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W E E K - E N D2,50 ¤ ou 7,45 ¤ avec le CD(en France métropolitaine uniquement).Ne peut être vendu sans « Le Monde 2 ». www.lemonde.fr

64 e Année - N˚ 19634 - France métropolitaine --- Samedi 8 mars 2008 Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Eric Fottorino

Algérie 60 DA, Allemagne 1,90 ¤, Antilles-Guyane 1,90 ¤, Autriche 2,00 ¤, Belgique 2.50 ¤, Cameroun 1 400 F CFA, Canada 3,25 $, Côte d’Ivoire 1 400 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 20 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 400 F CFA, Grande-Bretagne 1,40 £, Grèce 2,00 ¤, Hongrie 650 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,00 ¤, Luxembourg 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 24 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤,Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 400 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 25 KRS, Suisse 2,90 FS, Tunisie 1,8 DT, USA 3,30 $, Afrique CFA autres 1 400 F CFA,

Les enfants de la scène et de latélé aux Victoires de la musique

Julien Doré, vainqueur de la « Nouvelle Star » en 2007. F. BARYLKO/M6

C ’est l’heure de la contre-attaque, cel-le de Boeing. Il y a quelques jours, lePentagone a choisi EADS-Northrop

pour un contrat de 35 milliards de dollarsparce que ses avions – des ravitailleurs envol pour la chasse américaine – sontmeilleurs. Mais, à quelques mois des élec-tions, la politique vient à l’appui duconstructeur américain. Le Congrès pour-rait exiger une remise à plat du contrat.« Nous n’avons même pas obtenu del’OTAN 3 000 soldats de plus en Afghanis-tan », tonne le représentant démocratede Pennsylvanie, John Murtha ; des élusévoquent des « transferts de technologiessécuritaires vers la France » ; la procédured’attribution du contrat « était un leur-re », ajoute un démocrate de l’Etat deWashington, où Boeing aurait fabriquéles ravitailleurs s’il l’avait emporté. a

Lire page 15 et l’éditorial page 2

L ’un est un enfant de la télé,vainqueur de l’émission deM6 « Nouvelle Star ».

L’autre a été révélé par la comédiemusicale Le Roi-Soleil. ChristopheWillemet ChristopheMaé fontpar-tie des favoris des Victoires de lamusique 2008, attribuées samedilors d’une soirée présentée parNagui et retransmise par France 2en direct du Zénith de Paris.

Comédies musicales et télé-cro-

chets (« Star Ac’», « Pop Star »…)font désormais figure de réservoirsde chanteursà succès pour la varié-té française. Des premières sontissus Garou, Yael Naim et HélèneSégara. Des secondes, Alizée, Jeni-fer, Olivia Ruiz ou Julien Doré.

La célébrité télévisuelle n’estpourtant pas une recette miracle :le succès discographique n’est pastoujours au rendez-vous. a

Lire pages 24 et 31

L es condamnations étaient unanimes,ou presque, vendredi 7 mars, au len-demain de l’attentat qui a coûté la vie

à huit jeunes Israéliens dans une école reli-gieuse de Jérusalem. Seule l’opposition dela Libye a empêché le Conseil de sécuritéde l’ONU de s’entendre sur un textecondamnant cette première attaque terro-riste depuis quatre ans dans la capitaleisraélienne. Elle a été perpétrée jeudi soirdans une école religieuse par un Palesti-nien, résident de Jérusalem, qui a ouvert lefeu dans une salle de lecture. Outre les huitmorts, âgés de 15 à 16 ans, onze autres élè-ves ont été blessés, avant que le Palestinienne soit tué.

Le président palestinien, MahmoudAbbas, a dénoncé l’attentat, mais un porte-parole du mouvement islamiste Hamas asalué « cette attaque héroïque ». a

Lire page 4

Le contrat EADSremis en causepar le Congrès ?

I l est déjà ailleurs, dans l’au-delà desmunicipales dont le premier tour sedéroulera dimanche 9 mars et le

second le 16. Alors que tous les sondagesprédisent une victoire de la gauche, Nico-las Sarkozy a soudain découvert les ver-tus de la posture présidentielle : « Je tra-vaille à la modernisation de la France sansme laisser distraire par les péripéties »,a-t-il déclaré dans son entretien auFigaro du 6 mars. Une phrase quen’auraient pas reniée ses prédécesseurs,qui ont, eux aussi, cherché à se prémunirdes conséquences d’un échec lors desscrutins locaux.

Au cours d’une visite de terrain, jeudi6 mars à Vesoul (Haute-Saône), le prési-dent de la République a expliqué les réfor-mes qu’il souhaite poursuivre, comme side rien n’était, jusqu’en 2012. S’il s’estréjoui de la baisse du chômage, c’est pouren attribuer les mérites « aux Français ».Et s’il concède une allusion à l’imminen-ce du scrutin, c’est pour s’en détacher :« Je ne suis pas candidat aux municipales,a-t-il dit. A un moment, on va tous tra-vailler ensemble. »

Dans cette atmosphère de défaiteannoncée, le premier ministre, FrançoisFillon, hausse le ton, accusant le PS« d’entretenir un climat de quasi-guerrecivile ». De son côté, la gauche appelle lesFrançais à « voter fort » pour contraindrele gouvernement à changer de cap, accu-sant M. Sarkozy de « surdité ». « Un scru-tin doit être interprété, il y a nécessité à cor-riger », a déclaré François Hollande.

Mais tout se passe comme si l’Elyséeavait déjà passé par pertes et profits lescrutin. Le seul doute concerne l’am-pleur de la défaite. En 2001, la droiteavait gagné une quarantaine de villesde plus de 20 000 habitants, un succèsen partie masqué par les pertes de Pariset Lyon.

Philippe RidetLire la suite page 12 et nos informations

pages 11 et 13

a Un scrutin à l’heurede « l’ouverture ». Tous les grandspartis ont cherché à recruter d’anciensadversaires pour panacher leurs listes.L’UMP, fidèle aux consignes présidentiel-les, a donné le ton. Le Parti socialiste a ten-du la main au MoDem. Le parti de Fran-çois Bayrou y a vu l’occasion de placerplusieurs de ses candidats en position éli-gible. Lutte ouvrière, pour sa part, s’estaccrochée aux wagons du PC, voire du PS.La multiplication de ces alliances rendradélicate l’interprétation des résultats.

a Des enjeux locaux, mais…Selon un sondage IFOP publié par Le Mon-de, 66 % des électeurs déclarent qu’ils seprononceront « principalement en fonctionde considérations locales ». Un chiffre sta-ble par rapport au mois dernier. Toutefois,le nombre de personnes qui ont l’inten-tion de sanctionner la politique de NicolasSarkozy et du gouvernement est en hausse(21 % contre 16 % en janvier). Dans lemême temps, le nombre de ceux qui vote-ront pour soutenir l’action du présidenta nettement baissé (de 19 % à 10 %).

a Paris, tremplin pourBertrand Delanoë. Le maire sortanta besoin d’un succès probant s’il veutconcrétiser l’ambition nationale qu’on luiprête. Il a tenu son dernier meeting dansle 12e arrondissement, considéré commeun enjeu majeur de la bataille. Attaquétant par Françoise de Panafieu (UMP)que par Marielle de Sarnez (MoDem) surson « inaction économique » qui entraîne-rait un « déclin de Paris », M. Delanoë sedéfend en rappelant le solde positif de lacréation d’emplois dans la capitale.

PAGE TROIS

Viktor Bout ne vendra plus d’armesLe plus grand trafiquant d’armes de la planète, le RusseViktor Bout, a été arrêté à Bangkok par des agents de laDrug Enforcement Administration américaine. Celui quiavait fait sa fortune sur les décombres de l’URSS étaitrecherché par de nombreux pays. Récit.

SantéGrands prématurés, quel destin ?Des centaines d’enfants nés entre 22 et 32 semainesde gestation ont été examinés à l’âge de cinq ans, dansplusieurs régions françaises. Si 60 % d’entre eux vontbien, 40 % présentent des troubles cognitifs ou moteurs,graves dans 5 % des cas. Page 9

ChineLes chantiers colossaux de PékinQue mille chantiers s’épanouissent, ont décrété lesautorités chinoises. La capitale des Jeux olympiques2008, éventrée, voit surgir partout les plus audacieusesconstructions. Mais le temps presse. Reportage. Page 22

Cyclisme

Bisbilles autour du Paris-NiceAlors que la course démarre dimanche, les coureurs sontpris dans une lutte de pouvoir qui oppose l’organisateurde l’épreuve à la fédération internationale. Pages 20 et 30

Huit jeunesIsraéliens tuésdans un attentatà Jérusalem

DE COMBAT.

Pour les Femmes.

Pour la Science.

10 ANS

Le président Sarkozy affrontesa première épreuve électoraleMunicipales 66 % votent d’abord sur des critères locaux, 21 % pour sanctionner le pouvoir (IFOP)

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Symphonie n°9 Nouveau Monde

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L’autrePatti Smith

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Comment « tuer grand-père » ? Cettemétaphore résume le conflit qui mine lemonde patronal depuis que LaurenceParisot, la présidente du Medef, a ouvertles hostilités avec l’Union des industries

et métiers de la métallurgie (UIMM). C’est un peucomme si le jeune enfant qu’est le Medef – qui fête-ra ses dix ans le 27 octobre 2008 – voulait s’affran-chir une fois pour toutes de la surveillance sour-cilleuse d’un grand-père – l’UIMM a été créée le 28janvier 1901, à l’initiative du Comité des forges, lui-même apparu en 1864 ! – dont les errements et lesécarts de conduite mettraient en péril l’entreprisefamiliale.

L’affaire des retraits de 19 millions d’euros enliquide opérés par la première fédération du Medef,au profit de destinataires officiellement inconnus –syndicats ? caisses « antigrèves » ? partis politi-ques ? –, dans laquelle Denis Gautier-Sauvagnac,ex-président et délégué général de l’UIMM, etDominique de Calan, ex-délégué général adjoint,ontété mis en examen,a allumé l’incendie. Mme Pari-sot a d’abord réagi, en octobre 2007, avec candeur,parlant de « secret de famille » et utilisant uncurieux oxymore – « Beaucoup savaient inconsciem-ment » – avant, face à l’ampleur du scandale, delâcher M. Gautier-Sauvagnac, son numéro deux auMedef. Le montant tout aussi scandaleux de l’in-demnité de départ de l’UIMM de « DGS » –1,5 mil-lion d’euros – l’a fait sortir de ses gonds. L’enfantqui voulait incarner la modernité du patronat nepouvait laisser grand-père continuer ses méfaits aurisque de ruiner l’image, bien fragile, du syndicalis-me patronal.

Le coup de sang de Mme Parisot a déclenché la

plus grave crise de l’histoire du syndicalisme patro-nal, bien au-delà des querelles d’hier entre le CNPFet la CGPME. En s’attaquant à l’UIMM, Mme Parisots’enprend à la colonnevertébrale du patronat. Lors-que naît, le 31 juillet 1919 – à l’initiative du ministrede l’industrie ! – la Confédération générale de laproduction française (CGPF), après la première loisur les conventions collectives, l’UIMM en est lebras armé. Elle se réserve la compétence exclusive

des questions sociales sur lesquelles elle affiche,aujourd’hui encore, son indéniable expertise. En1936, pour la négociation des accords de Matignon,c’est le secrétaire général du Comité des forges, etnon le président de la CGPF, qui fait face à LéonBlum et à la CGT.

Au fil du temps, cette suprématie de l’UIMM necessera de s’affirmer. Le premier président duCNPF créé le 21 décembre 1945, Georges Villiers,est un métallurgiste. Lorsqu’en 1967, le CNPF sedote d’une commission sociale, il en confie la prési-dence à un homme de l’UIMM, François Ceyrac,qui présidera ensuite la confédération patronale(1972-1981). Et le premier président du Medef,Ernest-Antoine Seillière, incarnait l’héritage des« maîtres de forges ». L’UIMM apparaissait doncbel et bien incontournable.

Derrière sa colère, légitime, contre l’indemnité

de M. Gautier-Sauvagnac, Mme Parisot, s’appuyantsur une opinion publique qu’en patronne de l’IFOPelle connaît bien, poursuit quatre objectifs. Il s’agitd’abord, face à des détournements de fonds,d’oppo-ser la « transparence et l’éthique » du Medef, qui faitcertifier ses comptes, à l’opacité et à l’argent troublede l’UIMM. La limite de l’exercice, outre le fait quela justice n’a pas encore identifié les bénéficiairesdes retraits suspects, est que Mme Parisot, en pleinenégociationavec les syndicats sur leur représentati-vité, veut discuter dufinancement de ses « partenai-res », mais refuse d’en faire autant sur le syndicalis-me patronal...

Le second objectif de Mme Parisot est de mettrefin à la domination de l’UIMM au sein du Medef.Dès son élection, en juillet 2005, elle s’est opposée àla puissante fédération qui avait présenté un candi-datcontre elle à la présidence et qui, pour la premiè-re fois, n’a pas joué le rôle de faiseur de rois. LeMedef, c’est officiellement 85 fédérations profes-sionnelles, 155 unions territoriales, représentant700 000 entreprises, avec un budget annuel de34 millions d’euros. L’UIMM aligne 130 syndicats,45 000 entreprises, un budget annuel de 15 mil-lions d’euros et, grâce à l’entraide professionnelledes entreprises de la métallurgie (EPIM), un formi-dable « trésor de guerre » estimé à 617 millionsd’euros. Si 57 % des recettes du Medef viennent deses fédérations, l’UIMM en assure, à elle seule, prèsde 7 %. Pas si facile de s’en passer...

Querelle des mandats et recompositionLa recomposition du paysage patronal est le troi-

sième objectif de MmeParisot et débouche sur laque-relle des mandats, au centre de l’affrontement avecl’UIMM. Sur les 940 mandats du Medef dans lesorganismes paritaires (assurance-chômage, Sécuri-té sociale, formation, logement, etc.), l’UIMM en aune centaine. Mme Parisot a sommé la métallurgiede lui remettre tousses mandats –ce qu’elle a sèche-ment refusé –, jugeant qu’« on ne peut pas considé-rer qu’une seule fédération représente l’intérêt généralde toutes les entreprises françaises ». Elle veut doncrecomposer le patronat en tenantcompte de l’évolu-tion de l’économie française. Dans le Parisien du5 mars, Claude Bébéar, président d’honneur d’Axa,a parfaitement résumé sa philosophie : « Jadis,explique-t-il, les industries minières et métallurgi-ques représentaient l’essentiel de l’activité. De nosjours, elles représentent 45 000 entreprises sur les700 000 que compte le Medef et 1,8 million d’emploissur 15 millions. Il est certes normal et indispensableque l’UIMM continue de jouer un rôle important ausein du Medef, mais il doit être proportionnel à sonimportance dans l’économie. » Or, l’UIMM ne veutpas céder, en faisant même un casus belli.

En normalisant la place de l’UIMM, sa « justeplace », Mme Parisot a comme ultime objectif d’as-seoir autour du Medef l’unité du monde patronal, àl’heure où la crise qui couve depuis plusieurs moisrenforce les velléités d’indépendance des deuxautres organisations représentatives. La CGPMErevendique – du jamais vu ! – de conduire la négo-ciation à venir sur la formation. L’UPA affiche sesdifférences. Le risque est qu’en plaçant la barre trèshaut, en obligeant l’UIMM à manger son chapeauet à se mettre dans la main du Medef, Mme Parisotn’arrive pas à la recomposition espérée. Pour l’heu-re, aucun des deux camps ne veut céder. Or la sortiede crise et le rééquilibrage passent par l’apaisementet le compromis. Mme Parisot devra-t-elle faire mar-che arrière et donc lâcher du lest ? A défaut s’esquis-serait, même si ce n’est pas le plus probable, le scé-nario d’une scission du patronat. Une configura-tion à l’allemande. a

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A suivre par Pancho

Patriotisme mal placé

Toutes les présidences de la Ve Républi-que, de celle de Charles de Gaulle à cellede François Mitterrand, ont commencépar une longue période de réformes. Lapréparation des décisions, les arbitrages

auxquels elles ont donné lieu, les discussions parle-mentaires, puis l’entrée en application ont occupéles gouvernements, mobilisé les syndicats, nourrile débat public. Aujourd’hui, le débat tourne pres-que exclusivement autour du président de la Répu-blique, du premier ministre, des rapports de forcesentre le chef de l’Etat, le chef du gouvernement,certains ministres, le parti majoritaire, ses parle-mentaires.

En 1995, cinq mois après être entré à l’Elysée enpromettant de réduire la « fracture sociale », Jac-ques Chirac avait expliqué aux Français qu’il fallaitréduire d’abord le déficit des finances publiques.Puis, le premier ministre, Alain Juppé, avait entre-pris de réformer la protection sociale, y compris lesrégimes spéciaux de retraite, avec les conséquencesque l’on sait. La grève des transports publics l’avaitobligé à renoncer à ce volet de sa réforme. Le pou-voir était entré dans une phase de paralysie, dont lechef de l’Etat avait tenté de sortir en provoquant, enavril 1997, des élections législatives anticipées, rem-portées par la gauche.

Aucun mouvement social n’est venu affronter lepouvoir actuel. Mais les sondages de popularité,

assassins pour le président de la République, ontun effet similaire. On disait, en 1995, que les Fran-çais faisaient « la grève par procuration » en soute-nant – ou en supportant stoïquement – l’action descheminots et des employés des transports pari-siens. Les sondages ressemblent aujourd’hui à unréférendum d’initiative populaire, spontané, vindi-catif, implacable. Le peuple félicite François Fillonpour être sûr d’atteindre Nicolas Sarkozy. L’espoirde l’opposition est que cette révolte par échantillonreprésentatif débouche sur une sanction brutaledans les urnes municipales. Le président a tenté de

limiter les dégâts en prononçant, devant ses confes-seurs du Figaro, son acte de contrition et enessayantde donner aux électeursde la droite des rai-sons de se remobiliser.

Mais, après moins de dix mois de présidence,huit mois de mandat pour l’Assemblée nationale,les réformes promises sont en suspens ou en sursis.Edouard Balladur se demande ce qui va advenir decelle des institutions, qu’il a préparée. Les recom-mandations de la commission Attali ont-elles été

tuées dans l’œuf par les taxis parisiens ? Il étaitquestion d’une révision générale des politiquespubliques, d’une remise à plat de la fiscalité. Est-ceencore d’actualité ? Le grand dessein présidentielva-t-il se limiter maintenant à réformer le finance-ment de l’audiovisuel public ?

Les Français avaient choisi un président poursortir des blocages auxquels son prédécesseurn’avait pas osé ou pas su s’attaquer. Le superméca-nicien supposé a provoqué un blocage spectaculai-re de la machine politique. Il s’est piégé lui-mêmeen voulant ramener le premier ministre au rang de« collaborateur ». François Fillon, qu’il le veuille ounon, est mis en concurrence avec Nicolas Sarkozy,situation la plus dangereuse qui soit.

Voilà les ministres serviteurs de deux maîtres, cequi ne peut guère les inciter à l’audace. Les députésde la majorité vont devoir choisir, eux aussi. Mais ledésordre ne s’arrête pas là : le chef de l’Etat, endéfiant le Conseil constitutionnel à propos de larétentiondes condamnés considérés comme dange-reux, a introduit un facteur de trouble au plus hautniveau de l’autorité judiciaire.

En lieu et place de réformes, il a bousculé l’échi-quier. Toutes les pièces semblent en bataille lesunes contre les autres, autour d’un roi que soncamp ne protège plus. a

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Où sont passées les réformes ?

Patronat : comment « tuer grand-père » ?

La décision du Pentagone d’acheter ses avionsravitailleurs auprès du tandem EADS-Northrop Grumman et non auprès deBoeing, le « fournisseur maison » tradition-nel, suscite un nouvel élan de patriotisme éco-

nomique aux Etats-Unis. Menaces pour la sécuriténationale en raison de la fabrication de certaines piècesà l’étranger, danger pour l’emploi aux Etats-Unis,contestation de l’appel d’offres qui aurait été modifiésans que Boeing le sache… Les opposants au choix duministère de la défense multiplient les angles d’atta-que.

Dans un pays où les avocats sont rois, nul n’imagi-nait que le choix du Pentagone resterait sans réactions.Celles-ci étaient d’autant plus attendues que ce succèsd’EADS est en partie dû à John McCain. Durant desannées, ce sénateur, qui n’était pas encore candidatrépublicain à la Maison Blanche, a dénoncé les liensentre le Pentagone et Boeing obligeant l’armée à revoirde fond en comble ses appels d’offres. En pleine campa-gne électorale, les démocrates mais aussi les républi-cains, qui abritent des usines de Boeing dans leurs cir-conscriptions, ne pouvaient rester sans réagir.

Il est vrai qu’au moment où les Etats-Unis attaquentAirbus devant l’Organisation mondiale du commerce(OMC) en raison des subventions publiques que rece-vrait EADS, le choix du Pentagone tombe on ne peutplus mal. Ce n’est pas parce que l’offre d’EADS estmoins chère que l’européen et son partenaire NorthropGrumman l’ont emporté, mais parce que, technique-ment, leur offre est la meilleure. Sur les cinq critèresjugés décisifs par les militaires, l’avion européen enremporte quatre et se trouve à égalité avec Boeing surle dernier. Mais que le Congrès parvienne à retournerla situation en faveur de Boeing et toute l’argumenta-tion américaine à l’OMC tombera à l’eau.

On n’en est pas là. Après le choix de la marine améri-caine de retenir le français Sodexho pour nourrir seshommes et celui de l’armée de terre d’acheter 322 héli-coptères à Eurocopter – une autre filiale d’EADS –, ladécision du Pentagone en faveur de l’avion ravitailleureuropéen confirme qu’une page est bel et bien en trainde se tourner. Un Etat ne peut plus, au nom du patrio-tisme économique, privilégier un industriel national sison offre n’est pas compétitive.

Quant aux industriels, ils ne peuvent plus rester iso-lés. Sans son accord avec Northrop Grumman, EADSn’avait aucune chance de l’emporter. L’européen a eul’habileté d’apporter d’importantes garanties, notam-ment en terme d’emplois, au point d’inquiéter les syndi-cats européens. Au lieu de défendre à tout prix Boeing,les parlementaires américains feraient mieux de s’inter-roger sur les partenariats industriels qu’il leur faudranouer, demain, dans ces secteurs stratégiques. a

Chronique

AnalyseMichel NoblecourtEditorialiste

Politique Patrick Jarreau

0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SA). La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritaire des publications et agences de presse n° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037

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01232 Samedi 8 mars 2008

Pendant quinze ans, ViktorBout, le « marchand de mort »le plus célèbre de la planète,s’est joué de tout. Des frontiè-res, des lois, des polices de plu-

sieurs pays lancées à ses trousses, dessanctions et des mandats d’arrêt. Sansmême parler de la morale. Il est finale-ment tombé, jeudi 6 mars, dans un piègetendu par des agents de la Drug Enforce-ment Administration (DEA) américaineà Bangkok.

Est-ce la fin pour Viktor Bout, 41 ans,qui inonde en toute impunité depuis ledébut des années 1990 la planète desconflits, de l’Afrique à l’Asie centrale,d’un flot d’armes tirées des arsenaux del’ex-bloc soviétique ? S’il est trop tôt pourêtre certain que la carrière de l’étrangeM. Bout, « Viktor » comme l’appellentceux qui ont participé à sa traque desannées durant, vient de prendre fin à Ban-gkok, on peut dater son début, qui coïnci-de avec la fin de l’Union soviétique.

Lors de l’effondrement de l’URSS,Viktor Bout n’a pas 30 ans. Né peut-êtreà Douchambé, au Tadjikistan, selonl’un de ses passeports, il a étu-dié à l’Institut militaire deslangues étrangères de Mos-cou, vivier de l’espionnagesoviétique, y a appris cinq lan-gues, avant d’être posté enAngola, sans doute au seindes services de renseigne-ment de l’armée rouge.

L’ex-« pays frère » sera l’un de ses pre-miers clients après le séisme historiquequi va l’amener à entrer dans les affaires.La mort brutale du système soviétiquelaisse derrière elle des arsenaux pleins,des flottes d’avions désormais inutiles etdes militaires clochardisés. Parallèle-ment, le couvercle de la guerre froide, ensautant, ouvre la voie à des conflits,notamment en Afrique.

Viktor Bout va relier tous ces aspectsgrâce à un business plan d’une redoutablesimplicité. Il va mettre sur pied un réseaupour vider les arsenaux et alimenter grâ-ce à ses avions les conflits pauvres, maismeurtriers, de la planète.

Kalachnikov, lance-roquettes RPG,munitions par millions, mais aussi blin-dés, missiles divers et hélicoptères decombat, tout ce matériel va désormaisêtre disponible sur le marché grâce à l’ef-ficacité de « Viktor ». Il livre partout,sans rechigner. Les avions-cargos Anto-nov et Iliouchine, retirés officiellementde la circulation, sont réinjectés dans unsystème opaque d’immatriculationschangeantes. Les rustiques « cercueilsvolants » de Viktor Bout se posent surtoutes les mauvaises pistes du monde,tandis que s’instaure un nouveau com-merce triangulaire.

Les avions partent chargés d’armesvers l’Afrique ou l’Afghanistan, et rem-plissent leurs soutes sur les tronçons sui-vants du trajet avec d’autres marchandi-ses, parfois reçues en paiement, allantdes diamants et minerais divers, ou pourassurer un service de fret, tapis d’Asiecentrale ou poulets congelés. A l’occa-

sion, il transportera même de l’aidehumanitaire pour les Nations unies,rêvant de créer une compagnie aérienne« dans le genre Virgin Atlantic ».

« Le problème posé par Viktor Boutdépassait le fait de convoyer des armes »,affirme Lee Wolovsky, un responsableaméricain qui a traqué le trafiquant desannées durant (cité dans Merchant ofDeath, le livre de Douglas Farah et Ste-phen Braun). « Il a surtout un réseau logis-tique, le meilleur au monde. »

Fort, très fort, Viktor Bout. Pour lesbesoins de ses trafics, il s’installe à Osten-de, en Belgique, puis au Liberia. D’autresimmatriculations africaines suivront.Mais sa base logistique, pendant plu-sieurs années, sera à Charjah, l’un desEmirats arabes unis. Au total, la galaxieBout gère une cinquantaine d’avions,sous différents noms. Les sociétés s’em-boîtent, les pavillons et les immatricula-tions valsent, les contrats se multiplient.

Le Russe volant devient l’un des princi-paux pourvoyeurs d’armes de pays sousembargo, comme le Liberia. Dans lechoix de ses clients, il fait preuve d’une

impartialité qui défie les loisde ce marché si particulier. EnAngola, le réseau Bout fourniten même temps le gouverne-ment de Luanda que les rebel-les de l’Unita. En Afghanistan,Viktor Bout devient proched’Ahmed Shah Massoud, le« Lion du Panshir », sans que

cela l’empêche de devenir fournisseur deses ennemis, les talibans.

Lorsque Mobutu Sese Seko, « Roi duZaïre », fuit son pays devant l’avancée derebelles, c’est dans un Antonov de ViktorBout. Lequel vend déjà des armes auxtombeurs du maréchal-président, lesrebelles soutenus par le Rwanda. AuCongo, il se fait payer en coltan, minerairecherché par l’industrie électronique,ou en diamants, notamment dans sestransactions avec Jean-Pierre Bemba,ex-chef rebelle aujourd’hui réfugié auPortugal.

Viktor Bout, lui, semble devoir échap-per à la justice. Menant grand train àMoscou, il insiste pour se définir comme« un simple homme d’affaires », et expli-que qu’on le persécute parce que « per-sonne ne peut supporter qu’un Russe réus-sisse ». De ses multiples protections, enRussie ou ailleurs, pas un mot.

Utile, si utile, Viktor Bout. Ses avionsavaient alimenté en armes les talibans etAl-Qaida dans l’Afghanistan où Oussa-ma Ben Laden préparait les attentats du11-Septembre. Cela n’empêchera pas lesEtats-Unis de faire appel à ses servicesaprès l’invasion de l’Irak pour faire livrerdes armes aux troupes américaines et àleurs alliés. En 2004, les avions de ViktorBout ont effectué plusieurs centaines devols pour le compte de l’administrationaméricaine ou l’un de ses sous-traitants,pour une facture se montant à près de60 millions de dollars. Contrat rompuseulement en raison de fuites dans lapresse. a

Jean-Philippe Rémy

Le trafiquant russe Viktor Bout, 41 ans, qui inondait la planète en armes depuis la fin de l’empiresoviétique, a été arrêté jeudi 6 mars à Bangkok par des agents américains et la police thaïlandaise

Itinéraire d’un « marchand de mort »

Page trois

Viktor Bout en 2003. JAMES HILL/CONTACT PRESS IMAGES

IL PENSAIT s’être rendu en Thaïlandepour y conclure un contrat de livraisonsd’armes à la guérilla des Forces arméesrévolutionnaires de Colombie (FARC),portant sur une centaine de missiles sol-air, accompagnés de lance-roquettes,qui devaient être parachutés au-dessusde leurs bases dans la jungle. Curieuse-ment, alors que Viktor Bout avait desliens avec les FARC au moins depuis1998, il s’est laissé abuser par de faux res-ponsables de la guérilla colombienne.

Ses interlocuteurs étaient, en réalité,des agents de la Drug EnforcementAdministration (DEA) américaine, quiont passé des mois à infiltrer son réseau,et ont permis son arrestation dans unhôtel cinq étoiles de Bangkok, avec l’aidede la police thaïlandaise, mais aussi cel-les des Antilles hollandaises (où Viktor

Bout a des intérêts, gérés par son épou-se) et de Roumanie. Le « marchand demort » russe, escorté par quinze poli-ciers thaïlandais, a été présenté à la pres-se menotté, vêtu d’un tee-shirt orange etd’un pantalon kaki. Il est resté impassi-ble et silencieux.

Déjà, les Etats-Unis ont affirmé qu’ilsdemanderaient son extradition, mais laRussie, dont Viktor Bout est citoyen,pourrait faire de même, tandis que laThaïlande envisage de le juger. Et la Bel-gique, qui a émis en 2002 un mandatd’arrêt international contre lui pour sonimplication dans des opérations de blan-chiment d’argent, pourrait également leréclamer.

Il est encore trop tôt pour déterminersi ces options contradictoires peuventdevenir source de confusion. Cette confu-

sion dont Viktor Bout a bénéficié à plu-sieurs reprises dans le passé…

La Belgique avait monté en 2002,déjà, avec la coopération de polices et ser-vices de renseignements européens, unpiège destiné à arrêter Viktor Bout, enprovenance de Moscou, à sa descented’avion aux Emirats arabes unis où ildevait finaliser un contrat de livraisond’armes. Le trafiquant était frappé d’uneinterdiction de circuler en raison de sesviolations répétées des embargos sur lesarmes des Nations unies.

Un enquêteur belge qui avait partici-pé à l’opération se souvient de sa rage devoir arriver l’appareil vide. « Tout avaitété mené dans le plus grand secret. Viktoravait été protégé par des services de rensei-gnements. » a

J-P.R.

Un réseau créépour viderles arsenauxet alimenterles conflitsde la planète

Une si longue traque

0123Samedi 8 mars 2008 3

JÉRUSALEMCORRESPONDANT

Sous le titre « Une implosion humanitai-re », plusieurs organisations humanitai-res britanniques et françaises ont dresséun rapport alarmant, publié jeudi6 mars, de la situation dans la bande deGaza. Elles estiment qu’il s’agit de lasituation « la pire depuis le début de l’occu-pation israélienne en 1967 ». « Si le blocusne cesse pas immédiatement, il sera impos-sible d’éviter qu’une catastrophe ne survien-ne dans la bande de Gaza et les espoirs depaix dans la région seront anéantis », aver-tit Geoffrey Dennis, responsable de CareInternational britannique.

Ce minuscule territoire de 360 km2

peuplé de 1,5 million d’habitants a étédéclaré « entité hostile » par Israël le19 septembre 2007. Le blocus a été ren-forcé à partir du 17 janvier et 1,1 millionde personnes sont désormais dépendan-tes de l’aide alimentaire.

Selon le Programme alimentaire mon-

dial (PAM), entre juin et septem-bre 2007, le nombre de familles gagnantmoins de 1,2 dollar par jour est passé de55 % à 70 %. Le 15 juin 2007, le Hamas apris le pouvoir par la force, ce qui aentraîné la fermeture de tous les pointsde passage et une restriction drastiquedes approvisionnements en provenanced’Israël, qui est l’unique fournisseur. Lenombre de camions de livraison s’estréduit de 250 à 45 par jour. D’après unrapport de la Banque mondiale, 95 % del’activité industrielle ont été stoppés.

Taux de chômage de 40 %Des secteurs entiers de l’économie

sont paralysés. Sur les 3 900 fabriquesde toute nature recensées en juin 2005,il n’en reste plus que 195 employant seu-lement 1 750 personnes au lieu de35 000. Le taux de chômage est d’envi-ron 40 % et pourrait atteindre prochaine-ment 50 % selon l’Office des Nationsunies pour la coordination des affaires

humanitaires (OCHA). « La bande deGaza est sur le point de devenir le premierterritoire à être réduit intentionnellementà un état d’abjecte destitution, avec l’ac-quiescement, la complicité – et certainsdiront les encouragements de la commu-nauté internationale », s’insurge KarenKoning Abou Zayd, responsable del’agence des Nations unies pour les réfu-giés palestiniens (UNRWA).

La vie quotidienne est aussi de plus enplus difficile et la situation sanitaire trèscritique. Selon Oxfam, 40 à 50 millionsde litres d’eaux usées sont déversés cha-que jour dans la Méditerranée en raisonde la dégradation du système d’égoutsqui ne peut être entretenu faute de piè-ces détachées et du manque de ciment.

Toutes les infrastructures pâtissentde l’absence de pièces de rechange et enraison des restrictions imposées parIsraël, les coupures d’électricité dans leshôpitaux oscillent entre huit à douze heu-res par jour. Le carburant pour les géné-

rateurs ne permet de tenir que quelquesjours. Selon l’Organisation mondiale dela santé (OMS), le nombre de permisdonnés aux malades pour sortir de Gazaafin de se faire soigner est passé de83,9 % en janvier 2007 à 64,3 % endécembre de la même année.

Le rapport réfute l’argument des auto-rités israéliennes, qui rejettent la fautesur le Hamas, en insistant sur le fait quel’Etat juif s’est retiré de la bande de Gazaau cours de l’été 2005. « En réalité, Israëla gardé le contrôle effectif en exerçant uncontrôle total sur les frontières territoriales,aériennes et maritimes et sur la circulationdes personnes et des biens », souligne le tex-te, qui s’interroge sur le bien-fondé dublocus, estimant qu’il s’agit d’une « puni-tion collective, inacceptable et illégale et quin’apporte la sécurité ni aux Israéliens niaux Palestiniens ». « La politique interna-tionale d’isolement du Hamas n’a débouchésur rien de positif », conclut le rapport. a

M. B.-R.

LES COMBATS, début février,entre les forces armées tchadien-nes et les rebelles à N’Djamena,la capitale, et à Massaguet, uneville de la même région, ont fait« autour de 700 morts » dont unemajorité de civils, a indiqué leprésident tchadien Idriss Déby,dans un entretien diffusé, jeudi6 mars, par France 24. M. Déby alaissé entendre que le Soudanvoisin était « en train d’équiper[les rebelles] avec de nouvellesarmes (…) pour les préparer pourdes attaques ».

M. Déby a démenti l’arresta-tion par les forces tchadiennes dedeux dirigeants de l’opposition.« Ni M. Yorongar ni M. IbniOumar [Mahamat Saleh] n’ontété interpellés par l’armée », a-t-ilaffirmé avant d’ajouter : « La gar-de présidentielle avait autre choseà faire. »

Les propos du chef de l’Etats’opposent à ceux de M. Yorongarqui, arrivé jeudi à Paris en prove-nance du Cameroun, a raconté àla presse comment il avait été arrê-té le 3 février à son domicile « parplusieurs militaires armés » avantd’être conduit dans une « prisonsecrète [installée] dans un petitcamp militaire » de la capitale.

Incarcéré, chaînes aux pieds,

M. Yorongar sera détenu ausecret pendant plus de deuxsemaines avant d’être libéré le21 février, après avoir fait l’objetd’un simulacre d’exécution dansun cimetière de N’Djamena.M. Yorongar a ensuite réussi àrejoindre le Cameroun.

L’opposant tchadien s’est égale-ment dit convaincu qu’IbniOumar, un ancien ministre, un

temps détenu dans la même pri-son que lui, était décédé, « àmoins d’un miracle ». MaisM. Yorongar n’a aucune preuveformelle du décès.

L’un des enfants d’Ibni Oumar,Hicham, installé en France, est, àl’inverse, convaincu que son pèreest toujours en vie. « On sait quemon père a été arrêté par des hom-mes de Déby. Des officiers supé-rieurs nous ont dit l’avoir vu dansdes locaux de la présidence. Il a ététorturé et battu, mais on pense qu’ilest toujours vivant », confie-t-il.

Le fils de l’opposant, qui a étéreçu en milieu de semaine par leprésident français Nicolas Sarkozy,s’est dit convaincu que « la Franceétaitau courant des arrestations opé-rées par le régime. Elle savait où ils setrouvaient. La “Francafrique’’ conti-nue d’exister. » a

Jean-Pierre Tuquoi

International

JÉRUSALEM

CORRESPONDANT

I l était environ 20 h 30 lorsqu’un hom-me portant un paquet est entré, jeudi6 mars, dans la célèbre yeshiva (école

talmudique) Mercaz Harav, dans le quar-tier de Kyriat Moshe, à Jérusalem. Cethomme originaire de Jérusalem-Est, lapartie arabe de la ville sainte, a pénétrédans la bibliothèque, a ouvert son paquet,en a sorti un kalachnikov et a commencé àtirer sur les étudiants. Il y avait près de80 personnes dans la salle. Des dizainesde douilles ont été récupérées sur le solensanglanté. L’homme s’est ensuite dirigévers l’auditorium et a fait de nouveau feusur quelques étudiants qui s’y trouvaientavant de sortir de l’école talmudique. Huitétudiants, dont certains encore adoles-cents, ont été tués sur le coup, etonze autres blessés, dont troisgrièvement.

Yitzhak Danon, un étudiant,avait entendu les coups de feu.Il s’est couché à terre avec sonarme et lorsque le tireur est sor-ti, il lui a tiré deux balles dans latête. Au même moment, un offi-cier parachutiste est arrivé surles lieux de la fusillade et a achevé l’hom-me à terre.

Dehors, la foule rassemblée devant leslieux criait « Vengeance ! », « A mort lesArabes ! ». Le premier ministre israélien,Ehoud Olmert, a expliqué que « ce qui s’estpassé prouve que l’Autorité palestinienne necombat pas suffisamment la terreur. Nousn’allons pas faire la paix avec de tels événe-ments. »

Cet attentat est le premier depuis qua-tre ans à Jérusalem. Aucune organisationpalestinienne connue n’a revendiqué cetteaction meurtrière. Seul un groupe incon-nu, les Kataëb Ahrar El-Jalil (Brigades deshommes libres de Galilée – Groupe dumartyr Imad Moughnieh et les martyrs deGaza), a téléphoné à la chaîne de télévisiondu Hezbollah, Al-Manar, à Beyrouth, pours’attribuer cet attentat. Cette organisationporte le nom du chef militaire de la milice

chiite libanaise, Imad Moughnieh, tué parune voiture piégée le 12 février à Damas.Le Hezbollah n’a toutefois pas officielle-ment revendiqué l’attentat de Jérusalem,même si Hassan Nasrallah a déclaré le14 février « la guerre ouverte » à Israël.

Des cris de joie et des manifestations decontentement ont salué cet attentat dansles camps de réfugiés palestiniens auLiban, mais également dans la bande deGaza, notamment à Jabaliya, cible de larécente opération israélienne Hiverchaud, qui a causé la mort de 80 person-nes. Sami Abou Zhouri, porte-parole duHamas, a déclaré que son organisation« apportait sa bénédiction à l’opérationhéroïque de Jérusalem, qui est une réactionnaturelle au massacre commis par les sionis-tes ».

De son côté, le président del’Autorité palestinienne, Mah-moud Abbas, a condamné cetteattaque, précisant : « Nouscondamnons toutes les attaquesvisant des civils, qu’elles soientpalestiniennes ou israéliennes. »

Depuis le 27 février, date àlaquelle a commencé la nouvel-le vague de violences, plus de

130 Palestiniens sont morts, ainsi quetrois soldats israéliens et un civil, victimed’une roquette Qassam à Sdérot. Un sol-dat a été tué, jeudi, par l’explosion d’unemine au passage d’une Jeep à la frontièrede la bande de Gaza, et cinq Palestiniensont péri lors de deux raids aériens, l’un àJabaliya et l’autre au sud de ce territoire.

La tension s’est aussi transportéeen Cis-jordanie où, cette semaine, différentesmanifestations ont été organisées pourprotester contre « le carnage » de Gaza.Au cours de l’une d’entre elles, un colon, sesentant menacé, a tué d’une balle dans latête un manifestant âgé de 18 ans près deRamallah. Il a été relâché après qu’il a étéjugé qu’il avait agi en état de légitimedéfense. Des incidents se sont égalementproduits sur l’esplanade des mosquées àJérusalem.

Vendredi, les autorités israéliennes ont

décrété l’état d’alerte général. EhoudBarak, ministre de la défense, a annulé unvoyage aux Etats-Unis. Vendredi matin, ilconsultait les hauts responsables de l’état-major de l’armée afin de décider de mesu-res de protection.

L’attentat de la yeshiva a pris complète-ment par surprise les autorités israélien-nes. Son auteur était, paraît-il, connu desservices de police. La cible choisie est sym-bolique. La yeshiva Mercaz Harav a été leberceau du mouvement du bloc de la foi, leGoush Emounim, artisan de la colonisa-tion en Cisjordanie. a

Michel Bôle-Richard

Le Conseil de sécurité de l’ONU, réuni enurgence, n’a pas pu s’entendre, jeudi6 mars, sur un texte condamnant l’atten-tat en raison de l’opposition de la Libye.Selon l’ambassadeur américain ZalmayKhalilzad, « il n’y a pas eu d’accord car ladélégation libyenne n’a pas voulucondamner » cet acte sans le lier aux évé-nements de Gaza.L’attentat de Jérusalem a suscité unevive émotion. George Bush a condamnéun « attentat barbare et malfaisant ».

Le président américain s’est entretenuavec le premier ministre israélien, EhoudOlmert. L’attentat de Jérusalem est« une flèche » visant « le cœur du proces-sus de paix qui avait été ranimé si récem-ment », a dit le chef de la diplomatie bri-tannique, David Miliband. Son homolo-gue français, Bernard Kouchner, a appe-lé, dans un communiqué, à la « poursuitede la négociation ». « Il n’y a pas d’alter-native à la recherche d’une solution politi-que négociée », a-t-il ajouté. – (AFP.)

Israël Huit étudiants de l’institut Mercaz Harav ont été tués. Un groupe arabe inconnu a revendiqué l’attaque

Attentat dans une école talmudique à Jérusalem

Un secouriste dans l’école talmudique Mercaz Harav de Jérusalem, mardi 6 mars, après l’attaque contre les étudiants. AP/ZAKA RESCUE AND RECOVERY

Le président Idriss Déby a affir-mé, au cours de son entretien àFrance 24, qu’il envisageait degracier dans « moins d’un mois »les six Français de l’Arche de Zoé,après avoir « trouvé une solu-tion » à la question de l’indemni-sation des familles des103 enfants tchadiens. « J’en aiparlé avec le président Sarkozy. Il

m’a dit qu’il allait nous assister »,a affirmé le chef de l’Etat.Les membres de l’association ontété condamnés, le 26 décembre2007, par la justice tchadienne, àhuit ans de travaux forcés avantd’être transférés vers la France.La grâce du président Déby est laseule possibilité pour eux d’obte-nir une libération rapide. – (AFP.)

« La pire situation depuis l’occupation de 1967 » à Gaza, selon des humanitaires

Depuis la vaguede violencesà Gaza, la tensions’est transportéeen Cisjordanieet à Jérusalem

La Libye bloque le vote d’une condamnation à l’ONU

CHRONOLOGIE

19 août 2003 : l’attentat le plusmeurtrier commis à Jérusalem a lieulorsqu’un kamikaze se fait sauter dansun autobus transportant des religieuxorthodoxes revenant de la prière.Vingt-trois d’entre eux sont tués.22 février 2004 : un kamikaze causela mort de huit personnes dans un auto-bus. C’était le dernier attentat commisà Jérusalem. Le 29 janvier, un autreattentat-suicide avait fait onze victimes.17 avril 2006 : onze morts lorsd’un attentat-suicide dans le terminald’autobus de Tel-Aviv.29 janvier 2007 : un kamikaze, infiltréen Israël depuis le Sinaï, se faitexploser dans une boulangerie, à Eilat,tuant trois Israéliens.4 février 2008 : deux kamikazes,venus d’Hébron en Cisjordanie, pénè-trent dans une galerie commercialeà Dimona, au sud-est d’Israël. Seul, l’und’eux parvient à actionner sa charge,qui tue une personne. Le deuxièmehomme est abattu par un policier.

