dans le nou- veau comme dans l'ancien monde, se sont occupés déjà du pré- cieux monument dont notre Musée doit la possession à la noble munificence de M. le duc de Luynes et dont la première explication émane aussi de ce sagace et savant académicien; après le dernier auteur surtout, M. Munck, qui, dans un travail très-remarquable, semble n'accorder la faculté de traiter sainement des matières affé- rentes à la langue phénicienne qu'aux hébraïsants, expression dont je ne comprends pas bien les limites , mais qui est explicitement, en divers endroits, dirigée contre moi, il y a peut-être témérité de ma part à venir soulever des doutes sur plusieurs des explications données et proposer des vues différentes. J'aurais cédé à cette ré- flexion , si la remarque ne m'était venue que, pour ne parler que des morts, Hamaker, professeur de langues orientales à l'Académie de Leyde, et Gesenius, dont je n'ai pas besoin d'exposer les titres, étaient sans doute admis parmi les hébraïsants, et néanmoins d'un commun accord on rejette plusieurs de leurs interprétations de textes phéniciens ; que, par conséquent, cette qualification magis- trale ne couvre pas une autorité infaillible : si , d'un autre côté, dans le même cahier du Journ. asiat . qui contient le mémoire de M. Munck, je n'avais, à la p. 412, trouvé sous la plume d'un autre juge non moins compétent (2) cette appréciation plus encoura- geante : « Les personnes qui connaissent les difficultés des études phéniciennes savent quelles obligations il faut avoir à ceux qui s'en- gagent les premiers sur ces terres inconnues. •>

En reportant souvent mon attention sur les sujets traités dans mes publications antérieures et en étudiant les monuments plus récemment découverts, j'ai moi-même reconnu la plupart, je pense, des erreurs dans lesquelles je suis tombé ; j'en ai signalé plusieurs

(1) Voy. Barges, Mém . sur le sarcoph. et sur Vinscript. funéraire ďEschmuneser , p. 2 et 3; Derembourg, Journ . asiat., ve série, t. VII, p. 260; Munck, ibid., p. 273-315. - M. Et. Quatremère, J. des Sav., mai 1856. (2) Ernest Renan, Obs. sur une inscription arameenne du Sérapéum de Mem-

phis; ibid p. 407-427.

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SDR L'ÉPITÀPHE DÛ ROI DE SIDON ESMUNAZAR. 459

dans un travail partiellement imprimé sur les monnaies puniques (1) et dans un mémoire manuscrit qui est entre les mains du savant secrétaire de la Société asiatique (2) ; les circonstances m'y amenant, je n'hésiterai pas à continuer les rectifications , et le présent mé- moire va , par exemple, m'en fournir l'occasion sur deux points. Mais, par contre, je me suis confirmé dans quelques idées qui n'ont pas obtenu faveur auprès des hébraïsants, et l'inscription de Sidon me suggérera aussi de nouveaux arguments pour les ap- puyer.

Voici comment je divise le texte phénicien de cette inscription et le traduis aussi littéralement que possible.

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oSyS ayiri nana aiKm kh roSnnn ppn Sk aurrpn aaSK

(1) Bulletin archéologique , 1855. (2) Mém. sur la langue berbère et sur une série d'inscriptions puniques» dont

plusieurs sont inédites.

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460 RBVUE ARCHÉOLOGIQUE. « Dans le mois de Bul, en l'an quatorze XIII I du règne de moi,

« Melec Esmunazar, roi des Sidoniens, fils de Melec Tabnit, roi des « Sidoniens,

« A parlé Melec Esmunazar, roi des Sidoniens, pour dire : « J'ai été enlevé avant mon temps, âgé d'un petit nombre de

« jours, lorsque j'ai été jeté, privé de fils, à la mort; et je suis « couché dans ce caveau et dans ce sépulcre, dans le lieu que j'ai « construit.

« Adjuration. Que toute autorité même et tout homme s'abstienne « d'ouvrir l'entrée de ce lit et qu'il ne cherche point intérieurement « de trésor, car il n'y a point intérieurement de trésor ; et qu'il « n'enlève pas la porte du caveau de mon lit et qu'il ne place pas « sur l'éminence de ce lit la chambre d'un second lit.

« Que si un homme quelconque te parle différemment, n'écoute « point son mensonge, car toute autorité ou tout homme qui aura « ouvert la chambre supérieure de ce lit, ou qui aura enlevé la « porte du caveau de mon lit, ou qui aura surchargé l'éminence de « ce lit, qu'il n'y ait point pour lui de lit dans la foule des morts et « qu'il ne soit point enseveli dans un sépulcre, et qu'il n'y ait pour « lui ni fils ni postérité à sa place , et puisse l'exclure des Alonim « saints parmi les mânes d'élite le Puissant qui a empire sur lui « pour lui interdire l'entrée ! Autorité ou homme ordinaire que soit « celui qui aura ouvert la chambre supérieure de ce lit, ou qui aura « enlevé la porte de ce caveau ou cette porte-ci , c'est un impie ; « autorité soit-il , ou homme de la foule , qu'il n'y ait pour lui ni « racine en bas, ni fruit en haut, ni figure parmi les vivants sous « le soleil.

« D'un côté, je suis digne de compassion; j'ai été enlevé avant « mon temps, âgé d'un petit nombre de jours, lorsque j'ai été jeté, « privé de fils , à la mort ; d'un autre côté , c'est moi , Esmunazar, « roi des Sidoniens, fils de Melec Tabnit, roi des Sidoniens, fils du « fils de Melec Esmunazar, roi des Sidoniens, et ma mère Amastarté, « prêtresse d'Astarté , notre maîtresse , la reine , fille de MeJec Es- « munazar , roi des Sidoniens , qui avons bâti la porte du temple « des Alonim , la porte du temple de Melqart dans Sidon, partie « maritime, et avons aplani la porte d'Astarté, œuvres admirables ; « et nous qui avons construit un temple à Esmun , asile du pauvre « infirme , sur la montagne , et l'avons fait habiter , œuvres admi- « rabies ; et nous qui avons édifié des temples à l'Alon des Sido- « niens dans Sidon, partie maritime ; un temple à Baal -Sidon, et « un temple à Astarté, œuvre digne de Baal : et la cité nous a donné

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SUR l'épitaphe du roi de sidon esmunazar. 461

« la Base du roi en dehors de la porte de Dor et les beautés des a terres à blé magnifiques qui sont dans la plaine de Saron , pour « rendre plus résistants les moyens de protection que j'ai établis, « et nous y avons ajouté une élévation, limite du terrain, afin de « les rendre inviolables de la part des Sidoniens à toujours.

a Adjuration. Que toute autorité même et tout homme évite a d'ouvrir ma chambre supérieure et qu'il ne détruise pas ma « chambre supérieure, et qu'il ne charge pas l'éminence de ce lit, « et qu'il n'enlève pas la porte du caveau de mon lit, afin que El ne « l'exclue pas des Alonim saints et ne l'éloigné pas, ou autorité « soit-il ou homme de la foule, et qu'il ait des descendants à perpé- « tuité ! »

Si l'on considère ďabord l'ensemble de cette traduction, on y reconnaît, si je ne me fais illusion, une unité parfaite et un déve- loppement logique. Ce n'est plus une redondance confuse des im- précations contre les violateurs du tombeau. Le roi, après un court protocole pour se faire connaître et indiquer la durée de son règne, ainsi que celle de sa vie , réclame d'abord purement et simplement le respect de sa sépulture; puis il appuie cette adjuration en lan- çant d'une part contre les profanateurs des menaces ou malédic- tions fondées sur les actes de sa vie qui , après lui avoir mérité la reconnaissance de la cité, lui font espérer la protection des dieux, et, d'une autre part, en adressant des vœux ou des bénédictions pour ceux qui se garderont de toute violation. Dans chacun de ces mouvements , les détails principaux sont reproduits , comme dans la plupart des langues antiques en des circonstances analogues, mais avec un soin particulier de varier les tours d'expression et en abrégeant à mesure que Von marche vers la fin, ainsi qu'on le re- marque, suivant une observation de M. Movers, dans différents chapitres du Pentateuque et dans l'inscription de Marseille. Les dé- tails sont tous en harmonie avec le fond du sujet : simplex duntaxat et unum.

