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67 e congrès de la Société nationale franc ¸ aise de médecine interne – 5, 6 et 7 juin 2013, Marseille / La Revue de médecine interne 34S (2013) A85–A186 A173 vis à long terme et ont pu être analysés sur le plan de l’éducation, de la tolérance, du suivi et de l’évaluation du traitement sur les dif- férents signes cardinaux de la maladie. L’éducation a été laissée à l’appréciation du médecin qui a traduit et adapté les recettes. La perte de poids est négligeable (trois) et les troubles digestifs notés chez tous les patients disparaissent par une bonne observance des règles diététiques (trois). L’atteinte hématologique est améliorée sur le plan tumoral attestée par les données morphologiques volu- métriques (IRM, TDM hépatique), mais non améliorée de fac ¸ on significative sur le plan hématimétrique (thrombopénie). Une per- turbation des tests hépatiques est majoré de fac ¸ on transitoire (un) et l’atteinte osseuse et articulaire est amélioré progressivement et lève le handicap à un an de fac ¸ on très appréciable (deux). Conclusion.– À l’instar des affections chroniques imposant des règles hygiénodiététiques transitoires (corticothérapie...) ou défi- nitives (maladie cœliaque, diabète, HTA, dyslipidémies...) la prescription de certaines thérapeutiques impose l’aide d’un nutri- tionniste et interpelle à la rédaction (traduction adaptée au contexte socioculturel) et à la diffusion de carnets proposant des recettes et des menus à même d’aider les patients à une meilleure tolérance et à une bonne observance de leur traitement. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.195 CA191 Une baisse de vision curieuse A. Smail a , M.-A. Toussaint a , N. Taright b , V. Salle a , J. Schmidt a , R. Dahmani a , P. Duhaut a a Médecine interne, CHRU Amiens Nord, Amiens, France b Ophtalmologie, CHRU Amiens Nord, Amiens, France Introduction.– La neurofibromatose de type 1 (NF1) est la plus fréquente des maladies autosomiques dominantes (incidence de 1/3500 naissances). Le diagnostic est bien défini sur des critères précis [1]. L’atteinte oculaire est classiquement liée à la pré- sence du gliome des voies optiques. Nous décrivons un cas de NF1 compliquée d’une atteinte oculaire sans tumeur mais liée à une complication d’une dysplasie des ailes spnénoïdales [2]. Patients et méthodes.– Mademoiselle D. Angélique, 35 ans, présente depuis l’enfance une anomalie morphologique du massif orbitaire à type d’exophtalmie de l’œil gauche (photo), liée à une dysplasie des ailes sphénoïdes (radio). Deux mois auparavant, baisse progressive de son acuité de l’œil gauche. Elle est hospitalisée et une image- rie montrera uniquement une dysplasie des ailes sphénoïdes avec exophtalmie gauche sans tumeur (radio). Résultats.– Les PEV sont pathologiques avec un ralentissement des vitesses. Un ponction lombaire entraîne de fac ¸ on spectaculaire une énophtalmie du même oeil. Devant la possibilité de fibres disten- dues liées à la dysplasie (radio) avec phénomène inflammatoire, trois bolus de Solumedrol ® sont pratiqués. Le contrôle oculaire montre une amélioration modérée. Conclusion.– Les dysplasies des ailes sphénoïdes sont congénitales, en général unilatérales et non évolutives. Elles sont souvent accom- pagnées d’un neurofibrome plexiforme orbitaire, ce que nous ne retrouvons pas ici. Elles sont rares (moins de 1 % des cas de NF1). Références [1] NIH CDCS. Neurofibromatosis. Arch Neurol 1988;45:575–8. [2] Créange A, et al. Brain 1999;122:473–541. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.196 CA192 Myopathie et évaluation du débit de filtration glomérulaire : situation piège M. Michaud a , G. Moulis a , A. Inchauspe a , S. Broussaud a , D. Garipuy a , S. Fontaine a , M.-J. Ferro a , C. Couteau a , I. Tack b , M. Vallet b , F. Gaches a a Service de médecine interne, hôpital Joseph-Ducuing, Toulouse, France b Service d’explorations fonctionnelles physiologiques, CHU Toulouse, Toulouse, France Introduction.