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S574 JDP 2013 s’ajoutaient des polyarthralgies d’horaire inflammatoire des genoux, des doigts et lombaires basses, puis une enthésite bilaté- rale des tendons d’Achille. Il existait un syndrome inflammatoire biologique. Les prélèvements de pustules et les hémocultures répétées étaient stériles. La recherche d’HLA-B27 était négative. Les radiographies osseuses et l’IRM du bassin étaient normales. L’histologie cutanée montrait une folliculite aiguë suppurée, non spécifique. L’introduction d’un traitement par anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) permettait de contrôler les douleurs. À j3 apparaissait une tuméfaction cervicale gauche de 5 cm de diamètre. L’échographie objectivait une coulée ganglionnaire nécrotique. La biopsie ganglionnaire révélait un granulome épithé- lioïde et gigantocellulaire avec nécrose caséeuse. La culture était positive à Mycobacterium bovis. Le diagnostic de tuberculose gan- glionnaire à M. bovis révélée par une spondylarthrite avec pustulose aseptique était retenu. Aucune autre localisation de tuberculose n’était retrouvée. Une quadrithérapie antituberculeuse était débu- tée. La pustulose et l’adénopathie cervicale régressaient en 7 jours sans récidive. Les arthralgies persistaient à 1 mois, nécessitant la poursuite des AINS. Discussion.— La spondylarthrite réactionnelle à la tuberculose est aussi appelée maladie de Poncet. Un érythème noueux est classi- quement associé, bien que celui-ci ne soit rapporté que dans 6 % des cas. À notre connaissance, il s’agit du premier cas rapporté de pustulose associée à une spondylarthrtrite réactionnelle à la tuberculose. Dans ce cas, comme décrit dans la maladie de Poncet, l’arthrite réactionnelle survenait plusieurs mois après le début des symptômes d’une tuberculose extra-pulmonaire. Le traitement par AINS semble ici avoir contribué à révéler tuberculose. La réponse des symptômes réactionnels au traitement antituberculeux se fait typiquement en quelques jours, mais des délais allant de quelques jours à 4 mois ont été rapportés. Ici, la réponse cutanée, obtenue en quelques jours, était dissociée de la réponse rhumatologique obtenue en plusieurs semaines. Conclusion.— Une pustulose aseptique peut être associée à une spondylarthrite réactionnelle à la tuberculose. Cette entité doit être connue afin de ne pas retarder un traitement adapté. Déclaration d’intérêt.— Aucun. Iconographie disponible sur CD et Internet. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2013.09.478 P310 Tuberculose cutanée induite par le télaprévir : un cas de syndrome inflammatoire de reconstitution immune ? C. Hurabielle a,, C. Fite a , L. Deschamps a , T. Asselah b , B. Crickx a , V. Descamps a a Hôpital Bichat, AP—HP, Paris, France b Hôpital Beaujon, AP—HP, Paris, France Auteur correspondant. Mots clés : SRIS ; Télaprévir ; Tuberculose cutanée ; VHC ; IRIS Introduction.— Les antiprotéases tels que le télaprévir ont révolu- tionné le traitement de l’hépatite C chez les patients infectés par le VHC génotype 1 chez qui un traitement par peginterféron alpha et ribavirine a échoué. Nous rapportons l’observation d’une patiente traitée par télaprévir ayant développé une tuberculose cutanée. Observation.