Transcript
Page 1: Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer

Presse Med. 2013; //: ///� 2013 Elsevier Masson SAS.Tous droits réservés.

en ligne sur / on line onwww.em-consulte.com/revue/lpmwww.sciencedirect.com

Parasitologie

int

Pour citer cet article : Dedet J-P et al., Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer,Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.03.010.

Mis

ea

up

o

Key points

Epidemiology of autochthonou

Leishmania infantum is the onlpolitan France; located in thecountry, it is responsible for a hwhile the human endemicity is loreported to the National Referemainly visceral forms.In French Guyana, five LeishmAmazonian forest, of which L. gspecies, and L. braziliensis is resforms. The most frequent clinicmaniasis, with a mean annual iwith some inter-annual fluctuatIn Martinique Island, recent spresence of an ancestral Leis

tome // > n8/ > /http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.03.010

Épidémiologie des leishmanioses autochtonesen France métropolitaine et d’outre-mer

[TD$FIRSTNAME]Jean-Pierre [TD$FIRSTNAME.E] [TD$SURNAME]Dedet [TD$SURNAME.E]1, [TD$FIRSTNAME]Bernard [TD$FIRSTNAME.E] [TD$SURNAME]Carme [TD$SURNAME.E]2, [TD$FIRSTNAME]Nicole[TD$FIRSTNAME.E] [TD$SURNAME]Desbois[TD$SURNAME.E]3, [TD$FIRSTNAME]Gilles [TD$FIRSTNAME.E] [TD$SURNAME]Bourdoiseau[TD$SURNAME.E]4,[TD$FIRSTNAME]Laurence[TD$FIRSTNAME.E] [TD$SURNAME]Lachaud[TD$SURNAME.E]1,5, [TD$FIRSTNAME]Francine[TD$FIRSTNAME.E] [TD$SURNAME]Pratlong [TD$SURNAME.E]1

1. Université Montpellier-1, CHRU de Montpellier, centre national de référence desleishmanioses, département de parasitologie-mycologie, UMR « MIVEGEC » (CNRS5290, IRD 224, UM1, UM2), 39, avenue Charles-Flahault, 34295 Montpellier cedex,France

2. Université des Antilles et de la Guyane, centre hospitalier de Cayenne (laboratoirede parasitologie, équipe EA 3593 et CIE 802 Inserm), France

3. CHU de Fort-de-France, laboratoire de parasitologie-mycologie-immunologie,Martinique, France

4. Université de Lyon, Vet Agro Sup Campus Vétérinaire de Lyon, Parasitologie-Maladies parasitaires, 69280 Marcy l’Étoile, France

5. CHU Caremeau, laboratoire de parasitologie-mycologie, Nîmes, France

Correspondance :Jean-Pierre Dedet, Laboratoire de parasitologie-mycologie, 39, avenue Charles-Flahault, 34295 Montpellier cedex 5, [email protected]

Disponible sur internet le :

s leishmaniases in France

y species occurring in metro-Mediterranean part of the

ighly enzootic canine disease,w, with about 23 cases yearlynce Centre of Leishmaniases,

ania species occur in theuyanensis is the predominantponsible for the most critical

al feature is cutaneous leish-ncidence reaching 2 p. 1000,ions.tudies have confirmed thehmania species, responsible

1

Point essentiels

En France métropolitaine, l’espèce Leishmania infantum estla seule présente ; localisée à la partie méditerranéenne dupays, elle est responsable d’une forte enzootie canine, alorsque l’endémicité humaine est faible, avec environ 23 cassignalés annuellement au Centre national de référence desleishmanioses, principalement des formes viscérales.En Guyane, cinq espèces de Leishmania circulent en forêtamazonienne, dont L. guyanensis, l’espèce prédominante, etL. braziliensis, responsable des formes les plus graves. La formeclinique largement majoritaire est la leishmaniose cutanée, quiprésente une incidence annuelle moyenne estimée à 2 p. 1000,avec d’importantes fluctuations interannuelles.En Martinique, des études récentes ont confirmé la présenced’une espèce ancestrale de Leishmania, responsable delésions cutanées de petite taille, d’évolution bénigne ; le cycleépidémiologique de cette espèce demeure inconnu.

LPM-2235

Page 2: Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer

2

for small cutaneous lesions, of mild evolution; the life cycle ofthis species remains unknown.In Guadeloupe Island, a few autochthonous visceral leish-maniasis cases have been reported, needing a prospectivestudy.

En Guadeloupe enfin, de rares cas autochtones de LV ont étésignalés, nécessitant une étude prospective.

Pour citer cet article : Dedet J-P et al., Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer,Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.03.010.

J-P Dedet, B Carme, N Desbois, G Bourdoiseau, L Lachaud, F Pratlong

Les leishmanioses sont un groupe de maladies parasitaires àtransmission vectorielle dues à des protozoaires flagellés dugenre Leishmania. Ces parasites affectent de nombreusesespèces de mammifères, dont l’homme, auxquelles ils sonttransmis par la piqûre d’un insecte vecteur, le phlébotome.Largement répandues à la surface du globe, les leishmaniosesconnaissent une aire géographique intertropicale, mais débor-dant largement sur les zones tempérées du Sud de l’Europe,d’Afrique du Nord, d’Asie et d’Amérique.Présentes sur quatre continents, elles sont endémiques dans98 pays ou territoires [1]. La population exposée au risque deleishmanioses est estimée à 350 millions de personnes et lenombre de nouveaux cas annuellement diagnostiqués, toutesformes cliniques confondues, est évalué entre 1,5 et deuxmillions. Le poids économique mondial des leishmaniosesest chiffré à près de 2,4 millions d’années de vie perduespour mortalité prématurée, selon l’indice DALY de l’Organisa-tion mondiale de la santé [1].Chez l’homme, les leishmanioses se présentent sous différen-tes formes allant d’une atteinte viscérale à des lésions tégu-mentaires, dont les taux de morbidité-mortalité sont variables.Certaines de ces formes sont mortelles, comme la leishmanioseviscérale (LV) et d’autres sévèrement mutilantes, telle la leish-maniose cutanéomuqueuse (LCM) ; les leishmanioses cutanées(LC) présentent un gradient évolutif, pouvant aller de formes engénéral spontanément curables, comme la leishmaniosecutanée localisée(LCL) à d’autres rebelles à toute thérapeu-tique, telles que la leishmaniose cutanée diffuse (LCD). Cettemultiplicité des tableaux cliniques résulte à la fois d’un largeéventail d’espèces de Leishmania possédant des tropismesdistincts pour les organes profonds, la peau ou les muqueusesde la face et, d’autre part, de la variation de la réponseimmunitaire de l’hôte infecté.Les leishmanioses sont présentes non seulement en Francemétropolitaine, avec Leishmania infantum responsable princi-palement de LV dans la partie méditerranéenne du pays, maisencore dans plusieurs territoires de l’outre-mer français, essen-tiellement en Guyane, mais aussi aux Antilles, avec d’autresespèces principalement responsables d’atteintes cutanées.Les leishmanioses font l’objet en France d’une surveillanceconfiée au Centre national de référence des leishmanioses

(CNRL) (CHRU de Montpellier et université Montpellier-1)depuis 1998.L’objectif du présent article est de faire la synthèse desconnaissances épidémiologiques et des données de la surveil-lance des leishmanioses autochtones (humaines et animales)sur le territoire national métropolitain et ultramarin.

Leishmanioses en France métropolitaineLes premières observations en France métropolitaine datent dudébut du XX

e siècle : Pringault, en 1914, rapporte le premier casde leishmaniose canine à Marseille [2], Ravaut (1920) lepremier cas de LC dans les Pyrénées-Orientales [3] et D’Astroset al. (1923) la première LV à Marseille [4]. Un premier cas deleishmaniose muqueuse (LM) est décrit par Ranque et al. en1962 en Provence [5].La zone d’extension de la parasitose correspond aux régions declimat de type méditerranéen, limitrophes de la mer. La leish-maniose canine est fortement endémique, alors que les leish-manioses humaines ont une prévalence globalement faiblequ’elles soient viscérales ou tégumentaires, cutanées et excep-tionnellement muqueuses.

