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le journal le monde du 6-3-2012

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صحيفة لومند ليوم 6-3-2012

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Page 1: le journal le monde du 6-3-2012

Mardi 6 mars 2012 - 68e année - N˚20878 - 1,50 ¤ - Francemétropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur: Erik Izraelewicz

Algérie 150 DA,Allemagne 2,00 ¤,Antilles-Guyane 2,00 ¤,Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤,Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤,Malte 2,50 ¤,Maroc 12 DH,Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS,Suisse 3,20 CHF, TOMAvion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL,USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA,

L es larmes sur la jouedroitedeVladimirPoutine, le «nou-veau» présidentde la Russie,

dimanche soir 4mars, lors de sonmeetingde la victoire, étaient-elles des larmesde triompheoude rage? L’ampleurduvote en safaveur – autourde64%, selondesrésultats provisoires – ferait pen-cherpour la premièrehypothèse.Mais les conditions dans lesquel-lesM.Poutine a dûarracher ceretourauKremlin, aprèsdeuxmandatsprésidentiels successifs,puis quatre ans passés aupostedepremierministre, lui ont sansdoute laissé ungoût amer. AMos-coumême, il n’a pas eu lamajori-té. Contrairementauxapparen-ces, VladimirPoutinen’est plusseulmaître chez lui. Cette victoi-re, il a dû se battre comme jamaispour l’obtenir.

La Russie a changé. Lemouve-mentdeprotestation sansprécé-

dentqui a secoué la capitale, etplusieurs grandesvilles dupays,depuis les élections législativesentachéesde fraudedu4décem-bre illustre le réveil d’unenouvel-

le catégorie de citoyens, aveclaquelle lemaîtreduKremlinvadevoir compter. Cettenouvelleclassemoyenne russe, urbaine etinformée, a, paradoxalement,émergé et prospéré sousPoutine.Mais elle veut unpaysnormal etmoderne, pas une Fédérationorphelinede sonempire, gangre-néepar la corruptionet soucieusede ressusciter les fausses valeursdu soviétisme.

Les dirigeantsde cemouve-mentde contestationont annon-cé la reprisedesmanifestationsdès lundi soir. Ils crient, de nou-

veau, à la fraude électorale. Si l’onen croit les témoignages réunispar les journalistes, leurs accusa-tions sont clairement fondées.

M.Poutine les a cependantd’of-fice rejetées endéclarant cetteélection«la plus propre de l’histoi-re de la Russie». Il n’y aurapas derévisionde ce scrutin, pas plusqu’il n’y en a eudu scrutindedécembre. Lemouvementdepro-testation, sans véritable organisa-tionni expressionpolitique, pour-rait aussi finir par s’essouffler,après le premierventd’indignation.

Mais là n’est pas l’important, etVladimirPoutine le sait. S’il veut,comme il l’a promis dans sonpro-grammeélectoral, décliné sousformed’articlesdans lapresse rus-se ces deuxderniersmois,moder-niser la Russie, diversifier son éco-nomieet en faire unpays quicompte sur la scènemondiale, en

ne se contentantplus seulementd’êtreune force d’obstructionauConseil de sécurité de l’ONU, ildoit travailler avec cette classemoyenne rebelle.

C’est peut-être ce qui l’a pousséà faire quelques concessions:assouplissementdu régimed’en-registrementdes partis politi-ques, autorisationdesmanifesta-tions, annonce, lundi, qu’unedemanded’examendes condam-nationsdeMikhaïl Khodorkovski,l’ex-dirigeantde la firmeYukosemprisonné, a été déposée.

LeprésidentPoutinedoitaujourd’hui allerplus loin etmon-trer que, si la Russie a changé, luiaussi est capabled’évoluer. S’il nedonnepas rapidementdes gagessolides et concrets en ce sens, lafracturepolitiquequ’ont révéléeles deuxderniers scrutins rendrasonpays ingérable. Et lui aussi enpaiera le prix, bien avant 2018.p

EUROPEMerkelmet lapressionsurHollandeLa chancelièreallemandeveut éviterla renégociationdu traité européenPage4UNIVERSITÉLePS présente sa réformeLa «premièrepriorité»des socialistesest de réduire le tauxd’échec en licencePage5CHRONIQUEQuand la France s’agaceLa campagneprésidentielle semble esquiverles questions essentielles et frustrer lesélecteurs. Cette exaspérationpourraitprofiteraux candidatsde second rang. Car quand laFrance s’agace, elle est imprévisible…Page19

TENDANCEVéhicule qui se gare tout seul, téléguidé parle smartphone de sonpropriétaire, lecture des SMS sur letableaudebord… cen’est plus de la science-fiction.P.14

CLIMATLa tentative depréserver l’environnementtourneà laguerre commerciale. Face auxpressionsde laChine, de laRussie et des Etats-Unis, Berlin souhaiterenégocier lanouvelle législation sur la taxe carbone.P.9

DIPLOMATIE «Je ne bluffe pas», a insisté le présidentaméricain avant sa rencontre avecM.Nétanyahou.P.6

M.VOSKRESENSKY/REUTERS

L a capitale n’est pas qu’uneterrepartagée entre bobos etretraités de luxe. Elle abrite

une population assez diversepour qu’y fleurissent les culturesurbaines aussi joliment qu’outre-périphérique. Paris a ainsi donnénaissance à deux groupes de rapmajeurs des années 2010 : 1995,du côté de Montparnasse, etSexiond’assaut versMontmartre.Cesderniers–«rebeus»dusquareMontholonet «renois» du squared’Anvers flanqués d’un poulbotconverti à l’islam – sortent L’Apo-gée. Un CD, séduisant, puissant ettellement parisien qu’il a étéconçu au milieu des vaches, dansun gîte loué en Normandie par legroupe.p Lire page20

JUSTICE L’enquête de la Cour de justice de la Républiquedémontre l’implication de l’ex-ministre du budget dansla cession litigieuse d’un terrain dans l’Oise. Les locauxde l’UMPont été perquisitionnés en janvier.P.11

ObamatentedeconvaincreIsraëldesafermetéfaceàl’Iran

Editorial

M.Sarkozyjouesonva-toutenseradicalisantàdroite

AuSalondeGenève,lavoituredevienthyper-connectée

LataxesurlesémissionsdeCO2

desavionsaduplombdansl’aile

LeMondeEconomie

L’amèrevictoiredeM.Poutinet Il a obtenuprèsde64%desvoix. L’oppositiondénonceune fraudeP.7, 16 et 27

présidentielle2012

HippodromedeCompiègne:lejeutroubled’EricWoerth

LesrappeurssontaussidansParis

APRÈS

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tCette semaine, leprésident-candidat vachercherà reprendre lamainenmultipliantles interventionsmédiatiques et lesprisesdepositionsurune lignepopuliste et conservatricetLa candidateduFrontnational orchestre sur ce terrain sonduel avecNicolas SarkozytM.Hollande fait despropositionspourmodifier la réformede l’université

LeKremlindoit changeravec laRussie

Le stressdes parents salariésSupplément

LeregarddePlantu

N icolas Sarkozy, qui cet hiver semoquaitvolontiers de François Hollande n’enfinissant pas de relancer sa campagne,

doit cette semaine seplier à cetexercicedélicat.Moinsdevingtjoursaprèssadéclarationdecan-didature, le président de la République se voitdenouveaudistancéparsonadversairesocialis-te.Dans lesprochains jours, il joue sonva-tout.

Déplacement lundi à Saint-Quentin (Aisne),chezXavierBertrand,dansuncentrederéinser-tion pour mineurs délinquants; émission surFrance2,mardi soir, où il débattraavecLaurentFabius; intervention sur RMC face aux audi-teurs jeudimatin, puismeeting à Firminy (Loi-

re).Petiteréunionélectoralepournepasdésha-biller la grand-messe à Villepinte (Seine-Saint-Denis)dudimanche11mars. Il s’agira,dansunedémonstration de force, de rassembler plu-sieursdizainesdemilliersdemilitants,d’expo-serleprogrammeducandidatetd’accomplirceque François Hollande a réalisé au Bourgetdébut janvier. M. Sarkozy doit absolumentreprendre lamain, car cen’estplus lui quidictel’agendamédiatique. Pire, ses thèmes de cam-pagne ne prennent plus. Que ce soit dans ledomaineéconomiqueoudansceluide l’éduca-tion, les propositions du candidat socialisteparaissentplus audibles.p Lire pages2 et3

Page 2: le journal le monde du 6-3-2012

Les indégivrables Xavier Gorce

Société éditrice du «Monde»SAPrésident du directoire, directeur de la publication Louis DreyfusDirecteur du «Monde»,membre du directoire, directeur des rédactions Erik IzraelewiczSecrétaire générale du groupe Catherine SueurDirecteurs adjoints des rédactions SergeMichel, Didier PourqueryDirecteurs éditoriauxGérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie KauffmannRédacteurs en chef Eric Béziat, Sandrine Blanchard, Luc Bronner, Alexis Delcambre,Jean-Baptiste Jacquin, Jérôme Fenoglio, Marie-Pierre Lannelongue («M Lemagazine duMonde»)Chef d’édition Françoise TovoDirecteur artistique Aris PapathéodorouMédiateurPascal GalinierSecrétaire générale de la rédactionChristine LagetDirecteur du développement éditorial Franck NouchiConseil de surveillance Pierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président

0123est édité par la Société éditrice du «Monde» SADurée de la société : 99 ans à compter du 15décembre 2000. Capital social : 94.610.348,70¤. Actionnaire principal : Le Monde Libre (SCS).Rédaction 80, boulevardAuguste-Blanqui, 75707Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00Abonnements par téléphone : deFrance 32-89(0,34¤TTC/min); de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89oupar Internet : www.lemonde.fr/abojournal

C’est l’arroseur arrosé.Cet hiver, NicolasSarkozy raillait Fran-çois Hollande, quin’en finissait pas derelancer sa campa-

gne. C’est à lui de le faire cettesemaine, moins de vingt joursaprèssadéclarationdecandidatu-re, qui n’a pas donné le sursautescompté dans les sondages. Aucontraire,aprèsunelégèreremon-tée, le candidatde l’UMPsevoitdenouveau distancé par son adver-saire socialiste. Cette semaine, iljoue son va-tout.

Déplacement lundi à Saint-Quentin (Aisne), chez Xavier Ber-trand, dans un centre de réinser-tion pour mineurs délinquants ;émission sur France2, mardi soir,où il débattra avec l’ancien pre-mier ministre Laurent Fabius ;intervention sur RMC face auxauditeurs jeudi matin, puis mee-ting à Firminy (Loire), près deSaint-Etienne.Petite réunionélec-torale pour ne pas déshabiller lagrand-messe à Villepinte (Seine-Saint-Denis)dudimanche11mars.Il s’agira, dansunedémonstrationde force, de rassembler plusieursdizaines de milliers de militants,d’exposerleprogrammeducandi-dat et d’accomplir ce que FrançoisHollande a réalisé au Bourgetdébut janvier.

Nicolas Sarkozy moquait Fran-çoisHollande, qui avait grillé tou-tes ses cartouchesenexposant sespropositions. Le candidat UMPcomptait dicter l’agendamédiati-que, en imposant un thème parsemaine et s’imposer en «bête decampagne». C’est l’inverse qui sepasse. François Hollande dominele débat, avec ses propositions surla taxation à 75% des revenussupérieurs à 1million d’euros, etdistille ses idées sur l’exigence dela parité, le retour sur la réformedes collectivités territoriales, etc.

Les thèmes de M. Sarkozy neprennent pas : ses propositionséconomiques ont été occultéespar celles de M.Hollande, celles

sur l’éducation n’ont pas « infu-sé», selon l’expression d’un pro-cheducandidat.Surtout,même le«gros rouge qui tache» ne susciteplus les polémiques espérées.C’est ce que constate avec afflic-tion un ministre, au lendemaindu discours de Bordeaux sur laRépublique.

Samedi, le candidat UMP a pro-posé la traçabilité de la viandehalal, lamise sous conditions éco-nomiquesduregroupementfami-lial et la possibilité aux victimesde faire appel d’un procès d’assi-ses ou d’une remise en liberté.«Ona flirté avec la Constitution etla Convention européenne desdroits de l’homme. On fait descoups,maisonn’inversepas laten-dance», déplore un conseiller del’équipede campagne, qui consta-te que la méthode Sarkozy de2007 ne fonctionne plus. « Lesgens en ont marre de ce genre depropositions. Trop de transgres-sion tue la transgression.»

Et lorsqu’il ne clive pas, le dis-

cours du chef de l’Etat est simpli-fié. ABordeaux, il n’a pasdit, com-me le stipulait son texte et com-me l’avait dit plus tôt sa plumevolubile Henri Guaino, « l’immi-grationestunproblème». Il a tenuun propos beaucoup plus mesu-ré : «L’immigration est une chan-ce, mais elle peut être un problè-me.»

Adroite,ons’interroge.D’abordsurlastratégie.Enredevenantcan-didat,NicolasSarkozya,pardéfini-tion, abandonné la stature prési-dentiellequ’il avait eu tantdemalàse forger,et redevientcequ’ilest,retrouve son tempérament quiavait tant séduit en 2007 et tantdépluensuite.«Lacampagne rap-pelle les bons mais aussi les mau-vais souvenirs. Nous sommes dansunediscordancestratégique», ana-lyse unministre.

«Il est encalminé», constate unconseiller du président. « Il fautquelque chose qui mette le bateauenmouvement. Et le fait que la cri-se de l’euro s’éloigne ne donne pas

des vents porteurs», poursuit ceconseiller alors que la crise del’euroest sortiede saphase laplusaiguëdès décembre2011.

Déjà, on cherche des coupables.Certains responsables s’en pren-nent à la porte-parole, NathalieKosciusko-Morizet, accuséed’avoir plus attaqué les propos deClaudeGuéant, liant viande halal,

communautarisme et vote desétrangers,querelayé laparolepré-sidentielle. Faire ce lien «n’est pasnécessaire», a expliqué MmeKos-ciusko-Morizet.Lescritiquesgron-dent contre l’équipe de campa-gne, à laquelle on reproche à lafois d’être composée de jeunesinexpérimentéset de revenants.

Après les incidentsdeBayonne,Guillaume Lambert, le directeurde campagne, est accuséde nepasavoir l’expérience d’un ClaudeGuéant.L’idéede limoger lepréfetdes Pyrénées-Atlantiques a étéévoquée avant d’être récusée–«Nos adversaires n’attendaientque cela »–, tandis que NicolasSarkozy est entré dans une colèrenoirecontresoncabinet.Lesrédac-teurs duprogramme, Jean-Baptis-te de Froment et Sébastien Proto,sontbienjeunes.Et leretourd’Em-manuelle Mignon reflète plutôtl’impasse intellectuelle du sarko-zysmequ’unemarche en avant.

«Des jaloux », répond l’und’eux, tandis qu’un autre concè-de: « Il y a de la fébrilité.» En toutcas, iln’yapasdepoidslourdspoli-tiques dans la boucle. Il est vraiqu’une partie des quadras chira-quiens, comme Valérie Pécresse,François Baroin ou Bruno Le Mai-re, sont peu présents.

S arkozy contre Fabius. Ce sera lematchavant lematch. Le dueldécisif avant le débat de l’entre-deux-tours avec FrançoisHol-lande.Nicolas Sarkozy affrontera l’ancienpremierministre

socialiste Laurent Fabiusmardi 6mars au soir. Débatdifficile. Plusquestionde faire sortir de ses gonds celui s’était drapédans sadignité en 1985, lançant à JacquesChirac, qui l’avait traité deroquet,«vousparlez aupremierministre de la France». C’était leplus jeunepremierministre. Retour vers le futur, vingt-huit ansaprès sanomination.Nicolas Sarkozy comptebien attaquer lesocialisteprétendant àMatignon sur «sa carrière en zigzag», dixitFranckLouvrier, conseiller deM.Sarkozy.Unparcours qui est allédu libéralismeau «non» à la Constitutioneuropéenne.

Il convient denepas le sous-estimer. Fin janvier, la droite avaitannoncéqu’Alain Juppédonnerait une leçond’hommed’Etat àFrançoisHollande. Le députéde la Corrèze enest ressorti plus prési-dentiableque jamais.Mais si, au fond, c’était pour Fabius que lematchétait décisif? Unedernière étapepour en ressortir, lui aussi,pluspremier-ministrableque jamais. Sarkozypourradenouveause vanter d’avoir été «leDRHduPS».

La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritairedes publications et agences de presse n° 0712 C 81975 ISSN0395-2037

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Imprimerie du Monde12, rue Maurice-Gunsbourg,

94852 Ivry cedex

80, bd Auguste-Blanqui,75707 PARIS CEDEX 13Tél : 01-57-28-39-00Fax : 01-57-28-39-26

Président : Louis DreyfusDirectrice générale :Corinne Mrejen

présidentielle 2012

A uxEtats-Unis, Jackson estune superstar, presqueunhéros. A 30ans, grâce à sa

libidoexceptionnelle, cet élé-phantdu zoodePittsburghassu-re depuismaintenantdix ans ladescendancede sa race enhono-rantnaturellementoupar insé-mination lamajeurepartie deséléphantesoriginairesd’Afriquedupays.

«Il ya trois éléphantsmâlesdecette racevraimentcapablesdeprocréer,mais Jacksonest lemeilleur, leplus facile et leplusvolontaire», expliquefièrementBarbaraBaker, directriceduzoodePittsburgh.Lesautres, expli-que-t-elle,BuwagyetAlly, sontparfoisplusagressifs,moinsdoci-lesetmoinsefficaces. En2011, lestentativesde fécondationmenéesavecBuwagyontéchoué.«Jack-son, lui, est commeunétalon.»Seu-lementvoilà, au rythmeactuel,Jacksonva finirparêtre lepèredetous les animauxde sonespèceauxEtats-Unis, avec les risquesdeconsanguinitéquecela comporte.

La solution?Mettre surpiedunebanqueduspermepourélé-phant. Leprojet, baptisé«FrozenDumboNorthAmerica», ressem-bleraitainsi à celui quiexistedéjàenFrance, lancédans le cadred’une initiative internationalemenéeparThomasHildebrandtde l’InstitutLeibniz,àBerlin. Leprocessusviseà collecter le sper-med’éléphantsdans lesdifférentszooset réservesd’Afrique,de lecongeleravantde ledistribuerauxéléphantesaméricaines.Dequoi rafraîchir les gèneset éviterle transportd’animauxcoûteuxetperturbant.

Toutestpresqueprêt: en2010,des scientifiquesont, selonlaPittsburghTribune-Review, récol-té 16litresdesemencedans la

réservedePhinda,enAfriqueduSud.Assezpour inséminerplusdetrois centséléphantesauxEtats-Unis.Mais leprécieux liquide res-tebloquédans le réfrigérateurdelaBioBanqueduzoodePretoria.Enaoût2011, laPittsburghTribune-Reviewpronostiquaitun feuvertdesautoritésdupaysenseptem-brepourexporter lematérielverslesEtats-Unis.Mais, débutmars,BarbaraBakern’avait toujoursrienvuvenir.«Onattend.C’estjusteque celaprendunpeuplusdetempsqueprévu», commente ladirectriceduzoo toujourspleined’espérance.

«Dynamisme»Leprojetest crucialpour lesani-

mauxcaptifs auxEtats-Unis.«Nousavonsun troupeaud’élé-phantsvieillissantsetpeunom-breux,expliqueDennisSchmitt,directeurde la rechercheet res-ponsablevétérinaireauseinduprestigieuxcirqueRinglingBro-thers.L’introductiond’unmécanis-medecongélationde la semenceestunélémentessentielpourassu-rer le dynamismeet le renouvelle-mentdenosanimaux», dit-il.Selon les experts, il y aunvrai ris-quequed’iciquaranteans lapopu-lationd’éléphantsd’AfriqueauxEtats-Unisdisparaisse.

FrozenDumboNorthAmericaestaussi importantpour la surviede toute l’espèce. Fin février,450éléphantsontencoreétémas-sacrésauCamerounpardesbra-conniersà la recherched’ivoire.Espéronsdoncque labanqueduspermepouréléphantsauxEtats-Unisn’entrepasdans«uneèregla-ciaire», commele titrait l’hebdo-madaireTheEconomist samedi3mars.p

ClaireGatinois(NewYork, envoyée spéciale)

Unebanqueduspermepourleséléphantsd’Amérique

s LEBILLET parArnaud Leparmentier

Nepassous-estimerl’adversaire

MarseilleEnvoyé spécial

M arineLePen estune excel-lente boxeuse de contre.»Ce constat, c’est Jean-

Marie Le Pen qui le fait après l’of-fensive de Nicolas Sarkozy sur lesthématiqueschèresauFrontnatio-nal, comme l’immigration ou l’in-sécurité. Le message du présidentd’honneurduFNestclair : lacandi-datene se laisserapas faire.

Auseindupartid’extrêmedroi-te, le faitqueleprésident-candidatveuille réitérer l’opération de2007–siphonnerlesvoixduFNenallantsur leurterrain–n’émeutenapparence pas plus que ça. Tousl’affirment:NicolasSarkozy«légi-time»leurprogramme.Voire,faci-lite la candidature de MmeLe Pen.Ainsi, pour Jean-Marie Le Pen, lacampagnedu FN nécessite que les«boosters» de l’immigration et del’insécurité soient «allumés »pour que la « fusée» prenne sonenvol. Et il le répète à l’envi : «Cen’est pas forcément nous qui lesallumerons, ces boosters. Ce serontpeut-être [nos]adversaires.»

Surtout, ce duel à distance avecNicolas Sarkozy aide les stratègesfrontistesdansleurvolontédeper-turber la bipolarisation du débatentre le président sortant et Fran-çoisHollande, son rival socialiste.

Enmeeting dimanche 4mars àMarseille, la candidate du FN n’apas ménagé ses attaques contre

Nicolas Sarkozy. Et même si elle asouvent renvoyé dos à dos lesdeuxprincipauxcandidats,sesflè-ches les plus acérées étaient desti-nées au président de la Républi-que. «Tous les samedis, je prendsunecurederajeunissementdecinqans. J’écoute Nicolas Sarkozy faireles mêmes promesses qu’en 2007.C’est efficace !», a ainsi plaisantéMmeLe Pen. Avant de s’interroger:«Mais pourquoi tiendrait-il dansles cinq ans qui viennent les pro-messes qu’il n’a pas tenues aucours des cinq anspassés?»

Devant les3500personnesréu-nies au parc Chanot – au mêmeendroit que M.Sarkozy quelquessemaines plus tôt, mais dans unesallepluspetite –, laprétendanteàl’Elyséeamarteléunmessageanti-immigration et très sécuritaire.Elleestaussirevenuesurlespropo-sitionsduchefde l’Etat enmatièrede réforme judiciaire, qui souhai-te mettre la victime au centre duprocessus.

Sacible,devenuequasimentun

passage obligé de chacun de sesmeetings : le bilan de NicolasSarkozy. « Partout où NicolasSarkozya semé l’insécurité, je réta-blirai l’autorité de l’Etat !», a ainsiharangué Marine Le Pen. «Vousn’enpouvezplusde l’insécurité quirègne (…). Marseille est devenue letriste symbole du terrible échec deNicolas Sarkozy sur l’insécurité!»,a-t-elle lancé.

Avant de fustiger ces «minis-tres et président qui préfèrent lesmots à l’action», faisant référenceà la fois à Nicolas Sarkozy et àClaudeGuéant, leministre de l’in-térieur, qui devait se rendre lundi5mars en visite à Marseille. «Oùest-il, leKärcher?Oùest-elle, la lut-tepromisecontrelaviolence?Pour-quoi tant de laxisme?», s’est-elleencore interrogée sous les hour-ras d’un public très réactif, qui aplusieurs fois scandé des «A basSarkozy ! » et des «Aux chiottesSarkozy!».

Militantset sympathisantspré-sents dimanche à Marseilleétaiententoutcassurlamêmelon-gueurd’ondesqueleurchampion-ne. Tous fustigent M.Sarkozy, ettous disent avoir été «trahis» parle chef de l’Etat. «Sarkozy? Je suissûr qu’il ment, affirme Louis Rou-quette, 72ans. Son coup, ça amar-ché une fois, les gens ne seront pasassezstupidespoursefaireavoir!»

« Il nous a eus en 2007, il ne vapas nous ravoir cette année! Ça neprendra plus», assure Laure Pel-

lier,unecomptableâgéede44ans,qui avait voté pour Nicolas Sarko-zy en 2007. Très remontée, ellecontinue: « J’ai été terriblementdéçue, dès le premier jour, entre leFouquet’s, le yacht de Bolloré etl’ouverture à gauche. Refaire com-me en 2007, ça ne va pas du toutmarcher. Les Français ne sont pasbêtes, ils s’en rendent compte.»

Parfois, la peur d’un Sarkozyfossoyeur du Front national réap-paraît. Comme chez cette ensei-gnantede49ans,quisouhaitegar-der l’anonymat. Pour cette mili-tante frontiste «depuis plus devingt ans», le président sortantréussira à «prendre des voix auFN». Elle reste persuadée que « le“travailler plus pour gagner plus”était un leurre», et elle estimequeM.Sarkozy«neditpas lavérité»et«qu’il le sait».

Le constat est encore plus durchez Patrick Degorce, militant FNâgéde30ans,encartéaupartid’ex-trême droite «depuis [qu’il] peutl’être». Violemment anti-islam, ilne cache pas son amertume. «SiSarkozyrepasse, ça feradumalà laFrance. Il a ruiné le pays. J’ai votépour lui au second tour en 2007.Mais jamais je ne referai cetteerreur», explique-t-il. «MarineLePen? J’espère qu’elle lui prendrades voix ! », poursuit-il. Puis ilconclut : «De toute façon, ce quiintéresse Sarko, ce sont les riches.Nous, onne l’intéressepas.» p

AbelMestre

PourleFrontnational, lastratégieduchefdel’EtatlégitimeleprogrammedeMarineLePenLacandidate, attaquéesursonterrain, orchestreunduelàdistanceavecNicolasSarkozy

SarkozyseprendaupiègeLechefde l’Etat renoueavecundiscourstrès fermesur l’immigration.

«Oùest-il, leKärcher?Oùest-elle, la luttepromisecontre

laviolence?Pourquoitantdelaxisme?»

Marine Le Pendimanche 4mars, àMarseille

LecandidatUMPcomptaitdicter

l’agendamédiatique.C’est l’inversequi

sepasse:M.Hollandedomineledébat

2 0123Mardi 6mars 2012

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30123Mardi 6mars 2012 présidentielle2012

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L es propositions de NicolasSarkozysur la justice, formu-lées samedi 3mars à Bor-

deaux, ne sont qu’«un vieux trucréchauffé», estime ChristopheRégnard, le président de l’Unionsyndicale des magistrats (USM,majoritaire). «Rien n’est neuf, cesont des propositions portées parla Droite populaire, dans une logi-que américaine», a commenté lemagistrat.MatthieuBonduelle, leprésidentduSyndicatde lamagis-trature (SM, gauche), se demandede son côté si «on va aller jus-qu’au rétablissement de la peinede mort pour monter dans lasurenchère».

En revanche, l’Institut pour lajustice, proche de la majorité, seréjouit de la proposition d’offrirun large droit d’appel aux victi-mes à tous les stades de la procé-dure, détention provisoire, juge-ment et application des peines.«La victime a le droit de donnerson avis sur la remise en liberté decelui qui en a fait une victime», adéclaré M.Sarkozy. Pourtant, legroupeUMPdel’Assembléenatio-nale avait rejeté, en juin2011, unamendementaccordantauxvicti-mesundroitd’appeldesacquitte-ments. Ce serait «revenir à la ven-geance privée plutôt qu’à la jus-tice étatique», estime le SM.

PourAndréVallini, chargéde lajusticeauprèsdeFrançoisHollan-de, « lesmots ont un sens, et le rôlede la partie civile au procès pénaldoit rester dans le registre civil ».«La justice est une fonction réga-lienne de l’Etat, qui ne saurait être

privatisée», souligne le député del’Isère. Quant à la proposition dene pas accorder de libérationconditionnelle avant les deuxtiers de la peine aux détenus, « lesstatistiquesmontrent qu’une libé-ration conditionnelle divise pardeux à trois le risque de récidive»,rappelle M.Régnard. «On a déjàune règle des deux tiers pour lesrécidivistes», observe le présidentde l’USM.

RecrutementL’extension des jurys populai-

res dans tous les tribunauxne faitpasplus l’unanimité. Lachancelle-rie n’a pas tiré le bilande ces«assesseurs citoyens» dans deuxcours d’appel, rappelleM.Régnard, «mais cela coûte fortcher et ralentit le cours de la jus-tice». Selon Jérôme Cahuzac (PS),président de la commission desfinances de l’Assemblée, cetteexpérimentation a imposé lerecrutement de 65magistrats. «Sion généralise à toutes les procédu-res,onvoitbienqu’il faudraitrecru-ter plusieurs milliers de magis-trats», évalue-t-il.