TCHAD DROITS DE L’HOMME

Idriss Déby évoque « 700 morts » et dément l’arrestation d’opposants

Arche de Zoé : une grâce dans « moins d’un mois »

4 0123Samedi 8 mars 2008

Retrouvez l’intégralité du communiqué sur www.carrefour.com

Résultats

annuels

Objectifs 2007 atteints

Accélération en 2008

En 2007, le Groupe a tenu ses engagements

• Le chiffre d’affaires a enregistré une troisième année consécutive d’accélération de la croissance avec une

progression à changes constants de 7%, contre 6,4 % en 2006.

Le résultat opérationnel avant éléments non courants (après reclassification IFRS 2**) augmente de 3,4%,

globalement en ligne avec la progression constatée en 2006.

• Les marchés de croissance confirment leur rôle de relais de croissance pour le Groupe, avec un chiffre

d’affaires en hausse de près de 25 % et un résultat opérationnel avant éléments non courants qui

augmente de 42 %.

• L’autofinancement a progressé de 9,3 % à 3,9 Md€, soutenu par les performances opérationnelles du

Groupe. Nous avons maintenu la solidité de nos ratios financiers et de notre situation financière.

2008, une nouvelle étape de croissance rentable

Nous maintenons nos objectifs pour 2008

• Un chiffre d’affaires en croissance de 6 à 8 % (hors acquisitions) et une croissance plus rapide du résultat

opérationnel par rapport au chiffre d’affaires.

• Un cash-flow libre d’environ 1,5 Md€ et une amélioration du ROCE grâce à cette croissance et à une

allocation plus efficace des capitaux.

Plusieurs initiatives clés devraient nous permettre d’atteindre ces objectifs

• Le déploiement de nos nouveaux modèles commerciaux.

• La réduction des coûts logistiques et des autres charges d’exploitation.

• Une allocation du capital plus efficace.

Deux axes supplémentaires de création de valeur ont été identifiés

• La potentielle convergence des enseignes en France : après les premières étapes encourageantes en

2007, une décision sur le déploiement sera prise au deuxième trimestre 2008.

• La création d’un deuxième métier au sein du Groupe, l’immobilier : l’ouverture du capital de Carrefour

Property se ferait dans un premier temps par un placement privé au quatrième trimestre 2008.

Nous prévoyons une amélioration du retour aux actionnaires, grâce aux produits provenant d’éléments

exceptionnels (cessions, externalisation de l’immobilier) pour un montant d’environ 4,5 Md€, sur

la période 2008-2010.

« Nos résultats 2007 traduisent la qualité de nos fondamentaux et la pertinence

de nos choix stratégiques. Ils démontrent que notre Groupe est en ordre de

marche pour entamer une nouvelle étape de sa croissance.

José Luis Duran, Président du Directoire

2007

* Avant éléments non courants et après

reclassification IFRS 2.

** Conformément à IFRS 2, les coûts de

stock options ont été reclassés en frais de

personnel au lieu de charges non courantes

précédemment. 2006 et 2007 ont été ajustés

en tenant compte de cette reclassification.

PROCHAINS RENDEZ-VOUS

Assemblée Générale des Actionnaires : 15 avril 2008

Publication T1 2008 : 13 mai 2008

Chiffre d’affaires HT

82148m€

+ 6,8 %+ 7 % à changes constants

RésultatOpérationnel*

3291m€

+ 3,4 %

Résultat Net des activités

poursuivies,

part du Groupe :

1868 m€

+ 0,7 %

Dividende proposépar action :

1,08 €

Soumis à l'approbation de l’Assemblée

Générale des Actionnaires du 15 avril 2008

CONTACTS

Relations investisseurs : + (33) 01 55 63 39 00

Relations presse : + (33) 01 58 47 98 88

Information actionnaires :N° vert : 0805 902 902

«

Managua déclare agir par« solidarité » avec l’Equateur.Une grave crise oppose Quitoet Caracas à Bogota depuis quel’armée colombienne a tué un chefdes FARC en territoire équatorien

19982008

DE COMBAT.

Pour les Femmes.

Pour la Science.

10 ANS

Le Nicaragua rompt ses relationsdiplomatiques avec la Colombie

BOGOTA

CORRESPONDANTE

L’un est en prison, l’autre vient de retrou-ver son bel appartement de Bogota. Lesdeux se sont connus dans la jungle. Arrê-té en février, Heli Mejia, dit « MartinSombra », a passé trente-cinq ans ausein des Forces armées révolutionnairesde Colombie (FARC, extrême gauche).Pendant des mois, il a eu sous sa gardeun groupe d’otages parmi lesquels IngridBetancourt et Luis Eladio Perez, libéré le27 février. « Sans la solidarité d’Ingrid, jen’aurai pas survécu », avoue cet anciensénateur qui a passé sept ans en captivité,dont quatre en compagnie de l’ex-candi-date présidentielle. Après avoir tentéensemble de s’échapper, ils ont étéenchaînés en permanence, ou presque.

« Le geôlier des FARC » a accordé unentretien au principal hebdomadairecolombien, Semana. C’est parce qu’ilavait la confiance absolue de ManuelMarulanda, le chef historique des FARC,et parce qu’il a « de l’expérience pour déta-ler » que Martin Sombra a eu la responsa-bilité des otages. L’ordre était de les tueren cas d’intervention de l’armée. « Maisil fallait résister, dit-il. Moi, j’ai toujoursdit : ou tout le monde s’en sort, ou tout lemonde meurt », guérilleros et otages.

Les chaînes ? « C’étaient les ordres »,affirme Martin Sombra. « J’ai fait monboulot humanitairement [sic], dans lamesure où j’ai pu, poursuit-il. J’ai amélio-ré la nourriture et je les ai fait respecter, lesotages. Ils ont qu’à vous dire. »

« C’est vrai », confirme Luis EladioPerez. « Sombra est de ceux qui nous abien traités. C’est lui qui m’a trouvé unecuiller. J’avais perdu la mienne. Depuis dessemaines, je devais manger avec les doigts.En captivité, ce genre de détail devient fon-damental », explique-t-il.

L’ancienotage voudrait retrouver l’appé-tit et le sommeil. Après des semaines de riz,

haricotssecset lentilles, le régime de lagué-rilla, « deux hommes sont capables de se tuerpour une aile de poulet », raconte M. Perez.Les relations entre les otages sont d’autantplus difficiles que leurs ravisseurs montentles militaires ou policiers capturés au com-bat, issus de milieux modestes, contre lespolitiques, traités d’« oligarques ». A l’encroire, la célébrité internationale d’IngridBetancourt l’expose à la jalousie de cer-tains de ses compagnons d’infortune.

Force de caractère« Avec moi, Ingrid n’a jamais eu une

mauvaise attitude, assure Martin Sombra.Ingrid est une personne bien élevée. Mais sielle veut vous dire que vous êtes un “fils depute”, elle le dit. » Luis Eladio Perez décritavec émotion la droiture morale d’IngridBetancourt face à ses ravisseurs, sa forcede caractère dans l’adversité. Pour passerle temps, elle donnait des cours de fran-çais aux autres otages. M. Perez entonneen riant la Marseillaise.

Martin Sombra, lui, a enseigné desrudiments d’espagnol aux trois Améri-cains capturés en 2003. « Ils m’ont bieneu. Ils me disaient sanavebitch [son of abitch, « fils de pute »] et je croyais quecela voulait dire montagne. Après j’ai su »,raconte le guérillero. Il riait tellementavec les « gringos » que les politiques ontfini par être jaloux. « Ingrid m’a demandéce que je faisais avec eux, puisque c’étaientles ennemis des FARC », dit-il.

Lesgeôliersqui ont suiviMartin Sombraétaient « bien pires ». Malgré les insultes etles humiliations, M. Perez « a fait l’effort dene garder ni haine, ni rancœur ». Jamais,Ingrid Betancourt et lui n’ont eu l’occasionde discuter avec un chef des FARC. Com-ment en vouloir aux guérilleros de la base,qui ont pris les armes poussés par la misère« et qui vivent dans les mêmes conditions queles otages ? », demande-t-il. a

Marie Delcas

International

BOGOTA

CORRESPONDANTE

Après l’Equateur et le Venezuela, leNicaragua a rompu, jeudi 6 mars,ses relations diplomatiques avec la

Colombie. A Managua, le présidentDaniel Ortega a précisé qu’il agissait« par solidarité » avec l’Equateur, dont leprésident, Rafael Correa, poursuit unetournée latino-américaine.

A la tête du gouvernement sandinistedans les années 1980, M. Ortega avaitalors entretenu des liens avec les gué-rillas colombiennes. Récemment, il inter-pellait devant les caméras son « frèreManuel Marulanda », le chef des Forcesarmées révolutionnaires de Colombie(FARC, extrême gauche). Un litige fronta-lier oppose depuis vingt-cinq ans le Nica-ragua et la Colombie. Managua réclameles îles de San Andres et Providencia,dans la mer des Caraïbes.

A Quito, l’ambassade de France aconfirmé qu’elle était au courant descontacts établis entre le gouvernementéquatorien et les FARC, en vue de la libé-ration des otages. Le président Correajustifie ainsi la rencontre entre son minis-tre de la sécurité et Raul Reyes, le chef

des FARC tué au cours du raid militaireen territoire équatorien, qui a suscité lacrise dans la région. « Le plus grand suc-cès militaire du président colombien AlvaroUribe tourne au désastre diplomatique »,note l’analyste Pedro Medellin.

Si le président vénézuélien, Hugo Cha-vez, met à exécution ses menaces de natio-naliser les entreprises colombiennes auVenezuela, Bogota n’hésitera pas à saisirles tribunaux internationaux, a indiquél’ambassadeur colombien auprès de l’Or-ganisation des Etats américains (OEA).

Le président équatorien souhaite quele Groupe de Rio, réuni vendredi à Saint-Domingue, condamne l’attaque colom-bienne. M. Correa doit y croiser seshomologues vénézuélien et colombien. a

M. Ds

BOGOTACORRESPONDANTE

Consuelo Ramirez, 69 ans, tient sur sapoitrine le cadre doré dans lequel,depuis vingt et un ans, jaunit la photo-graphie de son fils. « Moi, je ne sais riende la politique. On m’a dit qu’il avait desidées à gauche. Vous trouvez que c’est uneraison pour assassiner les gens ? », interro-ge-t-elle de sa voix frêle.

Consuelo est descendue dans la rue,jeudi 6 mars à Bogota. Autour d’elle, ban-deroles et photos évoquent le « génoci-de » de l’Union patriotique – un mouve-ment de gauche décimé dans les années1980 –, les massacres des groupes para-militaires d’extrême droite et les milliersde victimes du conflit armé colombien.Comme elle, syndicalistes, étudiants,paysans, indigènes, journalistes, univer-sitaires sont là pour dire leur solidarité.

A Bogota et dans les principales villesdu pays, des centaines de milliers de per-

sonnes ont répondu à l’appel du Mouve-ment des victimes de crimes d’Etat.« C’est une manifestation de solidaritéavec les 4 millions de déplacés, les15 000 disparus et les milliers de victimesdes paramilitaires qui gisent dans des fos-ses communes », explique Ivan Cepeda,fils d’un sénateur assassiné en 1994.

« Uribe, le peuple est en colère »Les partis d’opposition et des dizaines

d’organisations sociales et de défensedes droits de l’homme avaient égale-ment appelé à la manifestation. « Maisnous n’avons pas compté avec le battagemédiatique qui avait précédé la manifesta-tion du 4 février contre les FARC [Forcesarmées révolutionnaires deColombie] », souligne un manifestant.

En accusant les organisateurs d’êtremanipulés par la guérilla, José ObdulioGaviria, conseiller du président AlvaroUribe, a provoqué une vive polémique.

« Il est indigne de penser que les victimesdes paramilitaires pèsent moins que cellesdes FARC », affirme la sénatrice GinaParody, de la majorité présidentielle,venue manifester.

« C’est absurde de penser que la manifdu 4 février était une manifestation de droi-te et celle du 6 mars une manifestation degauche. Nous devons protester contre toutesles violences », assure Hernando Escobar,un jeune journaliste qui a participé auxdeux manifestations. Jeudi, l’oppositiondominait dans les rangs. « Uribe, parami-litaire, le peuple est en colère », crient desmanifestants. « Président Correa, c’est pasnous, c’est le “para” Uribe qui l’a fait »,scandent d’autres, en allusion à la récen-te incursion militaire en territoire équato-rien. « Ce n’est pas le sujet aujourd’hui. Jesuis là parce que je ne veux pas oublier tousmes collègues assassinés », confie l’univer-sitaire Claudia Sampedro. a

M. Ds

TÉMOIGNAGES À BOGOTA

Un guérillero et un ancien otagedes FARC évoquent Ingrid Betancourt

Des milliers de Colombiens manifestent contre les paramilitaires

6 0123Samedi 8 mars 2008

Après la décision de StevenSpielberg de boycotter les Jeuxolympiques de Pékin,le gouvernement chinois mèneune contre-offensivepour redorer son image

www.forwomeninscience.com

Lihadh Al-Gazali - Emirats Arabes Unis.Lauréate 2008 pour l'Afrique et les Etats Arabes.

Pour ses contributions à la caractérisation de troubles héréditaires.

19982008

C ’est l’« effet Spielberg » : le régimechinois est en train d’engager unecontre-offensive diplomatique et

médiatique afin de redorer son blasonaprès les dégâts infligés à son image par ladécision de Steven Spielberg de renoncer àsa participation aux Jeux olympiques dePékin (8-24 août). Le cinéaste américain,qui devait y officier comme consultantartistique pour les cérémonies d’ouvertureet de clôture, avait justifié, à la mi-février,son geste par l’inaction pékinoise dans lestentatives de règlement de la crise du Dar-four, la région occidentaledu Soudan théâ-tre d’une sanglante répression menée parl’armée de Khartoum et ses supplétifs jan-jawids (cavaliers arabes).

Fidèle soutien du régime soudanais,avec lequel elle a scellé une fructueuse coo-pération énergétique et militaire, la Chineestde longue date critiquée par des organi-sations des droits de l’homme pour la res-ponsabilité indirecte qu’elle porte dans lesexactions que subissent les populations duDarfour. A l’approche des JO, la pressionest montée d’un cran.

Depuis le coup d’éclat de l’icône d’Hol-lywood, qui a assombri le climat pré-olym-pique, la diplomatie pékinoise orchestre lariposte. De retour d’une mission au Sou-dan et au Tchad, l’envoyé spécial chinoispour le Darfour, Liu Guijin, un diplomatede haut rang familier du terrain africain,s’est ainsi efforcé de dissiper, mercredi5 mars, lors d’une conférence de presse àParis, les « malentendus » autour de l’atti-tude de Pékin dans cette crise. Il a longue-ment insisté sur les efforts déployés par laChine pour faire avaliser par Khartoum lamise sur pied d’une force hybride de main-tien de la paix (Minuad) associant l’Unionafricaine et les Nations unies. « La Chine ajoué un rôle positif pour convaincre le Sou-

dan d’accepter la force hybride », a rappeléLiu Guijin.

Evoquant les difficultés ayant récem-ment surgi dans la composition de laMinuad, Liu Guijin a précisé avoir « utiliséun langage clairpour convaincre legouverne-ment soudanais de faire des concessions »afind’accélérer le déploiement de cette for-ce de 26 000 hommes dans un contexte dereprise des combats et de nouveaux dépla-cements de populations.

« Changement significatif »« La Chine est prête, a-t-il précisé, à une

coopération sincère avec les pays occiden-taux » pour trouver une « solution pacifi-que » au Darfour. « Nous ne voulons pas deconfrontation avec l’Occident » sur cettequestion, a-t-il insisté, même s’il a appeléles capitales occidentales à faire davantagepour convaincre les mouvements rebellesde « retourner à la table des négociations ».

L’approche plus constructive de laChine est de plus en plus reconnue. « Nousavons constaté un changement significatifau cours des douze derniers mois », estime

Colin Keating,directeurexecutif de Securi-tyCouncilReport, uneONG qui suit les tra-vauxdu Conseil de sécurité.Mais cette évo-lution a ses limites. « En dépit de quelques“coups de pouce” », tempère un diplomatedu Conseil de sécurité, la Chine « a tou-jours prôné le dialogue avec Khartoum ».Une résolution du Conseil de sécuritémenaçant le Soudan de frapper son sec-teur pétrolier serait par exemple exclue.« Le veto chinois est dans tous les esprits »,explique le diplomate.

Les intérêts pétroliers de la Chine auSoudan – les actifs de la China NationalPetroleum Corporation(CNPC) s’y chiffre-raient à 7 milliards de dollars – sont eneffet trop précieux pour que Pékin s’offre leluxe d’une crise grave avec Khartoum.Illustration des limites des pressions dePékin : la Chine a bloqué, le 7 décembre2007, un projet de déclaration du Conseilde sécurité qui aurait exhorté le gouverne-ment soudanais à coopérer avec la Courpénale internationale (CPI). a

Frédéric Bobin(avec Philippe Bolopion à New York)

Critiquée pour son soutien à Khartoum, la Chinemet en avant son « rôle positif » au Darfour

International

CORÉE DU NORD DROITS DE L’HOMME

Quinze Coréens du Nord auraient été exécutés pour être passés clandestinement en ChineTOKYO

CORRESPONDANT

Quinze personnes – deux hommes et trei-ze femmes – ont été exécutées en Républi-que populaire démocratique de Corée(RPDC, Corée du Nord) pour être passéesclandestinement en Chine, a annoncé l’or-ganisation non gouvernementale sud-coréenne Good Friends. Bien renseignéesur la situation en RPDC, Good Friendsfait partie d’une organisation bouddhique.

L’exécution publique a eu lieu le20 février, sur un pont, dans le district de

Juwon de la ville d’Onsung, à l’extrémitéseptentrionale de la province du Ham-kyung du Nord. Le groupe a été exécutépar balles « pour avoir passé la rivièreTumen [qui sépare la Chine de la RPDC],demandé de l’aide à des parents en Chine etfavorisé le passage d’autres habitants ».

Good Friends cite un témoin de l’exécu-tion choqué par ce châtiment. « La mortest une peine trop lourde pour des gens dontle seul crime était de tenter de survivre. Beau-coupd’entre nous ne peuvent vivre qu’en pas-sant illégalement en Chine. Ceux qui ont

ordonné cette exécution connaissent-ils nosconditions de vie ? », a-t-il déclaré, en allu-sion à la pénurie alimentaire, aggravée parles inondations de l’été.

Selon un fonctionnaire nord-coréen,cité par l’ONG, « cette exécution était unavertissement afin de dissuader la popula-tion de passer illégalement en Chine, ce quiest devenu une pratique quotidienne ». Leministère de l’Unification, à Séoul, n’a pasété en mesure de confirmer l’exécution.

En février, la rumeur avait couru quevingt-deux Nord-Coréens renvoyés en

RPDC avaient été fusillés dans la provincede Hwanghae du Sud pour avoir tenté defaire défection.Selon les servicesde rensei-gnements sud-coréens, les membres dugroupe (huit hommes, quatorze femmesetdeux étudiants) n’auraient pas exprimé lesouhait de rester. Séoul n’a pas confirmé.

Le raidissement des autorités nord-coréennes à l’égard des migrants à la fron-tière pourrait être l’effet de pressionschinoises. Pékin souhaite éviter que cettequestion ne devienne un sujet supplémen-taire de critique internationale au moment

des Jeux olympiques. La Chine considèreces Coréens comme des immigrés écono-miques illégaux (et non comme des réfu-giés) et les renvoie en RPDC, où ils sontcondamnés à des peines plus ou moinslourdes. Une partie d’entre eux sont desmigrants qui vont en Chine pour gagnerun peu d’argent puis repassent en RPDC.D’autres, plus rares, font défection. Plu-sieurs dizaines de milliers de Nord-Coréens se trouveraient du côté chinois dela frontière. a

Philippe Pons

JAPONUn militant nationalistese suicide pour protestercontre la diplomatie nipponeTOKYO. Un militant d’extrême droitejaponais s’est tiré une balle dans la tête,mercredi 5 mars, devant le Parlementnippon. Il était porteur d’une lettreadressée au premier ministre, YasuoFukuda, dans laquelle il critiquait la poli-tique étrangère du gouvernement, jugéetrop favorable à la Chine. Le courrierreprochait aussi à M. Fukuda de boycot-ter le sanctuaire Yasukuni, haut lieu dunationalisme nippon, où sont honorés,parmi les morts pour la patrie, des crimi-nels de guerre.Ce suicide intervient au moment où lesanctuaire Yasukuni, géré de manièreprivée, voit baisser sa fréquentation etles dons. De 2001 à 2006, le premierministre Junichiro Koizumi s’est rendutous les ans au sanctuaire. Le public sui-vait. Le 15 août 2006, date anniversairede la fin de la guerre, sa venue s’étaitaccompagnée de celle de 258 000 per-sonnes. Son successeur, Shinzo Abe, arenoncé aux pèlerinages, et la fréquenta-tion a chuté à 165 000 personnes le15 août 2007.Le recul du nombre de grands dona-teurs, souvent des entreprises, pèse éga-lement sur les finances du sanctuaire. –(Corresp.)

0123Samedi 8 mars 2008 7

Le maintien du veto de la Grèceà propos de la Macédoinene devrait pas empêcherla Croatie et l’Albanie derejoindre l’Alliance atlantiquelors du sommet de Bucarest

Au Canada, le mystère autour de trois pieds droitséchoués près de Vancouver alimente les rumeurs

Un enfant pose dans une rue de Harare, les bras chargés de piles de billets debanque mendiés dans les rues de la capitale du Zimbabwe. Le taux officiel de l’inflationvient de dépasser la barrière des 100 000 %, selon les données de l’Office central desstatistiques publiées fin février. Aucun pays au monde n’affiche une telle inflation.Une élection présidentielle est prévue le 29 mars au Zimbabwe et, pour calmer unepopulation de plus en plus mécontente, le président Mugabe, 84 ans, candidat à sa pro-pre succession, a fait annoncer l’importation massive de produits alimentaires despays voisins.

BRUXELLES

ENVOYÉ SPÉCIAL

La réunion des ministres des affairesétrangères de l’Alliance atlantique,jeudi 6 mars à Bruxelles, avait pour

objectif de préparer le sommet des chefsd’Etat de l’OTAN qui se retrouveront, du2 au 4 avril, à Bucarest (Roumanie), pourdiscuter de l’élargissement de l’Allianceà de nouveaux membres.

Cette perspective d’adhésion se décli-ne à deux niveaux : trois pays – Croatie,Albanie et Macédoine – espèrent obtenirà Bucarest une invitation en bonne et dueforme ; deux autres – Géorgie et Ukraine– attendent de passer de leur statut depays ayant un « dialogue intensifié » avecl’OTAN à celui de membres du « Pland’action en vue de l’adhésion » (MAP),antichambre pour rejoindre l’Alliance.

Jaap de Hoop Scheffer, secrétaire géné-ral de l’Alliance, l’a confirmé : « Il n’y apas de fatigue de l’élargissement ; les portesde l’OTAN restent ouvertes. » Les pays-candidats, a estimé la secrétaire d’Etataméricaine, Condoleezza Rice, « ont faitbeaucoup de progrès ». Mais le cas de la

Macédoine complique les choses. La Grè-ce menace de bloquer son adhésion siSkopje persiste à vouloir obtenir unereconnaissance internationale sous lenom de « Macédoine », qui est aussi celuides provinces du nord de la Grèce. Athè-nes estime que cette appellation fait par-tie de son patrimoine historique et craintd’éventuelles revendications territorialesde Skopje.

Ce différend explique que, depuis1993, la Macédoine a été admise auxNations unies sous le nom d’« AncienneRépublique yougoslave de Macédoine »(ARYM). La réunion de Bruxel-les n’a pas permis de trouverun compromis : la Grèce cam-pe sur ses positions, et la Macé-doine a refusé tous les nomsalternatifs (« Nouvelle Macédoi-ne », « Macédoine du Nord »,etc.) proposés par le représen-tant spécial de l’ONU, Mat-thiew Nimetz.

Du coup, le secrétaire général del’OTAN a rappelé la distinction entre lesdeux pays : « Nous avons un allié depuislongtemps, la Grèce, et un non-allié, laMacédoine, et l’OTAN décide par consen-sus. » Ce message, relayé par plusieursministres, est clair : si les deux paysn’aboutissent pas à un compromis, laMacédoine devra attendre à la porte del’OTAN sans que cela retarde pourautant les adhésions de la Croatie et del’Albanie.

Les cas de la Géorgie et de l’Ukrainesont plus complexes, puisqu’ils posent laquestion de la relation de l’OTAN avec laRussie. Mme Rice et M. de Hoop Schefferont souligné qu’il n’y a pas de veto auxdécisions de l’OTAN, une manière de rap-peler à la Russie qu’elle ne peut s’opposerà ces deux candidatures.

Cependant, face aux pays est-euro-péens qui y sont favorables, d’autresEtats, à commencer par la France, veu-lent préserver la relation avec Moscou,d’autant que celle-ci est déjà soumise àrude épreuve avec les questions du Koso-

vo et de la défense antimissile.Le ministre français, Ber-

nard Kouchner, a insisté sur lanécessité de prendre en comp-te la « sensibilité » et le « rôleimportant » joué par la Russie.Plusieurs ministres ont rappe-lé que les Ukrainiens sont par-tagés quant à la stratégie atlan-

tiste de leur gouvernement. Le ministreallemand, Frank-Walter Steinmeier, arésumé l’opinion de nombre de ses homo-logues en faisant état de son « scepticis-me ».

L’Ukraine et la Géorgie « ne sont pasmûres pour le MAP, résume un diploma-te ; reste à trouver une formule intermédiai-re d’ici au sommet de Bucarest : quelquechose comme des “encouragements” et laperspective, réelle mais éloignée, d’adhérerun jour ».

Laurent Zecchini

Les coïncidences de la vie nous surpren-nent toujours » : Michèle Géris,Française installée depuis trente ans

à Vancouver, tente de se montrer fatalisteà propos de la macabre découverte faiteen août 2007, comme deux autres avantet après elle : trois os de pieds droits, enco-re tenus dans des chaussures de tennis,échoués sur les plages d’îles différentesmais dans la même zone du détroit deGeorgia, entre l’île de Vancouver (provin-ce de Colombie-Britannique) et la côte.

Le dernier a été repéré le 8 février surl’île Valdes. Le premier, de taille 12 (améri-caine), avait été découvert le 20 août 2007sur l’île Jedediah par une fillette. Huitjours plus tard, Michèle Géris était envacances et se promenait, avec son mari,sur un sentier de l’île Gabriola. « Auretour, à une vingtaine de mètres de la pla-ge, j’ai vu un pied, ou plutôt un os de che-ville, dépassant d’une tennis en cuir blancde grande taille, au pied d’un arbre. Il avaitdû s’échouer sur la plage et être traîné parun animal. Mon mari a pris un bâton pourretourner le soulier et des mouches se sont

envolées. On a bien vu alors les fibres d’unechaussette. Le pied avait visiblement passédu temps dans l’eau », raconte-t-elle.

Ce qui étonne, c’est la similitude descas : « Trois pieds droits, tous dans des ten-nis, trouvés dans une certaine zone et en sixmois (…) C’est unique ! » souligne JeffDolan, du Bureau du coroner de Colom-bie-Britannique, chargé de l’enquête.

Naufrages et accidents d’avionDepuis, les rumeurs vont bon train

dans la région et les médias : on parle dela mafia, des Hells Angels qui se seraientdébarrassés d’ennemis, mais MichèleGéris comme Jeff Dolan émettent plutôtl’hypothèse d’accidents ou de noyades.« Il y a régulièrement, ici, des crashes depetits avions, des naufrages et des person-nes qui se noient », note M. Dolan. « Troispieds droits, c’est bizarre, reconnaîtMme Géris, qui se dit surtout « très surpri-se qu’on parle de mafia ou de gang ». « Ilparaît qu’il y a 500 personnes qui dispa-raissent chaque année à la suite d’acci-dents, de naufrages ou de noyades dans la

région, ajoute-t-elle. C’est énorme. » En2007, un avion avec quatre occupants ad’ailleurs disparu dans le détroit.

Retrouver des pieds dans des chaussu-res de tennis s’expliquerait, selon CurtisEbbesmeyer, spécialiste américain enocéanographie et recherche d’objets flot-tants, par le fait que « ces souliers flottentmieux que d’autres et préservent plus long-temps leur contenu ». Quant aux troispieds, ils pourraient venir de la régioncomme, croit-il, d’Alaska, de Californieou du Japon.

Le mystère reste entier sur la découver-te de seuls pieds droits. « C’est très étran-ge », admet-il en notant qu’il n’est pasrare de trouver des chaussures droites ougauches, poussées par les courants et lesvents sur des plages différentes. Pourl’heure, l’enquête progresse lentement.« Nous en menons trois séparées, avec ana-lyses d’ADN, dit M. Dolan, mais il faudradu temps pour les comparer à des profils dedisparus. » a

Anne Pélouas(Montréal, correspondante)

DÉNONCÉ par les défenseurs des droitsde l’homme pour ses crimes envers lescivils, le président tchétchène RamzanKadyrov, 31 ans, a été fait « journalisteémérite » lors d’une cérémonie organisée,mercredi 5 mars, à la Maison de la presseà Grozny. Citant « son immense contribu-tion à l’établissement d’une presse tchétchè-ne libre, à la création de conditions idéalespour le travail des médias », le ministre dela presse tchétchène, Chamchaïl Saraliev,l’a fait membre de l’Union des journalis-tes de Russie. « Les journalistes doivent,sans crainte pour leurs vies, sans regardseffrayés par-dessus leurs épaules, dire et écri-re la vérité », a déclaré Ramzan Kadyrov.

A Moscou, la nouvelle a fortementdéplu. L’Union des journalistes de Rus-sie s’est empressée d’annuler, jeudi6 mars, l’adhésion du président tchétchè-ne. Celui-ci « n’a pas été en mesure de four-nir les articles qu’il a écrits », a préciséIgor Iakovenko, secrétaire de l’Union.

L’idée de voir l’homme fort de Groznydevenir l’un des leurs a mis en colère plu-sieurs journalistes de la capitale russe.Dmitri Mouratov, rédacteur en chef dubi-hebdomadaire Novaïa Gazeta, s’en estému. C’est à Novaïa Gazeta que travaillaitAnna Politkovskaïa, la journaliste criti-que de Ramzan Kadyrov et de VladimirPoutine, tuée par balles le 7 octobre 2006dans la cage d’escalier de son immeuble.Anna Politkovskaïa est la treizième jour-naliste assassinée en Russie depuis l’arri-vée au pouvoir de Vladimir Poutine en2000. Seize mois après sa mort, l’enquêtesemble définitivement enterrée, commec’est souvent le cas pour les assassinats

commandités.Ses écrits sont restés. Dans son dernier

livre, Douloureuse Russie (éd. Buchet-Chastel, 2006), Anna Politkovskaïa, seu-le journaliste russe à dénoncer les tortu-res infligées aux civils par les forces rus-ses et par les supplétifs tchétchènes, don-ne à voir un autre Ramzan Kadyrov, pastrès ami des arts et des lettres : « Tu esune ennemie du peuple tchétchène… Tudevras répondre de tout ce que tu as fait »,l’avait-il menacée en 2004. A la têted’une milice de 18 000 hommes connuepour sa cruauté et sa brutalité, RamzanKadyrov est devenu l’homme de confian-ce de Moscou. Grâce à ses supplétifs, lesforces russes ont éliminé les chefs deguerre indépendantistes. Officiellementla guerre est terminée.

Très apprécié par Vladimir Poutine,qui l’a pris sous sa protection depuis l’as-sassinat, en mai 2004, de son père, le muf-ti (chef religieux) Akhmad Kadyrov, Ram-zan Kadyrov jouit d’un pouvoir illimitésur son « Tchétchénistan ». Quelquesgeôles sont placées sous son autoritédirecte dans son fief de Tsentoroï. Ni leConseil de l’Europe, ni la Croix-Rougeinternationale n’ont été autorisés à lesvisiter. Ce petit homme trapu, au frontbas, à l’élocution difficile, collectionneles honneurs puisqu’il est « professeurémérite » de l’université de Grozny, mem-bre de l’Académie des sciences naturellesde Russie, président de l’antenne localede Russie unie et a reçu une médaillepour sa contribution « à la défense desdroits de l’homme ». a

Marie Jégo

L’OTAN tempère les espoirs d’adhésionde la Géorgie et de l’Ukraine

International

DEBAT

SMALL BROTHER IS eWATCHING

youVie privée et libertés individuellesdans un monde numérique

Mardi 11 mars - 18h00 - IJBA - BordeauxInscription : www.aecom.org

ZIMBABWE L’INFLATION CRÈVE TOUS LES PLAFONDS À HARARE

RUSSIE POLÉMIQUE À MOSCOU

Le président tchétchène Kadyrov se faitnommer « journaliste émérite » à Grozny

BRUXELLES

ENVOYÉ SPÉCIAL

Lors de leur sommet de Bucarest, du 2 au4 avril, les chefs d’Etat et de gouverne-ment de l’OTAN adopteront une « déclara-tion politico-militaire » sur l’Afghanistan.Son but sera de souligner auprès des opi-nions publiques, outre les résultats obte-nus, les raisons pour lesquelles les pays del’Alliance doivent maintenir leurs troupesdans ce pays.

Le projet de texte qui a été présenté,mercredi 5 mars, au Conseil de l’Atlanti-que nord, retient les quatre points conte-nus dans la lettre que le président Sarkozya adressée à ses homologues, il y a quel-ques jours, pour souligner la « stratégieglobale » que Paris souhaite voir mise enœuvre en Afghanistan. Cette question estétroitement dépendante de la décisionfrançaise, attendue à Bucarest, d’envoyerdes renforts militaires dans l’est ou le sud

de l’Afghanistan. Les quatre points déve-loppés par M. Sarkozy sont les suivants :

1) « Une commune détermination detous les Alliés à rester engagés dans ladurée. » ;

2) « Un effort militaire s’inscrivant dansle cadre d’une politique globale d’aide à lareconstruction, sous l’égide d’un haut repré-sentant du secrétaire général des Nationsunies. » Cette question a été partiellementrésolue, jeudi, avec la nomination du Nor-végien Kai Eide à ce poste. M. Eide,ancien ambassadeur auprès de l’OTAN, aété représentant de l’ONU au Kosovo, et ila reçu l’appui du président afghan,Hamid Karzaï ;

3) « Une perspective claire pour un trans-fert progressif de responsabilités auxAfghans. » Il s’agit du concept del’« afghanisation », qui passe par la mon-tée en puissance de l’Armée nationaleafghane (ANA) ;

4) « Une stratégie politique partagéepour l’Afghanistan. » Apparemmentabscons, ce point fait notamment référen-ce à la « dimension pakistanaise » duconflit, tout en recélant une divergenced’appréciation potentielle entre Françaiset Américains.

Les premiers plaident pour que, à ter-me, les Afghans puissent gérer leur pays àleur manière (en tenant compte de lastructure tribale), et se méfient de la pro-pension prêtée aux Américains de vouloirtransformer l’Afghanistan en « démocra-tie occidentale ». S’agissant de la questionde savoir où la France compte envoyerdes renforts, le ministre français des affai-res étrangères, Bernard Kouchner, est res-té elliptique : « Nous ne sommes pas indiffé-rents aux demandes venant de Kandahar,au sud [en secteur canadien], pas plusqu’à celles de l’Est. », a-t-il indiqué. a

L. Z.

Plusieurs paysinsistentsur la nécessitéde préserverla relationavec la Russie

APAfghanistan : la France propose « une stratégie globale »

ETATS-UNISExplosion criminellesans victime à New YorkNEW YORK. Une explosion d’origi-ne criminelle s’est produite sansfaire de victime, jeudi 6 mars,dans le quartier de Times Squareà New York, près d’un centre derecrutement militaire. Elle a étécausée par un engin explosif arti-sanal contenu dans une boîte demunitions. – (AFP.)

IRAKAu moins 68 morts dansun double attentat à BagdadBAGDAD. L’explosion de deuxbombes, à quelques minutes d’in-tervalle, a fait 68 morts et 130blessés, jeudi 6 mars, à Bagdad,dans un secteur commerçant duquartier de Karrada. Ce mêmejour, l’armée américaine a annon-cé le retrait de 2000 soldats de lacapitale irakienne. – (AFP.)

SRI LANKALe pouvoir sri-lankais accuséd’être un « cauchemar » pourles droits de l’hommeCOLOMBO. L’organisationHuman Rights Watch a dénoncé,dans un rapport publié jeudi6 mars, la responsabilité du régi-me sri-lankais dans la disparitionet la mort d’au moins 1 500 per-sonnes – surtout des Tamouls –en 2006 et en 2007. – (AFP.)

EUFORQuatre Soudanais auraientété tués le 3 marsKHARTOUM. Un porte-parole del’armée soudanaise a annoncé,jeudi 6 mars, que quatre noma-des soudanais, qui avaient voulutransporter le corps du soldatfrançais de l’Eufor tué dans l’inci-dent du lundi 3 mars, ont été tuéspar l’explosion d’une grenadeportée par le soldat. – (AFP.)

8 0123Samedi 8 mars 2008

Une étude française, publiée,vendredi 7 mars, dans la revuemédicale « The Lancet »,évalue le devenir des enfantsnés à moins de 33 semainesde grossesse

40 % des grands prématurésont des séquelles à l’âge de 5 ans

Environnement & Sciences

Près de 40 % des grands prématurésprésentent des séquelles à l’âge de5 ans, selon une étude française

publiée par la revue The Lancet du7 mars. Les troubles, qu’ils soientmoteurs, sensoriels ou cognitifs, sontsévères dans 5 % des cas et modérés pour9 % des enfants qui ont été suivis. Si letaux de mortalité de ces enfants nés àmoins de 33 semaines de grossesse a for-tement diminué du fait des progrès médi-caux, près d’un tiers d’entre eux nécessitetoujours une prise en charge médicale ouparamédicale.

Le nombre d’enfants survivant aprèsune naissance très prématurée a augmen-té, au cours des dernières décennies.Cependant, « cette survie augmentée a sou-levé des questions sur le taux accru d’évolu-tions péjoratives dans le développement »,écrivent Béatrice Larroque (Inserm et

université Paris-VI), qui a coordonnél’étude, et ses collègues.

Peu d’études de grande ampleur ontévalué le devenir à cinq ans des grandsprématurés. L’enquête Epipage (Etudeépidémiologique sur les petits âges gesta-tionnels) comble cette lacune. Elle a étélancée par l’Inserm en collaboration avecneuf équipes de néonatologie de Besan-çon, Lille, Montpellier, Nancy, Nantes,Poitiers, Rouen, Strasbourg et Toulouse.Au départ, elle incluait les2 901 enfants nés vivants entre22 et 32 semaines de grossessedans ces régions en 1997, ainsiqu’un groupe de 667 enfantsdes mêmes régions, nés à ter-me la même année. Finale-ment, 1 817 anciens grands pré-maturés et 664 membres dugroupe servant de comparatif ont pu, lors-qu’ils ont atteint l’âge de 5 ans, subir unbilan médical, une évaluation neuropsy-chologique et un examen de la vision etde l’audition.

L’effectif de l’étude était suffisantpour analyser les résultats selon l’âge ges-tationnel et non selon le seul critère de laprématurité. « Nous avons mis en évidenceun lien fort entre âge gestationnel et l’im-portance des déficits », explique Mme Larro-que. Le besoin d’une prise en chargemédicale ou paramédicale est d’autantplus important que la prématurité étaitgrande. Comparés aux enfants nés à ter-me, dont 16 % nécessitaient une telle pri-se en charge, 42 % des enfants nés entre24 et 28 semaines et 31 % de ceux nésentre 29 et 32 semaines avaient toujoursbesoin de soins spécialisés.

Dans l’ensemble, 40 % des anciensgrands prématurés présentaient une défi-cience motrice, sensorielle ou cognitive.Quelque 5 % entraient dans la catégoriedes troubles sévères en raison d’une infir-mité motrice cérébrale (IMC) empêchant

l’enfant de se déplacer, d’un mauvaisrésultat à l’examen neurologique oud’une déficience visuelle ou auditive mar-quée. La catégorie des troubles modérés– par exemple pour une IMC permettantà l’enfant de se déplacer avec une aide –,comptait 9 % de l’ensemble des grandsprématurés, tandis que 25 % de cesenfants avaient des déficits considéréscomme mineurs.

Le test d’évaluation des capacitéscognitives, équivalent au testdu quotient intellectuel, a mon-tré que 32 % des grands préma-turés présentaient un résultatinférieur à 85 (la normaleétant de 100) et 12 % un résul-tat inférieur à 70 %, contre res-pectivement 12 % et 3 % chezles enfants nés à terme. « Les

enfants nés très prématurément ont des pro-blèmes particuliers pour traiter les informa-tions complexes qui nécessitent des capaci-tés de raisonnement logique et d’orienta-tion spatiale », écrivent Béatrice Larro-que et ses collègues. Près de 10 % desgrands prématurés souffraient d’uneIMC.

« Ces résultats soulèvent diverses ques-tions sur les services de soins et de réadapta-tion, ainsi que sur le coût de ces servicespour les familles et la société, estiment lesauteurs de l’article. Il faut poursuivre lesrecherches pour identifier les meilleures etles plus efficaces prises en charge spéciali-sées précoces afin d’améliorer le pronosticfonctionnel des déficits moteurs. »

L’étude Epipage nourrira sans doutela réflexion sur les limites à partir des-quelles les médecins franchissent leseuil de l’« obstination déraisonnable »,selon les termes employés par le Comitéconsultatif national d’éthique en 2000pour rappeler son hostilité à l’acharne-ment thérapeutique. a

Paul Benkimoun

www.forwomeninscience.com

Ana Belén Elgoyhen - Argentine - Lauréate 2008 pour l’Amérique Latine.

Pour sa contribution à la compréhension des fondements moléculaires de l’audition.

19982008

Le besoin d’uneprise en chargeest d’autant plusimportantque la prématuritéest grande

C’est un tricératops, dinosaure herbi-vore doté de ses trois cornes et desa fameuse collerette osseuse, qui

trône depuis jeudi 6 mars dans la salledes ventes de Christie’s, à Paris. Mesurant7,5 mètres de long et pesant 2 tonnes, lesquelette de cet énorme saurien vieux de65 millions d’années et estimé à500 000 euros est la pièce maîtresse de lanouvelle vente aux enchères de fossilesque Christie’s organise le 16 avril.

Sont également proposés aux ache-teurs un crâne de tigre à dent de sabre,un œuf de titanosaure minéralisé en aga-te, une tête de dinosaure à bec de canardet une dent de plésiosaure (reptilemarin) en opale datée de 110 millionsd’années. Figure aussi au catalogue unegrande plaque murale constituée de pois-sons fossiles de 50 millions d’années etressemblant à un aquarium géant figédans la pierre. Ajoutons, pour faire bon-ne mesure, une météorite de trois ton-nes. Au total, près de deux cents piècesprovenant de trois collections particuliè-res sont proposées au public.

C’est la deuxième année consécutiveque Christie’s met en vente des squelet-

tes préhistoriques. En avril 2007, c’estentre autres un rhinocéros laineux, unours des cavernes et un mammouth, tousvieux de dix mille ans, qui avaient été misà l’encan. Cette opération avait dépassétoutes les espérances puisqu’elle avaittotalisé plus d’un million d’euros et éta-bli plusieurs records, faisant de Paris latroisième capitale des ventes d’objetspaléolithiques après New York et LosAngeles. Ce succès a incité Eric Mickeler,expert en histoire naturelle auprès de lacompagnie, à réitérer l’opération enremontant beaucoup plus dans le tempset en la centrant sur les fascinants dino-saures, et plus particulièrement sur le tri-cératops, armé par la nature pour résis-ter aux assauts du tyrannosaure, le roides carnivores prédateurs de l’époque.

Eric Mickeler ne doute pas du succèsde l’opération car il constate « un engoue-ment croissant en Europe comme aux Etats-Unis pour l’histoire naturelle, la paléontolo-gie et les sciences de la Terre ». Les pays duGolfe sont eux aussi intéressés par les fos-siles, puisque le Qatar est en train de créerson propre Musée d’histoire naturelle. a

Christiane Galus

DR

CHIFFRES

Nombre de naissances. En moyenne,en Europe, de 1,1 % à 1,6 % des enfantsnés vivants sont de grands prématurés,c’est-à-dire nés avant 33 semainesde grossesse (7 mois), le terme normalse situant à 39 ou 40 semaines.En France, près de 10 000 grandsprématurés naissent chaque année.Viabilité. L’Organisation mondialede la santé (OMS) a fixé un seuil pourconsidérer un fœtus comme viable :22 semaines de grossesse ou un poidsde 500 grammes.

