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destinations
Les régions côtières méditerranéennes accueillent chaque année quelques 220millions de touristes, avec un total qui devrait atteindre 350 millions dans 20 ans.Cette hypothèse d'augmentation pourrait conduire à un développement incontrôlédans tout le bassin méditerranéen, qui risque dégrader l'unique richesse naturelleet culturelle dont l'industrie touristique dépend. Des mesures doivent être prises pourgarantir la durabilité de l'industrie touristique et celle des ressources côtières. Il fautse focaliser sur l'amélioration du processus de prise de décisions, de planification etde gestion pour orienter les acteurs professionnels vers une approche dudéveloppement plus environnementale et sociale.
Le projet "Destinations" vise cet objectif à travers:l'introduction d'outils d'aide à la décision concourant à une gestion efficace desdestinations touristiques;l'élaboration de directives qui permettront aux promoteurs touristiques d'évaluerla durabilité de leurs investissements en termes environnementaux;le renforcement des capacités pour l'utilisation des outils précités;la sensibilisation au tourisme durable.
Les cibles du projet sont les décideurs locaux et nationaux dans les trois paysparticipants (Algérie, Maroc et Tunisie) et les représentants de l'industrie touristique(promoteurs, tour opérateurs, agences touristiques, propriétaires d'hôtels...) œuvrantdans l'ensemble du bassin méditerranéen.
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destinationsDéveloppement de stratégies pour un tourisme durabledans les nations méditerranéennes
Tunisie:Rapport final
Note:
Ce rapport a été préparé dans le cadre du projet "Destinations" cofinancé par le
programme LIFE - Pays Tiers de la Commission Européenne.
Ce rapport a été élaboré par les consultants: Mme Henda Gafsi et
M. Sami Ben Haj.
La rédaction du rapport a été coordonnée et supervisée par l'Agence
d'Aménagement et de Protection du Littoral (APAL) et le Centre d'Activités
Régionales pour le Programme d'Actions Prioritaires (CAR/PAP) du PNUE/PAM.
destinationsDéveloppement de stratégies pour un tourisme durabledans les nations méditerranéennes
Tunisie:Rapport final
i
Table des matières Liste des abréviations................................................................................................................................ ii Résumé....................................................................................................................................................... iv Les consultants ......................................................................................................................................... vi 1. Introduction ......................................................................................................................................... 1
1.1 Projet "Destinations" ....................................................................................................................... 1 1.2 Méthode d'ECAT............................................................................................................................. 2 1.3 Définition d'une stratégie intégrée pour le développement durable du tourisme ........................... 3 1.4 Développement du tourisme et gestion intégrée des zones côtières............................................. 3
2. Caractéristiques de la Destination Cap Bon.................................................................................... 4 2.1. Composante physico-écologique................................................................................................... 4 2.2 Analyse des dynamiques territoriales............................................................................................. 7 2.3 Les ressources en eau dans le Cap Bon...................................................................................... 10 2.4 Production énergétique................................................................................................................. 10 2.5 Gestion des eaux usées et des déchets....................................................................................... 11 2.6 Composante socio-économique ................................................................................................... 12
3. Développement du tourisme ........................................................................................................... 14 3.1 Le cadre juridique de l'activité touristique..................................................................................... 14 3.2 Répartition des capacités touristiques actuelles de la destination ............................................... 14 3.3 Demande touristique actuelle ....................................................................................................... 15 3.4 Résultats financiers de l’activité touristique.................................................................................. 15 3.5 Avantages et contraintes de l’activité touristique.......................................................................... 15 3.6 Aspects réglementaire applicables............................................................................................... 16 3.7 L’écolabel tunisien ........................................................................................................................ 17 3.8 Le projet de mise à niveau du secteur touristique........................................................................ 18 3.9 Le Pavillon bleu ............................................................................................................................ 18
4. Conclusions synthétiques du diagnostic: atouts et problèmes majeurs.................................. 18 5. Le déroulement du projet................................................................................................................. 23
5.1 Le lancement du projet ................................................................................................................. 23 5.2 La phase 1: Etat des lieux, diagnostic .......................................................................................... 23 5.3 La phase d’élaboration de scénarii de tourisme durable et de formation..................................... 23 5.4 La phase d’élaboration et de concertation autour de la stratégie de tourisme durable et
d’accompagnement d’unités hôtelières candidates à l’éco-label européen................................. 24 6. Les partenaires et le processus participatif .................................................................................. 26 7. La stratégie de mise en œuvre du scénario alternatif de développement du "tourisme
durable dans la zone du Cap Bon"................................................................................................ 27 8. Conclusion ........................................................................................................................................ 56 9. Bibliographie ..................................................................................................................................... 58
ii
Liste des abréviations AMVPPC: Agence de Mise en Valeur et de Promotion du Patrimoine Culturel
ANGED: Agence Nationale de Gestion des Déchets
ANPE: Agence Nationale de Protection de l’Environnement
APAL: Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral
ARRU: Agence de Réhabilitation et de Rénovation Urbaine
ASPEN: Association de Sauvegarde du Patrimoine Environnemental et Naturel
ATPNE: Association Tunisienne pour la Protection de la Nature et de l’Environnement
BEI: Banque Européenne d’Investissement
BMNT: Bureau de Mise à Niveau Touristique
CAR/ASP: Centre d’Activités Régionales pour les Aires Spécialement Protégées
CAR/PAP: Centre d’Activités Régionales pour le Programme d’Actions Prioritaires
CAT: Capacité d’Accueil Touristique
CITET: Centre International des Technologies de l’Environnement de Tunis
CRDA: Commissariat Régional au Développement Agricole
ECAT: Evaluation de la Capacité d’Accueil Touristique
EIE: Etude d’Impact sur l’Environnement
ENDA: Action pour le développement et l’environnement
CGDR: Commissariat Général au Développement Régional
CNPEE: Commission Nationale de la Propreté et de l'Esthétique de l'Environnement
EMAS: Dispositif (européen) d’audit et de gestion environnementales (Eco-Management and Audit Scheme)
FAO: Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (Food and Agriculture Organization)
FEE: Fondation pour l’Education d’Environnement
FEM: Fonds pour l’Environnement Mondial
FIDA: Fonds International pour le Développement Agricole
GIZC: Gestion Intégrée des Zones Côtières
GTZ: Coopération technique allemande (Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit)
INP: Institut National du Patrimoine
INS: Institut National des Statistiques
iii
MARH: Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques
MCSP: Ministère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine
MEDD: Ministère de l’Environnement et du Développement Durable
MEHAT: Ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire
MT: Ministère du Tourisme
OMT: Organisation Mondiale du Tourisme
ONA: Office National de l’Artisanat
ONAS: Office National de l’Assainissement
ONG: Organisation Non Gouvernementale
ONTT: Office National du Tourisme Tunisien
PNPEE: Programme National de la Propreté et de l’Esthétique de l’Environnement
PNUD: Programme des Nations Unies pour le Développement
PNUE: Programme des Nations Unies pour l’Environnement
POP: Plans d’Occupation des Plages
RGPH: Recensement Général de la Population et de l’Habitat
SAU: Surface Agricole Utile
STEG: Société Tunisienne d’Electricité et de Gaz
STEP: Station d’épuration
UE: Union Européenne
UNESCO: Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (United Nations Education, Science and Culture Organisation)
WWF: Fonds mondial pour la vie sauvage (World Wildlife Fund)
iv
Résumé Le projet "Destinations" s’est intéressé, en Tunisie, à la région du Cap Bon qui correspond au Gouvernorat de Nabeul. La région du Cap Bon est une région où s’entremêlent des paysages d’une qualité exceptionnelle, des vestiges de l’ensemble des civilisations qui se sont succédées sur le territoire tunisien et une incroyable richesse biologique et écologique tant à terre qu’en mer. Le cap Bon abrite de nombreuses zones sensibles et un parc national – Zembra, qui est classée par l’UNESCO comme Réserve mondiale de la biosphère. C’est également une région de contrastes au plan économique et social, avec une activité touristique intense dans la zone de Nabeul – Hammamet, alors que dans le reste du Gouvernorat c’est l’activité agricole, très développée qui prédomine.
La destination Cap Bon, malgré son poids socio-économique au niveau national, se distingue donc par des dysfonctionnements: la zone touristique Nabeul – Hammamet surexploitée, le reste du territoire où l’activité
touristique reste localisée; malgré les initiatives de diversification, l’activité touristique reste essentiellement balnéaire
et tournée vers l’hébergement, avec une empreinte écologique qui demeure très importante et une surconsommation des ressources naturelles;
l’activité touristique reste concentrée sur les 4 mois d’été; les secteurs de plus grande valeur patrimoniale sont très convoités par des promoteurs
visant des projets de grande envergure; le secteur touristique ne profite que très modestement de la valorisation du patrimoine
local; le développement touristique n’implique pas les acteurs locaux; les retombées économiques ne profitent pas à l’ensemble du territoire.
Le projet "Destinations" apporte sa contribution en Tunisie en initiant une démarche de réflexion pour initier un processus de tourisme durable dans la région du Cap Bon. Sur la base d’une démarche participative, les acteurs ont pu étudier des scénarii prospectifs (tourisme intensif, tendanciel et alternatif) et de leurs impacts environnementaux, sociaux et économiques à travers l’analyse d’indicateurs.
Il en est clairement ressorti, après l’élaboration et l’analyse d’une stratégie de développement durable du tourisme, la nécessité de mitiger le développement du tourisme tel que généralement pratiqué à l’heure actuelle en vue: de réduire les impacts sur les espaces naturels et les ressources naturelles, notamment en
renforçant les pratiques de gestion patrimoniale des sites sensibles; d’initier un processus de valorisation durable des valeurs patrimoniales du Cap Bon
(patrimoine éco-biologique, historico-archéologique et culturel), incluant une démarche collective et volontariste impliquant les différents départements au niveau central et local, le secteur privé, le secteur associatif et les collectivités locales;
de faciliter l'ouverture des structures touristiques existantes sur leur environnement; d'initier une gouvernance collective et ouverte du secteur touristique dans la région du Cap
Bon;
v
de communiquer sur les autres valeurs portées par une destination à vocation balnéaire marquée en vue d’étaler sur l’année des activités touristiques rentables et les emplois qu’elle génère;
de contribuer, à travers un dispositif de labellisation notamment, à la gestion environnementale des structures hôtelières existantes: deux structures ont fait l’objet d’un diagnostic environnemental, précurseur à la mise en œuvre d’une gestion environnementale en vue de l’obtention du label européen.
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Les consultants L’équipe de consultants tunisiens est composée de deux personnes: Sami Ben Haj, docteur en environnement océanique; Henda Gafsi, urbaniste (3ème cycle à Paris XII) et planificatrice régionale (DEA à l’Institut de
Géographie de la Sorbonne, Paris I).
Henda Gafsi a 30 années d’expérience dans les domaines de la planification urbaine, de la gestion de programmes et projets de développement durable, du développement local et associatif, de la réhabilitation environnementale et la mise en valeur touristique du patrimoine naturel et culturel. Elle a également eu l’occasion de travailler sur les questions de population et de genre (notamment la prévention de la violence à l’égard des femmes).
Elle a travaillé de 1980 à 1990 dans le domaine de la planification urbaine au District de Tunis (Agence Urbaine du Grand Tunis), puis de 1990 à 1996, au sein du cabinet du Ministre tunisien du Plan et du Développement Régional, où elle était en charge des dossiers de développement urbain et régional et des grands projets d’environnement (Berges du Lac de Tunis, projet de réhabilitation environnementale, Taparura, à Sfax).
Elle a fait carrière à partir de 1996 dans le secteur privé, en tant que: Consultante de la Fédération Nationale des Villes Tunisiennes (1997-2002); Directrice du Programme d’Appui aux Organisations de Base en Tunisie d’Intercoopération
(Fondation suisse) (1998-2006); Consultante auprès de la GTZ, Banque Mondiale, PNUD… et de bureaux d’étude privés
tunisiens (SCET Tunisie, IDEA, Jellal Abdelkafi…), français (Groupe Huit), Néerlandais (DHV).
Elle a récemment (2008-2009) coordonné l’élaboration d’un Plan de Cohérence Urbaine Littorale pour une meilleure intégration du projet Taparura dans la ville de Sfax, pour le compte de la Société d’Etude et d’Aménagement des Côtes Nord de la Ville de Sfax et de DHV(financé par la BEI).
Sami Ben Haj exerce dans le domaine des études depuis 16 ans. Il dirige actuellement le cabinet Thetis-Conseil établi en 2005. L’essentiel de ses activités en matière d’expertise et de conseil est dédié à l’environnement, principalement à la gestion et aux aménagements dans les espaces naturels marins et côtiers et à leur valorisation, à travers des activités soutenables aux plans environnemental, économique et social. Ses compétences se rapportent à de nombreux volets: institutionnel et organisationnel, technique et scientifique au niveau stratégique comme au niveau opérationnel.
Ces compétences ont été construites sur des expériences acquises auprès d’institutions de renommée tant au plan national qu’international qui lui ont permis d’exercer en Tunisie et à l’étranger, principalement sur les rivages de la Méditerranée, dans le cadre de nombreux mandats de court et moyen terme avec l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (APAL), le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, le CAR/ASP, le Conservatoire du Littoral, le PNUD, etc.
1
1. Introduction
1.1 Projet "Destinations" Le projet "Destinations" se focalise sur la définition de stratégies pour un tourisme durable dans les pays méditerranéens. L’objectif principal de ce projet est de promouvoir une planification et une gestion durables du tourisme dans les zones côtières du Sud méditerranéen en: introduisant des outils d’aide à la décision concourant à une gestion efficace des
destinations touristiques en Algérie, au Maroc et en Tunisie; préparant des directives qui permettront aux promoteurs touristiques d’évaluer la durabilité
de leurs investissements en termes de risques environnementaux et de valeur ajoutée pour les collectivités locales;
renforçant les capacités des promoteurs, décideurs et autres groupes cibles pour l’utilisation des outils précités;
sensibilisant au tourisme durable.
Le projet s'articule en cinq tâches, chacune englobant une série d'actions précises.
La Tâche 1 comprend une analyse initiale des zones choisies pour la mise en œuvre du projet et une évaluation de leur capacité d’accueil touristique (ECAT), en s’appuyant sur: la collecte de données sur la qualité des milieux côtiers et les impacts du tourisme existant
ou potentiel; la mise en place d’un processus participatif visant à impliquer tous les acteurs concernés; l’élaboration de scénarii en tant que base à la formulation de recommandations d’actions
immédiates.
Les résultats de l’ECAT sont utilisés pour la formulation d’un plan stratégique relatif au développement touristique durable de ces zones.
Les directives pour l’investissement durable dans les zones de projet, élaborées dans le cadre de la Tâche 2, constituent un outil basé sur des indicateurs de tourisme durable, qui devrait aider les promoteurs à évaluer la durabilité de leurs investissements, tout en tenant compte de la vulnérabilité des zones concernées. Une large consultation, organisée avec les principaux promoteurs pour discuter de l’application pratique des directives, constitue la base de travail sur leur finalisation.
La Tâche 3 est centrée sur des projets de démonstration qui visent à introduire des instruments de gestion environnementale tels que EMAS, ISO 14001, Ecolabel de l'UE, etc. L’implication des collectivités locales et des acteurs locaux est assurée par le biais d’ateliers de travail et de programmes de renforcement des capacités prévus par la Tâche 4, à savoir: des ateliers par pays pour présenter la stratégie de tourisme durable et assurer l’implication
des collectivités locales dans les différentes phases du projet; des sessions de formation pour les autorités locales et nationales et l’industrie touristique
en vue de transférer les connaissances et expériences relatives à l’ECAT et les autres outils de développement touristique durable.
2
La communication et la diffusion des résultats du projet sont assurées à travers les actions envisagées par la Tâche 5 qui prévoit: des pages spécifiques sur le projet à introduire dans les sites web du CAR/PAP et du
WWF; le matériel didactique et d’information sur les principes du tourisme durable et les stratégies
pour leur mise en œuvre; l’organisation d’une conférence internationale pour échanger les expériences et encourager
la diffusion des résultats et les activités de suivi.
1.2 Méthode d'ECAT Les observations sur la capacité de d’accueil touristique sont centrées sur trois dimensions fondamentales: physico-écologique-environnementale, sociodémographique, économico-gestionnaire.
