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Page 1: Atlas Européen : Temps De Travail

En matière de durée légale du travail les

disparités entre les pays apparaissent comme

l’une des questions les plus sensibles pour les

DRH européens. Selon des experts de renom,

il faut chercher la réponse, bien au-delà des

statistiques, dans les entreprises elles-mêmes…

et des ménages !

working time

E U R O P E A T W O R K

Une publication ADP

chris Brewster

Professeur de ressources humaines internationales, à l’université de reading et

à la school of Leadership, change and Hr management (Henley). Directeur du centre

d’excellence rH d’Henley

"Je ne suis pas du tout sûr qu’il faille se fier aux statistiques"

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Lionel Prud’homme

Vice-président de carlson wagonlit travel, en charge des ressources humaines pour

la zone europe, moyen orient, afrique

"aller sur le terrain et se comporter en

ethnologues du travail !"

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gerhard Bosch

Professeur de sociologie et directeur de l’institut du travail

et des qualifications à l’université de Duisburg-essen

"La répartition du temps de travail au sein du foyer

est un facteur clé" Page 2

a Vision on

faits et chiffres

p. 8-9

Temps de travail annuel contractuel

Jours fériés

Jours de congés

Congé annuel

Jours

Heures

# 2AVRIL 08

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europe at work : en matière de temps de travail, vous dites que l’on comprend mieux les pratiques des européens en observant les couples qu’en lisant les directives européennes. est-ce une boutade ?Gerhard Bosch : Prenons trois couples. Un à Oslo, un à Londres et le troisième à Madrid. À la question “Qui doit subvenir aux besoins de la famille ?”, les Scandinaves répondront : “Les deux époux de manière égale.” Pour les Britanniques, ce sont également les deux époux, mais le mari doit gagner plus. Au sud des Pyrénées et des Alpes la femme reste généralement au foyer…

Dans quelle mesure le développement économique influe-t-il sur le temps de travail ?C’est un facteur important, mais il interagit avec les institutions et la culture. Ainsi au Portugal, les contraintes économiques résultant des guerres coloniales des années soixante-dix ont poussé les femmes à travailler. Autre exemple : le fait que les salaires féminins soient inférieurs en Grande-Bretagne permet d’expliquer pourquoi les hommes travaillent plus que leurs épouses.

Les politiques sociales peuvent-elles inverser les tendances ?Leur influence est décisive. Il y a beaucoup plus de femmes qui travaillent à plein temps en France et en Belgique qu’en Allemagne car elles peuvent

confier leurs enfants à des jardins d’enfants et des crèches. Les Allemandes, elles, restent souvent au foyer et un grand nombre de celles qui choisissent de travailler renoncent à avoir des enfants ; c’est une des raisons de la baisse du taux de natalité en Allemagne.

malgré les directives européennes, la législation diffère encore beaucoup d’un pays à l’autre. comment s’y retrouver ?En étudiant trois facteurs : la durée légale du travail, la place accordée au travail à temps partiel et la flexibilité. Ces trois facteurs sont combinés de manières très différentes à travers l’Europe. Du Nord au Sud et de l’Ouest à l’Est, il existe autant de modèles que de points sur la boussole, plus un modèle intermédiaire représenté par l’Allemagne, la France, la Belgique et les Pays-Bas.Le modèle scandinave, le plus intéressant selon moi, encourage

le travail à temps complet pour tous et répartit le travail entre les hommes et les femmes. La durée légale du travail y est raisonnable et les heures supplémentaires peu répandues. Lorsqu’ils doivent s’occuper d’enfants ou de parents âgés, les employés peuvent passer à temps partiel ou s’arrêter aussi

Gerhard Bosch La répartition du temps de travail au sein du ménage : un facteur cléGerhard Bosch, professeur de sociologie et directeur de l’institut du travail et des compétences à l’université de Duisburg-Essen, s’intéresse à la répartition du temps de travail entre hommes et femmes au sein des ménages. Il constate une évolution du modèle où l’homme subvient seul aux besoins de la famille vers un fonctionnement plus égalitaire avec deux emplois à temps partiel.