M.Sarkozy,enfin, a réaffirmésavolonté de réformer de nouveaul’ordonnance de 1945 sur lesmineurs.«Ona entendu çaquinzefois, dit M.Régnard. Considérer lesmineurs de seize ans comme desmajeurs – parce que c’est de celaqu’il s’agit–, est enoppositiontota-leavec la convention internationa-ledesdroitsdel’enfant,quiditexac-tement l’inverse.»p

Franck Johannès

Enmeeting à Bordeaux, samedi 3mars,M.Sarkozy a évoqué, entre autres, la traçabilité de la viande halal, lamise sous conditionséconomiques du regroupement familial et la possibilité aux victimes de faire appel d’un procès d’assises. RODOLPHE ESCHER/FEDEPHOTO

Certains estiment, sans êtreentendus, que le présidentdevraitcreuser son sillon, en cessant d’at-taquer sans cesse FrançoisHollan-de. «Ce doit être pour l’entre-deux-tours.Pourlemoment, il faut leren-voyer à son inconsistance», exhor-teunmembrede l’équipe.

Surtout, M.Sarkozy est incapa-ble de courir sans regarder le cou-loird’extrêmedroite,celuideMari-ne Le Pen. L’entourage du chef del’Etat estime que la candidate du

FN devrait finalement obtenir ses500parrainages. Pendant dessemaines, le politologue PatrickBuisson, conseiller du président, ajugé que Mme Le Pen faisait unemauvaisecampagne,enseconcen-trant sur les thèmes économiqueset sociaux. La voilà qui revient àses fondamentaux régaliens, surla viande halal et l’immigration.«Si elle se recentre sur ces sujets,elle a plus de chance de remonterque si elle fait du pseudo-Mélen-

chon», s’inquiète un membre del’équipe. On se rassure en affir-mantqueMmeLePenne rattraperapasM.Sarkozy,etque l’onnecour-rapaslerisqued’un«21avrilà l’en-vers». Un conseiller espère qu’ilexiste un sarkozysme honteux.Que le secretde l’isoloirpermettraà la France silencieuse, dont Nico-las Sarkozy s’est voulu àBordeauxle porte-parole, d’exclure cetteissuehumiliante.p

ArnaudLeparmentier

Lavolte-faceducandidatsurlehalaletlecasherinquiètelesautoritésreligieusesM.Sarkozyaproposéunétiquetagede laviandeabattue rituellement

delasurenchèreàdroiteEndifficultédans lessondages, il espère inverser la tendancecettesemaine

Justice: lePScontreleretourdela«vengeanceprivée»Lecandidatde l’UMPadécliné, samedi3mars,sespropositionspour lesdroitsdesvictimes

C ’estpeudirequelesresponsa-bles juifs ont été cueillis àfroid, au sortir de shabbat,

par l’annonce de Nicolas Sarkozysur l’abattage rituel, samedi3mars.Contretouteattente, lecan-didat de l’UMP à l’élection prési-dentielle s’est déclaré pour « l’éti-quetagede laviandeen fonctiondelaméthode d’abattage». Cet enga-gement revient à préciser sur lesemballages si la viande venduedans le circuit classique est issued’un animal égorgé sans étourdis-sement préalable, selon la tradi-tionmusulmaneet juive.

«Cette annonce suscite dans lacommunautéunetotaleincompré-hension», assure le rabbin BrunoFiszon, conseiller du grand rabbinde France sur ces questions. «Elleest pour nous illisible car jusqu’àprésent la ligne du président de laRépublique et du gouvernementétait claire : pour la défense del’abattage rituel – en limitant lesabus–maiscontrelapolitiqued’éti-quetage restrictif. Nous avons eudesgarantiesencesens jusqu’à trèsrécemment.» La communauté jui-ve, rejointe par les responsablesmusulmans, se bat depuis desannées contre un tel étiquetagejugé«stigmatisant»et susceptiblede susciter «un boycott» et doncunsurcoûtde la viande.

Selon différentes sources, lavolte-face de M.Sarkozy, qui sur-vienttroissemainesaprèslesdécla-rations fracassantes de Marine Le

Pensur laprésencedeviandehalaldans le circuit de distribution clas-sique, a surpris jusque dans samajorité. Leministère de l’agricul-ture jugeait il y a quelques joursencoreunetellemesure«stigmati-sante».Cediscoursofficielglobale-mentfavorableà l’abattagerituelamême empêché tout débat natio-nal sur ce sujet.

A plusieurs reprises, les parle-mentaires UMP ont renoncé à destextesprônant l’étiquetage, sous lapression du gouvernement, sensi-ble aux arguments des religieux etdes industriels.LaFranceestmêmeleprincipalpaysàdéfendrecesposi-tionsauniveaueuropéen.Aussi, cechangement de pied deM.Sarkozyen pleine campagne électorale est-il perçu par certains responsablesreligieux comme«unmouvementdepanique» face aux sujetsmis enavantpar le Frontnational.

Undébat «grotesque»Iln’empêche,qu’ils’agissed’une

annonce de campagne ou d’uneréelleinflexiondelapolitiquefran-çaise,lesreligieuxpourraientchan-gerdestratégie et accepterune for-me d’étiquetage. «Mais, précise lerabbin Fiszon, si on étiquette pourl’abattage rituel, on étiquette pourtout, y compris en précisant le tauxd’étourdissements ratés ou lesconditionsde transport.»Uneposi-tionégalementdéfendue surRMC,lundi5mars,par legrandrabbindeFrance,GillesBernheim.

La communauté juive s’inquiè-te des difficultés à écouler de laviande abattue rituellement sur lemarché classique, car, selon lacacherout, seuls 30% à 40% d’unanimal sont propres à la consom-mation, le reste se retrouvantdansle circuit conventionnel.

LeprésidentduConseil françaisdu culte musulman (CFCM),MohammedMoussaoui,estimedeson côté que « la seule mention“après ou sans étourdissement” nedit pas toute la réalité. Ainsi, en ter-mes de communication, ce n’estpas pareil d’inscrire “assomméparunpistoletà tigeperforante”.» Il sedit par ailleurs «inquiet» de cettepolémique qui «créé des tensionsdanslasociété».PourFatehKimou-che, responsable du site militantd’information du consommateurmusulman Al Kanz, l’étiquetageest en revanche indispensable :«C’est le manque de transparencequi alimente l’islamophobie.»

François Bayrou, candidat duMoDem, a déploré la manièred’aborder certains thèmes commele halal, évoquant une «dérive»pouvant mener à une «explosionde la société». Pierre Moscovici,directeurdecampagnedeFrançoisHollande, qui s’est peu exprimésurcesthèmes,aaccuséM.Sarkozyde «stigmatiser de façon sournoi-se » les musulmans. Jean-LucMélenchon (Front de gauche) adénoncéundébat«grotesque».p

Stéphanie Le Bars

Page 4: le journal le monde du 6-3-2012

4 0123Mardi 6mars 2012présidentielle 2012

BerlinCorrespondant

A ngelaMerkelvoit-elledéjà lecandidatduPSFrançoisHol-lande à l’Elysée? Bien que

démentie par le porte-parole de lachancellerie à Berlin, une informa-tion du Spiegel, parue le 3mars, lelaisse penser: MmeMerkel, le prési-dentdu conseil italienMarioMon-ti, le chef du gouvernement espa-gnol Mariano Rajoy et le premierministre britanniqueDavid Came-ron se seraient entendus pour nepas recevoir M.Hollande pendantla campagneprésidentielle.

Si la chancelière voulait établirunrapportde forcesavecunéven-tuel futur président français, ellene s’yprendraitpas autrement.Enjeu: le pacte budgétaire européenque vingt-cinq chefs d’Etat et degouvernement européens vien-nent de conclure, mais qui doitencoreêtreapprouvépar lesparle-ments nationaux, voire par unréférendumen Irlande.M.Hollan-de assure vouloir le renégocier.

MmeMerkel y est d’autant plushostile qu’en Allemagne même,l’adoption du pacte est loin d’êtreacquise.Le2mars,Berlinareconnuqu’en raison de la possibilité, pré-vue par ce texte, de poursuivredevantlaCourdejusticedel’Unioneuropéenne(UE)unpaysquineres-pecterait pas les nouvelles règlesbudgétaires,ceprojetdeloiquipor-te atteinte à la souveraineté desEtats devra être adopté par unemajoritédesdeuxtiersdanschacu-nedesChambresduParlementalle-mand.Sansl’accorddel’opposition

sociale-démocrate (SPD), le textene pourra être ratifié. Alors qu’onattend prochainement un soutienexpliciteduSPDàM.Hollande,unesubtilepartievadoncse jouerdanslessemainesàvenirentreMmeMer-kel,leSPDetM.Hollande.Uneques-tion: quel équilibre entre rigueuret croissanceenEurope?

Pour fairepressionsurunéven-tuelprésidentsocialiste, la chance-lière n’a d’autres moyens que detrouver d’autres alliés. L’Italie etl’Espagne, proches traditionnelle-ment de la France en tant que

«pays du Club Med», sont désor-mais dirigées par des conserva-teursetpromuespartenairesprivi-légiées de l’Allemagne. M.Rajoys’est rendu àBerlin dès sa prise defonction et M.Monti a su s’impo-sercommeuninterlocuteurincon-tournabledeMmeMerkel.

Contourner ParisCettetentativedecontourner la

France n’est pas seulement liéeàl’élection présidentielle françai-se. La perte du tripleAde la Francea également été un élémentdéter-

minant. Même si la chancelièresoutientNicolasSarkozydurant lacampagne présidentielle, les liensentre les deux pays ne sont déjàplus ce qu’ils étaient.

Contrairement aux sommetsprécédents, le Conseil européendu 30janvier n’a pas été précédépar une rencontre préparatoireentre lesdeuxresponsables (ceux-ci ne se sont vus que le 9 janvier),alors que MmeMerkel a multipliéles entretiens avec les autres lea-ders européens. Résultat : auConseil, la chancelière a présenté,contre l’avis de la France, l’idéed’envoyerenGrèceuncommissai-re européen aux économies.Même désaccord lors du sommetdu 1ermars. Alors que le présidentfrançais affirmait que la criseappartenait au passé, MmeMerkeljugeait qu’un retour à la normalen’était pas pour demain.

La stratégie de la chancelièrenefaitpas l’unanimitéenAllemagne.Elle est non seulement critiquéepar le SPD mais aussi par GuidoWesterwelle, le ministre (libéral)des affaires étrangères. Comme ill’avait déjà fait le 6février, lors delaprestationtéléviséecommuneàM. Sarkozy et à MmeMerkel, leministre «recommande à tous lespartis politiques allemands de fai-re preuve de retenue. Les divergen-ces politiques allemandes ne doi-ventpasêtreexportéesvers laFran-ce», estime-t-il dans un entretienàDieWeltdu 4mars. p

Frédéric Lemaître

François Hollande était, le 5 décembre 2011, l’invité d’honneur du congrès du SPD àBerlin. H.-C. PLAMBECK/LAIF-REA

Traitéeuropéen:AngelaMerkelveutmettrelapressionsurFrançoisHollandeLachancelièreallemandeentendéviter la renégociationsouhaitéepar le candidat socialiste

Leprésident«indépendant»,selonM.Hollande

«LEPROCHAINprésident devramontrer l’exemple.»A l’heureoùNicolasSarkozy,depuisBordeauxs’apprêtaitàmener la chargesur leterrainde l’immigration, FrançoisHollande, samedi 3mars àDijon,esquissait les contoursquepour-raitprendresaprésidence.Unautoportraitélyséendessinéà l’oc-casiond’un rassemblementdesélusduPS, en formede leçondegouvernanceauchefde l'Etat.

«Ceque je veux changer tientàunepratiquequi compteauxyeuxdes citoyenset qui s’appelle lerespect, la considération, la démo-cratie, le sensde l’Etat», aattaquéM.Hollande,montéà la tribuneaprèsun longbainde foule avantde fustiger«le règnede l’omnipré-sidence, le régimed’un seul».

Il s’est engagé à «présenter tousles sixmois l’évaluationdes résul-tats par rapportaux objectifs» et à«vérifier chaqueannée la confian-cede l’Assembléenationale».Celui qui fut onzeannées à la têteduPS le promet: «Leprochainpré-sident sera indépendant.» «Socia-liste, je suis. Socialiste, je resterai.Mais [le président]n’est plus lechef d’unparti, il est le chef del’Etat», a-t-il déclaré.

Vis-à-visdes«puissancesde l’ar-gent»,M.Hollande assure aussiqu’il garderaune certainedistan-ce : «Recevoir les patrons duCAC40autant que nécessaire, êtreinvité par eux lemoinspossible.»

Il a aussi évoquéune «autoritéjudiciaire qui n’auraaucun liendesubordinationavec le pouvoir» et

«unenouvelle instancede régula-tionde l’audiovisuel», laquelle«élira les prochains responsablesde chaînespubliques».

Après les projets d’«épura-tion»que lui a prêtésM.Sarkozy,le candidat socialiste a pris ladéfensedes hauts fonctionnaires«déplacés commedes pions,moqués commedespetits pois,regardés commedes gêneurs», etdénoncédes «nominationsparti-sanesparfois issues des cercles lesplus intimes (…), particulièrementauministère de l’intérieur».

Quant au climatde cette cam-pagne,«c’est un combatqui n’estpasunpugilat», a estiméFrançoisHollandequi, sans en avoir l’air,lâche aussi ses coups. p

DavidRevaultd’Allonnes

Entretien

Q ue les dirigeants de foot-ball fassent aussi un peu leménage: a-t-on un niveaude championnat qui justi-

fie des salaires aussi astronomi-ques?», s’est demandé FrançoisHollande, dimanche 4mars surFrance 3. Le candidat PS était inter-rogé sur les craintes qu’a suscitéessa proposition de tranche d’impôtà 75% pour les revenus supérieursà 1million d’euros par an: le prési-dentde la Liguede football profes-sionnel, Frédéric Thiriez, apréditune «catastrophe»pour la Ligue 1,le ministre des sports, DavidDouillet, pense que « les joueurspartirontde France».

AuteurdeNetirezpassur le foot(J. C.Lattès), paru fin 2011 pour lut-ter «contre les idées reçues», l’éco-nomiste Pascal Perri juge que lamesurenuirait à la Ligue 1.

Comment expliquer la virulencedes réactions de ce secteur?

Le football français est déjà undes plus taxés. Grâce aux cotisa-tions sociales, il rapporte chaqueannée à l’Etat 1,1milliard d’euros.C’est donc pour lui une mesurepunitive et confiscatoire, dont laportée est strictement symboli-que : se faire la peau des footbal-leurs, une catégoriemal identifiéecarconfondueavecquelquesstars.

Or, le foot a déjà subi un coupdur avec la suppression du droit àl’image collective qui ne coûtaitàl’Etat que 40millions d’eurosparan. Cette dérogation, qui avait peud’impact sur les finances publi-ques, était importante pour lesclubs qui cherchaient à réduirel’écart compétitif avec les autresgrandspays européens.Une étudeducabinetErnst&Youngamontréqu’un footballeur payé 2millionsd’euros net par an coûte déjà près

de 2millions d’euros supplémen-taires à son employeur françaispar rapport àun cluballemand.Vous expliquez que les footbal-leurs sont devenus de commo-des boucs émissaires…

Leur particularité est que, à ladifférence des acteurs, des chan-teurs ou des joueurs de tennis quiauraient le même niveau de reve-nus, ils sont assignés à résidence.Dans le foot, le capital est mobile,lamain-d’œuvre fixe. Eux ne sontpas des tricheurs contrairement àces gens du show-biz qui partentà l’étranger et donnent des leçonsdemorale.Qui serait concernépar la taxeHollande?

A l’évidence, la majorité de l’ef-fectif professionnel de trois clubs,lePSG, l’OlympiquedeMarseilleetl’Olympique lyonnais. Cela repré-sente 120 personnes [environ 20%des effectifs de la Ligue 1]parmi les

12000 contribuables qui seraientconcernés. En dehors de ces troisclubs, il y aurait peu d’incidence,sachant que le salaire moyen enLigue1 s’établit à 45000 eurosmensuels (540000eurosannuels)hors primes. Le championnatserait déséquilibré. Pour que desjoueurs gagnent 45000 eurosmensuels, il fautqu’il y enaitquel-ques-uns à 500000 euros. Celaprofite au spectacle, c’est un élé-mentd’attractivité.LesQataris auraient-ils investidans le PSGsi une tellemesureavait été adoptée?

Oui, car leur stratégie est baséesur l’image et intègre la chaîneAl-Jazira. Ils rachètentdesdroitsenEurope pour le marché asiatique,oùsetrouvelaplusfortedemande.Dans ce contexte, le PSG est unevitrine indispensable. p

Proposrecueillis parBrunoLesprit

L’impositionà75%voulueparM.Hollandeestune«mesurepunitiveetconfiscatoirepourlefootfrançais»L’économistePascalPerri s’inquiètepour«l’attractivité»de laLigue 1qu’il jugedéjà très taxée

M.Bayrouveutungardedessceauxnomméavecl’accorddel’opposition

FrançoisBayrouaplaidé, dimanche5mars, pour que le gardedessceauxsoit nommépar le Parlement, avec l’accordde l’opposition, afinqu’il soit «nonpartisan» et incarne l’indépendancede la justice. «Toutlemondedit “indépendancede la justice”mais en réalité personnenefait jamais rien», a regretté le candidatduMoDemqui était l’invitéd’uneémissionpolitique (pourBFMTV, Le Point et RMC). Pour FrançoisBayrou, il faudrait notamment«que leministre de la justice ne soit plusunministre ordinaire, qu’il soit unministre dont la nomination soit sou-mise auParlement, avec l’obligation qu’il obtienneunemajorité deconfirmation,unemajorité plus largeque lamajoritéhabituelle».Il y aurait alors «besoin, également, de l’accordde l’opposition sur la per-sonnalitéde celle oude celui qui [deviendrait ainsi] leministre de la jus-tice nonplus dugouvernementmais de toute laNation». «C’est unedémarche très simpleà faire, qui changera tout car ceministrene seraplus partisan», aencore tenu àpréciser le candidat centrite.(PHOTO: MARCCHAUMEIL/FEDEPHOTO POUR «LEMONDE»). p

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C’estvéritablementlebaiserqui tueetonpeuts’interroger sur les intentions

réellesd’AngelaMerkel»DOMINIQUEDEVILLEPIN, àproposde l’impact, pourM. Sarkozy, dupactesupposédesdirigeants conservateurseuropéens contreM.Hollande.

PourClaudeGuéant, l’islamn’est«pasdutoutuneobsession»

Leministre de l’intérieur a assuré,lundi 5mars, sur RTL, que l’islamn’était«pas du toutuneobsession»pour lui. ClaudeGuéant a fait cetteprécisionaprès avoir déclenchéunenouvellepolémiqueen établissantun lien entre le droit de vote desétrangers aux élections locales et laprésencede viandehalal dans les can-tines scolaires.«Nousne voulonspas quedesmenusqui correspondentà des préceptes reli-

gieuxviennent à l’école», a-t-il expliqué. «L’école c’est le templede la laï-cité», a argumenté leministre, selon lequel, quand le gouvernementrécuse«complètement le communautarisme, le Parti socialiste l’accep-te». Interrogé sur la réactionde l’ex-gardedes sceauxRachidaDati, quiaregretté«des proposqui assimilent lesmusulmans français à des étran-gers»,M.Guéant a répondu: «Je suis entièrement d’accordavec les pro-posde RachidaDati. Je crois qu’ellem’a insuffisamment lu.» Ledroit devote des étrangers aux élections locales est l’unedes propositionsduParti socialiste et de son candidat, FrançoisHollande. Elle a été attaquéede façon répétéepar la droite. (PHOTO: LIONEL BONAVENTURE/AFP). p

Les indépendantistes kanaks soutiennentM.HollandeLe Front de libérationnationale kanak socialiste (FLNKS) deNouvelle-Calédonie a annoncé son soutien à FrançoisHollande, lundi 5mars,àNouméa.«Al’inverse deNicolas Sarkozy, qui a déjà donné sapréféren-ce pour que laNouvelle-Calédonie reste dans la France,M.Hollandenes’est pas avancé», a déclaré CharlesWashetine, le porte-parole duFLNKS.GérardRégnier, le secrétaire général de l’Union calédonienne,une composanteduFLNKS, a par ailleurs souhaité «unemandature dedécolonisation» si le candidat socialiste [était] élu.

PourM.Fillon, taxer les riches à 75%est «juste idiot»Lapropositionde FrançoisHollandede taxer les revenusdépassantunmilliond’euros par an à 75% est «imbécile», a déclaré, lundi 5mars,François Fillon.«Imbécile, j’emploie lemot à [dessein],parce que lui-même sait bienqu’elle n’a pas de raisond’être et qu’elle ne sera sans dou-te jamais appliquée», a expliqué le premierministre.«C’est idiot, c’estjuste idiot», a-t-il encore ajouté.

51%Plusd’un Français sur deux sedit favorable à l’adoptionpour les cou-pleshomosexuels, selonun sondage IFOPpour Femmeactuelle etEnfantmagazinepublié lundi 5mars. En 2005, 46%des Françaisyétaient favorables. L’oppositionà cette idée est d’autantplus forte queles personnes se situent à droite du spectre politique: 36%des sympa-thisantsdegauche sondés s’y disent opposés, contre 59%des sympathi-santsduMoDem,65%des sympathisants de la droite parlementaire et70%des sympathisantsdu Frontnational, selon l’étude. p

Page 5: le journal le monde du 6-3-2012

présidentielle 2012

Témoignages

«LA POLITIQUEmenéedepuis cinqansa replacé les universités au cen-tre de l’enseignement supérieur etla recherche,mais lesméthodesont été traumatisantes», analyseJean-MarcBroto, professeurdephysiqueà l’université Toulouse-III,membreduSnesup, syndicatmajoritaire. Ces dernières années,l’accumulationde réformes abousculéune collectivitéuniversi-tairehabituéeà un fonctionne-ment collégial : l’autonomieen2007, le Plan licence en 2008, laréformedu statutdes ensei-gnants-chercheursen2009et, sur-tout, lesmultiples appels à pro-jets des «investissementsd’ave-nir». «Nous sommespris dans untourbillonpermanentdemodifica-tions et de charges administrati-ves nouvelles»,déploreEtienneBoisserie,maître de conférencesàl’Inalco, présidentdu collectif Sau-vons l’université.

«Avec l’autonomie, la directiona été submergéepar les problèmesdegestion.Nous étionsmal prépa-rés, lesmesures d’accompagne-ment ont été très insuffisantes»,raconteYves Pouzaint, élu auconseil d’administrationde l’uni-versité deNantes,membreduSGEN-CFDT.«Le budget globalnousa contraints à réorganisernos services administratifsà recru-ter», admet FrédériqueVidal, del’universitédeNice Sophia-Anti-polis. Pour compenser les départsdes fonctionnairesde l’adminis-tration centrale, les universitésontdû embaucher.

«Quelle autonomie? Jamais lesuniversités et les enseignants cher-cheursn’en ont eu aussi peu!»,s’insurgeHervé Lelourec, profes-seur agrégédepsychologie à l’uni-versité deNantes et syndiquéauSnesup. «Onnousa effectivement«"vendu" l’adhésionaux "respon-sabilités et compétences élargies"commegénératrice demarges demanœuvre.Or, les financementsn’ontpas suivi, beaucoupd’établis-sements sont de fait endéséquili-bre financier.»

«La loi LRU, en confiant despou-voirs très importants auxprési-dentsdes universités, remet en cau-se la règle qui veut que les ensei-gnants-chercheursdéterminent lapolitique scientifiquede leur éta-blissement et lamanière dont ilss’administrent», regretteM.Bois-serie.Mais, rappelle Thomas Ebbe-sen, professeurde chimie et dephysiqueà l’université de Stras-bourg, qui approuve les réfor-mes : «Les universités autonomes,c’est lanormepartoutdans lemon-de.Cesnouveauxoutils vont nousaider à attirer des étudiants et desenseignantsde bonniveau, ce quiest important pour la compétitivi-té des universités françaises.»

L’«excellence»enquestionAutrepointde fixation: l’idée

de faire émergerunedizainedepôlesuniversitairesd’envergureinternationalegrâce aux«initiati-vesd’excellence».«Lemotexcel-lencedonnedesboutonsàbeau-coup, reconnaît Jean-MarcBroto,mais je le revendiquecar, pourmoi,il signifie emmener le plus loinpos-sible tous les étudiants.»Lesuni-versités sont incitéesà se regrou-perpour répondreauxappelsàprojet, conçusparuneéquipedansdesdélais serrés.«Notrepro-jeta été bâti sans concertation, leconseil d’administrationaété infor-méaprès, regretteYvesPouzaint.Des régionsn’ontpas étédotées.»

M.Boisserie s’inquièteque lescréditsse concentrentsur«despro-jetsdansune logiquede court ter-meetde recherchesdirigées.Cequin’enrelèvepas estmarginalisé. Il ya làun risqued’appauvrissementdusavoir.»Laquestionest desavoir si lepays«peutavoirquatre-vingtsuniversités.Vude l’étranger,c’est incompréhensible», estimeM.Broto, ensouhaitant,«si cen’estunepause, un tempspourquemescollèguespuissent se réapproprierlesprojetsdont ils ont été exclus.»Mais, «si onveutdes champions,rappelleM.Ebbesen, il faut savoirceque l’onveut.C’estunchoixpoli-tique.»p

B. F.et I.R.-L.

M obilisation générale »contre l’échecà l’universi-té. Lundi 5mars, François

Hollande devait préciser, dans undiscours à Nancy, ses idées pourl’enseignementsupérieur.

Lecandidat socialiste,quimet lajeunesseaucœurdesonprojet, faitde la réussite des étudiants et de laréforme de la licence sa «premièrepriorité». Parce qu’«environ unjeune sur deux échoue en premiercycle universitaire», M.Hollandeveut «renforcer l’encadrement» :5000 des 60000 postes prévuspour l’éducation nationale serontaffectés à «unplan de recrutementet de résorption de la précarité». Ilpromet de «valoriser nettement,dans les carrières des enseignants-chercheurs, les tâches et l’implica-tionpédagogiques».

En parallèle, «un plan nationalpour la vie étudiante» sera présen-té : 40000 nouveaux logements

encinqans,loyersencadrés,renfor-cementdusystèmedecautionsoli-daire pour les candidats à la loca-tion dans le privé,maisons de san-té… M.Hollande confirme la créa-tion d’une «allocation d’étudessupérieures et de formation souscondition de ressources». Il réitèreson engagement d’abroger la «cir-culaire Guéant», sur les étudiantsétrangers.

«Déserts universitaires»La place des jeunes chercheurs

constitue une autre des prioritésdu candidat. «Tout doctorant doitavoir une thèse financée avec uncontrat de travail, donc uneprotec-tion sociale, et cela doit compterpour ses annuités de retraite. » Ilpourrait être inclus une charged’enseignementoudetutoratdansle contrat doctoral. Le doctoratserait reconnu dans les conditionsd’accèsauxconcoursde la fonction

publique et dans les conventionscollectivesduprivé.

Quid de la fameuse LRU ? La loirelativeauxlibertésetresponsabili-tés des universités, est présentée àdroite commeun fleuron du bilandeNicolasSarkozy.FrançoisHollan-deveut laréformer.«Ilnes’agitpasde revenir sur le principe d’autono-mie, porté par la gauche depuislongtemps, mais sur la façon dontelle a été mise en œuvre.» Au-delàdu textemêmede la LRU, le candi-dat socialiste se démarque nette-ment du projet pour l’enseigne-mentsupérieurdeM.Sarkozy.

L’undes axes forts de ce dernierest de faire émergerunedizainedepôles universitaires de rang mon-dial. Ilmisesur le leadershipnetduprésident d’université, quitte àcréer,àcôté,un«sénat»desprofes-seurs pour les questions académi-ques – c’est une idée à l’étude.Et l’Etat, par un financement très

ciblé,promeutcertainsprojetsplu-tôt qued’autres.«C’est une logiqued’excellence, précise l’entourage deM.Sarkozy.Nousassumonslecarac-tère sélectif des investissements del’Etat. On ne dilue pas les moyens;on les concentre.»

Lalogiqueducandidatsocialisteestdifférente.Ildénonce«unemise

enconcurrencegénéraliséedesterri-toires, des universités». Il prometune «gouvernance plus collégialeetplusdémocratique» ; la compen-sationfinancièredeschargestrans-férées; de «corriger les inégalitésterritorialeset[de]veilleràcequenese constituent pas des déserts uni-versitaireset scientifiques».

Pour ce qui est de la recherche,l’idéeestde«rééquilibrer» le finan-cement:moinsde crédits accordéssur projet, plus pour le soutien debasedes labos.«Il faut que les équi-pes puissent se projeter sur lemoyenet longterme», dit-il.

