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 2 ème  cycle de conférences ndré Dupuy Comice agricole de Feurs Loire) Vers de nouvelles techniques d’assolement, et de semis direct, par Claude Bourguignon, microbiologiste des sols au LAMS. Sommaire Cultiver la terre sans l’éroder ............................................................................................ 2 La forêt ........................................................................................................................ 12 Le labour ...................................................................................................................... 21 Nutrition du sol et des plantes ......................................................................................... 33

Vers de nouvelles techniques d’assolement, et de semis direct

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Retranscription de la conférence de C. Bourguignon. (17/03/2007)- Cultiver la terre sans l'éroder- La forêt- Le labour- Nutrition du sol et des plantes

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Cultiver la terre sans l’éroder............................................................................................ 2

La forêt........................................................................................................................ 12

Le labour ...................................................................................................................... 21

Nutrition du sol et des plantes ......................................................................................... 33

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Donc je me présente rapidement : Claude Bourguignon, ingénieur agronome, j’ai une

double formation, à la fois une formation universitaire en biochimie-régulation, etpuis j’ai fait l’agro de Paris. J’ai travaillé pendant 10 ans à l’INRA en microbiologie des

sols, je suis microbiologiste de sol. C’est une profession qui n’existe plus puisque la

chaire de microbiologie des sols a été supprimée à l’agro en 86, donc nous ne

formons plus un seul microbiologiste des sols depuis maintenant 20 ans, bientôt une

génération, donc je suis un peu un fossile vivant si vous voulez. Connaissances de la

vie du sol qui ne sont absolument plus enseignées.

J’ai travaillé d’abord sur les bactéries du cycle de l’azote, pour essayer à l’époque de

trouver des solutions au soja américain, bon en fait on tombait sur des problèmespolitiques donc les solutions n’ont pas été utilisées. 

Et dans les années 80 j’ai mis au point une méthode mesure de l’activité biologique

des sols, et en allant sur le terrain, je me suis rendu compte que les sols étaient en

train de mourir. Pour vous donner une idée, en Europe nous avons détruit 90% de

l’activité biologique de nos sols.

Donc j’ai présenté mon travail de recherche à l’INRA, qui m’a tout de suite demandé

de ne pas publier -faut pas paniquer la population, faut être gentil avec.

Donc j’ai décidé de quitter l’inra avec mon épouse aussi qui était à l’inra, et nous

avons fondé un laboratoire privé, qui est le laboratoire d’analyse microbiologique des

sols (LAMS) où nous faisons des conseils pour les agriculteurs, comment essayer de

faire une agriculture durable justement. On en parle beaucoup mais c’est pas si facile

que ça.

Alors l’agriculture va être de toute façon obligée de changer, enfin l’agriculture

européenne, pour plusieurs raisons. D’abord une raison économique : elle n’est pas

compétitive, elle ne fonctionne que parce qu’elle est subventionnée, or vous avez

déjà des agricultures non-subventionnées qui fonctionnent, en Amérique du Sud,

dans ce qu’on appelle les pays de Cairns, où on a développé des modèles agricoles

qui n’ont pas besoin de subventions.

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Le système est si peu compétitif que nous avons détruit en 50 ans 94% de nos

agriculteurs, tellement c’est peu compétitif le modèle que nous avons développé, la

France perd entre 30 000 et 50 000 agriculteurs par an, l’Europe perd 200 000

agriculteurs chaque année.

Donc c’est vraiment une agriculture qui n’est plus capable de créer de l’emploi et

créer de l’activité économique, et en plus nous fabriquons de la mauvaise qualité,

puisque 40 % des blés produits en Europe ne sont pas panifiables, on ne peut pas

faire de pain avec. Ils sont donc donnés aux cochons… Ce qui est quand même

aberrant, de polluer son environnement pour créer un produit qui n’est pas

consommable par l’être humain.

Et il se trouve que parallèlement à cette mauvaise qualité de nos produits agricoles, le

consommateur est en train d’évoluer et il demande de la qualité. 

Pour vous donner une idée, 99 % des tomates et des fraises en Europe sont produites

hors-sol, c’est-à-dire n’ont jamais vu le sol, et n’ont aucun goût, et consomment 36

calories pour produire 1 seule calorie agricole. Donc c’est un gaspillage énergétique

assez énorme… 

Donc il y a une espèce de décalage entre le désir des consommateurs d’avoir une

meilleure qualité et un système agricole qui pour le moment ne le fait pas.

Et puis pendant ce temps-là, les pays de Cairns qui privées eux de subventions, ont

développé des modèles très compétitifs.

Donc il va falloir qu’on relève ce défi parce que d’après les annonces des économistes

européens, les subventions devraient être supprimées pour la prochaine PAC 2012.

Donc il va falloir mettre en route des systèmes qui peuvent fonctionner sans

subventions. Comme a su faire l’industrie à la sortie de la guerre, au début on l’a

subventionnée, et puis elle a appris à vivre sans.

Deuxième raison qui fait que cette agriculture va changer, c’est que cette agriculture

est destructrice de l’environnement.

Nous avons détruit en 6000 ans d’agriculture 2 milliards d’hectares de terres, et

actuellement nous détruisons, le dernier siècle qui vient de s’écouler, le XXe, a détruit

1 milliard d’hectares à lui tout seul. Nous détruisons, nous désertifions, la terre à la

vitesse de 10 millions d’hectares de terres chaque année. Le désert augmente à lavitesse de 10 millions d’hectares chaque année.

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Quand nous avons démarré l’agriculture les déserts ne représentaient que 11 % de la

surface du globe, ils représentent 33 % de la surface du globe.

Pour compenser cette perte de 10 millions d’hectares nous détruisons 15 millions –

bon à l’heure actuelle on est même à un peu plus haut- on est à 17 millionsd’hectares de forêt tropicale équatoriale que nous brûlons chaque année pour faire

de la culture.

Donc comme nous en ruinons 10 millions et que nous en gagnons 17, on a une

balance d’à peu près 5 à 7 millions d’hectares de nouvelles terres cultivées, le

problème c’est que la population elle augmente de 80 millions d’habitants, donc 

quand vous divisez 5 à 7 millions d’hectare par 80 millions d’habitants, ça nous fait

que 700 m² chacun. C’est la définition de la FAO de la famine : quand il ne reste dans

un pays plus que 700 m² de terre cultivées par habitant, les gens sont en état demalnutrition.

Alors la situation actuelle elle est la suivante : nous cultivons 1,8 milliards d’hectares

pour 6,5 milliards d’habitants, nous sommes à peu près à 2700 m² de terre cultivée

par habitant, or nous en France on mange sur 6000 m², les Etats-Uniens mangent sur

8000 m², donc si y’a que 2700 m² par personne et qu’il y en a qui consomment sur

6000 m², 8000 m², y’a des gens qui ne doivent pas manger. Effectivement il y a un

milliard d’êtres humains qui sont en état de malnutrition, c’est-à-dire autant qu’il yavait d’habitants en 1800. Jamais, dans l’histoire de l’humanité, il y a eu autant

d’hommes qui ont crevé de faim. 

Et ça ce scandale il ne va pas durer éternellement, c’est qu’y va bien falloir à un

moment que nous décidions d’arrêter de détruire cette planète, et de permettre à

tout le monde d’avoir droit à manger.

Or la situation actuelle avec cette destruction de sol, elle n’est pas très

encourageante, puisque la production de céréales n’a pas augmenté depuis 1984.Depuis 1984 nous faisons entre 1,8 et 1,9 milliards de tonnes de céréales par an, alors

que la population elle continue à monter. Mais ça se bloque, pourquoi ? Parce que les

sols sont en train de lâcher.

Quand je commençais à travailler avec les agriculteurs dans les années 80, je me

souviens des gens qui faisaient partie du club des 100 quintaux en région parisienne,

et on nous annonçait, je me souviens quand je suis rentré à l’INRA, on a sorti un livre

blanc, c’était monsieur J. Poly à l’époque, qui annonçait que en l’an 2000 l’agriculture

française produirait 150 qx de blé à l’hectare, panifiables. Nous sommes en 2007, lesgens qui faisait partie du club des 100 qx dans les années 80 sont plutôt à 85-90 qx.

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Ils ne font pas du tout 150 qx/ha panifiables. Vous avez à l’heure actuelle, sur le

marché semé, des blés qui ont un potentiel à 150 qx, je ne connais pas un seul

agriculteur céréalier français qui fait 150 qx. C’est-à-dire qu’à l’heure actuelle les

européens ont des ferraris et roulent sur des chemins de terre, ils ont des blés qui

génétiquement peuvent faire 150 qx, mais les sols sont en tellement mauvais étatqu’ils font plutôt 80-85qx. Donc c’est un recul des rendements et non pas des

lendemains qui chantent comme on nous annonçait dans les années 70.

Alors l’érosion des sols est un phénomène qui se fait en trois étapes, c’est toujours la

même évolution :

-  Premièrement : mort biologique du sol, (phase biologique) vous mettez desexcès de pesticides, excès d’engrais, vous n’apportez plus de matière

organique au sol, lentement la faune et la microflore va disparaître…

Un pays comme la France, par exemple, la France est le deuxième

consommateur mondial de pesticides, nous consommons presque autant de

pesticides que les Etats-Unis avec une surface agricole 10 fois plus petite. Nous

consommons 10 fois plus de pesticides à l’hectare que les Etats-Uniens. La

France est un des pays, avec la Hollande, qui consomme le plus de pesticides à

l’hectare.Le résultat c’est que votre population animale et fongique notamment,

disparaît.

Quand les animaux meurent, qu’est-ce qui se passe ?

Il n’y a plus de remontée des éléments par les vers de terre, par toute la faune,

qui passe son temps à remonter hein. La pluie fait descendre les nitrates, les

phosphates, la magnésie, tout ça, et sans arrêt la faune remonte.

Les sols fonctionnent depuis des millions d’années pourquoi ?

Parce que la remontée biologique des éléments lutte contre la lixiviationphysique. Ça ce sont des lois de la nature : la pluie fait descendre, la faune

remonte.

Donc quand vous tuez les vers de terre… Nous sommes passés de 2 t de vers

de terre à l’hectare à 50 kg en France (réduction de 4 000 %...), bah les vers de

terres ils ne remontent plus.

-  Donc à ce moment-là vous allez rentrer dans une phase de lixiviation, (phase

chimique) vous allez commencer à polluer les nappes et les rivières, vous allez

envoyer les phosphores dans les rivières, les nitrates vont arriver dans les

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nappes, c’est-à-dire que votre sol va commencer à se lixivier. Donc il va

s’acidifier, c’est-à-dire que vous allez perdre en particulier des éléments

comme le calcium, l’humus et l’agrile ne vont plus pouvoir s’attacher, l’argile va

partir, et ce sont vos rivières qui sont pleines de boue.

-  Et vous rentrez dans la dernière phase qui est la phase physique, c’est-à-dire

que la terre s’en va. 

Ça ce sont des photos, y’a pas besoin d’aller dans les pays tropicaux pour le voir :

voilà par exemple des choses qu’on voit très bien en France, on arrive à perdre de la

terre même, vous voyez ça c’est un drain dans la Sarthe, un drain de 90 cm deprofondeur, vous voyez l’eau est totalement boueuse.

Maintenant dès qu’il pleut en Europe, toutes vos rivières pleines de boue, ça c’est un

phénomène totalement anormal, une rivière doit rester transparente, quand vos

rivières sont boueuses ou que les fossés sont boueux c’est que c’est la terre qui s’en

va. Donc vous perdez votre patrimoine.

Bon et c’est mondial, ce n’est pas seulement l’Europe, c’est toute la planète qui est en

train de perdre ses sols, et on arrive à des situations, par exemple là c’est en zonebetteravière en bassin parisien, on a maintenant des zones (en voie de

désertification).

Alors ils parlent de « fatigue des sols », bon parce que des gens qui étaient habitués

à faire 90 t/ha de betteraves en font plus que 50, alors ils parlent de « sols fatigués ».

Nous on fait des mesures, les sols ne sont pas fatigués, les sols sont morts, y’a une

différence entre quelqu’un qui est fatigué et quelqu’un qui est mort hein, c’est pas

tout à fait pareil. Là ils sont carrément morts, c’est-à-dire que vous ne décelez plusd’activité biologique au laboratoire, vous ne comptez plus d’animaux, y’a plus rien, le

sol est dans un état… et vous avez des phénomènes de sol qui s’en vont (ravines). 

Donc le problème qu’a l’agriculture il est le suivant : Comment répondre à la fois –

c’est ça toute la difficulté- comment répondre à la fois à un impératif économique et

un impératif environnemental ?

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Bah pour ça il faut apprendre à cultiver la terre sans l’éroder.

Et ça, ça n’a jamais été fait, en 6000 ans d’agriculture, l’homme n’a jamais été capable

de développer une technique, une pratique agricole qui protège la terre.

Et c’est ça le grand challenge de ce millénaire, il va falloir que nous apprenions à

cultiver la terre sans érosion.

Alors comment faire ?

Bah il faut changer le dogme dans lequel fonctionne l’agriculture, vous savez que

l’agriculture est une activité économique qui n’a pas de bases scientifiques, qui a une

base purement dogmatique, le dogme de l’agriculture actuelle c’est : « Les sol c’estun support inerte, je mets des engrais dessus, ça rend les plantes malades, je les

soigne avec des pesticides et je produis. »

Or c’est faux, le sol n’est pas un milieu inerte, c’est le milieu le plus vivant de la

planète, 80 % des êtres vivants sont dans le sol, 80 % ! C’est pas un petit chiffre hein.

80 % de la biomasse vivante est dans les sols, c’est donc absolument pas un milieu

inerte, et il n’y a absolument pas besoin de pesticides. Si y’a des pesticides c’est que

vos plantes sont malades, si vos plantes sont malades c’est qu’elles sont mal nourries,et pourquoi elles sont mal nourries ? C’est qu’il n’y a plus de vie dans le sol, or ce sont

les microbes qui nourrissent les plantes. (par « microbes » on désigne non-seulement

les bactéries, mais aussi tous les organismes vivants, le sol contient tous les règnes du

vivant, dont une majorité d’organismes inconnus.)

Donc il faut repenser complètement le la façon dont fonctionne le sol.

Comment faire ? Bah il faut revoir toutes les bases.

-La sélection.

On sélectionne génétiquement (on parle de sélection pas de modification génétique)

à l’heure actuelle des plantes pour qu’elles répondent à la consommation d’engrais,

par exemple au début du XXe siècle la France cultivait 10 espèces de blés je ne parle

pas de variétés, je parle d’espèces, à l’heure actuelle nous n’en cultivons plus que 2, le

blé dur et le blé tendre. Et nous avons éliminé toutes les espèces qui ne répondaient

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pas aux « engrais » (stimulants artificiels pour plante) : c’est-à-dire qu’on met des

« engrais » NPK, si ça répond à l’engrais, on garde, si ça répond pas, on l’élimine.

Prenez par exemple l’épeautre. L’épeautre a été éliminé de l’agriculture française

parce qu’il ne répondait pas à l’azote. Ce sont des agriculteurs biologiques qui ontsauvé l’épeautre, puisque eux justement ils n’utilisent pas d’azote, et si nous avons

encore du triticum spelta, cette espèce qui est l’épeautre, c’est grâce aux agriculteurs

biologiques qui ont sauvé cette espèce parce que eux justement ils appréciaient sa

rusticité, c’est-à-dire le fait qu’il poussait sans avoir besoin d’azote.

Donc vous pouvez génétiquement faire, au lieu de pratiquer ce que nous pratiquons,

c’est-à-dire de détruire la biodiversité, ne cultivez plus que 2 espèces de blés, au lieu

de 10. Nous sommes passés de 3600 variétés de fruits cultivés en Europe, à moins de

40.

Au lieu de pratiquer cette destruction de la biodiversité c’est au contraire utiliser cette

biodiversité et de rechercher non pas des plantes qui vivent à coup d’engrais et de

pesticides, mais au contraire sélectionner ce qu’il y a de plus rustique, qui protège les

sols, qui n’ont pas besoin d’eau pour pousser, pas besoin de prendre de l’ogm pour

faire pousser des maïs sans eau, vous avez dans la famille des maïs (les graminées)

des espèces qui ne consomment pas d’eau. Pas besoin d’irrigation pour faire pousser

un sorgho, pour faire pousser un moha, pour faire pousser un mil, ou des millets… Pas besoin d’ogm pour faire ce genre de choses.

Vous avez sur Terre des plantes qui vivent même dans les déserts totaux, sans eau,

c’est pas la peine d’aller injecter des choses dont on ne connaît pas en plus les

résultats sur l’environnement, alors que nous avons 350 000 espèces de plantes à

notre disposition, que nous pouvons peut-être sélectionner de façon différente.

Donc c’est avoir une génétique non pas appauvrissante, mais au contraire, des

plantes qui poussent sans eau, des plantes qui mettent en valeur des sols pauvres etc.Donc c’est une autre approche de la génétique.

-Les pesticides :

C’est aussi au niveau des pesticides, apprendre à diminuer les doses et arrêter de

mettre les doses excessives que nous mettons en France, et apprendre à gérer les

pesticides de façon beaucoup plus utile.

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-Troisième domaine : le travail du sol.

Alors, l’homme n’a pas à travailler le sol, il est dur, l’homme l’a inventé. La première

agriculture a été inventée avec le feu.

Ça a été inventé y’a 500 000 ans, le feu c’est première grande invention qui permet à

l’homme de changer son milieu écologique. Donc comment il pratique ? Il pratique

ce qu’on appelle l’agriculture sous brûlis, qui consiste à mettre le feu à la végétation

locale, et dans les cendres, vous prenez un bâton à fouir, vous faites un trou dans le

sol, vous mettez une graine de légumineuse, une graine de céréale, vous rebouchez

avec l’orteil, et vous laissez pousser.

Et puis au bout d’un moment avec cette technique-là, bah la nature qui a horreur du

vide va commencer à faire pousser des « mauvaises herbes », quand y’en a trop,

qu’est-ce que fait l’agriculteur sous brûlis ? Il s’en va, ils ont des villages qui sont en

bois, ils sont mobiles, et ils se déplacent. Ils reviennent, y’a un cycle de rotation, vous

êtes en Nouvelle-Guinée, en Amazonie –parce qu’il y a encore des hommes qui

travaillent comme ça- le cycle de rotation est d’à peu près 60 ans. Tous les 60

l’homme revient au même endroit, remet le feu, cultive, dès que les mauvaises herbes

arrivent il repart.

Donc c’est une agriculture extraordinairement reposante, à peu près 2 à 3 h de travail

par jour. C’est plutôt cool, et ça a duré comme ça pendant 500 000 ans.

Puis on a inventé y’a 10 000 ans, une catastrophe pour les agriculteurs, qui est la ville

en dur. On a commencé à inventer les pyramides, les grandes villes de Babylone, tout

ça… Plus moyen pour l’agriculteur de partir. 

Parce qu’autant c’est facile de laisser pourrir un village pygmée ou papou, autant une

pyramide ça ne se déplace plus.

Donc à partir de ce moment-là les hommes ont été obligés de trouver une technique

pour continuer à cultiver avec les mauvaises herbes. Et ils vont inventer le travail du

sol…

C’est la malédiction divine, dans tous les romans, la Bible etc. toutes les légendes de

tous les peuples, l’homme vivait dans le paradis, c’est-à-dire qu’il n’avait pas à se

fatiguer, il avait juste à brûler un peu et ça poussait tout seul, et puis il invente le

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travail du sol, c’est la malédiction de Dieu, « la terre ne produira que des épines et tu

te nourriras à la sueur de ton front ». Et on passe à 14 h de travail par jour. Le

désherbage à la main, je parle d’agriculture manuelle, en Afrique le désherbage

manuel c’est 140 h de travail à l’hectare. 

Et depuis 6000 ans, l’homme travaille la terre, la terre fait pousser des mauvaises

herbes, l’homme re-détruit les mauvaises herbes… ça fait 6000 ans que la terre

explique à l’homme que le sol ne doit jamais être nu, le sol doit toujours être couvert.

C’est pour ça que dès que l’homme met le sol à nu, immédiatement la nature fait

repousser quelque chose pour protéger le sol, car ce sont les plantes, qui sont un peu

comme les cheveux sur votre crâne, les plantes sont là pour protéger le sol contrel’attaque de la pluie, contre la violence des rayons du soleil, contre l’érosion. 

Donc ce qu’il faut c’est de se dire, « Tiens, nous créons de l’érosion parce que nous

croyons absolument qu’il faut travailler les sols, la nature elle fonctionne depuis des

millions d’années sans travail, est-ce qu’on ne pourrait peut-être pas imaginer une

agriculture qui ne mette pas les sols à nu, puisque la nature elle ne veut pas que le

sol soit à nu puisqu’elle passe son temps à faire pousser les mauvaises herbes ? »

Ce que nous nous appelons « mauvaises herbes », qui sont en fait des herbes qui

viennent protéger le sol.

Est-ce qu’on ne pourrait pas trouver un autre modèle ?

Et pour ça, on va simplement faire une chose : on va étudier ce que la nature fait.

La nature elle a un avantage sur nous, c’est que elle, elle est pérenne, elle est

fortement durable, et donc elle a forcément des modèles qui fonctionnent puisqu’elle

est capable de durer des milliers d’années sans érosion et sans appauvrissement de

son.

