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Option Bio L’actualité du praticien biologiste ISSN : 0992-5945 1 n° 405 | Lundi 15 septembre 2008 | 9 € 51447 www.em-consulte.com/revue/optbio actualités Héparine et choc aphylactique 5 formation Couverture vaccinale insuffisante pour le dTP chez les personnes âgées 12 pratique Diagnostic des ulcérations génitales 16 gestion Comment fonctionne la réactovigilance aujourd’hui ? 24 La mobilisation des biologistes contre l’ouverture du capital s’intensifie profession Le rapport définitif sur la réforme de la biologie s’est fait attendre tout l’été. Mais, durant la trêve, le lobbying dans la profession est monté en puissance. Coordinateur national de la cellule de communication intersyndicale, Bruno Rousset-Rouvière l’atteste. Président du Syndicat des directeurs de LABM PACA, il vient aussi de réunir les ténors de la profession à Marseille (13) dans une table ronde sur les pistes du prérapport de Michel Ballereau. Entretien. © DR À la 17 e édition des Journées de biologie qu’il vient de réunir à Marseille (13), Bruno Rousset-Rouvière, président du Syndicat des directeurs de LABM PACA, a animé une table ronde sur la restructuration de la biologie. Chantier que le Dr Michel Ballereau, missionné par Roselyne Bache- lot, ministre de la Santé, prépare depuis janvier. Si le coordinateur n’a pas été en mesure de remettre son rapport finalisé, au terme des six mois qui lui avaient été initialement impartis, il a toutefois, lors d’une ultime réunion plénière le 16 juillet, levé un coin du voile. Quelles sont les pistes de réforme que la ministre retiendra dans le projet de loi Santé, patients, territoires (PLSPT) qu’elle va présenter, en principe le 24 septembre, au conseil des ministres ? C’est dans ce contexte d’incertitude que le prési- dent du Syndicat des directeurs de LABM PACA a conduit les débats de Marseille et que nous l’avons interviewé. OptionBio : La notion de “laboratoire” pourrait être étendue à l’ensemble des structures d’une même société. Pourquoi limiter le nombre de sites dès lors que les situations de monopole dans un territoire de santé sont interdites ? Bruno Rousset-Rouvière : Jusqu’à présent, nous sommes passés géographiquement de la notion du laboratoire comme unité d’exercice à celle de leur mise en société. Dans l’avant-projet de Michel Bal- lereau, il ressort que dorénavant la société d’exer- cice libéral (SEL) devient l’unité d’exercice. Or, s’il a prévu des limitations en fonction du monopole local, tel n’est pas le cas au plan géographique. Ce serait une erreur puisque cela rend possible la création de chaînes de laboratoires que nous ne souhaitons pas. Le bon dosage pour coller à toutes les situations locorégionales nous semble résider dans des entités de laboratoires limitées à 20 sites au maximum, au lieu de 5 actuellement, et assorties d’une limitation géographique. OB : Généraliser à tous les sites d’un laboratoire l’éventuelle sanction contre l’un d’eux offre-t-il une bonne garantie ? B. R.-R. : C’est illusoire en l’absence de limita- tion du nombre de sites dans un laboratoire. Dans son schéma, Michel Ballereau n’a fixé ni limite géographique, ni (hormis monopole) limite régionale. ... suite page 3 L es tests salivaires destinés à détecter la consommation de produits stupéfiants par les automobilistes ont fait leur entrée dans l’ar- senal policier le 11 août dernier. Évalués en 2007, ces tests présentent certes un aspect pratique : ils sont plus simples à mettre en place sur le bord de la route qu’un dépistage urinaire ! Mais, semble-t-il, Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, compte moins sur leur efficacité que sur leur effet dissuasif. Le groupe d’experts européens ROSITA (Roadside Testing Assessment), qui s’était donné pour mission de les évaluer, a en effet récemment conclu qu’aucun d’eux n’était pour l’heure satisfaisant. C’est notamment face au cannabis, la drogue la plus fréquemment utilisée, que la question se pose. Le président de la Société française de toxicologie analytique, Patrick Mura, explique ainsi au quoti- dien Ouest France : « Des experts internationaux considèrent qu’il faudrait pouvoir déceler le principe actif du cannabis à partir de 4 ng/mL de salive. C’est le seuil au-dessus duquel on estime que les effets de la drogue sont réels. Or, les tests qui vont être utilisés en France ne détectent rien en dessous de 15 ng ». Il observe par ailleurs : « Les traces de cannabis dans la salive diminuent rapidement. Moins de deux heures après avoir fumé un joint, le conducteur sera déjà à moins de 15 ng. Il ne sera donc pas inquiété. Pourtant, il subira encore les effets de la drogue ». | AURÉLIE HAROCHE © www.jim.fr Test salivaire, un outil plus dissuasif qu’efficace ? santé publique Bruno Rousset-Rouvière |

Test salivaire, un outil plus dissuasif qu’efficace ?