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““Je ne pense pas que les pratiques sociales s’harmoniseront avec des décrets

Gerhard Bosch, Professeur de sociologie et directeur de l’institut du travail et des qualifications à l’université de Duisburg-Essen.

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longtemps que nécessaire. Cette pratique, de plus en plus courante, concerne les hommes comme les femmes.Au Sud, c’est le modèle opposé : peu de place au travail à temps partiel, et encore moins à la flexibilité. L’homme, qui subvient seul aux besoins de la famille, complète souvent son travail officiel par de petits jobs non déclarés. Idem pour sa femme, lorsqu’elle travaille.

Entre les deux, le modèle continental est confronté à ses contradictions. La semaine de travail est courte et les gens partent plus tôt à la retraite, mais il semble qu’on ait oublié les services à la famille, en Allemagne en particulier. Il est aussi plus difficile de réduire son temps de travail ou de revenir au temps plein à Düsseldorf et à Lyon qu’à Copenhague et à Oslo. Alors que les Scandinaves ont opté pour la flexibilité tout au long de la carrière, les “continentaux” ont misé sur le partage des heures hebdomadaires et se retrouvent avec les taux de chômage les plus élevés en Europe !

comment situez-vous les modèles britanniques et irlandais ?Le marché de l’emploi y est beaucoup plus ouvert aux femmes qu’au Sud. Mais les salaires des hommes y demeurent plus élevés et un tiers d’entre eux font des heures supplémentaires – jusqu’à 49 heures travaillées par semaine. Le travail à temps partiel des femmes est le corollaire des heures supplémentaires des hommes !Et puis, bien sûr, il y a les pays de l’Est qui ont rejoint récemment l’UE. Ce modèle de “transition” associe une longue semaine de travail et une retraite anticipée. Ce modèle a retenu de la période communiste le partage équitable du temps de travail entre hommes et femmes, une très grande

flexibilité et d’importantes structures d’accueil pour les enfants. Malgré leurs turbulences économiques, ces pays sont actuellement les plus proches dumodèle scandinave.

tous ces modèles ont leurs limites. chacune des catégories que vous décrivez ont des exceptions…Bien sûr. Ces modèles constituent des cadres de travail qui ne doivent pas occulter les facteurs spécifiques à chaque pays. Ainsi, si la France et l’Allemagne peuvent être classées dans un même modèle, leurs structures d’accueil pour enfants et les horaires scolaires diffèrent fortement. De même, une récente étude sur les femmes qui travaillent à temps partiel dans les grands magasins, menée en Grande-Bretagne, en Allemagne et en France, a montré que la fameuse notion de “temps partiel subi” est purement française. Dernier exemple avec le Portugal, où les modèles culturels du Sud prédominent mais où le travail est partagé entre les hommes et les femmes, tout comme en Finlande !

Les directives de Bruxelles parviendront-elles à harmoniser les pratiques en matière de temps de travail ?Je ne crois pas que les pratiques sociales s’harmoniseront avec des décrets. Cela se fera progressivement, par la convergence des mentalités et des aspirations des gens – et avec le développement d’institutions telles que les structures d’accueil pour les enfants. La combinaison temps complet pour les hommes/temps partiel pour les femmes est une transition vers des modèles plus égalitaires. Et le modèle à deux temps complets pourrait évoluer vers un système où les deux époux travaillent à temps partiel.

gerhard Bosch est professeurde sociologie. Depuis 2007, il est également directeur del’institut du travail et des qualifications à l’universitéde Duisburg-essen. il est spécialisé dans les politiques relatives au marché du travail, au temps de travail, à l’emploi et à la formation. il a écrit de nombreux livres et articles et est régulièrement invité à des émissions de radio. gerhard Bosch travaille actuellement sur la dynamique des modèles d’emploi nationaux ainsi que sur la comparaison européenne des emplois "à faible niveau de qualification".