Benoît Floc’het Isabelle Rey-Lefebvre

Comment lePSveutmodifierlaréformedel’universitéFrançoisHollandeprometunemeilleurerépartitiondesressourcesentre lesuniversitésetunplanpour les jeuneschercheurs

«Lesfinancementsn’ontpassuivi laréforme»

Bayrou«corrigera» la loi, Le Pen la «détricotera»

FrançoisBayrou veut réformer laloi LRU:«Nous la conserverons,mais nous lui apporterons des cor-rections», dit-il. Pour introduire«plus de collégialité»dans lagouvernancedesuniversités, etpourdonnerplusdemarges bud-gétaires,mêmesi l’Etat nepour-ra«donner beaucoup plus dansles trois ou quatre ans qui vien-nent». Les droitsd’inscription

pourraient êtremodulésen fonc-tiondes revenusdes familles etdesétudiants.MarineLePenveut détricoter laLRU, qui a instauré, selonelle,«une gouvernance managérialeinspirée du modèle de l’entrepri-se privée». Le conseil d’adminis-trationsera élargi, la gestiondelamasse salariale«rétrocédée àl’Etat».

Al’université Lyon 2, bastion de laprotestation contre la loi d’autonomisation, en 2009. JEAN-PHILIPPE KSIAZEK/AFP

50123Mardi 6mars 2012

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international

WashingtonCorrespondante

B arack Obama réussira-t-il àconvaincre BenyaminNétanyahou qu’il est trop

tôt pour frapper les installationsnucléaires iraniennes et qu’il «nebluffe pas» quand il dit que lesEtats-Unis s’en chargeront si lessanctions échouent?

Avant sa rencontre avec le pre-mier ministre israélien, lundi5mars à Washington, le présidentaméricain a affirmé plus nette-ment qu’il ne l’avait jamais fait sadétermination à empêcher l’Irandesedoterde l’armenucléaire.«Jen’ai pas de politique d’endigue-ment.Ma politique est d’empêcherl’Irande se doter de l’armenucléai-re», a-t-il assuré.

Enmême temps, il a fait part desa «profonde préférence pour lapaix» et rappelé que les servicessecrets américains pensaient que

la bombe iranienne n’était pasenvisageableavant unan. «Il restedu temps pour la diplomatie»,a-t-il dit.

Les propos de M.Obama, tenusdans un entretien au magazineAtlantic Monthly, puis devant laconférence annuelle de l’Ameri-can Israel Public Affairs Commit-tee (Aipac), le principal lobby pro-israélien des Etats-Unis, ont satis-fait le premier ministre israélienautant qu’ils ont été étudiés parles diplomates européens. « Ilrecrédibilise la menacemilitaire, acommenté l’un d’eux. Mais enmême temps, c’est un cran avantl’ultimatum. Si l’Iran n’est pasimpressionné, Obama devra yaller.»

Avec plus de 13000 partici-pants, la réunion de l’Aipac, qui sedéroule pendant trois jours dansl’immense centre de congrès deWashington, est la plus importan-te depuis la fondation de l’organi-sation. M.Obama a été vivementapplaudi, dimanche, lorsqu’il a

exclu toutepolitiquede «contain-ment» («endiguement») et enco-re plus lorsqu’il a stipulé qu’Israëla le droit«souverain»de sedéfen-dre commebon lui semble.

Mais dans l’ensemble, la réac-tion du public a été sans enthou-siasme. Il est vrai que le présidentaévoquéleprocessusdepaix,qu’ilconsidère plus nécessaire quejamaiscontrairementàbeaucoup,et déploré, à propos de l’Iran, que«l’on parle trop de guerre», ce quiprofite aux Iraniens en faisantmonter le cours dupétrole.

Autre motif de discorde : les«lignes rouges».Commeles Israé-liens, l’Aipac demande à Barack

Obama de s’engager à empêcherl’Iran, non seulement d’avoir labombe, mais aussi la «capacité»de la fabriquer. Le président desEtats-Uniss’enesttenuàsaformu-lation traditionnelle: un Irandotéde l’arme nucléaire elle-mêmeserait«inacceptable». Iln’apasuti-lisé le terme«capacité».

M.Obamaamisengardecontrelestentativesdesesrivauxrépubli-cainsdemettredel’huilesur le feuàlafaveurdelacampagneélectora-le. Dans son interview à l’Atlantic,il s’est plaint que l’opposition aitréussià lepeindrecommeleprési-dent lemoins solidaire d’Israël del’histoire récente. «Celui qui a faitplusqu’aucunde sesprédécesseurspour délégitimer l’Etat d’Israël»,comme l’a dit, devant l’Aipac, LizCheney,lafilledel’ancienvice-pré-sident Dick Cheney, qui a repris leflambeau familial de la droiteultranationaliste.

Devant la communauté juive,M.Obamaenaété réduit à essayerde défendre son bilan: du soutienaméricain dans l’affaire de la flot-tilleturquearraisonnéealorsqu’el-levoulaitbriser leblocusdeGazaà

la promesse d’un veto à l’ONU surla reconnaissancede l’Etat palesti-nien, en passant par le sauvetagede diplomates israéliens retenusdans leur ambassade auCaire et lacoopérationmilitaire laplusétroi-tedel’histoirerécente.Danslesdif-ficultés, « je couvre Israël», a-t-ilinsisté. Le président israélien Shi-mon Pérès a lui-même tancé ceuxquidoutent.«MerciprésidentOba-ma pour être un ami aussi fidèle»,a-t-il lancé. Eliott Abrams, l’archi-tecte de la politique israéliennedeGeorgeBush, a jugé l’intervention«remarquablement défensive».« Jamais on a vu Bill Clinton ouGeorge W.Bush être obligé de pro-noncer un discours de ce genrepour expliquer qu’il soutient vrai-ment Israël.»

Barack Obama demande à sesinterlocuteursde lui faireconfian-ce quand il dit qu’il détruira labombeiranienne.«Entantquepré-sident des Etats-Unis, je ne bluffepas», a-t-ilditàl’Atlantic.Lesmem-bres de l’Aipac ne sont pas tousconvaincus. «Le temps qu’Obamaréagisse, on sera déjàdétruits», ditl’avocat du New Jersey Henry

Schanzer, dont le père est mort àAuschwitz. «Mon histoire person-nelle me donne de bonnes raisonsd’avoir peur», ajouteMe Schanzer.

Même sentiment pour le rab-binGabrielElias,venudeLosAnge-les avec 120 membres de sa com-munauté : « Israël ne peut pas sepayer le luxe d’attendre jusqu’à ladernière minute comme les Etats-Unis.» Le rabbin a voté Obama en

2008et, fautedemieux, il s’apprê-te à faire de même en novembre.Mais il s’interroge. «Est-ce qu’il estvraiment l’ami qu’il dit être ?J’auraisaiméqu’il dise : je voudraisqu’Israël attende, mais si Israël nepeut pas attendre, alors nous sou-tiendrons Israël.»

A l’approche des échéances, lacommunauté juive est divisée.Deuxdesplusanciennesorganisa-

tions américaines (Anti-Defama-tion League et American JewishCommittee) ont signé, fin 2011, un«engagement national pour l’uni-té sur Israël» visant à éviter de fai-re du soutien à l’Etat juif unmotifd’attaques polémiques en annéeélectorale. Ce geste a suscité desprotestations du Comité d’urgen-ce pour Israël (Emergency Com-mittee for Israel), un nouveaugroupe qui plaide ouvertementpour un vote anti-Obama. Fondépar plusieurs néoconservateursde l’administration Bush, au pre-mier rang desquels Bill Kristol, ledirecteur du magazine WeeklyStandard, le comitéa sortiunpetitfilm à la faveur de la réunion del’Aipac (Daylight: theStoryofOba-maand Israel). La vidéo vise à pro-pager le portrait de M.Obama enfauxami d’Israël.

Desaffichesontaussiétéplacar-dées sur les abribus de Washing-ton,mettant endoute la paroleduprésident. «Barack Obama ditqu’unIrandotéde l’armenucléaireest inacceptable. Est-ce que vous lecroyez?»p

Corine Lesnes

OSP - CESSATIONS DE GARANTIE

LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETD’APPLICATION N° 72-678 DU 20JUILLET 1972 - ARTICLES 44 et 45

QBE FRANCE, sis Etoile Saint Honoré– 21 rue Balzac – 75406 PARIS cedex 08(RCS Paris 414 108 708), succursale QBEInsurance (Europe) Limited, S.A. de droitanglais, au capital de GBP 500.000.000,dont le siège social est à Plantation Place,30 Fenchurch Street, London, EC3M 3BD,fait savoir qu’à la demande de MonsieurYvan LAUGIER, la garantie financièredont bénéficiait :

Monsieur Yvan LAUGIER16 rue du Colonel Payan

04000 DIGNES LES BAINSdepuis le 1er janvier 2004 pour ses activitésde TRANSACTIONS SUR IMMEUBLESET FONDS DE COMMERCE cesserade porter effet trois jours francs aprèspublication du présent avis. Les créanceséventuelles se rapportant à ces opérationsdevront être produites dans les trois moisde cette insertion à l’adresse de l’Etablis-sement garant sis Etoile Saint Honoré – 21rue Balzac – 75406 PARIS cedex 08.Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-tuelles et que le présent avis ne préjuge enrien du paiement ou du non-paiement dessommes dues.

LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETD’APPLICATION N° 72-678 DU 20JUILLET 1972 - ARTICLES 44 et 45

QBE FRANCE, sis Etoile Saint Honoré– 21 rue Balzac – 75406 PARIS cedex 08(RCS Paris 414 108 708), succursale QBEInsurance (Europe) Limited, S.A. de droitanglais, au capital de GBP 500.000.000,dont le siège social est à Plantation Place,30 Fenchurch Street, London, EC3M 3BD,fait savoir qu’à la demande de QBE, lagarantie financière dont bénéficiait :

J.F IMMOBILIER11 Route de Lyon73160 COGNIN

depuis le 1er janvier 2004 pour ses activitésde TRANSACTIONS SUR IMMEUBLESET FONDS DE COMMERCE cesserade porter effet trois jours francs aprèspublication du présent avis. Les créanceséventuelles se rapportant à ces opérationsdevront être produites dans les trois moisde cette insertion à l’adresse de l’Etablis-sement garant sis Etoile Saint Honoré – 21rue Balzac – 75406 PARIS cedex 08.Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-tuelles et que le présent avis ne préjuge enrien du paiement ou du non-paiement dessommes dues.

LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETD’APPLICATION N° 72-678 DU 20JUILLET 1972 - ARTICLES 44 et 45

QBE FRANCE, sis Etoile Saint Honoré– 21 rue Balzac – 75406 PARIS cedex 08(RCS Paris 414 108 708), succursale QBEInsurance (Europe) Limited, S.A. de droitanglais, au capital de GBP 500.000.000,dont le siège social est à Plantation Place,30 Fenchurch Street, London, EC3M 3BD,fait savoir qu’à la demande de QBE, lagarantie financière dont bénéficiait :

VENDOME2 Place de la barre

95170 DEUIL LA BARREdepuis le 10 novembre 2007 pourses activités de TRANSACTIONSSUR IMMEUBLES ET FONDS DECOMMERCE cessera de porter effet troisjours francs après publication du présentavis. Les créances éventuelles se rapportantà ces opérations devront être produites dansles trois mois de cette insertion à l’adressede l’Etablissement garant sis Etoile SaintHonoré – 21 rue Balzac – 75406 PARIScedex 08.Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-tuelles et que le présent avis ne préjuge enrien du paiement ou du non-paiement dessommes dues.

Leprocessus dedésignation del’adversaire républicain deBarackObamava s’accélérer,mardi 6mars, ce «Super Tues-day» au cours duquel les élec-teurs de dix Etats sont appelésaux urnes. Face au favori,MittRomney, qui peine à convaincrela base conservatrice du parti, lecatholique intégristeRickSanto-

rumse présente commeun «vraiconservateur». L’Ohio (nord,66délégués) et laGéorgie (sud-est, 76 délégués) seront déci-sifs.Mais la course est encorelongue: alors que 1144 déléguéssont nécessaires pour l’inves-titure et queM.Romney en adéjà gagné 203, seuls 422 délé-gués seront désignésmardi.

LemasqueàgazenrupturedestockenIsraël

«MerciprésidentObamad’être

unamiaussifidèle»ShimonPérès

président de l’Etat d’Israël

Devantlacommunautéjuive,leprésidentObama

enaétéréduitàessayerdedéfendre

sonbilan

BarackObamatentederassurerIsraëlsurl’IranAuxEtats-Unis, leprésidentestaccusépar les républicainsdefaiblessesur lenucléaire iranien

L eurdistributiona augmentéde 50%depuis deux semai-nes en Israël.De quoi s’agit-

il? Desmasquesà gaz.Depuisdimanche4mars, seuls six cen-tres sont ouverts, notammentàTel-Aviv,Haïfa etNétanya, les vil-les dunordd’Israël prochesde lafrontière libanaise.Mais il ne ser-vira à riende s’y précipiter: entout et pour tout, il ne reste que120000masquesdans les stocks.

Quelque4millionsd’unitésontétédistribuées,dequoi équiper54%de lapopulationisraélienne.Pour les autres,maisaussipourles touristes, les résidentset tra-vailleursétrangers, les réfugiés, leHomeFrontCommand(HFC, com-mandement intérieur)n’apasderéponse…Le 1ermars,dernier jourdedistributionofficielle,desmil-liersd’Israéliensont fait laqueuepourobtenirunkitdeprotection

contred’éventuellesattaqueschimiques, selonunprincipesim-ple: premierarrivé,premier servi.

Leproblèmeestqu’il s’agitd’unepénurieà long terme. Ilmanque1,2milliardde shekels(238millionsd’euros)dans les cais-sesduHFCpour financer lesmas-quesmanquantset lesusinesdeproductionont arrêtéde fonction-ner.Début janvier, le colonel SagiTirosh, responsableducomman-dement intérieurpour Jérusalem,avait envoyéune lettre à tous lesréservistes: «Il resteunnombrelimitédemasquesàgaz, si vousnevenezpas le cherchermaintenant,vousn’enaurezpas.»

Cesont,bien sûr, d’éventuellesreprésailles iraniennes, en casdefrappesmilitaires israéliennescontre les installationsnucléairesdeTéhéran,et ladispersionde l’ar-senal chimiqueetbactériologique

de laSyrie, si lepays s’effondre,quinourrissentcedébutd’inquié-tudecollective.Certainesambassa-desontapproché leministèredesaffairesétrangères israélienpours’informerdesdispositionsd’ur-genceencasd’attaquesdemissi-lesetobtenirdesmasquesàgaz.Celui-cia fourni la listedesabrisantibombesà travers lepays, ainsique levade-mecumduHFC.

C’estunpetit livretorangeetbleuquiporteen titre ceconseil:«Soyezprêt, aucasoù…»Survingtpagesagrémentéesdepho-tos, ondisposed’une fouledeconseils.Unecartemontrant lesrégionsde ladéfense civileavec letempsimpartipourgagner lesabris, la listedesobjetsqu’il fautemporter,une listedenumérosde téléphoned’urgence…p

LaurentZecchini(Jérusalem, correspondant)

Dix Etats aux urnes pour le «Super Tuesday»

Le président Obama et Lee Rosenberg, président de l’Aipac, le principal lobby pro-israélien des Etats-Unis, dimanche 4mars, àWashington. J.ROBERTS/REUTERS

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international

«Lebuslesattendaitpourallervoterdansd’autresbureauxenville»

Le président russe, DmitriMed-vedev, a ordonné, lundi 5mars,au parquet général de vérifier«le bien-fondé» de la condamna-tion de l’ancien patron dugrou-pe pétrolier Ioukos,Mikhaïl Kho-dorkovski, de son associé PlatonLebedev, ainsi que de 30 autrespersonnes considérées commedes «prisonniers politiques» parl’opposition. La liste de ces déte-nus avait été communiquée au

président le 20 février. Le par-quet général devra se prononcerd’ici le 1eravril. Autre signed’apai-sement sans issue favorablegarantie: le président russe ademandé auministère de la jus-tice de justifier, d’ici le 15mars,le refus d’enregistrement de laformation d’opposition Parnas(Parti de la liberté du peuple),dont les responsables sont Vladi-mir Ryjkov et Boris Nemtsov.

Vladimir Poutine devant ses partisans, dimanche 4mars, àMoscou. DMITRY ASTAKHOV/REUTERS/RIA NOVOSTI

Reportage

MoscouCorrespondante

Il y a sixmois, Valéri, 48 ans, entre-preneur, n’avait qu’une idée entête: quitter la Russiepour tentersa chance à l’étranger, loindesfonctionnaires«incompétents etcorrompus»qui le harcèlent.«Jepensais que la situationétait déses-péréemais quand lesmanifesta-tionsont commencé,après les légis-lativesdu 4décembre, j’ai reprisespoir. La Russie vapeut-êtredeve-nir unpaysnormal, européen.Ducoup, je nepars plus, j’attends lechangement», explique-il, undos-sier à lamaindans le bureaudevoteno85, au 24de la rueKrachi-na, non loinde la garedeBiélorus-sie, au centredeMoscou.

Jusque-là indifférent à la politi-que, Valeri s’est inscrit commeobservateurpour la présidentielledu4mars. Il a été forméà l’exerci-cepar LeCitoyenélecteur, une

ONGréputéepour son sérieuxàMoscoucommeenprovince.Avec sa collègueGalina, il s’est ins-tallé auplusprès des urnes trans-parentes et neperd riende ce quise passe.

«On a déjà eu un vote en grou-pe tôt cematin, une vingtaine demilitaires avec leur sergent. Enpartant, l’un d’eux nous a expli-qué qu’ils étaient pressés, le busles attendaient pour aller voterdans d’autres bureaux en ville»,explique l’entrepreneur en costu-me-cravate.

CommeValeri, desdizainesdemilliersdeRusses se sontportésvolontairespoursurveiller ledéroulementduscrutinprésiden-tiel, enparticulieràMoscouetàSaint-Pétersbourg.Au-delàdeleurs convictionspersonnelles, lesobservateursréclament«unscru-tinhonnête», contrairementà cequi s’estpassé le4décembre2011,quand lesprésidentsdes commis-sionsélectorales, tousmembresdupartipro-PoutineRussieunie,

ont corrigé les résultatsdans lesensvoulupar leKremlin.

L’atmosphèreestplutôt sereinedans lebureaudevoteno85, ouseptobservateurssontprésents. Ilest 18heureset lamoitiédes2500inscrits adéjàvoté.«Poussez-vous, jenevoisplus l’urne, vousêtesdansmonchampdevision!»,ditGalinaàunhommecorpulentqui s’estplantédevantelle.

«Dispositif high-tech»Au-dessusdesa tête,deuxcamé-

ras filment lesmainsquiglissentlesbulletinsdans l’urne.«Cedispo-sitifhigh-techne sert à rien.Dès lafermeturedubureau,à20heures,les caméras serontéteintes.Or laplupartdes fraudesont lieuaprès,aumomentdudécomptedesvoixou lorsdu transfertdes résultatsvers les commissions territoriales»,ditAndreï, 50ans,unhabitantduquartierqui aéludomicilepour lajournéedans lebureaudevote.

Sansêtreobservateurdéclaré,Andreï surveille laprésidentede la

commissionélectoraledu lieu,Olga Ianouchonok,commele laitsur le feu. Laveille ausoir, il estvenuépier les alléesetvenuesdecettemilitantedeRussieuniedanslebureaudevote, postéà la fenê-tre, dans l’ombrede la rue.«Jememéfiecar le 4décembre il yaeu icibeaucoupde falsifications; résul-tat, Russieunieaobtenu78%desvoix, bienplusque lamoyennenationale», se justifie-t-il.

AndreïKorobtchenko, 21 ans,étudiant à l’Ecoledes hautes étu-des en économie (VCHE) deMos-cou, est observateurpour le partidémocrate JusteCausedu candi-dat SergueïMironov. Lui aussiprend son rôle très au sérieux.C’est la première fois qu’il estobservateur. Il y a troismois, lemotpolitique rimait pour lui avec«magouilles, ennuis, opacité». Lesgrandesmanifestationsdedécem-bre l’ont «réveillé».

Il n’a jamais aiméVladimirPou-tinemais segardaitbiende ledire.Désormais, il fait corpsavec ceux

qui réclamentdes têtesnouvellesauxcommandesdupays.«Lepire,c’estquePoutinenous ignorealorsquenous sommes la classecréative,aucontraire, il nous esthostile»,déplore le jeunehomme.

Mais, au fait, pourqui a-t-ilvoté?«Jusqu’auderniermomentjene savaispas, j’hésitaisentre lecommunisteGuennadiZiouganovet lepopulisteVladimir Jirinovskialors j’ai jouéàpileou faceet c’esttombécôtéZiouganov. J’ai votépour luimais jen’aimepas sesidées», explique l’étudiantenmanagement,biendécidéàmani-festerplacePouchkine, lundi5mars, à l’appelde l’opposition.

Non loinde lui se tientPiotrGri-gorievitch, 70 ans, observateurduParti communiste.A-t-il votépourM.Ziouganov? «Non, pourMironov [arrivédernier avec 3%des suffrages].Ziouganovauraitdû laisser sa place àun jeune, iln’est pas intelligent», fait remar-quer le vieil homme.p

M.Jé.

MoscouCorrespondante

D resséesur laplaceduManè-ge depuis la veille, la scèneattend la vedette de la soi-

rée, Vladimir Poutine, 59 ans, élupour un troisième mandat, avec63,66% des voix, au premier tourdu scrutin présidentiel, dimanche4mars. A 23heures, il arrive. Dixpour cent des suffrages exprimésviennent d’être dépouillés maistout le pays sait queM.Poutine, aupouvoir depuis douze ans, revientauKremlinpour sixans.

Prenant la parole devant prèsde100000représentantsdelajeu-nesse poutinienne, le numéro unrusse en pleure d’émotion, les lar-mes coulent, sa voix est mécon-naissable.

«Cette élection était un test dematurité, elle a montré qu’on ne

peut rien nous imposer, et que lesélecteurs savent distinguer entre ledésir de nouveauté et les provoca-tions politiques dont le but est dedétruire notre Etat et d’usurper lepouvoir», proclame M.Poutine,rappelantquela lutteaété«ouver-te et honnête».

Le chef de l’Etat russe se livrealors à un exercice de questions-réponsesaveclafoule,unefaçondefaire empruntée à son détracteurnuméro un, l’opposant AlexeïNavalny. Le blogueur, coqueluchedelajeunesseetdesclassespopulai-res, interpelle toujours son publicen ponctuant ses phrases de «ouiounon?».Atelpointquele«ouiounon?»deNavalnya été adoptéparquelques Russes comme sonneriepour leurportable. VladimirPouti-neusedumêmeprocédé. Il interro-ge «Nous avons vaincu?» «Oui!»,répondent les jeunes poutiniens

avec ardeur, ce qui ajoute à l’émo-tiondu futurmaîtreduKremlin.

Dès l’aube, dimanche, les Mos-covites ont vu débarquer les busde ces jeunes provinciaux invitésdanslacapitalepourfêterlavictoi-re du «père de la nation». Au cen-tre-ville, le dispositif policier étaitsi dense qu’on eût dit que l’étatd’urgence était déclaré : policiersalignéssurtroisrangsdevant l’Ho-tel National ; cordons de policedevant laDouma (laChambrebas-se du Parlement), sur la placeMaïakovskietauxabordsdelapla-ceRouge;militairesetforcesantié-meutedevantlamairiedeMoscouet sur la place Pouchkine.

Plus discrets, d’autres autobusontfait le tourdesbureauxdevotedimanche, déversant des flotsd’électeurs munis de «bulletinsvolants», qui viennent voter engroupes compacts sous la condui-ted’unchef.C’est cequi s’estpasséau bureau de vote 2888 de Stro-guino (nord-ouest deMoscou), où900électeurs sont inscrits.

«Une liste supplémentaire devotantsoccasionnelsavaitétépréa-lablement ajoutée dès le 29février.Dimanche, 1 300personnes, desouvriers en habit de chantier, sontvenuesmettreleurbulletindansl’ur-ne, escortées par leurs contremaî-tres», explique Piotr Mansilia,membre d’un «groupe mobile»chargé d’aider les observateursindépendants à se faire admettre

dans lesbureauxdevote. Cesgrou-pesontétémisenplaceparlemou-vement citoyenpour des électionshonnêtes, qui a vu le jour après lesfraudes aux élections législativesdu 4décembre 2011. La partie étaitdifficile, les jeunes volontairesmembres de ces groupes mobilesontétéharcelés,pourchassésetpar-fois tabassés.

C’estlecasd’ElisavetaKhlepiko-va, qui montre son cou zébré demarques rouges. Elle était venueaider les observateurs du bureaude vote de Jeleznodorojny (régiondeMoscou).Pourfinir, tousenontété chassés. Résolus à faire valoirleursdroits, ils sont allés à la com-mission électorale territorialesituéedans le bâtimentde l’admi-nistration locale au centre-ville.

«Un policier était assis derrière

un guichet dans le hall d’entrée, ilnous a dit de rester là et de mettrenotre plainte par écrit. Puis il a fer-mé les rideaux de son local. Quatrecostaudsensurvêtementontdébar-qué, ils nous ont sortis en nous traî-

nant, moi par l’écharpe que je por-tais au cou et par les cheveux»,raconte-t-elle entre deux sanglots.Non, elleneporterapasplainte.«Aquoi bon, puisque ceux qui noustapent et ceux qui enregistrent laplainte sont lesmêmes.»

Laprésidentielle du4mars tout

commeleslégislativesdu4décem-breontconnuleurlotdefraudesetde tricheries : électeurs déplacésen groupes d’un bureau de vote àl’autre;voteàhuisclosdanslespri-sons, lescasernes, lesusines;bour-rages d’urnes et décomptes dou-teux. Des trésors de duperie ontétédéployéspar lesprésidentsdescommissions électorales de quar-tier, tous membres du parti pro-Kremlin Russie unie, pour entra-ver le travail des observateurs.

Le site Control2012.ru, mis enplacepourcomptabiliserlesinfrac-tions constatées par la Ligue desélecteurs, lepartidémocrateIablo-ko et les partisans dumilliardairecandidatMikhaïl Prokhorov, avaitcomptabilisé dans la nuit 5758casde tricherie.

«A Saint-Pétersbourg, de fauxobservateurs ont été installés dansdes bureaux de vote tandis que lesvrais étaient empêchés d’entrer», aexpliqué M.Prokhorov, arrivé en3epositionavec7,91%desvoix,der-rière le candidat communiste,Guennadi Ziouganov (17,18%). Lasurprise de ce scrutin joué d’avan-ce, c’était lui. Décrit comme la«marionnetteduKremlin»,l’hom-me s’est montré tout autre, expli-quant dimanche soir qu’il n’accep-terait aucun poste. « Je vais créermonpartiet lutterpourmefaireéli-reà la têtedupays», a-t-il confié.

Alorsquel’oppositioninformel-le appelle à unenouvellemanifes-tation, lundi soir place Pouchkine,la mobilisation risque de faiblir.Divisée, dépourvue de moyensfinanciers,privéedeleviers légauxet pacifiste, la rue moscovite sui-vra-t-elle l’appel de l’opposantAlexeï Navalny à «occuper les pla-ces en permanence»? Reste la voielégale. Le blogueur l’a reconnu, il«veut le pouvoir» et devrait créerune structure. La loi sur les partisvient justement d’être assouplie,uneconcessionrécentedurégime,troublé par la contestationambiante.p

Marie Jégo

Lenumérounrusseenpleured’émotion,

savoixestméconnaissable

L’oppositionrusseenquêtedestratégiepost-présidentielleDésignédenouveauprésident,dès lepremier tour, avecplusde60%desvoix,VladimirPoutineassureque l’électionaété«ouverteethonnête»

L’énergie est notre avenir, économisons-la !

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LeKremlin demande un réexamendu casKhodorkovski

70123Mardi 6mars 2012

Page 8: le journal le monde du 6-3-2012

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Le premierministre chinois,Wen Jiabao, lors de l’ouverture de l’Assemblée nationale populaireauGrand Palais du peuple à Pékin, le 5mars. NG HAN GUAN/AP

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D ans la Libyed’aprèsKadha-fi, enproie à la loi desmili-ces,même le sort des

morts est peuenviable. Unevidéoamateur,mise en ligne ceweek-end sur le réseau socialFacebook,montredes hommesarmésde kalachnikovs renverserà coupsdepied des stèles d’uncimetièremilitaire deBenghazi,où reposentdes soldatsduCom-monwealth, tombésdurant lasecondeguerremondiale.