Donc comment fait-elle ?

Je vais vous montrer une photo prise d’un avion en forêt amazonienne, vous allez

tout de suite comprendre comment fonctionne la nature.

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Donc c’est une photo prise par mon épouse sur le bassin amazonien, vous avez au-

dessus la grande réserve de l’Iguaçu, ça c’est un milieu sauvage, naturel, qui a 70

millions d’années, qui reçoit 3 mètres d’eau par an. Vous pouvez remarquer que la

rivière qui sort de la réserve, le grand fleuve est absolument transparent, et toute les

zones d’eau que vous voyez au milieu de la réserve sont absolument transparentes.

Dans la rive de l’autre côté, en face de la réserve, c’est cultivé, la rivière qui sort de la

zone cultivée est entièrement boueuse.

Ça veut dire que la nature elle fait un modèle absolument durable, y’a pas de sol qui

s’en va, dès que l’homme intervient, dès qu’il met le sol à nu, la rivière devient

totalement orange.

Ici vous pêchez, c’est plein de poisson, de l’autre côté tous les poissons crèvent noyéspar la boue.

Donc l’idée est la suivante : puis que ce modèle-là fonctionne, bah avant de la

détruire, d’y foutre le feu, de le saccager, je vais l’étudier.

Je vais essayer de comprendre comment un système est capable pendant 70 millions

d’années de recevoir 3 m d’eau par an sans perte de sol.

Donc on va regarder comment ça marche, comment un système biologique a réussi,

au cours de l’évolution, c’est-à-dire au cours de centaines de millions d’années,

d’évolution de faire un modèle qui ne perd rien. 

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Alors le modèle est le suivant :

Comment le système biologique a réussi au cours de l’évolution, c’est-à-dire au cours

de centaines de millions d’années d’évolution, de faire un modèle qui ne perd rien ?

Je vais prendre le modèle qu’il y avait en France avant que nous arrivions, c’est-à-dire

la forêt.

Donc, avant l’arrivée de l’homme, un pays comme la France était couvert à 98 % de

forêts, une forêt de feuillus, il n’y avait de résineux que dans les montagnes, la

forêt de feuillus vierge tempérée. On en a des traces dans les toitures de nos

cathédrales, et il existe encore quelques lambeaux de forêt vierge tempérée au Sub-

Chili.

C’est une forêt qui culmine à 40-45 m de haut, ce qui n’a rien à voir avec ce qu’on

appelle couramment « forêt », ce que vous vous appelez forêt ce sont des taillis, il n’y

a plus de forêt au sens « des grands chênes qui sont capables de faire des poutres de

15 m de long 60x60 cm », c’est fini, il n’y plus ça en Europe, toute la forêt européenne

a été coupée.

Alors comment fait-elle cette forêt pour fonctionner pendant aussi longtemps, sans

rien ?

Elle fonctionne de la manière suivante :

Tous les ans la forêt fait tomber -je prends la forêt tempérée de nos régions- ce

qu’on appelle la litière : les rameaux, toutes les branches mortes des arbres, et les

feuilles. Selon les systèmes climatiques, en Europe ça fait tomber entre 3 et 8 tonnes

sur le sol.

Ces rameaux et ces litières vont être attaqués (pour s’en nourrir) par 2 groupes

d’organismes :

-  Premier organisme : les « broyeurs primaires » c’est-à-dire les animaux qui

vont attaquer ces bouts de bois, qui font faire des crottes.

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-  Deuxième organisme : les champignons, les seuls organismes au monde

capables d’attaquer la lignine (= le bois).

La forêt est composée essentiellement de lignine, qui est la matière la plus abondante

produite sur terre par la vie, et ces champignons vont transformer cette lignine enhumus, qui la molécule la plus complexe que nous connaissons au point de vue

biologique.

C’est-à-dire qu’on se rend compte que qu’est-ce que fait la nature ? Elle prend une

substance, des rameaux des feuilles, donc de la lignine, une substance qui est déjà

complexe, et elle la rend encore plus complexe !

C’est ce qu’on appelle en biologie les phénomènes « d’agradation », c’est-à-dire que

pour lutter contre l’érosion, contre les lois physiques qui sont très dures, que fait lanature ? Elle agrade, elle complexifie, elle répond à la destruction du milieu physique

par une complexification.

C’est l’inverse de ce que fait toute notre agriculture, elle minéralise, dégrade, passe

son temps à dégrader les sols, détruire la matière organique, la minéraliser, la

transformer en nitrate, donc la détruire.

La vie ce n’est pas du tout ça qu’elle fait. Première étape elle agrade, elle créée de la

complexité.

Alors, ce schéma de l’humus : cet humus va se former à la surface avec d’abord des

animaux qui vont attaquer les parties tendres des feuille, vous avez tous vu dans les

bois des feuilles qui sont transformées en dentelles, ces animaux c’est ce qu’on

appelle des collemboles, des organismes assez particuliers, très variés au point de

vue forme. Nous connaissons à peu près 10% de ces espèces, c’est un monde

totalement inconnu, très peu étudié… population de ces animaux en forêt : 3 à 4milliards à l’hectare. Leur travail c’est attaquer les parties tendres. 

Ensuite vous avez les animaux qui attaquent les parties plus costaudes, ce sont les

acariens. Pareil, 3 à 4 milliard / ha, des formes extrêmement variées. Eux sont

capables d’attaquer les nervures des feuilles, les bouts de bois. 

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Vous avez ensuite les vers de terre qui vivent à la surface su sol, qui sont des animaux

qui mangent plutôt les excréments des acariens et des collemboles, donc les vers

épigés. ( épi = sur et gé = la terre – du grec) Y’en a que vous connaissez bien c’est

Eisenia fetida (le ver du fumier ou « ver rouge »), qui se nourrit uniquement

d’excréments d’animaux, il nettoie toutes les crottes d’animaux sauvages. 

Et puis, vous avez des animaux capables carrément d’attaquer des bouts de bois,

comme les cloportes, c’est-à-dire des crustacés, des iules qui ont des mandibules

extrêmement costauds et qui mangent carrément des tiges de colza, des trognons de

maïs… Ils sont capables d’attaquer des choses dures. 

Après vous avez des prédateurs qui mangent tous ces animaux : des pseudo-scorpions, des araignées… 

Donc vous voyez, tout un monde qui est à l’intérieur du sol et qui va participer à cette

première étape qui est de broyer pour faciliter l’attaque des champignons.

Quand vous regardez l’attaque de ces animaux, en microscopie, vous vous rendez

compte qu’ils ont créé des crottes, ce qu’on appelle des boulettes fécales 

(microscopiques), et qu’ils ont incroyablement aéré le sol. Grâce au travail de cette

faune, le sol va devenir absolument comme de la moquette, vous avez tous été

marché dans les bois et vous avez remarqué l’incroyable moelleux du sol forestier.

C’est que le sol forestier c’est 80 % de « vide », c’est que de l’air.

Ça va permettre à la forêt de résister à la pluie, car quand il pleut, elle n’est pas

gênée, elle ne connait pas l’érosion : elle a une perméabilité de 150 mm d’eau à

l’heure. C’est-à-dire qu’un sol forestier peut recevoir 150 mm d’eau à l’heure, toute

l’eau va rentrer dans le sol. Pour vous donner une idée, un limon labouré a uneperméabilité d’1 mm d’eau / heure.

La forêt 150, l’homme travaille le sol, le laboure : 1 mm d’eau / heure. Vous avez

maintenant des limons dans la région de la somme qui sont tombés à 1 mm d’eau en

24 heures, ils ne boivent qu’un millimètre d’eau en 24 h, c’est-à-dire que l’eau stagne

pendant plusieurs jours sur le sol.

Les forêts équatoriales boivent 300 mm d’eau / h, je ne sais pas si vous voyez, mais

l’érosion n’existe pas, toute l’eau va être freinée et passer à travers ces boulettesfécales.

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Ensuite les champignons, si on regarde dans le détail, c’est-à-dire en grossissement

plus fort les boulettes fécales, vous allez voir le vide que ça fait par rapport à la

matière pleine :

Vous voyez c’est comme des grosses billes qui sont superposées, donc l’eau peut

rentrer là-dedans extrêmement facilement.

Alors, les arbres eux vont s’adapter à ce système, c’est-à-dire que la litière est

attaquée, elle est transformée en humus, et au printemps qu’est-ce qui va se passer ?Eh bien une partie de l’humus, 1 à 2 % chaque année, va se minéraliser sous

l’action des bactéries ce coup-ci (ce n’est plus le rôle des champignons), et

lentement une partie de cet humus va se minéraliser, va donner naissance à du

nitrate, du phosphate, du sulfate… qui va descendre à travers la couche du sol, qui

sera récupéré, si vous avez vu les enracinements d’arbres, vous avez vu qu’ils ont une

première couche de racines horizontales, qui rampent sous la litière, ces racines vont

récupérer le nitrate, phosphate etc. et vont le recycler… 

Le système sol-plante est fermé, y’a pas de pertes, pas de perte de phosphate, de

nitrate, de magnésie, de calcium : tout est constamment recyclé, par qu’il y a un

réseau de racine sous la matière organique. C’est ça le système astucieux de la

nature, c’est que les racines se mettent sous la matière organique, et ne sont pas au-

dessus comme nous le faisons avec le labour, nous mettons la paille au fond, sous les

racines, donc nous polluons. Là, la matière organique elle est bien au-dessus.

Les arbres ont ensuite un deuxième système d’enracinement, qui est un système

pivotant qui lui va plonger dans le sol, profondément, jusqu’à la roche-mère.

Là il y a deux solutions :

-  La roche-mère est fissurée et la racine va continuer son chemin, et là elle va

descendre très profond. Record mesuré dans un pays comme la France : sous

chêne 150 m de profondeur, sous merisier 140 m, sous orme 110 m… c’est-à-

dire que l’arbre va jusqu’à la nappe, et il est la seule plante au monde

capable de prendre l’excédent de la pluie et de l’emmener jusqu’à la

nappe phréatique le long de ses racines. Les spéléologues qui nousramènent ces racines, -parce qu’on ne prend pas une pelleteuse pour creuser

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sur 150 m !- ce sont eux qui nous rapportent ces racines de grande

profondeur, ils nous disent que dans les grottes souterraines ils voient l’eau

ruisseler le long des racines.

L’arbre c’est LE grand gestionnaire de l’eau, parce que d’une part il va

développer des champignons qui retiennent l’eau à la surface du sol, c’estpour ça que les sols forestiers sont toujours frais et ne sont jamais sec, et

d’autre part il gère, il remplit, il stocke l’excédent d’eau de pluie dans la nappe.

L’arbre est une plante absolument unique de par son fonctionnement, ce sont

vraiment eux qui gèrent l’eau. 

-  Là où ce n’est pas fissuré, la racine va ramper sur le caillou et va l’attaquer,

avec des acides, elle va sécréter des acides organiques et elle va le dissoudre.

Elle va être pour ça aidée par des bactéries, c’est-à-dire que l’arbre va envoyerdu sucre dans ses racines (toutes les plantes font ainsi), sucre qui vient de la

photosynthèse, qui nourrit des microbes qui vont attaquer le caillou et

fabriquer du nitrate, du phosphate, de la potasse, du souffre etc. et vont le

donner à l’arbre. Donc il y a un échange.

L’arbre va remonter les éléments de la roche-mère jusque dans son feuillage.

A cette profondeur, il y a des racines qui meurent, et ces racines mortes seront ànouveau nettoyée par une faune spécialisée, qu’on appelle la faune endogée, des

collemboles, des acariens mais de grande profondeur), qui vont nettoyer tout ça pour

permettre aux jeunes racines de revenir.

Cette attaque de la roche-mère par les racines va transformer la roche en une

fraction minérale très complexe – Là encore on retrouve toujours le système

biologique qui passe d’un système simple à un autre plus complexe – ces cristauxsont les plus complexes que nous connaissons sur terre, ils s’appellent les argiles.

Les argiles sont des silicates de fer et d’alumine : Comment sont-ils formés par les

racines ?

Quand j’ai fait l’agro, personne ne savait comment elle se formait, donc on sortait des

théories totalement délirantes et incompréhensibles, et puis à la fin des années 80

une équipe Canadienne et Australienne a montré comment ça se faisait, il ne fallait

pas aller chercher des théories très compliquées, c’est tout simple :

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La plante, lorsqu’elle attaque une roche, qu’est-ce qu’elle va pomper ?

Elle va pomper tout ce dont elle a besoin -soufre, calcium, magnésium, potasse,

phosphore, … tout ce qui la nourrit.

Or les roche de quoi sont-elles formées ?

Elles sont formées essentiellement de silice, de fer et d’aluminium, qui sont les

atomes majoritaires dans la roche (croûte terrestre : Silicium 26%, Aluminium 7%, Fer

4%), donc lorsqu’une plante va pomper tout ce dont elle a besoin, elle va laisser dans

la périphérie racinaire beaucoup de silice, de fer et d’aluminium, car elles en utilisetrès peu, ce sont des oligo-éléments pour elle.

Or vous avez une loi en chimie qui dit que quand une substance en solution dans

l’eau devient trop concentrée, elle cristallise. C’est comme ça qu’on récolte le sel

marin, on fait évaporer de l’eau de mer, et puis à un moment le sel cristallise tout seul

car il est arrivé à un certain niveau de concentration dans l’eau de mer. 

Il va se passer la même chose autour de racines des plantes, tous ces éléments de

silice, de fer et d’aluminium qui se concentrent de plus en plus, à un moment vontcristalliser en silicate de fer et d’alumine, c’est-à-dire les argiles, qui sont des cristaux

extrêmement grand, de grand feuillets, et ces feuillets ont une capacité d’échange en

cation. C’est-à-dire que ces minéraux ont la propriété remarquable de retenir la

potasse, la magnésie, le calcium (tous les cations)… c’est-à-dire que la vie fabrique un

système qui va lui permettre de se nourrir.

C’est quand même assez extraordinaire de voir à quoi l’évolution a abouti, en

attaquant un matériel minéral, la roche, pour la transformer en les cristaux les plus

complexes que nous connaissons sur Terre, l’argile ; elle attaque des rameaux et des

feuilles pour en faire la molécule biologique la plus complexe du monde, l’humus. 

Et il se trouve que dans le sol, humus et argile vont s’attacher grâce à une troisième

faune, que vous connaissez tous, qui s’appelle les vers de terre, ceux-là vous les

connaissez bien, ce sont les grands vers de terre qu’on voit sortir la nuit pendant leur

période de reproduction au printemps, qui s’appelle donc la faune anécique.

Ces grands vers qui circulent verticalement dans leurs galeries, et qui vont remonter

constamment de la terre, toutes les nuits ils remontent dans leurs galeries, ils

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viennent chercher de la matière organique, ils vident leur intestin pour former ce

qu’on appelle un turricule, ils redescendent dans leurs galeries, ils revident un

turricule etc.

On a montré que c’est en fait dans l’intestin de ces vers de terre que l’humus etl’argile se mettaient ensemble pour former le complexe argilo-humique. Les deux

éléments de ce complexe sont attachés par des ions qui ont deux charges positives,

le calcium, l’argile et l’humus étant négatifs, or les vers de terre ont une glande

appelée la glande de Morren, qui sécrète énormément de calcium. Dans l’intestin du

vers de terre, argile et humus vont s’attacher ensemble. C’est pour ça que

lorsqu’on prend une crotte de vers de terre et qu’on la met dans un bocal d’eau, vous

verrez que la crotte ne s’effondre pas – si vous prenez de la terre ça fait de la boue au

fond du bocal – tandis que le turricule ne bouge pas car c’est un complexe argilo-humique parfaitement stable.

Donc on voit que le sol est un modèle tout à fait remarquable, c’est le milieu le

plus riche du monde, c’est le seul milieu qui est formé d’une matière organique

et d’une matière minérale. L’atmosphère et l’eau sont des milieux purement

minéraux, ce sont des milieux qu’on ne se prive pas de polluer, mais ce ne sont pas

des milieux que nous pouvons détruire. Quand un milieu est minéral, les attachessont atomiques, c’est indestructible. Tout qu’on pourrait faire si on voulait faire

disparaître l’eau de la surface du sol, c’est chauffer le tout jusqu’à évaporation, mais

ce serait toujours de l’eau. L’atmosphère, pour casser des molécules d’azote, qui font

70% de l’atmosphère, avec une triple liaison, on sait le faire maintenant pour

fabriquer les engrais chimiques, il faut en gros une tonne de pétrole pour faire une

tonne d’engrais. Ce sont des énergies énormes.

Par contre détruire un sol c’est excessivement simple : il suffit tout simplement que

vous arrêtiez d’apporter de la matière organique à votre sol, il suffit qu’au lieu delaisser la matière organique au-dessus vous l’enfouissiez avec un labour, et vous allez

faire disparaître la matière organique, faire disparaître les humus. A ce moment-là les

argiles ne sont plus attachées, et c’est l’érosion, vous avez de la boue plein les

rivières.

Le sol a la propriété d’être le milieu le plus riche du monde, puisqu’il a une capacité

d’échange en cation, il retient les éléments nutritifs, mais il est le plus fragile, le plus

sensible à l’action humaine. C’est donc quand on connaît le fonctionnement du solqu’on peut éviter de le détruire.

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Je vais vous montrer une photo, ça devient difficile de trouver des sols cultivés ou il y

a pas mal de vers de terre, mais des personnes qui travaillent encore correctement on

en trouve.

Voilà le travail des vers de terre sur un limon, vous voyez comment ils rayent, tous ces

traits verticaux sont des galeries de vers de terre qui y circulent constamment du haut

 jusqu’en bas.

Ils mangent leur poids de terre tous les jours, un bon sol forestier c’est entre 2 t et 4 t

de vers de terre / ha, donc tous les jours ils remontent leur poids de terre, vous voyez

le brassage que ça fait ! C’est-à-dire que les vers de terre brassent entre 100 t et plus

de 1000 t de terre par hectare et par an. Ce sont plusieurs centimètres de terre

chaque année.

Ce sont eux qui sont responsables de l’enfouissement des restes humains, vous savez

que lorsque les archéologues font des fouilles, ils trouvent tout en bas la pierre

taillée, ensuite les mosaïques romaines, ensuite les restes du Moyen-Age, ce n’est pas

parce que les gens de la pierre taillée vivaient sous terre, ils vivaient comme nous à la

surface de la terre, mais les vers de terre ont recouvert constamment ces restes.Darwin a été le premier à donner une datation des restes humains en mesurant

l’épaisseur de terre déposée par ces vers, connaissant le poids de terre transporté

tous les jours par les vers de terre, il a été le premier à donner des datations par ex.

ceci a 10 000 ans vu l’épaisseur de terre etc. 

Si vous avez mis des pas japonais dans votre jardin, vous avez remarqué que les

pierres disparaissent lentement… ce sont les vers de terre qui déposent de la terre

constamment par-dessus. C’est pour ça que souvent j’entends les agriculteurs qui me

disent « Roh là là ! J’ai les pierres qui remontent ! », Non ce ne sont JAMAIS lespierres qui remontent, ça n’existe pas, c’est la terre qui s’en va… 

Donc quand vous voyez les pierres apparaître, c’est que vous êtes en train de perdre

votre sol. Les pierres ne font que s’enfoncer sous le travail de la faune. 

Si vous allez dans les forêts, autrefois toutes les forêts étaient cultivées, faites un trou

dans la forêt, vous retrouverez l’ancien horizon cultivé par un petit lit de pierre,

caractéristique, qui était l’ancienne surface agricole, et les vers de terre ont remis de

la terre par-dessus, ils ont fait doucement disparaître ces couches de terre.

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On les étudie, c’est ainsi qu’on sait que les gaulois labouraient dans les deux sens, car

on voit ces petites couches qui sont intactes depuis longtemps, et on se rend compte,

par les orientations des feuillets d’argile, orientés perpendiculairement, qu’on

travaillait une fois dans un sens, et une fois dans l’autre. 

Donc vous voyez, le sol ce n’est pas du tout un milieu inerte, mort, c’est un milieu

extraordinairement vivant, très complexe, et que si on veut faire une agriculture

« durable », il faut cesser de violer les lois du sol, cesser de raconter que c’est un

milieu mort, inerte, et qui a juste besoin d’engrais chimiques, mais il faut essayer de

le comprendre, donc d’étudier son système biologique.

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Alors, pourquoi le labour est une catastrophe, pourquoi il produit tellement d’érosion,

associé avec les engrais chimiques ? – Déjà que les engrais chimiques favorisent laminéralisation de la matière organique, les pesticides détruisent la faune et puis le

labour, lui, met tout à l’envers - Alors pourquoi est-ce une catastrophe ?

Quand vous avez labouré, qu’est-ce que vous faites ?

D’abord vous faites une semelle, c’est-à-dire qu’avec votre charrue plus vous

labourez profond plus la semelle va être dure, plus il faut de puissance au tracteur,

et plus vous lissez le sol. Cette semelle va déjà empêcher l’eau de circuler.

Puis vous avez pris la paille et vous l’avez mis au fond du profil. Ça, la nature elle n’est

pas du tout au courant de ça, il y a des millions d’années que les animaux

travaillent la matière organique en surface.

Donc quand vous allez la mettre au fond, que se passe-t-il ?

Il y a énormément d’espèces qui vont disparaitre parce qu’elles ne savent pas vivre en

profondeur dans le sol, elles ont l’habitude de vivre au-dessus. Donc déjà vous faiteschuter tout de suite la population du sol.