Suivant le PNUE (2009), il s’agit d’un processus qui se défini par (i) une phase descriptive qui apporte les connaissances sur le système territorial étudié, (ii) une phase évaluative qui permet de décrire les modes de gestion possibles et les niveaux d’impacts acceptables pour la zone du projet, enfin, (iii) une phase stratégique qui conduit à la définition de la capacité d’accueil optimale et débouche sur la formulation d’une stratégie de développement durable du tourisme dans la destination.
L’idée centrale est de donner aux différents acteurs l’opportunité et la responsabilité d’exprimer leurs opinions quant à l’avenir de la destination. Les acteurs publics (autorités locales, experts, ONG, les universités, les instituts de recherche, etc.) et privés (opérateurs locaux et étrangers, chambres de commerce, syndicat de tour-opérateurs, touristes, etc.) doivent être pris en compte, chacun devant être en mesure de définir ses besoins économiques, sociaux et environnementaux, ses priorités et solutions. D’ailleurs, le processus est aussi important que l’information obtenue, ainsi l’ECAT va puiser sa force dans la conscience publique, qui va tirer le processus dans son ensemble.
Les activités à conduire pour mener à bien le processus d’ECAT sont présentées dans la figure 1.
1.
2. Analyse du développement touristique de la destination
3.
4. Sélection des indicateurs de tourisme durable et formulation du scénario de référence
5. Elaboration de scénarios alternatifs de développement touristique
6. Définition de la capacité d'accueil touristique optimale
Analyse des caractéristiques de la destination vue comme un système complexe
Evaluation de l'interaction du tourisme avec les autres composantes du système
ECAT
Figure 1. Les grandes étapes du processus d’ECAT
3
1.3 Définition d'une stratégie intégrée pour le développement durable du tourisme La stratégie pour le développement durable du tourisme dans une destination doit articuler les buts en matière d’utilisation du territoire à long terme et les autres objectifs de développement du gouvernement local. Elle doit essayer d’atteindre un bon équilibre entre les besoins antagonistes en matière de sylviculture, de pêche, d’agriculture, de tourisme, d’industrie, d’infrastructure pour les transports, de décharges pour les déchets et d’urbanisme. La stratégie doit aider à coordonner les activités du gouvernement local relatives au développement durable du tourisme tout en permettant aux gestionnaires de la destination d’avoir un rôle-clé en pourvoyant aux besoins des résidents, des touristes et du secteur du tourisme (PNUE, 2009). Lorsqu'il s'agit d'une destination côtière, cela se fait idéalement au sein d'un processus plus large qui est celui de Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC).
1.4 Développement du tourisme et gestion intégrée des zones côtières
L’importance et la place du tourisme dans la gestion intégrée des zones côtières en Méditerranée sont plus grandes que dans la plupart des autres régions du monde. C'est pourquoi la méthode d'ECAT doit faire partie du processus de GIZC. En effet, le but essentiel de l’ECAT est de fournir des paramètres relatifs au développement touristique qui peuvent servir à la planification des autres activités, des voies de circulation et des infrastructures. Le positionnement de l’ECAT à l’intérieur du processus de GIZC est défini suivant le schéma de la figure 2.
L’ECAT est réalisée en parallèle à la première et la seconde phase de la GIZC, qui comprennent des activités préparatoires, des analyses et des hypothèses. Une synthèse de l'ECAT fera partie intégrante de l’analyse sectorielle du tourisme et des paramètres entrant dans les phases ultérieures de la GIZC.
Figure 2: Positionnement de l’ECAT dans le processus de GIZC
GIZC
1. DEMARRAGE
2. PLANIFICATION
3. MISE EN OEUVRE
PLAN INTEGRE DE
DEVELOPPEMENT
DURABLE TOURISME
ECAT
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2. Caractéristiques de la Destination Cap Bon
2.1. Composante physico-écologique
Périmètre de la zone, superficie, dimensions… La presqu’île du Cap Bon, orientée Sud-ouest à Nord-est, pénètre en mer sur environ 90 Km, séparant de manière nette le golfe de Tunis du golfe de Hammamet avec une frange littorale de 200 Km. Elle correspond au périmètre administratif du Gouvernorat de Nabeul. Le Cap Bon s'étend sur 2.822 Km2, soit 1,8% de la superficie du pays.
Les 200 Km de la frange littorale du Cap Bon montrent une morphologie variée avec une distinction entre les deux façades, occidentale et orientale: La frange occidentale entre Soliman à Haouaria (Ras Eddrek) se distingue par la présence
de micro-falaises vives, de côtes rocheuses, de caps, de criques, de baies, mais aussi de plages, de champs dunaires étendus, épais et parfois très engagés à l'intérieur des terres. Des cours d’eau plus ou moins importants traversent cette zone.
La frange orientale entre Haouaria (Ras Eddrek) à Hammamet présente peu de falaises (Haouaria, Kerkouane et Aïn Takerdouche) et des côtes rocheuses basses localisées à Maâmoura, Nabeul et partiellement à Hammamet. Le reste des plages de Kélibia à Maâmoura sont sablonneuses et larges avec des dunes bordières sous formes des bourrelets bas (2 à 4 m de hauteur), s’interposant entre le bas de plage et un système de lagunes et de sebkhas alignées parallèlement à la côte.
Géologie, hydrologie La péninsule du Cap Bon correspond principalement à une structure géologique anticlinale, celle de Djebel Abderrahmane dont le cœur a été érodé sous la forme d’une combe composée de calcaire marneux. Aux niveaux tectonique et structural, la côte occidentale est formée par le synclinal perché de Takelsa, les plis faillés des Djebels Korbous et Haouaria, le fossé d'effondrement de Haouaria et l’anticlinorium de Tazoghrane. Sur la côte orientale les structures majeures sont la ride anticlinale de Djebel Karsouline, la structure monoclinale de Nabeul–Hammamet, le synclinal de la Dakhla et l’anticlinal du massif de Kélibia. Entre celle-ci et Mâamoura, s’étend un cordon littoral tyrrhénien relayé par un chapelet de lagunes qui le séparent du cordon littoral actuel. L’archipel de Zembra est lié au Cap Bon par une plateforme continentale peu profonde qui faisait de l’île un cap relié au continent durant la dernière glaciation.
La quasi-totalité du réseau hydrologique du Cap Bon prend sa source à Djebel Abderrahmane et les oueds coulent de part et d’autre.
Climat et relief Le Cap Bon, sous l’influence des caractéristiques géographiques, bénéficie d'un climat méditerranéen caractérisé par une pluviométrie irrégulière et des amplitudes thermiques assez élevées. Les précipitations moyennes annuelles sont de 500 mm, avec des quantités plus importantes dans les régions Ouest. Les températures moyennes annuelles ne dépassent pas les 18 °C, avec des minima atteignant -7 °C (Kélibia) et des maxima de 48 °C (Soliman).
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Le Cap Bon est la région la plus ventée de Tunisie avec une moyenne de 300 jours de vents par an. Les vents dominants de Nord-Ouest atteignent fréquemment des vitesses de 80 à 100 Km/h durant l'automne et l’hiver. Ceci provoque une distinction nette entre la façade occidentale de la péninsule directement exposée aux vents les plus forts, et la façade orientale plus à l’abri avec des influences très nettes sur les caractéristiques naturelles.
La péninsule du Cap Bon se caractérise par un relief compartimenté et assez accidenté. Les Djebels, qui couvrent le 1/3 de la superficie, sont peu élevés avec des structures plissées très jeunes. Djebel Abderrahmane est le plus volumineux avec une série de crêtes (Dj. Diss, Dj. El Hofra, Dj. Hannous, Kef Bougaoula et Kef Errand – 637 m); il s’agit d’une véritable dorsale qui coupe le Cap Bon en deux parties différenciées. Le massif est traversé par des vallées étroites et accidentées. Le reste des Djebels se localisent en bord de mer avec des versants abrupts présentant parfois des à-pics: Djebel Korbous (419 m), Djebel Labiadh (393 m) à Haouaria, Mont Farcouni (435 m) sur l'île de Zembra.
Les reliefs de la bordure Sud-Ouest de la péninsule sont encore plus élevés et appartiennent à la Dorsale tunisienne.
Les collines sont omniprésentes dans le paysage entre Menzel Bouzelfa et Korba, en arrière du littoral de Korba à Hammamet dans la zone de Tazograne, Douala et de Zaouiet Boukrim, avec des hauteurs moyennes de 100 à 200 mètres.
Les plateaux les plus étendus caractérisent le piémont oriental de Jebel Abderrahmen de Kélibia à Korba. Celui de Takelsa est encadré par le piémont occidental de ce dernier et Jebel Korbous.
Les dépressions et les plaines aèrent le relief (plaines de Haouaria, de Soliman et de Takelsa).
Végétation, faune La situation géographique du Cap Bon ainsi que sa structure géomorphologique et son climat sub-humide en ont fait une mosaïque d’écosystèmes où évoluent une flore et une faune très diversifiées. Le Cap Bon a une richesse floristique remarquable avec plus 40% des espèces végétales sauvages tunisiennes. Le massif de Korbous est formé d’une garrigue basse, claire et ouverte, à Genévrier de
Phénicie et à lentisque et d’un maquis à Chêne Kermès couvrant le piémont côtier du Djebel. Les fonds des vallées sont formés de lentisques, d’oléastres et de Thuya de Berbérie.
L’Archipel de Zembra abrite 3 espèces endémiques tunisiennes, 2 espèces nord-africaines et 5 méditerranéennes dont l’Anthyllis barbe de Jupiter. La grande île présente un maquis bien conservé à bruyère.
Le Djebel Haouaria se caractérise notamment par une futaie remarquable de Chêne Kermès très dense, avec la présence de 3 espèces endémiques tunisiennes et une espèce nord-africaine.
Les dunes de Oued Laâbid et de Dar Chichou abritent un maquis à Chêne Kermès et à Genévrier Oxycèdre. On y retrouve onze espèces rares et trois menacées: le caroubier, le palmier nain ou Doum et l’Asperge à feuilles en épines.
Les lagunes littorales abritent une végétation halophyte notamment les salicornes; les cordons dunaires sont tapissés d’espèces psammophytes, (Oyat, Rtem, et Tamaris).
Les oueds abritent une faune relativement préservée.
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Le Cap Bon se caractérise par une importante richesse herpétofaunique importante: 6 espèces d’amphibiens; 23 espèces de reptiles.
Les principales espèces de mammifères du pays, des plus rares aux plus communes, se trouvent bien représentées au Cap Bon. Il est à noter que d’importantes colonies de Chauves-souris notamment le grand et le petit Rhinolophe, occupent la réserve naturelle de la grotte de Haouaria.
Le Cap Bon se distingue surtout par sa richesse ornithologique puisqu’il se situe dans l’axe des routes principales de migration des oiseaux. Les mouvements migratoires des oiseaux d’eau sont très spectaculaires, principalement au cours des passages prénuptiaux du printemps pendant lequel, des milliers d’oiseaux atterrissent au niveau des sites naturels sensibles du Cap Bon.
Unités de paysage naturel La péninsule se caractérise par une succession de séquences paysagères qui se complètent: plages sableuses entrecoupées par des criques et des micro-falaises, forêts verdoyantes traversées par des cours exoréiques, plaines luxuriantes jalonnées par des villes et des villages pittoresques le tout dominé par des montagnes majestueuses. Une nette différence apparaît d’ores et déjà entre les zones Ouest et centrale, moins habitées que la partie orientale ou l’intervention de l’homme par l’urbanisation, l’agriculture a modelé le paysage. La région de Soliman et la plaine de Grombalia se distinguent par l’arboriculture avec
des paysages de jardins luxuriants colorés et odorants qui accueillent des vestiges d’aqueducs, de bourgs andalous, et d’anciennes fermes datant de la période coloniale. La Sebkha de Soliman enrichit ce paysage autant que les collines boisées offrant des vues intéressantes.
Le terroir de Takelsa où la vigne se mêle aux oliviers et à des paysages de forestiers avec des terrains tantôt plats tantôt vallonnés. Sur la côte, Djebel Korbous avec ses sources thermales forme une unité très distincte et bien individualisée dans tout le pourtour du golfe de Tunis. Il surplombe un littoral accidenté avec plusieurs caps et criques.
Le site de Oued Laâbid de la plage de Port Aux Princes jusqu’au terroir de Zaouiet Magaïez constitue un vaste complexe forestier et dunaire avec une grande diversité paysagère, depuis les sables littoraux jusqu’aux berges marneuses à ripisylve de l’Oued.
Le littoral de Sidi Daoud fortement marqué par les plages rocheuses, les dunes de sable consolidées et l’implantation d’un champ d’éoliennes.
L’archipel de Zembra forme un paysage singulier de forteresse naturelle aux falaises escarpées plongeant à pic dans une mer d’azur.
Le Djebel Haouaria, la pointe de la péninsule, domine la mer par un relief abrupt et sauvage. Le pic rocheux propose un panorama complet de la presqu’île du Cap Bon et une vue étendue du golfe de Tunis, jusqu'à la Sicile par beau temps.
Les forêts de Dar Chichou forment une diagonale forestière qui se présente comme une véritable barrière verte luxuriante.
Le site de Kerkouane est l’unique vestige d’une cité punique enchâssée dans les falaises littorales et bordée par le paysage rural typique du Cap Bon. Sa très haute valeur historique et esthétique lui a valu son classement sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
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La région de Kélibia où s’étend une mosaïque de paysages modelés par le savoir-faire de l’homme avec des plaines et des bassins agrumicoles, des forêts luxuriantes ainsi que des plages envahies par une urbanisation touristique et résidentielle. Cette pointe du Cap Bon abrite une citadelle considérée comme la plus grande forteresse islamique encore conservée en Tunisie.
La frange entre Kélibia à Maâmoura accueille un chapelet de lagunes, qui se présente comme une succession de plans d’eau étendus et bien individualisés dans le paysage. Ce dernier change en fonction des saisons, tout en gardant sa beauté naturelle.
La côte sud du Cap Bon se présente comme le lieu de villégiature estivale par excellence. C’est l’un des pôles touristiques majeurs de la Méditerranée. En bord de mer, on retrouve une infrastructure hôtelière imposante. Hammamet et son fort monumental, qui abritent une médina typique et remarquable, marquent fortement le paysage de cette côte du Cap Bon.
Patrimoine culturel La richesse du patrimoine archéologique du Cap Bon témoigne d’une profonde ouverture sur les civilisations méditerranéennes qui s’y sont succédées depuis l’âge de fer. Il fut appelé "Kalon akroterion" (Cap Bon) par les Grecs, "Promontorium pulchri" (beau promontoire) par les romains et "Jazirat Charik" (l’île de Charik) par les arabo-musulmans.
Berbères, Grecs, Phéniciens, Puniques, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes, Hilaliens, Andalous, Ottomans, etc. – autant de civilisations et de peuples qui ont laissé leurs empreintes dans vestiges urbains riches en infrastructures hydrauliques et défensives, en monuments cultuels et culturels. Tout au long des siècles la prospérité économique du Cap Bon, confirmée par les fouilles, est allée de pair avec sa vocation hautement stratégique, dont le rôle de bouclier a été déterminant pendant les périodes de conflits. De nombreux sites et vestiges historiques témoignent de ce passé glorieux et mouvementé.
2.2 Analyse des dynamiques territoriales Dans la presqu’île du Cap Bon, comme dans la plupart des régions méditerranéennes, la population, l’habitat, les activités économiques et les infrastructures se concentrent sur la frange littorale. Cette concentration constitue un vecteur de dynamisme mais entraîne de sérieux problèmes de congestion et de dégradation de l’environnement et des espaces naturels, plus particulièrement le littoral Est, de Hammamet à Hammam Laghzaz. Cette situation met en péril les valeurs patrimoniales du site, les bases d’un développement économique et social durable et limite les chances d’une "mise en tourisme" durable de l’ensemble de la presqu’île.
Structure et dynamiques urbaines Bien que ne comprenant pas de très grandes agglomérations, le réseau urbain est dense. Il a hérité de cinq nouvelles communes depuis 1985 et d’un semis de villes et villages attestant d’une dynamique de peuplement ininterrompue depuis la période lybico-punique qui confère au Cap Bon une place de choix "dans l’apparition du fait urbain et des concentrations d’habitat rural en Tunisie"1.
