Thèse Drissa SANGARE - Resumé

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Incidence de l’utilisation des sous-produits de l’assainissement écologique sur les sols et la production des cultures en zone sahélienne

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  • RESUME THESE

    Incidence de lutilisation des sous-produits de

    lassainissement cologique sur les sols et la production des

    cultures en zone sahlienne

    Drissa SANGARE

    M. Hamma YACOUBA Matre de Confrences 2iE Directeur de Thse

    M. Lacina COULIBALY Professeur Titulaire Universit Nangui Abrogoua, Abidjan Directeur de Thse

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    Rsum

    De nos jours, lassainissement prend trs peu en compte la notion de recyclage des dchets

    organiques. Des tudes scientifiques ont pourtant mis en vidence la possibilit de transformer

    ces dchets liquides et solides en matires valorisables en agriculture et/ou en nergie. La

    valorisation de ces dchets est une rponse la double problmatique de la scurit

    alimentaire et de la lutte contre la dfcation lair libre. Cette valorisation se ralise travers

    lassainissement cologique qui est un mode dassainissement de type autonome bas sur la

    collecte spare des sous-produits de lassainissement cologique que sont les fces, les urines

    et les eaux grises. Cela offre de nombreux avantages pour rcuprer et recycler des lments

    nutritifs en agriculture, contrler les micropolluants et agents pathognes tout en prservant

    l'environnement (Esrey et al., 2001; Lopez et al., 2002). En effet, la plupart des nutriments

    indispensables aux plantes sont sous forme ionique dans les urines, donc directement

    assimilables par les plantes. Une quantit apprciable de travaux scientifiques ont mis en

    vidence la valeur fertilisante de lurine humaine (Kirchmann et Pettersson, 1995; Boh et al.,

    2013). La quantit annuelle d'urine gnre par une personne correspond la quantit

    d'engrais requise pour produire 250 kg de crales ce qui est quivalent aux besoins en

    crales quun individu doit consommer par an (Wolgast, 1993). L'amendement organique

    partir du compost base de fces amliore la structure du sol, l'agrgat la stabilit et la

    capacit de rtention des sols (Sridevi et Srinivasamurthy, 2010). Lirrigation avec les eaux

    grises attnue la pnurie des ressources en eau qui est une proccupation de plus en plus

    inquitante dans les rgions arides et semi-arides (Jury et al., 2007). De plus, elles renferment

    les nutriments facilement disponibles qui favorisent les rendements des cultures (Morel et

    Diener, 2006; Travis et al., 2010).

    Malgr tous ces avantages pour lagriculture, les urines humaines contiennent une quantit

    importante de sodium (Na+) qui peut modifier les proprits du sol amends et la croissance

    des plantes (Mnkeni et al., 2005; Germer et al., 2011). Une acidification du pH des sols

    amends probablement due la nitrification de l'ammoniac, en produisant des ions H+

    provenant des urines a t signale par Mnkeni et al. (2008). Tout comme les urines, les eaux

    grises sont des sources potentielles de sels dont l'irrigation long terme conduit une

    lvation de la conductivit lectrique, du ratio d'adsorption du sodium (SAR) et du pH des

    sols irrigus (Al-Hamaiedeh et Bino 2010; Travis et al., 2010). Les matires fcales

    renferment de forte charge en mtaux qui pourraient tre nfastes pour les cultures et les sols,

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    car il peut y avoir itrations antagonistes qui affectent l'absorption par les plantes (Drakatos et

    al., 2002).

    Bien que les sous-produits contiennent des polluants organiques et inorganiques, ces

    aspects sont gnralement clipss par les risques levs de pathognes. En effet, l'pandage

    matires fcales non hygienises pourrait tre dangereux cause de la prsence des aux

    agents pathognes (Ottoson et Stenstrm, 2003). Ces agents pathognes font courir des

    risques sanitaires au niveau des agriculteurs et des consommateurs des cultures fertilises

    avec les sous-produits (WHO, 2006). En somme, la valorisation des sous-produits de

    lassainissement prsentent des risques potentiels pour la sant humaine et lenvironnement,

    bien que les tudes en ce domaine soient encore rares, notamment en Afrique et

    particulirement au Burkina Faso. Les doses correspondantes aux besoins des cultures, les

    impacts sur la qualit des sols et les risques sanitaires associs leur rutilisation sont peu

    connus en zone Sahlienne.