Pour justifier ces détails , il faut entrer dans l'examen linguis- tique du texte ; je le ferai aussi brièvement que possible, car, après les travaux auxquels ce texte a déjà donné lieu, il est plusieurs points sur lesquels il n'est plus nécessaire d'insister, ni même de s'arrêter.

Ainsi, en ce qui concerne la première période, je me bornerai à faire remarquer, d'une part, la curieuse précaution d'exprimer les nombres à la fois en toutes lettres et en chiffres , précaution qui se montre pareillement dans l'inscription de Marseille ; d'une autre

xi». 30

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462 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

part, dans la notation en chiflres, la séparation des unités, jusqu'à 9 inclusivement, en groupes de trois, ce qui existe aussi dans la première inscription de Citium (1), sur un grand nombre de mé- dailles de Phénicie, notamment d'Aradus, sur quelques monnaies de Carthage et sur les lions de bronze assyriens (2). C'est probable- ment pour avoir négligé cette observation que M. Turner (3) n'a assigné que treize ans de durée au règne de notre monarque , la quatrième barre verticale, marque de la quatrième unité après 10, étant séparée par un intervalle plus grand que celui qui existe entre chacune des trois autres.

Dans la période suivante, j'adopte, pour la première moitié de la troisième ligne, l'heureuse interprétation de MM. Bargès et Munck en ce qui concerne wy ta (4), et, pour le reste, celle du second de ces auteurs , excepté rwgr. La métathèse dans ipo me paraît d'au- tant plus vraisemblable qu'il existe en hébreu deux synonymes ré- sultant d'une transposition pareille dans une racine organiquement fort analogue, "po et nos , texit , protexit, Dans le groupe lu n>m par M. Munck, la première figure, à ne s'en rapporter qu'à l'appa- rence matérielle, indique certainement un resch, comme l'a vu M. le ducdeLuynes, plutôt qu'un daleth. Cependant l'explication de M. Munck est d'autant plus séduisante qu'elle est en concor- dance avec un passage d 'Isafe, xxxviii, 10, qui a un rapport frap- pant avec celui de notre épitaphe, savoir le commencement du can- tique du roi Ezéchias au sujet de la fin prématurée dont il s'était vu menacé par une maladie mortelle : .„*d> to, «J'avais dit: Dans la coupure de mes jours, je vais aux portes de l'enfer... » Et l'on doit reconnaître qu'à la ligne 9, dans D«np, le daleth est al- longé comme un resch. Mais dans le passage parallèle de la treizième ligne, l'apparence du resch est reproduite : or, comme avec cette valeur on obtient aussi un sens très-approprié avec une forme ver- bale semblable à celle que M. Munck adnjet pour n>o*t, j'ai été jeté ... vers la mort, j'ai été précipité ... dans la mort, je préfère me tenir à la réalité matérielle que de recourir à une rectification

(1) Duc de Luynes, Numismatique des satrapies , 110-120. (2) Layard, Niniveh and Babylon% p, 60Ç, et duc de kuynes, Mém. sur le sarcoph

p. 81. (3) Journ . of the Amerio * Orient . society , t. I,n° 1 ; New-York, 1855. (4) Cette interprétation était venue à la pensée de M. Dietrich; on a lieu de

regretter qu'il n'y ait pas donné suite. Je saisis cette occasion pour reconnaître combien le trayait de cet auteur, si rapidement achevé, est remarquable par l'érudition.

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SÜR ťÉPITAPHE DO ROI DB SIDON ESMÜNAZAR. ^63

hypothétique. J'ajouterai, au sujet du verset précité d'Isaïe, cette curieuse remarque que là aussi il paraît avoir existé du doute sur la nature de la seconde lettre de imi, puisque la traduction des Septante 'Ev tS îtyst indique qu'ils y ont vu un resch.

Au commencement de la troisième période, »njp est le mot çhal- daïque innp indiqué par M. le duc de Luynes d'après Buxtorf ; le iod final me paraît donc n'être pas nécessairement un affixe prono- minal. Le sens est celui de la glose rapportée par le célèbre lexico- graphe, savoir celui de nSi* , malédiction, dans le verset 21, ch. v des Nombres , chapitre qui, en ce qui concerne les imprécations de la zélotypie, a une si grande analogie de forme avec notre épitaphe, à la différence près que, dans le premier cas, on suppose des faits accomplis, dans le second des actes à effectuer : de part et d'autre, dans l'hypothèse de l'exécution, menace de malheurs déterminés ; dans l'hypothèse de la non-exécution, exemption de ces malheurs et promesse d'une postérité.

rotan ta et ma Sa me paraissent, comme & M.Munck, insépa- rables en ce point, de même que dans les passages suivants où ces mots sont rapprochés. En outre , je pense qu'ici comme plus loin aussi, ils sont sujets du même membre de phrase ; par conséquent rw, qui les précède, ne me semble pas marquer un rapport de ré- gime avec rçap; il commence la proposition ainsi que dans Da,n., ix, 13 : wSy aw win njnn ta n«, et cette forme peu commune a sans doute pour objet de donner plus de solennité à l'adjuration.

Dans un premier travail projeté en février dernier , et dont plu- sieurs personnes ont eu communication , j'appuyais le sens oppo- sitif reconnu par divers interprètes entre rctaa et din sur le com- plément nono, qui précise la signification en deux endroits, lignes 11 et 22. Mais je n'assimilais point ce mot, comme MM, Derem- bourg et Munck, à o^rra , car, d'une part, le singulier serait difficile à expliquer ; d'une autre part, n>na implique plutôt un sens restric- tif que général. Je tirais non , à peu près comme M. Bargès l'a fait, dans un post-scriptum, de rran, bruire, être agité, tumultueux , d'où nvan ttwn, Prov., i, 21, In capite tumultuantium, i. e. turbarum, qua; strepere et tumultuosa esse soient, de même qu'en latin turba de turbari; on peut rapprocher de ce thème les congénères jqn, yran(t).

(l)M.Dietrich a fort justement fait remarquer l'identité de cetteloeution nOTODTK avec celle qui commence la 17* ligne dans l'inscription de Marseille, TOTO DÌNH* Comment MM. Bargès et Munck ne lui ont-il pas reconnu le bénéfice de cette

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464 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. Dans la suite de la même période et dans les deux suivantes se

présente souvent un mot qui me semble avoir égaré tous les inter- prètes, c'est rm On le regarde unanimement comme équivalent à l'hébreu nx , particule de régime : je le considère comme signifiant entrée , et par extension porte. Il est indispensable de développer les motifs de mon opinion ; je le ferai néanmoins aussi succinctement que possible.