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OptionBioL’actualité du praticien biologiste

ISSN : 0992-5945

1

n° 405 | Lundi 15 septembre 2008 | 9 €

5144

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www.em-consulte.com/revue/optbio

actualitésHéparine et choc aphylactique 5

formationCouverture vaccinale insuffisante pour le dTP chez les personnes âgées 12

pratiqueDiagnostic des ulcérations génitales 16

gestionComment fonctionne la réactovigilance aujourd’hui ? 24

La mobilisation des biologistes contre l’ouverture du capital s’intensifie

profession

Le rapport définitif sur la réforme de la biologie s’est fait attendre tout l’été. Mais, durant la trêve, le lobbying dans la profession est monté en puissance. Coordinateur national de la cellule de communication intersyndicale, Bruno Rousset-Rouvière l’atteste. Président du Syndicat des directeurs de LABM PACA, il vient aussi de réunir les ténors de la profession à Marseille (13) dans une table ronde sur les pistes du prérapport de Michel Ballereau. Entretien. ©

DR

À la 17e édition des Journées de biologie qu’il vient de réunir à Marseille (13), Bruno Rousset-Rouvière, président du Syndicat des

directeurs de LABM PACA, a animé une table ronde sur la restructuration de la biologie. Chantier que le Dr Michel Ballereau, missionné par Roselyne Bache-lot, ministre de la Santé, prépare depuis janvier. Si le coordinateur n’a pas été en mesure de remettre son rapport finalisé, au terme des six mois qui lui avaient été initialement impartis, il a toutefois, lors d’une ultime réunion plénière le 16 juillet, levé un coin du voile. Quelles sont les pistes de réforme que la ministre retiendra dans le projet de loi Santé, patients, territoires (PLSPT) qu’elle va présenter, en principe le 24 septembre, au conseil des ministres ? C’est dans ce contexte d’incertitude que le prési-dent du Syndicat des directeurs de LABM PACA a conduit les débats de Marseille et que nous l’avons interviewé.

OptionBio : La notion de “laboratoire” pourrait être étendue à l’ensemble des structures d’une même société. Pourquoi limiter le nombre de sites dès lors que les situations de monopole dans un territoire de santé sont interdites ?Bruno Rousset-Rouvière : Jusqu’à présent, nous sommes passés géographiquement de la notion du laboratoire comme unité d’exercice à celle de leur mise en société. Dans l’avant-projet de Michel Bal-lereau, il ressort que dorénavant la société d’exer-cice libéral (SEL) devient l’unité d’exercice. Or, s’il a prévu des limitations en fonction du monopole local, tel n’est pas le cas au plan géographique. Ce serait une erreur puisque cela rend possible la

création de chaînes de laboratoires que nous ne souhaitons pas. Le bon dosage pour coller à toutes les situations locorégionales nous semble résider dans des entités de laboratoires limitées à 20 sites au maximum, au lieu de 5 actuellement, et assorties d’une limitation géographique.

OB : Généraliser à tous les sites d’un laboratoire l’éventuelle sanction contre l’un d’eux offre-t-il une bonne garantie ?B. R.-R. : C’est illusoire en l’absence de limita-tion du nombre de sites dans un laboratoire. Dans son schéma, Michel Ballereau n’a fixé ni limite géographique, ni (hormis monopole) limite régionale.

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Les tests salivaires destinés à détecter la consommation de produits stupéfiants par les automobilistes ont fait leur entrée dans l’ar-

senal policier le 11 août dernier. Évalués en 2007, ces tests présentent certes un aspect pratique : ils sont plus simples à mettre en place sur le bord de la route qu’un dépistage urinaire ! Mais, semble-t-il, Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, compte moins sur leur efficacité que sur leur effet dissuasif. Le groupe d’experts européens ROSITA (Roadside Testing Assessment), qui s’était donné pour mission de les évaluer, a en effet récemment conclu qu’aucun d’eux n’était pour l’heure satisfaisant.C’est notamment face au cannabis, la drogue la plus fréquemment utilisée, que la question se pose. Le président de la Société française de toxicologie

analytique, Patrick Mura, explique ainsi au quoti-dien Ouest France : « Des experts internationaux considèrent qu’il faudrait pouvoir déceler le principe actif du cannabis à partir de 4 ng/mL de salive. C’est le seuil au-dessus duquel on estime que les effets de la drogue sont réels. Or, les tests qui vont être utilisés en France ne détectent rien en dessous de 15 ng ». Il observe par ailleurs : « Les traces de cannabis dans la salive diminuent rapidement. Moins de deux heures après avoir fumé un joint, le conducteur sera déjà à moins de 15 ng. Il ne sera donc pas inquiété. Pourtant, il subira encore les effets de la drogue ». |

AURÉLIE HAROCHE

© www.jim.fr

Test salivaire, un outil plus dissuasif qu’efficace ?

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