    Lobjectif principal de cette tude tait dvaluer lincidence de lutilisation des sous-

    produits de lassainissement cologique sur la qualit des sols, les productivits agricoles et

    les risques sanitaires associs. A cet effet, quatre exprimentations agricoles ont t conduites,

    dont deux en conditions contrles et deux en plein champ. En condition contrle, le

    meilleur ratio urine/compost bas sur lapport dazote pour une productivit des sols a t

    dtermin. La salinit des sols de bas-fonds de texture argilo-sableuse amends avec lurine a

    t value de faon continue avec des capteurs dans des pots. En plein champ, les effets

    combins des sous-produits compars ceux des engrais chimiques (NPK) sur la production

    agricole, la salinit et la sodisation traduite par le rapport dadsorption de sodium (SAR) des

    sols ont t valus. Enfin, les risques sanitaires lis linfection annuelle par les agents

    pathognes (salmonelles et Ascaris) ont t estims au niveau des agriculteurs et des

    consommateurs de laitue dans le cas le plus dfavorable. L'valuation quantitative du risque

    microbien (EQRM) rsultant de dangers spcifiques et de diffrentes voies ou scenarios

    dexposition a t utilise pour estimer ces risques sanitaires associs lutilisation des sous-

    produits.

    Les rsultats de la premire activit ont montr qu partir des diffrents ratios tests sur la

    culture du gombo, le meilleur ratio obtenu est lapport de 75 % N_urine + 25 % N_compost

    (15,0 2,0 g/pot). Ce ratio permet la fois dobtenir un rendement suprieur au traitement

    conventionnel (100 % engrais minral) tout en entrainant une salinit relativement faible au

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    niveau des sols cultivs. Cette tude a galement confirm linefficacit des amendements

    bass exclusivement sur lapport durine (100 % N_urine) qui a produit le plus faible

    rendement (6,6 1,0 g/pot). Cet apport 100 % N_urine a entrain une acidification et une

    augmentation de la salinit (conductivit lectrique) et de la sodisation (SAR) des sols

    compare celle des autres traitements et du sol initial. Cependant, lapport du compost a

    entrain un effet tampon et contribu diminuer la salinit des sols au niveau des traitements

    composs des diffrents ratios urine/compost et 100 % N_compost.

    En ce qui concerne, le suivi continu de la salinit des sols des bas-fonds, les rsultats ont

    montr quen apportant des urines aux quantits quivalentes aux besoins en azote de la

    tomate, il y avait une accumulation de sels durant la saison sche suivi une dissolution de ces

    sels en saison pluvieuse, qui se traduit par une augmentation marque de la conductivit

    lectrique (salinit) dans la solution du sol. Contrairement au phnomne de dissolution, la

    pluie pourrait galement entrainer la dilution des concentrations de sels mais ceci na pas t

    observ au cours de cette tude. En revanche, la diminution de la CE juste aprs le troisime

    apport de lurine du traitement urine est attribuable la hausse de la temprature durant cette

    priode qui a stimul la reprise vaporatoire. Tout comme la prcdente tude, la salinit des

    sols traits avec lurine uniquement sont significativement suprieures celles des sols traits

    avec compost + urine et videmment suprieures celles des sols non traits. Ltude a aussi

    indiqu que les sels se retrouvent gnralement dans la couche suprieure comprise entre 0-15

    cm pour lensemble des sols amends.

    Sachant que les eaux grises contiennent galement des nutriments, il tait intressant

    dobserver le rendement du gombo en associant toutes les sources de nutriments valorisables

    en plein champ au cours de cette troisime tude. Cette activit a montr des rsultats

    satisfaisants suite lirrigation avec les eaux grises traites (EGT) associe la fertilisation

    azote (urine) et amendements organiques (compost base de fces), des cultures du gombo.

    Une bonne croissance et de meilleurs rendements de la culture du gombo (0,67 t/ha) irrigue

    avec les eaux grises traites (EGT) sont observs contrairement celles irrigues avec les

    eaux du barrage suivi dune fertilisation avec les engrais chimiques (NPK) (0,22 t/ha). En

    revanche, lirrigation avec les EGT en plus des apports des urines et du compost ont entrain

    une hausse du pH, de la salinit et la sodisation des sols aprs culture. Toutefois, le

    phnomne sodisation pourrait tre attnu par le systme de rotation des cultures qui favorise

    la lixiviation du Na+ et d'autres ions. Par ailleurs, une tendance laugmentation de matire

    organique a t remarque au niveau des sols irrigus avec les EGT en plus du compost. Il

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    convient de surveiller les sols cultivs afin de prvenir des situations irrversibles qui seraient

    contre productives pour lusage des sous-produits en agriculture en zone Sahlienne.

    Lvaluation des risques sanitaires associs lutilisation des sous-produits de

    lassainissement a montr que les agriculteurs sont les plus exposs contrairement aux

    consommateurs. Les risques annuels d'infection aux salmonelles sont estims 9,55 x 10-1

    par

    personne par anne (pppa) et sont estims 1,9 x 10-1

    pppa suite respectivement lingestion

    accidentelle des sols contamins par les urines et lingestion involontaire des eaux grises

    pendant 275 jours d'exposition par les agriculteurs. Ces risques sont levs et dpassent

    galement le risque sanitaire tolrable (10-6

    DALY) de cinq ordres de grandeurs. Par contre,

    de faibles risques dinfection annuelle aux salmonelles associs la consommation de laitue

    ont t valus 5,00 x 10-7

    pppa, ce qui est infrieur de un ordre de grandeur au risque

    sanitaire admissible. En revanche, des risques levs dinfection annuelle aux Ascaris suite

    la consommation de feuilles de laitue ont t estims 2,41 x 10-2 pppa lis lapport du

    compost et galement lapport combin des sous-produits.

