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Jeudi 1 er mars 2012 - 68 e année - N˚20874 - 1,50 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,20 CHF, TOM Avion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA, L e Conseil constitutionnel a pleinement joué son rôle, mardi 28 février : il a jugé « contraire à la Constitution » le texte, adopté le 23 janvier par le Parlement, qui sanctionnait péna- lement la négation de génocides reconnus par la loi, en particulier le génocide des Arméniens com- mis par l’Empire ottoman en 1915. La concision même de cette décision démontre que le juge constitutionnel s’est situé sur le plan des principes fondamen- taux. Avec la volonté manifeste de mettre un terme à une contro- verse qui fait rage depuis des années. A cet égard, la volonté affi- chée par le chef de l’Etat de remet- tre immédiatement une nouvelle loi en chantier est vouée à l’échec. Les principes ? Il en retient deux. D’une part, « la loi a pour vocation d’énoncer des règles et doit, par suite, être revêtue d’une portée normative ». Elle ne peut donc pas être uniquement déclara- toire et « mémorielle », comme cel- le de 2001 par laquelle « la France reconnaît publiquement le génoci- de arménien de 1915 ». C’est sur la base de ce texte que le Parlement a fondé la loi adoptée en janvier. D’autre part, le Conseil invo- que le principe cardinal de la liber- té d’expression, « d’autant plus précieuse que son exercice est une condition de la démocratie ». Cela n’interdit au législateur ni d’en fixer les règles ni d’en réprimer les abus, mais à condition que ce soit de façon « nécessaire, adaptée et proportionnée ». En l’occurren- ce, il a jugé que ce n’était pas le cas : en réprimant la contestation de l’existence de crimes qu’il a lui- même qualifiés comme tels, le législateur porte atteinte à l’exer- cice de la liberté d’expression. En clair, les politiques n’ont pas à s’ériger en ministère de la vérité, ni le Parlement en tribunal de l’Histoire. Comme l’avait juste- ment déclaré le président Jacques Chirac, en 2005, et comme l’avait confirmé une mission parlemen- taire sur les « lois mémorielles » en 2008, il ne revient pas au légis- lateur de fixer une vérité histori- que, d’en imposer une lecture offi- cielle et encore moins de sanction- ner pénalement ceux qui la contesteraient. De nombreux his- toriens se sont d’ailleurs insurgés contre cette judiciarisation de leur travail. On l’a déjà dit, ici, la loi censu- rée n’était pas de nature à soula- ger la douleur des Arméniens qui voient leur passé tragique ignoble- ment réécrit, contesté ou nié, notamment par les autorités tur- ques depuis près d’un siècle. En outre, elle prenait la cause arménienne en otage de combats électoraux : Nicolas Sarkozy avait pesé de tout son poids pour que son camp approuve ce geste à l’égard de la communauté armé- nienne en France, et François Hol- lande avait voté ce texte, pour des raisons similaires. Enfin, elle avait envenimé les relations avec la Tur- quie, dont les autorités ont beau jeu, aujourd’hui, de saluer le camouflet infligé aux principaux responsables français. Inutile et inopportune, la loi censurée peut s’avérer dangereu- se. En conduisant le Conseil consti- tutionnel à trancher sur la base du principe de la liberté d’expres- sion, elle risque de nourrir, à nou- veau, toutes les velléités et les offensives négationnistes. p Page 5 Hausse de la valeur de l’entreprise Apple en dix ans + 4 700 % CAMPAGNE L’heure est à la surenchère. Le président sortant veut payer et faire travailler davantage les profs, alors que le candidat PS veut surtaxer les riches. P. 5-6 ENQUÊTE Son putsch raté pour porter Jean-Louis Borloo à la tête de Veolia a fâché le patron d’EDF avec la gauche et la droite. Portrait d’un patron trop politique. P. 17 REPORTAGE Après plusieurs jours d’émeutes, le préfet a annoncé la baisse du prix de 60 produits de grande consommation. Les Réunionnais sont dubitatifs. P. 11 L e royaume de Sa Très Gracieu- se Majesté s’est fait une spé- cialité de brasser du vent. La plus vaste ferme éolienne du mon- de produit ses 367 mégawatts, au large de la région de Cumbria, et le gouvernementbritannique a plani- fié une croissance exponentielle de cette énergie. Oui, mais la crise est passée par là et le financement de ce plan éolien est menacé. Par une centaine de députés conserva- teurs, entre autres, qui viennent de réclamer « une baisse spectaculaire des subventions », que les parle- mentaires assimilent à un gaspilla- ge en pleine cure d’austérité. p Lire page 10 Editorial L’austérité inquiète l’Europe et pèse sur la présidentielle Impôts, école : le « toujours plus » de Hollande et Sarkozy Henri Proglio, ses amitiés politiques et ses mauvais calculs A La Réunion, la galère des familles contre la vie chère Ce monstre du business qu’est devenu Apple L’ŒIL DU MONDE La marque à la pomme sort, début mars, son nouvel iPad ; de quoi décupler ses profits, suivant une recette éprouvée. Zoom sur le prodige du marketing, devenu en dix ans l’entreprise de tous les superlatifs, qui fascine autant qu’elle inquiète. Pages 18-19 Wall Street Homs: la fuite des Français tourne au fiasco t Treize insurgés auraient trouvé la mort lors de l’exfiltration ratée Vents contraires sur l’industrie éolienne britannique Il y a 150 ans paraissaient Les Misérables HORS-SÉRIE UNE VIE, UNE ŒUVRE Victor Hugo L’élu du peuple 150 ans après Les Misérables, l’hommage des politiques 124 PAGES - 7,90 - EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX Portrait de Victor Hugo par Jean-François Kahn : de quelle manière l’écrivain s’est métamorphosé au point de devenir une figure révolutionnaire du XIX e siècle. Une sélection de textes de l’auteur qui n’oublie ni le poète, ni l’homme de théâtre, ni le romancier, en particulier celui des « Misérables ». Un entretien avec Jean-Marc Hovasse, auteur de la biographie de référence consacrée à Victor Hugo et qui assure la direction éditoriale de ce numéro. Les textes des candidats à l’élection présidentielle et des responsables politiques montrent à quel point les thèmes abordés par Victor Hugo sont en résonance avec l’actualité. EN PARTENARIAT AVEC V endredi 2 mars, 25 chefs d’Etat et de gouvernement européens seront à Bruxellespour signerle nouveautrai- té de discipline budgétaire européen, mis au point par Nicolas Sarkozy et Angela Mer- kel. Mais des voix s’élèvent contre les choix du tandem franco-allemand qui feraient la part trop belle à l’austérité. Douze pays, emmenés par le président du conseil ita- lien, Mario Monti, demandent une réorien- tation en faveur de la croissance. En France, François Hollande et trois autres candidats affirment vouloir renégocier les traités. p Lire pages 2 à 4 UK price £ 1,50 M ercredi 29 février au matin, la journaliste française Edith Bou- vier et son compatriote photogra- phe William Daniels étaient toujours pié- gés à Homs, dans le quartier de Baba Amro. Après avoir refusé à deux reprises d’être évacués par le Croissant-Rouge syrien, auquel les insurgés ne font pas confiance malgré les garanties du CICR, les deux Fran- çais ont tenté, dans la nuit de lundi à mar- di, une sortie en convoi avec l’Armée syrienne libre. Le groupe a été bombardé en route et treize insurgés auraient trouvé la mort. Cette fuite ratée vers le Liban a sus- cité une annonce prématurée de Nicolas Sarkozy qui, après s’être réjoui de l’évacua- tion, a dû démentir et s’excuser. p P. 7 La Bourse américaine retrouve son niveau d’avant la crise Page 13 Le Parlement n’est pas un tribunal de l’Histoire t La contestation monte enEspagne et dans 11 autres pays t Référendum en Irlande sur le pacte budgétaire t Comment Bruxelles voit les candidats français Edith Bouvier, blessée à Homs. Capture d’écran d’une vidéo filmée par un téléphone. REUTERS Le regard de Plantu

Journal le monde du 1 mars 2012

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صحيفة لومند ليوم 1 مارس 2012

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Page 1: Journal le monde du 1 mars 2012

Jeudi 1er mars 2012 - 68e année - N˚20874 - 1,50 ¤ - Francemétropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur: Erik Izraelewicz

Algérie 150 DA,Allemagne 2,00 ¤,Antilles-Guyane 2,00 ¤,Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤,Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤,Malte 2,50 ¤,Maroc 12 DH,Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS,Suisse 3,20 CHF, TOMAvion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL,USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA,

L eConseil constitutionnel apleinement joué son rôle,mardi 28février: il a jugé

«contraire à la Constitution» letexte, adopté le 23janvier par leParlement, qui sanctionnaitpéna-lement la négationdegénocidesreconnuspar la loi, enparticulierle génocidedesArméniens com-mispar l’Empire ottomanen 1915.

La concisionmêmede cettedécisiondémontreque le jugeconstitutionnel s’est situé sur leplandes principes fondamen-taux. Avec la volontémanifestedemettreun terme àune contro-versequi fait rage depuisdesannées. A cet égard, la volonté affi-chéepar le chef de l’Etat de remet-tre immédiatementunenouvelleloi en chantier est vouée à l’échec.

Les principes? Il en retientdeux.D’unepart, « la loi a pourvocationd’énoncer des règles etdoit, par suite, être revêtued’une

portéenormative». Elle nepeutdoncpas êtreuniquementdéclara-toire et «mémorielle», commecel-le de 2001par laquelle« la Francereconnaîtpubliquement le génoci-de arménien de 1915». C’est sur labasede ce texteque le Parlementa fondé la loi adoptée en janvier.

D’autrepart, le Conseil invo-que le principe cardinal de la liber-té d’expression,«d’autantplusprécieuse que son exercice est uneconditionde la démocratie». Celan’interdit au législateurni d’en

fixer les règles ni d’en réprimerles abus,mais à conditionque cesoit de façon«nécessaire, adaptéeet proportionnée». En l’occurren-ce, il a jugéque cen’était pas lecas: en réprimant la contestationde l’existencede crimes qu’il a lui-

mêmequalifiés comme tels, lelégislateurporte atteinte à l’exer-cice de la liberté d’expression.

En clair, les politiquesn’ont pasà s’ériger enministèrede la vérité,ni le Parlement en tribunal del’Histoire. Comme l’avait juste-mentdéclaré le président JacquesChirac, en 2005, et comme l’avaitconfirméunemissionparlemen-taire sur les «loismémorielles»en2008, il ne revientpas au légis-lateur de fixer unevéritéhistori-que, d’en imposerune lectureoffi-cielle et encoremoinsde sanction-ner pénalement ceuxqui lacontesteraient.Denombreuxhis-toriens se sont d’ailleurs insurgéscontre cette judiciarisationdeleur travail.

On l’a déjà dit, ici, la loi censu-réen’était pas denature à soula-ger la douleurdesArméniensquivoient leurpassé tragique ignoble-ment réécrit, contesté ounié,

notammentpar les autorités tur-quesdepuisprès d’un siècle.

Enoutre, elle prenait la causearménienneenotagede combatsélectoraux:Nicolas Sarkozy avaitpeséde tout sonpoids pour queson campapprouve ce geste àl’égardde la communautéarmé-nienneen France, et FrançoisHol-landeavait voté ce texte, pour desraisons similaires. Enfin, elle avaitenvenimé les relationsavec la Tur-quie, dont les autorités ont beaujeu, aujourd’hui, de saluer lecamouflet infligé auxprincipauxresponsables français.

Inutile et inopportune, la loicensuréepeut s’avérer dangereu-se. En conduisant leConseil consti-tutionnel à trancher sur la baseduprincipede la liberté d’expres-sion, elle risquedenourrir, à nou-veau, toutes les velléités et lesoffensivesnégationnistes.p

Page5

Haussede la valeurde l’entrepriseApple en dix ans

+4 700%

CAMPAGNEL’heureest à la surenchère. Leprésidentsortantveutpayer et faire travailler davantage lesprofs,alorsque le candidat PSveut surtaxer les riches.P.5-6

ENQUÊTESon putsch raté pour porter Jean-Louis Borlooà la tête de Veolia a fâché le patron d’EDF avec la gaucheet la droite. Portrait d’unpatron troppolitique.P.17

REPORTAGEAprès plusieurs jours d’émeutes, le préfeta annoncé la baisse du prix de 60produits de grandeconsommation. Les Réunionnais sont dubitatifs.P.11

L eroyaumedeSaTrèsGracieu-se Majesté s’est fait une spé-cialité de brasser du vent. La

plusvaste fermeéoliennedumon-de produit ses 367 mégawatts, aularge de la régionde Cumbria, et legouvernementbritanniqueaplani-fié une croissance exponentiellede cette énergie. Oui, mais la criseest passée par là et le financementde ce plan éolien est menacé. Parunecentainededéputés conserva-teurs,entreautres,quiviennentderéclamer«unebaisse spectaculairedes subventions», que les parle-mentairesassimilentàungaspilla-geenpleinecured’austérité.pLire

page10

Editorial

L’austéritéinquiètel’Europeetpèsesurlaprésidentielle

Impôts,école:le«toujoursplus»deHollandeetSarkozy

HenriProglio,sesamitiéspolitiquesetsesmauvaiscalculs

ALaRéunion, lagalèredesfamillescontrelaviechère

Cemonstredubusinessqu’estdevenuApple

L’ŒILDUMONDELamarqueà lapommesort,débutmars,sonnouvel iPad;dequoidécupler sesprofits, suivantunerecetteéprouvée. Zoomsur leprodigedumarketing,devenuendixans l’entreprisedetous les superlatifs,qui fascineautantqu’elleinquiète.Pages 18-19

WallStreet

Homs:lafuitedesFrançaistourneaufiascotTreize insurgésauraient trouvé lamortlors de l’exfiltration ratée

Ventscontrairessurl’industrieéoliennebritannique

Il y a 150 ansparaissaient Les Misérables

HORS-SÉRIE

UNE VIE, UNE ŒUVRE

Victor HugoL’élu du peuple

150 ans après Les Misérables, l’hommage des politiques

124 PAGES - 7,90 - EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX

Portrait de Victor Hugo par Jean-François Kahn : de quelle manière l’écrivains’est métamorphosé au point de devenir une figure révolutionnaire du XIXe siècle.

Une sélection de textes de l’auteur qui n’oublie ni le poète, ni l’homme de théâtre,ni le romancier, en particulier celui des « Misérables ».

Un entretien avec Jean-Marc Hovasse, auteur de la biographie de référenceconsacrée à Victor Hugo et qui assure la direction éditoriale de ce numéro.

Les textes des candidats à l’élection présidentielle et des responsables politiquesmontrent à quel point les thèmes abordés par Victor Hugo sont en résonanceavec l’actualité.

EN PARTENARIATAVEC

V endredi 2mars, 25 chefs d’Etat et degouvernement européens seront àBruxellespoursignerlenouveautrai-

té de discipline budgétaire européen, misaupointparNicolasSarkozyetAngelaMer-kel.Mais desvoix s’élèvent contre les choixdu tandemfranco-allemandqui feraient la

part trop belle à l’austérité. Douze pays,emmenés par le président du conseil ita-lien,MarioMonti, demandentune réorien-tationen faveurde la croissance.EnFrance,FrançoisHollande et trois autres candidatsaffirment vouloir renégocier les traités.p

Lire pages 2 à 4

UKprice£1,50

M ercredi 29 février au matin, lajournaliste française Edith Bou-vieretsoncompatriotephotogra-

pheWilliamDaniels étaient toujours pié-gésàHoms,danslequartierdeBabaAmro.Après avoir refusé à deux reprises d’êtreévacués par le Croissant-Rouge syrien,auquel les insurgés ne font pas confiancemalgrélesgarantiesduCICR,lesdeuxFran-çais ont tenté, dans la nuit de lundi àmar-di, une sortie en convoi avec l’Arméesyrienne libre. Le groupe a été bombardéenrouteet treize insurgésauraient trouvélamort.CettefuiteratéeversleLibanasus-cité une annonce prématurée de NicolasSarkozyqui,aprèss’êtreréjouidel’évacua-tion, a dûdémentir et s’excuser.pP.7

LaBourse américaineretrouve son niveaud’avant la crise Page 13

LeParlementn’estpasuntribunalde l’Histoire

tLacontestationmonteenEspagneetdans11autrespaystRéférendumen Irlande sur lepactebudgétairetCommentBruxelles voit les candidats français

Edith Bouvier, blessée àHoms. Capture d’écran

d’une vidéo filméepar un téléphone. REUTERS

LeregarddePlantu

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Les indégivrables Xavier Gorce

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0123est édité par la Société éditrice du «Monde» SADurée de la société : 99 ans à compter du 15décembre 2000. Capital social : 94.610.348,70¤. Actionnaire principal : Le Monde Libre (SCS).Rédaction 80, boulevardAuguste-Blanqui, 75707Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00Abonnements par téléphone : deFrance 32-89(0,34¤TTC/min); de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89oupar Internet : www.lemonde.fr/abojournal

Valence (Espagne)Envoyée spéciale

Lesmobilisationscontre les cou-pes budgétaires se multiplientdans la région de Valence, enEspagne. En unmois, les syndi-cats y ont convoqué quatregrandesmanifestations.Lader-

nière, dimanche 26février, a rassemblé,selon leurs estimations, plus de350000participants.

Cesmobilisations dépassent largementle spectre syndical. Elles sont quotidien-nes, spontanées, se déroulent devant lescollèges,lerectorat, leshôpitaux.Mercredi29février, une grève des étudiants et unegrandemanifestationétaientprévues.

Valence, pourtant, n’est pas réputéepour sonactivisme. Elle fait figuredevilledocile.Maisdepuis le 20février, elleest enébullition. La brutale répression d’unemanifestation de quelques dizaines delycéens amis le feu aux poudres. Les cou-pes budgétaires, le chômage à 25,4%, lesaffairesdecorruption, lesdépensessomp-tuaires de la région dans des bâtimentspharaoniquesoudesévénementssportifsont fait le reste.

Depuis plusieurs semaines, la presse sefaisait l’échode lasituationdecertainséta-blissementsscolaires,dumanquedechauf-fage dans des classes, des parentscontraintsdefaireleménagedansuncollè-ge, dumanque d’argent pour les photoco-pies…

Pourpayer ces frais de fonctionnement,les collèges reçoivent normalement tousles quatre mois des fonds du gouverne-mentrégional.Maiscelui-ciest étouffépar

unedettequi représente20%duPIBrégio-nal, la plus élevée d’Espagne, et 3milliardsd’euros de retards de paiement aux four-nisseurs.«Jamaisnousn’avionsconnuunesituationderetardsaussi importantsetsys-tématiques,expliqueleprésidentdel’asso-ciation des directeurs de collège, VicentBaggettoiTorres.Certainscollègesontreçudesavis de coupuresd’électricité.»

Dans ce contexte, une photo de lycéensenveloppésdansdes couverturespendantles cours a été un détonateur. En signe deprotestation, lesélèvesdu lycéeLuisVives,dans le centre deValence, décident de blo-quer tous les jours pendant dix minutesl’une des principales artères de la ville.«Nousvoulions seulementprotestercontreles coupes, raconte Nerea Lopez, 17ans.Nous sommes presque 40 par classe, beau-coupde professeurs sont absents.Mais plu-tôt que de garantir un service minimumdans l’éducationet lasanté, la régionpréfè-re investir dansun circuit de formule1.»

Au cinquième jour, lundi 20février, lapolice charge, distribuant des coups dematraques à des lycéens en pleurs. Bilan:25arrestations et 13blessés. Des journalis-tes témoignentde laviolencede la répres-sion. Les images circulent sur Internet oùl’événement est vite baptisé «printempsvalencien». Le lendemain, des milliers deparents d’élèves sortent dans la rue. Et lesjours suivants, les mobilisations se pour-suivent.

Une semaine plus tard, l’épisode conti-nue d’agiter Valence. «La crispation socia-leesttrèsélevée, soulignelesecrétairegéné-ral de l’Union générale des travailleurs(UGT), Conrado Hernandez. Les coupessont perçues comme une agression contre

le modèle de l’Etat-providence et nosenfants enont été les premières victimes.»

En janvier, le gouvernement régional aannoncé un nouveau plan d’austéritépour économiser unmilliard d’euros. Lesfonctionnaires ont perdu la moitié descompléments de salaires versés normale-mentpar larégion.«Les salairesdesméde-cins ont baissé de près de 600euros, ceuxdes infirmiers et des enseignants jusqu’à300euros», résume le syndicaliste.

A cela s’ajoute l’augmentation desimpôts sur le revenu annoncée parMadrid. Sans parlerdes baissesde salairesquiavaientété imposéespar l’anciengou-vernement socialiste. «Nous avions déjàperdu 8% de salaire enmoyenne en 2010,rappelleM.Baggetto.Toutlepoidsdelacri-se repose sur les fonctionnaires.»

Dans les collèges, l’ambiances’est enco-re tendue: pour la rentrée prochaine, lesenseignants s’attendent à une augmenta-tion du nombre d’heures de cours, quiaboutira de fait à de nouvelles réductionsdu nombre de postes d’intérimaires, déjàréduit de 3000en 2010.

«Nousdemandonsunsacrificeauxfonc-tionnaires», reconnaît levice-présidentdela région, José Ciscar, qui laisse entendreque le gros des mesures d’austérité n’estpas encore venu. Le gouvernement régio-nal entend économiser 430millions d’eu-ros en «rationalisant le secteur de la san-té» et devra dévoiler un nouveau plan«d’encore un milliard d’euros» pour res-pecter l’objectif de déficit de 1,3% du PIBque les régions ont largement dépassé en2011.Auniveaunational, ledéficitadérapéen 2011 pour atteindre 8,5%du PIB au lieudes 6% prévus, suscitant de nouvellesmisesen gardede Bruxelles,mardi.

Auxmesures régionales s’ajoutent cel-les du gouvernement central. La réformedu marché du travail, annoncée fin jan-vier, inquiète particulièrement les syndi-cats car elle ouvre la voie à des licencie-ments plus faciles etmoins chers et à desbaissesgénéraliséesdessalaires.«Lasocié-té valencienne n’est pas disposée à négo-cier l’Etat-providence», avertit le secrétai-re général de l’UGT, qui n’écarte pas l’ap-pel très prochain à une grève générale àValenceet dans toute l’Espagne.

Lesjeunes,eux,continuentlesmobilisa-tions,avec,enarrière-plan,unmalaisepro-fond. «Nous voulons simplement de bon-nes conditions d’apprentissage. Même sion ne sait pas quoi étudier puisqu’il n’y apas de travail, explique Nerea, avant deconclure,désenchantée:nousn’avonspasde futur ici.»p

SandrineMorel

La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritairedes publications et agences de presse n° 0712 C 81975 ISSN0395-2037

PRINTED IN FRANCE

Imprimerie du Monde12, rue Maurice-Gunsbourg,

94852 Ivry cedex

80, bd Auguste-Blanqui,75707 PARIS CEDEX 13Tél : 01-57-28-39-00Fax : 01-57-28-39-26

Président : Louis DreyfusDirectrice générale :Corinne Mrejen

«Labrutalerépressiond’unemanifestationdelycéensamislefeu

auxpoudres»

Descentainesdemilliersdepersonnesontmanifestéà plusieursreprisesàValencecontreles coupesbudgétairesdansles servicespublics. Ici,le 25février.HEINO KALIS/

REUTERS

sREPORTAGE La régiondeValencevit au rythmedes coupesbudgétairesetdesmanifestations. La situationdans l’éducationéchauffe les esprits

EnEspagne, le«printempsvalencien»s’annoncechaudI l n’y aurapas eude longdis-

coursni d’effusions, à peinequelquesapplaudissements

d’adieupour cellesqui ne vontpas rempiler chez le repreneur,LesAteliers duMeygal.Mardi28février, les «filles»de Lejaby àYssingeaux (Haute-Loire) se sontréuniespour leurdernière assem-blée générale en tant que sala-riéesdu fabricantde sous-vête-ments et pourundernier «repasde famille». Aprèsmoult passa-ges dans les journaux télévisés etplusieursvisitesd’hommespoliti-ques, le site a été sauvé.Officielle-ment licenciées le 28février, laplupartd’entre elles vont com-mencerune formation chezunsous-traitantde LVMHdès jeudi1ermars, aprèsune seule journéesymboliquede chômage.

«Une victoire» àn’enpas dou-terpourRaymondVacheron,délé-guédépartementalCGT. Et aussiunebelle histoirede sauvetagecommeseules les campagnespré-sidentiellespeuvent enoffrir.Mais les ouvrières, elles, nesaventpas encore si elles doiventse réjouir tout de suitede garderunemploi ou s’inquiéter desconditionsdans lesquelles cela sedéroulera.«Là, ça va trop vite, onn’apas le tempsde comprendre cequinous arrive», glisse Chantal,48ans «et 32 ans deboîte», enécoutant leur déléguée syndicaleévoquer les pointsposantproblè-medans les contrats de travailqu’ellesont reçus.

Lorsqu’ellesévoquent lemoisde lutte qui les a réunies et qui arassemblé tellementde gensautourd’elles, toutes ont les yeuxqui brillent.Mais elles ont beauavoir été reçuesuneparuneparleurnouveaupatron, aucunenesait réellement enquoi consiste-ra son futur travail ni quand il va

réellementdébuter. L’usine, enco-re vide alors qu’elles doiventyrevenirdès jeudi, leur reste fer-mée. Tout ce qu’elles savent, c’estqu’ellesdébuteront par cinq àneufmois de formation,«peut-être à coudredes doublures desacs oudes poignées», imaginentcertaines sans aucune certitude.

De son côté, VincentRabérin–le repreneurqui se dit persuadéde l’avenirdu site – assure avoirunplande charge, et doncdu tra-vail pour les ouvrières, pendantaumoins trois ans.Deuxmillionsd’eurosd’aides lui ont été offertspour la réindustrialisationdusite et des fondsparitaires paye-ront la formationdes ouvrières.

Retour à la pointeuseA table, les discussionsvont

bon train sur cette fameusedatedu 1ermars. «Jeudi, on fait quoi?Onva travailler ou quoi?»Aprèsl’intensitéde la lutte, le retour àla banalité de la pointeuse sem-ble fairepeur et l’euphoriede l’an-noncede la reprise a laissé la pla-ce àun léger doute. Certainesdes«filles» ne savent pas encore sielles veulent reprendreoupas.Parmielles, il y a celles pourquile licenciementapparaît commeuneoccasionde se lancer«dansautre chose».Mais dans la région,les emplois accessibles aux fem-mes restentpeunombreux.L’uned’elles lève sonverre«àceuxqui veulentnous baiser».

Dany, qui a débuté à l’âgede17ans chez Lejaby, s’interroge:«Pourquoi les politiquesnous ontsauvées, nous, et pas les autres?Ne faudrait-il pas faire des élec-tions tous les ans? Commeça,tout lemondeaurait du tra-vail.»p

AntoninSabot(Yssingeaux, envoyé spécial)

Ledernierrepasdefamilledes«filles»deLejaby

présidentielle 2012

AilleursenEurope, lessyndicatspeinentàmobiliser«TROP, C’EST TROP.» LaConfédérationeuropéennedes syndicats (CES) organiseune journéedemobilisationeuropéennecontre l’austérité,mercredi 29février, à laveille de la signaturedunouveau traitédediscipline budgétaire. Pour la Confédé-ration, le cas de laGrèce est exemplaire:la cure d’austérité imposéeaupays estinsoutenableet bafoue le droit du travail.Reste que lamobilisation risquedepas-ser inaperçuedans la plupart des pays.

LaconcentrationsyndicaleprévueàBruxellessevoulaitplus symboliquequemassive. FrançoisChérèque, le leaderde laCFDT,devait yparticiper.AParis, il laisse laplace libreàBernardThibault, le leaderdelaCGT,quiorganiseunbrefdéfiléBastille-NationavecSolidaires, l’UNSAet laFSU,maissans laCFDT, inquièted’une«mobili-sationàcaractèrepolitiquesur les enjeuxnationaux». L’approchede l’électionprési-dentielleet lesvacances scolairescompro-mettentclairement lamobilisation.

En Italie, les leadersdes troisplus impor-tantesorganisations (CGIL, CISLetUIL) ont

convié leurs adhérentsà se rassemblersurlapetiteplaceduPanthéondans le centrehistoriquedeRome…Pourexpliquercetinsuccèsannoncé, laCGILmetenavant lemanquedeculturesyndicaleunitaire.Pourtant les Italiens sontconfrontésàunecured’austérité sansprécédent.Mais lesoutien inconditionnelduprésidentde laRépublique, l’anciencommunisteGiorgioNapolitano,àMarioMonti empêchepourl’heure les syndicats et la gauche italiennedeproposerune réponseunitaire à larigueur.

Versements records enAllemagneLes syndicatsgrecsont appeléàun

arrêtde travail de troisheures, suivi d’unemanifestationplaceSyntagmaàAthènes.La journéed’action intervient aprèsunvotemardi auParlementqui introduitdenouvellescoupesdans les salaireset lesretraites.Mais l’affluenceestplus impor-tante lorsque les rassemblementssontaussi appeléspard’autres forces, enplusdes syndicats.Cesdernierspâtissentd’une

mauvaise imagedans l’opinionen raisonde leurs liensavec lespartispolitiques.

EnAllemagne, leDGB, la confédérationsyndicaleallemande,devait êtrepartieprenantede façon trèsmodérée.Deux ras-semblementsseulement sontprévus. Ledébutd’année est traditionnellement lapériodeoù se renégocient les conventionscollectiveset les accords salariaux, et lestrèsbons résultats de certaines entrepri-ses industriellesvont entraînerdesverse-ments record au titrede la participation,laissant leurs salariés peusensibles auxdiscours sur l’austérité.

AuRoyaume-Uni, aucunemobilisa-tionn’est prévuedu côté des syndicats.Le TUC, la principale confédération syndi-cale, va juste affréterunmini-buspourrendrevisite auxambassadesde France,d’Allemagneet deGrèce à Londres. L’ab-senced’actionvient enpartie du fait quecepaysn’est pas signatairedunouveautraité et qu’il est donc difficile aux syndi-cats de s’y opposer.p

Service international

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EndaKenny, le premierministre irlandais, etMarioMonti, le président du conseil italien, à Rome, le 24février. ALESSANDRO DI MEO/EPA/MAXPPP

Douzepayscontestentl’austéritéenEuropeEmmenéspar leprésidentduconseil italienMarioMonti, cesgouvernements s’inquiètentde la récessionquimenace

BruxellesBureau européen

N icolas Sarkozy l’a porté àbout de bras, en soutiend’Angela Merkel. François

Hollande promet de le renégociers’il est élu président de la Républi-que. Le pacte budgétaire est sou-mis à la signature de 25 chefsd’Etat et de gouvernement euro-péens, vendredi 2mars, à Bruxel-les – seuls le Royaume-Uni et laRépublique tchèque devraients’abstenir –, mais le débat à sonsujet n’est pas clos pour autant.

Cette signature ouvre la voie àune procédure de ratification quis’annonce délicate, à l’heure où lacrise des dettes souverainesconnaît un répit relatif en margedu sauvetage de la Grèce. Mardi28février,lepremierministreirlan-daisdecentregauche,EndaKenny,a annoncé, contre toute attente,son intention d’organiser un réfé-rendumpourratifier lepacte.

EnFrance,M.Sarkozys’est réso-luànepasprécipiterlaratificationparlementaire avant les électionsprésidentielle et législatives, maisil entend y procéder au plus vites’ilestréélu.Aucontraire,siM.Hol-landel’emporte,denombreuxres-ponsables de gauche ne veulentpas entendre parler d’une ratifica-tion du texte en l’état. Dès le som-met européen de juin, ils espèrentmuscler le volet croissance et gou-vernance économique d’un traitéavant tout conçu pour inscriredanslemarbreladisciplinebudgé-taire chère àMmeMerkel.

La«renégociation»quelecandi-dat socialiste appelle de ses vœuxreçoit un accueil glacial dans lesmilieux européens. « S’il veutouvrir ce chantier, je lui souhaitebonne chance: ce sera impossibletrois mois après la signature»,lâche un dirigeant européen. Her-manVanRompuy, le président duConseil européen, que les chefsd’Etatetdegouvernementdoiventconfirmer pour deux ans et demidans ses fonctions, veut éviter lamise en cause de l’autre traité, surleMécanisme européen de stabili-té (MES), en coursde ratification.

Sous pression pour augmenterla force de frappe de ce fonds desecourspermanent, l’Allemagneainsistépour lierpolitiquementlesdeux textes. D’où l’abstentiondessocialistes français lorsde la ratifi-cationduMESàl’Assembléenatio-

nale, le 21 février, puis au Sénat,mardi.

Sur le fond, l’opposition entreM. Sarkozy et M.Hollande sur lenouveau traité reflète le débat dumoment entre les Vingt-Sept.Après avoir donné la priorité àl’austérité, sous la pression desmarchés, ils doivent discuter de lameilleure façon de soutenir leurséconomies sans creuser davanta-ge les déficits. Les plans d’austéri-té, en vigueur un peu partout surle continent, sont de plus en pluscontestés par les syndicats et par

les opinions publiques, sur fondde montée du chômage dans lespays les plus fragiles. Ils risquentde surcroît, de l’avis de nombreuxdirigeants, d’aggraver la récessionqui menace. «En ce moment, oninsiste trop sur les pénalités finan-cières et les paquets d’austérité», ajugé le socialiste Martin Schulz,présidentduParlementeuropéen,lors d’unevisite àAthènes,mardi.

Lesmises en garde en ce sens sesont multipliées. Douze pays,dont l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uniet la Pologne,

demandentde réorienter la politi-que économique défendue par letandemMerkel-Sarkozy. «La criseà laquellenousfaisons faceestaus-si une crise de croissance», ont-ilsfait valoir dans un courrier rédigéàl’initiativedeMarioMonti,prési-dentduconseil italien.Lessocialis-tes français y voient la preuve queleurs demandes procèdent d’unsouci qui s’impose à tous. Mais,dans l’esprit des douze signatairesde cette lettre, le remèdepassepardavantagedelibéralisations,parlaréforme du marché du travaildans chacun des Etats et par uneplusgrandeouverturecommercia-leducontinent.Cenesontpasvrai-ment les solutions préconiséespar la gauche française!

La récession qui menace lesVingt-Sept inquiète de surcroîtleurs partenaires internationaux.Pascal Lamy, directeur général del’Organisation mondiale du com-merce, devait appeler lui aussi,mercredi, à la mise en place d’un«plan de croissance commun» enEurope. «Le nouveau traité lui-même, avec ses règles strictes pour

les politiquesbudgétairesnationa-les, va susciter une demande enfaveur d’unbudget européenéten-du», devait-il expliquer à Bruxel-les. Pour M.Lamy, membre du PSfrançais, ce plan devrait compor-ter trois axes : investir dans desinfrastructures communes, pro-mouvoir la recherche ou l’éduca-tion, aider les Etats européens àadapter leurs outils productifs,leurs systèmes de sécurité socialeet leursmarchésdu travail.

A plus court terme, l’enjeu estaussi–etpeut-êtresurtout–depré-

ciser les modalités d’applicationdupactede stabilité et de croissan-ce, telquerenforcédepuisl’autom-ne.L’Espagnedemandeàrevoirà labaisse les objectifs qui lui sontfixés, demande repoussée d’unrevers demain par la Commissionet laBanquecentraleeuropéennes.

Avecunsouciquirisquedecom-pliquer ledébutdemandatdupro-chain président français: protégerla crédibilité du dispositif de sur-veillancecollectivequiémergepeuàpeude la crisede la zoneeuro.p

PhilippeRicard

LesIrlandaisserontconsultésparréférendumsurletraité

L’oppositionentreM.Sarkozy

etM.HollandesurlenouveautraitéreflèteledébatdumomententrelesVingt-Sept

LeParlement a définitivementadopté,mardi 28février, lesdeux projets de loi autorisant lacréation duMécanisme euro-péende stabilité (MES). LeSénat a approuvé la ratificationdu traité instituant leMESpar169voix contre 35. L’UMPetl’Union centriste et républicaineont voté pour. Le groupe commu-niste républicain et citoyen et lamajorité du groupe écologiste

ont voté contre. Le groupe socia-liste et le Rassemblement démo-cratique et social européen(RDSE) se sont abstenus. Quel-ques voix se sont cependant dis-persées. Trois sénateurs socia-listes (Jean-PierreGodefroy,Marie-Noëlle Lienemann etDaniel Percheron) et trois RDSE,dont Jean-Pierre Chevènement,ont voté contre, tandis que deuxécologistes ont voté pour.

AParis, le Parlement ratifie leMécanismede stabilité

LondresCorrespondance

EndaKennyaurapris tout lemon-depar surprise. Lepremierminis-tre irlandaisa annoncé,mardi28février, auParlement,qu’il orga-niseraunréférendumpour rati-fier le traitéque lesdirigeantseuro-péensdoivent signervendredi 2mars.Cette consultationauraitlieuenmaiouen juin, et son résul-tatparaît actuellement très incer-tain.Un sondage réaliséen janvierindiquait40%de«oui», 36%de«non»et 24%d’indécis.

Lenouveaupacte budgétairepeut certes entrer en vigueurdèslors que 12 des 17 Etats de la zoneeuro l’auront ratifié. Toutefois, lapossibilitéd’unvotenégatif repré-senteunemenacepour l’Unionmonétaire, car un tel vote risquedepriver l’Irlande, sous assistancedepuisnovembre2010, de l’éven-tuel soutienduMécanismeeuro-

péende stabilité (MES). L’Allema-gnea eneffet conditionné toutenouvelle aide à la ratificationdupacte budgétaire.

Les 4,5millionsd’Irlandais tien-nent ainsi, une fois de plus, le sortde l’Europe entre leursmains. LaConstitutiondupays obligeantles changementsde traité euro-péenà être soumis au vote, lesIrlandais ont été consultés sur letraitédeNice en 2001 et sur celuide Lisbonne en 2008. A chaquefois, ils ont voté «non». Il aura fal-lu ensuite des renégociations– etdes clauses d’exception–pourqu’ils approuvent finalement letexte, sans enthousiasme.

Cette fois-ci, il avait semblé ini-tialementque lemême scénariopouvait être évité. Technique-ment, le texte qui sera signé ven-dredi n’est pas un traité euro-péen, puisquedeuxpays en sontdéjà exclus: le Royaume-Uniet laRépublique tchèque. Lesnégocia-

tions se fonthors du cadre juridi-que européen. Pourtant, aprèsavoir demandé conseil à songar-dedes sceaux,M.Kenny a jugéque la Constitutionne lui laissaitpas le choix. «Les Irlandais serontinvités à autoriser, par référen-dum, le traité européende stabili-té», a-t-il expliqué.

Sept budgets de rigueurLepremierministre appelle

bien entenduàvoter «oui». «Jecrois fortement que c’est dans l’in-térêt national de l’Irlande.» Il sou-ligneque le pays a réussi à stabili-ser son économiedepuis le plande sauvetage de la fin 2010, lacroissance, très légère, étant aurendez-vous, en 2011, pour la pre-mière fois enquatre ans. Selonlui, rejeter ce textemettrait cetteaméliorationendanger.