Ensuite les animaux qui vont transformer cette paille, qui arrivent à vivre

profondément dans le sol, vont faire des crottes, celles-ci vont être attaquées par les

microbes, et le problème des microbes c’est qu’ils consomment énormément de

dioxygène, on dit qu’ils ont une forte demande biologique en dioxygène. Ils

consomment 350 fois plus de dioxygène que nous, à masse égale.

Donc qu’est-ce qui va se passer ? Eh bien comme le dioxygène ne va pas avoir letemps de traverser la couche labourée, on va rentrer en anaérobiose, ça va se mettre

à puer, si vous avez enfoui du fumier ça va carrément sentir mauvais, ça va vous faire

dégueuler.

Or il est totalement impossible de faire de l’humus en anaérobiose !

Car les champignons sont tous aérobies, il n’existe aucun champignon anaérobique

sur Terre.

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Donc vous ne faite plus d’humus. Le jour où vous labourez, vous arrêtez la

production d’humus. C’est pour ça que curieusement, les agriculteurs ont du mal à

comprendre pourquoi nous avons triplé le volume de paille depuis 1900 -2 t

paille/ha, maintenant 6 t- et nous avons divisé par quatre la teneur en matière

organique du sol. C’est quand même curieux ! Comment ça ce fait qu’on avait plus de4% de matière organique en 1900, et qu’on en a plus que 1,4 %, alors que nous

produisons trois fois plus de paille ?!

C’est simplement qu’en 1900, les gens travaillaient au cheval, et vous ne labourez

pas à 30 cm, même avec les chevaux les plus puissants, au cheval on « gratte » la

surface du sol. Donc ils laissaient encore de la paille proche de la surface du sol,

l’humus était encore fabriqué. 

Le jour où vous labourez à plus de 8 cm de profondeur, c’est fini, vous pouvez

faire une croix sur l’humus. 

Venise est une ville qui est sur l’eau, et pourquoi elle tient ? Parce que les piliers de

chêne sont sous l’eau, il n’y a pas de décomposition, cette ville tient depuis 1000 ans

parce qu’il n’y a pas de champignons pour attaquer les piliers.

Tout agriculteur, surtout les éleveurs, qui ont eu l’occasion de faire des clôtures, aura

remarqué que lorsqu’il sort un piquet en bois, donc de la lignine qui n’est attaqué

que par les champignons –les bactéries ne peuvent pas toucher à la lignine-, il auraconstaté que le piquet n’est attaqué, creusé, qu’en haut, et la pointe qui était enfouie

est intacte.

Donc quand vous enfouissez votre paille, tout comme la pointe du piquet qui reste

intacte, elle ne fait plus d’humus. 

Le jour où vous pratiquez ça, où vous retournez votre terre, votre terre va mourir.

C’est-à-dire que vous avez commencé l’érosion (phase 1 : mort biologique). C’est

inévitable, c’est une pratique qui ne peut pas faire autre chose que de l’érosion. 

En plus, les grands vers de terre, qu’est-ce qu’y vont faire ?

Bah, ils ne vont pas s’amuser à remonter jusqu’en surface, puisque votre paille vous

l’avez mis au fond. Donc les vers de terre arrêtent leur galeries à partir de là, ils ne

remontent plus les éléments, puisque de toute façon vous leur donnez à manger au

fond. (phase 2 : lixiviation)

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Ensuite le blé, quand il va descendre avec ses racines, il descend dans la couche

anaérobique, ça pue, il s’arrête. Il attend que la fermentation soit finie.

Donc si votre blé est semé en octobre, ses racines descendent à la vitesse d’1 cm / 

 jour, si vous avez enfoui à 30 cm, il lui faut 1 mois pour arriver à la zone putréfiée, etlà ça pue, donc il attend. Tant que ça pue, il ne passera pas.

Si y’a un mois de fermentation, vous perdez 30 cm d’enracinement, deux mois

60 cm… et pendant ce temps-là comme vous n’avez que des transformations

anaérobies, ça minéralise, il n’y a pas d’humus, comme ce n’est pas complexe, vous

avez au contraire une dégradation, vous perdez les éléments car ils ne sont pas

captés par les racines puisqu’elles sont en attente au-dessus, donc vous polluez la

nappe.

Donc vous avez tout faux pour le sol, tout faux pour l’évolution de la matière

organique, tout faux pour la faune, tout faux avec la pollution de la nappe. Donc il

faut arrêter cette méthode-là.

Le problème c’est que, comme c’est écrit dans la Bible, et que les gens font des

concours de labour, que c’est rentré dans l’inconscient collectif, c’est un travail de

sociologie. C’est-à-dire que c’est exactement comme il faut expliquer en Afriquequ’on n’a pas à tuer les femmes comme ça, etc. il faut leur expliquer des bases, il faut

expliquer que le labour est une pure vision ancienne, à l’époque où on ne pouvait

pas faire autrement, alors que maintenant on sait comment fonctionne le sol et qu’on

a plus besoin de labourer, mais ça demande du temps, ce ne sont pas les sols qui

sont difficiles à décompacter, c’est la tête des gens. Parce qu’ils sont bloqués

depuis 6000 ans dans des légendes, qui n’ont rien de scientifique, qui sont… des

légendes… On n’a jamais augmenté un rendement avec un labour, dans aucune

expérience agronomique sur Terre, mais les gens sont persuadés que si on ne labourepas, ça ne produit pas. Alors qu’on a au contraire des augmentations de rendement

quand on arrête de labourer.

Mais c’est vrai que psychologiquement, je le reconnais, ce n’est pas simple. 

Alors, comment faire ? Comment l’agriculteur peut-il passer à un arrêt du labour ?

Bon, il faut d’abord que dans sa tête il soit bien, car il ne va pas être encouragé par

ses voisins qui vont se moquer de lui, « tu vas rater, tu vas couler, tu vas rayer ta

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ferme, tu vas la vendre… », Il faut qu’il lutte psychologiquement contre un

environnement défavorable.

Mais il faut surtout, le problème, il faut qu’il relance la faune. Quand vous êtes

tombé à 50 kg de vers de terre / ha, vous n’allez pas leur demander dedécomposer tout de suite la paille. Donc en général on passe par des étapes, ça va

dépendre un peu des rotations que vous avez, si vous avez des rotations très dures

pour le sol comme betterave/patate/oignon/haricot vert/blé, c’est-à-dire une céréale

tous les 5 ans, vous comptez à peu près 15 ans avant de remettre votre sol debout, si

vous avez des rotation de type blé/orge/colza, c’est-à-dire que des cultures d’hiver

qui sont semées dans des bonnes conditions et moissonnées en bonne conditions, en

général en 3-4 ans la faune est revenue.

Donc on peut pendant une étape, si vous êtes en prairie vous n’avez pas besoin decette étape-là, passer par le TCS c’est-à-dire la « technique de culture simplifiée »,

qui consiste à remuer superficiellement la matière organique. Alors vous avez des tas

de machines, ça va des machines rotatives type Horsh ou Dutzi, qui vont mélanger

superficiellement la paille et le sol. Moi je les appelle les « techniques compliquées de

semis », parce que ce sont des techniques qui sont quand même embêtantes, vous

mélangez de la paille avec le sol donc vous créez des soifs azotées, donc il faut

mettre de l’azote au moment du semis, ce n’est pas recommandé à l’heure actuelle

par les chambres d’agriculture. Vous avez des problèmes de limaces, les vers deterre ne reviennent pas tout de suite, vous avez beaucoup plus de mauvaises

herbes parce que l’intérêt au moins du labour, parce qu’il n’a été créé que pour ça,

c’est de désherber -c’est un désherbant le labour.

Là au contraire vous allez stimuler les mauvaises herbes, donc ça demande pendant

un moment d’utiliser des herbicides, ce qui n’est pas top pour le sol, mais c’est

souvent une étape assez indispensable avant que la vie revienne, et quand le sol

redevient vivant, on peut vendre la charrue et passer aux techniques de semis directsous couvert.

Alors le semis directe sous couvert c’est quoi le principe ? Eh bien c’est copier la

nature, c’est-à-dire à l’inverse de ce qu’on voit faire, enfouir tout avec une

putréfaction.

Là c’est du tournesol labouré, vous voyez tous les côtés bleutés de la putréfaction en

anaérobiose, c’est de ne surtout pas faire ça, c’est au contraire se baser sur une

observation très simple, qui est que quand j’observe un blé qui se développe, onconstate qu’il a extrêmement bien structuré le sol.

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Si je regarde une plante sur le sol, qu’est-ce que je constate ? Un contraste énorme

entre la zone compactée par la charrue -ce qu’on appelle la semelle de labour, qui est

du vrai béton- puis au-dessus j’ai un sol extraordinairement aéré, c’est-à-dire que la

racine, la biologie, elle ne compacte pas, elle fait exactement l’inverse, elle

décompacte, elle créée une énorme aération.

Or quel est le problème de l’agriculteur depuis 6000 ans ? C’est :

-  Ne pas avoir de mauvaises herbes

-  Et avoir un lit de semence

Un lit de semence c’est quoi ? C’est une terre grumeleuse, c’est justement pas des

grosses mottes, qui va permettre à la graine d’avoir et du dioxygène et de la fraîcheur

pour germer. Car toute la difficulté pour la graine, c’est qu’il lui faut de l’eau sinonelle ne germe pas, mais il lui faut quand même de l’air pour respirer.

Or qu’est-ce que je constate ? On voit que les racines créent exactement ce que je

veux. Donc si je trouve une plante qui m’étouffe les mauvaises herbes et que je peux

détruire facilement, par exemple une plante qui gèle, qui va mourir aux premiers

coups de l’hiver, et qui me structure le sol, bah j’ai mon lit de semence, j’ai un sol

propre, je peux semer.

Donc l’idée c’est, au milieu de ces 350 000 espèces de plantes qui existent sur Terre,de rechercher les plantes qui sont capables de structurer le plus efficacement les sols,

et puis je vais semer dedans. Alors vous avez des plantes remarquables, qui ont des

capacités de faire de la racine qui sont tout à fait remarquables.

Alors le grand spécialiste de ça c’est Wes Jackson aux Etats Unis, c’est un monsieur

qui travaille depuis très longtemps sur des plantes intercalaires pour préparer les sols

et les décompacter. Donc voyez, il sélectionne les graminées – ce sont les graminées

qui sont les plus performantes – Il sélectionne des plantes qui font énormément de

racines. C’est-à-dire qui en très peu de temps sont capables de faire des volumesracinaires tels que le sol n’est plus qu’un lit de semence, cette plante, si vous la

choisissez parce qu’elle gèle, alors vous allez tout simplement passer dedans et semer

directement dans la végétation, et vous allez profiter du travail fabuleux qu’ont fait

ces racines. Alors on travaille à l’heure actuelle avec des plantes qui font 12 milliards

de kilomètres de racines à l’hectare, je ne sais pas si vous voyez ce que ça fait : vous

transformez les terres. On les utilise en milieu amazonien, dans des milieux

extrêmement durs, où on a 95 % d’argile, avec des pluviométries de 3 m d’eau par an,

donc des sols que les agronomes disaient jusque-là incultivables, parce que quandvous descendez une charrue dans un sol à 95 % d’argile et qu’il pleut 3 m d’eau par

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an, je peux vous dire que vous faites une bouillie, ce sont des sols que l’agriculture

classique ruine en 5 ans, en 5 ans il n’y plus rien qui pousse. Alors qu’avec ces plantes

intercalaires-là, on fait de la production sans arrêt, puisqu’on ne laisse jamais le sol nu

et qu’on va le structurer avec les racines. 

Donc l’idée c’est de mettre une plante intercalaire : alors en plus cette plante

intercalaire vous pouvez la choisir comme plante énergétique, vous allez la mettre

entre deux cultures, c’est-à-dire que par exemple vous récoltez une orge d’hiver,

avant que vous plantiez votre culture d’hiver vous avez un certain temps, hé bien

pendant ce temps-là vous pouvez faire une culture énergétique (ou n’importe quelle

autre culture intercalaire). Car raconter qu’on va faire des cultures énergétiques à la

place des cultures alimentaires alors qu’on n’a déjà plus assez à manger sur Terre, est

une idée totalement farfelue. Il va falloir qu’on garde nos surfaces agricoles pourmanger. Par contre à partir du moment où vous ne labourez plus, c’est-à-dire que

vous ne faites plus un passage de labour pour faire des mottes, ensuite un passage

pour casser les mottes, ensuite un passage pour aplanir tout ça, c’est-à-dire 4

passages avant d’installer une culture, si vous avez juste à semer, vous avez quand

même gagné trois passages, vous gagnez du temps, au lieu d’attendre entre tous vos

passages et de laisser le sol nu, vous pouvez produire. Donc l’idée c’est : « je vais

installer une culture tout de suite derrière la plante récoltée». Comment on va faire ?

Eh bien si on prend un itinéraire derrière une céréale d’hiver, je prends une situationoù il n’y a pas d’élevage donc je n’ai pas besoin des pailles, je ne moissonne que les

épis, avec ce qu’on appelle un « stripper », qui est une moissonneuse qui travaille très

haut, je ne prends que les épis donc je consomme déjà beaucoup moins de fioul

puisque je n’ai pas à broyer les pailles, je laisse les pailles debout (c’est très important

de les laisser debout), et avec un semoir à disque je sème directement dedans une

culture intercalaire. Ça peut être une culture à gibier, une culture qui récupère l’azote,

ou qui fait de l’énergie, c’est-à-dire qui produit par exemple, si elle est à cycle court,

de l’huile. On a maintenant des crucifères qui ont des cycles à 90 jours, donc vous

pouvez très bien entre une moisson 15 juillet et un semis 15 octobre, avoir le temps

de produire une crucifère qui vous fait de l’huile. 

Alors ça vous fait des semis qui sont un petit peu différent de ce que l’on a l’habitude

de faire, puisque vous allez semer directement dans la paille.

Voilà par exemple un semis intercalaire sur le plateau blanc en Bourgogne, conditions

assez froides, donc là c’était un sarrasin qui est un excellent précédent au blé, donc là

on est en train de semer dans le sarrasin. Alors vous voyez le principe, quand vous

regardez par en haut, on dirait qu’on a rien fait, parce que la machine se contente de

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fendre, laisser tomber la graine et refermer sillon, donc pas de levée de mauvaises

herbes. Puisque dès que vous touchez la terre les mauvaises herbes se lèvent, le

principe c’est surtout de ne pas faire de mauvaises herbes et de tout de suite

s’installer.

Alors ça fait de temps en temps des semis marrant, voilà par exemple un semis dans

l’Ain, près le Lyon, là on sème sous la pluie, ce jour-là il était tombé 12 mm d’eau. On

sème direct, on s’en fiche qu’il y ait de l’eau puisque de toute façon on roule sur des

plantes. Donc vous ouvrez votre calendrier de semis de façon très intéressante.

Là je suis en train de semer ! Alors c’est vrai que c’est choquant quand vous voyez ça.

« Holà dis-donc le gars y sème, qu’est-ce qui va faire ? » Bah ça c’est une plante qui

gèle donc y’a absolument pas de souci à se faire, et on sème notre culture.

Plus il fait chaud, plus vous faites des cultures intercalaires imposantes : quand vous

descendez dans le Sud de la France, où on a un climat fait qu’il y a plus de chaleur

entre le 15 juillet et le 15 octobre, donc on arrive à faire des végétations qui sont très

hautes. Là vous voyez le tracteur y commence à plus voir grand-chose. Alors là, vous

terminez votre culture avec 2 à 3 kg d’azote en reliquats, tout l’azote est dans la

plante intercalaire.

Voilà ce que donne une culture blé sur blé zéro herbicide. Vous voyez qu’il est

propre, il n’est pas salit par les mauvaises herbes. Pourquoi ? Parce que je n’ai paslaissé pousser les mauvaises herbes puisque j’ai mis une plante qui a tout étouffé.

Donc quand je le regarde de près mon blé, on se rend compte qu’il n’y rien qui a eu

le temps de pousser : J’ai deux paille, et la paille, là c’était un blé sur blé, donc du blé

précédent, et la paille de la plante intercalaire (ici en l’occurrence un sorgho que j’ai

couché sur le sol). Vous voyez il y a des petites bicoques qui commencent à

apparaître, mais au stade où est le blé, elles ne le rattraperont plus, c’est fini, lui il a

gagné.

Donc vous rendez compte que vous arrivez à faire des itinéraires très économiques :

un itinéraire labour c’est 140 L de fuel / ha, un itinéraire en semis direct c’est 25 L.

Donc au niveau économie ce n’est pas inintéressant puisque vous n’avez plus besoin

de gros tracteurs de 200 chevaux pour faire du boulot.

Alors voilà ce que ça donne sur le sol : ça c’est un essai sur un limon battant dans la

région du Mans. Donc on a divisé la parcelle en deux : parcelle avec labour, voyez

l’état des surfaces… ça c’est un limon qui a une perméabilité de 0,5 mm d’eau / h. 1

an de culture sans labour, regardez déjà toutes les crottes de vers de terre quiapparaissent, tous les trous, ça y est maintenant l’eau ne reste plus sur le champ. Ça,

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ça s’est fait en un an seulement. Simplement, de ne pas avoir tout de suite déchaumé,

tout enfoui, ou même brûlées les pailles, d’avoir tout laissé sur le sol, voyez déjà l’état

du sol. Donc les sols répondent vite quand vous arrêtez de tout enfouir.

Alors si vous avez un maïs à faire derrière un blé, c’est-à-dire si vous faites uneculture de printemps derrière une culture d’hiver, on fera deux cultures

intercalaires :

-  On récolte le blé

-  Dans le blé je mets ma culture d’été, en plus le gros avantage de la culture

intercalaire c’est que vous profitez des 3 derniers mois chauds, fin juillet

tout le mois d’août et tout le mois de septembre, qui sont les derniers mois

chauds où vous pouvez faire encore de la biomasse et où vous pouvez encore

faire de la photosynthèse.-  Derrière je vais mettre une culture d’hiver. Car ce système ne marche que si la

plante dans laquelle je sème est vivante, si elle est morte depuis plusieurs

mois, elle est toute pourrie, elle n’a plus du tout d’effet. Je vais avoir de la terre

qui va coller sur mes disques, je vais sortir de la terre donc je vais avoir des

mauvaises herbes. Il faut que ma plante soit broyée la veille pour pouvoir

semer. Je mets cette culture d’hiver. 

-  et dans cette culture d’hiver je sème. 

Alors ça fait des levées de maïs qui sont assez marantes, parce qu’on n’est pas

habitué à voir le maïs sortir au milieu de ça.

Vous voyez vous avez le maïs qui sort au milieu du « caca », ce n’est pas gênant, c’est

tout mort, y’a pas de mauvaises herbes. 

Ce qui fait que vous vous retrouvez au moment de la récolte un maïs qui est propre,

vous voyez au sol c’est tout propre. J’ai encore un gros mulch, j’ai encore un gros tas

de matière organique, donc y’a tous les vers de terre qui reviennent, les collemboles,les acariens etc. et puis mon sol il est propre.

Ce maïs je vais à nouveau le récolter au stripper, je vais prendre que les épis, je laisse

tout au sol, et je ressème immédiatement une culture d’hiver.

Donc vous voyez je n’arrête jamais, c’est-à-dire que le principe c’est de copier la

nature : je ne laisse jamais mon sol nu.

C’est la règle de base, tout le temps occuper le sol avec une plante, et pour ça il faut

du semoir rapide, il ne faut surtout pas être obligé de labourer la terre et de la

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remuer, sinon, si je suis obligé de tripatouiller la terre, je vais perdre du temps et je ne

vais pas avoir le temps de faire mes itinéraires.

Alors, on a avec le travail de W. Jackson sur la sélection des plantes, on des plantes

remarquables.

Voilà par exemple à l’heure actuelle la championne qu’on a dans le monde, qu’on

n’utilise pas ici, c’est une plante tropicale qu’on utilise pour mettre en valeur et pour

arrêter les dégâts dans les sols équatoriaux amazoniens. Alors vous êtes ici sur un

latosol dans la région de Lucas de Verde avec 95 % d’argile, cette plante elle a 60

 jours, en 60 jours elle a transformé un sol argileux en un « couscous », et là on fait

passer le bétail d’abord puisqu’elle est très sucrée, le bétail adore, on fait brouter par

le bétail et on sème directement dedans, les sojas, les riz.

Si on prend une plante comme le colza, alors on n’a pas le temps de faire une

intercalaire entre une orge et un colza, donc on va semer directement le colza dans

les pailles de l’orge. 

Voilà ce que ça donne. Ça c’est un semis qui est réussi, l’agriculteur a travaillé à la

bonne vitesse, il faut travailler à 8-9 km/h, il ne faut pas travailler trop vite sinon vous

projetez de la terre et vous aurez des mauvaises herbes. Donc c’est un semis bien

réussi, on a l’impression qu’il y a juste les graines qui sortent au milieu de la paille,

comme je n’ai pas touché à la terre, pas de mauvaises herbes.

C’est le principe de base, si vous ne touchez pas à la terre vous n’aurez pas de

mauvaises herbes. Dès que vous touchez la terre, ça se lève. Mais cette technique

demande du doigté. Attention la technique que je vous décris, elle est beaucoup plus

compliquée que le labour. N’importe qui peut faire du labour, ça par contre c’est très

technique.