1 GHALIA (T), Le Cap Bon El Watan El Qibli, Le Pays, l’Histoire, les Hommes, Collections Itinéraires,
Editions Finzi, 2007
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La croissance urbaine reste supérieure à la moyenne nationale (2% entre 1994 et 2004 contre 1,8 à l’échelle nationale). L’essor du tourisme au lendemain de l’Indépendance et le développement de l’industrie depuis 1972, n’est pas étranger à cette croissance urbaine soutenue. Plus récemment (fin des années 80), le développement des résidences secondaires a gagné l’ensemble de la frange côtière de la presqu’île et alimente la croissance des villes.
Les vingt quatre communes que compte le Cap Bon abritent environ 460.000 habitants2, soit 66% de la population totale du gouvernorat; seize sont situées sur la frange littorale et comptent 378.000 habitants soit plus de 80% de la population urbaine. La littoralisation de l’urbanisation est un phénomène ancien dans le Cap Bon.
Le littoral Est est à dominante urbaine, en particulier dans sa partie Sud, alors que le littoral Ouest, au Nord de Korbous, est plutôt à caractère rural.
Au Sud-Est se situe le pôle urbain et touristique majeur de Nabeul – Hammamet qui rayonne sur une conurbation côtière englobant Maâmoura, Dar Chaâbane, Beni Khiar, et regroupant près de 180.000 habitants. Avec l’urbanisation de Hammamet Sud, la conurbation a tendance à s’étirer vers Hergla, autour du golfe de Hammamet.
Un deuxième ensemble urbain, à vocation de plus en plus balnéaire, s’étire au Nord-Est, de Tazerka à Hammam Leghzaz, il est dominé par trois agglomérations: Menzel Témime, Korba et Kélibia. La population communale de cet ensemble s’élève à près de 143.000 habitants.
Le littoral Ouest présente un seul ensemble urbain significatif, constitué par les villes de la plaine de Grombalia où la fonction agricole, très importante est concurrencée par la fonction résidentielle: Soliman, Grombalia, Bou Argoub, Béni-Khaled, Menzel Bouzelfa, Zaouiet Jedidi. Cet ensemble urbain compte près de 95.000 habitants.
Quant au littoral Ouest, entre Korbous et El Haouaria, il est peu peuplé et compte cinq communes dont Tékelsa (commune-délégation créée en 1985), El Haouaria et Korbous. La hiérarchisation de l’armature urbaine est marquée par une organisation à 4 niveaux: l’agglomération Nabeul-Hammamet, pôle régional, qui concentre les fonctions urbaines de
haut niveau (Dar Chaâbane, Béni Khiar, Maâmoura); des villes-relais de portée régionale: Kélibia, Korba, Menzel Témime, Menzel Bouzelfa, des villes relais au niveau sous-régional: Grombalia, Soliman, El Haouaria, Hammam
Leghaz, Bou Argoub; des villes relais locaux: Korbous, Menzel Horr, Tazarka, Somaâ, Azmour, Dar Allouch,
Zaouiet Jedidi.
En réalité, un renforcement des fonctions urbaines est nécessaire à tous les niveaux de la hiérarchie, pour permettre aux villes du Cap Bon d’être de véritables vecteurs du développement économique et social et de renforcer leur compétitivité, leur attractivité, notamment touristique, leur cohésion sociale et leurs équilibres écologiques.
2 RGPH 2004, INS
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Evolution de l’espace rural "Le Cap Bon est d’abord une région de terroirs"3. Les habitants du Cap Bon ont de tout temps occupé et mis en valeur les terres et façonné des paysages ruraux variés, témoignant de savoir-faire ancestraux.
Le monde rural a connu d’importantes évolutions et mutations au cours de l’histoire, notamment au Moyen Age, pendant les périodes de perte de maîtrise des mers et de déclin des villes qui ont entraîné une réorganisation de l’espace rural autour de villages fortifiés, le long de la côte et des principaux axes routiers, à Hammamet, Nabeul, Lebna… La ruralisation du Cap Bon s’est poursuivie au 18ème siècle avec les Andalous qui se sont installés dans la plaine de Grombalia et autour des villages de Turki, Belli, Nianou, Soliman. Ces flux migratoires ont permis de stopper la chute démographique et d’introduire la culture des agrumes qui a contribué à l’essor du cap Bon. A la fin du 19ème siècle, les colons ont introduit le vignoble et défriché des terres dans les régions de Béni Khaled, Korba, Tékelsa, Kélibia, Khanguet El Hojjej.
Depuis l’Indépendance, malgré la baisse relative de la population rurale, le Cap Bon ne cesse de renforcer sa place dans la production agricole nationale. Avec seulement 4% de la superficie agricole utile de la Tunisie, le Cap Bon participe pour 14,3% à la production agricole nationale avec 60.000 personnes travaillant dans le secteur agricole, soit le tiers de la population active occupée (16,3% à l’échelle nationale).
L’espace rural et l’espace urbain sont en réalité étroitement enchevêtrés à l’intérieur d’espaces sous régionaux homogènes dont nous avons esquissé la description dans le chapitre précédent, consacré à la dynamique urbaine.
Les mutations L’analyse des dynamiques territoriales et des processus d’urbanisation témoigne des mutations spatiales rapides qui sont en cours dans la région, tout particulièrement au niveau du littoral Est et du pôle urbain de Grombalia – Soliman.
Ces mutations sont porteuses de développement économique et social et d’améliorations notoires au niveau du réseau d’infrastructure et d’équipement mais elles s’accompagnent également de disparités de développement flagrantes entre le littoral Est et Ouest, d’une consommation excessive d’espace et de processus multiples de pollution qui: menacent l’équilibre naturel des écosystèmes littoraux; mettent en péril les potentialités touristiques du Cap Bon; entraînent un gaspillage d’espace au détriment des espaces naturels et des terres
agricoles riches, compromettant ainsi les investissements et les activités agricoles; augmentent les coûts d’urbanisation et de gestion urbaine, alourdissant d’autant les
dépenses des municipalités dont les budgets sont limités.
Le phénomène des résidences secondaires gagne la quasi-totalité du littoral et participe à la compétition effrénée pour l’occupation de la frange littorale. Ce processus est lié à l’amélioration des niveaux de revenus des ménages tunisiens et à une évolution des modes de vie et de loisir qui ne peuvent être mis en cause mais dont le développement devrait être
3 GHALIA (T) "Le Cap Bon, El Watan El Qabli" Le Pays, l’histoire, les hommes, Editions Finzi,
Collection Itinéraires, Tunis, 2007.
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maîtrisé et canalisé vers des modes d’habitat plus économes en espace, plus écologiques et plus respectueux des paysages littoraux.
Un renforcement des outils de maîtrise de l’urbanisation et des capacités et compétences des municipalités et des services du gouvernorat et des ministères concernés, dans le domaine de la gestion écologique du territoire, serait de nature à réduire les risques de dégradation de l’espace côtier et à augmenter les chances d’une gestion intégrée et durable du tourisme sur le littoral.
2.3 Les ressources en eau dans le Cap Bon Les ressources hydrauliques du Cap Bon proviennent surtout des eaux souterraines (180 Mm3/an), notamment sur le flanc oriental de Jebel Abderrahman, sur la côte orientale et septentrionale (60% des potentialités de la région) et dans les plaines de Grombalia (20% des potentialités) et d’El Haouaria. Les ressources sont facilement exploitables.
Mais bien qu’importantes, les eaux souterraines n’arrivent pas à faire face à l’accroissement rapide de la demande, tant dans le secteur agricole (plus de 80% de la demande) que dans le secteur touristique (800 l/jour/touriste) et industriel.
Les eaux de surface (160 Mm3 mobilisables) et les eaux profondes (29 Mm3 exploitables annuellement), apportent un complément insuffisant malgré les importantes réalisations de l’Etat qui a construit une dizaine de barrages sur les oueds (barrages Lobna, Chiba, Bézikh…) et mis en place des systèmes d’infiltration d’eaux usées traitées dans l’aquifère.
Au cours de la dernière année (2007-2008), la consommation de l’eau à usage touristique a augmenté de près de 30% contre 6% pour l’eau à usage domestique. Les ressources en eau sont surexploitées (taux d’exploitation proches des 200% dans la plaine de Grombalia et d’El Haouaria) et les économies d’eau limitées étant donné que les systèmes d’irrigation sont déjà optimisés (goutte à goutte).
Les bilans hydriques montrent que le Cap Bon ne peut vivre aujourd’hui sans les transferts importants d’eau (77 Mm3/an) en provenance du Nord du pays; ceux-ci devraient augmenter dans l’avenir. Cette situation pose au niveau national le problème de l’affectation optimale de ressources limitées. La question qui se pose est de savoir quelles sont les activités qui justifient, eu égard à leur rendement élevé, un transfert au détriment d’autres régions ou qui pourraient supporter le coût d’un traitement par des procédés de dessalement. Il est également important de souligner que des efforts significatifs d’économie d’eau seront à consentir dans tous les secteurs. C’est au niveau de la demande agricole que les efforts les plus importants sont à fournir mais également au niveau de la demande touristique et domestique (3%= taux de croissance annuel de la demande), industrielle (1,5%= taux de croissance annuel de la demande).
2.4 Production énergétique
Production d’énergie Le Cap Bon est une région pilote en matière d’énergie éolienne. La STEG a mis en service une centrale éolienne de 10 MW de puissance à Sidi Daoud, dans une zone proche d’El Haouaria,
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en 2001 et en a doublé la taille en 2003. La capacité devrait atteindre 55 MW à la fin de l’année 2007.
Toujours dans la même zone, à El Haouaria, une centrale électrique est programmée pour la production de l’énergie électrique et son exportation vers l’Italie. Le coût du projet est estimé à 500 millions d’euros. Son avantage tient à la proximité de son site avec le terminal gazier Transmed. Avec une puissance prévue de 1.200 mégawatts, elle pourra exporter de l’électricité à travers un câble d’interconnexion électrique qui la raccordera à la Sicile toute proche.
Demande d’énergie La consommation totale d’électricité est 1,1 milliard de KWH, dont près de 30% pour la consommation domestique, 33% pour l’industrie, 15% pour le tourisme et 15% pour l’agriculture. L’énergie éolienne représenterait environ 5% de la consommation totale d’énergie (55 MKWH).
Le plus gros consommateur d’électricité est le pôle de Hammamet avec 20% de la consommation, suivi de près par Grombalia (18%). Arrivent ensuite Nabeul (10%), puis Soliman, Bouargoub et Korba qui représentent respectivement 8%, 7% et 6% de la consommation du gouvernorat.
Seulement dix délégations sur seize sont alimentées en gaz naturel. Les plus grosses consommations sont enregistrées dans les délégations de Nabeul, Hammamet et Béni Khiar.
2.5 Gestion des eaux usées et des déchets
Gestion des eaux usées dans le Cap Bon Il existe un niveau d’épuration des eaux usées dans le Cap Bon; des efforts considérables ont déjà été déployés et d’autres restent à déployer pour le littoral Ouest: 17 communes sur 24 sont prises en charge mais seules 9 communes disposent de STEP; sur les 12 STEP existantes, celles desservant les grandes conurbations de Nabeul -
Hammamet, Grombalia – Béni Khaled, sont en situation de surexploitation.
Le réseau d’assainissement est relativement dense avec, cependant, des lacunes qui devraient être comblées dans un proche avenir. On soulignera également la réutilisation des eaux usées traitées dans la région. En 2003, moins de 20% des eaux usées traitées étaient réutilisées pour l’irrigation des golfs, le reste étant rejeté en mer. Mais des besoins avaient été identifiés pour l’irrigation des espaces verts urbains et des unités touristiques, laissant présager un taux global de réutilisation de 62% à moyen terme.
Gestion des déchets solides La collecte des déchets est effectuée quotidiennement par les municipalités qui les déposent dans des décharges. Beaucoup plus que la collecte et le transport, effectués dans des conditions globalement satisfaisantes, c’est l’absence de traitement qui pose encore problème et qui occasionne des nuisances diverses et des problèmes de pollution des sebkhas, de la mer et des oueds.
Des solutions sont progressivement apportées pour faire face au problème. Des décharges sauvages ont été fermées. Une expérience intéressante de tri sélectif des ordures ménagères et de recyclage dans une déchetterie, est menée depuis quelques années dans la municipalité
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de Kélibia. La décharge contrôlée de Nabeul devait entrer en activité en juillet 2009 avec une capacité de traitement de 240.000 T/an. Elle devrait couvrir les besoins de mise en décharge du Grand Nabeul, besoins estimés en 2002 à 210.000 T/an4 (0,5 kg par hab/an + 0,8 kg/lit touristique/an) mais pas ceux du gouvernorat de Nabeul, estimés à plus de 410.000 T/an.
2.6 Composante socio-économique
Composante sociale et démographique Le Cap Bon est une région fortement urbanisée (taux d’urbanisation de 65,9%, supérieur d’un point au taux national). La croissance urbaine a dépassé les 2% alors qu’elle n’est plus que de 1,8% à l’échelle nationale. Les communes de Hammamet, Soliman et Kélibia affichent des taux supérieurs à 3%. La population totale du Gouvernorat est estimée à 720.000 habitants en 2006, soit 7% de la population nationale. Le taux d’accroissement annuel entre 1994 et 2004 est de 1,83%, dépassant le taux national (1,21%). La densité de population (249 hab/km2) est relativement élevée (moyenne nationale de 63,7 hab/km²). Le poids démographique du littoral Est ne cesse d’augmenter (64% de la population totale du Cap Bon contre 62% en 1994). Les flux migratoires se sont amplifiés au cours de ces dernières années. Le dernier recensement fait état d’un solde migratoire net de + 8.200 personnes entre 1999 et 2004, contre + 4.883 personnes entre 1994 et 1999.
Au plan de l’emploi, le faible taux de chômage est remarquable (pour les hommes en particulier), comparé au taux national et le poids relativement important des emplois agricoles et industriels, comparé aux ratios nationaux. Les industries manufacturières, l’agriculture et la pêche sont les occupations dominantes de la population active dans pratiquement toutes les délégations, à l’exception de Hammamet où domine l’administration. La proportion des autres secteurs d’activité se situe dans la moyenne nationale.
Composante économique Avec 246.000 ha de terres fertiles et plus de 40.000 ha de terres irriguées, 1.250 établissements industriels, 155 unités hôtelières et 6 établissements universitaires, le Cap Bon dispose d’une base économique solide et qui offre d’importantes potentialités de développement.
Le Gouvernorat de Nabeul participe à 16% de la production agricole nationale pour 4% de la surface agricole utile du pays. Un sixième de la SAU est irriguée (41.000 hectares), ce qui renforce la productivité du secteur agricole. Ce secteur en net développement, se caractérise par une progression de 11% par an. Le Cap Bon se distingue par sa production d’agrumes (82% de la production nationale), de raisins et de vin (80% du raisin de Tunisie). Le Cap Bon est aussi un gros producteur de tomates (62%), de fraises (97%) et de fleurs (90%). Le secteur produit plus de 51.000 emplois.
Il faut également signaler l'importance des ressources forestières. L’exploitation contrôlée de la forêt permet différentes formes d’utilisation de ses ressources (bois, sous produits de la forêt
4 Préparation d’un Plan intermunicipal intégré de gestion des déchets pour les communes de Nabeul,
Hammamet, Béni Khiar, Dar Chaâbane, Maâmoura, Phase 1 – évaluation de la situation actuelle, ANPE, COMETE Engineering, 2005.
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tels que les pignons, la chasse avec ses différentes formes, la récréation, la pacage, l’apiculture etc.) et offre de plus en plus d’opportunités de promotion de l’éco-tourisme.
La pêche "Le Cap Bon compte cinq ports de pêche majeurs 5: Hammamet, Sidi Raïes, Kélibia, Sidi Daoud et Béni Khiar, les trois derniers sont équipés et disposent d’unités de fabrication de glace, de chambres frigorifiques, d’ateliers de réparation et de stations radio. La flottille compte près de 500 unités de pêche, composées surtout d’embarcations de faible gabarit. L’importance économique des ressources est attestée par la diversité des espèces et le volume du stock exploitable. En effet, le Cap Bon contribue pour près de 12% à la production nationale". Il semblerait, cependant, que certains problèmes de surexploitation des ressources se posent, notamment pour la pêche au thon.