Deplus,mêmesiM.Kennyneledit pas, l’Irlande,paradoxale-ment, appliquedéjà lenouveau

traité, quimet lesbudgetsnatio-nauxsous surveillancedesautresEtats.A l’automne, leprojetdebud-getdupaysavait fuitédans lapres-se enAllemagneoùunecommis-sionduBundestag l’examinait.

Ces arguments économiquespourraient cependantnepaspeser lourd face à la colère gran-dissantedes Irlandais contre l’aus-térité. Le pays a connusept bud-gets de rigueur en trois ans, et deplus enplus d’habitants estimentque l’Europene fait qu’aggraverles choses, en imposantdesmesu-res encoreplus duresque cellesvouluespar le Fondsmonétaireinternational (FMI).

«Cela va être un référendumsur l’austérité», estimeElaineByr-ne, politologueà l’universitéTrini-ty College.Or, le soutien au SinnFein, le parti le plusopposé à larigueur, atteint actuellement25%, un sommethistorique.p

EricAlbert

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Page 4: Journal le monde du 1 mars 2012

N ’écoutezpas laBanquecentrale européenne, regardezcequ’elle fait, dit-onparfois. L’institutiondeFrancfort est élèvedes jésuites: inflexible sur ladoctrine, casuiste lorsqu’il s’agit

d’éviter lepire. C’est cette tâchequ’elleaccomplitdepuis ledébutdela crise en2007: endépitd’undiscoursorthodoxe, ellenecessedesauver l’Europede la faillite, inondant les banquesde liquidités.

Ne négligeons pas la doctrine pour autant. Alors que s’engageun débat sur le bien-fondé de la rigueur en Europe, il convientd’écouter son président. L’ItalienMario Draghi rappelle quelquesévidences sur l’Europe: «Les impôts sont élevés, et les dépensesdes gouvernements sont concentrées sur des dépenses courantes.»En langage clair, l’Etat dépense trop etmal. Selon Eurostat, le tauxde dépenses publiques en France atteignait 56% duPIB en 2010contre 46% en Allemagne.

M.Draghi appelle à distinguer lamauvaisedépensede la bonne.«Lamauvaise consolidation [budgétaire] est la plus facile à réaliser,parce qu’onpeut afficher de bons chiffres enaugmentant les impôtset en réduisant les investissements, ce qui est beaucoupplus facilequede réduire les dépenses courantes», dit-il, avant de trancher:«Cela réduit le potentiel de croissance.»

Bref, orthodoxiebudgétaire et croissancevont depair.MaispourquoiM.Draghi a-t-il donné sa leçonauWall Street Journalet pas au «20heures»de TF1? p

H uit heures. C’est le tempsque devait passer FrançoisHollande à Londres, mer-

credi29février.Moinsque laveilleau Salon de l’agriculture de la por-tedeVersailles.Maisassezpourfai-re une conférence au prestigieuxKing’s College, saluer les Françaisinstallés dans la capitale britanni-que, et surtout rencontrer EdMili-band, chef du Parti travailliste et àce titre leader de l’opposition augouvernement conservateur deDavidCameron.

Accompagné notamment dedeux anciens ministres des affai-res européennes, Pierre Moscovi-ci, son directeur de campagne, etElisabeth Guigou, chargée desquestions institutionnelles euro-péennes dans son équipe, Fran-çois Hollande devrait trouver enEd Miliband un interlocuteurattentif.

S’il s’est quelque peu assagidepuis qu’il a pris la direction duParti travailliste, en 2010, «Ed lerouge», comme le surnommaitnaguère la presse britannique, n’apas hésité à se démarquer duNewLabour de Tony Blair. Son «droitd’inventaire» assumé à l’égard dela«troisièmevoie»blairiste, jugéetrop centriste et trop oublieusedes catégories populaires, faitéchoaupositionnementdeM.Hol-lande,quientendluiaussirenouerles liens entre le PS et les classeslaborieuses.

Avec M.Miliband, le candidatsocialiste à l’élection présidentiel-le ne partage pas que cela. Enfévrier2011, le chefde l’oppositiontravailliste a prononcé l’un de sesdiscours les plus importants sur lethème de la «promesse britanni-que».M.Hollande,qui assurevou-loir faire de la jeunesse la prioritéde ses priorités, a des centaines defois prononcé les mêmes motsque M.Miliband ce jour-là: «C’estpour nous une mission nationalede faire en sorte que la générationsuivante vive mieux que la précé-dente.»

D’accord sur le diagnostic, d’ac-cord sur la priorité, les deux hom-mes ont néanmoins des divergen-ces. Elles portent notamment surla régulation de la finance. Fran-çois Hollande est favorable à l’ins-tauration d’une taxe sur les tran-sactions financières à l’échelleeuropéenne. Ed Miliband, lui, estd’accord sur le principed’une telletaxe, mais à condition qu’elle soitmondiale.«Les travaillistesbritan-niques sont travaillistes mais ils

sont d’abord britanniques. Tout cequi peut affaiblir la City par rap-port à Wall Street les inquiète»,commente un proche de M.Hol-lande.

Selon le quotidien britanniqueThe Guardian, qui cite l’entoura-ge de M.Miliband, celui-ci nedevrait pas non plus approuverl’idée d’élever à 75% le taux d’im-position des très hauts revenus,proposéelundisoirparM.Hollan-de sur TF1.

Après Madrid, en octobre2011,puis Rome, Bruxelles et Berlin, endécembre, Londres est la cinquiè-me capitale européenne visitéeparM.Hollande depuis sa victoireàlaprimairesocialiste.D’iciaupre-mier tour de l’élection présiden-tielle, le 22avril, le candidat socia-liste se rendra à Varsovie, le9mars, où il sera notamment reçupar le premier ministre, DonaldTusk. Une semaine après la signa-turedutraitérenforçantladiscipli-ne budgétaire au sein de l’Unioneuropéenne, les deux hommesauront tout loisir de ferraillercontrecetraitéauquelilssonttousdeux fortementopposés.

M. Hollande, qui a annulé«pour des raisons de calendrier»un déplacement à Copenhague etd’autres déplacements hors d’Eu-rope qu’il préfère déléguer à seslieutenants, pourrait se rendre ànouveau à Bruxelles d’ici au pre-mier tour. C’est à Paris, le 17mars,probablement au Cirque d’hiver,qu’ildevraitpréciser le contenudeson «pacte européen de responsa-bilité, de croissance et de gouver-nance»dontlesgrandeslignesontété exposées le 5décembre 2011lors du congrèsdu SPDàBerlin.

Ce discours, annoncé parM. Moscovici comme « unmoment particulièrement impor-tantde lacampagne», concluraunséminaire de deux jours auquelparticiperont plusieurs figures oudirigeants sociaux-démocrateseuropéens,commel’ItalienMassi-mo D’Alema ou l’Allemand Sig-marGabriel. p

ThomasWieder

sLEBILLETparArnaud Leparmentier

MarioDraghi, le jésuite

présidentielle 2012

Nicolas Sarkozy avec le premierministre belge, Elio Di Rupo, qui soutient François Hollande. E . FEFERBERG/AFP

LecandidatPSrendvisiteàsonalteregobritanniqueM.Hollandese rendraàVarsoviedébutmarsetpourrait retourneràBruxellesd’ici au22avril

Le17mars,M.Hollandedevraitpréciser

son«pacteeuropéenderesponsabilité,decroissanceetdegouvernance»

Bruxelles,Bureau européen

L e premier s’est dépensé sanscompter pour assurer « leretour de la France en Euro-

pe», le second est un nouveauvenu, attendu au tournant par lesEuropéens. Le duel entre NicolasSarkozy et François Hollandeinterpelle lesdirigeantsdesVingt-Sept,même si rares sont ceuxqui,àl’instardelachancelièrealleman-de, Angela Merkel, ont pris claire-ment parti pour le président sor-tant, ou choisi, comme le socialis-te belge Elio Di Rupo, de soutenirson challenger.

Nicolas Sarkozy a su surfer surlescrisesàrépétitionsubiesparlesVingt-Septpourasseoirsonautori-té dès la présidence française del’Union européenne, au secondsemestre 2008. Crise financière,médiation entre la Géorgie et laRussie, sa réactivité lui a permisd’imprimer samarque, avant quele séisme qui ébranle depuis plusde deux ans la zone euro nemettecommejamaisà l’épreuvel’impro-bable tandem qu’il constitue avecla chancelière allemande. Le cou-ple franco-allemand – la Merko-zy– s’est alors imposé comme levéritable pilote de l’Union euro-péenne,endépitdestensionsmul-tiples suscitées entre Paris et Ber-lin par le sauvetage des maillonsfaibles de l’union budgétaire, et lereformatagede cette dernière.

Chef de file des pays du Sud,Nicolas Sarkozy a pu pousser desidéesqui lui tenaientà cœur, com-me le gouvernement économi-que, mais c’est Angela Merkel quien a déterminé la substance, enexportant sa «culture de stabili-té». Dans la foulée, M.Sarkozy acherché à limiter les transferts desouveraineté, pour placer au cen-tredu jeu les sommetsdes 17chefsd’Etat et de gouvernement de lazoneeuro, tandis que la chanceliè-re prône désormais une véritable«Union politique», de type fédé-ral, pour surmonter la crise.

Le style peu diplomatique et lesméthodes très intergouvernemen-tales deNicolas Sarkozyont cepen-

dant dérouté une bonne partie deses homologues européens.«Quand nous nous appelons autéléphone, nous nous racontonsd’abord lesméchancetésqueSarko-zy a pu dire dans notre dos »,confiait, fin 2011, un habitué duConseil européen.

Plus fondamental, M.Sarkozya, selonsesdétracteurs, beaucoupfait pour transformer le fonction-nement des Vingt-Sept, en don-

nant le premier rôle aux Etats,quitte à marginaliser les institu-tions européennes, la Commis-sion comme le Parlement.

Il amultiplié les passes d’armesplus oumoins discrètes avec Jean-Claude Trichet, l’ancien présidentde la Banque centrale européenne,dontlerôledanslacrisedesdettesapourtantétédéterminant.

En cas de passage de relais àl’Elysée, l’attitudedeFrançoisHol-lande, peu connu sur la scèneeuropéenne, est jugéemoins pré-visible. «Personne ne sait vrai-ment ce qu’il a en tête, même si salointaine filiation avec JacquesDelors est plutôt encourageante»,dit un haut responsable bruxel-lois. Ce dernier espère que lessocialistes français ont bel et biensurmonté les divisions apparuesen2005, lorsduréférendumnéga-tif contre la Constitution. Sansêtre vraiment rassuré à ce stadepar leurabstentionlorsde laratifi-cationduMécanismeeuropéendestabilité, le fonds de secours per-manent mis en place contre lavolonté initiale de l’Allemagnepoursoutenirlespaysdanslecolli-mateurdesmarchés.

Les premières prises de posi-tionducandidatsocialistesurl’Eu-ropenelaissentpasnonplusindif-férents. Son intention de renégo-cier le pacte budgétaire pouradjoindre au volet «budgétaire»unvoletplusorientésur lesoutienà la croissancepassemal. Selonun

dirigeant européen, elle tiendraitmême du «vœu pieux», alors quele nouveau traité doit être signévendredi 2mars, et sera donc enphasede ratification.

«Nous ne sommes certaine-ment pas en faveur d’une renégo-ciation», a estimé Jan Kees deJager, le très orthodoxe ministrenéerlandais des finances, un desalliés de l’Allemagne dans la ges-tionde lacrisedesdettessouverai-nes. «En revanche, si M.Hollandeveut mener davantage de réfor-mes, alors nous serons à ses côtés,qu’il s’agissedela libéralisationdesservicesoudesréformesdumarchédu travail», a-t-il ajouté.

«Le paradoxe est queM.Hollan-de entend donner des gages de sonsérieux budgétaire, mais il s’enprend à l’instrument qui est juste-mentcensédonnerducorpsàladis-cipline collectivemise en place parlescapitaleseuropéennes»,consta-te pour sa part Yves Bertoncini, lesecrétaire général de la fondationNotre Europe, créée par JacquesDelors. p

PhilippeRicard

LematchSarkozy-HollandeestsuivideprèsdanslescapitaleseuropéennesVuspar lespartenairesde laFrancedans l’UE,NicolasSarkozyagace, FrançoisHollande intrigue

FrançoisBayrouMoDemFrançoisBayroune remeten cau-seni le traitéeuropéenni leméca-nismeeuropéende stabilité(MES).En revanche, le candidat centristeestimequecesmesures sont timo-réesou trop tardives, etnepren-nentpas assez encompte lanéces-sitéde croissance.«Imaginer quel’onpuisse renégocier le traité, c’estimpossible, juge sadirectricedecampagne,Mariellede Sarnez,mêmesi ce traité est loind’être l’al-phaet l’omégade la politiqueeuro-péenne.»AuMoDem,onmilitepour la créationd’obligationseuropéennes (eurobonds) etpourunrôle accrude laBanque centra-le européenne,prêteur endernierrecours.M.Bayrouestimequ’ilfaut renforcer la gouvernancedela zoneeuro. Concernant leMES,Mmede Sarnez fait ce constat: «S’ilétait arrivéplus tôt, celaaurait étémieux. Tout celan’est pas très biengérédepuisdeuxans et demi.»p

Pierre Jaxel-Truer

Traitéeuropéen,MES…Cequ’enpensentlesautrescandidats

Leduel interpelle lesdirigeantseuropéens,mêmesiraressont

ceuxquiontprisparti

Jean-LucMélenchonFront degaucheIl l’adit et redit: Jean-LucMélen-chonest opposéauMécanismeeuropéende stabilité (MES), toutcommeautraité sur la stabilité, lacoordinationet la gouvernancedans l’unionéconomiqueetmoné-taire (TSCG).Deuxtextesqui, selonlui,portentatteinteà la souverai-netéde la Franceetqui constituentun«coupde force contre ladémo-cratie». Le candidatduFrontdegauche,quiveut s’imposeren lea-derdu«non»à l’Europede l’austé-rité, a appelé les socialistesàvotercontre leMESà l’Assembléenatio-nale commeauSénat.«Aucunepolitiquedegauchen’estpossibledans le cadrede ces traités», a-t-ildénoncédansLibération le 20jan-vier. Celuiqui avaitvoté«non»auréférendumsur le traité constitu-tionneleuropéenen2005souhai-teque lesFrançais soientencoreconsultéssur leTSCG.Unesolu-tionrejetéepar l’UMPet le PS.p

RaphaëlleBesseDesmoulières

Eva JolyEuropeEcologie-LesVertsAutant le traité européen,perçucommeuncorsetbudgétairemenantà la récession, fait l’objetd’unecondamnationunanimechez les écologistes, autant leMESsuscitedes fractures. Leparti et sacandidateEva Jolyontprisposi-tioncontre cemécanisme, s’atti-rant, en retour,une tribune très cri-tiquedeDanielCohn-Bendit,del’économisteAlainLipietz etdudéputéeuropéenJean-PaulBessetappelant, eux, à le soutenir.Dansune-mail à sesamis,M.Cohn-Ben-dit s’est dit«consterné»parEELV,leMESpermettant, à sesyeux,«d’aider concrètementdespaysdelazoneeuroquinepeuventplusemprunter». Cette fractureseretrouveauSénat, oùLeilaAïchi etAndréGattolinont soutenuleMEScontre leurprésidentdegroupeJean-VincentPlacé. Etdans l’entou-ragedeMme Joly, lâchéepar ledépu-té européenPascalCanfin.p

Anne-SophieMercier

MarineLePenFront nationalSans surprise,Marine LePencondamnedansunmêmemouve-ment les deuxdispositifs euro-péensqui, estime-t-elle, devraientêtre soumis à référendum.La can-didate du FN, qui veut prendre latête de l’oppositionà «l’EuropedeBruxelles», estimeque leMécanis-meeuropéende stabilité (MES) estla «mise en place d’un FMI euro-péen», lequel placerait la zoneeuro sous «ladictaturede la finan-ce». «C’est l’austéritéà vie, c’est laprisondes peuples», ajoute-t-elle.Quant au traité européen,Mme LePen jugequ’il «retirera à laFrance sa souverainetébudgétaireet condamneranos nationsà l’aus-térité permanente». PourMm LePen, «avec cet accord, l’équilibredes finances publiquesn’est plusunmoyenpour la croissance,maisune fin en soi, pour sauver l’euro».«Si je suis élue, je reviendrai sur cetaccord», promet-elle. p

AbelMestre

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L e Conseil constitutionnelajugé contraire à la Constitu-tion, mardi 28 février, la loi

visant à réprimer la contestationdes génocides reconnus par la loi,dont, en premier lieu, le génocidearméniende 1915. Ce texte, adoptéparleParlementle23 janvier,avaitété à l’origine de vives tensionsentre la France et la Turquie.

Ilavaitdonnélieu, lorsdesadis-cussion à l’Assemblée nationale,puis au Sénat, à des manifesta-tions rivales d’organisations tur-ques et arméniennes. Deuxrecours, signés par 77sénateurs et65députés de toutes sensibilités,avaient été déposés.

Dans sa décision, le Conseilconsidère que la loi du 29janvier2001 reconnaissant le génocidearménienn’apasdeportéenorma-tive. Il l’assimile en quelque sorteàune résolution. Partant de là, ilestime que, « en réprimant lacontestation de l’existence et de laqualification juridique de crimesqu’il aurait lui-même reconnus etqualifiés comme tels, le législateuraportéuneatteinteinconstitution-nelle à l’exercice de la liberté d’ex-pressionet de communication».

Nicolas Sarkozy, qui avait affir-mé sa volonté de légiférer pourpénaliser la négation du génocidearménienetappuyécetteproposi-tion de loi, «a pris acte de la déci-sionrenduepar le Conseil constitu-tionnel». « Il mesure, indique uncommuniquédel’Elysée, l’immen-sedéceptionet laprofondetristessede ceux qui avaient accueilli avecreconnaissance et espoir l’adop-

tion de cette loi.» Le chef de l’Etataaussitôtchargé legouvernementde préparer un nouveau texte.Celui-ci n’a cependant guère dechancesd’aboutiravant la suspen-sion des travaux parlementaires,prévue àpartir du 7mars.

Ankara se réjouitDe son côté, François Hollande,

qui s’était aussi prononcé enfaveur de la pénalisation de lanégation du génocide arménien,s’est engagé, s’il est présidentde laRépublique, à «reprendre ce sujetdansl’apaisement,danslaconcilia-tion et, en même temps, dans lavolonté d’aboutir». « Je veux direici toute ma solidarité aux Armé-niens de France parce que je sais cequ’ils attendaient, a-t-il déclaré. JeveuxdireaussiauxTurcsdeFrancequi s’étaient mobilisés, qu’ilsavaient finalement tort d’imagi-ner que c’était contre eux.»

Les autorités turques ontaccueilli cette censure commeunevictoire couronnant «une luttemenée avec sang-froid et détermi-nation». «Nous félicitons lesmem-bres du Conseil constitutionnel.C’est un refus de la politisation del’histoire», a réagi le ministre desaffairesétrangères,AhmetDavuto-glu. «Cette décision évite une trèsgrave crise entre la France et la Tur-quie», a commenté le vice-premierministre, Bülent Arinç. La presseturque se délectait, mercredimatin,de«lagifleconstitutionnelleàSarkozy».p

PatrickRoger (avecGuillaumePerrierà Istanbul)

MontpellierEnvoyé spécial

C emardi28févrierdevaitêtrela journée où Nicolas Sarko-zy allait imposer son thème

de la semaine, l’éducation. Et puis,il y a eu ce coup de Jarnac, lundisoir : la proposition de FrançoisHollande de taxer les plus hautsrevenusàhauteurde 75%.

Dèslepetit-déjeunerdelamajo-rité, mardi, M. Sarkozy dénonceune «improvisation dangereuse»ducandidatsocialiste.Mais c’est ladroite, totalement prise de court,quidoit improviser.CarM.Hollan-fait, à gauche, un coup gagnantsimilaire à celui jouéparM.Sarko-zy en 2007, lorsqu’il avait proposéun ministère de l’immigration et

de l’identité nationale et parve-nant ainsi à dominer le débat.

AMontpellier,alorsque leprési-dent-candidatdébutesavisitedansun internatd’excellence, c’est… surla taxe à 75% qu’il est interrogé. Ilglisse trois mots, mais insiste : ilveut parler éducation. Il s’éternisedans sa visite, refuse unmatch deping-pong proposé par des élèves.Et fait une bourde: il confirmequela journaliste française blesséeEdith Bouvier a été exfiltrée deSyrie. L’affirmation est erronée, etM.Sarkozy doit fairemarche arriè-re. « Je me suis montré imprécis, jem’en excuse auprès de vous», dit-ilaux journalistes.

Puisvientunetroisièmedécon-venue, la censure par le Conseilconstitutionnel de la loi pénali-

sant lesgénocides,adoptéedans laprécipitationpours’attirerlesbon-nes grâces de la communautéarménienne.Volontariste, l’Elyséeindiquequelechefdel'Etatdeman-de au gouvernement de préparerunnouveau texte.

RecyclageEnfin,legranddiscourssurl’édu-

cation peut débuter. Le secrétairegénéral de l’UMP, Jean-FrançoisCopé a chauffé la salle, qualifiantM.Hollande de «Monsieur 75%».Arrivelecandidat,dansunemerdedrapeaux tricolores. Il commencepar jouer lesparentscontre lespro-fesseurs. « L’école appartientd’abordàtouteslesfamillesdeFran-cequiluiconfientleurenfant»,assè-ne M.Sarkozy, qui dénonce «ceux

qui ne voient l’école qu’à travers leprismeducorporatisme». Il recycleses idées de 2007 sur l’autorité etfinitparquelquesannonces.

Le candidat propose aux ensei-gnants de travailler plus pourgagner plus. C’est déjà le cas, puis-qu’ils sont de grands consomma-teurs d’heures supplémentairesdéfiscalisées. Au lieu de donner18heures de cours par semaine,M.Sarkozy les invite à assurer26heures de présence au collège,payées 25% de plus. « Près de500eurosparmois»,préciselepré-sident. Sur la base duvolontariat.

Vientensuitelacritiqueducollè-ge unique, accusé d’avoir aggravéles inégalités.«Nousdevonspasserde l’école pour tous à l’école pourchacun», estime M.Sarkozy. Pourles élèvesde sixièmeetde cinquiè-me, il propose d’avoir moins deprofesseurs, mais polyvalents, etde regrouper l’enseignement desdisciplines littéraires d’une part,scientifiques de l’autre. À partir delaquatrième, les élèvespourraientchoisir un début d’orientation. Lediscours s’achève sur une critiquedubaccalauréat.

M.Sarkozy n’a pas prononcé lepassagedesondiscoursoùilgèle laréductiondespostesenmaternelleet primaire. Mais l’écrit fait foi, etl’Elysée fait savoir que l’engage-mentvaut.Pourconclure,M.Sarko-zy reprend la suppliquedugénéraldeGaulle lors duputschd’Alger de1961 : «Françaises, Français, j’aibesoindevous.Aidez-moi!»p

ArnaudLeparmentier

Desprofsmieuxpayésouplusnombreux?

LaloisurlesgénocidesestcontraireàlaConstitutionLechefde l’Etatannonceunnouveautexte,lecandidatsocialistepromet«l’apaisement»

NicolasSarkozyproposederémunérerlaprésencedesenseignantsàl’écoleLeprésident-candidat aconnuune journéedifficile sous lapressiondesonadversaire socialiste

DEVENIRun «flexi-prof» et aug-menter son salaire de 25%, ou res-ter un professeur classique dontlemétier est défini par le nombred’heures de cours à assurer? Lechoix sera entre lesmains de cha-que enseignant si le candidatSarkozy reste à l’Elysée aprèsmai2012.

Depuis 2007, le chef de l’Etatconstruit pas à pas son école. Leconseillerd’EtatMarcel Pochardavait dès 2008esquissé ce «flexi-prof» dansun rapport que luiavait commandéXavierDarcos,alorsministre de l’éducation.

Mais le sujet n’était pas politique-mentmûr, et le travail est restédans les tiroirs.

L’enseignant«nouveau» assu-rera ses cours,mais devra aussirépondre auxmissionsdiversesque son chef d’établissementesti-mera être nécessairespour faireréussir les élèvesqu’il reçoit et ren-dre son collège ou son lycée per-formant.Au total, il sera astreint à26heures deprésence,mais cha-que enseignantpourra se voirconfier des tachesdifférentes, enfonctiondes besoins locaux. Cemodèle va avecune forte autono-

miedes établissements– portéepar le candidat Sarkozy – et unchoixdes enseignantspar le«patron»du lieu qu’est le provi-seur ou le principal.

Nombred’enseignants étaientdéjà présentsdans les établisse-ments par-delà leur tempsdecours. La proposition les réconci-liera-t-elle avecun candidatqueseuls 12,5%d’entre euxavaientl’intentionde choisir aupremiertour, selon le sondage réalisé parl’IFOP? Préfèrent-ils être 60000deplus ou êtremieuxpayés?p

MarylineBaumard

50123Jeudi 1er mars 2012

Page 6: Journal le monde du 1 mars 2012

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Lesmilitants de la cause[homosexuelle], parcooptation, prolifèrent

dansnos rangs»ChristianVanneste, députéUMP duNord, dans une lettre adresséeau président du groupeUMP à l’Assemblée nationale, Christian Jacob.

Violence

AudreyPulvaretArnaudMontebourgagressésàParisLa journalistede France TélévisionsAudreyPulvar et son compagnon,le député (PS, Saône-et-Loire)ArnaudMontebourg, ont été pris à partie,mardi 28février, vers 22heures, boulevardMurat, dans le 16earrondisse-mentde Paris, parune quinzained’individusqui scandaientdesmotsd’ordre en faveur de Jean-Marie LePen. Des injures racistesont été pro-férées et deuxverres ont été jetés dans leurdirection, sans les atteindre.«On sortait du resto, ils étaient devant unbar», a raconté la journaliste,qui fait aussi état de cris, comme« juden, juden, juden» (« juifs») ouencore« la France aux Français» et autres «LePenprésident». «Je n’aipas été blessée», a indiquéMmePulvar.Dans la soirée, la journaliste etArnaudMontebourgont déposéplainte au commissariatdu 16earron-dissementoù ils ont étépris en chargeparune équipede la brigadeanti-criminalité (BAC)denuit, avec laquelle ils ont effectuéun tour duquar-tier pour tenter de retrouver la bande. En vain. Interrogée sur Europe1,mercredimatin,Marine LePen a condamnécette agression tout enjetantune suspicion sur «les accusations très graves deMme Pulvar».«S’il suffit d’aller agresser quelqu’un en criant “Le Pen président”pourque je sois responsable, l’Etat de droit s’est dégradé (…). Vous ne pouvezpas, avantmêmeune enquête depolice, dire qu’il s’agit demembres duFN», a déclaré la candidatedu Frontnational.p YvesBordenave

CommentFrançoisHollandeapréparésasurprisesurl’impositiondesplusrichesLeprinciped’unenouvelle trancheaétéactée lorsd’une«réunionstratégique» le25 février

s LAQUESTION

Quel impactpourun impôtà75%?

présidentielle 2012

I ls y réfléchissaient depuis plu-sieurs jours.Depuisque le cabi-net Proxinvest, le 14 février,

aestiméà34% lahaussedes rému-nérations moyennes des patronsdu CAC40, François Hollande etsonpremiercercleplanchaientsurunemesure symboliquement for-te, frappant à la fois les plus hautssalaires et les esprits. «On s’est ditqu’onn’allaitpas laisserpasserça»,indiqueStéphaneLeFoll,responsa-ble de l’organisation de la campa-gnedu candidat socialiste.

Le principe politique étaitacquis, restait le débat technique.Plafonnement des rémunérationsou mesure fiscale particulière surles très hauts revenus? La premiè-re option ayant été abandonnée,

c’est la seconde qui s’est progressi-vement imposée, samedi, lorsd’une « réunion stratégique»regroupant autour deM.Hollandelestroishommesfortsdesacampa-gne : Pierre Moscovici, ManuelValls et Stéphane Le Foll. Puis défi-nitivement, lundi 27février, dansl’après-midi, quelques heuresavant lepassageducandidat socia-liste à l’émissiondeTF1.

C’est pourquoi beaucoup, dansl’équipe, ont été cueillis par surpri-separ l’annoncedeM.Hollande,dela création d’une nouvelle tranched’impôt pour les rémunérationsdépassant le million d’eurosannuel. A commencer par JérômeCahuzac, le responsabledupôle fis-calité dans le staff. «Je ne sais trop

que vous dire», admettait le prési-dentdelacommissiondesfinancesde l’Assemblée, pris au dépourvuquelques instants plus tard surFrance2.«Maintenant,ilestaucou-rant», a évacuéM.Hollande,mardi28février, enmarge de sa visite auSalon de l’agriculture. «Il est nor-mal que je prenne un certain nom-bred’initiatives.Jesuislecandidat.»

Faire acte d’autoritéL’objectif stratégiquedeM.Hol-

lande qui, depuis l’entrée en cam-pagneduchefde l’Etat, sembledis-posé à proposer quelques surpri-sesprogrammatiqueset à innoverpar rapport au socle de proposi-tions contenu dans son projet, estbiende faire acte d’autorité.

Face aux Français les plus aisés,d’abord : « Je voulais dire qu’il yavait là une façonde faire qui n’estplus acceptable. Un dirigeant nepeutgagner enunan cequ’un smi-card mettra 100 ans à gagner»,explique M.Hollande, qui branditl’argument de l’intérêt général :«C’est un signal qui est envoyé, unmessage de cohésion sociale (…)C’est du patriotisme d’accepter depayer un impôt supplémentairepour redresser le pays.»

Face à Nicolas Sarkozy, ensuite.Le président-candidat avait, aumoment du dévoilement du pro-jet de M.Hollande, lancé l’offensi-vefiscale,accusant lePartisocialis-te de matraquage des classesmoyennes. Puis, lors de son inter-vention télévisée du mercredi22 février, le président-candidats’en était pris aux abus despatrons, assurant qu’il agirait à cetendroit, si réélu.

Au chef de l’Etat qui, depuisMontpellier, a évoqué sur ce pointune «impression d’improvisation,de précipitation, pour tout dired’amateurisme qui est assezconsternante» de la part du candi-dat socialiste,M.Hollandea ferme-ment répliqué:«Moi, je connaisunprofessionneldes faveursaccordéesaux plus favorisés, c’est le candidatsortant,dont lapolitiqueseterminepar une baisse de l’impôt sur la for-tuneaprès le bouclier fiscal.»

La mesure présente aussi lemérite tactique de réinstaller ledébat autour des positions et pro-positions du candidat socialiste,commeentémoigneletirdebarra-ge venu de l’UMP. «Inflation fisca-le » pour la ministre du budget,ValériePécresse,«courseà l’échalo-te» selon le ministre de l’écono-mie, François Baroin, « confisca-tion fiscale», selon le ministre desaffaires étrangères, Alain Juppé.

Benoît Hamon constate «unelevéedeboucliershallucinantede ladroite, qui n’a aucun état d’âmepouraugmenter la TVAde 1,6 pointmais qui maintenant tire le signald’alarme de l’évasion fiscale »,moque le porte-parole du parti.Lequel, reprenant une comparai-sonhistoriqueenvoguedansl’équi-pe, compare le candidatHollandeàFranklinD.Roosevelt,qui, selonlui,«avaitcrééen1941unetranched’im-pôt de 91% pour les revenus de plusde200000dollars». p

DavidRevaultd’Allonnes

sL’image

ValérieTrierweilersedit«sidérée»parlesattaquesdeNicolasSarkozy

ValérieTrierweiler sedit«sidérée»par la chargequ’amenée contreelle,lundi 27 février, surRTL,Nicolas Sarkozy.«Je suis surprise qu’il ait fait çalui-même.Cen’est pasduniveaud’unprésidentde la République», assu-re auMonde la compagnedeFrançoisHollande.Mme Trierweiler se trou-vait d’ailleurs avec le candidat socialistequandelle a entendu le chefdel’Etat, qui tented’infléchir son imagede«présidentdes riches», s’interro-ger sur les ondes face aux journalistesdeRTL : «Est-cemoi qui travailledans le groupede [Vincent]Bolloré ? (…)Parcequepersonnen’aune émis-sionde télévisiondans le groupedeM.Bolloré ?»Uneallusiondirecte aumagazine«Itinéraires», diffusé sur la chaîne téléviséedugroupeBol-loréDirect 8 et consacréaux trajectoiresd’artistes.UnmagazinedontMmeTrierwieler a enregistré les deuxderniersnuméros, vendredi.«Jamais il ne serait venua l’idéede Françoisd’attaquerCarla [Bruni-Sarkozy].Moinonplus. J’ai du respectpour ce qu’elle est», assureValérieTrierweiler (PHOTO : PATRICK KOVARIK/AFP). pD. R. A.

Le candidat socialiste, François Hollande, a visité le Salon de l’agriculture,porte de Versailles à Paris, pendant douze heures, mardi 28février.JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH POLITICS POUR «LE MONDE»

UNETRANCHEd’impositionà75%pour les revenusau-delà dumilliond’euros. La propositiondeFrançoisHollande a surpris jus-qu’à sonpropre camp. L’UMPasembléhésiter, dans sa riposte,fustigeant, commeFrançoisBaroin,«unmessagede spolia-tion»pour les plus riches, ouminimisant, commeValériePécresse,«un rendement fiscalepsilon», doncnul. Qu’en est-il enréalité?Comment s’appliquerait lamesu-re?

Oncompteactuellement cinqtranchesd’imposition,qui vontde0% (jusqu’à6088eurosderevenusannuels) à 41% (au-delàde 72317euros). Elles nedétermi-nentpas le tauxd’impositionglo-bal,mais celui qui s’applique surles revenus correspondant, entenant compteduquotient fami-lial : on est imposéà0%sur lespremiers6088 euros, à 5,5% sur latranche suivante (de6088 à 12146euros), à 14% sur la suivante…

M.Fillonavait intégré auplande rigueurde l’été 2011une sur-taxede3%et 5%àpartirde250000et 500000eurosparmois, que lePS conserverait. Lesocialisteproposait, enoutre, danssonprogramme,de créerune tran-che, à 45%, pour les revenus supé-

rieursà 150000euros. Il évoquedésormaisune tranche supplé-mentaire,quiprélèverait donc75%des revenussitués au-dessusde 1milliond’eurospar an.Qui serait concerné, et pour quelmontant?

Lenombrede contribuablespotentiellement touchéspar cettemesuren’est pas certain. Le PSévoquede 7000à 30000person-nes. SelonVincentDrezet, secrétai-renational du Syndicatnationalunifié des impôts (Snuip), entre15000et 20000 foyers fiscauxseraientpotentiellementconcer-nés. Bercyparle de 3000 foyers àpeine.

Cette imprécision s’expliquesansdoutepar lamultiplicationdesniches et desmesurespermet-tant de réduire l’imposition, quipermet ànombrede contribua-bles fortunés d’échapper àunepartie de l’impôt dû, rendant l’im-pôt dégressif pour les «trèsriches». En 2009, les0,01% lesplus riches, soit 3523 foyers fis-cauxgagnant plusde 1,2milliond’euros, étaient imposés enmoyenneà 17,5%, contre 20%pour les 0,1% les plus riches (plusde 360309 euros).Quel effet aurait la taxe?

Lemontant final serait comple-xe à établir.M.Drezet évoque

«200à 250millions d’euros»degainpour l’Etat. Un chiffre faible,pourune taxe à l’impact avanttout symbolique.

La réformeaurait surtoutvaleurde signal politique,mêmesi elle ne constitueraitpasunepre-mièrehistorique. Le tauxmargi-nal supérieur de l’impôt a déjà étéaussi haut, jusqu’à 90%dans lesannées 1920ou l’après-guerre. Ilétait encore supérieurà 60%audébutdes années 1980. Les Etats-Unis ont gardédes taux sembla-bles jusqu’auxannées 1960. Ilserait en revanche leplus élevéd’Europe. En 2007, leDanemarkétait le pays avec le plus fort tauxmarginal supérieur de l’impôt, à59%.

Quant au risqued’«exil fiscal»dénoncépar l’UMP, alors que lecandidat socialiste compte aussirelever les tauxde l’impôt sur lafortune, réduire les plafondsduquotient familial et plafonner lesniches,M.Drezet leminimise:«Même si certains s’en vont àl’étranger, la réformene concernepasassez demondepourmettrel’économieen danger.»Pour lui,cette réformeaurait leméritedela pédagogie, dans le cadred’unmouvementplus vaste de retourà la progressivité de l’impôt. p

Samuel Laurent

OpérationséductiondeFrançoisBayrouauSénatLe candidat centriste est allé,mardi 28février, à la rencontred’uneving-tainede sénateurs issus dugroupeUnion centriste et républicaine (quicomprend31élusMoDem,Alliance centriste,NouveauCentre, radicaux,diversdroite)pour défendre sa candidature.Un texte de soutiende cessénateurs, dont certainshésitent encore à rendrepublic leur choix, estattenduenmilieude semaineprochaine.«J’appartiensau courantducentre, qui s’est pendant longtempsdivisé, dansdes conditionsparfoisattristantes, il est en trainde se refonder», se féliciteM.Bayrou.«La ques-tiondes alliances après laprésidentiellen’apas été évoquée», raconteunparticipant.Aumêmemoment, unautre sénateur dugroupecentriste,Jean-MarieBockel (Gauchemoderne), a lancéun«comitéde soutien»,mais cette fois àNicolas Sarkozy.M.Bockel, orphelinde la candidaturede Jean-LouisBorloo, qu’il soutenait, veut convaincre les électeurs«quineveulentpas voter FrançoisHollandemaisne sontpas encoreprêts àfranchir le pas versNicolas Sarkozy». p Pierre Jaxel-Truer

La« loi Petroplus» adoptée par l’Assemblée nationaleL’Assembléenationale a adopté, dans la nuit demardi 28 àmercredi29février, un texte porté par l’UMPdestiné à empêcher le détourne-mentd’actifs d’une entreprisedéfaillante. Inspiré de la situationde laraffineriePetroplus de Petit-Couronne (Seine-Maritime), il a été votéavec le soutiendu PS. En revanche, une série d’amendements inspirésdu casdu site de Florange (Moselle) d’ArcelorMittal ont été rejetés.

Jean-PierreRaffarin ouvre la porte à François BayrouLe référendumsur lamoralisationde la politiqueproposépar FrançoisBayrou, s’il était élu, est «tout à fait acceptable», a déclaré,mardi28février, sur Radio classiqueet la chaînePublic Sénat l’ex-premierministre Jean-Pierre Raffarin. Il a estiméqu’il n’était «pas impossible»queM. Bayroupuisse devenir le premierministre deNicolas Sarkozy.

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Page 7: Journal le monde du 1 mars 2012

international

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De jeunes combattants de l’Armée syrienne libre (ASL), à Sarmin, dans la province d’Idlib (nord-ouest), lundi 27 février. RODRIGO ABD/AP

L esortdesjournalistesocciden-taux pris au piège à Homs,assiégéeetbombardéeparl’ar-

mée syrienne, a fait l’objet d’infor-mations contradictoires et dedémentis, mardi 28février 2012.Seul, finalement, le BritanniquePaul Conroy, blessé dans l’attaquequiavaitcoûtélavieàlajournalisteaméricaineduSundayTimesMarieColvin et au photographe françaisRémy Ochlik le 22 février dans lequartierdeBabaAmro,apuquitterla Syrie clandestinement pour leLibanvoisin,oùilaétéprisenchar-gepar l’ambassadebritannique.