La paille est broyée là ? 

Non, surtout pas broyée !

Nature.

Vous la laissez comme ça.

Pour en revenir au seigle ou blé, j’aime pas trop le maïs, puisqu’au moment du semis

du maïs la plante est quand même à très forte hauteur… Elle est détruite de quelle

manière ? 

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On utilise ce qu’on appelle le « rouleau faca », c’est-à-dire qu’à l’avant du tracteur on

a un rouleau qui a des barres, qui casse la paille tous les 10 cm, la paille est barrée, et

comme vous le faites au moment de l’épiaison sur le seigle ou le blé, quand vous

venez pour semer votre maïs, la plante crève. Mais il faut absolument que vous ayez

les bonnes distances sur votre rouleau faca, ça vous étale votre seigle sur le sol. Lemeilleur précédent pour le maïs c’est l’avoine, l’avoine d’hiver c’est ce qu’il y a de

mieux. Et vous l’écrasez sur le sol, donc le sol est complètement couvert de la paille

de blé qui était au sol quand vous avez semé l’avoine d’hiver, et vous allez écraser

votre avoine avec le rouleau faca devant vous, et derrière vous semez.

Ça coupe le stade végétatif de l’avoine ? 

Complètement. Elle crève. Et ça vous fait un espèce de matelas. Alors c’est vrai qu’il y

a des éleveurs qui eux préfèrent la faucher et la donner aux bêtes, mais là c’esttoujours un peu dangereux, c’est le printemps, faut faire attention aux conditions

humides, mais c’est vrai que si les conditions le permettent, que le sol est porteur, ça

vaut le coup de le faucher puis de le donner aux animaux.

Et par rapport aux problèmes de limaces et de rongeurs parce que la paille est en

surface… 

Alors les invasions de limaces sont liées à la disparition de leurs prédateurs qui sont

les carabes. Vous êtes dans la même situation qu’étaient les vignerons avec lesaraignées rouges dans les années 70 : ils balançaient des insecticides à haute dose, ils

avaient tué les typhlodromes qui sont les parasites des araignées rouges, une fois

qu’on a compris le phénomène on a arrêté de tuer les typhlodromes, maintenant plus

aucun vigneron ne traite contre les araignées rouges.

Alors il faut que vous remettiez les carabes, le problème c’est qu’ils dorment dans les

haies, y passent l’hiver dans les haies, or vous avez arraché les haies… Donc là il y a

tout un problème de remettre les prédateurs, et surtout de faire très attention à ceque vous mettez dans le sol, surtout si vous mettez des anti-taupins ou des choses

comme ça, là vous massacrez massivement vos carabes. Et là vous aurez des

problèmes de limaces.

Mais les études qui ont été faites dans différentes chambres d’agriculture en France

montrent qu’il y a autant de problème de limaces en TCS, en semis direct, alors c’est

vrai que le labour a l’avantage de les mettre bien au fond. Mais vous ne réglez va le

problème des limaces, les limaces, si vous en avez, ça se traite au mois de juin, dans

les blés, il faut aller la nuit dans les blés avec une lampe de poche quand elles

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montent le long de vos tiges de blé, parce que c’est cette génération-là qui va

pondre et qui va détruire vos semis d’automne.

Donc si vous avez de la limace au mois de juin, faut traiter. En plus si vous traitez au

mois de juin, le gros avantage c’est que pendant que vous faites ça, vous mettez unépandeur d’anti-limace à l’avant de votre tracteur ou à l’arrière, le gros avantage c’est

que tous les vers de terres sont rentrés parce que la céréale a séché le sol, donc vous

n’allez pas tuer vos vers de terre, et vous allez pouvoir vous débarrasser de vos

limaces. Sinon vous allez en avoir des milliers… Mais bon y’a pas mal de gens qui

commencent à maitriser ce problème-là, il vaut mieux que vous alliez voir des gens

qui font du semis direct depuis déjà un moment en France, qui vous expliqueront

comment ils ont fait pour lutter contre. Mais c’est vrai que les premiers temps, il ne

faut pas laisser les limaces vous envahir. C’est vrai que ce sont des bêtes trèsembêtantes.

Mais c’est un phénomène de déprédation, les limaces sont une vraie plaie, on le sait

maintenant, des études ont montré que c’était parce qu’elles n’ont plus de

prédateurs, elles n’ont plus de carabes. Des régions comme la Beauce, où il y avait il

n’y a pas encore si longtemps que ça, y’a 40 ans, il y avait encore une quinzaine

d’espèces de carabes, il n’y a plus rien… Donc les limaces elles sont ravies, hein, un

carabe lui il vous mange une bande de limaces au 4h, c’est une bête qui limite bien

les populations de limaces.

Voilà un autre semis, vous voyez, bien réalisé, voilà, l’agriculteur a bien travaillé, il n’a

pas projeté de terre, vous voyez, aucune terre n’est revenu en surface, la levée se fait

toute seule. Ça c’est vraiment un doigté, c’est-à-dire qu’apprendre à semer sans

projeter de la terre, ça c’est technique. 

Alors quand on regarde le principe du semoir, c’est tout bête, bon une fois de plus

c’est un agriculteur qui a inventé ça. Ce sont deux disques, un qui est plus long que

l’autre, qui va donc fendre la terre, l’autre sert d’espace pour faire tomber la graine, etvous avez une roue latérale qui va refermer le sillon. C’est tout simple, donc ça vous

permet de semer, par exemple au Brésil on sème dans 4 mètres de végétation, pour

vous donner une idée de ce qu’on est capable de faire dans les pays tropicaux, où là

le climat est beaucoup plus puissant que chez nous, en 60 jours on fait 4 mètres de

végétation. On sème dans 95 tonnes de matière organique à l’hectare. Y’a pas une

seule mauvaise herbe au sol, alors que moi j’ai vu des gars labourer au Brésil, y

pleuraient. Le type y sème son soja, et puis vous revenez 15 jours après, vous

cherchez vainement le soja, vous avez de la mauvaise herbe partout, tout est étouffé.

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Les types chialaient devant leurs cultures, parce que ce sont des pays où la violence

du climat est telle que les mauvaises herbes prennent le pas sur vos cultures.

Là le principe est tout bête : la nature veut faire pousser des plantes ? eh bien on va

lui en mettre, mais je vais mettre des plantes que moi je contrôle, des plantes quemoi je connais.

J’ai par exemple un excès d’azote, je vais prendre en intercalaire une crucifère qui

pousse très vite, qui consomme beaucoup d’azote, par exemple un radis chinois qui

consomme énormément d’azote, je vais arrêter de polluer. Si par exemple je suis en

Bretagne avec un excès de lisier, j’ai beaucoup trop d’azote dans ma rotation, par ce

que j’ai pas assez d’espace, j’ai trop de cochons par rapport à mes hectares, eh bien je

vais utiliser une crucifère qui va pomper cet azote.

Si je ne suis pas dans un cas d’excès d’azote, que mon problème c’est plutôt qu’au

mois de juillet j’ai pas beaucoup d’eau, que mon climat est plutôt séchant, eh bien je

vais mettre une graminée qui pousse sans eau, qui a pas besoin pour pousser, je ne

vais surtout pas détruire ma paille et remuer le terrain, par ce que là je dessèche tout,

et c’est fini, y’a plus rien qui poussera avant les pluies de septembre. Je vais surtout

garder ma fraîcheur que j’ai dans ma paille qui est encore debout, puisque quand 

vous couchez une paille debout, vous allez maintenir ce qu’on appelle l’arrêt du film

capillaire dans un sol, vous allez garder de la fraîcheur, juste ce qu’il faut pour fairedémarrer l’intercalaire, qui ensuite vont pousser, là ce sont des plantes qui

descendent à la vitesse de 5 cm / jour dans le sol, donc elles sont vite dans la

fraîcheur, et elles vont remplacer, elles vont nettoyer. Mais c’est vrai que tout ça

demande une adaptation à chaque région, c’est une agriculture si vous voulez qui est

beaucoup plus scientifique et beaucoup plus technique que de simplement labourer.

Alors cette technique va très bien même pour la toute petite agriculture. On l’utilise

même pour les tout petits agriculteurs des pays pauvres, alors pour les plus pauvres

de tous on utilise le « tico-tico », qui est donc un semoir à disque pour semis directmanuel, à main, c’est-à-dire que la personne au lieu d’avoir sa houe pour essayer de

travailler son sol, on va lui faire mettre cette culture, qui sera fauchée à la faux, là je

parle des gens, par exemple du Vietnam, qui ont 2500 m² de terre cultivées pour faire

vivre la famille, ou l’Afrique où là c’est 1 hectare. On fauche, et on prend cette

machine, qui a un réservoir de graines, on en a même des plus sophistiquées avec 2

réservoirs, un pour les graines et l’autre pour l’azote, alors on va mettre 15 unités

d’azote / ha, on plante dans la végétation, ils l’ont appelée « tico-tico » puisque

lorsque vous mettez la graine, la machine fait ce bruit. Vous avez la machine tirée aucheval qui fait 2 rangées d’un coup, puis vous avez les machines rotatives pour les

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maraîchers, avec des roues avec des trous de différentes tailles en fonction des

graines que vous mettez, là le principe c’est de semer des trèfles Trifolium

subterraneum, une légumineuse, on la tond très raz, on prend la roue et on sème

directement les radis, les plantes dans la couverture de la légumineuse.

Lorsque vous arrêtez de tout enfouir et que vous redonnez à manger aux animaux et

aux microbes, les microbes ils fabriquent le « moins », ils fabriquent ce qu’on appelleles anions, nitrate, sulfate, phosphate, et vous allez renourrir vos plantes.

Ça ce sont des modèles où très vite vous tombez à 1 unité (1 kg) d’azote par quintal

de blé, quand vous relancez bien la vie de votre sol, vous n’avez plus besoin d’autant

d’engrais. Plus le sol est mort, plus il lui faut d’engrais, plus il est vivant, moins vous

en consommez.

Alors, rapidement, on va regarder comment la plante se nourrit dans un sol. On va

vieux comprendre pourquoi il faut arrêter de détruire la vie des sols.

La plante se nourrit dans deux milieux. 

Elle se nourrit d’abord et avant tout dans l’atmosphère. Dans l’atmosphère la plante

va prendre sa quantité, la qualité c’est le sol qui va la donner. C’est pour ça que le

hors sol ne donne pas de qualité. Pourquoi une tomate hors-sol n’est pas bonne ?

Pourquoi une fraise hors sol n’est pas bonne ? C’est qu’elle n’est pas en contact avec

le sol, donc elle n’a que sa photosynthèse qui fait du sucre, elle n’a aucun goût. La

qualité d’un produit c’est le sol qui la donne, la quantité c’est l’atmosphère. 

Dans l’atmosphère la plante prélève 94 % de sa matière sèche. Donc vous voyez

c’est l’énorme majorité, l’estomac de la plante c’est sa feuille.

Elle n’y prélève pourtant que trois atomes : le carbone, l’oxygène, et l’hydrogène.

C’est tout ce qu’elle prélève, par la photosynthèse, elle ouvre ses stomates.

Alors le carbone et l’oxygène qui font chacun 44 % du poids sec des plantes, elle va le

capter sous forme de gaz carbonique (dioxyde de carbone), en ce moment lesagriculteurs sont très gagnants avec le réchauffement terrestre, parce que l’humanité

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dégage beaucoup de gaz carbonique dans l’atmosphère, et les rendements ont

augmenté d’un peu plus de 7 % grâce à la pollution atmosphérique. Donc les

agriculteurs sont plutôt gagnants de cette pollution de l’atmosphère au gaz

carbonique, car ça fait de la photosynthèse.

Et on a montré par exemple que si les agriculteurs arrêtaient de labourer, sur la

planète, on diminuerait de 40 % le dégagement de gaz carbonique planétaire.

Puisqu’avec le semis direct vous remontez le taux d’humus dans le sol, vous stockez

le carbone… Pour vous donner une idée, un labour dégage 1 t de gaz carbonique à

l’hectare, un semis direct stocke 4 t de gaz carbonique à l’hectare (vous augmentez

votre taux de matière organique de 0,3 % par an.). Vous stockez le gaz carbonique

puisque sans arrêt vous fabriquez de la biomasse, et cette biomasse vous la laissez se

transformer en humus sur le sol.On a calculé que si tous les agriculteurs arrivaient à se décompacter le crâne,

arrivaient à quitter leurs charrues et à acheter des petits tracteurs, on diminue de 40

% le dégagement de gaz carbonique. C’est ENORME, ce ne sont pas des petits

chiffres, vous avez un milliard huit cent millions d’hectares de terres cultivées, si vous

stockez 4 t de gaz carbonique par hectare, ça vous fait quand même 7 milliards de

tonnes de gaz carbonique fixé, l’humanité en dégage 6,5 milliard de tonnes, donc ça

change tout. Le problème c’est qu’il faut comprendre, ce n’est pas seulement par la

forêt qu’on va arrêter le gaz carbonique, c’est ARRÊTER LES SOL NUS !

Le jour où on interdira le feu, on interdira les gens du brûler les mauvaises herbes, de

brûler le bois, à une époque la France brûlait 13 millions de tonnes de paille à

l’hectare par an, dans les années 80. Bon maintenant ça y est, c’est calmé, on voit plus

de gars brûler leur pailles. Donc la suppression du feu déjà, mais même dans les

 jardins privés, y’a des gens qui brûlent leur mauvaises herbes, ça c’est le geste

primitif, archaïque de l’homme primitif, il faut arrêter de brûler. La matière

organique c’est de l’or pour le sol. Il faut arrêter de brûler, il faut la transformeren humus. Il faut la laisser à la surface du sol quand vous tondez votre gazon vous

laissez le gazon au pied de vos rosiers vous n’aurez pas à les désherber, et vous allez

renourrir votre sol. Là c’est une règle de base : ne jamais brûler de matière

organique. 

Ce gaz carbonique, il est transformé tout de suite en sucres par les plantes. Donc si

vous avez des plantes qui travaillent toute l’année, vous allez fixer beaucoup plus de

gaz carbonique, vous allez lutter très efficacement contre le réchauffement terrestre.

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Ce gaz carbonique va être transformé, dans la feuille, au cours d’une réaction qu’on

appelle la photosynthèse, en sucres (C6H12O6). L’hydrogène (H) vient de l’eau de pluie,

l’eau de pluie va être transformée lors de la réaction de photosynthèse en hydrogène

qui va rentrer dans les sucres. Donc la photosynthèse c’est quoi ? C’est gaz

carbonique + eau donne (l’eau va se décomposer en oxygène et en hydrogène qui vadans les sucres) oxygène + sucres.

Quand le citadin va manger le pain, il va dégager du gaz carbonique par ses

poumons, il va uriner, ça va repartir dans les nuages, ça va retomber dans les champs,

le vent va souffler sur les villes, le gaz carbonique va repartir dans les champs, et c’est

repartit… Ça c’est un cycle qui peut durer pendant des millions d’années, il ne se

passera rien, puisque ça va revenir automatiquement, c’est 94 % du poids sec des

plantes y revient simplement par la météo. Donc il faut arrêter ce mensongeagricole qui dure depuis 50 ans de faire croire aux gens que s’il n’y avait pas 

d’engrais, on mourrait de faim, c’est un énorme mensonge.

Les forêts tropicales ont une productivité énorme, elles n’ont jamais reçu un engrais

de leur vie, elles continuent toujours de faire des arbres de 90 m de haut, depuis des

millions d’années, le plus vieux modèle qu’on connait c’est Bornéo 150 millions

d’années, 9 mètres d’eau de pluviométrie annuelle, les arbres font 80 m de haut

personne n’a jamais mis d’engrais sur Bornéo.

Bornéo fonctionne toujours. Il faut arrêter de dire que sans engrais on crèverait de

faim, c’est faux. Relancez la vie des sols, vous nourrirez l’humanité.

Alors le sol lui par contre il ne fournit « rien », seulement 6 % de la matière sèche.

Mais attention, l’atmosphère ne fournit que 3 atomes, carbone, oxygène, hydrogène.

C’est 28 atomes qui vont être prélevés dans le sol et qui vont rentrer dans les

plantes. Et c’est ça qui va donner toute la qualité, c’est ça qui va donner les goûts.

Tous les parfums, tous les arômes qu’il y a dans les plantes, que ce soit dans le vin,que ce soit dans n’importe quel fruit. Alors l’argument des gens c’est « mais non, le

sol ne peut pas donner le goût puisque les arômes sont des produits carbonés, et

que le carbone vient de l’atmosphère ».

Mais ils oublient une chose, les gens qui ne connaissent pas bien la physiologie, c’est

qu’un arôme, pour être synthétisé, dans tous les organismes vivants, toutes les

molécules sont synthétisées par des protéines qu’on appelle des enzymes. Toutes les

réactions biochimiques du monde vivant sont synthétisées par des enzymes. Or

les enzymes c’est quoi ? Les enzymes sont des protéines, qui contiennent un

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cofacteur, c’est-à-dire un oligo-élément (qui vient du sol), qui lui permettre de faire

cette réaction.

Le nitrogénase qui fixe l’azote est une enzyme qui contient du molybdène. L’enzyme

qui fait la photosynthèse, la chlorophylle, est une enzyme qui contient dumagnésium. Toutes les enzymes respiratoires, qui nous permettent de respirer,

utilisent le fer comme cofacteur.

C’est-à-dire que tous les enzymes qui vont servir à la synthèse des arômes ont besoin

d’oligo-éléments. Plus il y’aura de vie dans votre sol, plus votre plante aura d’oligo-

éléments, plus elle sera parfumé, plus elle aura de goût. C’est pour ça qu’une tomate

hors-sol n’a strictement aucun goût, elle a une couleur de tomate, elle a une allure de

tomate, quand vous la mangez, le goût 0, tout simplement par ce qu’il n’y a pas de

vie autour de ses racines, c’est un milieu mort, un milieu inerte, et donc aucun arômen’est synthétisé. Vous avez juste de la photosynthèse (sucres) et gorgé d’eau en plus. 

Alors comment fait la plante pour se nourrir dans le sol ? Eh bien, elle a un

mécanisme assez particulier, la plante se nourrit en solution dans l’eau du sol.

C’est-à-dire que dans le sol y’a de l’eau, et elle va prélever, dans l’eau, tout ce dont

elle a besoin : le potassium etc. qui a une charge positive, et elle va prendre aussi des

charges négatives, le nitrate, le phosphate...

Alors comment fait-elle ce prélèvement ?

Il y a une loi en physique –je vais faire un petit peu d’équilibre chimique- qui dit que

de part et d’autre d’une membrane vivante, ça doit être la même la concentration, ce

qu’on appelle la loi osmotique. Donc normalement la plante devrait avoir la même

concentration que le sol, même concentration en nitrate, même concentration en

phosphate etc., et la vie ne peut pas accepter ça, parce que le sol est très pauvre en

nitrate, et si la plante avait la même concentration en nitrate que l’eau du sol,

elle mourrait… 

Donc les plantes vont inventer un système remarquable, et vous utilisez le même

système, tous les êtres vivants font pareil : ils vont se battre contre cette loi

osmotique, cette loi de concentration, qu’on appelle la force de concentration, la

force osmotique. Ils vont créer une force électrique (ce qu’on appelle l’absorption

active).

Alors comment elle fait la plante ?

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C’est très astucieux : elle va envoyer dans ses racines du sucre, parce que du sucre

elle en a plein avec sa photosynthèse, elle a juste à montrer ses feuilles au soleil… un

blé c’est 5m² de contact avec le soleil avec ses feuilles, en racines c’est 1000 m² de

contact avec le sol. Vous voyez la différence qu’il y a : avec 5m² elle fait 94 % de sa

matière sèche, et avec 1000 m² de contact avec le sol, elle ne fait que 6 %.

Et là elle va envoyer du sucre, elle en a autant qu’elle veut, elle l’envoie aux racines, et

là ce sucre quand il va arriver, il va être transformé, par les lois biochimiques, en une

molécule qu’on appelle l’adénosine-triphosphate, l’ATP, qui est la grande molécule

énergétique de tout le monde vivant. Avec cette molécule énergétique, elle va faire

tourner des pompes autour de ses membranes, et ces pompes, qu’est-ce qu’elles

vont faire ? Elles vont tirer vers elles tous les cations : la potasse, l’hydrogène… tout ce

qui est positif.Tout ce qui positif, on l’a vu, c’est dans quoi ? C’est dans le complexe argilo-humique,

donc le complexe argilo-humique, si vous en avez un bon, eh bien il est bourré de

potasse, d’hydrogène, etc. Lui il est en équilibre osmotique avec l’eau du sol, et

comme la plante va faire tourner ses pompes, elle va prendre tous les cations qu’il y a

dans l’eau du sol, et puis le complexe va continuer à en relâcher (en vertu de la loi

osmotique).