ÉpidémiologieParasiteL. infantum est la seule espèce présente dans le Sud de laFrance. L’analyse isoenzymatique, technique d’identification deréférence reconnue par l’OMS [1], d’intérêt épidémiologiquepour l’identification des éléments du cycle, révèle une certainediversité phénétique. Ainsi, sept zymodèmes ont été indivi-dualisés en France. Parmi eux, le zymodème MON-1 est le plusfréquent et le plus largement répandu, tant chez le chien quechez l’homme, et aussi bien dans la LV comme dans les formesplus rares (LC et LM) et au cours de la co-infection Leishmania/VIH [6,7].

Vecteur

Deux espèces de phlébotomes sont vectrices de L. infantum enFrance : Phlebotomus perniciosus, vecteur principal, et P. ariasi[8]. P. perniciosus possède une large répartition géographique,allant du Portugal à l’Ouest, jusqu’à la Crète et à la Turquie àl’Est. Son aire d’extension déborde largement la région debioclimat méditerranéen, puisque l’espèce a été rencontréejusqu’en Haute-Marne, Seine-et-Marne et Val-d’Oise [8].

tome // > n8/ > /

Page 3: Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer

Mis

ea

up

oin

t

Pour citer cet article : Dedet J-P et al., Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer,Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.03.010.

Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-merParasitologie

De distribution géographique plus restreinte, P. ariasi estobservé seulement dans la partie occidentale du Bassin médi-terranéen, Portugal, Espagne et France, où elle est liée à l’étagede végétation de la chênaie mixte.

Réservoir

Le chien, Canis familiaris, est le réservoir principal deL. infantum. Le renard, Vulpes vulpes, a été trouvé porteurde ce parasite dans le sud de la France [8], en Italie [9] et auPortugal [10], mais sa place dans le cycle naturel du parasiten’est pas totalement élucidée. Enfin, bien que décrite en 1912[11], la leishmaniose du chat, Felis catus, a été longtempsconsidérée comme un phénomène exceptionnel. Elle sembleune réalité dans certains pays du sud de l’Europe (Espagne etFrance), avec une prévalence particulièrement élevée en Italie[12]. Le rôle épidémiologique de cet animal reste encore àdéterminer : hôte occasionnel ou vrai réservoir ?

Leishmanioses canine et féline

L’enzootie de leishmaniose canine en France est principale-ment localisée dans les zones de bioclimat méditerranéen dusud du pays, des Pyrénées-Orientales jusqu’à la Côte d’Azur etla Corse, en passant par les Cévennes et la Provence. Des foyers

[(Figure_1)TD$FIG]

Figure 1

Localisation des cas de leishmaniose canine inclus dans la base de dondu projet européen « Emerging Diseases in a changing European enviroChamaillé al., 2010 (avec l’autorisation de la revue Parasites and Ve

tome // > n8/ > /

ectopiques sont occasionnellement rencontrés, comme celui dela Moyenne vallée de l’Ariège dans un micro-climat de végéta-tion méditerranéenne [13]. Mais le territoire géographique del’enzootie, pas plus que la prévalence de l’affection, ne sontconnus avec précision.Récemment, une base de données rétrospectives intégrantl’ensemble des études et publications rapportant des préva-lences ou des cas de leishmaniose canine autochtone entre1965 et 2007, a permis la réalisation d’une carte de présenceconcernant 425 localités où la leishmaniose canine a étédétectée [14]. Cette carte (figure 1) met en lumière les princi-pales zones enzootiques, en particulier le versant méditerra-néen des Cévennes et des Alpes et la Côte-d’Azur. Des casmoins nombreux concernent la Provence, la Corse et les Pyré-nées-Orientales, zones mal représentées par ce type de carto-graphie, basée sur l’activité de dépistage de certains centrescomme Montpellier, Nice, Lyon ou Marseille. En dehors desterritoires endémiques de climat méditerranéen, des casgroupés ont été décrits, comme en Indre-et-Loire, où 13 casfurent détectés par Houin et al. [15], dans six différenteslocalités proches de Tours.La prévalence de la leishmaniose canine en France a étéévaluée soit directement à travers des enquêtes de dépistage

3

nées rétrospectives 1965–2007, réalisée par le CNRL dans le cadrenment » (EU grant GOCE-2003-010284 EDEN). Extrait de l’article dectors)

Page 4: Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer

4

Pour citer cet article : Dedet J-P et al., Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer,Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.03.010.

J-P Dedet, B Carme, N Desbois, G Bourdoiseau, L Lachaud, F Pratlong

séro-épidémiologique [16,17], menées dans les foyersd’enzootie, soit de manière indirecte par utilisation de ques-tionnaires chez les vétérinaires praticiens [18,19], soit par lasoutenance de thèses d’exercices vétérinaires [20–23]. Selonles enquêtes, les prévalences observées se situent de 3 à 5,8 %dans l’étage de la chênaie mixte en Cévennes [24], et entre 3 et28 % dans les Alpes-Maritimes [17]. Une tendance à la fois àl’accroissement du nombre de cas et à l’extension territorialede la parasitose a été récemment détectée : grâce à deuxenquêtes similaires menées chez des vétérinaires à 15 ansd’intervalle, Bourdeau [19] a montré que le nombre de départe-ments dans lesquels les vétérinaires diagnostiquaient plusde 50 cas par an avait doublé entre 1988 et 2003. À partir del’enquête de 2004, le même auteur a estimé que le nombrede nouveaux cas annuels de leishmaniose canine en Francepouvait atteindre 30 000.La base de données réalisée par Chamaillé et al. [14] traitéedans un système d’information géographique selon une appro-che écologique, statistique et de modélisation, a permis d’obte-nir une carte de risques prédictifs de la leishmaniose canine enFrance, montrant les zones de distribution potentielle en dehorsde son territoire classique du pourtour méditerranéen (http://www.parasitesandvectors.com/content/3/1/31).En zone d’endémie forte et stable, la densité et la périoded’activité des populations de phlébotomes infectés condition-nent la prévalence et l’incidence de la maladie canine, l’appari-tion de cas chez le chat et le caractère saisonnier de lacontamination. Tout chien, quels que soient son âge, sa race,son sexe et la longueur de poils, peut être infecté lors d’uneexposition aux piqûres ; tout chien infecté n’exprime pas lamaladie.Toutefois, il existe, en plus de cette contamination vectorielle,d’autres modes de transmission du parasite démontrés chez lechien : transmissions vénérienne, in utero et transfusionnelle ;ces modes de transmission peuvent, dans des conditionsd’élevage, instaurer et/ou développer des foyers y comprisen zone indemne à partir de quelques chiens parasités.Chez le chien, la leishmaniose est qualifiée de générale dansla mesure où la distinction cutanée/cutanéomuqueuse/viscérale retenue chez l’homme n’est pas justifiée, le parasiteétant le plus souvent disséminé, intéressant de nombreuxtissus et appareils : la leishmaniose canine est une maladiesystémique extrêmement protéiforme, associant signes clini-ques généraux, lymphatiques, cutanés et muqueux.L’association des critères cliniques, biologiques, parasitaires etsérologiques permet de définir quatre statuts : animal exposé,infecté, malade, sévèrement malade, statuts à la base d’uneattitude thérapeutique adaptée.Les cas de leishmaniose féline [17,25,26] restent exceptionnelsen France : ils sont observés en zone de forte endémie ets’expriment souvent par une dermatite croûteuse, parfoisulcérative, de la face et des pavillons auriculaires. Le plus

souvent, la maladie n’est pas associée à une dégradationgénérale ni à une infection préalable par les virus de l’immu-nodéficience féline (FIV) ou leucémogène (FeLV).

Leishmanioses humaines

Tout comme pour la leishmaniose canine, cinq zones d’infesta-tion, de la frontière espagnole à la frontière italienne, peuventêtre individualisées : les Pyrénées-Orientales, les Cévennes(incluant les départements suivants : Hérault, Aveyron,Lozère, Ardèche et Gard), la Provence (Bouches-du-Rhône,Vaucluse, Drôme et Alpes-de-Haute-Provence), les Alpes-Mari-times (Alpes-Maritimes et Var) et la Corse.Avant la création du CNRL, aucune surveillance officielle desleishmanioses n’existait. Au cours de cette période, le dénom-brement des cas était limité aux études rétrospectives biblio-graphiques réalisées à l’occasion de thèses d’exercice [27–30](cf. la section « Données rétrospectives sur les différents foyers(période antérieure à 1999) »).À partir de 1999, les données du CNRL ont été prises encompte ; bien que non exhaustives, elles correspondent àune surveillance prospective reflétant davantage la réalitépar rapport à la période précédente (cf. la section Surveillancepar le CNRL (1999–2011)).