Quelques-unes de ses publicationsg. Bosch : "european employment models under pressure to change", 28th conference of the international working Party on Labour market segmentation iwPLms/Lest, université de marseille, aix-en-Provence, france, 04.07.2007.

g. Bosch, "working time andthe standard employment relationship"in Decent working time: new trends,new issues, J.-Y. Boulin, m. Lallement,J.-c. messenger, f. michon, (eds.), geneva : internat. Labour office, pp. 41-64, 2006.

g. Bosch, H. Bielenski, a. wagner,"working time preferences in sixteen european countries", europ. foundationfor the improvement of Living and working conditions, Dublin, 2002.

g. Bosch, s. Lehndorff, "working-time reduction and employment: experiences in europe and economic policy recommendations" in Cambridge journal of economics 25, pp. 209-243, 2001.

g. Bosch, "working time: from redistribution to modernization"in Changing labour markets in Europe:the role of institutions and policies,P. auer (ed.), 2001, pp. 55-115.

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eXPert

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La question de la durée légale du travail aurait-elle plus d’importance dans le débat idéologique que dans la pratique

des DRH ? Quand Lionel Prud’homme, DRH Europe de Carlson Wagonlit Travel, veut construire un modèle de productivité, il aligne les 10 pays où travaillent ses 11 000 salariés européens sur une “maille unique”, un Full Time Equivalent médian, effaçant les différences. La question n’est donc plus de savoir si on travaille plus au Royaume-Uni qu’en France ou en Allemagne, mais de mesurer le nombre de transactions conclues par le personnel dans un temps donné. “Il suffit de voyager pour constater que les pratiques nationales sont différentes des textes, observe le praticien. Il y a des évidences visuelles, dans les quartiers d’affaires comme dans la rue, qui démentent les chiffres officiels. On voit notamment que les cadres français travaillent plus que la plupart de leurs homologues européens.”

C’est donc en mesurant tout le monde à la même aune qu’on construira le modèle économique de l’entreprise et de son métier. Il s’agit rien moins que de rattraper le retard du service sur l’industrie en matière d’analyse de la valeur. Et Lionel Prud’homme n’a pas hésité à se doter pour cela d’un outil puissant, HR Intelligence, prélevant les données RH dans les systèmes de paie.

Mais il s’agit un enjeu plus économique que managérial. Certes, CWT pourra comparer la productivité des différents pays et se demander si un Italien signe plus de contrats en une heure qu’un Espagnol ou un Letton. Certes, CWT pourra implanter ses nouveaux “plateaux d’affaires” sur les territoires les plus favorables, puisque son activité est de plus en plus multilocale et déterritorialisée. Il pourra même classer les performances de ces plateaux, qui emploient 30 à 200 employés organisés en petites équipes de cinq ou six personnes au service de quelques clients. Mais que tirera-t-on de ces données sur le terrain du management ? “Tout, sauf des mesures technocratiques”, précise Lionel Prud’homme, qui a compris qu’on ne corrige pas des statistiques en signant des décrets. “Le succès de l’entreprise réside dans l’équilibre entre la recherche du profit et l’attention aux personnes.”

anthropologues du travail“Allez sur le terrain et comportez-vous en ethnologues du travail”, recommande Lionel Prud’homme aux DRH locaux de CWT. Au jour le jour, l’efficacité des équipes relève plus des arrangements interindividuels que de la stricte application de règles. La composition majoritairement féminine du personnel n’est pas étrangère à cet empirisme au quotidien, adaptatif, inventif, plus fécond en solutions qu’en conflits, plus productif que tatillon. “J’ai observé différentes sortes de tribus, note le DRH ethnologue : celles qui arrivent à 8 heures, celles qui arrivent à 8 heures 30, et ainsi de suite jusqu’à 10 heures. Ces pratiques découlent à la fois de l’âge des enfants et du caractère séquentiel de nos processus. Celles qui arrivent plus tard prennent le relais des autres.”

Temps de travail chez Carlson Wagonlit Travel

La vertu des petits arrangementsQuand les salaires sont le premier poste de coût, la durée légale du travail a-t-elle une influence significative sur la productivité des centres de profit ? Implanté dans 10 pays en Europe avec près de 1 034 "plateaux d’affaires" de 30 à 200 personnes, Carlson Wagonlit Travel analyse son business model. "Mais les ressorts de la performance ne sont pas dans les législations nationales, affirme Lionel Prud’homme, DRH européen, ils sont dans les bonnes pratiques du management."

