5
Quand on évoque le vélo aux Pays-Bas, on songe instantanément à Amsterdam. Pas une carte postale de la capitale batave sans sa bicyclette au premier plan. Pourtant si la « Venise du Nord » s’avère exemplaire en matière de deux roues, sa voisine Utrecht le chérit encore davantage. Dans la première ville étudiante hollandaise, il est au centre de toutes attentions et partout. Le long de ses canaux médiévaux, dans ses ruelles bordées de maisons à pignons, sur ces « autoroutes » rouges qui poussent comme des champignons. Début juillet, le départ du 102e Tour de France cycliste sera donné entre ses murs…

Toute la Culture

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Circulation 200.000 Media value € 1.757

Citation preview

Page 1: Toute la Culture

Quand on évoque le vélo aux Pays-Bas, on songe instantanément à Amsterdam. Pas

une carte postale de la capitale batave sans sa bicyclette au premier plan. Pourtant

si la « Venise du Nord » s’avère exemplaire en matière de deux roues, sa voisine

Utrecht le chérit encore davantage. Dans la première ville étudiante hollandaise, il

est au centre de toutes attentions et partout. Le long de ses canaux médiévaux, dans

ses ruelles bordées de maisons à pignons, sur ces « autoroutes » rouges qui poussent

comme des champignons. Début juillet, le départ du 102e Tour de France cycliste

sera donné entre ses murs…

Page 2: Toute la Culture
Page 3: Toute la Culture

Imaginez une cité pensée pour la pratique du vélo. Une destination où la voiture n’est

pas bannie, mais repoussée en dehors des quartiers historiques, tenue à l’écart de

certains lieux de vie. Assez pour fluidifier la circulation et rendre la rue en même temps

que le sourire aux piétons, ainsi qu’à l’homo sapiens juché sur un vélocipède dernier

cri. Bienvenue à Utrecht, la quatrième ville de ce pays conquis sur la mer, située à une

quarantaine de kilomètre au sud-est d’Amsterdam.

Le premier contact avec cette métropole au nom râpeux, snobée par les tour-opérateurs

français, n’est pas des plus enthousiasmants pour dire vrai. La traversée de sa gare, qui

communique avec un centre commercial sans intérêt, paraît interminable. Le quartier,

plongé dans d’importants travaux de rénovation, est livré aux tractopelles et aux

marteau-piqueurs sous un crachin de saison. Mieux ne vaut donc pas s’attarder… ni

s’accrocher à cette première impression peu flatteuse et trompeuse. Car en se dirigeant

au pas de course vers la vielle ville, la côte de sympathie pour la patrie d’Anton Geesink,

une légende du judo mondial, remonte en flèche. Les buildings imposants ont cédé la

place à d’adorables demeures étroites blotties les unes aux autres, les « grachtenhuis

», ces maisons en brique qui s’étirent vers le ciel et s’épanouissent le long des canaux,

les quais médiévaux classés au patrimoine mondial de l’Unesco ont remplacé les

grandes artères aseptisées et les nœuds ferroviaires… Le décor s’est embelli. Et avec lui

l’ambiance s’est sérieusement réchauffée. Tout paraît différent, tout sauf la

concentration incroyable de vélos (« fiets ») au mètre carré.

A Utrecht, il est impossible de les rater, il en sort de tous les côtés. Chaque jour, près

de 90 000 cyclistes transitent par le centre-ville, entre 7h et 19h. Un chiffre qui donne

le vertige quand on le ramène à la population locale (330 000 habitants). Paris, qui

vient de dévoiler son plan vélo 2015-2020, et se verrait un jour bien coiffer la couronne

honorifique de capitale mondiale de la bicyclette, roule loin derrière (5% des trajets

effectués à Paris). On ne change pas les mentalités, ni des habitudes culturelles ancrées

depuis des décennies en doublant la longueur des pistes cyclables. Depuis le premier

choc pétrolier en 1973, les Pays-Bas sont les champions du monde incontestés des

déplacements en transport léger. 80% des habitants font du vélo au moins une fois par

semaine. Sur l’ensemble du territoire, on recense près 18 millions d’engins pour 16,4

millions d’habitants. Une statistique qui n’émeut pas plus que cela Joop Zoetemelk qui

en connaît un rayon. « Un Néerlandais naît avec un vélo. Petit, il en a un pour aller à

l’école. A l’âge adulte, il en possède plusieurs : un pour se rendre au travail, un autre

dédié aux loisirs et à la détente. Il est sportif et aime la nature » raconte cet homme

sec, aux tempes grises, dernier « Oranje » à avoir triomphé sur les routes du Tour de

France en 1980 (ndlr : il détient aussi le record de places de 2e sur l’épreuve, 1970,

1971, 1976, 1978, 1979 et 1982).

On a croisé l’ex-champion du monde dans les salons feutrés du musée Speelkok, aux

côtés d’autres gloires de la petite reine comme Bernard Hinault (cinq fois vainqueur).