1° La particule m, telle qu'elle s'écrit en hébreu, existe expres-

observation? M. Munck, en outre, n'élude-t-il point par une vague échappatoire l'aveu qu'il s'est trompé dans l'inscription de Marseille ? Pour moi , qui suis pénétré de cette maxime : Errare humanum est , perseverare diabolicum , je ne balance pas à déclarer que je suis tombé en une grande erreur dans ce passage de l'inscription de Marseille , erreur qui a pour point de départ la méprise signalée avec raison par M. Bargès , et par suile de laquelle j'ai mis à l'avant-dernière lettre un schin au lieu d'un mem. Voici comment j'entends aujourd'hui les 16e et 17e lignes : « Tout lépreux et tout teigneux et tout étranger isolé , et tout homme qui offrira un sacrifice (de délit et de péché donnera, suivant qu'il sera personnage d'un rang élevé) ou homme de la foule la taxe pour chaque sacrifice selon la mesure établie dans l'ordonnance.... » On voit que je maintiens à la 16e ligne le pluriel DQÌN , nonobstant cet anathème de M. Munck, Journ. asiat., ive série, t. X, p. 515: « Le pluriel que M. Judas croit trouver ici est inadmissible et répugnera au sentiment de tout hébraïsant. DÌN étant primitivement chez les Hébreux le nom propre du premier homme, le pluriel de l'appellatif DIN ou DIN p s'exprime toujours par DTK filii Adami. Il est même fort douteux que le mot DIN , homme , appartenant primitivement à la cosmogonie hébraïque, ait existé chez les Phéniciens.... » M. Munck reconnaît aujourd'hui par la force des choses que ce doute était mal fondé. Quant à la répu- gnance des hébraïsants, elle ne paraît pas si grande que le proclame le savant critique, puisque M. Bargès, professeur de langue hébraïque à la Faculté de théo*- logie de Paris, avait adopté cette forme dans sa traduction de l'inscription de Marseille ( Temple de Baal , etc., p. 55 et 58) et qu'il la reproduit en l'appuyant énergiquement dans son Mém. sur le sarcoph ., p. 18; puisque M. Derenbourg, dont les connaissances dans les idiomes sémitiques sont bien connues, a dit, Journ. asiat. IVe série, t. VII, p. 262: « .... Le pluriel D0)DÌK, d'après D">D2n , pourrait bien avoir existé en phénicien. Nous proposerions, d'après cela, de lire, ligne 6 : D(^)DÎN DN , quand même des hommes.... » Dans la langue persane moderne, on dit Ademha, les hommes . M. Munck ajoute : a Quoi qu'il en soil, M. Judas aurai dù suppléer un T à la fin de la ligne interrompue, et lire irW , afin de mettre d'accord le verbe avec le pluriel DQÌN. » J'en demande pardon au docte hébraï- sant; quelque penchant que j'aie à déférer à ses décisions, je ne puis y céder ici, non que matériellement l'addition ne fût très-facile, puisque la cassure de la pierre permet toute supposition; mais le principe même me paraît inadmissible. D'abord, d'une manière générale, il serait inexact de prétendre que, lorsque bï est suivi d'un génitif pluriel, l'attribut doit toujours s'accorder avec le génitif; M. Munck n'ignore assurément pas que le contraire a lieu dans plusieurs passages de la Bible,

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SUR l'épitáphe du roi de sidon esmunazar . 465

sèment aux lignes 4, 8, 9, 20, ou, au moins, aux lignes 8 et 9 ; d'où viendrait le double emploi de rw et de nw ?

2° rpN , soit dans la troisième et la cinquième période, où il s'ap- plique à des détails identiques, soit dans la quatrième, où il est question des œuvres d'Esmunazar, ne se présente que dans des circonstances restreintes, exclusives. Ainsi, dans l'exposition plu- sieurs fois répétée des actes de profanation dont il s'agit ici, l'on voit toujours rPN devant nSn, jamais devant nSy, bien que les con-

nolamment Nah. m, 7. En second lieu, au point de vue spécial du texle punique, le rapport logique prévalant sur le rapport grammatical exige que le verbe soit au singulier. En effet, il ne s'agit pas de tous les hommes réunis, de la totalité des hommes sacrifiant à la fois; il n'est question chaque fois que d'un d'entre les hommes, si je puis ainsi parler, omnis hominum : le sens propre est chacun des hommes qui sacrifiera .... Il est donc plus rationnel de meltre le verbe au singulier comme se rapportant à une expression distributive. A la page 280 de son dernier mémoire, M. Munck revient, sans que cela fût peut-

être bien nécessaire, sur un autre point de ma traduction de l'inscription de Mar- seille, en ces termes : a Je persiste à croire que, dans la ligne 14 de l'inscription de Marseille, tout hébraïsant (toujours ce mot formidable!) reconnaîtra l'impossibilité absolue d'admettre la traduction de M. Judas, complètement en opposition avec toutes les règles de construction des langues sémitiques; car, comme je l'ai dit (voy. loe . cit., p. 508), ces règles auraient exigé que le verbe dont DÌM , hommes , est supposé être le sujet , fût placé immédiatement après le pronom relatif UN, » A l'endroit auquel il renvoie, M. Munck avait dit : « Les mots rDïS DÌN WN ont été rendus par M. Judas par qu'un homme à sacrifier , supposant que la partie qui a disparu de cette ligne renfermait un verbe dont DÌN , un homme , était le sujet; mais les règles de la construction hébraïque auraient exigé, etc. » M. Munck me prête une supposition gratuite; je n'ai rien énoncé de semblable et je ne lé pouvais point, car telle n'a pas été ma pensée. Le verbe est ruï conservé dans la partie subsistante de la ligne et qui n'est séparé du régime UM que par le sujet DIN. Comme je l'avais dit deux ou trois lignes plus haut, les 8 dernières lignes de l'in- scription, la 14e comprise, par conséquent, par suite de leur état fragmentaire et de leur construction isolée, ne présentent que des sens incomplets, décousus, obscurs. Pour ces motifs, je m'étais borné à présenter la traduction la plus littérale possible, me reposant sur la bienveillance des lecteurs pour ne pas craindre qu'on pensât que j'offrais ces mot à mot comme des phrases régulières. Dans le cas parti- culier dont il s'agit ici, je devais compter sur la sagacité des hébraïsants, car il me semblait facile à eux surtout de comprendre que le membre de phrase DÌN nifS UM est, dans mon opinion, analogue à celui-ci : ìtfQìPn Wl, et le soleil était sur le point de se coucher. Dans notre membre de phrase, il faut, suivant une règle admise, sous-entendre le verbe substantif après U7N; l'expression est ainsi très-correcte et elle se rend fort convenablement par .... qu'un homme est dans l'intention de sacrifier , veut sacrifier. Je le répèle, ces explications ne m'a- vaient point paru nécessaires, car je supposais qu'on chercherait le motif le plus raisonnable de mon énonciation, et que celui-ci ne pouvait échapper.

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466 MVtíÉ ASCHÉOlOGtQÜg. ditioňs grammaticales Soient, pour le reste, similaires. M. Bargès l'a bien senti, puisqu'il dit à la p. Í9 : « La raison déterminante qui m'empêche de prendre ici rby pour un substantif et de le traduire par operculum ou tout autre mot, c'est l'absence de la préposition WN , qiii partout ailleurs sert d'intermédiaire et de lien entre le verbe et son complément direct , quand cehii-ci est pris dans un sens déterminé , comme dans ces phrases : r»wtì rPN nr©» ,

nini JVN Sn. » Aussi est-il obligé de donner à rby un sens qui me paraît forcé et inadmissible, malgré les analogies spé- cieuses sur lesquelles il est appuyé, car aux lignes 21 et 22, rhy suivi du suffixe pronominal de la première personne singulier, est évidemment substantif.

3* Dans ce membre de phrase sswů rbn rrw en faisant de ma la part. acc. et non un substantif, il faut, comme ťa dit M. Munck, faire de nSn un objet portatif, en vertu de la puissance essentielle du verbe ; mais alors, outre qu'il y a un pléonasme dans l'emploi des deux mots ïiSn et rottü, c'est la signification radicale du premier de ces noms qui est altérée, car, de l'aveu du même savant, cette signification, émanée du verbe Sta, est creuser, et le substantif correspond à l'hébreu n^na , cavité , caverne. Cela n'im- plique pas l'idée d'objet portatif, et, à vrai dire, le massif sarco- phage ne s'y prête guère; la défense eût pu paraître singulière. Si je me rends bien compte des choses, rbn, dans le passage dont il

s'agit, est opposé à nSy: ce dernier terme indique une chambre haute ; rilïï , par conséquent, une chambre basse, le caveau dans le-

quel reposait le sarcophage. Cette disposition est conformé à la construction de plusieurs tombeaux antiques et s'accorde d'ailleurs äveö la description tracée par M. le duc de Luynes. Ën effet , le généreux donateur s'exprime ainsi s « Le sarcophage de basalte noire fut découvert à deux mètres de profondeur,.. Sa place était creusée dans le roc vif; mais il devait être protégé par un caveau voûté dont oft retrouve encore quelques pierres.» Nous distinguons trois parties auxquelles correspondent exactement dans le texte phénicien trois dénominations appropriées , le lit ou sarcophage, 33ï;d; la cavité inférieure dans laquelle ce lit était déposé, rňn; le caveau supérieur , nSy. C'est donc rm* qui entraîne l'idée d'objet mobile commandée par le verbe kiï'i Si r6n était la cavité du cer- cueil même, on aurait, pour parler comme les gens raisonnables, selon une locution complaisâmment adoptée par M. Munck, dit, ce me semble, à la ligne 4: rotto rbn rwi nris1» Sx, et àia ligneS: asura n'' ne;» Sn , contrairement à ce qui a lieu, car la cavité peut