Lionel Prud’homme, Vice-président en charge des ressources humaines EMEA de Carlson Wagonlit Travel

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“ “Les DRH locaux font office de médiateurs au nom des valeurs de l’entreprise

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Temps de travail chez Carlson Wagonlit Travel

La vertu des petits arrangementsQuand les salaires sont le premier poste de coût, la durée légale du travail a-t-elle une influence significative sur la productivité des centres de profit ? Implanté dans 10 pays en Europe avec près de 1 034 "plateaux d’affaires" de 30 à 200 personnes, Carlson Wagonlit Travel analyse son business model. "Mais les ressorts de la performance ne sont pas dans les législations nationales, affirme Lionel Prud’homme, DRH européen, ils sont dans les bonnes pratiques du management."

Lionel Prud’homme, Vice-président en charge des ressources humaines EMEA de Carlson Wagonlit Travel

Ce libéralisme des petits arrangements suffit-il à sa propre régulation, sans risques pour la productivité ni pour l’équité ? Non, bien sûr. Le management de proximité joue son rôle de gardien d’un certain nombre de limites génériques et d’arbitrages au nom des valeurs de l’entreprise. Cruciale, la question du temps partiel est traitée dans cette étroite marge de manœuvre. “Il serait impossible d’exercer notre métier avec un personnel absent le mercredi.” Opposable à chacun, la règle garantit l’égalité de tous. Mais les demandes seront néanmoins traitées cas par cas, sans jamais fermer les yeux sur les situations difficiles. “Notre mission de DRH est d’arbitrer inlassablement, souligne Lionel Prud’homme. C’est en arbitrant sans relâche que nous parvenons à montrer aux managers ce que nous attendons d’eux, le juste équilibre entre notre devoir de performance économique et notre rôle social.”

annualisation sans pointeuse ?Beaucoup plus collective qu’individuelle, la question de l’annualisation va nourrir le débat avec les partenaires sociaux. Le marché du voyage d’affaires connaît évidemment des périodes calmes et des périodes de forte activité. Alors, pourquoi ne pas varier dans son rythme de vie tout au long de l’année ? Le premier obstacle est, bien entendu, la garde des enfants : plus ou moins facile selon les pays (lire l’interview de Gerhard Bosch en p. 2), la solution mise en place par les familles est rarement flexible. “S’il le faut, lance Lionel Prud’homme, j’ouvrirai une hot line juridique pour accompagner l’annualisation du temps de travail des nurses !” La proposition était parfaitement assumée, mais elle n’a pas été prise au sérieux…

Second obstacle, les syndicats sont sceptiques sur la capacité de l’entreprise à assurer une juste mesure du temps ; d’où la surprenante recommandation de certains d’entre eux en faveur des pointeuses. “Pire que PratiQues

Carlson Wagonlit Travel

avec plus de 40 millions de transactions en et hors ligne par an, carlson wagonlit travel est le second voyagiste du monde et occupe la première position en europe, dans la région asie-Pacifique et en amérique latine. cwt est spécialisé dans la gestion des voyages d’affaires et emploie plus de 22 000 personnes dans 150 pays. en 2007, les filiales en propriété exclusive et joint ventures de cwt ont généré 20,5 milliards usD de ventes annuelles.

tout”, objectera le DRH, reprenant sans le citer l’argument de Chris Brewster (notre interview en p. 6). “La pointeuse, ça veut dire : on ne regarde plus votre valeur ajoutée, on compte vos heures.” Plus confiantes et plus simples, les solutions déclaratives semblent meilleures…

C’est ainsi que dans l’intimité des entreprises, loin des débats et des statistiques, le temps de travail résulte d’une certaine manière de pratiquer ensemble un métier. Et ce que l’ethnologue du travail découvre chez Carlson Wagonlit Travel, c’est la culture du voyage et cette évidence partagée, qu’on ne laisse pas un client en panne dans un aéroport. Bien sûr, HR Intelligence donnera bientôt ses normes de productivité. Mais pour expliquer les différences entre deux plateaux d’affaires, le DRH cherchera plutôt dans le profil des managers que dans les législations nationales.

“ “Les DRH locaux font office de médiateurs au nom des valeurs de l’entreprise

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du travail. D’ailleurs, quelle que soit l’entreprise et le pays, les gens passent généralement plus de temps au bureau qu’ils ne le pensent. Les statistiques sont certainement un indicateur très précis du temps de travail au nord de l’Europe, mais sont moins fiables pour les pays du Sud.