Le tourisme Avec ses 155 établissements, plus de 47.000 lits et près de 90.000 postes d’emplois directs et indirects, le tourisme est un vecteur de développement majeur pour la région, dont la viabilité et l’expansion dépendent désormais de la qualité des services, de la protection et mise en valeur de l’environnement et des importantes valeurs patrimoniales de la presqu’île. Le tourisme de masse a atteint ses limites. Seul un tourisme durable, à échelle humaine et bénéficiant de la participation des communautés locales, a des chances de perdurer. Le thermalisme va connaître un nouvel essor avec la création d’une station thermale intégrée à Sidi Raïs, dont la taille devrait rester raisonnable (2.000 lits).
L’industrie Le Cap Bon est en passe de devenir un véritable pôle industriel. Il emploie près de 70.000 personnes, soit 12% des emplois industriels en Tunisie. Il compte aujourd’hui 10 zones industrielles couvrant 210 ha, localisées surtout au Sud de la région, au niveau des régions urbaines Nabeul – Hammamet et Grombalia – Soliman mais on observe un essaimage de zones industrielles le long du littoral Est. Le tissu industriel est relativement puisque l’on dénombre 1.250 établissements (10% des établissements industriels tunisiens) dont près de 800 comptant plus de 10 emplois. Les établissements industriels se concentrent dans l’industrie agro-alimentaire, le textile, les matériaux de construction et les industries mécaniques et électriques.
Le tiers des établissements industriels du gouvernorat, soit 463 établissements, sont totalement exportateurs et emploient 70% de la main d’œuvre du secteur industriel. Il s’agit principalement d’industries textiles et de cuirs et chaussures.
5 Réf: Atlas des zones naturelles sensibles du littoral du Cap Bon, APAL, 2005
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3. Développement du tourisme
3.1 Le cadre juridique de l'activité touristique Le secteur touristique tunisien n'a pu assurer son développement prodigieux que grâce à la mise en place d'un cadre juridique adéquat. Les premiers textes spécifiques au secteur ont été élaborés au cours des années 70. Ils prévoyaient un ensemble d'encouragements au profit des promoteurs. La formation professionnelle a été organisée par un décret de 1976. Parmi les textes les plus importants figurent la loi de 1973 relative à l'aménagement des zones touristiques et un décret relatif à la création, la même année, de l'Agence Foncière Touristique (AFT). La mission de l’AFT consiste à assurer la maîtrise du foncier. L'exploitation, la gestion et le contrôle du fonctionnement des établissements de tourisme sont régis par la loi 3-1973. Un texte non moins important, la loi 4-1973, régit la construction des établissements touristiques. C'est un texte de 1973 qui a permis le développement du secteur des agences de voyages. La profession de guide de tourisme, la restauration, l'organisation d'excursions, toutes les activités ayant une relation avec le tourisme ont été réglementées par de multiples textes juridiques. Tout aussi important est le code de 1993, qui fixe le régime de création de projets et d'incitations aux investissements réalisés en Tunisie par des promoteurs tunisiens ou étrangers, des avantages spécifiques aux investissements réalisés dans les zones d'encouragement au développement régional et des avantages supplémentaires au profit des nouveaux promoteurs. La loi de 1995 a créé le Fonds de développement de la compétitivité dans le secteur touristique. Le décret de juillet 97 a instauré le Conseil national du tourisme. Un décret encore plus récent a été créé en 1998: l'Observatoire du tourisme. D’autres textes ont été promulgués depuis: ceux organisant la thalassothérapie, la plaisance, les activités nautiques, le fonctionnement des casinos, la formule time-share, la chasse touristique….
3.2 Répartition des capacités touristiques actuelles de la destination Le secteur touristique est concentré dans deux pôles majeurs de l’industrie du tourisme national: le pôle de Nabeul-Hammamet et la station Yasmine-Hammamet. Aujourd’hui le Cap Bon dispose d’une capacité d’hébergement très importante. En 2008, l’infrastructure hôtelière au Cap Bon atteint 144 unités avec 51.585 lits. Mais l’essentiel du parc hôtelier est localisé dans et autour des communes de Nabeul et Hammamet. Le nombre d’unités d’hébergement dans les autres communes reste insignifiant malgré un potentiel touristique considérable sur le reste de la péninsule.
En plus des plages qui se succèdent sur une côte de plus de 200 Km de longueur et des conditions climatiques favorables, la presqu’île du Cap Bon dispose d'un grand nombre de sites naturels attrayants: forêts littorales, Jebels, sources thermales de Korbous et regorge en même temps de vestiges archéologiques diversifiés et très riches, légués par les civilisations qui se sont succédées au Cap Bon à toutes les époques, et dont les sites les plus célèbres.
En outre, le secteur touristique a pu bénéficier d’une économie dynamique avec une agriculture intensive et un artisanat diversifié (poterie, broderie, fabrication de tapis), qui constitue un attrait pour les touristes. A ces atouts, s'ajoutent les avantages de la situation géographique qui a
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permis le développement d’un tourisme balnéaire national: le pôle de Hammamet-Nabeul se trouve en effet à une heure de route environ de la capitale et de l'aéroport de Tunis.
3.3 Demande touristique actuelle Les unités hôtelières ont enregistré près de 7.800.000 nuitées en 2007. Le Cap Bon cumule le quart des totaux nationaux et caracole en tête des gouvernorats de la Tunisie, et ce en dépit de la croissance rapide du secteur touristique dans d'autres régions. Ces statistiques ne prennent pas en considération les flux de visiteurs logeant en location à la semaine ou au mois dans des maisons ou des appartements principalement en bord de mer. Ces flux restent difficiles à estimer. L’activité touristique, notamment en ce qui concerne l’hébergement, est saisonnière et se concentre principalement durant la période estivale.
Les liens des touristes avec la société et la culture locale restent difficilement mesurables quoique le contexte et la conception des unités hôtelières favorise le cocooning. Les statistiques en rapport avec les activités culturelles sont relativement modestes. Faute de valorisation suffisante et de mise en scène de qualité des sites naturels et archéologiques, ceux-ci restent relativement ignorés et ne séduisent que moyennement la clientèle. L’absence d’activités éco-touristiques structurées en rapport avec la culture immatérielle, le terroir, la nature interdit toute analyse statistique… malgré un potentiel énorme, notamment aux plans du tourisme vert et de la randonnée: Haouaria, Zembra, zones humides…
3.4 Résultats financiers de l’activité touristique Si les recettes touristiques accusent régulièrement une forte hausse, c’est dû essentiellement à une croissance soutenue du nombre d’entrées et de nuitées dans le pays mais aussi d’un glissement régulier du Dinar face aux devises étrangères et principalement de l’euro. Cette source importante d’entrées de devises dans le pays ne cache pas un tourisme globalement bon marché: la recette d’une nuitée connaît une modeste progression en devise locale, elle est quasiment stagnante en euros (75 euros). Ces chiffres sont au plus bas durant la basse saison. Ce constat souligne la présence d’un véritable problème: les touristes ne trouvent pas de motivations suffisantes pour dépenser, ni dans les loisirs ni dans les achats, artisanaux ou autres.
Néanmoins, comme le soulignent les chiffres ci-dessous, le tourisme reste crucial dans la région du Cap Bon: les recettes touristiques enregistrées durant 2006 ont été de 620 millions de DT, elles ont
atteint 502 millions de DT pour les 10 premiers mois de l’année 2007; l’importance du tourisme en termes d’emploi est également considérable: 22.000 emplois
directs et 64.000 indirects durant 2006.
3.5 Avantages et contraintes de l’activité touristique Malgré les défaillances constatées (voir plus bas), la contribution du tourisme est de 7% du PIB. Il procure 100.000 emplois, les investissements consentis par l’Etat sont massifs.
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L’Etat prend en charge des investissements conséquents en matière d’aménagements et d’infrastructures dans et autour les zones touristiques. Par ailleurs, l’Etat accorde une subvention d’investissement de l’ordre de 8% non remboursable.
En somme, l’Etat et donc la collectivité nationale, consentent des sacrifices massifs au profit des hôteliers privés et leur accordent en outre des crédits bancaires à travers des banques étatiques ou privées couvrant 60% de l’investissement total. Malgré ces incitations financières, nombre d’hôteliers ont des difficultés à assumer leurs engagements en matière de remboursement des crédits, évoquant la crise que traverse le secteur.
En matière de diversification des produits touristiques, des avancées sont à souligner, notamment la promotion de la thalassothérapie, le tourisme médical, le golf et la plaisance. Les résultats de cette promotion sont relativement probants, mais le tourisme s’appuyant sur le patrimoine du pays, notamment dans le Cap Bon, demeure très marginal. Le tourisme culturel s’appuie sur des sites à la mise en scène désuète et sa contribution demeure en deçà des espérances que laisse présager l’extraordinaire patrimoine archéologique. Le tourisme de nature est moins que balbutiant. En effet, il n’y a pas à ce jour d’agences de voyages spécialisées dans le tourisme culturel, de circuits structurés, de guides compétents en la matière, de prospectus appropriés.
Enfin, le tourisme bradé se répercute sur l’image de la destination à l’étranger, ensuite sur la qualité des prestations de services hôteliers. Acculés par des situations financières raides, les hôteliers n’investissent pas dans la qualité des prestations ni sur un personnel qualifié. Ils ont recours à des services bas de gamme pour pallier à ces difficultés.
Toutefois, les promoteurs, conscients de cette problématique font de nombreux efforts, notamment en adhérant à des programmes de mise à niveau et commencent à adhérer à des processus de gestion environnementale à l’image de l’adhésion au programme de labellisation Pavillon bleu de l’hôtel "Magic Life Africana" et du port de plaisance de Yasmine Hammamet, ainsi que la participation de la commune de Korba en ce qui concerne sa plage publique.
3.6 Aspects réglementaire applicables
Les études d’impact sur l’environnement L'étude d'impact sur l'environnement (EIE) est un outil préventif pour la protection de l’environnement et de la rationalisation de l’exploitation des ressources naturelles. C'est aussi un des outils permettant d'assurer le développement durable car cette approche est contenue dans la démarche EIE. En effet, depuis le 13 mars 1991, tout nouveau projet susceptible de porter atteinte à l’environnement doit obligatoirement faire l’objet d’une étude d’impact sur l’environnement dans le but d’évaluer l’impact dudit projet sur l’environnement.
Normes anti-pollution Norme homologuée par arrêté du ministre de l’Economie Nationale en 1989 relative aux rejets d’effluents dans le milieu hydrique (domaine public maritime, domaine public hydraulique et canalisations publiques).
La protection du littoral L’Agence de Protection et d'Aménagement du Littoral (APAL) a développé des outils de gestion et d’organisation du littoral tunisien à travers des études qui, bien que sans valeurs juridiques et
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réglementaires opposables aux tiers, restent des documents de références qui permettent de caractériser les richesses, les valeurs et les contraintes d’un milieu, et proposent des modalités de gestion permettant à la fois la conservation de territoires fragiles et leur valorisation raisonnée.
Les schémas et plans de gestion de zones sensibles littorales – il s’agit d’études de gestion de milieux littoraux fragiles destinés à la mise en œuvre d’une gestion patrimoniale d’espaces de grande valeur écologique, concernent 5 sites sur le Cap Bon: la montagne d’el Haouaria, la forêt de Dar Chichou, celle de oued Laabid, les zones humides de l’Est du Cap Bon, l’archipel de Zembra (ces sites ont été étudiés dans le cadre du projet MedWetCoast) ainsi que la zone de Korbous.
Les Plans d’occupation des plages (POP): il s’agit d’études d’aménagement et de planification de certaines portions de plages touristiques ou publiques. La mise en œuvre des POP devrait permettre une utilisation rationnelle aux plans humain et environnemental, des plages comme support aux activités balnéaires.
Actuellement, des schémas directeurs d'aménagement des zones sensibles sont en cours d'études pour définir une politique de gestion intégrée et durable du littoral. Par ailleurs, la loi n°95-73 du 24 juillet 1995, relative au domaine public maritime, permet de le définir, de fixer les procédures de sa délimitation et les conditions de son utilisation et occupation, ainsi que les servitudes auxquelles sont assujettis les terrains limitrophes.
Normes de construction des équipements Code de l’urbanisme: Dans son article 1, il est précisé que les dispositions du présent code fixent les règles à suivre [...], en vue de garantir un développement durable et le droit du citoyen à un environnement sain. L'article 10 stipule que les opérations d'aménagement, donc celles relatives au tourisme, doivent se conformer aux indications des schémas directeurs d'aménagement. Néanmoins, il reste possible à l'administration du tourisme d'intervenir à l'intérieur des périmètres d'intervention foncière (art. 30-35).
3.7 L’écolabel tunisien En ce qui concerne le secteur touristique, un écolabel permettra de rationaliser la consommation en eau, d’évaluer la qualité en fonction des différents usages, d’utiliser des produits d’entretien écologiques, de réduire la quantité des déchets par le tri et le recyclage et de rationaliser l’utilisation de l’énergie (utilisation de lampes économiques, climatisation et chauffage thermostatés). Des actions pilotes visant l’économie des ressources en eau et en énergie et la réduction des déchets générés par ce secteur ont été réalisées, conjointement par le Ministère de l’Agriculture, de l’Environnement et des Ressources Hydrauliques, le Ministère du Tourisme et la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie, et qui ont permis de démontrer qu’une bonne gestion de l’environnement permet non seulement de réduire les nuisances environnementales mais de réduire les coûts d’exploitation. Cette démarche permettra aux opérateurs de répondre aux exigences des donneurs d’ordre et de démontrer leurs efforts en matière de protection de l’environnement par l’instauration de critères écologiques.
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3.8 Le projet de mise à niveau du secteur touristique Le projet de mise à niveau du secteur touristique fut décidé en 2004, et le projet a démarré en 2005, avec le BMNT (Bureau de Mise à Niveau Touristique). Ce projet vise l’amélioration de la compétitivité et de la productivité des établissements touristiques, avec:
la réadaptation de la formation touristique; la création d’un label pour la destination Tunisie; la commercialisation adoptée aux divers segments de marché; l’amélioration de la qualité de toute la chaîne des services composant le produit
touristique; la requalification de l’offre existante; la diversification du produit.
3.9 Le Pavillon bleu La Tunisie a adhéré depuis juin 2007 à l’initiative "Pavillon bleu". Cet écolabel a été lancé par le MEDD avec le concours de l'Association Tunisienne pour la Protection de la Nature et de l'Environnement (ATPNE), certificateur national, adhérant à la Fondation pour l'Education d'Environnement (FEE).
L'attribution du Pavillon bleu est basée sur quatre familles de critères: la gestion de l'eau, tant en ce qui concerne les eaux de baignade que le traitement des
eaux usées; la qualité générale de l'environnement (urbanisme, équipements, gestion des déchets,
paysage, etc.); les initiatives en matière d'éducation à l'environnement (campagne de communication,
information du public, etc.); la gestion des déchets et la mise en place de la collecte sélective.
Ainsi, bien que généralement présenté comme un dispositif récompensant les plages propres, le Pavillon bleu est attribué à une commune ou un établissement pour l'ensemble de sa gestion environnementale, En tout, 0,45% du linéaire côtier tunisien est concerné par cette initiative de gestion responsable du littoral.
4. Conclusions synthétiques du diagnostic: atouts et problèmes majeurs Artisanat
Céramique et poterie artistique, sculpture sur pierre (pierre taillée), broderie, fabrication de nattes (vannerie), meubles d’artisanat, fer forgé (ferronnerie), fer forgé artistique, tapis, verre soufflé, décoration sur verre… un effort important pour sortir l’artisanat de la région des ornières. Toutefois, ni les conditions sociales des touristes peu fortunés, ni l’authenticité et l’originalité de l’artisanat local ne permettent de développer ou de réhabiliter un artisanat de qualité à haute valeur ajoutée.
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Climat
Le climat méditerranéen clément durant quatre mois sur douze environ favorise une fréquentation touristique internationale balnéaire durant la période estivale. Maussade le reste de l’année, les flux touristiques se réduisent sensiblement et progressivement à partir de l’automne. La fréquentation est minimale durant l’hiver et reprend progressivement au printemps avec un notamment une clientèle des pays du nord et de l’est de l’Europe, ainsi qu’une clientèle senior.
