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du O n vit et on vivra sans doute de plus en plus vieux puisqu'en I'#tat actuel, notre esperance de vie augmente de t. Alors qu au. plus d'un an tousles quatre an<, jourd'hui 44 O/o des femmes ont une esp~rance de vie de plus de 85 ans, on estime que la moi- ti# des filles nees en I'an 2000 sera centenaire alors que notre pays ne compte actuellernent que 5 000 centenaires. Evoquant le traitement substitutif du vieillisse- ment dans le Concours M#dical. ~ I'occasion de son 120 e anniversaire, le Pr E.E Beaumieu nous rappelle en pr~liminaire un certain nombre de donn~es aussi surprenantes qu'int~res- santes. Ainsi, I'augmentation de la Iong~vite se fait essentiellement par une prolongation de la we des personnes &g~es. II semble penser que I'augmentation de la Iong~vit6 n'est pas seule- ment d'ordre g~n#tique, d'ob I'hypothese de I'influence d'une amelioration de I'alimentation et de I'hygiene de vie. a ses yeux plus s~dui- sante. Par ailleurs, on salt maintenant qu'il y a un ralentissement de la mortafit~ apres 80 ans, seuil ~ partir duquel la probabilit# de mourir devient constante contrairement ~ ce que I'on observe entre 60 et 80 ans, ,e~riode critique pendant laquelle la probabilit~ de mourir s'~leve d'ann~e en annie. Jeanne Calment a v#cu 122 ans mais le Pr Beaulieu ne serait pas surpris que ce ,,record,, puisse #tre port# ~ 150 ans et plus. car la thee- fie dite de ,l'horloge biologique ,, qui fixe pour observe Parmi les des AI Leucemie myeo ldfde chronique, allogreffe et type de cellules- souches : faites te boa choix! 'allogreffe reste le seul traite- ment curatif de la LMC. La prin- cipale cause d'echec est la rechute post-greffe qui survient dans 15 & 25 % des cas. Pour le donneur, il existe actuellement deux moyens de collecter les cel- lules souches hematopdi'etiques (CSH) necessaires & la greffe : le prelevement de moelle osseuse classique, qui impose une anes- thesie generale, et le recueil peripherique, par cytapherese, apres administration d'un facteur de croissance des granuleux (G-CSF) pendant 5 a 10 jours. Le choix entre les deux methodes de collection est & ce jour difficile. En cas de cytapherese, le donneur evite une anesthesie generale, mais I'innocuite de I'administra- tion de G-CSF n'est pas totale- ment demontree pour le long terme, ce qui a legalement limite, au moins en France, les indica- tions de cette approche. Pour le receveur, I'avantage d'un recueil peripherique des CSH apparait surtout lie & la richesse du prele- vement permettant une prise de greffe et une independance trans- fusionnelle plus rapides; en revanche, le risque lie & la reinfu- sion d'un nombre, en moyenne, 10 lois plus eleve de lymphocytes T, reste mal evalue en terme d'augmentation de la frequence et de la severite de la reaction du greffon centre I'hete (GVH). Une premiere etude comparative, mais non randomisee, vient d'etre rapportee par une equipe alle- mande. II s'agit ici de patients atteints de LMC, greffes en pre- miere phase chronique, & partir de donneurs familiaux geno-iden- tiques ou presentant une diffe- rence HLA qualifiee de mineure : 62 patients sent greffes & partir de moelle et 29 & partir de CSH peripheriques (CSHP). Les deux populations sent comparables sauf pour deux parametres : I'&ge des donneurs significative- ment plus eleve (52 ans versus 38 ans; p < 00005) pour les patients greffes avec des CSHP, et la frequence des donneurs presentant une difference mineure avec le receveur, egale- ment plus grande (45 O/oversus 18 0/o ; p < 0,01 ) pour ce meme groupe. Avec un recul median de 28 mois, la principale difference dans I'evolution des deux groupes est le taux de rechute, qu'il soit moleculaire ou cytoge- netique. Les taux de rechute moleculaire sent ainsi de 7 0/o _+ 5 °/o pour le groupe CSHP et de 44 0/o _+ 8 % pour le groupe moelle (p < 0,009). Les taux de rechute cytogenetique sent de 0 O/opour le groupe CSHP et de 4? % _+ 11% pour le groupe moelle (p < 0,006). En revanche, il n'y a pas de dif- ference en terme de survie entre les deux groupes : survie & 4 ans estimee&61% +11 O/opourle groupe CSHP et & 64 O/o_ 6 % pour le groupe moelle (ce qui souligne I'efficacite actuelle du traitement des rechutes molecu- laires ou cytogenetiques chez ces patients). En analyse multivariee, parmi les differents facteurs de risque de rechute (dent les facteurs influant sur le risque de GVH et la GVH elle-meme), seul le type de prelevement apparatt signifi- catif avec un avantage pour les CSHP (p < 0,02) ; I'absence du benefice, classique, lie & I'exis- tence d'une GVH, peut ici etre liee & la taille de I'effectif. Ces resultats, bien que devant etre confirmes par des etudes randomisees, incluant plus de patients avec une duree de suivi superieure, sent en faveur d'un meilleur contrele de la maladie apres greffe par CSHP. L'avenir nous dira si les benefices de cette approche compensent son principal inconvenient, souligne par d'autres etudes, qui est I'aug- mentation de la frequence de la GVH chronique, atteinte parfois tres invalidante et dent le traite- ment peut etre tres difficile. Blood 94 (15/07/99) 384"389 16 RevueFranoaise des Laboratoires, octobre1999, N ° 316

«Traitement du vieillissement

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O n vit et on vivra sans doute de plus en

plus vieux puisqu'en I'#tat actuel,

notre esperance de vie augmente de

t. Alors qu au. plus d'un an tousles quatre an<,

jourd 'hui 44 O/o des femmes ont une esp~rance

de vie de plus de 85 ans, on estime que la moi-

ti# des filles nees en I'an 2000 sera centenaire

alors que notre pays ne compte actuellernent

que 5 000 centenaires.