— Une femme de 58 ans était atteinte depuis 1993 d’hépatite C chronique active, génotype 1, compliquée de cir- rhose depuis 1999. Plusieurs lignes de traitement par interféron (INF), INF-ribavirine, puis pegINF avaient échoué. Elle avait éga- lement un antécédent personnel de tuberculose pulmonaire traitée en 1991, et un contage tuberculeux en 2009 chez sa fille. Elle avait débuté un nouveau traitement antiviral par pegINF alpha 2a et ribavirine en juin 2011, suivi un mois plus tard de l’introduction du télaprévir, pendant 12 semaines. Après 4 semaines, sa charge virale était devenue indétectable. En août 2011, elle développait de multiples nodules cutanés infiltrés, dont les biopsies montraient la présence de granulomes épithélioïdes et gigantocellulaires avec nécrose caséeuse. L’examen direct et les cultures de mycobactéries sont restées négatives. L’intradermoréaction à la tuberculine (IDR) et le quantiFERON ® étaient fortement positifs. Les autres examens recherchant une tuberculose-maladie étaient négatifs. Un traite- ment antituberculeux était instauré en décembre 2011 pour 6 mois. Les lésions cutanées disparaissaient en 2 semaines et aucune autre lésion n’est apparue depuis. Discussion.— Le télaprévir est un nouvel inhibiteur de protéases NS3/4A qui inhibe la réplication virale C. Le complexe NS3/4A a été décrit comme supprimant l’activation de l’IRF-3, un facteur de transcription antiviral essentiel à la promotion de production d’INF. Nous supposons donc qu’en plus de leur efficacité antivirale spé- cifique, les inhibiteurs de protéases tels que le télaprévir peuvent augmenter l’efficacité — et les effets indésirables — de l’INF. Depuis l’apparition de l’infection VIH, nous connaissons l’existence du syndrome inflammatoire de reconstitution immune (IRIS ou SRIS), comme l’aggravation ou l’apparition d’une infection lors de la reconstitution immunitaire. La tuberculose-IRIS est associée à une augmentation du nombre de lymphocytes T sécrétant de l’INF. Nous supposons donc dans notre cas que le télaprévir, en levant l’inhibition de la voie INF et en augmentant la réponse. INF, a pu révéler une tuberculose cutanée, à l’image d’un IRIS induit par le télaprévir. Conclusion.— Nous rapportons le premier cas de tuberculose cuta- née chez une patiente traitée par télaprévir. Ce cas peut être considéré comme un syndrome inflammatoire de reconstitution immunitaire induit par le télaprévir, dû à une levée d’inhibition de la réponse interféron. Déclaration d’intérêt.— Aucun. Iconographie disponible sur CD et Internet. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2013.09.479 P311 Tuberculose cutanée : étude rétrospective monocentrique de 13 cas en France métropolitaine P. Bilan a,, C. Sin a , A. Marchal a , W. Abdoul-Rahim b , M. Grossin b , E. Mahe a , M.-L. Sigal a a Dermatologie, centre hospitalier Victor-Dupouy, Argenteuil, France b Anatomopathologie, centre hospitalier Victor-Dupouy, Argenteuil, France Auteur correspondant. Mots clés : Épidémiologie ; Érythème induré de Bazin ; Tuberculose ; France Introduction.— La tuberculose cutanée (TC) est une forme rare de tuberculose (< 2 % des tuberculoses). Son diagnostic est compli- qué dans les pays de faible endémicité en raison de sa rareté, de son hétérogénéité clinique et du manque de sensibilité des exa- mens paracliniques. Il n’existe pas à notre connaissance d’étude évaluant de fac ¸on systématique les TC dans un centre hospitalier en France métropolitaine. Après avoir mis en évidence une augmen- tation récente des cas de TC dans notre service (P164, JDP 2012), nous avons colligé de fac ¸on systématique, sur 8 ans, les cas de TC afin d’en préciser les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et paracliniques dans un service francilien. Patients et méthodes.— Nous avons recueilli, rétrospectivement à partir du codage PMSI (A18.4) des patients hospitalisés dans tout l’hôpital, les cas de TC durant la période de 2005—2012. Les dossiers retenus étaient analysés selon une grille comprenant les données épidémiologiques, cliniques et paracliniques. Observations.— Vingt-cinq cas ont été étudiés, dont 13 ont été rete- nus. Il y avait 10 femmes et 3 hommes, d’âge moyen 52,6 ans. Dix