Selon le ForeignOfficequi ajugé les faits «révoltants» tout enajoutantque «les autorités libyen-nes sont extrêmement choquéesaussi», les profanationsont étécommises les 24 et 26février.Quelque200 tombes auraient étésaccagéesdansdeux sites desenvironsdeBenghazi, le Bengha-ziWarCemeteryet le BenghaziBritishMilitaryCemetery. Les sol-dats qui y sont enterrés sont prin-cipalementbritanniques,maisaussi indiens, sud-africains, aus-traliens, canadiens et néo-zélandais. Ils ont été tuésdurantla campagnede Libyequi a oppo-sé, entre1941 et 1943, les troupesdugénéral britanniqueMontgo-mery aux forces de l’Afrikakorps,commandéespar lemaréchal alle-mandRommel.

Dansun communiquéendatedu 28février, le Conseil nationalde transition (CNT), qui gère laLibyepost-révolutionnaire, s’estengagé à retrouveret punir lescoupables.«Cet acte ne reflète pasle sentimentde l’opinionpubliquelibyenneparce que l’islamappelleau respect des autres religions»,écrit le CNT. Les attaquespour-raient êtreune réactionà l’épiso-dedes coransbrûlés pardes sol-dats américainsenAfghanistan,

à la fin dumois de février.Sur la vidéo, tournée enplein

jour, on voit un grouped’hom-mesdéambulerdans les allées ducimetière, le visage à découvertpour certains, qui s’acharnentàcoupdepieds contre les pierrestombales.«C’est la tombed’unchrétien», s’exclame l’und’eux.«Ce sont des chiens», lâcheunautre.Une stèle frappéed’uneétoile deDavid est déterrée à lamain.«Viens voir les inscriptionssur celle-là, dit unevoix.C’estmar-qué enhébreu.» Les vandales sedéchaînentparticulièrementcontreune grande croix commé-morativeenpierre. Accrochés àuneéchelle dressée contre elle, ilsl’attaquentà coupsdemasse.

Milices salafistesCetteboufféede fureur collecti-

vedevrait relancer les inquiétu-des, dans les pays occidentauxqui ont contribué à la chute deMouammarKadhafi, sur lamon-tée enpuissancedesmilices enLibye, dont certaines suiventuneligne intégriste. Peu après le ren-versementduGuide libyen, desgroupes salafistes, partisansd’unislamultra-rigoriste, avaientdétruit des sanctuaires soufis,estimantque leur culte relève del’idolâtrie, donc dupaganisme.Minépar les divisions, le CNTéprouve les plus grandesdifficul-tés à désarmer cesmilices et à éta-blir sonautorité sur l’ensembledu territoire.Dansune interviewdonnée fin février à l’agenceAsso-ciatedPress,MoustaphaAbdelja-lil, le chef duCNT, avait reconnuqu’il faudrait «des années»poursurmonter l’héritage empoison-néde l’èreKadhafi.p

BenjaminBarthe

ABenghazi,lescimetièresmilitairesdesAlliéssaccagés

PékinCorrespondant

D e l’économie à l’armée, enpassant par l’éducation, lemonde rural et la politique

étrangère, le premier ministrechinoisWen Jiabao a ouvert, lundi5mars, la session annuelle dedixjours de l’Assembléenationalepopulaire (ANP) par son tradition-nel «rapport de travail», un longbilan de l’année écoulée, et sur-tout, une exposition des objectifschiffrés, des défis à relever et desréformesà réaliser pour 2012.

Le texte doit servir à l’élabora-tion du nouveau budget qui seravotépar l’ANP, conçue essentielle-mentcommeunechambred’enre-gistrement des projets présentéspar le parti.

Les quelque 3000 «représen-tantsdupeuple», réunis auGrandPalais du peuple, place Tianan-menàPékin,pourécouterM.Wen,verront leurmandats’achevercet-te année. M.Wen, le présidentHuJintao,ainsiquelamajeurepar-tiedeshautsresponsablesdupartidevront céder la main à une nou-velle équipe dirigeante lors du18econgrès du Parti communiste,enoctobre.

L’imminencedelatransitionausommetconfèredoncunesolenni-té particulière à la nouvelle ses-sionparlementaire, alors que tousles regards se portent vers les suc-cesseurs désignés (Xi Jinping etLiKeqiang) et les différents candi-datsen licepour lespostesvacantsduparti – commeBoXilai, le flam-boyantpremiersecrétairedupartide Chongqing, aux prises avec unembarrassant scandale politiquedepuis la tentativededéfectionauconsulat américain de son brasdroit, en février.

La nouvelle du suicide, samedi3mars, d’un ancien responsable

duparti de Chongqingà la retraitea en outre renouvelé les spécula-tions sur l’existence d’une enquê-te anticorruption menée depuisPékin au seindu fief deM.Bo.

Le premier ministre chinois aconsacré la plus grande partie deson exposé aux questions écono-miques et annoncé un objectif de7,5%decroissanceduPIBpourl’an-née 2012, en conformité avec ladynamique «de transformationdumodèle de développement éco-nomique» vers la consommationque le gouvernement chinois aimpulsée ces dernières années. Ils’agit «d’accélérer cette transfor-mation»etdeparvenirà«undéve-loppement de plus haut niveau etde meilleure qualité sur une pluslongue période», a expliqué Wen

Jiabao, qui a maintes fois fustigélors de son dernier mandat la«non-durabilité» du développe-ment chinois en raison des excèsqu’il génère. La croissance chinoi-se a été de 9,2%en 2011.

Les recommandations de WenJiabao pour l’année à venir rési-dentessentiellementdanslaconti-nuitédesmesuresd’aggiornamen-to socialmises en place par l’équi-pe dirigeante: l’éducation, l’inno-vation,ainsique la sécuritésocialedoivent continuer à bénéficierd’importants subsides. Enfin, legouvernement commencera àmesurer les particules de moinsde 2,5 micromètres dans les gran-des villes chinoises en 2012 – unemesure qui répond au tollé soule-vé en 2011 par l’absence d’unemétrologieadaptéeà l’airviciédesagglomérationschinoises.

M.Wenainsistéaussisurlepro-blème des terres dont les paysanschinois sont régulièrement spo-liésauprofitdedirigeantscorrom-pus–aumomentmêmeoù les vil-

lageoisdeWukan,dans le sudde laChine, viennent d’organiser avecsuccès des élections libres afin detenter de reprendre possession deleurs terres. «Les droits des pay-sans (…)sontdesdroitsdepropriétéconférés par la loi, et ces droits nedoivent être violés par personne»,a-t-il déclaré. Le premier ministrea évité toutefois de se prononcersurlanécessitédesréformespoliti-ques,un sujetqu’il aplusieurs foismis publiquement en avant maisquirestetaboudans lecontextedel’ANP. «On ne peut que constaterune nouvelle fois que la réformepolitiquenefaitpaspartiedesprin-cipauxsujetsdediscussion»,déplo-re HuXingdou, un professeurd’université spécialiste des ques-tionspolitiques et économiques.

Surleplanmilitaire,WenJiabaoa argué de la nécessité pour laChine de «renforcer les capacités»de son armée à « remporter desguerres locales dans les conditionspropres à l’âge de l’information»,en justification de la hausse dubudget de l’armée de 11,2% atten-due pour 2012, un peu moinsqu’en2011. Ledeuxièmebudgetdedéfensedumondedépasserapourla première fois les 100milliardsde dollars (près de 76milliardsd’euros). p

BricePedroletti

Pakistan

LePakistandemandel’arrestationdel’ancienprésidentPervezMusharrafISLAMBAD.LePakistanademandéà Interpold’émettreunmandat d’ar-rêt contre l’ancienprésidentPervezMusharraf, en exil entre Londres etDubaï, pour l’«assassinat»de l’ancienpremierministreBenazirBhutto.Leministrepakistanaisde l’intérieur,RehmanMalik, a confirmé,diman-che4mars, l’envoid’un courrier en ce sens.MmeBhutto a été tuée le27décembre2007dansunattentat lors d’unrassemblementélectoraldans labanlieued’Islamabad.Le généralMusharraf, arrivé aupouvoirparun coupd’Etatmilitaire en 1999et destituéenaoût2008, avait indi-qué, fin 2011, qu’il entendait revenir auPakistanpour créerunparti poli-tique. Islamabadassurequ’encas de retour, il serait arrêté. – (AFP.)p

Syrie La répression du régime gagne le centre du paysDAMAS. L’armée syrienne a violemmentbombardé, dimanche4mars,Rastan (centre) pour en chasser les combattants rebelles. Selon l’Obser-vatoire syriendes droits de l’homme, cette attaquea causé lamort desept civils dont quatre enfants. Par ailleurs, l’armée interdisait toujourslundi l’accèsduquartier de BabaAmroàHomsauComité internationalde la Croix-Rougeaprès en avoir repris le contrôle le 2mars. – (AFP.)

CongoExplosionmeurtrière dans undépôt d’armesBRAZZAVILLE.Aumoins 146personnesont été tuées,plusde 1500bles-séesetdenombreusesmaisonsdétruitespar cinqexplosions,dimanche4mars, dansundépôtdemunitionsàBrazzaville, la capitale.Un incendiese seraitdéclarésuite àuncourtcircuit. Selondes sources locales,denom-breusesvictimes seraientencoreensevelies sousdesbâtiments,dontuneéglisequi s’est écrouléeenpleinoffice.– (AFP.)

AlgérieAttentat contre une garnison à TamanrassetALGER.Unattentatà lavoiturepiégéeaétéperpétré, samedi3mars,contreunebrigadedegendarmerieàTamanrasset,dans le sudde l’Algé-rie, faisant23blessées.Cetteville abrite,depuis2010,unétat-majorcom-muncréépar l’Algérie, leMali, laMauritanie, et leNiger. L’attaqueaétérevendiquéepar leMouvementunicitéetdjihadenAfriquede l’Ouest(MUJAO),unedissidenced’Al-QaidaauMaghreb islamique. LepremierministreAhmedOuyahiaaassuré sadéterminationà«combattre le terro-risme jusqu’àsonéradication». – (AFP.)

Unesco

«LesAméricainsdoiventpayer»PARIS. La directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, tente deconvaincre les Etats-Unis de revenir sur leur décisionde suspendreleur quote-part à cette organisation – 60millions de dollars (45mil-lions d’euros), soit 22% de son budget régulier – fin octobre, suite à l’ad-missionde la Palestine comme 195e Etatmembre. Invitée de l’émission«Internationales» de TV5Monde,MmeBokova considère que « les Amé-ricains doivent payer» auminimumleur contributionde 60millionsde dollars pour 2011, étant toujoursmembres à part entière. L’Unesco adû réduire de 29% son budget pour 2012-2013. Plusieurs programmessont suspendus.Néanmoins, le nouveau systèmed’alerte aux tsuna-mis en Asie et dans les Caraïbes a pu êtremaintenu grâce à un fondd’urgence créé après la décision américaine. La Chine s’est engagée àverser huitmillions de dollars pour la formationdes enseignants enAfrique. pMartine Jacot

Laprochainetransitiondonneunesolennitéspécialeàlasessionparlementaire

LesvillageoisdeWukan,qui sesontsoulevés fin2011aprèsavoirperdu l’ensemblede leurs terres,ontélu leursnouveauxdirigeants,dimanche4mars, au termed’unprocessusélectoral qu’ilsontpucontrôlereux-mêmes. Lenou-veaucomitéduvillageest compo-sédesprincipauxchefsde la révol-te. LinZuluan, uncadreà la retrai-tequi joua le rôlemédiateurentrelesvillageoiset lesautorités, a

étédésignéchefduvillage. Troisjeunescontestatairesemprison-nésendécembre2011ontégale-mentétéélus.Si lesnouveauxdiri-geantsvontdevoir sebattrepourrécupérer les terresduvillage, lesuccèsdecetteélectionruraleestconsidérécommeuntour-nant,puisqu’ilmontreunenouvel-levoiede résolutiondesproblè-mesde terres, sourcedemilliersderévolteschaqueannée.

DevantleParlementchinois,WenJiabaoévited’évoquerlesréformespolitiquesLepremierministreaouvert, lundi 5mars, la sessiondedix joursde l’Assembléenationale

AuSénégal, lerivaldeM.WadeaccumulelesralliementsLeprésident sortantdoitmobiliser lesabstentionnistesdupremier tourpourespérerêtre réélu

Les villageois deWukan ont élu leurs représentants

E n homme politique aguerriparunetrès longuecarrièreàla tête de l’opposition puis

au sommet de l’Etat, AbdoulayeWade (86 ans), candidat à un troi-sièmemandat, sait ce qui pourraitle faire perdre (dans deux ou troissemaines) lors du second tour dela présidentielle: les politologuessénégalais appellent cela le «syn-dromeAbdouDiouf».

Cette expression renvoie à ladéfaite de l’actuel secrétaire géné-ral à la francophonie, AbdouDiouf, lors de la présidentiellesénégalaise de 2000 à laquelle ilfut largement battu par… Abdou-layeWade. A cette époque, au soirdu premier tour, Abdou Dioufavaitdéjà fait le pleindevoix (41%desvoix). Trois semainesplus tardlors du duel final, il n’affichait pasun seul point de plus. Il quittaitalorslepouvoir,payantainsi la las-situde des Sénégalais après deuxdécennies de gouvernance immo-bileetquaranteannéesdepouvoirsocialiste exercées sans disconti-nuer depuis l’indépendance del’ancienne colonie française.

Pour d’autres raisons, on se ditqu’Abdoulaye Wade pourrait

vivre lamêmemésaventure, dou-ze ans plus tard, si l’on se fie aunombre de ralliements qui s’opè-rent en faveur de Macky Sall(50ans) depuis le premier tour du26février,à l’issueduquel lesdeuxhommes ont obtenu respective-ment 34,82% et 26,57%des voix.

Abdoulaye Wade voit à nou-veau déferler sur lui le Mouve-ment du 23 juin (M23). Ce très lar-ge front contestataire associantdes partis politiques de tousbords, des organisations de lasociété civile et les rappeurs de«Y’en a marre», influents auprèsdes jeunes, avait durant des moiscontesté sa gouvernance puis lalégitimité de sa candidature à untroisièmemandat.

L’unité du M23 avait ensuiteéclaté au fur et à mesure que lesdirigeants des différents partispolitiquesmembresduM23endos-saient leurs boubous de candidatsà la présidentielle. D’alliés, ilsétaient devenus concurrents. Jus-qu’au soir dupremier tour.

Depuis, ils se rangent derrièreMacky Sall sous unmême slogan:«Sortir le sortant !» «Nous avonstoujours dit que la candidature

d’AbdoulayeWadeétaitinconstitu-tionnelle. Puisqu’il a eu recours àdesrusespour l’imposer,nousutili-serons les urnes pour le faire par-tir ! », a expliqué Alioune Tine, lecoordonnateurduM23.

Poids des abstentionnistesDe trahisons en reniements,

AbdoulayeWade a accumulé tantde défiance qu’il a réussi à effacerles frontières idéologiques.MackySall, libéral consensuel, se trouveainsi soutenu par les deux candi-dats socialistes du premier tour.«Nous allons battre campagneensemble, car nouspartageonsdesconvictions (…). Nous allons tra-vailler ensemblepourque la chartede bonne gouvernance démocrati-quesoitappliquée», adéclaré,ven-dredi 2mars, le patron du PS, Ous-mane Tanor Dieng (11,3% desvoix).Peuauparavant,MoustaphaNiasse (13,2% des suffrages), socia-liste également, avait pris à peuprès lemêmeengagement.

Lesluttesd’égoconnaissentaus-si une trêve. L’ancien premierministre libéral Idrissa Seck(7,86%), longtempsprésenté com-me « le dauphin» d’Abdoulaye

Wadeavantdetomberendisgrâce,soutient dorénavant «sans condi-tion»sonfrèreennemiMackySall.Idem de la part de YoussouN’Dour, la star internationalede lachanson,candidatmineurà lapré-sidentielle écarté d’une façoncontestablede lacourseélectorale.

Sur le terrain de la jeunesse,Macky Sall pourra surtout comp-ter sur l’appui des rappeurs de«Y’en a marre» à l’origine d’unmouvement de réveil desconsciences civiques.

«Nous appelons tous les jeunesSénégalaisàvotermassivementausecond tour et à ignorer les bulle-tins au nom de Wade parce qu’iln’estpas,ànosyeux,uncandidat»,s’est engagé Fadel Barro, l’un desfondateursdumouvement.

En face, Abdoulaye Wade nepeut compter que sur son socleélectoral et rêver que les absten-tionnistes du premier tour (plusde 40%) se mobilisent en safaveur.Cequiest loind’êtregagné,sachant que la dynamique a chan-gé de côté, depuis longtempsdéjà.Le « syndrome Abdou Diouf »menace.p

ChristopheChâtelot

Page 9: le journal le monde du 6-3-2012

planète

70%des enfants que nous soignons,ne sont pas à jour de leurs vaccinations.

Il y a des politiques qui rendent malade!

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Conceptionetréalisation:

–Photographe:Pierre-EmmanuelRastoin.

Airbus, présent lors du Salon de l’aéronautique de Singapour, le 16février, pourrait perdredes commandes si l’UEmaintient sa taxe carbone. ROSLAN RAHMAN/AFP

Berlin, BruxellesCorrespondants

L espressionsde laChine, de laRussie et des Etats-Unisauront-ellesraisonde ladéci-

sion européenned’obliger, depuisle 1er janvier 2012, les compagniesaériennes opérant en Europe, àacheter l’équivalent de 15% deleursémissionsdeCO2–soit32mil-lions de tonnes – pour luttercontrelechangementclimatique?Berlin est en tout cas favorable àune remise àplat dudossier.

Vendredi 2mars, la presse alle-mande faisait état d’une informa-tionselonlaquelleHongKongAirli-nes, filiale du transporteur chinoisHainan Airlines, pourrait annulersa commandededixgros-porteursAirbusA380enraisondudifférendqui existe entre la Chine et l’Unioneuropéenne (UE) sur le sujet. Alorsque la taxe doit rapporter 256mil-lionsd’eurosen2012, lacommandes’élèverait, elle, à 2,4milliardsd’eu-ros, environ…

Dans la foulée, un porte-paroleduministère allemand de l’écono-mieindiquaitque«lesconflitscom-merciauxinternationauxdoiventàtoutprix être évités. Leministère del’économie attend que la Commis-sionmènerapidementdesnégocia-tions avec les Etats concernés afind’apaiser la situation». On ne sau-rait êtreplusclair.

Les compagnies soumises à lanouvelle législation européennedevront payer la taxe en avril2013

sous peine d’être interdites de volenEuropeoud’acquitteruneamen-de de 100 euros par tonne de CO2.Mais la Commission espère ne pasenarriver là.

Enréponseauxcritiquesvenuesde l’extérieur, Connie Hedegaard,commissaireeuropéenneàl’actionpour le climat, avait indiqué, dès le17février, que l’UE ne reverrait passadécision.

Officiellement,ellen’apaschan-géd’avis,mais lapositiondeBerlin«modifie sans doute la donne»,concède un haut fonctionnaireeuropéen. «Nous restons ouverts àla poursuite de discussions sur lapossibilité de prendre des mesureséquivalentes et de parvenir à unaccord global. En attendant, nousne modifions pas notre législa-tion », a réaffirmé, dimanche4mars, le porte-parole de la com-missaire. La question sera au cœurduconseileuropéendel’environne-mentdu9mars,quis’annoncehou-leux.

De leur côté, les opposants à lataxehaussentleton.Le22février,laRussie a annoncé qu’elle envisa-geait de limiter le survol de la Sibé-rie par les avions européens. LesEtats-Unis indiquent, eux, qu’ilsapprouvent l’objectif d’une réduc-tion des émissions, mais pas laméthodequiempêche,selonWash-ington, la conclusion d’un accordgénéral auxNationsunies.

Le gouvernement américainaffirme avoir «de fortes objectionsàlafoissurunplanjuridiqueetpoli-tique» à l’initiative européenne.Pékin a interdit aux compagnieschinoisesdesesoumettreàladirec-tiveeuropéenne.

Au total, 29pays–dont le Japon,leBrésil, l’Indeou laCoréeduSud–ont signé, à Moscou, le 22févrierune déclaration réclamant le

report ou l’annulation de la déci-sioneuropéenne.

C’est, désormais, une véritableguerre commerciale qui menace,avecun catalogued’unedizainedemesuresderétorsionqui,dansl’im-médiat, pourraient viser lesprinci-pales compagnies européennes,dontAir France.

ThierryMariani,leministrefran-çais des transports, a confié soninquiétude quant à une menacepour la compétitivité de l’Hexago-ne. Le 13février, TomEnders, prési-dent d’EADS, avait déclaré à Singa-pour: «Je dois dire que je suis vrai-ment inquiet (…). J’ai vu la positionde la Chine, de la Russie, des Etats-

Unis,de l’Inde,etcequiacommencécomme solution pour l’environne-ment est devenu une source poten-tielledeguerre commerciale.»

L’espoirde lacommissaireeuro-péenne de voir l’Organisation del’aviation civile internationale(OACI) formuler, comme elle le

réclamait,despropositionsalterna-tives, semble s’évanouir. Les res-ponsables du secteur affirmentqu’ils recherchent un consensussur cette question depuis quinzeans et objectent qu’ils n’ont pas,dansuncontextetrèsdifficilepourleur activité, à jouer les pionniers,

alors que le transport aérien nereprésente finalement que 3% dutotal des émissions polluantes.L’OACI a toutefois promis un nou-veau rapport et des propositionsconcrètespour2013. p

Frédéric Lemaîtreet Jean-Pierre Stroobants

Berlinveutrenégocier lataxesurlesémissionsdeCO2danslecieleuropéenL’Allemagnecraint lesmesuresderétorsioncommercialesannoncéespar laChineet laRussie

HongKongAirlinespourraitannulersacommande

dedixAirbusA380

Lacommissairechargéeduclimatdeplusenplusisolée

BruxellesBureau européen

Lapositionde l’Allemagnesur lataxationdescompagniesaérienneisoleunpeuplusConnieHede-gaard, la commissaireeuropéenneà l’actionpour le climat. L’ancien-neministrede l’environnementduDanemarknedisposemêmepasdusoutiendesonpays,quiexerceactuellement laprésidencetournantede l’Union.MartinLide-gaard, leministredanoisde l’éner-gieetduclimat, indiquait ainsi finjanvierqu’il n’entendaitpas forcerunedécisiondesVingt-Sept surune réductionde 30%d’ici à 2020desémissionseuropéennesdegazàeffetde serre.A ce jour, c’est l’ob-jectifdes20%quiestmaintenu,contre l’avis deMmeHedegaard,quiaimeraitobtenir 30%.

L’Allemagne–commelaFran-ce– souligne le risquedevoir l’UEfairecavalier seul sur leplanmon-dialetnéglige lesargumentsde lacommissairesur le coût,plusréduitqueprévuinitialement,affir-me-t-elle,d’unpassageaux30%.Lacriseéconomiqueestpasséeparlà, relançant le thèmede lanéces-sairecompétitivitéeuropéenne.

«Pause»En2010,Berlinavait contrecar-

ré ladémarchedeMmeHedegaardsur la relancedesnégociationsconcernant le changementclimati-queaprès l’échecde la conférencedeCopenhague.L’Allemagneavait

réclaméune«pause»pouréviterdenouvellesdélocalisationsd’in-dustriespolluantes, tantque lesgrospayspollueursn’annonce-raientpas leurspropresengage-ments.MmeHedegaardadûconcé-derà l’époqueque lesoffresdesEtats-Unisetdespaysémergentsn’étaientpasassez«précises».

Legouvernementallemandetlesmilieux industrielsavaientaus-si affiché leur scepticismeà l’égarddespropositionsde JanezPotoc-nik, le commissairechargéde l’en-vironnement,partisandudévelop-pementd’une fiscalitéverteenEuropeafinde taxerdavantage lesindustriels lespluspolluants. L’in-dustrieallemandede l’automobilecraintqu’unesurtaxationdes car-burantsne lapénalise.

Querestera-t-il, in fine,de la stra-tégieeuropéennequiviseàuneréductionde80%desémissionsdomestiquesd’ici à 2050, soitunediminutionde54%à67%pour leseul secteurdes transports?LesEtats refusent l’idéed’objectifscontraignants, tout enmainte-nant,officiellementdumoins, lesobjectifs fixés. La semainederniè-re,MmeHedegaardaunenouvellefoisplaidépourun«résultat tangi-ble»deRio+20, la conférencedesNationsunies sur ledéveloppe-mentdurablequi se tiendraauBré-sil en juin.Mais, pouréviter l’énon-cédebonnes intentions, elle aconvenuqu’il yavait«encorebeau-coupde travail àaccomplir».p

J.-P. S.

90123Mardi 6mars 2012

Page 10: le journal le monde du 6-3-2012

planète

MexicoCorrespondance

C ’est le plus grand appel d’of-fresdebiogazaumonde!», aannoncélemairedeMexico,

Marcelo Ebrard, en lançant, le27février, un concours internatio-nalpourlaconstructiond’unecen-trale électrique alimentée par lesdétritusduBordoPoniente,princi-pale déchetterie de cette mégalo-pole de 20millions d’habitants. Leclou d’un ambitieux plan écologi-quepour dépolluer la capitale.

L’usine valorisera leméthane etlesautresgazgénérésparladécom-position des 68millions de tonnesde déchets entassées durant dix-septans dansunedesplus grandesdécharges à ciel ouvert du monde(375 hectares), fermée le 19décem-bre. Une cinquantaine d’entrepri-ses–mexicainesetétrangères–spé-cialisées dans la transformationdes biogaz en combustible et enélectricité s’intéresseraient à cetteconcession de vingt-cinq ans. Lechoixduconcessionnaireestprévufinjuin,etlamiseenservicedel’ins-tallation en 2013. « Sa capacitédevrait atteindre entre 15 et50gigawatts, selon les projets quiseront présentés par les entreprisescandidates», a déclaré FernandoAboitiz, maire adjoint chargé desouvrages publics. L’électricité pro-duite sera destinée à l’éclairageurbain et à la nouvelle ligne12 dumétro, inauguréecette année.

Marcelo Ebrard a assuré que sesadministrésnepaierontrien.Finan-cépar le secteurprivé, leprojet feraappel à la technologie la plus avan-cée. La mairie aura une participa-tion minoritaire dans la sociétécrééepar legroupequi remporteralemarché. Le contrat prévoit aussile traitement du lixiviat, matièreliquide issue de la décompositiondesdéchetsquipolluent les sols.

L’assainissement du BordoPonienteest unedesmesurespha-resdu«planvert»,lancéparlemai-reen2007contreleréchauffement

climatique. En décembre 2011, lafermeture du site avait pourtantprovoquélasaturationduramassa-ge des ordures, créant des monta-gnes de détritus dans une ville quiproduit 12600tonnes de déchetspar jour.

De quoi égratigner l’image d’unédile à l’avant-garde de l’écologieurbaine, lauréaten2010duprixdumeilleurmairedumonde,décernépar la fondation internationaleCityMayors.

Opération lucrativeAujourd’hui, l’ampleur du pro-

jet de biogaz redore le blason del’élu. «Il permettra de diminuer lapollutionatmosphériquede 1,4mil-lion de tonnes de CO2», se féliciteMartha Delgado, maire adjointechargée de l’environnement.«Mexico a déjà réduit de 5,8mil-lions de tonnes ses émissions dedioxyde de carbone entre2008 et2011, soit 80% de l’objectif final deréduction de 7millions de tonnesd’iciàlafindumandatdumaire,endécembre2012», souligne-t-elle.

Outre son intérêt écologique,l’opération sera lucrative pour laville qui prévoit de négocier le CO2

non émis sur les marchés des cré-dits carbone. Sans compter les éco-nomies faites sur l’éclairage desvoies publiques. «L’énorme volu-medesdéchetsàtraiterrendaussilecontrattrèsalléchantpourlesentre-prises du secteur», commente JulioTrujillo,professeurdedroitde l’en-vironnementàl’Universitéautono-meduMexique.Mais«lafermeturedu Bordo Poniente ne règle pas leproblèmedesdécharges illégales».