Une fois qu’elle est devenue une petite pile positive, elle attend que les microbes ilsfassent du « moins », du nitrate, du sulfate, du phosphate, et aussi tous les chélates…

C’est-à-dire que si on regarde les réactions que font les microbes, eh bien leur travail

c’est de fabriquer du « moins ». Comme la racine, grâce à ses sucres, et à son

complexe argilo-humique, s’est chargé positivement, elle attend que les microbes

fabriquent du moins. Les microbes vont transformer l’ammonium qui est positif en

nitrate qui est négatif, le soufre en sulfate deux fois négatif, le phosphore en

phosphate trois fois négatif, et tous les oligo-éléments, les microbes vont les chélater,

c’est-à-dire qu’il vont les attacher avec des acides organiques que eux synthétisent,qui ont des charges négatives. Par exemple fer, il va le transformer en citrate de fer,

en succinate de fer, donc la plante n’a plus qu’à attendre que les microbes travaillent

pour elle, et elle pompe.

Donc vous voyez que c’est un mécanisme qui est très différent. Alors vous constatez

d’ailleurs que les microbes, pour fabriquer des éléments assimilables par les plantes,

qu’est-ce qu’ils font ? Ils fixent de l’oxygène, voyez pour l’azote, ils ont fixé 3 atomes

d’oxygène sur l’atome d’azote (NO3) 4 atomes d’oxygène sur le soufre (SO4) et sur le

phosphore (PO4), deux atomes d’oxygène par oligo-élément.

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Pour que les microbes puissent fixer de l’oxygène, il faut que le sol soit comment ?

Aéré. Qui fait l’aération ? La faune.

Donc vous vous arrivez, vous mettez vos pesticides, vous tuez la faune, vous faite

détruire votre matière organique, plus de nitrate, plus de phosphate fabriqué, alorsvous appelez la coopérative « tient il me faut tant d’unité nitrate, de sulfate etc. » et

les marchand d’engrais y rigolent. En plus comme vous n’avez plus de complexe

argilo-humique, ils vont aussi vous vendre de la potasse.

Alors ce qui est amusant c’est de se poser la question : pourquoi, sur les 28 éléments

dont a besoin la plante, pourquoi on vous vend que NPK ? C’est quand même

marrant ! Pourquoi on ne vous vend pas les 28 ? Eh bien ils ne sont pas fous les

marchands d’engrais, ça a été compris, analysé dès la fin du XIXe siècle : « Il faut

absolument qu’on file aux agriculteurs des éléments qui leur font croire qu’il y a de laproduction. » Et on va leur en vendre trois : N.P.K.

Pourquoi ?

Vous n’avez plus de complexe argilo-humique, au lieu que la plante soit obligée de

tirer le potassium du complexe, vous en balancez plein de la potasse dans l’eau du

sol, vous allez provoquer ce qu’on appelle de la consommation de luxe : la plante

face à un excès de potasse dans l’eau du sol, elle va en pomper massivement. Comme

vous lui avez filé plein de phosphore, elle a fait trop d’ATP, donc elle fait tourner sespompes encore plus vite, et elle fait de la consommation de luxe, vous avez une

petite bombe électrique positive. Maintenant vous allez balancer du nitrate, le nitrate,

manque de chance, ce n’est pas un atome comme le potassium, c’est une molécule,

et ça va saliniser la plante. Donc votre plante est salée, elle est remplie de nitrate, elle

a un sel à l’intérieur, elle n’a qu’une seule façon de ne pas mourir : c’est de prendre

de l’eau. Et zwouf  ! ça se gonfle d’eau ! Alors c’est spectaculaire à l’œil, sauf que c’est

plein de flotte… 

C’est-à-dire que votre blé, au lieu de faire comme autrefois, d’être séché à l’air, bah

faut le sécher dans des silos. Le problème c’est que quand vous séchez du blé dans

des silos, ou du maïs, bah on ne peut plus faire de pain avec. Alors il faut faire venir

des blés de force, il faut mélange, bref toute une tambouille à faire… la France,

l’Europe, n’est plus capable de faire un maïs consommable par l’homme. Quand vous

faites sécher les maïs dans les silos, vous essayez de faire des corn-flakes avec, ça

tient pas, ils tombent en miettes dans les sacs, donc les clients n’en veulent pas. Tout

le maïs que nos gamins bouffent au petit déjeuner, il vient d’Argentine et du Canada.Ce qui est quand même un comble ! Donc on pollue notre environnement, on pollue

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nos nappes phréatiques pour faire du maïs qui n’est pas transformable en corn-flakes

parce qu’il est de trop mauvaise qualité, parce qu’il est bourré d’azote, de potasse et

d’eau…

Vous voyez la notion de turgescence : vous vendez de l’eau au prix du maïs, au prixde la carotte… Ce qui n’est quand même pas logique.

Comme les plantes sont pleines d’eau, elles sont malades, comme elles sont malades

elles émettent des odeurs particulières qui attirent les insectes, on leur balance des

pesticides, ces pesticides ont la propriété de les perturber complètement le

métabolisme de synthèse des protéines et du sucre, qui rend les plantes encore plus

malades, elles sentent encore plus fort pour les insectes qui viennent encore plus les

détruire… et c’est la course, c’est l’enfer, c’est-à-dire que vous rentrez dans un cercle

infernal, vous dépensez de plus en plus d’argent, puis vos produits comme ils ne sontpas de bonne qualité, votre prix d’achat on ne peut pas dire qu’il monte… 

Donc si vous voulez revenir vers une agriculture de qualité il faut respecter ces lois du

sol, c’est avec ça qu’on fait de la bonne qualité.

C’est très spectaculaire, je travaille avec les vignerons, c’est impressionnant de voir,

dès qu’on relance l’activité biologique dans une vigne, de voir comment les vins se

transforment.

D’abord, il est capable à nouveau de vieillir, une des caractéristiques des vins fait avec

les engrais chimiques c’est qu’ils ne vieillissent plus, ouvrez des bouteilles des années

70-80 elles sont déjà mortes, ouvrez des bouteilles des années 40, elles sont

superbes. C’est-à-dire que tous les vins ne vieillissent plus, parce qu’ils sont bourrés

d’engrais chimiques, ils tiennent plus. Dès que vous relancez la vie du sol, les vins

changent, c’est très spectaculaire. Pareil pour les fruits, pareil pour les légumes, le

problème c’est qu’effectivement vous allez produire moins, puisque vous allez mettre

moins d’eau, donc comme les agriculteurs sont payés au poids, ils continuent à couriraprès la notion de poids. Sauf qu’ils font de la mauvaise qualité. 

Alors ça va assez vite quand vous arrêtez de mettre des artificiels, évitons aussi tout

ce qui est engrais toxiques, ne mettez pas des engrais qui tuent la vie de votre sol :

-  Jamais de chlorure dans un sol, le chlore est un poison violent : un grain de

chlorure de potasse tue une grenouille, vous lui collez un grain de chlorure de

potasse sur le dos et elle est morte. Alors je vous dis pas quand vous en

mettez sur les vers de terres, vous flinguez tout. Jamais de chlorure, trèstoxique le chlorure.

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-  Jamais de chaux. Jamais de chaux calcique, jamais de chaux magnésienne :

poison violent. La chaux est un excellent désinfectant pour les étables : si vous

voulez garder les murs d’étables propres, passez-les à la chaux, ne mettez

 jamais de chaux dans un sol, c’est comme si vous le passez au lance flamme.

Par contre vous pouvez utiliser les engrais qui ne sont pas toxiques : les engrais

utilisés par les hommes depuis très longtemps :

-  nitrate de potasse, nitrate de soude. Le fameux guano du Chili utilisé par les

Incas. En plus gros intérêt c’est que quand vous mettez du chlorure vous voyez

c’est KCl, le chlore tue, et il ne sert à rien aux plantes, les plantes n’utilisent pas

le chlore. Sur 100 kg de chlorure y’a 50 kg de chlore, 50 kg de potasse, donc

vous traînez 50 kg de poison avec votre tracteur qui ne servent à rien.

L’avantage du KNO3 (Guano du Chili), c’est que c’est 100 % utilisé : la potassesera utilisée, le nitrate aussi. Ou le nitrate de sodium, puisque les plantes

utilisent le sodium comme la potasse, vous serez utilisés à 100 %.

-  Vous pouvez utiliser les sulfates, pareil, c’est utilisé à 100% : sulfate de

potasse, qu’on appelle le patenkali, ou le sulfate de magnésie, qu’on appelle

la kiesérite

-  Et puis les carbonates, si vous avez besoin de calcium ou de magnésium :

utilisez de la craie, la craie c’est pas toxique, c’est une roche broyée, c’est à pH

8, euh la chaux c’est pH 12 ! ça c’est un poison hein. Dans les épidémies depestes on mettait une couche de cadavre, une couche de chaux etc. jamais ça

dans les sols. Ça, la craie, vous pouvez le mettre, c’est une roche naturelle. La

dolomie, si vous manquez de magnésie, pareil, c’est une roche, aucun danger,

tous les organismes vivants sont habitués au caillou. Le caillou ça fait partie de

la vie, et ça leur sert de source de nourriture.

Donc si vous mettez des engrais, surtout ne mettez pas des engrais quiempoisonnent la vie de votre sol.

Alors, les résultats vont vite : là c’est la courbe de l’activité biologique du sol avec le

premier agriculteur que j’ai réussi à faire passer au semis direct, qui est à Mont Louis,

près de Tour. Je l’ai d’abord fait passer au TCS puis après au semis direct, donc il a

commencé au TCS en 1992, il est passé au semis direct en 2000, on a gardé une

parcelle divisée en 2. Il y a une parcelle qu’il continue de garder en labour, vous voyez

l’activité biologique du sol labouré c’est quasi l’électro-encéphalogramme plat, le solest mort. C’est des rendements à 80 quintaux de blé à l’hectare, là en labour il lui faut

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200 unités d’azote pour lui faire ses 80 qx, et en semis direct regardez comment

l’activité biologique est en train de monter années après années, il est plus qu’à 110

unités. Et puis j’espère bien l’amener à 90 unités d’ici 5 ans. Petit à petit on avance,

mais l’activité repart, c’est extraordinaire, et son sol n’a plus rien à voir. Il faisait du

maïs irrigué, il n’irrigue plus. Y’a plus besoin d’irriguer, puisque ses racines plongent,donc il est dans la nappe phréatique, ici la nappe de la Loire, il se rend compte qu’il

n’a plus à traîner des tuyaux, pendant que les copains se réveillent la nuit pour aller

changer les tuyaux d’irrigation, lui il reste tranquille dans son lit. C’est quand même

plus agréable de ne pas avoir à traîner des tuyaux d’irrigation, simplement parce qu’il

a un bon enracinement, et que donc ses plantes se passent d’arrosage. 

Et les rendements ? 

Il a les même que ses voisins. Il est toujours à 80 qx il n’a jamais baissé, lui la seulechose qu’il voit c’est qu’il consomme beaucoup moins d’argent, c’est-à-dire qu’il a un

revenu hectare qui est le jour et la nuit.

Et ses voisins n’ont pas compris ? 

Ah, non. C’est ce que je vous ai dit, vous êtes face à un problème sociologique, un

problème culturel, vous savez les agriculteurs, y’en a qui commencent à calculer, mais

la plupart sont encore dans des réactions passionnelles avec le sol, « un beau

labour », ils ont l’impression d’exister en défonçant la terre, « ah que c’est beau cetteterre qui se retourne », ça leur fait plaisir, c’est un plaisir culturel, ça n’a rien n’a voir

avec de la science, ça n’a rien à voir avec de la production agricole, c’est un plaisir

culturel donc là vous heurtez une tradition pluri-millénaire. Donc il faut changer les

mentalités.

Pourquoi le semis direct ? Pourquoi y’a 110 millions d’hectares de semis direct dans

le nouveau monde et y’en a pas chez nous ? Parce que dans le nouveau monde les

gars, les argentins, les Brésiliens, ils sont arrivés avec les techniques d’Europe dansdes milieux qui n’ont rien à voir. Vous êtes dans des milieux extrêmement difficiles,

pour vous donner une idée, au Brésil, quand vous êtes dans le Mato Grosso, sur le

front Amazonien, quand la saison des pluies arrive, premier jour vous prenez 150 mm

d’eau, le lendemain 50 mm, le troisième jour 100 mm d’eau, vous avez labouré, je

peux vous dire que la terre vous en perdez 3000 tonnes à l’hectare en 3 jours. Et vous

ne pouvez pas rentrer dans votre champs puisque ce sont des sols à 90 % d’argile,

donc vous attendez, vous vous dites « pourvu qu’il ne repleuve pas », et puis manque

de pot il se remet à pleuvoir, et cette année vous ne produisez pas.

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Tandis qu’en semis direct, quand vous êtes dans 3 m de végétation, c’est bon. Les

gars au début ils ont essayé d’utiliser les vieilles techniques, et ça a été le fiasco. Donc

les agronomes on dit : « ce sont des sols incultivables ».

Je me souviens quand j’ai commencé à travailler avec la banque mondiale sur lebassin amazonien, je travaillais avec des agronomes américains, ils disaient « ça ce

sont des sols de merde y’a rien qui pousse dessus», je lui dis « t’es vraiment con, je

vais t’apprendre un mouvement de ton cou qui est de lever la tête : t’as vu les arbres

ils font 60 m de haut, comment tu peux m’expliquer ? » « euh, ouais mais ça a rien n’a

voir, c’est de la nature sauvage ! », « nan – je lui dis- t’arrêtes ces conneries, ton

modèle il est nul, t’as un modèle à chier dans la tête, il faut que tu arrêtes de dire que

ce sont des sol nuls, ce sont des sols qui font pousser des plantes magnifiques, donc

c’est toi qui est pas bon, arrêtes de d’accuser la forêt Amazonienne »La forêt Amazonienne a un fonctionnement très astucieux : y’a pas de matière

organique dans les sols tropicaux. Et pour cause : si jamais la nature avait laissé la

matière organique, on minéralise 60 % de la matière organique de l’année dans les

milieux tropicaux, tellement il fait chaud et humide. Donc qu’est-ce qu’elle a fait la

nature ? C’est très simple, elle n’a pas fait comme chez nous, chez nous comme il fait

froid en hiver, qu’est-ce que fait la nature ? Elle laisse tomber les feuilles (et les

radicelles) des arbres. Pourquoi ? Parce que comme il fait froid, la nature arrête de

travailler, le sol se met au repos, les microbes ne minéralisent plus, les champignonsne travaillent plus, tout le monde se met au repos. Bah les arbres ils ont rien à

manger, donc ils font tomber les feuilles (et les radicelles), ils sont pas fous. Ils vont

pas s’amuser à avoir de l’évapotranspiration alors qu’il gèle, et si il fallait qu’ils fassent

sortir de l’eau par leurs feuilles, ils exploseraient, ils mourraient, et puis ils ne vont pas

s’amuser à nourrir des alors qu’il n’y a plus personne qui bosse en dessous. Donc ils

se mettent au repos. En pays tropical c’est pas ça, comme il pleut et qu’il fait chaud

toute l’année, toute l’année les arbres ont des feuilles (et leurs radicelles), donc toute

l’année, dès qu’une feuille tombe, qu’est-ce qui se passe ? Y’a immédiatement lesanimaux qui la prennent, qui la mange, les termites, là ce sont les termites qui

bossent, et hop ça repart dans l’arbre. Donc quand il pleut, bah il n’y a rien à lessiver.

Quand vous faites une étude sur une forêt équatoriale, 95 % du carbone est dans la

forêt, 5 % dans le sol, faites une étude dans une forêt Européenne : la moitié du

carbone est dans le sol, la moitié dans la forêt.

Des modèles qui n’ont rien à voir. Les types sont arrivés avec leurs modèles

Européens, ils ont voulu plaquer ça, ils ne font que des conneries. Donc les

agronomes, jusque dans les années 90, disaient : en pays tropical on ne peut faire

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que du café, que de la plante pérenne. Café, chocolat… Non ! C’était eux qui ne

savaient pas réfléchir.

Le problème de l’homme c’est qu’il arrive dans les milieux, au lieu de les étudier, et

puis de faire une vraie approche scientifique ; car c’est quoi la démarche scientifique ?La démarche scientifique c’est : j’observe, à partir de cette observation - ça c’est la

méthode scientifique décrite par Claude Bernard, on ne va pas la réinventer, y’a des

gens qui ont déjà très bien réfléchit à ce qu’était la science- j’observe, à partir de

cette observation je me dit « tient, ce modèle-là, si c’est ça qui se passe, c’est peut-

être ce mécanisme-là », j’émet une hypothèse, et ensuite je rentre au laboratoire et je

fais une expérience pour confirmer ou pour infirmer cette hypothèse.

Ce n’est pas du tout ce que font les agronomes, les agronomes ne sont pas des

scientifiques, c’est des gens qui arrivent dans un milieu, ils ne l’étudient pas, ilscassent tout, foutent le feu à la forêt, ils mettent tout sous forme minérale. Alors je

vous dis pas quand avez minéralisé, ils brûlent en moyenne 200 t de matière

organique à l’hectare quand ils foutent le feu à la forêt amazonienne, ils coupent tous

les grands arbres et les retirent, ils laissent le feuillage, ils foutent le feu : 200 t de gaz

carbonique qui se dégage à l’hectare. C’est-à-dire qu’à l’heure actuelle le brûlis des

forêts équatoriales génère autant de gaz carbonique que l’industrie humaine. Juste le

feu des forêts équatoriales. Ils mettent tout sous forme minérale, il pleut, tout est

lessivé, et il disent : « tu vois y’a rien qui pousse ». Evidemment ! toute la richesse quiétait dans la forêt, ils l’ont envoyée dans la rivière… Donc ce sont des gens qui n’ont

pas de démarche scientifique.

Moi quand j’arrive dans une région pour aider et pour bosser avec des paysans, je

pars dans la forêt pendant plusieurs jours, pour essayer de comprendre comment

marche le système local. Ce n’est pas moi qui vais l’inventer, c’est le modèle qui existe

depuis des millions d’années, et c’est à partir de ce modèle-là qu’on va développer un

modèle qui s’adapte. Si vous arrivez dans la savane, c’est un modèle complètementdifférent, là il y a beaucoup de matière organique, ce n’est pas la même faune, donc il

faut que je développe des itinéraires qui fassent fonctionner les termites. Bon en plus

les termites sont très intéressantes puisque ce sont des animaux qui indiquent le

fonctionnement du sol rien que par les espèces qu’il y a dedans.

L’homme ne veut plus observer, on a plus que des gars qui sont dans les labos, qui

font des modèles sur informatique totalement délirants, type ogm quoi, les mecs ils

croient qu’avec les ogm ils vont nourrir l’humanité, mais c’est du n’importe quoi. On

voit vraiment que ce sont des types qui veulent faire du pognon sur le dos des

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agriculteurs, mais ce ne sont pas des types qui étudient les modèles vivants tels qu’ils

existent.

Moi ça m’a amusé quand les généticiens ont étudié l’adn de l’être humain –donc on a

dépensé énormément de pognon pour étudier tout l’adn de l’être l’humain, et ons’est rendu compte que nous avons deux fois moins de gènes que l’orge, enfin que

les plantes d’une façon générale. Alors les hommes, vachement vexés, parce qu’ils

étaient persuadés que comme ils étaient les êtres les plus évolués du monde, ils

avaient l’adn le plus grand de la planète : non, deux fois plus court que les plantes,

alors les gars ils comprennent pas. Moi j’émets une hypothèse toute bête : pourquoi

les plantes ont deux fois plus d’adn que nous ? La grande différence qu’il y a entre la

plante et nous, c’est quoi ? C’est que quand le climat change, la plante elle ne peut

pas se barrer. Tandis que nous, si le climat change, on migre. Les oiseaux, quand il faittrop froid, ils migrent. En ce moment on voit des cigognes qui ne migrent plus parce

qu’il commence à faire doux, eh bien elles restent tranquilles. La plante ne peut pas

faire ça. Je pense que cet adn que les généticiens appelle « junk adn », « l’adn de

merde », qui sert à rien, je crois que c’est complètement faux. Cet adn, c’est l’histoire

de cette plante. C’est-à-dire que si les conditions varient un peu, elle va utiliser cette

partie de l’adn pour résister, et que si les plantes ont des adn plus abondants, c’est

simplement parce qu’elles ont accumulé dans leur adn des histoires météorologiques

qui changent. Tout le monde le dit : « les années se suivent et ne se ressemblentpas ». Bah les plantes elles se sont adapté à cette histoire. Donc au lieu de dire que

c’est de l’adn de merde qui ne sert à rien, ils feraient mieux de se dire « bon là

apparemment y’a un truc qu’on a pas compris, faudrait peut-être qu’on sache

pourquoi les plantes ont un adn si grand. » Moi mon hypothèse c’est que ce sont des

adaptations à des situations environnementales qui changent contre leur volonté et

auxquelles elles ne peuvent pas échapper.

Mais ce n’est pas avec les ogm que vous nourrirez l’humanité, ce n’est pas en

fabriquant des chimères qui en plus ont des problèmes de fragilité et quibouleversent toute la microflore du sol autour de leurs racines, on a plus du tout les

même microbes autour des racines. Une fois que vous avez mis l’ogm vous

contaminez tout le monde, donc ça veut dire plus de liberté. Les ogm c’est la fin de la

démocratie, c’est-à-dire que si un gars a envie d’être en bio, ou s’il veut être en

biodynamie, bah il ne pourra pas, alors vous pouvez être contre la biodynamie, vous

pouvez être contre l’agriculture biologique, m’enfin déjà on est dans une démocratie,

la base d’une démocratie c’est le choix : à partir du moment où tout est contaminé,

bah c’est fini, il n’y a plus de démocratie puisqu’il n’y a plus de choix.