Christie’s vend un imposanttricératops aux enchères

0123Samedi 8 mars 2008 9

ROYAUME-UNI

La Chambredes communes refusela tenue d’un référendumsur le traité de LisbonneLes Espagnols se rendent

aux urnes, dimanche 9 mars.Le candidat de droite,Mariano Rajoy, apparaîten position difficile face au chefdu gouvernement sortant

PROFIL MARIANO RAJOY

Le dauphin contrarié de M. AznarPROFIL JOSÉ LUIS RODRIGUEZ ZAPATERO

Un réformateur au bilan brouillé

LONDRES

CORRESPONDANTVitraux de cathédrale et minuscule sallede séances en forme de chapelle : après lerefus, mercredi 5 mars, par la Chambredes communes d’un amendement deman-dant la tenue d’un référendum sur le trai-té de Lisbonne, le texte doit être examinéen deuxième lecture par la Chambre deslords, fin mars-début avril. La majoritéplus large que prévu obtenue par les pro-traité aux Communes laisse entrevoirune issue favorable devant les pairs.

Sur le papier, le passage du traité devantla Haute Assemblée devrait être seméd’obstacles. Certes, il est de tradition queles Lords ne s’opposent pas à la Chambrebasse quand celle-ci met en œuvre le pro-gramme du parti vainqueur aux urnes.Mais lors des élections législatives de2005, les trois principaux partis avaientpromis un référendum sur la défunteConstitution. La ratification parlementai-redu traité de Lisbonne n’estdonc pas cou-verte par cette coutume. Par ailleurs, vul’absencede majorité travaillisteà laCham-bre des lords, le sort du traité est entre lesmains des pairs indépendants qui consti-tuent un tiers de la Haute Assemblée.

Débat « peu vendeur »Reste que le camp conservateur compte

bon nombre de tories de la vieille généra-tion, europhiles hostiles à la tenue d’uneconsultation populaire, qui pourraientrejoindre le gouvernement. Quant auxLords libéraux-démocrates, leur soutien àl’Europe transcende leur goût pour ladémocratie directe. De surcroît, outre-Manche, le référendum est une procédureexceptionnelle. L’Acte unique européen etle traité de Maastricht ont été adoptés parvoie parlementaire. Les Lords devraientaussi être influencés par le manque demobilisation de l’opinion sur le dossiereuropéen et par l’absence de tapagemédiatique d’un débat peu « vendeur ».

« L’une des conséquences peu remar-quées de la querelle sur le référendum a étéde présenter Gordon Brown comme undéfenseur enthousiaste de l’Europe » : com-me le fait remarquer le Times, le débatsur Lisbonne a permis au premier minis-tre d’afficher des convictions pro-euro-péennes qu’on ne lui connaissait pas.Alors que la chancelière allemande Ange-la Merkel et le président français NicolasSarkozy avaient fait le déplacement àBruxelles dès la première semaine deleur arrivée au pouvoir, il aura fallu septmois à l’hôte de « Number Ten » pourrendre sa première visite à la Commis-sion européenne. A cette occasion, le21 février, il a promis de placer le Royau-me-Uni au « centre de l’Europe ».

Avant les Lords, le texte devrait êtreadopté par les Communes le 11 mars.Après le vote final des deux assemblées,le document devrait être promulgué parla reine en juin, avant la présidence fran-çaise. M. Brown espère que cette ratifica-tion parlementaire permettra d’évacuerl’Europe de la campagne électorale de2009-2010 qui pourrait ainsi se jouer surle bilan de l’action gouvernementale.

Le refus d’un référendum réjouit lespartisans du traité de Lisbonne dans l’Ir-lande voisine, seul pays de l’Union euro-péenne à tenir un référendum. Le scrutinest prévu à la fin mai-début juin. Selonun sondage auprès de 1 000 personnespublié début mars dans le Sunday Busi-ness Post, 46 % voteraient oui au traité,23 % non et 31 % sont indécis. a

Marc Roche

Elections municipalesles résultats du 1er tour

sur France Interdimanche 9 mars, de 19h30 à 23h30 : soirée spéciale

lundi 10 mars : toute la journée, l'analyse détaillée du scrutinet dans Le Monde

lundi 10 mars : édition spéciale avec le cahier des résultats complets (édition datée du 11 mars)

www.franceinter.com www.lemonde.fr

Le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero partfavori pour les élections législatives espagnoles

Europe

MADRID

CORRRESPONDANTE

Deux anciens élèves de l’école reli-gieuse Disciples de Jésus de la villede León, au cœur de la vieille Cas-

tille, demandent aux électeurs espagnolsde leur donner une majorité de députés,dimanche 9 mars, pour pouvoir former leprochain gouvernement.

Le socialiste José Luis Rodríguez Zapa-tero, Léonais de 47 ans, président du gou-vernement sortant, est le favori de ce scru-tin qui a lieu à la proportionnelle à un tourdans le cadre des cinquante provincesespagnoles. Les derniers sondages autori-sés donnaient aux socialistes une avanced’environ quatre points. Le conservateurMariano Rajoy, galicien, 52 ans, avaitdéjà été candidat en 2004 – le présidentsortant José María Aznar ayant choisi dene pas se représenter.

La campagne a été très polarisée entreles deux grands partis, ce dont se sontplaints les autresgroupes : essentiellementles écolo-communistes d’Izquierda unida(5 députés sortants, 4,96 % des voix en2004), les nationalistes catalans de CiU (10députés, 3,23 %) et basques (7 députés,

1,63 %) et les indépendantistes catalans (8députés, 2,52 %).

La majorité devrait se jouer dans unequinzaine de provinces où l’attributiondes derniers sièges avait dépendu d’unepoignée de voix en 2004. M. Zapatero,qui dispose d’une majorité relative de164 députés socialistes (42,59 % desvoix) sur 350 depuis quatre ans, espèrebénéficier d’un groupe plus fort pourréduire sa dépendance à l’égard des par-tis charnières. En 2004, il avait été inves-ti grâce aux écolo-communistes et aux

indépendantistes catalans. Depuis, ils’est éloigné des indépendantistes, alliésquelque peu fantasques, et devrait privilé-gier les nationalistes de CiU.

Avec 4,88 points de retard sur le Partisocialiste ouvrier espagnol (PSOE) en2004, le Parti populaire (PP) avait obte-nu 148 députés, soit 16 de moins que lessocialistes. S’il obtenait le plus grandnombre d’élus, il revendiquerait le droitde former le gouvernement. Mais la ques-tion des alliances s’annonce plus compli-quée pour lui, compte tenu de son isole-

ment. M. Rajoy a annoncé que, dans cecas, il demanderait au PSOE de s’abste-nir lors du vote d’investiture, pour lui per-mettre de gouverner malgré tout.

La participation sera un facteur impor-tant. Elle avait été forte en 2004 : de nom-breux électeurs de la gauche dite « volati-le » avaient participé (75,66 %), par rejetde laguerred’Iraket de lagestiondesatten-tats djihadistes du 11 mars, à Madrid, par legouvernement Aznar qui les avait attri-bués à l’ETA. a

Cécile Chambraud

POUR Mariano Rajoy, c’est l’heure de larevanche. Dimanche 9 mars, le candidatdu Parti populaire (PP) saura si les élec-teurs espagnols reviennent ou non surleur vote de 2004, qui, contre toute atten-te, avait donné la majorité aux socialis-tes trois jours après les attentats islamis-tes de Madrid. Et l’avaient empêché, lui,de succéder à José María Aznar, confor-mément au scénario qui semblait écritd’avance.

Cet échec, les conservateurs ont eutoutes les peines du monde à le surmon-ter. Reconverti, en catastrophe, en chefde l’opposition, Mariano Rajoy a prisacte du sentiment de rage qui s’étaitemparé d’une partie de la droite aprèscette défaite et il en a fait le socle d’uneopposition totale et virulente contre qua-siment toutes les réformes du gouverne-ment. Au prix d’une impopularitéconstante et poussé par les groupes depression les plus conservateurs, il a guer-royé contre la parité homme-femme,contre les mariages gays, la réforme sco-laire, la loi sur la mémoire historique, laréforme du statut catalan et, plus quetout, contre les négociations avec l’ETA.

Durant cette législature si tendue, onaura eu bien du mal à deviner le « modé-ré » qu’il se dit être sous l’opposant fron-tal, relais des obsessions de la droite laplus recroquevillée. Né en Galice le27 mars 1955, dans une famille de labourgeoisie conservatrice de province,conservateur des hypothèques de profes-sion, élu député régional à l’âge de26 ans, Mariano Rajoy a été, entre 1996et 2004, l’un des poids lourds des gouver-

nements de José María Aznar, qui avaitpris coutume de lui confier les ministè-res où une crise avait éclaté, qu’il fallaitrégler.

Sous son apparence austère, il estréputé être un conciliateur. Pourtant,bon orateur, il n’a pas épargné les accu-sations contre M. Zapatero, « pas fia-ble », « frivole », sans principes et même« sot solennel ». Durant la campagne, ill’a accusé à maintes reprises de « men-tir ». Pour capter l’électorat populairedes « ceintures rouges » des grandes vil-les, il a fait de l’immigration l’un dessujets principaux de sa campagne : « Iln’y a plus de place », a-t-il fait valoir enfin de campagne. A l’intention des« gens normaux » qui, selon lui, ne peu-vent être satisfaits de M. Zapatero, ilaffirme incarner « le bon sens ».

Au mois de mai 2007, le Parti populai-re avait, à la surprise générale, remporté– de justesse – les élections municipaleset régionales. Les conservateurs enavaient tiré un certain encouragement.Mais l’été suivant, des rivalités internesliées à la possible succession deM. Rajoy, en cas de défaite, avaient don-né l’impression que le PP ne croyait pasvraiment la victoire possible.

S’il perd l’élection, M. Rajoy pourraitêtre contesté à la tête de son parti. Lescandidats officieux à sa succession sesont à nouveau empoignés en pleinecampagne, en janvier. M. Rajoy a préféréles écarter des listes de candidats auCongrès des députés. a

Cé. C.(Madrid, correspondante)

DIEU que cette campagne a été longue !Entre une situation économique qui sedégrade à vue d’indicateurs et des sonda-ges en dents de scie, les nerfs des diri-geants socialistes ont été mis à rudeépreuve ces derniers mois. José LuisRodriguez Zapatero, lui, a conduit sacampagne comme si de rien n’était,convaincu que les réformes qu’il amenées à bien correspondent aux sou-haits de la majorité sociologique du payset que l’agressivité de l’oppositionconservatrice aura, en fin de compte, des-servi son candidat, Mariano Rajoy.

Son statut de favori s’est affirmé dansles deux dernières semaines. MaisM. Zapatero a peiné à se détacher alorsque ses deux prédécesseurs, José MariaAznar et Felipe Gonzalez, avaient eu unepremière reconduction facile, avec desmajorités absolues. Pourquoi cette diffi-culté alors même que la croissance, l’em-ploi, le revenu par habitant se sont si for-tement accrus durant les quatre ans deson gouvernement ?

La philosophie des réformes décidéeset lisibles du début de son mandat (égali-té des sexes, lutte contre les violencessexistes, mariage gay, divorce simplifié)a, par la suite, été brouillée par l’imbro-glio peu digeste de la réforme du statutcatalan et l’échec des négociations avecl’ETA, deux dossiers auxquels il a consa-cré beaucoup d’énergie, qui ont monopo-lisé deux ans de mandat et qui ont faitpasser quelque peu inaperçues les réfor-mes sociales (allocation dépendance).« Il a fait beaucoup de choses, mais il leura manqué l’explication, le discours. Il a

laissé l’initiative au PP », résumait FelipeGonzalez dans un entretien au quotidiencatalan El Periódico, jeudi. Sur son pro-pre parti, il s’est assuré une maîtriseabsolue, sans autoritarisme mais parune savante fragmentation des responsa-bilités. Il a placé ses hommes aux com-mandes et poussé plusieurs « histori-ques » à la retraite, comme PasqualMaragall, le président de la Généralitéde Catalogne, dont le soutien avait étédécisif pour son accession à la tête duParti socialiste ouvrier espagnol(PSOE). Un seul est de retour aujour-d’hui : son ancien rival José Bono, battupar seulement neuf voix lors du congrèssocialiste de 2000. Il le destine, demain,à la présidence du Congrès des députés.

La campagne de M. Zapatero a été tou-te centrée autour de son image (sympa-thique, simple, optimiste) et de sesfaçons de faire (ouvert, disposé au com-promis), qui lui ont valu quasiment lieude projet, face à une droite qui s’est pré-sentée avec les qualités à peu près inver-ses. Il a formulé des propositions dans ladroite ligne de ce qu’il a fait depuis qua-tre ans, mais peut-être manque-t-il à sacampagne, là encore, une idée directrice.

Pourtant, les défis ne manqueront pas.A mesure que le BTP ralentit, le chômageaugmente, ce qui laisse présager que lesexcédents publics (2,23 % du PIB en2007) trouveront bien vite à s’employer.Et les nationalistes basques ont annoncéun référendum sur le droit à l’autodéter-mination en octobre. De quoi mettre àl’épreuve son goût de la négociation… a

Cé. C. (Madrid, correspondante)

Affiches de campagne à Barcelone. A gauche Mariano Rajoy, à droite José Luis Rodriguez Zapatero. GUSTAU NACARINO/REUTERS

10 0123Samedi 8 mars 2008

www.forwomeninscience.com

Elizabeth Blackburn - Etats-Unis - Lauréate 2008 pour l’Amérique du Nord.

Pour la découverte de la nature et de la maintenance des extrémités chromosomiques et de leurs rôles dans le cancer et le vieillissement.

19982008

L ’« ouverture », qui a suscité ungigantesque chassé-croisé dans laconstitution des listes de candidats

aux élections municipales, restera commela principale marque de fabrique du millé-sime 2008. Le parti du président a donnéle la, en accueillant à bras ouverts d’an-ciens adversaires de toutes obédiences. LePS a suivi. Le MoDem s’y est engouffré, demême que d’autres « petits » partis –com-me Lutte ouvrière – désireux de placer,chez de plus puissants, quelques candi-dats en position éligible.

Après avoir brouillé les pistes pendantla campagne, puis perturbé nombred’électeurs, la multiplicationd’alliances à géométrie varia-ble rendra plus délicate l’inter-prétation politique du vote desFrançais. Les enjeux propres àce type de scrutin n’ont pas dis-paru pour autant.Un vote-sanction contreNicolas Sarkozy ? Même si–selon les sondages–unemajo-rité de Français assurent qu’ilsse détermineront essentiellement en fonc-tion de questions locales, les résultats dupremier test politique du mandat Sarkozyseront d’abord analysés comme tels.D’autant que le président a affiché d’em-blée – contre l’avis de certains barons del’UMP – sa volonté de nationaliser lesenjeux du scrutin.

La relative discrétion de M. Sarkozydans les dernières semaines de campagne,au cours desquelles le populaire premierministre, François Fillon, a multiplié lesdéplacements, n’aura pas suffi à mettre àl’abri le chef de l’Etat. Afin d’atténuer lapression, M. Sarkozy a prévenu, dans unentretien au Figaro du 6 mars, qu’il ne selaisserait pas « distraire par les péripéties ».Des ministres protégés au sommetmais menacés dans les urnes. Le

mauvais souvenir de la stricte règle instau-rée lors des législatives de juin 2007 – quiavait contraint Alain Juppé à démission-ner du gouvernement après sa défaitedans la deuxième circonscription deGiron-de – a incité M. Sarkozy à ne pas renouve-ler l’expérience. Il est acquis qu’un minis-trebattuaux municipalesne serapasméca-niquement tenu de quitter ses fonctions.Les ministres victorieux ne devraient pasdavantage être « sanctionnés » en raisonde leur situation de cumul.

L’entretien du président au Figaro,dans lequel M. Sarkozy a exclu par avancetout « grand remaniement », a aussi dû

contribuer à rassurer les mem-bres du gouvernement qui sesont lancés dans la campagne.Il n’empêche : si bon nombred’entre eux semblent assurés del’emporter, ils constituent lescibles de choix de l’éventuelvote-sanction précité. M. Juppé,qui paraît bien placé pourconserver la mairie de Bor-deaux dès le premier tour, pour-

rait savourer une douce revanche unesemaine plus tard.Emblèmes et forces vives. La conquê-te par la gauche de Paris et de Lyon, auxmunicipales de mars 2001, avait quelquepeu masqué les succès de la droite dansune quarantaine de villes moyennes. Lamajorité ne semble cette fois pas à l’abrid’une plus cinglante défaite. Sauf coup dethéâtre, les deux premières villes de Fran-ce resteront dans l’escarcelle du PS. QueMarseille et/ou Toulouse basculent à gau-che, et ces victoires seront brandies com-me des trophées par l’opposition. Le pre-mier secrétaire du Parti socialiste, Fran-çois Hollande, a souhaité pour sa part queson parti puisse reconquérir 30 des 40 vil-les perdues en 2001, afin d’avoir « un peuplus de villes » de plus de 20 000 habitants

dirigées par la gauche que par la droite.Interrogé sur Canal+, vendredi 7 mars, lesecrétaire général de l’UMP, Patrick Deve-djian, a fixé comme objectif à son parti de« gagner une quinzaine de grandes villes de

plus de 30 000 habitants » et de conservernotamment Marseille et Toulouse.Des partis aux mines défaites. Avantmême que les électeurs se rendent auxurnes, les formations politiques font

assaut de modestie. Cette posture classi-que, destinée à ne pas démobiliser les élec-torats, pourrait cette fois perdurer au len-demain du second tour. On voit mal, eneffet, quel parti pourrait être en mesure detriompher le 16 mars au soir.

Un succès de l’UMP, qui se contenteraitvolontiers de limiter les dégâts, sembleexclu. « Le PS ne devrait surtout pas inter-préter un bon résultat comme un blanc, j’al-lais dire un rose-seing, à ce qu’il est, à ce qu’ilpropose », a assuré M. Hollande.Conscient de ses faiblesses persistantes auplan national, le PS n’envisage au demeu-rant qu’une forme de cohabitation danslaquelle ildétiendraitquelques contre-pou-voirs locaux.

Le PCF cherche à conserver les derniersbastions qui lui restent, notamment enrégion parisienne ; et les Verts à sauver lesmeubles, grâce à nombre d’alliancescontraires à l’autonomie qu’ils revendi-quaient initialement. Le Front national,qui brille par son absence, ne convoitequ’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), oùse présente Marine Le Pen. L’extrême gau-che est divisée.

Symboliquement lié au sort de FrançoisBayrou à Pau, le MoDem – qui s’est déchi-ré pendant la campagne au cœur d’an-ciens fiefs centristes, comme Lyon ouStrasbourg – espère peser entre les deuxtours, notamment à Paris. Mais ses éven-tuels élus – sur des listes aussi disparatesque celles de M. Juppé à Bordeaux et deFrançois Rebsamen (PS) à Dijon – serontbien loin de constituer une force homogè-ne au lendemain du 16 mars.

Un pouvoir sanctionné sans alternancenimême virage notableen vue, uneopposi-tion ragaillardie mais mal armée, et épar-pillée dans ses bastions locaux : telle pour-rait être la « drôle » de cohabitationd’après-municipales. a

Jean-Baptiste de Montvalon

France Municipales

Le PS n’envisagequ’une formede cohabitationdans laquelleil détiendraitquelquescontre-pouvoirslocaux

Elections M. Hollande souhaite la reconquête par le PS de 30 des quelque 40 villes qu’il avait perdues en 2001

Les municipales, un test national brouillé par l’ouverture

0123Samedi 8 mars 2008 11

En fin de campagne, les controverses persistentsur le bilan économique de Bertrand DelanoëPOUR son dernier meeting avantle premier tour, jeudi 6 mars, Ber-trand Delanoë a choisi le 12e : l’ar-rondissement qui, en votant pourla première fois majoritairementà gauche, lui a permis de prendreles clés de l’Hôtel de Ville, en2001.

Le maire était accompagné duprincipal artisan de sa politiqueéconomique : Christian Sautter,adjoint aux finances, candidatdans le 12e sur la liste PS. Etait éga-lement à ses côtés Jean-Louis Mis-sika, candidat lui aussi dans cetarrondissement. Ce consultant,spécialiste des nouvelles technolo-gies, a rédigé le volet du program-me socialiste consacré à l’innova-tionet la compétitivité desentrepri-ses pour la prochaine mandature.

Pendant la campagne, c’est surces questions que l’UMP et leMoDem ont concentré leurs atta-ques les plus dures contre M. Dela-noë. « Paris est débranchée », assu-rait, mardi 4 mars, Françoise dePanafieu dans Les Echos. « Parisprend du retard », affirmait Fran-çois Fillon le 21 février. De 2001 à2006, « Paris a perdu 66 145emplois », souligne Jérôme Dubus,candidat (UMP) dans le 17e. Encharge du programme de Mme dePanafieu, délégué général duMedef d’Ile-de-France, M. Dubuss’est aussi inspiré des préconisa-tions d’Alain Minc, et de grandspatrons tels que Claude Bébéar,

ancien président d’Axa et de Jean-François Dehecq, président deSanofi-Aventis. Le MoDem aconfié son programme à Jean Pey-relevade, candidat du MoDemdans le 16e et ancien patron du Cré-dit Lyonnais. Celui-ci s’en est pris,mardi 4 mars, à « l’inaction écono-mique » du maire de Paris.

Pépinières d’entreprisesJeudi,M. Delanoë a réfuté la thè-

sedu déclin économique de la capi-tale.« Depuis 2006, le soldedes créa-tions d’emplois est positif », a indi-qué le maire. La ville a en effet unsolde net de créations d’emploisde 21 500 emplois salariés dans lesecteur privé depuis deux ans. « Lechômage a baissé de 28 % dans lacapitale depuis 2004 alors qu’il n’adiminué que de 18 % dans toute laFrance à la même période », a souli-gné M. Delanoë. « 41 000 entrepri-ses se sont créées depuis 2001 », sefélicitait, de son côté, M. Sautter.Alors que l’UMP et le MoDempointent un taux de chômage àParis (8,3 %) supérieur à la moyen-ne nationale (7,9 %) et régionale(7,3 %), M. Missika faisait valoirque « Barcelone, Londres ou Ber-lin ont aussi un taux de chômageplus élevé que le reste du pays ».

Ni l’UMP, ni le MoDem ne nientl’embellie depuis 2006. Mais elleest le reflet, à leurs yeux, de la repri-se de l’emploi au niveau national.

« Nous avons créé un climat pro-

pice aux entreprises », assure, aucontraire, M. Sautter, qui cite enexemple les 40 000 mètres carrésde pépinières d’entreprises recen-sés en 2007 alors qu’il n’en existaitque 5 000 en 2001.

Cette reprise « est fragile », atoutefois admis, mardi, M. Dela-noë. « Paris a encore besoin de créerdes emplois », a-t-il insisté. Le mai-re s’est attaché à montrer que sonprojet était surtout différent decelui de la droite. « Nous sommesles seuls, a-t-il souligné, à proposerde consacrer un milliard d’euros àl’université, la recherche et auxPME innovantes. » Alors queM. Delanoë prévoit une hausse« légère » des impôts locaux pourfinancer l’ensemble de ses projets,l’UMP propose, au contraire, desexonérations fiscales pour lesentreprises qui crééront un deuxiè-me emploi. Le MoDem veut bais-ser la taxe professionnelle et préco-nise la création de « zones fran-ches » dans les 18e, 19e et 20e arron-dissements.

M. Delanoë rappelle que le nou-veau Plan local d’urbanisme per-mettra de créer deux millions demètres carrés de bureaux. Ce PLUest un frein au développement éco-nomique, estiment l’UMP et leMoDem, parce qu’il empêche lacontruction de tours de bureaux.La droite et le centre proposentdonc de le revoir. a

Béatrice Jérôme

Le souhait d’un votesanction progressedans l’électorat

SELON un sondage IFOP, réalisé du lun-di 3 au mercredi 5 mars auprès de 955 per-sonnes, 66 % des électeurs envisagent dese prononcer « principalement en fonctionde considérations locales » aux électionsmunicipales. Ce chiffre est stable par rap-port à une précédente enquête réalisée les7 et 8 février (67 %).

Parallèlement, le nombre de personnessouhaitant sanctionner lapolitique du pré-sident de la République et du gouverne-ment à l’occasion du scrutin est en haus-se : il est passé de 16 % en janvier à 18 %enfévrieret 21 % en mars. 10 % desperson-nes interrogées annoncent qu’elles vote-ront poursoutenir leprésidentet legouver-nement ; 3 %ne se prononcent pas.Enjan-vier, le nombre de personnes ayant l’inten-tion de soutenir le chef de l’Etat à l’occa-sion des municipales s’élevait à 19 %.

« On assiste à une progression de la sanc-tion et à un tassement du soutien, commen-te Jérôme Fourquet, directeur-adjoint dudépartement opinion et stratégies d’entre-prise de l’IFOP. L’élection risque d’être diffi-cile pour la majorité, même si l’enjeu du votesera d’abord local. Le vote sanction peut fairela différence dans un certain nombre de villestangentes. »

Parmi les électeurs qui ont voté pourNicolas Sarkozy à l’élection présidentielle,5 % envisagent de le sanctionner, 29 % dele soutenir et 65 % de se déterminer enfonctiondes enjeux locaux.Ce dernier chif-fre est en hausse par rapport à début jan-vier : 57 % des électeurs de M. Sarkozyaffirmaient alors qu’ils se détermineraienten fonction de considérations locales.

Les électeurs de François Bayrou sontceuxpour lesquels lesenjeux locauxsont lesplus importants : 81 % affirment qu’ils sedétermineront en fonction de ces ques-tions. « Il y a une convergence frappanteentre la stratégie du MoDem et le comporte-ment de ses électeurs », note M. Fourquet. a

Xavier Ternisien

Le chef de l’Etat avait affichésa volonté de nationaliser l’enjeudes municipales. Il a pourtantindiqué, dans le « Figaro », qu’ilne se laisserait pas « distrairepar les péripéties »

Face à l’échec annoncé de l’UMP, M. Sarkozyse retranche derrière sa fonction présidentielle

Suite de la première page

Le PS pourrait cette fois renforcer sonimplantation dans les grandes villes del’Ouest en prenant Rouen ou Caen, alorsque l’UMP espère une victoire dès diman-che à Bordeaux, Nice et Toulon. Combatsindécis à Tarbes, Périgueux, Saint-Etien-ne, Toulouse, Pau, Strasbourg. Mais c’està Marseille que se jouera la mère desbatailles : une défaite de Jean-ClaudeGaudin, le maire sortant UMP, prendraitdes allures de déculottée électorale pourla droite.

Malgré les précautions du chef del’Etat pour se prémunir des conséquen-ces d’un mauvais résultat, il est probablequ’il soit rendu responsable d’une contre-performance de la droite. Qui d’autre ?Le premier ministre, François Fillon ?Plus populaire que le président de laRépublique, il n’a fait qu’appliquer lapolitique de M. Sarkozy.

Les ministres ? Cornaqués par l’Ely-sée, ils font figure d’exécutants. Lesconseillers ? Ils ne font que se servir de laliberté qui leur est donnée par le chef del’Etat. Déjà, à l’UMP, on fourbit descontre-arguments : « Il n’y a pas d’expli-cation univoque à une défaite. »

Neuf mois après la présidentielle, cet-te élection sera pour le président de laRépublique un test in vivo après plu-sieurs mois de baisse vertigineuse dansles sondages. Depuis le début de cettecampagne, le chef de l’Etat, qui souhai-tait s’y engager, s’est davantage employé

à restaurer son image personnelle dégra-dée par la publicité de sa vie privée et sesdéclarations intempestives, et à calmerl’impatience des Français sur le pouvoird’achat.

« Raisonnablement pessimiste »Conséquence: au fil des jours, les candi-

datsont renoncé à faire appel à lui.Les réu-nions publiques prévues par l’Elysée (àMarseilleet àNice) ont étérayéesde l’agen-da du président, qui a laissé à M. Fillon lesoin de se rendre sur le terrain.

M. Sarkozy n’a toutefois pas renoncé às’immiscer dans les municipales. Expli-quant qu’elles comportaient aussi « unenjeu national », il a invité au restaurantplusieurs « fournées » de candidats pourles enjoindre à « se battre ». Mais c’est àNeuilly (Hauts-de-Seine), son fief, qu’ils’est montré le plus entreprenant en déci-dant – au vu de sondages défavorables –duretraitdeson porte-parole,DavidMarti-non, dont il avait imposé la candidature.

A l’UMP, on se veut « raisonnablementpessimiste ». Des gains ou maintiens dans

les grandes villes, au soir du 9 mars, per-mettraient d’entretenir l’idée d’un« match nul » avec la gauche.

Quant à la « responsabilité » deM. Sarkozy, elle est déjà minimisée. Ironi-que, Dominique Paillé, secrétaire adjointde l’UMP, balaye une possible mise en cau-se d’un énigmatique « Tina » : « There isno alternative » (« Il n’y a pas d’alternati-ve »). Une manière d’indiquer que le sortdu président ne se jouera pas les 9 et16 mars. a

Philippe Ridet

France Municipales

Exemples de sociétés participantes les années précédentes et en 2008

Aareal BankAbbottAir ProductsAlcanArthur D. LittleBASF SEBearingPointBesixBridgestone EuropeBritish American TobaccoBosch GroupBouygues ConstructionbpCargillCelerant ConsultingCGICTconDe Lage Landen InternationalDetecon InternationalDockwise B.V.DuPontEuropean Patent OfficeFirmenichGaz de FranceHanielINGIngersoll RandKraftLidlL’OréalMarsMurexNestléPernod RicardPhilip Morris Benelux BVBAProcter & GambleREWE GroupSingle Buoy MooringsSonySuezTotalTrelleborg AB

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En visite à Vesoul, jeudi 6 mars, le chef de l’Etat s’est rendu dans un centre de formation et d’apprentissage. ERIC FEFERBERG/POOL

ÉLYSÉEM. Devedjian (UMP) estimeque M. Sarkozy est passé du« baroque » au « classique »Selon le secrétaire général del’UMP, Patrick Devedjian, l’entre-tien de Nicolas Sarkozy au Figarodu 6 mars marque un change-ment de style du chef de l’Etatvers « cette rigueur qui est mainte-nant demandée » par lesFrançais. « On passe peut-être unpeu de la période baroque à lapériode classique », a-t-il ajoutésur Canal+, vendredi 7 mars.

MUNICIPALESPatrick Balkany soutientArnaud Teullé à NeuillyLe député (UMP) des Hauts-de-Seine et maire de Levallois,Patrick Balkany, apporte son sou-tien « ferme et sans réserve » àNeuilly (Hauts-de-Seine) au can-didat dissident de l’UMP ArnaudTeullé, dans une lettre au secré-taire départemental de l’UMP.De son côté, le candidat (diversdroite) soutenu par l’UMP Jean-Christophe Fromantin dénoncedes « attaques calomnieuses » à la

suite de la diffusion d’un tractanonyme critiquant la gestion desa PME. – (AFP.)

POUVOIR D’ACHATFrançois Fillon s’engagesur les retraitesLe premier ministre s’est « enga-gé », jeudi 6 mars sur TF1, à« garantir le pouvoir d’achat desretraités ». Cette annonce inter-vient au soir des manifestationsde retraités réclamant une revalo-risation de leurs pen-sions. – (AFP.)

12 0123Samedi 8 mars 2008

LES DÉSACCORDS entre Lutte ouvrièreet la Ligue communiste révolutionnaire(LCR) ne cessent de se creuser. Aprèsl’échecde l’invitation à construire le « nou-veau parti » qu’elle a lancé à son congrèsdébut janvier, la LCR a essuyé un nouveaurefus des amis d’Arlette Laguiller pour lesmunicipales.

Dans une lettre datée du 28 février, ladirectionde Lutte ouvrière décline définiti-vement l’offre d’alliance électorale d’Oli-vier Besancenot. Ses signataires GeorgesKaldy, Jean-Pierre Vial et FrançoisDuburg, démontrent, citations de Rouge,l’hebdomadaire de la LCR, à l’appui, que lamajorité des listes municipales « 100 % àgauche » de la LCR sont conçues commeun « test » pour l’écho que le futur partipeut rencontrer. « Nous ne voulonsni parti-ciper ni paraître associés à cette tentative »,conclut la lettre.

Voici deux mois que LO a décidé d’unenouvelle politique pour les municipales,privilégiant les accords avec le PCF et lePS. Soixante-neuf villes sont concernéespar ces nouvelles alliances. L’accent estmis sur les villes communistes sortantes,là où les socialistes tentent de ravir la mai-rie. C’est le cas de trente-sept municipali-tés, surtout en région parisienne.

La lune de miel avec le PCF prend destournures parfois surprenantes sur le ter-rain. On a ainsi vu, le 17 février, ArletteLaguiller, en compagnie de Marie-GeorgeBuffet, arpenter le marché du Blanc-Mes-nil (Seine-Saint-Denis), fief de la secrétai-re nationale. Ou, le 4 mars, intervenir parvidéo au meeting de clôture de Didier

Paillard, maire communiste sortant deSaint-Denis, « pour que cette ville reste leplus à gauche possible ». Les militants deLO mènent campagne avec une constancequi a même surpris les communistes. « Ilssont plus que loyaux ! Ils font du zèle », railleIvan Lemaître, membre du bureau politi-que de la LCR.

« Logique de concurrence »La direction de la LCR ne décolère pas

contre « le virage à 180 degrés » de leurancien allié. « LO est dans une logique deconcurrence qui l’a amenée à refuser de s’al-lier avec nous et à se jeter dans les bras duPS et du PCF », s’énerve François Saba-do, membre du bureau politique. « LOveut des élus à tout prix, à n’importe quelprix… », dénonce Rouge. Avec à peinetrente-trois conseillers sortants, les amisd’Arlette Laguiller espèrent bien doublervoire tripler le nombre de leur élus. Et ain-si damer le pion à une LCR jugée troparrogante.

En présentant deux cents listes« 100 % indépendantes », la LCR jouegros. « On veut mesurer ce que représentela gauche indépendante du PS », martèleM. Besancenot. Mais ses amis n’ont guè-re d’illusions sur les résultats : « Dans lescoins où il y a un fort enjeu gauche-droite,ça va être difficile. Mais on a un espoir dansles banlieues PS », explique Ivan Lemaî-tre. Les militants se consolent en comp-tant le nombre de sympathisants attirésdans les réunions d’Olivier Besancenot.Là, l’image du postier joue encore. a

Sylvia Zappi

L’annonce a donné un tourinattendu au scrutin dansla petite ville de Haute-Savoie.La gauche accuse le candidatUMP de « récupération », et tousreconnaissent leur impuissanceRUMILLY (Haute-Savoie)

ENVOYÉ SPÉCIAL

Quand la direction de Salomon aannoncé, le 10 janvier, la fermetured’ici à un an de son site de Rumilly

(Haute-Savoie), PierreBéchet (UMP), can-didat à la mairie, a aussitôt retravaillé lematériel électoral. Et sa plaquette s’estornée d’une proposition numéro un,concernant le volet économique de sonprogramme : « Rechercher des solutionspour réindustrialiser et donner une deuxiè-me vie au site Salomon. »

Le « coup de tonnerre », comme l’appel-le la presse locale, a retenti aux oreilles descandidats en piste pour les élections muni-cipales dans cette ville de 14 000 habi-tants. L’usine, qui fabrique des skis maisaussi des roues de vélo, emploie quelque530 personnes. Le plan social prévoit 284licenciements, les salariés restants étantinvités à aller travailler sur le site d’Anne-cy. Les trois prétendants au poste de mairese sont bien sûr retrouvés « tous derriè-re » les Salomon. Mais le clivage droite-gauche, traditionnel dans cette ville indus-trielle, s’en est trouvé avivé.

« La nouvelle a fait réellement démarrerla campagne et lui a donné un tour quin’était pas prévu », commente M. Béchet,63 ans, actuel adjoint au maire André Fep-pon, qui se présente, lui, à l’élection canto-nale. L’ancien vétérinaire met en avant laprésence des élus de la majorité à la gran-de manifestation « Rumilly ville morte »du 31 janvier. « On était tous là avec nosécharpes tricolores », plaide-t-il.

CatherineDaver, numéro deux sur la lis-te de Christian Beirnaert (PS) et salariéede Salomon, ne décolère pas. « C’était unehonte, ils ont fait de la récupération avecleurs écharpes, explique-t-elle, alors qu’ilsauraient dû venir comme tous les habitantset les salariés présents. »

M. Beirnaert, 63 ans, n’est pas en reste.« Deux ans auparavant, le 31 janvier 2006,nous avions déjà fait une manifestation surl’emploi à Rumilly et on ne les avait pasvus », rappelle-t-il. « L’emploi était notrepriorité, avant même l’annonce de Salomonqui, de plus, était prévue », ajoute le candi-dat socialiste. Les syndicats de l’entrepriseavaient alerté la mairie, voici plusieursmois, témoigne Mme Daver, res-ponsable CFDT. De quoi fairenaître la suspicionsur la sincéri-té de l’équipe sortante deMM. Feppon et Béchet.

Le troisième prétendant,Robert Converset, 57 ans, émetdes doutes tout en se gardant de« vouloir participer à la polémi-que ». « Je trouve anormal,confie-t-il, qu’à l’annonce de lafermeture de l’usine par la direc-tion, le maire, M. Feppon, ait eu le culot dedire qu’il n’était pas au courant. »

Conseiller municipal jusqu’en 2002dans l’équipe du maire sortant de droite,M. Converset essaye de placer sa liste endehors du clivage droite-gauche. Maisdepuis plus de vingt ans, la ville, histori-quement à droite, n’a connu que ces duels.Sa candidature est cataloguée à droite etson épouse, Annie Converset, sixième dela liste, est candidate pour le MoDem àl’élection cantonale.

« De toute façon, on n’y peut pas grand-chose à la fermeture de Salomon, c’est lerésultat de la mondialisation », estimeM. Converset. Exprimé autrement parM. Béchet : « Nos emplois industriels ontla même fragilité que partout en France et

en Europe. » Pour lui, « les élus locaux n’ypeuvent pas grand-chose ». MaisM. Béchet vante la gestion de la mairie.« C’est nous qui pouvons aider les entrepri-ses à s’installer, leur faciliter les conditionset aider à la réindustrialisation », avan-ce-t-il. Et de lancer des noms d’entrepri-ses qui s’installeraient et créeraient desdizaines d’emplois.

En face, M. Beirnaert se moque. « Ilsnous ont déjà fait le coup. Si Salomon avaitannoncé la fermeture en avril, après les élec-tions, M. Béchet n’aurait même pas parléd’emploi », argue l’ancien syndicaliste.

Pour M. Béchet, qui compte bien sûr les60 % de voix obtenues par Nicolas Sarko-

zy à Rumilly à la présidentielleen mai 2007 pour prendre placedans le fauteuil de maire, « lagauche joue à se faire peur etannonce déjà la possible délocali-sation d’une partie des 2 000emplois de Tefal », principalemployeur du bassin.

Lors d’un débat à la télévi-sion locale, TV8-Mont Blanc,qui a réuni les trois candidats, le22 février, M. Béchet a exprimé

toute sa confiance dans l’entreprise.« Quand le directeur de Tefal dit qu’il n’y apas de problème, je le crois », a-t-il asséné àson contradicteur de gauche. Ce dernierluia rétorqué qu’il aurait mieux fait d’écou-ter les syndicats qui avaient annoncé lessuppressions d’emplois chez Salomon.

A la porte du site du fabricant de skis,les cercueils jonchent le parking et les ban-deroles flottent au vent : « Ici, cimetièreSalomon ! » Maria Micheli, syndicalisteCGT, même si elle ne vote pas à Rumilly,comme de nombreux salariés, constate,amère : « L’affaire est dans le sac, on n’aplus tellement d’espoir. Les politiques vien-nent aux manifestations, mais on sait bienqu’il y a l’enjeu électoral. » a

Rémi Barroux

A Rumilly, la fermeture de l’usineSalomon bouleverse la campagne

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V. Narry Kim - République de Corée - Lauréate 2008 pour l’Asie-Pacifique.

Pour avoir élucidé plusieurs étapes clés de la formation d’une nouvelle classede molécules d’ARN régulatrices de gènes.

19982008

LO préfère l’alliance avec le PSet le PCF au tête-à-tête avec la LCR

Le maire (app. UMP) de Toulouseprédit le « déclin » de sa villeen cas de victoire du PSLors de son dernier meeting de campa-gne, jeudi 6 mars, le maire sortant deToulouse, Jean-Luc Moudenc (app.UMP), a dénoncé la « démagogie » de

son principal rival, Pierre Cohen (PS),qui ferait preuve, selon lui, d’« incompé-tence ou de mensonge ». « Nous n’allonspas livrer Toulouse à une coalition d’appa-ratchiks politiques qui ne peut qu’entraî-ner notre ville et notre agglomération surla voie du déclin », a-t-il affirmé. – (AFP.)

France Municipales

« On n’y peut pasgrand-choseà la fermeturede Salomon, c’estle résultat de lamondialisation »

Robert Conversetcandidat

0123Samedi 8 mars 2008 13

A lors que la négociation sur la repré-sentativité syndicale doit s’acheverfin mars, 200 militants de SUD ont

manifesté devant le siège du Medef, jeudi6 mars, pour protester contre leur exclu-sion des discussions. En France, cinq syn-dicats, les mêmes depuis 1966, sont consi-dérés comme représentatifs. Ce qui entraî-ne une série d’avantages pour eux, maté-riels et politiques. Ces cinq confédérations(CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC) peu-vent, dans toutes les entreprises, désignerun délégué syndical pour négocier avec ladirection et se présenter au premier tourdes élections professionnelles (comitéd’entreprise, délégué du personnel), quelquesoit leurnombre d’adhérentsdans l’en-treprise.Lesautres syndicatsdoivent atten-dre le second tour, qui a lieu si le quorumde 50 % de participation n’est pas atteint.

Du coup, l’arrivée de nouveaux syndi-cats, comme l’UNSA ou SUD, se fait dansla douleur : batailles devant les tribunaux,menaces des autres organisations, discri-minations de la part de la direction… Qua-tre militants racontent comment ils ontréussi à imposer leur choix syndical.Bruno Bernard, centrale nucléaireEDF de Penly (Seine-Maritime). Dansle café Le Bienvenu, à Saint-Martin-en-Campagne, près de Dieppe, une poignéede militants de SUD fêtent, ce 6 février,leur succès. Autour de Bruno Bernard,42 ans, ils arrosent les résultats des derniè-res élections à la centrale nucléaire EDF dePenly, à quelques kilomètres : leur syndi-cat a raflé 30 % des voix, deux points der-rière la CGT, éternel premier à EDF.

Pour en arriver là, il leur a fallu appelerà l’abstention au premier tour afin qu’undeuxième soit organisé. « Même des adhé-rents CGT n’ont pas voté au premier tourafin que le quorum ne soit pas atteint et quel’on puisse se présenter », raconte Bruno.

Les nouveaux élus, issus pour certainsde la CFDT ou de la CGT, ont bataillé fer-me. Trois procès perdus, tous intentés parla direction. De quoi se montrer prudents.Le directeur de la centrale, Jean-JacquesLetalon, qui emploie 620 agents EDF et150 prestataires extérieurs, assure aujour-d’hui que plus rien ne s’oppose à cetterequête : « Après les élections, je ne peuxplusdire qu’ilsne sont pas représentatifs. J’at-tends juste qu’ils me désignent leur déléguésyndical et je leur trouverai un bureau. »

Les « SUD » avouent leur inexpérien-ce. « Il ne faudra pas dire non tout le temps,estime Guy Chevrel, 39 ans, on ne peut pasrester sans négocier. » « Il y a une différence

entre la culture d’opposition et se retrouveraux affaires, avance le directeur, mainte-nant je les attends. »Vanessa Jereb, chez SFR à La Défen-se (Hauts-de-Seine). Vanessa Jereb,38 ans, a imposé son syndicat UNSA, quioccupe,depuismars 2007, la deuxièmepla-ce chez SFR, juste derrière la CFDT. Unrésultat acquis de haute lutte judiciaire etpersonnelle : trois rounds devant le tribu-nal d’instance de Courbevoie en 2004 ettrois années de purgatoire pour celle quitravaille depuis 1995 chez l’opérateur detéléphonie (6 500 salariés).

Avantde créer l’UNSA, fin 2003, la mili-tante animait déjà la deuxième force dansles instances représentatives du person-nel, avec des listes « libres », non ratta-chées à un syndicat. Malgré les offres desautres syndicats, elle préfère créer l’UNSA.« Du coup, j’ai été placardisée pendant troisans », raconte-t-elle. Vanessa Jereb s’estretrouvée dans un petit local, logée dansun autre bâtiment à La Défense, loin de ses

collègues. « Mme Jereb ne pouvait plus faireàplein temps son jobet se consacrer à sonacti-visme syndical, on a donc attendu qu’elle soitplus disponible. Cela n’avait rien à voir avecson engagement à l’UNSA », justifie ledirecteur des ressources humaines, Sté-phane Roussel.