Données rétrospectives sur les différents foyers (périodeantérieure à 1999)Pyrénées-OrientalesLes premiers cas de leishmaniose dans cette zone ont étérapportés en 1920 pour la LC [3], 1966 pour la LV [28] et1999 pour la LM (donnée CNRL).La LC est nettement prédominante dans ce foyer par rapportaux formes viscérales. Entre 1920 et 1996, 52 cas de LC ont étérecensés pour 15 cas de LV. La LC est sporadique jusqu’à la findes années 1970, avec une incidence annuelle globale de0,02 cas pour 100 000 habitants. Le nombre de cas augmenteensuite régulièrement de 1979 à 1996, avec une incidenceannuelle qui atteint 0,5 cas pour 100 000.Pour la LV, l’incidence annuelle est de 0,07 cas pour100 000 habitants pour la période 1966–1989, et passe ensuiteà 0,35 cas pour 100 000 pour la période 1989 à 1996 [28].

Foyer cévenolLes premiers cas de leishmanioses dans cette zone ont étérapportés en 1933 pour la LV [31], en 1951 pour la LC [32] et en1974 pour la LM [33].La LV est nettement prédominante dans ce foyer : entre1933 et 1994, 123 cas de LV (78 %), 31 cas de LC (20 %) ettrois cas de LM (2 %) ont été recensés [34]. La fréquence descas de LV reste faible jusqu’en 1972 avec une incidenceannuelle moyenne de 0,039 cas pour 100 000 habitants.Elle augmente de façon significative par la suite avec uneincidence annuelle moyenne de 0,24 cas pour 100 000 de1973 à 1993 (deux à 10 cas par an).

tome // > n8/ > /

Page 5: Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer

Mis

ea

up

oin

t[(Figure_2)TD$FIG]

0

5

10

15

20

25

30

35

40

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Figure 2

Évolution des nombresannuels de déclarations decas de leishmaniosesautochtones faites au CNRLentre 1999 et 2011

Pour citer cet article : Dedet J-P et al., Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer,Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.03.010.

Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-merParasitologie

Pour la LC, les cas se répartissent de façon relativementhomogène dans le temps avec une incidence annuellemoyenne globale de 0,05 cas pour 100 000 pour la période1951–1994 [27,34].

Foyer provençalLes premiers cas de leishmanioses dans cette zone ont étérapportés en 1922 pour la LV [4], 1948 pour la LC [35] et1962 pour la LM [5].Le foyer provençal est également à prédominance de LV : de1923 à 1987, 531 cas de LV ont été diagnostiqués. Durant cettepériode, une dizaine de nouveaux cas (plus ou moins cinq) paran ont été dénombrés, hormis dans les années 1950 et 1960,où l’endémie a connu une régression importante. Dans lesannées 1980, une recrudescence a été observée avec 91 nou-veaux cas entre 1983 et 1987 [36]. Depuis 1987, les publica-tions concernent essentiellement des cas pédiatriques : entre1981 et 1997, 58 cas de leishmaniose viscérale infantile (LVI)ont été rapportés [37,38].La LC est sporadique, avec quelques cas rapportés avant 1948 et11 cas entre 1948 et 1987 [35,39–43].Les cas de LM sont exceptionnels avec trois cas décrits entre1962 et 1998 [5,44,45].

Foyer des Alpes-MaritimesLes premiers cas de leishmaniose dans cette zone ont étérapportés en 1922 pour la LV [46] et en 1943 pour la LC[47]. Aucun cas de LM n’a été observé durant cette période.Ici encore, la LV est prédominante. Alors que de 1960 à1970 deux cas seulement ont été rapportés [48], 174 casont été diagnostiqués de 1975 à 2004, dont une cinquantainede co-infection avec le VIH [17,49]. Entre 1975 et 2004, on aobservé en moyenne six nouveaux cas de LV par an avec unmaximum de 17 nouveaux cas en 1996.La LC est sporadique, avec seulement huit cas diagnostiqués[17]. Hormis le premier cas décrit en 1943, tous les autres ont

tome // > n8/ > /

été décrits depuis 1986 [50–53]. Six de ces huit cas ont étédiagnostiqués sur la période de 1986 à 1995, ce qui correspondà 0,5 nouveau cas par an.

Foyer corseLes premiers cas de leishmaniose en Corse ont été rapportés en1933 pour la LV [54] et en 1994 pour la LC [55].Peu de données existent concernant ce foyer, et les proportionsde LV et de LC y sont inconnues. Cependant, quelques cassporadiques de LV ont été signalés [56,57].

Surveillance par le CNRL (1999–2011)

En France, les leishmanioses ne sont pas des maladies àdéclaration obligatoire. Elles sont pourtant recensées depuis1999 par le Centre national de référence des leishmanioses(CNRL), chargé de la surveillance. Celle-ci repose sur les décla-rations passives des cas autochtones ou importés, faites prin-cipalement par les différentes structures sanitaires amenées àprendre en charge les patients et/ou à diagnostiquer les cas.Durant la période d’activité de surveillance du CNRL 1999–

2011, 1362 déclarations de cas de leishmanioses ont étéadressées, dont 298 cas autochtones (21,8 %) et 1064 casimportés (78,3 %). Dans 6,7 % des cas (n = 92), l’originegéographique de la contamination n’était pas assez précisé-ment renseignée.Seuls les cas autochtones seront pris en considération dans cetarticle.L’évolution annuelle des déclarations de cas autochtones appa-raît sur la figure 2 et montre des fluctuations légères autour dela valeur moyenne de 22,9 cas par an.La majorité des 298 cas de leishmanioses autochtones déclarésconcernent la LV (n = 252, soit 84,56 %), cependant, les cas deLC sont rares (n = 35, soit 11,74 %) et ceux de LM exceptionnels(n = 9, soit 3,02 %). Les nombres annuels moyens de casautochtones déclarés sont faibles : 22,9 toutes formes cliniquesconfondues, 19,5 pour la LV.

5

Page 6: Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer

6

Tableau I

Départements d’origine des cas autochtones de leishmanioses déclarés au CNRL de 1999 à 2011 : nombres de cas, nombres moyensannuels et incidences annuelles moyennes pour 100 000 habitants

Départements LV LC LM Non précisé Total Nombres moyens annuels Incidences annuellesMoyennes

Alpes-de-Haute-Provence (04) 2 – – – 2 0,15 0,1

Alpes-Maritimes (06) 81 9 1 91 7 0,7

Ardèche (07) 9 – – 9 0,69 0,24

Aude (11) 1 – – 1 0,07 0,02

Aveyron (12) 2 1 1 4 0,30 0,12

Bouches-du-Rhône (13) 42 4 2 1 49 3,76 0,21

Corse (2A et 2B) 14 1 – 15 1,15 0,41

Drôme (26) 2 – – 2 0,15 0,03

Gard (30) 15 1 – 16 1,23 0,19

Hérault (34) 14 8 – 22 1,69 0,17

Lozère (48) 3 – – 3 0,23 0,32

Pyrénées-Orientales (66) 14 4 2 1 21 1,61 0,39

Var (83) 17 3 1 21 1,61 0,17

Vaucluse (84) 3 – – 3 0,23 0,05

Département non précisé 33 4 2 39 3

Total 252 35 9 2 298 22,91

Pourcentages 84,56 11,74 3,02 0,67

Pour citer cet article : Dedet J-P et al., Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer,Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.03.010.