Plage
Les plages du Cap Bon sont parmi les plus belles plages sableuses de Tunisie qui, mise à part une petite portion du coté de Béni Khiar, de Hammamet Sud à Haouaria (Chatt Guébli), s’étendent sur tout le littoral Est. Sur le littoral Ouest, malgré la présence de plusieurs portions rocheuses, les dunes et les plages existantes sont parmi les plus larges et les plus vastes du Cap Bon.
Mer
La mer offre de nombreuses potentialités liées à la qualité de ses paysages, à sa richesse biologique et aux particularités de ses pratiques. Les fonds sous-marins de Zembra et d'El Haouaria présentent des secs et des tombants riches en corraligène et en organismes végétaux et animaux d’une exceptionnelle beauté, et seraient propices au développement d’activités subaquatiques. On citera également la spectaculaire "matanza", pêche au Thon rouge traditionnelle malheureusement en déclin du fait du déclin de cette espèce surpêchée à l’échelle de la Méditerranée.
El Haouaria et Kélibia pourraient constituer des pôles de développement pour la plaisance. Ces deux ports situés sur la route maritime des plaisanciers naviguant entre les bassins occidental et oriental de la Méditerranée auraient pu être incontournables s’ils disposaient de l’infrastructure adaptée et d’un environnement adéquat pour retenir les plaisanciers en escale. Enfin, à l’abri des vents dominants et violents de secteur Nord-Ouest, le littoral oriental présente de bonnes dispositions pour les activités nautiques légères.
Les petites villes du Cap Bon
Grombalia: village d’origine andalouse, au cœur d'une vaste plaine c’est la région des vergers et de vignobles. Une importante colonie italienne vivait dans ses environs qui a renforcé la vocation agricole. Le Festival de la vigne s'y tient en septembre.
Soliman: premier village traversé en venant de la Capitale par le Sud-Ouest, il a une forte colonie Andalouse accueilli au XVIIe siècle. Les Maures y ont développé leur savoir-faire agricole et leurs us et coutumes (culinaires).
Korbous: un des sites les plus pittoresques du Cap Bon. Station thermale depuis l’ère romaine: Carpis. Un établissement thermal y occupe un ancien palais du Bey. Pendant le XXème siècle "Carpentier" a relancé l’exploitation des sources minérales et thermales. La ville actuelle se distingue par un cachet architectural.
Sidi Daoud: village de pêcheurs, célèbre par la spectaculaire "matanza", mise à mort des poissons capturés (Thon) dans l'immense filet soulevé par des pêcheurs établis sur les barques formant cercle autour des poissons.
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Haouaria: cette bourgade est réputée pour ses rapaces. Le Festival du faucon se déroule en juin. La présence des Latomies (carrières punico-romaines) rehaussent de leur présence l’attrait du village.
Kélibia: antique Clupea, port phénicien puis romain, est célèbre par une tradition balnéaire grâce à ses belles plages de sable blanc. Une belle forteresse byzantine domine la plage offre un magnifique point de vue d'où l’on peut admirer un beau panorama sur la côte "Kélibia la blanche" qui est une station balnéaire très prisée par les tunisiens.
Autres attractions naturelles
Le Djebel de Korbous: sources d’eaux thermales, montagne majestueuse, criques, Caps, vestiges.
La côte de Ras Fartas à Port Aux Princes: criques, baies, maquis littoral, vergers en arrière plan.
L’Oued Laâbid: un paysage dunaire pris dans une forêt verdoyante, avec un cours d’eau et un estuaire.
Djebel Sidi Abderrahmane: sa succession de crêtes qui dominent les côtes Est et Ouest du Cap Bon.
La montagne de Haouaria: massif truffés de grottes naturelles ou artificielle et de caps (Ras Adar...).
La côte de Kerkouane à Hammam Ghezaz: magnifiques plages sablonneuses avec de vastes forêts en arrière plan et des vestiges historiques prestigieux (Kerkouane, Oued Legsab).
Le pays de Kélibia "la blanche": avec une alternance de plage sablonneuse, des criques, des côtes rocheuses, dominées par le Fort juché sur un haut promontoire.
Le chapelet de zones humides, qui s’étirent sur 60 km entre Kélibia et Maâmoura, parallèlement au cordon tyrrhénien qui prend la forme d’une suite de collines entrecoupées par plusieurs oueds.
Evénements, attractions, festivals…
Le Gouvernorat de Nabeul compte un grand nombre de festivals de niveaux local, national et même international, répartis le long de l’année et sur plusieurs thématiques. Pendant la saison estivale la majorité des villes et villages du Cap Bon organisent des festivals poly-culturels (Kélibia, Hammamet, Nabeul, Korba, Azmour, Menzel Bouzelfa, Beni Khalled, Soliman, Maâmoura, Kerkouane,, Korbous Takelsa, Mida, Somaâ, Menzel Horr, Menzel Temime, Lebna, Béni Khiar, Béni Khalled), avec mention spéciale au Festival International de Hammamet, celui du Film amateur à Kélibia, celui de l'Epervier à Haouaria et à celui des Arts Populaires d’Om Dhouîl. D’autres festivals sont organisés pendant le Mois de Ramadan et au printemps.
Problèmes majeurs
Pollution de la mer et de l’air
La pollution reste assez limitée dans le Gouvernorat de Nabeul, étant donné l’absence d’implantation de grandes activités industrielles polluantes. Cette affirmation devra être nuancée, étant donnée certains phénomènes qui peuvent prendre de l’ampleur si rien n’est entrepris:
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la pollution des eaux et des sols par les décharges sauvages et/ou non contrôlées réparties sur le territoire et les rejets des eaux usées non traitées dans le milieu naturel (cours d’eau, sebkhas);
la pollution de l’air de plus en plus ressentie notamment à cause des fumées de certains établissements industriels ou par la poussière des carrières, notamment celles qui exploitent des roches dures (Grombalia);
une pollution en hydrocarbures est potentiellement envisageable, étant données la proximité de l’implantation de plateformes off-shore en face du littoral Est du Cap Bon.
Détérioration des ressources marines et terrestres
La détérioration des plages:
Le Cap Bon souffre de l’érosion marine qui s’attaque aux côtes. Outre les risques liés à l’élévation du niveau de la mer amorcé depuis des décennies, l’action humaine, par les différents aménagements sur le littoral (barrages, zones urbaines, infrastructures, etc.) accentuent se phénomène. C’est ainsi que les sept barrages principaux (Bézikh, Laâbid, Lebna, Mlaâbi, Chiba, etc.) ont privé les plages du matériel sédimentaire nécessaire à leurs pérennité.
Les zones urbaines, touristiques et industrielles construites sur le littoral éliminant parfois les éléments constitutifs de l’écosystème (dunes) sont à l’origine de disparition des plages à Soliman, Nabeul, Hammamet, etc.
Certaines infrastructures en mer, telles les ports et les petits appontements, sont à l’origine de phénomènes d’érosion plus ou moins graves du littoral. C’est le cas à Yasmine Hammamet, à Béni Khiar et Dar Chaâbane, à Kélibia, à Haouaria.
La détérioration des sols:
Les sols de la péninsule sont mis à rude épreuve par l’érosion hydrique et éolienne. Cette situation est liée aux conditions géographiques (climat, orographie), mais aussi à cause de l’exploitation humaine très ancienne. Le capital en sols de plusieurs zones aux alentours de Djebel Abderrahmane, dans l’arrière-pays de Nabeul – Hammamet, sur les versants dominants Menzel Bouzelfa – Béni Khalled, dans la zone de Takelsa – Douala, est largement entamé par l’érosion hydrique. Elle est souvent accompagnée de phénomènes d’éboulements et de glissements de terrain dans les reliefs les plus pentus des Djebels Labiod, Abderrahmane mais surtout à Korbous.
L’érosion éolienne est moins virulente avec le reboisement des larges champs dunaires mais, dans certaines portions, entre Oued Laâbid et Zoggag, nous remarquons encore des pertes en terres agricoles par l’envahissement des sables littoraux.
Dégradation des valeurs naturelles et visuelles, historiques et archéologiques:
Les carrières exploitées ou abandonnées, qui sont assez nombreuses dans le Cap Bon, présentent un aspect esthétique "dégradant", surtout qu’elles sont souvent situées sur les voies de circulation.
Saturation touristique
Le pôle Nabeul – Hamamet principalement, mais également les communes et littoraux disposant de plages accessibles et de qualité, sont soumis à une intense pression durant la période estivale. Cette situation particulière a des répercussions considérables sur la circulation automobile et la cherté de la vie, et est à l’origine d’un usage intense des ressources naturelles
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(eau, alimentation, énergie) et d’une surproduction de déchets et d’effluents. Cette saturation est manifeste dans les communes de Nabeul et de Hamamet prisées par les touristes étrangers et les nationaux, et à un degré moindre Kélibia, Hammam Laghzaz, el Haouria, qui suscitent ces dernières années un engouement de la part des estivants locaux, portés vers la location de pavillons ou d’appartements à la semaine ou au mois.
Faibles capacités de gestion des acteurs et opérateurs locaux
Les opportunités qui s’offrent aux opérateurs locaux sont faibles quand les zones touristiques se situent à distance de leurs localités. Les touristes vivent en vase clos et en autarcie dans les lieux d’hébergement. La clientèle est relativement rare dans ces zones peu ou mal préparées à l’accueil. Par ailleurs, les possibilités liées au patrimoine sont sous-exploitées, ce qui concentre l’essentiel de la valeur ajoutée aux mains des hôteliers et, dans une moindre mesure, aux agences de voyage qui gèrent les circuits organisés de découverte.
Les produits de terroir, faute d’une valorisation décente, sont progressivement dénaturés du fait d’une acculturation pernicieuse, ce qui réduit les potentialités de développement du tourisme dans certains secteurs.
Enfin, très centralisé et très professionnalisé, le secteur ne laisse pas de place à la société civile dans les choix stratégiques en matière tourisme, les ONG spécialisées sont quasiment inexistantes.
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5. Le déroulement du projet
5.1 Le lancement du projet Le coup d’envoi du projet a été donné à l’occasion du séminaire de démarrage, présidé par M. Nadhir Hamada, Ministre tunisien de l’Environnement et du Développement Durable, qui s'est tenu les 10 et 11 mai 2007 à Tunis (hôtel "Acropole") et dans les locaux de l'APAL à Korba. Le séminaire a été organisé dans le but de présenter aux acteurs concernés le projet et ses objectifs, à savoir la promotion d'une planification et d'une gestion durables du tourisme dans les zones côtières du Sud méditerranéen en misant sur: l'introduction des outils d’aide à la décision concourant à une gestion efficace des
destinations touristiques dans les pays participants (Algérie, Maroc et Tunisie); la préparation des directives qui permettront aux promoteurs touristiques d’évaluer la
durabilité de leurs investissements en termes de risques environnementaux et de valeur ajoutée pour les collectivités locales;
le renforcement des capacités des promoteurs, décideurs et autres groupes cibles pour l’utilisation des outils précités, de la sensibilisant au tourisme durable.
5.2 La phase 1: Etat des lieux, diagnostic Cette première phase du projet est une phase d’analyse documentaire, d’observation de terrain et de recueil des points de vue des collectivités locales (municipalités et gouvernorat) et des principaux acteurs institutionnels et associatifs concernés dans le domaine de l'environnement et du tourisme (MEDD, APAL, ONAS, CITET, ONTT, ANGED, CRDA…) et des ONG locales (ATPNE Korba, ASPEN Cap Bon, ATPNE Kélibia…). Elle a permis de définir le contexte, les objectifs et le phasage du projet ainsi que les principales caractéristiques naturelles, démographiques, urbanistiques et socio-économiques de la zone d’étude. Elle s’est également attachée à mettre en exergue la situation qui prévaut en matière de développement du tourisme au Cap Bon, les aspects réglementaires applicables à la gestion environnementale et les conclusions synthétiques. La validation du rapport définitif de cette première phase du projet a donné lieu à une réunion du Comité de pilotage qui s’est déroulée au siège de l’APAL à Korba, le 29 janvier 2008.
5.3 La phase d’élaboration de scénarii de tourisme durable et de formation Cette phase s’est déroulée de février à novembre 2008. Elle a consisté en: Un travail de terrain et de concertation entre les collectivités locales, l’APAL, les experts
CAR/PAP et les acteurs institutionnels et associatifs impliqués dans les domaines de l’environnement et du tourisme et les consultants nationaux sur les contraintes et les opportunités de développement du tourisme durable dans la presqu’île du Cap Bon, les préalables au choix d’un scénario optimal et d’une stratégie de mise en œuvre;
Un travail de formulation de deux scénarii de base, par les consultants nationaux:
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un scénario directif "tourisme durable dans la zone du Cap Bon", un scénario alternatif basé sur la responsabilisation des acteurs publics et privés en vue
de la mise à niveau environnementale de l’existant et de la promotion d’un tourisme équitable dans le Cap Bon;
Des ateliers de formation: un premier atelier de formation à la méthode d'ECAT a été précédé le 23 avril 2008 par
une réunion au sein de la Municipalité de Korba afin de sensibiliser les collectivités locales et les impliquer dans le projet. Cette réunion a été suivie le lendemain par une session de formation qui s’est déroulée à l’hôtel "Africa Jade" à Korba. La municipalité de Korba a été choisie comme municipalité pilote pour démontrer l'approche participative qui est inhérente à la démarche de l'ECAT. Une autre réunion a eu lieu avec les gestionnaires de l'hôtel "Africa Jade" de Korba qui a été choisi comme structure hôtelière pilote pour l'application de l'éco-label de l'UE. Cet hôtel présente des atouts pour l'obtention de l'éco-label du fait qu'il a été conçu et construit dans le style africain, en utilisant des matériaux locaux, etc. Par ailleurs, il y a une grande volonté affichée par ses propriétaires et gestionnaires d'introduire les mesures de gestion environnementale, d'un côté pour réduire les frais et, d'autre côté, pour rendre l'hôtel plus attrayant à une clientèle qui est attentive à la protection de l'environnement et qui, en général, a un pouvoir d'achat assez élevé;
l'atelier de formation à la méthode d'ECAT s'est tenu à Korba, à l'hôtel "Africa Jade", le 24 avril 2008. Il a été organisé par APAL, avec l'appui du CAR/PAP. Une trentaine de participants représentant les institutions et administrations nationales, les autorités locales (municipalités du Cap Bon, Gouvernorat), les ONG, les opérateurs touristiques, etc. y ont pris part;
deux ateliers de formation aux outils de gestion environnementale des structures hôtelières et à la méthode des scénarii alternatifs ont été organisés à Korba, les 11 et 12 novembre 2008, avec comme objectifs la formation pour l’élaboration de scénarii alternatifs sur la base du diagnostic de la zone du projet préalablement établi et la présentation d’exemples d’outils de gestion environnementale à adopter par les structures hôtelières choisies.
5.4 La phase d’élaboration et de concertation autour de la stratégie de tourisme durable et d’accompagnement d’unités hôtelières candidates à l’éco-label européen De novembre 2008 à juin 2009, le travail s’est concentré: D’une part, sur l’accompagnement des responsables des hôtels "Africa Jade" à Korba et
"Magic Life" à Hammamet, par: les consultants nationaux pour la sensibilisation et l’information sur les conditions
d’obtention de l’éco-label européen, la présentation des critères requis et les supports de collecte des données sur la gestion environnementale des structures
un expert CAR/PAP qui a effectué en juin 2009 un audit de l’hôtel "Africa Jade", en vue de l’obtention de l’éco-label européen;
D’autre part, sur l’élaboration d’une stratégie de mise en œuvre d’un scénario "tourisme durable" au Cap Bon, scénario présenté lors de l’atelier organisé le 12 mars 2009 à Tunis par l’APAL. La présentation a mis en évidence que: de nombreuses contraintes ralentissent le développement des potentialités touristiques
exceptionnelles de la région;
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face à cette situation, un scénario alternatif de développement du tourisme durable a été retenu;
pour répondre à des objectifs tant de diversification et d’optimisation de l’activité touristique dans la zone qu’à des impératifs de durabilité, il faut promouvoir, renforcer et appuyer l’émergence des nombreuses niches liées aux potentialités naturelles et culturelles du Cap Bon qui, à de très rares exceptions, sont sous valorisées;
la vision préalable est justifiée par une volonté de protection, de valorisation et de réhabilitation du patrimoine naturel et culturel, d’appui à la mise en place d’un dispositif de gestion concertée pour la promotion d’un tourisme durable au Cap Bon et d’une plus grande équité en matière de retombées financières. Il sera également indispensable d’intégrer progressivement les promoteurs conventionnels dans la démarche de durabilisation du secteur touristique dans la zone;
les grandes lignes de la stratégie de tourisme durable pour le Cap Bon se présentant ainsi se déclinent selon cinq grands objectifs/démarches à adopter durant le processus: Valorisation raisonnée des sites vulnérables d’intérêt patrimonial; Réhabilitation des terroirs en vue de leur valorisation comme destination touristique; Appui pour une distribution plus équitable des retombées économiques générées par
la réhabilitation et la création d’activités rentables et viables liées au tourisme; Implication collective dans le développement d’un tourisme raisonné; Incitation des opérateurs et des promoteurs à l’adoption d’une démarche de tourisme
durable.