Tuberculose cutanée : étude rétrospective monocentrique de 13 cas en France métropolitaine

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Page 1: Tuberculose cutanée : étude rétrospective monocentrique de 13 cas en France métropolitaine

S574 JDP 2013

s’ajoutaient des polyarthralgies d’horaire inflammatoire desgenoux, des doigts et lombaires basses, puis une enthésite bilaté-rale des tendons d’Achille. Il existait un syndrome inflammatoirebiologique. Les prélèvements de pustules et les hémoculturesrépétées étaient stériles. La recherche d’HLA-B27 était négative.Les radiographies osseuses et l’IRM du bassin étaient normales.L’histologie cutanée montrait une folliculite aiguë suppurée, nonspécifique. L’introduction d’un traitement par anti-inflammatoiresnon stéroïdiens (AINS) permettait de contrôler les douleurs. Àj3 apparaissait une tuméfaction cervicale gauche de 5 cm dediamètre. L’échographie objectivait une coulée ganglionnairenécrotique. La biopsie ganglionnaire révélait un granulome épithé-lioïde et gigantocellulaire avec nécrose caséeuse. La culture étaitpositive à Mycobacterium bovis. Le diagnostic de tuberculose gan-glionnaire à M. bovis révélée par une spondylarthrite avec pustuloseaseptique était retenu. Aucune autre localisation de tuberculosen’était retrouvée. Une quadrithérapie antituberculeuse était débu-tée. La pustulose et l’adénopathie cervicale régressaient en 7 jourssans récidive. Les arthralgies persistaient à 1 mois, nécessitant lapoursuite des AINS.Discussion.— La spondylarthrite réactionnelle à la tuberculose estaussi appelée maladie de Poncet. Un érythème noueux est classi-quement associé, bien que celui-ci ne soit rapporté que dans 6 %des cas. À notre connaissance, il s’agit du premier cas rapportéde pustulose associée à une spondylarthrtrite réactionnelle à latuberculose. Dans ce cas, comme décrit dans la maladie de Poncet,l’arthrite réactionnelle survenait plusieurs mois après le début dessymptômes d’une tuberculose extra-pulmonaire. Le traitement parAINS semble ici avoir contribué à révéler tuberculose. La réponsedes symptômes réactionnels au traitement antituberculeux se faittypiquement en quelques jours, mais des délais allant de quelquesjours à 4 mois ont été rapportés. Ici, la réponse cutanée, obtenueen quelques jours, était dissociée de la réponse rhumatologiqueobtenue en plusieurs semaines.Conclusion.— Une pustulose aseptique peut être associée à unespondylarthrite réactionnelle à la tuberculose. Cette entité doitêtre connue afin de ne pas retarder un traitement adapté.Déclaration d’intérêt.— Aucun.� Iconographie disponible sur CD et Internet.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2013.09.478

P310Tuberculose cutanée induite par letélaprévir : un cas de syndromeinflammatoire de reconstitutionimmune ?�

C. Hurabielle a,∗, C. Fite a, L. Deschamps a, T. Asselah b,B. Crickx a, V. Descamps a

a Hôpital Bichat, AP—HP, Paris, Franceb Hôpital Beaujon, AP—HP, Paris, France∗ Auteur correspondant.

Mots clés : SRIS ; Télaprévir ; Tuberculose cutanée ; VHC ; IRISIntroduction.— Les antiprotéases tels que le télaprévir ont révolu-tionné le traitement de l’hépatite C chez les patients infectés par leVHC génotype 1 chez qui un traitement par peginterféron alpha etribavirine a échoué. Nous rapportons l’observation d’une patientetraitée par télaprévir ayant développé une tuberculose cutanée.Observation.— Une femme de 58 ans était atteinte depuis1993 d’hépatite C chronique active, génotype 1, compliquée de cir-rhose depuis 1999. Plusieurs lignes de traitement par interféron(INF), INF-ribavirine, puis pegINF avaient échoué. Elle avait éga-lement un antécédent personnel de tuberculose pulmonaire traitéeen 1991, et un contage tuberculeux en 2009 chez sa fille. Elle avaitdébuté un nouveau traitement antiviral par pegINF alpha 2a etribavirine en juin 2011, suivi un mois plus tard de l’introductiondu télaprévir, pendant 12 semaines. Après 4 semaines, sa charge