Pour Vanessa, c’est le coup de blues :« Du jour au lendemain, les copains desautres syndicats m’ont considérée comme unepestiférée. » Ellea contacté la Haute Autori-té de lutte contre les discriminations, qui aécrit à l’entreprise. Quelques semainesplus tard, la direction lui proposait un pos-teaudéveloppement durable.Une« coïnci-dence » pour M. Roussel. Aujourd’hui,l’UNSA-SFR compte 140 adhérents et plu-sieurs dizaines d’élus dans le groupe.Patrick Masson, société Loomis,à Paris (18e arrondissement). Jour degrève pour la sécurité et les salaires, mardi12 février, chez Loomis, société de trans-port de fonds. A 57 ans, Patrick Masson estl’un des responsables du nouveau syndicat

SUD. Il travaille depuis dix-sept ans danscette filiale de Securitas (3 500 salariés enFrance). Il est resté quelques années à laCFDT, puis treize ans à la CGT avant derompre en 2007 et de créer SUD, « uneorganisationoù l’on peutdécider sans qu’unedirection nous impose quoi que ce soit ».Mais il a fallubatailler contre la direction etFO devant le tribunal d’instance de Ville-juif.Le 2 octobre2007, après unseul roundet le dépôt sous enveloppe cachetée d’uneliste de 170 adhérents – une exigence dujuge –, c’est gagné.

Chez Loomis, presque tous les élus CGTsont passés à SUD, qui n’a toujours pas delocal syndical. Et Patrick Masson n’a pasdeclépour accéder au local du comitéd’en-treprise. Malgré tout, SUD compte quel-ques dizaines d’élus et espère plus lors desélections, prévues d’ici à la fin de l’année.Gilles Desseigne, BRED, à Paris(12e arrondissement). A 53 ans, donttrente-deux à la BRED (groupe Banquespopulaires), Gilles Desseigne témoigne

d’unscénario ubuesque : « On en est à qua-torze procès depuis 2005, qui nous ont coûtéenviron 10 000 euros ! » Son syndicat,l’UNSA, revendique 200 adhérents, pour3 500 salariés répartis sur six sites. Quandil a quitté laCFDT en 2004, la section cédé-tiste ne comptait que 55 adhérents, racon-te Gilles. L’UNSA a des élus au niveau cen-tral, est représentatif dans certainesrégions, mais ne bénéficie pas de la repré-sentativité nationalement. Le secrétaire ducomité central d’entreprise est à l’UNSAmais son syndicat n’a aucun permanent etne peut participer aux négociations avec ladirection. Gilles en rit : « Tout ça est grotes-que, les salariés ne comprennent rien. »

Les autres centrales ne voient pas d’unbon œil le succès du nouveau syndicat.« Le délégué CFTC nous a avoué qu’il conti-nuerait le combat contre nous, confie le res-ponsable UNSA, que c’était une question desurvie pour eux. » Pour Gilles Desseigne,« le juge de paix, c’est le salarié qui vote ». a

Rémi Barroux

Les militants de nouvellesorganisations, comme SUDou l’UNSA, bataillent pour êtrereconnus dans les entreprises

FACE à un nombre de fidèles et de dona-teurs en baisse, l’Eglise catholique peut-elle se contenter du traditionnel denier del’Eglise pour assurer son fonctionne-ment ? Comme chaque année à la mêmeépoque, les campagnes de collectes bat-tent leur plein dans les diocèses etdevraient rapporter quelque 200 millionsd’euros au niveau national, un chiffre enlégère augmentation grâce à la croissancedu don moyen (142 euros).

Plus visibles, mieux coordonnées entrediocèses voisins, les campagnes du denierentendent toucher un public plus jeune etplus large que le pratiquant régulier.« Beaucoup de chrétiens, même fervents,vivent encore sur l’idée, dépassée, que l’Egliseest riche et que l’Etat donne de l’argent »,constate Olivier de Berranger, évêque deSaint-Denis. Les conditions pratiques sontdésormais facilitées : dons par Internet ouprélevés mensuellement…

Mais l’Eglise souhaite aussi diversifierses sources de financement et, face auvieillissementde ses ouailles, a décidé d’in-citer les fidèles à fairedes legs à leur parois-se. Une campagne nationale en ce sensdevrait être lancée à l’automne prochain.Dans certains diocèses, réticents à aborder

le sujet, les legs ne constituent qu’une infi-me partie des ressources. Ailleurs, les legsdes fidèles défunts représentent déjà unquart de leur budget. Cette ressource, quirapporte 70 millions d’euros par an enplusdu denier du culte, dispose d’une mar-ge de progression sensible selon l’épisco-pat, qui souligne que « dans certaines asso-ciations caritatives, les legs représentent50 % des ressources ».

Les sommes récoltées par les diocèsessont principalement consacrées aux salai-res des prêtres et des laïcs (un poste en for-te augmentation), qui représentent 40 %du budget. Les charges de fonctionnementet l’entretien des édifices construits après1905 constituent le second poste, variableselon l’histoire et la sociologie des diocè-ses. Les diocèses les plus pauvres reçoiventune aide de leurs voisins plus riches.

Marginalement, d’autres sources derevenussontexploitées, notamment la ven-te de biens immobiliers « à condition qu’ilsne jouxtent pas une église ». Cette année,pour financer les Journées mondiales de lajeunesse qui se tiendront en juillet en Aus-tralie, certains diocèses ont fait appel à desentreprises privées, sans grand succès. a

S. L. B.

LES DISSENSIONS liées aux électionsprévues en juin pour renouveler les instan-ces représentatives musulmanes ont faitune première victime : la Fondation pourles œuvres de l’islam.

Installée en octobre 2007, cette structu-re devait rationaliser le financement de l’is-lam de France. Idéalement, l’argent collec-té auprès des fidèles et des mécènes fran-çais et étrangers devait, en toute transpa-rence, financer le fonctionnement des insti-tutions musulmanes, la construction demosquées, la formation des imams… Leministère de l’intérieur y voyait un moyende parvenirà un meilleur maillagedu terri-toire en termes de constructions de lieuxde culte. Quatre mois après, le bilan estmaigre : la Fondation, dotée à l’origined’1 million d’euros de fonds privés, s’estcontentée de verser 150 000 euros auConseil français du culte musulman(CFCM) pour son fonctionnement.

Les antagonismes traditionnels entreles représentants officiels de l’islam paraly-sent son démarrage. Présidée par le prési-dentdu CFCM, Dalil Boubakeur, représen-tant de la Fédération de la Mosquée deParis, elle doit, selon des accords entre lesdifférentes parties et le ministère de l’inté-

rieur, passer aux mains de Fouad Alaoui,vice-président de l’Union des organisa-tions islamiques de France (UOIF) dansdeux ans. Les hommes, tous deux candi-datsà laprésidenceduCFCM,sont concen-trés sur la bataille en cours et n’ont pas prisla peine d’avancer sur les chantiers dévo-lus à la Fondation. Le directeur général,promis par le ministère de l’intérieur pourgérer laFondation, n’apuêtre nommé, fau-te d’accord sur un nom.

Mécénat des grandes entreprisesAu-delà des querelles de personnes, qui

minent les institutions musulmanes,d’autres obstacles empêchent le bon fonc-tionnement de la Fondation. Les musul-mans, unanimes, estiment qu’il revient àl’Etat et non pas à la Fondation de procé-der à la collecte de fonds à l’étranger, enactivant les réseaux diplomatiques dansles pays arabes. « L’Etat doit y mettre dusien, au nom d’une “laïcité flexible et ouver-te” », plaide M. Boubakeur. La ministre del’intérieur, Michèle Alliot-Marie, en visiteen Arabie saoudite en février, a présenté laFondation à son homologue.

Le principe de la Fondation, censéemutualiser les fonds, paraît en outre assez

peu partagé. Chaque fédération dispose deses propres réseaux de financement,dépendant de la nationalité ou des cou-rants incarnés par ses représentants. Et il ya peu de chances qu’une association affi-liée à une grande fédération choisisse decompromettre ses propres projets pour lebien commun. « Les fidèles font leurs dons àl’association musulmane qu’ils connaissentet les seules personnes susceptibles d’être inté-ressées par la Fondation sont les non-prati-quants qui veulent aider mais ne savent pasà qui donner », estime Haydar Demiryu-rek, responsable turc au CFCM.

S’ils ne souhaitent pas s’y impliquer per-sonnellement, les représentantsdes musul-mans évoquent aussi la possibilité de faireappel au mécénat des grandes entreprisesprivées françaises, en quête de contratscommerciaux dans les pays musulmans.

Aujourd’hui, les mosquées se créent aurythme des dons de fidèles vivant en Fran-ce ou venant de l’étranger. Les cadres del’islam, imams, aumôniers, formateurs,sont rémunérés inégalement selon les sec-teurs. Chaque année, l’Algérie et la Tur-quieenvoient des dizaines d’imams, rému-nérés par leur pays d’origine. a

Stéphanie Le Bars

Vanessa Jereb, syndicaliste UNSA chez SFR, devant la tour de l’opérateur mobile à La Défense (Hauts-de-Seine), et Bruno Bernard, élu SUD à la centrale nucléaire EDFde Penly (Seine-Maritime). MANUEL LAGOS CID POUR « LE MONDE »

Représentativité : le combat quotidien des nouveaux syndicats

France

RELIGION DENIER DU CULTE

L’Eglise catholique veut inciterles fidèles à faire des legs

MUSULMANS INSTALLÉE EN OCTOBRE 2007, ELLE DOIT FINANCER L’ISLAM DE FRANCE

La Fondation pour les œuvres de l’islam est paralyséepar les querelles entre la Mosquée de Paris et l’UOIF

JUSTICEForte mobilisation des avouéscontre le rapport Attali2 000 avoués et salariés ont manifesté, jeu-di 6 mars à Paris, pour protester contre lerapport Attali qui recommande la suppres-sion de cette profession. Ils devaient déci-

der vendredi un blocage des cours d’ap-pel. Les avoués, qui représentent obligatoi-rement les justiciables devant les coursd’appel dans les procédures civiles et com-merciales, sont 440 et emploient 2 400personnes. Le rapport estime que leur tra-vail fait double emploi avec celui d’avocat.

LOGEMENTChristine Boutin prépareun projet de loi pour avrilChristine Boutin a annoncé, jeudi 6 mars,qu’elle présenterait « un projet de loi demobilisation pour le logement, très rapide-ment ». Le texte, qui pourrait être discuté

au Parlement en avril, devrait contenirdes dispositions sur la rénovation des cen-tres anciens dégradés, la gestion du parcHLM, la gouvernance du 1 % logement,l’extension de la TVA à 5,5 %, l’accessionsociale, la garantie du risque locatif… « Jeme bagarre pour que la réforme du Livret A

y figure, a ajouté Mme Boutin. Je ne veux pasque cette réforme [pour l’heure gérée parBercy] se fasse n’importe comment. » Lesavantages fiscaux « Robien » nedevraient pas être supprimés : « Je neveux pas donner de signal négatif à ceux quiinvestissent dans la construction. »

14 0123Samedi 8 mars 2008

NEW YORK

CORRESPONDANT

La direction de l’avionneur Boeingdevait être reçue au Pentagone, leministère américain de la défense,

vendredi 7 mars, pour prendre connais-sance du rapport de l’armée de l’air justi-fiant sa décision de s’équiper à l’avenirdu ravitailleur aérien du consortiumtransatlantique EADS-Northrop, leK-45A, plutôt que du sien, le K-767. Lemontant du contrat est de 35 milliards dedollars (23 milliards d’euros) sur douzeans pour 179 appareils. Un vice-prési-dent de Boeing, Mark McGraw, a annon-cé la veille que sa société déciderait « pro-bablement » d’un éventuel recours.

Depuis son annonce, il y a une semaine,le choix d’EADS ne passe pas auprès denombreux élus américains. Au Congrès, ilssont nombreux à exiger une réévaluationde l’attribution du contrat – pour des

motifs plus politiques qu’industriels. Dessyndicats les rejoignent. Ils craignent denouvelles suppressions d’emplois dans lesecteur. Northrop, partenaire d’Airbus,rétorque que 25 000 postes seront créésaux Etats-Unis et qu’il a obtenu que nom-bre de pièces y soient fabriquées, et pas enEurope. Le dossier s’est invité dans la cam-pagne électorale américaine. Tandis queles deux candidats démocrates – HillaryClinton et Barack Obama – se rangent ducôtédeBoeing, le républicainJohn McCainsoutient la décision du Pentagone.

Quant au secrétaire à la défense,Robert Gates, il défend « une décision fon-dée sur les mérites » comparés des deuxappareils. Le principal membre républi-cain de la commission des forces arméesdu Sénat, John Warner, juge que « leCongrès ne devrait pas tenter de réécrire uncontrat, en particulier d’une dimension etd’une complexité telles que celui-ci ».

Le démocrate de Pennsylvanie JohnMurtha souligne néanmoins qu’on don-ne un contrat aux Européens alors que« nous n’avons même pas obtenu del’OTAN 3 000 soldats de plus en Afghanis-tan ». Certains élus évoquent des « trans-

ferts de technologies sensibles » vers laFrance et pointent le fait qu’EADS etNorthrop n’ont « jamais travaillé ensem-ble », un risque pour l’armée américaine.

Les conditions d’attribution sont aussimises en cause : « C’était un leurre », juge

Norm Dicks, représentant démocrate del’Etat de Washington, où une grande partdes ravitailleurs Boeing devait être fabri-quée. Jim Albaugh, directeur des systèmesintégrés de défense du groupe américain,assure que Boeing n’a pas été informé dusouhait de l’armée de posséder un avion detaille supérieure. Elle « nous a découragésde proposer le 777 » (plus gros que le 767),a-t-il déclaré jeudi. L’absence de transpa-rence de l’appel d’offres et d’équité desdécideurs pourrait être invoquée. Maisl’avionneur américain semble cependanthésiter à interjeter appel. Secoué par sonéchec, le groupe peut-il se permettre unenouvelle rebuffade ? Un recours rejetépourrait luiêtre préjudiciabledans l’affron-tementen cours–pour entorse à la concur-rence –, qui l’oppose à Airbus devant l’Or-ganisation mondiale du commerce. a

S. C.

Economie & Entreprises

www.forwomeninscience.com

Ada Yonath - Israël - Lauréate 2008 pour l’Europe.

Pour ses études structurales du système de biosynthèse des protéines et sa perturbation par les antibiotiques.

19982008

Défense Elus et syndicalistes exigent une réévaluation de l’attribution de la commande qui a échappé à Boeing

Le contrat remportépar EADS passe malaux Etats-Unis

QUESTIONS À LOREN THOMPSON, DIRECTEUR DU LEXINGTON INSTITUTE, SPÉCIALISTE DE L’INDUSTRIE DE LA DÉFENSE

« Un vent de protectionnisme souffle sur l’Amérique »

Des ouvriers de Boeing, à Everett (Etat de Washington), manifestent leur colère contre le choix du Pentagone. STEPHEN BRASHEAR/AP

Après avoir pris connaissance du rap-port d’attribution du contrat au consor-tium Airbus-Northrop, que peut faireBoeing ?

Boeing est écrabouillé ! Selon le rap-port d’attribution du contrat, le consor-tium EADS-Northrop l’emporte sur qua-tre des cinq critères clés retenus par l’ar-mée de l’air américaine ; sur le dernier il ya match nul. Pour présenter un recours

devant l’instance de référence, le Bureaudes comptes publics (GovernmentAccountability Office), Boeing devra trou-ver une grosse faille légale. L’autre optionconsiste à faire de la politique.Comment ?

En s’adressant au Congrès pour« geler » la mise en œuvre du contrat.Des élus déterminés peuvent bloquer lesallocations budgétaires à un projet,

même signé. Les lobbies vont s’activer.L’armée de l’air, qui attend désespéré-ment ces avions, soumettra les élus àune forte pression. Certains s’agitent,mais je crois que d’autres feront contre-feu et que les budgets seront votés.Les Etats-Unis connaissent un sévèreralentissement et sont en période élec-torale. Cela peut-il avoir des conséquen-ces sur la mise en œuvre du contrat ?

Depuis sept ans, 40 000 emplois indus-triels ont été perdus chaque mois. Unvent de protectionnisme souffle sur l’Amé-rique. Le projet retenu crée moins d’em-plois aux Etats-Unis que celui de Boeing,mais il en crée. Moteurs et systèmes deravitaillement y seront fabriqués. Il yaura des remous, mais c’est plié : le ravi-tailleur sera celui d’EADS-Northrop. a

Propos recueillis par Sylvain Cypel

0123Samedi 8 mars 2008 15

La Banque centrale européenne,qui a maintenu inchangés, jeudi6 mars, ses taux directeurs, metla priorité sur la lutte contrel’inflation. L’euro a atteintvendredi matin 1,5431 dollar

MACAO (Chine)

ENVOYÉ SPÉCIAL

Même à l’aune de l’expansionchinoise, la croissance de Macaoest phénoménale : + 27 % en2007. Une croissance tirée par unseul secteur : les casinos. L’an-cienne colonie portugaise, deve-nue en 1999 une région adminis-trative spéciale, a dépassé LasVegas pour la deuxième année

consécutive, confirmant sa posi-tion de capitale mondiale du jeuavec 10,4 milliards de dollars derecettes (+ 46,6 %).

Jusqu’en 2002, la Sociedade deJogos de Macau (SJM) de StanleyHo (86 ans) avait bénéficié, pen-dant quarante ans, d’un monopo-le. Désormais, le jeu estun oligopo-le dominé par six concessionnai-res. De surenchère en surenchère,

la « bataille royale » entre la SJMet les opérateurs étrangers (WynnResorts, Las Vegas Sands, MGM),arrivés avecun appétit vorace, don-ne lieu à une « compétition destruc-tive », estime Gabriel Chan, analys-te au Crédit Suisse à Hongkong.

Avec 27 millions de touristesdébarquant dans un territoireminuscule (28 km2 et 513 000habitants) et le passage sur les

tapis verts de 300 à 400 milliardsde dollars par an, Macao estemporté par un déluge d’argentqui bouleverse les rapportssociaux et que les autorités n’ontguère les moyens de canaliser.

Le plus gros « banco » futl’ouverture, en août, du gigantes-que casino-hôtel Venetian par legroupe Las Vegas Sands Corp. Leplus grand casino de la planètedont la superficie est légèrementinférieure à celle de l’usine deBoeing à Seattle (Etats-Unis) :870 tables de jeu, 3 000 cham-bres, 12 000 employés (5 % de lamain-d’œuvre locale)… Coût :2,4 milliards de dollars.

En février 2007, Stanley Ho, quidétient 40 % du marché des jeux,avait marqué son territoire en éri-geant le Grand Lisboa : une tourdorée de 52 étages, miroitant denéons rouge et vert, représentantune fleur de lotus épanouie sortantde son bulbe (emblème de Macao).D’un somptueux mauvais goût.

Le vieillissant « roi du jeu »cherche à « lever » 1 milliard dedollars à la Bourse de Hongkongpour barrer la route aux Améri-cains. Mais une querelle de famille– sa sœur Winnie l’ayant traîné enjustice depuis des années – retardel’opération et « il est possible que laSJM perde la première place en ter-me de revenu », avance DavidFong, directeur de l’Institut d’étu-de du jeu à l’université de Macao.

« Bras de fer »La croissance des casinos va se

poursuivre (+ 20 % en 2008).Mais les profits risquent de décli-ner. Avec un seul secteuremployant 22 % de la populationactive se dessine une pénurie demain-d’œuvre, et à la clé une nou-velle pression sur les salaires.

Derrière le bras de fer entre lesAméricains et Stanley Ho, il y adeux conceptions du marché desjeux : l’une mettant l’accent surun tourisme de masse attiré vers

des parcs à thèmes « fortune », etl’autre privilégiant les vraisjoueurs. Stanley Ho a construitson empire sur les seconds. Et cesont encore les tables de baccaratqui font 70 % des recettes, alorsqu’à Las Vegas elles proviennentpour moitié des activités annexesau jeu. Celles-ci progressent cer-tes à Macao, mais les gros joueursrestent la principale source de pro-fits : le revenu par table y est deuxfois supérieur à Las Vegas.

Stanley Ho contrôle 18 des 28casinos de Macao, mais il « perd lamain ». Il s’est résolu à faire détrui-re son « navire amiral » : lecasino-hôtel Lisboa, monument de kitscharchitectural aux allures de piècemontée. Ce qui était le plus hautédificedeMacaoen 1970 faitdésor-mais pâle figure, ratatiné entre lestours. Sa disparition ne changerarien au Disneyland du jeu qu’estdevenu Macao, mais elle signera lafin d’une époque. a

Philippe Pons

En dépit de l’envolée historique del’euro, attribuée en partie à larigueur de la politique monétaire

européenne, la Banque centrale (BCE)tient le cap et se fait même plus sévère.

Jeudi 6 mars, le conseil de la BCE a déci-dé, à l’unanimité, de maintenir le niveaudes taux d’intérêt en zone euro à 4 %, don-nant toute priorité à la lutte contre l’infla-tion. Au risque de brider une croissancedéjà atone et d’encourager la flambée dela monnaie unique. L’euro a atteint1,5431 dollar, vendredi 7 mars, l’équiva-lent de 4,25 francs pour 1 dollar, unniveau inédit depuis les années 1980.

« Les dernières informations nous ontconfirmé l’existence de fortes pressions infla-tionnistes à court terme », a expliqué Jean-Claude Trichet, président de l’autoritémonétaire. En maintenant à ce niveau lecoût de l’argent au jour le jour, la BCEespère juguler la hausse des prix.

La BCE redoute que l’envolée descours du pétrole et des aliments, qui tou-che directement le consommateur, entraî-

ne la multiplication de revendicationssalariales comme c’est déjà le cas en Alle-magne. Si cette spirale prix/salaires s’en-clenchait, l’inflation pourrait devenirincontrôlable. La BCE prévoit une haus-se des prix de 2,9 % en 2008 quand sonobjectif est de la maintenir à un niveauégal ou inférieur à 2 %. « La BCE fait cequ’on lui demande de faire », résume Nor-dine Naam chez Natixis.

Si les analystes s’attendaient au statuquo sur les taux, ils ont été surpris par ladureté du discours tenu par M. Trichet.Lors de sa précédente intervention débutfévrier, celui-ci avait insisté sur les mena-

ces qui pèsent sur la croissance européen-ne affectée par la crise des subprimes.Les économistes en avaient déduit que laBCE pourrait, dans quelques mois, bais-ser le niveau des taux d’intérêt pour sou-lager l’économie. Jeudi, M. Trichet s’estcontenté d’évoquer une croissance modé-rée mais résistante, estimée entre 1,3 %et 2,1 % en 2008. Surtout, ce sujet a étévite balayé par le président de la BCE, quia mis l’accent sur l’inflation.

Les experts sont donc moins nom-breux à envisager une baisse des tauxd’ici à la fin du premier semestre. Lecontraste avec l’attitude de la Réservefédérale américaine (Fed) est net. Outre-Atlantique, la Fed préoccupée par les ris-ques de récession aux Etats-Unis a claire-ment laissé entendre qu’une baisse destaux était imminente. Le marché s’attendà voir le loyer de l’argent passer de 3 % à2,25 % avant la fin du mois de mars.

Elle a « agi de façon appropriée »Le décalage entre les politiques moné-

taires de part et d’autre de l’Atlantiquecontribue à alimenter la hausse de l’euroface au billet vert. A l’issue du discours dela BCE, la monnaie unique a encore grim-pé, dépassant 1,54 dollar vendredi matin.Pour les analystes, la bride est lâchée.« On peut aller jusqu’à 1,55, voire 1,57 dol-lar dans quelques semaines, quelques jourspeut-être », prédit M. Naam.

La BCE est-elle insensible à la flambéede la monnaie unique ? En absorbantune partie de la hausse des prix importéslibellés en dollar comme le pétrole, l’eurofort a l’avantage de réduire l’inflation, cequi n’est sans doute pas pour lui déplaire.En outre, la BCE estime que la hausse del’euro est aussi la conséquence de ladépréciation du dollar et de la souplessede politique de la Fed, sur lesquelles ellen’a pas de prise. M. Trichet rappelle ainsiavoir « noté avec la plus extrême attentionles déclarations des autorités de l’autre côtéde l’Atlantique, y compris du président,

selon lesquelles un dollar fort sert les inté-rêts des Etats-Unis ». La BCE attendqu’un geste concrétise ces déclarations.

Pour l’heure, la BCE est soutenue dansson action. Massod Ahmed, porte-paroledu Fonds monétaire international (FMI),a estimé jeudi qu’elle avait « agi de façonappropriée ». Même en France, où l’ortho-doxie de la BCE a souvent été décriée, lescommentaires restent modérés. « Le faitqu’il y ait unanimité, c’est déjà au moins lesigne que plus personne ne demande la haus-se », a noté jeudi la ministre de l’économie,Christine Lagarde, sur les ondes de BFM.

Mais la limite acceptable n’est plus trèsloin. Le FMI estime que l’euro a atteint son

« versant fort » et que la BCE doit « se tenirprête à répondre avec flexibilité » à un chocsur la croissance. Si l’économie de la zoneeurorésiste, comme l’ont attesté lesderniè-res statistiques, la plupart des économistess’attendent en effet à ce que la situation sedétériore dans les prochains mois.

Quant à la France, le maintien des tauxd’intérêt à 4 % rend de plus en plus« chimérique » l’objectif fixépar l’Etatd’at-teindre une croissance de 2 % à 2,5 % cetteannée, selon Alexander Law économistechez Xerfi. « Il n’y aura pas de miracle »,ajoutecedernierqui table sur unecroissan-ce de 1,4 % maximum en 2008. a

Claire Gatinois

La rigueur affichée par la BCEalimente la flambée de l’euro

Economie & Entreprises

La Banque centrale européenne (BCE)est elle aussi affectée par la robustessede l’euro. Pour l’année 2007, la BCE adégagé un excédent de 286 millionsd’euros, contre 1,379 milliard d’euros en2006. Ce recul de 80 % est « imputableprincipalement à l’appréciation de l’eurovis-à-vis du dollar », explique l’autoritémonétaire. « Une provision d’un montantéquivalent a été constituée pour les ris-ques de change, de taux d’intérêt et de

variation du cours de l’or, ce qui ramènele bénéfice net déclaré à très exactementzéro. » L’essentiel des revenus de la BCEvient du placement de ses réserves dechanges, constituées principalement detitres libellés en dollars, et dans unemoindre mesure, en yens. En 2007, laBCE a enregistré des moins-values laten-tes de l’ordre de 2,5 milliards d’euros dela valeur en euros des portefeuilles d’ac-tifs enregistrés dans ces deux monnaies.

LOISIRS L’ANCIENNE COLONIE PORTUGAISE A CONNU UNE CROISSANCE ÉCONOMIQUE DE 27 % EN 2007 GRÂCE AUX JEUX

A Macao, Stanley Ho, l’empereur des casinos, joue sa dernière partie contre les Américains

HABILLEMENTCharles Jourdan : la justiceconsulaire choisit FinzurichLe tribunal de commerce deRomans-sur-Isère (Drôme) aconfié, jeudi 6 mars, le sort duchausseur de luxe Charles Jour-dan, qui a connu trois redresse-ments judiciaires en cinq ans, aufonds d’investissements Finzu-rich, basé au Costa Rica (Le Mon-de du 19 décembre 2007). Lefonds reprendra 130 salariés sur197 et investira 15 millionsd’euros. Le futur directeur du sitecompte sur une reprise de la pro-duction dans six semaines.

INDUSTRIERomain Zaleski démissionnedu conseil d’ArcelorMittalL’homme d’affaires franco-polo-nais Romain Zaleski a démission-né du conseil d’administrationd’ArcelorMittal, afin de « poursui-vre d’autres intérêts commerciaux

dans la sidérurgie », a annoncé legroupe, jeudi 6 mars. Selon la let-tre d’information, La Lettre A, lemilliardaire établi en Italie « cher-che ainsi à reprendre sa libertépour envisager la reprise de l’usined’ArcelorMittal à Gandrange ».

DISTRIBUTIONLeclerc va retirerses confiseries des caissesSans attendre les réunions entreles industriels et les représen-tants du commerce et de la distri-bution annoncées, lundi 4 mars,par la ministre de la santé,Roselyne Bachelot, Michel-Édouard Leclerc, le patron del’enseigne du même nom, a indi-qué vendredi 7 mars qu’il allaitretirer ses confiseries des cais-ses. Dans un entretien au Pari-sien, M. Leclerc précise que cesera fait au 1er juin et que le man-que à gagner est de 5 millionsd’euros.

INFRASTRUCTURESGoldman Sachs pourraitdétenir à terme près de 20 %d’EurotunnelLa banque américaine GoldmanSachs, via deux fonds spécialisésdans les infrastructures, pourrait àterme détenir jusqu’à 20 % du capi-tal d’Eurotunnel après avoir partici-pé à la récente augmentation decapital du groupe, a annoncé, jeudi6 mars, Jacques Gounon, le patrond’Eurotunnel sur BFM.

FINANCELe fonds d’investissementsCarlyle plonge en BourseL’un des plus gros fonds d’investis-sements américain, Carlyle, n’apas pu honorer quatre des septappels de marge exigés par sescréanciers pour un montant de 37millions de dollars (24 millionsd’euros). Le titre a plongé de58,33 % à la Bourse de New York,jeudi 7 mars. – (Bloomberg.)

L’euro fort fait fondre les revenus de l’autorité monétaire

3

4

Source : Bloomberg

TAUX DIRECTEUR DE LA BCE

Statu quo

2

7 mars2008

1er janvier2005

4 %

SÉVERIN MILLET

16 0123Samedi 8 mars 2008

CHIMIE

Arkema et Rhodiapeinent à surmonterla méfiancedes investisseurs

BOGNY-SUR-MEUSE (Ardennes)

ENVOYÉ SPÉCIALUne banderole tendue à l’entrée de l’usi-ne et quelques inscriptions sur les murstraduisent la colère qui les ronge :« Pilleur », « voleur »… Depuis le7 février, date de la mise en liquidationde leur entreprise spécialisée dans la pro-duction de boulons, les salariés de Lenoiret Mernier, à Bogny-sur-Meuse (Arden-nes), ont le sentiment d’avoir été victi-mes d’un « patron-voyou ».

Pour eux, Philippe Jarlot, qui dirigeaitun groupe de plusieurs sociétés (dontLenoir et Mernier), a non seulement trèsmal géré ses affaires, au point de devoirfaire faillite, mais il s’est, de surcroît,enrichi illégalement en vendant desactifs à son seul profit.

Les dégâts sont lourds. Sur les quelque160 personnes employées dans le grou-pe, 133 ont été licenciées à la suite de laliquidation de la plupart des usines ayantappartenu à M. Jarlot. Mais une partie dela main-d’œuvre devrait finalement êtreépargnée par la casse sociale. Jeudi6 mars, le tribunal de commerce de Char-leville-Mézières a, en effet, accepté deuxoffres de reprise partielle qui prévoientde conserver une quarantaine d’em-ployés. Mais il reste tout de même« 90 personnes sur le tapis », observeMe Xavier Médeau, l’avocat des salariés.

Dans ce contexte, les personnels dugroupe maintiennent leurs revendica-tions : la désignation d’un médiateur etle versement d’une « prime supralégale »de 50 000 euros par salarié, en plus del’indemnité conventionnelle de licencie-

ment. Ce bonus vise à « réparer le préjudi-ce moral » que l’ex-patron de Lenoir etMernier a causé aux salariés, expliqueClaude Choquet, délégué syndical CFDT.Une telle doléance s’inspire du traite-ment accordé, il y a un peu moins d’un anet demi, aux ouvriers de Thomé-Génot,

ce sous-traitant automobile installé àquelques kilomètres de Bogny-sur-Meu-se qui avait été laissé exsangue par ungroupe américain (Le Monde du22 novembre 2006).

Pour se faire entendre, les salariés deLenoir et Mernier ont multiplié les coups

d’éclat au cours des dernières semaines :rassemblement devant un centre de tripostal, blocage de trains à la gare de Char-leville-Mézières, etc. Parallèlement, ilsont écrit à l’Union des industries et desmétiers de la métallurgie (UIMM) pourobtenir le paiement de l’indemnité excep-

tionnelle qu’ils réclament. L’organisa-tion professionnelle leur a opposé une finde non-recevoir. Même réponse du côtédu ministère de l’économie, quand unconseiller de Christine Lagarde a reçuune délégation syndicale, le 27 février.

M. Choquet espère, malgré tout, queles services de l’Etat, les collectivités loca-les et les acteurs du monde économiqueferont un geste. Une réunion doit se teniren début de semaine prochaine à la pré-fecture des Ardennes.

En attendant, la justice vérifie les accu-sations lancées contre M. Jarlot. « Uneenquête a été confiée au SRPJ de Reims »,affirme Francis Nachbar, procureur dela République de Charleville-Mézières.Plusieurs salariés ont déjà été entendus,quelques semaines après la plainte dépo-sée par les personnels du groupe. Leconseil général des Ardennes a aussi l’in-tention d’engager une procédure judi-ciaire pour demander des éclaircisse-ments sur l’utilisation d’une « avanceremboursable » de 300 000 euros qu’il aattribuée à l’une des sociétés de M. Jar-lot, indique Me Pierre Blocquaux, l’avo-cat du département.

Pour l’heure, l’ex-patron de Lenoir etMernier réserve ses réponses au SRPJ.Son conseil, Me Ahmed Harir, contesteles « paroles en l’air » lancées par les sala-riés. Si des « mouvements suspects »s’étaient produits, l’administrateur judi-ciaire les aurait remarqués et signalés auparquet, argumente l’avocat, ajoutantque M. Jarlot n’était pas seul pour dirigerl’entreprise. a

Bertrand Bissuel

LE GAIN de 1,4 % réalisé en Bourse mer-credi 5 mars par Arkema a été plusqu’avalé dès le lendemain (– 4,6 %). LePDG de l’ex-pôle chimie de Total,Thierry Le Hénaff, a pourtant annoncéun triplement du bénéfice net à 122 mil-lions d’euros pour 2007, (45 millions en2006), et se fait fort de dégager une mar-ge (Ebitda) conforme aux objectifs (10 %en 2008 et 12 % en 2010). Mais rien n’yfait et la baisse reprend de plus belle.

Pour Rhodia, autre groupe français dusecteur, la Bourse est devenue cauche-mar. Le 28 février, aussitôt après queJean-Pierre Clamadieu, son patron, ahonnêtement expliqué que l’instabilitédes cours de matières premières et dupétrole ne lui permettait plus de garantirses objectifs pour 2008 – une marge de15 % contre 13,6 % en 2007 –, le titredévissait de 20 %, à 16,95 euros. Il a clôtu-ré le 6 mars à 14,85 euros.

Cette chute des cours a stigmatisédeux groupes chimiques dont l’un, Rho-dia, annonçait un doublement de sesbénéfices et l’autre, Arkema, distribuaitson premier dividende en 2007.

RétablissementLeur parcours boursier est d’autant

plus décevant que l’un et l’autre sont sur lavoie du rétablissement. Certes, tous deuxont connu des pertes cumulées importan-tes – doublées d’erreurs stratégiques pourRhodia –, mais les équipes dirigeantesmènent, sans conflits sociaux, une restruc-turation en profondeur. Quant à leur acti-vité, elle est repositionnée sur des pro-duits et secteurs qui rendent possible unerépercussion des hausses énergétiques etde matières premières sur les clients.

Enfin, la capacité bénéficiaire est garan-tie par la croissance du marché asiatiqueautant que par l’innovation qui voit lesnouveaux produits occuper une part crois-sante du chiffre d’affaires. Rhodia n’estpas peu fier du partenariat noué avec leconstructeur automobile coréen Hyundaitandis qu’Arkema s’est offert une campa-gne médiatique mondiale avec l’annoncede son caoutchouc « autoréparateur ».

Paradoxe même, la méfiance des mar-chés envers Rhodia est d’autant plus forteque le groupe est en meilleure santé finan-cière. A mi-chemin de sa restructuration,Arkema dispose de marges de productivitéqui lui permettent de mieux compenser leressac des marchés. Rhodia, parce qu’il estau mieux de sa forme, court aujourd’hui leplus le risque d’être sous-valorisé. a

Yves Mamou

Les hebdomadaires répertoriéspar l’OJD ont vu leurs ventesaugmenter de 6,77 %par rapport à 2006, en grandepartie grâce à l’actualité autourdu président de la République

Economie & Médias

PUBLICITÉ UN NOUVEAU REVERS POUR LE GROUPE AMÉRICAIN CLEAR CHANNEL

JCDecaux et Metrobus remportent l’affichage dans les gares françaises

En 2007, l’« effet Sarkozy » a fait vendre110 millions d’exemplaires de magazines de plus

JUSTICE LE DIRIGEANT DU FABRICANT DE BOULONS LENOIR ET MERNIER EST SOUPÇONNÉ DE S’ÊTRE ENRICHI ILLÉGALEMENT AVANT DE FAIRE FAILLITE

Une nouvelle affaire de « patron-voyou » dans les Ardennes suscite la colère des salariés

Pour se faire entendre, les personnels de l’entreprise de boulonnerie ont investi la gare de Charleville-Mézières, lundi 3 mars.Ils ont pu bloquer le trafic avant d’être chassés par la gendarmerie. ANGEL GARCIA/L’UNION DE REIMS

CLEAR CHANNEL a perdu sa batailledu rail. Le contrat d’affichage publicitai-re dans les gares et le long des voies fer-rées françaises, qu’il détenait jus-qu’alors, tombe dans l’escarcelle de JCDe-caux et de son allié Metrobus – détenue à33 % par JCDecaux et à 67 % par le grou-pe publicitaire Publicis. L’enjeu étaitd’importance. Considéré comme l’unedes plus importantes concessions publici-taires en France, ce contrat d’un montantestimé de 70 millions d’euros par an por-te sur 34 000 panneaux.

Le conseil d’administration de RéseauFerré de France (RFF), qui gère les infras-tructures ferroviaires, a choisi, jeudi6 mars, JCDecaux et Metrobus. La SNCF,pour sa part, est censée statuer le 19 mars,mais elle devrait faire le même choix.

Cette décision est un véritable reverspour Clear Channel. Le montant ducontrat représente près de 20 % du chiffred’affaires de sa filiale française, proche de350 millions d’euros.

Une offre financière attractiveDésireux de se développer en Europe, et

en France en particulier, Clear Channelavait acheté au prix fort en 2000 ce quiétait alors une filiale de la SNCF, connuesous le nom de France Rail Publicité(FRP). Le groupe américain – leader mon-dial de l’affichage – avait alors débourséprès d’un milliard de francs (environ150 millions d’euros de l’époque), pouracheter 80 % de FRP.

Mais le contrat qui liait Clear Channel àla SNCF, puis à RFF après la scission des

deux entités publiques, n’était que tempo-raire. Et cette fois, c’est JCDecaux et Metro-bus qui emportent la mise, pour une duréede 8 ans.

L’affaire a été soigneusement préparée.En 2005, JCDecaux est entré au capital deMetrobus. Cette société qui détient, entreautres, le contrat du métro parisien pou-vait faire valoir sa compétence pour l’affi-chage en gare. Ensemble, les deux entre-prises ont mis sur pied une offre complé-mentaire. Elles ont aussi fait une offrefinancière attractive, un élément prépon-dérant dans le choix final. « Le critèrefinancier comptait pour 70 %. Ce qui ren-dait cet appel d’offres très aléatoire. JCDe-caux et Metrobus ont sûrement payé une pri-me, pour acheter l’équivalent d’un fond decommerce et limiter ainsi la concurrence »,

analyse Hubert Janvier, le patron de ClearChannel en France.

JCDecaux gagne s’impose à nouveauface à son grand rival américain. En 2007,les deux groupes luttaient pour l’attribu-tion du contrat très convoité de mobilierurbain et de vélos en libre service (Velib’)de la ville de Paris. Un combat âpre.

L’échec de Clear Channel avait entraînéle départdu patron du groupe dans l’Hexa-gone, Fabrice Piot. M. Janvier responsablede l’Europe du Sud avait pris le relais.Depuis peu, il est épaulé par Philippe Bau-dillon, ancien directeur général de Fran-ce 2. Ils vont maintenant devoir remobili-ser leurs équipes et gérer avec les nou-veaux détenteurs du contrat la question dutransfert des salariés de France Rail. a

Laurence Girard

Les ventes des « news magazines »se sont bien portées en 2007. Et latendance se poursuit sur les pre-

miers mois de cette année. Les sept heb-domadaires répertoriés par l’OJD, l’orga-nisme qui certifie la diffusion des titresde presse en France, ont vu leurs ventesaugmenter de 6,77 % en 2007, soit unemoyenne de 80 000 exemplaires de plusvendus chaque semaine par rapport àl’année précédente.

Le Nouvel Observateur reste leader,avec une diffusion quasiment stable en2007. Les ventes en kiosques ont progres-sé de 8,1 % en 2007, soit une moyenne de87 788 exemplaires par semaine. Le nom-bre d’abonnés a légèrement baissé, l’heb-domadaireayantbâti sonmodèleéconomi-que sur une diffusion d’environ510 000 exemplaires. L’année 2008 a biendémarré avec des ventes au numéro de92 980 exemplaires en moyenne, en haus-se de 9,1 % par rapport à la même périodede 2007. Et les investissements continuentsur le site Internet, dont l’audience ne ces-se de croître.

Marianne affiche la plus forte progres-sion (+ 34,9 %), le lectorat ayant appréciéson positionnement anti-Sarkozy. Le

numéro de Marianne du 14 avril 2007 :« Le vrai Sarkozy, ce que les grandsmédias ne veulent pas ou n’osent pasdévoiler », s’est vendu à plus de500 000 numéros. Marianne revendiquedes « unes » « multiples », qui ne sont« ni chic ni marketing ». Les ventes aunuméro se portent également bien pourLe Point ou pour L’Express.

« Une volonté de décryptage »L’actualité politique a dopé les ventes

des journaux d’information. Certes, labataille Ségolène Royal-Nicolas Sarkozya intéressé les Français, mais c’est sur-tout « l’effet Sarkozy » qui a gonflé les

ventes de journaux, estime Patrick Barte-ment, directeur général de l’OJD. « Lacampagne électorale, qui a démarré dès lafin de 2006, a créé un appétit de lecture etune volonté de décryptage », explique EricMatton, directeur exécutif de L’Express.

« En 2007, il y a eu environ 252 couvertu-res sur l’univers Sarkozy », précise M. Bar-tement. Et « l’“effet Sarkozy” a fait vendre110 millions d’exemplaires de plus en2007 », ajoute-t-il. Les études ont été fai-tes en comparant la moyenne des ventesde 1 000 magazines sur un mois, lors-qu’ils comportent des couvertures surSarkozy, par rapport aux ventes moyen-nes du mois ou de la semaine précédente.

Ce qui représente 2,2 % de plus… sur latotalité des 5 milliards d’exemplaires dejournaux vendus en une année.

L’Express a connu la meilleure vente deson histoire avec la première interview deCarla Bruni-Sarkozy, le 13 février, avecprès de 600 000 exemplaires vendus, dontplus de 200 000 en kiosques. L’hebdoma-daire, dont le prix de vente est passé à3,50 euros le 18 octobre 2007, voit ses ven-tes en kiosques progresser de 28 % sur lespremiers mois de 2008. Le numéro duPoint, après le second tour de l’élection pré-sidentielle, avait vu ses ventes en kiosquesprogresser de 60 %. Les deux numéros duNouvel Observateur sur Cécilia Sarkozy, enaoût et en octobre 2007, ont enregistré deshausses de 35 % des ventes en kiosques,soit plus de 100 000 numéros.

Paris Match (Lagardère) et VSD (Pris-ma Presse), qui ne figurent pas dans lacatégorie des « news », affichent eux aus-si de bons résultats, avec des ventes enhausse de respectivement 8,59 % et10,28 % en 2007.

La presse people a également poursui-vi sa progression, avec une augmenta-tion globale de sa diffusion de 8,62 % en2007. Au sein de cette famille, les hebdo-madaires Closer (Mondadori) et Public(Lagardère) s’en sortent bien avec des dif-fusions en hausse de respectivement19,75 % et 18,44 %.