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Page 11: SUR L'ÉPITAPHE DU ROI DE SIDON ESMUNAZAR

SDR L'ÉPlTAPfiÈ Bü ftõl lili Stßöft ESMÜNAZAR. 487

avoir du rapport avec ouvrir; elle n'en a nullement avec Yênlèvê- îlièfit du Cercueil.

k& Aux lignes 10 et 11, eri considérant comme compléments ter- baux de rapS, au moyen de ït>n répété, les termes an oia bu foSnû et vif , si éloignés entre eux, on s'engage dans Uiie phrasé longue, traînante, confuse, peu conforme, selon moi, à la Suite naturelle des idées. Dans l'explication de M. Munck, qui se rattache d'ailleurs à celles de MM. Bargès et Ëwald, le rapprochement avec le v. 4, ch. xix d'Isaîe est assurément spécieux; mais, si l'on comprend la Menace d'un maître cruel pour une nation étrangère, il n'en serait pas de même de la part de notre monarque envers son propre peuple pour des actes qui né pourraient être qu'isolés, surtout dans mon hypothèse où ce peuplé lui-même a par un dòn concouru à la sépulture. La version qui fait de snt un complément de serait grammaticalement plus vraisemblable ; mais pourquoi serait-il ici question de l'enlèvement de la race même, tandis que partout ailleurs il ne s'agit que de violations à l'égard de diverses parties du monument ; il n'est nullement question de l'enlèvement du roi. D'ailleurs , Si la troisième et la treizièmé ligne sont exactement rendues, Ësmunazar n'ayant pas eu de fils et le tombeau ne datant que de son règne , il ne peut y avoir de racé. En tout état de choses, la présence simultanée dans cette phrase précisément de riN et de ira me semble empêcher péremptoirement qu'on donne à ces deux mots une seule signification, et, par cela même, toutes les ver- sions antérieures tombent.

5° A la seizième ligne, dans l'hypothèse que je combats , on ne peut, je crois, traduire mrwy rpN La version la plus vraisem- blable à mon avis serait celle de M. Bargès; mais, dans ce cas, il faut faire de pw» la 5e pers. pl. m. du prétérit, c'est-à-dire donner au nun la valeur d'adformante de la 3e pers. pl. m. Or, d'une part, il n'a pas cette valeur à ce genre en hébreu même (Ì) ; d'une autre part, il a déjà, dans notre inscription, celle d'adformante de la lre pers. pl. du même temps dans les verbes précédents. Ce ne se- raient point là cependant des empêchements absolus, car, quant au premier point , nous voyons dans l'épitaphe même le tau cumuler Es fonctions d'adformante de la 1" et de la 2« pers. sing., et, quant

(1) On trouve quelquefois, sans doute« la términaison , pâr ex» , ils ont connu; mais alors le nun n'est que paragogique; il n'est point essentiellement for- ittatif. D'un autre côté, ett chaldéeú, le paradigme verbal a normalement â* p. pl. m. du fùtur ; mais ìa différence de temps nie semble suffire pour exclure l'analogie.

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468 REVOE ARCHÉOLOGIQUE.

au second point, M. Bargès, p. 18 de son mémoire, fait avec raison, à une autre occasion, cette observation : « soutenir a priori que, dans les textes phéniciens ou puniques, la forme des mots, aussi bien que les tournures des phrases , sont et doivent être toujours et partout conformes au génie ou à l'usage de la langue hébraïque , telle que nous la connaissons par les monuments bibliques, c'est aller contre l'expérience et les faits, c'est s'exposer à de graves erreurs dans l'explication de ces mêmes textes. » Je partage pleinement cette opinion, en ce qu'elle a de général. Mais, en application, pour ad- mettre des idiotismes, il faut y être clairement amené par les con- textes. Ici, au contraire, le contexte me semble formellement ré- pugner à l'explication qui en résulterait. En effet, comment, dans un passage où il ne s'agit que de constructions en l'honneur des Alonim et d'une autre divinité qui est probablement Melqart , di- rait-on que les dieux ont rendu favorable Astarté, au lieu de déclarer qu'ils se sont montrés eux-mêmes propices et de parler de la faveur d'Astarté à la ligne 18, où l'on mentionne expressément l'élévation d'un temple à cette déesse ?

Quant à l'explication toute différente de M. Munck, elle me paraît bien moins admissible encore. Une citation des Juifs dans la con- dition dont il s'agit serait par elle-même fort extraordinaire , car rien n'autorise à penser qu'il se soit trouvé à Sidon une partie de ce peuple assez importante pour que le roi s'en soit fait un titre de gloire. En acceptant néanmoins la supposition, il ne me paraît pas que l'étymologie de jrran dans l'acception citée par M. Munck soit incertaine, comme le dit le savant orientaliste ; ce mot me semble, ainsi qu'à d'autres commentateurs (1), signifier le peuple droit, le ■peuple fidèle, le peuple sincère : est-il croyable que ce soit là le nom que les Phéniciens donnaient aux Hébreux? Cette qualification eut- elle surtout été employée pour des Juifs apostats ?

Avec l'acception que je propose pour rw* , savoir entrée , porte, tout, ce me semble, marche simplement, régulièrement, logique- ment.

En hébreu, le mot correspondant est pri'K. On le dérive de nrm , venir , entrer. La syllabe finale p est donc accidentelle ; c'est un crément tel qu'en reçoivent souvent les substantifs hébreux, et la partie qui représente le radical est exclusivement n»N ; cette partie a donc pu, a dû même, peut-être, exister primitivement comme

(1) « Israel vocabatur Jeschurun, Deuter. 32, 15 et 33, 6, 26; Esai, 44, 2, quia Deus exigit sinceritatem in quolibet vero Israelita. » Ed. Leigh, Critique sacrée , trad. lat. de H. Middoch, 3* édit., p. 99.

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SUR L'ÉPITAPHE DU ROI DE SIDON ESMUNAZAR. 469

nom en hébreu ou en phénicien, et probablement dans les deux langues.

On lit dans Ezéch xl, 15 : prptfrnsNz;, la porte ď entrée ou ď accès. On conçoit que, par une métonymie familière à toutes les langues, jWN (= rrw) ait pris lui-même, par extension, la signification porte , de même qu'en latin, mais dans le sens inverse, fores, porte , correspond à sortir , foras.

En admettant cette interprétation de nw , voici les applications qui en découlent, en ce qui concerne d'abord les troisième et cin- quième périodes de l'inscription.

Si ce mot ne se montre jamais devant nSy corrélatif à nSn , c'est que probablement le caveau supérieur n'avait point de porte ; qu'il était complètement clos et qu'on ne pouvait v pénétrer, l'ouvrir qu'en perçant ou renversant la paroi ; c'est ce qui semble indiqué dans la cinquième période, lignes 21 et 22, par la locution why ISP ̂10 TiSy nns* Sx , quii ri ouvre pas ma chambre supérieure et qu'il ne renverse pas ma chambre supérieure , c'est-à-dire, selon un hébraïsme bien connu, qu'il n ouvre pas ma chambre supérieure en la renversant, de même que, dans la troisième période, lignes 4 et 5, il est dit : qu'il n ouvre pas Ventrée de ce lit et ne cherche pas , etc., pour : qu'il n'ouvre pas ... pour chercher ... Au contraire, le cercueil avait une porte, un couvercle, nw, puisque ce couvercle existe en- core et que c'est sur sa surface que l'épitaphe entière est gravée. Le caveau dans lequel ce cercueil était placé ou cavité inférieure avait une ouverture , r6n nw ; cette ouverture était à la partie su- périeure, ainsi que le prouve la description, et elle était sans doute fermée par une pierre horizontale qui en était comme la porte et prenait tropiquement le nom de mt; de là nSn rPN net Sa, il ne soulèvera pas, il n'enlèvera pas, etc. Avant la dixième ligne, les trois parties que nous avons vues constituer la sépulture sont énoncées dans des membres de phrase différents , ainsi ligne 4 : î nrwa ; lignes 5 et 7 : usura nSn rvw ; ligne 7 : i nrwD nSy. Dans les lignes 10 et 11, qui entrent dans la conclusion de la malédiction, laquelle met plus de précision dans les indications, et emploie, par exemple, l'expression plus explicite nonn chn , les trois parties sont réunies dans un seul membre de phrase ; î 2DU7D rby, la chambre supérieure dece lit , ligne 10, de même que lignes 6 et 7; ì nSn m*, la porte de ce caveau , lignes 10 et 1 1, comme lignes 5 et 7 ; î nw , cette porte-ci, c'est-à-dire la porte la plus rapprochée du mort, celle-même de son cercueil, celle sur laquelle l'inscription est gravée, correspon- dant à ï astra rv>N , la porte de ce lit ou cercueil de la ligne 4.