La Française Edith Bouvier,dont la jambeest fracturée, lepho-tographe françaisWilliamDanielsetle journalisteespagnold’ElMun-do Javier Espinosa sont toujours àHoms.

Aprèsl’échecdeplusieurstenta-tivesd’évacuationvialeCroissant-Rouge syrien et le Comité interna-tionalde la Croix-Rouge (CICR), lesinsurgésde l’Arméesyrienne libre(ASL)ontmenéunepérilleuseopé-rationd’exfiltration lundi soir.

Selon Abou Raed, directeur dubureau du Comité de secourssyrien au Liban, la brigadeAl-Farouqde l’ASL (principalgrou-pe armé présent à Baba Amro) atentéunesortiedanslanuitdelun-di à mardi. «A 3 km d’Homs, leconvoi a été l’objet de bombarde-ments de l’armée syrienne. Descombatsontégalementopposédeshommes de la brigade Al-Farouk àl’armée syrienne, raconte AbouRaed au Monde. Javier Espinosa aété légèrement blessé. Le convois’est alors scindé en deux. Un grou-pe apoursuivi vers le Liban, avec lephotographe britannique PaulConroy, parvenu à Beyrouth mar-di. L’autre groupe s’est replié versBaba Amro.» Il s’y trouvait tou-joursmercredimatin.

L’organisation Avaaz, prochedes insurgés, avance que treizemembres de l’ASL auraient perdulaviedanscetteopérationrisquée.

Selon Abou Raed, la raison decetteopérationd’exfiltrationtientdans le fait que l’ASL «n’a aucuneconfiance dans le Croissant-Rougesyrien, infiltré par des personnesdu régime. L’ASL a de l’estimepourle CICR,mais il n’est pas parvenu àfaireadopterune trêve. Cette orga-nisation a des résultats très limitésaujourd’hui en Syrie». Il récusel’idéeque l’ASLespérait tirerbéné-ficedecesnégociationspourpren-dreunavantagemilitaire.

Depuis une semaine, l’évacua-tion des journalistes étrangers àHoms bute sur la défiance des

insurgés syriens envers le Crois-sant-Rouge, soutenupar leCICR.

Selon Saleh Dabbakeh, porte-parole du CICR à Damas, joint partéléphone mardi soir, les équipesdu Croissant-Rouge «étaient prê-tesàévacuerles journalistes» lundisoir. «Des ambulances étaient àBaba Amro. Elles ne sont repartiesqu’avec trois blessés syriens». Mar-di, «la situation était très tendue à

Baba Amro», a-t-il ajouté. Le CICRcontinue d’appeler les autoritéssyriennesàunetrêvehumanitaire.

Selon une source de l’opposi-tion syrienneprochede l’ASL, «lesjournalistes avaient peur d’êtrebombardés par le régime à peinesortisduquartieravec leCroissant-Rouge. Ils s’inquiètent aussi que lematérielqu’ilsontaccumulésur lesatrocités commises par le régimeà

Homs soit confisqué.»L’ASL accuse le pouvoir d’avoir

arrêté neuf blessés évacués récem-mentparleCroissant-Rougesyrien.LeCroissant-Rougearéfutépoursapart «les allégations répétées met-tant en cause sa neutralité, sonimpartialité». Pour le moment, lesnégociations semblent rompuesavec lesassiégésdeBabaAmro.

Selon unmembre de la brigadeAl-Farouk, contacté par Le Monde,l’opérationd’évacuationavaitunedimension politique : «C’est unmessageau régimesyrien.Onpeutpénétrer dans les zones où il sévit,onpeutconvoyerdes journalistesàl’intérieur du pays. » Il reconnaîttoutefoisque l’opérationaurait euplusderetombéessielleavaitcom-plètement abouti.

D’aprèslui, lavidéod’EdithBou-vier,mise en ligne la semaine der-nière, «visait à envoyer unmessa-geà la communauté internationa-lepourattirer l’attentionsur le sortdes civils à Baba Amro», dont5000 seraient encore présentsdans le quartier.

Pour un dirigeant de l’opposi-tion syrienne en exil, « les oppo-sants d’Homs sont très faibles, ilsmanquent de tout. Ils savent que

quand les journalistes seront par-tis, ils seront livrés à leur sort.»

Des informations faisaientétat,mardi soir, de l’envoi à Homs detroupes supplémentaires de la4edivision de l’armée syrienne,une unité d’élite commandée par

Maher Al-Assad, le frère du prési-dent syrien.

En France, l’exfiltration ratéed’Edith Bouvier a occasionné ungros ratage de la part de NicolasSarkozy, en pleine campagne élec-torale à Montpellier : après s’être

réjoui, mardi après-midi, devantlescamérasdeBFM-TV,desonéva-cuation, il a été contraint dedémentir et de s’excuser. Une pré-cipitationquicontrasteaveclapru-dence du Figaro, pour qui EdithBouvier était enmission, ainsi quedes diplomates à Beyrouth, àDamas et à Paris. En l’absence depreuves directes, le quotidien n’ajamais confirmé l’arrivée d’EdithBouvier et de ses compagnons auLiban, annoncée par des sourcesanonymes de l’opposition syrien-ne et un responsable libanais.p

ChristopheAyad,BenjaminBartheet

Laure Stephan (àBeyrouth)

L’ASL«n’aaucuneconfiancedans

leCroissant-Rougesyrien,[quiserait]infiltrépardes

personnesdurégime»

Unhélicoptère abattu,selon les insurgés

Syrie:troisjournalistesrestentbloquésàHomsLephotographebritanniquePaulConroyapugagnerclandestinementBeyrouth,contrairementàsesconfrères

LesOccidentauxs’activentpourprésenterunenouvellerésolutiondevantl’ONU

Unhélicoptèremilitaire syrienaurait été abattu par l’Arméesyrienne libre (ALS) dans larégion d’Alep, selon une sourcedigne de foi proche de l’opposi-tion syrienne. Aucune précisionn’a pu être obtenue sur le lieu, ladate et le bilan exacts de cetteopération. Si elle était confir-mée, il s’agirait d’une premièreet la preuve que des armessophistiquées commencent àarriver aux insurgés syriens. LeQatar et l’Arabie saoudite n’ontpas caché leur intention d’enfournir à l’opposition syriennedepuis lamise en échec par desveto russe et chinois d’une réso-lution auConseil de sécurité del’ONU, début février.

Nationsunies(Correspondante)

Alorsque lesNationsunies esti-mentdésormaisà«beaucoupplusde7500morts» le bilande larépressionenSyrie, plusieurspaysmembresduConseil de sécuritétravaillentà l’élaborationd’uneactiondiplomatiquepour répon-dre à l’urgencehumanitaire. Selonunesourceprochedudossier, l’ini-tiativevientdesEtats-Unis, et des«travauxexploratoires» sontmenésavec la Franceet laGrande-Bretagne, le but étantdeprésenterunprojet de résolutionsuscepti-blede faire l’unanimitéet de«sor-tir le Conseil de son inaction».

Aprèsavoir essuyédeuxdou-blesveto russo-chinoisenquatremois, lesOccidentauxprivilégientl’approchehumanitaire.«Il estdenotredevoird’explorer lapossibili-téd’uneactionduConseil (…)C’estceàquoinousallons travailler.Ceserasansdouteune tâchedifficilemais jepensequenousavons l’obli-gationdenousyatteler», a déclaré,mardi 28février, l’ambassadeur

allemandPeterWittig.Unpeuplustard, les 15paysmembresduConseil entendaient le secrétairegénéral adjointde l’ONUpour lesaffairespolitiques, LynnPascoe. Lehaut responsableamentionnédes«informationscrédibles selon les-quelles lebilandésormaisexcèdesouvent les centmorts civilsparjour,dontbeaucoupde femmesetd’enfants». En échouant«dans samissiondemettre finaucarnage»,la communauté internationale«sembleavoir encouragé le régime[syrien]à croireen son impunité»,a insistéLynnPascoe.

Cessez-le-feu quotidienLesdeuxseulespriorités sur les-

quelles leConseil sembleaujour-d’huiunanimesont l’arrêtdesvio-lenceset l’accèshumanitaireauxvilleset zones assiégées. LaRussieaurait soulevé laquestionde l’ac-cèshumanitairedevant leConseilde sécurité la semainepassée.Mos-cous’est depuisprononcéenfaveurd’uncessez-le-feuquoti-diendedeuxheures, allant jusqu’àappelerDamasàcoopéreravec le

Comité internationalde laCroix-Rouge.«LesRusses cherchentà sor-tirde l’isolementdans lequel leursveto les ontplongés, ils se sontmislemondearabeàdoset souhaitentsortirdecette impasse», fait remar-querunesourcediplomatique.

Mais si elle est prèsdecéder surlevolethumanitaire, laRussien’ac-ceptepaspourautantd’yassocierunvoletpolitique. L’absencedetoute référenceauplandesortiedecrisede la Liguearabe–quipré-voitnotamment le transfertdespouvoirsdeBacharAl-Assadàsonvice-président–, équivaudraitàlaisser lesmains libresaurégimesyrien, soulignentdesdiplomates.

Lenouvel émissairede l’ONUetde la Liguearabepour la Syrie,KofiAnnan,devait rencontrer sonsuc-cesseurà la têtedesNationsunies,BanKi-moon,mercrediàNewYork,ainsiquedesmembresduConseilde sécurité. La Syrieadéjàfait savoirque l’anciensecrétairegénéralde l’ONUétaitpersonanongrata,Damasn’ayantpas étéconsultépour sanomination.p

AlexandraGeneste

70123Jeudi 1er mars 2012

Page 8: Journal le monde du 1 mars 2012

Le chef de file de l’oppositionMacky Sall, interviewé à son domicile, à Dakar, le 27février. Y.BOUDLAL/REUTERS

international

DOSSIER

L’industrie,enjeu électoral

MARS 2012Chez votre marchand de journaux – 4,90 €

LasociétécivilealgériennetoujourssoussurveillanceUnrapportdénonce,unanaprès la levéede l’étatd’urgence,unemesureen«trompe l’œil»

Portrait

DakarEnvoyé spécial

L ’élève Macky Sall (50ans)savoure sa revanche sur lemaître Abdoulaye Wade

(86ans), qu’il pourrait bien terras-ser lors du second tour de la prési-dentielle qui se dessine au Séné-gal, à la fin dumois demars. Selonles résultats provisoires du pre-mier tour de dimanche 26février,le président sortant et son ancienpremierministre, un tempsdécritcommesondauphin,devraienteneffetseretrouverpourleduelélec-toral final. Un duel de générationset de caractères plus que d’idéolo-gie entre ces deux libéraux.

Rencontrédanssavastedemeu-re du quartier résidentiel de Fenê-treMermozàDakar,aulendemaindu premier tour, Macky Sall semontreavectoutcequiledifféren-cie de sonmaître : sérénité et sim-plicité, faute de charisme, et res-pect de l’adversaire. Tout justeose-t-il : «Il est évident qu’on a noschances de gagner, et ce n’est pasma faute si je suis jeune, ce n’estpas un handicap.» Là où d’autrescandidats ont raillé l’âge avancédu président, Macky Sall évite deblesser.

Ilpourraitpourtantavoir lesuc-cès plus démonstratif. AbdoulayeWade, élu une première fois en2000, claironnedepuisdes semai-nes qu’il remportera un troisièmemandat au premier tour du scru-tin. L’argument s’inscrit dans undiscours de campagne. Il reflèteaussi le profond dédain deM.Wade envers des adversairespolitiques dont il dit qu’aucun neluiarriveà la cheville. Et sûrementpasMacky Sall, à propos duquel ildoit se dire aujourd’hui qu’ilauraitmieux fait de ne pas se lais-ser abuser par ses rondeurs et sessilences.Nisous-estimerl’acharne-ment d’un homme dont il avaitblessé l’orgueil.

C’était en 2007. Macky Sallvenait de conduire la campagnevictorieusedesonmentorà lapré-sidentielle. Interrogé par un jour-naliste sur la personnalité qui

pourrait lui succéder, le présidentréélu lâche : «Je ne vois personneautour de moi. » Macky Sall estassis à ses côtés.

Cet ingénieur géologue et géo-physicien, diplômé, entre autres,de l’Institut français du pétrole,avait pourtant gravi tous les éche-lons durant les années 2000 :ministre des mines puis de l’inté-rieur, premierministre, présidentde l’Assemblée nationale, numérodeux du Parti démocratique séné-galais (PDS). Le coup de 2007 estrude pourMacky Sall, faute d’êtresurprenant. Son nom s’ajoute surla longue listededauphins écartéspar le président lorsqu’ils com-mençaientà lui fairetropd’ombre.

Outre ses ambitions, M.Sall aaussi commis un crime de lèse-majesté : s’attaquer au jeune filsdu président, Karim, étoile mon-tante du «wadisme» népotique.Président de l’Assemblée, MackySall avait convoqué Karim Wadedevant une commission parle-mentaire, sans en informer le chefde l’Etat, pour lui demander descomptes sur sa gestion opaque etdispendieusede l’Agencenationa-

lede l’organisationde la conféren-ce islamique. «Je voulais savoir cequ’il avait fait du milliard de dol-lars consacré à cet événement»,nous explique-t-il. Le président sefâche,«m’accused’inquisition», se

rappelle-t-il. AbdoulayeWade exi-gesadémission.Il refuse.Qu’àcelane tienne, le chef de l’Etat changela Constitution et ramène à un an,contrecinqauparavant, lemandatdu président de l’Assemblée. Larupture est consommée.

Macky Sall avait-il calculé soncoup? Du jour au lendemain, enattaquant un fils impopulaire eten tenant tête au «Vieux », ilgagne ses lettres de noblesse d’op-posant. Dorénavant, il va tracer,seul, son chemin. En 2008, ildémissionne du PDS, fonde l’Al-liance pour la République (APR) etsillonne inlassablement le pays àla rencontre des habitants, aux-quels il présente un programmeéconomique et social d’inspira-tion libérale destiné à charmer lemêmeélectorat queM.Wade.

Objectif, la présidentielle de2012. Et pour cette campagne, cethomme qui se décrit lui-mêmecomme «solitaire» montre unenouvellefoisqu’ilestunfauxindé-cis.Quandle largefrontanti-Waderegroupé au sein du Mouvementdu 23juin (M23) appelle à occuperlaruepourempêcherlacandidatu-

reduprésident,jugéeanticonstitu-tionnelle par le M23, MackySallsait que rien ne fera reculer unchef de l’Etat fier et entêté. Il faitdonc cavalier seul et se lance dansunecampagneélectoraledeproxi-mité à l’intérieurdupays.

Sa stratégie est gagnante. Qua-tre ans, seulement, après sa ruptu-re avec le président,Macky Sall està deux doigts de faire tomber lemaître. Sans esprit de vengeance.«Entre Wade et moi, dit-il, c’est unproblèmedeconceptiondegouver-nancedel’Etat, sinonilafaitdebon-nes choses, dans la constructiond’infrastructuresnotamment.»

Finconnaisseurdeshommesetdupartiaupouvoir, issudumêmemoule libéral, il sait qu’en cas devictoire il suffira d’attendre lesdéfections et les ralliements. «Jeformerai un gouvernement élargipourattirer toutes les compétencesau servicedudéveloppement. Il n’yaura pas de chasse aux sorcières»,précise-t-il. En attendant, MackySall doit d’abord remporter lesecond tour de l’élection. «Ce serafacile», lâche-t-il.

«Wade, ancien opposant pro-metteur, a tellement trahi d’an-ciens alliés et déçu la populationqu’il ne dispose plus vraiment deréservoir de voix pour le secondtour», avance l’avocat BabacarGueye.

Avec une rare pointe d’hu-mour, Macky Sall propose unevoie de sortie au président : « Il adit qu’il était mon maître. Quandvotre élève vous met au tapis, leplus sage est parfois d’abandon-ner. Il devrait peut-être appeler àvoterpourmoi.»p

ChristopheChâtelot

L a levée de l’état d’urgence enAlgérie,annoncée ilyaunan,le 24février 2011, est un leur-

re. «Un trompe-l’œil», assure leRéseau euro-méditerranéen desdroits de l’homme (REMDH) quidresse dans un rapport le bilan decettemesuredécidéeparlesautori-tés algériennes dans le sillage du«printemps arabe», dix-neuf ansaprès son instauration.

«Le harcèlement des militantspar la police, l’interdiction injusti-fiée des manifestations et des réu-nions publiques, de même que lerecours àdes pratiquesadministra-tivesabusivespourentraver lacréa-tion des associations: ces tactiquescontinuent d’être communémentutiliséespouraffaiblirlasociétécivi-le et entraver son action», accuse leréseaude plus de60organisationsdesdroitsdel’homme,crééen1997.

Dans les faits, poursuit-il, « laplupart des dispositions de l’étatd’urgence ont en réalité été inté-grées dans la législation ordinai-re». Ainsi, la nouvelle loi sur lesassociations,promulguéele12 jan-vier, «menace d’aggraver encoreles difficultés d’exercice du droitd’association».

La création d’association estconditionnéeà l’autorisationpréa-labledesautorités,etnonplussou-mise au régime déclaratif, le nom-bredemembres fondateursnéces-saire a été sensiblement augmen-té, et le contrôle du financementrenforcé, en particulier pour lesassociations étrangères. Ces dispo-sitions, dénonce le REMDH, «neréflètent pas les demandes de lasociété civile» exprimées lors desconsultationsmenées en juin2011par le Conseil national économi-

que et social. Les restrictions lesplussévèresconcernentlesassocia-tions de droits de l’homme. Et lesnouvelles demandes déposées parcertainesd’entreelles, commeSOSDisparus,sontrestées lettremorte.

Interdiction demanifesterLa levée de l’état d’urgence n’a

rien changé non plus à l’interdic-tion de manifester à Alger, envigueur depuis 2001, cependantbravée plusieurs fois, ces derniersmois, dans la capitale algérienne,des gardes communaux aux étu-diants.Surleresteduterritoire,quin’est désormais plus concerné parl’interdiction, il n’est toutefois pasaisé de manifester. Le 16octobre2011, à Laghouat, des chômeurs,qui ont dû affronter les forces desécurité, enont fait l’expérience.

Instauréle9février 1992,dans la

fouléedel’annulationdesélectionslégislativesremportéesaupremiertourparleFrontislamiquedusalut(FIS),l’étatd’urgenceenAlgérieaeuun profond impact sur la sociétécivile «systématiquement affai-blie». La lutte antiterroriste pen-dant les années de guerre civile aainsi permis de réprimer toutevoix critique.

«Toutefois,préciseleREMDH, lapersistance et le renforcement desorganisations de la société civilemalgré les obstacles auxquels ellesfontetcontinuentdefairefacepour-raientconstituerlemoteurdechan-gements importants.»

En vue des élections législativesprévuesle10mai,Algervientégale-ment d’autoriser près d’une ving-tainedepartis,dontcertainspatien-taientdepuisplusdedixans.p

IsabelleMandraud

MoscouCorrespondante

A quelques jours de la prési-dentielle du 4mars, leKremlin a mis fin, mardi

28 février, aux fonctions deSergueïDarkine, 49ans, le gouver-neur de la Province maritime(Extrême-Orient), officiellementpour«raisondesanté».A latêtedela région depuis 2001, le gouver-neur était impopulaire parmi sesadministrés, outrés par ses liensavec le monde interlope et sonimplication dans quelques affai-res de corruption.

Sergueï Darkine semblait indé-boulonnable.Depuis2004,lesgou-verneurs ne sont plus élus au suf-frage universel, ils sont nomméspar le Kremlin qui les jauge à leurloyauté.Malgré son impopularité,il avait réussi, en 2010, à se fairereconduire à son poste pour cinqansparleprésidentDmitriMedve-dev. La population de la Provincemaritimeen avait pris sonparti.

Le 15décembre 2011, la gestiondésastreuse de M.Darkine appa-rut au grand jour devant des mil-lions de téléspectateurs. C’était aumoment de la séance annuelle de«questions-réponses» entre lesRusses et le premierministre Vla-dimir Poutine, retransmise partoutes les chaînes de télévision.L’exercice, intervenant onze joursaprès les législatives du 4décem-breentachéesdefraudes,étaitnet-tement moins guindé qu’à l’ordi-naire.

Aumomentoùlaliaisonfutéta-blie avec Vladivostok, la capitalerégionale, à 9000km de Moscou,laparoleéchutàunpetitentrepre-neur, Andreï Goldobine : «Vladi-mir Vladimirovitch! Combien detemps encore Sergueï Darkine varesteràsonpostealorsquesesfonc-tionnairesn’arrêtentpasdeserem-plir lespochesavecl’argentdubud-get et celui des entrepreneurs?»Visage crispé, M.Poutine écouta,prit fébrilementquelquesnotes etrépondit : «Il n’y a pas que la cor-ruption,ilyaunegrandecriminali-té dans cette région bien plusqu’ailleurs.»

Etpuisplusrien. Il semblaitévi-dentquelebaronduPacifiques’enétaittiréavecunlégerblâme,com-meen2008, lorsqu’il a échappédejustesse à une mise en examen(sonbureauavaitétéperquisition-né) en venant plaider sa cause àMoscou après une alerte cardia-que. Il avait donc été épargné. Sesadjoints n’ont pas pu échapperaux poursuites judiciairesmais le

nom de Sergueï Darkine n’ajamais été mentionné au coursdesaudiences. Leprincipal bénéfi-ciaire du groupe criminel jugé futdécrit comme «une personne nonidentifiée».

Son brusque limogeage à quel-ques jours de la présidentielle du4mars a pris de court la plupartdes commentateurs. A Moscoucomme à Vladivostok, personnene peut croire que la corruption,véritable pilier du système, est lavraie raisonde sa disgrâce.

Certes, M.Darkine y est allé unpeu fort. Récemment, il a acquis,au nom de sa femme, LarissaBelobrovaïa, la base de pêche deNakhodka, dirigée par son frère,Oleg Darkine. Pour ne rien arran-ger, il s’est brouillé avec un puis-sant homme d’affaires du cru,Rouslan Kondratov, le fils d’ungénéral de l’ex-KGB, ce qui n’estjamais bon, vu que les «hommesenépaulettes» tirent les ficelles del’économie.

En réalité, SergueïDarkine a étéécarté en raison dumauvais score(33%) réalisé par le parti Russieunie aux législatives du 4décem-bre. A Vladivostok, le grand portrusse du Pacifique, le parti deM.Poutine,quiaremportélamajo-rité absolue des sièges à la Cham-brebasseduParlement(Douma),afaitunscorede23%,soitunchiffrenettement inférieur à lamoyennedupays (49,23%).

Alarméparlavaguedecontesta-tion, Vladimir Poutine, candidat àuntroisièmemandatprésidentiel,mise désormais sur une victoiredès le premier tour. Avec ce limo-geage,leKremlinenvoieunmessa-ge à ses barons régionaux.

Ceux qui n’obtiendront pas lescore requis le 4mars, soit plus de50%, ont du souci à se faire. « Ilsdoivent songer à leur retraite», aprévenuM.Poutine.D’oresetdéjà,les gouverneurs de Vologda,d’Arkhangelsk, de Volgograd et deTomsk, où les scores de Russieunie étaient particulièrementbas,ont dû rendre leur tablier. Pour«raisonde santé»bien sûr.p

Marie Jégo

«Quandvotreélèvevousmetautapis,

leplussageestparfoisd’abandonner»

MackySall

Lecampduprésident sénégalais,AbdoulayeWade, candidatcontestéàun troisièmemandat,a reconnu,mardi 28février, qu’ilserait contraint dedisputerunsecondtour faceàsonancienpre-mierministreMackySall.«Toutindique qu’il y aura un secondtour: ce sont les chiffres qui ledisent», a déclaré,mardi, ElHadjAmadouSall, undes responsa-blesde la campagneélectorale

deM.Wade.D’aprèsuneestima-tionde l’Agence France-Presseportant sur 39des45départe-ments sénégalais,M.Wadearriveen tête avec32,6%des voix,contre25,8%àM.Sall, quidevan-ceMoustaphaNiasse, un autreex-premierministre (14,3%), lechefduParti socialisteOusmaneTanorDieng (11,7%)et un troisiè-meancienpremierministre, Idris-saSeck (7,5%).– (AFP.)

Le campWade admet qu’un second tour aura bien lieu

MackySall, l’élèvequirêvedeterrasserlemaîtreàlaprésidentielleduSénégalLeprobableadversaired’AbdoulayeWadeausecondtourde l’électionavaitété sonbrasdroit

«VladimirVladimirovitch!

CombiendetempsencoreSergueïDarkinevaresteràsonposte?»

Unpetit entrepreneur

LeKremlinécarteungouverneurdel’estdelaRussieLepartiRussieunien’aobtenuque33%desvoixauxlégislativesdans laProvincemaritime

8 0123Jeudi 1er mars 2012

Page 9: Journal le monde du 1 mars 2012

90123Jeudi 1er mars 2012 international& europe

Meetingd’«allégeanceauGuidesuprême»àTéhéran

Imagesd’Iran(3/6)

NéàTéhéranen 1970, AslonArfa a travaillépourdes journauxetmagazines iraniensavantdedevenirphotographe indépendant.

TÉHÉRAN, 28FÉVRIER. DES FEMMES s’inscri-vent sur la liste de l’ancienministre de l’éduca-tion,HosseinMozafar, lors d’un rassemblementappelé «allégeance auGuide suprême» envuedes électionsparlementairesdu 2mars.

L’assistancese composedepartisansdes par-tis fondamentalistes. Principal sujet évoqué: lebesoind’unité ducampconservateur. En effet,plusieurs factionsde fondamentalistes sont enconcurrencepour les électionsdu2mars. LeFrontde lapersistance,pro-Ahmadinejad, s’op-poseà des groupes très critiquesà l’égarddupré-sident comme le Frontuni des conservateurs,composédeprochesduGuide suprêmeAliKha-menei, et le Frontde l’endurance,de l’anciencan-didat à laprésidentiellede 2009MohsenRezaï.

Malgré des appels à l’unité entre les critiquesdeMahmoudAhmadinejad, les divisions per-sistent et de nombreuses petites listes sont enconcurrence. Pour la seule circonscriptiondeTéhéran, 18 listes sont présentées. Une seule serevendique réformatrice, tandis que les autresse composentde conservateurs ou de fonda-mentalistes.

Les femmescandidates sontminoritaires. Lesdroitsde voteet d’éligibilité sont accordésauxfemmesdepuis 1963en Iran,mais leur rôlepoliti-que restemarginal avecuneprésencedemoinsde3% (8 femmespour 290sièges)dans l’actuelParlement,dominépar les conservateurs.p

ASLON ARFA POUR «LE MONDE»

E n annulant le jugement de lacour d’appel de Paris qui, le21mai 2008,avait relaxéPhi-

lippeKarsenty, le directeurdu siteInternetMedia-Ratings (uneagen-ce de notation des médias), enconflitavecFrance2, laCourdecas-sation a relancé, mardi 28février,une affaire qui empoisonnedepuisprèsdedouzeans la chaînede télévision publique et son cor-respondant à Jérusalem, CharlesEnderlin. Cette décision va à l’en-contre de la demande du parquetgénéral qui, le 14 février, avaitrequis le rejet du pourvoi formépar France2. Philippe Karsentyseradoncrejugéenappeldansplu-sieursmois à Paris.

Relayant les assertions d’uneagence franco-israélienne,MetulaNewsAgency (Mena), il avait affir-mé en 2004 qu’un reportage surles affrontements à Gaza, diffuséen septembre2000 sur France2avait été truqué. Les images quimontraient Mohammed Al-Dou-ra, un enfant palestinien de 12ans,en traindemourir dans les brasdesonpère sous les tirs entre Palesti-niens et soldats israéliens avaientfait le tour du monde, avant dedevenir, pour les Palestiniens,emblématiques de l’agressionisraélienne contre leur peuple.

Selon M.Karsenty, la scène fil-mée par un cameraman palesti-niende France2 et commentéeparCharles Enderlin relevait d’une«supercherie»,d’une «imposture»et d’une «mascarade». M.Karsen-ty, outremettre en doute l’origineisraéliennedestirsresponsablesdela mort du jeune garçon, accusaitFrance2 d’avoir monté «un fauxreportage,unepure fiction».

La chaîne avait répliqué en l’at-taquant en diffamation. Condam-népar le tribunal correctionnel deParis en octobre2006, PhilippeKarsenty avait été relaxé en appeldeuxans plus tard.

Dans ce laps de temps et avantd’examiner ledossierà l’audience,la cour d’appel avait ordonné unsupplément d’enquête en octo-bre2007, afind’obtenir les imagesprises par le cameraman de Fran-ce2. Ces rushes avaient été proje-tés au procès en appel. «Il y a uneindustrie du faux reportage àGaza, avait dénoncé M.Karsenty.J’ose attaquer l’icône Mohammed,défendue par l’icône médiatiqueCharlesEnderlin,mais l’histoiremedonnera raison.»

Preuve de la bonne foiSans se prononcer sur le conte-

nu du reportage et tout en recon-naissant que les propos deM.Kar-senty portaient « incontestable-ment atteinte à l’honneur et à laréputation des professionnels del’information», les juges avaientestimé que M.Karsenty n’avait«pas dépassé les limites de la liber-té d’expression».

Dans son arrêt rendu mardi, laCourde cassationconsidèreque lacour d’appel n’était pas fondée àordonnerunsupplémentd’enquê-te. Elle a outrepassé ses pouvoirs.Les juges rappellent que, « enmatièredediffamation, si le préve-nu peut démontrer sa bonne foiparl’existencedecirconstancespar-ticulières, c’est à lui seul qu’incom-be cette preuve, sans que les jugesaientlepouvoirdeprovoquer,com-pléter ou parfaire l’établissementde celle-ci ». Or, en réclamant àFrance2 les rushes de son camera-man, les juges soulignent que «lacour d’appel améconnu» ce texte.

Côté France2, on se réjouit decette décision. «Nous avions tou-jours soutenu que la communica-tion des rushes, au-delà de son illé-galité, ne pouvait strictement rienapporter», a déclaré l’avocat de lachaîne de télévision, MeEmma-nuel Piwnica.p

YvesBordenave

AffaireAl-Doura:PhilippeKarsentyserarejugéenappelLamort filméeparFrance2en2000d’un jeunePalestinienest l’objetd’uneguérilla judiciaire

Chine

AumoinsdixmortsdansdesviolencesauXinjiangPEKIN. Des violences à Karghilig, une petite ville à la populationmajo-ritairement ouïgoure du sud duXinjiang, dans l’extrême-ouestchinois, auraient fait une dizaine demorts,mardi 28février, au soir,selon l’agence de presse officielle ChineNouvelle et plusieurs sourcesliées à la communautéouïgoure en exil.ChineNouvelle fait état «d’émeutiers» qui s’en seraient pris à des «vic-times», sans préciser si ces dernières sont han, l’ethniemajoritaire enChine, dont la dominationde cette région turcophone etmusulmanedesmarches de l’empire entraîne des irruptions régulières de violen-ces. L’incident intervient alors que la région autonomeduXinjiangfait l’objet d’une nouvelle campagne de choc ciblant la populationouïgoure, qui se serait traduit par de nombreuses arrestations et opé-rations de «rééducation». pB.Pe.

AllemagneEuro: la Cour deKarlsruhe renforceles pouvoirs duBundestagBERLIN. Les juges de la cour constitutionnelledeKarlsruheont rejeté,mardi 28février, la tentativede la coalitiongouvernementalede créerunemini-commissiondeneuf députés chargéede répondredans l’ur-gence auxdemandes européennes concernant l’utilisationduFondseuropéende stabilité financière (FESF). La politiquebudgétaire, dontrelèvent les décisions sur l’euroqui engagent l’argentpublic allemand,«est de la responsabilitéduBundestag tout entier», a estimé laCour quiavait été saisie par deuxdéputés de l’opposition. Seule exception: lesdécisionsd’achat d’obligations souveraines sur lemarché. Pour celles-ci, la cour a retenu l’argumentd’unenécessaire confidentialité, et confir-mé la légalité de lamini-commission. Le présidentduBundestag,Nor-bert Lammert (CDU), a qualifié la décisionde la courde «compréhensi-ble» et s’est dit convaincude trouver une solution. – (Corresp.)

Biélorussie L’Union européenne rappelleses ambassadeurs enBiélorussie pour consultationsBRUXELLES. L’Union européenne (UE) a décidé,mardi 28février, de rap-peler pour consultations ses ambassadeurs enposte enBiélorussie. Cet-te décision intervient après le renvoi des ambassadeursde l’UE et dePolognedécidé par le présidentbiélorusse, AlexandreLoukachenko.Mardi, l’UE a imposé denouvelles sanctions au régimebiélorusse engelant les avoirs et enprivant de visa en Europedix-neufmagistrats etdeux responsables de la police, responsablesde l’arrestationet de lacondamnationd’opposants au régime. Rééluen 2010avec 80%desvoix à l’issued’un scrutin entachéde fraudes, le président Loukachenkoadepuis fait emprisonner tous ses opposants. – (AFP.)

WashingtonCorrespondante

E n route pour le «Super mar-di»du6mars !MittRomneyasauvé sa position de favori de

la course à l’investiture républicai-ne en remportant, mardi 28févrierles primaires de l’Arizona et, sur-tout, duMichigan, où le catholiqueintégriste Rick Santorum l’avaitsérieusementmenacé.

Entermedenombrededélégués,l’ex-gouverneur du Massachusettsreste loin du compte. Selon les esti-mations des médias, il réuniraitdésormais quelque 175déléguésalorsque1144sontnécessairespouremporter la nomination. Comptetenu du fait que certains Etats attri-buent leurs délégués à la propor-tionnelle,d’autresselonunsystèmemajoritaire,etque416déléguésseu-lement sont en jeu mardi dans dixEtats, ladateà laquelle seraconnu lenom du candidat qui affronteraBarack Obama le 6novembre esttotalement imprévisible.

Mitt Romney l’a emporté sansdifficultéenArizona,avec47,3%desvoix, devant Rick Santorum(26,5%), l’ancien président duCongrèsetbêtenoiredeBillClinton,NewtGingrich (16,2%)et le«liberta-rien» Ron Paul (8,5%). Il a bénéficiéde lamobilisation desmormons, etsurtout du soutien de l’influentsénateurde l’Arizona, JohnMcCain.

Le Michigan était plus acrobati-que. Mitt Romney s’était retrouvédistancé par Rick Santorum – jus-qu’à 10points d’écart. Les médias

commençaient à écrire sa nécrolo-gie politique, soulignant à quelpoint une défaite dans l’Etat où ilavaitgrandietdontsonpèreétait legouverneur dans les années1960serait symbolique.

Finalement, l’humiliation n’apas eu lieu. Mitt Romney a fini,dans la soirée, avec un peu plus de3points d’avance sur son principalrival (41,1%contre37,9%àRickSan-torum et 11,7% pour Ron Paul).«Nous n’avons pas gagné de beau-coupmais cela a suffi et c’est tout cequi compte», s’est satisfait le candi-dat devant ses partisans, soulagés.«Washington, nous voilà» ! a lancésafemmeAnn,qui intervientsysté-matiquement avant lui.

Contrairement aux prédictions,Mitt Romney n’a pas pâti de sonopposition au sauvetage de l’indus-trie automobile. Dans une tribune

du New York Times, publiée en2008,ils’était indignéquelegouver-nement songe à sauver une entre-prisede labanqueroute. Titré«Lais-sons Detroit faire faillite», le textelui a été abondamment resservi.

Rick Santorum a même com-mandité des appels téléphoniquesrobotisés (robocalls) aux électeursdémocrates en leur rappelant queMitt Romney avait, en revanche,approuvé « le sauvetage de sescopains milliardaires ». Il leurdemandait de «punir » l’ingrat.Quelques milliers de démocratesont suivi l’appel. Dans leMichigan,ils sont autorisés à participer auxprimaires républicaines, et ils nes’en privent pas, au motif que lescrutin est organisé avec l’argentdu contribuable. En 2000, ilsavaient contribué à la victoire deJohnMcCain sur George Bush.

Selon les sondages de sortie desurnes, les électeurs favorables aubailout (sauvetage)de l’automobilen’ontpasparticulièrement «puni»MittRomney. Il estvrai que tous lescandidats républicains étaientcontre le plan de sauvetage. Enrevanche, près des deux-tiers desélecteurs indépendants estimentque ce plan a permis de sauverl’automobile, ce qui, dans la pers-pective de l’élection de novembre,réjouit laMaison Blanche.

La bagarre du «Super Tuesday»va se concentrer sur l’Ohio, où Rick

Santorumentend faire jouer la fibre«col bleu». Il essaie aussi de récupé-rerlevotedesfemmes,qu’ils’estalié-néavecsesdéclarationssurles«dan-gers» de la contraception. Selon lessondages, Mitt Romney l’a devancéde6points chez les femmes. Pour lapremière fois, l’ex-sénateur a lon-guement parlé de sa mère, 93ans.Uneinfirmière,quiatoujoursconti-nué à travailler et qui ne craignaitpasdegagner plusque sonmari.

Parallèlement aux primaires, labagarre continue entre Mitt Rom-neyetBarackObama, préfigurant lacampagne de novembre. Le prési-dent a exploité son avantage entenant,mardi,undiscoursdevant lesyndicat de l’automobile (UAW)opportunément réuni en congrès àWashington. Il a rappelé le succèsdeGeneral Motors, redevenu le pre-mier constructeur mondial, qui aremboursé 24milliards de dollars(18milliards d’euros) sur les 51mil-liards accordés par le gouverne-ment fédéral, et qui a engrangé les«profits les plus élevés en cent ansd’existence».

A deux jours d’intervalle, lesdeux adversaires ont présenté unplan de réforme de la fiscalité.M. Romney essaie aussi de sedémarquersur lapolitiqueétrangè-re en se livrant systématiquementà une défense appuyée des intérêtsd’Israël. Mais selon un sondagepublié jeudi par le professeur Shi-bley Telhami, de l’université duMaryland,BarackObamaest le can-didat qui a la préférence des Israé-liens sur l’ensemble des républi-cains. «Ce n’est pas le moment defreiner, a souligné le président. Aucontraire, il faut accélérer. »p

Corine Lesnes

Labagarredu«SuperTuesday»vase

concentrersurl’Ohio,oùRickSantorumentendfaire jouerlafibre«colbleu»

Les échéancesduParti républicainenmars

3marsCaucus dans l’Etat deWashington.

6mars «Super Tuesday»: Alas-ka,Georgie, Idaho,Massachu-setts, Dakota duNord, Oklahoma,Ohio, Tennessee, Vermont et Vir-ginie. Début des caucus dans leWyoming, qui s’achèvent le10mars.

10marsCaucusduKansas.

13marsPrimaires enAlabamaetauMississippi, caucus àHawaï.

17marsCaucus duMissouri.

20marsPrimaire dans l’Illinois.

24mars Louisiane.

27-30aoûtConvention duPartirépublicain en Floride. L’adversai-re deBarackObamasera désigné.