Pis, le 2mars, la Commissionnationaledel’eau(Conagua)aaccu-sé lamairie de négligence vis-à-visdes risquesdepollutiondes solsdela déchetterie par le lixiviat. Letempspressepournepascontami-ner les nappes phréatiques, le pro-jet municipal étant de convertir,danstrenteans, cettemonstrueusedéchetterieen«zoneverte».p

Frédéric Saliba

Mexicovaproduiredel’électricitéavecsesdéchetsUneusinevalorisant lebiogazd’unedéchargegéanteserviraàéclairer lacapitalemexicaine

ABuenos Aires, le 20 janvier, desmanifestants protestent contre le projetminier de Famatina,dans la province de La Rioja, à 1222kmaunord-ouest de la capitale. SERGIO GOYA/AFP

«Lesindigènesontdesdroitsspécifiques»

Intempéries

Destornadesdévastatricesfontprèsde40mortsauxEtats-Unis

La vaguede tornadesqui a ravagé leMidwest américain a tué aumoins38personnes, selonunbilan établi, dimanche4mars, par les Etats de cet-te large bande centraledes Etats-Unis. Vendredi, près de 80 tornadesontparticulièrement frappé le Kentucky, l’Indiana, l’Ohio, le Tennesseeet l’Illinois. Des phénomènesmétéorologiques similaires avaient déjàfait 13morts plus tôt dans la semaine. Camionsemportés commedesfétusdepaille,maisons entièrement rasées, écoles, casernes depom-piers, prisons et autres bâtimentspublics détruits, routes et lignes élec-triques coupéesont été signalésunpeupartout.LeKentucky est l’Etat le plus touché, avec 19morts, 300blessées et plu-sieurs dizainesdemilliers de personnes sans électricité. Plusieurspeti-tes villes ont été quasiment rayées de la carte. Dans l’Indiana,Marys-ville –1900habitants– «n’existe plus», a dit le sénateurDanCoats surCNN. Le servicenational demétéorologie a indiqué avoir reçu 83 alertesaux tornadespour la seule journéede vendredi, soit un total de 133depuis le début de la semaine–une situation inhabituellepour cette sai-son, provoquéepar le redouxprécoce. Les tornades ont provoqué lamortde 545personnes en 2011 auxEtats-Unis, un recorddepuis 1936,selon le servicenational demétéorologie.–(AFP.) p PHOTO : REUTERS

Reportage

Lima etBuenosAiresCorrespondances

A Catamarca,l’unedesprovin-ceslespluspauvresd’Argen-tine, au nord-ouest de Bue-

nos Aires, la population est sur lepiedde guerre. La plupart des rou-tes sont coupées depuis plusieurssemaines par des centaines demanifestantsquis’opposentàl’ex-ploitation par l’entreprise cana-dienne Barrick Gold de la mine àciel ouvert «la Alumbrera». Dansla province voisine de La Rioja, leshabitants manifestent contre unautreprojet,delacompagniecana-dienne Osisko Mining Corpora-tion, dans leNevadode Famatina.

«L’eau est plus précieuse quel’or» : c’est le cri de ralliement lan-cé dans l’ensemble de l’Amériquelatine par communautés paysan-nes, écologistes et scientifiquesquidénoncentl’impactenvironne-mental et social de l’exploitationdesmines à ciel ouvert. Outre desexplosifs, ces chantiers utilisentducyanurepourextraire lesmine-rais et d’énormes quantités d’eau.La Alumbrera consomme jusqu’à100millionsde litrespar jour.

Au Pérou, début février, unegrande«marchenationale» a réu-niàLimaplusieursmilliersdeper-sonnes venues défendre l’eau deleur région qu’elles estimentmenacée par l’expansion desconcessions minières qui occu-pentunegrandepartieduterritoi-re. Au cœur de la manifestation:l’opposition à Conga, immenseprojet minier qui prévoit d’assé-cherplusieurslagunesdeCajamar-ca dans le norddupays.

La ruée vers les richessesminiè-res du continent, parmi les plusimportantes de la planète, s’estaccéléréecesdernièresannéesaveclahausseducoursdesminerais. Laproduction d’or aurait augmentéde 6000% entre2003 et 2006 enArgentine. Au Pérou, premier pro-ducteur mondial d’argent, les

exportations minières ont battudes records en 2011, atteignant27,36milliards de dollars (20,7mil-liards d’euros), soit 59% du mon-tantdes exportationsdupays.

Source de revenus sans équiva-lent, le secteurminierestunenjeumajeur pour les gouvernementsqui y voient unemanne économi-que. De nombreux experts sou-tiennent en revanche que lamineà ciel ouvert génèrepeu de bénéfi-ces en comparaison des énormesgains des multinationales qui lesexploitent. Selon eux, cette activi-tén’a souventqu’unimpact limitésur l’emploi, le temps du cycleminier et essentiellement durantla constructiondu site.

Choix entre travail et santéAu Pérou, plus d’une centaine

de conflits sociaux sont d’originesocio-environnementale. Coincéedans les Andes péruviennes, à180km aunord-est de Lima, la vil-le d’Oroya illustre le dilemme. Les

quelque 33000 habitants récla-mentlareprisedesactivitésminiè-res, suspendues pour des raisonséconomiquesdepuis juin2009.

Unplan de restructurationpré-sentédébut 2012 pourrait permet-tre à Doe Run Peru, entreprise dugroupe américain Renco, de redé-marrer prochainement. «Les gensveulent travailler», admet EmmaGomez, de l’ONG Cooperaccion.Maiselles’insurgecontreunchoixforcé «entre le droit au travail et ledroit à la santé », évoquant lesmaladies respiratoires de nom-breux habitants ou le fort taux deplomb détecté dans le sang desenfants de la région. Bien qu’elles’y soit engagée en 1997, Doe RunPeru n’est pas venue à bout d’unprogrammevisantàréduirelapol-lutionprovoquéepar lamine.

Autre projet très polémique,celuidePascuaLama,àchevalentrel’Argentine et le Chili. Les écologis-tes dénoncent les dégâts que laminepourraitprovoquersurlesgla-

ciers,desdeuxcôtésde la cordillèredesAndes.«Lesactivitésagricolesetla vie des gens dépendent d’unapprovisionnement en eau doucequi vient des glaciers», rappelle lebiologiste argentin Raul Montene-gro.Leveto,en2008,delaprésiden-teargentineCristinaKirchneràuneloi de protection des glaciers quilimitait l’exploitation minière etpétrolièredansleszonesprotégées,aétécrucialpourlelancementdeceprojetd’1,5milliarddedollars.

La priorité étant d’attirer lesinvestisseurs, les gouvernementsrelèguentausecondplanlespréoc-cupations environnementales.«Les délits de contamination sontignorés », se plaint AntonioGomez,procureur fédéral despro-vincesminièresdeCatamarca,San-tiago del Estero et Tucuman (nordde l’Argentine), dénonçant « l’im-punité des compagnies minières»et « la corruption du pouvoir judi-ciaire». Les études sur l’impactenvironnementalsontsouventfai-tes par les multinationales elles-mêmes. Et les ONG dénoncent lesmenaces dont elles font régulière-ment l’objet.

Promoteur d’une «mine res-ponsable», le président péruvienOllanta Humala assure que l’agri-culture et les projetsminiers peu-vent cohabiter. Mais ce discours adu mal à convaincre les popula-tions qui accusent les multinatio-nales de bafouer leurs droits et depolluer leurs ressources naturel-les. Elles réclament d’être consul-tées, comme l’exige la Convention169del’Organisationinternationa-le du travail. Au Pérou,une «loi deconsultation préalable» a été pro-mulguée en septembremais n’estpas entrée en vigueur. Des loissimilaires existent en Argentine,enBolivie,auChiliouenEquateur.Elles ne sontpas appliquées. p

ChrystelleBarbieretChristine Legrand

Unepollutionmassivedeslacs,desrivièresetdesmers

EnAmériquelatine, leboomminierengendredeplusenplusdeconflitsL’exploitationdesgisementsgénèredutravailmais raréfie les ressourceseneau

Entretien

BuenosAiresCorrespondance

La juriste argentineMaria Euge-niaDi Paola, directricede la Fonda-tion environnementet ressourcesnaturelles, précise les droits descommunautés indigènes face auboomminier enAmérique latine.Quellessont lesobligationsdescompagniesexploitantdesminessurdes territoires relevantdecommunautés indigènes?

Ces groupesdoivent respecterles traités internationauxsur lesdroitsde l’homme, ceux liés audroitde l’environnementmaiségalement les droits spécifiques

des communautés indigènes.Le traité 169de l’Organisation

internationaledutravail prévoitque lesgouvernementsdoiventsolliciter le consentement libre,préalableet informédes commu-nautésaffectéespar l’exploitation.LadéclarationdesNationsuniessur lesdroitsdespeuplesautochto-nesgarantit leurdroit ànepas êtredéplacés, le droit audéveloppe-mentet celuidemaintenir leurrelationspirituelleavec la terre.Cesmesures concernent-ellesle reste de la population?

Audroit deconsultationetdeconsentementdescommunautésindigèness’ajoutent les traités surlesdroitsde l’hommeet sur l’envi-ronnement. Ils impliquent ledroit

d’accèsà l’informationetà laparti-cipationdescitoyensdans lespri-sesdedécisionet sont applicablesà l’ensemblede lapopulation.Quelles sont les contraintesenmatière d’environnement?

Dans le cas de l’Argentine, lalégislationobligeàuneplanifica-tion, spatiale et temporelle, dudéveloppementduterritoireoùveuts’installerunecompagnieminière. Et ce, avant l’octroid’uneautorisationd’exploitationminiè-re.Cela impliqueuneévaluationde l’impactenvironnementaldel’activitéminièremais aussi ledroitdespopulationsàchoisir leurmodèlededéveloppement. p

Proposrecueillis parCh. Le.

LESGRANDESexploitationsminières sont à l’origined’unepol-lutionmassivede l’eau, selonunrapportpublié par deuxassocia-tions écologistes, Earthworks etMiningWatchCanada. Ces deuxorganisationsbasées àWashing-tonet àOttawa, spécialiséesdansle suivi des activitésminièresdans lemonde, rapportentqueplusde 180millionsde tonnesdedéchetsminiers sont rejetés cha-que annéedans les lacs, les riviè-res et lesmers.

Documentéepardes rapportsofficiels, denombreuxarticlesdepresseet plusde 100articles scien-tifiques, l’étude indiqueque cesrejets–d’unvolumedeplusd’unefoisetdemie celuidesordures

ménagèresdesEtats-Unis –contiennentdenombreuxpol-luants toxiques, tels l’arsenic, leplomb, lemercureou le cyanide.Ceux-ci empoisonnent la chaînealimentaire, ens’accumulantpro-gressivementà sonsommet.

Desgrandes compagnies étu-diées, seule BHPBilliton (Austra-lie) s’abstientdedéverser seseffluents et résidusminiersdansles rivières et les océans, s’autori-sant cependantdes rejets dans leslacs.Quantauxautres, parmi les-quellesdes géants commeRioTin-to (Angleterre-Australie),Vale (Bré-sil), BarrickGold (Canada)ouXstra-ta (Suisse), elles rejettent indiffé-remmentdans tous lesmilieuxaquatiques.

Mêmequand lepaysoù ellesont leur siège social bannit cespra-tiques, elles y recourentdans lespaysduSudoùelles opèrent.Troismines sont à l’originederejetsparticulièrementmassifs,dans laprovince indonésiennedePapouasieoccidentale, en Indoné-sie et dans l’Etat dePapouasie-Nouvelle-Guinée.

Des techniquespermettantd’éviter ces rejets existentpour-tant.Ainsi, onpourrait remettredans l’excavationexploitée lesproduitspolluants, ouencore réali-serun stockageà sec.Mais commecesprocédéssontplus coûteuxque le simple rejet dans l’eau, lescompagnies s’y refusentpourmaximiser leursprofits.

Soulignantqu’iln’estplusaccep-tablede rejeter lespolluantsdans«laplusprécieuse ressourcede laplanète: l’eau», les associationsrecommandentd’utiliserdes tech-niquesmoinsnuisibles,voiredecesser l’exploitationminière. EllesenappellentauxEtatspourmettreenplacedes législationset les fairerespecter.

Enparticulier, estiment-elles,«les gouvernementsdespays com-me lesEtats-Unis, laGrande-Breta-gne, leCanadaet l’Australie, quihébergent laplupartdesgrandescompagniesminières, devraient lesrendre responsablesdespollutionsaquatiques»qu’ellesprovoquentdans lespaysduSud.p

HervéKempf

10 0123Mardi 6mars 2012

Page 11: le journal le monde du 6-3-2012

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Nos inscriptionssont ouvertes.

C ampagne électorale ou pas,les juges chargés de l’affairede l’hippodromedeCompiè-

gne (Oise) ne relâchent pas la pres-sion sur Eric Woerth. Le 10janvier,en toute discrétion, les policiers delabrigadefinancière,mandatésparles juges Roger Le Loire et RenéGrouman, chargés du volet nonministérielde l’affaire, ont conduituneperquisitionausiègedel’UMP,rue deVaugirard à Paris (15e), où ilsse sont fait remettre la liste desfameux donateurs dits du «pre-miercercle»de l’UMP.

«Aprèsavoirprocédéà la lecturede cette liste, conclut le procès-ver-bal de synthèse, nous constatonsquen’y figurentni AntoineGilibert,ni Armand de Coulanges», soit lesdeux derniers présidents de laSociété des courses de Compiègne(SCC), à qui l’hippodrome a étécédé. Eric Woerth, qui s’apprêtaitalors à quitter leministèredubud-get, est mis en cause pour avoirautoriséle16mars2010lacessionàlaSCC,àunprixanormalementbas(2,5millions d’euros), d’un terrainde57hectaresintégrantl’hippodro-medeCompiègne.

Depuis sa révélation parLeCanard enchaîné en juillet2010,

l’affaire a prospéré. Saisie fin 2010par Jean-Louis Nadal, alors procu-reur général de la Cour de cassa-tion, la commission des requêtesde la Cour de justice de la Républi-que (CJR) a ordonnéen janvier2011l’ouverture d’une procédure pour«prise illégale d’intérêts» visantexplicitement M.Woerth. Depuisunpeuplusd’unan, les jugesd’ins-truction de la CJR – seule instancehabilitée à enquêter sur les délitscommis par les ministres – ontaccumulé les documents, mails etautres témoignages.

InsistanceAutantd’éléments,dontLeMon-

de a pu prendre connaissance, quiplacent l’ancien trésorier de l’UMP,pour le moment témoin assisté,dans une position extrêmementinconfortable. L’enquête de la CJRétabliteneffetquelaventedel’hip-podrome dit «du Putois» a été,tout au longde sonprocessus, par-semée d’anomalies, voire d’irrégu-larités. Le choix de la procédure degré à gré, notamment, paraît sus-pect. «L’absence de toute mise enconcurrence(…)estsoulignéeparlesdifférents responsables duministè-re de tutelle», expliquait dès le

16novembre 2010 M.Nadal dansses conclusions. Toutefois, le faitquece typedeventerelèveducodedudomainedel’Etatetnonducodedesmarchéspublics semble exclu-re toutes poursuites de M.Woerthpour«favoritisme»,untempsenvi-sagées.

Autreélémenttroublant: leprixdevente.Dansunrapportdu13jan-vier, les trois expertsmandatésparles juges de la CJR ont évalué « lavaleur vénale de l’ensemble liti-gieux» à 8,3millions d’euros, soit

beaucoup plus que les 2,5millionsdéboursésparM.Gilibert.Toutaus-sisuspecte, l’insistancedubudgetàtenir à l’écart des négociations lesreprésentants de l’Office nationaldes forêts et le ministère de l’agri-culture, résolument opposés à lavente.Etpuis, il y a, commele résu-mait M.Nadal, cet «empressementà conclure la cession à quelquesjours du remaniement ministérielqui conduira Eric Woerth à devenirministre du travail». D’autant quel’implication personnelle de

M.Woerth est évidente. En témoi-gne par exemple cemail envoyé le17mars 2010 par Daniel Dubost,directeur de France Domaine, à laDirection générale des financespubliques:«La cessiona fait l’objetd’unedécisionparticulièreetexplici-te duministredemandant [qu’elle]soitréaliséeaubénéficedelaSociétédes coursesdeCompiègne.»

A la décharge de l’ex-ministre,les policiers, qui ont examiné tousles comptes bancaires deM.Woerth, son épouse et leursdeux enfants, ont conclu enavril2011 qu’ils avaient «fonction-né normalement», et qu’«aucunmouvement créditeur d’un mon-tanttrèsélevén’aétérelevé».Mêmeconclusion de la PJ, en juin2011,après examen des comptes de laSCC: «L’analyse détaillée des char-gesn’apermisdereleveraucunpaie-mentpouvantcorrespondreàl’inté-rêt de M.et Mme Eric Woerth.» Dansune synthèse du 21octobre 2011, lapolice remarquait: «Tant les inves-tigations que les informationsrecueillies au cours de l’enquêten’ont pas permis d’établir l’existen-cederelationsquelconquesentrelesépouxWoerthetAntoineGilibert.»

Lesenquêteursontpudécouvrir

que M.Gilibert était bien l’un desdonateursdel’UMP.M.Woerthres-te toutefois sous la menace d’unemiseenexamenpour«prise illéga-le d’intérêts» : il aurait agi pour fai-replaisiràsoncollèguede l’UMP, lesénateur et maire de Compiègne,Philippe Marini. Dans un courrierdu 26novembre 2009, le directeurducabinetdeM.Woerthavertissaitson homologue de l’agricultureque refuser de céder le terrain à laSCC «provoquerait (…) une forteréactiondusénateur-mairedeCom-piègne, qui soutient ce projet».M.Marini, interrogé par lesmagis-trats, s’est étonné de cette remar-que, infondée selon lui.

La commission d’instruction dela CJR devrait avoir terminé sesinvestigations avant l’été. D’ici là,elle devra trancher le sort deM.Woerth. SelonMeGrégorySaint-Michel, avocat des élus socialistes–notamment le député du NordChristian Bataille – qui ont déposéplainteennovembre2010,«lapro-cédure confirme que ce terrainn’aurait jamais dû être vendu. Lecaractère illicite de cette cession nefaitdésormaisplusdedoute».p

GérardDavetet Fabrice Lhomme

UnefonctionnairedeBercy:«Un“dossierministre”qu’il fallait traiteraveccélérité»AL’EXAMENdespièces judiciairespatiemmentréuniespar la com-missiond’instructionde laCourde justicede laRépublique,unecer-titude, leministèrede l’agriculturepeut sesentir floué. Il n’a eudeces-se, depuisneufans,de luttercontre les viséesde la SociétédescoursesdeCompiègne(SCC), quiexploite l’hippodromeduPutoiset souhaiteacquérir, auprèsdel’Etat, les 57hectaresdontelle estlocatairedepuisdes lustres, aucœurde la forêtdomanialedeCompiègne(Oise).

Dès le 13août2003,pourtant,HervéGaymard,alorsministredel’agriculture, s’opposeàcettevolonté:«Unecessionparventen’estpaspossible», assure-t-il, parcourrier, à la SCC.Point final, pen-se-t-onauministèrede l’agricultu-re.C’est que la législationest toutàla fois complexeetprécise.Au titredurégime forestier, l’Etatnepeutvendreàuntiersdesparcellesboi-sées lui appartenant, sans faireappelà la concurrence,et sansvoterune loi spécifique. Il peut, àla rigueur, consentiràunéchange,terraincontre terrain,mais tou-joursdansdesproportionsà sonavantage.

Mais avec l’arrivéed’EricWoerthauministèredubudget,en 2007, lesperspectives chan-gent. L’heure est auxéconomies,l’Etat se délestede sonpatrimoi-ne. Et puis EricWoerthest élu àChantilly, dans l’Oise, son sup-pléant à l’Assembléenationalen’est autrequeChristianPatria,membrede la SCC, à l’époquepatronduSalonde l’agriculture.Leministre est trèsproche, égale-ment, du sénateurUMPPhilippeMarini,maire deCompiègne.Enfin, FlorenceWoerth, l’épouseduministre, gèreuneécurie dechevauxde courses,Dam’s. Entreamisdes équidés, onpeut trouverlemoyende s’entendre.

Toutes les conditionssontdoncréuniespourprésenterdèsmai2009unenouvelledemande,plusdiscrète.M.Patria se charge

de fairepasser lemessageàEricWoerth.«C’est grâceàChristianPatriaquenousavonspuavoir l’as-surancequenotredemanded’ac-quisitionétait parvenuede façonefficaceàBercy», assure le9novembre2011 auxenquêteursAntoineGilibert, présidentde laSCC.M.Patria joueeffectivementles intermédiaires. Interrogé le13décembre2011, il relateauxjugesqu’«un jour, sansque je luiposeaucunequestion, il [EricWoerth]m’a simplementdit que laventede l’hippodromedevrait sefaire».

Leprésidentde la SCC, sûrdesonfaitaprèscettepremièreappro-che, se fenddoncd’une lettreauministre, le4juin2009.«AntoineGilibertnem’a strictementriendemandé, jurePhilippeMarini,lorsqu’il est interrogé le 11janvierpar lesmagistrats. Jene suis jamaisintervenupour favoriser l’opéra-tionde cession,mêmes’il est vraiqu’AntoineGilibert est undemesamis. Il s’estdébrouillé tout seulcommeungrand.»

Lemécanismed’Etat semet enmarche.FranceDomaine fixe leprixà 2,5millionsd’euros,un tarif

trèsendessousdumarché.L’Offi-cenationaldes forêts (ONF), averti,sedéclare, le 22juillet 2009,«tota-lementdéfavorable»à lavente.Ber-nardGamblin,directeurà l’ONF,explicite sapositiondevant lespoliciers, le 10juin 2011:«Onnepeutaliénerune forêt saufpardéclarationd’utilitépubliqueouparvoied’échange, dit-il. J’ai étéétonné,notammentau regarddela rapiditéde l’acquisitionetaunon-respectde laprocédured’ap-pel d’offres.»Pierre-OlivierDrège,ex-directeurgénéralde l’ONF, estplusclair :«L’ONF, assène-t-il le24juin2011, n’a été informéde lacessionqu’aprèsquecelle-ci futintervenue.»

Il estvraique la lecturedeséchangesdecourriels internes sai-sis àBercyattesteque toutaétéfaitpourécarter l’ONFde la tran-saction.«Nousn’avons jamaisdemandé leuravis», écritMarcGazave,haut fonctionnaireaubud-get. Le 19octobre2009,BéatriceDiaz-Cohen,employéeàBercy,pré-cise:«Leministreadécidé la ces-sion»à la SCC.DanielDubost, àFranceDomaine,veut accélérer leschoses:«Il serait certainementuti-

le que la lettredeM.Woerth sortevite», lance-t-il le 28octobre.

ABercy, onsouhaitedoncallervite. Trèsvite. Interrogée le 17mars2011,MarieCarbuccia, receveurduTrésoraffectéeàFranceDomaine,précise:«Il s’agissaitd’un“dossierministre”,qu’il fallait traiteraveccélérité.»Les fonctionnairess’em-ploientà satisfaire le cabinetduministre.CédricdeLestrange,conseillerauprèsduministre,s’adresse le 16octobre2009àEricWoerth:«La seuleoppositionexpri-méeprovientde l’ONF,dit-il.LamairiedeCompiègneest très favo-rableà la cession.»Et ilprécisequ’ilvautmieuxpasser«outre laposi-tionde l’ONF». EricWoerth lit cettemissive.Ecritmêmeenmargedudocument«CopieàPh.Marini». Etle29octobre2009, il écrit à laSCCpour lui signifier l’accordde l’Etat.

Le 17novembre2009,PascalVine,directeurducabinetduministrede l’agriculture,BrunoLeMaire,proteste. Il s’adresseàsonhomologueàBercy, SébastienProto–aujourd’huidans le staffducandidatSarkozy: «Cettedéci-sionest toutà fait contraireà lapolitiqueconstanteduministère»,

argue-t-il. Peineperdue. Le26novembre2009,M.Proto luirépondqu’il nevoitpas«com-ment l’Etatpourrait revenir sur cet-tedécision» et ajoute:«Un tel revi-rementprovoqueraitenoutreuneforte réactiondu sénateur-mairedeCompiègnequi soutientcepro-jet.»RéactiondeM.Marinidevantles enquêteurs, à lamentionde cecourrier:«Unehypothèsequin’en-gageque sonauteur.»

Plus rien, désormais,nepeuts’opposerà la réalisationde laven-te.Une réuniondeconciliationsetientàMatignon le 10janvier2010. Il n’ensort rien, lapositiondeBercy s’impose. La commissionde transparenceetdequalité (CTQ)duministèrede l’agriculture s’enmêlepourtant, réclamedesdocu-ments.AugranddamdeBercy.Ducoup,PhilippeBourreau,aubud-get, seméfie.«Le sujet étant sensi-blepour leministre,dit-ildansunmail le 3mars2010, jene sais pasexactementcequenouspouvonslui transmettre.»Conséquence,dansunenotedu 16mars2010, laCTQse fâche: elle «s’étonnedel’énergiemisepar la SCCàvouloiracheter le terrain,alorsqu’elle en

disposaitdéjàparbail jusqu’en2022», et elle«tendàpenserquel’opérationeût largementgagnéen transparenceetqualité si elleavait étémenéeoureprise surd’autresbasesen termes tantdeprocédurequedeprix».

Rienn’y fait.D’autantqu’unremodelagede l’équipegouverne-mentaleest à l’ordredu jour. Sur-tout,neplusperdrede temps.«Lecabinetduministre reste toujourstrèsattentifàunesignaturedans lecourantde cette semaine», écritDanielDubost le 16mars.Unarrê-téduministèredubudget, datédumêmejour, autorise la cessionavantmêmeque laCTQpuisse seréunir, etque lavilledeCompiè-gneseprononce. Laventeest réali-sée le lendemain, et, le 18mars2010,EricWoerthannonceà sonhomologueà l’agriculture,BrunoLeMaire,que la cessionaété effec-tuée. Inextremis? En tout cas, qua-tre joursplus tard, il devientminis-tredu travail etquitteBercy.

Interrogécommetémoinassis-té le4mai2011, EricWoertha indi-quéqu’il est«complètement fauxd’imaginerque j’aurais vouluquela cessionde l’hippodromesoitaccomplieavantmondépartduministère. (…) Jen’avaisaucuneidéeque jedeviendraisministredutravail le 22mars.» Il a aussipréci-sénepasse souvenir de«difficul-tés faitespar leministèrede l’agri-culture».

Enfin, concernantson implica-tiondans lavente, il a assuré:«M.Marinin’est jamais intervenuauprèsdemoiàproposde la ces-sion. (…) Jen’avaisaucun intérêtàfavoriser l’hippodromedeCompiè-gne. Les choses se sont faites enneufmois, ce qui constitueundélaiparfaitementraisonnable. Jen’ai etn’ai euaucun intérêtpersonneldans laSCCoudans l’opérationdecessionet n’ai voulu faireplaisiràquique ce soit.» p

G.Da et F.Lh.

«Laseuleoppositionexpriméevient

del’ONF.LamairiedeCompiègneétait

trèsfavorableàcettecession»Cédric de Lestrange

ancien conseiller auprèsduministre du budget

FlorenceWoerthaété interrogée,en tantquetémoin, le 7décembre2011,par lesmagistratsde laCourde justicede laRépublique.Il lui a fallu, notamment,expliquersapassionpour leschevaux,et lacréationd’uneécuriedecourse,auprintemps2008,appeléeDam’s.«Nous sommes 27 fem-mes et nous avons eu jusqu’à troischevaux»,a-t-elle indiqué.Seulrésultat,dansunecourseàCom-piègne,uneseptièmeplace.Pourorganiser lapremière réuniondeDam’s,FlorenceWoerthaeurecoursaupatrimoine immobilier

de l’Etat.Eneffet, cette rencontreaeu lieuà l’hôteldeSeignelay,àParis,unedépendancedeBercy.Lecabinetdesonmari, EricWoerth,alorsministredubudget,a facilité la tenuedecette réu-nion.Uncocktail s’yestdéroulé,avecpetits foursetchampagne.«Je tiens à préciser que c’est moipersonnellement qui ai réglé parchèque la somme de 150 euros»,s’est-elledéfendue.Elleaassuréavoirentenduparlerde lacessionde l’hippodromeà la radio :«Jamais auparavant mon mari nem’avait parlé»de la vente.

Affairedel’hippodrome:EricWoerthendifficultéL’enquêtedelaCourdejusticepointel’implicationdel’ex-ministredanslaventelitigieuseduterraindeCompiègne

FlorenceWoerth, son écurie et les petits fours deBercy

EricWoerth devant la Cour de justice de la République, le 4mai 2011. VINCENT ISORE/IP3

110123Mardi 6mars 2012

Page 12: le journal le monde du 6-3-2012

société

Reportage

I laprissaretraiteà58ans,le jourde l’ouverture de la chasse. Letempsn’étaitpasmauvais.L’un

de ses derniers clients lui a fait lasurprise de déboucher une bou-teille de champagne à la boutique.Une autre lui est tombée dans lesbras en pleurant. C’était il y a toutjuste cinq mois, le 25septembre2011, après quarante-quatreannées de boucherie, et YvesBéguin veut croire que c’est parattachement à sa bonne viande:«Quand je suis parti, les gens ontcongelédespaupiettes.»

A Pantin (Seine-Saint-Denis),M.Béguin était le dernier de salignée. De celle qu’il appelle, avecson parler fort et son accent natald’Etricourt(Somme),les«tradition-nels». Comprendre, les bouchersquinesontpas«halal».Depuissondépart, cette commune de52000habitants de la petite cou-ronne parisienne n’a, pour la vian-deà la coupe, plusquedes bouche-riesmusulmanes. Et à commencerpar le maire, Bertrand Kern (PS),qui l’a «obligé à faire un an deplus», M.Béguin sait que ça en achagrinéplusd’un.