Toutefois, « la presse people pourraitconnaître une vraie érosion en 2008 », ana-lyse M. Bartement. On pourrait assister àun phénomène d’usure. a

Pascale Santi

Le NouvelObservateur

512 659509 791

L’Express434 715

451 713

Le Point386 780

419 223

Marianne203 523

274 559Courrierinternational

185 753189 655

Valeursactuelles

79 24183 375

Le Spectacledu monde

27 92926 275

Evolution2007/2006

– 0,56 %

+ 3,91 %

+ 8,39 %

+ 34,9 %

+ 2,1 %

+ 5,22 %

– 5,92 %

Une année faste pour « Marianne »

DIFFUSION FRANCE PAYÉE DES NEWS MAGAZINES(nombre d’exemplaires en moyenne hebdomadaire)

Sour

ce :

OJD

2006 2007

0123Samedi 8 mars 2008 17

VALEURS DU CAC40LES BOURSES DANS LE MONDE 7/3, 10h

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2008 2008

ACCOR ............................◗ 45,95 46,00 -0,11 -16,00 55,75 44,47 2,95 T FR0000120404AIR FRANCE-KLM .............◗ 16,44 16,51 -0,42 -31,64 24,61 16,21 0,48 T FR0000031122AIR LIQUIDE ......................◗ 92,98 93,91 -0,99 -8,66 105,21 82,15 4,00 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT .............◗ 3,53 3,58 -1,40 -28,69 5,15 3,52 0,16 T FR0000130007ALSTOM.............................◗ 137,75 140,42 -1,90 -6,29 153,60 113,15 0,80 T FR0010220475ARCELORMITTAL ..............◗ 49,86 50,69 -1,64 -6,26 54,15 35,35 0,21 A LU0323134006AXA ....................................◗ 20,55 21,13 -2,74 -24,97 27,60 20,06 1,06 T FR0000120628BNP PARIBAS ....................◗ 57,32 57,90 -1,00 -22,77 75,41 57,00 3,10 T FR0000131104BOUYGUES........................◗ 43,60 44,57 -2,18 -23,51 57,25 43,54 1,20 T FR0000120503CAP GEMINI ......................◗ 34,00 34,51 -1,48 -20,93 43,58 31,12 0,70 T FR0000125338CARREFOUR ......................◗ 47,72 48,34 -1,28 -10,45 53,75 43,52 1,03 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............◗ 17,25 17,45 -1,15 -25,23 23,38 17,05 1,15 T FR0000045072DANONE............................◗ 51,56 51,90 -0,66 -16,03 64,00 50,10 2,00 T FR0000120644DEXIA.................................◗ 14,85 15,13 -1,85 -13,71 18,65 13,27 0,61 T BE0003796134EADS ..................................◗ 17,58 17,73 -0,85 -19,47 22,20 15,01 0,10 T NL0000235190EDF .....................................◗ 61,61 60,50 1,83 -24,39 83,90 56,93 0,58 A FR0010242511ESSILOR INTL.....................◗ 39,81 39,57 0,61 -8,80 44,39 35,00 1,10 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............◗ 21,41 21,51 -0,46 -13,04 26,14 21,35 1,20 T FR0000133308GAZ DE FRANCE................◗ 37,12 37,26 -0,38 -7,20 43,47 33,35 1,10 T FR0010208488LAFARGE............................◗ 111,78 112,93 -1,02 -10,22 125,45 102,65 3,00 T FR0000120537LAGARDERE ......................◗ 49,99 50,52 -1,05 -2,53 54,68 42,63 1,20 T FR0000130213L'OREAL .............................◗ 76,10 76,84 -0,96 -22,33 99,26 74,25 1,18 T FR0000120321LVMH MOET HEN. ............◗ 66,27 67,04 -1,15 -19,85 83,93 61,95 0,35 A FR0000121014MICHELIN ..........................◗ 61,90 63,51 -2,54 -21,15 79,90 55,12 1,45 T FR0000121261PERNOD RICARD ..............◗ 68,80 69,45 -0,94 -12,97 79,97 61,65 1,26 S FR0000120693PEUGEOT ...........................◗ 48,70 49,54 -1,70 -6,08 53,68 44,78 1,35 T FR0000121501PPR .....................................◗ 86,71 88,28 -1,78 -21,17 112,76 79,90 3,00 T FR0000121485RENAULT ...........................◗ 64,42 66,38 -2,95 -33,59 99,16 64,41 3,10 T FR0000131906SAINT-GOBAIN .................◗ 48,61 49,25 -1,30 -24,62 65,26 46,50 1,70 T FR0000125007SANOFI-AVENTIS .............◗ 47,39 47,73 -0,71 -24,75 66,90 47,34 1,75 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC.......◗ 76,87 77,40 -0,68 -17,06 94,29 69,01 3,00 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ..........◗ 64,72 66,32 -2,41 -30,11 93,52 62,52 5,20 T FR0000130809STMICROELECTRONICS ...◗ 7,19 7,28 -1,24 -26,63 9,89 7,16 0,19 T NL0000226223SUEZ...................................◗ 40,98 41,29 -0,75 -12,00 49,35 37,70 1,20 T FR0000120529TOTAL ................................◗ 48,53 48,78 -0,51 -14,60 59,50 46,41 1,00 A FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........◗ 168,66 170,47 -1,06 12,50 174,41 136,51 1,70 A FR0000124711VALLOUREC.......................◗ 143,46 145,04 -1,09 -22,52 185,25 120,02 4,00 S FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............◗ 51,13 54,96 -6,97 -18,13 64,00 48,81 1,05 T FR0000124141VINCI..................................◗ 43,56 44,25 -1,56 -14,00 50,80 39,60 0,47 A FR0000125486VIVENDI.............................◗ 25,47 25,81 -1,32 -18,83 31,60 25,01 1,20 T FR0000127771

Vendredi 7 mars 9h45Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

FRANCE CAC 40 4604,31 7/3 -1,58 5665,94 2/1 4505,14 22/1 10,50

CAC Mid100 6732,98 7/3 -1,79 7736,69 2/1 5759,58 22/1

CAC Small 90 6719,88 6/3 -0,07 8124,81 2/1 6034,08 22/1

SBF 250 3316,44 6/3 -1,60 3953,69 2/1 3175,77 22/1 11,30

ALLEMAGNE DAX Index 6484,53 7/3 -1,62 8100,64 2/1 6384,40 23/1 10,70

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5671,50 7/3 -1,65 6534,70 4/1 5338,70 22/1 10,80

SUISSE Swiss market 7109,65 7/3 -2,20 8421,00 3/1 6950,91 22/1 11,60

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 12040,39 6/3 -1,75 13279,54 2/1 11634,82 22/1 12,10

Nasdaq composite 2220,50 6/3 -2,30 2661,50 2/1 2202,54 23/1 18,20

JAPON Nikkei 225 12782,80 7/3 -3,27 15156,66 4/1 12572,68 22/1 12,90

(Publicité)

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'anima-tion. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2008. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteur

Dernier cours connu le 7/3 à 9h

Valeur Cours date

en euro valeur

Fonds communs de placementsECUR.1,2,3 FUTUR 50,14 5/3ECUR.ACTS EUROPEC 18,67 5/3ECUR.CAPIPREMIEREC 2666,67 5/3ECUR.CAPITAL.C 55,18 5/3ECUR.DYNAMIQUE +D 40,04 5/3ECUR.ENERGIE D 44,63 5/3ECUR.EURIBOR 1196,25 5/3ECUR.EXPANSION C 17568,45 5/3ECUR.INVEST D 54,18 5/3ECUR.MONEPRE.INSTC 113114,66 5/3ECUR.MONEPREMIEREC 2308,60 5/3ECUR.SECURIPREM.C 2487,25 5/3ECUREUIL SENSIPREM 3290,98 5/3ECUR.TRESORERIE C 64,20 5/3ECUR.TRIMESTRIEL D 259,61 5/3

ATOUT QUANTEURO D 113,30 5/3CAAM ACTS EUROPE C 332,67 5/3CAPITOP MONDOBLIG 67,85 5/3Fonds communs de placementsATOUT EUROLAND D 166,31 5/3ATOUT EUROPE C 502,59 5/3

ATOUT EURO MONDED 37,31 5/3ATOUT FRANCE C 214,60 5/3ATOUT FRANCE D 169,73 5/3ATOUT MODERATIONSC 112,16 5/3ATOUT MONDE C 39,03 5/3ATOUT VERT HORIZ C 15,53 5/3ATOUT VIVACTIONS C 110,14 5/3CAPITOP EUROBLIG C 127,39 5/3CAPITOP EUROBLIG D 83,62 5/3CAPITOP MONETAIREC 215,42 7/3CAPITOP REVENUS D 159,27 5/3ATOUT HORIZON DUO 10,00 4/3

EURCO SOLIDARITE 259,47 5/3MONELION JOUR C 555,37 6/3MONELION JOUR D 429,24 6/3SICAV 5000 164,22 5/3SLIVAFRANCE 251,71 5/3SLIVARENTE 41,03 4/3SLIVINTER 125,19 5/3TRILION 776,04 5/3Fonds communs de placementsDYNALION EUROPE 87,17 5/3EGERIS AC 25-65C 186,16 5/3EGERIS AC 25-65D 148,35 5/3EGERIS AC 55-100C 164,83 5/3EGERIS AC 55-100D 135,84 5/3EGERIS AC PEA25-65 165,48 5/3EGERIS ACPEA55-100 60,29 5/3EGERIS PRUDENT 201,01 5/3INTERLION 310,47 5/3EGERIS OBJ CAC7000 97,27 4/3

Fonds communs de placementsCM-CIC DYN.INTERN. 27,15 5/3CIC OBLI C.T. D 133,38 6/3CIC OBLIGATIONS D 25,22 6/3CIC EURO OPPORTUNI 33,80 6/3

CM-CIC ACTS USA 6,46 4/3CM- CIC ACTS JAPON 4,11 4/3CIC PROFILE EQUILI 19,25 5/3CM-CIC TEMPERE 163,17 5/3CIC PLAN BOURSE 12,68 5/3CIC FRANCE D 32,97 6/3CIC EUROLEADERS C 40,04 6/3

Multi-promoteursCM EUROPE ACTIONS 27,29 6/3Fonds communs de placementsCM ACTIONS EURO C 24,22 6/3CM SELECTION PEA 8,83 6/3CM OBLIG CT C 193,92 6/3CM MID ACTS EUROPE 20,41 5/3CM-CIC TEMPERE 163,17 5/3CM-CIC DYN.EUROPE 36,40 5/3CM FRANCE ACTION C 37,64 6/3CM MONDE ACTIONS 246,30 5/3CM-CIC EQUILIBRE 70,17 5/3CM MID-ACTS FRANCE 44,51 6/3

LBPAM ACTIONS AMERIQUE C 21,21 5/3LBPAM ACTIONS AMERIQUE D 19,42 5/3LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE C 130,29 5/3LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE D 121,67 5/3LBPAM ACTIONS EURO R 29,76 5/3LBPAM ACTIONS FRANCE C 98,97 5/3LBPAM ACTIONS FRANCE D 89,21 5/3LBPAM ACTIONS INDICE FRANCE 38,81 5/3LBPAM ACTIONS INDICE EURO 94,55 5/3LBPAM ACTIONS MIDCAP C 115,01 5/3LBPAM ACTIONS MIDCAP D 106,49 5/3LBPAM ACTIONS MIDCAP E 9257,21 5/3LBPAM ACTIONS MONDE C 196,96 5/3LBPAM ACTIONS MONDE D 167,26 5/3LBPAM ACTIONS PACIFIQUE C 18,08 5/3

LBPAM ACTIONS PACIFIQUE D 16,07 5/3LBPAM MONETAIRE 1 C 123,20 5/3LBPAM MONETAIRE E 56172,74 5/3LBPAM MONETAIRE1D 108,63 5/3LBPAM OBLI COURT TERME C 23,54 5/3LBPAM OBLI COURT TERME D 18,10 5/3LBPAM OBLI LONG TERME 1 C 141,90 5/3LBPAM OBLI LONG TERME 1 D 130,02 5/3LBPAM OBLI MOYEN TERME C 231,59 5/3LBPAM OBLI MOYENTERME D 181,43 5/3LBPAM OBLI MONDE C 150,98 5/3LBPAM OBLI MONDE D 129,07 5/3LBPAM OBLI REVENUS 758,15 5/3LBPAM PROFIL 80 PEA D 82,08 5/3LBPAM PROFIL 100 C 74,13 5/3LBPAM PROFIL 100 D 67,98 5/3LBPAM PROFIL 15 C 219,20 5/3LBPAM PROFIL 15 D 200,82 5/3LBPAM PROFIL 50 C 226,35 5/3LBPAM PROFIL 50 D 207,93 5/3LBPAM PROFIL 80 C 235,87 5/3LBPAM PROFIL 80 D 217,32 5/3LBPAM PROFIL 80 PEA C 89,62 5/3LBPAM TRESORERIE 2 C 3059,86 6/3LBPAM TRESORERIE 2 D 2319,87 6/3Fonds communs de placementsLBPAM ACTIONS TELECOM 49,68 5/3LBPAM 1ERE MOYEN TERME 11339,23 5/3LBPAM 1ERE MONETAIRE E 8299,69 6/3LBPAM ACTIONS EUROPE C 69,08 5/3LBPAM ACTIONS FINANCE 78,87 5/3LBPAM ACTIONS SANTE 91,30 5/3LBPAM ACTIONS TECHNOLOGIE 20,60 5/3LBPAM ACTIONS EUROPE D 67,43 5/3LBPAM ALTERNA 10 R 118,61 5/3LBPAM MONETAIRE I 594751,75 5/3LBPAM OBLI CREDIT 128,32 5/3LBPAM OBLI EUROPE C 118,62 5/3LBPAM OBLI EUROPE D 106,27 5/3

FCP Multi-gestion

F&C ASIA PACIFIC DYNAMIC A 14,28 6/3F&C ASIA PACIFIC DYNAMIC I 14,29 6/3F&C ASIA PACIFIC DYNAMIC X 14,35 6/3F&C COM GL EM MKTS HDG 105,27 6/3F&C DIVERS.GR. X GBP 98,45 6/3F&C EMERGING MKTS. BD A USD 12,74 6/3F&C ENHALPHAUKEQ I GBP 99,22 6/3F&C ENHALPHAUKEQ X GBP 99,37 6/3F&C EUR INFLATION LINK BD A 10,13 6/3F&C EUR INFLATION LINK BD B 9,87 6/3F&C EUROPEAN CORPORATE BD A 16,62 6/3F&C EURO HIGH YLD BD A 12,57 6/3F&C EUROP SM CAP A 14,46 6/3F&C EUROPEAN EQTY A 15,43 6/3F&C GL .EMG. MKT. A USD 27,54 6/3F&C GL CONV BD AH 12,65 6/3F&G GLOBAL CONVERTIBLE BD A 12,00 6/3F&C GL REAL ESTATE A 13,36 6/3F&C GTAA ALPHA FUND A 92,99 5/3F&C GTAA ALPHA FUND I 93,45 5/3F&C JAPAN.EQTY A 21,19 6/3F&C NORTH AMER EQ. A 18,70 6/3F&C PACIFIC EQTY A 41,54 6/3F&C STEWARDSHIP INT A 8,46 6/3F&C STEWARDSHIP INT I 8,79 6/3

F&C US SMALL COMP A USD 74,47 6/3F&C US SMALL COMP C USD 8,13 6/3..........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Ecofrictions Heathrow,un terminal trop luxueux ?

COURS DE L'EURO

TAUX D'INTÉRÊT LE 7/3Taux Taux Taux Tauxj.le j. 3 mois 10 ans 30 ans

france 4,02 4,43 4,03 4,56

royaume-uni 5,31 5,77 4,49 4,45

italie 4,02 4,43 4,41 5,01

allemagne 4,02 4,43 3,78 4,44

japon 0,59 0,98 1,36 2,37

états-unis 3,12 2,99 3,59 4,50

suisse 2,40 2,80 2,96 3,42

Une cathédrale céleste deverre et d’acier en formede hangar aux lignes à lafois simplissimes et

monumentales : la nouvelle aéro-gare et ses deux satellites sont unecité mutante, parée de tous lessuperlatifs nécessaires aux retrou-vailles avec le ciel. La plus riche, laplus moderne, la plus écologique.Signée Richard Rogers, l’un desarchitectes du Centre Pompidou,le nouveau terminal 5 de l’aéro-port londonien d’Heathrow doitaccueillir tous les vols, nationauxcomme internationaux, de la com-pagnie aérienne britannique Bri-tish Airways à partir du 27 mars.

Comment expliquer, dès lors,cette étrange impression de claus-trophobie qui saisit le visiteur decet édifice brillant et spectaculaireau style ouvert ? Malgré la présen-ce de 9 000 sièges assis, le super-be ouvrage est franchement suffo-cant. C’est qu’à l’instar du termi-nal Eurostar de Saint-Pancras, l’es-pace d’accueil a été délibérémentsacrifié sur l’autel du shopping.

A l’image de ses six salons clas-se affaires sur 15 000 mètres car-rés et de ses 142 magasins et25 restaurants, le T5 se veut unegalerie de luxe où le voyageur enclasse affaires ou en première nesait plus où donner de la tête.Dominantesdans les aéroports bri-

tanniques, les enseignes de fast-food sont d’ailleurs persona nongrata dans ce nouvel aérogare for-cément high-tech.

Cette stratégie haut de gammeest loin de faire l’unanimité. « Lespassagers veulent embarquer le plusrapidement possible au lieu de tuerle tempsà faire du shopping », souli-gne un concurrent de BA, à proposde l’aéroport le plus congestionnéd’Europe, « le problème est qu’unterminal seul ne fait pas un aéro-port. Il leur manque toujours unepiste pour concurrencer leursrivaux, Paris ou Amsterdam, et laflexibilité qui va avec. » Pour le célè-bre designer Sir Terence Conran,« l’accent sur le commerce a trans-formé Heathrow en endroit vrai-ment horrible, un bazar orientaldans le pire sens du terme ».

Mais la transformation d’unaéroport en espace commercial

huppé est rentable. En 2006, leshopping à Heathrow a rapporté600 millions de livres (784 mil-lions d’euros) à la British AirportsAuthority (BAA), l’opérateur encharge de l’aéroport londonien,contre 900 millions de livres(1 176 millions d’euros) de droitsaériens. « Il s’agit d’une clientèlerêvée présélectionnée, cossue et bienpolicée et qui a du temps pour dépen-ser sans compter. C’est pourquoi lesemplacements situés près des salonssont particulièrement recherchés »,explique Richard Hyman, prési-dent de Verdict Research, unbureau conseil spécialisé dans ladistribution.

A l’évidence, Marie-Antoinetteaurait adoré faire du lèche-vitri-nes au « Five ». Trêve de démago-gie, répond BA, qui n’a jamais don-né, il faut le reconnaître, dans lemisérabilisme. Yanik Hoyles,directeur de l’avionneur britanni-que pour l’Europe de l’Ouest et duNord, dément que le bonheur desuns fasse le malheur des autres :« Notre compagnie s’est toujoursconcentrée sur la classe affaires, quinous procure l’essentiel de notre chif-fre d’affaires et de nos profits, maisjamais au détriment du passageréco. T5 lui offre un environnementmoins stressant. » a

Marc Roche(Londres, correspondant)

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pourl'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue.n/d : valeur non disponible.

Achat Vente

dollar us ................................1,5388...........1,5390

yen .......................................157,0900 ......157,1100

couronne tchèque .............25,1390.........25,1590

couronne danoise ...............7,4503...........7,4513

livre sterling.........................0,7644...........0,7645

forint hongrois...............264,9800 ......265,9800

zloty polonais ......................3,5640...........3,5740

couronne suédoise ..............9,3929...........9,3979

couronne slovaque ..........32,6060.........32,7070

franc suisse ...........................1,5717...........1,5721

couronne norvég. ...............7,8774...........7,8814

rouble ...................................36,6260.........36,7260

livre turque...........................1,9152...........1,9252

dollar australien ................1,6514...........1,6524

dollar canadien ...................1,5128...........1,5138

yuan chinois .......................10,9303.........10,9403

won sud-coréen ............1460,3000 ....1461,3000

dollar néo-zéland...............1,9254...........1,9354

rand sud-africain .............12,3438.........12,3538

TAUX

OR

VENDREDI 7 MARS 10h Cours % var.

LIGHT SWEET CRUDE.....................104,94.......-0,50

JaponLe gouvernement nippon a offi-ciellement proposé au parle-ment de nommer l’ancien vice-ministre des finances, ToshiroMuto, au poste de gouverneur dela Banque du Japon (BoJ), ven-dredi 7 mars. Le gouvernementconservateur prend le risque devoir cette nomination rejetée lasemaine prochaine par le parle-ment nippon dont l’une des deuxchambres est contrôlée par l’op-position, hostile à M. Muto.

Les réserves de change duJapon ont atteint 1 007,98 mil-liards de dollars, le 29 février,gonflées par l’euro fort et parla hausse des prix des bons duTrésor américain, a annoncé leministère des finances, vendredi7 mars. Fin janvier, elless’élevaient à 996,4 milliards.

Etats-UnisLes procédures de saisie enga-gées sur des prêts immobiliersont atteint un niveau record auquatrième trimestre aux Etats-Unis, illustrant les difficultéscroissantes des emprunteurs« subprime », a indiqué l’associa-tion des banquiers hypothécaires(MBA), jeudi 6 mars.Au quatrième trimestre, 0,83 %des prêts hypothécaires aux Etats-Unis sont entrés dans uneprocédure de saisie immobilière,ce qui représente une hausse de0,05 point sur un trimestre etde 0,29 point sur un an. C’estle niveau le plus élevé enregistrédepuis que la MBA a commencéà compiler ces données, en 1985.

A l’instar de la gareEurostar de Saint-Pancras, l’espaced’accueil a été sacrifiésur l’autel du shopping

VENDREDI 7 MARS 10h Cours % var.

ONCE D'OR EN DOLLAR ..........976250,0099339,78

PÉTROLE

SICAV ET FCP

TABLEAU DE BORD

CELA devient une histoire classi-que de « credit crunch »,c’est-à-dire de pénurie de crédit.Une entreprise utilise de la dettebon marché comme levier pour sedévelopper de façon agressive etle plus vite possible. Puis le mar-ché se retourne, et elle se retrouveelle-même en difficulté. Et voilàdes traders, actifs sur les marchésdérivés, de parier que ce phéno-mène – jusqu’à présent circons-crit aux entreprises – pourraitconcerner un pays tout entier.

Ainsi, pour certains, l’Islande,surnommée « LBO économie »,semble avoir déjà franchi la pre-mière étape. Ses trois plus gran-des banques, Kaupthing, Lands-banki et Glitnir, ont utilisé de ladette bon marché pour procéderà des acquisitions à l’étranger, àvingt reprises en 2007, pour unmontant de 7 milliards d’euros.

Cela a certes favorisé la crois-sance de l’économie (+ 6 %),mais le secteur bancaire localdétient désormais des actifs repré-sentant huit fois le produit inté-rieur brut de l’Islande. Des partici-pations croisées étroites unissentpar ailleurs les trois grandes ban-ques aux entreprises islandaises.

Avec la pénurie de crédit, l’écartde taux de la dette de Kaupthings’est creusé. L’agence de notationMoody’s a d’abord abaissé la note

des trois banques avant de le fairepour l’ensemble du pays. Le pre-mier ministre, Geir Haarde, et cesétablissements bancaires ontengagé une bataille de communi-cation contre ce qu’ils qualifientde défiance irrationnelle – Kaup-thing a levé 1,1 milliard d’eurossous forme d’un placement privéavec des banques américaines eteuropéennes le 4 mars.

Ils ont probablement raison :les trois banques paraissent soli-des. Elles respectent les ratios pru-dentiels, ont porté à 50 % la partdes actifs étrangers et ne sont pasexposées aux subprimes.

Attaques spéculativesMais, même si les banques ne

sont pas en défaut, c’est la mal-chance de l’Islande d’être aussidépendante des marchés finan-ciers actuels. Certains traders pen-sent que le moment est venu delancer des attaques spéculatives.Aussi solide soit la performancede ses banques, l’Islande est expo-sée en raison de cet effet de levier,de l’enchevêtrement de participa-tions croisées et de sa petite taille.

Ce n’est donc pas une surprise siM. Haarde a demandé cette semai-ne aux établissements bancairesconcernés de revoir à la baisse leurprogramme d’acquisitions. a

George Hay

Economie & Finances

Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr

L’Islande, victimedu « credit crunch »

WARREN BUFFET est rassurantpour l’industrie de la finance. Lesage d’Omaha (Nebraska) a étéconsacré l’homme le plus riche dumonde par le magazine Forbes,devant Bill Gates, le fondateur deMicrosoft. M. Buffet doit sa fortu-ne aux investissements deBerkshire Hathaway, au départune entreprise spécialisée dans letextile, qui est vite devenue unfonds d’investissement.

Le talent de M. Buffet pour déce-ler les bonnes affaires et éviter lesmauvaises est légendaire. Peu d’in-vestisseurs peuvent rivaliser aveclui dans ce domaine sur la listedressée par Forbes. Seules huit descent personnalités les plus richesdu monde ont fait fortune dans lafinance. Et seules trois d’entreelles – Carl Icahn (46e), Petr Kell-ner (91e) et George Soros (97e) –peuvent se prévaloir d’une perspi-cacité « à la Buffet ».

De fait, pour gagner beaucoupd’argent en ce moment, le mieuxest de se bâtir un empire dans unpays pauvre. Quinze des vingt per-sonnalités les plus riches du classe-ment de Forbes – et 42 parmi les

centpremières –ont suivi ce modè-le. C’est le cas du roi des télécom-munications, le Mexicain CarlosSlim (2e) ou d’Abdul Aziz Al -Ghu-rair (100e), le banquier des Emiratsarabes unis – ce pays était en déve-loppement quand cet homme d’af-faires a commencé sa carrière.

Cet état des lieux fait sens. Il y atraditionnellement peu de concur-rents dans les pays pauvres, où ilest donc plus facile de dégager degros profits. Les connexions avecles réseaux politiques semblentaussi rapporter plus dans les paysen développement.

Les marchés financiers, eux,sont à l’autre extrémité du spec-tre. Ils sont très concurrentiels,ouverts à tous et plutôt transpa-rents, conformément aux stan-dards des pays riches. Nombred’entre eux sont des jeux à som-me nulle, où les gains sont com-pensés par des pertes. Voilà pour-quoi les multimilliardaires issusde ce monde sont si rares. a

Edward Hadas

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Il est difficile de devenir richeen travaillant dans la finance

18 0123Samedi 8 mars 2008

1962Naissance à Tanger(Maroc).

1966Première installationen Espagne.

1981Etudes de pharmacie àl’université de Grenade(diplômé en 1988).

1994Fonde l’associationIbn-Battuta, à Barcelone.

2003Elu député au Parlement deCatalogne (réélu en 2006).

2008Soutient le candidatsocialiste, José LuisRodriguez Zapatero.

D’origine marocaine,il est députéde Catalogne.Alors que la droitea fait de l’immigrationun thème de campagnepour les électionsdu 9 mars, il poursuitson action en faveurde l’intégration

DécryptagesPortrait

PARCOURS

Tout le monde a quelquechose à demander àMohammed Chaïb.Dans le hall fastueux duParlement de Catalo-gne, son portable n’arrê-te pas de sonner. Ledéputé regarde le numé-

ro appelant, hésite à répondre, se sentcoupable, décroche en soupirant. Selonl’interlocuteur, il enchaîne en catalan,en espagnol, en français, en arabe. C’estun membre du Parti socialiste catalanqui lui fait part d’un sondage pour lesélections du 9 mars ; sa mère qui s’in-quiète de savoir s’il va bien ; un Maro-cain de Barcelone qui lui demande del’aider parce que son propriétaire veutrésilier son bail…

Il prend le temps de répondre, donne àl’un ses commentaires, fait à l’autre lapromesse de passer la voir, propose audernier l’aide de son avocat. La voixenjouée malgré la fatigue. « Depuis que jesuis élu, les Marocains d’ici sont persuadésque je suis Dieu : un parlementaire quivient de chez eux, comme eux, peut-il êtreun simple humain ? »

Sa mère n’est pas seule à être fière delui. A 45 ans, ce petit brun trapu et rieurqui vous tutoie aussitôt est un symbole :le premier parlementaire d’origine maro-caine en Espagne, le premier députémusulman au pays d’Isabelle la Catholi-que, encore si profondément imprégnépar l’autorité de l’Eglise. Député socialis-te au Parlement de Catalogne depuis2003, Mohammed Chaïb est un signe dela nouvelle Espagne. De cette terre d’émi-gration devenue soudain terre d’immi-gration ces dix dernières années. La droi-te espagnole en fait un thème de campa-gne. Les étrangers représentent 10 % dela population, et les plus nombreux sontles Marocains.

Contrairement à la plupart d’entreeux, Mohammed Chaïb n’a pas traverséla mer dans les années 1990, de fortecroissance en Espagne, mais dans lesannées 1960. Ses parents, ne sachant nilire ni écrire, n’en pouvaient plus de leurvie de misère en banlieue de Tanger. Sonpère, Ayachi, avait choisi sa femme, une

jeune fille de 14 ans, parmi les famillesvoisines. Ils avaient eu leurs quatre pre-miers enfants. Le travail manquait. Avecses copains d’infortune, le père s’est misà rêver. A prononcer les mots magiques :« France », « Hollande », « Allemagne »,« plein-emploi », « beaucoup d’argent ».Pour y accéder, un passage obligé : l’Es-pagne.

Un jour de 1963, Ayachi Chaïb a pris lebateau pour Algésiras. En pleine dictatu-re franquiste, alors que les immigrés secomptaient sur les doigts de la main, il aobtenu une carte tamponnée du ministè-re de l’emploi. Sur le chemin de la Fran-ce, il a fait escale à San Boi de Llobregat,près de Barcelone, a trouvé un boulot auxcuisines… et il s’est arrêté là. C’était le pre-mier Marocain que l’on voyait à San Boi.En 1966, il a fait venir sa femme et sesenfants. Mohammed avait 4 ans.

Mohammed Chaïb s’amuse du hasardqui l’a amené là, sous les dorures du Par-lement de Catalogne. Avec sa famille, ilavait pourtant dû faire à l’envers le che-min de l’exil, en 1975 : le conflit entre l’Es-pagne et le Maroc sur le Sahara avait blo-qué le père à l’entrée de l’Espagne, aprèsun séjour au bled. Toute la famille, agran-die à huit enfants, se réinstalle alors à

Tanger. Retour à la case départ… ou pres-que : grâce à ses économies espagnoles,Ayachi acquiert une maison et un minus-cule café. Mohammed, 13 ans, rêve decontinuer l’école. Faute de maîtriser l’ara-be, il aide son père au café.

« J’étais perdu. Je ne parlais que le cas-tillan et le catalan. Je ne pouvais pas aller àl’école ni jouer dans la rue. On m’appelait“l’Espagnol”. » Au café, les clients fontdes parties de dames. Mohammedentend l’un d’eux commenter le jeu encastillan. Il se jette sur lui. Celui-ci luiapprend l’existence d’une école espagno-le, à 5 km de la maison. Trop loin pourses sœurs, pas assez motivant pour sesfrères. Il est le seul de la famille à vouloirétudier. 5 km à pied le matin, 5 km lesoir. Un effort que ses parents acceptentsans comprendre et qui le conduira jus-qu’à la faculté de pharmacie, à Barcelo-ne. Puis à la politique. « Le joueur dedames habite toujours Tanger, il sait com-bien mon destin est lié à lui. Au Maroc, jesuis la fierté, “le Député” », dit-il.

Voilà comment le Marocain Moham-med Chaïb devint espagnol. Il précise :« espagnol, et d’abord catalan ». Non paridéologie, mais par situation. Non pasindépendantiste, mais sentimentale-

ment attaché à son nouveau terroir :marié à une Catalane, père de deuxenfants élevés à l’école publique catala-ne, arborant sur le revers de son costumeun « pin’s » du drapeau catalan, partici-pant à la San Jordi (fête catalane) et sur-tout supporteur quasi fanatique du FCBarcelone, contre le Real Madrid. Nevous étonnez pas de rencontrer, à Tan-ger, des drapeaux et des maillots du FCBarcelone : Mohammed Chaïb, qui s’estdémené pour créer au Maroc des« penias » (clubs officiels de suppor-teurs), est un prosélyte actif.

Etre actif, chez lui, c’est une manie.Son diplôme de pharmacie en poche, iltravaille dans un laboratoire, mais savraie vie se passe au service des autres. Etsurtout de ceux qui ont le plus besoin delui : les Marocains d’Espagne. Il fondeIbn-Battuta, l’une des premières associa-tions d’aide à l’intégration, fournissantaides juridiques et cours de catalan. Ilcofonde le Conseil islamique, destiné àintégrer les musulmans dans cette socié-té non musulmane et à former les imamsen catalan. Avec l’essor spectaculaire dela communauté marocaine, il devientvite le médiateur indispensable entre lesMarocains et l’administration catalane,

entre la Catalogne et le Maroc. En 2003,le président du Parti socialiste catalan,Pascual Maragall, lui demande de se pré-senter aux élections législatives régiona-les. Il est élu, réélu. Agit. Milite pour lacréation d’une mosquée à Barcelone,« condition pour que les Marocains aientun sentiment d’appartenance à la Catalo-gne ». Ricard Zapata, professeur de scien-ces politiques à l’université PompeuFabra de Barcelone, salue « sa manièreunique de créer des liens entre les commu-nautés et de faire avancer la société espa-gnole ».

Pour Mohammed Chaïb, la question laplus épineuse de l’immigration est leconflit entre les générations : faire accep-ter aux parents l’intégration de leursenfants dans un monde qui n’est pas leleur. En se mariant à une Catalane, lui-même en a fait douloureusement l’expé-rience. A ses propres enfants (15 et6 ans), il demande de parler marocain etde l’accompagner à la mosquée. « Pourqu’ils sachent d’où ils viennent. Mon devoirest de le leur dire, mais c’est tout. Leur vieest à eux. » a

Marion Van RenterghemPhoto Martin Barzilai

pour « Le Monde »

MohammedChaïbDu bled

au Parlement catalan

0123Samedi 8 mars 2008 19

Le cyclisme en dangerL’organisateur de Paris-Nice et du Tour de France, ASO, sembleplus préoccupé de ses intérêts privés que de ses obligations collectives

Débats

Un conflit oppose depuisplusieurs années l’Unioncycliste internationale à lasociété Amaury SportOrganisation (ASO), orga-nisatrice, notamment, deParis-Nice et du Tour de

France. Aujourd’hui, les dirigeants d’ASOont décidé de ne plus respecter les règle-ments internationaux. Comment en est-on arrivé là ? La réponse est simple :au-delà des divergences sur l’organisationdu cyclisme professionnel, c’est le rôlemême de l’UCI qui est contesté par unacteur qui estime que cette dernière est unobstacle à ses ambitions.

Ne nous y trompons pas : ASO est unesociété anonyme, qui rend des comptes àses actionnaires. L’UCI, quant à elle, estun organisme supranational démocrati-que, qui représente les intérêts de toutesles composantes du cyclisme. Ses revenussont utilisés pour le développement et lapromotion du cyclisme, au profit de tousses acteurs, partout dans le monde.

Dans leur tentativedes’emparerdupou-voir sans l’exercer dans les domaines quine les intéressent pas – contrairement àl’UCI –, les dirigeants d’ASO ne se sou-cient pas de défendre d’autres intérêts queles leurs. Ils ont réussi à faire croire qu’ilssont le Tour de France, donc que s’opposerà eux c’est s’attaquer au Tour. Ce procédéleur permet de faire passer tout ce quicontrecarre les intérêts commerciauxd’ASOpourunvioldu patrimoineducyclis-me français. Cet écran de fumée tricoloredoit être dissipé : le Tour de France n’ap-partient pas exclusivement à la société quil’organise, maisaussi à ceux qui l’aiment etle font exister, au premier rang desquelsles coureurs. Il faut avertir les amoureux

du cyclisme : accepter les demandesd’ASO signifierait transformer le cyclismeprofessionnelen une ligue régie par l’orga-nisateur dominant et non un organismereprésentant l’intérêt collectif.

Actuellement, ASO refuse l’inscriptionde Paris-Nice dans un calendrier détermi-né à l’issue d’un processus démocratique.Elle souhaite placer ses épreuves endehors des règlements pour déterminerelle-même, à travers des contrats avec leséquipes, les règles auxquelles celles-cisont soumises.

Surprenant soutien du ministreCet acte d’insubordination crée une

situation d’instabilité dont souffrent denombreux acteurs. ASO se livre à un chan-tage en utilisant le Tour de France, auquelles équipes s’estiment obligées de partici-per d’un point de vue économique ; elle lescontraint donc à choisir entre leurs inté-rêts à court terme (participer illégalementà Paris-Nice pour nepas risquer leur exclu-sion du Tour de France) et le respect d’uneinstitution qui garantit le bon fonctionne-ment de leur sport à long terme. Mettre leséquipes dans cette position représente unacte de sabotage de la structure mise enplace au fil des ans par l’UCI pour inscrirechacun dans un cadre fédératif qui garan-tisse le respect de ses droits.

Danscette situation, la Fédération fran-çaise de cyclisme risque une suspensionpour avoir donné son aval aux infractionscommises par les dirigeants d’ASO ; son

président sera certainement convoquédevant une commission disciplinaire pourles mêmes raisons ; des coureurs pour-raient être suspendus pour avoir participéà une course hors du cadre réglementairede l’UCI. L’efficacité de la lutte antidopageest aussi menacée. L’UCI a obtenu degrandssuccès dans cedomaine, en particu-lier avec le passeport biologique, mais ellene peut procéder à des contrôles dans unecourse hors calendrier. On peut estimerque l’UCI fait fausse route. Mais j’aimeraisconvaincre que la défense du système éta-bli le justifie et ne peut faire l’économie decette douloureuse démarche. Si quelqu’unporte, ici, une lourde responsabilité, cesont les dirigeants d’ASO.

Il faut, hélas !, déplorer le fait que lesacteurs institutionnels, qui les premiersdevraient défendre le rôle des fédérationsinternationales qui régulent leur sport sui-vant la Charte olympique, aient omis de lefaire. Le ministère des sports français sem-ble plus occupé à soutenir les projetsd’ASO que motivé par la nécessité de rap-peler à l’ordre un acteur privé qui ne res-pecte pas les règlements internationaux.

En favorisant la sortie du cadre fédéra-tif d’un organisateur, le ministère donne,de facto, sa bénédiction à la création d’uneligue privée. Etonnant pour un acteur quia affirmé en novembre 2007 vouloir l’évi-ter ! Un pays peut-il contourner des règle-ments internationaux pour favoriser cequ’il estime être les intérêts nationaux, quipar ailleurs ne sont nullement menacésmais manipulés par acteur commercial ?Un responsable politique peut-il devenirle complice d’un organisateur privé quisouhaite s’affranchir d’un cadre fédératifpatiemment élaboré ? Il vaut la peine de seposer ces questions. a

inspirez

FIAT 500. VOITURE DE L’ANNÉE 2008l’une des plus respectueuses de l’environnement

seulement 110 G/km de co2avec filtre à particules de série.

Consommations mixtes (l/100 km - Dir. 99/100/CE) et émissions de CO2 (g/km) mini/maxi : 4,2/6,3 et 110/149.

La colère de François Léotard

Apropos de Valérie Pécresse,ministre de l’enseignement supé-rieur et de la recherche, il parlede « cette élégance des femmes de

France dont nous admirons la permanen-ce ». Au sujet de l’épouse italienne du pré-sident de la République, il évoque Milan« lorsque nos armées y entrèrent », en 1796.Mais il se rappelle avec tendresse les« fleurs fragiles et délicates » de Mai 68. Cemélange de droite grand teint, galante ettricolore, et d’esprit frondeur, c’est Fran-çois Léotard.

Voilà plusieurs années que l’ancienchef du défunt Parti républicain s’est exiléde la politique. Il y revient avec un pam-phlet rageur contre Nicolas Sarkozy. Etait-ce bien nécessaire ? Tout n’a-t-il pas étédit ? C’est, en tout cas, savoureux. Ayant

voté pour le candidat de son camp il y adix mois, il ne s’en remet pas. Son livre estd’abord la feuille de température d’un élec-teur de droite qui va de plus en plus malau fil des décisions, des déclarations, desinventions, des foucades de l’homme à quiil a choisi, avec 19 millions d’autres, deconfier les destinées du pays.

Le style enlevé, parfois surprenant, estefficace pour décrire, par exemple, « ungosse qui s’émerveille de la multitude de sesjouets » et qui se demande « quel est lecadeau qu’il faut ouvrir en premier » : ungros bombardier envoyé par GeorgeBush, une centrale nucléaire « pourChinois débutants », « un grand Mickeyen plastique, un journaliste à plat ventre,plusieurs Guaino en peluche et des bonsd’achat dans un catalogue du Medef ».Leste : « En 2007, lors de la fameuse rup-ture, on fait les gros câlins que l’on sait,imprudemment promis pendant la campa-

gne. Comme si la danse du ventre donnaitaux spectateurs le droit de partir avec ladanseuse… » Grave : « La liaison qui estfaite, au sommet de l’Etat, entre l’identiténationale et ce qu’à travers le mot immigra-tion il faut bien appeler l’étranger (…), jesouhaite qu’on l’évalue à l’aune de notrepassé, de nos racines plurielles, de tout ceque le monde extérieur nous a apporté. »

Tout à sa délectation morose, FrançoisLéotard s’autorise quelques facilités, com-me de rythmer ses premiers chapitres enparaphrasant la Genèse (« Dieu vit quecela était bon… ») ou de déclarer sa flam-me à Rama Yade, secrétaire d’Etat auxdroits de l’homme, en écrivant que sabeauté lui donne « des droits sur l’hom-me » (il la félicite aussi pour ses proposlors de la visite du colonel Kadhafi). Neposant pas à l’écrivain, mais prenant à écri-re un plaisir communicatif, il trouve sespropres mots pour dire son indignation,sa tristesse, son exaspération et son inquié-tude. Il s’insurge contre la rétention decondamnés ayant fait leur peine et contrela violation du principe de laïcité des res-ponsables publics. Il déplore l’état desfinances publiques. Il craint une dégrada-tion des relations avec l’Allemagne.

Sa sévérité ne vise pas seulement lechef de l’Etat. Impitoyable avec les socialis-tes, accablant pour les ministres d’ouvertu-re, il est cruel pour les centristes et pourFrançois Bayrou. Mais celui qui fut, dansles années 1980 et 1990, le très médiati-que meneur de revue de la « bande àLéo » fait ses Pâques sur le dos de sonancien compagnon de balladurisme.

Il change de ton, à la fin, pour deman-der au président : « Qu’est-ce qui t’apris ? » et souhaiter, sans trop y croire,qu’il se corrige. Son pessimisme et son pas-séisme peuvent irriter, mais son regret deshommes d’Etat d’autrefois, respectueuxde leur statut et du savoir-vivre républi-cain, emportera facilement l’adhésion. a

Patrick Jarreau

Lelivredujour

Pat McQuaidPrésident de l’Union cycliste internationale

Ça va mal finirFrançois LéotardGrasset, 138 p., 10 ¤

20 0123Samedi 8 mars 2008

Ingrid et toutes les autresCélèbres ou inconnues, elles risquent leur vie ou leur liberté ou leurs droits.Il est urgent de les défendre contre toutes les oppressions et régressions

Le visage émacié d’IngridBetancourt qui se substitueà l’image de l’Ingrid d’avantmarquera cette Journéeinternationale des femmescar nous mesurons que cen’est plus seulement sa libé-

ration qu’il faut arracher mais sa vie qu’ilfaut sauver. Visage symbole de la souf-france des femmes persécutées du mon-de, un monde où l’espérance survit peut-être grâce aux Ingrid du monde.

Car Ingrid Betancourt n’est pas la seu-le femme à être attaquée pour son enga-gement et menacée dans sa vie. Nousvoulons les protéger toutes, célèbres ouanonymes, de notre solidarité. Nousn’avons que les mots pour le faire, maisces mots, leur souffrance et leur courageface au terrorisme exigent que nous lesdisions.

Il y a Ayaan Hirsi Ali, la brillante, lacélèbre, celle qui n’est pas otage enchaî-née mais femme libre à la langue déliée,menacée de mort pour délit de libre-pen-sée. Mais aussi Taslima Nasreen, l’écri-vaine bangladaise, condamnée à mortpar une fatwa, comme Salman Rushdie.Taslima Nasreen, cette femme courageu-se qui a si longtemps lutté, doit aujour-d’hui se terrer, elle aussi victime de la let-tre de cachet des temps nouveaux.

Qu’avez-vous fait, imprudentes, impu-dentes, immodestes ? Vous avez courrou-cé les islamistes ! Et vous encombrez,vous dérangez… Depuis sa fragile cachet-te indienne, Taslima Nasreen nous acrié : « Je ne suis plus qu’une voix désincar-née. » Nous sommes très inquiètes. Tasli-ma, il ne faut pas qu’ils te brisent !

Et puis il y a celle dont le nom, ignorédes médias, n’est connu que des discrè-

tes et pugnaces combattantes du droitdes femmes : Sigma Huda, rapporteurespéciale de l’ONU sur la traite des per-sonnes, elle aussi du Bangladesh. Unpays qui ne peut décidément pas tolérerses citoyennes d’exception. SigmaHuda, emprisonnée dans des conditionsinhumaines, après un procès sans obser-vateur international, et que sa santé pré-caire expose à la mort si sa détention necesse pas.

En ce 60e anniversaire de la Déclara-tion universelle, est-ce trop demander àla diplomatie française représentée autristement célèbre Conseil des droits del’homme que d’exiger sa libération et sasécurité ?

Et puis il y a les toutes les autres, lessans-grade, inconnues que le hasard afait naître là où la Déclaration universel-le des droits humains n’a, paraît-il, rien àfaire, en Iran ou ailleurs. Nous appre-nons l’existence de certaines d’entreelles au hasard des nouvelles glanées çàet là. Une recherche plus attentive, unrapport, un communiqué publiés parune ONG plus informée et plus réactive.

Toutes des sorcières !Ainsi Fawza Falih la Saoudienne,

dont Human Rights Watch nous a annon-cé qu’elle est condamnée à mort et doitêtre exécutée pour sorcellerie. Oui, auXXIe siècle, on peut encore exécuter poursorcellerie en Arabie saoudite ! La preu-ve, Human Rights Watch nous a aussiappris que, le 2 novembre 2007, l’Egyp-tien Mustafa Ibrahim, pharmacien deson état, avait été exécuté à Riyad aprèsavoir été déclaré coupable de sorcellerie.