Page 4: Toute la Culture

Une jolie brochette d’anciens forçats de la route mués en VRP de luxe pour les besoins

de l’opération « J-100 avant le Grand Départ ». Les 4 et 5 juillets prochains, Utrecht

accueillera en effet la grand messe du cyclisme international avec le coup d’envoi du

Tour de France. Un contre-la-montre intramuros de 13,7 km suivi le lendemain d’une

étape en ligne entre Utrecht et Neeltje. Durant deux jours, le plus grand événement

sportif mondial annuel offrira une visibilité exceptionnelle à la ville hôte. Près de 800

000 visiteurs accros à la bicyclette sont attendus.

C’est un juste retour des choses pour cette cité modèle qui a fait du vélo la priorité de

sa politique de mobilité. Parmi ses réalisations les plus notables, on peut citer la

construction d’une méga piste cyclable urbaine de 7 km, la plus longue de tout le pays.

Les cyclistes qui empruntent cette voie express sont prioritaires à tous les croisements.

Au gré de vos pérégrinations, vous constaterez d’ailleurs que les mordus du deux roues

n’ont pas encore totalement intégré le concept de l’arrêt au feu rouge ! Et que le port

du casque est lui aussi souvent jugé superflu ! Aux Pays-Bas, on roule cheveux au vent,

tenez-le vous pour dit. Les étudiants en tête. Depuis 2014, une voie rapide et sécurisée,

100% vélo, leur permet de relier Utrecht au campus universitaire (ndlr : il est fréquenté

par 65 000 élèves), et notamment au Parc scientifique à l’architecture moderne, une

micro-ville à lui tout seul. Les plus flemmards d’entre eux, ainsi que les touristes

déambulant à pied, ont la possibilité d’expérimenter le vélo-stop, autre spécialité

locale. Ce service lancé l’an passé par l’Union des cyclistes hollandais encourage les

propriétaires de bicyclettes à prendre des piétons sur leur porte-bagage. Il fonctionne

sur le même principe que l’auto-stop : on lève son pouce, dans des zones délimitées

signalées par le panneau « Fiets Lift Plaats », pour embarquer et découvrir la ville en

compagnie d’un(e) bel(le) inconnu(e).

Ni la pluie, ni le vent, ni les vols très fréquents, ne semblent freiner cet engouement

croissant pour un mode de déplacement aujourd’hui victime de son succès. La taille du

parc cycliste, qui grossit aussi vite que la population étudiante, oblige les élus à innover

et à lancer de nouveaux équipements pour faire face à la pénurie de parkings à vélos.

Au cours des prochaines années, la municipalité d’Utrecht prévoit de construire 33 000

places de stationnement supplémentaires dont un parking à vélos de 12 500 places qui

sortira de terre près de la gare centrale. «Il n’y aura pas d’escaliers. On entrera et on

sortira du parking en pédalant sur des pistes. On roulera jusqu’à sa place.

L’infrastructure comprendra trois niveaux. Et de là, on accédera directement à la gare

» explique Frans Jan Van Rossem, responsable des grands projets cyclistes pour la ville

d’Utrecht, appelée très bientôt à détrôner sa rivale Amsterdam, qui possède encore

pour quelques mois seulement le parking à vélos plus grand au monde.

Page 5: Toute la Culture

Visiter Utrecht à vélo…

Une randonné à vélo reste le moyen le plus agréable pour explorer la cité néerlandaise,

se faufiler dans son entrelacs de ruelles et découvrir ses curiosités.

Au premier rang desquels figurent les anciens canaux, l’Oudegracht, et ses quais

uniques en leur genre. Ils ont été construits au Moyen-Age en contrebas des rues, au

niveau de l’eau. A l’époque, ils donnaient accès à des caves à provisions qui abritent à

présent des cafés et des restaurants. Le quartier de l’Oudegracht est aujourd’hui le

paradis du shopping avec ses concept-stores et ses magasins branchés.

Pour percevoir le charme d’Utrecht, il faut mettre pied à terre devant le Domtoren.

Cette tour gothique, la plus haute de tout le pays (ndlr : elle culmine à 112 m), est le

symbole et la fierté de la ville. L’ascension de ses 465 marches offre un panorama

magnifique sur la cité.

A quelques coups de pédales du centre historique, il ne faut pas rater la maison

Schröder de Rietveld classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette demeure

dessinée en 1924 par l’architecte Gerrit Rietveld, néé à Utrecht, illustre les principes

du mouvement artistique De Stijl (le Style) auquel appartenait Piet Mondrian. Cette

œuvre maîtresse d’architecture se distingue par l’emploi de lignes droites, des couleurs

primaires et des « non-couleurs ».

Si vous avez des fourmis dans les jambes, poussez la promenade jusqu’au Kasteel de

Haar, situé à 15 km à l’Ouest d’Utrecht. Il s’agit du château le plus féérique des Pays-

Bas, le plus luxueux et le plus grand aussi.

Office du tourisme des Pays-Bas

Où dormir :

- Le Grand Hotel Karel V : c’est l’établissement le plus chic d’Utrecht. Chambre à partir

de 120 euros.

Où sortir :

- Le café Olivier, ce pub installé dans une ancienne église a été élu en 2013 meilleur

café du pays.

- Le café De Beurs pour son charme et son identité très néerlandaise.

- Le Winkel van Sinkel. C’est the place to be. Un grand café-restaurant fréquenté le jour

par les étudiants qui se transforme en discothèque la nuit.

texte et photos : Renaud Moncla