DupetitmanoirdePicardiequ’ils’est offert en récompense de sesannéesde labeur, où il passedésor-mais la moitié de ses semaines,M.Béguin a pu entendre, samedi18février, les propos polémiques

de la candidatedu Frontnational àl’Elysée,MarineLePen,surlesabat-tages rituels. «C’est archifaux quetoute la viande d’Ile-de-France esthalal!», proteste-t-il.Ladisparitiondes bouchers « traditionnels» etl’essor des «halal», par contre,«ça…», souffle-t-il.

C’est qu’à Pantin, où plus de20%delapopulationestétrangère,beaucoup de vieux bouchers ont,ces dernières années, remisé leurtaillanderieauprofitderepreneursmusulmans.Commedansd’autrescommunesquiaccueillentunefor-te immigration, lepassagederelaiss’estfaitaugrédesdépartsenretrai-te et de ladésaffectiondumétier.

Avec ses tempes blanches et sesrondeursacquisesaufildesmatinsàRungis,M.Béguinenparleaujour-d’hui de façon décontractée. Maisçaluiaprisunpeudetemps.Carluiaussiaenfaitcédéà«unhalal» :unjeune homme d’origine marocai-ne, 33ans, naturalisé, encore sanspapiersaudébutdes années2000.

Lorsque M.Béguin a organiséson pot de départ, en novem-bre2011, dans une école de Pantinoù il avait convié plus de 200 per-sonnes,c’étaitunnon-ditomnipré-sent.A côtédubuffet, il y avait là lemaire,safemme,lateinturière,tou-te la clientèle d’habitués deM.Béguin. «Lemétier n’existe plus,que voulez-vous !», avait confié,MmeBrassac, centenairede laville, àla retraitedepuis 1970.

Ses états d’âme sur l’évolutiondelaprofession,M.Béguinlesjusti-fie, malgré lui, à travers le récit desesdébuts.Unecarrièredémarréeà«14ans et unmois» dansune cam-pagne du Pas-de-Calais parce que«l’odeur du sang ne le dérangeaitpas». Un endroit où les « raresMaghrébins» étaient, au mieux,ceuxqui«vendaientlestapissurlesmarchés».Aupire,ceuxque«détes-taient les anciensd’Algérie».

Au fil de ses années à Pantin,comme résident d’abord, à partirdes années 1980, puis commebou-cher, dès l’an 2000, M.Béguin abien vu sa ville «changer». «Sixmagasins»sontdevenus«destaxi-phones » ou des « boucherieshalal», a compté son épouse, blon-de fragile, assise à côté de lui. MaisM.Béguin a préféré miser sur les«bourgeois bohèmes» qui s’instal-laient, eux aussi, progressivementsur la commune. Pour eux, il nevendaitqueproduits«bio»etvian-de«d’origineFrance».

Ce n’est qu’à l’heure de la quêted’unrepreneurqueM.Béguinavrai-ment été confronté à l’évolutionsociologique de son environne-ment. «Pour le quartier», il tenaitabsolument à un «traditionnel».Pour trouver un héritier digne del’appellation, il est allé jusqu’à

confierlatâcheàuneagencespécia-lisée.Maisaprèscinqmoisderecher-ches, il a compris qu’elle n’y pour-raitrien.Etdeguerrelasse, iladépo-séuneannoncesurLeboncoin.fr.

Pointilleux, les Béguin ont tenuà recevoir, un à un, les postulantsdans leur boutique, située près del’église. Une dizaine en tout. «DesMaghrébins», tous. «Même si onsavaitqueçaseraitunhalal,onvou-lait quelqu’un avec une certaineprestance», justifie MmeBéguin.Finalement, ils ont trouvé LahcenHakki et ont tout bradé :65000euros le fond,sansmêmelaprise en compte du chiffre d’affai-res–«leprixd’il y adixans».

Face à ce qui lui paraissait com-me un grand chamboulement,M.Béguin a toutefois trouvé sesmarques dans une sorte de trans-

mission douce de son savoir. Uneou deux fois par quinzaine, à cha-queretourdesesviréescampagnar-des, il résistemalà l’enviedesaluerson successeur. Commeune excu-se au dérangement, il dispensealors ses conseils: «Je lui ai donnéma recette des merguez (…) et uneastucepourquelescôtesdeveaures-tent tendres», détaille-t-il.

Derrière la devanture qu’il arehaussée d’un store rouge où cla-que désormais «boucherie halal»enlettresblanches,M.Hakki,carru-re large, bouc brun, yeux rieurs,jure qu’il accueille avec «plaisir»les virées inspectrices de

M.Béguin. «J’ai toujours appris surle tas avec les Français ! », assu-re-t-il. Avant la boucherie, auMaroc, il a été, tour à tour, tailleurpour femme,maçonetplâtrier.

M. Béguin aurait voulu leconvaincre de constituer un petitrayonde bouteilles de vin, commeil l’avait créé pour ses «bobos».Mais M.Hakki a refusé : «On n’apasledroitàl’alcooldanslareligionmusulmane,voussavez?»«Je luiaidit: “L’Arabeducoin, il envendbiendu vin !” », raconte le retraité.M.Hakkiafiniparcédersurlespro-duits bio: «Mais ça ne se vend pasvraiment», glisse-t-il.

A l’ex-boutique des Béguin,M.Hakki a aussi ajouté sa touchepersonnelle. Sur la vitrine réfrigé-rée, il a placé deux plats à tajine etdes dattes d’Algérie. Sur les étagè-res, il propose du couscous et desépices orientales. La viande, elle,vient maintenant des «Pays-Bas,de Belgique, d’Irlande et d’Allema-gne».Desproduitsmoinschersquilui ont attiré une clientèle «plusjeune et plus regardante sur lesprix».

L’inscription «halal » de ladevanture a toutefois fait fuir lesplusâgés: «J’ai bienvuque lespeti-tesmamies avaient dumal à pous-ser la porte», admetM.Hakki. Cer-tains clients ont aussi été déçusdene plus trouver de porc. Il fautdésormais compter trois stationsde métro en direction de Paris sil’on tient à des rillettes faites mai-son. «La plupart se sont rabattussur d’autres viandes », assureM.Hakki. Dans la ruelle en pentedouce bordéed’immeubles gris oùla boucherie poursuit sa vie, le bis-trovoisin s’appelle L’Avenir. p

EliseVincent

«Jeluiaidonnémarecettedesmerguezetuneastucepourlescôtesdeveau»

YvesBéguin

Il fautdésormaiscomptertroisstationsdemétrosi l’ontientàdesrillettesmaison

LahcenHakki (à gauche) a repris l’affaire d’Yves Béguin le 25 septembre 2011. GUILLAUMEHERBAUT/INSTITUTE POUR LEMONDE

«Uneformed’intégrationlocaleassezréussie»

L a justice s’intéresse à uneancienne société de conseilimmobilier qui aurait

employé, il y a plusieurs années,dansdesconditionsjugéesdouteu-ses, deux figures connues du Partisocialiste (PS). Il s’agit de Christo-phe Borgel, aujourd’hui secrétairenational du PS chargé de la vie desfédérations et des élections, et deRazzy Hammadi, secrétaire natio-nal auxservicespublics.

Une enquête préliminaire a étéouverte, en août2011, par le par-quet de Paris sur le cabinet Maât.Les investigations visent avanttout à éclaircir les circonstancesdans lesquelles cette SARL a étémise en liquidation en avril2011,après avoir accumulé un passifimportant.Laresponsabilitédel’ex-gérant, Jean Naem, pourrait êtreengagée, d’après un rapport d’ex-pertise judiciaire du 31décembre2011 révéléparLepoint.fr.

LasociétéMaâtbénéficiaitd’unebonne visibilité au sein dumondeHLMetdu«1%logement».Ellepro-posait aux bailleurs sociaux desmissions de conseil et intervenaitauprès de collectivités territorialesafin de favoriser le lancement deprogrammes de construction. Apartir dumilieu des années 2000,son chiffre d’affaires avait forte-mentprogressé,grâceauxcontratsconclus avec l’Association foncièrelogement,uneentitédu«1%».

Asonzénith,Maâtaemployé40à45 salariés, dont «une dizaine quiavaient un affichage politiquepublic», expliqueM.Naem. «Il n’yavait pas d’élus» parmi le person-nelpermanentdelaSARL,soutient-il, mais quelques hommes de gau-che, titulaires de mandats électifslocaux, ont effectué des missionsponctuelles pourMaât (par exem-ple un maire d’une commune deSeine-Maritime). Des prestationsont aussi été assurées par des per-sonnalitésmarquéesàdroite.

Pour établir son rapport, l’ex-pert judiciaire a entendu d’ex-cadres de Maât. Les déclarationssibyllines de l’un d’eux pourraientlaisser supposer queplusieursper-sonnes ont été payées par le cabi-net pour un travail dont la consis-tance serait incertaine. Ainsi, cetancien responsable affirme à pro-pos de M.Hammadi: « Je n’ai paspu constater de résultats commer-ciaux àmettre à son actif.» Salariéde l’entreprisependantenvironunan et demi, de 2008 à 2009,M.Hammadirétorquequ’ilaparta-

gé son bureau «au quotidien avecunedizainede consultants».«Tousont confirmé ma présence et montravail », souligne-t-il. Deuxanciens salariés de Maât, interro-gésparLeMonde, abondentdans lemêmesens.

Dépenses somptuairesLe rapportd’expertise judiciaire

pointe également le versement en2008 de 57000 euros à M.Borgel–qui n’était pas salarié de la SARLmais «partenaire». Les factures deses prestations «n’ont pas étéretrouvées», selon l’expert.Celui-cicite dans son rapport le témoigna-ge d’un ex-cadre: «Je n’ai jamaisété informé des résultats commer-ciaux tangibles [du] partenariat[entreMaât et M.Borgel]. » Ce der-nier fait valoir qu’il n’aura aucunmalàprouverlaréalitédecesinter-ventions. «D’anciens salariés peu-vent en attester», dit-il – ce quedeuxd’entre eux ont fait lorsqu’ilsont été questionnés par Le Monde.M.Borgel assure que les émolu-ments octroyés par Maât pou-vaient être cumulés avec la rému-nération qu’il percevait à l’époqueen tant que «chargé de mission àl’Inspectiongénéralede l’éducationnationale».

Autre personnalité épingléedanslerapportd’expertisejudiciai-re : Etienne Guéna, un ancienpatron du «1% logement», issu dupatronat, qui fut l’undes responsa-bles de l’Association foncière loge-ment (AFL) lorsque celle-ci était laprincipale cliente de Maât. Débar-qué duMedef, du «1%» et de l’AFLen2008,M.Guénaaétéembauché,peu de temps après, parMaât. Sonsalaire mensuel : environ16000euros. L’expert conclutqu’«on peut sérieusement» sedemander si M.Guéna n’occupaitpas, «de fait, un emploi fictif ».Contre-vérité, objecte l’avocat deM.Guéna,MeBernardVatier:«Monclient a euun emploi réel et effectif,et la rémunération perçue corres-pondaitausalaire contractuel.»

Quant à M.Naem, l’ancienpatron de Maât, il est accusé parl’expert d’avoir commis diversmanquements: dépenses somp-tuaires, utilisation des fondssociauxàdesfinspersonnelles,spo-liation d’une filiale de la société deconseil,etc.M.Naemrécuseenbloctoutes ces allégations. Il a l’inten-tion de porter plainte en diffama-tioncontre l’expert.p

BertrandBissuel

EnquêteouvertesurlesemploisdedeuxfiguresduPSparuncabinetdeconseilChristopheBorgeletRazzyHammadiontétéemployés, il yaplusieursannées,parMaât

Enfance«Hypersexualisation»desmineurs: unphénomènemarginalmais inquiétant, selon un rapportL’«hypersexualisation»des enfants est unphénomèneencoremargi-nal en Francemais qui inquiète les parents, souligneun rapport de lasénatriceUMPChantal Jouanno, remis, lundi 5mars, auministèredessolidarités.A l’originede cettemission, desphotosparues dans lemaga-zineVogue français de décembre2010mettant en scèneunepetite filledansdes postures suggestives.Mme Jouannoproposenotammentd’in-terdirequ’unenfantpuisse être l’égérie d’unemarque avant l’âge de16ans et de supprimer les concours demini-miss. – (AFP.)

SantéFrançois Hollande favorable aux actionscollectives en justice pour les patientsA l’occasiondes dix ansde la loiKouchner sur le droit desmalades, lecandidatPS à l’Elysée, FrançoisHollande, s’est dit favorable, dimanche4mars, dansun communiqué, aux«actions collectives en justice»(class-actions)pour les patients. Il a aussi prôné l’indemnisation surfondspublics des associationsd’usagers pour leurparticipationàdiver-ses instancesde santé, conditionnécessairede leur indépendance.

Fait diversUne famille tuée dans un accidentde la route àRomorantinQuatre personnesd’unemême famille recomposée – deux adolescentsde 13 et 16 ans, leur père et leur belle-mère – ont trouvé lamort dansune collision, samedi 3mars au soir, à Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher). Légèrement blessé, le conducteur de l’autre véhicule, un jeunené en 1987, présentait un tauxd’alcoolémiede0,74mgdans l’air(contre0,25mg autorisé)mais ne se souvient de rien. Il a été placé engarde à vue. – (AFP.)

YvesBéguinetLahcenHakki,unpassagedetémoinendouceurdanslaboucherieAPantin, ledernierboucher«traditionnel»acédésonpasdeporteàunartisan«halal»

PATRICKSIMONest directeur del’unitéMigrations internationalesetminorités à l’Institutnationald’étudesdémographiques (INED).Il a notamment travaillé, lors desa thèse, en 1994, sur «les rela-tions interethniqueset interclas-ses», dans le quartier de Belleville,à Paris.Comment analyser cette transi-tion entre boucheries «tradition-nelles» et boucheries «halal»?

Cela reflète une évolutionplusgénéraledes activés économiquesdes immigrés, avecunehaussedutravail indépendant. Ces bouche-ries répondent à l’expansiond’unmarchéde consommation locale,mais aussi à une reconversiond’anciens salariés, principale-mentd’originemaghrébine, quisemettent à leur compte. Ce n’estdoncpasune conséquenced’uneimmigrationrécentemais aucontraire les effets différés de l’ins-tallationdes immigrés du

Maghreb, de Turquie et d’Afriquesubsahariennedans les quartierspopulaires. En ce sens, c’est uneformed’intégration locale assezréussie.Cephénomène est-ilimportant?

Il est difficile d’en fournir unpanoramaprécis. Cela diffèreselon l’importance de l’immigra-tionmaghrébine et subsaharien-ne et de la disponibilité des com-merces à la reprise.Mais en sedéveloppant, les boucheriesmusulmanesdépassent le cadrede leur clientèle initiale et s’adres-sent finalement à une clientèlede quartier. En cela, elles devien-nent des commerces de proximi-té, comme l’ont été avant elles lesboucheries bretonnes ou corré-ziennes. Cette banalisationdescommercesdits «ethniques»s’observe aussi en Allemagne, enBelgique, aux Pays-Bas, ou auRoyaume-Uni.

Dans ce cas de figure, l’immigra-tion comble-t-elle un besoin del’économie française?

Lepetit commerce a toujoursété un secteurd’installationpourlesmigrants.Mais encoreplusaujourd’huioù les transmissionspatrimoniales se font rarementdans la famille. Les conditionsdetravail exigeantesn’attirentplus,et c’est un secteur qui correspondbien àdepetits entrepreneursquipratiquentdesprix bas avecunegrandedisponibilitéhoraire. Lesstratégiesdes immigrés coïnci-dent avec cette transition et la finde la générationdes commer-çants «traditionnels». Onpeutobserver lamêmechosepour lesboulangeries. Les cessions se fontdésormais en faveurde ceuxquisontprêts à faire des sacrificespour cemétier.

La conséquencede l’essor desboucheriesmusulmanes, dupointde vue des consommateurs,

n’est toutefoispas tant qu’ellesvendentde la viandehalal,maisqu’ellesneproposentpasdeporc.Or, dans des quartiers commeBel-leville, à Paris, ce sont les rayonsboucheriedes supermarchésasia-tiquesqui ont récupéré les clientsqui cherchaientduporc.Le thèmede la France«multiculturelle» est relative-ment absent de la campagneélectorale. Qu’en pensez-vous?

Je ne suis pas sûrque cela soitunmal, car ce sujet est souventabordéde façon caricaturale.Maisil est certainque les candidats seréfèrent àune France dématériali-sée, où l’expressionde la diversitéest souventprésentée commeconflictuelle. Elle constituepour-tant le quotidienbanal d’unemajoritéde Français. Il faudrabienun jour actualiser le logicielmulticulturelde la FranceduXXIesiècle.p

Proposrecueillis par E.V.

12 0123Mardi 6mars 2012

Page 13: le journal le monde du 6-3-2012

économie

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Enhaussephilips – Le groupenéerlandais comptevendre à l’entrepreneurMarcel Boekhoorn lesbâtimentsde soncampushigh-tech, dans le suddes Pays-Bas, pour 450millionsd’euros, selon lejournalDeTelegraaf, lundi 5mars.Unporte-paro-le dePhilips s’est refusé à tout commentaire.

Enbaissele coton indien – L’Indea décidédesuspendre ses exportationsde cotonavec effetimmédiat, a annoncé le directeurgénéral ducommerceextérieur, lundi 5mars, unedécisiondictéepar la nécessitéde conserverdes stockspour la production intérieure.

BerlinCorrespondance

A lors que s’ouvre, mardi6mars, la grande saisondesnégociations salariales, les

syndicatsallemandsveulentobte-nir,selonlessecteurs,desaugmen-tations de salaires allant de 5% à7%.D’ici à la finde l’année, ce sont9,1millionsde salariés qui verrontleur rémunération revalorisée.

Les syndicats ont toutes les rai-sonsd’êtreoptimistes.En2011,cer-tains secteurs avaient obtenu unehaussemodeste de 2,7%.Mais lorsdes dernières négociations debranche, ils avaient pour la plu-part, une fois de plus, rongé leurfreinentroquantleshaussesdura-bles des salaires contredesprimesexceptionnelles et des garantiesd’emploi.

Cette fois, les fédérationspatro-nales n’ont plus beaucoupd’argu-ments pour prêcher la modéra-tion salariale. Il y a d’abord la bon-nesantéde l’économieallemande,dont les fondamentaux ont étérelativement épargnés par la crisedelazoneeuro,malgréunralentis-sement à l’automne. Le taux dechômages’est stabiliséenfévrierà7,4% et le manque de main-d’œuvre qualifiée est patent danscertaines régions.

Plusieurs groupes industriels,notamment dans le secteur auto-mobile,affichentdesrésultatshis-toriques. Quant auMittelstand, lefameux tissu de PME qui fait ledynamisme du pays, son moralremonte en flèche, selon l’indicede la banquepubliqueKfWpubliéfin février, signeque les perspecti-ves sont réjouissantes.

DéséquilibresSelon les chiffres publiés par

Destatis, l’équivalent allemanddel’Insee, les salaires réels bruts destravailleurs à temps plein n’ontaugmenté que de 1% en 2011,contre 1,5% en 2010. L’institut derecherche en macroéconomie eten conjoncture (IMK), proche dessyndicats, a calculé de son côté,dansuneétudepubliée findécem-bre que, entre2000 et 2010, lessalaires allemands n’avaient pro-gressé que de 1,7% par an, contre3,3%dans le reste de l’Union euro-péenneet 2,8%dans la zone euro.

Première puissance économi-que européenne, l’Allemagne nese situe qu’en septième position

entermesdecoûtdutravail, l’heu-re travaillée dans le secteur privérevenant à 29,1 euros contre 38,2enBelgique et 33,1 en France.

Dix ans de modération salaria-le, consentis par les syndicats enéchange de garanties d’emploidans un contexte de chômage demasse au début des années 2000,ont creusé l’écart de compétitivitédel’Allemagneaveclerestedel’Eu-rope. Les partenaires européensde Berlin, à l’image de nombred’économistes, estiment aujour-d’hui qu’il est temps qu’une haus-se du pouvoir d’achat allemandvienneatténuer cesdéséquilibres.

Unmessage relayépar laminis-tre du travail, Ursula von derLeyen, proche de la chancelière,

Angela Merkel, à la mi-février :«Ces dernières années, nous avonsbeaucoup travaillé et contenu lessalaires afin de sortir de la crise. (…)Lesentreprisesallemandesengran-gent des bénéfices importants. Lessalariés doivent maintenant avoirleur part», a-t-elle déclaré.

Les organisations patronalescéderont-elles à ces pressions pouruneplus grande générosité salaria-le? Aux injonctions des politiques,elles rappellentqu’enAllemagne leniveau des salaires est négociéentre partenaires sociaux, dans lecadre d’accords de branche. A IGMetall, le puissant syndicat de lamétallurgie (2,2millions de mem-bres), qui revendique 6,5% d’aug-mentation salariale, la fédération

patronaleGesamtmetallopposeunmaximum«raisonnable»de3%.

Certains patrons, notammentdans l’automobile, tentent parailleurs de couper l’herbe sous lepied des syndicats en «achetant»les salariés avant les négociationsà coups de primes historiques.Chez Daimler, les travailleurs onttouché un bonus de 4100 euroschacun. Chez Audi, filiale de Volk-swagen, les salariés ont empochéune prime historique de8200euros enmoyenne, presquedequoirendrejalouxles8500sala-riés de Porsche, d’habitude lesmieux lotis du secteur, qui n’ontencaissé «que» 7600euros.

Leritueldesnégociationsàl’alle-mande veut qu’au terme de lon-

gues semaines un consensus soittrouvé entre syndicalistes et patro-nat pour un à deux ans. Outre leshausses de salaires, les syndicatssouhaitent des garanties sur lesrémunérations des intérimaires etl’embauchedesapprentis.

Dans la fonction publique, les

passes d’armes ont commencé: lesyndicatdeserviceVer.di,ennégo-ciation avec l’Etat fédéral et lescommunes sur les salaires pourobtenir des hausses de 6,5%, aannoncé des grèves d’avertisse-ment cette semaine. p

CécileBoutelet

L’Allemagnesomméedejouerlepouvoird’achatSyndicats,politiquesetpartenaireseuropéensespèrentunehaussedessalairesaprèsdixansdemodération

Unegrèveàl’aéroportdeFrancfortprovoqueunvifdébatsurl’existenceetl’encadrementdes«petits»syndicats

Lescoursdujour (05/03/12,09h32 )

Dortmund, novembre2011. Sur la banderole, frappée du logo d’IGMetall : «La grève d’avertissement, c’est notre bon droit». MARIUS BECKER/DPA/MAXPPP

BerlinCorrespondance

C’estungravillondans lamécani-quebienhuiléede lacogestionàl’allemande.Unconflit social à l’aé-roportdeFrancfortadéclenchéundébatde fondenAllemagnesur lareprésentationsyndicale.Encause,le rôledes syndicatsdits «minori-taires», quiviennenttroubler lesrapportsde force traditionnelsentrepartenairessociaux.

Cesorganisations,qui se sontdéveloppéescesdernièresannées,représentent les intérêtsdepetitsgroupesde salariésauseindegran-desentreprises.Malgré leurs fai-bleseffectifs, ellesontmontré leurpotentielperturbateurenorgani-santdesgrèvesparalysantespourlesusagers, avantd’obtenirdeshaussesdesalaires, aunezet à labarbedes autresorganisations.

Fin février, le petit syndicatdes

contrôleursaériensGDFa ainsifailli provoquer le blocage com-plet de l’aéroport de Francfort. Sesrevendicationsportaient sur deshaussesde salairespour quelque200contrôleursau sol. Cela a per-turbé, dix jours durant, le travaildes 71000salariés du site, repré-sentés, eux, par le syndicat des ser-vicesVer.di. Les compagniesaériennesont subi despertes sechiffrantà plusieursmillionsd’eu-ros à la suite de l’annulationde20%des vols.

«Surenchère»Si une décisionde justice amis

fin, provisoirement, au conflit, lesgrandesorganisations syndicaleset le patronatobservent avecinquiétude lamultiplicationdesconflits de ce type. Tous gardentun souvenir douloureuxde la grè-vedes cheminotsde 2007,menéepar le petit syndicatGDL, qui

avait bloqué le trafic ferroviairedes semaines durant.

Dansunentretienauquoti-dien FrankfurterAllgemeineZeitung, le 1ermars,DieterHundt,présidentde la fédérationdespatronsallemands, amarteléqu’un syndicat«quine représentequ’uneminorité nedoit pas êtreautoriséà paralyser toute l’activi-té». «Nous nevoulonspas que sou-deurs,monteurs et pompiers fon-dent leur syndicat, il y aurait enpermanencedes conflits et unesurenchèrede revendications»,a-t-il ajouté, appelant le gouverne-ment à légiférer.Un vœupartagépar les partis d’opposition.

Laministre du travail, Ursulavonder Leyen, a reconnu lanéces-sitéde «réfléchir» à la questiondespetits syndicats, suggérantd’«encadrer» leur action.

Lamargedemanœuvreest limi-tée.Depuisunarrêtdu tribunal

fédéraldutravail de juin2010, leprinciped’«unité salariale», quiveutque le syndicatmajoritairedansuneentreprisenégociepourtous les salariés, a été abrogécarnonconformeauprincipeconsti-tutionnelde libertéd’association.

Depuis, legouvernementn’apasétéenmesurede trouverunebase législativepourcontourner leproblème.«Touteobligation faiteauxorganisationsminoritairesdes’allierauxgrands syndicatsoudeleurabandonner leurmandatdenégociationest inconciliableavecla loi fondamentale», explique Jus-tusHaucap,présidentde la com-missionfédéraleantimonopole.

Laballe estdans le campdesgrandssyndicats,quidoivent s’ef-forcerde répondreauxrevendica-tionsde l’ensemblede leursadhé-rents, seule façonde juguler la frag-mentationdesorganisations.p

C.Bt

Euro 1euro 1,3191dollar (achat)Or Onced’or 1707dollarsPétrole LightSweetCrude 106,67dollarsTauxd’intérêt France (àdixans)Tauxd’intérêt Etats-Unis (àdixans)

130123Mardi 6mars 2012

Page 14: le journal le monde du 6-3-2012

A près avoir officialisé leuralliance, General Motors etPSAPeugeot-Citroënconsti-

tueront sans aucundoute l’un desprincipaux sujets de discussiondu Salon automobile de Genève,qui ouvre ses portesmardi 6marsauxprofessionnels.Maisceneserapas le seul. Car lemarchéeuropéende lavoiturerestedéprimé.Depuisdeux mois, les ventes s’affaissentdeplusde20%enFrance,etunpeumoins en Europe. Pour l’annéeentière,ellesdevraientaumieuxsestabiliser, mais plus sûrement sedégraderde3%à5%,selonlesdiffé-rentsanalystesdusecteur.

Danscecontexte,lareconfigura-tion du paysage des constructeursautomobiles généralistes, donttrèspeufontaujourd’huidesbéné-fices sur le VieuxContinent, se faitbeaucouppluspressante.Confron-tés à des coûts de développementdes modèles toujours plus impor-tants et à une nécessaire adapta-tion de leurs véhicules aux goûtsdes différents continents, lesconstructeurs veulent poursuivreleur course au rapprochementpour atteindre des ensembles pro-duisant plus de 6 à 8millions devéhiculesparanauminimumàtra-vers lemonde.

Après une vague de rachats à lafin des années 1990et unenouvel-le à la findesannées2000, la phra-se de Ferdinand Piëch, l’ancienpatron de Volkswagen (VW), rested’actualité : «Le mouvement deconcentrationest inéluctable.A ter-

me, il ne resteraplusquecinqousixconstructeursdans lemonde.»

Avec leur alliance, GM et PSAvont développer potentiellementle premier ensemble automobilemondial, avec plus de 12,5millionsde véhicules vendus à eux deuxdanslemonde.Encombinantleursachatsetendéveloppantensemblede nouveaux modules de véhicu-les,lesdeuxgroupespeuventabais-ser leurscoûtset retrouver,notam-ment en Europe, les marges demanœuvre financièresnécessairespour proposer des produits plusabordables.

«Pas de garanties»Ils devront tout de même

régler la question des surcapaci-tésd’usines,qui sontestiméesparPhilippeVarin, le patronde PSA, à20% actuellement. Pour l’heure,l’alliance ne porte pas sur desréductions de capacités. « J’ai deM.Varin une intention très nettede consolider sa base industrielleen France. Mais je n’ai pas degaranties», a déclaré Eric Besson,le ministre de l’industrie, lundisur Radio Classique.

Le 28février, Sergio Marchion-ne, le patron de Fiat qui a rachetéChrysler en 2009 et n’a jamaiscaché chercherun autre partenai-re, indiquait « espérer sincère-ment»queGM,présentenEuropevia sa filiale allemande Opel, etPSA «s’occupent de la question dela surcapacité ». Pour sa part,M.Marchionne a prévenu: si les

cinq usines italiennes de Fiat neproduisent pas pour les Etats-Unis, deux d’entre elles devraientfermer bientôt.