virale était devenue indétectable. En août 2011, elle développaitde multiples nodules cutanés infiltrés, dont les biopsies montraientla présence de granulomes épithélioïdes et gigantocellulaires avecnécrose caséeuse. L’examen direct et les cultures de mycobactériessont restées négatives. L’intradermoréaction à la tuberculine (IDR)et le quantiFERON® étaient fortement positifs. Les autres examensrecherchant une tuberculose-maladie étaient négatifs. Un traite-ment antituberculeux était instauré en décembre 2011 pour 6 mois.Les lésions cutanées disparaissaient en 2 semaines et aucune autrelésion n’est apparue depuis.Discussion.— Le télaprévir est un nouvel inhibiteur de protéasesNS3/4A qui inhibe la réplication virale C. Le complexe NS3/4A aété décrit comme supprimant l’activation de l’IRF-3, un facteur detranscription antiviral essentiel à la promotion de production d’INF.Nous supposons donc qu’en plus de leur efficacité antivirale spé-cifique, les inhibiteurs de protéases tels que le télaprévir peuventaugmenter l’efficacité — et les effets indésirables — de l’INF.Depuis l’apparition de l’infection VIH, nous connaissons l’existencedu syndrome inflammatoire de reconstitution immune (IRIS ou SRIS),comme l’aggravation ou l’apparition d’une infection lors de lareconstitution immunitaire. La tuberculose-IRIS est associée à uneaugmentation du nombre de lymphocytes T sécrétant de l’INF.Nous supposons donc dans notre cas que le télaprévir, en levantl’inhibition de la voie INF et en augmentant la réponse.INF, a pu révéler une tuberculose cutanée, à l’image d’un IRIS induitpar le télaprévir.Conclusion.— Nous rapportons le premier cas de tuberculose cuta-née chez une patiente traitée par télaprévir. Ce cas peut êtreconsidéré comme un syndrome inflammatoire de reconstitutionimmunitaire induit par le télaprévir, dû à une levée d’inhibitionde la réponse interféron.Déclaration d’intérêt.— Aucun.� Iconographie disponible sur CD et Internet.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2013.09.479

P311Tuberculose cutanée : étuderétrospective monocentrique de13 cas en France métropolitaineP. Bilan a,∗, C. Sin a, A. Marchal a, W. Abdoul-Rahim b, M. Grossin b,E. Mahe a, M.-L. Sigal a

a Dermatologie, centre hospitalier Victor-Dupouy, Argenteuil,Franceb Anatomopathologie, centre hospitalier Victor-Dupouy,Argenteuil, France∗ Auteur correspondant.

Mots clés : Épidémiologie ; Érythème induré de Bazin ;Tuberculose ; FranceIntroduction.— La tuberculose cutanée (TC) est une forme rarede tuberculose (< 2 % des tuberculoses). Son diagnostic est compli-qué dans les pays de faible endémicité en raison de sa rareté, deson hétérogénéité clinique et du manque de sensibilité des exa-mens paracliniques. Il n’existe pas à notre connaissance d’étudeévaluant de facon systématique les TC dans un centre hospitalieren France métropolitaine. Après avoir mis en évidence une augmen-tation récente des cas de TC dans notre service (P164, JDP 2012),nous avons colligé de facon systématique, sur 8 ans, les cas de TCafin d’en préciser les caractéristiques épidémiologiques, cliniqueset paracliniques dans un service francilien.Patients et méthodes.— Nous avons recueilli, rétrospectivement àpartir du codage PMSI (A18.4) des patients hospitalisés dans toutl’hôpital, les cas de TC durant la période de 2005—2012. Les dossiersretenus étaient analysés selon une grille comprenant les donnéesépidémiologiques, cliniques et paracliniques.Observations.— Vingt-cinq cas ont été étudiés, dont 13 ont été rete-nus. Il y avait 10 femmes et 3 hommes, d’âge moyen 52,6 ans. Dix

Page 2: Tuberculose cutanée : étude rétrospective monocentrique de 13 cas en France métropolitaine