Les pays les moins productifs travaillent-ils moins ?Bien au contraire : ce sont les pays qui travaillent le plus longtemps qui sont les moins productifs ! D’une certaine façon, ils compensent une productivité horaire moindre en travaillant plus longtemps. C’est

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europe at work : La carte rH d’aDP montre de grandes disparités dans le temps de travail en europe. Les retrouve-t-on dans la productivité ?Chris Brewster : Ce n’est pas évident. Par exemple, la plupart des études européennes montrent que le temps de travail est plus important au Royaume-Uni

que partout ailleurs en Europe. Mais quiconque a déjà vécu en Europe du Sud a pu constater que les gens y travaillent très longtemps et souvent tard le soir. Bien sûr, ils peuvent faire de longues pauses-déjeuner, mais celles-ci, souvent partagées entre collègues… consistent à parler

Chris Brewster Temps de travail et productivité :au-delà des chiffres !Après avoir mené des recherches approfondies sur la gestion des ressources humaines internationales, collaboré avec de nombreuses entreprises de différents secteurs, publié une vingtaine de livres et plus d’une centaine d’articles, Chris Brewster s’autorise maintenant à prendre du recul. Au-delà des chiffres et des études, il nous offre une vision réaliste sur le temps de travail.

le cas notamment des États-Unis, dont on sait désormais qu’ils ont une productivité horaire moins élevée que ce que nous connaissons en Europe.

Les cultures d’entreprise ont-elles plus d’influence que les cultures locales ?C’est au sein de leur entreprise qu’opèrent les DRH, et leur gestion peut s’écarter largement des moyennes nationales ! Aux cultures nationales s’ajoute une culture organisationnelle propre à chaque entreprise. Par exemple, en Suède, les employés ont un rapport très mature avec leur temps de travail ; s’ils ont promis d’être à la maison à

18 heures, ils s’arrangent pour que ce soit possible… Cela n’empêche pas que même en Suède, il y a des entreprises où l’on fait de très longues journées. Bien sûr les DRH doivent intégrer cette culture nationale, mais la culture propre à leur organisation doit prévaloir.

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““Les pays qui travaillent plus longtemps sont moins productifs

Chris Brewster, Professeur de gestion de ressources humaines internationales et directeur du centre d’excellence RH d’Henley

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Que faut-il préférer pour une entreprise ? De longues heures avec une faible productivité ou…D’un point de vue managérial, il est souvent moins coûteux de laisser les gens travailler longtemps que d’investir dans de nouvelles technologies. Mais au bout du compte, chaque entreprise effectue plus ou moins la même quantité de travail ! Il y a quelques années, un des mes étudiants en doctorat a fait un projet de recherche sur la productivité, auprès d’organisations très diverses – des forces de police à des sociétés d’ingénierie. Certaines d’entre elles étaient très efficaces avec un nombre réduit d’heures travaillées, tandis que d’autres travaillaient moins efficacement, mais pendant plus longtemps. Nous avons observé des phénomènes très similaires en France, lorsque la semaine de 35 heures a été appliquée.

Le travail à temps partiel est un bon moyen pour diminuer le temps de travail. est-ce également un bon moyen pour accroître la productivité ?Les employés sont demandeurs… tout comme les employeurs. Il existe maintenant des données assez fiables qui montrent que les travailleurs à temps partiel ont tendance à être plus productifs. Concrètement, si vous n’êtes au bureau que quatre heures par jour, vous passez moins de temps à boire du café et à parler à vos amis et il vous est plus facile de vous concentrer et d’avancer dans votre travail. Cela vaut particulièrement pour les tâches répétitives. Avec le travail à temps partiel, les gens travaillent à un meilleur rythme.

est-il toujours utile de contrôler le temps de travail ?Productivité et temps de travail peuvent être dissociés. Tout dépend de l’entreprise, et,

chris Brewster est professeur de gestion de ressources humaines internationales à l’université de reading et à la school of Leadership, change and Hr management (ru). il est également directeur du centre d’excellence rH d’Henley. il a mené de nombreux projets de recherche dans le domaine de la gestion des ressources humaines internationales et comparatives. il est en outre le fondateur et conseiller spécial du portail web cranet, qui conduit des recherches dans plus de 40 pays.chris Brewster a publié une vingtaine de livres et plus de 100 articles. actuellement, il travaille sur la convergence des pratiques rH à l’international.