Poursavoirsi lanouvelleallian-ce franco-américaine est un suc-cès, il faudraattendre, puisque lespremièresplates-formesdévelop-pées en commun ne devraientarriver sur lemarché qu’en 2016.

Il aura fallu plus de dix anspour que l’on puisse saluer l’al-liancescellée entreRenault etNis-san en 1999, avec plus de 8mil-lions de véhicules revendiqués.C’est en large partie grâce à celle-ci que Renault,malgré des baissesde ventes en Europe, a pu afficherdes bénéfices de plus de 2mil-liards d’euros l’an dernier.

Grâceàladynamiquecréée, l’al-liance franco-japonaise s’est élar-gie à l’allemand Daimler depuisseptembre2011. «Avec Daimler,nous sommes dans le donnant-donnant, le partage. Si chaqueconstructeurestdans sa seule logi-que,celanepeutfonctionner», rap-pelait,mi-février,CarlosGhosn, lepatronde Renault et Nissan.

Si le groupe Volkswagen (plusde 8millions de véhicules) réussitpratiquement « tout seul » sondéveloppement, il a aussi tentédes’associer à Suzuki pour s’ouvrirlemarché indien, qui lui résiste.

Mais cette alliance reste pourl’instantunéchec.Alorsque l’alle-mand avait pris près de 20% dujaponais, ce dernier cherche àl’éjecter de son actionnariat. De

même, le rapprochement entreVW et Porsche tarde encore à seconcrétiser.

En Asie, hors Toyota et Hyun-dai-Kia, qui ont chacun atteintune taille critique mondiale, etNissan, qui joue avec Renault, lesautres protagonistes – Honda,Mazda, Suzuki ou encore Mitsu-bishi – restent isolés.

Mazda et Suzuki intéressentl’ensemble Fiat-Chrysler. Avec4millions de voitures produites,le groupe deM.Marchionne restetrop petit à l’échelle globale.Enfin, grâce à sa taille mondiale,Ford, qui s’est déjàbrûlé lesdoigtsavec des rachats manqués, préfè-re pour l’instant rester indépen-dant et réaliser des coopérationstechniquesponctuelles.

Reste une inconnue: commentvont évoluer les constructeurschinoisouindiens?LesGeely,Che-ry et autres Tata, qui se sont déjàrenforcés en rachetant des mar-quesoccidentales,vont-ilsconnaî-tre lamême ascension fulgurantequ’un Hyundai, au détriment deleurs concurrents occidentaux?

Dans l’immédiat, le Salon deGenève devrait permettre auxconstructeurs de montrer leursavoir-faire. Quelque 140 modè-les seront dévoilés en premièremondiale ou européenne, dont la208dePeugeot, la LodgydeDacia,la ZoédeRenault ouencore laBer-linetta, la plus puissante voiturede Ferrari.p

Ph. J.

UNEVOITUREqui se gare sansconducteur.Une autre qui sorttoute seule d’unétroit emplace-mentdeparkingpourvenir rejoin-dre sonpropriétaire. Cen’est pasde la science-fictionmais de la«connectivité»: ces voitures sontsimplement téléguidéespar leurspropriétairespar le biais de smart-phonesgrâce au réseaude télé-phoniemobile «3G».

Que ce soit auConsumerElec-tronics Show (CES) de LasVegas(Etats-Unis) ou encore auMobileWorldCongress (MWC)deBarcelo-ne (Espagne), les voitures envahis-sent les grands Salonsde l’électro-niquegrandpublic. De son côté, la«high-tech» s’installedans lesgrands Salonsde l’automobilecommecelui deGenève, quis’ouvremardi 6mars.

LorsdudernierMWC,du27févrierau 1ermars, c’est Ford, ledeuxièmeconstructeuraméricain,qui a fait le déplacementpour lan-cer saB-MaxenEurope,une«voi-ture connectée»à Internet.Dotéd’unsystèmeappeléSync, sontableaudeborddisposed’unepeti-te stationd’accueilpour smartpho-ne.Une fois celui-ci installé, sesfonctionnalitéssont reproduitessurdeuxécrans tactilesdutableaudebord.Onpeutyconsulter sescourriels, lire ses SMSetmêmeaccéderauxapplicationsmobiles.Le toutgrâceàunprogrammedéveloppéavecMicrosoft, compa-tibleavecn’importequel systèmed’exploitationdutéléphone(Android, iOSd’Apple…).

S’ilsn’étaientpasprésentsauMWC, les autres constructeursnesontpas enreste. Tousarrivent surlemarchéavec leurpropre systè-mede«connectivité», conçuavecl’industriedes télécommunica-tions:R-LinkdeRenault, PeugeotConnect,AudiConnect,BMWConnectDriveouencoreChe-vroletMyLink.

Leprincipe:unecarte SIM(lacarted’identitédesappareilsmobi-les,qui stocke leurs informations)embarquéedans le tableaudebordpermetà lavoitured’avoirdirectementaccèsauréseau3G.

«Cen’estpasunemodepassagè-reouungadget, commente

RichardRobinson,ducabinetStra-tegyAnalytics,c’estunevéritabletendancede fond. En2015, 60%desvoitures seront connectées.»

Lapremièreapplicationde cetteincursionde lahigh-techdans lesautomobilesest la sécurité. LaFordB-Max intègre,par exemple,une fonctionnalitécenséepasseruncoupde téléphoneautomati-queauxsecoursencasd’accident.Celui-ci se faitdans la languedupaysoùaeu lieu le sinistreet indi-que les coordonnéesduvéhicule.

EnEurope,PSA,Volvoouenco-reBMWont, eux, choisi l’«e-call»,uneapplicationqui fonctionnesurlemêmeprincipequecelledeFord, à ladifférencequ’il n’y apasbesoindebrancher sonsmartpho-neau tableaudebord.C’est la carteSIMdecedernierqui envoieunSMSenprécisant les coordonnéesduvéhicule.Depuis2003,5500passagersdevoituresPSAontété secourusenEuropegrâceàcedispositif. SelonM.Robinson,l’Unioneuropéennedevrait adop-terun règlementrendantl’«e-call»obligatoire.

Outre la sécurité, l’informati-queembarquéeet connectéesert àaméliorer laperformancedesvéhi-cules.Desoutilsnumériquesper-mettent,par exemple,de suivresonkilométrage,de surveiller sonniveaud’huileouencore l’autono-miedesabatterie,notammentsurlesvéhiculesélectriquesdeRenaultetdeNissan.

«Des services infinis»«Il y a tous les dispositifs d’aide

à la conduite, le GPS étant le plusconnu, avec des applications tou-jours plus bluffantes : certainsoutils peuvent indiquer la forma-tion de bouchons et proposer unnouvel itinéraire», note PatrickVergelas, directeur des projetstransversauxchez Renault.

«A partir dumoment où la voi-ture est connectée à un réseau 3G,les possibilités d’offrir de nou-veaux services sont infinies», s’en-thousiasmeGuillaumeDuvau-chelle, responsable de la recher-che et développement chezValeo, un équipementier automo-bile.

Au dernier Salon internationalde l’automobile de Francfort quis’est tenu en septembre2011, c’estce sous-traitant qui a présenté lessystèmesde contrôle de la voitu-re à distance par un smartphone.Le propriétaire de la voiture aune vue aérienne de son véhiculepar le biais de son écran et peut lediriger, commeun jouet télégui-dé, grâce à des capteurs fixés surla carrosserie reliés au smartpho-ne par leWiFi, la 3G, ou le blue-tooth. Le smartphonepermetmêmede préchauffer sa voitureà distance ou encore de la refroi-dir en fonctionde la températureambiante.

On a aussi vu à Francfort destableauxde bord transformés encentremultimédia, pour accéderaux applicationsd’informations,demail ou encore aux réseauxsociaux tels que Twitter ou Face-book. Ces applications ne sontpas encore disponiblesmais per-mettent d’imaginer ce qui serabientôt commercialisé. p

SarahBelouezzaneetPhilippe Jacqué

économie

Lavoitureconnectéeauréseau3G,c’estpourbientôt

Profil

NewYorkEnvoyée spéciale

N i visionnaire ni opération-nel,maistenaceetdiploma-te, Richard Dean Parsons,

président non exécutif, depuis2009, de Citigroup, l’une des plusgrandes banques de Wall Streetréchappée de la crise, quittera sesfonctionsenmars.

A63 ans, cet enfantdeBrooklyn,villede la banlieuedeNewYork, nesollicitera pas le renouvellementdesonmandat lorsde laprochaineassemblée générale, a annoncél’établissement américain, vendre-di 2mars. Il sera remplacé parMichael O’Neill, un ex-«marines»de 65ans, arrivé au conseil de Citi-groupen2009.

LemarchébruissaitdudépartdeM.Parsonsdepuisdesmois.L’hom-me,qui confiaitauNewYorkTimes,dès 2007, que «le boulot n’est pastoute sa vie», a-t-il eu le sentimentdu devoir accompli? Après seizeansdeprésenceauconseildelaban-quedeParkAvenue, le sexagénairenoir américainestime «que la criseest maintenant derrière nous».«J’en ai conclu, écrit-il dans le com-muniquédelabanque,queletempsétaitvenupourmoidepartir.»

Citigroup, renflouée à coups dedizainesdemilliardsdedollars parl’Etat, à l’automne 2008, pour évi-terladéconfitureaprèsdesinvestis-sements audacieux, semble ainsichanger d’ère. Sous la présidencedeM.Parsons,l’ex-supermarchédela finance a su assurer son avenir,

en devenant plus svelte grâce à lacession d’actifs. Mais le redresse-ment du groupe ne tient pas uni-quementàlui.VikramPandit,direc-teur général de la banque depuisfin 2007, en est aussi considérécommel’undes architectes.

Qualités de diplomateL’entregent de M.Parsons, ses

connexions avec Washington – ilfut conseiller du gouverneur répu-blicain Nelson Rockefeller et assis-tant du président Gerald Ford –aurontsansdoutepermisd’apaiserles relations avec les régulateurs,ventdeboutcontreles«fatcats»dela finance, ces banquiers se goin-frantde l’argentducontribuable.

Cesqualitésdediplomate,M.Par-sons ne les a pas exercées seule-ment chez Citigroupmais aussi, etsurtout, chez TimeWarner, dont ilavaitpris ladirectionen2002aprèslafusionratéeavecAOL. Ilavaitain-sisu,en2006,amadouerl’impitoya-ble financier Carl Icahn, qui, agacédevoirlecoursdeBoursedugroupede communication stagner, avaitlancéuneoffensivepourforcer sondémantèlement.M.Icahnavait finipar baisser les armes en échanged’un rachat massif par Time War-ner de ses propres actions, opéra-tion qui permet mécaniquementdedoper le coursdeBourse.

Après son départ de Citigroup,M.Parsons, dont la réputation estde savoir – aussi – profiter de la viepourrait, entend-on, consacrerplus de temps à l’entretien de sonvignoble italien et un peu moinsauxaffaires.p

ClaireGatinois

ChezCitigroup,unepagesetourneavecledépartdeRichardParsons«Lacriseestderrièrenous», aassuréceluiquiprésidait le conseilde labanquedepuis2009

I l a choisi lachaînedetélévisionBFM Business pour faire son« coming out ». Vendredi

2mars, à cinq jours de son départde la direction générale de la Cais-se des dépôts et consignations(CDC), où il avait été nommé parJacques Chirac en 2007, Augustinde Romanet, 50 ans, a annoncéqu’il était candidat à la directionde la CNP, filiale de la CDC et pre-mier assureur-vie français.

La nouvelle a surpris. Depuisplusieurs semaines, M.de Roma-net faisait savoir, sous le sceau dela confidence, qu’il quitterait legroupe public, s’il ne devait pasêtre renouvelépar le chefde l’Etat.

Le verdict défavorable, rendupar Nicolas Sarkozy le 11 janvier,lorsde sesvœuxauParlement– etquel’intéresséaapprisparunSMSduprésident de la CommissiondesurveillancedelaCDC,MichelBou-vard–aurachangésonplandecar-rière.

M. Sarkozy a dit ce jour-là sadécision de surseoir, d’ici à l’élec-tion présidentielle, aux nomina-tions à la tête des établissementspublics stratégiques, mettant finaux espoirs de reconduction del’actuel patronde la CDC.

Entre le 5 et le 20février, M.deRomanet a rencontré un à un lesmembres du comité des nomina-tions de CNP Assurances – dontHenri Proglio, administrateurindépendant et PDG d’EDF, etEdmond Alphandéry, présidentdu conseil d’administration de laCNP – afin de leur expliquer pour-quoi sa candidature était «bonnepour l’intérêt social» de l’assureur.

« Je faisais l’hypothèse que je

serai reconduit. J’y ai cru jusqu’auderniermoment,expliqueauMon-deM.de Romanet. La CNP est unebelle entreprise. Il y a des choses àfaire sur le cinquième risque [lefinancementde la dépendance].»

Labataille s’annoncedifficileLa candidature de M.de Roma-

net ne va pas de soi. La bataillepour la succession de GillesBenoist, dont le mandat s’achèvele 7 juin, comme celui deM.Alphandéry, s’annonce diffici-le.D’autrescandidatssesontdécla-rés, dontAntoineLissowski, actueldirecteur financier de la CNP et,selon plusieurs sources, DidierBanquy, le directeur de cabinet duministre de l’économie, FrançoisBaroin.

Pour emporter les suffrages,M.de Romanet défend son bilan àla tête de la CDC, sa loyautévis-à-vis de l’Etat et son sens supé-rieur de l’intérêt général. Ainsidément-il tout «pacte faustien»avecM.Proglio.C’est-à-dired’avoirsuivi cedernier lorsde sa tentativeavortée,enfévrier,d’imposerJean-Louis Borloo à la tête de Veolia, enéchanged’un soutienpour la CNP.

La désignation du nouveaupatronde la CNPpourrait prendredu temps. Une discussion s’estengagée entre administrateurs dugroupepour savoir si la « jurispru-denceCDC» doit s’appliquer à l’as-sureur, et reporter la désignationdes dirigeants après la présiden-tielle.MM.ProglioetAlphandéryysont favorables.Mais la CNP étantcotéeenBourse,d’autressouhaite-raient aller vite.p

AnneMichel

AugustindeRomanetestcandidatàladirectiondeCNPAssurancesSonmandatà la têtede laCaissedesdépôtsetconsignationsn’apasété reconduit

Tableaude bord de laB-Max de Ford. L’américain lance sa voiture connectée à Internet en Europe. DR

MarchéatoneetsurcapacitésindustriellesaumenuduSalonautomobiledeGenèveAprès l’allianceentrePSAetGeneralMotors,d’autresconstructeurspourraient suivre

14 0123Mardi 6mars 2012

Page 15: le journal le monde du 6-3-2012

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteurDernier cours connu le 5/3 à 9hValeur Cours date

en euro valeur

CM-CIC EUROPE 23,07 2/3

Fonds communs de placementsCM-CIC EUROACTS C 18,14 2/3CM-CIC SELECT.PEA 7,46 2/3CM-CICMID EUROPE 20,59 2/3CM-CIC TEMPEREC 172,48 2/3CM-CIC DYN.EUROPE 32,54 2/3CM-CIC FRANCEC 30,58 2/3CM-CIC EQUILIBRE C 72,12 2/3CM-CIC DYNAM.INTLE 27,89 2/3CM-CIC OBLI C.T.D 134,04 2/3CM-CICMID FRANCE 34,17 2/3

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SICAVET FCP

PER - Price EarningRatio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercicecourant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

FRANCE CAC 40 3486,45 5/3 -0,42 3514,15 2/3 3114,45 9/1 9,00

ALLEMAGNE DAX Index 6877,85 5/3 -0,63 6971,03 21/2 5900,18 2/1 9,35

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5894,92 5/3 -0,27 5964,02 24/2 5572,28 3/1 9,66

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 12977,57 2/3 0,00 13055,75 29/2 10404,49 4/10 11,19

Nasdaq composite 2988,97 2/3 0,00 3000,11 29/2 2298,89 4/10 15,79

JAPON Nikkei 225 9698,59 2/3 0,72 9866,41 29/2 8349,33 6/1 13,11

LESMARCHÉSDANSLEMONDE 5/3, 9h32

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PERcours 2011 2011

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VALEURSDUCAC40

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

ACCOR ......................... ◗ 26,68 26,86 -0,67 36,25 27,74 18,70 0,62 T FR0000120404AIR LIQUIDE ....................... ◗ 98,09 98,25 -0,16 2,62 99,50 94,21 2,35 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT ........... ◗ 1,80 1,83 -1,42 49,38 1,97 1,21 0,16 T FR0000130007ALSTOM ............................ ◗ 32,38 32,44 -0,17 38,20 32,88 21,93 0,62 T FR0010220475ARCELORMITTAL ............... n/d 15,97 n/d 13,06 17,96 14,03 0,16 A LU0323134006AXA .................................... ◗ 12,35 12,39 -0,32 22,95 12,92 9,39 0,69 T FR0000120628BNP PARIBAS ACT.A ........ ◗ 37,67 37,91 -0,63 24,14 38,46 27,52 2,10 T FR0000131104BOUYGUES ....................... ◗ 23,61 23,75 -0,61 -3,04 25,74 22,50 1,60 T FR0000120503CAP GEMINI ...................... ◗ 33,33 33,55 -0,66 38,02 33,64 24,04 1,00 T FR0000125338CARREFOUR ..................... ◗ 18,79 18,88 -0,48 6,64 19,10 16,27 1,08 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............ ◗ 4,92 4,95 -0,55 12,80 5,71 4,01 0,45 T FR0000045072DANONE ............................ ◗ 51,03 50,96 0,14 5,06 51,47 45,93 1,30 T FR0000120644EADS ................................... ◗ 27,48 27,65 -0,63 13,77 28,05 24,02 0,19 T NL0000235190EDF ...................................... ◗ 19,57 19,60 -0,18 4,07 19,71 16,92 0,57 A FR0010242511ESSILOR INTL .................... ◗ 60,96 60,79 0,28 11,75 61,79 54,50 0,83 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............ ◗ 11,40 11,44 -0,26 -6,02 12,40 11,09 0,60 A FR0000133308GDF SUEZ ........................... ◗ 19,60 19,60 n/d -7,20 21,85 19,06 0,83 A FR0010208488LAFARGE ........................... ◗ 35,62 35,84 -0,63 31,15 36,09 26,07 1,00 T FR0000120537LEGRAND .......................... ◗ 27,27 27,38 -0,40 9,74 27,80 24,54 0,88 T FR0010307819L’OREAL ............................ ◗ 87,54 87,68 -0,16 8,48 87,78 79,22 1,80 T FR0000120321LVMHMOET HEN. ............ ◗ 128,70 129,15 -0,35 17,64 129,90 108,00 0,80 A FR0000121014MICHELIN ........................... ◗ 51,50 51,96 -0,89 12,75 57,93 45,61 1,78 T FR0000121261PERNODRICARD ............... ◗ 78,23 77,87 0,46 9,17 78,98 70,50 0,77 S FR0000120693PEUGEOT ............................ ◗ 14,49 14,53 -0,28 19,65 17,39 11,98 1,10 T FR0000121501PPR ..................................... ◗ 127,75 128,20 -0,35 15,45 129,15 110,70 3,50 T FR0000121485PUBLICIS GROUPE ........... ◗ 41,61 41,77 -0,40 17,06 42,60 35,30 0,70 T FR0000130577RENAULT ............................ ◗ 39,94 40,31 -0,93 49,03 42,05 26,76 0,30 T FR0000131906SAFRAN .............................. ◗ 25,48 25,70 -0,84 9,80 26,03 22,75 0,25 A FR0000073272SAINT-GOBAIN .................. ◗ 35,94 36,37 -1,17 21,15 37,62 29,03 1,15 T FR0000125007SANOFI ............................... ◗ 57,23 57,36 -0,23 0,85 57,58 54,86 2,50 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC ..... ◗ 52,03 52,36 -0,63 27,90 52,70 40,31 3,20 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ......... ◗ 25,18 25,39 -0,85 46,35 25,96 14,88 1,75 T FR0000130809STMICROELECTR. ............. ◗ 5,45 5,52 -1,23 18,73 5,83 4,59 0,09 A NL0000226223TECHNIP ............................. ◗ 83,53 83,83 -0,36 15,02 84,98 68,76 1,45 T FR0000131708TOTAL ................................. ◗ 42,30 42,46 -0,39 7,08 42,59 38,57 0,57 A FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........ ◗ 147,20 147,70 -0,34 5,98 152,25 130,35 8,00 D FR0000124711VALLOUREC ....................... ◗ 53,57 53,99 -0,78 6,80 58,24 49,68 1,30 T FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............. ◗ 11,03 11,05 -0,18 30,24 11,27 7,88 1,21 T FR0000124141VINCI ................................... ◗ 39,22 39,41 -0,50 16,16 39,59 33,62 0,55 A FR0000125486VIVENDI .............................. ◗ 14,26 14,36 -0,73 -15,75 17,62 14,16 1,40 T FR0000127771

Lundi 5 mars 9h32Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code

cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

AutomobileDes fondslorgnent sur l’activitéde peinture deDuPontUnedizainede fondsde capital-investissementenvisagentdecréer trois ou quatre consortiums,afinde racheter les activités depeinturepour véhiculesdugrou-pe américainDuPont, dont le prixpourrait dépasser 4milliardsdedollars (3milliardsd’euros), selondes sources citéespar l’agenceReuters. Blackstone s’est allié avecBainCapital, tandis que le fondsClayton,Dubilier&Rice fait équi-pe avecCVCCapital.Des fondscommeKKRouCarlyleGroupseraient également intéressés.

GeneralMotors suspend laproduction de son hybrideVolt temporairementLe constructeurautomobileaméri-cainGeneralMotors (GM)aannon-cé, vendredi 2mars, qu’il allait sus-pendredurant cinq semaines lafabricationde sa voiturehybrideVolt, afinde s’ajuster à la deman-de. Présentée commel’avenirdel’automobile, cette berline rechar-

geable sur secteurn’a étévenduequ’à8 000exemplairesen 2011,contre 10000attendus. En jan-vier,GMavait annoncéqu’il sedonnait jusqu’aumois demai oujuinpourdéterminer«si cette voi-tureadu ventreoupas».

EditionLa ventede Flammarioninquiète les syndicatsLe comitéd’entreprise européenrestreintde RCSMediaGroupa

dénoncé«l’absencede stratégieglobale»de la directiondugrou-pe italiendemédias. «Lapolitiquedugroupe semble orientée vers lecourt terme, avec des coupes et descessions», écrit-il, le 2mars, dansun communiqué, évoquant, aprèsl’arrêt du journal gratuitCity enItalie, la vente«d’autres actifs stra-tégiques, tels que Flammarion enFrance». Les syndicatsdeman-dentque «RCS s’engageàpréser-ver le périmètre du groupe».

MédiasTrente-deuxdossiers auditionnéspar le CSApour la TNTDeux candidats, sur les trente-quatre ayant initialement déposéun dossier, ont renoncé à êtreauditionnés par le CSA pour l’at-tribution de six nouvelles fré-quences sur la TNT. Il s’agit de LaChaîneMétéo (groupe Le Figaro)et d’Urb TV, chaîne sur les cultu-res urbaines. Les auditions com-mencent lundi 5mars et doivents’achever le 14mars (LeMondedaté 4-5mars).

IndustrieEurofinsa plus quedoubléson bénéfice net en 2011Leadermondial des analysesdeproduits alimentaires et demédi-caments, le français EurofinsScientific, dont le siège se situe àNantes, a annoncéunbénéfice de57millionsd’euros pour 2011, enhaussede 128%par rapport à2010, a-t-on appris dansun com-muniquépublié lundi 5mars. Lechiffre d’affaires a, lui, progresséde 22%, à 829millions d’euros.

Marchés

Finance

Lefondssouverainchinoisreçoit30milliardspourinvestirenEuropeLe fonds souverain chinois, la China InvestmentCorporation (CIC), areçu30milliardsdedollars (22,7milliardsd’euros)de lapartde l’Adminis-trationd’Etatdes changes (SAFE), fin 2011, pour investir enEurope, selonsondirecteurgénéral adjointWang Jianxi, cité lundi 5marspar leChinaDaily. La CICa été fondéeen2007. Son rôleestd’investir dansdesentre-prisesétrangèresunepartiedes colossales réservesde changede laChine,qui frôlaient, fin 2011, les 3200milliardsdedollars. Les avoirsde laCICsemontaientàprèsde410milliards fin 2010, selondes chiffresoffi-ciels,mais «les fonds reçusprécédemmentont étépour l’essentiel inves-tis», assureM.Wang. Il souligneque lesdifficultés traverséespar l’Euro-pe créentdes opportunitéspoury racheterdes entreprises.– (AFP.)p

économie&médias

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Conjoncture&viedesentreprises

L a journéedu8mars, dédiéeaux femmes, sera ànouveaul’occasionde belles déclara-

tionsd’intention. Tout seramisenœuvrepour casser le plafonddeverre qui bride la carrièredesfemmes. Promis, juré!D’ici peu,les inégalités salariales serontdessouvenirs désuets. Comme le faitqu’une femmenepuisse exercerune activité professionnelle sansle consentementde sonmari. Cequin’est pourtantplus le cas enFranceque depuis 1966.

Lamajorité (53%) des centainesdedirigeants de septpays euro-péens– et 57%des Français –,interrogéspar le cabinet deconseil en stratégieMcKinsey,déclarent que cette questionde lamixité fait partie de leursdixprio-rités stratégiques, selon l’étudeWomenMatter 2012, que LeMon-de apu consulter.Quelle prisedeconscience!

Mais, dans les faits, la situationn’évolueguère. Certes, la loifrançaise, promulguée le 27jan-vier 2011, qui impose que lesconseils d’administrationdesentreprises françaises cotées com-prennent aumoins 20%de fem-mes avant janvier2014, et 40%avant janvier2017, a accéléré leprocessusdans ces instances.Mais, ailleurs, c’est le calmeplat. Iln’y a que8%de femmesdans lescomités exécutifs français. Et ellesn’ont qu’une chance infimededevenirun jour PDG.

Le secteur financier est le plusmachiste, auniveaueuropéen.A labase, les femmesconstituent lamoitiédes effectifs.Maisellesne

sontplusque22%dans l’encadre-mentmoyen. Jusqu’àdisparaîtrecomplètementenhautde lapyra-mide.

Quasiment tous les PDG inter-rogés (92%) affirmentpourtantqu’ils s’engagentpersonnelle-mentpour améliorer lamixitédans leur entreprise. C’est-à-direqu’ils fixent desobjectifs enmatièredepromotiondes fem-mes, par exemple.Mais dans lesfaits, ce n’est vraiment le cas quedans41%des sociétés, ont vérifiéles experts deMcKinsey.

Demême, 60%des entreprisesdisent avoirmis enplace despro-grammespour aider les femmesàconstituerdes réseauxet à acqué-rir desqualités de leaders. En insti-tuantdes systèmesdementoring,par exemple.Mais à peine 15%l’ont réellement fait.

Il faut dire que60%des cadresmoyenshommesnepensent pasque lamixité soit un facteur deperformanceen entreprise. Lesstéréotypesont la vie dure. Beau-coup reste à faire pourque lesmentalités évoluent.

Alors, aprèsvosbellesparoles,auxactes,messieurs! Carc’estbiensouventvousqui êtesauxmanet-tes. Pourdébloquer la situation.p

[email protected]

Apeine15%desentreprisesdisposentdeprogrammespouraccroîtrelamixité

Mavie en boîte | chroniqueparAnnieKahn

Auxactes,messieurs!

BruxellesBureau européen

U ne grande consultation,d’ici à la fin mai, sur lamanière d’imposer des

femmes aux postes dirigeants dessociétés:c’est leprojetqueVivianeReding, commissaire à la justice etaux droits fondamentaux, devaitprésenter lundi 5marsàBruxelles.

Elle décidera ensuite d’uneéventuelledirective,de sonampli-tude (quelles sociétés seraientconcernées), et d’un éventuelvolet de sanctions – en Espagne,les entreprises trop machistesn’ont plus accès aux marchéspublics, enNorvège, leurs organesdirigeants sont dissous.

Une consultation? Faute demieux, sous-entend la responsa-ble luxembourgeoise.Elleaurait, àl’évidence, aimé aller plus vite etplus loin, mais elle n’ignore pasqu’en ce moment l’Union ad’autresprioritésdans le domaineéconomique.

Le constat est, en tout cas, évi-dent: il n’y a pas assez de femmesdans les conseils d’administrationet à la tête des grandes entreprisesdes Vingt-Sept. Au rythme actuel,l’Union n’atteindra pas les objec-tifsqu’elleavaitfixés:30%d’admi-nistratricesen2015, 40%en2020.