J-P Dedet, B Carme, N Desbois, G Bourdoiseau, L Lachaud, F Pratlong

Le lieu d’origine de la contamination a pu être précisé dans latrès grande majorité des cas (85 %). Parmi les 15 départementsconcernés (tableau I), dominent les Alpes-Maritimes (6,92 caspar an en moyenne) et les Bouches-du-Rhône (3,53 cas par anen moyenne). Dans un deuxième groupe de départements(Gard, Hérault, Pyrénées-Orientales et Var), le nombre de casmoyens est situé entre 1 et 2. La majorité des cas autochtonesde leishmanioses (90,48 %) proviennent des départementslittoraux, à l’exception de l’Aude (figure 3).La LV autochtone se voit à tout âge : la moyenne est de 35 ans(extrêmes 1–85 ans) dans l’échantillon 2001–2003 [58], elleest de 36 ans (extrêmes 1–89 ans) dans l’échantillon 2007–

2011 (donnée CNRL). La fréquence de la co-infection avec le VIHest passée de 45,45 %, dans l’échantillon 2001–2003 à 21,5 %dans l’échantillon 2007–2011, suite à la généralisation destrithérapies. Les autres causes d’immunodépression ont enrevanche progressé (15,2 % en 2007–2011). La fréquencedes infections asymptomatiques dans les zones endémiques

a été révélée à l’occasion de l’émergence de l’infection VIH[59].

Synthèse

Les données de la surveillance éclairent les données historiquesobtenues lors d’enquêtes rétrospectives ponctuelles. Ainsi, laLV apparaît prédominante dans les Alpes-Maritimes, les Céven-nes et la Provence, le niveau maximal d’endémicité s’observanten Provence. Dans les Pyrénées-Orientales, Cévennes, Pro-vence et alpes-Maritimes, l’évolution de l’endémicité de laLV est comparable. Elle présente des fluctuations interannuellesmarquées et une recrudescence des cas à partir des années1970 pour le foyer cévenol, et des années 1980 pour les troisautres foyers.La LC est retrouvée principalement dans les Pyrénées-Orienta-les, où s’observe son maximum d’endémicité. Elle est spora-dique dans les autres foyers.

tome // > n8/ > /

Page 7: Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer

Mis

ea

up

oin

t[(Figure_3)TD$FIG]

Figure 3

Incidences annuelles moyennes pour 100 000 habitants et par département de cas de leishmanioses rapportés au CNRL entre 1999 et2011. Les deux régions principalement impliquées par les leishmanioses sont la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et la régionLanguedoc-Roussillon. Deux autres régions ne sont concernées qu’à la marge : la région Rhône-Alpes, par les départements de l’Ardècheet de la Drôme, et la région Midi-Pyrénées par le département de l’Aveyron

Pour citer cet article : Dedet J-P et al., Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer,Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.03.010.

Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-merParasitologie

La LM reste exceptionnelle dans le Sud de la France : dix caspubliés de 1997 à 2009 [60].Dans le Sud de la France, la transmission de la leishmaniose estpéri-urbaine ou rurale dans tous les foyers, hormis en Provenceoù elle semble majoritairement urbaine.Au plan épidémiologique, il serait important d’évaluer lesrelations éventuelles entre prévalence canine et prévalencehumaine, pour confirmer le rôle de réservoir canin et, par voiede conséquence, l’importance de la surveillance enzootique parle vétérinaire.

Leishmanioses dans les territoires françaisd’Amérique

Leishmanioses en GuyaneLa LC en Guyane est connue depuis 1943 [61] et des cas ont étérégulièrement rapportés depuis cette date. Si L. guyanensis estincontestablement l’espèce la plus fréquente, le nombred’espèces a augmenté au fil des années. Par contre, aucuncas de LV contractée en Guyane n’a pour l’instant été rapporté.

tome // > n8/ > /

Situation épidémiologique

La LC, étroitement associée à l’environnement forestier ama-zonien, fait partie du paysage infectieux traditionnel de laGuyane française [62]. Cinq espèces de Leishmania y ont étérecensées : L. guyanensis, largement prédominante avec prèsde 90 % des cas, L. amazonensis, L. braziliensis, L. lainsoni etL. naiffi. La forêt amazonienne, à forte densité végétale etpluviosité élevée (> 3 m/an) est un milieu favorisant à la foisla multiplication des vecteurs et celle des mammifères sauva-ges réservoirs de parasites. Le développement démographiquede la population et l’anthropisation du milieu facilitent lescontacts Homme-Leishmanie. Ces particularités se retrouventsur la presque totalité du territoire guyanais.Deux cycles parasitaires ont été particulièrement étudiés.Celui de L. guyanensis se déroule dans la canopée avec lephlébotome arboricole Lutzomyia umbratilis comme vecteur,le paresseux à deux doigts, Choloepus didactylus, commeréservoir principal, et l’opossum Didelphis marsupialis

comme réservoir secondaire. Le second cycle concerne surtout

7

Page 8: Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer

8

Pour citer cet article : Dedet J-P et al., Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer,Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.03.010.

J-P Dedet, B Carme, N Desbois, G Bourdoiseau, L Lachaud, F Pratlong

L. amazonensis, évoluant au niveau du sol avec Lutzomyia

flaviscutellata comme vecteur et Proechimys cuvieri pour réser-voir [63]. Les chauves souris, particulièrement nombreuses enGuyane, ne sont pas réservoirs de Leishmania [64].Les cas de leishmaniose humaine ont une répartition saison-nière bien établie, liée à une transmission plus importante àpartir de novembre et au cours des mois suivants (début desaison des pluies), période de plus grande présence au sol desvecteurs qui ne se cantonnent plus à la partie supérieure de lacanopée.Une étude récente portant sur près de 1500 cas observés dansle service de dermatologie du centre hopitalier de Cayenne(CHC) confirme cette donnée et précise les relations entrefacteurs climatologiques et LC. L’analyse des séries temporellesa montré une double corrélation négative entre nombre de caset importance des précipitations [65] : (1) à un niveau annuel,avec plus de cas au cours des années déficitaires en pluviomé-trie, (2) à un niveau mensuel, avec un décalage de deux mois,avec plus de cas si la pluviométrie est faible (figure 4).La situation épidémiologique des LC n’est pas figée en Guyanefrançaise du fait d’une forte anthropisation du milieu forestierliée à l’explosion démographique de ce département etassociée à de forts mouvements migratoires peu maîtrisés,tout particulièrement s’agissant de l’orpaillage clandestin. Ledéveloppement des infrastructures routières avec le raccor-dement en 2007 au réseau brésilien accentue ce phénomène.

[(Figure_4)TD$FIG]

Figure 4

Cas de leishmaniose cutanée vus dans le service de dermatologie du CHmensuelles en Guyane (l’histogramme des précipitations est présen

Source de l’illustration : la leishmaniose cutanée en Guyane. Études épidémiologique, clin

2010, A. Roger, Thèse Médecine, Université des Antilles et de la Guyane, mai 2011.

Recensement des cas de leishmaniose cutanée et desespèces en causeLe service de dermatologie du CHC a longtemps constitué lasource d’information principale, sinon unique, sur les LC diag-nostiquées en Guyane. Depuis 1998, le service de santé desforces armées en Guyane déclare ses propres cas au CNRL.Depuis l’année 2000, un effort de recensement est réalisé auniveau des Postes et centres de santé de l’intérieur de laGuyane, placés sous l’autorité administrative et médicale duCHC.L’incidence annuelle est souvent estimée à 2 p. 1000 [63,66],avec des variations interannuelles importantes (figure 5) tra-duisant à la fois l’influence des facteurs climatiques, mais aussiune plus ou moins grande exhaustivité des recensements etdes fluctuations des populations exposées (orpailleurs en pre-mier lieu). Ce taux paraît toutefois surestimé et correspondplutôt à un maximum. En effet, la contamination humainenécessite une immersion en forêt, or la grande majorité dela population guyanaise (240 000 habitants selon l’INSEE de2011) ne réside pas en milieu véritablement forestier mais surle bandeau littoral atlantique (�90 %), et à plus de 60 % dansles trois centres urbains du département (Cayenne, Kourou etSaint Laurent du Maroni). L’accent est mis depuis quelquesannées sur l’importance des cas liés à l’extraction minière enforêt [67], activité menée principalement par des immigrésbrésiliens dont beaucoup sont en situation irrégulière, ce qui

de Cayenne (1563 observations de 1992 à 2010) et précipitationsté avec un décalage de deux mois)

ique et thérapeutique des cas recensés au centre hospitalier de Cayenne de 1994 à

tome // > n8/ > /

Page 9: Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer

Mis

ea

up

oin

t[(Figure_5)TD$FIG]

0

50

100

150

200

250

300

350

400

1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Service Dermatologie CH Cayenne Service Santé FA en Guyane Centres Santé

Figure 5

Nombres de cas de leishmaniose cutanée confirmée au CH de Cayenne de 1986 à 2010 (centre de santé inclus)Les cas diagnostiqués en Guyane chez les militaires étaient inclus avant 1990 dans ceux du service de dermatologie du CHC, de 1998 à 2001 ils apparaissent en bleu foncé

puis ne sont plus compté à partir de 2002 sur cet histogramme.