Washington

ArizonaCapitale : Phoenix

MichiganCapitale : Lansing

EngagnantleMichigan,MittRomneysauvesapositiondefavorirépublicainM.Romneyn’apaspâtidesonoppositionausauvetagede l’industrieautomobilepar l’Etat

Page 10: Journal le monde du 1 mars 2012

planète

Uncadeaude44tonnesàl’Assembléenationale

LondresCorrespondance

A une quinzaine de kilomè-tres au large des côtes de laCumbria, région du nord-

ouest de l’Angleterre, tournentdepuis la mi-février 102éoliennes,culminantchacuneà150mdehau-teur. De quoi produire367mégawatts (MW), assez d’élec-tricité pour 320000 foyers.Dénommée Walney, c’est la plusgrande ferme éolienne aumonde:«LeRoyaume-Uniadequoiêtre fierdesonindustrieéolienne», s’estvan-té lors de l’inauguration, le9février,leministredel’environne-mentEdwardDavey.

Lepaysestl’undesleadersmon-diaux de l’éolien enmer. Au largedel’embouchuredelaTamise,uneautre ferme, London Array, est enconstruction.Quandelleseraache-vée en 2013, elle sera à son tour laplusgrandeaumonde,avec175tur-binesproduisant 630MW.

Ces énormes projets menés àbien ne parviennent pas néan-moinsàdissiper ledoutequigagneaujourd’hui les partisans des éner-gies renouvelables: comment lesprochains chantiers éoliens vont-ilsêtre financés?Cettequestionestessentielle puisque le gouverne-mentbritanniquetabled’icià2020surdixfoisplusd’éoliennesenmerettroisfoisplusd’éoliennessurter-re qu’aujourd’hui, soit un total de22 gigawatts supplémentaires. Cequi lui permettrait de tenir sonobjectif de 15% d’électricité issusdes énergies renouvelables. Et dedamerunpeulepionàlasupréma-tie actuelledugazet ducharbon.

Mais le gouvernement conser-vateur a provoqué un certainmalaiseenproposantdansunpre-mier temps de réduire de 10% lessubventions à l’éolien jusqu’en2017, parce que les coûts deconstruction sont enbaisse.

Après cette échéance, lesmoda-lités des aides publiques ne sontpas encore clairement définies,

dans l’attente d’une grande réfor-me de l’ensemble du marché del’électricité. Du coup, plusieursentreprises affirment avoir misleurs investissements en suspens.

«Nousattendonsd’avoirplusd’élé-ments précis », confiait récem-ment au quotidien britanniqueThe Guardian Magued Eldaief, lepatrondeGeneral Electric Energy.

Cesinterrogationsontétérenfor-céesaveclalettreouverted’unecen-taine de députés conservateurs,qui s’élèventpubliquement contrel’éolien. Leurs arguments? En plei-

necured’austérité,dépenserdel’ar-gent pour les énergies propres est,selon eux, un gaspillage financier,sansoublierlespaysagesdéfigurés.Ils appellent donc à une «baissespectaculairedes subventions».

Pourl’instant, l’industrieéolien-ne reste confiante, d’autant que legouvernement lui confirme sonsoutien…oralement.«Lesentrepri-ses attendent d’y voir plus clair,mais la révision des subventionsest la question de quelques mois,estimeAndy Cox, consultant chezKPMG. L’appétit d’investissementdemeure.» Même son de clochedans une grande entreprise euro-péenne de l’éolien: «Au pire, celaralentira juste unpeu les choses.»

Quoi qu’il en soit, même si lesinterrogations liées au montantdes subventions étaient levées,cela ne réglerait pas le problèmedufinancementdecesprojetspha-raoniques, qui devient de plus enplus difficile. Jusqu’à présent, lamajorité des fermes éoliennesétaient auto-financées; les entre-prises concernées, des mastodon-tes,parailleursproductricesd’élec-tricité conventionnelle, qui pou-vaient se permettre d’avancer lesquelques centaines de millionsd’eurosnécessaires.

Maintenant que les projetsdeviennent de plus en plus impor-tants, cette logiqueatteint ses limi-tes.Walneyacoûté1,2milliardd’eu-ros. Fin 2010, le consortiumqui enest à l’origine – le danoisDonget lebritanniqueSSE – a donc décidé defaire entrer à son capital un fondsde pension, le néerlandais PPGM,luivendant25%duprojet.Unepre-mièreauRoyaume-Uni.

Cetteannoncen’estpasanodinecarl’industrieéolienneespèrevrai-ment que les investisseurs institu-tionnels vont venir à sa rescousse.Le mouvement va-t-il prendre?Outre PPGM, le fonds de pensionnational duDanemark a injecté del’argentdansl’éolien,demêmequeles fonds d’investissement Maru-beni (Japon) et TCW(Etats-Unis).

C’est insuffisant. Tom MurleygèreàHgCapital leplusgrosfondsd’investissement européen entiè-rement dédié à l’électricité renou-velable, avec 900millions d’eurosde capital. Récemment, il a calculél’argent investi depuis 2004 parles investisseurs institutionnelsenEuropedanscedomaine.Bilan:ceux-ci ont injecté 8,1milliardsd’euros,à50%dans l’éolienterres-tre, 19% dans l’éolien enmer, 18%dans le solaire et 13% pour le reste(biomasse…). «A l’heure actuelle, iln’y a eu que sept investissementsdans l’éolien offshore, ce qui repré-sente 1,5milliard d’euros», souli-gne-t-il. De quoi doucher les plusardents espoirs.

«Les fondsdepensionontde l’ar-gent,mais ils enmettent 80%dansdes actions et des obligations, et lereste se partage entre immobilier,hedge funds etmatièrespremières,expliqueM.Murley. Les infrastruc-tures,etdanscettecatégorieleséner-gies renouvelables, ne peuvent êtrequ’une toute petite partie de leurportefeuille.»

Selon lui, pour atteindre lesobjectifsde 2020duRoyaume-Unidans l’éolien en mer, il faudraittrouverenviron6milliardsd’eurosauprèsdesfondsd’investissement,soit quatre fois plus que l’argentinjecté jusqu’àmaintenant:«Peut-être qu’on y arrivera, mais cela nevapasêtre facile.»

L’image d’un Royaume-Uni quimettrait au rebut ses énergies fos-silespourseconsacrerpleinementàl’énergieduventn’estpasencorepourdemain.p

ÉricAlbert

NewYorkEnvoyée spéciale

J imGerritsenestunpetit fermierdu Maine (nord-est des Etats-Unis), spécialiste de la culture

biologique de la pomme de terre.Une rareté dans le pays qui lui per-met de vendre ses produits pres-que deux fois plus cher que sesconcurrents. Alors, quand une fer-me liée à Monsanto, le géant del’agriculturetransgénique,s’estins-tallée il y a quelquesmois à6miles(9,6km)desonexploitation,M.Ger-ritsena commencéàavoirpeur.

La distance est-elle suffisantepour éviter que ses cultures nesoient «contaminées» ? Avec levent, le pollen, «on n’est à l’abri derien,iln’yaaucunegarantie,dit-il.Ilyadequois’inquiéter,jeveuxsavoiravecquoi jenourrismafamille,mesclients!» Ce fermier est, du reste,moins terrifié à l’idée de cultiversans le savoir des produits généti-quementmodifiésqued’êtrepour-suivi parMonsanto pour violationde brevets liée à l’exploitation deses semencesoupesticides.

A tort? Selon l’association FoodDemocracy Now! (FDN), en treizeans, Monsanto aurait enquêté ensecret sur 7344fermes suspectéesd’utilisersesproduits,donnantlieuà144actionsenjustice.Or,M.Gerrit-sen le sait, contre la puissance éco-nomiquede lamultinationale, ilnepourrarien:«Ce sera la faillite.»

Seulementvoilà, aux yeuxde lajustice américaine, susciter lapeur

n’estpas,ensoi,répréhensible.Lun-di27février, la jugefédéraleàMan-hattan,NaomiBuchwald, a annon-cé avoir débouté l’action collective(classaction) intentéeenmars2011contre Monsanto par M.Gerritsenau nom de son association d’agri-culteurs bio, Osgata, soutenue pardes dizaines d’organisations et defermiersspécialistesdel’agricultu-re traditionnelleoubiologique.

«Peur d’un danger futur»Une déconvenue pour les plai-

gnants, que la juge justifie par lesfaits: il n’y apas de contaminationavéréedesplantationsconcernées,et l’accusé, Monsanto, a certifién’avoir jamais intenté de procèspour violation de brevets enversdes agriculteurs «qui ne souhai-taientpasutilisersesproduitstrans-géniques». En résumé, « la peurd’undangerfuturn’estpassuffisan-te» pour démontrer l’existenced’un différend réel et immédiatentre les parties, écrit la juge danssonarrêté.

Plus cinglante, MmeBuchwaldestimequ’enréclamantàMonsan-to un engagement écrit certifiantque la firme ne les poursuivraitpasenjustice, lesplaignantsonteurecours àune tactique«inaccepta-ble». Arguer que l’entreprise refu-se de répondre favorablement àcette requête ferait croire à l’exis-tence d’une menace qu’elle juge«subjective».

Cette décision est «une victoirepourtous les fermierspermettantà

toute forme d’agriculture biologi-que,conventionnelleoubiotechno-logiquedecoexister»,aréagiDavidSnively, vice-présidentexécutifdeMonsanto.Ledirigeant,dont la fir-me souffre d’une image de«méchant Américain», se réjouitquela jugetorde lecou«aufantas-me perpétué contre notre métierpar ces fermiers et sur Internet».

Dans le rang des plaignants, enrevanche, c’est la consternation.Personne ne nie que les planta-tionspuissentêtrecontaminéesetDavidMurphy,fondateurdel’asso-ciation FDN redoute qu’à cause deMmeBuchwald, « les brigades deMonsanto continuent à fairerégner la terreurchez les fermiers».

En outre, « la juge renforce lescraintesgrandissantesdelacorrup-tionde nos institutions démocrati-ques»,accuse-t-il.Pourcemilitant,en semblant plier devant la firme,la justice américaine laisse à dési-rer, notammentau regarddesder-nières décisions prises en France,où le gouvernementa réclaméà laCommission européenne de sus-pendre l’autorisation de mise enculture du maïs MON810, jugétoxique.

Mais, aux Etats-Unis, les chosesne s’arrêteront sans doute pas là.Daniel Ravicher, avocat des fer-miers, pense que «la juge a fait denombreuses erreurs» pour arrêtersa décision. Etudiant minutieuse-ment le texte, iln’exclutpasdefai-re appel.p

ClaireGatinois

Lesmodalitésdesaidespubliquesnesontpasencore

définies,dansl’attented’uneréformedu

marchédel’électricité

Troud’airpourl’industrieéoliennebritanniqueDesélusconservateursappellentàunebaissedessubventionset les investisseurssemontrentdeplusenplusfrileux

Mer Le capitaine du cargoéchoué enNouvelle-Zélandeplaide coupableLe capitaine et le secondduporte-conteneursRenaplaident coupa-ble denavigationdangereuse etentraveà la justice. Leur cargo, bat-tant pavillon libérien, qui s’étaitéchoué le 5octobre sur le récif del’Astrolabe (Nouvelle-Zélande), alibéréplus de 300 tonnesde fioulau larged’une côte touristique.Devant le tribunal de Tauranga,mercredi 29février, les deuxhom-mesdenationalitéphilippine ontreconnuavoir voulu gagnerdutempsen se rapprochantdescôtes. – (AFP.)

ClimatLes Américainsdavantage convaincusdu réchauffement62%desAméricainspensent quela températuremoyennede la ter-re a effectivementaugmenté aucours de ces quarantedernièresannées, selonun sondage réalisépar l’UniversitéduMichiganet leCollegeMuhlenberg, publiémar-di 28 février. La part des convain-cus augmente de 10%enunan,mais ils restentpolitiquementdivisés : 78%des sympathisantsdémocrates le sont, contre 47%des républicains. – (AFP.)

PollutionEn France, l’airestmeilleur à la campagneSelonune étudede l’Agencedel’environnementet de lamaîtrisede l’énergie (Ademe), publiéemar-di 28février, la qualité de l’air estplutôtmeilleuredans les zonesrurales, sauf dans les fondsde val-lée. Les analysesmenées dansneuf régionsmontrentqu’enSavoie se pose le problèmede l’ac-cumulationdepolluants arrêtéspar lesAlpes, enparticulier les par-ticules fines issues des chauffagesaubois. – (AFP.)

A l’agendade l’Assembléenationaledumercredi29février figureun cava-

lier législatif de poids: 44 tonnesprécisément. S’il est adopté, il vapermettre aux transporteursdecharger leurs camions les plusvolumineuxde 4t de fret supplé-mentaire, sans être soumis àl’obligationde les doter d’unsixièmeessieu. Le dispositif per-met auxprofessionnelsde la rou-te d’augmenter leurs cargaisonssans avoir à investir dansunenouvelle flotte. En France, jus-qu’àprésent, les plus gros véhicu-les pouvaient transporter 40t.

Ce coupdepouce en faveurdutransport routier qui s’est discrè-tementglissé dans lapropositionde loi dudéputé Jean-LucWars-mann (UMP), est donc sur lepointd’achever sonparcours par-lementaire. Il apparaît aumilieudemoult autres articles, entreunenouvelleprésentationdesbulletinsdepaie et l’allégementde la publicationdubilan socialet environnementaldans lesentreprises, entre autres.

Enpremière lecture, ce textefoisonnantavait notamment faitironiser le sénateurRonanDan-tec, dugroupeécologiste: «Il estassez légitimede sedemanderceque l’augmentationdu tonnagedes camionsvient fairedansunepropositionde loi dite de “simplifi-cationdudroit et allégementdesdémarchesadministratives”.»

Estimantà environ 500mil-lionsd’euros le surcoût d’entre-tiendes chaussées que risqued’entraîner cettemesure, le vice-

présidentde la commissiondéve-loppementdurable avait concluqu’il s’agissait «encore et tou-joursde privilégier le transportroutier» audétrimentdu fret flu-vial,maritimeet ferroviaire.

«Loi fourre-tout»Unmauvais couppour ceder-

nier secteurqui adéjà étédivisépardeuxendix ans. «C’est une loifourre-tout. Chacunsait que le dia-ble se cachedans les détails,dénon-ce ledéputé FrançoisdeRugy(EuropeEcologie-LesVerts). Lenombred’essieuxest fondamentalpour l’usuredes routes, or les trans-porteursne lapaientpas endehorsdes autoroutes, et la taxesur lespoids lourds est renvoyéeaprès l’électionprésidentielle…»

L’argumentselon lequel faireroulerdes camionsencorepluslongs limiterait le nombredevéhicules en circulation, doncl’émissionglobalede CO2, est loinde convaincreFranceNatureEnvi-ronnement (FNE) dans lamesureoù celaneprivilégierait que letransport routier. Ladéfinitionde la chargeautoriséedevrait rele-verdudomaine réglementaire,pasd’unepropositionde loi por-tant surdes sujets tout autres,estime l’organisation.

L’article est enoutre contraireà la Chartede l’environnement,selon laquelle les politiquespubli-quesdoivent promouvoir le déve-loppementdurable. Conclusion:FNEappelle lesparlementairesàdéposerun recoursdevant leConseil constitutionnel.p

MartineValo

IRLANDE

ROYAUME-UNI

FRANCE

Londres

Iles Orcades

Iles Shetland

Mer du Nord

Merd'Irlande

Manche100 km

PARCS ÉOLIENS ONSHORE ETOFFSHORE

RÉPARTITION DES SOURCES D’ÉNERGIEPOUR LA PRODUCTION D’ÉLECTRICITÉEN 2010

SOURCES : REVEWABLE-UK ; DEPARTMENT OF ENERGY AND CLIMATE CHANGE.

327 parcs opérationnels

44 parcs en construction

WalneyLe plus grand

parc éolien offshoredu monde

LondonArray

Le futur plus grandparc éolien offshore

du monde

Un pionnier des parcs offshore

CharbonGaz

28%

Nucléaire16%

Eau et autres4%Eolien3%

Importation1%Pétrole1%

47%

AuxEtats-Unis,échecd’uneactioncollectivedefermiersbiocontreMonsantoDespaysansduMainecraignentd’êtreaccusésdeviolationdebrevetspar lamultinationale,dont lesOGMrisquentdecontaminer leurschamps

10 0123Jeudi 1er mars 2012

Page 11: Journal le monde du 1 mars 2012

franceDansunsupermarchédeLaRéunion,l’obsessiondelaviechèreLepréfetaannoncélabaisseduprixde60produitsdeconsommationcourante.LesRéunionnaissontsceptiques

Derrièrelesprixélevés,lestabousdelavieinsulaire

Reportage

Saint-Denis de LaRéunionEnvoyée spéciale

L e chariot roule à grand bruitsur le bitume surchauffé dusupermarché Jumbo Score

de Sainte-Marie, entre l’aéroportet la villedeSaint-Denis.FrançoiseAlbac, lamère,courtdevant.Hugo,le fils aîné, pousse le chariot à viveallure. Grégoire, 3 ans, occupe lepetit siège rouge, tandis qu’Aline,8 ans, se délecte, assise à la placedesmarchandises, de cette coursecahotique à la consommation. Cemardi 28 février, Hugo fête ses12ans et toute la famille est pres-séede faire les courses.

C’estaussi le jouroù lepréfetdeLa Réunion, Michel Lalande,annonce la liste des produits dontles prix vont baisser, après plu-sieurs jours d’émeutes contre lavie chère, du 21 au 26 février.«D’habitude, je vais chez Leclerc,c’est moins cher. Mais c’est plusloin et je n’ai pas le temps», expli-queFrançoise. L’auxiliairedepué-riculture a griffonné sa liste suruneenveloppe,à laquelleelle jetteun coup d’œil en entrant dans lagalerie marchande, sans ralentir.Elle a 45ans, gagne 1475euros netparmoisettouche425eurosd’allo-cations familiales. Son compa-gnon estmoniteur d’auto-école.

Alineadûquitterlefondducha-riot, bientôt remplacée par unpaquet de céréales Crunch, untubededentifriceColgate,uneboî-te de mouchoirs, douze yaourts

nature Yoplait, des Danone à boi-re, des spaghettis Panzani, deuxbouteilles de Ketchup bon mar-ché, huit sachets de soupe auxnouilles chinoise, de la purée enflocons, des madeleines, du soja,des Barquette 3Chatons, des BNPocket, des goûters marbrés Casi-no, du Coca, un pack de six bou-teillesde Bagatelle, une eau locale,des Chamallows et des crocodilesHaribo,unpotdeNutellaXXL,dou-zeœufs et un litre de lait Candia à0,93euro, «produit liste du Cos-par». Un revenant.

En 2009, dans le sillage du LKP,le collectif contre la «profitation»de laGuadeloupe, les Réunionnaisavaientmonté le Cospar, Collectifdes organisations syndicales, poli-tiques et associatives de La Réu-nion, qui avait notamment obte-nu des grandes surfaces qu’ellesdiminuentde5%à20%lesprixde250produitsalimentairesetména-gers. Autant dire que ces conquê-tesnesontplusqu’unvaguesouve-nir,dansuneîleoù52%delapopu-lation vit en dessous du seuil depauvreté, soit avec moins de817eurosparmois. Il serasansdou-

teplusdifficile, cette fois,de croireauxpromesses.

La petite famille créole est arri-vée à la caisse. Montant de l’addi-tion : 160,10euros. Bien peu desproduits entassés dans le chariotsont concernés par la baisse desprix qui doit intervenir le 12mars.Parmi eux, les spaghettis Panzani(1,55 euro) devront coûter 16%moins cher, l’effort étant répartientre la grande distribution et lesfournisseurs, soit 8% chacun. LeprixdesBNetdes céréalesCrunch(4,09euros) devra diminuer de20%. Le paquet de douze yaourtsnature (Yoplait, Danone ou Pitondes neiges) devra également bais-serde 20%,dont8%consentisparle conseil général. «Le yaourt quiviendra de Normandie, il sera tou-jours plus cher à Mayotte qu’enNormandie», avaitpourtantexpli-qué le premier ministre, FrançoisFillon,enjuillet2009.Ilavaitajou-té que la question ne pouvait êtrerésolue «que par le développe-ment des productions locales».

En attendant, les «produitspays» sont toujours beaucouppluschersque lesproduits impor-tés.ChezCarrefour, le faux-filetdebœuf de La Réunion coûte23,90euroslekiloalorsquelavian-

de importée est à 20,90euros. Ilen vademêmepour tous lesmor-ceaux. Les légumesatteignentdesprix exorbitants : les champi-gnons de Paris, à 13,95euros lekilo, lecéleri-raveà12eurosoul’ar-tichaut à 2,35euros la pièce.

Labaisseannoncéelaissescepti-queMichel, 56ans, retraité depuiscinq ans de la police de l’air et desfrontières. « Ils ont augmenté lesprix il y a quinze jours. Je le sais, jefais tous les supermarchés», assu-re-t-il. C’est aussi l’antienne desRéunionnais sur radio Freedom, lastationplusécoutéedel’île.«J’aivuunecuissedelapinausupermarchéà 7,34euros», s’exclamait un audi-teurlundi.«Lesprixontmontépen-dantlesgrèves.Çavaêtredesconne-ries, la baisse», a prédit le suivant.Tel autreavait vusonproduitvais-selleà6,70euros.«J’ai lemêmeàla

maison à 4,80euros. Ils ont pris lesdevants!» Pour beaucoup, la bais-sedesprix seraitun leurre.

Une autre crainte a saisi cesconsommateurs friands de gran-desmarquesquesontlesRéunion-nais: celledevoir labaissedesprixconcentrée sur des produits dequalitémédiocre. Le préfet a doncprissoindepréciserenprésentantla liste que « la qualité [avait] étéun critère essentiel de choix».

Dans les allées de l’hypermar-ché Carrefour, Holi, 40 ans, uneFranco-Malgache, a fait ses comp-tes depuis longtemps: «Avec le FF[francfrançais], jeprenaisdesmar-ques, avec l’euro je ne peux plus»,dit-elle. Elle connaît bien les prixde chaque supermarché et achèteici son shampooing, par exemple.En revanche, les céréales préfé-rées de ses filles de 13ans et 17ans,

se trouvent chez Leclerc, pourbeaucoupmoins cher. Cette gran-desurface,raconte-t-elle,offredespromotions sur la viande tous lesmardis matin. «C’est une ruéeincroyable chaque semaine.»

Jean-Jacques, fines lunettes cer-clées, ex-professeur des écoles,prend son temps, il est à la retraite.A 65 ans, il n’a pas à courir dans lesrayons ni à examiner les prix à laloupe.Commefonctionnaire,iltou-chaituneprimedeviechère,majo-rant son salaire de 53% et mainte-nant sa pension de 37%. «On saitbien que tôt ou tard ce privilège vasauter», dit-il. Mais il refuse dejouerlesboucsémissairesdumalai-se social et ne peut s’empêcher desouligner les paradoxes de cettesociété, tiraillée entre grande pau-vretéet consumérismeforcené.p

BéatriceGurrey

«Lesprixontmontépendantlesgrèves.

Çavaêtredesconneries,labaisse»

Unauditeur de radioFreedom

Françoise Albac et ses enfants dansun supermarché de l’île. IMAZ PRESS REUNION POUR «LE MONDE»

Saint-Denis de la RéunionEnvoyée spéciale

Àquelques semainesde la prési-dentielleet aprèsquatre jours denégociations, le préfetde LaRéu-nion,MartinLalande, a annoncé,mardi 28février, que lesprixdesoixanteproduitsde consomma-tioncourante allaientbaisser danslesgrandes etmoyennes surfaces,de 10%à40%, à partir du 12mars.

Cetaccordentrepouvoirspublics, grandedistributionet col-lectivités locales complète lesmesuresd’urgencedéjàadoptéesaprès les cinq joursd’émeutescontre lavie chèrede la semainedernière: baissede30%duprixdelabouteilledegazet de8centimesdusans-plombetdugazoleà lapompe.La factured’électricitédesfoyers lesplusmodestes seraallé-gée.Deuxspécialistesviendrontrenforcer l’Observatoiredes coûts,dont le budgetpassede30000à50000euros. Lesacteurs sociauxs’accordaientàdirequesesmoyensne luipermettaientpasdecontrôler l’applicationdesaccordssignésen2009après lemouve-mentsocial.

Lesprixenbaissede cesquaran-te-huitproduitsalimentairesetdouzenonalimentaires (produitsd’entretien,d’hygiène,pourbébé)nesontgarantisque jusqu’à la finde l’année. Laparticipationduconseilgénéral à cet effortpour lesconsommateursest estiméeà5millionsd’euros. Celleduconseilrégionaln’apas étécommuni-quée, tandisque lagrandedistribu-tionet les fournisseurscontribue-raientàabaisser lesprixde 7%.Cesnotionsrestaientassez floueset iln’a jamaisétéquestiond’inclure

des transports,des servicesbancai-res, de la téléphoniemobileoudulogementdans les baissesdeprix.«Lavie chère»dans les îles concer-nepourtant l’ensembledespro-duitsetdes services.

SurprimeNéanmoins, lesdeuxprésidents

de l’exécutif local,DidierRobert(UMP),présidentduconseil régio-nal, etNassimahDindar (MoDem),présidenteduconseilgénéral, ontabordéuntabou: «Laquestiondesmonopolesdoit êtreposée», adit lepremier.«Lesprixdépendentdesimportations,maisaussidesmono-polesetdes oligopoles.Unautremodèleestà construire», a assuréla seconde.AinsiBernardHayot,propriétaired’ungrouped’originemartiniquaisequi fut tantdénon-céà laGuadeloupe,possèdeplu-sieursconcessionsàLaRéunion:Carrefour,Danone,Mr.Bricolage,Decathlon,ainsiqueRenault,Mer-cedes,Volkswagen,Audi, SkodaetHyundaipour l’automobile.

Unautre taboude la société réu-nionnaisecommenceàêtreabor-dépubliquement: celuide la sur-primedes fonctionnaires (+53%de leur salairedebase) etdescadresduprivéen raisonde laviechère, commeailleursdans lesDOM.«L’heureest venuede laremettreencause,maispaspourceuxqui sontdéjàenposte», propo-seGilbertAnnette, lemaire (PS)deSaint-Denis.Ces contratspour lesnouveauxentrantsseraientnégo-ciés selon leprincipe«niprivilègeni sanction», àune condition,notamment: que l’économie réali-sée soit intégralement investieàLaRéunion. p

B.G.

110123Jeudi 1er mars 2012

Page 12: Journal le monde du 1 mars 2012

LyonCorrespondant

D es parents inquiets ont-ilsle droit d’espionner unenounou à son insu? Oui, a

répondu le tribunal correctionnelde Lyon en relaxant deux jeunesparents poursuivis pour «atteinteà la vie privée» après avoir intro-duit un enregistreur dans la pelu-che de leur enfant. La décision aétérenduemardi28février,àlasui-ted’unprocèsquis’étaitdéroulé le12janvier.

En septembre2010, Julien etDeborah Lemarquis, 34 et 32 ans,s’installentdans larégion lyonnai-se. Cadres tous les deux, ils cher-chent à faire garder leur fils uni-que, âgé deneufmois. «Pour trou-ver un mode de garde, on ne peutpas faire les difficiles en France, ona consultéun listing sur le site de lamairie», a expliqué la maman autribunal. Ils trouventunenourriceprèsde chez eux.

Assistante maternelle agrééedepuis neuf ans, Elisabeth Lugartaccueille un autre enfant à sondomicile, à Couzon-au-Mont-d’Or.«Notre enfant rentrait à lamaisonassoifféettrèsénervé,onaaccumu-lé des doutes», a relaté la maman.Leurs soupçons sont renforcésparune caméra de surveillance instal-léeà l’entréedudomiciledelanou-nou. Ils l’interprètent comme «unstratagème» pour se prémunirdes visites impromptues.

Deux pièces en sous-sol«Onvoulait enavoir le cœurnet,

si notre fils était en danger ou pas,c’est difficile ce genre de situation,on pouvait se tromper», a indiquéla jeune mère, qui craignait desretombées négatives en alertantles services sociaux. Il leur vientalors l’idée de l’espionner. Le papainformaticien installe un enregis-treurnumériquedansunepelucheaccrochée au gilet du bambin. Lesparents captent ainsi les sonsd’une journée de garde, de 9h18 à17h00,le20janvier2011.L’enregis-trement confirme leurs craintes.Ils déposent plainte pour «mau-vais traitements».

La gendarmerie prend l’affaireausérieux:ouvertured’uneenquê-te, perquisition, garde à vue de lanourrice et retranscriptionde l’en-

registrement.«Ona euune longuediscussionavec les parents, on vou-lait savoir si on n’était pas un peulimite, on a eu l’aval du parquet»,est venu témoigner au procès ungendarmedeNeuville-sur-Saône.

L’enregistrement a donné lieu àun long procès-verbal décrivantminuteparminuteune tranchedevie chez la nounou. Le chien quiaboie,uneconversationautélépho-neàproposd’unproblèmeperson-nel de santé, lemariqui rentre, desbruits de pas dans l’escalier. Ce quichoque surtout les parents: l’ab-sence totale de parole de la nourri-ceenvers l’enfant.Commes’il étaitcomplètementdélaissé.

L’enquêterévèleque les enfantssont hébergés dans deux piècesaménagées en sous-sol, ce que lesparents ignoraient. Finalement, laplainte a été classée sans suite, leparquet estimant la privation desoins insuffisamment caractéri-sée. La maison du Rhône, organis-me départemental de tutelle des

assistantes maternelles, a adresséun courrier à la nourrice pour luirappeler l’obligation de faire visi-ter les lieuxd’accueil.

«Une réputation ruinée»Toujours titulaire de son agré-

ment, celle-ci a préféré arrêter sonactivité, par crainte des ennuis.Maiselleadécidédepoursuivrelesparents à cause de l’enregistre-ment effectué sans son consente-ment.Leparquetn’a rienrequisauprocès qui s’est tenu sur citationdirecte de la partie civile. « Il estconcevable que de jeunes parentspuissent s’inquiéter mais on nepeut pas tout se permettre à partirde soupçons, on ne peut pasbafouer la vie privée et ruiner uneréputation», a plaidé XavierMoroz, l’avocatde lanourrice.«Onest face à une privation de soins,quedevaient-ils faire?», a rétorquéMe Béatrice Bertrand, défenseurdesparents.

Le tribunal a estimé que l’élé-

mentmatériel de l’infraction d’at-teinte à la vie privée était bienconstitué: les données captées etécoutéesrecelaientdesaspectsinti-mes. Mais il n’a pas retenu l’élé-ment intentionnel: le but était devérifier les conditions de garde del’enfant à partir de soupçons, sansintentiondeporteratteinteà lavieprivée,mêmesic’étaità l’insude lanourrice, a expliqué en substancela présidente du tribunal en ren-dant le jugementde relaxe.

«C’est inquiétant, lesparentsontun blanc-seing pour s’ériger enenquêteursprivés», aaussitôtcom-mentéMe XavierMoroz. «La santéd’un enfant est un principe essen-tiel qui doit détrôner le sacro-saintprincipede la vie privée, la fin justi-fietoutàfait lesmoyens», penseaucontraire Me Béatrice Bertrand.L’avocate a salué une décisionqu’elle qualifie de «première»amorçant une jurisprudence surunsujet«dans l’air du temps».p

RichardSchittly

société

L e ministre de l’intérieurClaude Guéant avait préve-nu:saluttecontrel’islamradi-

calpasseraitparladissolutiond’ungroupe islamiste et l’expulsiond’unimamextrémiste.LedécretdedissolutiondugroupeForsaneAliz-za («cavaliers de la fierté») devaitêtresignélorsduconseildesminis-tres, mercredi 29février. L’expul-sion de l’imam, en revanche, estrepousséesinedie.

Cettedécisiondedissolutionestla première à l’encontred’unmou-vement islamique. L’associationvisée, «une centaine de person-nes», selon le ministère de l’inté-rieur, est notamment accusée de«former à la lutte armée et d’atten-ter à la forme républicaine du gou-vernement». «Forsane Alizza pré-sente le caractère d’un groupe decombat», précise le ministère, quiajoute: «Par sonappel à l’instaura-tiond’uncalifatetà l’applicationdela charia (loi islamique) en France,l’association remet en cause le régi-medémocratique.»

Forsane Alizza, qui, selon desdéclarations de son principal res-ponsable, Mohamed Achamlane,«refuselalaïcité», s’estillustréepardes manifestations contre la loiinterdisant leportduvoile intégralou, plus récemment, en soutienaux intégristes catholiquesprotes-tant contre des pièces de théâtrejugées blasphématoires. Le10 février, M. Achamlane, a étécondamnéenappelà4moisdepri-son avec sursis pour provocationàla discrimination raciale ; il étaitpoursuivi pour avoir appelé à boy-cotter un restaurant McDonald’s,accusant lamarqued’être au servi-ce d’Israël, et pour avoir détruit etappeléàbrûleruncodepénal,danslequel, estime-t-il, «pas une ligneneprotège lesmusulmans».

L’association, qui semet en scè-ne sur son site Internet à traversdes vidéos, reconnaît que le passa-ge «à la lutte armée est possible sil’islamophobie s’intensifie». Danscettehypothèse,elletentederecru-ter «des soldats»: «Si vous appré-ciezles sportsdecombat,alorsvotreprofil nous correspond inchaalah»(sic). Ladissolutiondugroupeamè-

nera « lesmusulmans à se commu-nautariser», assure son responsa-ble sur le sitede l’association.

En ce qui concerne l’imamMohammed Hammami, la com-missiond’expulsionquidevaitsta-tuerle7févriersurlesortdeceTuni-sien de 76ans ne se réunira que le15mai. Un délai dû à sa demanded’aide juridictionnelle. L’éventuelrenvoi en Tunisie de ce religieuxaccusé par les pouvoirs publicsd’avoir appelé à «fouetter àmort»les femmes adultères et d’avoirtenudes«proposviolemmentanti-sémites et discriminatoires» nepourra donc pas intervenir durantla campagne présidentielle, ainsique l’avait espéré leministre.

«Hommeâgé»M.Hammami est l’un des prin-

cipaux responsables de l’associa-tion Foi et pratique, branche dumouvement ultra-orthodoxe duTabligh.A ce titre, il a participéà lacréation du Conseil français ducultemusulman (CFCM), en 2003.L’un de ses fils occupe des respon-sabilitésauseinduCFCM.LeCFCMa pris acte de la demande d’expul-sion, soulignant que les proposprêtés à cet imam «sont en totalecontradiction avec les engage-ments de la fédération Foi et prati-que ». Certains responsablesmusulmans s’étonnent que l’ons’en prenne aujourd’hui à cet«hommeâgé», connudepuislong-temps pour son approche ultra-orthodoxede l’islam.

Leministèredel’intérieura,sem-ble-t-il, voulu faire un exemplealorsque laplaceBeauvauobserve,«depuis la victoire des islamistesaux élections en Tunisie», des pri-ses de parole plus radicales de lapart de certains imams. Les spécia-listes de l’islam notent générale-ment une prudence dans l’expres-sion publique des religieux radi-caux et soulignent que nombred’entre eux sont français et nonexpulsables. Pour ceux-là, «c’est lecode pénal qui s’applique» rappe-lait le ministre dans Le Monde du3janvier. En dix ans, 34imams ontétéexpulsés.p

Stéphanie Le Bars

ClaudeGuéantdissoutungroupeislamisteradicalL’expulsiond’un imamtunisienannoncéeparleministrede l’intérieurest reportéesinedie

Fait diversUnhomme soupçonnéde viols retrouvédans une prison belgeUnhommede40ans recherchédepuis deuxmois par la police françai-se a été retrouvé,mardi 28février, dansuneprisond’Anvers (Belgique)où il est incarcérédepuis plusieurs jours. A lami-janvier, la police judi-ciairede Paris avait lancéunappel à témoinpour retrouver cet individususpectéde trois viols commis en l’espacede cinq jours findécem-bre2011 dans l’Essonneet à Paris. Il avait poignardédeuxde ses victi-mes. Il a été identifié grâce à ses empreintesdigitales. –(AFP.)

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“A LA UNE DU MONDE”Sur France Info

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A prèslesprothèsesmammai-res défectueuses, c’est autourdeprothèsesdehanche

de poser la question de la sécuritédes dispositifs médicaux. Selonuneenquêtemenéepar laBBCet leBritish Medical Journal (BMJ) révé-lée mardi 28février, une centainedemilliersdepatientsdanslemon-de porteurs de ces prothèses pour-raient avoir été exposés à des tauximportantsdemétauxtoxiques.

Deux modèles fabriqués par lelaboratoire Johnson &Johnson etcommercialisés en France, depuis2004, par la filiale DePuy sont encause.Cesprothèsesdehancheontprésenté un taux de révision (dereprise) suffisamment élevé (1,3%)comparé à celui des autres fabri-cants(0,1%)pourquel’Agencefran-çaise de sécurité sanitaire des pro-duits de santé (Afssaps) suspendela commercialisationde cesmodè-les en juillet2010.

Si les agences sanitaires sem-blent avoir réagi dès qu’elles onteu connaissancede ces anomalies,le BMJ et la BBC déplorent, sur labased’undocumentinterneà l’en-

treprise, que DePuy ait été infor-mé de la possibilité que des«débrisd’usurepuissentêtrecancé-rigènes» dès 2005. «Bien que cesrisques étaient (…) bien documen-tés depuis des décennies, lespatients ont été laissés dans l’igno-rance sur leur participation à unevéritable expérimentation incon-trôlée», poursuit la revuemédica-le. Selon l’enquête britannique, lerisque des implants en alliagecobalt-chrome est bien connudepuis 1975. Mardi, Le Figaro indi-quait pour sa part que le fabricantaeuconfirmationdecesdéfaillan-ces en 2007, lorsque l’Australie l’aalerté d’anomalies importantessur ses prothèses. Ces donnéesseront corroborées trois ans plustardpar des études britanniques.

EnFrance, 100000prothèsesdehanche sont posées chaque année.Entre2004etl’été2010,380person-nes se sont vues implanter ces pro-thèsesàrisque.Toutesontnormale-ment été revues par leur chirur-gien.Le27août2010,DePuyrecom-mandait aux médecins de prati-quer dans certains cas un dosage

sanguin des ions cobalt et chromeetuncontrôleradiologiqueparIRMouscanner (ce que l’Afssapsn’apasrecommandé à ce jour). La sociétéajoutait prévoir la prise en charge«raisonnable» de suivi et de traite-ment et étudier « le rembourse-ment» des examens et des retraitsde prothèses. Depuis 2004, 12pro-thèses ont été retirées en France.«Le scandale (…) serait presquepas-sé inaperçu si le géant américainJohnson &Johnson n’avait provi-sionné lemois dernier 3milliardsdedollars en prévision des procès àvenir», estimeLeFigaro.

CoopérationCette affaire intervient peu de

tempsaprèslescandaledesprothè-ses PIP, vaste supercherie du faitd’unchefd’entreprise, Jean-ClaudeMas, persuadé que son «gel mai-son» était meilleur que les autres.Cette affaire, qui touche quelque400000femmesdans lemonde, amis à mal la question du contrôledes dispositifsmédicaux (lentilles,valvescardiaques,pansements…).

Contrairement aux médica-

ments, les dispositifsmédicauxnesontpassoumisàuneautorisationdemise sur lemarché et leur com-mercialisationrelèvedelaseuleres-ponsabilitédu fabricant.