– Les formules d’estimation du débit de filtration glo- mérulaire (DFG) peuvent sous ou sur estimer la fonction rénale. Les atteintes neurologiques amyotrophiantes sont à l’origine d’une diminution des taux de créatininémie. Les formules permettant d’estimer le DFG utilisant la créatininémie ne peuvent pas être utilisées chez ces patients. Patients et méthodes.– Nous présentons les valeurs comparatives des différentes estimations du DFG chez un patient myopathe hos- pitalisé pour le bilan de répercussion d’un diabète. Observation.– M. V., 58 ans, est hospitalisé en Médecine Interne pour le bilan de retentissement d’un diabète de type 2. Il est atteint d’une amyotrophie spinale diagnostiquée à l’âge de dix ans. Il s’agit d’une maladie héréditaire autosomique récessive touchant le second motoneurone. L’étude génétique a confirmé la délétion homozygote de l’exon 7 du gène SMN. Le patient est en fauteuil roulant mais garde l’usage partiel des membres supérieurs. Le diabète est connu depuis une dizaine d’années, traité par anti- diabétiques oraux (metformine et glimépiride) et bien équilibré (HbA1c à 6,8 %). Le patient est également hypertendu. Le bilan oph- talmologique ne retrouve pas de rétinopathie ni de maculopathie. Il existe une atteinte rénale avec une protéinurie connue depuis sept ans, actuellement mesurée à 3,2 g/24 h. La créatininémie est de 38 mol/L. L’estimation du DGF est de 205 ml/min/1,73m 2 par la formule MDRD, de 127 ml/min/1,73m 2 par la formule CKD- EPI et de 216 ml/min/1,73m 2 par la formule de Cockroft. Il est donc adressé au service d’explorations physiologiques. Le DFG mesuré par la clairance de l’inuline est à 32 ml/min/1,73m 2 et à 44 ml/min/1,73m 2 par la formule CKD-EPI cystatine. En raison de l’absence d’atteinte microvasculaire ophtalmologique, une ponc- tion biopsie rénale a été réalisée pour le bilan de l’insuffisance rénale avec une protéinurie glomérulaire. Cette dernière confirme la présence d’une néphropathie diabétique avec une destruction fibreuse de 40 % des glomérules et de 35 % du cortex. Du fait de l’insuffisance rénale chronique nous avons arrêté les anti-diabétiques oraux pour passer à une insulinothérapie basale- bolus, informé le patient des précautions quant aux traitements néphrotoxiques et aux produits de contrastes néphrotoxiques. Discussion.– L’équation historique permettant estimer le DFG est la formule de Cockroft-Gault. Elle est depuis quelques années aban- donnée au profit de la formule MDRD, qui a été validée chez les patients non diabétiques, diabétiques de type 2 et chez les transplantés rénaux. Ces deux équations sont imprécises pour des valeurs basses de créatininémie (maladie neuro-musculaire, IMC inférieur à 18,5 kg/m 2 , régime végétarien). La cystatine C est un autre marqueur endogène non affecté par l’état nutritionnel, ayant une élimination rénale quasi-exclusive sans sécrétion tubulaire. Néanmoins, les variations inter-individuelles de la cystatine C sont importantes et la preuve d’une supériorité des équations utilisant la cystatine C par rapport à l’utilisation de la créatininémie encore à confirmer par des études de grande ampleur. Les recommandations internationales du KDIGO (groupe Kidney Disease : Improving Global Outcomes) en cas de pathologie modi- fiant la créatininémie est d’utiliser un marqueur exogène pour estimer le DFG. La clairance de l’inuline est considérée comme étant le Gold Standard. Elle n’est cependant pas utilisée en pratique quotidienne du fait d’un coût plus élevé et du temps nécessaire (injection de l’inuline, recueils urinaires et plasmatiques sur plu- sieurs heures). L’estimation plus précise de la fonction rénale permet de mettre en place un traitement néphroprotecteur, d’être attentif aux facteurs néphrotoxiques et d’arrêter les traitements contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale. Conclusion.– La présence d’une pathologie neuro-musculaire s’accompagne fréquemment de valeurs effondrées de créatininé- mie. Les équations utilisant ce marqueur endogène sous-estiment largement le DFG. Une exploration physiologique rénale spécialisée est nécessaire chez ces patients.