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6. Les partenaires et le processus participatif Les principaux partenaires du projet, à côté du MEDD, de l’APAL et du CAR/PAP et des partenaires internationaux du projet, sont: les municipalités des zones côtières du Cap Bon (Nabeul, Hammamet, Korba, Klibia, El
Haouaria, Dar Chaâbane, Soliman, Menzel Témime, Béni Khiar, Hammam Ghezaz…) qui ont manifesté un grand intérêt pour la démarche et les enjeux du développement du tourisme durable au Cap Bon;
les représentants du Ministère et de la Fédération nationale du tourisme, qui ont été particulièrement pro-actifs au cours des ateliers et réunions d’échanges et de validation des résultats du processus;
les associations, notamment les associations de protection de l’environnement du Cap Bon, de Korba et de Kélibia;
les promoteurs privés, essentiellement les hôteliers: hôtels "Africa Jade" et "Magic Life"; les représentants des institutions publiques concernées: ANPE, CITET, CRDA, ONAS,
ANGED…
Si la mobilisation de ces partenaires potentiels a été importante au cours des principales phases de concertation et de validation des principaux résultats du processus, force est de reconnaître: qu’il n’a pas été possible de maintenir cette mobilisation dans la durée, pour des
considérations objectives d’étendue de la zone d’étude et de multiplicité d’acteurs impliqués (16 communes côtières, une vingtaine de zones sensibles d’intérêt, des dizaines d’unités hôtelières…);
que le projet aurait sans doute gagné à se focaliser sur une zone pilote plus petite: zone sensible de Jebel Haouaria et/ou de Sebket Korba ou sebket Kélibia, par exemple.
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7. La stratégie de mise en œuvre du scénario alternatif de développement du "tourisme durable dans la zone du Cap Bon" La stratégie de mise en œuvre du scénario alternatif de développement du "tourisme durable dans la zone du Cap Bon" prend en considération le fait que le Cap Bon est la première destination touristique de Tunisie et qu’elle mérite de garder sa place. Elle tient également compte du fait que d’importantes potentialités touristiques restent à développer, notamment: la mise en valeur de paysages très diversifiés: îles, plages, criques, falaises, montagnes,
forêts, champs de vignes et d’agrumes, villages pittoresques…; des fonds sous marins d’une exceptionnelle beauté, propices au développement d’activités
subaquatiques; un très riche patrimoine archéologique et un savoir-faire artisanal ancestral: céramique,
poteries.
Enfin, la stratégie vise l’atténuation des contraintes de développement du tourisme, liées principalement à: une forte dépendance économique vis-à-vis des tours opérateurs et une faible
diversification du produit touristique, dominé par l’hôtellerie et la plage; d’importants déficits en eau; des services environnementaux qui présentent encore des lacunes malgré les efforts
déployés, notamment pour le traitement des déchets, le drainage des eaux pluviales, le traitement des eaux usées industrielles…;
des écosystèmes fragiles sous pression; une base économique diversifiée mais fragile, marquée par des conflits au niveau de
l’occupation du sol et de la consommation de l’eau entre l’agriculture, l’industrie et le tourisme;
une capacité de gestion du territoire insuffisante avec des municipalités qui n’ont pas assez de moyens, un mouvement associatif pas assez développé, surtout dans le domaine du tourisme durable et l’absence de systèmes locaux de promotion et de gestion du tourisme.
Basée sur la responsabilisation des acteurs publics et privés, en vue de la mise à niveau environnementale de l’existant et de la promotion d’un tourisme durable, la stratégie intègre une démarche de mise en œuvre visant à: appuyer l’émergence de leaderships aux niveaux local et central et favoriser la
responsabilisation collective; définir les mécanismes de développement du tourisme durable; créer de nouveaux produits touristiques plus "éthiques"; communiquer, former et informer sur le tourisme durable; préserver les ressources naturelles.
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Les composantes et objectifs de développement d’un tourisme durable dans la péninsule du Cap Bon se déclinent et se combinent à l’intérieur des 5 zones à problématiques unitaires (voir carte no1), présentées dans le chapitre précédent: 1. Zone 1: Zones rurales du Sud-Ouest et zones centrales: y promouvoir l’agri et l’éco-tourisme; 2. Zone 2: Littoral Ouest: paysages maritimes et terrestres à protéger et mettre en valeur,
tourisme naturel et culturel; 3. Zone 3: Sites exceptionnels à valeurs patrimoniales spécifiques à protéger et promouvoir; 4. Zone 4: Littoral Est: tourisme national gagné par les résidences secondaires: à organiser et
protéger (dunes littorales, zones humides, zones agricoles…); 5. Zone 5: Pôle touristique de Nabeul – Hammamet, en voie de saturation: ralentir les
implantations et y promouvoir une gestion durable des établissements et circuits touristiques.
Partant de ces pré-supposés, la stratégie se décline en cinq axes de travail, chaque axe se déclinant à son tour en objectifs et actions à moyen et long termes et impliquant la mobilisation de nombreux acteurs publics, privés et associatifs. Le tableau récapitulatif présenté ci-après résume les principales composantes et les conditions de mise en œuvre de la stratégie.
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Composante 1: Valorisation raisonnée des sites vulnérables d’intérêt patrimonial
Objectif 1.1: Poursuivre la démarche de gestion conservatoire des sites d’intérêt patrimonial
Contexte
Le patrimoine du Cap Bon est riche et diversifié (voir carte n°2). Il comprend: 1. Les zones naturelles sensibles d’intérêt patrimonial:
les milieux lagunaires littoraux et les massifs forestiers, écosystèmes fragiles, riches en biodiversité;
des paysages maritimes, côtiers, insulaires, forestiers, d’une grande beauté; des paysages agricoles et de plaines uniques et des points de vue exceptionnels sur la
mer et la péninsule au niveau de: Port aux Prince, d’El Haouaria et Dar Allouche, de Kélibia, de Korba, de Jebel Jerraya, de Bou Argoub, du fort d’Hammamet…
2. Une faune et une flore très diversifiées caractéristiques de la mosaïque d’écosystèmes que comprend la péninsule: belette, loutre d’eau douce, porc-épic, chauve souris, mangouste, genette… et les oiseaux d’eau et de forêt.
3. Le patrimoine archéologique comprend une vingtaine de sites majeurs, laissés par les Berbères, Grecs, Phéniciens, Puniques, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes, Hilaliens, Andalous, Ottomans, etc.
Ces sites riches mais fragiles sont soumis à de fortes pressions naturelles et anthropiques (érosion hydrique et éolienne, assèchement et pollution des zones humides littorales, surexploitation des ressources, pression foncière…). L’APAL a identifié 18 sites sensibles dans le cadre de l’Atlas sur les zones naturelles sensibles du littoral. Une partie de ces sites a fait l’objet de projets de diagnostic, caractérisation et gestion. Par ailleurs, des espaces protégés devraient être mis en place dans les sites sensibles (Dar Chichou, Oued El abid, Zembra…). L’INP dispose d’un Code du Patrimoine qui lui permet de prendre des mesures conservatoires pour protéger les sites archéologiques et définir les conditions de leur gestion.
Mais, force est de constater que malgré les efforts accomplis, d’importantes contraintes institutionnelles, juridiques, foncières, financières… entravent les actions et interventions de protection et mise en valeur.
Buts Préserver un patrimoine unique, d’importance pour l’espace méditerranéen. Mettre en place une démarche patrimoniale de protection des acquis, de réhabilitation des
potentiels et de valorisation durable.
Indicateur qualitatif Toutes les zones sensibles sont classées et toutes les zones sensibles naturelles (une
vingtaine) et archéologiques disposent de plans de gestion (une vingtaine).
Actions envisagées à court terme… et de manière continue Mise en œuvre des plans de gestion existants qui ont été élaborés dans le cadre des
projets MedWetCoast et MedMPA pour les zones sensibles et du Parc national de Zembra. Elaboration de plans de gestion pour les autres zones naturelles sensibles et les sites
archéologiques.
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Objectif 1.2 Mettre en valeur les sites d’intérêt patrimonial en vue d’organiser l’accueil des visiteurs
Contexte
Les parcs nationaux, les réserves naturelles et les sites archéologiques sont soumis à une législation qui autorise leur mise en valeur et l’accueil du public, sous certaines conditions, par des organismes publics. Parallèlement, de nombreux instruments juridiques et techniques sont destinés à permettre la mise en valeur des sites naturels et culturels par des privés. C’est le cas du Code forestier et de la législation relative aux Groupements de développement agricole, qui ont été amendés pour favoriser le développement de l’éco-tourisme.
Le Code du patrimoine n’interdit pas la participation de privés à l’exploitation de sites archéologiques ou d’autres sites culturels et historiques (médinas, forts, ribats, ksours…) dans le cadre de convention avec l’INP et/ou l’AMVPPC (Agence de Mise en Valeur et de Promotion du Patrimoine Culturel). Mais dans la pratique, peu d’expériences réussies de mise en valeur touristique du patrimoine naturel et culturel sont à signaler. Des lacunes continuent à peser sur la "mise en tourisme durable" du patrimoine. Elles sont d’ordre juridique, financier, organisationnel et économico-commercial.
But
Mettre en œuvre des stratégies et modes de gestion sur l’ensemble des sites, capables de valoriser le patrimoine naturel et culturel local et d’assurer par ce biais une perspective de développement du tourisme durable.
Indicateurs qualitatifs Les principaux sites naturels et culturels d’intérêt sont l’objet d’une signalétique
directionnelle. Les sites d’intérêt majeur disposent d’une signalétique interprétative. Les principaux sites d’intérêt sont visitables et disposent de structures d’accueil adéquates.
Actions envisagées à court terme Mettre en place une signalétique interprétative. Former un corps de guides de terrain et de guides conférenciers agréés. Appuyer l’émergence de clubs privés, d’entreprises et d’ONG semi-professionnelles à
même de prendre en charge l’accueil, le guidage et la sensibilisation du public dans les sites d’intérêt patrimonial (culturels, naturels terrestres et marins).
Actions envisagées à moyen terme Mettre en scène les sites (travaux paysagers et éléments artistiques). Réhabiliter, viabiliser et améliorer les conditions d’accueils des sites historiques habités. Etablir des étapes/haltes attractives. Multiplier et développer les musées régionaux, les musées d’étape, les musées de site, les
écomusées et les centres d’accueil. Aider au désenclavement des sites, en contribuant au raccordement aux réseaux (route,
électricité, téléphone), à la mise en place d’équipements et de services locaux nécessaires aux populations locales et aux visiteurs ainsi que les services d’accueil (restaurants, cafés, aires de repos…) en adéquation avec la clientèle visée.
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Objectif 1.3 Evaluer la capacité d’accueil touristique des sites naturels et culturels
Contexte
De nouvelles démarches et outils sont développés pour évaluer la capacité d’accueil touristique des sites patrimoniaux et déterminer ainsi les stratégies de leur mise en tourisme. Ces démarches se multiplient depuis quelques années au niveau mondial (manuel de l’OMT), européen (Programmes de l’Union Européenne, de la BEI…) et méditerranéen. A l’instar du projet "Destinations", d’autres programmes de coopération apportent leur appui à la Tunisie (Medwetcoast, SMAP3, BEI…) pour développer un tourisme durable tenant compte de la capacité d’accueil touristique des sites naturels et culturels.
Pour la Tunisie littorale, l’APAL et le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable ont réalisé de nombreuses études et mis en place des outils pour évaluer et limiter les impacts de l’urbanisation et du développement économique, notamment touristique, sur le patrimoine naturel et culturel (Schémas de zones sensibles, Plans de gestion de sites, POP…). Ils ont développé divers indicateurs, bases de données, normes… pour accompagner l’élaboration et la mise en œuvre de ces outils.
Malgré ces programmes et outils, le développement touristique obéît en général à des logiques de rentabilité économique et d’opportunités foncières qui rendent difficiles leur mise en œuvre.
But
Sensibiliser les acteurs économiques, les acteurs publics (collectivités locales, responsables de l’administration nationale et régionale) et les décideurs politiques à l’intérêt pour le court, moyen et long termes, d’une approche du tourisme basée sur la capacité d’accueil touristique.
Indicateur qualitatif
La capacité d’accueil touristique des sites naturels et culturels est définie, cartographiée, réglementée.
Actions envisagées à court terme Etablissement de cartes (régionale et locales) d’évaluation de la capacité de charge touristique.
Actions envisagées à moyen terme Définition d’un zonage pour les différents niveaux et types de développement touristique.
Ce zonage devra reposer sur une évaluation très minutieuse des ressources et être rattaché aux questions stratégiques d’espace. Les zones peuvent devenir un point de référence spatial pour des politiques d’aménagement relativement précises et pour l’adoption de règlements concernant leur utilisation. Ce zonage et cette démarche de réglementation supposent généralement l’application de concepts de capacité limite afin de déterminer le niveau de développement à ne pas dépasser, notamment au sein même des zones les plus vulnérables et à leur périphérie. Ce zonage est notamment à prendre en considération dans les Plans d’aménagement urbain.
Objectif 1.4 Compléter l’inventaire des potentialités sur l’ensemble de la zone en intégrant les aspects patrimoniaux immatériels, le patrimoine urbain et paysager
Contexte
De nombreux travaux ont été faits par tous les départements ministériels et organismes publics concernés (environnement, agriculture, culture, équipement, aménagement du territoire…) pour
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inventorier les potentialités patrimoniales du Cap Bon. L’université et les associations ont également participé à cet effort.
Il faut cependant reconnaître que le travail effectué mérite d’être regroupé, complété, actualisé, valorisé. Il devrait être publié sous une forme didactique, attractive et accessible à des utilisateurs pas nécessairement initiés.
But
Faire connaître le patrimoine naturel et culturel local et le mettre en valeur dans le cadre d’activités de tourisme durable.
Indicateur qualitatif
Les sites patrimoniaux du Cap Bon sont répertoriés, mis en valeur, présentés aux visiteurs.
Actions envisagées à court terme Etablissement de cartes thématiques et de fiches des valeurs patrimoniales du Cap Bon:
i) patrimoine naturel terrestre et marin, ii) patrimoine culturel (archéologique et bâti), iii) patrimoine culturel immatériel (traditions, terroirs…).
Actions envisagées à moyen terme Edition d’un guide de découverte du patrimoine: Le Cap Bon, autrement…
Composante 2: Réhabilitation des zones de terroirs du Cap Bon en vue de leur valorisation comme destination touristique
Objectif 2.1 Etablir les limites géographiques et les caractéristiques des zones de terroirs
Contexte
La notion de terroirs n’est pas encore très présente dans les stratégies touristiques en Tunisie. Elle reste l’apanage des scientifiques (géographes, agronomes, sociologues, anthropologues…) et a du mal à sortir de la sphère de la recherche. Il est opportun de faire le point sur ces travaux et sur les délimitations et descriptions de terroirs existantes afin d’en apprécier les qualités opérationnelles dans une perspective de développement du tourisme durable.
But
Développer un tourisme valorisant toutes les potentialités du terroir: sa culture, son identité, ses savoir-faire, ses paysages, ses sites remarquables, ses produits, la qualité de vie… Ceci permettrait de rompre la monotonie que reflète l’image du Cap Bon qui demeure une destination mono produit, essentiellement balnéaire, dans les zones touristiques majeures et où l’arrière-pays demeure un "no man’s land" en matière d’accueil touristique.