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Je pense que c’est beaucoup plus intéressant d’utiliser la biodiversité que nous avons,

il y a un nombre de plantes incroyable sur cette planète, par exemple là en ce

moment on travaille avec les eupater (Eupatorium) dans les milieux secs tropicaux. Les

Eupatorium sont des plantes qui captent l’eau atmosphérique, ce sont des plantes qui

arrivent à vous apporter 2 m d’eau par an dans un sol, on se rend compte que sur dessols secs où on ne pouvait rien faire pousser, on fait pousser des eupatoires, ce qui

revient à irriguer le sol. C’est quand même peut-être plus intéressant que d’essayer

de tirer des tuyaux, de désaliniser de l’eau de mer avec de l’énergie nucléaire, bon je

veux dire qu’il y a sur cette planète des solutions extraordinaires parce qu’on a une

richesse biologique.

Prenez l’Afrique par exemple, elle a plus d’ongulés, de ruminants, que toute la

planète réunie, et ces espèces sont toutes en voie de disparition. Je travaille sur leSahel, vous avez au Sahel trois espèces d’antilopes qui ne boivent jamais. Quand vous

êtes au Sahel, vous avez des gars qui font 40 km à pied par jour avec le bétail pour

les emmener à un point d’eau, c’est-à-dire que la bête elle broute le matin et elle

maigrit tout ce qu’elle a bouffé pendant le matin pour aller au point d’eau parce

qu’elle a 30 bornes à faire à pied. Et vous avez des antilopes qui boivent pas qui sont

toutes en voie de disparition.

Mais ce serai pas plus intelligent, plutôt que d’amener de la Holstein, moi j’ai vu des

programmes Europe, financés par la CE, de Holstein au Congo qui faisait 2 L de laitpar jour, programme très intelligent, est-ce qu’on n’aurait pas plutôt intérêt à utiliser

les antilopes locales, parce que vous savez qu’on n’arrive pas à faire d’élevage sous

les tropiques en Afrique à cause des maladies locales, donc on arrive à faire de

l’élevage que sur la zone Sahélienne, la zone Nord. Parce que nos vaches ne résistent

pas aux parasites locaux. Les buffles se portent à merveille, le buffle est le plus gros

bovin du monde, il est deux fois plus lourd à l’état sauvage que l’auroch, on ne l’élève

pas. Aucun programme génétique d’amélioration du buffle. Il n’y a aucune antilope

africaine qui bénéficie d’un programme génétique d’amélioration.

Pourquoi ?

Comme si les agriculteurs n’avaient plus d’imagination. Comme si les agriculteurs ne

domestiquent plus rien, comme s’ils étaient stériles quoi, ou qu’il y avait une espèce

de stérilisation de la pensée. Alors qu’on a des capacités en génétique d’innovation

extraordinaire. On a devant nous un éventail fabuleux, on a l’impression que

l’humanité veut se suicider, veut absolument aller à la catastrophe pour voir ce que ça

donne, je crois que l’humanité veut voir ce que ça donne quand ça va péter, parceque quand ça va péter ça va faire mal. Les estimations à l’heure actuelle au rythme de

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disparition des sols c’est 4 milliards de morts pour les années 2050, donc ça va faire

du bruit quand ça va tomber. Quand une civilisation tombe, c’est 80 % de la

population qui meure. Quand la civilisation romaine s’est écroulée, 80 % des romains

on disparut. Donc on sait que nous quand ça va casser, c’est 80 % de l’humanité qui

va dégager, parce que pour la première fois ça être une situation planétaire qui va secasser la gueule.

Mais nous avons les solutions devant, c’est à nous de les prendre. Ou on ne les prend

pas, on reste dans les conneries de type ogm, on continue avec nos engrais

chimiques, on continue à délirer, ou on se dit « bon, la nature a un fonctionnement

qui marche, qui est durable, qui est pérenne, est-ce qu’on ne peut pas s’inspirer de

ces modèles-là et de travailler avec ? ». Bon mais ça je dirai, bon bah c’est une prise

de conscience, je pense qu’on a la même prise de conscience à faire avec notreenvironnement qu’il y a eu à faire à l’époque romaine où les gens s’amusaient à faire

mourir des gens dans les cirques, et où les premiers chrétiens ont commencé à leur

expliquer que la vie humaine devait être respectée… « Quoi tu veux qu’elle soit

respectée, aller toi aussi t’ira aux lions, crac ! » ça a démarré comme ça les premiers

chrétiens ! « Ah bon tu dis que tu veux respecter l’être humain, boum ! Aux lions ! ».

Et puis petit à petit, ça y est, maintenant je dirai que même les tyrans, bon Pinochet a

pu mourir dans son lit, mais il se sent quand même un peu coupable… Je veux dire

que tous les êtres humains savent que la vie humaine est sacrée.Il va falloir maintenant qu’on respecte l’environnement, et qu’on comprenne que les

plantes et les animaux sont sur terre, qu’ils ont leur rôle à jouer comme nous, et

qu’on a pas à arriver en cassant tout. Bon mais ça, ça va être une mentalité (inédite),

et ça bouge hein, moi je m’occupe d’environnement depuis 30 ans, je vois les choses

bouger. Je me souviens dans les années 60 les gars en région parisienne le dimanche,

ils prenaient la voiture, on vidangeait la voiture dans les forêts de fontainebleau, on

reculait la bagnole dans la rivière, on la shampouinait pour qu’elle soit toute belle,

bon ce sont des gestes qu’on ne voit plus. Donc on voit quand même quemaintenant y’a un espèce de respect, les gens ne font plus ce genre de geste, c’était

courant dans les années 60. Donc petit à petit les mentalités évolue, mais il falloir que

les choses s’accélèrent dans la prise de conscience de l’environnement parce que ça

va pas bien hein ! ça ne va pas bien la planète, moi qui la suis depuis un moment, là

l’autre fois j’étais allé dans l’Himalaya, ça faisait 25 ans que je n’y avait pas été, je

voulais montrer à mon épouse les grandes forêts de rhododendrons etc., il n’y avait

plus un seul arbre ! Mais tout était nettoyé hein, avec des collines entières qui

dégoulinent, des villages que j’avais connu prospères et tous les gens mangeait, c’estla famine. Donc la pauvre planète elle souffre, bon maintenant est-ce que les

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hommes comprendront que détruire notre environnement c’est nous détruire nous-

même… 

Mais il y a énormément de solutions, c’est qui est rageant quoi, c’est de se dire qu’on

a les solutions à condition d’observer simplement. 

Vous êtes optimiste alors ? 

Oui je suis optimiste ! Bah sinon je ne serai pas là en train de vous parler, je serai en

train de dire « bon bah de toute façon c’est foutu, on va attendre que ça casse ». Je

pense qu’il faut essayer de faire prendre conscience. Mais les choses bougent, vous

savez, y’a 15 ans quand je faisais des conférences comme ça la moitié des gens se

barraient en disant « chui pô v’nu là pour entend’ ces conneries ». Donc là personne

n’est parti, donc ça montre quand même que ça bouge. C’est-à-dire que quand jeprésentais les techniques de semis direct comme ça y’a 15 ans, je peux vous dire que

là j’en entendais, les gens me traitaient de fou à lier quoi. Maintenant vous savez petit

à petit, le CIRAD s’en occupe, voilà ça y est les choses bougent, mais c’est long… C’est

long, mais y’a des gens un peu partout dans le monde, des gars comme W. Jackson

qui font un boulot extra, y’a de plus en plus de gens qui prennent conscience qu’on

peut quand même innover en agriculture, ne pas rester dans cette pensée unique

dans laquelle on est bloqué depuis 50 ans, qui est que « il faut faire disparaître les

agriculteurs d’Europe, c’est une notion politique indispensable », on peut quandmême avoir une autre vision, peut être garder de l’activité économique dans nos

campagnes et peut-être avoir une agriculture qui ne soit pas uniquement mortifère,

mais qui au contraire qui gère la vie et qui nourrit les hommes.

Mais ça, ça demande un vrai bouleversement de la pensée, il faut changer la

génétique, il faut changer la façon d’utiliser les pesticides, faut changer la façon de

travailler le sol, faut changer, donc il faut tout revoir, donc c’est un vrai

bouleversement, c’est ce que j’appelle moi la nouvelle « évolution verte ». On a fait

une révolution, c’est-à-dire qu’on a tout cassé, on l’a appelée la révolution verte, onfait 10 millions d’hectares de désert par an, ce n’est pas d’une révolution dont on a

besoin, c’est d’une évolution. On a besoin d’une évolution verte, c’est comme ça

qu’on s’en sortira, surtout pas de révolution, quand on voit le dégât qu’a fait la

révolution verte, non merci. Il faut une évolution, il faut évoluer, mais c’est long. 

Une question : la terra-preta, vous pouvez nous en parler ? 

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Au Brésil oui, ça ce sont des découvertes, oui, ce sont des croyances, on croyait que

ces gens-là sont des êtres primitifs, vous savez, on pense toujours que, moi je suis

désolé quand je vois les grottes de Lascaux je trouve que c’est beaucoup beaucoup

plus beau que les graffitis que les gars font dans le métro à Paris, je trouve que les

gars de Lascaux étaient à un niveau d’évolution bien plus grand que les gars qui fontles graffitis dans le métro, mais les amazoniens ne sont pas du tout débiles. Ils ont

développé des techniques, bon vous savez qu’on vous parle d’agriculture intensive,

mais nous ne sommes pas dans une agriculture intensive, nous sommes dans une

agriculture productiviste, faut pas confondre. Les agricultures traditionnelles

produisent beaucoup plus productives au mètre carré que l’agriculture actuelle. Pour

vous donner une idée, dans un pays comme Bali, 0 engrais, absolument 0 engrais, on

fait 120 quintaux de riz à l’hectare, uniquement avec l’équilibre paysan (en trois

récoltes). Pourquoi ? Parce que le paysan a développé des techniques très élaborées,car plus il est descendu vers le Sud, plus il est tombé sur une grande biodiversité et

des climats extrêmement violents, avec des fortes saisons des pluies etc. plus il a

développé une agriculture d’association.

Par exemple si vous comparez le champ de maïs américain avec le champ de maïs du

paysan mexicain, le paysan mexicain produit trois fois plus que l’américain sur une

même surface, parce que qu’est-ce qu’il fait le paysan mexicain ? Il prend son maïs,

au pied de son maïs il a mis un haricot, et entre les rangs il a planté une courge. Dansle même champ il fait du maïs, alors vous allez me dire « oui mais il fait que 40

quintaux / ha c’est pas beaucoup », mais il fait 40 qx de maïs, à ça il fait 20 qx de

haricots et puis il rajoute 300 qx de courges. Euh le champ de maïs américain il est

battu. Mais attention, ça, ça se récolte tout à la main, parce qu’on n’a pas de machine

qui sait en même temps moissonner le maïs, le haricot et la courge. Donc c’est une

agriculture qui n’est pas productive par individu, c’est une agriculture qui demande

beaucoup de main d’œuvre, mais qui produit énormément au mètre carré. 

Nous par contre nous avons une agriculture productiviste, c’est-à-dire que chaqueagriculteur est capable, par exemple aux Etats Unis, dans le nouveau monde, un

agriculteur cultive 500 hectares tout seul, mais sa production au mètre carré est

beaucoup plus faible. C’est-à-dire que quand on raconte que (seule l’agriculture

actuelle peut nourrir l’humanité, c’est du n’importe quoi). Bon moi je travaille dans un

pays comme le Vietnam, le gouvernement vietnamien ne veut surtout pas de

mécanisation de son agriculture, parce qu’ils sont 80 millions d’habitants sur un peu

moins que la moitié de la France, ils nourrissent 1500 habitants au kilomètre carré en

milieu cultivé, donc sur des toutes petites surfaces, et eux il leur faut beaucoup de lamain d’œuvre au mètre carré.

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Parce que dès qu’ils ont fini un riz, alors c’est étonnant à voir, ce sont des systèmes

paysans, ils ont des haies avec des légumineuses, alors ils ramassent le riz, le riz c’est

un épi lâche donc y’a plein de petits grains qui tombent par terre, on ne peut pas

ramasser des épis comme on faisait en Europe, en Europe on faisait passer les

glaneuses qui ramassaient les épis tombés. Là vous ne pouvez pas, ce sont des grainsqui tombent, alors on passe des troupeaux de canards, vous avez un gamin qui arrive

avec un grand bambou avec un chiffon blanc, il amène 500 canards, tous les canards

se mettent en ligne dans le champ, ils nettoient tout, ils recompostent derrière, donc

y’a de l’apport de matière organique, ensuite ils taille les feuilles de légumineuse dans 

les haies, ils ont des haies d’acacias, ils mettent les feuilles dans le champs et y

recommence, on replante à nouveau. Et ils n’arrêtent pas, donc ils sont très productifs

au mètre carré, mais ils ne sont pas productifs par surface cultivée par être humain.

Donc il faut faire attention l’agriculture intensive, elle n’est pas intensive notre

agriculture, elle très intensive en intrants, elle consomme entre 10 et jusqu’à 36

calories fossile pour faire une calorie alimentaire, mais elle n’est pas intensive en

travail du milieu biologique lui-même, elle est intensive en énergie fossile à l’intérieur

et en machines, mais au mètre carré elle produit très peu.

Si on voulait vraiment nourrir les hommes, il faudrait le système vietnamien ou

mexicain etc. ça ce sont des modèles qui nourrissent très bien les hommes sur des

petites surfaces, mais je ne vois pas les français retourner à ce genre d’agriculture…C’est une agriculture qui demande beaucoup de travail humain, donc nous ce qu’on

cherche c’est quand même une meilleure productivité par individu.

S’il vous plaît ? Moi je suis agriculteur à la retraite et je voudrais vous faire part de mes

interrogations de par mon vécu, je me rappelle que dans les années 60 je sortais de

l’école d’agriculture, et c’était le début de l’utilisation des engrais, j’avais à côté de chez 

un agriculteur qui ne mettait pas d’engrais, qui labourait avec son cheval, il passait son

dimanche après-midi à gratter les chiendents, vous savez ce que c’est… Parce qu’il n’y avait pas de moyens,

Oui c’est ce que je vous ai dit, désherbage épouvantable. 

Oui il ne faut pas les détruire. Et du fait qu’il ne mettait pas d’engrais chimiques, il

n’avait aucune production, et ses sols s’étaient complètement dégradés, bon il était 

dans des terrains sableux . Et je me rappelle très bien à cette époque puisqu’on

moissonnait avec des moissonneuses lieuses dont le mécanisme était entraîné par une

roue en fer, la roue en fer n’arrivait plus à tourner dans ses sols. Nous par contre on a

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commencé à mettre à peu près 60 unités d’azote sur le blé, et on produisait 60 quintaux 

à l’hectare,

Vous étiez encore à 1 unité d’azote par quintal. 

Oui, c’est vrai qu’aujourd’hui c’est plus possible. 

Non vous n’y arrivez plus, vous êtes obligés de mettre 3 unités pour faire 1 quintal.

Non, on ne faisait pas ça parce que c’est vrai que chez nous y’a beaucoup de fumier,

donc y’a sans doute des résidus, donc on est nettement inférieur, mais bon… 

Alors, là vous parlez des sols ruinés en Europe, parce que les sols ils ne sont pas tout

neufs hein, vous n’êtes pas dans l’Oregon, vous n’êtes pas dans les sols neufs du

Brésil, y’en a qui sont conquis sur la forêt qui eux ont d’extrêmement peu d’engraispour produire, vous êtes sur des sols qui sont cultivés depuis 5000 ans, donc ils sont

« épuisés ». Si vous prenez par exemple la Champagne, la Champagne a été autrefois

extrêmement riche, croyez pas qu’on a construit la cathédrale de Reims sur le tas de

craie que vous voyez maintenant. A l’époque y’avait 1 m 50 à 2 m de terre, le duché

de Reims était un des plus riches de France, moi j’habite le plateau de Langres en

Bourgogne, Langres était le premier évêché de France. Maintenant il ne reste plus

que 10 cm de terre sur le caillou, et la région s’est vidée. Moi mon village il faisait

3000 habitants au Moyen-Âge, y’en a plus que 300. Ce sont des régions qui se sontvidées.

Donc quand vous avez un sol qui a été ruiné par l’homme, c’est le cas de la

Champagne pouilleuse qui a été ramenée jusqu’à la craie, et qu’est-ce qu’ils avaient ?

des moutons.

Et puis les Bretons ils ont crevé de faim, alors qu’on sait qu’à l’époque celtique, car y’a

des études qui ont été faites au niveau archéologique, ils produisaient 35 quintaux de

blé à l’hectare, ils sont tombés à 5 quintaux au Moyen-Âge. Donc ça a été la famine,ce sont des régions qui ont été dévastées par la famine.

Quand vous avez un sol qui est ruiné, c’est le cas de l’essentiel de l’Europe, on a des

techniques pour relancer (la vie du sol), nous on travaille sur des milieux qui ont été

récemment détruits par l’homme, c’est-à-dire les milieux Sahéliens et dans les pays

tropicaux, quand vous ruinez un sol il devient ce qu’on appelle de la latérite. C’est-à-

dire qu’il devient dur comme du métal, et il faut un marteau piqueur pour le mettre

en valeur, donc ce sont des sols qui sont abandonnés à l’heure actuelle. Et on les

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refait mettre en valeur par des petits paysans locaux, qu’est-ce qu’on fait ? Eh bien on

remet tout simplement du bois.

Parce que c’est la base de tout. Y’a un moment, il faut que vous relanciez le

mécanisme biologique, si vous ne redémarrez pas le mécanisme biologique, c’est-à-dire si vous ne mettez pas du bois, autrefois les anciens comment ils ont entretenu

les sols pendant la renaissance ? Après l’empire romain, les rendements se sont cassé

la figure, on est descendu donc à 7 quintaux au Moyen-Âge, et puis on va rester

comme ça jusqu’au XVIIième, et puis au XVIIième, vous avez tous appris cette phrase à

l’école « labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France », l’Europe va

inventer la haie, ils le savent pas mais ça va avoir des conséquences énormes,

pourquoi la haie ? Parce qu’on va se mettre à parquer du bétail, on fait rentrer la

pâture, alors qu’avant on était uniquement en vaine pâture, avec des bêtes quiétaient tenues à la corde le long des chemins et dans les forêts domaniales, dans les

forêts du seigneur. Donc on fait rentrer l’animal, l’animal apporte du fumier, et

lentement les rendements remontent, on va terminer à 18 qx / ha début 1900. Donc

y’a une restauration lente des sols.

Bon maintenant on a arraché toute les haies, on a tout cassé, mais la haie avait un

rôle fondamental, c’est que les anciens ils taillaient la haie, ils prenaient les bois de

taille et ils les mettaient sous les bêtes, y’a une partie qui allait pour chauffer la

cheminée, puis une partie qui allait sous les bêtes, et quand ils remettaient ça sur lesol, ils relançaient tous les champignons, et ces champignons sont à la base de la

pyramide alimentaire du sol, donc vous relancez la faune, vous allez remonter à

nouveau vos éléments nutritifs. Vous enrichissez les sols, mais c’est impressionnant,

en travaillant en Afrique, au Sénégal, prenez de la terre qui je vous dis est du métal,

vous mettez une couche, alors là on y va franco, plus le sol est ruiné, plus on met

épais, on met 8 cm de bois taillé dans les haies par les paysans, qu’on broie en

morceau de 5-6 cm, en 2 ans il n’y a plus la moindre latérite, le sol est totalement

grumeleux, et vous recommencez vos cultures.

Mais quand un sol a été ruiné, vous ne pouvez pas faire autrement que de remettre

du bois, la France avait 3 millions de kilomètres de haies, on a tout arraché, donc

maintenant on manque de bois raméal, ce qu’on appelle le bois de taille, mais en

vigne ils les brûlent, c’est complètement idiot, il faut garder les bois au pied des

vignes.

Quand vous avez un sol qui est tombé à 1,4% de matière organique, donc comme

vous le décrivez un sol sableux qui n’a plus de complexe argilo humique et qui estépuisé par des années d’agriculture, il faut relancer la bécane biologique et là y’a pas

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d’autre technique que d’apporter de l’humus, une source d’humus, c’est-à-dire de la

lignine.

C’est pour ça que la base de l’équilibre agricole, c’est l’équilibre sylvo-agro-pastoral.

La forêt au centre de la fertilité du terroir, la forêt doit être localisée au bord desrivières pour les protéger contre l’érosion, dans toutes les pentes trop fortes, les

thalwegs, les sommets de collines… La forêt doit prendre la place dans toutes les

zones fragiles du paysage, les zones érosives, et son bois doit être utilisé pour

fertiliser les champs, la pâture, en rotation avec les champs, parce que sous pâture il y

a un retour de la matière organique (animale) parce que les bêtes sont là, elles

broutent, et vous repartez dans l’équilibre sylvo-agro-pastoral.

Alors que nous ne sommes plus du tout dedans, nous avons fait une spécialisation, il

y a des régions qui ne font que de la céréale, y’a des sols en Beauce qui n’ont pas vu1 gramme de fumier depuis 40 ans et puis les Bretons qui crèvent sous le lisier de

porc et qui savent plus quoi en foutre. C’est-à-dire qu’on a complètement

déséquilibré notre système, il faut revenir à l’équilibre sylvo-agro-pastoral.