Est-ce utopique de penser que toutdoit être fait pour empêcher la mise à

mort de la « sorcière » Fawza ? Alors,nous revendiquons cette utopie, plus réel-le que les bassesses de la Realpolitik.Nous sommes toutes des sorcières !

Et enfin il y a le combat quotidien decelles qui ne risquent pas leur vie à cha-que pas mais doivent affronter les préju-gés, la malhonnêteté intellectuelle, lacalomnie lorsque, avec cette idée saugre-nue que l’humanité doit progresser etnon régresser, elles entendent défendrelaïcité, égalité des droits et mixité sichèrement acquises. Comme elles, nousne voulons pas que le droit à la différencesoit prétexte à la différence des droits.Comme elles, nous voulons défendrepied à pied les valeurs universelles. Tousles jours. Même le 8 mars. a

Marie-Christine Aubin, membre du bureaudu Mouvement pour l’abolition de laprostitution et de la pornographie et detoutes formes de violences sexuelles etdiscriminations sexistes (MAPP) ;Diagne Chanel, présidente du ComitéSoudan ; Huguette Chomski Magnis,présidente du Mouvement pour la paix etcontre le terrorisme, Allianceinternationale contre le terrorisme(MPCT) ; Monique Halpern, présidente dela Coordination française pour le lobbyeuropéen des femmes (CLEF) ; MalkaMarcovich, membre du bureauinternational de la Coalition contre la traitedes femmes (CATW) ; FlorenceMontreynaud, Encore féministes ! ;Sophie Ribot-Astier, administratrice etmembre du bureau de Défense des enfantsinternational (DEI) France ; SabineSalmon, présidente de Femmessolidaires ; Josiane Sberro,vice-présidente de Primo Europe.

En mai 2007, le ministre du tra-vail, des relations sociales et dela solidarité déclarait que l’éga-lité salariale entre hommes etfemmes serait atteinte d’ici à

2010. Cet objectif ne semble guère réalis-te si on le met en relation avec le constatfait par Dominique Meurs et Sophie Pon-thieux dans leur étude « L’écart des salai-res entre les femmes et les hommes peut-il encore baisser ? » (Economie et statisti-que, l’Insee, 2007) : « En 2002, l’écartentre les salaires mensuels moyens des fem-mes et des hommes est de 25,3 %, soit à pei-ne un point de moins que ce qu’il était en1990. »

Qui a raison du ministre ou des statisti-ciennes ? L’égalité salariale est-elle enroute ou en panne ? Pour répondre, il fautposer la question de la mesure des inégali-tés. Il existe plusieurs façons de comparerles salaires masculins et féminins.

Salaires inférieurs de 25 %La première s’appuie sur l’écart entre

les salaires horaires moyens à qualifica-tion égale. A travail égal, les femmes ontun salaire horaire inférieur d’environ 7 %à celui des hommes. C’est ce qu’on appel-le parfois la « discrimination pure ».

La deuxième méthode tient comptedes différences de qualification et detemps de travail et mesure l’écart entreles salaires mensuels moyens. « Touteschoses inégales par ailleurs », les femmesont, alors, un salaire mensuel inférieurde 25 % à celui des hommes.

Selon les lois en vigueur en France,c’est le bilan de situation comparée deshommes et des femmes dans chaqueentreprise qui sert d’outil de mesure desinégalités. Mais il ne prend en compteque la « discrimination salariale pure ».Ces lois ne s’attaquent donc pas aux sour-

ces principales de l’inégalité salariale.Selon Dominique Meurs et Sophie Pon-thieux, « 75 % de l’écart des salaires pro-viennent des différences de structure desemplois, le facteur le plus important étantla durée du travail ».

En dépit de la forte augmentation duniveau moyen d’éducation des femmes,leur concentration dans des secteurs d’ac-tivité et des métiers où les rémunérationssont faibles persiste. Les femmes sonttrès majoritaires dans les emplois classéscomme non qualifiés, dont le nombreaugmente vivement et atteint près de6 millions.

Le travail à temps partiel s’est forte-ment développé. Il concerne 31 % desfemmes et seulement 6 % des hommesen 2006. La montée des emplois à tempspartiel court dans le secteur des servicesà la personne (90 % de femmes), et celledu sous-emploi (personnes à temps par-tiel souhaitant travailler davantage),phénomène à 80 % féminin, sont desobstacles majeurs au progrès de l’égalitésalariale.

Le 1er février 2008, les caissières deshypermarchés ont fait grève contre lesous-emploi. Leurs revendications sontun travail à temps plein et de meilleurssalaires. Le temps partiel subi sort enfinde l’ombre ; sa résorption doit devenirune priorité des politiques de l’Etat etdes entreprises. Sinon, contrairementaux promesses faites en 2007, l’écartimportant entre les revenus salariauxdes hommes et des femmes continuera àstagner. a

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L’égalité salariale en panneMoins payées à travail égal, les femmes sontles plus touchées par le travail précaire ou partiel

Jean GadreySociologue, université Lille-I

0123Samedi 8 mars 2008 21

Pékin,Les chantiers

de ladémesureC

e n’est pas un métiersimple de surveiller uneville comme Pékin, nimême de l’observer.Frank Palmer est photo-graphe à grande échel-le. A la manière d’unYann Arthus-Bertrandqui regarde le monde de

haut, ou d’un Andreas Gursky qui nous lemontre en large, Palmer s’est spécialisédans la construction XXL : les plus hautsponts du monde, les plus hautes tours,les plus délirantes… et Pékin, théâtre duplus grand chantier de l’histoire, en prévi-sion des Jeux olympiques 2008.

Dans son objectif, parfois hissé au som-met d’une grue ou dans un hélicoptère, ila regardé surgir ces ouvrages d’art mar-qués du sceau de la démesure. Dernier endate : le nouveau terminal de l’aéroportde la capitale chinoise, construit par le Bri-tannique Norman Foster, qui a accueillison premier vol-test international le29 février. Décrit comme le plus grand aumonde, le nouveau bâtiment, composé dedeux grandes ailes symétriques, se présen-te comme la projection au sol d’un immen-se oiseau de proie, un super-be phénix qui se serait crashéen douceur. Sa structure estexceptionnelle d’intelligence,de fluidité, d’éléganceconstructive.

Dans ce bâtiment doté destechnologies les plus avan-cées, la peinture a été passée àla main, raconte, désolé, unresponsable technique del’Agence Foster, encore sousle choc de la vue des40 000 ouvriers qui tra-vaillaient simultanément sur le site, sanspistolet ni machine à pression. C’est l’undes grands paradoxes de la Chine : la per-pétuation à grande échelle de gestes parta-gés depuis des millénaires par une main-d’œuvre innombrable et changeante.

Les chantiers de Pékin occuperaient lamoitié des mingongs, ces travailleursmigrants estimés à 4 millions ; soit 2 mil-lions de personnes occupées à redessinerla capitale. Ils viennent pour la plupart descampagnes, dépourvus de papiers, sansdroits réels, ni contrats, et ils estimentavoir sur ces chantiers une vie « relative-ment » plusheureuse. On ne comptepour-tant pas les accidents, ni les morts, saufdécouverte fortuite par la presse. A la diffé-rence des protestations qui commencent àse faire entendre chez les habitants dépla-cés des villes – parole qui n’est jamais sansrisque –, il est rare que la loi du silence soitbrisée sur les chantiers.

Les mingongs se nourrissent de légu-

mes ou de riz, se partagent par dizainesdes baraques assez pestilentielles mais,avec un sens paradoxal de l’hospitalité, ilssourient aux visiteurs coiffés de casquesd’emprunt aux couleurs des entreprisesétrangères. Ils ne sont pas très loquaces,leurmanière de parler, c’est de vous inviterà boire un verre d’eau chaude entre les litsà étages des baraques devant une télé cra-

chotante. En même temps, illeur arrive d’exprimer unevéritable fierté. D’autant plusgrande que leur chantier estprestigieux.

Chaque corps de profes-sion vient d’une ville oud’une région et parle lemême dialecte, presque lemême langage corporel : lagrâce, lorsqu’ils sont affectésaux travaux du ciel, une fati-gue hirsute lorsqu’ils éten-dent à la pelle le béton dans

les sous-sols.Les mingongs ne datent pas d’hier,

mais ils sesont multipliés et ils sont aujour-d’hui au service d’une architecture futuris-te. Sur les chantiers, les techniques rappel-lent parfois celles de la construction tradi-tionnelle, mais appliquée à l’échelle desgratte-ciel, un capharnaüm assez proched’une plage de Normandie au lendemaindu Jour le plus long : ferrailles et blocs debéton jambes en l’air, trous surprises, pou-tres, planches, clous rouillés et plaques decontreplaqué aux fonctions oubliées.

Tout a changé d’échelle à Pékin, mêmesi, comme dit Liu, un professeur de Tsin-ghua qui n’est pratiquement jamais sortidu quartier des universités, « Pékin n’estqu’une poussière de Chine ».

Peu de temps avant le nouveau terminalde l’aéroport, c’est la livraison d’un autreédifice qui a fait la fierté du pays, moinspar son gigantisme que par sa plastique :le Centre de natation, surnommé le « cube

d’eau ». Dessiné par l’agence australiennePTW, avec le Chinois Zheng Fang, direc-teur du China Construction Design Inter-national (CCDI), voilà un édifice inhabi-tuelpar sa structure, un revêtement de bul-les plastiques gonflées d’air, qui peut sem-bler un peu éphémère et fragile et dontZheng Fang loue en premier lieu la durabi-lité : « Il est là pour cent ans au moins », cequi en chinois simplifié peut se traduireainsi : il n’est pas là pour l’éternité.

Tout à côté du Centre de natation, leparc olympique, vaste espace vert situé aunord de la ville, héberge les principauxéquipementsolympiques. Leur architectu-re est souvent plus banale, mais un chef-d’œuvredomine l’ensemble : le Grand Sta-de, le « Nid d’oiseau » de 91 000 placesimaginé par le tandem suisse Herzog et deMeuron, associé à plusieurs architecteschinois et à l’artiste Ai Weiwei.

Tandis que s’activent encore peintres etplâtriers, les représentants des architectess’arrachent calmement les cheveux enconduisant la visite. Ils ont été formés à laprestigieuse université de Tsinghua, sesont perfectionnés en Suisse et saventdonc dominer leur passion. Pas simple :Herzog et de Meuron, qui n’ont pas la pas-sion de Foster pour les matières lisses, ontobtenu que les murs pleins de l’édificesoient peints à la main du plus beau rougeimpérial. Un travail de fourmis, un travailde titans.

Les officiels pékinois préféreraient dubrillant, de la peinture au pistolet, ce queFoster n’a pas pu faire à l’aéroport. Ilsauraient aimé quelque chose d’un peuplus « flashy ». Une fois de plus, la tradi-tion devra-t-elle céder le pas au goût duclinquant de plus en plus présent dans lacapitale ?

La peinture, en Chine, n’est pas uneaffaire mineure. C’est une affaire de cou-ches (sociales) et de persévérance. C’est cequi faisait l’unité grise de Pékin, la rouge et

impériale dignité des murs de la Cité inter-dite tandis que le jaune ou le bleu des toitsde céramique indiquait les hiérarchiesdans l’ordre du pouvoir. Quand les froidsseront passés, cette question fondamenta-le de la couleur ne restera sans doute passecondaire pour les maîtres d’ouvrage dustade olympique.

Les détails de la vie dans cette villequ’est le Grand Stade en voie d’achève-ment feraient presque oublier le spectacleque donne en lui-même l’édifice. Ainsi,alors que les principales structuresn’étaient pas encore achevées et moinsencore ce qu’on appelle le second œuvreet la « déco », les télévisions, secondéespar quelques vedettes de variétés et le gra-tin de la mode, ont commencé à se faire lamain en prévision du grand show dumois d’août. La pose des dernières gran-des arches de la couverture de métal, en2006, a été l’occasion de rassembler lesdivers corps de métier, chacun ayantadopté la tenue colorée de son entreprise.Au programme, un défilé de stars oudemi-stars de la télé. Applaudissementstranquilles, joies réelles mais dépourvuesd’enthousiasme…

Et pendant ce temps, dans lescorridors conduisant de l’arè-necentraleà l’entrée du monu-ment, boueux à souhait,dégoulinants encore de l’eaude bétons fraîchement coulés,

des groupes de pin-up déjantées et subli-mes, maquillées comme des palanquins,fumaient clope sur clope en attendant onne sait quel signe de départ ou d’arrivée. Siles banches à béton ne sont pas étanches,lescatégories socialesainsidessinées appa-raissent infranchissables.

Les chantiers olympiques ont bénéficiéde l’expérience de Paul Andreu pendant laconstruction du Grand Théâtre national(l’Opéra), opération au long cours qui s’estétalée de 2003 à 2008. Il avait fallu fairevenir la plusgrande grued’Allemagne, pre-mière du genre en Chine. La grue tentacu-

laire était alors entourée par des dizainesde milliers d’ouvriers au moment les plusintenses de la construction, comme si tou-tes les machines, tous les outils de tailleintermédiaire restaient inconcevables.

Les soudeurs acrobates grimpaientdéjà sans filet entre les poutres de la voû-te, parfois en gardant leur harnais enrou-lé sur l’épaule pour assembler à plusieursdizaines de mètres de haut les piècesd’un puzzle flamboyant dans la nuit. Lagrue a rejoint depuis le terrain du GrandStade pour s’y multiplier par scissiparité.Et le spectacle se renouvelle sur chaquenouveau chantier d’envergure nationale.

Pékin, plus grand chantier de l’histoire,progresse à pas de géant, mais plus on serapproche de la date des Jeux (du 8 au24 août), plus la nervosité des représen-tants de l’ordre public devient perceptible.Les habitants, tout comme les photogra-phes, touristes et professionnels, redou-tent par-dessus tout les milices payées(mal) par les promoteurs ou les entrepri-ses. Les alentours du grand chantier deQianmen, au sud de la place Tiananmen età proximité du désert engendré par l’éclo-sion de l’Opéra, sont à cet égard parmi lesplus périlleux, même s’ils sont aussi lesplus observés par les défenseurs accablésde ce qui reste du vieux Pékin.

AlorsqueShanghaïaretrouvésamaturi-té culturelle et décidé de protéger quelque20 km2 des plus beaux quartiers de la ville,les autorités de Pékin n’ont pas pris grandsoin des vieux quartiers de la capitale. Enmai 2006, le ministre de la culture Sun Jia-zheng avait publiquement regretté les des-tructions dans ce qui restait du vieuxPékin, sans parvenir à freiner l’avancée desbulldozers. Ce n’est que très récemmentqu’il a été décidé de stopper des opérationsde grande ampleur, à Qianmen comme àShishahai, au cœur de la ville tartare.

La querelle des anciens et des modernesfait rage dans les coulisses. La reconstruc-tion « à l’identique » du Pékin disparusera-t-elle le chantier prioritaire del’après-2008 ? a

Pour accueillir les Jeux olympiques, la capitalechinoise a entrepris des travaux gigantesques,

mêlant architecture futuriste et techniquestraditionnelles. Deux millions

de travailleurs migrants ont étémis à contribution pour redessiner la ville

Frédéric EdelmannPékin, envoyé spécial

Reportage

C’est l’undes grandsparadoxesde la Chine :la perpétuationà grande échellede gestespartagés depuisdes millénaires

Le Grand Stade, plus connu sous le nom de « nid d’oiseau »,le centre de natation, « cube d’eau », et le nouveau terminal de l’aéroportcomptent parmi les réalisations les plus spectaculaires de Pékin.PHOTOS PAOLO WOODS ; GREG BAKER/REUTERS ; REUTERS

22 0123Samedi 8 mars 2008

Carnet

Nos services-------------------------------------------------Lecteurs• AbonnementsTél. : 0-825-000-778(0,15 € TTC/min)www.lemonde.fr/abojournal

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0123cette semaine

MUNICIPALES2008ÉDITION SPÉCIALE TOULOUSEle mercredi 5 daté jeudi 6 mars

PortraitPatti Smith, artiste totale

ArchivesLe Parisauquel on a échappé

RencontreLa vie après la Bourse

PhotosLes municipalesvues d'Argenteuil

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Tarifs 2008 (prix à la ligne)

Naissances, Anniversaires de naissance, Mariages, Fiançailles… : 18 g TTC

Décès, remerciements, Avis de messe, Anniversaires de décès, Souvenirs : 24 g TTC

Thèses : 15 g TTC

Réduction abonnés

Un justificatif d’identité sera demandé.

Téléphone abonnements : 0 825 000 778

AU CARNET DU «MONDE»

Anniversaires de naissance

Claude et Marie-NoëlleCOTTET-PLANTAVID

sont heureux d'annoncer la naissance,le 25 février 2008, de leur quatrièmepetit-enfant

Éloïse

chezVincent et Karine,

pour la plus grande joie deAlice,

sa sœur,Emma et Thibault,

ses cousinset de toute la famille.

2, rue Gaston Lebeau,94320 Thiais.

Mathilde,

déjà dix-huit ans !

La vie commence.Tu es notre bonheur.Très bon anniversaire.

Papa, Maman, Charles et Bélonie.

Décès

L'université de Paris Ouest NanterreLa Défense,

Son président,Les enseignants de l'UFR des sciences

psychologiques et des sciences del'éducation,

ont la tristesse de faire part du décèssoudain de

Jean-Pierre ALMODOVAR,maître de conférences en psychologie.

Ils s'associent à la douleur de sesproches.

Le conseil d'administration,Le président, Stéphane Peu,Le directeur général, Philippe DarteilEt l'ensemble du personnel

de la SEM PACT,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Marie-France BOULAY,chevalier de la Légion d'honneur,

officier de l'ordre national du Mérite,

membre du conseil d'administrationde la SEM PACT,

survenu le 3 mars 2008.

Ils s'associent à la douleur de la famille et lui présentent leurs sincèrescondoléances.

Le conseil d'Association,Le directeur général,La directrice,Le comité de directionEt l'ensemble du personnel

du PACT ARIM 93

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Marie-France BOULAY,chevalier de la Légion d'honneur,

officier de l'ordre national du Mérite,

présidente du conseil d'Associationdu PACT ARIM 93,

survenu le 3 mars 2008.

Ils garderont un souvenir ému de sonaction constante en faveur de notreassociation et présentent à sa famille leursplus sincères condoléances.

Françoise Hallouin-Crimail,son épouse

Et toute sa famille,

ont la grande tristesse de faire part dudécès de

Emmanuel CRIMAIL,

survenu le 4 mars 2008.

Une cérémonie religieuse aura lieu lelundi 10 mars, à 14 h 30, en l'église Notre-Dame de Grâce de Passy, Paris 16e.

Marie-Jeanne CRUCHANT,née CHEVRY,

est entrée dans la paix du Seigneur, le 3 mars 2008, dans sa soixante-dix-huitième année.

La cérémonie religieuse a eu lieu cevendredi 7 mars, en l'église de Rolampont(Haute-Marne).

De la part deLucien Cruchant,

son époux,Etienne et Anne Cruchant,Laurent et Catherine Cruchant,

ses enfants,Jean-Baptiste, Bruno, Olivier, Claire et

Blandine Cruchant,ses petits-enfants,

L'abbé Claude Chevry,son frère,

Bernadette et Paul Vigroux,sa sœur et son beau-frère

Et toute sa famille.

Simone Delbès,son épouse,

Jean-Claude (†), Brigitte, Sylvie,Caroline,ses enfants,

Jean-Marie, Silvia, Karine, Alvaro,Mathis, Léa, Tom, Gonzalo, Mathilde,Victor,ses petits-enfants,

Ses familles, parents et alliés,

ont le regret de faire part du décès de

Jean DELBÈS,inspecteur honoraire

de l'Education nationale,officier dans l'ordre national du Mérite,

officier des Palmes académiques,

survenu le 20 février 2008, à Aix-en-Provence.

Ses obsèques civiles ont été célébréesdans l'intimité familiale le 23 février,à Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence).

« Avant d'Etre je n'étais RienVivant je fus peu de chose

Mort je ne suis plus rien. »

Mme Michel GOMART,née Dominique BAYLE,

nous a quittés le 5 mars 2008,dans sa quatre-vingt-dixième année.

Catherine Ducroix,Anne et Jean-Paul Ribes,Jessé Gomart et Stéphanie Thiebault,

ses enfants,Emilie et Marc Berg,Elizabeth et Brian Cross,Adrienne et Christophe Tiphaine,Jules Ribes, Paul Ducroix,Clément Ducroix, Hector Gomart, Louise Gomart, Anna-Livia Gomart,

ses petits-enfants,Lhena, Jonathan, Gabrielle, Nina, Suzanne, Isabella et Camille,

ses arrière-petits-enfantsEt ses neveux et nièces,

se retrouveront le lundi 10 mars 2008,au cimetière d'Houlbec-Cocherel (Eure),pour une messe à 14 h 30.

Le Fresne,4, rue du Lavoir,27120 Houlbec-Cocherel.

Marie,son épouse,

Pierre,son fils,

Delphine, Olivier et Thomas,ses petits-enfants,

ont la douleur de faire part du décès de

Robert JABLON,

survenu le 2 mars 2008,dans sa quatre-vingt-dix-neuvième année.

Une cérémonie est organisée pour luirendre hommage le samedi 8 mars,à 10 h 30, à la chambre funéraire desBatignolles, 1, boulevard du GénéralLeclerc, à Clichy (Hauts-de-Seine).

L'inhumation aura lieu à Jambville(Yvelines), dans l'intimité.

Directeur pendant trente-cinq ans de laMaison de Banque Rothschild, RobertJablon fut également fondateur etprésident-directeur général de lacompagnie d'assurance-vie La FédérationContinentale.

Après son départ de la banque en1975, administrateur de nombreusessociétés, il fonda en 1988 la maison degestion pour compte de tiers, MIMFrance, devenue INVESCO France en1990. Il fut aussi l 'un des premiersfinanciers à participer dès les années 1960aux réflexions prospectives de l'Institut del'Entreprise. Il siégea jusqu'à la fin de savie au conseil d'administration de laFondation Rothschild.

Son action dans la lutte contre lenazisme en Allemagne puis en France, etdans le sauvetage des enfants juifsaccueillis au château de la Guette luivalurent d'être fait chevalier de l'ordre duMérite de la République fédéraled'Allemagne.

78, rue Jean de la Fontaine,75016 Paris.15, rue Rousselet,75007 Paris.

« Vous aurez des tribulationsdans le monde; mais prenez courage

j'ai vaincu le monde. »Jean 16, v 33.

Mme Yves Kruger,son épouse,

Danielle et René Bondy,Elisabeth et Alain Kruger,Aviva et Jean-Yves Kruger,

ses enfants,

Jacques-André, Yvan, Léopold,Elia, Lucie, Matti,

ses petits-enfants,

M. et Mme Claude Kruger,Les familles Kruger-Licht, Virally, Dervieux, Bondy, Dion-Voirin, Brooks,

ont la tristesse de faire part du décès de

Yves KRUGER,chevalier dans l'ordre national du Mérite,

le 29 février 2008,dans sa quatre-vingt-cinquième année.

L'inhumation a eu lieu dans l'intimité.

Un service d'action de grâce seracélébré lundi 10 mars, à 18 heures,en l'église réformée du Luxembourg, 58, rue Madame, Paris 6e.

La famille de

Maurice LIVARTOWSKI,

a le regret de faire part de son décès,survenu le 2 mars 2008, à l'âge de quatre-vingt-dix ans.

Laurent Mallet,Eric Mallet,

ses enfants,et leurs épouses, Anne et Renée-Laure,

Julien, Romain, Clara, Juliette, Arthur,ses petits-enfants,

Philippe et Nicole Patriat,Jérôme, Martin, Lucas,François et Monique Patriat,Delphine et Hugo, Julie et Pablo,

ses neveux et petits-neveux,

ont la douleur de faire part du décès de

Annette MALLET,née LAGRANGE,

survenu le 22 février 2008, à l'âge dequatre-vingt-sept ans.

L'inhumation a eu lieu au cimetière deChartres, dans la plus stricte intimité.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Paris. Sigloy (Loiret). Les Rousses(Jura).

Renée Michon,son épouse,

Luc Michon (†),Vincent et Christine Michon,Xavier et Anne Michon,Agnès Millerand (†),Marie Françoise et Bernard Gausset,Jean et Martine Michon,Christophe et Agnès Michon,Anne et Christian Matthieu,Claire Michon,

ses enfants,

Aude et Eddy, Erwan et Laetitia, AnneTiphaine et Olivier, Marc, Laure etStéphane, Cédric et Perrine, Alexis etCaroline, Pierane et Dirk, Mélanie,Maxime, Jocelyn et Delphine, Clémenceet Aliocha, Coline, Adrien et Cécile,Claire Cécile et Cyrille, Pascal, Marine,Baptiste, Guillaume, Nicolas, Benjamin,ses petits-enfants,

Emmanuel, Marie, Salomée, Abbygaël,Brivaëla, Kaline, Ambre, Lou, Antoine,Raphaël, Joséphine,ses arrière-petits-enfants,

Hélène Michon,sa sœur,

Nicole et Michel Desvignes,ses belle-sœur et beau-frèreet leurs enfants,

font part du rappel à Dieu du

docteur Lucien MICHON,

survenu à l'âge de quatre-vingt-sept ans,le 5 mars 2008.

Les obsèques religieuses auront lieu le7 mars, à 9 h 30, en l'église de Sigloy(Loiret).

Elles seront suivies de l'inhumationdans le caveau de famille aux Rousses(Jura).

Cet avis tient lieu de faire-part.

Mme Renée Michon,35, route de la Tuilerie,45110 Sigloy.

Paris. Champdeniers-Saint-Denis(Deux-Sèvres).

Mme Natacha Péneau,son épouse,

Vladimir, Yann et TatianaEt leur famille

font part du décès de

M. Yves PÉNEAU,acteur et auteur dramatique,

survenu dans les Deux-Sèvres,à l'âge de quatre-vingt-sept ans.

Les obsèques auront lieu dansl'intimité.

Caluire et Cuire (Rhône).

Marie-Jeanne Dumont,sa petite-nièce et filleule,

Ferdinand Boulotet sa famille,

Marie-Noëlle Boulot,Yvette de Junemann

et sa famille,Caradoc et Catherine Davies

et leur famille,ses neveux et nièces,

La famille Dumont,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mlle Yvonne PERAGLIE,

survenu le 5 mars 2008, à l'âge de quatre-vingt-quinze ans.

La messe de funérailles sera célébréele mardi 11 mars, à 9 h 15, en l'égliseSainte-Bernadette de Caluire.

Marina Vanci-Perahim,son épouse

Et les familles Vanci et Roman,

Rosalia Perahim-CastanEt José Castan,

sa fille et son gendre,

ont la douleur de faire part du décès de

Jules PERAHIM,artiste peintre,

survenu à Paris, le 2 mars 2008,à l'âge de quatre-vingt-treize ans.

L'inhumation aura lieu le 8 mars, à 10 heures, dans le caveau familial, au cimetière du Père-Lachaise, entrée ruedu Repos, Paris 20e, métro Père-Lachaise.

363 bis, rue des Pyrénées,75020 Paris.

Le GIP RENATEREt ses amis

ont la grande tristesse de faire part dudécès de

M. Jacques PREVOST,Ancien élève de l'École Polytechnique

(promotion 64),docteur ès Sciences physiques,

survenu à Villebon-sur-Yvette (Essonne),le 3 mars 2008.

Il a fait toute sa carrière au CEA, puisau sein du GIP RENATER et a été l'undes fondateurs de l'Association Aristote.

Personne atypique, il a beaucoupœuvré pour le développement del'Internet en France.

Les nombreux amis de

Mauricette RAOUL-DUVAL,

lui diront adieu le mardi 11 mars 2008,à 14 h 30, au crématorium de Clamart.

Josselyne, Clovis, Robert,ses enfants,

Christelle,sa petite-fille,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Alice SALVADOR,

survenu à Paris, le 3 mars 2008,à l'âge de quatre-vingt-treize ans.

La cérémonie religieuse sera célébréele samedi 8 mars, à 10 h 30, en l'égliseNotre-Dame-des-Champs, 91, boulevarddu Montparnasse, à Paris 6e.

Raymonde ZELIGSON,née SANDBERG,

s'est éteinte le 2 mars 2008,dans sa quatre-vingt-dix-huitième année,entourée de l'affection des siens.

De la part deSon frère et sa belle-sœur,Sa fille et son gendre,Ses petits-enfantsEt arrière-petits-enfants.

Les familles Sandberg, Haroche,Morel-Maroger, Grand d'Esnon, Bolze,Striker.

5, rue de Varize,75016 Paris.

Anniversaires de décès

Il y a dix-huit ans,les 3 et 11 mars 1990,

Hélène BLOCHE

et

Anne-Marie BLOCHE,née JALOUNEIX,

nous quittaient.

Chaque jour qui se lève, nous pensonsà elles.

Vingt ans.

Sa famille, sa famille de cœur,Tous ceux qui ont aimé

Louba,mère aux mille enfants,

se souviennent pour toujours de sonaction exemplaire, de sa forcerayonnante.

Elle nous accompagnera toujours.

Anne Lepage-Pludermacher,Bruno Pludermacher, Daniel Darès,Blanche PragerEt tous les enfants.

Conférences

À l'occasion de l'ouverturede l'expositionGoya graveur,

présentée au Petit Palais,musée des Beaux-Arts

de la Ville de Paris,du 13 mars au 8 juin 2008,

l'INHA organise une table rondesur le thème

Nouvelles perspectivessur l'œuvre gravé de Goya

avec Juliet Wilson-Bareau,conseillère scientifique de l'exposition,

Maryline Assante di Panzilloet Simon André-Deconchat,

commissaires de l'exposition,Sébastien Allard

et Véronique Gérard-Powell,

le jeudi 13 mars 2008,de 14 heures à 17 heures,

à l'Institut national d'histoire de l'art,salle Vasari.

Entrée libre.

Institut national d'histoire de l'art,6, rue des Petits-Champs, Paris 2e,métro : Bourse ou Palais-Royal.

« Qu'est-ce qu'une société juste ? »le 10 mars 2008, à la sorbonne.

La conférencedes « Lundis de l'économie »

sera prononcée le lundi 10 mars,à 20 h 15, par Pierre Jacquet,

économiste en chef de l'Agence françaisede développement sur le thème :

« Quelle justice entre les nations ?L'aide au développement commedevoir moral ou calcul égoïste ? »

Accès libre, sans inscription.Sorbonne, amphithéâtre Richelieu,

entrée : 17, rue de la Sorbonne.Consultez sur le site

de l'AJEF : www.ajef.netRenseignements : [email protected]

ou 01 34 51 83 71.

Débats

L'association France-Israëlorganise une discussion-débat

avec Éric Zemmour,journaliste au Figaro,autour de son ouvrage

Petit Frère (éd. Denoël),le mardi 11 mars 2008, à 20 h 15,

Maison de la Mutualité,24, rue Saint-Victor, Paris 5e.

Participation à prévoir.Réservation : 01 47 20 79 50.

[email protected]

Soirées-débat

Lecture à l'auditorium du Louvre,lundi 10 mars 2008, à 20 h 30,Beethoven, autopsie d'un génie

lu par Lambert Wilson.

soirée autour de textes raresdes derniers moments et de la finde Beethoven et de l'admiration

du jeune Richard Wagnerpour le compositeur de génie.

Informations : 01 40 20 55 55.www.louvre.fr

Soutenances thèse

Le 28 février 2008, MiyakoNakamura Fujimori a soutenupubliquement en Sorbonne, sa thèse dedoctorat en sociologie de l'universitéParis Descartes, intitulée « Les politiquespubliques de prise en charge de lavieillesse. Une comparaison France-Japon (1962-2005) ».

Le jury, présidé par M. François-Xavier Merrien (rapporteur, professeur,université de Lausanne), et composé deMme Anne-Marie Guillemard (directricede thèse, professeur, université de ParisDescartes), Mme Marie-Eve Joël(rapporteur, professeur, université Paris-Dauphine), M. Pierre Maclouf (maître deconférences, université Paris-Dauphine)et M. Bernard Ennuyer (HDR etenseignant associé université ParisDescartes, membre chercheur GEPECS),lui a décerné la mention Très Honorable àl'unanimité, avec ses félicitations.

Naissances

0123Samedi 8 mars 2008 23

Avec chacun trois nomi-nations, les chanteursChristophe Maé etChristophe Willem fontpartie des favoris des

Victoires de la musique 2008, quiseront attribuées lors d’une soiréetélévisée retransmise par France 2en direct du Zénith de Paris, same-di 8 mars.

De plus, Maé a vendu plus de800 000 albums de Mon paradiset Willem 750 000 de Inventaire,ce qui les place deuxième et qua-trième au classement 2007 desmeilleures ventes de disques. Letroisième est La Voix d’un ange, deGrégory Lemarchal, révélé en2004 par la « Star Academy »(TF1) et mort en avril 2007. Si l’onajoute que Maé a été révélé par lespectacle Le Roi-Soleil et queWillem a remporté l’édition 2006de l’émission de M6, la « Nouvel-le Star », on réalise l’importanceprise ces dernières années par lestélé-crochets et les comédies musi-cales dans l’univers de la variétéfrançaise.

D’autres chanteurs ont été expo-sés plus vite que nature par la grâ-ce d’un jeu télévisé – « Graines destar », « Star Ac’», « Popstars »,« Nouvelle Star » –oud’un specta-cle musical dopé par l’alliance d’unproducteur, d’une chaîne de télé etd’un réseau FM. « Les Enfants dela télé » ? Alizée, Jenifer, AmelBent, Olivia Ruiz, Chimène Badi,M. Pokora, Julien Doré, NolwennLeroy, Elodie Frégé ou Miss Domi-nique. Les « Enfants de Broad-way » ? Hélène Ségara, Garou,Julie Zenatti, Emmanuel Moire ouDaniel Levi.

Brillent encore dans le topalbums Sheryfa Luna, gagnantetrès R’n’B de la « Popstars » 2007,et Yael Naim, révélée dans Les DixCommandements et égalementnominée aux Victoires de la musi-que. Pour Dove Attia, producteurde spectacles musicaux et, pen-dant cinq saisons, membre du juryde la « Nouvelle Star », « le phéno-mène va de pair avec celui de la crisedu disque. Les maisons de disques,aujourd’hui, manquent d’argent etde temps pour développer un artiste.Les télé-crochets et les spectacles

musicaux sont à la fois des révéla-teurs de talent et des accélérateurs decarrière qui peuvent faire gagner detrois à cinq ans ».

Pascal Nègre, patron d’Univer-sal Music Franceet Europe, exploi-tant de la « Star Academy » avecTF1 et la société Endemol, ajoute :« Les castings pour ces spectacles ouces émissions sont ni plus ni moinsun retour des auditions. »

L’histoire de la variété françaisene manque pas d’artistes révéléspar des télés ou radio-crochets.Mireille Mathieu ou Adamo sont

passés par là. Et les carrières deJulien Clerc ou Daniel Balavoineont décollé après leur participationà des comédies musicales commeHair ou Starmania. Mais le phéno-mène prend une dimension indus-trielle.

Des concepts comme la « StarAc’» (d’origine espagnole) ou la« Nouvelle Star » (d’origineanglaise, sous le nom de « PopIdol ») ont été déclinésdans plus de quarantepays. Avec ses 30 mil-lions de spectateurs, laversion américaine decette dernière, « Ameri-can Idol », a généré descandidats stars commeKelly Clarkson (18 mil-lions d’albums vendusdans le monde).

Pour certains, cesémissions ne sont quedes machines à « préfa-briquer » de l’éphémère.Renaud, par exemple, chante :« Loin des stars académiques et despop-stars de mes deux/Qui sont unpeu à la musique ce que le diable estau bon Dieu. » Vincent Frèrebeau,patron du label Tôt ou Tard, pro-ducteur de Vincent Delerm ou deYael Naim, parle de « parodies derecrutement de talents ».

Cette mauvaise image n’est-ellepas en train de changer ? Sans la« Star Ac’», l’estimable Olivia Ruizaurait-elle réussi à percer au-delàdes orchestres de bal de son Audenatale ? La « Nouvelle Star » sem-ble avoir changé la donne en révé-lant des talents : Steeve Estatof,Christophe Willem ou Julien Doré.« Au départ, constate AndréManoukian, jury de la « NouvelleStar », tous les candidats chantaientcomme Lara Fabian ou Florent

Pagny. Aujourd’hui, tous les stylesmusicaux sont représentés, même lesplus pointus. »

Christophe Willem avait« renoncé à toute ambition musica-le »avant que sa sœur ne le présen-te à la « Nouvelle Star ». « En2003, j’avais présenté des maquettesà Mercury [filiale d’Universal],mais je ne correspondais pas à cequ’ils cherchaient. Le mérite del’émission est de valoriser les person-nalités. »

Le profil de Christophe Maé estsimilaire. Sa carrière stagnaitquand Dove Attia, cherchant desinterprètes qui « cassent le moulede la comédie musicale », l’entenddans un piano-bar en Corse. Coupde foudre. Rôle dans Le Roi-Soleil.« J’avais signé avec Warner, mais cepremier album n’était pas sorti »,se souvient Maé. Après 400 repré-sentations du Roi-Soleil, il a eu« l’impression de grandir ».

Mis en lumière par la télévisionouune comédie musicale, les chan-teurs sont ensuite face à un dilem-me : exploiter rapidement la noto-riété ou prendre le temps de tra-vailler son identité au risque de sefaire oublier ? Olivia Ruiz a misplus de quatre ans pour connaîtrele succès avec un second album,La Femme chocolat, affranchi del’image « Star Ac’». Après Les DixCommandements, Yael Naim a cou-pé plus de deux années avant detrouver sa voie pour un album trèspersonnel (Yael Naim) devenu unphénomène international grâce à

une publicité pourApple.

Mais la célébrité télé-visuelle ne garantit pasle succès discographi-que. Si Universal peutse vanter d’avoir venduplus de 12 millions d’al-bums par l’intermédiai-re de la « Star Ac’»,nombre des 25 albumssolos sortis par les diffé-rents candidats n’ontpas trouvé leur public.Et l’audience de cette

émission est en baisse.« Les exigences de la télé-réalité

peuvent entrer en conflit d’intérêtsavec celles du développement artisti-que », admet Pascal Nègre. Finalis-te de la « Star Academy » en 2004,Mathieu Johann a dû autoprodui-re son premier album, Le Bonheurça fait mal, et accuse Universal :« Pendant trois ans, ils m’ont dit“on va s’occuper de ton album”,sans qu’il ne se passe rien. » Répon-se de la major : « Ce qu’il nous pro-posait n’était pas à la hauteur. »Cette expérience ne prend unsens, analyse Christophe Willem,au milieu d’une tournée aussitriomphale que les ventes de sonalbum, « que quand on produit unobjetartistique et qu’on entre sur scè-ne, au contact de son public ». a

Stéphane Davet

Culture&vousActualités

Internet, l’autre accélérateur

Ici&ailleursLes 50 ans dela bossa-novaRio de JaneiroCorrespondant

E n 1958, un disque qui paraîtà Rio remporte un immensesuccès. Intitulée Chega de

saudade (Finie la nostalgie), lachanson est interprétée par unchanteur et guitariste bahianais,Joao Gilberto. Le disque désorien-te ou fâche quelques puristes, maisil impose surtout un genre musicalinédit, la bossa-nova, dont le Brésilfête les cinquante ans d’existence.Dérivé de la samba, ce « nouveautruc » (en portugais) rompt avecelle. Les percussions s’effacent. Letempo se ralentit. L’interprétationdevient intimiste. Joao Gilbertochuchote d’une voix frêle, suave,mélancolique, reconnaissableentre mille. Il imprime à sa guitareun rythme original et syncopé, labatida, avec des accords disso-nants. Avec Chega de saudade,Joao Gilberto fait connaître au Bré-sil, puis au monde, le travail ducompositeur Antonio Carlos (ditTom) Jobim (1927-1994), et dupoète et diplomate Vinicius deMoraes (1913-1980). Ils créerontensemble, pendant vingt-cinq ans,la grande majorité des standardsde la bossa-nova. Ainsi dans la ban-de originale du film Orfeu negro,de Marcel Camus (1959), le célè-bre A Felicidade ou, en 1962, AGarota de Ipanema, qui deviendrabientôt un succès mondial grâce àla voix d’Astrud Gilberto et au saxo-phone de Stan Getz. La bossa-nova intègre alors le patrimoinemusical universel en réaction à lasamba traditionnelle, mais aussiaux danses en vogue à l’époquecha-cha-cha, twist). Elle déteindraà son tour sur le jazz. Un demi-siè-cle plus tard, elle reste un genrebien particulier, mais c’est aussiune musique typiquement cariocaqui chante la splendeur de la ville,la beauté de la femme aimée, ettout un art de vivre. Il est donc nor-mal que le plus bel hommage luiait été rendu à Rio, samedi1er mars. Sur la plage d’Ipanema,trente mille personnes ont écoutépendant deux heures une quinzai-ne d’artistes dont quelquesanciens compagnons de Jobim etde Moraes, comme Oscar CastroNeves et Roberto Menescal. a

Jean-Pierre Langellier

Musique Les Victoires de la musique décernées, samedi 8 mars, au Zénith de Paris

Télévisions et comédies musicales,nouveaux réservoirs des chanteurs à succès

A vant même de participer aumoindre casting, chaquemusicien se doit de commu-

niquer dans la blogosphère. Ennourrissant ses pages MySpace,Facebook ou YouTube d’informa-tions, de musique et d’images, lechanteur fait sa promotion enespérant déclencher une rumeurfavorable.

Tels des détectives cherchantdes aiguilles dans une meule defoin, les directeurs artistiques desmaisons de disques gardent yeuxet oreilles rivés sur le Net, espé-rant découvrir les prochains ArcticMonkeys ou Lily Allen, stars de lapop dont la légende dit qu’ilsfurent révélés ainsi. Un habituédes castings comme le producteur

Dove Attia reconnaît passer beau-coup de temps sur Internet, enquête de talents.

Parmi les récents emballe-ments provoqués par Internet etqui ont affolé des maisons de dis-ques, citons The Do, groupe sensa-tion de la Toile avant d’atteindre lesommet des meilleures ventes d’al-bums. Ou La chanson du diman-che, duo farfelu proposant chaquedimanche sur son site(www.lachansondudiman-che.com) une nouvelle chansonjouée à la guitare sèche et au cla-vier Bontempi. Et puis Soko, jeunefolkeuse qui, en proposant surMySpace des comptines trash, adépassé les 2 millions deconnexions. « Attention, prévientMarc Thonon, patron du labelAtmosphériques qui révéla LouiseAttaque et Abd Al-Malik, l’éclaira-ge procuré par le Net peut être aussienivrant que celui de la télé-réalité.Le soufflé peut vite retomber ». a

S. D.

ArtsUn tableau de Pissarro,volé en Savoie en 1981,retrouvé à New YorkUn tableau du peintre CamillePissarro (1830-1903), dérobé auMusée Faure d’Aix-les-Bains(Savoie) en 1981, a été retrouvé àNew York, a-t-on appris, jeudi6 mars, de source judiciaire etauprès du conservateur dumusée, André Liatard. « Des trac-tations sont en cours pour récupé-rer le tableau », intitulé Le Mar-ché aux poissons, a-t-on préciséde source judiciaire. En novem-bre 1981, un homme, identifiéplus tard comme le voleur d’œu-vres d’art Emile Guelton, avait

dérobé le Pissarro ainsi qu’untableau de Pierre-AugusteRenoir (1841-1919). Ce tableau,intitulé Buste de femme ou Jeanneà la capeline, aurait été repéré auJapon, où des démarches ont étéentreprises auprès des autoritésnippones. – (AFP.)

LittératureLe prix Artaud remisà l’écrivain mexicainJuan VilloroL’écrivain et journaliste Juan Vil-loro a reçu mercredi 5 mars leprix Antonin-Artaud. Outre unchèque de 80 000 pesos (5 000euros), ce prix offre à son lauréatune traduction et une édition en

France. Agé de 52 ans, Juan Vil-loro, écrivain consacré dans sonpays, est récompensé pour unrecueil de sept nouvelles intituléLes Coupables. – (AFP.)

MusiqueL’ambassade de Chine enIslande proteste contrela chanteuse BjörkL’ambassade de Chine en Islandea protesté contre la chanteuseislandaise Björk, a-t-on apprisjeudi 6 mars. Lors d’un concert,dimanche 2 mars, à Shanghai, lachanteuse a dédié au Tibet sachanson Declare Independance,écrite à l’origine pour le Groën-land et les Iles-Féroé. – (AFP.)

« Télé-crochetset spectaclesmusicaux sontà la foisdes révélateursde talent etdes accélérateursde carrière »

Dove Attiaproducteur despectacles musicaux

Christophe Willem au Zénith de Montpellier, le 8 décembre 2007. ERIC MORERE/DALLE APRF

24 0123Samedi 8 mars 2008

Culture

Le festival Cinéma duréel, à Paris, propose, enune centaine de filmsréalisés entre 1896 et2008, une passionnante

rétrospective intitulée : « Figuresdu tourisme : pour une histoire dela “vue” ». Il s’agit de montrercomment le cinéma fait voyagerles spectateurs dès son invention,à la fin du XIXe siècle. Mais ausside redécouvrir un genre fort popu-laire, témoin du regard occiden-tal porté sur le reste du monde : letravelogue.