Pour citer cet article : Dedet J-P et al., Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer,Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.03.010.

Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-merParasitologie

complique d’autant les recensements, la confirmation diag-nostique et le traitement des cas.Le diagnostic de LC est réalisé localement par l’examen para-sitologique direct d’un produit de lésion et peut être complétépar la culture et les techniques PCR [68]. L’identification de

[(Figure_6)TD$FIG]

Figure 6

Pourcentage d’identification des espèces de leishmanies au CH de CaPériode 1 : diagnostic d’espèce réalisé seulement en métropole (identification enzyma

d’identification par PCR-RFLP. Période 3 : utilisation large de la technique à Cayenne.

tome // > n8/ > /

l’espèce devient de plus en plus systématique, y compris pourles patients des centres de santé, et concerne la grandemajorité des cas vus en dermatologie à Cayenne (90 % en2010). Pour ce faire, une technique de PCR-RLFP mise aupoint localement [69] est, depuis 2009, utilisée en routine

9

yennetique et moléculaire). Période 2 : mise au point localement d’une technique

Page 10: Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer

10

Pour citer cet article : Dedet J-P et al., Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer,Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.03.010.

J-P Dedet, B Carme, N Desbois, G Bourdoiseau, L Lachaud, F Pratlong

au laboratoire de parasitologie-mycologie du CHC, associé auCNR des Leishmania (figure 6).L’identification de l’espèce présente un intérêt médical car ellepermet d’évaluer le potentiel évolutif et d’adapter le meilleurschéma thérapeutique, sachant que près de 10 % des cas sontdus à L. braziliensis, espèce pouvant être à l’origine desleishmanioses cutanéomuqueuses mutilantes [70]. Ellerevêt également un intérêt en santé publique en permettantla surveillance des foyers existants et l’émergence de nou-veaux foyers. Dans le cas de L. braziliensis, la surveillance aconfirmé la large implantation de cette espèce (8 à 10 % descas) [71], ce qui n’était pas le cas au cours des années 1980,sans signe de progression toutefois pour la période 2006–2010(figure 3).

Formes cliniques

La présentation clinique habituelle est celle d’une lésionulcérée unique ou multiple, souvent accompagnée d’adénopa-thies locorégionales et d’un cordon lymphangitique froid. Les LClocalisées représentent plus de 95 % des cas, les LC dissémi-nées près de 4 % ; les autres formes (LC muqueuse et LCanergique diffuse) sont, pour l’instant, très rares (moins de1 %).Si la majorité des cas sont bénins et d’évolution favorable aprèstraitement, les formes cliniques dues à L. braziliensis doiventfaire l’objet d’une attention particulière [68]. En effet, leurslocalisations muqueuses potentiellement graves peuvent sur-venir de nombreuses années après l’infection. Le caractèrerelativement récent de l’émergence de cette espèce est sansdoute la cause de l’extrême rareté des atteintes muqueuses[72]. La vigilance s’impose donc à l’avenir, avec une surveil-lance systématique des cas diagnostiqués.À noter qu’il existe parallèlement des formes cliniques àL. guyanensis plus sévères, et donc inhabituelles, commecelle rapportée par Couppié et collaborateurs [73] de LC avec425 lésions, chez un sujet sans déficit immunitaire détectableet avec évolution favorable après traitement. Une forme cuta-néomuqueuse a également été décrite par Fourcade et al. [74].Une étude comparative de cas de LC entre sujets VIH� et VIH+ apermis de constater chez ces derniers des manifestationscliniques plus prononcées, mais sans réelle gravité, et unemoindre réponse au traitement, mais sans échec thérapeutique[75].

Surveillance de la leishmaniose viscérale, animale ethumaine

Aucun cas autochtone de LV n’a été rapporté en Guyane jusqu’àprésent contrairement à certains pays de la sous-région (Brésil,Venezuela). Pourtant la forte prévalence de l’infection à VIH enGuyane associée à l’important flux migratoire en provenancedu Brésil pourrait contribuer à l’implantation de ce parasite.Malgré l’absence (théorique) de vecteurs néotropicaux effi-cients connus, la surveillance d’une éventuelle émergence en

Guyane de L. infantum (synonyme L. chagasi) s’impose. Celle-cia été mise en place par la recherche du parasite par PCRassociée à la sérologie classique, chez tout patient suspectet chez les immunodéprimés. L’observation récente sur le solguyanais d’un premier cas de LV (L. infantum) chez un brésilienVIH+ valide cette démarche [76].Deux cas associés de leishmaniose canine à L. infantum ont étérapportés en 2006 [77] illustrant le risque d’importation de ceparasite. Pour l’un des cas, la mère, l’infection était d’origineeuropéenne, et pour le second, le chiot, une contaminationverticale a été retenue.

Leishmanioses en Martinique

La Martinique ne fait pas partie des zones d’endémie connuesde leishmaniose. Cependant, des descriptions cliniquesévoquant la LC ont été rapportées par divers auteurs : Stevenel,en 1917 [78], puis Fouché et Montestruc [79] et Fauran et al.[80]. Le diagnostic parasitologique était basé sur la détectiond’amastigotes sur des empreintes de peau, sans indentificationd’espèce. À l’époque, cette affection semblait bien connue dela population du nord de l’île qui consultait peu devant lecaractère bénin et de guérison spontanée des lésions, souventconfondues avec d’autres affections cutanées, en particulier lasyphilis et le pian. En effet, les lésions ulcéreuses chroniques, enMartinique comme en Guyane, étaient englobées sous ladénomination de pian qui correspondait soit au « vrai pian »

causé par Treponema pallidum, soit à une variété de pianappelée « pian-bois » en Guyane.

Premiers cas avec identification du parasite

En 1988, une souche de morphologie proche des Leishmania enmicroscopie optique a été isolée chez un patient immunodé-primé présentant des LCD et n’ayant jamais quitté la Marti-nique. Cette souche, étudiée en microscopie électronique, a étéidentifiée après typage enzymatique comme proche des Try-panosomatidae inférieurs et n’appartenant pas au genreLeishmania [81].Un deuxième cas diagnostiqué quelques années après, chez unpatient immunocompétent présentant une lésion unique auniveau de l’arcade sourcilière, a révélé le même parasite [82].Une étude taxonomique de ce parasite par approche isoenzy-matique (zymodème MON-229) et moléculaire a permis de lerattacher au genre Leishmania, mais en position ancestraleproche de L. enriettii [83].Le cycle du parasite n’a pas été élucidé : vecteur et réservoir sontinconnus. Cependant, une enquête entomologique, en 1966,avait montré l’existence d’un unique spécimen de phlébotomeau Nord-Ouest de l’île (à proximité du bourg de Grand-Rivière)[80], proche de Lutzomyia atroclavata (syn. Phlebotomus

atroclavatus), espèce décrite par Knab en 1913 [84] etisolée pour la première fois dans les Antilles françaises,en Guadeloupe, en 1945 [85]. Le réservoir animal potentielpourrait être constitué par des animaux sauvages, tels que

tome // > n8/ > /

Page 11: Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer

Mis

ea

up

oin

t

Pour citer cet article : Dedet J-P et al., Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer,Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.03.010.

Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-merParasitologie

des rongeurs (rat noir [86]) et le manicou ou opossum(D. marsupialis), ce dernier étant un réservoir connu de LCen Guyane française [87].