C’est aberrant que l’ONF soit dirigée par des polytechniciens et non pas par des

agros, il faudrait que tout ce qui est culture forestière soit enseignée aux agriculteurs

au même titre que la céréale et la pâture, parce que ça fait partie du paysage

indispensable d’une agriculture durable. Vous ne pouvez pas faire d’agriculturedurable sans les arbres. C’est impossible par ce que ce sont eux qui sont à la base de

tout le fonctionnement biologique du sol.

Il faut absolument retirer l’ONF aux polytechniciens qui sont des fous furieux, qui

n’ont rien compris à la dimension biologique de l’arbre, il faut absolument leur retirer

la forêt, ce sont des malades mentaux, ils raisonnent mètres cube, je vais brûler ça

dans des chaudières… Ce sont des gars qui n’ont rien compris, la forêt pour eux c’est

du pétrole. Ils confondent une matière morte avec une matière vivante, ils ne savent

pas faire la distinction entre le vivant et le mort. Ce sont des gens dangereux. Il fautretirer la forêt aux polytechniciens, il faut la redonner à des gens qui comprennent

que c’est la base de la vie.

Mais remettez des haies dans vos champs, vous allez voir c’est spectaculaire. Alors

évidemment le problème c’est qu’avec nos machines on croit que ça gêne, mais le

remembrement qu’on a fait a été un remembrement absolument pas réfléchi : à

partir du moment où vous avez des machines, dans un pays comme l’Europe, vous

passez 30 % de votre temps à faire des demi-tours, par ce que vous avez desparcelles qui ne sont pas adaptées aux mécanismes. Si vous voulez avoir des parcelles

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adaptées à votre mécanisme, il faut que vos parcelles suivent le paysage (les courbes

de niveau), c’est-à-dire que normalement dans une colline, un agriculteur devrait

avoir un tour de colline, un autre agriculteur un autre tour de colline, etc. De telle

sorte que quand vous partez avec votre tracteur, vous longez des haies donc vous

faites toujours votre tour, jamais de demi-tour, et vous sortez de votre parcelle. Ça, çaaurait été un remembrement intelligent, un remembrement en fonction du paysage,

ça aurait permis de remettre des haies sans qu’elles vous gênent puisque vous seriez

toujours en train de travailler parallèle à des haies. Ensuite vous avec des machines

maintenant que vous tirez avec votre tracteur, qui vous broie et vous envoie

directement les déchets de taille dans les champs, donc ce n’est pas un boulot

énorme, vous faites ça en été juste après la moisson, vous remettez du bois, et vous

ressemer avec le semis direct tout de suite.

On aurait pu repenser le paysage à partir du moment où il y avait des machines, or

on a continué à faire des parcelles carrées complètement en dehors des courbes de

niveau et du paysage, c’est du n’importe quoi, et du coup on a arraché trop de haies. 

Il faut concevoir les champs les plus faciles à travailler, qui ont le maximum de

longueur de haies par hectare. Puisque 1 km de haie c’est 30 t de bois de taille tous

les ans. 30 t ! Donc vous imaginez on a coupé 3 millions de km de haies, qui

produisaient 90 millions de tonnes de bois tous les ans qu’on aurait pu mettre sur

nos 30 millions d’hectares, c’est-à-dire 3 t / ha, ça change tout.

Mais ils étaient brûlés à l’époque. 

A l’époque on brûlait, eh oui parce qu’on ne connaissait pas tous ces mécanismes. Il

n’y avait toujours pas d’observation du mécanisme biologique. Mais imaginez qu’on 

refasse un paysage en courbe de niveau avec les haies, et la haie ne devient plus un

obstacle, remettre des haies le long de toutes les routes, pas des arbres parce que les

voitures n’aiment pas les arbres, taillez ces haies, mais vous avez une source de

fertilité extraordinaire.

Mais ça demande de remettre l’arbre en position (au centre) dans l’agriculture. En

plus la haie sert d’ombrage aux bêtes, les bêtes adorent brouter les feuillages

d’arbres, donc en plus dans l’équilibre sylvo-pastoral elle a vraiment sa place. (Les

éleveurs viennent chougner en période sécheresse parce qu’ils n’ont pas de fourrage,

alors qu’avec des haies fourragères, et même des arbres au milieu des champs, il ne

peut pas y avoir de trou fourrager).

Voyez c’est une repensée complète de la notion de paysage. D’ailleurs autrefois onne disait pas « un agriculteur », on disait « un paysan », un homme qui fait le pays.

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Alors maintenant ce sont des exploitants agricoles, c’est-à-dire qu’on les mets dans le

secteur primaire, ça a été une catastrophe :

A la sortie de la guerre on a modifié l’équilibre économique du pays, autrefois vous

aviez le secteur primaire qui était les mines, la pêche, puisque la pêche à l’époquec’était de la simple exploitation, y’avait pas de gestion, et on gère toujours très mal

les poissons, ils diminuent à toute allure, le charbonnage etc. les mines tout ça c’était

dans le secteur primaire. Vous aviez ensuite le secteur secondaire qui comportait

l’agriculture et l’industrie, c’est-à-dire des gens qui exploitait un capital, on parlait

d’ailleurs de gestionnaire : on cultivait son sol en « bon père de famille ». C’est-à-dire

que le paysan c’était un homme qui faisait le pays, il le gérait son pays, puis on a dit

maintenant, non toi maintenant t’es un exploitant agricole, c’est-à-dire que

maintenant l’agriculture elle est dans le secteur primaire. Elle exploite, et puis aprèsmoi le déluge, quand j’aurai ruiné mes sol, quand je n’aurai plus de capital, parce que

c’est ce qui se passe, l’agriculture mondiale se décapitalise, et apporte de plus en plus

d’énergie, d’engrais chimiques, du monde industriel, du secteur secondaire, et les

secteurs primaires, je suis désolé mais ils s’appauvrissent. Quand vous exploitez une

mine, quand y’a plus de charbon, bah y’a plus qu’à partir… Et puis quand y’a plus de

sol, bah les paysans ils s’en vont, on en a perdu déjà 92 %.

Le monde agricole n’a pas à être mis dans le secteur primaire, c’est le secteur

secondaire : j’ai un capital fondamental qui doit nourrir des générations, qui doit êtredurable, qui est le capital sol, on ne fait pas du capitalisme en agriculture (moderne),

on ruine le capital, c’est le pire des capitalismes qui existe. Le bon capitalisme en

agriculture c’est celui normalement qui doit rendre un sol plus fertile que celui qu’il a

reçu de son père, de laisser à son fils un sol plus fertile. En ce moment c’est l’inverse.

En ce moment il lui laisse un sol plus pauvre. C’est de la décapitalisation. Vous vous

êtes fait avoir hein, vous vous êtes fait avoir en beauté par les industriels ! Ils vous ont

roulés dans farine, chiquosse…

Le bois raméal fragmenté doit être utilisé frais ? 

Ah oui.

Tout de suite donc.

Dès qu’il tombe. Comme dans la forêt, dès qu’il tombe au sol. 

Et est-ce que cette technique-là peut s’appliquer dans des jardins ? 

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Bien sûr. Enfin si vous avez une haie. Alors évidemment si vous vous êtes fabriqué un

blockhaus végétal avec des thuyas, là vous allez tuer tout. Attention, les résineux

tuent les sols. Les résineux sont des plantes qui à l’état sauvage, vivent dans ce qu’on

appelle la grande forêt, la taïga, et le sommet des montagnes, d’accord ? Et les forêts

de résineux sont là dans des milieux où il pleut très peu, moins de 400 mm d’eau paran, et surtout, il gèle très fort, c’est pour ça qu’ils ont une résine. Parce qu’ils n’ont

pas de sève liquide, sinon ils exploseraient, quand il fait -30°, avec une sève liquide

vous explosez. Donc ces arbres se sont adaptés à des conditions de grand gel.

Autrefois, y’a longtemps, à l’époque dite du Carbonifère, les premières plantes qui

sont apparues ont été les fougères (sous forme arborescente), les prêles

(arborescentes aussi, mais ces formes-là se sont éteintes) et les conifères, les

gymnospermes. Ces plantes sont toxiques. Elles sont toutes toxiques. Il n’y avaitaucun ver de terre à l’époque des grands dinosaures, aucun. Il n’y avait pas de faune

du sol. La matière organique tombait sur le sol et ne se décomposait pas, c’est pour

ça que nous avons du charbon et du pétrole. C’étaient des terres qui ne circulaient

pas, comme il n’y avait pas de faune c’étaient des sols marécageux, c’est-à-dire qu’il

faisait chaud et humide, la flotte qui tombait sur le sol (stagnait) –c’étaient des sols

qui n’étaient pas aérés par la faune- c’étaient des marécages, tout pataugeait, et les

arbres, au fur et à mesure qu’ils tombaient, ils s’accumulaient les uns sur les autres ça

y faisait de la tourbe. La planète était couverte de tourbières à cette époque, ce sontles immenses réserves de charbon et de pétrole que nous attaquons.

A la fin du Crétacé, on pense, c’est une hypothèse, on le sait pas, mais il semble bien

qu’une météorite soit tombée sur terre (catastrophe du Crétacé/Tertiaire), elle a très

certainement pas fait ce qu’on nous raconte, c’est-à-dire -30° pendant 3 ans, parce

que sinon, les tortues et les crocodiles qui sont bien plus vieux que les dinosaures ne

seraient pas arrivés jusqu’à nous. Mais cette météorite a très certainement provoqué

une mutation, elle a fait une mutation fondamentale qui va bouleverser la vie sur la

planète : c’est l’apparition des feuillus, qu’on appelle les angiospermes. Ces arbresvont avoir deux propriétés remarquables :

-  Premièrement, le vent, la planète était en train de se refroidir, le vent apparaît,

les conifères qui se reproduisent uniquement par le pollen qui tombe sur les

cônes femelle vont être obligés de changer de technique, parce qu’il y a des

espèces qui ont disparue simplement parce que le vent emmenait le pollen et

il ne tombait jamais sur les cônes. Ils vont donc être obligés de changer, ils

vont se réfugier dans les zones froides, où il y a moins de vent, il fait tout le

temps froid, où là ils peuvent féconder leur cônes comme ça. Et les

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angiospermes ils s’associent avec les insectes, c’est la grande idée des

angiospermes : le vent apparaît sur Terre, ils vont donc utiliser les insectes

pour se faire féconder. C’est-à-dire que l’insecte va leur transporter le pollen

de fleur en fleur, ça c’est l’idée géniale des angiospermes. Les premiers ont été

les magnoliales qui vont apparaître au Crétacé.

Et ensuite : elles ne sont pas toxiques. Et elles vont s’associer avec un nouveau

groupe d’organismes, les animaux du sol, les collemboles, les acariens, à qui elles

vont donner à manger. Et les vers de terre apparaissent à la fin du Crétacé, et on à ce

moment-là les sols se drainer. C’est-à-dire que ce ne sont plus des marécages, la

terre devient saine. Elle devient agréable, elle devient aérée. L’eau circule à l’intérieur

du sol.

Ça va être le bouleversement que nous connaissons à l’heure actuelle. Donc surtout

pas de conifères, les conifères eux devant le succès fabuleux des angiospermes qui

eux améliorent le sol au lieu de les détruire, ils ont été éliminé, ou ils ont survécu

comme l’if ou comme le pin sylvestre, isolés dans des forêts de feuillus, et le gros des

conifères s’est réfugié dans les zones très froides où les autres ne pouvaient pas les

atteindre.

Et alors là il n’y a aucun ver de terre dans la taïga. Quand vous faites un profil dans la

taïga, toutes les aiguilles sont toutes parallèles les unes aux autres, et arrivé à un

moment elles sont attaquées par des microbes, qui arrivent à les décomposer, mais

vous voyez que rien n’a bougé, parce qu’il n’y a pas une bestiole, alors que dans la

forêt de feuillus, tout est bougé constamment par de la faune.

Donc si vous avez mis un blockhaus végétal autour de votre pavillon avec des thuyas,

vous ne pourrez pas faire de bois raméal, parce que ce sont des plantes toxiques.

Mais si vous avez eu l’astuce de prendre les plantes de votre région, par exemple

quand avec mon épouse on a acheté une maison en bourgogne, on a repéré les 22

espèces d’arbres, on a mis les 22 espèces d’arbres dans la haie autour de la maison,

on a planté 550, enfin semés 550 arbres, et qui nous servent de source de bois raméal

pour le jardin potager, pour les rosiers, pour tout. Et on utilise strictement rien, on a

une production, alors que c’étaient des sols quand on est arrivé y’avait rien quipoussait dessus puisqu’on a 10 cm de sol après c’est le caillou. Tous les voisins

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arrosent leurs patates, moi je n’arrose rien du tout. Je pose mes patates sur le sol et je

leur mets 30 cm de paille et puis c’est tout j’attends qu’elles sortent, je n’ai pas à

désherber, puis quand je veux des pommes de terre je soulève la paille, je prends les

patates et elle m’en refabrique. Le voisin lui il bute, il se casse les reins, il est là toute

la journée, il a plein de doryphores, moi je n’ai pas de doryphores. Ça ce sont lespaysans boliviens qui m’ont appris cette technique.

Je veux dire on s’embête beaucoup vous savez, l’homme a absolument à travailler,

depuis la Bible il pense qu’il doit en chier sur la planète avec la terre, donc il lui en

veut à mort à cette terre, puisqu’il est là tout le temps à se casser les reins, à biner, à

se débarrasser des mauvaises herbes… 

Moi en automne en ce moment mon jardin il est totalement couvert de céréales, y’a

un mélange avoine-orge-vesce, et puis je vais attendre que l’épi commence à se faire,tous les matins je vais couper pour voir quand est-ce que les épis arrivent, quand ils

vont arriver je vais passer ma tondeuse et puis je vais planter tranquille au travers,

mon sol je n’y touche jamais. Jamais. D’abord je commence à être âgé donc j’ai mal

au dos, j’ai pas envie de m’embêter, et ça m’embête totalement, c’est tellement plus

simple de lancer ses patates sur le sol, de les recouvrir de paille plutôt que de

s’embêter à buter, à s’énerver, 

Vous ne mettez rien dedans ? 

Rien ! Mais vous avez besoin de rien, avec le bois raméal vous apportez tellement à

manger à votre plante que… 

Non, c’est -à-dire que vous posez vos pommes de terre sur le sol (sol recouvert de brf) et 

vous recouvrez de paille ? 

C’est tout. Elles sont posées directement sur le sol.

Mais il faut que ce soit un sol qui soit fertile

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Ah, vivant, évidemment. Moi ça fait 30 ans que j’ai pas jeté une épluchure, que j’ai pas

 jeté tout ce qui est organique, bon soit ça va aux pigeons, enfin ce qu’ils veulent bien

manger, tout le reste c’est tout composté. Je n’ai pas sorti un seul élément de mon

sol depuis 30 ans. Donc c’est le cycle permanent.

Et les arbres ne cessent de grandir donc chaque année j’ai un peu plus bois raméal,

donc le sol est un peu plus fertile… Alors qu’au début j’en ai bavé, c’était pas drôle. 

Et je n’arrose pas puisque comme j’ai épandu du brf…

Bon ça c’est encore un processus : vous avez trois règnes sur terre, le règne des

champignons, le règne des végétaux, le règne des animaux.

Les champignons sont les seuls organismes au monde qui possèdent des

aquasporines dans toutes les cellules de leur organisme, et les aquasporines

permettent la rétention d’eau. C’est pour ça que les sols forestiers sont humides. Les

champignons sont les grands régulateurs de l’humidité du sol. Donc dès que vous

avez remis des champignons… 

Je ne sais pas si vous avez remarqué, tous les sols à l’heure actuelle ils se mouillent

très vite et ils se sèchent très vite. Tous les agriculteurs qui travaillent depuis

longtemps vous le diront : les sols ne se comportent absolument plus comme avant.

Avant il pleuvait, ils gardaient la fraîcheur pendant un moment, maintenant ils se

mouillent, ils sont gorgés d’eau, et puis tout de suite après ils sont secs, parce qu’il

n’y a plus de champignons dedans. On a détruire 90 % des champignons qu’il y ava it

dans nos sols. Et ce sont eux qui gèrent l’eau. Donc dès que vous remettez des

champignons, vous allez voir mais votre sol garde une fraîcheur, en pleine canicule

vous avez 12 degrés de moins, j’ai fait des mesures, 12 degrés de moins de montée

thermique dans un sol qui contient des champignons par rapport à un sol qui n’en a

pas.

Donc votre sol ne chauffe pas, donc les plantes sont pas stressées, pas besoin

d’arroser, vous voyez tout ça ce sont des processus naturels. 

L’irrigation gaspille 70 % de l’eau douce tout simplement parce que les sols sont

morts, mettez-les en vie vous verrez. C’est pas si compliqué que ça.

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Donc dans l’ordre des processus à mettre en place, par exemple vous avez un jardin à la

sortie de l’hiver où il y a plein d’herbes, 

Bah y’a plein d’herbes parce que vous l’avez pas semé en céréales en automne.

Voilà, donc c’est d’abord de semer des céréales, 

C’est plus facile à retirer 

Pas d’engrais verts ? 

Non. Dans un jardin faut toujours penser rotation. Dans un jardin de légumes vous ne

cultivez pas de graminées, vous cultivez des légumineuses, des crucifères, des

composées, mais pas de graminées. Donc mettez dans votre jardin, en rotation, des

graminées. Comme ça vous aurez pas de maladies. Ne remettez pas des crucifères

alors qu’il y en a déjà plein dans le jardin. Ne remettez pas des légumineuses etc.

vous voyez.

Donc graminées, orge-avoine, idéal, et puis vous tondez et vous semez, avec la roue

que je vous ai montrée, ça c’est l’idéal, vous changez la taille du trou en fonction de la

graine, ça va de la graine de haricot jusqu’à la graine de radis, et vous roulez dans

votre truc tondu. La tonte ça va vite, c’est beaucoup plus reposant que de vous

embêter à désherber et à bêcher.

Comment est-ce que vous expliquez l’absence de doryphores dans votre jardin ? 

Ah bah tout simplement les pommes de terre sont nourries avec tous les éléments,

elles sont en bonne santé.

L’insecte, ce qu’il faut que vous compreniez, c’est que l’insecte c’est le charognard desplantes malades. Vous n’avez des attaques d’insectes que par ce que la plante émet

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une odeur comme quoi elle est malade, et dans la nature, un être malade ne doit

surtout pas se reproduire, ça c’est une règle, c’est comme ça que la vie s’est

maintenue en bon état de santé pendant des millions d’années, c’est qu’elle élimine

tout ce qui est malade. Elle ne les laisse pas se reproduire.

Les études génétiques récentes ont montré que lorsqu’un organisme subit des stress

alimentaires etc. il transmet ce stress pendant 4 générations. Donc ça veut dire

qu’une plante qui est pourrie, pendant 4 générations vous aurez des plantes pourries,

moi je le vois très bien : faites une expérience toute simple, achetez des pommes de

terre dans le commerce, ce sont des pommes de terre génétiquement, enfin ce ne

sont pas des ogm, mais qui sont très mal sélectionnées sur engrais chimique. Vous

verrez que ce sont des plantes extrêmement fragiles. Vous allez avoir une grosse

perte (la première année). Il va y avoir de l’oïdium, il va y avoir du mildiou, elles vontvraiment mal se porter.

Ne gardez que les tubercules qui ont survécu, ne faites aucun traitement, vous ne

gardez que les tubercules qui ont survécus à votre système, ceux-là vous les

reproduisez, 3 ans après vous n’aurez plus de maladies sur vos pommes de terre.

Et plus de doryphores non plus ? 

Et plus de doryphores. Moi je suis entouré de jardins bourrés de doryphores, ils

viennent tous voir chez moi. Alors au début c’était drôle parce que quand ils venaient

me voir, ils me voyaient planter des patates, ça les rendait perplexes… bon ils savent

que je suis fou donc c’est pas trop grave, mais ce qu’il y a d’amusant c’est que l’autre

fois, y’a 3 ans, j’ai vu un gars qui faisait la même chose que moi, je lui dis « ah bon,

qu’est que tu...» « Ah non non non ! C’est juste pour voir, mais tes conneries, bon euh,

tu vois mais c’est pour voir quoi ». Donc ils l’adoptent quand même donc c’estmarrant. Moi j’y ai dit « tu sais t’as raison de le prendre, ce sont les paysans de Bolivie

qui me l’ont appris, ils ne sont pas plus bêtes que les autres hein. » Mais c’est marrant

la réaction.

Mais c’est, arrêtez de croire que la nature fonctionne comme ça : que y’a toujours le

méchant insecte qui vous attend au virage pour vous flinguer vos plantes, c’est pas

comme ça que ça marche. C’est : le malade ne doit pas donner de descendants et

doit disparaître, donc c’est à vous d’avoir des plantes qui ne soient pas malades, pour

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qu’elles ne soient pas malades, faut qu’elles soient nourries non pas par des engrais

chimiques, mais par des haies.

Mais j’ai fait des expériences, faites des expériences toutes bêtes, si vous avez une

haie –ce sont des choses simples à faire- prenez par exemple une plante qui réagitparticulièrement bien c’est l’épine-vinette, si vous avez par exemple 10 pieds d’épine-

vinette sur votre terrain, sur 5 pieds vous mettez des NPK, puis sur 5 autres pieds

vous mettez rien. Les 5 pieds où vous aurez mis le NPK, les 5, auront le feu bactérien.