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47Ö ItEVUÈ À RCflÉOLOôIQ tifi .

Reprenons maintenant l'ordre du texte au poitìt où j'étais arrivé en entamant cette discussion sur nm.

A là ligne S, j'avais adopté aussi la leçon Difi, ríchéšses, trésor, dès mon premier examen du texte. Cette leçon rappelle le Mammon, pä, jiaü, NJian , mot de même racine et de même signification que saint Augustin déclare avoir été usité dans la laügue punique ; la phrase trouve, en outre, son cointûêûtairè dans ce passage du PseudoluS de Plaute, act. i, se. 4 :

Ex hoc sepulcro vetere vigtftU ïninûs Effodiam ego hodie quas dem herili filio .

Je ne puiš, au troisième et aii septième groupe dé la cinquième ligne, voir, avec plusieurs de mes prédécesseurs, dansp, la prépo- sition a , auprès de , et le suffixe de la ire pers. pl., nous , pour celui de la lre pers. sing., moi . Dans tous les cas qui ne sont pas douteux, le roi, en parlant de soi, emploie la lre pefs* sing. Le double mode me paraît contre toute vraisemblance. Il en est de même du nun qui suit immédiatement dot à la sixième et àia vingt-unième ligne; dans le dernier endroit surtout ce suffixe serait fort singulier à côté de irhv, ma chambre. Je pense que p répété devant D 3D est l'ad- verbe signifiant intérieurement pour ju, et qu'à la sixième, à la septième, à la vingt-unième ligne on doit lire as, ainsi que l'a fait M. le duc de Luynes.

Je présume que peu de partisans se rangeront à l'opinion de M. Munck, qui déclare qu'à la ligné 6 les lettres din et le groupe ïqotAk sont des feux follets qui ont égaré les interprètes. *m, qui se rattache à ces mots» a, sous le sens général parler, des acceptions spéciales que souvent le contexte seul détermine; c'est ici l'un de ces cas : la signification est indiquée pať Dra, leur mensonge , qui vient après ynwn Sn, tu n'écouteras pas. Si, à l'égard de l'auteur de i'épïtaphe, les paroles auxquelles il fait allusion sont des men- songes, c'est qu'elles sont contraires aux recommandations que lui-même a faites ; ini signifie donc dire le contraire , parler diffé- remment , contester . Le substantif a quelquefois, en effet, dans la Bible le sens de différend , contestation , par exemple, Exod. xviïi, 16. On pourrait encore appliquer au verbe le sens tendre des embûches , chercher à égarer , à détourner , à perdre qu'il offre fréquemment aussi en hébreu. On peut rapprocher de ce passage le commencement du ch. XIII du Deutér.y et le v. 2 du Ps. xii, au début duquel nrp a une signification qui peut encore très-bien s'appliquer à notre passage, tromper , chercher à tromper . On a déjà justifié, par des

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SUR ťÉPITAPHK DO ROI DE SIDON ESMÜNAZAR. 471

exemples bibliques, et particulièrement Gen. xxxvii, 4, le pronom affixe au régime direct après 13T. Quant au pronom relatif pluriel annexé à 13 et se rapportant à ra DTK, c'est une tournure conforme à un hébraîsme dont 011 a dans l'inscription plusieurs autres exemples.

DNSi, à la 8" ligne, ne doit pas, selon moi, s'entendre de tous les morts indistinctement. Dans la Bible, est toujours employé en mauvaise part lorsqu'il s'applique aux morts, et cela est expli- citement énoncé dans le v. 16, ch. XXi, des Prov., où il ést dit : « L'homme qui s'égare de la voie de la prudence demeurera dans la foule, des Rephaïm, b'asn tapa. » Ce sont les morts qui n'ont point mérité d'entrer dans le séjour des bienheureux, c'est la foule des morts, sens expressément indiqué, dans le verset précité des Proverbes, par le mot tap, mais qui, sans ce mot même, n'en doit pas moins être adopté. Je reviendrai sur ce point dans le para- graphe qui suit.

Dans la phrase nw oanspS ........ Baiaci, lignes Ö et 10, les verbes ont des accusatifs doubles : cette tournure non commune en hébreu se présente en plusieurs autres endroits de noire épitaphe. Les ba-w doivent ici correspondre aux dtÒn , I Sam., xxvm, 13; ce sont les formes, les ombres divines, les morts divinisés. nstao nx y est corrélatif. Ces mots font penser d'abord à D'sta by des v. 13 et 14, ch. m de Job, où le patriarche, regrettant de n'avoir point cessé de vivre en sortant du sein de sa mère, s'écrie : « Car... alors je re- poserais avec les rois, etc. » Mais, dans notre phrase, comme dans les autres passages du texte phénicien, l'abstrait nstao a un sens plus général que ne l'aurait le concret "¡ta ; il signifie personnages d'élite : il s'applique spécialement ici aux mânes 6aints, séparés, ounpn , comparativement à la foule des mòrts, dnsi, dont il vient d'être parlé , et ce rapport est indiqué par la concordance des tournures dnsi nx et nstao nu. Il y a pour les morts la même opposition entre ùnsi et rotaa , que pour les vivants entre le dernier terme et DIN. Pour les vivants même, la Bible, Gen., vi, Ž , établit l'opposition entre les cnn^n m et les ami »a , en sorte que O'nStf y remplit l'office de rotan dans notre épitaphe et que la réunion des mots dans le passage dont nous nous occupons ne fait que compléter l'idée, comme narra DIN en deux autres endroits. Le v. 15 du Ps. xLix indique que l'on pensait, en effet, que les justes exerçaient dans l'enfer une domination sur les impies ; nstaa de l'épi taphe phénicienne peut donc correspondre à in' du psaume hébreu. Hésiode semble avoir littéralement rendu Ottnpn Data et rotao dans le sens dont il s'agit ici par ces termes, TV. etj., v. 122

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472 BEVUE ARCHÉOLOGIQUE.

(var. ap. Plat, in Cratyl.), oí ¡«v Saífxoveç á^voi.... et 126, Kat touto -ppa; ßacriX>)'iov layov .

Il me semble surprenant qu'on n'ait point saisi entre "pas de la douzième ligne et le même groupe de la ligne suivante le rapport de corrélation qu'indique si souvent la répétition de la particule 3, rapport que l'on peut traduire par des formules diverses revenant plus ou moins à celle que j'ai adoptée. Il ne me paraît pas vraisem- blable que ces groupes si rapprochés aient des significations diffé- rentes, ainsi que le pense M.Munck. "jjN de la treizième ligne ne se lie point, selon moi, à placé après ; il termine le membre de phrase précédent comme sujet de rmai; ce membre de phrase peut être coupé ainsi : -jjn na pa rvm tn : no' -jdd p iris ba rhu : fra -přo.