Étude prospective

À partir de 1998, un protocole de prise en charge de toutesles lésions évocatrices de LC a été mis en place, avec uneétroite collaboration entre les dermatologues et le labora-toire de parasitologie du Centre hospitalier universitaire deFort-de-France, incluant examen direct, culture et identifica-tion des parasites. Entre janvier 1998 et janvier 2009, six casde LC ont été diagnostiqués, caractérisés par une lésion àcaractère unique, médiofaciale, de petite taille (environ5 mm de diamètre) et mimant souvent un carcinomebaso-cellulaire. La moyenne d’âge des patients est de54 ans avec un sex-ratio de 2H/4F. Dans tous les cas, lespatients n’avaient soit jamais quitté la Martinique, soit pasvoyagé récemment en zone d’endémie (données en cours depublication). Il est probable que le caractère bénin et deguérison spontanée de cette affection soit à l’origine d’unsous-diagnostic de cette pathologie, la plupart des cas diag-nostiqués ayant consulté après quelques mois d’évolution dela lésion et un seul cas ayant nécessité un traitement. Il est ànoter que la description faite par Stevenel en 1917 [78],d’une ulcération unique siégeant sur le nez, est à rapprocherde l’aspect clinique que nous avons observé chez les patientsrécents. Récemment, fin 2011, le premier cas de LV a étédiagnostiqué à La Martinique, chez un patient immunodé-primé. La souche isolée est la même que celle responsabledes LC (donnée en cours de publication).Un programme de recherche intitulé « Les phlébotomes desAntilles et de la Guyane française : intérêt pour la caractérisa-tion des écosystèmes et rôle dans la transmission des leish-manies à l’homme » (projet de recherche Secrétariat d’État àl’Outre-Mer) a débuté en novembre 2010 pour rechercher levecteur, le phlébotome n’ayant été trouvé qu’une fois, en1966, dans le nord de l’île, à Grand-Rivière [80].Enfin, une enquête réalisée en novembre 2010 par la Direc-tion des services vétérinaires (DSV) a permis de recenser huitcas de leishmaniose canine confirmés ou suspectés, essen-tiellement sur des critères cliniques. Sept de ces cas, cor-respondants à des chiens ayant séjourné dans le bassinméditerranéen avant de déclarer la maladie en Martinique,sont considérés comme cas d’importation. En revanche, uncas récent a été suspecté d’être autochtone, car aucunenotion de séjour en zone d’endémie ni de contact avec unchien déjà infecté n’a été relevé.Une surveillance de la leishmaniose animale, principalementcanine (animal pour lequel il existe le plus de données),complèterait les informations sur la leishmaniose à la Marti-nique, en particulier sur la possibilité d’une leishmaniose

tome // > n8/ > /

animale endémique. Ce serait la première étape vers la recher-che du réservoir animal.

Les leishmanioses en Guadeloupe

En Guadeloupe, un premier cas de LV fut signalé en 1966 parCourmes et al. [88], chez une fillette de sept ans. L’enquêteépidémiologique précise menée par les auteurs montra que lapatiente n’avait jamais quitté l’île et confirmait le caractèreautochtone du cas. Le diagnostic à cette époque était para-sitologique, basé sur l’examen direct et la culture positive àpartir de la moelle osseuse.En 1994, un cas apparemment autochtone de LC diffuse étaitrapporté chez un patient haïtien, résidant de façon permanenteen Guadeloupe depuis 1981 et atteint de sida [89].Entre 1998 et 2011, un seul cas autochtone de LV à L. infantum

a été rapporté en 2008 au CNRL par le centre hospitalier deBasse-Terre, chez un homme de 46 ans, non immunodépriméet n’ayant pas quitté la Guadeloupe depuis 20 ans.

ConclusionAinsi, les leishmanioses apparaissent solidement implantéesdans les départements méditerranéens du sud de la France. Lasurveillance des leishmanioses autochtones humaines estmenée depuis plus d’une dizaine d’années par le CNRL, avecla production de données précises, même si un effort d’exhaus-tivité s’avère nécessaire. Dans le domaine épidémiologique,beaucoup d’inconnues subsistent concernant les réservoirs, enparticulier le rôle exact des carnivores sauvages et la place duchat dans le cycle. Enfin, une surveillance étroite de la leish-maniose canine est d’autant plus nécessaire que la cartogra-phie à risque permet d’envisager une extension de la zoonose àla façade océanique du pays.En Guyane, les LC sont majoritaires, toutes liées à la forêt denseombrophile, avec plusieurs espèces en cause, dontL. guyanensis prédominante. Toutefois, une surveillance descas avec caractérisation des parasites s’impose de par laprésence de L. braziliensis.En Martinique, la LC est sporadique, due à une Leishmania

particulière récemment identifiée et différente de toutes lesespèces du Nouveau et de l’Ancien Monde.

Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflitsd’intérêts en relation avec cet article.Remerciements : les auteurs remercient :� tous les professionnels qui ont déclaré leurs cas de leishmanioses au Centre

national de référence des leishmanioses, ainsi que les vétérinairesexerçant en zone d’endémie qui ont répondu aux enquêtes, fourni lescommémoratifs et données cliniques permettant de dresser tout ou partiedes cartes de répartition ;� tous les étudiants, médecins, vétérinaires et pharmaciens qui ont

rassemblé les données pour la soutenance de leur thèse d’exercice ;� l’Institut de veille sanitaire, les personnels des laboratoires de

parasitologie-mycologie du CHRU de Montpellier, du CHU de Fort-de-France, du CHG de Cayenne, du CHU de Nîmes et le laboratoire deparasitologie-maladies parasitaires du Campus vétérinaire de Lyon.

11

Page 12: Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer

12

Références[1] WHO. Control of the leishmaniases. WHO

Technical Report No. 949. 2010. 186 p.[2] Pringault ME. Existence de la leishmaniose

canine à Marseille. Bull Soc Pathol Exot1914;7:41-2.

[3] Ravaut P. Premier cas de contagion duBouton d’Orient en France. Bull Acad Med1920;83:198-201.

[4] D’Astros P, Giraud P, Raybaud J. Quatre casautochtones de Kala-Azar infantile observésà Marseille. Bull Acad Natl Med 1923;7:114-8.

[5] Ranque J, Picard D, Depieds R et al. Leis-hamniose laryngee autochtone a formepseudo-tumorale. Note parasitologique etepidemiologique. Bull Acad Natl Med1962;146:82-6.

[6] Pratlong F, Dereure J, Deniau M, Marty P,Faraut-Gambarelli F, Dedet JP. Enzymaticpolymorphism during Leishmania/HIV co-infection. Study of 381 Leishmania strainsreceived between 1986 and 2000 at theInternational Cryobank of Montpellier(France). Ann Trop Med Parasitol 2003;97:S47-56.

[7] Pratlong F, Rioux JA, Marty P et al. Isoenzy-matic analysis of 712 strains of Leishmaniainfantum in the South of France andrelationship of enzymatic polymorphism toclinical and epidemiological features. J ClinMicrobiol 2004;42:4077-82.

[8] Rioux JA, Golvan YJ, Croset H et al. Epide-miologie des leishmanioses dans le sud de laFrance. Paris: Inserm; 1969.

[9] Bettini S, Pozio E, Gradoni L. Leishmaniasis inTuscany (Italy): (III) Leishmania from wildCarnivora in a human and canine leishma-niasis focus. Trans R Soc Trop Med Hyg1980;74:77-83.

[10] Abranches P, Conceiçao-Silva FM, Silva-Perreira MCD. Kala-azar in Portugal. V: thesylvatic cycle in the enzootic endemic focusof Arrabida. J Trop Med Hyg 1984;87:197-200.

[11] Sergent E, Sergent E, Lombard, Quilichini. Laleishmaniose à Alger. Infection simultanéed’un enfant, d’un chien et d’un chat dans lamême habitation. Bull Soc Pathol Exot1912;5:93-8.

[12] Pennisi MG. A high prevalence of felineleishmaniasis in southern Italy. In: Canineleishmaniasis: an update. In: Proceedings ofthe International Canine LeishmaniasisForum; 1999. p. 39-48.

[13] Dereure J, Vanwambeke SO, Male P et al.The potential effects of global warming onchanges in canine leishmaniasis in a focusoutside the classical area of the disease inSouthern France. Vector Borne Zoonotic Dis2009;9:687-94.