Alorsque ladirective européen-ne relative à ces produits de santéestencoursderévision,XavierBer-trand,leministredelasanté,etplu-sieurs de ses homologues ont écrità John Dalli, commissaire pour lasanté,le20février,pourluideman-der d’accélérer le processus et derenforcer les mesures envisagées.Ainsi proposent-ils la créationd’un «réel mécanisme d’autorisa-tion (…) pour les dispositifs médi-caux implantables (…) les plus à ris-que». Ilsplaidentpourunemeilleu-re communication entre les diffé-rentes autorités sanitaires. De leurcôté,laDirectiongénéraledelasan-té (DGS) et l’Afssaps dressent uneliste des dispositifs implantables àrisque qui devront être soumis àune vigilance particulière en Fran-ce. Cet inventaire devrait êtreconnucourantmars. p

EmelineCaziet Laetitia Clavreul

L’affairedesprothèsesdehanchedéfectueusesrelanceledébatsurlecontrôledesdispositifsmédicauxUnecentainedemilliersdepatientsdans lemondepourraientavoirétéexposésàdesmétauxtoxiques. L’Agencedesécurité sanitaireasuspendu leurcommercialisationenjuillet2010

RelaxepourdesparentsinquietsquiavaientespionnélanounoudeleurbébéLecoupleétaitpoursuiviparuneassistantematernellepour«atteinteà lavieprivée».Soupçonnantdesmauvais traitements, il avait introduitunenregistreurdansunepeluche

12 0123Jeudi 1er mars 2012

Page 13: Journal le monde du 1 mars 2012

130123Jeudi 1er mars 2012 économie

Enhaussele japon – Laproductionindustrielledu Japonaaugmentéde2%en janviersurunmois, aannoncé leministèrede l’économiemercredi29février. Elle avaitdéjàprogresséde3,8%endécembre2011, grâceaurétablissementdesappro-visionnementsenprovenancedeThaïlande.

T out un symbole. En termi-nantlaséanceà13005 points,mardi 28février, au-dessus

du seuil des 13000points pour lapremière fois depuis mai2008, leDow Jones, indice vedette de laBourse de Wall Street, a marqué leretour des marchés américains àleursniveauxd’avant la chutede labanqueLehmanBrothers.

Et ce, àunmomentoù ledécala-ge avec l’Europe, et notamment laFrance, n’a jamais été aussi fla-grant. Le CAC40 a clôturé mardijuste en dessous des 3454points,un niveau 20% inférieur à sonplushautdefévrier2011,oùilavaitdépassé la barre des 4100 points.Alapériodefastedemai2008, l’in-dice parisien caracolait à plus de5100points…

Retrait des fonds américainsLes inquiétudes sur les dettes

des Etats du VieuxContinent sontpourbeaucoupdans cettemorosi-té. «Les valeurs européennes sontdans l’œil du cyclone à cause de lacrise des dettes souveraines »,confirme Gregory Moore, gérantchez Montségur Finance. A telpoint qu’en fin d’année dernière,«denombreuxinvestisseursaméri-cains, notamment des fonds, ontsoldé leurs portefeuilles d’actionsen euros, persuadés de la fin immi-nente de la monnaie unique»,explique-t-il. Un phénomène nonnégligeable: le CAC40 est histori-quement détenu à 30 ou 40% pardes investisseurs américains.

Autreexplication: lecomporte-ment des Etats eux-mêmes. «Enreportant à la fin mars ses aides àl’Europe [via un renforcement desressources du FMI], le G20 n’a pasaidé pas à ramener la sérénité»,faitvaloirPhilippeWaechter,direc-teur de la recherche économiquechezNatixisAM.

Mais les incertitudeseuropéen-nes ne suffisent pas à expliquerl’euphorieaméricaine.L’améliora-tion de la conjoncture nationale aété essentielle. «Ces derniersmois,

les statistiques macroéconomi-ques américaines ont confirmé lareprise, notamment en termesd’emploi, l’indicateurleplusimpor-tant», explique Gregori Volokhi-ne, président de Meeschaert auxEtats-Unis. C’est d’ailleursune sta-tistique sur l’amélioration dumoral des consommateurs améri-cains qui a permis au Dow Jonesd’inscrire son recorddemardi.

S’y ajoute la politique menéeparlaBanquecentraleaméricaine.«En décidant de rester accommo-dante [ellene relèverapas ses tauxdirecteursavant la fin 2014], la Fed

arassurélesmarchés»,notePhilip-peWaechter. Leprocédéamécani-quement accru l’engouementpour lesactions,puisque lesplace-ments monétaires rapportentmoins. Toutes choses renduesmoins évidentes par le mécanis-medeprêtà longtermequ’achoisila BCE pour renflouer les banquesdu Vieux Continent, et dont ledeuxièmeactesejouecemercredi.

Paradoxalement, nombre d’en-treprises françaises qui compo-sent l’indice n’ont pas démérité :«des valeurs cycliques commeLafarge, Alstom ou Alcatel-Lucent

ont connuunbeau rebond, cesder-nières semaines», juge GregoryMoore. Le CAC a tout de mêmeregagné près de 25% depuis sonplus bas de septembre2011. Maisla composition de l’indice ne jouepas en sa faveur: les valeurs ban-caireset financières, toujoursmal-menées par la crise, pèsent sur latendance.Leretardfrançaisestéga-lementnet par rapport à l’Allema-gne. Le Dax, où les groupes indus-trielssetaillentlapartdulion,évo-lue à moins de 5% de ses plus-hauts demai2008.

«LeCACprésenteunretardnota-

bledevalorisation»,confirmeGre-gory Moore. Et de détailler : «Lesprévisions de bénéfice net desvaleurs de l’indice frôlent les100milliards pour 2012, deux foisplus qu’il y a trois ou quatre ans,alorsque lavalorisationduCACestsensiblement la même, à 10,8 foisces bénéfices. En face, le Dow Jonesest valorisé 13,3 fois. »

De là à parler de «bulle » del’autre côté de l’Atlantique, il y aunpas que certains n’hésitent pasà franchir. «Les actions américai-nes sont surévaluées tant l’écono-miedomestiqueprésentedefragili-

tés, que ce soit en termes de dettepublique [107% du PIB pour 2012]oudedéficit»,rappellePierreSaba-tier,présidentducabinetdePrime-view. «Il est trop tôt pour parler debulle, même s’il y a peut-être uneexagération», nuance PhilippeWaechter. Quant à espérer un rat-trapagedu côté français, les obser-vateurssontunanimes: ilnepour-rait avoir lieu qu’à la faveur d’uneembellie notable de l’économie,bien improbable à l’heure où plu-sieurs pays européens sontmena-cés de récession.p

AudreyTonnelier

AWallStreet, lundi27février, àlaveilledufranchissementduseuilsymboliquedes13 000points. RICHARD DREW/AP

WallStreetretrouvesonniveaud’avantlacriseL’euphorieaméricainetrancheavec les incertitudesde laBourseparisienne,quiplafonneàmoinsde3500points

Enbaissela consommation en france – Lesdépenses enbiens de consommationen Franceontbaissé en janvier de0,4% surunmois, selonl’Insee. Elles avaient reculéde0,2%endécem-bre2011. Les achats d’automobilesont notam-ment baisséde 7,6%, après +2,8%endécembre.

LeFBItraquelesdélitsd’initiésavecl’appuipublicitairede«GordonGekko»120personnespourraient faire l’objetdepoursuitesauxEtats-Unis

Lescoursdujour ( 29/02/12,09h54)

NewYorkEnvoyée spéciale

T actique d’intimidation?Selon le Wall Street Journaldu mardi 28 février, le FBI

enquêterait en cemomentmêmesur 240 personnes soupçonnéesde délit d’initiés aux Etats-Unis,dont pas moins de 120 suscepti-bles de donner lieu à des poursui-tes. «Nous les avons identifiées etmaintenant nous allons monterdes dossiers autour de ça», a rap-porté au quotidien américainDavidChaves, un agentdu FBI.

Cette révélation inédite souli-gne le rôle accru des «fédéraux»dans la répression de ces fraudesconsistant à profiter avant lepublic d’une information confi-dentielle pour engranger des pro-fits. Depuis la fin 2009, le FBI arecensé plus d’une soixantaine dedélitsd’initiés,dontdescasspecta-culaires comme celui du milliar-daire Raj Rajaratnam, patron dufonds spéculatifGalleon, condam-néà onze ansdeprison.

Il y aquelquesannéesencore, cerôle de justicier de la financeéchouait plutôt à la Securities andExchange Commission (SEC), le

gendarme desmarchés financiers.Maisest-cepourcompenserlesgra-ves erreurs de la SEC? Pour faireoublier que pendant des annéesl’autoritén’avait rientrouvéàredi-re à BernardMadoff? Quoi qu’il ensoit, le FBI occupe aujourd’hui ledevantde la scène.

Financiers véreuxLesmoyenssontsanscomparai-

son:35 629 employésauFBIcontre3 500 pour la SEC, rapportent leséquipesdeMeeschaertàNewYork.«La SEC est débordée», expliquentces financiers. Surtout, l’image dela SEC est celle d’une administra-tionlourdeetpeuefficace,quandleFBI,associéaucrime,estplus«sen-sationnel».

«Il y a sans doute une batailleentre les deux autorités pour occu-per le terrain», estime Dan North,économiste à Boston. Au sein de laSEC, on expliqueque lesdeuxenti-tés sont complémentaires, rappe-lantquelaSECrelèvedudroitadmi-nistratif et le FBI du pénal. Rien deplus.

Rivalité ou pas, le FBI sembledécidé à se faire connaître de WallStreet pour s’attaquer aux finan-ciers véreux, les «bad apple ».

Depuis mardi, les traders voientdéfiler sur leurs chaînes favorites,BloombergouCNBC,unepublicitéde60secondescontre ledélitd’ini-tiés. Casting? «Gordon Gekko»,aliasMichaelDouglas.

Ce personnage du film d’OliverStone, Wall Street, sorti en 1987,figure de la finance américainesans scrupule des années 1980dont la réplique laplus célèbre res-te«Greedis right» (« lacupiditéestune bonne chose»), vante désor-mais les mérites de l’honnêteté,appelant banquiers, traders ougérants à dénoncer leurs camara-despeuscrupuleuxauFBI.

«Lorsqu’une affaire est trop bel-lepourêtrehonnête, c’est sansdou-te qu’elle ne l’est pas», expliqueM.Douglas dans le spot. L’acteurde 67 ans en avait assez de se fairearrêterdansManhattanpardestra-ders pétris d’admiration pour sonpersonnage.

«Je suisun crimineldans ce film.Les gens ne réalisent pas ça ? »,aurait expliqué l’acteur aux équi-pes du FBI. «Le film était une fic-tion, le problème est réel», raconteM.Douglas dans le film publicitai-re, tel un repenti.p

ClaireGatinois

Paris ne parvient pas à imiter New York

SOURCE : BLOOMBERG

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INDICE DOWJONES, en points13 005,1

Euro 1euro 1,3458dollar (achat)Or Onced’or 1781dollarsPétrole LightSweetCrude 107,1dollarsTauxd’intérêt France 3,02 (àdixans)Tauxd’intérêt Etats-Unis 1,96 (àdixans)

Page 14: Journal le monde du 1 mars 2012

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteurDernier cours connu le 29/2 à 9hValeur Cours date

en euro valeur

CM-CIC EUROPE 22,85 27/2

Fonds communs de placementsCM-CIC EUROACTS C 17,94 27/2CM-CIC SELECT.PEA 7,44 27/2CM-CICMID EUROPE 20,53 27/2CM-CIC TEMPEREC 172,06 27/2CM-CIC DYN.EUROPE 32,46 27/2CM-CIC FRANCEC 30,12 27/2CM-CIC EQUILIBRE C 72,01 27/2CM-CIC DYNAM.INTLE 27,84 27/2CM-CIC OBLI C.T.D 133,69 28/2CM-CICMID FRANCE 33,62 27/2

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SICAVET FCP

PER - Price EarningRatio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercicecourant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

FRANCE CAC 40 3475,78 29/2 0,63 3478,03 22/2 3114,45 9/1 9,00

ALLEMAGNE DAX Index 6933,48 29/2 0,67 6971,03 21/2 5900,18 2/1 9,35

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5934,33 29/2 0,11 5964,02 24/2 5572,28 3/1 9,66

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 13005,12 28/2 0,18 13027,52 27/2 10404,49 4/10 11,19

Nasdaq composite 2986,76 28/2 0,00 2976,08 27/2 2298,89 4/10 15,79

JAPON Nikkei 225 9723,24 29/2 0,01 9736,11 27/2 8349,33 6/1 13,11

LESMARCHÉSDANSLEMONDE 29/2, 9h54

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PERcours 2011 2011

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VALEURSDUCAC40

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

ACCOR ......................... ◗ 26,28 26,11 0,67 34,18 27,74 18,70 0,62 T FR0000120404AIR LIQUIDE ....................... ◗ 97,92 97,80 0,12 2,44 99,50 94,21 2,35 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT ........... ◗ 1,89 1,89 -0,37 56,34 1,97 1,21 0,16 T FR0000130007ALSTOM ............................ ◗ 32,23 32,05 0,56 37,54 32,43 21,93 0,62 T FR0010220475ARCELORMITTAL ............... 16,20 16,14 0,31 14,61 17,96 14,03 0,16 A LU0323134006AXA .................................... ◗ 12,12 12,00 1,00 20,66 12,92 9,39 0,69 T FR0000120628BNP PARIBAS ACT.A ........ ◗ 37,20 36,62 1,61 22,59 38,09 27,52 2,10 T FR0000131104BOUYGUES ....................... ◗ 23,80 24,39 -2,44 -2,26 25,74 22,50 1,60 T FR0000120503CAP GEMINI ...................... ◗ 32,36 32,30 0,19 34,02 33,10 24,04 1,00 T FR0000125338CARREFOUR ..................... ◗ 18,52 18,30 1,20 5,14 18,62 16,27 1,08 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............ ◗ 4,81 4,70 2,34 10,37 5,71 4,01 0,45 T FR0000045072DANONE ............................ ◗ 50,79 50,70 0,18 4,57 50,98 45,93 1,30 T FR0000120644EADS ................................... ◗ 27,21 27,19 0,07 12,67 27,66 24,02 0,19 T NL0000235190EDF ...................................... ◗ 18,64 18,57 0,38 -0,82 19,32 16,92 0,57 A FR0010242511ESSILOR INTL .................... ◗ 59,57 59,70 -0,22 9,20 60,17 54,50 0,83 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............ ◗ 11,59 11,59 0,04 -4,49 12,40 11,09 0,60 A FR0000133308GDF SUEZ ........................... ◗ 19,77 19,68 0,46 -6,39 21,85 19,06 0,83 A FR0010208488LAFARGE ........................... ◗ 35,02 34,77 0,72 28,96 35,93 26,07 1,00 T FR0000120537LEGRAND .......................... ◗ 27,32 27,27 0,17 9,92 27,80 24,54 0,88 T FR0010307819L’OREAL ............................ ◗ 85,90 85,64 0,30 6,44 86,12 79,22 1,80 T FR0000120321LVMHMOET HEN. ............ ◗ 126,10 126,55 -0,36 15,27 129,60 108,00 0,80 A FR0000121014MICHELIN ........................... ◗ 52,90 52,61 0,55 15,82 57,93 45,61 1,78 T FR0000121261PERNODRICARD ............... ◗ 77,33 77,23 0,13 7,91 78,21 70,50 0,77 S FR0000120693PEUGEOT ............................ ◗ 15,47 15,37 0,65 27,75 17,39 11,98 1,10 T FR0000121501PPR ..................................... ◗ 126,70 126,90 -0,16 14,51 128,50 110,70 3,50 T FR0000121485PUBLICIS GROUPE ........... ◗ 41,12 41,16 -0,11 15,68 42,60 35,30 0,70 T FR0000130577RENAULT ............................ ◗ 40,28 40,08 0,50 50,30 42,05 26,76 0,30 T FR0000131906SAFRAN .............................. ◗ 24,68 24,62 0,22 6,33 26,01 22,75 0,25 A FR0000073272SAINT-GOBAIN .................. ◗ 35,67 35,49 0,49 20,24 37,62 29,03 1,15 T FR0000125007SANOFI ............................... ◗ 55,83 55,90 -0,13 -1,62 57,42 54,86 2,50 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC ..... ◗ 50,55 50,54 0,02 24,26 51,98 40,31 3,20 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ......... ◗ 24,65 24,18 1,94 43,27 25,25 14,88 1,75 T FR0000130809STMICROELECTR. ............. ◗ 5,70 5,72 -0,31 24,16 5,83 4,59 0,09 A NL0000226223TECHNIP ............................. ◗ 83,64 83,36 0,34 15,17 83,85 68,76 1,45 T FR0000131708TOTAL ................................. ◗ 42,08 41,94 0,35 6,53 42,27 38,57 0,57 A FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........ ◗ 145,45 144,55 0,62 4,72 152,25 130,35 8,00 D FR0000124711VALLOUREC ....................... ◗ 52,65 52,45 0,38 4,96 58,24 49,68 1,30 T FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............. ◗ 9,01 9,00 0,17 6,41 9,79 7,88 1,21 T FR0000124141VINCI ................................... ◗ 39,22 38,85 0,93 16,16 39,25 33,62 0,55 A FR0000125486VIVENDI .............................. ◗ 16,20 16,32 -0,74 -4,23 17,62 15,58 1,40 T FR0000127771

Mercredi 29 février 9h54Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code

cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

FinanceLa fin du francrapporte 526millionsd’euros à l’EtatL’Etat va récupérer la sommede526millionsd’euros, correspon-dant à la valeurde billets enfrancsqui n’ont pas été rapportésà la Banquede France avant ladate limited’échangedu17février, a annoncé l’institution,mardi 28février.Quelque 55mil-lionsde billets ne sontplus échan-geables. – (AFP.)

Bénéfice record pourStandardCharteredLa banquebritanniqueStandardChartered tire profit d’une activi-té concentrée sur l’Asie et les paysémergents. Le groupea annoncé,mercredi 29février, des bénéficesrecordde 4,7milliardsdedollars(3,5milliardsd’euros) pour l’an-née 2011, enhausse de 12%.

InternetTwitter étend sapublicité aux applicationssur smartphonesLe site demicroblogging Twittera annoncé,mardi 28février, l’ex-

tension de son programmedepublicité aux téléphones porta-bles sous la formede «tweetssponsorisés», pour générer desrevenus sur ce réseau social. Cesystème, qui veut qu’une entre-prise paie pourmettre en avantunmessage de cent quarantesignes vantant lesmérites de sesservices, a été introduit sur le siteil y a deuxans. – (AFP.)

MédiasRecul de 94,3%du résultat net de PrisaLepremier groupedemédiasespagnol, Prisa, qui édite notam-ment le journal El Pais, a publié,mardi 28février, un résultat netajustépour 2011 en baissede94,3% surunan à 1,62milliond’euros. Les revenusajustés sesont élevés à 2,7milliardsd’euroset les pertes s’élèvent à 451,2mil-

lionsd’euros, soit plus de six foiscelles de 2010 (72,87millions d’eu-ros) en raisondeprovisionsexcep-tionnelles. – (AFP.)

Social 288988 rupturesconventionnelles288988demandesde ruptureconventionnelleont été homolo-guées en 2011 contre 255000en2010 (+13%), selon les donnéesduministèredu travail. Créépar laloi demodernisationdumarchédu travail du 25juin 2008, ce dis-positif de rupture amiable,ouvrantdroit aux allocations chô-mage, a concerné27000 salariésendécembre2011, contre 23900unanplus tôt.

AutomobileBrightwellHoldings renonce àSaabLe turc BrightwellHoldings a reti-ré son offre de rachat du construc-teur suédois en faillite Saab, le pro-priétaire,GeneralMotors, refu-santde transférer les licences tech-nologiquesnécessaires, a rappor-té,mardi 28février, le quotidienDagens industri (DI). – (AFP.)

Marchés

Transport aérien

AirFrance:accorddirection-pilotespourgarantirdes«planningsstables»Ladirectiond’Air France et le Syndicatnational despilotes de ligne(SNPL) ont confirmé,mardi 28février, avoir concluunaccordgarantis-sant«des plannings stables»pour les pilotes, quelles que soient les cir-constances,«sans exception». Libération avait annoncé, lemême jour,la signatured’un texte torpillant enpartie, selon lui, la propositiondeloi sur le service garanti dans l’aérien. Selon le SNPL, lors de grèves, ladirectionnepourrapas réaffecter à sa guise les pilotes en congés, nondéclarés grévistes. Pour la direction, «l’accordmet fin àune instabilitéjuridique sur l’interprétation»dedispositions signées en 2006. Selon leministredes transports, ThierryMariani, « l’objectif de la loi, c’est l’infor-mationdupassager et la garantie du service. La signaturede cet accordne change rien». Il admet cependantque cela peut aboutir à ce que«moins de vols soient assurés». – (AFP.) p

Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.frRetrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr

Conjoncture&viedesentreprises

économie

LondresCorrespondance

A er Lingus va-t-elle bientôtêtre une compagnie aérien-ne au capital enfin «nor-

mal» ? Le Petit Poucet irlandais,anciennecompagnied’Etat,écrasépar l’ombre de Ryanair, souffredepuis des années d’une étrangesituation:d’unepart, l’Etatenpos-sède 25%; d’autre part, Ryanair,son principal concurrent, en a29%. «Cela rend nos actions trèspeu liquides», se plaint ChristophMueller, son directeur général,dansun entretienauMonde.

Cela situation pourrait bientôtse débloquer. Sous la pression duplandesauvetageduFondsmoné-taire international (FMI) et del’Union européenne, Dublin adoncannoncé la semainedernièrequ’il comptait céder sa participa-tion dans la compagnie aérienne.«Nous pensions initialement quecelapourrait se fairedès 2012,maisl’Etat vise les douze prochainsmois», préciseM.Mueller.

Ryanair, qui a déjà tenté à deuxreprises d’acheter Aer Lingus,va-t-il vouloir acheter la participa-tion de l’Etat? «C’est improbable,parce qu’ils ont été bloqués à cha-que fois par les autorités de laconcurrence, et il n’y a pas de rai-son que cela change», estime JoeGill, un analyste à Bloxham, socié-tédecourtage irlandaise.Ducoup,Ryanair pourrait vouloir profiterde l’occasion pour sortir du capi-tal. «C’est ce que nous souhai-tons», précise M.Mueller, qui estenguerre ouverte contre sonprin-cipal concurrent et actionnaire.

S’il souhaite clarifier la situa-tion, c’est parce qu’il estimeque lacompagnie aérienne est sous-esti-mée en Bourse, alors qu’elle affi-che des résultats solides. Malgréunesituationéconomiquetrèsdif-ficile en Irlande et un pétrole quiflambe,Aer Lingusapublié,mardi28février, un bénéfice opération-nel de 49millions d’euros pour2011,enbaissede6,4%parrapportà 2010, mais en net redressementparrapportauxtroisannéesprécé-dentesdepertes.

Réduire les coûtsL’amélioration vient du travail

de M.Mueller, un Allemand qui apris la direction de la compagnieaérienne fin 2009. Il s’est concen-tré sur deux choses : réduire lescoûts, qui demeuraient élevéspourdesraisonshistoriques;mul-tiplier les alliances avec d’autrescompagnies aériennes, pour ser-vir de transit vers des vols longcourrier. Contrairement à saconcurrente,Aer Lingusrejoint lesgrands «hubs» que sont les aéro-portsdeSchipholàAmsterdamoud’Heathrowà Londres.

Cela permet aux Irlandais deprendre des correspondancespour des destinations lointainesquinesontpasservisdepuisl’Irlan-de, un service que Ryanair ne peutpas proposer. «Nous desservonsCharles-de-Gaulle, pas Beauvais»,résumeM.Mueller. Il se concentresur les destinations européennes.La France est son troisième mar-ché, avec 57 vols par semaine,notamment avec de nombreusesliaisonsvers laBretagne.p

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LavaleurdeMonoprixcontinued’opposerCasinoetGaleriesLafayetteLesdiscussionsentre lesdeuxactionnaires sontdans l’impasse

L’activitéd’Ipsenacrûde5,4%en2011grâceauxmédicamentsdespécialitéLerésultatnetdu laboratoireestà l’équilibreetsaR&Daprogresséde 15%

LacompagnieAerLingusveutsortirdelatutelledel’EtatirlandaisetdeRyanairDesservant lesgrandshubseuropéens, elleaétébénéficiairede49millionsd’eurosen2011

L ’exercice a dû être un peufrustrant pour Jean-CharlesNaouri. Mardi 28 février, le

PDG de Casino a présenté de trèsbons résultats pour son groupeen2011, lors d’une «réunion d’infor-mation financière». Mais les ques-tionsdesjournalistesetdesanalys-tes ont souvent porté sur unautresujet, qui fait beaucoup parlerdans le monde de la distribution:le conflit entre M.Naouri et lesGaleries Lafayette à propos de lavalorisationdeleurfilialecommu-ne,Monoprix.

En 1997, Casino a acquis unpeuplus de 21% du capital de Mono-prix, puis a porté, trois ans plustard,saparticipationà50%,àpari-té avec les Galeries Lafayette. Lepartenariatentrelesdeuxdistribu-teursaétécodifiéparunprotocoled’accord, renouvelé plusieurs foisau cours de la décennie écoulée. Ilprévoit une «option de vente »pour les Galeries Lafayette,c’est-à-direqu’ellesontlapossibili-tédecéder leursactionsaugroupeCasino. Celui-ci bénéficie, àl’inverse, d’une «option d’achat»

sur les 50%détenuspar sonparte-naire dans la chaîne de magasinsde centre-ville.

En décembre2011, les GaleriesLafayette ont lancé le processusd’évaluation de leur participationdansMonoprix.Cette initiativenesignifie pas forcément qu’ellesvont se délester de leurs actions, aindiqué leur président, PhilippeHouzé, dans un entretien auFigarodu25-26février.

Desbanquesontétémandatéesafin d’évaluer la part des GaleriesdansMonoprix. Les protagonistessontparvenusàdesrésultatssensi-blement différents : 1,95milliardd’eurospuis 1,35milliardauxyeuxdes Galeries Lafayette ; 700mil-lionsd’eurospourCasino.Ledésac-corda tournéà l’aigre, avantd’êtredéballé sur la place publique, le22février, par Casino.

Depuis, c’est la guerre ouverte.M.Naouri reproche à la partieadverse de vouloir lui imposer sesprojections financières. Or, le prixproposé par les Galeries Lafayettereprésenteunmultipledesperfor-mances de Monoprix qui serait

beaucoupplusélevéqueceluirete-nu pour les sociétés cotées dans lesecteur de la distribution alimen-taire, d’après Casino. En outre,M.Houzé se fonde sur des prévi-sionsderésultatspourlesprochai-nesannéesqui seraient irréalistes.

«Un actif stratégique»Pour M.Naouri, les Galeries

Lafayette ont «violé d’une maniè-re frontale » les accords nouésentre les deux groupes lorsqu’el-les ont décidé, le 22 février, demaintenirpendantuneannéesup-plémentaireM.Houzé auposte deprésidentduconseild’administra-tion de Monoprix. Il était prévuque cette fonction revienne à unreprésentant du groupe stépha-nois à partir de la finmars.

Les Galeries Lafayette, elles,accusent M.Naouri de ne pas res-pecter les règles du processusd’évaluation et de tout faire pourlebloquer.Casinoétaittenudepar-tageravecsonpartenaire lesdocu-ments préparés dans le cadre del’estimation de Monoprix, maiscette obligation n’aurait pas été

respectée. Du coup, les GaleriesLafayette ont assigné CasinodevantletribunaldecommercedeParis.

Dans l’entourage de M.Houzé,on fait aussi remarquer que Casi-no, dans ses comptes au 31décem-bre 2010, valorisait la moitié ducapital deMonoprix à hauteur de1,25milliard d’euros – soit beau-coup plus que son estimationactuelle des 50% des GaleriesLafayettedansMonoprix(700mil-lions).Mardi,M.Naouri s’est justi-fié sur cet écart, en expliquantqu’il fallait notamment tenircompte de la baisse des capitalisa-tions boursières dans la distribu-tion et du recul de l’excédent brutd’exploitationdeMonoprix.

LepatrondeCasino a redit qu’ilnesouhaitaitpasvendreauxGale-ries Lafayette ses actions dansMonoprix: une telle idée, propo-sée par M.Houzé, est « saugre-nue», a-t-il ajouté,précisantque lachaînedemagasins constitue«unactif stratégique». Le conflit estparti pourdurer.p

BertrandBissuel

M arc de Garidel, nomméPDGd’Ipsen fin2010, ter-minesonpremierexerci-

cesurdesrésultatsquiconfirmentsanouvellestratégiederecentragesur un nombre limité de médica-ments de spécialité et un retraitprogressif des médicaments demédecinegénérale.

Lechiffred’affaires2011s’élèveà1,16milliardd’euros, enaugmenta-tion de 5,4% par rapport à l’annéeprécédente.Mais cette performan-ceestessentiellementdueauxven-tes de médicaments de spécialité,qui représentent les deux tiers duchiffre d’affaires du groupe et quisontenaugmentationde8%.Alorsque les ventes de traitements demédecine générale, dont le célèbrepansement gastrique Smecta,n’augmententquede 1,3%.

Le résultat net est faiblementpositif (400000euros). Il pâtiraitdu poids de charges exceptionnel-les, explique M. de Garidel, etnotamment de la dépréciation dela société américaine Inspiration,spécialisée dans le développementde traitements contre l’hémophi-lie,dontIpsendétient40%ducapi-tal. Cette dépréciation était néces-saire, bien que le dépôt du dossierd’autorisation de mise sur le mar-ché(AMM)desonnouveaumédica-ment, Ixinity, soit en cours auxEtats-Unis et prévu en Europedébut2013.

Lavalorisationdelasociétéadûêtre revue à la baisse, en raisond’uneconcurrenceplusvivequ’es-timé lors de l’acquisition de lasociété, penseM.deGaridel.

Des charges de restructuration

ontpesésur lescomptes:fermetu-re du centre de recherche et déve-loppement (R &D) de Barcelone(Espagne) et déménagement ducentrecommercialde lacôteouestdes Etats-Unis dans les environsde New York. Hors ces élémentsnon récurrents, le résultat opéra-tionnel d’Ipsen est de 200,7mil-lionsd’euros, enhausse de9,6%.

Legroupeestàlarecherched’unpartenaire pour la création d’unecoentreprise à laquelle seraitconfiée la commercialisation desmédicamentsdemédecinegénéra-le d’Ipsen en France. Deux labora-toires seraient sur les rangs.

«Maintenir l’emploi»Le groupen’apas bouclé la ven-

te du site deDreux (Eure-et-Loir) àun façonnier. Deux candidatsseraient en lice. Ce site, qui fabri-que le Smecta, leTanakanet le For-lax emploie 350 personnes. L’ob-jectif est de « trouver un industrielqui apporte des volumes, afin demaintenir l’emploi», expliqueM.deGaridel. Le centrede R&Detd’informatique de Dreux est enrevancheconservé.

Legroupeaaccruses investisse-mentsdeR&Dde15%en2011,mal-gré l’arrêt du tiers de ses program-mesde recherche.Dixprojets sonten phase3 d’études cliniques, etdonccoûteux,expliqueM.deGari-del. Le groupe entend intensifiersa croissance dans les pays émer-gents, en Chine en particulier, oùIpsen est présent depuis vingt anset y a enregistré un chiffre d’affai-res enhaussede 19%en 2011.p

AnnieKahn

150123Jeudi 1er mars 2012

Page 15: Journal le monde du 1 mars 2012

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Page 16: Journal le monde du 1 mars 2012

décryptages ENQUÊTE

Jeme suis installé ici pour l’éternité, etl’éternité n’existe pas.»Dans la salle àmanger d’EDF, l’entreprise publiquequ’il préside depuis fin 2009, HenriProglio, poignée de main écrasante,sourcilfroncéau-dessusd’yeuxvifset

perçants, balaie d’une main les critiqueslâchées à son sujet par François Hollande.De l’autre, avec la même moue, il écartel’agacement rapporté de Nicolas Sarkozyaprès le désastreux feuilleton des jour-s derniers: ce putsch raté que Jean-LouisBorloo et lui préparaient ensemble pourporter l’ancien ministre de l’écologie à latête deVeolia – avec, croyaient-ils, la béné-dictionduchefde l’Etat.

Antoine Frérot amomentanément sau-vésapeau,maisHenriProglion’apasdésar-mé.«Je luiavaisconfiécequej’avaisdepluscher », ressasse-t-il à l’envi. Ce qu’ilreproche à ce dauphin qu’il avait choisipour luisuccéderà la têtedeVeolia?D’affi-cher les 15milliardsd’eurosdedettesd’uneentreprise dont il a fait le leader mondialdes services à l’environnement, et de salirsonbilan.Deremettreencausesastratégied’acquisitionsàl’étranger.Devendrecertai-nes activités, comme la branche trans-ports,sipatiemmentbâtie.D’autreschosesaussi,onledevine.Descachotteries,desini-tiatives vécues comme des trahisons.Assezentoutcaspourqueledivorced’ami-tié soit consommé, et que Proglio se soitmisdans l’idéededébarquerFrérot, comp-tabilisant méthodiquement ses soutiensauconseild’administrationdeVeolia,dontil restemembre. Une opérationmenée demanière trop voyante et trop précoce, àprès de trois mois d’une élection dont ilcraint les conséquences.

Nicolas Sarkozy, François Hollande.Henri Proglio a connu meilleur castingpour une présidentielle. Il a beau mépri-ser les petits jeux partisans et «sécher»depuissixans lesdînersduSiècle, rendez-vous prisés de l’establishment, il est unpatronpolitique. Il connaît lesélusdecha-que ville, de chaque conseil général. LesministresonttoujourstrouvéchezVeolia,après une défaite électorale, un asile pourleurs conseillers, quel que soit leur camp.Mais son ami de quarante ans, c’étaitDominique Strauss-Kahn. Le seul à gau-che qu’il rêvait de voir à l’Elysée. Celuiqu’il a appelé la veille de sa garde à vue àLille, dans l’affaire du Carlton, pour luidire qu’il pensait à lui.

AHEC, audébutdesannées 1970,«Hen-ri», étudiant niçois, proche de la droitemusclée, avait commencé par se bagarreravec le jeune «Dominique». Mais lors-qu’en 1999, empêtré dans l’affaire de laMNEF,DSKadûdémissionnerduministè-redesfinances,c’estl’amiProglioquiafour-ni aux juges le témoignage qui devaitcontribuer à l’innocenter. Olivier Spitha-kis, l’ancien directeur général de la MNEF,estd’ailleursrestéprochedeDSKetdePro-

glio. Longtemps exilé à Barcelone, il aconseillé une société bien connue des Cor-ses qui exploite des machines à sous.Aujourd’hui, il travaille pour… EDF Ener-giesnouvelles,dirigéedepuis janvierpar lebanquier Antoine Cahuzac, frère de Jérô-me, président socialiste de la commissiondes financesde l’Assembléenationale.

AvecFrançoisHollande,enrevanche,lesrelations ne sont pas au beau fixe. Le8novembredernier, les deuxhommesontbiendéjeunéensemble.Maislelendemain,enouvrantLeParisien, le candidat socialis-teesttombédesnues.LePDGd’EDFyexpli-quait que l’abandon dunucléairemettraiten péril «un million d’emplois» et coûte-rait entre «0,5 et 1point» de PIB. La veille,autour de la table, son convive ne l’avait àaucun moment prévenu de cette attaqueimplicitecontrel’accordquelePSseprépa-rait à sceller avec les écologistes. Ce jour-là,devantsesproches,FrançoisHollandetran-che: «Après cesmots, il ne pourra pasmet-tre en œuvre la politique énergétique de lagauche.»CequeManuelValls, porte-paro-le du candidat, traduit aux journalistes :«Proglio, onnepourrapas legarder.»

L’imbroglio Borloo a aussi fâché lepatron d’EDF avec la droite. « Jean-Louiss’estmis dans la tête de dirigerunegrandeentreprise. Tu l’imagines ! Mais il m’em-m…» a pesté, dès le début février, le prési-dent devant HervéMorin – ce vieux rivalde Jean-Louis Borloo – qui venait luiannoncersonretraitdelacourseàlaprési-dentielle. Il l’emmerde, effectivement.Car ses ambitions patronales «fuitent»aumoment précis où le candidat se lanceen campagne, défendant le « peuplecontrelesélites».Lapresseassurequel’Ely-sée est derrière cette manœuvre qui faitaussitôt chuter l’actionEDFetpaniquer leCAC40. «Borloo n’a pas besoin de moipour voir Proglio !, s’est agacé NicolasSarkozy. J’ai refusé la Caisse des dépôts etconsignationsàmonamiXavierMusca, cen’est pas pour me mêler d’en placer undans le privé!»

EntreHenri Proglio et Nicolas Sarkozy,le climat a toujours été orageux. L’ex-patron de Veolia est avant tout un chira-quien. Un pur, un affectif, un fidèle. Il estde ceux qui connurent le «Jacques» de lamairiedeParis, lorsquecedernierrassem-

blait ses forces et préparait son trésor deguerre, avant de partir à la conquête del’Elysée. Si la Caisse des dépôts est entréeen 2000 au capital de Veolia, comme lesouhaitait Henri Proglio, c’est grâce à Jac-ques Chirac. Il y a encore quinze jours, lepatrond’EDFconviait l’ancienprésidentàdéjeuner au siège de l’entreprise.

H enri Proglio, en revanche, n’ajamais été un intime de NicolasSarkozy. S’il a été immortalisé sur

l’unique photo de la soirée du Fouquet’s,le 6mai 2007, c’est unmauvais hasard: iln’était passé que brièvement fêter la vic-toire, tard dans la nuit, à l’invitationpres-santedeRachidaDati.Aujourd’hui,lesren-contres entre le chef de l’Etat et le patronmêlent toujours une brutalité de façade àun brin d’hystérie. «Avec toi, c’est unedemi-heure on s’engueule, une demi-heu-reons’aime», finit toujourspar lancerPro-glio. «Putain, tu charries ! », répond engénéral le président. Et Proglio: «Je char-rie pas, je résume.»

C’est comme ça, façon Tontons flin-gueurs,queparleenprivé lepatrond’EDF.

Sansdistinctiondegradeniderang.Cefilsd’unmarchanddes quatre saisons d’Anti-bes aime ces relations viriles où ons’«embrasse» comme, au choix, à l’Esta-que, ou dans les logesmaçonniques. ChezAlexandre Guérini, il admire la façon de«tenir»Marseille,dansl’ombredesonfrè-re Jean-Noël, président du conseil généraldes Bouches-du-Rhône, et son habileté enaffaires: en revendant deux de ses socié-tés de déchets à la Compagnie généraledes eaux (CGE) où officiait naguère Pro-glio, Alexandre Guérini, l’enfant du quar-tier du Panier est devenu riche à vie. Lors-qu’ils se retrouvent, ils reprennent leursbonnes blagues, comme cette devinetted’un élu du Vieux Port à un ministre :«Vous savez àquoion reconnaîtuneânes-se en chaleur? Non? Alors vous êtes plusconqu’unâne!»