Dans la même période, c'est-à-dire la quatrième, la partie rela- tive aux constructions d'Esmunazar et de sa mère se divise en trois phrases distinguées par la reprise du sujet qu'exprime le pronom jruNi, et nous. Dans la première phrase seulement on voit rr>N, ré- gime verbal , tandis que dans les deux autres , avec des construc- tions grammaticales identiques, ce mot ne paraît pas. Ce contraste est, comme je l'ai dit, un des motifs pour lesquels je refuse à ïtn la valeur de la partie, acc. En réfléchissant sur ce point, on re- marque que la séparation des phrases répond à des circonstances particulières de construction; ainsi, dans la première et la troi- sième phrase, il s'agit d'édifices élevés dans la partie maritime de la ville ; dans la seconde , du temple d'Esculape bâti dans la partie haute, sur la montagne ; c'est cette particularité qui a fait adopter une phrase spéciale pour ce temple d'Esculape. Les deux autres phrases, séparées, nonobstant la commune condition de situa- tion dans la ville basse , doivent donc avoir aussi des motifs de distinction entre elles ; ces motifs ne se manifestent que par la pré- sence du mot ni# dans la première et l'absence de ce mot dans l'autre : il doit donc avoir un rôle plus important que celui d'indi- quer le régime ; il doit exprimer des particularités différentielles de construction, et cette déduction est satisfaite si l'on admet que, dans le premier cas, il ne s'agit que d'une partie d'édifice, de porte, rPN pa, et que, dans le second, il est question d'édifices entiers, ru pa. On sauve ainsi, en outre, l'invraisemblance qui résulterait de la construction de sept temples entiers au moins, durant un règne de quatorze ans seulement (1). Dans le résumé du règne de

(1) 11 résulte de cette interprétation que, dans l'inscription de Malte, publiée par M. le duc de Luynes , c'est de portes de sanctuaires construites ou restaurées qu'il

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sûr l'épitaphe du roi de sidon esmunazar. 473

Joathan, II Parai., xxvn, 3, il est fait aussi mention de construc- tions nombreuses , entre autres de celle de la grande porte de la maison de Dieu. Sur une stèle égyptienne décrite par M. de Rougé dans sa Notice , 2e éd., p. 81, le roi Séti 1" se vante d'avoir décoré le temple d'Horammon d'une porte aussi belle que l'horizon au lever du soleil. Le nom d'Astarté donné à une porte de la ville rappelle la porte et la voie de la Céleste à Carthage.

La situation du temple d'Esculape sur la montagne fait souvenir - aussi qu'à Carthage le temple de cette divinité était bâti de même sur une hauteur, au sommet de la citadelle. On ne doit pas douter que le choix d'un pareil emplacement n'ait été fondé avec raison sur un motif de salubrité. La locution ra porte d'abord la pensée sur ce passage d 'Isaïe, lxv, 21 : puni dtd irr, ils construi- ront des maisons et les habiteront. Mais il n'y aurait eu aucun mérite dans des œuvres exclusivement personnelles. Il y a donc lieu déjà pour cette raison de présumer que le sens n'est pas tout à fait sem- blable. Cette conjecture est confirmée par les mots intermédiaires Sin i?j wrpn ysvnh , la maison n'était point destinée à l'usage d'Esmunazar et de sa mère ; c'était un temple à Esculape, un asile pour de pauvres malades ; ils ne devaient donc point y résider eux-mêmes, pur' doit donc, pris au pihel, trouver sa signification dans le v. 7 du Ps. lxviii, où il est dit de Dieu d'une manière fort analogue : nnu D'HV 3'Uia , il fait habiter , les solitaires dans une maison , il recueille les solitaires dans un asile. Le verset implique l'existence de tels asiles. Le Dieu des Hébreux en faisait , en effet, une prescription à son peuple , ainsi qu'on le voit dans Isaïe, lviii, 7 : TV2 N'an DHlTD , et fais entrer les malheureux errants dans une maison. De grandes bénédictions étaient attachées à l'accomplis- sement de ce précepte. Il est donc rationnel de donner ce sens aux paroles d'Esmunazar , car ce n'est pas seulement par les analogies linguistiques que les monuments phéniciens se rapprochent des textes hébraïques, c'est souvent aussi par l'expression des senti- ments, des règles et des mœurs. Nous trouvons, à cet égard, un autre rapport fort remarquable et déjà signalé par M. Ewald, entre le sens général de notre épitaphe et les v. 16 à 19 du ch. xviu de Job, où est prédit le châtiment de l'impie (1). Quant à Sfn ""y-, cfr. Sophon., m , 12, Sil isa ay', et Job , xxxiv , 28.

est seulement question. Sans doute , il est singulier, jusqu'à un certain point, qu'il s'agisse simultanément de quatre portes ; mais, en y substituant des sanctuaires entiers, on 11e ferait que déplacer la difficulté , peut-être même l'augmenterait-on.

(1) « Ses racines qui tendaient en bas se sécheront, ses branches qui montaient

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47^ REVUE ARCHÉOLOGIQUE. Les trois phrases, à partir de un , ont une allure rhythnûque.

La première et la dernière comptent exactement le même nombre de mots. Toutes trois, outre le début identique, ont une terminai- son qui, sans être absolument semblable, offre cependant une sen- sible analogie, savoir : dttn dot - Dm« dot* - Sya ow. La répétition de la racine ov? , d'accord avec le parallélisme de position, semble annoncer un rapport de signification. Il en est de même des mots qui suivent les substantifs formés de cette racine ; dans les deux premières phrase$ c'est l'adjectif pluriel DYtN, magnifiques , admi- rables, Or, on sait qu'en hébreu une qualification de cette nature est souvent exprimée par le substantif conséquent dtiSn , de Dieu , joint à l'antécédent, montagne de Dieu, pour montagne très-haute, admirable. Dans la troisième phrase, le synonyme Sjn, Baal ou Dieu, remplit le même office. Le substantif qui précède doit donc être un terme générique se rapportant aux constructions dé- taillées dans chaque phrase et supportant la qualification qui les caractérise. En effet, DOT» dot' nie paraissent émaner des racines DW, O©', poser avec art, construire, faire; Dttr, de la troisième phrase , est le singulier dérivé de la première variante de la racine qui, en phénicien, devait s'écrire Dû ; DSU et dot^ sont des pluriels tirés l'un de la première racine, l'autre de la seconde. L'emploi de ces formes différentes a été déterminé par la tendance à varier les tournures qu'il est facile de reconnaître en divers endroits de l'in- scription ; c'est probablement la même vue qui a fait substituer dans la troisième phrase à dttn. A la vérité, les substantifs Dur et D VP, dans le sens que je propose ici, n'existent point en hébreu : mais la dérivation est trop naturelle pour qu'on nie qu'ils aient pu exister en phénicien, Dans une inscription latine de Gkelma , en Al- gérie, l'ancienne Calama de Numidie, inscription incorrecte au point de vue de la prosodie, comme à celui de la syntaxe, mais im- portante à d'autres égards, on trouve une locution semblable à celle que je crois pouvoir assigner à nos trois refrains, surtout aux deux premiers, savoir :

Una et hissenas turres crescebant in ordine totas , Mirabilem operam ....

A la ligne 18, la phrase .... pv "ivi rappelle la fin du v.33, ch.xxiv

en haut seront retranchées; sa mémoire s'effacera de Ia face dela terre et son nom ne sera plus prononcé au sein des places publiques; on le repoussera de la lumière vers les ténèbres, et on l'expulser^ de la terre habitée; pour lui point de fìls et point de neveu parmi son peuple» »

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SDR L'ÉPITAPHE PU ROI DE SIpON ESMUNÀZAR. 475

de Josué, où il est dit qu'Eléazar, fils d'Aaron, fut enseveli sur une colline qui avait été donnée à son fils , i b fnj "iw. Je rends pK par base; mais, comme on ne sait pas de quoi il s'agit, le mot peut être traduit par une autre de ses significations. En hébreu, on aurait dit "fren pa, comme 11 Sam., xvm, 18, "¡San pny, la vallée du roi dans laquelle Absalon avait, de son vivant, fait construire son tombeau ; mais il est constaté que les Phéniciens faisaient beaucoup moins souvent usage de l'article. J'avais lu aussi, àia ligne suivante, pur TO, dans la plaine de Sar on, avant de connaître le travail de M. .Munck.