Sans doute fallait-il un mot-valise américain – travel pourvoyage, et monologue – pour dési-gner cette invention de la ciné-conférence. L’Américain BurtonHolmes (1870-1958) est l’inven-teur du mot en 1904 et le pionnierdu genre, qu’il va transformer enindustrie. Le principe est effica-ce : le public découvre des imagesmuettes d’un pays, une région,une communauté qu’un conféren-cier, au milieu de la salle, expli-que, commente, oriente.

Holmes, adoubé par un célèbreauteur de conférences illustrées,John L. Stoddard, est un ancienvendeur d’appareils photo et unpassionné de voyages. Il a l’idéed’utiliser, dès 1897, des vues fil-mées, grâce à une caméra acquisechez Léon Gaumont, à Paris, par

son premier opérateur, OscarDepue. C’est le début d’un succèspopulaire qui durera une quaran-taine d’années.

Burton Holmes, à la fois cinéas-te, photographe et conférencier,donnera environ huit mille confé-rences aux Etats-Unis, du monu-mental Carnegie Hall de NewYork, qui se dota à sa demanded’un écran de cinéma, à l’Orches-tra Hall de Chicago.

Avant même que le cinéma nedevienne aux Etats-Unis, dans lesannées 1920, un specta-cle de masse, Holmestransforme ses travelo-gues en rite culturel etsocial. Sillonnant la pla-nète durant l’été, ceconteur en smokingqui travaille en vérita-ble homme de scène ladramaturgie du com-mentaire et de l’image fait sallecomble chaque hiver aux Etats-Unis. Il se produit de ville en ville,donnant parfois six spectaclespar semaine.

Genoa Caldwell, sa biographe,indique qu’il « franchit l’Atlanti-que trente fois, le Pacifique vingtfois, fit le tour du monde six fois,prit plus de trente mille clichés, tour-na plus de cent cinquante millemètres de pellicule et gagna plus de5 millions de dollars ».

L’argent et la gloire ne sontpourtant pas ses moteurs. Hol-mes ne vit que pour l’aventure etla découverte. On lui doit les pre-mières vues jamais tournées descôtes japonaises, coréennes et phi-lippines. On le trouve aussi parmiles Navajo d’Arizona en 1898,près du Vésuve en éruption dansle Naples de 1906, sur les toits deParis durant un raid de l’aviationallemande lors de la premièreguerre mondiale, et au couronne-ment du roi d’Ethiopie Hailé

Sélassié en 1930.Par une ironie très

instructive de l’histoi-re, Holmes finit, sevréde voyages, par s’instal-ler à Hollywood dansles années 1930 où ilréalise des documentai-res sur l’usine à rêves laplus puissamment exo-

tique de la planète.Disséminé et perdu durant de

longues années, ce patrimoinecinématographique a été en par-tie retrouvé aux Etats-Unis en2004 et restauré. Certaines de cesbobines, notamment consacréesaux Philippines, à Formose et àl’Inde, sont montrées aujourd’huien France pour la première fois.Elles témoignent d’une réelle fas-cination pour les paysages et lescoutumes lointains. Les cartons

explicatifs, rédigés par Holmes,ne se substituent sans doute pas àses conférences, mais donnentune idée de son état d’esprit :celui d’un honnête homme dontl’humour bon enfant reste pétripar la supériorité de la civilisationoccidentale. « Celui qui possède lemonde par le voyage n’enlève rien àpersonne », écrira Holmes bienplus tard.

Tout l’intérêt de cette rétros-pective, qui confronte ces pre-miers regards à la conscience criti-que d’œuvres plus récentes,consiste à montrer combien il se

trompait. Car cette imagerie ainfluencé des millions d’Améri-cains, et au-delà. Holmes a eneffet été copié, notamment enFrance par Albert Mahuzier, quilance en 1947 son cycle de ciné-conférences, puis l’organisation« Connaissance du monde ». Legenre fut sèchement brocardépour son exotisme par l’ethnolo-gue Claude Lévi-Strauss dans lespremières pages de son livre Tris-tes Tropiques, en 1955. Il n’enconserve pas moins une réellevaleur documentaire. a

Jacques Mandelbaum

Festival Cinéma du réel. Rétrospecti-ves : « Americana », films américainsdes années 1960 et 1970 ; « Asie du Sud-Est » avec des films de Garin Nugroho(Indonésie), Amir Muhammad (Malai-sie), Raya Martin (Philippines) ; « Pri-son : visions intérieures ». En compéti-tion vingt-huit films en sélection interna-tionale et douze en sélection française.Centre Pompidou, place Georges-Pompi-dou, Paris-4e. Mo Rambuteau. Tél. :01-44-97-42-47. Du 7 au 18 mars. De4 ¤ à 6 ¤. Les Travelogues de BurtonHolmes, le plus grand voyageur de sontemps, 1892-1952, éd. Taschen, 366 p.,39,99 ¤.

On doit à Holmesles premièresvues jamaistournées descôtes japonaises,coréenneset philippines

Les danseuses à Angkor Wat, Angkor (Cambodge), en 1925. COLLECTION HISTORIQUE BURTON HOLMES

La saga dela ciné-conférenceUn genre américain à découvrir au festival Cinéma du réel

0123Samedi 8 mars 2008 25

Leschoixdu«Monde»

Musique

Avouons-le : on allait unpeu à reculons à cetteSymphonie no 8 deMahler, dite « des Mil-le »(en raisonde l’énor-

mité de ses effectifs : huit solistesvocaux, chœur d’enfants, deuxchœurs, énorme orchestre), échau-dé par de précédentes expériencesmusicales entendues dans lamême vastitude du Palais omnis-ports de Paris Bercy. On se sou-vient d’une Messe des morts, de Ber-lioz, en 1996, qui était plutôt unekermesse des morts, et récem-ment, d’une Carmen, de Bizetdésastreuse(LeMondedu6 décem-bre 2007).

Le problème de Bercy est quenulle musique ne peut parvenir audernier gradin sans amplification.Et en matière d’amplification, àBercy, il y a « à boire, à manger et àrendre » comme disait, en sortantdecertains spectacles, Gabriel Dus-surget, le fondateur du festivald’Aix-en-Provence. Du parterre, lamise en scène sonore semblait soi-gnée, à l’exception de certainesinterventions solistes parfois maldosées. Il fallait juste s’habituer auhalo artificiel et à la concomitancedu son naturel émis par les musi-ciens et de son « double » amplifié(PierreBoulezdevrait écrireun piè-ce pour Bercy). Dès lors, le plaisirmusical pouvait naître.

Ce n’était sûrement pas l’exécu-tion idéale de la gigantesque (maissouvent intime) Huitième Sympho-

nie. Mais en connaît-t-on d’ailleursbeaucoup ? L’œuvre ne peut êtredonnée dans la plupart des sallesde concert et c’est le plus souventdans de grandes églises qu’on l’en-tend – et pas toujours dans desacoustiques faciles. D’ailleurs, sacréation avait eu lieu, en 1910,dans une grande salle de verre etd’acier de l’Exposition internatio-nale de Munich.

Christoph Eschenbach a réussison pari : il a fait sans compromis-sion (et en dirigeant avec retenue)

son travail de vulgarisateur endirection du grand public, qui neva pas forcément aux concerts del’Orchestre de Paris, Salle Pleyel ;il a fait réunir des chœurs d’en-fants dans un souci pédagogiqueet les a associés à deux chœurseuropéensetauChœurde l’Orches-tre de Paris : le son, l’homogénéitéet la justesse étaient mieux quesatisfaisantes.

Découvrir la Huitième deMahler dans ces conditions n’étaitsûrement pas, pour les novices, un

futur mauvais souvenir de « pre-mière fois ». a

Renaud Machart

Symphonie no 8, de Gustav Mahler, parTwyla Robinson, Erin Wall, Marisol Mon-talvo, Nora Gubisch, Annette Jahns,Nikolai Schukoff, Franco Pomponi,Chœur de l’Orchestre de Paris, WienerSingverein, London Symphony Chorus,Maîtrise de Radio France, chœurs d’en-fants, Orchestre de Paris, ChristophEschenbach (direction), Palais omnis-ports de Paris Bercy, le 6 mars.

C e n’est sans doute pas dansl’espace étroit d’une galerieque le travail d’Allan Sekula

donne sa pleine mesure. A laDocumenta de Kassel de 2007,l’artiste américain avait particuliè-rement soigné sa mise en scène :le long d’un escalier monumentalmenant au château de la ville, ilavait placé de très grandes photosmontrant des travailleursmanuels. Les visiteurs qui vou-laient grimper jusqu’au châteaudevaient aussi visiter le « monu-ment des travailleurs » d’AllanSekula, l’effort physique lié à leurascension (cinq cents marches)venant évoquer la pénibilité desmétiers évoqués.

On retrouve certaines de cesimages exposées à la galerie pari-

sienne Michel Rein, qui présente,jusqu’au 5 avril, une dizaine dephotographies et une vidéo de l’ar-tiste, également critique etessayiste. La plupart de ces tra-vaux tentent, exercice difficile, dedonner un visage à la complexitédes échanges économiques et à lamondialisation, si souvent désin-carnée. Le tout sous une formedocumentaire, détachée de toutévénement.

Allan Sekula bâtit des tripty-ques ou des diptyques sobres etharmonieux, portraits ou paysa-ges qui fonctionnent, au-delà deleur réalisme, par métaphore ouallusions. Les images se répè-tent, le texte se surimpose parfoisà l’image, le célèbre slogan « Tra-vailler plus pour gagner plus »

devenant bien ironique lorsqu’ilest imprimé sur l’image d’un sou-deur de chantier naval décou-pant de l’acier à Ensenada, auMexique.

La mer est d’ailleurs omnipré-sente dans le travail de Sekula.Parce qu’elle offre un lieu à lafois clos et très plastique, char-gé de fiction et de fantasmes.Mais surtout parce qu’elleconcentre, du commerce trian-gulaire aux marées noires, toutel’histoire et les avatars de lamondialisation. a

Claire Guillot

Galerie Michel Rein. 42, rue de Turen-ne, Paris-3e. Mo Chemin-Vert. Tél. :01-42-72-68-13. Du mardi au samedi, de11 heures à 19 heures. Jusqu’au 5 avril.

Culture

Au Quai Branly,zoomsur les Batak

Musique« Zampa ou la fiancéede marbre »PARIS. L’Opéra-Comique présen-te une nouvelle production deZampa ou la fiancée de marbre, deFerdinand Hérold (1791-1833),œuvre créée le 3 mai 1831, qui fitles beaux soirs de cette maison auXIXe siècle. Le maître des lieux,Jérôme Deschamps, assisté deMacha Makeïeff, met en scènel’histoire de ce pirate don juan, quitente de détourner Camille de sonfiancé, en usant des puissances dumal. Richard Troxell et PatriciaPetibon seront les protagonistesd’un drame romantique que dirigeWilliam Christie à la tête de sesArts florissants. Sans oublier les« Rumeurs » (concerts, exposi-tions et conférences) qui accompa-gnent désormais les productionsde la Salle Favart.Opéra-Comique, place Boieldieu,Paris-2e. Mo Richelieu-Drouot. Du10 au 21 mars, à 20 heures. Tél. :08-25-01-01-23. De 6 ¤ à 95 ¤.www.operacomique.com

Danse« Danse d’existence,danse de résistance »TOURS. Le chorégraphe Bernar-do Montet mixe pendant troisjours et trois nuits des soirées« palabres », des « veillées par legeste » qui rassemblent des specta-teurs soucieux d’échanger, de par-tager du temps et des mots. Desspectacles sont ensuite donnés,signés Jérôme Bel, Boris Char-matz, Ko Murobushi.Centre chorégraphique. Jusqu’au14 mars. Tél. : 02-47-36-46-00.

Shirin NeshatGalerieJérôme de NoirmontShirin Neshat, Iranienne qui vitaux Etats-Unis, s’inspire du livreWomen Without Men, pour créerdes photos et vidéos autour de lavie de cinq Iraniennes à Téhérandurant l’été 1953. Mais, en dépitde leur splendeur plastique, cesgrandes images ornées decalligraphies et ces vidéostournées en Cinémascopemanquent étrangement de vie. a

Galerie Jérôme de Noirmont, 36-38, ave-nue Matignon. Paris-8e. Mo Mirosmenil.Du lundi au samedi, de 11 heures à18 heures. Jusqu’au 5 avril.

Joachim SchmidGalerie Alain GutharcGrand collecteur d’imagesanonymes, Joachim Schmidexpose chez Alain Gutharc samoisson la plus récente : descouples stéréotypés piochés dansdes catalogues d’agences devoyages, des négatifs trouvés

dans la rue et les rebuts d’unstudio de photographie. C’estcette dernière trouvaille qui offrele plus d’intérêt, Joachim Schmidayant découvert que tous lesnégatifs récoltés avaient étécoupés en deux au cutter pourempêcher toute réutilisation.Qu’à cela ne tienne : les posesétaient si semblables, qu’il a pureconstituer des individusmutants en recollant lesmorceaux… Les variations surl’humain qu’il obtient(noir-blanc, homme-femme,enfant-adulte) sont étranges plusque monstrueuses. a

Galerie Alain Gutharc, 7, rue Saint-Claude, Paris-3e. Mo Saint-Sébastien-Froissart. Tél. : 01-47-00-32-10.Du mardi au samedi, de 11 heures à13 heures et de 14 heures à 19 heures.Jusqu’au 5 avril.

Léa CrespiGalerie VuContrairement aux apparences,Léa Crespi ne fait pas de nu. Ses

images montrent bien son corpsdéshabillé, mais on n’y retrouveaucune des figures imposées (etdes clichés) sur les courbesféminines et la sensualité. Lecrâne est rasé, l’épaule courbée ;la silhouette androgyne etanonyme plonge dans un flouinquiétant. La jeune photographes’est fait une spécialité des’introduire dans des lieuxdéserts, chantiers ou immeublesà l’abandon, où elle met en scèned’énigmatiques autoportraits,jouant sur les trouées de lumièreet les aspérités des murs. A croirequ’elle trouve dans ledélabrement des lieux un écho àsa propre fragilité. Au final, lecorps devient un matériau deconstruction pour une artiste quis’offre aux regards sans pourtantrien livrer du sien. a

Galerie Vu, 2, rue Jules-Cousin,Paris-4e. Mo Bastille, Sully-Morland.Tél. : 01-53-01-85-81. Du mercredi ausamedi, de 14 heures à 19 heures.Jusqu’au 12 avril.

La « Symphonie des Mille »,de Mahler, dans le mille à BercyDémesure d’orchestre et de chœurs sous la direction de Christoph Eschenbach

La mondialisation selon Allan SekulaUne dizaine de photographies et une vidéo de l’artiste américain

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Exposition

E n 2001, le Musée du quaiBranly a acheté l’ensemble« Insulinde » du collection-

neur suisse Jean-Paul Barbier. Cegros millier de pièces, dont les plusimpressionnantes sont exposéesde façon permanente, venaients’ajouter au maigre fonds de l’an-cien Musée de l’homme.

L’exposition « Batak » permetde consacrer un « zoom » surl’une des civilisations de l’archipelindonésien : les Batak, qui viventdans le nord de l’île de Sumatra. Ils’agit de six groupes différentsdont, aujourd’hui, certains sontchrétiens et d’autres musulmans,mais qui partagent des croyances,unemanière de vivre et uneesthéti-que relativement proches.

Les 115 pièces présentées propo-sent une courte plongée dans laculture bien vivante de ces peu-ples : instrumentsde musique, tex-tiles, éléments d’architecture,armes, sans oublier ceux qui sontliés au surnaturel (bâtons magi-ques) et notamment au monde desmorts (sarcophages, urnes…).

Une salle est consacrée aux pho-tographies de Tassilo Adam(1878-1955), un Allemand qui par-tit à Sumatra dès l’âge de 21 ans.Elles permettent de documenter lavie quotidienne de ces villagesbatak au début du XXe siècle. a

Emmanuel de Roux

« Les Batak », Musée du quai Branly,galerie suspendue est, 37, quai Branly,Paris-7e. Tél. : 01-56-61-70-00. De 11 heu-res à 19 heures, nocturnes jeudi, vendre-di et samedi jusqu’a 21 heures ; fermélundi. Jusqu’au 11 mai. De 6 ¤ à 8,50 ¤.

L’effectif de la « Symphonie no 8 », sur la scène du POPB, jeudi 6 mars. BERYL LIBAULT DALACHEVASNERIE

26 0123Samedi 8 mars 2008

TripoliEnvoyée spéciale

Ici, on ne regarde pas le tou-riste comme un portefeuilleambulant, dont il s’agit desoutirer les euros ou les dol-lars. Au contraire. Peu de

pays offrent autant de tranquillitéà leurs visiteurs étrangers. Encoreméconnue, sauf des archéologueset de quelques passionnés devieilles pierres, la Libye reste victi-

me d’une mauvaise image dueaux foucades, depuis trente-huitans, de son dirigeant, le colonelKadhafi.

C’est pourtant l’une des plusbelles destinations du bassinméditerranéen. Une terre vierge,surtout, où tout est à découvrir, ausens propre du terme. La Libye,c’est « le paradis de tout archéolo-gue », comme le résume Jean-Marie Blas de Roblès, membre dela mission archéologique françai-

se dirigée par le professeur AndréLaronde. Quelque 70 % du passéde la Libye (carthaginoise, grec-que, romaine, puis byzantine etenfin arabe) seraient encoreenfouis sous le sable. Subratha etLeptis Magna, deux des sites anti-ques les mieux conservés deLibye, sont facilement accessiblespar la route à partir de Tripoli, lacapitale.

Situé en bord de mer, Subratha,comptoir carthaginois fondé au

Ve siècle avant J.-C., passé ensuiteaux mains des Romains, estaujourd’hui inscrit au Patrimoinemondial de l’Unesco. Servie parson port naturel, cette cité a long-temps tiré sa richesse de son com-merce avec Rome : ivoire, plumesd’autruche et bêtes sauvages(importées d’Afrique noire) pourles jeux du cirque.

Tombée en désuétude à partirdu IVe siècle, notamment en rai-son de l’un des nombreux tremble-

ments de terre qui l’ont ébranléetout au long de son histoire, Subra-tha ne sortira de l’oubli que dansles années 1930. Des archéolo-gues italiens l’extirpent du sable,qui l’avait ensevelie au fil des anset procèdent à sa réhabilitation.

Son théâtre romain – avec unmur de scène à trois étages – méri-te à lui seul la visite. Il a étéconstruit sous le règne de Septi-me Sévère (190 après J.-C.) et estconsidéré comme l’un des plus

beaux et les plus grands d’Afri-que. Il jouxte deux mausoléespuniques, des temples, des sta-tues de toute beauté (Aphrodite,Hercule, Zeus, Cupidon,Orphée…), des bustes et un magni-fique petit musée.

Après avoir parcouru le sitedans un silence absolu, seule-ment troublé par le bruit desvagues, le visiteur repart éblouipar tant de merveilles : la couleur

Lire suite page 28

Préambule. Mise au ban de lacommunauté internationale pourson soutien au terrorisme, laLibye ne sort de son isolementque depuis le début des années2000. Cette longue période de« glaciation » se fait encore lourde-ment sentir : les Libyens parlentpeu de langues étrangères, et lespanneaux de signalisation ne sontrédigés qu’en arabe. Il est donc dif-ficile de circuler et de s’y retrou-ver seul, sans guide. Reste qu’onpeut flâner partout, dans les rueset les boutiques comme dans lessouks, à Tripoli et ailleurs, sans sefaire importuner. Nulle part le visi-teur étranger n’est harcelé. Il estau contraire respecté et accueilliavec une immense courtoisie.Formalités. Visa obligatoire(45 ¤). Aucun visa ou tampon d’en-trée sur le territoire israélien ne doity figurer. Les autorités libyennesimposent aux visiteurs d’êtremunis d’une traduction en languearabe de leur passeport. Pour unvoyage touristique, il est impératifde passer par un tour-opérateur.Argent. Les cartes de crédit sontde peu d’utilité en Libye. Mieuxvaut prévoir de l’argent liquide.Saison. D’octobre à avril, avantles grandes chaleurs de l’été. Letourisme culturel, sur la côte, peutse pratiquer toute l’année.

Accès. Depuis la levée des sanc-tions des Nations unies, les volsvers la Libye sont nombreux. Afri-qiyah Airways est la seule compa-gnie à assurer des vols quotidienssans escale de Paris à Tripoli(3 heures de vol, tél. :01-42-96-49-96, à partir de 517 ¤).Etapes. Les infrastructures hôte-lières manquent cruellement. Lesrares beaux hôtels, à Tripoli etBenghazi, sont destinés à la clien-tèle d’affaires. Des établisse-ments de bon confort sont enconstruction. Si la qualité du servi-ce n’est pas toujours au rendez-vous, la gentillesse est générale et

constante. Les Français sont parti-culièrement appréciés. Pas d’illu-sions pour les amateurs de bonvin : il est strictement impossiblede boire une goutte d’alcool enLibye, pas même dans les grandshôtels. Inutile de tenter de fairepasser quelques bouteilles dansvos bagages : elles seront scan-nées et détectées à l’arrivée à l’aé-roport et confisquées.Forfaits. Quelques voyagistesfrançais, en lien avec des agenceslibyennes, proposent séjours engroupe ou à la carte. Notamment,Orients, avec un circuit de huitjours, « Cyrénaïque et tripolitai-ne » à partir de 1 760 ¤, et « Citésantiques et pays des Garaman-tes », de la côte au désert, en quin-ze jours, conduit par un conféren-cier : à partir de 2 765 ¤ (groupede 15 personnes), ou en individuelpour 100 ¤ supplémentaires(tél. : 01-40-51-10-40,www.orients.com), Clio (tél. :0-826-10-10-82), Intermèdes(tél. : 01-45-61-90-90).Lecture. La Libye grecque, romai-ne et byzantine, de Jean-MarieBlas de Roblès (Edisud, 2005).Leptis Magna, d’André Laronde etGérard Degeorge (Hermann,2007). Guide de la Libye, de Véro-nique et François Sarano (LaManufacture).

Lundi Mardi Mercredi Jeudi VendrediRoues libres Santé&forme A table A la maison En voyage&vous

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ÉGYPTE

Tripoli

Benghazi

Syrte

Subratha Leptis Magna

Mer Méditerranée

300 km

CYRÉNAÏQUETRIPOLITAINE

L I B Y E

AFRIQUE

Situé en bord de la Méditerranée, Subratha, comptoir carthaginois fondé au Ve siècle avant J.-C., passé ensuite aux mains des Romains, est inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. HUGUES FONTAINE

Renseignements publicité :

m 01.57.28.39.40

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La Libye, paradis des archéologuesReportage Certains sites de ce pays peu visité sont considérés comme les plus beaux d’Afrique

Carnet de route

0123Samedi 8 mars 2008 27

NorvègeNavigation et péripleculturelLa compagnie de navigation Hur-tigruten propose un séjour com-posé d’un périple en bateau decinq jours – de Kirkenes à Trond-heim – suivi d’un autotour decinq jours à l’intérieur du pays.Visite culturelle chaque jour et lesoir étape dans les hôtels de char-me de la chaîne De HistoriskeHotels. Forfait dix jours-neufnuits au départ de Paris,2 803 euros par personne, encabine double extérieure.Renseignements : 01-58-30-86-86 etwww.hurtigruten.fr

ItalieVisite privéeà VeniseLe voyagiste Donatello, spécialis-te de l’Italie, propose une visitede la nouvelle exposition « Romeet les barbares » au Palazzo Gras-si , à Venise (Italie). En petitcomité et après la fermeture del’exposition à 19 heures. Leséjour comprend le vol régulier,deux nuits en chambre doubleavec le petit déjeuner en hôtel2 étoiles, à partir de 428 eurospar personne. A certaines datesseulement.Renseignements : 0826-10-20-05 etwww.donatello.fr

FranceChâteaux & HôtelscollectionL’ancien réseau Châ-teaux & Hôtels de France changede nom et devient Châteaux etHôtels Collection. Le grouped’Alain Ducasse maintient l’orga-nisation de son offre en six caté-gories (Orus, Caractères, BeauxHôtels, Compagnie des auberges,

demeures privées et restaurants)et s’étend à l’Italie et à l’Espagne.La chaîne, qui accorde toujoursde l’importance au « bien-man-ger », promeut une nouvelle char-te environnementale. Le guide2008 est vendu 15 euros sur lesite Internet, il est gratuit dansles 536 établissements.Renseignements : 0892-23-00-75(0,34 euros TTC/mn)et www.chateauxhotels.com

SalonTourisme durable« Destinations nature ! », leSalon des randonnées, des voya-ges nature et de l’outdoor auralieu du 28 au 30 mars à Paris. Ilfera une large place au tourismedurable avec l’ouverture d’unespace écotourisme regroupantde nombreux acteurs de l’environ-nement. Invitée d’honneur, laBulgarie présentera notammentses dix parcs naturels et leurs cir-cuits de randonnée.Rens. : porte de Versailles, hall 6.De 10 heures à 19 heures. Nocturne levendredi 28 mars jusqu’à 20 heures.Tarif normal 8 ¤, tarif réduit 5 ¤.www.randonnee-nature.com

RencontresAutour du cerf-volantLes 22e Rencontres internationa-les de cerfs-volants se tiendront àBerck-sur-Mer (Pas-de-Calais),du 5 au 13 avril. Au programme :championnat du monde par équi-pe, combats de cerfs-volants japo-nais, expositions, vol de nuit avecfinal pyrotechnique, démonstra-tions diverses.Entrée gratuite. Informations :office du tourisme de Berck-sur-Mer :03-21-09-50-00 [email protected]

Agenda

Accès. Les Gets (Haute-Savoie)sont situés à 22 kilomètres de Clu-ses où passent le TGV et l’autorou-te A40. L’aéroport de Genève està 55 km par Thonon. Office de tou-risme, tél. : 04-50-75-80-80.Site : www.lesgets.comLe domaine skiable. Ouvert jus-qu’au 20 avril, il possède une cin-quantaine de remontées mécani-ques qui desservent soixante-huitpistes, dont deux nocturnes, et unsecteur consacré aux nouvellesglisses.Hébergement. Le village dispo-se d’une vingtaine d’hôtels, deuxet trois étoiles, ainsi que de nom-breux meublés, dont la liste estconsultable sur le site de la sta-tion (www.lesgets.com). Il propo-se aussi un centre de bien-être, leSpa Sereni Cimes (www.hotel-marmotte.com) et un autre deremise en forme, Clair Moment(www.clairmoment.com)

Suite de la page 27

rose et ocre des pierres, les mosaï-ques sur le sol comme autant detapis en plein air, la mer si procheet si bleue…

Subratha a une grande rivale :Leptis Magna. Beaucoup affir-ment que, si l’on doit ne visiterqu’un site archéologique enLibye, il faut retenir celui-là !Située à 120 kilomètres à l’est deTripoli (en direction de Syrte etde la Cyrénaïque), Leptis Magna,elle aussi inscrite au Patrimoinemondial de l’humanité, est eneffet inoubliable. Aucune autrecité romaine n’a conservé de telsvestiges.

Age d’orFondée au XIe siècle avant

J.-C. par les Phéniciens, conquiseensuite par les Carthaginois puis,après la chute de Carthage(146 avant J.-C.), par lesRomains, Leptis Magna va connaî-tre un âge d’or quand SeptimeSévère, qui y est né, devient empe-reur de Rome. Le nouveau Césarfavorise à outrance sa ville natale,y effectue de somptueux travaux,la recouvre de marbre importé deGrèce et d’Egypte, et en fait l’undes plus beaux joyaux de l’empire.

Tombée aux mains des Vanda-les au Ve siècle, abîmée elle aussipar plusieurs séismes, la « secon-de Rome » finit par connaître lemême sort que Subratha et par selaisser couler dans les sables dudésert. Partiellement pillée par lesEuropéens au XVIe siècle – les châ-teaux de Versailles et des Windsorabritent, paraît-il, nombre de sesmarbres –, Leptis Magna refaitsurface au début du XXe siècle, làencore, grâce à des archéologuesitaliens.

Pour avoir une petite idée de cequ’a été Leptis Magna, il fautdéambuler dans la cité, emprun-ter ses rues, traverser ses carre-fours, longer des murs de 2 à

3 mètres de haut, ou fouler la Voieà colonnes de marbre, couchéessur le sol comme des géants fou-droyés par le tremblement de ter-re de 365 après J.-C.

Il faut voir le Forum, orné deplus d’une soixantaine de têtes deméduse (destinées à éloigner lamalchance et les mauvais esprits),l’arc de Septime Sévère, les ther-mes d’Hadrien, l’amphithéâtre,l’hippodrome, le port… En toile de

fond, encore et toujours, la mer, etles statues de Bacchus et Hercule,les deux divinités de la cité.

On ne peut pas quitter LeptisMagna sans avoir visité la villaSilin, à quelques kilomètres de là,installée sur un petit promontoiredominant une très jolie baie.

Découverte en 1974, cette villaromaine, la plus belle de Libye, aété miraculeusement sauvée parle sable qui l’a recouverte.

La demeure, qui appartenaitsans doute à un riche propriétaireterrien, permet d’avoir un aperçude la vie d’un notable romain auIIe siècle après J.-C.

Avec ses chambres d’enfantsdécorées de guirlandes de fleurset de canards, ses thermes privés,son petit temple de prière et sesmosaïques, la villa Silin est un tré-sor à ne pas manquer. a

Florence Beaugé

&vous

La station des Gets tentede se débarrasser des voituresCe village de Haute-Savoie opte pour le développement durable

48 heures à…

Les Gets (Haute-Savoie)Envoyé spécial

R evenir skis aux pieds leplus près possible de sonlieu de séjour, tel est le sou-

hait de tous les amoureux de glis-se qui répugnent à déchausser ouà clopiner avec leurs planches surl’épaule. Pour cela deux condi-tions sont essentielles : l’enneige-ment doit être suffisant et surtoutles pistes doivent passer près deslogements.

Cet idéal, certains promoteursdes stations d’altitude l’ont inté-gré. Ainsi, aux Arcs ou à Avoriaz,les dortoirs des neiges ont étéconçus en fonction de ces critè-res. Mais dans un village demoyenne montagne, la situationest différente. Comment transfor-mer un bâti existant et modifierles voies de circulation ? En résu-mé, comment faire pour que desespaces soient facilement accessi-bles aux skieurs ?

En Haute-Savoie, une petitecommune tente l’expériencedepuis quelques années. Villagede montagne rapidement passédu tout-agricole au tout-touris-me, la station des Gets a choisi deréviser son plan local d’urbanis-me dès 2001 pour mettre envaleur son environnement etpour proposer un « paysage » dif-férent aux vacanciers.

La chance des Gets, située à1 100 mètres d’altitude, est de pos-séder un domaine skiable qui estsitué de chaque côté du village etdes kilomètres de pistes reliées audomaine encore plus vaste desPortes du Soleil. Le handicap : laroute, reliant Cluses à Thonon-les-Bains, qui coupe la commune endeux. Le maire, Alain Boulogne,partisan du développement dura-ble, n’en a pas pour autant aban-

donné ses projets. Il a choisi deredonner la priorité aux piétonsdans le centre du village. Cettedémarche volontariste, destinée àpréserver et à valoriser le patri-moine existant, a un peu bousculéles habitudes des résidents.

Dilution des responsabilitésCertes la route est toujours là,

avec son cortège de voitures et debus lors des grandes migrationssaisonnières, mais le flux estralenti par des feux et légère-ment dévié. A côté de cet axeintouchable – « Nous sommes aufond d’une vallée, explique le mai-re, et nous ne pouvons dévier la cir-culation » –, les trottoirs du cen-tre du village ont été élargis et lacirculation est interdite à certai-nes heures.

Pour Alain Boulogne, une com-mune de 1 300 résidents perma-

nents doit être capable de s’adap-ter à l’évolution des modes de vie.« Aujourd’hui, assure-t-il, lesvacanciers acceptent de modifierleurs comportements si on leur expli-que que c’est pour l’agrément detous. »

Limitation de vitesse, incita-tion à l’utilisation des parkingssouterrains, stationnement gra-tuit à l’entrée du village, réalisa-tion d’une « voie blanche » quirelie les deux domaines skiables,multiplication des services detransports en commun : lesactions entreprises sont nombreu-ses pour inciter habitants et vacan-ciers à ne pas utiliser leur voiture.

Les Gets sont membre, depuisdeux ans, de l’association AlpinePearls qui regroupe vingt-deuxstations alpines européennessélectionnées pour promouvoirune mobilité respectueuse de l’en-vironnement. Un regroupementde destinations touristiques quibannissent les voitures et tententde convaincre les visiteurs que cet-te privation est plutôt une maniè-re d’enrichir ses vacances que deles gâcher.

« Avec nos partenaires suisses,allemands ou autrichiens nous fai-sons le pari de faire évoluer les men-talités », explique Alain Boulo-gne, qui note des changements decomportement significatifs au fildes années. Certes il reste encorebeaucoup à faire, notammentdans la liaison entre la station etles gares. « Encourager les vacan-ciers à venir en TGV alors que nousn’avons aucune maîtrise du servicede cars jusqu’à Cluses, c’est encoredifficile », reconnaît l’élu enregrettant la dilution des respon-sabilités entre communes, dépar-tement et région. Les Gets ne sontpas encore une station « ski auxpieds » mais la commune s’effor-ce d’y parvenir. a

Serge Bolloch

SUPPLÉMENT GRATUIT DE 108 PAGESMercredi 12 mars avec 0123 daté jeudi 13 mars 2008

0123www.lemonde.fr

SÉQUENCES VOYAGE

STYLES

Pratique

A l’est de Tripoli, la cité romaine de Leptis Magna a conservé des vestiges uniques. HUGUES FONTAINE

28 0123Samedi 8 mars 2008

RomeCorrespondant

Sans le rempart musclé deMauro Bergamasco entroisième-ligne, l’équiped’Italie se sent biendépourvue avant d’af-

fronter le XV de France, dimanche9 mars à Paris, pour la quatrièmejournée du Tournoi des sixnations. La suspension du colos-se, puni jusqu’en juin pour unebrutalité contre un Gallois, ajou-tée à l’absence du deuxième-ligneSantiago Dellapè et du buteurDavid Bortolussi, renvoie le rugbyitalien à ses peurs de naguère,quand un match contre unenation majeure de l’Ovalie étaitune promesse de déculottée. Lesprogrès constatés depuis troisans, en particulier lors du Tournoi2007, avec deux victoires surl’Ecosse et le Pays de Galles, nemasquent pas la pauvreté du réser-voir du rugby transalpin.

« Une équipe est grande quandelle peut compter sur trente bonsjoueurs, soupire Giancarlo Dondi,le président de la Fédération ita-lienne (FIR). Notre limite est là. Ilfaut élargir notre élite. » Le nou-veau sélectionneur, le Sud-Afri-cain Nick Mallett, tente bien d’in-tégrer une nouvelle génération,mais un joueur comme AndreaMarcato (24 ans, 5 sélections) nejoue qu’épisodiquement dans sonclub de Trévise. Situation identi-que pour Alberto Sgarbi (21 ans,2 sélections), un puissant ailiercondamné à de rares apparitionsen championnat. « Dans la plu-part des équipes, les postes-clés sonttenus par des étrangers », expliqueEric Espagno, l’ancien troisième-ligne du RC Toulon, qui découvrecette saison le rugby italien dansle club de Catane (Sicile).

« Nous devons italianiser notrerugby de haut niveau afin que nosjeunes puissent acquérirde l’expérience dans nosclubs », affirme le prési-dent Dondi. Chaqueéquipe est tenue d’ins-crire au moins onzejoueurs « de formationitalienne » sur la feuillede match. Une telle pro-tection reste théoriquecar tout étranger opérant depuisdeux ans en Italie peut être consi-déré comme « de formation italien-ne ».

Le temps n’est plus où, avantl’avènement du professionnalis-me, les meilleurs joueurs de la pla-nète passaient par l’Italie pour des« piges » rémunératrices. Aujour-d’hui, les stars de l’hémisphèreSud vont en France et en Angleter-re. La Péninsule attire désormaisdes rugbymen qui, selon Georges

Coste, l’ancien sélectionneur duQuinze italien de 1993 à 1999,« sont d’une valeur inférieure à nosjeunes ». Le technicien français, àqui l’Italie doit sa progression dela deuxième division au Tournoides six nations, en passant parune victoire historique contre lesBleus en 1997, supervise désor-mais le secteur jeunes de la FIR.« Je ne suis pas pessimiste, il y a unfort potentiel dans le rugby junior

italien, affirme-t-il. Lesressources pour alimen-ter l’équipe nationaleexistent, à condition quel’Italie se fixe le défi de laformation. »

Selon lui, le niveaudes entraîneurs est par-fois insuffisant « à cau-se d’un décalage entre

leurs connaissances théoriques etl’application pratique ». Sous sonimpulsion, la FIR a mis en placeun système de « tutorat » pourépauler les dix meilleurs. Parallèle-ment, « la fédération essaie de pal-lier les manques » par des innova-tions ciblées sur les 17-19 ans. Desrassemblements régionaux dequelques jours sont organisés cha-que mois, et une « académie » aouvert ses portes au centre fédéraldu haut niveau de Tirrenia, près

de Pise. Au sein de ce Marcoussisitalien, une trentaine de juniorssuivent une formation scolaire etrugbystique du lundi au jeudi,avant d’être rendus à leurs clubspour le week-end.

Ce n’est pas en championnatque les Bergamasco ou les Parissede demain feront l’apprentissage

d’un jeu ambitieux. « A part Trévi-se, qui essaie de produire du jeu,c’est un rugby physique basé quasiexclusivement sur le jeu d’avants »,confirme Eric Espagno. Le joueurfrançais, pour qui cette saison enItalie est « un complément de for-mation profitable », n’est pas éton-né d’évoluer devant des tribunes

clairsemées : au manque deculture rugbystique s’ajoute lemanque de spectacle.

Pourtant, la rugbymania qui aenvahi l’Italie lors du Tournoi2007, profitant des différents scan-dales qui ont secoué le football,résiste à la déception d’une Coupedu monde ratée, qui a vu l’équipe

sortie au premier tour. « Dès la findécembre, nous avions vendu toutesles places du stade Flaminio[environ 30 000] pour nos deuxrencontres à domicile du Tournoi »,se réjouit Giancarlo Dondi. Unexploit au Stade de France suffi-rait à ranimer la passion. a

Jean-jacques Bozonnet

Danny Cipriani a failli être titulari-sé pour la première fois au seinde l’équipe d’Angleterre, pourjouer contre l’Ecosse, samedi8 mars. Agé de 20 ans, le talen-tueux joueur des London Waspsest vu par beaucoup comme lesuccesseur de Jonny Wilkinson àl’ouverture du XV de la Rose.Contre les Ecossais, Wilkinsontoujours titulaire, il devait officierà l’arrière. Mais, pour son grandmalheur, il a été photographié,jeudi, par des tabloïds en train desortir d’une boîte de nuit à minuitet demi. Brian Ashton l’a exclu enconséquence de l’équipe pour leprochain match du Tournoi, touten assurant que le jeune Dannyrestait dans son projet.

Les clubs français plaident pour la dissociation des sanctionsClermont et le Stade français sont privés de joueurs pour le Top 14, suite à des fautes lors de matches européens

A vec l’afflux de jeunes pous-ses impulsé par les troisentraîneurs du XV de Fran-

ce, les visages burinés des glorieuxanciens, les Pelous, Ibanez, Betsenet consorts, marqués des traces deleurs victoires héroïques et deleurs défaites cuisantes, s’étaientpresque fait oublier. Il a suffiqu’apparaisse Ibrahim Diarradans la salle de presse du Centrenational du rugby de Linas-Mar-coussis, pour que, par un contras-te percutant, on se les remémore,pour envisager le ravin qui séparel’ancienne génération de la nouvel-le. Le troisième-ligne de Mon-tauban a réussi à transformer lecélèbre « Marcatraz » d’antan enscène de théâtre comique.

Ibrahim Diarra est l’un descinq « petits » nouveaux de la der-nière fournée – frimousses adoles-centes, joues bien remplies –pétrie par les trois boulangers duXV de France pour battre les Ita-liens, dimanche 9 mars. Malgré ladéfaite contre l’Angleterre, le23 février, les Bleus restent encourse pour gagner le Tournoi dessix nations.

Gestuelle de jongleur, visagehilare, rires tonitruants, bonnetenfoncé sur un crâne rasé et petitebarbichette, prompt à la dérision,l’actuel Montalbanais tient plusdu titi parisien « new look » quedu rugbyman. « Il ne faut pas seprendre la tête, dit-il. Je suis plutôtdécontracté, “peace and love”. »

Né à Paris en mai 1983, d’origi-ne sénégalaise, Ibrahim Diarra,1,85 m et 105 kg, n’a commencé lerugby qu’à l’âge de 16 ans, à Viry-Châtillon (Essonne). Rapidementrepéré dans ce club de la banlieueparisienne, il débarque à Mon-tauban trois ans plus tard. « Ibra-him est un joueur très complet, trèspuissant, excellent gratteur au sol ettrès bon joueur de soutien », expli-que Marc Lièvremont pour justi-fier son choix de titulariser le troi-sième-ligne.

« Les entraîneurs sont trèsouverts, les joueurs adorables, je nepensais pas que c’était aussi enthou-siaste ici, déclare Ibrahim Diarra.Les coaches nous demandent deprendre beaucoup d’initiatives »,

constate le novice. Il y a peu dechances pour que le Montalbanaissoit pris au dépourvu sur ce ter-rain-là, avec tout le soutien dont ildevrait bénéficier au Stade deFrance : « Il y aura tout Viry-Châ-tillon, tout le Tarn-et-Garonne, tou-te l’Afrique ! », exulte celui qui sedéfinit aussi comme un « BlackPanther ».

Avec Ibrahim Diarra, deuxautres néophytes, le trois-quartcentre berjalien Yann David,19 ans, et le pilier auscitain FabienBarcella, 24 ans, débuteront lematch. Lionel Nallet, leur capitai-ne, veillera à ce que ces nouveauxtrublions provoquent le plus dedébordements possible. a

Jean-Louis Aragon

P iétinement d’un joueuradverse. Cette faute répré-hensible, commise récem-

ment en Coupe d’Europe, a provo-qué une bagarre en dehors des ter-rains. L’échange de coups se livredans les couloirs de l’Internatio-nal Board, de la Fédération fran-çaise de rugby (FFR) et de laLigue nationale de rugby autourd’un sujet qui fâche depuis plu-sieurs années : l’application auto-matique au niveau du champion-nat de France des sanctions résul-tant de matches internationaux.

Troisième ligne de Clermont,Alexandre Audebert a été suspen-du fin janvier par l’European Rug-by Cup (ERC) pour huit semainesaprès avoir marché sur l’IrlandaisRonan O’Gara en Coupe d’Euro-pe. La règle de non-dissociationdes sanctions mise en place parl’International Board oblige laLigue à appliquer telle quelle tou-te suspension internationale auniveau du Top 14. Mais les clubsfrançais s’opposent à ce régimede « double sanction », estimantqu’ils sont injustement pénalisés

en championnat pour des faitsqui se produisent en Coupe d’Eu-rope ou lors de matches interna-tionaux. Ce fut le cas du Stade tou-lousain en 2005 avec FabienPelous après un match avec le XVde France. De même, le Stade fran-çais doit se passer de l’ItalienMauro Bergamasco jusqu’en juinaprès un match du Tournoi dessix nations 2008.

Cette opposition françaises’est traduite dans le cas d’Alexan-dre Audebert par la décision de lacommission de discipline de la

Ligue de réduire de huit semainesà trente jours la sanction pronon-cée par l’ERC à l’encontre du Cler-montois. Mais cette décision de laLigue a été annulée, mercredi5 mars, par la commission d’ap-pel de la FFR.

Face à ces tirs croisés, le clubde Clermont a décidé « d’aller jus-qu’au bout dans cette affaire »,selon son président René Fontès,qui préconise « une action coor-donnée de tous les clubs fran-çais professionnels ». Le directeurde la Ligue, Arnaud Dagorne, sou-

ligne que si les clubs françaiscontestent l’application automati-que de toutes les sanctions inter-nationales, dans le cas de faits gra-ves, ils considèrent qu’une exten-sion des suspensions au cham-pionnat national se justifie.

Le « feuilleton Audebert »devrait donc connaître de nou-veaux rebondissements dans lessemaines à venir, notamment parle biais d’un appel du club deClermont devant le Comité natio-nal olympique français. a

Bertrand d’Armagnac

&Sportrugby

Ibrahim Diarra, trublion heureux des BleusUne « académie »a ouvertses portesau centre fédéraldu haut niveaude Tirrenia,près de Pise

Cipriani privé de sélectionpour « inconduite »

Le XV italien en mal de relèveL’équipe transalpine, adversaire de la France dimanche, n’a pas de réservoir de joueurs performants

Le demi de mêlée italien Simon Picone (au-dessus) plaque Dwayne Peel lors du match entre l’Italie et le Pays de Galles, le 23 février à Cardiff. EDDIE KEOGH/REUTERS

0123Samedi 8 mars 2008 29

Une soixantaine de contrôles antidopage prévus

&Sports

Cyclisme

Etre cycliste profession-nel, en 2008, n’est paschoseaisée.Déjà encom-brés d’une image terniepar les affaires de

dopage à répétition, voilà les cou-reurs pris en tenaille dans le conflitquioppose l’Union cycliste interna-tionale (UCI) à Amaury SportOrganisation(ASO).Entre l’instan-ce dirigeante de la petite reine et lasociété privée propriétaire du Tourde France et de plusieurs autresépreuves, le torchon brûle depuistrois ans. Ces derniers jours, il s’estfranchement embrasé. A quelquesheures du départ de Paris-Nice,donné, dimanche 9 mars, à Amilly(Loiret), de nombreux participantsne cachaient pas leur désarroi.