Pourquoiavoirchoisi Jean-LouisBorloopour Veolia? De l’élu de Valenciennes, del’ancien ministre, Henri Proglio a aiméd’emblée le côté chiffonné, cheveu enbataille, capable de débarquer un matin,rue d’Anjou, dans son bureau de la CGE,pour lui parler d’«un copain commundans la merde». Ensuite, il a apprécié lesconseils d’avocat d’affaires et l’entregentpolitique.Amitiéetéchangedebonsprocé-dés.La fillede Jean-LouisBorloo,Pauline,atravaillépourVeolia enChine, puis àHon-gkong. Et c’est Jean-Louis Borloo, alorsministre de l’écologie qui, en 2009, avecClaude Guéant, a insisté pour que PierreGadonneix ne rempile pas à la tête d’EDFet soit remplacéparHenri Proglio.

Jean-Louis Borloo n’a jamais dirigé uneentreprise. Il est souvent trop bavard etimprévisible.Mais il y a urgence: AntoineFrérot, le dauphin, inquiète chaque jourdavantagesonancienmentor.De l’avenuedeWagram,sièged’EDF,Proglioa toujoursjetéunœil discret sur l’avenueKléber, siè-gedeVeolia.«IlacruqueFrérotallaitrestersonMedvedev», décrypteun cadre.

AntoineFrérotaeneffet longtempsfaitpartiedecettepetiteconfréried’initiésquitourne autour de Proglio. On y compteFrançois Roussely, président d’EDF jus-qu’en2004,etledésormaisréputéAlexan-dreDjouhri.Unhommed’affairesàlarépu-tation sulfureuse qui réfute l’étiquetted’intermédiaire,proche deClaudeGuéantetd’HenriProglio,maisaussideSergeDas-sault et de Dominique de Villepin – à quiVeoliasignaunlucratifcontratd’avocatenpleineaffaireClearstream.

Tous avaient tenté de pousser YazidSabeg, commissaire à la diversité et l’égali-tédeschancesethommed’affaires,àlatêted’Areva, enmars2010, avant de renoncer:le conseiller des milieux d’affaires AlainMincet lecommissairegénéralà l’investis-sement René Ricol, indignés, avaient faitcapoterl’opération.AnneLauvergeonétaitrestée en poste, mais elle a cru à nouveauvoir lamaindecettetrèspuissanteamicaledans son départ d’Areva… Au point d’évo-quer, en tête-à-tête avec Nicolas Sarkozy,unesortede«logeP2à la française».

Exagéré,sansdoute.MaisHenriProglio,patron énergique et doué, galvaniseurd’entreprise, n’aime pas qu’on lui man-que. Lorsqu’il y a quelquesmois, il a com-pris qu’Antoine Frérot lui échappait, cethommesecret,quecertainsdécriventcom-me volontiers parano, a passé en revuetout l’arsenaldesguerresmodernes: com-munication, lobbying, « intelligence éco-nomique», comme on dit pudiquementdans ces entreprises stratégiques. Désor-mais, il faut choisir. Stéphane Fouks,patron d’EuroRSCG, et Laurent Obadia,l’undesescommunicants,cumulaientdescontratsdeconseilsavecEDFetVeolia?Aupremier, désormais, le soin de conseillerProglio; au second, Frérot. EDF ou Veolia:lessociétésdesécurité,murmure-t-on,ontdû, elles, choisir leur camp. Et Djhouri lui-mêmeserait tiraillé.

Avec Bernard Squarcini, le patron ducontre-espionnage français, la ligne, enrevanche,n’estpascoupée.Lesdeuxhom-mes se sont encore retrouvés il y a quel-ques joursplaceBeauvau,auministèredel’intérieur,à l’occasionde laremisede l’in-signede l’ordreduMériteà lachefducabi-netdeClaudeGuéant.HenriProglioétaitàson aise au milieu de la crème des poli-ciers. Mais de quel secours seront, au len-demain de la présidentielle, ces calculs etces liens tissés au sommetde l’Etat?p

Lesmauvaiscalculsd’HenriProglio

«Avectoi,c’estunedemi-heureons’engueule,unedemi-heureon

s’aime»,finittoujoursparlancerHenriProglio

àNicolasSarkozy

Henri Proglio au siège sociald’EDF, avenue deWagram,à Paris, le 27février.PAOLO VERZONE/VU POUR «LE MONDE»

Raphaëlle Bacqué etAriane Chemin

LePDGd’EDFatoujoursétéunpatrontrèspolitique.Maissatentativedeplacer Jean-LouisBorlooàlatêtedeVeolia luiavalul’iredeNicolasSarkozyalorsquesesrelationsavecFrançoisHollandenesontpasaubeaufixe

170123Jeudi 1er mars 2012

Page 17: Journal le monde du 1 mars 2012

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Ildevraitêtrelàdébutmars,suscitant,com-me à chaque fois, l’hystérie, attirant lesfoulesvenuesformerde longues filesd’at-tente devant les magasins dans l’espoird’être le premier à en faire l’acquisition.Lui,c’estl’iPad.Letroisièmedunom.Etcet-

tenouvellemouturede la tablette tactiled’Appledevrait se vendre autant que les précédentes. Asavoir, beaucoup. Car chez Apple, on ne fait pasles choses comme les autres. Lorsqu’on lance unproduit, il s’en vend des millions… En un tempsrecord. Record, un mot qui revient comme unerengainequandonparle d’Apple.

Les résultats trimestriels, publiés en janvier,en sont un bel exemple. En trois mois, entre le1eroctobre et le 31décembre 2011, date à laquellese clôt le premier trimestrede sonexercice fiscal,lafirmeàlapommeaengrangé13,06milliardsdedollarsdebénéfices.Enregistrant,ainsi,unehaus-se de 118% par rapport au premier trimestre del’annéeprécédente.Lechiffred’affairesa,quantàlui,bondide111%,passantà46,33milliardsdedol-lars. A titre de comparaison, le chiffre d’affairesdel’année2011danssonintégralitéétaitd’unpeuplus de 100milliards de dollars. En un trimestre,Apple a générépresque lamoitié de ce qu’il avaitengrangé l’annéeprécédente.Cene sontpas tantlesmontantsqui font tourner la têteque lavites-se à laquelle ils croissent.

Côté ventes, les chiffres sont tout aussi impres-sionnants: 37millions d’iPhone écoulés en troismois(entreoctobreetdécembre2011),180millionsdepuis le lancement, en 2007, de ce téléphone,devenu culte. Sans oublier les 15,4millions d’iPadvendus, ledoubledesvolumesécoulésaupremiertrimestre2011.Grâceàces résultatsexceptionnels,Appleaaccumuléunetrésorerieincroyabledepres-que100milliardsdedollars.

Apple est donc une entreprise hors norme,cofondéeen 1976parunpatronhorsnorme: Ste-ve Jobs. LePDGemblématiquequi avait toujoursl’habitude de présenter ses innovations en jean,baskets et tee-shirt est celui qui semble avoirimpulsé le feu sacré à un groupe, qui, il y a dixans,prenait l’eau.A forced’inventivité,d’innova-tions et, il faut le rappeler, de pression sur sesingénieurs, Steve Jobs a ressuscité Apple. Il y eutd’abord l’iPoden2001, l’iPhoneen2007,et enfin,

l’iPaden 2010. Trois produits qui ont révolution-né lesusages. Transporter toute samusiqueavecsoi ou encore surfer sur la Toile dans le métrosont devenus des habitudes. Il n’en a pas fallupluspour construireunevéritable communautéde fans qui, à la mort de Steve Jobs, l’ont pleurécomme une idole. Des petits autels improvisés,composésd’unephoto,d’unebougieetd’uneger-be de fleurs ont même été dressés par des fanséplorés devant lesApple Storedumondeentier.

Les raisonsdece succès? L’inventiond’unéco-système sans pareil. Selon Francisco Jeronimo,analyste pour le cabinet IDC, personne avantApplen’avaitpermisunetelleexpérienceutilisa-teur.Lesproduitssontdesignettrèsfacilesàutili-ser. «Un enfant de 3 ans y arriverait», note l’ana-lyste,quipointel’inventiond’iTunesetdel’Apps-tore, le magasin d’applications de l’iPhone et del’iPad: «Non seulement ils ont créé des produits

innovants,mais en plus ils ont inventé desmaga-sinsdemusiqueetd’applicationsd’oùonpeuttélé-charger les programmes le plus simplement dumonde. Avant l’Appstore, il y avait des sites quiproposaient des applications pour d’autres télé-phones, mais personne n’avait songé à les réuniraumêmeendroit. L’Appstoreet l’iTunessontcom-medes centres commerciauxnumériques !»

Applea ainsi crééunmarché,et lesdéveloppeursd’applicationssesontengouffrésdanslabrè-che. Avec eux, commeavec tous ses autres par-tenaires, le groupe deCupertino négocie sec.Sur chaque applica-tion téléchargée,30% de l’argent

empoché va à Apple. Idem pour la musique, etmaintenant les livres et lesmagazines. Les opéra-teurs téléphoniques se voient réserver un traite-ment similaire: le prixdu téléphoneet la sommequ’ils investissent sur le prix dumobile, appelée«subventionopérateur», leur sont imposés. Enoutre,ilsnevoientjamaisleproduitavantsonlan-cementetneletestentpas,contrairementàlapra-tiquedesautres constructeurs.

Il n’y a jamais de présentation de produitsestampillésdela fameusepommelorsdesgrandsSalons électroniques non plus, tels que le Consu-merElectronic Show, qui se tient tous lesmois dejanvier à Las Vegas, ou encore le Mobile WorldCongressdeBarcelone.«Ce sontdes roisdans leurchâteau, pourquoi iraient-ils se mêler au peu-ple?», ironiseM.Jeronimo.

Obsédée par le secret, la firme a trop peur desfuites. Une habitude qui lui a quandmême valuquelquesratés:l’antennedel’iPhone4,quinecap-tait pas bien au début, et la batterie de certainsiPhone 4S, qui ne tenait pas la journée. Qu’à celanetienne,cesaccidentssontréparésà lavitessedel’éclair et oubliés encore plus vite tant l’image delamarqueAppleestpuissanteauprèsd’unpublicqui semble prêt à tout lui pardonner. Même lesconditionsdetravaildesouvriersdesonsous-trai-tant, Foxconn.

L’entreprise taïwanaisequipossèdedesusinesen Chine, pour certaines entièrement réservées àApple, imposedescadencesélevéesàsesouvriers.Ceux-ci travailleraient douzeheures par jour,dansdesconditionsquebeaucoupdécriventcom-metrès loindesstandardsderespectdesdroitsdel’hommepour un salaireminimumqui a atteintles 300eurosen février2012.

Pourtant,depuis2007,Appleaffirmeeffectuerdes auditsde respectdes bonnesconditionsdetravaildanslesusi-nesde ses sous-traitants. La FairLaborAssociation,uneorganisa-tion de défense des droits des

ouvriers, a commencé le 13févrieruncontrôledesusinesFoxconnetadéjà annoncé qu’il y avait «beau-

coupdeproblèmes».La ran-çondusuccès.pSarahBelouezzane

décryptages L’ŒIL DUMONDE

Surchaqueapplicationtéléchargée,30%del’argentempochérevientàApple.Idempourlamusique,

leslivresetlesmagazines

capitalisationboursière,

en milliards d’euros

7,4

2002

2 %de la valeurdeMicrosoft

Apple suit son propre calendrierContrairement aux autres construc-

teurs qui profitent des foires de l’électro-nique grand public pour annoncer leursproduits, la firme à la pomme a son pro-pre calendrier. Une annonce fin janvier,une autre en mars-avril et une dernièreen septembre-octobre rythment ses sor-ties de produits. Les observateurs atten-dent ainsi l’iPad3 pour lemois demars etl’iPhone5 pour la rentrée 2012.

Apple dicte les standards de designDes lignes pures, des matières et des

formesléchéesainsiquedesfonctionnali-tés d’une simplicité sans pareille sont lamarque de fabrique d’Apple. Une fois leton donné, les autres marques n’ont euqu’à suivre. En témoigne la forme carréedu GalaxyS2 de Samsung, étrangementsimilaire à celle de l’iPhone. Idempour laGalaxy Tab, dont la taille et l’aspect géné-ral évoquent fortement ceux de l’iPad.

Apple remet lesmagasinsdemarque au goût du jour

Portéeparlesuccèsdufabricantd’ordi-nateurs Dell, la vente sur Internet a long-temps été le modèle dominant. Avec sesAppleStores, la firmedeCupertinoprendle contre-pied de cette tendance et créeunvéritablephénomènedesociété.La fré-quentation explose et plusieurs autresmarques suivent en ouvrant, commeSony, plusieurs nouveauxmagasins.

Apple joue lemarketing du secretPasde téléphonesentest enavant-pre-

mière,pas dephotosdesprototypesni decommunication sur les produits avantleur sortie, Apple tient à conserver le sus-pense jusqu’au bout et développe unepolitique du secret quasi maladive. Lesconcurrents,quiavaientl’habitudedelais-ser filtrer les informations, s’y mettent…dansune plus petitemesure. p

S.B.

A ShenzhenLa plus grande usine, surnomméeFoxconn City, est située à Shenzhenen Chine, elle appartient au géanttaïwanais de la sous-traitanceen électronique Foxconn.

personnes dans le mondeassemblent des produitsApple. Aucun d’eux n’estsalarié direct d’Apple

700 000personnes y travaillentsur 3 kilomètres carrés

230 000gardiens régulentles déplacements des ouvrierspour éviter les écrasementsde foule

300des employés vit sur placedans des dortoirs de6 à 8 lits

1/4 12 heuresChaque équipe travaille12 heures, et se relaie à7h et 19h, six jours sur sept

BigApple,lemonstredubusiness

IPadApple

IPhoneApple

Galaxy S2Samsung

Galaxy TabSamsung

Lamarquedictesaloietcréelesusages

Aquelquesjoursdulancementdunouvel iPad,grosplansurl’entreprisedetouslessuperlatifs,devenuelasociétélapluschèreaumonde.Cesuccèsasapartd’ombre:pressionsurles ingénieurs,sous-traitancelowcostetmarketingagressif

FoxconnCity, l’enversdudécor

18 0123Jeudi 1er mars 2012

Page 18: Journal le monde du 1 mars 2012

décryptages L’ŒIL DUMONDE

chiffre d’affaires trimestriel

résultat net

téléchargements

salariés

chiffre d’affaires

ventes d’iphones par région

steve jobsmagasins

60 400 2 900

en milliards d’euros, 1er trimestre 2012

cours de l’action

395,82en euros,28 février 2012

en millions, au 3e trimestre 2011

en milliards d’euros, 2007-2011

Employésà plein temps

Intérimaires etcontractuelsà plein temps

1er trimestre 2011

1er trimestre 2012

4,47

9,71

+ 217 %

Fondateurcharismatique, décédéà l’âge de 56 ansen octobre 2011, SteveJobs fut le moteur dela compagnie, qu’ilcréa en 1976 avec SteveWizniak. On lui doitla création de l’iPod,de l’iPhone et de l’iPad,dont les ventesconstituentaujourd’hui l’essentieldes revenus d’Apple.

en milliards, octobre 2011

en millions, octobre 2011

capitalisation boursièreen milliards d’euros, 28 février 2012

exxon mobil

etat americain

total

Plus forte capitalisationfrançaise

356,5

en milliards d’euros

16

180

ChansonsApplications

Livres

18

80,57

Europe de l’Est

Amérique latine

Moyen-Orient et Afrique

Japon

17,1 22 000361 milliardsde dollarsen 2011

Etats-Unis

visiteurs par semaine,soit 110millionssur l’année

dansle monde

Canada

France

Espagne

Italie

Suisse

Royaume-UniAllemagne

Australie

Chine

Japon

Amérique du Nord

Asie-Pacifique

Europe de l’Ouest

5,34

5,33

4,25

0,83

0,69

0,45

0,28

tf1

Apple réalise en 6,74 joursle chiffre d’affairesannuel 2011 de TF1

2,619

nokia

34,42

51

38,7 310,1

73,6

356,5

184 %de la valeurdeMicrosoft

28 février 2012

17,86

54,5

56,7

trésorerieen milliards d’euros,

juillet 2011

iPhone

iPad

iPod

ventes cumuléesen millions, octobre 2011

125

40

320

SOURCES : APPLE, NOKIA, GARTNER, WIKINVEST,YAHOO! FINANCE, NEW YORK TIMES, AP - INFOGRAPHIE LE MONDE

8 700ingénieurs encadrentles chaînes demontage.Ils ont été embauchésen quinze jours

1,33 €C’est le salaire horaire des ouvriersqui paient leurs repas (0,52 €) etlouent le dortoir (13€/mois)

629 eurosSur 629 euros que coûteun iPhone en France,6 euros vont au salaire

14suicides d’ouvriersont été recensés chez Foxconnde début 2010 àmai 2011.L’entreprise à réagi

En plaçantdes filetsanti-suicide

…En faisant signerune décharge empêchantles descendants depoursuivre Foxconn

…Et en augmentantles salaires

Lacroissanced’unestart-up,lapuissanced’unemultinationale

190123Jeudi 1er mars 2012

Page 19: Journal le monde du 1 mars 2012

PierreBicletCommandant dans l’arme blindée

cavalerie

La perspective sérieuse d’unealternancepolitiqueà la têtedel’Etatnous contraint à réfléchirsur ce que pourrait constituerune «alternance diplomati-que».Pourcefaire,il fautanaly-

ser de manière rigoureuse le rapport desforces mondial dans lequel se situe de laFrance avant de s’interroger sur ce quipourraitêtrefaitdanslestroiscerclesprio-ritaires de la diplomatie française: le cer-cle européen, le cercle atlantique et le cer-cleméditerranéen.

Pour éviter de se payer demots, il fauttout d’abord voir que, depuis l’électiondeNicolas Sarkozy en 2007, la dynamiquegéopolitiquemondiale s’est considérable-mentaccélérée.Lespaysde l’Organisationde coopération et de développement éco-nomiques (OCDE) pèsent désormaismoins que le reste du monde sur le planéconomique. Comment desserrer l’étauqui se resserre sur nous?

Commençons par le cercle européen.Auseindececercle, la relationfranco-alle-mande reste fondamentale. Mais il fautbienadmettrequ’aucoursdeces cinqder-nières années, notre position face à l’Alle-magne s’est affaiblie. En 2007, notre tauxde chômage était de 2,5points inférieur àcelui de l’Allemagne. Il est aujourd’huisupérieur de 4 points. Le solde de noscomptescourants,unindicateurplusfavo-rableà laFranceparcequ’il inclut lesservi-cescontrairementàlabalancecommercia-le, représentedésormais–3,3%duproduit

intérieur brut français alors qu’il est de+4,4%pour l’Allemagne.

L’absence de réformes structurelles aprivé la France d’un levier politique déci-sif sur Berlin. Or, si notre économie ne seredresse pas, la France ne pourra rienimposeràl’Allemagne.Lefaitqueleminis-tre polonais des affaires étrangères ait ennovembre dernier appelé à un leadershipallemand en Europe sans mentionner laFrance montre que le regard des Euro-péens sur le couple franco-allemand achangé.

Faut-il pour autant singer l’Allemagne,ou au contraire s’efforcer de la contenir?Au-delàde la règled’or, cequi se joue, c’estl’avènementd’unfédéralismebudgétaire.Acetégard,l’engagementdeNicolasSarko-zy à renforcer la gouvernance économi-quedel’Europesanstransfertdesouverai-neté nemène nulle part. Car, si la crise del’euro a révélé une chose, c’est bel et bienl’inefficacité de la gestion intergouverne-mentale.

Ce qu’il faut, au contraire, c’est untransfertdesouverainetébudgétairepré-cis et limité conforme d’ailleurs en toutpoint à l’esprit de la construction euro-péenne depuis 1950. Ce transfert de sou-veraineté doit cependant s’accompagnerd’un contrôle démocratiquequi pourraitet devrait logiquement s’exercer par l’in-termédiaire de délégations parlementai-res nationales spécialisées et accréditéesauprès de la commission. Voilà le chan-tier auquel François Hollande, s’il venaità être élu, devrait prioritairement seconsacrer. Un chantier qui n’a de sensque s’il s’accompagned’une réductiondenosdépensespubliquesetpasseulementde nos déficits.

Le deuxième cercle de la diplomatieest le cercle atlantique. Le débat surnotreprésence dans l’alliance est derrière

nous. Nous partageons l’essentiel aveclesEtats-Unis,mêmes’il estpréférabledecontinuer à traiter avec Barack Obamaqu’avec son éventuel successeur républi-cain. Mais convergence ne signifie paspassivité.

En mai, à Chicago, au sommet de l’Al-liance atlantique, sera débattue la ques-tion du retrait d’Afghanistan. Il y a troisans, le président Sarkozy nous expliquaitquenous défendions là-bas notre civilisa-tion.Peut-être.Maisdansce cas,pourquoise retirer aujourd’hui? La vraie questionn’estdoncpasdesavoirsinousnousretire-rons d’ici la fin de l’année ou l’année pro-chaine. Cette différence de calendrier est

dérisoire. La vraie question est de savoirquelle leçon nous tirons de cet engage-ment. Est-ce quenousnous retironsparceque les Américains ont décidé de le faire?Considérons-nous que la négociationengagée avec les talibans est une bonnechose? Avons-nous lesmoyens ou l’enviedepeser sur ces négociations?

Pourtant, la question afghane sera pro-bablement reléguée au second plan paruneautre,beaucoupplusimportante:cel-le de l’Iran. Là encore, il ne suffit pas dedire que nous sommes favorables à dessanctions et à des négociations. Nousdevonsnousprononcer demanière beau-coup plus précise sur ce qui risque d’êtrela première grande crise diplomatiquepour le nouveau président: le bombarde-

mentdes installationsnucléaires iranien-nes par Israël. Y sommes-nous favora-bles?Nousyopposerons-nous?Qu’avons-nous à proposer en échange? Sommes-nousfavorablesàunenégociationglobaleavec Téhéran? Acceptons-nous le fait quel’Iran accède au rang de «pays du seuil»sans développer l’arme nucléaire, ouconsidérons-nousd’emblée que le simplefaitd’atteindreleseuilnucléaireconstitueen soi un acte inacceptable? Les Améri-cainsontévoluésur laquestion.Sommes-nous sur lamême ligne?

Si nous ne répondons pas à ces ques-tions, nous laisserons à d’autres, et doncnaturellementauxEtats-Unis, lesoind’ap-

porter des réponses à notre place. Nousdevons mobiliser notre créativité en évi-tant d’apparaître soit comme la mouchedu coche soit comme le petit enfant sagequi rougit à l’idée même de poser unequestion.

Restele troisièmecercledenotrediplo-matie : celui de la Méditerranée. Depuisjanvier2011, nous sommes confrontés àune tectonique politique sans précédentqui va nous obliger à de profondes remi-ses en cause. Un certainmonde arabe estbeletbienmort.Ceuxquienprennentlesrênes entretiennent une proximité avecla Francebeaucoupmoins forteque leursprédécesseurs.Etparceque cesnouvellesélites se sentiront confortées par desmandats populaires, elles semontreront

plus exigeantes et moins complexées. Ilfaudra donc apprendre à gérer la fin dupacte du silence, celui qui contraignait laFrance à se taire sur la nature peu envia-ble des régimes arabes en même tempsqueceux-ci faisaientpreuved’unecertai-ne docilité.

Pour ce faire, il faut impérativementrelancer l’Union pour la Méditerranée.Maisil fautlefairesurdesbasesnouvelles.Il fautcommencerpar tisserdes liensavectous les acteurs sociaux, économiques etculturels de la Méditerranée en leurposant une question simple : que pou-vons-nous attendre les uns des autres?Naturellement, il ne s’agit pasde contour-ner la souverainetédesEtats.Maisàpartirdu moment où ces derniers se prévalentde la démocratie, rien ne fait désormaisobstacleàcequenousentrionsenrelationdirecte avec les sociétés civiles de laMédi-terranée.

Sans préjuger de la réponse, il faut enmatière de développement privilégier unseuletuniqueaxe: lesprojets locauxcréa-teurs d’emplois. Car sans création d’em-plois dans ces pays, le changement politi-que sera pulvérisé et l’échec économiquepoussera ces régimes dans une fuite enavant politique terrible. A cet égard, ceuxquicondamnentlechoixdeRenaultàTan-germontrent une fois de plus qu’ils n’ontrien compris à lamarchedumonde.p

Dans les débats présidentiels, la défensene suscite pas un intérêt à hauteur desapart dans lebudget. Sinonpourpro-poser des économies. Des matérielscoûteuxpour guerroyer au loin, tel estleportraitvitebrosséd’unfardeaubud-

gétairedontonsepasseraitbien:nepourrait-onrédui-re la facture en révisantnosambitionsà la baisse?

Aquoi sertdoncnotrearmée?A l’heuredes sacrifi-ces budgétaires, la question mérite qu’on s’y arrête,surtout quand le signal est brouillé : d’une part leschutes de MM.Gbagbo et Kadhafi attestent d’uneFrance puissante qui assume ses choix; de l’autre, lamort de soldats enAfghanistan fait douter d’engage-ments en coalition où la victoire ne se quantifie pas.Seul point de convergence: l’armée n’est vue qu’auprisme de la politique étrangère. Vision réductricequi fait oublier l’essentiel.

Deux institutions ont façonné le citoyen au fil dessiècles. Aujourd’hui, l’école et l’armée sont perçuessous le seul angle fonctionnel et subissent lescontraintes de la rentabilité immédiate et du tropcourt temps politique. Si tout le monde s’accorde àinvestir dans la formation de nos enfants, le rôle pri-mordial d’une armée désormais confiée aux profes-sionnelssemblemoinsévidentaucitoyen.Cettedélé-gationdesarmesaumilitaireaccroît ladistancecrééepar la délégation du pouvoir au politique. Le citoyenconfie l’engagement des troupes au président de laRépublique,quidécideenconseilrestreint,etauParle-ment, qui prolonge leurmandat au-delà de 90jours.

Dissuasionnucléaire,siègedemembrepermanentau Conseil de sécurité de l’ONU, tels sont lesmoyensqui permettent encore à la France de poursuivre cerôle si particulier dans le concert des nations. Elle sedoit de l’assumer si elle veutque l’Unioneuropéennepuisseun jourprendre le relais.

La Libye a montré une Europe divisée, notre plusproche voisin refusant de survoler les côtes de Ben-ghazi pour fournir des renseignements, pourtantindispensables pour protéger les populations. UneEurope militairement trop faible pour se passer desavions ravitailleurs américains. Une Europe qui nesemblait pas assez crédiblepour faire plier Tripoli.

La forcedemeure l’ultimerecours.Maisplus la for-

ce est crédible et moins son usage est nécessaire !L’outilmilitairene saurait se réduireàun instrumentde puissance sur la scènemondiale (l’ambition de laFrancepasserait alorspourde laprésomption). Il tou-che à l’essentiel : l’expression d’une volonté collecti-ve; ilmatérialise l’existenced’un«corps» social.

Lemilitairea ledevoir d’interpeller ses concitoyenspourqueledébatait lieu,c’est laresponsabilitémoraledeceluiquipeutuserdelaforceaunomdetous.Etaus-si ledroit, car il consentàenpayer leprix, sinécessaire,celui de sa vie. A ce prix, le militaire peut égalementattester que ce lien impalpable qui fait des individusdescitoyensestbienconcret.C’estaunomdesesconci-toyensque lemilitaireagit etpuise savolontédecom-battre: il n’est pas lemercenaired’unpays, il n’est pasplus payé au coup tiré qu’à la balle reçue. Il a simple-ment conscience d’être, à son humblemesure, le brasarméde la société toutentière. Elle seule lui confère salégitimité,mêmeenopérationsmultinationales.

La mission des armées dans la construction de lasociété prend aussi d’autres formes, plus proches,plus concrètes. Premier recruteur en France(22000postes en 2011), les armées absorbent, édu-quent et finalement restituent au corps social ceuxqui s’engagent sous les drapeaux.

Affirmation de notre cohésionCette fraction de la population active offre unpeu

derespirationquandlesemploissefonttroprares,unpeud’intégrationpour ceuxque l’écolen’a puattein-dre, un peu d’ascension sociale quand les perspecti-vesse ferment.Servicemiliaireadapté, centresdefor-mationprofessionnelle, dispositif défensedeuxièmechanceconcourentquotidiennementàl’intérêtgéné-ral. Enfin, le chômage alarmant chez les jeunes peutamener à renouveler la réflexionet surtout les ambi-tionsd’un service civique réintroduit en 2010.

Alors, que voulons-nous? Accentuer l’érosion del’outil de défense n’est pas seulement imprudentdans un monde de concurrence et d’incertitudes. Lerisque pèse sur l’affirmation même de notre cohé-sion. Quand la crise économique devient sociale,nous ne pouvons pas éluder le débat sur ce que noussommes et avons à défendre. Quand les financespubliquesréclamentplusquejamaisunpeudevertu,l’urgentne saurait sacrifier l’essentiel.

Les armées contribuent à l’effort collectif et rédui-sent d’un quart leurs effectifs dans le cadre des réfor-mesmenées: 54000 postes en six ans. Elles sont aupoint de bascule, il suffit de peu,mais il faudra beau-coup pour les remettre à flot. L’enjeu presse chaquecitoyende se réapproprier la défense et de lui donnersa justeplace dans le débat public. p

décryptagesDÉBATS

ZakiLaïdiDirecteur de recherche au Centre

d’études européennes de SciencesPo

«L’engagementdeNicolasSarkozyàrenforcerlagouvernanceéconomiquedel’Europesanstransfertdesouveraineténemènenullepart.Car,si lacrise

del’euroarévéléunechose,c’estbeletbienl’inefficacitédelagestionintergouvernementale»

¶François Hollande, candidat

socialiste à l’électionprésidentielle, devait se rendre

à Londres, le 29février. L’occasionpour «Le Monde» de revenir

sur ses positions et son agendaeuropéens (lire aussi page 4)

MettonsladéfensedansledébatL’arméeaaussiunrôlesocial

Quesignifie l’alternancepourlapolitiqueétrangèrefrançaise?Inventonsuneautrediplomatiepourfairefaceàunmondechangeant

20 0123Jeudi 1er mars 2012

Page 20: Journal le monde du 1 mars 2012

S alaires: êtes-vousricheoupauvre? Si vousn’avezpasencoreessayé lenouveloutil

proposépar l’Observatoiredes iné-galités sur sonsite Internet, allez-y.C’estultra simple: il suffit d’indi-quervotre salairenetmensuelet,enunclic, vousapprenezcombiendesalariésgagnentmoinsouplusquevous.Votre fichedepaieatteint2000eurosnetparmois?67%des salariésgagnentmoins (lesalairemédianse situeà1650euros). 4000euros?94%dessalariésgagnentmoins. Et si vouspassez labarredes7500eurosvous faitespartiedes 1%de sala-riés lesmieuxpayésenFrance.

Parlergros sousestde saison.Certainespersonnalitésnepeu-ventpluscacher leur salaire.AinsiRichardDescoings,directeurdeSciencesPoet ses 27000eurosbrutmensuels«soit 23000-24000eurosnets», dit-il dansLibé-ration (apparemmentil n’estpas à1000eurosprès).Maisparmicettecatégoriede 1%deprivilégiés, cer-tainsémargentàdes sommestrèssupérieures.Onneparleplus alorsensalairemensuelmaisannuel.

PrenezLouisGallois, lepatrond’EADS.Luigagne2,6millionsd’eu-rosparan. Soit 216666eurosparmois, soit 7123euros…par jour. Jen’ai riencontreLouisGallois;j’auraispuparlerdes4,3millionsdeFranckRiboud(Danone). J’aichoisi LouisGallois,parcequ’il aeu la franchisede répondreunmatinde janvier sur France Inter àunequestiontoute simpled’unauditeur.Guillaume,deVendée,

luiademandé, sansagressivité:«Qu’est-cequ’unsalaire raisonna-blepourunpatrondevotreniveau? Je conçoisqu’il failledesdif-férences,maisquelles limitesdon-nerà cela?»EtLouisGalloisd’ex-pliquer:«Marémunérationest de2,6millionsparan. Je trouvequec’estun salaireabsolument incom-préhensiblepar l’opinionpublique.Je le dis franchement,onnepeutpas comprendrequequelqu’ungagneune telle sommequandonvoit lesdifficultés. Je pensequ’il yauneffort de solidaritéà faire. Pourmonconfortpersonnel, jem’arran-geendonnantunepartiedemon

salaireàdesactionssocialementutiles,mais jedirai que c’est dusau-vetage individuel; jepensequ’ilfautqu’il yait unedisciplineetunefiscalitéquiaideàcettediscipline.»

Avant, LouisGalloisdirigeait laSNCF.«Jegagnaisdix foismoins.J’arrivaisà vivrequandmême»,précise-t-il àGuillaume.Oui, effec-tivement,avec260000eurosparan,ondoit vivre trèsbien. LouisGalloisne seplaintde rienetdemandemêmeàêtredavantagetaxé:«Jene suispas contreunehaussede la fiscalitépour lesplushauts revenus.»MerciGuillaumepourvotrequestion. p

O n cherchera en vain quelqueslignes sur la vision politique deMohammedVI, ce que pense le

palais du «printemps arabe» ou le bilanque le roi tire des réformes qu’il a lui-même initiées, telle la nouvelle Constitu-tion approuvée par référendum, pourparerà toute contestation.Riendece côté-là. Sur le commerce, le business, en revan-che, enveux-tuenvoilà.

Page après page, les auteurs décriventunsouverainalliéde laFrancedevenu« lepremier banquier, le premier assureur, lepremier agriculteur» de son pays, et unhomme d’affaires de premier plan dans« l’agroalimentaire, l’immobilier, la gran-de distribution, l’énergie, les télécoms»…Un roi «Midas», écrivent-ils, classé au7e rang en 2009 des monarques les plusriches par le magazine américain Forbes,et dont la fortune aurait doublé en cinqans.Celuiquis’étaitvuattribuerl’étiquet-tede«roidespauvres» lorsqu’il succédaàson père, HassanII, en 1999, n’a plus rienà voir avec le roi des affaires dont il estquestion ici.

Prédation économiqueA travers les holdings royales, les prises

de participation dans des domaines aussivariésquelesucre,lefoncier,lesterresagri-coles, le BTP, l’électricité ou même laculture, c’est une véritablemise en couperéglée de l’économie marocaine quedénoncent les deux journalistes. Tout oupresque, affirment-ils, remonte aux cais-ses royales. Au point que leMaroc consti-tue à leurs yeux«uncas unique».

«La plupart des dirigeants pillent leurpaysenconfisquantàleurpeuplelesriches-ses. Au Maroc, c’est le peuple qui, chaquejour que Dieu fait, enrichit le roi en ache-tant les produits de ses entreprises», assu-rent Catherine Graciet (coauteur de LaRégente de Carthage – La Découverte,2009 –, qui dénonça l’emprise mafieusedeLeilaTrabelsi, l’épousedel’ex-présidentBenAli en Tunisie) et Eric Laurent (auteurde nombreux ouvrages, dont LaMémoired’unroi–Plon, 1993–, tirédesesentretiensavec HassanII). Dernier «Eldorado» endate : le développement des énergiesrenouvelables,aveclacréationdeladerniè-re-née des entreprises royales, Nareva,

déjà dotée d’importants contrats dans ledomaine éolien. Mais muette quant à sesobjectifs.

Deux hommes, proches de Moham-medVI, sont particulièrement visés parcebrûlot :MounirMajidi, secrétaireparti-culier du roi et grand argentier du palais,et Fouad Ali El Himma,ministre déléguéà l’intérieur de 1999 à 2007. Les deuxhommes, rivaux, sont toujours décrits àla manœuvre pour imposer, souvent defaçon brutale, les vues du palais dans ledomaine des affaires comme dans celuide la sécurité. LorsdesmanifestationsduMouvement du 20février, qui réclame àintervalles réguliers dans les rues de vil-lesmarocainesplusde justicesocialeet lafin de la corruption, leurs noms serontsystématiquementdénoncés.

Atraverscesdeuxpersonnages,quiontconnu le roi dans sa jeunesse, l’un par letruchement d’un cousin, l’autre en parta-geant la même formation au Collègeroyal, les intrigues de cour, les nomina-tions et les disgrâces peuplent l’universroyal et le docile Makhzen, selon cetteexpressiontypiquequidésignelesinstitu-tionsmarocaines.Malheuràceuxquiten-tent de s’opposer! Ceux-là se voient écar-tés sansménagement, étranglés financiè-rementetparfoiscondamnésàde lourdespeinesdeprisoncommeentémoigneKha-lidOudghiri, ancienpatronde la puissan-tebanqueAttijariwafaBank,déchu,humi-liéetpour finir condamnépar contumace– il vit en France – à vingt ans de prison.L’hommelivreici lespressions,témoigna-ges à charge et accusations extorquéesdont il fut l’objet. Tous ses biens, auMaroc, seront saisis.

Certes, leréquisitoiredecelivreestbrut,les témoignages souvent anonymes, et lesfaits parfois approximatifs faute d’accèsdirect aux sources. Mais l’ampleur de laprédation économique ainsi décrite, dansunpaysoù15%delapopulationvitau-des-sous du seuil de pauvreté fixé à 2dollarspar jour, nepeut que choquer. p

IsabelleMandraud

décryptagesANALYSES

AG

1323

6

Prendre le temps de la réflexionTracer les perspectives pour agir

L’Expansion ☛ Nouvelle époque ☛ Nouvelle mission ☛ Nouvelle formule

CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX

C ette fois-ci sera-t-elle la bonne? PSA Peu-geot-Citroën, exsangue sur un marchéeuropéendéprimé,va-t-ilconvolerenjus-

tes noces avec General Motors (GM), revigorépar des ventes américaines et chinoises au plushaut? Depuis dix ans, on a prêté au deuxièmeconstructeureuropéen l’intentiondese rappro-cher des japonais Honda, puis Mitsubishi, del’italien Fiat et, plus récemment, de l’allemandBMW, tousdesgroupes familiaux.

GMpourrait prendre 7 % de PSA à l’occasiond’uneaugmentationdecapitalde1milliardd’eu-ros. L’Autorité desmarchés financiers a appelé,mardi 28 février, PSA à communiquer très rapi-dement.PhilippeVarin, lepatrondePSA, etDanAkerson, son alter ego deGM, devraient annon-cerlanouvellelorsduSalonautomobiledeGenè-ve, quiouvre le6mars.

L’allianceavecGM,numérounmondialdéte-nupouruntiersparl’Etataméricainaprèslaqua-si-faillite de l’entreprise en 2008, est-elle crédi-ble ? Même si elle comporte certains risques,notamment sociaux, elle n’est pas saugrenue.Dans une industrie où le coût de développe-ment des automobiles a explosé, du fait desréglementations environnementales toujoursplus strictes et de la durée de vie toujours pluscourte des modèles, il devient nécessaire demutualisersesdépensesetdelesamortirenven-dantplusdemodèlessurunplusgrandnombredemarchés.

Philippe Varin n’a cessé de le répéter depuisson arrivée à la tête de PSA, en 2009: le groupedoit trouver un allié pour mettre en place dessynergies industrielles importantes, améliorersesmarges et accélérer son internationalisationencore trop faible.