A la ligne 19, dans le passage noyy moS , plusieurs auteurs ont lu mnS. D'après la figure, la troisième lettre de ce groupe paraît réellement un resch, comme l'a marqué M. le duc de Luynes, et ce caractère me semble devoir être ici d'autant plus respecté que, dans cette partie de l'inscription, la gravure est beaucoup mieux soignée que dans la première moitié. Je tire donc ce mot de ma , résister ; appliqué à un lieu, il me paraît avoir le même sens que le nom de ville vizb (cfr. Gesen., Lexic., ad verb-) et s'associer par- faitement à raxy. Ce dernier terme, qui signifie au propre forces , fortifications, trouve sa justification pour une application à la sé- pulture dans la définition que Raschi, à l'occasion du v. 15, ch. xxxix à' Ezechiel, donne du jrx : ... no bv ayy }îo.

Dans yiN Saa , ligne 20, le premier mot, nonobstant la dénégation de M. Munck, me paraît bien signifier limite. Mais, ce qui a égaré les interprètes qui ont adopté ce sens, c'est qu'ils ont regardé px, qui en est le complément, comme exprimant le territoire de la cité, tandis qu'il ne s'agit que du terrain affecté à la sépulture du roi; Sm figure ici comme au v. 17 du ch. xxiu de la Genèse, et au v. 30 du ch. XXIV de Josué. On sait, par un Irès-grand nombre de monuments, avec quel soin les anciens déterminaient la circon- scription d'un champ, ager, tv ou mw (employé aussi dans le cha- pitre précité de la Genèse ), consacré à la sépulture.

Dans la dernière période, vingt-unième et vingt-deuxième ligne, la phrase |xpi .... OJW dS reporte la pensée au passage correspon- dant de la troisième période , lignes 9 et 10. En dernier lieu , la phrase est réduite à la plus simple expression. Le parallélisme prouve, b mon avis, que bn n'est point le pronom relatif, comme l'ont avancé plusieurs de mes prédécesseurs , mais qu'il correspond à YW de la neuvième ligne ; c'est le nom bien connu de Saturne che» les Phéniciens. Or, l'on peut se convaincre par quelques pas- sages de saint Augustin et de Priscien que Adir ou Addir était chez

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476 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. ce peuple aussi un nom de divinité et qu'il se rapportait à Saturne. En effet, l'illustre évêque ďHippone, dans YEp. 44 adressée à Maxime de Madaure , dit que les Carthaginois ont parmi leurs prêtres des Eucaddirs et parmi leurs dieux des Abaddirs. Il me paraît évident que le terme commun Addir est le nom de divinité, et que, dans le premier mot, eue ou enuc, suivant la correction de Bochart, in- dique la condition sacerdotale 0 initié , dédié à ) ; dans le second mot, ab veut dire père, ou, par apocope de pN, pierre ; car, d'un autre côté, Priscien s'exprime ainsi : « L. i, Abdir genus lapidis ; 1. v, Aba - dir deus est . Dicitur et hoc nomine lapis ille quem Saturnus dievtur devorasse pro Jove , quem Grœci BanruXov vocant . » Or, dans Baíx-uXoç, transcription du biblique Stt-rra, nous reconnaissons, par un dé- tournement de sens de la part des Phéniciens, le nom de Saturne, ■jk, correspondant à Addir de Ab-addir , comme il correspond à Addir seul dans notre épitaphe ; les deux mots avaient chacun la signification de fort ; l'on conçoit , par conséquent , qu'ils se sup- pléent. Le mythe de Saturne, dieu bifrons chez les Phéniciens, selon Sanchoniaton ap. Euseb ., était lié à celui de Janus ; cette der- nière divinité, selon Gavius Bassus, cité par Macrobe, Sat. i, 9, était le portier des régions supérieures et inférieures ; il partagea son em- pire avec Saturne et était plus particulièrement regardé comme veillant aux portes du ciel ; celles de l'enfer étaient donc sous la dé- pendance de Saturne, et, en effet, en lui sacrifiant on avait, suivant Plutarque et Macrobe, la tête découverte, ce qui indiquait une déité infernale. Nous avons signalé la synonymie du mot Alonim du texte phénicien avec celui ďElohim de la Bible; or, Sanchoniaton avait écrit que «les compagnons d'armes d'Ilos ou Kronos (Saturne) étaient appelés Elôeïm, comme si l'on eût dit Kroniens. » La même dénomination pouvait donc s'appliquer, comme nous le voyons dans l'inscription, aux élus de Saturne dans l'empire des morts. Le dieu de l'âge d'or, c'est-à-dire du règne de toutes les vertus, devait naturellement présider au séjour des justes dans l'enfer. Platon, Gorg ., rapporte, en effet, au règne de Kronos la loi qui établissait que les gens de bien iraient après leur mort dans les îles fortunées, et que les méchants seraient enfermés dans le tartare. Enfin, Hé- siode, Tr. etj., v. 169, et Pindare, 2° Olymp., disent expressément que Saturne était le souverain de l'élysée; qu'il y siégeait assisté du juge Rhadamante et y faisait perpétuellement revivre l'âge d'or. Le nom même de l'élysée a un rapport remarquable avec celui de Saturne chez les Phéniciens, le Sn, El, du passage de l'épitaphe que nous discutons. Toutes ces considérations paraissent donc m'autoriser à

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SUR l'épitaphe du roi de sidon esmunazar. 477

regarder El ou Saturne , surnommé Adir , ou fort, puissant, comme le sujet des phrases corrélatives des lignes 9 et 10 de la troisième période, et 21 , 22 de la cinquième période, où il s'agit de l'exclusion du séjour des saints.

Toutefois, une grande difficulté se présente dans le mot přp*i qui vient après Sa dans la vingt-deuxième ligne. Ce mot correspond évidemment à Dtfiyp des lignes 9 et 10. D'après mon explication, ce doit être la 3e pers. sing. m. de l'optatif gouverné par Sn. Mais, dans ce cas, il faut, ou supposer que le thème est nxp, comme dans le passage parallèle , que le nun est épenthétique , et qu'un mem> signe du pronom personnel, a été omis par la distraction du lapi- dicide, comme le tau de robüQ de la neuvième ligne de la partie gravée sur le couvercle du monument ; ou admettre un thème prp qui n'existe point en hébreu. Bien que , par plusieurs exemples de l'épitaphe, entre autres par celui que je viens de citer et qui est con- staté au moyen de la reproduction ďune partie du texte sur le corps du sarcophage, on soit suffisamment autorisé à supposer une faute de gravure, et bien qu'au moyen de cette facile correction on aurait dans Mrpn le pendant exact de aanxpS des neuvième et dixième lignes, je crois qu'il n'est pas nécessaire de recourir à cet expédient, mais que la leçon peut, telle qu'elle existe, s'expliquer dans le sens que je donne à la phrase. En effet, l'hébreu possède le substantif pyp , juge , que plusieurs lexicographes rapportent à nyp, mais que d'autres expliquent par le thème inusité jsp. La véritable racine est le bilittère yp ; cette racine présente en hébreu cinq variantes par l'addition d'une lettre différente, savoir : sxp, nxp, ysrp, yarp, I2?p, tous verbes qui ont la signification commune de couper ; il n'est donc pas déraisonnable de penser qu'une autre variante a existé au moyen de l'adjonction du nun , cette lettre coulante dont il est fait un si fréquent usage. Ce n'est point une simple conjecture. La réalité de cette vue me semble con- firmée par la série parallèle des thèmes Mp, Sup, mp, pap, yup, *pp, (Tüp en samaritain), dont les acceptions dérivent, au fond, de la même source, de la signification couper , retrancher , et qui ont une même origine lexique en vertu de la permutation naturelle et fré- quente du tèth et du tsadé. Or, notre jyp répond h psp. A la vérité, le dernier verbe n'a plus dans l'hébreu que nous connaissons que le sens être petit , bref , court ; mais il est reconnu que cette accep- tion restreinte vient du sens primitif couper , comme l'adjectif ixp, bref y et notre mot court lui-même, du latin curtare, couper, muti- ler; ce sens se représente, en phénicien, dans le nom de port arti -