Indicateurs qualitatifs Les zones de terroirs du Cap Bon et leurs produits sont connus. Une stratégie de commercialisation des terroirs du Cap Bon est mise en œuvre.
Actions envisagées à court terme Identification et zonage de terroirs homogènes.
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Actions envisagées à moyen terme Réhabilitation et appui à l’émergence des produits de terroirs. Redéfinition de la stratégie de commercialisation de la destination du Cap Bon tenant
compte de la diversité des produits touristiques "Cap Bon". Sensibilisation des agences de voyage, des tour-opérateurs et des hôteliers aux nouveaux
produits touristiques y compris la valorisation des terroirs.
Objectif 2.2 Assurer l’embellissement des villages et la réhabilitation du bâti et son entretien
Contexte
Les villes et villages du Cap Bon comptent, comme toutes les villes tunisiennes, des quartiers populaires sous-équipés qui nécessitent encore des interventions de réhabilitation et restructuration, malgré toutes les réalisations enregistrées au cours de ces dernières années grâce à l’action de l’Etat (Programme national de réhabilitation des quartiers populaires par l’ARRU, Programmes de développement urbain intégré par le CGDR) et des municipalités (investissements pour les quartiers populaires dans le cadre des Plans d’investissements communaux). La Tunisie poursuit ses efforts grâce à des prêts contractés auprès de différents bailleurs de fonds dont la Banque Mondiale et l’Agence Française de Développement.
L’intervention dans les centres anciens (médinas et centres villes historiques) est plus compliquée en raison du caractère patrimonial du bâti et des problèmes de maîtrise foncière. Elle devient pourtant urgente, eu égard à l’ampleur des phénomènes de dégradation et à l’enjeu que représente la mise en valeur touristique de ce patrimoine bâti urbain. Les associations de sauvegarde des médinas ne sont pas en mesure de mener à bien des projets urbains de grande envergure dans les centres historiques, faute de moyens juridiques, humains et financiers. D’autre part, sur le plan juridique, le Code du patrimoine définit des procédures d’intervention sur les centres historiques (Plans de sauvegarde et de mise en valeur) qui, jusqu’à présent, n’ont jamais pu être mises en œuvre pour des raisons qui tiennent à la complexité de leur gestion.
De nouveaux outils sont en cours d’élaboration pour l’intervention en centres anciens. Ils devraient être opérationnels au cours du 12ème Plan. Ils ouvriront la voie à la réhabilitation et restauration du patrimoine urbain du Cap Bon et permettront aux villages et centre villes les plus attractifs de la région de retrouver leur identité et une meilleure qualité urbaine.
Enfin, d’une manière générale, les extensions urbaines des villes tunisiennes et de celles du Cap Bon en l’occurrence, connaissent de sérieux problèmes de qualité urbaine. Pour renforcer l’attractivité touristique des villes et villages du Cap Bon, des projets d’embellissement et d’amélioration de l’esthétique urbaine seront nécessaires. Des programmes sont mis en œuvre à cet effet par les Ministères de l’Equipement, de l’Environnement et du Tourisme, par les Municipalités et également par le Programme National de la Propreté et de l’Esthétique de l’Environnement (PNPEE). Il est important qu’une vision d’ensemble soit à l’origine du "projet d’embellissement de la ville" et que les différents projets et interventions réalisés au fur et à mesure de la mobilisation des fonds s’insèrent dans cette vision.
But Améliorer les conditions de vie de la population. Stopper les processus de dégradation du bâti et des espaces publics urbains. Mettre en valeur touristique le patrimoine bâti urbain.
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Indicateurs qualitatifs Les collectivités locales sont partie prenantes du processus de développement du tourisme
durable. Des opérations de protection et mise en valeur des centres et monuments historiques les plus
importants et d’embellissement des accès sont engagées dans les communes concernées. Des opérations d’embellissement sont engagées dans toutes les communes.
Actions envisagées à court terme
Campagnes de sensibibilisation des pouvoirs locaux dans les petites communes sur leurs rôles dans le processus de développement d’un tourisme durable et les avantages et retombées potentielles pouvant découler de la réhabilitation du bâti, de l’embellisemment des accès et de la création d’attractions pouvant stimuler des activités touristiques dans leur territoire.
Actions envisagées à moyen terme Réhabilitation des centres et du bâti historiques des petites communes. Réhabilitation paysagère des accès aux petites communes. Appui aux processus Agenda 21 existants et mise en place de nouveaux dispositifs Agenda
21, avec intégration de la composante touristique. Renforcement de l’appui de la Commission Nationale de la Propreté et de l'Esthétique de
l'Environnement (CNPEE) aux petites communes et plus particulièrement, celles situées dans et en périphérie des zones d’intérêt culturel et naturel, en vue d’une labellisation ville ou village jardin.
Objectif 2.3 Appuyer au profit des habitants des zones de terroir remarquable, le développement d’activités agricoles rémunératrices et non dégradantes pour le milieu – agrobiologie – et conservatoires vis à vis des variétés rares spécifiques
Contexte
Le Ministère de l’Agriculture, les ONG et les Groupements de développement agricole s’orientent vers l’agriculture biologique et la préservation de la biodiversité agricole. Ils sont appuyés dans leur démarche par les bailleurs de fonds (FEM, GTZ, FAO, FIDA…). Le Cap Bon connait des expériences intéressantes dans ce domaine mais leur généralisation est nécessaire. A titre d’exemple, les figues de Djebba à Béja, connues pour leurs caractéristiques biologiques et leurs qualités gustatives, bénéficient depuis quelques années d’une appellation contrôlée.
But La valorisation des produits du terroir et la diversification des produits locaux pour la
demande touristique.
Indicateurs qualitatifs Les espèces agricoles locales et les modes de faire valoir agricole traditionnels sont
valorisés et font l’objet d’informations pour les touristes.
Actions envisagées à court terme Capitalisation des bonnes pratiques et diffusion auprès des agriculteurs de la région. Aménagement de parcelles expérimentales de démonstration. Aménagement de parcelles "banque de gênes in situ".
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Actions envisagées à moyen terme Appui technique et financier aux agriculteurs. Marketing des produits. Formation professionnelle. Suivi qualité. Mise en place d’indications géographiques pour les produits et de labels.
Composante 3: Création de nouveaux produits "tourisme durable"
Objectif 3.1: Identifier les circuits thématiques
Contexte
Le tourisme durable dans la région devrait permettre de développer toutes les "niches nouvelles" liées au patrimoine naturel et culturel et de répondre aux demandes d’une clientèle avertie, souhaitant bénéficier de programmes spécialisés pour des visites prolongées (plus d’une journée). C’est dans ce contexte qu’il est opportun de prévoir des circuits à thème.
Les quelques expériences menées en Tunisie (voir plus haut) méritent d’être documentées, capitalisées et diffusées. Elles sont mal connues mais les quelques agences qui se sont lancées dans l’exploitation de tels circuits témoignent de l’accroissement de la demande nationale et internationale mais de l’existence de nombreux obstacles (autorisations administratives, accessibilité des sites, guidage spécialisé, hébergements…) qui entravent le développement de ce type de produits touristiques.
But Développer des "niches nouvelles", pour le tourisme local. Valoriser le patrimoine naturel et culturel. Répondre aux demandes d’une clientèle avertie et exigeante.
Indicateurs qualitatifs Les promoteurs du tourisme durable au Cap Bon proposent des circuits éco-culturels dans
les différentes sous zones touristiques et des circuits thématiques.
Actions envisagées à court terme Diagnostic des valeurs patrimoniales du Cap Bon. Définition des circuits thématiques potentiels et articulation avec les circuits nationaux
existants tels qu’établis par le MEDD: circuits d’agro-tourisme; circuits de tourisme rural (fermes, villages, paysages, savoirs faires ruraux…); circuits de bird watching; circuits archéologiques complets ou par époque/civilisation (circuits punique, byzantin,
romain, ottoman, andalou, arabo-musulman…); circuit de l’eau: thermes, citernes, conduites…; circuit des cultes (mosquées, églises, synagogues, lieux de culte païens…); circuit architectural (visites guidées par un architecte, maisons témoins de l’architecture
du Cap Bon); circuit de l’artisanat, des métiers, de la musique…; etc.
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Objectif 3.2 Définition des aménagements et attractions nécessaires au fonctionnement de ces circuits
Contexte
Peu de zones bénéficient en Tunisie d’un bon jalonnement et d’une signalétique mettant en valeur les différents espaces et sites patrimoniaux, y compris les sites urbains.
Dans le projet de valorisation du patrimoine, actuellement mis en œuvre par le Gouvernement tunisien et la Banque Mondiale, une signalétique a été définie pour les principaux sites culturels de la Tunisie, elle sera mise en place en 2009, sur les autoroutes, les routes nationales et les principales artères des villes à forte valeur patrimoniale. Le même processus reste à faire pour les sites naturels.
Par ailleurs, les centres d’interprétation du patrimoine culturel et naturel commencent à se mettre en place (Kairouan, Jerba, Chemtou, Dougga., El Fejja, Korba…). Il faudra tirer les leçons des centres en activité et en faire bénéficier la région du Cap Bon.
But Guider les touristes et visiteurs vers les sites remarquables.
Indicateurs qualitatifs Les circuits de tourisme culturel et naturel sont aménagés.
Actions envisagées à court terme Aménagement des sentiers de randonnée prévus dans les plans de gestion des zones
sensibles littorales. Réflexion et concertation entre les acteurs en charge de la conservation des espaces
naturels et culturels, et du réseau routier pour l’établissement d’une signalétique routière. Définition, conception et mise en place de la signalétique interprétative dans les sites
naturels et culturels.
Actions envisagées à moyen terme Etude, conception et mise en place de la signalétique routière.
A moyen terme et long terme: Mise en œuvre des aménagements définis. Mise en place d’un réseau de cheminement et une signalétique rénovés, un programme
d'interprétation.
Objectif 3.3 Définition du mode gestion
La gestion de ces circuits devrait prendre en considération l’intervention du secteur privé y compris les micro-entreprises et les ONG pour le développement d’activités commerciales et éducatives.
Contexte
Seules quelques agences privées de tourisme et quelques personnes à titre individuel, assurent la promotion de rares circuits de tourisme durable.
But Développer les capacités locales de gestion des circuits.
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Indicateurs qualitatifs Des plans de gestion des circuits de tourisme culturel et naturel sont opérationnels.
Actions
Les structures et acteurs impliqués dans la gestion des circuits devraient bénéficier de: formation professionnelle, appui à la mise en exploitation des circuits, marketing des circuits.
Objectif 3.4 Labellisation des produits de l’artisanat et de l’agriculture (commerce équitable, produits de terroir, produits biologiques…)
Contexte
Les produits biologiques et les produits du terroir (voir partie terroirs, plus haut).
Le commerce équitable est peu développé en Tunisie, quelques initiatives individuelles en faveur des produits d’artisanat ont été initiées par des ONG mais connaissent de sérieux problèmes de commercialisation. L’ONG ENDA Interarabe, présente dans toutes les régions de la Tunisie, étudie les conditions d’intégration de ses clients (micro entrepreneurs) dans des circuits internationaux de commerce équitable.
But
C’est une perspective intéressante qui pourrait ouvrir des voies sûres pour la commercialisation des produits du Cap Bon et de la Tunisie et d’en améliorer la valeur ajoutée principalement pour réduire la précarité des populations locales.
Indicateurs qualitatifs Les principaux produits locaux sont labellisés et sont intégrés dans des réseaux de
commerce équitable.
Actions envisagées à court terme Identification de mécènes et de donateurs pour appuyer ces activités. Réflexion sur les possibilités d’adoption de mécanismes de commerce équitable.
Actions envisagées à moyen terme Requêtes auprès de mécènes et de donateurs. Rapprochement producteurs/entreprises de commerce équitable.
Objectif 3.5 Promotion de la gastronomie locale
Contexte
Les hôtels et restaurants du Cap Bon et des autres régions du pays offrent peu de cuisine régionale et les quelques plats présentés ne sont pas toujours de qualité. La gastronomie locale est pourtant riche et diversifiée (plats à base de poisson, cuisine rurale, cuisine judéo-arabe, couscous au sorgho, vins, épices…).
But Améliorer et diversifier le produit touristique et faire connaître les spécificités locales.
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Indicateurs qualitatifs La gastronomie locale est présente en bonne place dans le menu des restaurants, des
hôtels et des autres lieux de restauration.
Actions envisagées à court terme Etablissement d’un inventaire de la gastronomie locale. Sensibilisation des hôteliers et des restaurateurs de la région du Cap Bon à l’introduction
de plats, de mets et de vins locaux dans leurs cartes. Réflexion sur les formules d’accueil et de restauration chez l’habitant.
Actions envisagées à moyen terme Prise en considération de la gastronomie locale dans les cours dispensés dans les écoles
hôtelières.
Composante 4: Favoriser une distribution équitable des retombées économiques générées par la réhabilitation et la création d’activités rentables et viables liées à l’écotourisme
Objectif 4.1 Créer une gamme de randonnées et d’observation nature, développer l’hébergement et la restauration
Contexte
L’accroissement des retombées économiques des activités de tourisme durable ne peut s’effectuer que dans le cadre de dynamiques locales pérennes, encadrées par des structures locales engagées et performantes (collectivités locales, associations, entreprises). Le Cap Bon pourrait présenter plus de conditions d’émergence de telles structures que d’autres régions du pays. En effet, les maires sont très intéressés par le tourisme durable, le tissu économique est dynamique, tout comme le tissu associatif.
But Réduire les disparités géographiques et appuyer un processus de développement
économique et social pérennes.
Indicateurs qualitatifs Des sentiers de randonnées et d’observation de la nature sont proposés aux visiteurs par
les promoteurs touristiques, les hôtels, les guides.
Actions envisagées à court et moyen termes Créer des groupements de développement et de groupes d’intérêt économique à vocation
touristique. Favoriser et promouvoir la consommation de produits locaux et à défaut régionaux et nationaux. Préserver et réhabiliter les produits locaux artisanaux et agricoles (cultivars...). Promouvoir l’agriculture biologique. Promouvoir et réglementer le logement chez l’habitant. Privilégier l’emploi des entreprises et de la main d’œuvre locale. Assurer la formation nécessaire aux populations pour l’exercice des activités touristiques. Former des guides conférenciers (patrimoine culturel) et des éco-guides.
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Objectif 4.2 Valorisation des ressources culturelles et de l’artisanat
Contexte
Capitale de l'artisanat tunisien, Nabeul est réputée mondialement pour ses poteries; elles se retrouvent dans toutes les boutiques pour touristes et sur tous les marchés et super marchés, du Nord au Sud de la Tunisie. Mais la poterie nabeulienne, de plus en plus industrialisée, ne fait vivre qu’un petit nombre de personnes alors que de très nombreux produits culturels et artisanaux pourraient être développés et faire vivre un nombre croissant de ménages du Cap Bon comme par exemple: des articles de marketing territorial valorisant les villages et paysages pittoresques (bibelots, petits articles de vannerie, jouets, tee shirts, portes clés… portant le nom des villages), des produits dérivés de qualité du patrimoine archéologique (reproductions de statuettes, mosaïques, masques…) et des produits de l’artisanat traditionnel du Cap Bon (poterie, ferronnerie, natterie…).
Le patrimoine culturel immatériel du Cap Bon, comme les coutumes, les savoir-faire, les légendes, la musique, … est peu valorisé. Il pourrait être documenté et mis en scène dans le cadre d’activités touristiques.
But Appuyer un processus de développement économique et social pérenne.
Indicateur qualitatif Le tourisme culturel et naturel représente une part significative des emplois et activités
économiques locales.
Actions envisagées Mise en place d’une banque d’idées de projets en relation avec le tourisme durable et plus
particulièrement au bénéfice des micro-entreprises. Evaluation de la viabilité des activités pour chaque contexte local (appui à la réalisation
d’études de faisabilité technico-économiques).
Objectif 4.3 Favoriser l’hébergement ethnique et les chambres d’hôtes
Contexte
La législation tunisienne autorise désormais l’hébergement ethnique et les chambres d’hôtes mais cela ne suffit pas toujours. Cette activité demande des compétences, une éthique et des moyens que doivent absolument avoir les personnes désireuses de développer cette offre.