Voilà pour la théorie. La mise en œuvre estmoins simple. Seuls quelques rares acteurs ontréussi cet exercice. Au premier rang desquelsVolkswagen,qui,en2011,aproduitetvenduàtra-vers la planète plus de huitmillions de véhicu-les, de lavoituredeM.Tout-le-Mondeà la voitu-re de luxe. Avec huit marques, le groupe alle-mand se développe sur tous les continents etdégage d’importantes économies d’échelle, qui

lui permettent d’afficher des bénéfices inéditsdans cette industrie : 15,4milliards d’euros,quandlegroupePSAafficheungainde600mil-lionsd’eurosetunepertede92millionsd’eurosdanssabrancheautomobile…

De même, PSA constate que l’alliance deRenault avecNissan lancéeen 1999abel et bienservi son grand concurrent français: si Renaultaffiche aujourd’hui un bénéfice de 2,1milliardsd’euros et une dette réduite à quelque 300mil-lions (contre dix fois plus pour PSA), il le doitbeaucoup à son partenaire japonais. «NousmutualisonsentreRenaultetNissanledéveloppe-mentdeplates-formes,depièces,dumoteur, etc.,rappelaitrécemmentCarlosGhosn, lepatrondeRenault et Nissan. Cela a permis à Renault deréduire ses investissements, tout en produisantplus de véhicules.» Et grâce à l’élargissement del’alliancefranco-japonaiseàl’allemandDaimler-Benz,lefrançaisvabientôtproduiredesberlines

surunebasedéveloppéepar les troisacteurs…Pour construire ce partenariat, Renault, Nis-

san et Daimler ont mis en place des participa-tionscroisées.Cettesolution, la famillePeugeot,qui détient 30,9%du capital de PSA (et 48%desdroitsdevote), y a toujoursétédéfavorable.PSAaassistéenspectateurauxdeuxdernièresgran-des vagues de consolidation du secteur, quandDaimler rachetait Chrysler, BMW s’offrait RollsRoyceouRenault reprenaitDacia etNissan.

La crise de 2008 a déclenché une nouvelle

vaguedeconcentrations.Renaultest entrédansle capital d’Avtovaz, tandis que Fiat décidait dereprendreChrysler,délaisséparDaimler.Décidécette fois à bouger, PSA, un peu plus mal enpoint, voyait un rapprochement avec le groupeMitsubishi lui échapper.

Jusque-là,lefrançaispréféraitlespartenariatsciblés avec d’autres constructeurs, de Fiat dansl’utilitaire,àForddanslemoteurdiesel,ouBMWdans le moteur hybride. Aujourd’hui, PhilippeVarin recherche son allié stratégique.Mais rienneditqueGMseraitlemeilleurparti.D’unepart,le groupe américain fait deux fois la taille dePSA.D’autrepart, lesgroupesaméricains,quecesoientGMouFord,n’ontguèreréussileursparte-nariats avec les européens: le rachat de VolvoparFordaétéundésastre; celuide SaabparGMsetermineparuneliquidationjudiciaire;quantà la coopération entre GM et Fiat, elle a été unfiasco. Enfin, PSA et Opel, la filiale de GM, sontprésents sur lesmêmessegmentsdemarchéenEurope. Ils pourraient certes partager leurscoûts de développement ou d’achat, mais cessynergies industrielles pourraient aggraverleursproblèmesdesurcapacitéetconduireàdesfermeturesd’usinesenAllemagneetenFrance–uncauchemarsocial enperspective.

«Aujourd’hui, explique un bon connaisseurdu secteur, GM a besoin d’un allié pour réduireles coûts de développement de sa filiale Opel, etaccéder à des technologies demotorisation plusperformantes pour le marché américain, tandisquePSAdoit réduire ses coûts dedéveloppementet se projeter sur de nouveauxmarchés…Mais lerapprochement avec GM n’est pas la seule solu-tion, un rapprochement avec Fiat serait aussiunepossibilité.»Unechose semble sûre: PSAnerestera pas seule. Ferdinand Piëch, alors patrondeVolkswagen,estimaità la findesannées1990que«lemouvementde concentrationest inéluc-table. A terme, il ne restera plus que cinq ou sixconstructeursdans lemonde». PSAsera-t-ildanslesbrasdeGMoud’unautre?Réponsedansquel-ques jours. p

[email protected]

AnalysePhilippe JacquéService Economie

Livredujour

«Qu’est-cequ’unsalaireraisonnablepourunpatron?»

Guillaumeauditeur de France InterIldevientnécessaire

demutualisersesdépensesetdelesamortirenvendantplusdemodèlessurunplusgrandnombredemarchés

Viemoderne | chroniquepar Sandrine Blanchard

Hiérarchiedessalaires

¶Mohammed VIa été classéen 2009au 7erang

desmonarquesles plus richespar le magazine

américain«Forbes»

PSA,latentationGeneralMotors

LeRoi prédateurCatherineGraciet et Eric LaurentLeSeuil, 216 p., 17,80 euros

Royalbusiness

210123Jeudi 1er mars 2012

Page 21: Journal le monde du 1 mars 2012

culture

Lecercledespoètesretrouvés

Architecture

P etit bonhomme extrême-ment cultivé, Wang Shu,48ans, a obtenu «le» Pritz-

ker Prizemardi 28février. Ce prix,décernépar la fondationaméricai-ne Hyatt, est, pour simplifier, leNobel de l’architecture.

Avec Wang Shu se trouventhonoréssonépouseetcollaboratri-ce, LuWenyu, ainsi que sonatelier– Amateur Architecture Studio,ramassis (hiérarchisé) d’élèves, demaçons (son atelier fonctionne enosmose avec eux) et de profes-seurs qu’il a rassemblés depuis1998àHangzhou, capitale duZhe-jiang. Il est le premier Chinois àobtenir ce prix. Il s’en est déclaré«très touché». «Car, a-t-il ajouté,mêmesi j’aiétébienentourétoutesces années, j’ai été seul au départdans toute cette exploration. Pourdire les choses simplement, j’airéfléchi, j’aitravaillédur, j’aiessayéd’appliquermes idéaux.»

Hommeàlafoisdiscret,modes-te, talentueux,profondémentsou-cieux de l’éthique dumétier, il estle représentant d’une minusculefraction d’architectes chinois quiontchoisi lavoieétroitedelaquali-tédansunpaysoùlescommandesse chiffrent parfois enmillions demètres carrés.

Wang Shu a étudié l’architectu-re à l’université du Sud-Est à Nan-kin, avant d’obtenir un doctoraten architecture à l’université Ton-gji de Shanghaï en 2000. Outreson atelier de Hangzhou, il dirigele département d’architecture del’Ecole supérieure des beaux-artsde la ville depuis 2003.

Il aurait pu devenir homme delettres oupeintre classique – com-meHangzhou, l’ancienne capitaledes Song du Sud, pas très loin deShanghaï, en a produit tant.WangShu y a construit l’un de ses pre-miers bâtiments, l’université desbeaux-arts Xiangshan, située unpeu en dehors de la ville, au piedd’une montagne couverte d’undes thés les plus précieux deChine. Un campus d’exception,sur le plan architectural, dans uncadre idyllique.

Unedes caractéristiquesdu tra-vail de Wang Shu, depuis sesdébuts, est l’étude des techniquestraditionnelles et durables. Ainsi,il a recours aux systèmesdeventi-lationnaturelle.Unprincipeances-tral qui utilise la montée de l’air,classique en Asie. Il aime le bois,

mais n’a aucun scrupule à utiliserle béton quand il le faut. Il ne s’in-terdit aucun matériau et intègregénéreusement des éléments derécupération: des anciennes bri-ques, des tuiles provenant des vil-lesetvillagesdétruitsàmarchefor-cée par lamodernisation…

«Je n’ai pas inventé la réutilisa-tion de matériaux recyclés, dit-il,cela se retrouve dans notre tradi-tion constructive… Par ailleurs, entant qu’architecte, on ne peut pasne pas réagir à autant de maté-riaux laisséspar lesdestructionsdebâtimentsanciens.Commentréuti-liser ces matériaux sur des réalisa-tions contemporaines, c’est celal’attitude que devrait avoir l’archi-tecte contemporain.»

Il a construit en 2005 un pre-miermusée, consacré aux beaux-arts, à Ningbo, important port duZhejiang, qui ne ressemble à riende ce qui avait été bâti précédem-ment en Chine. Il y reprend destechniques connues, des maté-riaux comme le bois, la pierre, latuile, avec autant de souffle qued’esprit d’équilibre, en résonanceavec le fleuve. Il y trouve unereconnaissance internationalequi l’a aidé à s’ancrer dans le petitmilieu des architectes chinois–pas plus d’une vingtaine sur desdizainesdemilliers actifs – qui nepratique pas l’élevage intensifdes tours et du béton.

Car le système commercialchinois permet de construire desmillionsdemètres carrés, proces-sus répétitif qui fait tournerd’énormes instituts de construc-tion sans pour autant faire la for-tune des architectes qui y sontsalariés.WangShuatoujoursrefu-séd’yadhérer. Il a égalementrefu-sé cette pratique, très fréquenteen Chine, où des architectes ontune petite production de qualité,à côté d’une agence énorme quiconstruit des tours, voire des vil-les entières.

D’autresbâtimentssontimpor-tants dans son œuvre. L’un lui aété demandé par Ai Weiwei pourune sorte de monument qu’il aconsacré à son père, le poète AiQuing, sur les deux rives dufleuve de Jinhua, sa ville natale. Ila sollicité une quinzaine d’archi-tectes, dontHerzog et DeMeuron,ou Toshiko Mori, qui enseigne àHarvard, pour qu’ils imaginentdes «fabriques», des petits édifi-ces.Cetensembleaétémalheureu-sement volontairement laissé àl’abandon par les autorités, maisle bâtiment de Wang Shu gardeune formede fierté. Il y avaitutili-sé des carreaux de céramiquequ’on produisait en très grandesériedans laChinede l’après-Mao.

Ainsi, cet homme, longtempsperçu comme un artiste isolé,avaitdéjà, trèstôt,uncertainnom-

bre de liens avec les grands nomsde l’architecture internationale.

Ses projets ont été diffusés àtravers le monde dans de nom-breuses revues et expositions,comme «Alors la Chine ? », en2003, « Positions », en 2008,«Architecture as Resistance», en2009,et luiontvaluplusieursdis-tinctionsdès 2003 enChine,maisaussi à l’étranger, parmi lesquel-les le Global Award for Sustaina-ble Architecture en 2007 et laGrande médaille d’or de l’Acadé-mie d’architecture en 2011.

Il a également construit lemusée d’histoire de la ville deNingbo. Très grand bâtiment,déconcertant, avec un côté plusmésopotamien que chinois, làaussi dans un immense parc. Unearchitecture aussi libre que celled’un LeCorbusier ou d’un LuisKahn,etunensemblequicontras-te avec un centre d’affaires

construit non loin par un autrearchitecte, Ma Qing Yun, dans unstyle «flashy», très américain.

Mais l’unede ses interventionsmajeures, toujoursencours, trou-ve sa place à Hangzhou, où lesanciennes cités Qing, Ming et lestracesarchéologiquesde lacapita-le des Song risquaient d’êtrerasées. Lemairede laville a pris ladécisionde lui confier l’ensembledu quartier autour de la rueZhongshanLu, épinedorsalede laville. Tout un ensemble de bâti-ments demeurait intact, parmilesquelsdevastespharmaciestra-ditionnelles,bousculéespar l’arri-vée de blocs de béton au XXe siè-cle.WangShuapris lepartidepré-serverl’Histoire, sagrandeuranti-que et sesmédiocrités récentes.

Pour retrouver la forme de larue, faireoublier la laideur intem-porelle des casemates de l’èrepost-maoïste, il s’est ingénié àposer des implants dans les dentscreuses. Il a imaginédes élémentsmodernes, dont le profil étrangepourrait avoir été inspiré parcelui des ouvertures de la régionde Suzhou, connue comme la«Venise chinoise».

Ceprocessusadéconcerténom-bredeChinois,aussibienlesarchi-tectes «occidentalisés» que lesdéfenseursdupatrimoine: lespre-mières réactions, mitigées, à l’an-nonce de son prix montrent qu’il

n’estpasprophèteensonpays.Aupremier rang d’entre elles, celledu professeur et historien de l’ar-chitecture Ruan Yisan, deShanghaï, pionnier courageux deladéfensedupatrimoine: ilavive-ment condamné l’irruption designesmodernes dans un ensem-ble ancien.

MaisWangShun’estpasunpas-séiste : «Ce qui m’intéresse, c’estplutôt d’observer, à partir de l’his-toire, laquestionde l’expérimenta-tion; ladistinctionnetteentre“tra-dition” et “modernité” est abstrai-te et simpliste, et ne reflète pas laréalité.On sait que les deuxderniè-res décennies en Chine ont étéextrêmementmarquéespar lades-truction des centres anciens, avecbeaucoup de grands immeublesconstruits,et troppeuderéflexionsavant démolitions. Même si, au vude la population chinoise, on nepeutnier lebesoind’immeubleséle-vés, il est important de prendre encomptelesexpériencestiréesdesiè-cles de constructions.»

De la tradition architecturalechinoise, il préserve la mémoirecachée dans les fragments detuile, mais aussi ce qui relève del’organisation de l’espace et deséléments structurels qui ont faitleurs preuves. Il se soucie de l’hu-main, pratique une architecturenaturellement écologique, avecun réel souci de l’échelle, dans unpays qui semble perdre le sens delamesure.

En octobre2011, Hu Jintao, leprésident chinois, s’est montrétrès offensif, mettant en gardecontre l’«occidentalisation»de laChine dans le domaine culturel(LeMonde du 6 janvier 2012).Dans ce contexte, l’attributionduPritzker est un événement para-doxal, car Wang Shu, sans rejetdes influences étrangères, ouvrelesvoiesd’un renouveaupossiblede l’architecture chinoise.

S’il fait école à Hangzhou, il necherche pas à se présenter com-meunique référence. Il semontreserein. Il a trois projets enconstruction à Ninghai, Jinhua etKunming.Deuxautres sont enco-re en phase de conception àZhoushan Hangzhou. Il ne chan-gerani sesméthodesde travail, nile temps consacré à ses projets,«pourpréserverunniveaudequa-lité suffisant». p

Frédéric Edelman(avec JérémieDescamps

àHangzhou)

LeMusée des beaux-arts àNingbo et l’université Xiangshan (en haut) àHangzhou, réalisés parWang Shu (portrait). TIM FRANCO. COURTESY GALLERIE NAVARRA/«MADE BY CHINESE» (OUVRAGE À PARAÎTRE)

UnChinoisentreaupanthéondel’architectureWangShuaobtenulePritzkerPrizepouruneœuvrequimêleavechabiletémodernitéet tradition

WangShuestlereprésentantd’uneminuscule

fractiond’architecteschinoisquiontchoisi

lavoieétroitedelaqualité

UNARCHITECTE chinois «Pritz-ker prize»? Impensable il y adixans, quand la Chinemettait encompétition sapropre capacité àanéantir sa cultureurbaine et songoûtpour les signes les plusméga-lomanesde la jet-set architectura-le internationale. Il y a cinqansseulement, c’était encore trèsimprobable, tant les jeunes archi-tectesde l’empire duMilieu res-taientmarquéspar lesmodèlesoccidentauxet fascinéspar les for-mesdérivéesdes ordinateurs.

Pourtant, dans tout le pays, àraisond’uneoudeuxagencespargrandemétropole (unpeuplus àPékin, nettementplus à Shanghaïet sa région), unevingtained’équi-pes, guère plus, ont émergéavecdes réalisations sincères, exigean-tes, inventives, libres autant qu’ilse peut des contingencesde lacommande.

Certes, quelques-unesont choi-si d’adjoindre à leurmodestie ini-tialedesportefeuillesde comman-desdont l’ampleur a peuouprouécrabouillé l’initiale fantaisie:MaQingyunà Shanghaï, YungHoChangà Pékin (ce dernier étaitmembredu juryduPritzker).D’autres se sont enivrés des par-fums«paramétricistes» desgrandsprêtresde la conceptionassistée (lemot est faible) par ordi-nateur commeMaYansong,récent transfugede chez ZahaHadid, qui fait exécuter la danseduventre à ses constructions.

Résurgence de la cultureQuelques-unsenfin se sontobs-

tinés, commescarabéesdans ledésert. Ainsi Liu Yichunet sescomplicesde l’agenceDeshaus(Shanghaï), capteurshypersensi-bles des brumes et des couleurs

deChine. Ainsi Liu jiakun (Chen-gdu), poète sombre et lucide déli-vré de toutes chaînes culturellesmais sensible commeune fleurdepommier sauvage à tous lessignauxd’une résurgencede laculture, serait-ce dans lescontréesdévastées par le séismeduSichuan.Ouencore TangHua,auteurde la bibliothèquede l’uni-versité dedesignduSichuan, prèsdeChongqing.

Dans la régionduFujian, LiXiaodonga investi avec autant degéniequed’humilité l’univers desvillagesmonumentauxdesHak-ka (PrixAgaKhan2010). A Shen-zhen, l’agenceUrbanusa dévelop-péunemaîtrise exceptionnelledes espaces et des lieuxd’échangepublics, Zhang Lei s’est imposé àNanjingà travers deshabitationsplutôt dédiées auxartistes, auxpoètes et aux intellectuels

chinois, disperséesdansunpaysa-gepromptà aspirer les brumes.

Et puis il y a les figures tutélai-res de cemouvement: jeunes déjàassezvieuxpourprotéger ce cer-cle de poètes retrouvés: Cui Kai (àPékin), figure débonnaire et géné-reuse ancréedans le systèmedesinstitutspourmieuxaider à l’éclo-siondenouveaux talents.QiXin,francophoneet passeur entregénérations,YungHoChang, quiparvient àmaintenir son statutd’intellectuel grâce à sonposte àl’universitédeHarvard, etmalgréune architecture«à l’américaine»qui tend à se cacher derrière leshautsmurs de ghettos fortunés.EtAiWeiwei, toujours lui, remar-quable architecte, presqueplusqu’artiste, par sa volontémêmede simplicité. Encoreunpasseurauquel la Chine doit beaucoup.p

F. E.

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Page 22: Journal le monde du 1 mars 2012

culture

Faiseursdeculture | Avantlaprésidentielle:laparoleàceuxquifontbouger lesrégions

IsabelleRichomme,àMarseille

I maginez un café oùvous pourriez trou-ver toute l’actualité

culturelle et artistiqued’une ville. Un concertde rock mardi, une per-formance jeudi àminuit, dans une gale-rie, du cirque dimancheaprès-midi. Un lieu oùl’on vous mâcherait letravail en somme, saufle plat délicieux qui vous serait servi avec le sourire etpourunprix très, très, raisonnable.Oualors,non:disonsque vous êtes entré par hasard pour boire un verre, aucomptoir, et que, là, surprise, vous entendezvotre voisinparler de la pièce de théâtre qu’il a vue la veille. Ça a l’airintéressant, vous tendez l’oreille et finissez par engagerla conversation…

Cet endroit existe bien, nous l’avons visité àMarseille.Le Waaw a été ouvert en juillet2010, tout près du CoursJulien, le «Cours Ju» dans le quartier populaire et créatifdeLaPlaine.Lemobilieret les tablesducafésont joyeuse-mentdépareillés. Surunetable,prèsde la fenêtre, lespla-quettes des salles de spectacle, des galeries d’art, atten-dent qu’on les consulte. Un canapé vintage lamé dorénous tend lesbras.C’est ici qu’IsabelleRichomme, 33ans,qui dirige le lieu avec Frédéric Lévy, nous explique sonparcours. Pourquoi a-t-elle quitté l’univers du théâtrejeunepublic pour ouvrir un café?

C’est pourtant simple et carré, quand on écoute cettejeune femme châtain, au léger accent marseillais. Elle agrandi ici, a fait des études demédiation culturelle, puistravaillé huit ans au ThéâtreMassalia à la Friche La BelledeMai. Elle s’occupait tout particulièrement des adoles-cents, essayait de leur donner le goût du théâtre, lesdécouvrait à 11ans, les «quittait» à 16. Faisait des tour-néesdansdesclassesd’écolesetdecollègesaveclacompa-gnie L’Entreprisede François Cervantes.

Puiselleaeuenviedeprendrele large.Denepasselimi-ter à une tranche d’âge de public, ni à un seul domaineartistique. «Ici, on fait de lamédiation tout au long de lajournée. Il se passe tellement de choses àMarseille et dansles alentours, et les gens sortent finalement peu… Onessaiededonnerenvie,maisontrie,onfaitdeschoix.Noussommesenquelquesorteunhaut-parleurde laculturesurle territoire», explique-t-elle.

Régulièrement, des artistes sont invités pour présen-ter leur travail. Récemment, le chorégraphe Alain Buf-fard est venu présenter sa création en cours au Pavillonnoir, à Aix-en-Provence. «Un autre jour, les metteurs enscène Alain Reynaud et Alain Simon ont mis les clientsdans leurpocheen commençantpar jouerde l’accordéon.Ladiscussionestensuitedevenueinformelle»,raconteIsa-belle Richomme.

LeWaaw,c’estaussiunsite Internetquirecenselessor-ties culturelles à ne pas rater. C’est encore un outil demutualisationavec les compagniesduterritoire. IsabelleRichomme assure l’administration pour certaines, labilletterie pour d’autres. Un jour, elle est webmaster, unautreadministratrice,ouencorechargéede lacommuni-cation…

Mais elle est aussi utopiste dans l’âme. Attraper dansson filet à papillons des gens que, par principe, l’on neconnaît pas, et les emmener découvrir les charmes duspectacle vivant ou de l’art contemporain par la grâced’unespresso…Etsi, enplus, les clientspouvaientpayerd’unespresso…Etsi, enplus, les clientspouvaientpayer

le café autrement qu’avec une pièce d’unle café autrement qu’avec une pièce d’uneuro, notre faiseuse de

public serait la plusheureuse. Sachezqu’elle y travaille.Ainsi, leWaawestpar-

tenaire de Marseille 2013tenaire de Marseille 2013off. Dans ce contexte, les orga-off. Dans ce contexte, les orga-nisateurs réfléchissent à unenisateurs réfléchissent à unemonnaie culturelle, le Gaston,monnaie culturelle, le Gaston,

laquelle circulerait entre les lieuxlaquelle circulerait entre les lieuxde spectacles, les cafés, etc. Lede spectacles, les cafés, etc. LeWaaw sera donc un lieu-test pourWaaw sera donc un lieu-test pourleGaston. Au fait, pourquoi le caféleGaston. Au fait, pourquoi le cafés’appelle-t-il ainsi ? C’est tout uns’appelle-t-il ainsi ? C’est tout unpoème, qui renvoie à un vieuxpoème, qui renvoie à un vieuxprojet. Isabelle Richommeprojet. Isabelle Richommevoulait monter avec des amisvoulait monter avec des amisun dispositif demutualisationun dispositif demutualisationdu mécénat, qui aurait permisdu mécénat, qui aurait permis

àdes particuliers, à des habi-àdes particuliers, à des habi-tants d’un quartier, detants d’un quartier, definancer la création d’unefinancer la création d’uneœuvre, au même titreœuvre, au même titre

qu’une entreprise. Ce projet sequ’une entreprise. Ce projet senommait «Ministère des arts et autres minorités», leMaam. Mais il tardait à voir le jour. Entre-temps, l’idéedu café culturel est arrivée. En renversant le M duMaam, on obtient un W.Cela donne le Waaw, comme«what anamazingworld».Marseille, quelmondeéton-nant.pC.F.

Prochain article Jean-Hubert Gailliot et Sylvie Martigny,éditeurs à Auch.

Qu’attendez-

vous d’une

politique

culturelle?

«LeWeb estun outil dedémocratisa-tion. La ques-tion des droitsd’auteur et dela diffusiondesœuvressur leWebpeut deveniracceptable sielle est équita-ble: j’accepte-rai de payerune contribu-tion liée àmon utilisa-tion d’Internetsi elle permetde rémunérerles artistes,dans un parta-ge juste, etnon selon desquotasd’audienceétablis com-me peuventl’être aujour-d’hui lescontributionsversées auxartistes demusique.»

M ercredi 29février, Cathe-rine Chadelat, présiden-te du Conseil des ventes

volontaires (CVV), l’autorité derégulation du marché des ventesaux enchères publiques, devaitprésenter à MichelMercier, gardedes sceaux, ministre de la justiceetdes libertés, le«Recueildesobli-gationsdéontologiquesdesopéra-teurs de ventes volontaires demeubles aux enchères publi-ques».

Ce recueil, demandé au CVV en2010 par Michèle Alliot-Marie,alors garde des sceaux, est uneréponse au scandale qu’a connu laprofession avec ce que l’on a puappeler«l’affaireDrouot»(LeMon-de du 4décembre 2009) où plu-sieurs employés avaient été arrê-tés pour vols et trafic d’œuvres.Mais c’est surtout un moyen dedonner à tous les acteurs dumar-ché des ventes aux enchères un« instrument de protection et devalorisationpourlemarché», insis-te CatherineChadelat.

Après six mois de réunions etde concertation avec tous les

acteurs du secteur dont le Syndi-cat national des maisons de ven-tes volontaires (Symev) et l’Asso-ciationdessociétésdeventesauto-mobiles (ASVA), sort enfin cerecueil qui regroupe et rappelleles bonnes pratiques profession-nellesenmatièred’enchères.Com-me le relève MmeChadelat, « cetype de recueil est véritablementinédit : c’est la première fois qu’estpublié un document qui regroupeet met en forme les obligationsdéontologiques qui s’imposentaux opérateurs de ventes».

Pour la présidente du CVV, ilétait important de « retranscrirenoir sur blanc tout ce qui se faitactuellement,augmentédela juris-prudence disciplinaire du conseildes ventes. Nous ne sommes pasdans la tradition orale», ironi-se-t-elle. Il était également impor-tant, ajoute Catherine Chadelat,que ce travail s’effectue «dans laconcertation avec la profession, laconcertation étant la garantie del’adhésion».

Organisé en trois parties, lerecueil rappelle dans un premier

opus les devoirs généraux (bonsdéroulementsdesventes, transpa-rence, loyautéà l’égarddes clients,vendeurs, acheteurs, confrères,etc.) qui sont les principes fonda-mentauxet de base dumétier.

Tombeur demarteauUne deuxième partie traite de

la préparation de la vente, y com-pris les rapports à entretenir avecles experts apporteurs d’affairesdontcertains,ayantpris tellementd’ascendant sur le commissaire-priseur, le « confondent parfoisavec un simple tombeur de mar-teau»,déploreMmeChadelatavantde rappeler que le commissaire-priseur est le mandataire du ven-deur et qu’il n’est pas là pour faireplaisir aux experts.

Une troisième partie, enfin, estconsacréeàl’organisationdesopé-rateurs.C’estnotammentdanscet-te partie qu’il est précisé qu’ildevra sensibiliser l’ensemble despersonnes qu’il emploie aux obli-gations déontologiques et auxobligations de vigilance quipèsent sur lui.

Quant à l’accueil des profes-sionnels, la présidente du CVV seveut confiante: «Ce n’est surtoutpas un instrument de sanction, cen’est pas un carcan, c’est simple-ment écrit désormais », résu-me-t-elle. Mais finalement,au-delà de coucher noir sur blancles bonnes pratiques espérées dela profession, le CVV veut que cerecueildevienneàlafoisuninstru-ment de protection pour leconsommateur en général, qu’ilsoit vendeur ou acheteur, et à lafois un instrument qui permettela promotiondes ventes volontai-res instituant une sorte de label.

«Le marché français a beau-coupd’atouts: nousavons debonsprofessionnels, de bons experts, debons restaurateurs, un excellentsystèmejuridique.Onnesaitpas lefaire valoir et nos résultats ne sontpasforcémentàlahauteursion lescompare à ceux d’autres pays.C’estencesensquelesbonnesprati-ques sont incontestablement unbon instrument de promotion»,martèleCatherineChadelat.p

FrançoisBostnavaron

«Ici,auWaaw,onfaitdelamédiationculturelletoutela journée.

Noussommesunhaut-parleur»

Q uand la campagneestmor-ne, il faut la réveiller.Ouallervoir ailleurs. Certains

se souviennentpeut-êtredeL’Autre campagne, ce collectif ani-mépar le cinéasteThomasLacos-tequi, lorsde l’électionprésiden-tiellede 2007, sonna l’alerte,déconstruisit jusqu’à la veilledusecondtour leprogrammeducan-didatUMPNicolasSarkozy.Nonpasà coupsde formules toni-truantes,mais par la forcedefilms-entretiensaussi sobresquecharpentésavecdes chercheurs,deshistoriens,des sociologues,deséconomistes,despsychiatres,desmagistrats, etc.Un livredumêmenom, L’AutreCampagne,était également sorti auxéditionsLaDécouverte.

Cinqansetuneprésidentielleplus tard, l’infatigable réalisateursortun coffretde47films réunisdansneufDVD. Travail, luttessociales, enseignement,politiquemigratoire, justice et libertés…Faceà la caméra, le sociologueRobertCastel, l’historienPapNdiaye, lamagistrateHélèneFran-

co, le psychanalysteetphiloso-pheBertrandOgilvie, la juristeMoniqueChemillier-Gendreau,etc., ont tout le tempsdedéployerleurpensée.Attablez-vous.

Onpeut tout absorberenvingt-quatreheures, versiongrandebouffe, ou savourer surplusieursjours, à conditiondenepasoublierque lepremier toura lieucetteannée le 22avril, et le secondle6mai. IntituléPenser critique,ce coffretpubliépar les éditionsMontparnasse (49,94¤) seprésen-te comme«unkit de survie éthi-queet politiquepour situationsdecrise(s)». ThomasLacosteprécise:«Aprésent, il s’agit de construireet de fairedespropositions concrè-tes sur ce quepourrait êtreunedémocratieauXXIeeXXI siècle. Avecunsouci constant, celui d’être accessi-bleà tous.» Lavolontédedémo-cratiser lapensée critiquea tou-joursanimécegarçonde40ans,qui fondaen 1994, à l’âgede22ans, la (biennommée) revueLePassantordinaire.

Il faut êtreunpeuHerculedans l’âmepour s’attaqueràde si

grosmorceaux. Penserautre-ment lemondeet réaliser, seulchez soi, une cinquantained’œuvres filmiquesà ce jour. Letravailne s’arrête jamais, les ini-tiativessontmultiples, les compli-cesnombreux,et tous se côtoientauseindu réseauLaBandepas-sante [Labandepassante.org].

«Ciné-frontières»Les films-entretiensconsti-

tuentunmatériauqui sert àTho-masLacosteà fabriquer, ensuite,cequ’il nommedes «ciné-frontiè-res», objets singuliersquimêlentdesentretiens,de la fictionetdescréationssonores.Une rétrospec-tive seraorganiséeauRefletMédi-cis, à Paris, du 19mars au23avril :l’onyverraUlysse clandestin(2010), inspirépar la créationduministèrede l’immigrationet del’identiténationale,Lesmauvaisjours finiront –Quaranteansdejusticeen France (2009),Rétentionde sûreté, unepeine infinie (2008),Universités, le grandsoir (2007).

De toute sa collectionde films,ThomasLacosten’aplusque les

versionscompressées et commer-cialisées.Tous les rushesontdis-paru,début janvier, à la suited’unincendieaux circonstancessuffi-samment troublespourque leparquetdeParis aitdécidéd’ouvrirune enquête.Dequoi sedécourager? Ses amis lui ontdit :«Neperdspas ton senspolitique!»

LaMaisondesmétallosamis àladispositiondu réalisateurunplateaude tournage, du6au11avril.Dans ceprochainopus, ily aura toujoursdes chercheurs,des intellectuels,desartistes et, àquelques joursdupremier tour,chacuntirera le fil selon son inspi-ration, le climatpolitique, l’étatdes lieuxdudébat…Lephiloso-pheEtienneBalibaradéjà répon-duprésent. Et ThomasLacosteneseraplus tout seul auxmanettes.IrinaLubtchansky,directeurde laphotode JacquesRivette (36vues36vues(dupic Saint-Loup, 2008), seraàses côtés, ainsique la comédienneet réalisatriceMarianneDeni-court. Les candidatspassent, labandecontinuede tourner.p

Clarisse Fabre

Le«kitdesurvie»deThomasLacoste,cinéastetrèspolitique

Lesventesauxenchèressedotentenfind’uncodedebonneconduiteFondéesousHenriII, laprofessions’enétaitpassée jusque-là

MARC RIBES

Musique

E ntendu à la sortie du récitalque donnaient, dimanche26février, à la Salle Pleyel, la

sopranoNatalieDessayetlepianis-te Philippe Cassard : «Ben, pourune fille qui a perdu sa voix, elle sedébrouille encore vachementbien!»,ditunmonsieurà sadame.Rectification immédiate: NatalieDessayn’apasperdu savoix– loinde là. Elle a certeseuquelquessou-cis de cordes vocales, au cours desa carrière, et l’attaque de certai-nes notes, celles du médium enparticulier, «accroche» parfois unpeu. Mais, ces peccadilles mises àpart, quelle forme splendide pourcelle qui ne cache pourtant pasvouloirprendreuneannéesabbati-que, l’année de ses 50ans (2015),«une année sabbatique à duréeindéterminée…», dit-elle volon-tiers, enplaisantant àmoitié.

Natalie Dessay a déjà chanté delamélodieavecpiano,ainsiqu’ellele rappelait récemment (LeMondedaté26-27février),maisc’estlapre-mière fois qu’elle l’enregistre et ladonne dans de grandes salles deconcert. Elle se disait trop «à nu»

pour se sentir vraiment à l’aise encet exercice. Pourtant, au sortir dece splendide programme, entre-coupé de deux pièces pour pianoseul, jouées par le «subtilissime»Philippe Cassard,main de velourset oreille de lynx, on se disait

qu’onavait rarementassisté àuneséance de mélodies aussi dense,forte et poétique.

NatalieDessayditmanquerdesaccessoires de la scène. Mais ellerecrée,parquelquesgestesparfoisthéâtralisés, son décor intérieur,

son paysage de fantaisie. Et ellenousles faitvoirnonpar letruche-ment des mimiques mais par lalucarne magique de son regard,par la palette raffinéede ses voilesd’angoisse, de tristesse, de joie,relayé par le tissage du tapis sono-re fourni par Cassard. Ce qui suffitpour pallier une voix au timbrefruitémaisplutôtmonochromeetune diction peu compréhensiblesauf dans lemédium.

Apleurer d’émotionCes mélodies pour voix haute

de Debussy, dont les inédites queDessayetCassardviennentd’enre-gistrer (1CD Virgin Classics), sontredoutableset exigentune techni-que impeccable: Dessaynedéton-ne jamaiset, toutendonnant l’im-pression de s’en jouer, contrôleparfaitementl’extraordinaireplas-ticité de sa voix. En troisième bis,la soprano a donné un extrait deLakmé, de Delibes, un ouvragequ’elle ne chante plus depuis desannées. L’élégiaqueTum’asdonnéle plus doux rêve était à pleurerd’émotion juste, à la fois adieuxetretrouvailles.p

RenaudMachart

NatalieDessay:unevoixsansmaîtreNousvous l’annoncionsceweek-end…Confirmationsurscène: ladiva futéblouissante

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Page 23: Journal le monde du 1 mars 2012

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Tourisme

Douz (Tunisie)Envoyée spéciale

S ept heures du matin sur lemarché de Douz, oasis duSud tunisien. Lesmarchands

enveloppés dans leurs burnousdisposent sur le sol leurs grandssacs remplis de dattes, couscous,fruits, légumes, épices, poissonsséchés. Les premières boutiquesouvrent leurs portes et les mar-chands commencent à suspendreleurs tapis de laine.Aucentrede laplace,lesplusanciens,assisparter-re, discutent en buvant un thé à lamenthe. Un monde essentielle-mentmasculin –les femmesvien-dront plus tard avec les enfants–sur cette place qui jouxte le mar-ché auxbestiaux, en contrebas.

C’est l’heure des affaires : onregarde,onausculte,ontouche,onsoupèse,oncompare,onnégocieàmots couverts. Les transactions sefont, se défont en catimini, lesbillets en rouleaux passent demain en main et, en moins d’uneheure, plusieurs dizaines de che-vaux, d’ânes, de poulets, de chè-vres, de moutons et de dromadai-res changent depropriétaire.

Un an après la « révolution dujasmin», le 13 janvier 2011, seuleune dizaine d’Allemands et deFrançais sont venus randonner etprofiter de ce soleil d’hiver.

Occupé à coudre des chaussonssahariens devant sa boutique,Mohammed, 55ans, ne comprendpas: «Oùsont les touristes, les Fran-çais, les Italiens, les Allemands?Pourquoineviennent-ilsplus?»

Après les événements politi-ques qui ont chassé du pouvoir leprésident Ben Ali, les habitants deDouz, lesMrazigiens, s’inquiètent.Carle tourismeest lapremièreres-sourcede la région, devant les dat-tes. Enun an, il a reculé de 40% entermes de fréquentation et lesrecettes ont chuté de 33%, selon

l’Officenationaldutourismetuni-sien.«Dequoiont-ilspeur?», ajou-tecethommequi,commelamajo-rité des familles deDouz, organisedepuis des années des méharées,des randonnées dans le désert àdosde dromadaire.

Difficile de lui faire admettreque les révolutions arabes récen-

tes ont provoqué un sentimentd’inquiétude générale en Europeet en particulier en France. LeQuaid’Orsaydéconseilledeseren-dredans le Saharaoriental, ausudde Douz. «Vous voyez bien qu’iln’y a aucun danger», ajoute Ali,qui tient un petit bazar un peuplus loin.

Mohammed, comme tous sesvoisins, compte sur la récolte desdattes et les quelques étrangersdepassagepour tenir en attendant leretour des voyageurs à Douz,point de départ de nombreusesrandonnées chamelières dans leSahara tunisien.

Un Sud modelé par le vent, oùles dunes se déplacent au gré descapricesd’Eole. Rienà voir avec lesgrandsdésertsd’AlgérieetdeMau-ritanie, mais une première expé-rience du Sahara. Cette nuit, nousdormironsau campement, sous latente, après une randonnée à piedet à dos de dromadaire dans lesablechaud.Unenuitàlabelleétoi-le, avant de partir au petit matinvers l’est, en direction de Matma-ta.Unepremièreétapevers les vil-lages perchés du Dahar, situésplus au sud, des sites reculés où seréfugièrentlesBerbèreslorsdel’in-vasionarabeduVIIe auXIIesiècle.

Onquittebientôt l’erg, ledésertde dunes pour le reg, ce fameuxdésert de pierres et de cailloux.

Sur la route asphaltée, peude pas-sage hormis quelques moutons.«En hiver, les gens restent dans lesvillages, en attendant les pluies defévrier et l’arrivéeduprintempsenmars, explique la guide, Domini-que Harari. C’est alors le momentde redescendre dans la vallée pourplanter de l’orge et faire paître lesanimaux. On voit des famillesentièresdresser leurstentesets’ins-tallerpour troismois sur leur lopinde terre.»

Enattendant,nousfilonsenvoi-ture vers Tamezret, dernier villageberbère où l’on parle encore letamazic, et Matmata. C’est là, par-mi des paysages lunaires, quefurent tournées plusieurs scènesde StarWars. A flanc demontagneou creusées directement à la verti-cale, des maisons troglodytes ren-forcent cette impressionde surna-turel. Elles sont organisées autourd’un puits d’où partent en étoileplusieurs cavités, sans fenêtre,blanchies à la chaux et transfor-méesenchambre, cuisine, salonetgarde-manger.