    Au terme de cette tude, il convient de retenir quen zone rurale sahlienne o les paysans

    ont de trs faibles revenus, lassainissement cologique combin lagriculture maraichre se

    prsente comme une solution prometteuse pour favoriser la petite agriculture de contre saison

    par le recyclage des eaux et des nutriments, et amliorer les rendements par laccs des

    engrais naturels moins coteux. Cette rutilisation doit cependant seffectuer sans risque afin

    que ses bnfices pour la sant publique et lenvironnement soient les plus importants

    possibles. Ainsi, les mesures de protection et dhygine prconises par les directives de

    lOMS sur lutilisation sans risque des eaux uses, des excrta et des eaux mnagres en

    agriculture doivent tre appliqus. Les diffrents rsultats ont permis didentifier plusieurs

    perspectives de recherches :

    - Etablir un modle qui prdit les effets de lutilisation des sous-produits de

    lassainissement cologique sur des grandes parcelles avec plusieurs types de sols non

    remanis et des cultures;

    - Evaluer les risques sanitaires lis aux produits chimiques suite la valorisation des

    sous-produits de lassainissement cologique en agriculture;

    - Quantifier les gains conomiques associs aux lments nutritifs des sous-produits de

    lassainissement cologique dans les conditions paysannes.

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    Valorisations Scientifiques

    Publications parues

    Sangare D., Sou/Dakoure M., Hijikata N., Lahmar R., Yacouba H., Coulibaly L., Funamizu N. 2015.

    Toilet compost and human urine used in agriculture: fertilizer value assessment and effect on

    cultivated soils properties. Environmental Technology, 36 (10), 1291-1298.

    Sangare, D., Sawadogo, B., Sou/Dakoure, M., Ouedraogo, D.M.S., Hijikata, N., Yacouba, H., Bonzi,

    M., and Coulibaly, L. 2015. Ecological sanitation products reuse for agriculture in Sahel: effects on

    soil properties, SOIL Discuss., 2, 291-322, doi:10.5194/soild-2-291-2015.

    Contributions aux publications

    N. Hijikata, T. Fujii, D. Sangare, M. Sou, K. Ushijima and N. Funamizu. 2014. Salts Monitoring and

    Management for Human Urine Fertilization and Treated Greywater Irrigation in Sub-Sahel Region.

    Journal of Arid Land Studies, 24-1, 85-88.

    H. S. Darimani, M. Sou/Dakoure, N. Hijikata, D. Sangare, F. Sawadogo, R. Ito, AH. Maiga. 2014.

    Inactivation of Enterococcus in Compost-Amended Soils. Journal of Japan Society of Civil Engineers,

    70 (7), 323-330.

    Publication soumise

    D. Sangare, B. Sawadogo, M. Sou/Dakoure, N. Hijikata, D. S.M. Ouedraogo, H. Yacouba, M.

    Takahashi, L. Coulibaly, N. Funamizu. Effects of greywater irrigation treated by high rate algal ponds

    on soil chemical properties and vegetable production in dry season of Soudano-Sahelian climate

    conditions. Soumis dans Water Science and Technology depuis janvier 2015.

    Communications

    D. Sangare, B. Sawadogo, M. Sou/Dakoure, N. Hijikata, D.S.M. Ouedraogo, H. Yacouba, M.

    Takahashi, N. Funamizu. Effects of greywater irrigation treated by high rate algal ponds on soil

    chemical properties and vegetable production in dry season of Soudano-Sahelian climate conditions.

    AGRO2014 : 9th IWA International Symposium on Waste Management Problems in Agro Industries. Kochi, Japan, 24-26 November 2014.

    D. Sangare, B. Sawadogo, M. Sou/Dakoure, N. Hijikata, D.S.M. Ouedraogo, H. Yacouba, and N.

    Funamizu. 2014. Soil chemical properties, production in okra cultivation irrigated with greywater

    treated in High Rate Algal Ponds, case of Burkina Faso. Africa Water Forum, Ouagadougou, Burkina

    Faso, 12-14 Juin 2014.

    D. Sangare, M. Sou/Dakoure, B. Sawadogo, H. Yacouba et A. H. Maiga. 2013. Mise en uvre de lassainissement cologique en milieu rural sahlien : une rponse au faible taux dassainissement et linscurit alimentaire. Premires Journes Scientifiques du CAMES, Abidjan, Cte dIvoire, 5-7 Dcembre 2013.