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Toute la journée, Jésus avait parlé aux foules en paraboles. Le soir venu, il dit à ses disciples : "Passons sur l’autre rive". Quittant la foule, ils

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Toute la journée, Jésus avait parlé aux foules en paraboles. Le soir venu, il dit à ses disciples : "Passons sur l’autre rive" . Quittant la foule, ils emmènent Jésus dans la barque, comme il était. Et d’autres barques le suivaient.

Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien qu’elle se remplissait d’eau.

Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Ses compagnons le réveillent et lui crient : "Maître, nous sommes perdus : cela ne te fais rien ?"

Réveillé, il interpelle le vent avec vivacité et dit à la mer : "Silence, tais-toi !" Et il se fit un grand calme.

Jésus leur dit : "Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ?"

Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : "Qui est-il donc, pour que même le vent et la mer lui obéissent ?"

(Mc 4, 35-41)

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"Qui est-il ?"

Cette question, chaque chrétien se la pose tôt ou tard.

Certains saints ont passé leur vie à scruter les Écritures pour trouver un début de réponse.

Je pense que jamais personne n’a vraiment répondu à cette question. Peut-être est-ce Jean, dans le prologue de son évangile, qui est le plus explicite : la Parole de Dieu a pris chair pour habiter parmi nous.

Peut-être alors que les traductions et interprétations des textes saints qui nous ont été proposées nous ont trop habitués à donner à ce mot de Fils le sens d’une filiation terrestre.

Mais c’est là débat de théologiens…

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Je me suis demandé pourquoi le récit de ce miracle, qui ne peut guère nous concerner, est arrivé jusqu’à nous ?

Même si nous sommes en danger sur la mer, nous ne sommes pas assez naïfs pour croire que Jésus va se dresser soudain pour leur commander de se tenir tranquilles. Il s’agit là d’un simple fait-divers…

Pourtant, la réponse de Jésus m’interpelle : "Pourquoi avez-vous peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ?"

Cette question, je crois vraiment que c’est à chacun de nous qu’il la pose.

Dans notre vie, nous avons tous à affronter des tempêtes : deuils, dissensions familiales, maladie ou infirmité, pour nous ou un de nos proches.

Et Jésus dort… Nous croyons bien que Jésus dort…

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Sainte Thérèse, par exemple, avait accepté ce grand silence de Dieu, faisant de son cœur une barque pour permettre à l’Enfant Jésus d’y dormir autant qu’il le souhaitait.

Les disciples ont eu peur. Ils ont crié vers leur Maître. Je crois qu’il y avait beaucoup de confiance dans leur appel. Mais beaucoup de révolte aussi ! "Cela ne te fait rien ?"

Et c’est souvent la même question que, dans notre incompréhension, nous adressons à Dieu :

"Cela ne te fait rien, cette souffrance qui taraude mon corps et mon cœur ? Cela ne te fait rien, ces hommes, ces femmes, ces enfants, tués, mutilés ou souillés par des fous, des obsédés ? Cela ne te fait rien, ces personnes âgées maltraitées dans les foyers ou maisons de retraite ?"

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Dans leur peur, les disciples ont eu le bon réflexe : ils ont crié vers Dieu.

Entre révolte et confiance, mais ils ont crié vers lui.

Et nous, que faisons-nous ? Nous tournons-nous vers lui ? Cette scène d’évangile est là, je crois, pour nous apprendre la confiance. Jésus semble dormir, mais il est là.

Imaginez les apôtres dans la tempête ! Les uns essaient de maintenir le cap, rament désespérément. D’autres écopent l’eau qui risque de faire couler la barque.

Chacun lutte, chacun se bat ; aucun ne baisse les bras, j’en suis sûre, devant l’urgence et le danger !

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Devant le mauvais coup qui nous frappe, comment réagissons-nous ?

Crier au secours, vers Dieu ou vers nos frères, d’ailleurs, ne suffit pas, si nous ne nous battons pas nous-même.

Le proverbe "Aide-toi, le ciel t’aidera !" Me paraît tout à fait vrai.

Nous sommes si prompts à baisser les bras, à nous lamenter ! Surtout devant une situation qui s’installe– longue maladie, handicap– nous avons tendance à gémir sur nous et à regretter tout ce que nous avons perdu.

J’imagine qu’il doit être si difficile de réagir ! Nous sommes aveuglés par nos regrets, et ne voyons pas tout ce qui nous reste.

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Pourtant le Christ est là.

Il nous tend la main. Il nous fait confiance pour surmonter cette épreuve. Mais, comme les apôtres luttaient de toutes leurs forces dans la barque en péril, de même devons-nous lutter de toutes nos forces, l’espoir tendu vers la victoire.