[14] Chamaillé L, Tran A, Meunier A, BourdoiseauG, Ready P, Dedet JP. Environmental riskmapping of canine leishmaniasis in France.

Parasit Vector 2010;3:31 [http://www.pa-rasitesandvectors.com/content/3/1/31].

[15] Houin R, Jolivet G, Combescot C et al. Etudepreliminaire d’un foyer de leishmaniosecanine dans la region de Tours. In: Colloqueecologie des leishmanioses, 18–24 aout1974. Montpellier: CNRS Editions; 1977 :109-15.

[16] Lanotte G, Rioux JA, Croset H, Vollhardt Y.Écologie des leishmanioses dans le sud de laFrance. 7- Dépistage de l’enzootie caninepar les méthodes immunosérologiques. AnnParasitol 1974;49:41-62.

[17] Marty P, Izri A, Ozon C et al. A century ofleishmaniasis in Alpes-Maritimes, France.Ann Trop Med Parasitol 2007;101:563-74.

[18] Bourdeau P, Groulade P. Résultats del’enquête sur la leishmaniose. PratiqueMed Chir Anim Comp 1988;5:5-10.

[19] Bourdeau P. Canine vector-borne diseases inFrance: information obtained from veteri-nary clinics in national surveys. Proc. 3rdCVBD Symposium; 2008: 78-84.

[20] Malé P. Étude éco-épidémiologique d’unfoyer de leishmaniose à Tarascon surAriège. Thès Doct. Vet. Lyon I; 2001 [Thèsedisponible en ligne sur le site : http://portaildoc-veto.vetagro-sup.fr, année 2001,no 054].

[21] Meunier A. Étude épidémiologique de laleishmaniose canine et de l’influence desfacteurs environnementaux (en Francedepuis 1965, dans le Sud-Ouest en 2006).Collaboration au projet EDEN. Thèse Doct.Vet. Lyon I; 2007 [Thèse disponible en lignesur le site : http://portaildoc-veto.vetagro-sup.fr, année 2007, no 092].

[22] Durpoix D. Étude épidémiologique de laleishmaniose canine dans le sud de laFrance : techniques diagnostiques, prophy-laxie et définition de la zone d’enzootie.Influence des facteurs environnementaux.Thèse Doct. Vet Lyon I; 2008 [Thèsedisponible en ligne sur le site : http://portaildoc-veto.vetagro-sup.fr, année 2008,no 084].

[23] Morin A. Étude épidémiologique et cliniquede la leishmaniose canine à L. infantum enFrance: analyse de 2892 sérums de chiensleishmaniens par le Laboratoire de Parasito-logie-Mycologie de Montpellier. Thèse Doct.Vet. Lyon I; 2011 [Thèse disponible en lignesur le site : http://portaildoc-veto.vetagro-sup.fr, année 2011, no 001].

[24] Lanotte G. Le foyer de leishmanioseciscérale des Cévennes. Limites et structure.Essai méthodologique. Montpellier: ThèseBiologie humaine; 1975.

[25] Venet B. La leishmaniose féline : dépistageen région toulonnaise. Thèse Doct. Vet. LyonI; 2007 [Thèse disponible en ligne sur lesite : http://portaildoc-veto.vetagro-sup.fr,année 2007, no 099].

[26] Bourdoiseau G. Leishmaniose féline. AcadVét France; 14 avril 2010.

[27] Bassenne I. La leishmaniose humaine enCévennes. Montpellier: Thèse Doct Méd; 1994.

[28] Guiraud-Caladou F. La leishmaniose dans lesPyrénées-Orientales. Montpellier: ThèseDoct Méd; 1997.

[29] Pratlong L. Les leishmanioses tégumentairesà Leishmania infantum du Sud de la France.Étude rétrospective 1998–2007. Montpellier:Thèse Doct Méd; 2008.

[30] Pellet D. La leishmaniose en Ardècheméridionale : étude rétrospective des cashumains de 1936 à 2009. Montpellier: ThèseDoct Méd; 2010.

[31] Leenhardt E, Chaptal J, Badel. et al. Kala-Azarinfantile. Presentation de malade. Arch SocSci Med Biol 1933;14:206-12.

[32] Margarot J, Rimbaud P, Loubatiere A et al.Bouton d’Orient autochtone. Presentationsde malades. Montpellier Med 1951;10:174-5.

[33] Lanotte G, Rioux JA, Pratlong F. Écologie desleishmanioses dans le Sud de le France. 14-Les leishmanioses humaines en Cévennes.Analyse clinique et biologique des formesviscérales et muqueuses. Ann Parasitol HumComp 1980;55:635-43.

[34] Bassenne I, Pratlong F, Dereure J, Balard Y,Dedet JP. La leishmaniose humaine enCévennes : étude rétrospective 1933–1994.Med Mal Infect 1996;26:1164-8.

[35] Giraud P, Vigne P. Leishmanioses cutanées InTraité de Médecine, vol. 2. Paris: Masson;1948. p. 730-5.

[36] Quilici M, Dunan S, Mary C. La leishmanioseviscérale méditerranéenne dans le Sud-Estde la France. Aspects cliniques et biologi-ques nouveaux. Sem Hop 1989;65:2155-61.

[37] Minodier P, Garnier JM. La leishmanioseviscérale infantile en Provence. Arch Pediatr2000;7:572-7.

[38] Minodier P, Piarroux R, Garnier JM et al.Pediatric visceral leishmaniasis in southernFrance. Pediatr Infect Dis J 1998;17:701-4.

[39] Charpy J, Tramier G, Laure MG. Un cas deleishmaniose cutanée. Bull Soc Fr DermatolSyphiligr 1957;64:84.

[40] Laugier JC, Temime P. Un cas de leishmaniosecutanée autochtone dans la région de Salon.Bull Soc Fr Dermatol Syphiligr 1972;79:349-68.

[41] Ranque J, Quilici M, Dunan S. Les leishma-nioses du Sud-Est de la France. Écologie,épidémiologie, prophylaxie. Acta Trop1975;32:371-80.

[42] Verdier MJD, Roche JC, Koulmann M et al.Leishmaniose cutanee autochtone varoise.Presse Med 1984;13:1961.

[43] Faugere B, Gambarelli F, Ferracci-VincenteMA et al. Unicite de la leishmaniose enProvence. A propos de l’identification bio-chimique d’une souche isolee dans un cas debouton d’Orient autochtone survenu dans leVar. Sem Hop 1987;63:3608-10.

Pour citer cet article : Dedet J-P et al., Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer,Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.03.010.

J-P Dedet, B Carme, N Desbois, G Bourdoiseau, L Lachaud, F Pratlong

tome // > n8/ > /

Page 13: Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer

13M

ise

au

po

int

[44] Dessi P, Stein A, Gras R, Raoult D, Cannoni M.Leishmaniose de la muqueuse nasale. Àpropos d’un cas . Med Mal In fect1994;24:638-40.

[45] Granel B, Serratrice J, Christides C et al.Epiglottis involvement in a visceral leishma-niasis. J Infect 2002;45:196-7.

[46] D’Oelnitz M, Balestre PL, Daumas A. Unnouveau cas de Kala-Azar infantile enF r ance . Bu l l Mem Soc Med Hop1922;46:550-3.

[47] Nicolas J, Spinetta B, Massia G. Un cas debouton d’orient d’origine autochtone. AnnBull Dermatol 1943;3:337.

[48] D’Oelnitz M, Bourrier-Reynaud C, De SwarteM et al. Physionomie actuelle de la leishma-niose viscerale infantile. Ann Pediatr1971;18:31-8.

[49] Rosenthal E, Marty P, Poizot-Martin I et al.Visceral leishmaniasis and HIV-1 co-infectionin southern France. Trans R Soc Trop Med Hyg1995;89:159-62.

[50] Simon D, Marty P, Le Fichoux Y et al.Leishmaniose cutanee autochtone due aLeishmania infantum dans les Alpes-Mariti-mes. Rev Eur Dermatol MST 1991;3:479-81.

[51] Marty P, Le Fichoux Y, Pratlong F et al.Human visceral leishmaniasis in Alpes-Mari-times: epidemiological characteristics for theperiod 1985–1992. Trans R Soc Trop Med Hyg1994;88:33-4.