Evoquant le traitement substitutif du vieillisse-

ment dans le Concours M#dical. ~ I'occasion

de son 120 e anniversaire, le Pr E.E Beaumieu

nous rappelle en pr~liminaire un certain nombre

de donn~es aussi surprenantes qu'int~res-

santes.

Ainsi, I'augmentation de la Iong~vite se fait

essentiellement par une prolongation de la we

des personnes &g~es. II semble penser que

I'augmentation de la Iong~vit6 n'est pas seule-

ment d'ordre g~n#tique, d'ob I'hypothese de

I' influence d'une amelioration de I'alimentation

et de I'hygiene de vie. a ses yeux plus s~dui-

sante. Par ailleurs, on salt maintenant qu' i l y a

un ralentissement de la mortafit~ apres 80 ans,

seuil ~ partir duquel la probabil it# de mourir

devient constante contrairement ~ ce que I'on

observe entre 60 et 80 ans, ,e~riode critique

pendant laquelle la probabil i t~ de mourir s'~leve

d'ann~e en annie.

Jeanne Calment a v#cu 122 ans mais le Pr

Beaulieu ne serait pas surpris que ce ,,record,,

puisse #tre port# ~ 150 ans et plus. car la thee-

fie dite de , l 'hor loge biologique ,, qui fixe pour

observe

Parmi les

des AI

Leucemie myeo ldfde chronique, allogreffe et type de cellules- souches : faites te boa choix!

'allogreffe reste le seul traite- ment curatif de la LMC. La prin- cipale cause d'echec est la rechute post-greffe qui survient dans 15 & 25 % des cas. Pour le donneur, il existe actuellement deux moyens de collecter les cel- lules souches hematopdi'etiques (CSH) necessaires & la greffe : le prelevement de moelle osseuse

classique, qui impose une anes- thesie generale, et le recueil peripherique, par cytapherese, apres administration d'un facteur de croissance des granuleux (G-CSF) pendant 5 a 10 jours. Le choix entre les deux methodes de collection est & ce jour difficile. En cas de cytapherese, le donneur evite une anesthesie generale, mais I'innocuite de I'administra- tion de G-CSF n'est pas totale- ment demontree pour le long terme, ce qui a legalement limite, au moins en France, les indica- tions de cette approche. Pour le receveur, I'avantage d'un recueil peripherique des CSH apparait surtout lie & la richesse du prele- vement permettant une prise de

greffe et une independance trans- fusionnelle plus rapides; en revanche, le risque lie & la reinfu- sion d'un nombre, en moyenne, 10 lois plus eleve de lymphocytes T, reste mal evalue en terme d'augmentation de la frequence et de la severite de la reaction du greffon centre I'hete (GVH). Une premiere etude comparative, mais non randomisee, vient d'etre rapportee par une equipe alle- mande. II s'agit ici de patients atteints de LMC, greffes en pre- miere phase chronique, & partir de donneurs familiaux geno-iden- tiques ou presentant une diffe- rence HLA qualifiee de mineure : 62 patients sent greffes & partir de moelle et 29 & partir de CSH

peripheriques (CSHP). Les deux populations sent comparables sauf pour deux parametres : I'&ge des donneurs significative- ment plus eleve (52 ans versus 38 ans; p < 00005) pour les patients greffes avec des CSHP, et la frequence des donneurs presentant une difference mineure avec le receveur, egale- ment plus grande (45 O/o versus 18 0/o ; p < 0,01 ) pour ce meme groupe. Avec un recul median de 28 mois, la principale difference dans I'evolution des deux groupes est le taux de rechute, qu'il soit moleculaire ou cytoge- netique. Les taux de rechute moleculaire sent ainsi de 7 0/o _+ 5 °/o pour le groupe CSHP et de 44 0/o _+ 8 % pour le groupe moelle (p < 0,009). Les taux de rechute cytogenetique sent de 0 O/o pour le groupe CSHP et de 4? % _+ 1 1 % pour le groupe moelle (p < 0,006). En revanche, il n'y a pas de dif- ference en terme de survie entre les deux groupes : survie & 4 ans e s t i m e e & 6 1 % +11 O/opourle groupe CSHP et & 64 O/o _ 6 % pour le groupe moelle (ce qui souligne I'efficacite actuelle du traitement des rechutes molecu- laires ou cytogenetiques chez ces patients). En analyse multivariee, parmi les differents facteurs de risque de rechute (dent les facteurs influant sur le risque de GVH et la GVH elle-meme), seul le type de prelevement apparatt signifi- catif avec un avantage pour les CSHP (p < 0,02) ; I'absence du benefice, classique, lie & I'exis- tence d'une GVH, peut ici etre liee & la taille de I'effectif. Ces resultats, bien que devant etre confirmes par des etudes randomisees, incluant plus de patients avec une duree de suivi superieure, sent en faveur d'un meilleur contrele de la maladie apres greffe par CSHP. L'avenir nous dira si les benefices de cette approche compensent son principal inconvenient, souligne par d'autres etudes, qui est I'aug- mentation de la frequence de la GVH chronique, atteinte parfois tres invalidante et dent le traite- ment peut etre tres difficile.

Blood 94 (15/07/99) 384"389

16 Revue Franoaise des Laboratoires, octobre 1999, N ° 316