Je sais. Un accident qui nous laisse handicapés, par exemple, toute notre énergie n’arrivera pas à enlever notre handicap.

Mais elle nous apprend à l’apprivoiser. A voir le positif qui reste à notre portée, si minime soit-il., et à l’exploiter.

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Nous sommes parfois secoués par un autre genre de tempête. Le silence de Dieu peut nous paraître très lourd lorsque notre âme est aux prises avec la tentation ou le doute…

Les tempêtes du lac de Tibériade étaient soudaines et violentes, imprévisibles et dévastatrices.

Pour les hébreux, le mal habitait dans les eaux.

Les tentations secouent aussi parfois très violemment nos cœurs. Nous devons lutter, mais aussi appeler Dieu au secours de notre faiblesse. Quelqu’un à dit : "tout faire et lutter comme si nous étions seuls et pouvions tout, mais faire confiance et nous en remettre à Dieu comme si nous ne pouvions rien."

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Dans ces luttes, que ce soit une épreuve physique ou morale, nous avons des armes !

La première, mais la plus importante, est la prière.

Nous sommes cependant, parfois, tombés si profond que nous ne pouvons plus prier. Du fond de notre détresse, nous ne savons que dire : pourquoi ?"

Ouvrons alors notre bible, lisons quelques versets. Même si nous avons l’impression que cela ne nous concerne plus, que rien ne pénètre jusqu’à notre âme, les mots familiers agiront comme un baume et comme un stimulant.

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Un extrait du Psaume 106 a été choisi pour accompagner ce texte d’évangile à la messe de ce jour :

Il parle, et provoque la tempête,Un vent qui soulève les vagues ;Portés jusqu’au ciel, retombant aux abîmes, Leur sagesse était engloutie.

Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur.Et lui les a tirés de la détresse, Réduisant la tempête au silence,Faisant taire les vagues.

Ils se réjouissent de les voir s’apaiser, D’être conduits au port qu’ils désiraient.

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Dans le passage du Livre de Job choisi pour ce même jour, Dieu, par la plume de l’écrivain sacré, précise :

"Qui donc a retenu la mer avec des portes ? …/… quand je lui imposai des limites, que je disposais les portes et leurs verrous ? Je lui dis : tu viendras jusqu’ici, tu n’iras pas plus loin. Ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots."

Nous le savons bien, tout est images dans la bible ! Dieu sait jusqu’où peut aller l’épreuve, et lui ordonne de ne pas aller plus loin.

Faisons confiance, il veille sur nous.

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Nous nous demandons souvent : au lieu de nous aider dans l’épreuve, Dieu ne ferait-il pas mieux de la supprimer ?

Large débat, pour lequel je n’ai pas de réponse. Je puis vous donner cependant le résultat de mes réflexions, mais ce ne sont que les miennes…Les vôtres vous entraîneront sûrement vers d’autres pistes….

Vous connaissez sûrement des femmes, des hommes, qui sont restés si puérils dans leurs raisonnement et leurs réactions que nous disons, avec un étonnement teinté presque de dédain : "quels enfants ! On voit bien qu’ils n’ont jamais eu de problèmes et qu’ils n’ont jamais souffert !"

Ah ! Et moi, je vois que vous savez déjà où je veux en venir ! Oui, la souffrance et la difficulté nous mûrissent, nous apprennent à nous battre dans la vie, mais nous apprennent aussi le plus souvent à mieux comprendre les autres.

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Nous devenons autres. Nous grandissons, parfois nous changeons radicalement. Une épreuve fait surgir en nous des possibilités que nous ne connaissions pas nous-mêmes, parfois des talents insoupçonnés…

Combien de personnes, par exemple, victimes d’un accident les laissant handicapées, se sont découvert un talent, souvent artistique, source de joie et d’équilibre ?

Peut-être est-ce le sens figuré des premiers mots de ce passage d’évangile : passons sur l’autre rive…

D’autre part, la liberté laissée à l’être humain fait qu’il y aura toujours des assassins, des violeurs, des fous du volant, des amoureux de la guerre (surtout quand ce n’est pas eux qui la font…) La folie humaine est à la source de bien des épreuves et de bien des douleurs;

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Je vous le répète souvent : je ne suis pas théologienne ! Ce ne sont que mes réflexions, ou que mes expériences.

C’est certainement très différent de ce que vous retirerez de ces textes. Et si vous voulez bien me partager votre propre réflexion, j’en serais ravie !!!

Et pourquoi pas, si vous n’êtes pas tout à fait d’accord et que ce que je dis vous soulève un problème, pourquoi ne pas en discuter avec un prêtre ?

De toute façon, tous ensemble, "passons sur l’autre rive !"

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Musique : Cantique traditionnel : Béni(e) sois-tu

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