Quelques-unes de ces publicationsc. Brewster et o. tregaskis,"converging or diverging? a comparative analysis of trends in contingent employment practice in europe over a decade", Journal of International Business Studies 37, (forthcoming).

c. Brewster, "comparative Hrm: european views and perspectives", International Journal of Human Resource Management, 18:5, may 2007, pp. 769-787.

c. Brewster, P. sparrow and g. Vernon, International Human Resource Management, 2nd edition, 2007, London, uk, chartered institute of Personal Development, p. 230.

c. Brewster, "a european perspective on Hrm", European Journal of International Management, volume 1, n° 3, 2007, pp. 239-259.

>>au sein de celle-ci, du poste concerné. Pour certaines tâches, les horaires sont essentiels. Par exemple, si vous servez des clients dans un magasin, il faut avant tout vous assurer que celui-ci ouvre à l’heure, et la productivité passe au second plan.Dans le cas des activités de production ou de création, c’est l’inverse : en bout de chaîne, l’heure à laquelle les biens on été produits n’a aucune importance !

Du point de vue de la gestion des ressources humaines, toute la difficulté est de donner à chacun le sentiment qu’il est traité de manière juste et équitable. J’ai souvent pu constater que dans les entreprises on applique des règles de temps de travail à des personnes pour lesquelles la durée du travail est beaucoup moins importante que leur productivité. Personne n’a vraiment à y gagner. Pour ces employés, cela est perçu comme une contrainte arbitraire, imposée à leur liberté d’aller et venir et d’assurer leur mission comme ils l’entendent. Certaines de ces personnes peuvent alors douter : “Sommes-nous payés pour le nombre de clients que nous pouvons conquérir ou simplement payés pour être présents ?”

Quel est aujourd’hui le principal problème auquel sont confrontés les DrH européens ?La plupart des DRH tendent à standardiser les pratiques à travers le monde pour éviter un fonctionnement de type “la liberté pour tous”, où l’on réinvente la roue à tout moment. Mais ils doivent aussi prendre en compte les particularités locales – législatives, culturelles et économiques. C’est un enjeu majeur pour tous les domaines de la gestion des ressources humaines internationales, et pour la gestion du temps de travail en particulier.

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Mer Méditerranée

Mer du Nord Mer Baltique

Mer Noire

Temps de travail réel : moyenne annuelle des heures travaillées par personne

Moyenne annuelle des heures travaillées par personne

Source : OECD 2006 – Nombre d’heures annuelles par personne 2004, 2005 (11)

Aucun pays dans la fourchette 1 800-1 900

< 1 500 h

1 500 – 1 600

1 600 – 1 700

1 700 – 1 800

1 900 – 2 000

> 2 000 h

Données non

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faits et cHiffres

Le saviez-vous ?• Temps de travail annuel en 2005 :

États-Unis : 1 809 heures

Japon : 1 802 heures

Canada : 1 737 heures

• Le temps de travail hebdomadaire maximum (heures supplémentaires incluses) de 48 heures, comme défini par l’U.E., est la règle de base dans de nombreux pays – comme le Danemark, la France, l’Allemagne, la Hongrie, l’Irlande, le Luxembourg, la Norvège et le Royaume-Uni.

disponibles

Page 9: Atlas Européen : Temps De Travail

Heures

Temps de travail réel : nombre d’heures travaillées par semaine*

* Nombre d’heures habituellement travaillées par semaine, à temps complet Source : European Communities Eurostat 2006 – Usual hours per week 2005 (2)

Temps de travail annuel contractuel

Jours fériés

Jours de congés

Congé annuel

Jours

Heures

Source : European Foundation for the Improvement of Living and Working Conditions 2006 – Collectively agreed working time 2005 (17)

Durée légale du travail : jours de congés et nombre d’heures annuelles

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facts & figures

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