Une baisse de vision curieuse

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67e congrès de la Société nationale francaise de médecine interne – 5, 6 et 7 juin 2013, Marseille / La Revue de médecine interne 34S (2013) A85–A186 A173

vis à long terme et ont pu être analysés sur le plan de l’éducation,de la tolérance, du suivi et de l’évaluation du traitement sur les dif-férents signes cardinaux de la maladie. L’éducation a été laissée àl’appréciation du médecin qui a traduit et adapté les recettes. Laperte de poids est négligeable (trois) et les troubles digestifs notéschez tous les patients disparaissent par une bonne observance desrègles diététiques (trois). L’atteinte hématologique est amélioréesur le plan tumoral attestée par les données morphologiques volu-métriques (IRM, TDM hépatique), mais non améliorée de faconsignificative sur le plan hématimétrique (thrombopénie). Une per-turbation des tests hépatiques est majoré de facon transitoire (un)et l’atteinte osseuse et articulaire est amélioré progressivement etlève le handicap à un an de facon très appréciable (deux).Conclusion.– À l’instar des affections chroniques imposant desrègles hygiénodiététiques transitoires (corticothérapie. . .) ou défi-nitives (maladie cœliaque, diabète, HTA, dyslipidémies. . .) laprescription de certaines thérapeutiques impose l’aide d’un nutri-tionniste et interpelle à la rédaction (traduction adaptée aucontexte socioculturel) et à la diffusion de carnets proposant desrecettes et des menus à même d’aider les patients à une meilleuretolérance et à une bonne observance de leur traitement.

http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.195

CA191Une baisse de vision curieuseA. Smail a, M.-A. Toussaint a, N. Taright b, V. Salle a, J. Schmidt a,R. Dahmani a, P. Duhaut a

a Médecine interne, CHRU Amiens Nord, Amiens, Franceb Ophtalmologie, CHRU Amiens Nord, Amiens, France

Introduction.– La neurofibromatose de type 1 (NF1) est la plusfréquente des maladies autosomiques dominantes (incidence de1/3500 naissances). Le diagnostic est bien défini sur des critèresprécis [1]. L’atteinte oculaire est classiquement liée à la pré-sence du gliome des voies optiques. Nous décrivons un cas deNF1 compliquée d’une atteinte oculaire sans tumeur mais liée à unecomplication d’une dysplasie des ailes spnénoïdales [2].Patients et méthodes.– Mademoiselle D. Angélique, 35 ans, présentedepuis l’enfance une anomalie morphologique du massif orbitaire àtype d’exophtalmie de l’œil gauche (photo), liée à une dysplasie desailes sphénoïdes (radio). Deux mois auparavant, baisse progressivede son acuité de l’œil gauche. Elle est hospitalisée et une image-rie montrera uniquement une dysplasie des ailes sphénoïdes avecexophtalmie gauche sans tumeur (radio).Résultats.– Les PEV sont pathologiques avec un ralentissement desvitesses. Un ponction lombaire entraîne de facon spectaculaire uneénophtalmie du même oeil. Devant la possibilité de fibres disten-dues liées à la dysplasie (radio) avec phénomène inflammatoire,trois bolus de Solumedrol® sont pratiqués. Le contrôle oculairemontre une amélioration modérée.Conclusion.– Les dysplasies des ailes sphénoïdes sont congénitales,en général unilatérales et non évolutives. Elles sont souvent accom-pagnées d’un neurofibrome plexiforme orbitaire, ce que nous neretrouvons pas ici. Elles sont rares (moins de 1 % des cas de NF1).Références[1] NIH CDCS. Neurofibromatosis. Arch Neurol 1988;45:575–8.[2] Créange A, et al. Brain 1999;122:473–541.

http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.196

CA192Myopathie et évaluation du débit de filtrationglomérulaire : situation piègeM. Michaud a, G. Moulis a, A. Inchauspe a, S. Broussaud a,D. Garipuy a, S. Fontaine a, M.-J. Ferro a, C. Couteau a, I. Tack b,M. Vallet b, F. Gaches a

a Service de médecine interne, hôpital Joseph-Ducuing, Toulouse,France

b Service d’explorations fonctionnelles physiologiques, CHU Toulouse,Toulouse, France