Posters S575

patients étaient originaires de pays de forte endémicité (Algérie,n = 3 ; Maroc, n = 3 ; Inde, n = 3 et Egypte, n = 1). Les autres étaientoriginaires de France (n = 3) ou du Portugal (n = 1), sans séjour pro-longé en pays de forte endémicité. Les formes cliniques étaientun érythème induré de Bazin (n = 6), un scrofuloderme (n = 3), unetuberculose verruqueuse (n = 1) et une gomme tuberculeuse (n = 1).Deux formes n’étaient pas classées. Aucun patient ne présentaitd’infection par le VIH. Le délai moyen entre le début des symptômeset le diagnostic était de 11 mois.L’examen histologique trouvait un granulome tuberculoïde dans lamajorité des cas (n = 9). L’examen direct, la culture, la PCR BK,l’IDR (> 10 mm), le test interféron étaient positifs respectivementdans 1/12, 4/12, 1/5, 8/8, 8/9 cas. Dans tous les cas les lésionsrégressaient sous traitement adapté en 1 à 6 mois.Discussion.— La TC reste un diagnostic peu fréquent en Francemétropolitaine. Le retard diagnostique observé dans notre étudereflète la difficulté diagnostique des TC. L’érythème induré de Bazinest la forme la plus fréquente, suivi du scrofuloderme dans notreétude, alors que les formes les plus fréquentes, tous pays confon-dus, sont le lupus tuberculeus et le scrofuloderme. La positivité descultures (gold standard) est faible dans notre série. Le diagnosticrepose donc sur un faisceau d’arguments : cliniques, paracliniqueset parfois sur le test thérapeutique.Conclusion.— La TC est rare et de diagnostic difficile en pays defaible endémicité. Le diagnostic repose sur un faisceau d’argumentsen l’absence de test paraclinique performant en dermatologie.Déclaration d’intérêt.— Aucun.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2013.09.480

P312Premiers cas d’infection cutanéediffuse à Mycobacterium chelonaeaprès allogreffe de cellules soucheshématopoïétiques�

A. Saussine a,∗, C. Ferry b, F. Guibal a, M.-D. Vignon-Pennamen c,M. Bagot a, J.-D. Bouaziz a

a Dermatologie, hôpital Saint-Louis, AP—HP, Paris, Franceb Hématologie, hôpital Saint-Louis, AP—HP, Paris, Francec Anatomopathologie, hôpital Saint-Louis, AP—HP, Paris, France∗ Auteur correspondant.

Mots clés : Allogreffe ; Immunodépression ; MycobacteriumchelonaeIntroduction.— Malgré l’immunodépression des patients allogreffésde cellules souches hématopoïétiques, l’incidence des mycobacté-ries non tuberculeuses est faible dans cette population (0,5 à 5 %).Nous rapportons les 2 premiers cas de nodules cutanés multiples àMycobacterium chelonae après allogreffe de cellules souches héma-topoïétiques.Observations.—Cas 1.— Un homme de 58 ans, allogreffé pour un lymphome B, étaitsuivi pour une réaction du greffon contre l’hôte (GVH) chroniquedigestive mal contrôlée par méthylprednisolone et mycophénolatemofétyl. Il était adressé pour de multiples nodules sous-cutanés des4 membres. La biopsie d’un nodule montrait une panniculite sep-tale, granulomateuse, suppurée, avec coloration de Ziehl positive etprésence de M. chelonae (MC) en culture. Les hémocultures étaientstériles. Une antibiothérapie (clarithromycine, tobramycine, tige-cycline) permettait un affaissement des nodules mais le patientdécédait 3 mois plus tard dans un contexte d’insuffisance cardiaqueet de sepsis à Entérococcus faecium.Cas 2.— Un homme de 57 ans, allogreffé pour myélofibrose et suivipour une GVH chronique digestive corticodépendante, développaitde multiples nodules érythémateux sur le bras gauche dont lesexamens histologique et bactériologique étaient en faveur d’uneinfection à MC. Un traitement par azithromycine, imipénème ettobramycine était efficace.