XIII. 31

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ficiel, taillé à main d'homme, cothon ou cathon. Il est donc vraisem- blable que le thème jxp a existé; tombé en désuétude, comme verbe , en hébreu (1) , il a pu se maintenir dans une langue affine telle que le phénicien , et son emploi dans la phrase dont nous nous occupons , outre qu'il varie l'expression , ce qui est évidem- ment recherché en divers endroits, a cet à-propos particulier que, dans un acte de jugement et d'autorité , il rappelle le substantif pfp ,juge, magistrat , chef. Pour tous ces motifs, je n'hésite pas à re- garder prpi comme le complément de Sx. Si toutefois les lecteurs répugnaient à adopter le nun radical, ainsi que je le fais, je me déciderais pour la négligence du lapidicide , tant le sens que je donne aux deux phrases correspondantes, par son harmonie avec le fond du sujet, me semble puissamment solliciter l'une ou l'autre des solutions que je viens d'indiquer. En faisant de ce nun, comme mes prédécesseurs, l'adformante de la 3e pers. plur. m., on peut ici , au point de vue grammatical , s'appuyer sur l'analogie chal- daïque, puisqu'il s'agit d'un futur ou d'un optatif, et non plus du prétérit comme plus haut. Mais il faut alors accepter l'explication solidaire de la phrase corrélative des lignes 9 et 10, explication dont je me suis efforcé de faire ressortir l'invraisemblance et l'on n'ob- tient même pas le parallélisme nécessaire , puisque , dans le pre- mier cas, on souhaite que ce soit un roi, un tyran, selon le sens donné à ce mot par M. Munck, qui extermine les profanateurs, et ici que ce soient les dieux mêmes que l'on a cités.

J'ajouterai comme complément que, dans l'ancienne Afrique, sous l'influence des dogmes et des usages puniques , les tombeaux étaient souvent consacrés par une invocation à Saturne, ainsi qu'en témoignent plusieurs pierres funéraires recueillies dans cette con- trée (voy. particulièrement Explor. scient, de l'Algérie, Archéol., par M. le cdtam. De La Mare).

Enfin, à la dernière ligne, dans mam an ro'JöQn , le hé répété me paraît remplir l'office de particule distinctive à l'instar de en , et c'est l'un des points qui me semblent confirmer une de mes opi- nions mal accueillie par les hébraïsants. En effet, j'ai cru voir un hé avec le même rôle dans un cas où, comme ici, il s'agirait, non dune interrogation, mais d'une proposition directe, c'est à savoir dans D3"Drt D'jp, maledicentes aut benedicentes, pour maledixerunt aut benedixerunt, à la fin de la première inscription de Malte de Ge-

il) Gesenius indique, comme tombé pareillement en désuétude, le thème riVB, d'après le substantif employé par Tsaíe, t. XXVHI, p. 25, 27.

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SOR L'ÉPITAPHB DO' ROI DE SIDOIf ESMUNAZAR. 479

senius. M. Munck, dans son mémoire sur l'inscription de Marseille, Journ. asiat., iv« série, t. X, p. 478, repousse cette acception, parce qu'elle n'existe, dit-il, ni en hébreu, ni dans les autres dialectes. La phrase du savant critique est trop absolue ; le préfixe n a en hé- breu, M. Munck n'a pu vouloir le nier, le sens ou, où bien dans des propositions interrogatives, de même que la particule dn à laquelle il est souvent associé. Or, y a-t-il donc une différence si grande, si essentielle entre une disjonction, une distinction sous forme in- terrogative et sous forme directe ou dubitative pour que tel mot, employé pour indiquer cette circonstance dans le premier cas, ne puisse l'être dans le second ? Cela n'existe-t-il pas en hébreu pour DN souvent associé, je le répète, à n ? Est-il donc si étrange que cette dernière particule'ait la même prérogative, sinon en hébreu, du moins dans une langue affine? Noldius, d'ailleurs, ne reconnaît-il pas à n préfixe, voire en hébreu, la force distinctive dans des propo- sitions non interrogatives ? En ce qui concerne en particulier la sé- rie d'inscriptions à laquelle se rattache la première Maltaise par la formule dont il s'agit, il serait beaucoup trop long d'exposer ici les nouveaux arguments que je crois pouvoir invoquer en faveur de mon avis ; c'est un des points derechef et largement traités dans le mémoire que j'ai dit précédemment être entre les mains du savant secrétaire de la Société asiatique. En ce moment, je crois pouvoir tirer de l'inscription du sarcophage même une preuve suffisante de mon assertion. En effet, l'incise à l'occasion de laquelle je reviens sur cette question est une variante qui a des équivalents en diffé- rents endroits du texte; ainsi l'on trouve :

Ligne 10: an dîn dn rcAno; Ligne 11 : mu dn an rotan ; Ligne 22 : biniti an rshaan.

Il me paraît incontestable qu'il y a parallélisme entre ces pas- sages, qu'avec quelques variations de formes recherchées, comme

je l'ai dit, avec intention et dans une vue d'élégance, ils ont le même sens. Or, la signification distinctive me semble ne pouvoir être niée pour les deux premiers ; il en est donc de même du der-

nier, et le rôle du hé en ressort manifestement. L'ensemble de la traduction corrobore, si je ne m'abuse, cette déduction. Au surplus, à la copule près, dont on a des exemples en d'autres endroits de la

Bible, le membre de phrase dont nous nous occupons peut être rap- proché de celui-ci, Nom. xni, 18 : nain «in prnn.

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480 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. Dans son ensemble, l'épitaphe du roi Esmunazar vient aussi sin-

gulièrement à l'appui de l'opinion que j'ai émise sur le sens de la formule dont je viens de parler à l'occasion du hé distinctif, et qui, outre l'inscription de Malte, caractérise, avec quelques variantes, une classe nombreuse d'épigraphes puniques. J'ai avancé que cette formule est l'expression sommaire de la malédiction et de la béné- diction qui étaient prononcées à l'égard de ceux qui violeraient ou respecteraient la sépulture, et voici que l'épitaphe d'un roi de Sidon donne en effet dans tous leurs développements les détails de cette imprécation; de part et d'autre, elle commence par la malédiction, et de même que cette partie seule est énoncée sur plusieurs monu- ments puniques, la reproduction de l'épitaphe d'Esmunazar sur le corps du sarcophage s'arrête à la malédiction. On conçoit qu'un texte si long n'ait pu être gravé sur des tombes ordinaires, en un temps où la langue punique n'était plus dominante en Afrique, et qu'il ait été réduit à deux termes qui le résument complètement, SSp et •pa, quelquefois même à l'un seulement de ces termes, le premier, qui implique mentalement l'autre.

Mais , d'un autre côté , c'est à propos aussi de cette formule que j'ai présenté Yaleph suffixe comme figuratif en phénicien de la lre pers. sing, du prétérit. M. Munck relève avec raison dans l'épitaphe d'Esmunazar la preuve que je me suis trompé, puisque l'adformante dont il s'agit est ici évidemment le tau suffixe. Ce fait apparaît avec trop de clarté pour que j'aie attendu, avant de le reconnaître, cette observation. J'en ai fait l'aveu facile, il y a plus ^'un an, dans un mémoire que j'avais adressé à l'Institut, et qui est encore, authentiquement daté, dans les cartons du secrétariat. Mais je ne m'étais trompé qu'en généralisant trop, qu'en appliquant d'une manière absolue à la langue phénicienne une particularité que je n'avais aperçue que sur des monuments numidico-puniques ; j'en maintiens la réalité pour ceux-ci , Lingua modo conversa connubio Numidarum , et c'est en grande partie la démonstration de ce point intéressant, appuyée sur de nouveaux monuments et de nouveaux arguments, qui fait l'objet du travail manuscrit dont j'ai plusieurs fois parlé dans le présent mémoire, travail que j'espère publier dans quelques mois. Il serait déplacé d'insister ici sur cette question ; il suffit que je reconnaisse mon erreur en ce qui touche la langue phé- nicienne proprement dite, et il ne me coûte point de le faire.

A. Judas.

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