Introduction.– Les formules d’estimation du débit de filtration glo-mérulaire (DFG) peuvent sous ou sur estimer la fonction rénale.Les atteintes neurologiques amyotrophiantes sont à l’origine d’unediminution des taux de créatininémie. Les formules permettantd’estimer le DFG utilisant la créatininémie ne peuvent pas êtreutilisées chez ces patients.Patients et méthodes.– Nous présentons les valeurs comparativesdes différentes estimations du DFG chez un patient myopathe hos-pitalisé pour le bilan de répercussion d’un diabète.Observation.– M. V., 58 ans, est hospitalisé en Médecine Interne pourle bilan de retentissement d’un diabète de type 2. Il est atteintd’une amyotrophie spinale diagnostiquée à l’âge de dix ans. Ils’agit d’une maladie héréditaire autosomique récessive touchantle second motoneurone. L’étude génétique a confirmé la délétionhomozygote de l’exon 7 du gène SMN. Le patient est en fauteuilroulant mais garde l’usage partiel des membres supérieurs. Lediabète est connu depuis une dizaine d’années, traité par anti-diabétiques oraux (metformine et glimépiride) et bien équilibré(HbA1c à 6,8 %). Le patient est également hypertendu. Le bilan oph-talmologique ne retrouve pas de rétinopathie ni de maculopathie.Il existe une atteinte rénale avec une protéinurie connue depuissept ans, actuellement mesurée à 3,2 g/24 h. La créatininémie estde 38 �mol/L. L’estimation du DGF est de 205 ml/min/1,73m2 parla formule MDRD, de 127 ml/min/1,73m2 par la formule CKD-EPI et de 216 ml/min/1,73m2 par la formule de Cockroft. Il estdonc adressé au service d’explorations physiologiques. Le DFGmesuré par la clairance de l’inuline est à 32 ml/min/1,73m2 et à44 ml/min/1,73m2 par la formule CKD-EPI cystatine. En raison del’absence d’atteinte microvasculaire ophtalmologique, une ponc-tion biopsie rénale a été réalisée pour le bilan de l’insuffisancerénale avec une protéinurie glomérulaire. Cette dernière confirmela présence d’une néphropathie diabétique avec une destructionfibreuse de 40 % des glomérules et de 35 % du cortex.Du fait de l’insuffisance rénale chronique nous avons arrêté lesanti-diabétiques oraux pour passer à une insulinothérapie basale-bolus, informé le patient des précautions quant aux traitementsnéphrotoxiques et aux produits de contrastes néphrotoxiques.Discussion.– L’équation historique permettant estimer le DFG est laformule de Cockroft-Gault. Elle est depuis quelques années aban-donnée au profit de la formule MDRD, qui a été validée chezles patients non diabétiques, diabétiques de type 2 et chez lestransplantés rénaux. Ces deux équations sont imprécises pour desvaleurs basses de créatininémie (maladie neuro-musculaire, IMCinférieur à 18,5 kg/m2, régime végétarien). La cystatine C est unautre marqueur endogène non affecté par l’état nutritionnel, ayantune élimination rénale quasi-exclusive sans sécrétion tubulaire.Néanmoins, les variations inter-individuelles de la cystatine C sontimportantes et la preuve d’une supériorité des équations utilisantla cystatine C par rapport à l’utilisation de la créatininémie encoreà confirmer par des études de grande ampleur.Les recommandations internationales du KDIGO (groupe KidneyDisease : Improving Global Outcomes) en cas de pathologie modi-fiant la créatininémie est d’utiliser un marqueur exogène pourestimer le DFG. La clairance de l’inuline est considérée commeétant le Gold Standard. Elle n’est cependant pas utilisée en pratiquequotidienne du fait d’un coût plus élevé et du temps nécessaire(injection de l’inuline, recueils urinaires et plasmatiques sur plu-sieurs heures). L’estimation plus précise de la fonction rénalepermet de mettre en place un traitement néphroprotecteur, d’êtreattentif aux facteurs néphrotoxiques et d’arrêter les traitementscontre-indiqués en cas d’insuffisance rénale.Conclusion.– La présence d’une pathologie neuro-musculaires’accompagne fréquemment de valeurs effondrées de créatininé-mie. Les équations utilisant ce marqueur endogène sous-estimentlargement le DFG. Une exploration physiologique rénale spécialiséeest nécessaire chez ces patients.