Discussion.— M. chelonae est une mycobactérie à croissance rapide,saprophyte, ubiquitaire dans l’environnement (eau, sols, plantes).Elle est responsable d’abcès cutanés ou de lymphangite nodulaireplus rarement, ainsi que d’ostéomyélite, d’infection respiratoire etd’endocardite. Les abcès cutanés apparaissent le plus souvent aprèsdes procédures invasives (chirurgie, injection, pose d’un cathéter,acupuncture, mésothérapie). La panniculite nodulaire à MC rappor-tée ici est particulière du fait de la distribution diffuse des nodules(cas 1) et du mode de contamination possible. Chez ces 2 patientsallogreffés atteints de GVH corticodépendante, il n’y avait pas eude geste médicochirurgical récent et il n’y avait pas d’infection ducathéter. La corticothérapie prolongée avait conduit à une atrophiede la peau avec excoriations. L’enquête réalisée a permis de mon-trer que le réseau d’eau de l’établissement de soins de suite du cas1 contenait des taux élevés de MC. La contamination de l’eau durobinet utilisé pour la toilette et l’altération de la barrière cuta-née chez nos 2 patients a favorisé le développement d’une formecutanée disséminée de MC par voie cutanée.Conclusion.— Face à des nodules sous-cutanés disséminés, enparticulier chez l’immunodéprimé, une infection à MC doit êtrerecherchée.Déclaration d’intérêt.— Aucun.� Iconographie disponible sur CD et Internet.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2013.09.481

P313La lèpre dans la ville de Conakry :étude rétrospective de 423 casM. Keita a,∗, M.-M. Soumah a, A. Doumbouya a, B. Diané a,T.-M. Tounkara a, A.-D. Camara a, A. Camara a, H. Baldé a,M.-S. Kaba b, M. Cissé a

a Dermatolologie-vénéréologie, CHU de Conakry, Conakry, Guinéeb Dispensaire de Madina, programme national de lutte contre lalèpre, Conakry, Guinée∗ Auteur correspondant.

Mots clés : Clinique ; Conakry ; Épidémiologie ; Lèpre ;ThérapeutiqueIntroduction.— La lèpre est une maladie infectieuse due à Mycobac-terium leprae et atteignant préférentiellement la peau et certainsnerfs périphériques. Les objectifs de cette étude étaient de décrireles caractéristiques épidémiologiques, cliniques et thérapeutiquesdes malades de lèpre dans la ville de Conakry.Patients et méthodes.— Il s’agissait d’une étude rétrospectivedescriptive menée de janvier 2000 à décembre 2010 à partir des dos-siers de malades suivis dans les sites de prise en charge de lèprede la ville de Conakry. Nous avons inclus tous les cas de lèpre.Pour chaque cas, nous avons relevé les caractéristiques épidémio-logiques, les formes cliniques, le type de réactions lépreuses, leschéma thérapeutique et l’évolution de la maladie.Résultats.— Nous avons recensé 423 cas de lèpre sur une période de10 ans. Il s’agissait de 235 hommes et 188 femmes. L’âge moyen étaitde 39 ans, avec des extrêmes de 2 à 78 ans. La lèpre a connu uneévolution en dents de scie de 2000 à 2010, avec un pic de 70 cas en2003 suivi d’une régression pour atteindre 20 cas en 2013. Le taux dedétection annuel variait de 0,19 à 0,24 cas/10 000 habitants. La pro-portion d’enfants atteints parmi les nouveaux cas de lèpre était de0,24 %. Les formes multibacillaires (58,4 % des cas) prédominaientavec un taux d’infirmité de degré 2 de 21,7 %. Les 2 types de réac-tions lépreuses étaient représentées avec une prédominance de laréaction de type II (97 % des cas). Les troubles neurologiques consta-tés chez les malades en réaction lépreuse étaient dominés par lasimple hypertrophie nerveuse (38 cas) et la névrite (18 cas). Le tauxde couverture en polychimiothérapie (PCT) antilépreuse était de100 %. Sur le plan évolutif, nous avons compté 390 cas de guérison,31 perdus de vue et 2 cas de rechute.