D’un côté, l’UCI menace les160 coureurs d’une suspension desix mois – avec le risque d’être pri-

vés des championnats du monde àVarèse et des JO de Pékin – assor-tie d’une amende de 10 000 francssuisses (6 350 euros) s’ils partici-pent à la « course au soleil ». Del’autre, ASO, propriétaire del’épreuve, tient dans ses mains, sedisent les coureurs, le pouvoir deles sélectionner pour la prochaineGrande Boucle. « C’est un chanta-ge inacceptable, estime Cédric Vas-seur, président de l’Association descoureurs professionnels (CPA). Lesdirigeants se déchirent et les sportifstrinquent. Si cela continue, on vademander aux coureurs de signer uncontrat estampillé ASO et un autreUCI. C’est aberrant. On les menaceparce qu’ils font leur job ! »

C’est la décision d’ASO de nepasretenir dans ses épreuves la for-mation Astana, à laquelle appar-tient depuis cette saison l’Espa-gnol Alberto Contador, le derniervainqueur du Tour, qui a mis le feu

aux poudres. Cette équipe est eneffet l’une des 18 formations rete-nues par l’UCI pour participer àson Pro-Tour. Et, normalement,Paris-Nice figurant au calendrierde ce circuit international, l’équipekazakhe ne pouvait, selon lesrègles de l’UCI, être évincée. Ladécisiond’ASO, considère l’instan-ce internationale, a mis de faitl’épreuve hors jeu, et, selon elle, lescoureursne doivent doncpas y par-ticiper.

ASO, de son côté, fait valoirque son choix est une affaire de

principe. Le nom d’Astana, jugela société, est trop associé à plu-sieurs affaires de dopage, dont cel-le impliquant Alexandre Vinokou-rov lors du dernier Tour. Faute del’agrément de l’UCI, ASO a doncdemandé à la fédération françaised’inscrire Paris-Nice à son calen-drier, pour obéir à une contrainteréglementaire. Chacun campedésormais sur ses positions, dansce qui ressemble à une querelle depouvoir engageant l’avenir ducyclisme.

Mises au pied du mur par PatMcQuaid, le président de l’UCI, leséquipes ont officiellement décidéd’adopter une posture communeet de confirmer leur présence àParis-Nice. « Ce n’est pas un piedde nez à l’UCI, a expliqué EricBoyer, président de l’Associationinternationale des groupementscyclistes professionnels (AIGCP),également directeur sportif deCofidis. C’est une des plus belles

courses qui existent. Tous les cyclistesveulent la faire. On ne va pas les met-tre au chômage technique sous pré-texte d’un différend entre les diri-geants et l’organisateur. »

Tentative de conciliationDans les faits, quelques désiste-

ments de dernière minute ontcependant été enregistrés. Lesprinter belge Tom Boonen et lesleaders de High Road, l’ex-équipeT-Mobile, comme George Hinca-pie, Mark Cavendish et BradleyWiggins, seront les principauxabsents. « Ces défections ne sont pasun hasard, a confirmé Cédric Vas-seur. Et ce sont des coureurs moinsconfirmés qui risquent d’en faire lesfrais. C’est intolérable. »

A la demande de Patrick Lefévè-re, président du groupement d’in-térêt économique des équipes(IPCT), l’UCI a bien fait une tenta-tive de conciliation, mais ASO n’apas donné suite. Mercredi, Pat

McQuaid a proposé de revoir larègle de participation automati-que des formations Pro-Tour à laGrande Boucle. L’un des princi-paux points, donc, de la guerreentre ASO et l’UCI. Mais en 2007,où le départ de Paris-Nice avaitdéjà été menacé pour des raisonssimilaires, une médiation de cetype avait été ordonnée quelquesjours avant l’épreuve, avant d’êtreremise en cause en juin. « Cela neme paraît pas sérieux de recommen-cer », explique Patrice Clerc, lepatron d’ASO.

Dernier espoir – bien mince –d’apaisement, la plus haute juridic-tion sportive, le Tribunal arbitraldu sport, saisi par Patrick Lefévère,devait se prononcer vendredi, s’ils’estime compétent, sur la validitédes menaces formulées par l’UCI.Mais tant ASO que la fédérationinternationale ont déjà fait savoirqu’ils refusaient son arbitrage. a

Julien Renon

Les coureurspris en tenailleavant Paris-NiceL’organisateur et la fédération internationalebataillent, alors que la course part dimanche

L’Agence française de luttecontre le dopage (AFLD) va dili-genter une soixantaine de contrô-les pendant le Paris-Nice, soit undoublement par rapport à 2006.« Nous ciblerons tous les cou-reurs, a prévenu, jeudi 6 mars, leprésident de l’AFLD, Pierre Bor-

dry. Pas uniquement le vainqueurde l’étape ou le leader du géné-ral. » En cas de contrôle positif,les sanctions prises par l’AFLDseront reconnues par l’UCI, envertu de la réciprocité qui s’appli-que à tout signataire du codemondial antidopage.

O utre les sanctions agitéespar l’Union cycliste inter-nationale (UCI) pour son

soutien aux organisateurs duParis-Nice, la Fédération françai-se de cyclisme (FFC) est soumiseà une autre menace, plus immé-diate : la faillite.

La Fédération risque en effetd’être condamnée à payer près de2 millions d’euros dans l’« affaireSulpice ». En septembre 1995, lepistard Patrice Sulpice, 21 ans,devient paraplégique après unaccident lors des championnatsdu monde à Bogota. Enjuin 2007, la FFC est condamnéepar le tribunal de Chambéry(Savoie) à verser 1, 335 milliond’euros à Patrice Sulpice pour« défaut d’information sur les pos-sibilités de garanties complémentai-res en matière d’assurance ». LaFédération est égalementcondamnée à verser627 000 euros à la Caisse primai-re d’assurance-maladie pour les

soins médicaux. La FFC, qui adéjà usé, sans succès, un pourvoien cassation, a fait appel de cettecondamnation. La cour d’appelde Chambéry doit rendre sonjugement mardi 11 mars. « Sinous sommes condamnés à verserla totalité de cette somme, nousserons peut-être obligés de vendrenotre siège, réagit le président dela FFC, Jean Pitallier. Aujour-d’hui, nous n’avons pas l’argent. »La Fédération a déjà versé619 000 euros à Patrice Sulpice.Et elle a provisionné le reste surses comptes de la saison2006-2007. « C’est pour cela quenous affichons un déficit de 1,6 mil-lion », précise Jean Pitallier.

Depuis que le cyclisme estminé par les affaires de dopage,les caisses de la Fédération ne ces-sent de se vider. Le nombre delicenciés (101 000), principalesource de financement, est enbaisse constante, et les partenai-res, de l’aveu même de son prési-

dent, sont « difficiles à trouver ».La situation financière de la

FFC inquiète également les cou-reurs. Certains se sont plaints dene toujours pas avoir reçu leurprix pour le Tour de France 2007.« Ce retard n’a rien à voir avecnotre situation financière, il est liéà l’incertitude qui règne sur descoureurs comme Mayo ou Rasmus-sen, qui ont été impliqués dans desaffaires de dopage, signale JeanPitallier. La Fédération n’estqu’une simple boîte aux lettres parlaquelle transitent les prix verséspar l’organisateur. Elle ne toucheaucun intérêt. » Maigre consola-tion, si Paris-Nice et a fortiori leTour sont inscrits au calendrierde la Fédération, et non plus àcelui de l’UCI, la FFC devraitrécupérer les droits d’inscription.En 2007, ils étaient de 27 600euros pour la « course au soleil »et de 138 000 euros pour la Gran-de Boucle. a

Stéphane Mandard

FootballMarseille domineSaint-PétersbourgL’Olympique de Marseille a battu(3-1) le Zénith Saint-Péters-bourg, jeudi 6 mars, au stadeVélodrome, en 8e de finale allerde la Coupe de l’UEFA. Les troisbuts marseillais ont été marquéspar Djibril Cissé (37e et 55e) etMamadou Niang (48e), l’équiperusse répliquant par AndreïArchavine (82e). Le match retour,à Saint-Pétersbourg, aura lieu le12 mars.

TennisAprès Roger Federer,Rafael Nadal sorti à DubaïL’Espagnol Rafael Nadal (2e mon-dial) a été battu (7-6, 6-2), jeudi6 mars, par l’Américain AndyRoddick (6e), en quart de finale, àDubaï. Ce dernier a annoncé àcette occasion qu’il se séparait deson entraîneur vedette, l’ancienjoueur Jimmy Connors. Avantl’élimination de Nadal, le tournoiavait déjà perdu sa tête d’affiche,Roger Federer, battu d’entrée parl’Ecossais Andy Murray.

Planche à voileAntoine Albeau, nouveaurecordman de vitesseLe véliplanchiste Antoine Albeaua établi un nouveau record abso-lu de vitesse à la voile, à49,09 nœuds de moyenne, soitprès de 91 km/h, sur une distan-ce de 500 mètres. Agé de 36 ans,le Français a réalisé cette perfor-mance sur le canal spécialementaménagé des Saintes-Maries-de-la-Mer, en Camargue. Il compteprochainement franchir la barredes 50 nœuds.

Le 6 février, au Grau du Roi (Gard) lors de l’Etoile de Bessèges, traditionnelle épreuve de préparation à Paris-Nice. MONS/PRESSE SPORTS

Le jugement qui fait craindrela faillite à la Fédération française

30 0123Samedi 8 mars 2008

20.50Phénoménal !Divertissement présenté parJean-Luc Reichmann. Invités :Natacha Amal, Manu Payet,Valérie Bègue, Quentin, Dave,Eve Angeli d.23.20New York,section criminelle.Le Monde du silence. Sauverla face Série (S6, 18/22 ; S5,8/22). Avec Kathryn Erbe 0 d.1.00New York :police judiciaire.Le Prix d’une carrière.La Mauvaise Graine Série (S16,16 et 15/22, 105 min) 0 d.

20.50La Trilogie du samedi.Médium L’Angoisseet l’Espoir. Esprit vengeur.Dans la peau d’un autre.Série (S3, 17/22 ; saison 2,10-11/22). Avec Adam Goldberg,Patricia Arquette, Jake Weber(Etats-Unis) 0 d.23.15 Dead Zone Guet-apens.Renaissance. Série (saison 6,12 et 13/13) 0. Avec AnthonyMichael Hall, Nicole de Boer(Etats-Unis, 2007) d.1.00Le Monde de Zoë Avril.[12/18]. Episode 12.1.10Club (90 min).

20.50La Grande Peurdans la montagne.Téléfilm. Claudio Tonetti. AvecJean-Luc Bideau, Jean-BaptistePuech (Suisse, 2005) d.22.35Météo, Soir 3.23.00Passé sous silence.Monsieur Neuwirth, tenez bon !Le Combat pour la piluleDocumentaire. Sébastien Grall(France, 2007) d.0.35La Case de l’oncle Doc.Paris de femmes Documentaire.Charlotte Roustang (France,2007, 55 min) d.

20.50Les Restosdu cœur 2008.Les Secrets des EnfoirésEnregistré au Zénithde Strasbourg. Avec Alizée,Tina Arena, Benabar, AmelBent, Patrick Bruel, FrancisCabrel, Julien Clerc, GérardDarmon, Gérald de Palmas,Céline Dion, Patrick Fiori,Frédéric Diefenthal...23.30 Donner pour aiderEmission spéciale présentéepar Claire Chazal et PatrickPoivre d’Arvor.0.3750 mn Inside.Magazine (50 min) d.

20.50Les Victoiresde la musique 2008.Présenté par Nagui,en direct du Zénith.Sont en lice pour les hommes :Abd Al-Malik, Etienne Daho,Michel Polnareff et YannickNoah ; pour les femmes :Keren Ann, Vanessa Paradis,Zazie et Catherine Ringer...0.55Météo.1.05Ça se discute.Comment affronter unemaladie grave à 20 ans ?Magazine présenté parJean-Luc Delarue (110 min).

20.50NCIS/Enquêtes spéciales.L’Etoffe des héros 0 Le Baiserdu tueur. In extremis 0 Série(S2, 21 à 23/23). Avec MarkHarmon, Sasha Alexander d.23.20Sex and the City.L’Extase des sens. Esprites-tu là ? Série (S4, 4-5/18) 0.Avec Sarah Jessica Parker d.0.20Earl.Tous mes vœux de bonheur 0

Série (saison 1, 8/24). AvecJason Lee, Ethan Suplee d.0.50Le Monde de Zoë Avril.[11/18]. Episode 11 (10 min) d.

20.50Rugby.Stade Français - PerpignanTop 14 (13e journée).21.00 Coup d’envoien direct de Paris.22.50Jour de rugby. Magazine.23.35Jour de foot. Magazine.0.30Sophie Marceau,la rencontre 0.1.00Boxe.Championnat du monde WBA -WBC - WBO des poids lourds-légers : David Haye - EnzoMaccarinelli (GB, 180 min).

20.50Thalassa.Rendez-vous avec le dragonPrésenté par Georges Pernoud.Au sommaire : Rendez-vousavec le dragon ; Madagascar,la folie litchis ; Montenegro :d’un monde à l’autre... d.22.55Météo, Soir 3.23.25La Vie comme un roman.Higelin en chemin Documentaire.Romain Goupil (Fr., 2007) d.0.30Toute la musiquequ’ils aiment...Concert Borodine Invité :André Lischke (65 min) d.

21.00L’Aventure humaine.1529, le siège de VienneDocumentaire. HannesSchuler (All., 2006) d.21.50 1631, massacreà Magdebourg Documentaire.Hannes Schuler et AnneRoerkohl (All., 2006) d.22.45Fin de parcours.Téléfilm. Bastian Günther.Avec Manfred Zapatka, WalterKreye, Charly Hübner (2007) d.0.30Quelques jours en avril.Téléfilm. Raoul Peck. AvecIdris Elba, Debra Winger(EU - GB, 2005, 150 min) d.

20.55Boulevard du Palais.La Jeune Fille et la Mort 0

Série. Avec Anne Richard,Marion Game (Fr., 1999) d.22.35Esprits libres.Présenté par Guillaume Durand.Invités : François Léotard, GuySorman, Michel Field, OlivierDuhamel, François de Closets,Brigitte Fontaine, Michel Butor...0.45Journal, Météo.1.05Pour vos yeux. Magazine.1.30Envoyé spécial.Magazine (120 min).

20.50Des serpentsdans l’avion a

Film David R. Ellis. AvecSamuel L. Jackson, JuliannaMargulies, Nathan Phillips(Etats-Unis, 2006) 2 d.22.35Pars vite et reviens tardFilm Régis Wargnier. AvecJosé Garcia, Marie Gillain,Lucas Belvaux (2007) 2 d.0.25En territoire ennemi II.Téléfilm. James Dodson. AvecNicholas Gonzalez, MattBushell, Peter Coyote, KeithDavid, Ben Cross (Etats-Unis,2006, 95 min) 2 d.

21.00Le Diable dans le ventre.Téléfilm. Hermine Huntgeburth.Avec Ulrich Noethen, MargaritaBroich [1-2/2] (All., 2007) d.Une famille d’ouvriers laisse,à contre-cœur, leur fille entrerau collège.23.55Tracks. Magazine d.0.50Coming Apart a a

Film Milton Moses Ginsberg.Avec Rip Torn, Sally Kirkland,Robert Blankshine (Etats-Unis,1969, N., v.o. 130 min) d.Un psychanalyste new-yorkaisquitte sa femme et sombredans la débauche sexuelle.

Dominique Dhombres

J amais on ne l’a vu sourireautant. S’il y a quelqu’und’heureux au gouvernement,

c’est bien lui. François Fillonétait l’invité de Patrick Poivred’Arvor, jeudi 6 mars sur TF 1, àtrois jours du premier tour d’élec-tions municipales données per-dues d’avance. Et il était rayon-nant. PPDA lui posait une ques-tion évidente : « Si les Françaisvous trouvent tant de qualités en cemoment, c’est peut-être qu’ils n’entrouvent pas assez au président dela République ? » On admireral’art de la litote du présentateur.François Fillon avait manifeste-ment peaufiné sa réponse : « Lessondages passent, mais les réfor-mes restent »PPDA insistait. « Quand on enarrive à ce différentiel de sondages,25 points parfois, cela ne vous posepas de problèmes relationnels àtous les deux ? » « Aucun », répli-quait François Fillon. « On estraccord », ajoutait-il avec unpetit rire. Ainsi va ce premierministre, très anglais d’allure etde ton. Il savoure sa situationsans jamais en faire trop. Ilconnaît parfaitement les limitesinhérentes à son statut. Il saitque le plaisir qu’il éprouve en cemoment est fugace.Il sait aussi qu’il s’exposerait ter-riblement à trop vouloir l’étaler…La leçon de droit constitutionnelne tardait pas à venir. « Sous laVe République, il y a une règle abso-lue : le premier ministre est à la dis-position du président de la Républi-

que et de la majorité à toutmoment. » Pour ceux quiauraient des distractions, il répé-tait le cours magistral. Le prési-dent de la République est élupour cinq ans. C’est ainsi, etaucun sondage n’y changerarien. Tout cela est parfaitementexact, mais aucun premier minis-tre de la Ve République n’avait euautant besoin, jusqu’ici, de le rap-peler. Il y a, chez François Fillon,quelque chose de ces personna-ges qu’on appelle, chez Molière,les « raisonneurs ». Face auxfolies du héros de la pièce, ilsénoncent inlassablement des véri-tés premières. Ils ont la réputa-tion d’être ennuyeux, pour resterpoli. Les Français apprécient par-ticulièrement ce discours en cemoment. Une façon d’indiquerau personnage principal qu’ilserait temps de se calmer… Fran-çois Fillon se ferait arracher lalangue plutôt que d’en convenir.Il n’est pas tenté par un putsch.« On n’interrompt pas les travauxdans une ville parce qu’il y a desriverains qui sont mécontents. Onva jusqu’au bout des travaux », dit-il. Et puis, autre formule égale-ment préparée à l’avance : « Lesvilles françaises ne sont pas des tro-phées de chasse qu’il faudrait accro-cher aux murs du Parti socialis-te. » En ce qui concerne ce pre-mier ministre trop souriant pourêtre honnête, la saison de la chas-se n’a pas encore commencé.Mais à l’écouter égrener ses pro-pos mesurés, on avait la certitudequ’il attendait posément son heu-re. a

Vu&commenté

Trop souriantpour être honnête

FRANCE 5

20.35Echappées belles.Chamonix Présenté par Sophie Jovillard d.21.35Ram Beti, princesse du Tera.Documentaire. Patrick Profit (Fr., 2006) d.22.30A vous de voir.Qui a peur des maths ? Magazine.23.00Chez F.O.G.Magazine (60 min) d.

TMC

20.45Commissaire Moulin.Commando à quatre pattes 0 Série. Avec YvesRénier, Natacha Amal, Alice Béat (Fr., 2004) d.22.20La Crim’.Magie noire Série (S4, 7/12). Avec Isabel Otero,Jean-François Garreaud, Teco Celio (2002) d.23.20Extreme Makeover Home Edition :Les Maçons du cœur.La Famille Okvath [1-2/2] (90 min) d.

NT 1

20.45Catch Attack.Raw. Smack Down Magazine.22.25Double séduction.Téléfilm. Penelope Buitenhuis. Avec AndreaRoth, Linden Ashby (Etats-Unis, 1999) 0 d.0.00Journal.0.05Les Pièges du désir.Lettres perdues Série (30 min) 6.

LCP-AN/PUBLIC SÉNAT

20.30Tombé du ciel.Dieu aime-t-il la guerre ou la paix ? Magazine.21.00Bibliothèque Médicis.22.05Simone de Beauvoir :On ne naît pas femme.Documentaire. Virginie Linhart (2007).22.55 Le Débat L’Héritage du féminisme.23.40Parlons blogs. Magazine (20 min) d.

FRANCE 4

20.45La Grande Illusion.Spécial sportifs Divertissement d.22.20Pliés en 4, le show.23.20Taratata.Invités : Avril Lavigne, John Legend, les FatalsPicards, Sanseverino d.0.45 Water Lily.Concert enregistré lors du CapricesFestival (60 min) d.

DIRECT 8

20.40L’Ile bleue.Téléfilm. Nadine Trintignant. Avec GeoffreySauveaux, Julie Delarme (France, 2001) d.En juin 1940, lors de la débâcle, des adolescentsfrançais décident de défendre leur territoire dejeux face à l’avancée d’une colonne allemande.22.15Zap’8.Magazine présenté par Rachel Bourlier.23.45Direct Poker. Episode 26 (75 min).

W 9

20.45Les Simpson : le prime.Au sommaire : La Comète de Bart ; Homer leclown ; Bart contre l'Australie (S6, 14 à 16/25) ;L'Amour au curry (S10, 14/23) ; Le Blues d'Apu(saison 5, 13/22) d.22.45Entourage.Le Jour de la sortie de « Head on ». Le Scénarioet le Sherpa. Queen’s Boulevard sinon rien Série(S1, 4 à 6/8) 0. Avec Fuzzy Fantabulous.0.10 Clubbing. Magazine (90 min).

I-TELE

20.40Ça se dispute.21.15i éco.21.40 et 0.15i cinéma.22.15Journal de l’international.22.40A juste titre.23.15i net. Best of de la semaine (15 min).

Vendredi 7 mars

TF1 France 2 France 3 Canal + Arte M 6

TF1 France 2 France 3 Canal + Arte M 6

E n k i o s q u e s . – 4 , 5 0 €

Opus Dei,de la légende noireà la normalisationmédiatiquePar Jérôme Anciberro

France 2 orchestre en directles 23e Victoires de la musiqueTélévision La cérémonie présentée par Nagui en premièrepartie de soirée se veut une vitrine pour la scène française

VENDREDI 7 MARS

Science publique14.00 France Culture « LesEnfants et la Télé », thème dumagazine scientifique présentépar Michel Alberganti, journalisteau Monde. Invités : Christian Gau-tellier, Arié Guez, Sophie Jehel,Serge Tisseron, Maryse Vaillant.

Concert franco-allemand20.00 France Musique En directde Munich, l’Orchestre sympho-nique de la Radio bavaroise, dir.Mariss Jansons, Mihoko Fuji-mura, soprano, joue des extraitsd’opéras de Wagner (Tannhäuser,Lohengrin, La Walkyrie, etc.).

Le Secret des Enfoirés20.00 RTL Soirée spéciale autourde cet événement, enregistré auZénith de Strasbourg et diffuséà partir de 20 h 50.

Samedi 8 mars

Les codes du CSA 0 Déconseillé aux moins de 10 ans 2 Déconseillé aux moins de 12 ans 6 Déconseillé aux moins de 16 ans 8 Déconseillé aux moins de 18 ans.Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants d.

SAMEDI 8 MARS

Le Grand Studio18.30 RTL Emission spécialeconsacrée à Claude François.

Luisa Miller19.30 France Musique Opérade Giuseppe Verdi, donné endirect de l'Opéra Bastille, à Paris.Par l'Orchestre de l'Opéra nationalde Paris, dir. Massimo Zanetti.Avec Ana Maria Martinez (Luisa),Ramon Vargas (Rodolfo)...

Musicalement vôtre20.00 Aligre FM Pascal Paretireçoit Bertrand Soulier, dontl’album Discorama (Le Best-Ofimaginaire) sort le 25 mars.

On connaît la musique23.00 Europe 1 La chanteuse qué-bécoise Isabelle Boulay est, cesoir, l’invitée de Thierry Lecamp.

TélévisionUne interview d’IdrissDéby sur France 24La chaîne France 24 reçoit IdrissDéby, le président du Tchad,pour un entretien exceptionnelau palais présidentiel à N’Djame-na. Parmi les thèmes abordés,l’avenir des relations franco-tcha-diennes, la perspective de la rené-gociation des accords de défenseavec la France, le dialogue avecl’opposition, le rôle de la nouvelleCommission d’enquête interna-tionale. La question de la forceeuropéenne (Eufor), la situationau Darfour, et le sort des mem-bres condamnés de L’Arche deZoé seront aussi évoqués. L’entre-tien sera diffusé vendredi 7 marsà 19 h 10 (heure de Paris), same-di 8 à 13 h 40 et 21 h 10, et diman-che 9 à 17 h 10.

TMC en têtedes audiences de la TNTTMC, filiale de TF1 et d’AB Grou-pe, se classe en tête des nouvelleschaînes gratuites de la télévisionnumérique terrestre (TNT) aumois de février, avec 4,5 % depart d’audience chez les person-nes vivant dans un foyer dispo-sant de la TNT, selon Médiamé-trie. TMC est suivie par Gulli(4,3 %), W9 (3,9 %), NT1(2,9 %), NRJ 12 (2,5 %), Direct 8(1,5 %) à égalité avec Virgin 17,France 4 (1,4 %), BFM TV (grou-pe NextRadioTV, 0,7 %), et iTélé(0,4 %).

La sélection radio

U n seul présentateur (Nagui)au lieu de deux, voire trois,et des artistes pour remet-

tre les prix aux lauréats : telles sontles pâles innovations de la 23e édi-tion des « Victoires de la musi-que », retransmise en direct duZénith de Paris samedi 8 mars surFrance 2.

L’industrie du disque est en cri-se, mais cela n’empêche pas lesartistes de faire la fête. Au contrai-re. Selon Gilles Bressand, prési-dent de l’association Les Victoiresde la musique – également prési-dent du label indépendant XIII BisRecordsetvice-président du syndi-catnationaldeséditeurs phonogra-phiques (SNEP) –, « tous les nomi-nés seront présents, prêts à jouer endirect, preuve que cette cérémonie estun véritable enjeu pour eux ».Quant à Nagui, il promet de se fai-re discret « au profit du spectacle ».

Si l’édition 2007 avait distinguéla nouvelle scène – Bénabar et Oli-via Ruiz –, le palmarès 2008« devrait témoignerd’une plus gran-de diversité », avance M. Bressand.

Parmi les nominés, on trouve aussibien le nouveau venu Renan Luce,remarqué cet été avec sa Lettre ten-dre et humoristique, qu’une habi-tuée, Zazie, en tête des nomina-tions avec cinq citations. Il y auraaussi Christophe Willem, lauréat2006 de « La Nouvelle Star » deM6, et les Rita Mitsouko, le groupede rock français le plus importantdes vingt-cinq dernières années, etdont l’un des deux membres, FredChichin, le complice de CatherineRinger, est mort en novem-bre 2007 à l’âge de 53 ans.

« Etre entendu »Pour certains, comme le duo

AaRON, disque d’or pour son pre-mier album Artificial AnimalsRiding on Neverland, sorti enmars 2007, nommé deux fois(groupe ou artiste révélation dupublic, groupe ou artiste révélationscène),« Les Victoires » sont l’oc-casion de se produire à 20 h 50 surune grande chaîne de télévision.« Au-delà de la Victoire, l’importantpour nous, c’est d’être entendu »,

déclarent en chœur Simon Buret(chanteur, auteur, compositeur) etOlivier Coursier (compositeur,arrangeur).

Quelque 1 200 professionnelsde la filière ont sélectionné lemeilleur de la production musicalede l’année 2007 selon leurs critè-res. Pour chaque catégorie – artis-te masculin, artiste féminin, clip,album, chanson originale de l’an-née, etc. –, quatre lauréats poten-tiels sont retenus. Le vainqueur estcelui qui a remporté le plus grandnombre de suffrages. Le public estappelé à voter pendant la soiréedans deux catégories – groupe ouartiste révélation du public de l’an-née et chanson originale de l’an-née. France Inter retransmet aussilacérémonieavec desréactionsgla-nées dans les coulisses du Zénithpar l’équipe d’Isabelle Dhor-dain. a

Sylvie Kerviel

« Les Victoires de la musique 2008 »,samedi 8 mars à 20 h 50 sur France 2et dès 20 h 10 sur France Inter.

Ecrans0123Samedi 8 mars 2008 31

SUDOKU Nº 727 Solution du no 726L’ART EN QUESTION Nº 576 En collaboration avec la

Unjeupourchaque jourLundi daté mardi Affaire de logiqueMardi daté mercredi ScrabbleMercredi daté jeudi BridgeVendredi daté samedi L’art en questionSamedi daté dimanche-lundi Echecs

2 4 8

9 7

3 5 8 2

1

7 8 4

8 7 4 6

6 2

9 8 5

7 6Realise par Koalog (http://sudoku.koalog.com)

6 1 5 2 3 8 4 9 7

4 3 8 7 1 9 2 6 5

7 9 2 4 6 5 8 3 1

3 2 1 8 4 6 7 5 9

5 7 9 3 2 1 6 4 8

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EN EUROPE DANS LE MONDE

OUTREMER

Dans le monde Intempéries pluvieuses, neigeuses et venteuses dans l’est des Etats-Unis et du Canada

Los Angeles

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LillePluie sur le nord-ouest

Les restes d'un front apporteront un temps gris et quelques gouttes le matin entre l'Auvergne et la frontière allemande. L'ambiance s'annonce plus lumineuse l'après-midi sur les régions de l'est jusqu'au pourtour méditerranéen. Quelques ondées pourront arroser la Côte d'Azur et la Corse. Le ciel se couvrira en revanche sur la moitié ouest du pays et quelques bruines se produiront, surtout entre la Manche et le Val de Loire. Des pluies plus conséquentes débuteront sur le Finistère où le vent de sud-ouest se lèvera. Les températures seront un peu fraîches pour la saison.

ST-JEAN DE DIEU

COEFF. DE MARÉE: 104

Cumul pluviométrique le

En Europe

LEVER: COUCHER:PARIS

COUCHER:PARIS

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Le 12h TU

LE MOBILIER DU POUVOIRAu début des années 1980, la pro-duction de Pierre Paulin prendun nouveau tournant : il abandon-ne le mobilier de série et retrouvele plaisir de concevoir avec uneréelle liberté qui le dégage descontraintes de la fabricationindustrielle. Il dessine alors desmarqueteries subtiles, imagineune table de salle à manger intitu-lée « Cathédrale », dont le piète-ment est un enchevêtrement com-plexe de plaques métalliques pein-tes en jaune, crée des sièges auxassises cannées majestueuses ouréinterprète un bonheur-du-jouren laque jaune et cuir gris.

Cette table, présentée à l’exposi-tion de la galerie des Gobelins,n’est qu’une étape dans la longue

collaboration de Pierre Paulinavec le Mobilier national depuis1968. Le designer a résolumentmodernisé le mobilier, créant unnombre incroyable de formes etbouleversant l’image des codesmobiliers et du style françaisdans les célèbres aménagementsde l’Elysée réalisés pour GeorgesPompidou et François Mit-terrand.

Comment s’appelle le fauteuilen mousse polyuréthane et tubed’acier que Pierre Paulin a créé en1960 ?

– Mushroom ?– Tongue ?– Boudin ?

Réponse dans Le Monde du15 mars.

Réponse du jeu no 575 paru dans Le Monde du 1er mars.Le mouvement artistique fondé par Alexandre Charpentier en 1896

avait pour programme « L’art dans tout ».

LeLotoLes résultats sontpubliés dans cette pagedans nos éditions datéesdimanche-lundi, mardiet vendredi

Pierre Paulin (1927), Table cathédrale, 1982. Aluminium peint en jauneet dalle de verre, 75 × 140 × 140 cm. Atelier de recherche et de créationdu Mobilier national de Paris, Mobilier national.Présentée à l’exposition « Pierre Paulin, le design au pouvoir »au Mobilier national, galerie des Gobelins, à Paris,jusqu’au 27 juillet. © PHOTO F. BAUSSAN

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Solution du n° 08 - 058HorizontalementI. Quatre-quatre. - II. Ultras.Sioux. - III. Etripage. Nep. - IV.Ries. Irritée. - V. Ems. Pei. Ce. -VI. Loire. SCI. Ot. - VII. Epinal.Psi. - VIII. Eu. RN. Naples. - IX.Uni. Artisane. - X. Réfrigérante.

Verticalement1. Querelleur. - 2. Ultimo. Une. -3. Atrésie. If. - 4. Tris. RPR. - 5.Rap. Peinai. - 6. Esaïe. Rg. - 7.Grisante. - 8. User. Clair. - 9. Aï.Ici. PSA. - 10. Tonte. Plan. - 11.Ruée. Osent. - 12. Expertisée.

II.. A voir quand tout commenceà coincer. IIII.. Petite antilopeafricaine. Partir à l’aventure. IIIIII..S’exprime comme un duc.Lance un signal. IIVV.. Belleenfant de Victor. Excite lameute. VV.. Dans le pot. Alluméavec intentions. Fait la liaison.VVII.. Ouverture de gamme. Petitdu système solaire. VVIIII.. Bonnedisposition en partant. Vaut dixà London. Conjonction. VVIIIIII..Faisons un pas en avant.Distribue à la sortie du PC. IIXX..En retard sur la moyenne.Fierté du gallinacé. XX.. Femmesde lettres.

11.. Approche amoureuse. 22.. Sortla nuit pour se ravitailler. Têted’épingle. 33.. Vieux ruminant.S’étend en Mongolie. 44.. Bonmélange mauvais pour la voix.55.. Rendus stupides. Vient deTransylvanie. 66.. Le titane. Fêtéune fois l’an. Apporte du neuf.77.. Gardent le chef à l’abri et auchaud. 88.. Dans la poche desMoldaves. Reconnaissanceancienne. Démonstratif. 99.. Descordes et un clavier. Note. 1100..Equipa le bâtiment. Support decoque. 1111.. Voyelles. Ouvragefortifié. 1122.. Aiment à pinailler.

Philippe Dupuis

HORIZONTALEMENT VERTICALEMENT

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Météo & Jeux

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MOTS CROISÉS Nº 08 - 059

32 0123Samedi 8 mars 2008

IL Y A 50 ANS DANS « LE MONDE »

Au PC du colonel Bigeard

SOMMAIRE

Des régimes sensiblesà ce point, des ministèressensibles, des présidentssensibles, c’est la premièrefois. Toute une politiquedes émotions. Emocratie

Les grands philosophes n�ont jamais été autant d�actualité

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Tome 7

NietzscheLa Mort de Dieu

UNE OPÉRATION vient d’êtredéclenchée, et cinq hélicoptèreschargés d’hommes s’éternisentlà-haut, au creux de deux djebels,sous des nuages noirs. Deux avionsde chasse T-6 strient l’air au-des-sus de nous et disparaissent aussi-tôt. Ils vont à la recherche d’un fortconvoi rebelle de quelque cent hom-mes, munis de mitrailleuses etfusils-mitrailleurs : c’est du moinsce qu’affirme un prisonnier au blou-son gris, les mains liées dans le dos.

Le colonel Bigeard téléphonedehors, penché sur une carte d’état-major posée à même l’herbe. Il don-ne des ordres aux commandantsde compagnie, au poste d’artillerie,aux pilotes des hélicoptères, et àl’équipage du Piper qui tourneau-dessus des montagnes toutesproches.

Maintenant le temps presse, il

faut partir. Déjà des camions où sesont entassés les soldats du 3e régi-ment des parachutistes coloniauxont à toute allure pris la route.D’autres soldats sortent des tentesvertes dans leur uniforme couleurde sol et de forêt. De jeunes capitai-nes, que presque rien – trois petitsgalons imperceptibles – ne distin-gue apparemment de leurs hom-mes, entourent le colonel, qui s’ap-prête à son tour à rejoindre, com-me il le fait chaque fois, les hom-mes déjà sur place : « Salut,Bigeard ! », crie quelqu’un quandle chef du 3eRPC saute dans lecamion qui s’éloigne à son tour ducamp. Un muezzin appelle à la priè-re quelques musulmans assis surles trottoirs. Il ne reste presqueplus personne au camp lorsquenous le quittons. C’est la guerre. a

Eugène Manoni (8 mars 1958.)

Robert Solé

Neuf zéros

Billet

Ministère« mimophant »

DE GRÂCE, cessons de remplir nos journaux d’informations néga-tives ! Dans le vaste monde, il n’y a pas que des attentats, desconflits, des licenciements, des marées noires… Prenons la peinede voir ce qui progresse, ce qui avance, ce qui augmente.

Le nombre des milliardaires en dollars, par exemple. Figurez-vous qu’il a grimpé de 946 à 1 125 en un an, selon le magazine For-bes. C’est la première fois que les « neuf zéros » dépassent le mil-lier ! Il n’y a pas de fatalité, rien n’est impossible. A force de tra-vail, de flair et de détermination, quiconque peut accéder au topdu top : Bill Gates est devancé désormais par son compatrioteWarren Buffet et par le Mexicain Carlos Slim Helu. Mieux : l’oncompte quatre Indiens parmi les dix premières fortunes de la pla-nète, preuve que le tiers-monde avance à grands pas sur le che-min de l’abondance.

Le magazine Forbes ne nous révèle pas chaque année le nom dela personne la plus pauvre du monde. Heureusement ! Parce queles journaux, attirés comme des mouches par les informationsnégatives, en feraient certainement tout un fromage. a

La journée du 8 mars est l’oc-casion, chaque année, deprendre la mesure de lacondition féminine dans lemonde. La parité hommesfemmes en est l’un des critè-res. S’il est un domaine

dans lequel elle progresse constamment,c’est celui de l’immigration. « Les fem-mes représentent environ la moitié desmigrants récemment arrivés dans les Etatsmembres de l’Union européenne, affirmentMirjana Morokvasic et Christine Cata-rino dans un article récent de la revuePlein droit (décembre 2007). Elles sontmême majoritaires dans certains pays etcourants migratoires. La migration desfemmes seules se développe, y compris dansdes flux migratoires traditionnellementdominés par les hommes… »

Ce n’est pas la moindre des surprisesque révèle cette enquête. En matière d’im-migration, la parité est respectée. Maiselle progresse aussi dans les statistiquesdes reconduites à la frontière. Conséquen-ce directe : les nourrissons ont fait leurapparition dans les centres de rétention.Un seul exemple pris au hasard sur le sitedu Réseau éducation sans frontières(RESF) : Mickaël, 16 mois, est en garde àvue avec sa mère à la gendarmerie deVern-sur-Seiche, près de Rennes, en vuede leur expulsion. Au moment où nousécrivons ces lignes, l’enfant est en prisondepuis dix-sept jours.

La chronique des arrestations d’en-fants à la sortie des écoles témoigne decette féminisation des expulsions d’étran-gers sans papiers.

La raison en est simple. Pour parvenir

à 25 000 expulsions par an, objectif fixépar le président de la République, il faut,disent les services de police, procéder àcinq fois plus d’interpellations. Plusieurscentaines par jour ! « On tape sur ceux quisont les plus intégrés, déclare Jean-PierreDubois, président de la Ligue des droitsde l’homme. Parce que c’est beaucoup plusfacile d’aller arrêter des gens à la sortied’une école que de chercher des gens quisont dans la clandestinité. »

« La chasse aux enfants n’affecte pas seu-lement les victimes mais aussi, et par vaguesconcentriques, leur entourage d’enfants etde parents, de témoins effarés, plongés toutd’un coup dans l’angoisse existentielle »,observe Stéphane Hessel dans la préfaced’un livre à paraître, La Chasse auxenfants, l’effet miroir de l’expulsion des sans-papiers (La Découverte, avril 2008). Sesauteurs, Miguel Benasayag, Angeliquedel Rey et des membres de RESF consta-tent que « même dans des écoles où il nes’est encore rien passé, les enseignants prépa-rent des plans de protection des enfants com-me s’ils préparaient l’évacuation de l’établis-sement en cas d’incendie ».

« L’été a été celui des défenestrations, écritPierre Cordelier, l’un des fondateurs dumouvement RESF. Mi-août, à Amiens, unenfant tchétchène de 12 ans saute par la fenê-tre, voulant suivre son père pour fuir la poli-ce. Le 31 août, à Toulouse, un jeune Tunisienen situation irrégulière saute du quatrièmeétage. Le 12 septembre, c’est un autre jeuneTunisien qui passe par la fenêtre du quatriè-me étage à Péage-de-Roussillon, en Isère. Le20 septembre, une femme chinoise, Chunlan

Liu, terrorisée en voyant arriver les policiers,se défenestre dans le 20e arrondissement deParis. Transportée à l’hôpital, elle y meurt lelendemain, mais ce décès sera soigneusementcaché pendant plus de deux jours. »

En 2007, à l’occasion de la journée dela femme, Nicolas Sarkozy avait déclaré :« Chaque fois qu’une femme sera martyri-sée dans le monde, cette femme devra êtrereconnue comme citoyenne française et laFrance sera à ses côtés. » Il n’avait pas pré-cisé à l’époque que cette promesse ne s’ap-pliquait qu’à des cas exceptionnels, deshistoires exemplaires, médiatisées.

Non pas à la masse de femmes qui, aupéril de leur vie, ont traversé les frontiè-res, voyagé pendant des mois, fuyant laguerre en Irak ou en Afghanistan, la faimen Afrique, des régimes dictatoriaux ousimplement oppressifs. Pour elles, c’estune autre histoire…

Pour Brice Hortefeux, tout se résume àune question de mot. « Un mot, et tout est

gagné. Un mot, et tout est perdu », a-t-il affir-mé, citant René Char. On ne parle pas de« rafles », mais de « contrôles d’identité ».On n’enferme pas dans des « camps », on« place dans des centres de rétention ». Onne procède pas à des « expulsions » mais àdes « éloignements », un concept qui relèvemoins du registre des procédures policiè-res que de la grammaire des sentiments…

« Le ministère qui est le mien est unministère extraordinairement sensible », aajouté Brice Hortefeux, sans craindrel’euphémisme. Depuis la fameuse formu-le de Valéry Giscard d’Estaing lui contes-tant le « monopole du coeur », les hom-mes politiques, même quand ils se livrentà des tâches de basse police, veulent nousconvaincre qu’ils ont un cœur. La Francea connu dans son histoire toutes sortes derégimes, des plus éclairés aux plus autori-taires, des monarchies électives, des empi-res d’opérette, mais des régimes sensiblesà ce point, des ministères sensibles, desprésidents sensibles, c’est la premièrefois. Toute une politique des émotions.Emocratie.

La sensibilité est une chose relative etmême paradoxale. Arthur Koestler avaitforgé un mot-valise pour la définir :« mimophant ». « Un mimophant est uneespèce hybride : un croisement entre unmimosa et un éléphant. Un membre de cet-te espèce a la sensibilité d’un mimosa lors-qu’il s’agit de ses propres sentiments et lapeau épaisse d’un éléphant piétinant les sen-timents des autres. » a

Christian Salmon est essayiste.

L’actualitéEditorial et analyses ............. 2Page trois .............................. 3International ......................... 4Sciences & Environnement . 9Europe ................................. 10France .................................. 11Economie & Médias ............ 15

lemonde.frL’actualité au fil de la journéesur lemonde.fr

DécryptagesPortrait ................................ 19Débats ................................ 20Enquête .............................. 22Carnet ................................. 23

Culture&vousActualités ........................... 24Critiques ............................. 25Modes de vie ....................... 27Sports ................................. 29Ecrans ................................. 31Météo & Jeux ...................... 32

StorytellingChristian Salmon

0123

a Tirage du Monde daté vendredi 7 mars 2008 : 427 954 exemplaires. 1 2 3Nos abonnés et PAD trouveront avec ce numéro un encart « Banque Populaire Lorraine »dans une sélection de départements.

Samedi 8 mars 2008 33

Jeudi 6 mars 2008, 5 femmes de science des cinq continents

ont reçu le Prix L’Oréal-Unesco qui récompense

la qualité exceptionnelle de leurs travaux de recherche.

Depuis 1998, 52 chercheuses émérites dans 26 pays

ont ainsi été mises à l’honneur et 460 jeunes chercheuses

se sont vu attribuer des bourses dans 85 pays.

Le Groupe L’Oréal est convaincu que la science est source

de progrès et que le rôle des femmes y est essentiel.

Exposition Photo de Micheline Pelletier“Pour les Femmes et la Science” Mars-Avril 2008AÉROPORTS DE PARIS, partenaire de la Fondation d’entreprise L’ORÉAL et de l’UNESCO

Lihadh Al-Gazali, Emirats Arabes Unis Lauréate pour l’Afrique et les Etats Arabes

Elizabeth Blackburn, Etats-Unis Lauréate pour l’Amérique du Nord

Ana Belén Elgoyhen, Argentine Lauréate pour l’Amérique Latine

V. Narry Kim, République de Corée Lauréate pour l’Asie-Pacifique

www.forwomeninscience.com

19982008

DE COMBAT.

Pour les Femmes.

Pour la Science.

10 ANS

Ada Yonath, Israël Lauréate pour l’Europe


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