But Diversifier l’offre en matière d’accueil/hébergement touristique.
Indicateurs qualitatifs L’offre de chambres d’hôtes et d’habitat ethnique est en forte croissance.
Actions envisagées à court terme Identifier, en fonction des potentialités mais également en tenant compte des contraintes et
des impacts, des sites susceptibles de recevoir des structures d’accueil de petite taille (en prenant en considération le zonage prédéfini).
Evaluer la faisabilité technico-économique et environnementale de telles structures.
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Définition d’une Charte architecturale. Formation professionnelle.
Actions envisagées à moyen terme Appui à l’exécution des projets. Mise en place d’une structure d’accompagnement et de suivi du fonctionnement de ces unités. Rapprochement de l’offre et de la demande. Appui à la commercialisation, marketing "nouveau produit".
Objectif 4.4 Appuyer l’émergence d’un artisanat ethnique
Contexte
Malgré les efforts de l’ONA, l’artisanat tunisien, y compris l’artisanat du Cap Bon, se dégrade et s’uniformise du Nord au Sud de la Tunisie. A l’exception de quelques initiatives privées émanant souvent d’artisans-artistes (artisanat de création), l’artisanat tunisien est en crise. Des projets spécifiques de restauration et d’appui au développement de l’artisanat ethnique faisant une large part à la recherche-action et au design sont à mettre en place à la faveur d’une action conjuguée de l’Etat, de la coopération technique, des associations, des artisans/artistes et des commerçants.
But Diversifier les produits artisanaux en vue d’une redynamisation du secteur.
Indicateurs qualitatifs
L’artisanat authentique du Cap Bon est catalogué et commercialisé dans les principaux sites de tourisme culturel et naturel.
Actions envisagées à court terme Identifier les pratiques artisanales de l’arrière pays et étudier les possibilités de leur
valorisation auprès des touristes.
Actions envisagées à moyen terme Adaptation des produits à une demande touristique. Définition des modalités de commercialisation.
Composante 5: Promouvoir une destination Cap Bon plus riche et plus diverse
Objectif 5.1 Mettre en place un cursus de coaching/accompagnement du processus de tourisme durable
Contexte
Cet objectif suppose le développement d’outils de marketing territorial et de lobbying local qui font encore largement défaut en Tunisie. Ces outils doivent être gérés par les collectivités locales et autres acteurs locaux (associations, entreprises, université, médias…) engagés et motivés. L’assistance technique pour appuyer ces efforts de promotion de la destination Cap Bon, notamment dans le cadre du projet "Destinations", ne peut être mise en place que dans ce contexte de mobilisation locale.
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But Faire adopter une démarche dynamique et évolutive à l’initiative "Tourisme durable au Cap Bon".
Indicateurs qualitatifs Des structures d’accueil ou points focaux pour le tourisme culturel et naturel sont
disponibles dans les principales zones.
Actions envisagées à court terme Mettre en place un corpus de coaching/accompagnement intégrant des personnes
ressources nécessaires en vue d’une démarche adaptative et régulièrement innovante du processus "tourisme durable" qui puisse intervenir pour appuyer les instances de coordination/animation niveau régional et local ainsi que les ONG et les promoteurs.
Pré-définir le mode de fonctionnement et les besoins financiers et techniques de ce comité-conseil.
Actions envisagées à moyen terme Lancement de la mission du comité-conseil.
Objectif 5.2 Assurer le suivi de la fréquentation des sites et évaluer les retombées économiques des populations exerçant des activités liées à l’écotourisme
Contexte
Ce suivi est tributaire de la mise en place d’une structure locale de coordination des activités de tourisme durable, dotée d’une capacité d’évaluation des impacts et d’accompagnement social des populations exerçant des activités liées à l’écotourisme.
But Optimiser la fréquentation des sites et les retombées économiques sur les populations.
Indicateurs qualitatifs Un dispositif de suivi/évaluation de la fréquentation des sites et de la qualité des prestations
fournies est mis en place.
Actions envisagées à court terme Mise en place de dispositifs de suivi de la fréquentation sur les sites naturels et culturels et
des enquêtes "satisfaction" en vue de l’identification des impacts socio-économiques et environnementaux et d’une gestion adaptative de ces sites.
Communication des indicateurs liés à ces dispositifs aux instances régionales et locales "tourisme durable".
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Composante 6: Implication collective dans le développement d’un tourisme raisonné
Objectif 6.1 Unir au sein de structures de concertation représentatives et décisionnelles au niveau du Gouvernorat et au niveau local, les différents acteurs en matière de tourisme durable
Contexte
Bien que le tourisme culturel et naturel soit au cœur de toutes les préoccupations régionales et nationales, aucune structure spécialisée dans la promotion de ce type de tourisme, susceptible de mutualiser et fédérer les efforts publics, privés ou associatifs dans ce domaine n’a encore vu le jour, dans aucun des pôles patrimoniaux du pays, si on excepte les sociétés d’étude et de promotion du tourisme qui restent focalisées sur les projets hôteliers et les zones touristiques. Il n’en demeure pas moins vrai que le développement du tourisme culturel et naturel concerne différentes parties prenantes dont les rôles pourraient être potentialisés et mis en synergie.
But Créer des unités de développement touristique dont l’attraction passe par la mise en réseau des
sites et dont l’homogénéité est fortement tributaire de l’établissement de relations de solidarité et d’échange entre les différents pôles patrimoniaux et les acteurs qui les animeront.
Indicateurs qualitatifs Le tourisme durable figure dans les stratégies, programmes, budgets, agendas et discours
des différents acteurs locaux concernés.
Actions envisagées à court terme Unir, au sein d’une structure de concertation représentative et décisionnelle, les différentes
parties prenantes à l’échelle de la région du Cap Bon.
Objectif 6.2 Renforcer les moyens financiers, humains et matériels nécessaires au fonctionnement durable de cette instance
Contexte
Le projet "Destinations" constitue le cadre approprié pour mobiliser les moyens financiers, humains et matériels nécessaires au fonctionnement durable de cette instance.
But Opérationnaliser la structure de concertation et de coordination du tourisme durable au Cap Bon.
Indicateurs qualitatifs Le tourisme durable figure dans les stratégies, programmes, budgets, agendas et discours
des différents acteurs locaux concernés.
Actions envisagées Identifier les sources de financement nécessaires pour le fonctionnement de cette instance.
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Objectif 6.3 Engager localement une action de communication/sensibilisation et éducation des différents publics et parties prenantes
Contexte
Le projet "Destinations" a initié un processus qui pourrait perdurer et s’amplifier à un niveau régional et local (municipalités) avec l’appui d’ONG et de programmes de coopération technique.
But Assurer l’appropriation de la stratégie du tourisme durable par les populations et acteurs locaux.
Indicateurs qualitatifs Le tourisme durable figure dans les stratégies, programmes, budgets, agendas et discours
des différents acteurs locaux concernés.
Actions envisagées à court terme Organiser des programmes personnalisés de sensibilisation aux enjeux culturels,
environnementaux, sociaux du tourisme pour les acteurs publics et privés du tourisme, ainsi que pour les populations locales et les touristes.
Promouvoir le concept auprès des décideurs, des pouvoirs locaux, des ONG et des populations locales.
Objectif 6.4 Organiser les prestataires autour d’une charte de tourisme durable
Contexte
De nombreuses chartes internationales du tourisme durable existent (UNESCO, Association internationale de l’éco-tourisme, WWF…). Elles pourraient être mises à profit pour élaborer une charte éthique intégrant les principes de base généraux et reconnaissant les spécificités culturelles et naturelles du Cap Bon.
But Assurer la qualité du produit touristique, le respect des populations et le respect du visiteur.
Indicateurs qualitatifs Une charte du tourisme durable est mise à la disposition des opérateurs du tourisme
durable et des visiteurs.
Actions envisagées Etablissement d’une charte éthique globale et de chartes locales.
Objectif 6.5 Mettre en place des mécanismes de suivi des résultats et une procédure d’évaluation externe et d’auto-évaluation
Contexte
La structure de coordination qui sera créée aura également pour mission de mettre en place des mécanismes de suivi et d’auto-évaluation. Les programmes d’appui et le Ministère du Tourisme se chargeront des évaluations externes.
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But Pérenniser le tourisme durable dans la région, effectuer les réajustements nécessaires.
Indicateurs qualitatifs Un dispositif d’observation du tourisme durable au Cap Bon est mis en place et est opérationnel.
Actions envisagées à court terme Adoption d’indicateurs de tourisme durable au niveau de la région du Cap Bon. Identification de la structure en charge de l’implémentation du suivi.
Actions envisagées à moyen terme Mise en œuvre et communication régulières de l’évolution des indicateurs.
Composante 7: Incitation des opérateurs et des promoteurs à l’adoption d’une démarche de tourisme durable
Objectif 7.1 Promouvoir la gestion durable des infrastructures et des activités touristiques au Cap Bon
Contexte
La promotion de la gestion durable des infrastructures et des activités touristiques au Cap Bon bénéficie de l’appui du programme "Destinations" et de nombreux programmes nationaux (éco-label, pavillon bleu, …) et internationaux (éco-label européen, ISO 9001…).
But Promouvoir la gestion durable des infrastructures et des activités touristiques.
Indicateurs qualitatifs Un nombre important de structures touristiques développe une gestion durable et
obtiennent des éco-labels.
Actions envisagées à court terme Généralisation des audits environnementaux, énergétiques et consommation d’eau.
Actions envisagées à moyen terme Accompagnement pour la mise à niveau environnementale des infrastructures touristiques.
Objectif 7.2 Identifier les sources de financement et des mesures incitatives complémentaires pour la mise en place de "la mise à niveau environnementale" des activités et des infrastructures touristiques existantes
Contexte
Le contexte décrit plus haut est très favorable à la mise en place de "la mise à niveau environnementale" des activités et des infrastructures touristiques existantes. Il est cependant important que les promoteurs de ces activités et infrastructures soient informés, sensibilisés et acquis à la démarche.
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But Promotion de la gestion environnementale et durable des infrastructures et des activités
touristiques.
Indicateur Un nombre important de structures touristiques développe une gestion durable et
obtiennent des éco-labels.
Actions envisagées à court terme Organisation d’ateliers de sensibilisation des promoteurs touristiques à l’intérêt de la
gestion environnementale des infrastructures. Réflexion sur les sources de financement pour la généralisation de la mise en œuvre des
processus de mise à niveau des infrastructures hôtelières et des services. Mise en avant des structures labellisées et faisant l’objet d’une mise à niveau
environnementale dans les salons touristiques internationaux, les brochures et au sein même des unités hôtelières.
Objectif 7.3 Créer un corps d’auditeurs, d’aviseurs et de conseillers agréés en matière de tourisme durable
Contexte
Il faut s’attendre au développement du tourisme durable dans l’avenir, les compétences existantes sont insuffisantes mais elles sont en cours de développement (des programmes de formation existent, des sociétés privées de mise à niveau des établissements touristiques se mettent en place). Mais un programme de grande envergure, destiné à créer un corps d’auditeurs, d’aviseurs et de conseillers agréés en matière de tourisme durable fait encore défaut.
But Mettre en place les compétences et les outils de contrôle nécessaires à l’accompagnement
de la gestion durable des infrastructures et des activités touristiques au Cap Bon.
Indicateurs Un nombre important de structures touristiques développe une gestion durable et
obtiennent des éco-labels. Les structures d’audit et d’experts en qualité environnementale des structures touristiques
se développent.
Actions envisagées à court terme Formation de formateurs en matière d’audit environnemental et d’accompagnement de
labellisation et mise à niveau environnementale. Formation d’auditeurs et d’experts "qualité environnementale".
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56
8. Conclusion La stratégie de mise en tourisme durable du Cap Bon, à l’échelle de l’ensemble de la péninsule, objet du présent rapport, est une étape nécessaire mais non suffisante.
En effet, le tourisme durable repose certes sur des principes fondateurs universels et sur des analyses générales des systèmes territoriaux, écologiques, sociaux et économiques régionaux et locaux, qui ont mis en évidence les zones à problématiques unitaires, les enjeux, les menaces, les potentialités et les capacités d’accueil touristiques mais la concrétisation des objectifs du tourisme durable relève avant tout d’une démarche de proximité, engageant les collectivités locales, la population, les organisations de base et les acteurs économiques.
C’est l’impulsion, l’accompagnement et la mise en synergie des initiatives locales et individuelles qui sont aujourd’hui sur le chemin critique du développement du tourisme durable dans le Cap Bon. Les quelques initiatives privées constituent autant de signes encourageants mais doivent être relayées par des actions communautaires, par les organisations professionnelles, les associations et par les collectivités locales. Le tourisme durable est avant tout une démarche de développement local, intégrant, d’une part, l’éducation environnementale et, d’autre part, l’animation sociale et économique.
Les différentes réunions organisées lors de la réalisation du projet ont démontré l’intérêt de l’ensemble des acteurs actifs dans le domaine du tourisme mais également d’autres parties plus que favorables pour l’adoption des préceptes du tourisme durable dans la région du Cap Bon et de les appliquer au travers d’une stratégie cohérente, basée sur les principes de durabilité et tenant compte de la réalité du terrain, en vue de favoriser: la préservation des valeurs patrimoniales naturelles et culturelles de la région et la
réduction des impacts sur l’environnement et les ressources naturelles; l’équité géographique et sociale des retombées économiques du tourisme; la création d’un processus consultatif et de prise de décision en matière de tourisme,
associant un large panel d’acteurs, principalement locaux.
La stratégie adoptée, qui propose également des orientations de gestion concrète, devrait permettre de réduire la disparité géographique et sociale au plan des activités touristiques, tenant compte de la capacité d’accueil touristique, de diminuer la durée de la basse saison touristique et de favoriser les emplois pérennes.
La préservation et la mise en valeur des sites vulnérables sont recommandées, ainsi que la réhabilitation du terroir et des traditions.
La communication sur cette approche novatrice est également nécessaire afin de modifier l’image de la destination qui reste encore ancrée dans les esprits comme essentiellement balnéaire.
Dans le cadre de ce projet, la priorité a été donnée à juste titre à rediriger les activités touristiques et les infrastructures existantes vers une approche de durabilité au travers d’audits environnementaux en vue de l’obtention de labels. Les audits effectués constituent une première étape dans un dispositif constant de gestion environnementale des nombreuses structures et devraient être généralisés.
57
Enfin, le processus à mettre en place ne se fera pas ex nihilo mais devra s’appuyer sur des initiatives et des structures existantes disposant d’un "background" favorable qui permettra de lancer des expériences pilotes facilitatrices, Le processus devrait sans doute, dans l’avenir, être relayé au niveau local par une municipalité côtière dynamique qui reste à identifier (prochaines élections municipales en mai 2010), une association engagée et bénéficiant d’un bon ancrage social et institutionnel (Kélibia? Hammamet? Korba? El Haouaria?...) et un opérateur privé performant et bénéficiant d’un éco-label. L’expertise développée par l’APAL siège et Korba dans le cadre du présent projet et l’expertise de CAR/PAP devrait être mise au service de ces acteurs locaux. Parallèlement, une instance d’animation et de concertation constituant une plate-forme multi-acteurs devra être mise en place dans l’esprit "GIZC" afin de prendre le relais de cette initiative et la faire perdurer localement pour restructuer et ré-orienter progressivement le secteur touristique du Cap Bon vers la démarche de durabilité.
58
9. Bibliographie APAL (2003). Etudes des plans de gestion des sites MedWetCoast: site de Zembra. 61 p.
APAL (2003). Plan d’aménagement et schéma de gestion détaillé du site littoral de jebel el Haouaria. 51 p.
APAL (2004). Plan d’aménagement et schéma de gestion détaillé des forêts de Oued Laabid et Dar Chchou. 59 p.
APAL (2006). Atlas des zones naturelles sensibles: littoral du Cap Bon. 53 p.
CAR/ASP (2004). Plan de gestion de la partie marine du Parc National de Zembra et Zembretta – Projet MedMPA. 70 p.
CGDR (2008). Le Gouvernorat de Nabeul en chiffres. 80 p
Ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire, Direction de l’Aménagement du Territoire (2005). Atlas des paysages de la Tunisie. 316 p.
Ministère du Tourisme (2007). Le tourisme tunisien en chiffres.
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