L’été dernier, Myriem et sonmari ont creusé tout l’été dans lesol pour ouvrir une pièce (grottetouten longueur) supplémentaireet accueillir quelques voyageursde passage. Une table d’hôte à laberbère où, confortablement assissur des tapis colorés, nos hôtesnous font goûter quelques platstraditionnels: bricks, agneau à lagargoulette, grenades et dattesdegletnour…

Plus au sud, en direction deTataouine, c’est un paysage plusescarpé avec ses ksours, anciensgreniers bédouins en pierre et enpisécreusésausommetdelamon-tagne. Composées d’une multitu-de de ghorfas –petits greniers àgrainindividuelsvoûtés–,cesvéri-tables « forteresses» servaientautrefois de citadelles et, en cas deconflit, les populations pouvaienty trouver refuge avec leurs trou-peaux. Certains ksours ont étéreconvertis, depuis, en gîtes. p

MartinePicouët

ADouz,onattendleretourdestouristesBoudéedepuis la révolution, laTunisieveutaussi reconquérir lesamateursderandonnées

BelleassiseSelon ses dires, Christophe Pillet serait tombédans le designpar hasard. Enfin, pas tout à fait, puis-que c’est au sortir de l’Ecole des arts décoratifs deNicequ’il découvre le groupeMemphis, créé par EttoreSottsass (1917-2007), figuremajeuredudesignduXXesiècle. En tout cas, à voir sonpalmarès, l’on com-prend surtout que le designer français n’est pas simaltombé.AprèsundémarrageàMilan, il entre en 1988dans l’équipe de PhilippeStarck, avantde travailler ensolopourCappellini, Serralungaet biend’autres édi-teurs ainsi que pourdesmarquesprestigieusesdontLancel, Lacoste, Renault… Enmargedudernier SalonMaisonetObjet de janvier2012, il dévoilait ses nouvel-les créations.Onpeut les voir désormais à la boutiqueEdifice (27 bis, boulevardRaspail, Paris 7e). Ces chaiseset tabourets d’extérieur en aluminiumrecyclé sansraccordsni soudures, d’une solidité à toute épreuve,ont été réaliséespour Emeco, le fabricant américaindes sièges de laNavydepuis 1944. Il s’agissait audépart de créer unegammede chaisespour l’HôtelSezz à Saint-Tropez. pMélinaGazsi (PHOTOS DR)

Mohammedcomptesurlarécoltedes

datteset lesétrangersdepassagepourtenir

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YallerParis-DjerbaA/R. Apartirde 320¤TTC sur Tunisair,Tunisair.com

DormirADjerbaTouring club deTunisie,à partir de 16dinars (8¤),www.touringclubtunisie.org.Tél. : 71323182ADouzHôtel 20mars, au cœurdeDouz, à deux pasde la placedumarché. Tel. : 213-75-470-269,[email protected] : 30dinars la chambre avec

salle de bains (15¤).ADouiretGîte deRaouf. Tarifs :45dinars/personne en demi-pen-sion et 55dinars enpension com-plète.www.gitedouiret.com

A faireRandonnée chamelière au paysd’ElWilya. 8jours - 7nuits,à partir de 695¤.www.labalaguere.comSables etmontagnes,8jours - 7nuits,à partir de 660¤.www.labalaguere.com

Carnetde route

ADouiret, les ghorfas, petits greniers à grain, qui ont été reconvertis en gîtes. LUCAS VALLECILLOS/AGE FOTOSTOCK

24 0123Jeudi 1er mars 2012

Page 24: Journal le monde du 1 mars 2012

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AU CARNET DU «MONDE»

Naissance

Georges,est né le 24 février 2012.

Matthieu LAEMLÉet

Léa HISCHMANN

197, rue du faubourg Saint-Denis,75010 Paris.

Anniversaire de naissance

Dix-huit ans après avoir annoncéta venue au Monde,merci d’être devenu qui tu es.

Bon anniversaire, mon cher

Antoine.

Papa, Maman, Simon et Victor.

Décès

Pierre et Céline Chiandusso-Cros,ses parents,Ilana et Octave,

sa sœur et son frère,Jean-Louis et Elisabeth Cros,Alain et Christèle falque,

ses grands-parents,Mme Tagliante-Saracino,Mme Odin,

ses arrière-grands-mèresEt toute sa famille,

ont l’immense douleur de faire partdu décès de leur petit chou,

Hector,

le 26 février 2012,à l’âge de dix-neuf mois.

La cé rémonie re l ig i euse se racélébrée le vendredi 2 mars, à 15 heures,en l’église Saint-Pierre-de-Montrouge,place d’Alésia, à Paris 14e, suiviede l’inhumation à 16 h 15, au cimetièredu Montparnasse.

Cet avis tient lieu de faire-part.

1, rue du Lunain,75014 Paris.

Claude Samuel,président,Les membres

du conseil d’administrationEt les collaborateurs d’Acda,

ont la tristesse d’annoncer la disparitionde

Maurice ANDRÉ

et s’associent à la douleur de sa famille.

Prestigieux virtuose, il aura été, depuis1979, l’âme du Concours internationalde trompette qui porte son nom.

(Le Monde du 29 février.)

Joëlle Boué,son épouse,françois et Claire,

ses enfants,Cécile, Pierre, Gilles et Pauline,

ses petits-enfants,Madeleine,

sa sœur,ont le chagrin de faire part du décès,survenu le 27 février 2012,à l’âge de quatre-vingt-sept ans de

André BOUÉ,officier de la Légion d’honneur,

professeur émérite de microbiologie,médaille d’argent du CNRS,directeur d’unité INSERM

de biologie fœtale,ancien membre

du Comité national d’éthiqueet du Conseil de préventionet de lutte contre le dopage.

Une cérémonie aura lieu le vendredi2 mars, à 15 h 30, au crématoriumdu cimetière du Père-Lachaise, 71 ruedes Rondeaux, Paris 20e.

André Caulier,son époux,Chantal, Michel, Philippe, françois,

ses enfants,Sylvie, Catherine, Bruno,

leurs conjoints,Matthieu, Vincent, Sophie, Clémentine,

Jasmine, Axel, fatou, Léonor,ses petits-enfants,ont la douleur de faire part du décès de

Mme Thérèse CAULIER,née FAYET,

survenu le 26 février 2012.La cérémonie religieuse aura lieu

le vendredi 2 mars, à 10 heures, en l’égliseSaint-Etienne de Rennes, (Ille-et-Vilaine).Un dernier hommage lui sera rendu

au crématorium de Montfort-sur-Meu,à 12 heures.

Marie-Jeanne Coeuillet,son épouse,Leurs enfants, petits-enfants

et arrière-petits-enfants,ont la profonde tristesse de faire partde la mort le 25 février 2012,dans sa quatre-vingt-quatorzième année de

Robert COEUILLET,ingénieur civil des mines P 37,directeur général des H.B.L

de 1974 à 1980.La cérémonie religieuse aura lieu le

vendredi 2 mars, à 14 h 30, en la chapelleSainte-Bernadette, 4, rue d’Auteuil,Paris 16e.94, quai Louis Blériot,75016 Paris.

Le conseil d’administration du Syndicatnational des médecins biologistesa la tristesse de faire part du décès deMmeMarcelle-Claude COHEN,

née GIROS,épouse du docteur Claude Cohen,président du Syndicat nationaldes médecins biologistes.Le conseil d’administration adresse

au docteur Claude Cohen et à toutesa famille ses sincères condoléances.

Jacques Damour,son époux,Dominique et Pierre Desché,Martine et Antoine Cachin,Agnès et Luc Grellet,Rowina Damour,

ses enfants,Agathe, Julien, Valentine, Maxime,

Antoine, Elise,ses petits-enfants et leurs conjoints,Tiana,

son arrière-petite-fille,ont la peine de faire part du décès de

Simone DAMOURnée LUIGI,

survenu le 27 février 2012,à l’âge de quatre-vingt-six ans.Les obsèques au ron t l i eu au

crématorium du cimetière du Père-Lachaise, le vendredi 2 mars, à 14 h 45.

Mme Simone Delarozière,son épouse,Odile et Jean-Pierre Bouillin,Suzanne Delarozière (†),Jeanne et Philippe Laurent,Brigitte Delarozière,

ses enfants,Ses petits-enfants

et arrière-petits-enfants,ont la tristesse de faire part du décès de

Roger DELAROZIÈRE,administrateur de la france d’Outremer

ENfOM 1940,officier de la Légion d’honneur,

commandeurdans l’ordre des Arts et des Lettres,

survenu le 26 février 2012.Les obsèques seront cé lébrées

vendredi 2 mars, à 15 heures, en l’églisede Salindres (Gard).Elles seront suivies de l’inhumation

dans le caveau de famille.

Jacqueline et Claude Leonard,Pascale et Xavier Deau,Christian et Marie-Claude feltz,françois et Annick feltz,Olivier et Brigitte feltz,Catherine et Jean Dazy,Marie-Noëlle et Laurent Grassin,Sylvie et Luc Daub,

ses frères, sœurs, beaux-frères et belles-sœurs,Ses quarante neveux et nièces,Ses filleuls et filleules,Les familles feltz, Husson, fellmann,

Delfourd, Baillet, Vignon et Samson

ont l’immense tristesse de faire partdu décès de

M. Jean-Loup FELTZ,survenu brusquement le 25 février 2012,dans sa soixante-quatrième année.

La musique était sa passion, sa familleétait sa joie, le devenir des autresétait au cœur de sa vie.

Le Seigneur l’a accueilli dans SaPlénitude.

La cérémonie religieuse aura lieule vendredi 2 mars, à 10 h 30, en l’égliseSaint-Roch, 296, rue Saint-Honoré,à Paris 1er.

L’inhumation se déroulera au cimetièreSaint-Michel d’Epinal (Vosges), le samedi3 mars, précédée d’une célébrationen l’église Notre-Dame-au-Cierge,à 14 h 30.

Michèle Roly,son épouse,Kamel, Sonia, Samy et Neïl,

ses enfants,Dora Bouchoucha, Philippe Biane, Effie

Pasagiannis, Yosr Abid,ses belles-filles et beau-fils,Kenza, Malèke, Célia, Erwin et Salif,

ses petits-enfants,françoise Caron,

sa belle-sœur,Ses enfants, petits-enfants et arrière-

petits-enfants,Les familles Devoldère, fourati,

Gargouri, Kamoun, Loridon, Rolyet Vanoverbergue,Ses amis,

ont la profonde tristesse de faire partdu décès du

professeurMohamed FOURATI,membre associé étranger

de l’Académie française de chirurgie,pionnier de la chirurgie cardiovasculaireet père de la transplantation cardiaque

en Tunisie.

survenu à Tunis, le dimanche 26 février2012, à l’âge de quatre-vingts ans.

famille fourati,Immeuble Thalassa,Rue du Lac Neufchatel,1053 Les Berges du Lac,Tunis.

Marie Guéguen,son épouse,Alain Gourmelon et Joëlle Toulon,Yves Gourmelon et frédérique Morel,

ses enfants,Yannig Gourmelon

et Julie Burguburu,Maël Gourmelon,

ses petits-enfants,Emile et Elise Gourmelon,

ses arrière-petits-enfantsEt toute la famille,

ont la tristesse de faire part du décès de

Hervé GOURMELON,ENA 1951,

conservateur des Hypothèqueshonoraire,

officier de la Légion d’honneur,officier dans l’ordre national du Mérite,

survenu à Paris, le 24 février 2012,dans sa quatre-vingt-douzième année.

La cérémonie religieuse sera célébréele jeudi 1er mars, à 11 heures, en l’églisedu Saint-Esprit, 186, avenue Daumesnil,Paris 12e.

L’inhumation aura lieu le vendredi2 mars, à 14 h 30, au cimetière deQuimerc’h (finistère).

Cet avis tient lieu de faire-part.

Nous avons l’immense chagrin de fairepart du décès de

Albert GUIHÉNEUF,Pélerin du Lion,

survenu le dimanche 26 février 2012,à Pau, à l’âge de soixante-dix-sept ans.

16, rue des Genets,64350 [email protected]

Gwyneth Lasry,son épouse,Ses enfants,Ses petits-enfantsEt toute sa famille,

ont la tristesse de faire part du décès du

docteur Henri LASRY,pédiatre,

survenu à Paris, le 27 février 2012,dans sa quatre-vingt-septième année.

L’inhumation aura lieu le vendredi2 mars, à 11 heures, au cimetière parisiende Bagneux.

Ni fleurs ni couronnes.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Laurence LOUPPE,critique et historienne de la danse,

décédée le 5 février 2012, a été inhuméecomme elle le souhaitait, au cimetièredu Prat de Cassaniouze (Cantal) ,dans l’intimité.

De la part dePhilippe Hordoir-du Vignal,

son mari,Robinson Hordoir,

son fils,Valérie Letellier et LéontineEt des familles Louppe et Hordoir.

Un hommage lui sera rendu le 5 avrilau Théâtre national de Chaillot.

Pour y assister, merci d’envoyerun message à :[email protected]

Philippe Pichat,son mari,Julie et Nicolas Beaudouin,

sa fille et son gendreHenri, Benoît,

ses fils,Ses petits-enfantsAinsi que l’équipe soignante

ont la tristesse de faire part du décès de

Odile PICHATnée THERET,

chevalier de la Légion d’honneur,chevalier dans l’ordre national du Mérite,

survenu en son domicile,le 25 février 2012.

La messe d’obsèques, sera célébréele vendredi 2 mars, à 10 h 30, en l’égliseSaint-Paul, Paris 4e.

C’est avec une très grande tristesseque Hachette Livre

a appris le décès de

Charlotte RUFFAULT,directrice

du département jeunesse romande 2002 à 2012,

survenu le 22 février 2012, à Paris.

Nous garderons d’elle le souvenird’une éditrice généreuse, passionnéeet combative jusqu’au bout.

Hachette Livre s’associe à la douleurde sa famille.

Le conseil d’administrationEt le personnel

d’ARVALIS-Institut du végétal,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Gilles THEVENET,ancien directeur scientifique de l’Institut,

agronome reconnu,membre de l’Académie d’agriculture.

Il a contribué au rayonnement del’agronomie par son expertise scientifiqueet ses valeurs humaines.

Nous nous associons à la peinede sa famille et de ses proches.

Souvenirs

In memoriam.

Marion CHALIER,23 février 1951-1er mars 2008.

Emile S. COHENest mort il y a vingt-cinq ans.

Son souvenir nous accompagne.

Communication diverse

Institut Elie Wiesel, cycles de cours,5 mars à 17 h 45 (5 séances) « Philosophiesdu repentir » Georges Elia Sarfati, 6 marsà 17 h 45 (5 séances) : « Le devoir del’Etude : science et savoir : dans les sourcesjuives » Liliane Vana, 6 mars à 19 h 15(5 séances) « figures de la représentationdu juif. (Du peuple de trop à l’Etat de trop :figures de la représentation d’Israël) »Jacques Tarnero, 7 mars à 19 h 15(6 séances) « freud avec Moïse :l’inconscient monothéiste » Paul-LaurentAssoun, 15 mars à 19 h 15 (6 séances)« Le complexe de Caïn : récits bibliquessur la violence et la destruction » franklinRausky, 15 mars à 17 h 45 (6 séances)« Les juifs d’Algérie, histoire et sociologied’une « diaspora méconnue » JoëlleAllouche Benayoun.Inscription à l’avance :119, rue La fayette, Paris 10e.Tél. : 01 53 20 52 [email protected] (PAf).

Page 25: Journal le monde du 1 mars 2012

Cheveuet j’exigeCliché. «Il paraît que l’intelligence est aussi une affaire de coiffure», lit-on sur le siteNouslescoiffeurs.com,qui relaie les conclusionsd’uneexpérience réaliséeparMarianneLaFrance, professeur à l’universitéYale. Celle-ci a présenté auxparticipants les photos de lamême femmeavec cinq coiffuresdifférentes. Et c’est «avec les cheveux courts ou toutsimplement sans cheveuxqu’ils l’ont trouvéeplus intelligente enappa-rence. En d’autres termes, lorsqu’elle s’éloignait des standardsde beautéfémininspour se rapprocher des standardsmasculins». La rédactioncommented’un ironique–oui, ironique!– «Après tout, c’est bien dansle cerveaudes hommesque réside l’intelligence véritable, alors pourquoinepas leur ressembler?» (bit.ly/xBQSrC).A bonne enseigne. Et qu’en pensent les coiffeurs? Adhèrent-ils à cesconclusions tiréespar les cheveux? Pour l’heure, ils peaufinent leursenseignes, avec esprit, pour que cheveux longs commecourtspassentle pas de leur porte. Sur son Tumblr intitulé «Nos amis les LOLcoif-feurs»,MorganeTual invite à faire «partager la folle imaginationdescoiffeurs»denos quartiers (Lolcoiffeurs.tumblr.com). Inutile pourcontribuerde se prendre enphotoaprès êtrepassé(e) par leurs ciseaux.Seules leurs enseignes sont exposéesdans cette galerie. Beaucoup sontdemèche, jouant lemême«hair» : il est des «PlanèteHair», «Bel’hair»,«Hair du temps», «Courant d’Hair», des «ABCd’Hair» et des «APauli-neHair, des «Missionhair», «Envie depl’Hair», «Fête en l’Hair», « Ima-gin’Hair», «Capil’hair» sans compter les «Atmosph’hair» et«Hairport» à la pelle et ses «AltHair égaux». Et «Quand les cheveuxs’enmêlent», exit l’Hair pour des «Epi’Tête», «Diminutifs», « Indic àtifs», «Créa-tifs», «Act’tif», undépaysant «Néferti’tifs» etmêmeuninquiétant«A la tête du client». Et quepenserde ce «sallondu coiffurepourdame»qui propose «Maiche, Exetentionet Proching»? Sans com-ment’hair.p

LangageDeux poids deuxmesuresLors de la visite, le 9février, à la centralenucléaire de Fessenheim,Nico-las Sarkozyavait déclaré: «Si Fessenheimavait été insecure, je l’auraisfermée. Fessenheimest secure, on la laisseraouverte.» Jem’étonnequecetteutilisationpour lemoinsparticulièrede la langue ait provoquébeaucoupmoins de bruitmédiatiqueque le désormais, et pour l’éterni-té semble-t-il, fameux «bravitude»de SégolèneRoyal. Est-ceparce qu’ilfait toujours peur, alors qu’il était de bon ton et pas bien risquéderailler cette «Bécassine» de Ségolène? Est-ceparce qu’unhommeestau-dessusde règles de vocabulaire tout juste bonnes à être respectéespar depauvres femmes…oupar les «étrangers», qui doivent gagner ledroit de vivre en Francepar lamaîtrise de la langue? Est-ceparce qu’onneveut pas tirer sur uneprobable «ambulance», chosedont onnes’était pas privé avec la candidatede 2007?…Complicité?Négligence?Indulgence? Information jugée troppeu importante cette fois-ci?

ColetteManière, Saint-Brice-de-Landelles (Manche)

Courriels

C’est toutNet! Marlène Duretz

Mercredi29févrierTF1

20.40 Football.Match amical. Allemagne - France.En direct de Brême (Allemagne).22.55 Les Experts.Série. Radioguidé. Quand docteur Langston...... rencontre Jekyll (S10, 17, 22 et 23/23).1.20Nikita. Série. Libertés fragiles(saison 1, 20/22, inédit, 55min)U.

FRANCE2

20.35 Des soucis et des hommes.Série. Des hommes de secret. Des hommesde cœur (saison 1, 3 et 4/8, inédit).22.20 Dans les yeux d’Olivier.Accusés à tort. Retour sur les mystères de la foi.23.55 Journal, Météo.0.10 Desmots de minuit. Invités : JohnShank, Fabienne Yvert, Cécile Ladjali... (95min).

FRANCE3

20.35 Des racines et des ailes.Passion patrimoine : un balcon sur les Alpes.22.35 et 2.40 Soir3.23.00 Spécial Claude François.Trente ans déjà... Présenté par Mireille Dumas.0.50 Doc 24. Documentaire (55min).

CANAL+

20.55HolidaypFilm Guillaume Nicloux. Avec Jean-PierreDarroussin, Judith Godrèche (Fr., 2010)U.22.20 La Caméra planquéede François Damiens.22.45 LargoWinch II Film Jérôme Salle.Avec Tomer Sisley (coprod., 2011, 115min)U.

ARTE

20.35 Sparrowpp

Film Johnnie To. Avec Simon Yam (HK, 2008).22.00 Toscanini par lui-même.Documentaire (France, 2008).23.10 RachelpFilm Simone Bitton (France, 2008, v.o.).1.00 Borgen, une femme au pouvoir.Série (saison 1, 5 et 6/10, 120min).

M6

20.50 Zita, dans la peau de...... Une femme obèse. Documentaire (Fr., 2012).22.00 ... Une femme de ménage. Documentaire.23.20 Belle toute nue.Christine et Laura. Magazine (105min).

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Météorologue en directau 0899 700 703

1,34 € l’appel + 0,34 € laminute7 jours/7 de 6h30-18h

Nord-Ouest

Ile-de-France

Nord-Est

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Jours suivants

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Températures à l’aube l’après-midi

Front chaud Front froid

DépressionAnticyclone

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En EuropeAmsterdamAthènesBarceloneBelgradeBerlinBerneBruxellesBucarestBudapestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLa ValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavik

RigaRomeSofiaStockholmTallinTiranaVarsovieVienneVilniusZagrebDans le mondeAlgerAmmanBangkokBeyrouthBrasiliaBuenos AiresDakarDjakartaDubaiHongkongJérusalemKinshasaLe CaireMexicoMontréalNairobi

New DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatRio deJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

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30 à 35° > 35°25 à 30°20 à 25°15 à 20°10 à 15°5 à 10°0 à 5°-5 à 0°-10 à -5°< -10°

Amiens

Metz

Strasbourg

Orléans

Caen

Cherbourg

Rennes

Brest

Nantes

Poitiers

Montpellier

Perpignan

Marseille

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Nice

Clermont-Ferrand

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beautempsaversesmodéréesassezensoleilléfortesaversesassezensoleilléassezensoleillébeautempsaversesmodéréesbeautempséclairciespluieetneigenuageuxaverseséparsesbeautempsneigesoutenueenpartieensoleillé

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Europe de l’est L’hiver joue les prolongations avec froid et neige

En Europe12h TU

Les nuages bas domineront toujoursdu nord de la Belgique à l'est de laBretagne jusqu'aux Charentes,donnant de rares gouttes ou crachinslocalement. L'astre du jour brilleraencore largement partout ailleursaprès dissipation de quelquesbrouillardsmatinaux, voire deplaques de grisailles localement. Lestempératures s'annoncentprintanières.

Saint AubinCoeff. demarée 35/31

LeverCoucher

LeverCoucher

Soleil et douceur sur lamoitié sud

Aujourd’hui

Horizontalement Verticalement

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Solution du n° 12 - 051HorizontalementI.Hagiographie. II. Epicurisme.III. Sottie. RDA. IV. IC. Ascèses.V. Ta. Rusai. Art.VI. Aloès. Lattai.VII. Tyr. Asile. Pq.VIII. Ipséité.Etau. IX.Osés. Arc. Age.X.Nectarivores.

Verticalement1.Hésitation. 2. Apocalypse. 3.Gît.Orsec. 4. Ictère. Est. 5.Oui. Usai.6.Gréas. Star. 7. Ri. Salieri.8. Asocial. CV. 9. Pm. Tee.10.Hersât. Tar. 11.Dérapage.12. Elastiques.

Philippe Dupuis

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12

1. Choisir et utiliser les bonsmots.2. Réaction au sommet. Personnel.3. Ferme et sucrée sous la dent.Jeunes et déjà cochons. 4. Enfouisdans la vase du littoral.5. Représentai point par point.Gardienne de la paix. 6.N’a pastrouvé à son goût. Attaquai à labase. 7. Râpée. 8. Enmarge. Aupied desmontsMatra. Aux boutsdu rappel. 9. Fils de famille. Resteen bordure. 10.Montée souspression. Pas bien clair. 11. Pourfaire voir ou empêcher de voir.Particules. 12. A pu retrouver unpeu de calme.

I. Sait qu’il y a encore dumondederrière lui. II. Pour être sûr dubon emplacement. Attaquafroidement. III. Expression enfaçade. Pour ceux qui aimentjouer avec lesmots. IV.Note.Comme une vieille pompe. Jolicœur.V. Se déplaça. Gros lézard.VI.Quand lemoi l’emporte.VII. Ses graines et ses racinesservent à l’officine en Afrique. Abesoin d’oxygène.VIII. Fabuleuxfabuliste. Descend du Caucasejusqu’à lamer Noire. IX.D'unauxiliaire. Réponse enfantine.Grande division dumonde vivant.X. Veut passer en premier.

météo& jeux écrans

Sudokun˚12-052 Solutiondun˚12-051Jeudi1ermarsTF1

20.50 R.I.S. Police scientifique.Série. Le Prix d’excellence. Toile de maître (S7, 5et 6/8, inédit)U ; A l’ombre du paradis (S4, 15/16).23.35 New York unité spéciale.Série. Identité intime. Flirt avec la mort (S6,12 et 15/23, 95min). Avec Mariska HargitayV.

FRANCE2

20.35 Envoyé spécial.Magazine. Au sommaire : Un rabais sinon rien ;Japon : la vague ; La Vie sans AAA?22.05 Complément d’enquête.Argent et politique, l’éternel soupçon.Magazine.23.20 Avant-premières. Invités : JulieDepardieu, Alexandra Lamy, Tony Gatlif, DanielPrévost, Pierre Bayard, Alain Badiou (95min).

FRANCE3

20.35 Le Pianistepp

Film Roman Polanski. Avec Adrien Brody,Thomas Kretschmann (coprod., 2001)U.23.15 et 2.40 Soir 3.23.45 Un roi à New Yorkppp

Film Charles Chaplin. Avec Charles Chaplin,Maxine Audley (GB, 1956, 107min, N.).

CANAL+

20.55 Dexter.Série. Ces choses là. Il était une fois...(S6, 1 et 2/12, inédit). Avec Michael C. HallV.22.40Damages. Série (S4, 5/10, inédit)U.23.20 30 Rock. Série (S5, 13 et 14/23).0.00 Démineursppp

Film Kathryn Bigelow. Avec Jeremy Renner,Anthony Mackie (EU, 2008, 124min)V.

ARTE

20.35Borgen, une femmeau pouvoir.Série. Ne rien entendre, ne rien voir, ne rien dire.Le Temps des marronniers (S1, 7 et 8/10).22.30 Sciences - Somnolence.Quand le cerveau n’en fait qu’à sa tête (2011).23.25 Cherche femme polygame.Documentaire. Hatice Ayten (2008, 60min).

M6

20.50 Blue Bloods.Série. Mon frère. La Peur du dragon. Requiem(S1, 7 à 9/22, inédit)U. Avec Tom Selleck.23.20 Coupable, non coupable.Le Procès en appel de David MiotU. Magazine.0.45 L’Affaire Thierry-Benjamin Mulatier (65min).

Lessoiréestélé

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditionsdatées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les joursMots croisés et sudoku.

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

télécopieur : 01-57-28-21-21Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;

Par courrier électronique : [email protected]édiateur :[email protected]

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Le Mondesur microfilms : 03-88-04-28-60

Motscroisés n˚12-052

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2 6 5 4Realise par Yan Georget

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Lesjeux

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Résultats du tirage dumardi 28 février.1, 10, 17, 33, 48, 2e et 3e

Rapports : 5numéros ete e : pas de gagnant ;5 numéros ete : 199 214,80 ¤ ; 5 numéros : 66 404,90¤ ;4numéros ete e : 4 743,20¤ ; 4numéros ete : 180,60¤ ;4numéros : 103,00¤ ;3 numéros ete e : 69,40¤ ; 3 numéros ete : 13,30¤ ;3 numéros : 12,80¤ ;2numéros ete e : 21,10¤ ; 2 numéros ete : 7,20¤;2 numéros : 4,30¤ ; 1 numéro ete e : 11,40¤.

EuroMillions

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Page 26: Journal le monde du 1 mars 2012

270123Jeudi 1er mars 2012

PortraitDeDamas à Londres à contre-courantDuhaut de ses 17ans et de son 1,82mètre, la nageuse syrienneBayanJumahprépare les prochains Jeuxolympiquesà Rouen, loin des turbu-lencesde sonpays.Mais le cheminqui doit lamener à Londres ressem-ble àunparcours d’obstacles. En séquence Sport.www.lemonde.fr/sport/

Anepasmanquer sur0123.fr

Lemiragecarnavalesque

Lettred’AmériqueduSudNicolas Bourcier

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Cinquante ans après les accords d’Evian et le cessez-le-feu, la guerre d’Algérie reste une plaieouverte. La réconciliation entre les deux pays paraît encore lointaine, tant le cloisonnement desmémoires et le ressentiment restent forts.

Le Monde vous invite à découvrir la réalité de cette guerre au travers des travaux des historiens,des témoignages des protagonistes des deux pays, des portfolios et des documents inédits.

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R ideau, la fête est finie! L’opulent roiMomo– 120kg requis, aumini-mum–, symbolede tous les excès

ducarnaval deRio de Janeiro, a rendu laclé de la ville à sonmaire aprèsquatrenuits et quatre jours d’allégresse. La gran-de folie des «jours gras» s’est prolongéejusqu’auxpremièresheuresdudiman-che26février, avec les riches et somptueu-sesparadesdes sixmeilleures écoles desambaquiont eu l’augusteprivilègededéfilerpour la seconde fois enune semai-ne sur le sambodrome, ce long rubandecimentbordéde loges et de gradins, ima-giné en 1983par l’architecteplus que cen-tenaireOscarNiemeyer, lui-mêmeplon-gédans la fouleune fois encore.

Plusde 72000spectateurs étaientpré-sentsdans les tribunes, emportéspar lajoiede ladanseet la liessedes chants.Poussés,de l’extérieur, parplusieursmil-

lionsdepersonnes,dont 850000touris-tes, venusgoûter, dans les rues cariocasducentreet dusudde la ville, auplusgrandspectacledumonde, devenu l’unedes imagesdemarquenationaled’un fierBrésil.

Délirant,déroutant,débilitantmirage.Il fallait voir lespetitesgensuniesdansl’enthousiasmeou ladésolation, cesmil-liersd’hommesetde femmes issusdesquartiers lespluspauvresde laville assis-ter, sousune chaleur caniculaire, à l’inter-minabledépouillementduvotedu jurycarnavalesque le 22février, lemercredidesCendres.Aucuncharallégoriquenidanseur légendairede samba: seuleunelitaniedenotes comprisesentre9et 10,énoncéesolennellementaumicro, aupieddesgradins.Rituels implacables, fon-dés sur l’intangibilitédesvaleurset l’éter-nitéde la fête carnavalesque.

Unspectacleàpart. Treizeécolespré-sentes cette annéepasséesau cribleparquarante jurés.Des intellectuels, artisteset spécialistes imposéspar la Liesa, la tou-te-puissante liguedesécolesde samba, cel-le-làmêmequia élaboréet affiné, depuissa créationen1984, les sévères critèresdesélection.Dixau total, allantde l’originali-tédu thèmeà l’harmoniegénéraledudéfi-lé, desdéguisementsà lavirtuositédupor-te-drapeauetdumaîtredeballet, de lachansonà l’unissondespercussions.Unetâchedifficile.Onne compteplus lenom-brede juréspressentisayant jeté l’épongepouréchapperà la pression.Celle insistan-tede la rue,des écoles et de leurs sponsors,financéssouventpar lamafiades jeuxclandestins.Celle aussi de lapresse etde latélévision,avec en tête le géantGlobo, pro-priétairedesdroits de retransmissionavecsa logorrhéed’écranspublicitaires,numériséset incrustésendirect.

L’édition2012a été jugéecommeétantle triomphed’uncarnavalpopet contem-porain, avec lavictoirede l’UnidosdaTiju-ca, l’unedesplusanciennesécolesde sam-ba, dirigéedepuisplusieurs annéesparPauloBarros. Enfant terribledu sambodro-me, ce carnavalesco–«directeurartisti-queducortège»– connupourson talentnovateura longtempssubi la réprobationquasi généraledes jurés, plus enclinsàlouer la traditionqu’à forcer l’histoire. En2004, il n’était arrivéquedeuxième,mal-gré l’incroyableenthousiasmequ’il avaitsuscitéenbouleversant l’esthétiquedudéfiléavecuncharhumainen forme

d’ADN.C’est toujoursunsujet àpalabres.Partout, dans les travéeset dans la rue,

le carnavalprovoqueune formidablepri-sedeparole. Et c’est là, peut-être, que lemythecarnavalesqueprendtoute sadimension. Là, danssonorganisationsociale, ses représentationset ses compor-tements. Il a ses figures tutélaires, sesgou-rous, ses stars, sespauvres etorgueilleux,vieuxdanseursà l’alcool facile, intarissa-bles sur l’histoired’uneécole rivale, jeu-nes spécialistesà lapetite semaine,prêts àlivrer lamoindreanecdoted’undéfilépas-séouprésent.

Encoreaujourd’hui, l’arrestation lasemainedernièred’un certainPauloRoge-riodeSouzaPazn’apas finid’enrichir lesgazettes.Trafiquantdedrogueconnuetrecherchépar les autorités, l’hommen’apas su résister à l’appeldu carnaval. Enplanquedepuis sixmoisdans le quartierpériphériquedeDuquedeCaxias, aprèsl’occupationpar lapolice, fin 2010,d’une

des favelasqu’il contrôlait, SouzaPazaquitté lamaisonoù il se cachaitpourparti-ciperàundéfiléde rue. Il a été cueilli parlapoliceavantmêmedepouvoir enfileruneperruqueachetéeparunami.

Moinsdrôle, à SaoPaulo,des incidentsont éclatéausambodromeAnhembiaucoursde l’énoncéduclassement local.Dessupporteursdeplusieurs écolesde sambaont interrompula cérémonieet incendiéunchar. Sur les imagesmontréesà la télé-visionGlobo,onvoitnotammentunhom-memonter sur scèneet s’emparerdeplu-sieursenveloppesoù figuraient lesnotesdonnéespar les jurés. Il auraitpris la fuiteen lesdéchirant, avantd’en jeter lesmor-ceauxdansunsanitaire chimique.Cinqpersonnesont été arrêtées.

Dansunautre registre, pluspolitico-social, la critiqued’unchercheurde l’uni-versitéde l’EtatdeRio, SpiritoSanto, repro-chantà certainsdéfilésdesquartiers sud,majoritairement«riches, bobosetblancs», d’avoir embauchédespauvreschiffonniersnoirspour récupérerà l’arriè-redesdéfilés les canetteset détritus jetéssur lavoiepublique.Unevisionembléma-tiqueducarnaval actuel, selon lui, qui ren-voieà l’analysede l’universitairedeSaoPauloMaria IsauraPereiradeQueiroz. Lecarnaval, explique-t-elle,est loinde«sus-pendre les luttesde famille, de strates, deraces,de sexe: elle les inclut dans sonorga-nisation,mais sousunvoile d’enthousias-mecollectif». Bienvu.Rideau.p

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A uSalonde l’agriculture, il yadevraiesgens, devraisagriculteurs, devraies

vaches. Les candidatsà laprésiden-tielleont unesemainepour s’ymontrer et les téléspectateurs,pour s’y croire, quelques imagesde tapesdans le dos, sur les crou-pes, les groins et lesmuseaux.Mais la vraie viedes agriculteursetde leurs vaches se trouveévi-demmentailleurs, loindes cohuesde laporte deVersailles et ledocu-mentaire«Les Fils de la terre», enamontré,mardi 28février surFrance2, une trancheparticulière-ment amère.

Sébastien Itard, 38ans, élèvedesvachesdans le Lot.Aperte, car leprixdu lait ne cessedebaisserdepuisplusieurs années.On s’at-tendàêtre éclabousséde chiffres :prixde revient, tauxde rentabili-té,marges arrières…Maisnon, iln’y en aqu’unà retenir: chaqueannéede400à800agriculteursfrançais se suicident.

Lepèrede l’auteurdu film,EdouardBergeon, est entrédanscette sinistre statistiqueen 1999.Au fur et àmesureque les imagesracontent, surplusieursmois,l’histoirede Sébastien, lesphotos-souvenirsde la familleBergeonretracent l’itinéraired’unéleveursombrantpeuàpeudans ladépressionqui finit par s’empoi-sonneravecdespesticides.

Alors,mêmequand le ciel estbleuet lesnuages légers, l’at-mosphère reste lourde.Ons’at-tendàundrameà chaque tour-nantde la routequeprendSébas-tienpour aller travailler dans l’ex-ploitationoùsesparents, retrai-tés, vivent toujours. Ecrasépar lesdetteset la fatigue, il confie sesangoisses, à fleurdepeau, souventauborddes larmes. Trèsvite, on seretrouveaumilieud’unconflitentre le fils et lepère.«Jemebatspourgarder ce quemonpèrea fait,est-ce que ça vautune vie?»,demandeSébastien.«Jeme crèvele cul pour faire tourneruneexploi-

tationqui estmorte. Lui, il branlerien, tu le vois fairequelque chosedepuis que tuviens?», lance Jean-Claude.Du coup, chaque fois quele fils croise le père, on craint l’af-frontement, l’avoinée, les cris.Même les vachesont l’air triste.

Aprèsunedisputede trop,Sébastiens’arrêtede travailler. Lessaisonspassent, les tracteursrouillent, leshommesaussi.Nous,ona fini parprendrenos repères:à la fermedesparents, le coindufeuet les lourdsmeubles enboiscommecette tableoù lepère setape le frontquand il réaliseque laventedevient inéluctable; dans lamaisondeville oùSébastienvitavec sa compagne, lanappeen toi-le cirée et l’horlogequi égrène lesheuresdurant lesquelles il restecloîtrédans sa chambre.

Pendantce temps, EdouardBer-geona retrouvé le journaldebordoùsapropremère écrivait: «Chris-tianau lit toute la journée…» Leshistoires se rejoignentquandSébastiensependdans sa cave.Puis elles s’éloignentquand il enréchappe.Auprintemps, ilreprendespoir grâce àun réseaudeventedirectedu lait. La fermen’estplus àvendre, il se réconcilieavec sonpèremais resteprudent:«Tu sais pas ce qui va sepasserdans trois-quatreans. Tu saismêmepas l’annéeprochaine…»L’annéeprochaine, quandonver-ra à la télévision les cohuesduSalonde l’agriculture, on se sou-viendrade la solitudedeSébas-tien. p

Lavraieviedesagriculteursetdeleursvaches

setrouveévidemmentailleurs,loindescohuesdelaportedeVersailles

Il fallaitvoirlespetitesgensuniesdansl’enthousiasmeouladésolation,cesmilliersd’hommesetdefemmesissusdesquartierslespluspauvresdelavilleassisterà

l’interminabledépouillementduvotedujury

C’est toutvu! | chroniquetélépar Isabelle Talès

Lemaldupaysan

pTirage duMondedatémercredi 29 février 2012 : 327 299 exemplaires. 1 2 3

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