Vous allez voir, immédiatement elles auront le feu bactérien. Parce qu’elles sont

déséquilibrées au niveau du sol. Elles vont devenir toutes noires, c’est une plante qui

prend bien le feu bactérien, et vous allez voir, mais les 5 qui n’ont pas eu d’engrais,

nickel, pas de maladies.

Mais attention, alternez vos espèces, ne faites pas une haie avec une seule espèce,biodiversité toujours.

Mr Bourguignon, sur un plan purement agronomique, qu’est -ce que vous pensez du

compostage des déchets verts avec des boues de station d’épuration ? 

Bon alors, il faut composter tout ce qui contient des pathogènes. Tous vos

excréments animaux faut les composter, parce que vous avez remarqué qu’une vache

ne broute jamais l’herbe qui a poussé sur sa bouse, ce qu’on appelle le refus en

pâturage. C’est l’herbe qui est sortie de la bouse de la vache, et la vache elle n’y

touche jamais, elle ne se réinfecte pas hein. Je ne vous conseille pas de vider votre

fosse septique sur votre jardin potager et d’aller manger vos salades, parce que ça va

mal se terminer dans votre famille. Faut jamais se réinfecter.

Donc le compostage il faut le pratiquer pour les animaux, tout de qui est déchetanimal doit être monté en température pour être désinfecté, en vigne, si vous taillez

des bois de plus d’un an, qui peuvent contenir des maladies, il faut les composter,

pour éviter de salir votre champ.

Donc là le compostage il est indispensable. Alors le problème du compostage des

boues des villes, c’est que si les boues des villes sont bien triées, ça va, si y’a des

déchets industriels dedans avec des métaux lourds, là c’est très embêtant. Donc avant

de prendre des déchets d’une ville, il faut que la ville ait fait son tri préalable. Bon les

déchetteries se mettent en place, je pense que les choses vont aller en s’améliorant,

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mais c’est sûr que les boues des villes, quand vous voyez tous les gens malades qu’il

y a, tout ça part aux toilettes, avec toutes les maladies qu’il y a, faites attention quand

même. Le parasitisme ce n’est pas inexistant, si vous arrosez massivement votre

champ avec des staphylococcus etc.

Ça tue les vers de terre. Le lisier de porc industriel il tue les vers de terre tellement il

est riche en pathogènes, en particulier en clostridium. Donc si il tue les vers de terre,

 je vous dis pas ce qu’il va vous faire à vous, donc, compostez, très important. 

Moi j’ai fait des études en Bretagne sur le lisier de porc composté : il ne tue pas les

vers de terre, dès qu’il est composté, dès qu’il est monté en température hein, on

arrose des tas de pailles avec du lisier de porc, il chauffe, on le met sur le champ, il n’y

a plus de mort de vers de terre.

Alors que quand vous le mettez pur, anaérobique, sans épandre de la chaux sur le sol,

y’a tous les vers de terre qui sortent du sol et qui crèvent.

Donc vous voyez le même produit peut être bon pour le sol, ou peut le tuer. C’est

pour ça, faites attention, le compost réussissez-le bien, faites-le bien fermenter,

faites-le bien monter en température, un compost qui pue, qui pue l’anaérobiose et

tout, ne le mettez pas sur le sol, il est toxique.

Parce que en France les meilleurs systèmes d’agriculture durable ce sont bien les

systèmes de polyculture-élevage, équilibrés, et d’ailleurs ce qu’on peut observer c’est

que dans les grandes régions céréalières, la Beauce, la Brie, y’a un siècle, ils avaient

50% de cultures, 50 % d’élevage. 

Exactement, on moutonnait les blés en Beauce, au XIXe. Il y avait toujours cette

rotation de l’animal et de la culture, et on a tout spécialisé, c’est une catastrophe la

spécialisation.

C’est comme dans les vignes, les vignes dans le Beaujolais y’a encore 20 ans y’avait 

encore des animaux aussi

Oui, les moutons passaient dedans en hiver, les moutons broutaient l’herbe entre les

vignes en hiver, on associait.

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Les oliviers aussi

Pareil, quand vous allez en Toscane, en Italie, qui a gardé des systèmes assez

traditionnels (coltura promiscua), vous verrez dans la même exploitation : de l’olivier,

de la vigne, de la céréale, de l’élevage… Tout est dans le même paysage, et les

animaux servent à nettoyer les rangs des vignes.

Mais on a cassé tout cet équilibre, alors c’est vrai que c’est un équilibre qui est

consommateur de main d’œuvre, mais à mon avis, faire 3 millions de chômeurs en

France pour abandonner nos paysages, je ne sais pas si c’est une très très bonne idée

politique hein. On aurait peut-être pu laisser un peu plus de gens. Mais pour ça il ne

faut pas faire des mauvais blés qu’on paie 10€ du quintal, ça va pas ça. Il faut que le

prix du blé soit payé, hein le prix du blé n’a cessé de baisser depuis 50 ans, c’est-à-

dire que maintenant les gens, on s’est rendu compte que les français avaient un tel

mépris pour leur nourriture qu’ils jettent 400 000 t de pain à la poubelle par an, c’est-

à-dire la consommation annuelle du Portugal.

Je ne sais pas si vous voyez, l’état de mépris dans lequel on a mis l’alimentation.

L’alimentation ça se jette, c’est impressionnant, de temps en temps quand je vais aurestaurant, les gens qui renvoient des assiettes pleines, enfin c’est effrayant, la

nourriture c’est vraiment le mépris. On méprise notre nourriture. Alors que c’est le

travail humain, y’a quand même un symbole.

Maintenant ce n’est plus (la source de la vie), on bouffe quoi, on ne se nourrit plus. La

civilisation c’est quand même l’alimentation, c’est la cuisine, vous voyez, on

transcende la nourriture dans une civilisation. L’habillement c’est une transcendance

de la nudité, l’architecture c’est une transcendance du climat, bon quand vous

commencez à faire des maisons merdiques c’est que quelque part la civilisations’écroule. Quand on s’habille n’importe comment, quand on se nourrit comme des

porcs, c’est que la civilisation elle commence à aller très très très très mal.

Y’a une nouvelle question qui se pose à l’agriculture, on veut nous faire produire des

« bio-carburants », les agro-carburants.

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En intercalaire, moi ça me gêne pas. Si c’est en intercalaire. Vous ne prendrez que la

graine de toute façon vous laisserez la paille hein, ça c’est une règle de base en

agriculture, la paille est pour le sol, la graine est pour l’homme, ce n’est pas gênant.

La graine elle ne contient que du sucre, que de l’amidon, et de l’huile. 

Mais ce sont des composés carbonés, ça vient de l’atmosphère, vous ne videz pas

votre sol en vendant de l’huile hein. Mais il faut que ce soit en intercalaire, entre une

culture d’orge par exemple, que j’ai moissonnée tôt et avec un semis tardif de blé, ou

un maïs par exemple, eh bien vous avez le temps de faire une culture énergétique.

Mais il faut être en semis direct.

Oui mais faut prendre en compte le climat, puisque si vous tombez sur des années oùon a 300 mm d’eau, en plus très mal répartis, du mois de juillet au mois de septembre,

 y poussera rien du tout hein, semis direct ou pas.

Ah oui, mais il faut trouver la crucifère qui accepte de pousser dans votre climat,

Y’a aussi le discours qu’on peut avoir sur l’irrigation, faut quand même qu’il soit assez nuancé, par ce que c’est vrai que bon, c’est bien qu’on se pose des questions, mais si

l’irrigation est bien gérée, c’est une technique nécessaire sous nos climats et avec les

techniques qu’on a... Si vous avez des années avec 300 mm d’eau, vous ne ferez rien

 pousser chez nous… 

Oui mais vous pouvez travailler avec des mils et des sorghos sucrés que les bêtes

adorent, avec lesquels vous faites de l’ensilage. 

Non mais je dis pas qu’on a pas des progrès à réaliser, 

Ouais des gros progrès à réaliser

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Faut trouver par exemple des variétés de maïs qui consomment moins d’eau, sans

 passer par les ogm je vous l’accorde, je vous dis pas qu’on peut pas trouver des variétés

de blé qui consomment moins d’eau aussi, mais l’irrigation elle date pas de ce siècle

d ernier, elle date du temps des romains hein, c’est pour ça que la polémique arrive sur 

les arroseurs mais il faut nuancer 

Oui mais on a fait disparaître de l’agriculture française tout ce qui était mil, tout ce

qui était sorgho, qui avaient été cultivés et améliorés pendant tout le XVIIIe et tout le

XIXe, qui avaient été éliminés après-guerre. Dans le Sud-Ouest, on n’irriguait pas

avant, à l’époque on n’avait pas d’eau dans le Sud-Ouest, on mettait des sorghos. Et

tout ça, ça a été retiré du marché, alors c’est vrai que vous arrivez plus à les vendre.

Faudrait revoir les choses

Il faut laisser les pailles sur le sol et on ne sèche plus le terrain, en plus il se trouve

que la paille nourrit les moutons, les moutons passent sur le champ, et on change

complètement la dynamique du champ, simplement en touchant un petit facteur :

arrêter de sécher les sols.

Ça nous a amusés car quand on fait faire ça aux agriculteurs tunisiens, ils nous ont dit

« vous les français, vous êtes vraiment à l’ouest… Alors nous c’est ce qu’on pratiquait

avant, vous avez amené votre école d’ingénieurs agronomes qui nous ont raconté

qu’on était des cons et qu’il fallait labourer profondément et puis maintenant vous

nous dites ‘nan faut plus labourer, faut faire comme vous faisiez avant’. Vous nous

prenez vraiment pour des couillons »

Et les gars ça les a offusqués au début, parce qu’ils disaient « vous avez cassés tous

nos systèmes pour nous ramener à ce que nous on faisait depuis toujours !».

Simplement, c’étaient des paysans qui avaient observé, parce que quand vous êtes

dans un milieu séchant, faut jamais toucher à la terre, faut jamais la mettre au soleil,

et vous garderez de l’eau.

Une autre question sur le compostage. Là je suis dans un secteur où il y a des

 périmètres de protection d’eau qui sont en train de se mettre en place, et bon moi je

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composte sur mon exploitation, et on m’interdit de mettre du compost sur ces

 périmètres de protection alors que j’ai le droit qu’à ça 

Pfff… … …Ça c’est le lobbying des marchands d’engrais,

Non mais c’est un agronome qui a fait une étude, qui a pondu ça quoi 

N’importe quoi. Mais c’est comme pour les cultures intercalaires, quand vous faites

une culture intercalaire au mois de juillet votre sol il est sec, c’est-à-dire qu’il n’y a pas

de minéralisation, donc vous êtes obligés de mettre de l’azote sinon votre culture

intercalaire elle ne pousse pas. Alors, les abrutis qui sont dans les ministères ont dit :

interdit de mettre de l’azote au mois de juillet. Vous ne mettez pas d’azote au mois

de juillet, votre interculture elle va faire 10 cm. Donc elle ne servira à rien, elle ne

récupérera pas l’azote qui lui est déjà à 40 cm de profondeur voire 50 cm, donc vous

avez perdu votre temps, jeté des graines par la fenêtre et ça vous a servi à rien.

Quand vous semez une intercalaire, il faut lui mettre à manger, et vous inquiétez pas,

les 30-40 unités d’azote que vous allez manger, vous allez largement les récupérer, eten plus avec cette azote elle va pouvoir allez chercher l’azote qui est plus loin. Et on

se retrouve avec des vrais itinéraires qui ne polluent plus. Mais y’a des abrutis dans

les ministères qui ont décidé qu’il ne fallait pas mettre d’azote au mois de juillet.

Le problème c’est que pour faire évoluer les choses, il faut que les gars qui sont assis

sur le cul dans leurs bureaux viennent un peu sur le terrain regarder ce qu’il se passe.

Faut un peu se mettre à la place des agriculteurs aussi

Non mais ce n’est pas aux agriculteurs que j’en veux, c’est au fait qu’on les a

emmenés dans un système qui leur pourrit la vie. C’est pour ça que je vous dis que

vous vous êtes fait avoir par le système agro-industriel qui a su vous faire dépenser

beaucoup d’argent.

Mais vous pouvez faire une agriculture propre, faut arrêter de dire que l’agriculturepollue, l’agriculture pollue parce qu’on a décidé de la rendre polluante, mais vous

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pouvez faire une agriculture productive et non-polluante. Mais pour ça il faut changer

les règles, parce que sinon ça marchera jamais : si vous ne mettez pas à manger à

votre plante intercalaire, elle ne poussera pas, parce qu’elle n’est pas à une période

où il y a minéralisation dans le sol. La minéralisation ça se fait au printemps, ça se fait

à l’automne, vous pouvez faire un semis de printemps, un semis d’automne, y’a de laminéralisation pour les nourrir, mais pas un semis au mois de juillet, tout le monde

est au repos hein. Les bactéries sont au repos, les champignons sont au repos, y’a pas

de minéralisation à ce moment-là.

Quand je fais une courbe d’activité biologique dans le sol y’a la bosse printanière, le

creux d’été, y’a la bosse d’automne, et puis le creux en hiver. Donc si vous travaillez

en creux d’été, il faut que vous donniez à manger. Mais ce sera récupéré largement

parce qu’après la plante elle va profiter de toute la chaleur de l’été pour pousser, elleva descendre ses racines, elle va vous récupérer les engrais, et vous ne polluerez pas.

 Au prix où elle est (l’azote) on devrait faire pousser les moutardes. Moi je fais des

dérobés, agriculture intercalaire comme vous dites, je vais surtout pas mettre de l’azote

au mois de juillet pour les faire pousser. S’il reste de l’azote elles poussent, si il en reste

 pas trop elles sont un peu moins hautes et puis c’est tout hein. 

Ah oui mais le fait qu’elles ne poussent pas ce n’est pas qu’il ne reste pas d’azote,

c’est que le climat les empêche de pousser.

Oui mais pour qu’elles poussent il faut aussi qu’il pleuve hein, on n’ira pas les arroser  

Ah oui mais attendez, je m’en doute, mais vous êtes en semis direct ou en labour ?

 Ah ben avec mes moutardes je gratte sur 8 cm,

Donc vous séchez le sol

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 Je les sème avec mon semoir à disque, et puis ça fait -

-ce que le climat veut bien. Tandis que quand vous ne grattez pas du tout, vous

verrez que vous êtes beaucoup moins dépendant du climat.

Euh vous avez parlé de variétés de maïs qui ne consomment pas beaucoup d’eau 

Non j’ai dit des plantes (de la même famille, celle des graminées, or la famille des

graminée est vaste…), qu’on appelle les sorghos, les mils, les millets qui ne

consomment pas d’eau. 

Et pas de variétés maïs, si ? 

Ah le maïs c’est une plante tropicale, de milieu humide, qui consomme de l’eau. On

essaye à l’heure actuelle de faire pousser d’autres choses, millets etc. Mais le

problème c’est que comme l’industrie contrôle totalement le maïs, ils ont tout, ils ont

les graines, ils ont les ogm, ils ont tout, donc ils ne veulent pas que le maïs leur

échappe. Pourquoi ils ont fait les ogm sur les 5 plantes les plus importantes sur le

plan économique ? Y’a quoi en ce moment en ogm ?

Le maïs, qui est présent dans 95 % des aliments que vous consommez ;

le soja, présent dans 85 % des aliments que vous consommez ;

le coton, première culture industrielle du monde ;

le colza, première plante pour l’huile ;

le riz, parce que ça nourrit l’Asie. 

Ce sont ces cinq-là qu’ils ont fait, ce n’est pas pour rien, ils ne se sont pas amusés à

prendre des cultures type tournesol, qui ne représentent pas grand-chose. Donc à

l’heure actuelle ils ont fait du maïs et du soja parce qu’ils contrôlent parfaitementtoute la chaîne de transformation, donc ils ont par tellement envie que des

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agriculteurs se mettent à faire du sorgho, à faire du millet, parce que ça va leur

échapper. C’est pour ça que plus ils peuvent attacher les agriculteurs mieux c’est,

parce qu’avec les ogm ils les attachent complètement. Ils leur vendent des semences,

ils leur vendent l’herbicide dont la semence se protège, ils tiennent tout le circuit, ils

leur disent « vous serez obligés de passer par nos silos », donc l’agriculteur il est piedet poings liés. C’est un système d’enfermement si vous voulez. 

Oui mais est-ce qu’il existe des variétés de maïs qui consomment peu d’eau ? 

Oui mais je ne vois pas l’intérêt, pourquoi vous voulez absolument mettre du maïs ?

C’est une plante toxique, c’est la seule graminée toxique du monde le maïs, donc

c’est une plante qui est plutôt embêtante, elle contient des hématoglutinines

(substance qui fait s’agglomérer le sang, formant des caillots)… Vous savez que les

espagnols quand ils sont arrivés au Mexique, ils ont vu les mexicains, puisqu’ils

n’avaient que le maïs donc ils l’ont cultivé, ils les ont vu mettre de la chaux, comme

pour les murs, ils mettaient de la chaux dans leurs galettes de maïs. Les espagnols ils

ont regardé et ils se sont dit « on est vraiment chez des primates, ils confondent

architecture et alimentation ». Et en fait, les Incas, les Mayas, avaient observé que

quand on mettait de la chaux, ils le savaient pas mais ils remontaient le pH, ilsbloquaient les hématoglutinines et le maïs devient digeste. Les espagnols se sont

moqué des mayas, et n’ont pas voulu mettre de chaux, ils sont tombés malades les

gars.

Donc c’est une plante qui est toxique, ce n’est pas une très bonne graminée. 

On vous a bien eu. Les sorghos sont plus appétant, sont plus sucrés en plus,

beaucoup plus digestifs par les animaux et même par l’homme, on fait des meilleurs

biscuits avec le sorgho, gustativement parlant, qu’avec le maïs. 

Le problème c’est que le maïs a été industrialisé, c’est une réussite extraordinaire au

niveau industriel, donc ils tiennent à cette plante mordicus.

Non pas par ses qualités, y’a bien mieux comme graminée, on fait des meilleures

croissances au Brésil avec des sorghos qu’avec des maïs, mais c’est tenu par

l’industrie, c’est pour ça, c’est tout. 

Mais y’a plein d’autres espèces, vous savez, le jour où on se mettra à tout cultiver… 

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Mais y’a des variétés anciennes de maïs, les variétés population qui ne consomment pas

tellement d’eau… 

Oui y’en a qui consomment moins d’eau, mais d’une façon globale c’est quand même

une plante qui pousse au moment du début de la saison des pluies en milieu tropical,

c’est une plante qui a besoin d’eau. Elle a besoin de chaleur et d’eau pour pousser.

C’est spectaculaire, quand vous allez dans un pays comme le Mexique, dans sa patrie

d’origine, vous allez voir à la vitesse à laquelle pousse un maïs, c’est absolument

spectaculaire. Des vitesses, que moi j’ai mesuré au Mexique, des vitesses

d’enracinement de 12 cm / jour sur le maïs. Je ne sais pas si vous voyez, 12 cm/  jours !

Le maïs pousse de plusieurs centimètres par jour quand il est chez lui, qu’il est dans

son milieu.

Chez nous il a un coup de froid au mois de mai, il devient tout rouge, il souffre, il est

pas content, on est obligé de lui mettre du superphosphate en localisé sur la graine,

parce qu’à cette époque-là il fait trop froid, les champignons travaillent pas bien donc

y’a pas de phosphate, donc il n’est pas dans son milieu.

Alors que le sorgho, qui est une plante de milieu sec, très différent, avec des nuits

froides, est beaucoup mieux adapté à notre climat.

Bon bah c’est sûr que les américains avec leur climat tropical au Texas, ils tiennent à

leur maïs. Le maïs, vous allez voir au Canada, quand y fait chaud là-bas, il fait

vraiment chaud, le maïs il pousse vite.

Pas chez nous, nous on a un climat tempéré, ce n’est pas la plante idéale de pays

tempéré. Vous avez des mils, des millets de Chine bien mieux adaptés à notre climat

que le maïs. C’est parce que l’industrie a forcé, forcé, forcé pour faire du maïs, mais

c’est pas une plante très digeste, ce n’est pas une plante qui donne de la qualité

gustative. Alors y’a les canards qui le supportent bien le maïs, et les poulets, eux ils le

valorisent mieux. Mais le bétail, ça vous fait pas de la bonne viande le maïs, vous

faites de la meilleure viande avec le sorgho. Allez manger de la viande en Argentine

ou au Brésil, vous allez voir comment elle est goûteuse la viande, parce qu’elle est

nourrie au sorgho, elle n’est pas nourrie au maïs. 

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Ça dépend de ce que vous voulez faire, si vous voulez faire de la qualité… ça c’est un

vrai débat.

Les règles de base :

-  Ne pas enfouir la matière organique, l’incorporer en surface ou la laisser en

surface.

-  ARRÊTER LES SOLS NUS. Tout le temps occuper le sol avec une

plante. -  Si vous ne touchez pas à la terre vous n’aurez pas de mauvaises herbes. Dès

que vous projetez de la terre et la ramenez en surface, les mauvaises herbes se

lèvent.-  Ne pas brûler la matière organique, la laisser se transformer en humus (paille,

bois…).

-  La paille est pour le sol, la graine pour l’homme. 

-  Tous les organismes vivants ont leur rôle à jouer.