[52] Del Giudice P, Marty P, Lacour JP et al.Cutaneous Leishmaniasis due to Leishmaniainfantum, case report and review. ArchDermatol 1998;134:193-8.

[53] Del Giudice P, Marty P, Lacour JP et al.Leishmaniose cutanee autochtone en Francemetropolitaine. Ann Dermatol Venereol2001;128:1057-62.

[54] Benelli G, Zuccarelli J, Sautet J. À propos d’uncas corse de Kala-Azar de l’adulte à évolu-tion fatale. Rev Med Hyg Trop 1933;25:261-2.

[55] Buffet PA, Sarfati C, Rybojad M et al. Premiercas de leishmaniose cutanee a Leishmaniainfantum en Corse. Med Trop 1998;58:375-7.

[56] Cordiolani H. Épidémiologie de la leishma-niose viscérale en Corse. Marseille: ThèseDoct Méd; 1940.

[57] Moreno G. Les complexes Leishmania dono-vani et Leishmania infantum. Implicationstaxonomiques, biogéographiques et épidé-miologiques. À propos de l’analyse enzyma-tique de 548 souches de l’Ancien et dunouveau Monde. Montpellier: Thèse Doct Sci,Univ Sci Tech Languedoc; 1986.

[58] Basset D, Pratlong F, Ravel C, Dereure J,Dedet JP. Les leishmanioses en France :synthèse des données recueillies en 2001 à2003 au Centre national de référence desLeishmania. In: Surveillance nationale desmaladies infectieuses, 2001–2003. Paris:INVS; 2003: 215-7.

[59] Marty P, Le Fichoux Y, Giordana D, BrugnettiA. Leishmanin reaction in the human

population of a highly endemic focus ofcanine leishmaniasis in Alpes-Maritimes,France. Trans R Soc Trop Med Hyg1992;86:249-50.

[60] Faucher B, Pomares C, Fourcade S et al.Mucosal Leishmania infantum leishmaniasis:specific pattern in a multicentre survey andhistorical cases. J Infect 2011;63:76-82.

[61] Floch H. Leishmania tropica guyanensis n.sp., agent de la leishmaniose tégumentairedes Guyanes et de l’Amérique Centrale. AnnParasitol Hum Comp 1954;28:784-7.

[62] Rotureau B, Couppié P, Nacher M, Dedet JP,Carme B. La leishmaniose cutanée enGuyane. Bull Soc Pathol Exot 2007;100:251-60.

[63] Dedet JP. Cutaneous leishmaniasis in FrenchGuiana. A review. Am J Trop Med Hyg1990;43:25-8.

[64] Rotureau B, Catzeflis F, Carme B. Absence ofLeishmania in Guianan bats. Am J Trop MedHyg 2006;74:318-21.

[65] Roger A, Hanf M, Basurko C, Nacher N,Carme B, Couppié P. Climat et leishmanioseen Guyane. Soc Fr Parasitol 2011;CA28.

[66] Carme B, Aznar C, Pradinaud R. Absence of aproven resurgence of Chagas disease orcutaneous leishmaniasis in French Guianaover the last two decades. Ann Trop MedParasitol 2001;95:623-5.

[67] Rotureau B, Joubert M, Clyti E, Djossou F,Carme B. Leishmaniasis among gold miners,French Guiana. Emerg Infect Dis 2006;12:1169-70.

[68] Carme B. Diagnostic biologique des leishma-nioses à Cayenne (Guyane Française). BullSoc Pathol Exot 2009;102:127-8.

[69] Simon S, Veron V, Carme B. Leishmaniaspecies identification by PCR-RFLP analysisand its applications in French Guiana. DiagnMicrobiol Infect Dis 2010;66:175-80.

[70] Dedet JP, Pratlong F. Leishmaniasis. In: CookGC, Zumla AI, editors. Manson’s tropicaldiseases. 22nd ed, Londres: Saunders Else-vier; 2009. p. 1341-65.

[71] Carme B, Couppié P. La leishmaniosecutanée en Guyane : émergence de Leish-mania (V) brasiliensis. XV Actualités duPharo, Marseille, septembre 2009. MedTrop 2009;69:374.

[72] Papot E, Dufour J, Sainte-Marie D et al. Laleishmaniose a Leishmania brasiliensis enGuyane : experience du service de Derma-tologie du Centre Hospitalier de Cayenne.Lyon: JNI Lyon, Poster O-13; 2009.

[73] Couppié P, Clity E, Sainte-Marie D, Dedet JP,Carme B, Pradinaud R. Disseminated cuta-neous leishmaniasis due to Leishmaniaguyanensis: case of a patient with 425 lesions.Am J Trop Med Hyg 2004;71:558-60.

[74] Fourcade S, Huber FI, Blanchet D et al.Leishmaniose cutaneo-muqueuse a Leish-mania guyanensis : une observation chez unpatient infecte par le VIH. Med Trop2008;68:533-6.

[75] Couppié P, Clyti E, Sobesky M et al. Compa-rative study of cutaneous leishmaniasis inHIV-infected patients and non HIV-infectedpatients in French Guiana. Br J Dermatol2004;151:1165-71.

[76] Demar-Pierre EM, Epelboin L, Chesnais Cet al. Premier cas humain de leishmanioseviscerale a L. infantum diagnostique enGuyane. Paris: Congres Centenaire SocietePathologie Exotique; 2008.

[77] Rotureau B, Ravel C, Aznar C, Carme B, DedetJP. First report of Leishmania infantum inFrench Guiana: a canine visceral leishmania-sis imported from the Old World. J ClinMicrobiol 2006;44:1120-2.

[78] Stevenel L. Présence à la Martiniqued’ulcérations de la peau dues à Leishmaniaamer i cana . Bu l l Soc Patho l exo t1917;10:379-81.

[79] Fouche V, Montestruc E. Un cas de leishma-niose américaine cutanée. Arch Inst PasteurMartinique 1951;4:12-3.

[80] Fauran P, Courmes E, Mille R. Note sur laprésence en Martinique de Phlebotomusatroclavatus (Diptera: Psychodidae). Bull SocPathol Exot 1966;59:904-8.

[81] Dedet JP, Roche B, Pratlong F et al. Diffusecutaneous infection by a presumed mono-xenous trypanosomatid in a patient infectedwith HIV. Trans R Soc Trop Med Hyg1995;89:644-6.

[82] Boisseau-Garsaud AM, Cales-Quist D, Des-bois N et al. A new case of cutaneousinfection by a presumed monoxenous trypa-nosomatid in the island of Martinique(French West Indies). Trans R Soc Trop MedHyg 2000;94:51-2.

[83] Noyes H, Pratlong F, Chance M, Ellis J, LanotteG, Dedet JP. A previously unclassified trypa-nosomatid responsible for human cutaneouslesions in Martinique (French West Indies) isthe most divergent member of the genusLeishmania ss. Parasitol 2002;124:17-24.

[84] Knab F. A new American Phlebotomus,(Diptera: Psychodidae). Insecutor InscitiaeMenstruus 1913;1:135-7.

[85] Floch H, Abonnenc E. Description d’unphlébotome nouveau de la Guadeloupe.Arch Inst Pasteur Guyane Terr Inini 1945;96.

[86] Zeledon R. Leishmaniasis in the Caribbeanislands. A review. Ann N Y Acad Sci1992;653:154-60.

[87] Dedet JP, Gay F, Chatenay G. Isolation ofLeishmania species from wild mammals inFrench Guiana. Trans R Soc Trop Med Hyg1989;83:613-5.

[88] Courmes E, Escudie A, Fauran P, MonnervilleA. Premier cas autochtone de leishmanioseviscérale humaine à la Guadeloupe. Bull SocPathol Exot 1966;59:217-26.

[89] Cnudde F, Raccurt C, Boulard F, Teron-AboudB, Nicolas M, Juminer B. Diffuse cutaneousleishmaniasis with visceral dissemination inan AIDS patient in Guadeloupe, West Indies.AIDS 1994;8:559-60.

Pour citer cet article : Dedet J-P et al., Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-mer,Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.03.010.

Épidémiologie des leishmanioses autochtones en France métropolitaine et d’outre-merParasitologie

tome // > n8/ > /


Recommended