MmeReding avait d’abord imagi-né unemesure non contraignanteetunappelauxbonnes intentions.Qui n’a pas mené bien loin :24entreprises seulement (dont lesFrançaises LVMH et Guerlain) ontsigné lachartequi leurétaitpropo-sée et, dans les sociétés européen-nes cotées enBourse, on ne trouvetoujours que 12% de femmes dansles conseils. Et 3,4% à un poste dePDG alors qu’aucun problème dequalification ou de disponibiliténe se pose: avec l’aide d’écoles decommerce,laCommissionaidenti-

fié2000dirigeantesdisposantdesmeilleurs diplômes, comme unMBA,etde l’expériencenécessaire.

«Cela ne va pas !», tempêteMmeReding.Elleopposeàcette réa-lité des chiffres frappants : 60%des diplômés universitaires d’Eu-rope sont désormais des diplô-mées. Et 88% des citoyens euro-péens se disent, selon un récentEurobaromètre, favorables à ceque des femmes exercent les plushautes responsabilités, 75% esti-mantmême qu’il faut établir unevéritableparité.

Meilleures performancesQuatre études, réalisées par la

Deutsche Bank, Ernst &Young,McKinsey et Goldman Sachs,convergent vers la même conclu-sion : les entreprises qui organi-sent un bon équilibre entre hom-mes et femmes réalisent demeilleuresperformances.

«On ne peut pas se permettre,par les temps difficiles que nousvivons, de ne pas utiliser tous cestalents », déclare MmeReding.Depuis son entrée en fonctions, lacommissaireaespéréquelesexem-ples vertueux des Etats qui ontvoté des lois ou imposé des codes,imposant ou recommandant desquotas, seraient contagieux. LaNorvège, puis la France, l’Espagne,la Suède, la Belgique, l’Italie, lesPays-Bassontdanscecas.LaFranceest distinguée par MmeReding :«Elleestdésormais lemeilleurélèvedeclasse,avec22%d’administratri-ces dans les entreprises cotées enBourse. » Au Royaume-Uni et enAllemagne, « le débat bouillonne»,selon la commissaire.

Mais une majorité de pays del’Unionsont toujoursà la traîne,eton les voit mal, faute de contrain-tes, donner aux femmes dirigean-tes la place qui leur revient.p

Jean-PierreStroobants

Analyse

B ientôt trois semaines que leprésidentde la Banquemon-diale, Robert Zoellick, a

annoncé qu’il ne se représenteraitpas à ce poste, le 30juin, au termede son mandat, et toujours aucuncandidat crédible pour le poste–hormis l’économiste américainJeffrey Sachs – alors que la liste despostulantssera close le23mars!

Lorsque Dominique Strauss-Kahn avait démissionné, enmai2011, de la direction du Fondsmonétaire international (FMI), laFrançaise Christine Lagarde et sonchallengermexicain, Agustin Cars-tens, étaient trèsvite entrésen lice.

LapremièreministreduBangla-desh a bien lancé la candidature deson compatriote – qu’elle déteste –Mohammad Yunus, Prix Nobel delapaix,maiscelui-cia refusé.

Aupremier abord, cette absencedespaysémergentss’expliquemal,car ilsontdemandéqu’undes leursoccupeceposte,où la connaissanceetlapratiquedesquestionsdedéve-loppementsontprimordiales.

On croyait avoir entenduGuidoMantega, le bouillant ministre desfinances brésilien,mais aussi quel-ques officiels chinois, déclarer quele monopole américain à la prési-dencedelaBanquen’étaitplus légi-time.Etpuis?Rien.

La première raison de cet étran-ge silence est que les pays en déve-loppementsontdésunis. Ilsavaientété incapables de présenter unealternative commune à la candida-ture de MmeLagarde. Les divergen-cesentre laChineet l’Inde, l’AfriqueduSudet leNigeria, le Brésil et l’Ar-gentine semblent une fois de plusles empêcher de s’entendre. Tous,par ailleurs, redoutent les Etats-Unis qui pourraient prendre desmesures de rétorsion en refusant,par exemple, que les prêts avanta-geuxetlesdonsdelaBanqueaillentàtelpaysrécalcitrantquienagrandbesoin pour construire un barragehydroélectrique.

Etpuis,pourquoiseportercandi-dat à un poste que les Américains,enpleinreplinationaliste,ne lâche-rontpas?Car ils sont les seuls àdis-poserd’undroitde vetoet les Euro-

péens leur renverront l’ascenseuraprèsqu’ilsontvotépourMmeLagar-deen2011.

Le sénateur démocrate JohnKerry,anciencandidatàlaprésiden-cedesEtats-Unis,aexpliquédans leWashington Times, le 22 février,pourquoi il pensait que les Etats-Unisdevaientconservercetteprési-dence. Pas question pour lui decéder la barre d’une institutionquia financé, depuis sa fondation en1944, plus de 11000projets dans168pays pour 750milliards de dol-larsetdontWashingtonaété lepre-miercontributeur.

Profiter de la divisionL’ouverture des responsabilités

àd’autrespaysquelesEtats-Unisoul’Europe est suffisante, dit-il, puis-quel’undesdirecteursgénérauxdela Banque est indonésien et l’autreégyptien, son chef économisteétant chinois. On ne saurait êtreplus clair et, venantd’unprocheduprésident Obama, cela ressemble àune position officielle. La lenteuraméricaineàabattresescartess’ex-plique, elle aussi. Les Etats-Unisont

intérêt à attendre que les émer-gents étalent leurs divisions. Sijamaisceux-ciparvenaientàlessur-monter, M.Obama choisirait alorsl’Américainlepluscapabledelesur-classerdans la listedespossibles.

Si les émergents présentaientune femme, Washington aurait lechoixentrelasecrétaired’EtatHilla-ry Clinton (qui n’en veut pas pourl’instant), Susan Rice, l’ambassadri-ceàl’ONU,ouLaelBrainard,lasous-secrétaire au Trésor pour les affai-res internationales.

Si le monde en développementjouaitlacarted’unesommitéacadé-mique, le champion américainpourraitêtreLarrySummers,prési-dentde l’universitédeHarvard,quifait le siège de la Maison Blanchepourêtre l’heureuxélu.

Sans oublier Timothy Geithner,secrétaireauTrésor, JohnKerry lui-même et d’autres personnalités demoins gros calibre, commeMoha-med El-Erian, patron du fondsPimco, Indra Nooyi, directrice dePepsiCo, et Jeffrey Sachs, l’uniquecandidatdéclaréà ce jour.p

AlainFaujas

80, boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris01 57 28 29 85 - http://boutique.lemonde.fr/

0123LA BOUTIQUE

Du lundi au vendredi9 h 30 à 18 h

Samedi 10 h à 14 h

VivianeRedingdéfendlesfemmesdirigeantesLacommissaireeuropéenneva lanceruneconsultationsur laparitéà la têtedessociétés

LespaysémergentsauxabonnésabsentspourlaprésidencedelaBanquemondialeLesAméricainsentendentquecesoit l’un(e)des leursqui succèdeàRobertZoellick

150123Mardi 6mars 2012

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MoscouEnvoyée spéciale

Elle ressemble à tout lemonde,Zoïa Svetova. Elle a 53ans, lesyeux gris et un chien joyeuxqui vous saute sur les genouxpendant que vous buvez unthé et que la neige tombe à

grosfloconsderrière lavitredusalon,unepiècevieillotteetconfortableoùlajourna-liste de l’hebdomadaire The New Times ainstallé un coin bureau. Elle ressemble àtout lemonde. Presque.

Ses trois fils aussi sont journalistes. Ilsont grandi dans la Russie des «métamor-phoses»,pourreprendre letitred’unessaide Georges Sokoloff sur les années del’après-Brejnev, une fois soulevée la cha-pe soviétique. Comme beaucoup desmanifestantsde la«révolutiondeneige»,Philippe, Timofey et Tikhon ont surtoutconnu la Russie de Vladimir Poutine, aupouvoirdepuisdouzeans.Après lavictoi-re de l’homme fort du Kremlin lors duscrutin présidentiel du dimanche 4mars,ilssontprêtsàretournerprotesteretmon-trer qu’ils ne sont pas dupes.

«Les gens en ont assezdes élections tru-quées. Ils descendent dans la rue pour direqu’ils existent, qu’ils ont des droits et ledésirdeprendreleurdestinenmain»,résu-me Tikhon, le plus jeune des fils, reporterà la radioEchodeMoscou.Samère l’a sur-nommé « le libérateur». C’est que Tikhonest né le 23 juin 1987 : ce même jour, lesparents de Zoïa Svetova ont appris qu’ilsétaient graciés. Graciés, enfin! Après unevie de brimades, d’interdits et quelques

années de goulag. Félix Svetov et sonépouse, Zoïa (qui a légué son prénomà safille), tous deux critiques littéraires ettous deux devenus opposants au régime,sont eneffet passés, l’un après l’autre, parles épreuvesde laprisonpuisde la reléga-tion en Sibérie.

Curieuses coïncidences – à répétitionqui plus est –, «la naissance de chacun demesfils correspondàunmomentfortde lavie de dissidents de mes parents», s’éton-ne Zoïa Svetova fille. En août 1982, alorsquesonaîné,Philippe,estencoreunbébé,la journaliste se trouve à la campagne,dans ladatchafamiliale, encompagniedesa mère. Cette dernière se sait menacée.Convertieauchristianismeorthodoxe,audébut des années 1970, cette pasionariaclandestine s’est mise à taper à la machi-ne, sur du papier pelure, des textes reli-gieux, recopiant les Mémoires de prêtresdétenus au goulag, des courriers, des arti-cles interdits… Certains de ces samizdatsréussirontmêmeàpasser la frontière et àêtre édités à Paris.

Ce 2 août 1982, donc, vers 22heures,deux voitures noires se garent devant lamaisonavec jardin, à unequarantainedekilomètres de Moscou. La famille Svetovoccupe le premier étage. «Nos voisins durez-de-chausséeavaient été contactés parle KGB pour qu’ils préviennent si nousétions là», précise Zoïa Svetova fille. Lesmiliciens sont en civil. «Ils ont fouillé jus-que dans le berceau de Philippe, dans seslanges », se souvient-elle. Sa mère estembarquée. La machine à écrire et plu-sieurs livres sont confisqués.

A l’époque, les ouvrages publiésau-delà du rideau de fer sont soumis àune stricte censure. Quant à la Bible, elleest tout bonnement «introuvable», rap-pelleNicolasMiletitch, chefdubureaudel’Agence France-Presse (AFP) à Moscou,lui-même expulsé d’Union soviétique,en 1981, pour avoir aidé des dissidents.«Surcertainesradios, celleduVatican,cel-le des protestants aussi, le présentateurlisait lentement, exprès, des textes reli-gieux, de manière à permettre aux audi-teurs russes de les recopier», raconte lejournaliste, auteur, en 2007, avec JeanCrépu, de L’Histoire secrète de “L’Archipeldu goulag”, documentaire inspiré del’œuvre d’Alexandre Soljenitsyne. Fidèleàsafoiorthodoxe,ZoïaSvetova,néeKhra-chmalnikova, écope d’un an de prison etde cinq ans de relégation en Sibérie.

« L’objectif de mon père et le mienétaient simples : l’attendre, l’aider, la fairesortir », rapporte sa fille. Ce sont desannéesdifficiles.Elles le sontplusencore,à partir de janvier1985, quand Félix Sve-tovest à son tourarrêtépour«propagan-de antisoviétique». Intellectuel brillant,romancier «habité par la foi», comme ledit sa fille, il a décrit son enfance dans un

essai (non traduit), Tentative d’autobio-graphie. Toute la famille l’a lu. «On conti-nue à faire ce qu’a fait notre grand-père:onsebatpour lesdroitshumains»,assureTimofey, ledeuxièmede lafratrie, journa-listeaumagazineéconomiqueaméricainForbes. Lui-mêmeestné le 23 janvier 1985– le jour de l’arrestation de son grand-père, Félix Svetov.

Ecrire sur la prison, sur la justice quin’en est pas une, Zoïa Svetova en a prisl’habitude.Elle,qui rêvait,petite,dedeve-nir comédienne de théâtre, passe sontemps loin des projecteurs et des beauxtextes du répertoire. Spécialiste dumon-de carcéral, bénéficiant du statut de visi-teusedeprison,cettehabituéedesprétoi-res s’est fait un nomà la fois dans la pres-se et dans l’univers des associations dedéfense des droits humains.

Aujourd’hui, ce ne sont plus des dissi-dents qu’on embastille. Dans la Russied’aujourd’hui,à encroireVladimirPouti-ne, les prisonniers politiques n’existentplus, remplacés par des oligarques, accu-sés – parfois à raison… – de malversa-tions. «Les dossiers sontmontés de toutespièces et les “arrangements” infinis. Lepolicier, le juge, leprocureur: vouspouvezacheter tout lemonde», s’indigne la jour-naliste.

C’est vers elle qu’un entrepreneur dela région de Moscou, Nikolaï Kudelko,

condamné à trois ans et demi de prison,après avoir résisté au racket demiliciensde son quartier, s’est tourné, en 2010,pour raconter son histoire. «Pour la pre-mière fois, un homme d’affaires expli-quait, endétail, ce qu’il avait subi. Baston-nades comprises, infligées par les détenusde droit commun. Il est sorti avec une idéefixe : que ceux qui l’ont humilié et ruinésoient punis. Il a déposé plusieurs plain-tes. Surtout, il a parlé. Sans peur», souli-gne Zoïa Svetova, dont l’article fait grandbruit.

«Jene suis pas dangereusepour le régi-me», juge-t-elle. «Quand vous écrivez surla corruption au plus haut sommet del’Etat, à ce moment-là, oui, c’est chaud»,nuance-t-elle. Selon Reporters sans fron-tières, depuis mars2000, vingt-six jour-nalistesontététuéssur lesolde laFédéra-tion de Russie, leurmort étant liée à leuractivité professionnelle. Parmi lesquelsAnna Politkovskaïa, assassinée le 7octo-bre 2006.

Ecrire, témoigner sans relâche: est-ceune obsession russe ou une traditionfamiliale chez les Svetov? Un jour, alorsqu’elle est enfermée dans la prison deLefortovo, Zoïa Svetova-Khrachmalniko-va découvre une croix blanche sur le pla-fondde sa cellule. Cette croixdevient son« icône», écrit-elle dans Ecoute, prison !(texte non traduit). « Je ne dois pas avoir

peur d’être fusillée, ni de prendre douzeans de prison – comme me l’a promis lejuge d’instruction, ajoute-t-elle.Une Egli-se se trouve derrière moi, je suis petite, jene suis rien, mais je ne suis pas toute seu-le…» Le peloton d’exécution? Pour avoircru en Dieu? Non, bien sûr. Encore que…L’histoire de l’URSS regorge de charnierset d’exécutions arbitraires. La prisonniè-re des années 1980 le sait bien. Son beau-pèreestmortpourmoinsque ça.Commeles quelque 8,5millions de victimes despurges staliniennes.

G rigori Friedland – le nom defamille sera changé en Svetov,plus tard – était un communiste

convaincu, partisan de Joseph Staline(1878-1953). Issu d’une famille juive deMoscou,universitaire reconnu, cethisto-rien, spécialiste de la Révolution françai-se, est arrêté en 1937. Condamné l’annéesuivante, il est fusillé comme «ennemidupeuple». Pour en avoir été l’épouse, safemme, Nadejda Lvovna Friedland, estenvoyée au goulag. Sans son fils, Félix,âgéde13ans.RestéàMoscou, le jeunegar-çon sera élevé par ses tantes.

Félix Svetov raconte son effroi à la vuede samère, à qui il rendvisite, un jour, aufin fondde laMordovie (à 450kmausud-est de Moscou), où elle est enfermée :«Derrière elle, se tenait un soldat avec un

grand fusil. Et c’était invraisemblable :maman, toute petite, habillée d’un man-teau trop grand pour elle, avec ceméchantsoldatqui lagardait !»,note-t-il,dans sa Tentative d’autobiographie.

Zoïa Svetova a réalisé tardivementqu’elle faisait le même trajet que sonpère,descendaità lamêmestationdePot-ma, en Mordovie. Les miradors n’ont«pas été réparés depuis Staline». La jour-nalisteduNewTimes rendrégulièrementvisite, en effet, à une jeune Tchétchène,Zara Mourtazalieva, accusée d’être uneterroriste – « condamnée à huit ans etdemi de prison. Pour rien !»

FélixSvetov,morten2002,etsonépou-se,morte en 2007, ont eu le tempsde voirla findel’Unionsoviétique,desmassacresdemasseet de la censure.Dans lemagazi-ne Bolchoï Gorod, référence est faite, fré-quemment, aux années staliniennes. Sonrédacteuren chefn’est autrequePhilippeDziadko, l’aîné des fils de Zoïa Svetova. En2011, unnuméro spécial de Bolchoï Goroda causé un (relatif) émoi: il était composéuniquement des noms des Moscovitesfusillés à l’époque de la «grande terreur»(entre1937et1938),«soit9780noms»,pré-cise le journaliste. Sans se bercer d’illu-sions : l’évocation des dissidents ou lecombat pour les droits humains «ne sontpas des sujets à lamode». Les choses peu-vent-elles changer? p

décryptagesREPORTAGE

«Oncontinueàfairecequ’afaitnotre

grand-père:onsebatpourlesdroitshumains»

TimofeyDziadko

Dissidence,uneaffairedefamille

Zoïa Svetova et ses fils,Tikhon, Timofey et Philippe.

IGOR STARKOV POUR «LEMONDE»

Catherine Simon

AMoscou,chezlesSvetov,oncontestedegénérationengénération.Del’arrière-grand-père fusillécomme«ennemidupeuple»auxarrière-petits-filsbiendécidésàs’opposeraupouvoirenplaceaprès l’électiondeVladimirPoutine

Page 17: le journal le monde du 6-3-2012

LouiseL.Lambrichs

EcrivaineChargée d’enseignement

à Sciences Po

décryptagesDÉBATS

N’en déplaise à noschefs, français ouimmigrés, qui fontde la France l’undes pays où l’onmange le mieux,

l’annonce de l’arrivée prochained’une nouvelle formule du guideMichelin sur Internetmontre parseseffetsàquelpoint lahautegas-tronomie française, déjà sur ladéfensive, a sombré dans l’amer.

Créateuren2006duguideFoo-ding France, avec une banded’amateurs de fleurs, de pimentset de whisky, j’aurais pu profiterde cette tribune pour expliquercommentleGuiderouge2012rou-leà côtéde sespneus…Aucontrai-re, je prends ici la défense duBibendum gastronomicum, aunom d’une déontologie profes-sionnelle commune à nos deuxguides, qui nous impose de payernos additions dans les restau-rants.

Petit rappel des faits : repris enmain à la suite du décèsd’Edouard Michelin en 2006, lenouveauGroupeMichelin,moinsattaché à la bonne chère qu’auxboyaux synthétiques, décide deraisonner les comptes du Guideen développant une approcheWeb plus rentable. Un nouveau«web model » voit le jour, avecdeuxgrandesidéespouraugmen-ter trafic et revenus. Il prévoit,d’une part, l’ouverture généraledu site aux avis d’internautes surles adresses du Guide et, d’autrepart, la présence de publicités derestaurants non sélectionnés parles enquêteurs.

On ose alors penser quemêmeMmeMichuauraiteuassezd’espritpour demander à M.Miche com-ment, dans ces conditions, le Gui-de pouvait garantir qu’aucune«décoration» ne serait jamaisremise par complaisance à unmauvais chef, trop bon client…Pourtant, réunisauPlazaAthénéeet consultés sur ce projet fin 2011,les triples étoilés Alain Ducasse(chef dudit Plaza), Marc Haeber-lin, Dominique Loiseau, Anne-Sophie Pic et Joël Robuchon levè-rent un autre lièvre.

Si l’on suit l’article de NadineLemoine, dans l’hebdomadaireHôtellerie-Restaurationdu 10jan-vier, le truc le plus âprement dis-cutéparcesmessires,décidémentpeu sûrs de leur fait, fut la livrai-son en pâture de leurs tables deluxe à l’avis de la populace. «Sivous laissez les commentairesouverts,ce serauntollédans lapro-fession», avertit Alain Ducasse.«S’il y a une faille, c’est fini pourvous et pour nous», surenchéritJoël Robuchon.

De quoi dégonfler quelquepeu, hélas !, notre bonhommeMichelin, puisque le lancement

du site fut ajourné, le temps deprendre des mesures… «Commemodérer davantage les commen-tairessur les restaurantsembléma-tiques duGuide», me confiait-on.

Pour des raisons étroitementliées, une série de reportages surles critiques et sites gastronomi-ques (qui devait initialement êtrediffusée durant la semaine du27février au 2mars sur TF1, au fildes «20heures» et pour laquellej’ai été interviewé) a été annulée.

C’est SylvianeMondet, journa-listeàTF1,quim’appellepours’ex-cuser de la situation : «Le guideMichelin ne souhaite plus jouer lejeu. Ils ont eu des problèmes avecDucasse et Robuchon. Nous neferons plus qu’un seul sujet, quidevrait passer dimanche soir.Votre intervention a été raccour-cie.»

Le lendemainmatin,unjourna-liste gastronomique me confir-mait encore qu’Alain Ducassehésitait à faire paraître une tribu-ne pour justifier son opposition àcette nouvelle déclinaison enligne du Guide… Mais l’idéeimpayable fut lancée par le prési-dent des Logis de France, égale-ment convié chez Ducasse : met-treenplaceunsystèmequigaran-

tisse que celui qui laisse un com-mentaire ait bien testé l’établisse-ment, au moyen d’une addition,par exemple.

Proposition immédiatementsaluée et même débattue plustard dans les coulisses du Miche-lin. Proposition éminemmenthypocrite quand on sait que l’es-sentiel des grands chefs étoilésreçoivent des critiques gastrono-miqueschezeuxsans leurprésen-ter l’addition. Le patron d’Omni-vore, Luc Dubanchet, se justifiaitainsi dans l’édition 2010 de sonCarnetde route : «Certaines tablesnous invitent même si l’additionest systématiquement deman-dée.»

Quand on sait que la remisedesprixdecertainsguidesestqua-si monnayée en nature (je gardeainsisouvenird’unappel télépho-

niqueavecun illustre critiquequim’expliquait avoir remis un prixàun établissement afinque celui-ci accueille gracieusement la soi-rée de lancement de son guide).

Quand on sait que la «cheffe-rie » continuera de cautionnerdesguides sansexiger lespreuvessonnantes et trébuchantes desvisites de leurmaison.

Quand on sait que même lesmodernes blogueurs s’y mettent,tel Bruno Verjus (Foodintelligen-ce),demandantauxrestaurateursde payer 2400 euros hors taxes(avec photo) s’ils souhaitent figu-rer dans son guide «précurseur».

Louable intention de primeabord, l’exigenced’honneurspro-prement mérités par les chefs nedoit donc pas s’arrêter au seuildes avis d’internautes. Ducasse etRobuchon pourraient donnerl’exemple en annonçant qu’ils nerecevront plus gracieusement decritiques gastronomiques dansleurs établissements.

On réapprendrait à les aimeren chefs inspirés, fiers, libres,auteurs des plus belles pages denotre histoire cuisinière, et nonen chefaillons fort aises qu’elle enrestât là où leurs intérêts lesmènent.

La France mérite mieux quedes œufs miroirs à reflets palots,tremblotants de fébrilité, sanshonneur ni saveur. Il en va del’avenir du Michelin et d’uneconception du bon goût qui estaussi la vôtre,messieurs…

Alors, s’il vousplaît,ne contrai-gnezpas le dernier guide aumon-de quimange encore proprementà vos tables à changer sa formulesous prétexte qu’il renouvelle saprésence en ligne ! p

du lundi au vendredià 21h25

franceinfo.fr

“A LA UNE DU MONDE”Sur France Info

avec

¶Le guideMichelin France2012 a été mis en vente

le 1er mars.Il sera prochainementdisponible en ligne

La récente décision du Conseilconstitutionnelderejeter la loipénalisant la négation desgénocides reconnus par la loiet documentés par l’Histoireest un événement historique

qui confronte chaque sujet à sa conscien-ce, voire à son inconscience (pour ne pasdire son inconscient). Cet événement,dont le sens me paraît devoir être penséautant que possible, devrait inviter eneffet chacun à se situer et à choisir soncamp, au-delàde ses opinionspersonnel-les puisqu’il s’agit d’une question d’inté-rêt public.

Quant àmoi, cette décisionme paraîtgravissimeausensoù,aunomdela liber-té d’expressiondont j’use ici publique-ment, elle soulève la question des rap-ports qu’entretient le Conseil constitu-tionnel français avec les décisions prisespar les cours pénales internationales,toutenportantatteinteà lavéritéhistori-que dont héritent les jeunes générationsactuelles et en entérinant légalementtoutes les formes de négationnisme aunomde la liberté.

En effet, si le Conseil constitutionnelest logique, cette décision, qui est aussiun acte symbolique, devrait l’amener àremettre en cause la loi Gayssot. Car il nepeutpas à la fois rejeter ceprojet de loi etmaintenirune loi qui condamne lenéga-tionnismesanss’exposeràêtre inconsis-tant,voire incohérent.C’est làunecontra-diction à laquelle la raison législative vabien devoir se confronter – sauf à soute-nir la liberté comme étant d’abord laliberté de ne pas penser (qui existe, bienentendu, mais dont on souhaiterait, sipossible, qu’elle ne fasse pas la loi dansun pays qui s’honore de grands pen-seurs).

En ce sens, quels qu’aient été les étu-des publiées depuis des décennies et lesdébats soulevés par ces études, on nepeut pas dire jusqu’ici que les hommesaient réussi à penser le génocide commeréel, sa spécificité, et la différence radica-le qui le distingue de la guerre ordinaire.

Cedont témoignentbien, surunautreterrain européen où la France a aussi étéengagée, les discours actuels et passéssur la guerre de Yougoslavie, discoursportés par d’innombrables experts eneffet très libres, et c’est heureux, maisqui semblent jusqu’icin’avoirpas saisi larelation entre le négationnisme desnationalistesserbes,et larépétitiongéno-cidaire qui s’est produite, sous nos yeux,dans les Balkans.

Demonpointdevue, et c’est làunévé-nementdont jemedemandequi il pour-raréjouir, ladécisionduConseil constitu-tionnelconsacrelavictoiredeRobertFau-risson et de Noam Chomsky qui, si lelégislateur a bonne mémoire, avaientpris la défense de cet historien négation-niste « au nom de la liberté d’expres-sion».

Que je sache, leshistoriensnesontpaslibres de nier les faits, dont chacun saitqu’ilssont têtus. Ils sontaucontraireinvi-tés à les penser aussi rigoureusementque possible et à les documenter tout enen reconstruisant la logique. Or si la des-

tructiondes juifsd’Europeachangéquel-que chose dans l’histoire occidentale,c’est bien dans cette question-là, à savoirpenser ce qu’est un sujet humainconfronté à l’horreur génocidaire – hor-reur qui s’organise dans la langue elle-même qui lève, sans en avoir l’air et par-fois en falsifiant l’Histoire et en entraî-nant les foules, l’interdit de tuer en lais-sant libre cours aux pulsions destructri-ces qui habitent l’être humain.

Il faut croire que cette question nes’est pas inscrite, psychiquement, dansl’espritdesmembresduConseilconstitu-tionnel, supposés fairevaloirnosvaleursuniverselles – valeurs qui supposentelles aussi de penser le réel en tant qu’ilest spécifiquementhumain.

Il faut croire qu’ils n’ont pas mesurél’effetprobablede leurdécision,quiauto-risera désormais les jeunes générationsqui seraient tentées de nier l’existencedes chambres à gaz à proclamer haut etfort, comme le font déjà certains, que lesjuifs ont tout inventé et qu’il s’agirait là,finalement, d’un «mythe». Façon com-mode,bienentendu,desedébarrasserdela question.

Il me paraît clair que si l’Allemagneavait osé prendre une telle décision, denombreuxFrançais, toujoursprêtsàdon-ner des leçons, auraient crié au scandale.La loi Gayssot n’étant pas encore abro-gée, j’espère que l’indignation, aujour-d’hui bienportée, soulèvera lamassedesFrançais qui refusent de vivre dans uneFrance négationniste, désormais autori-sée par le Conseil constitutionnel, aunomde la liberté, à considérer les génoci-des comme des détails de l’Histoire. UneFrance autorisée à faire librement etconstitutionnellement injure aux juifs,aux Arméniens, aux Bosniaques, auxCroates, auxSerbes qui ont eu le couragede combattreMilosevic, et qui vivent surnotre sol.

Le choix, bien entendu, est délicat.Rejeter ce projet de loi et conserver la loiGayssot serait laisser entendre qu’auxjuifs, un sort particulier serait fait – il estvrai qu’ils enont tristement l’habitude–,ce qui ne peut qu’aiguiser l’antisémitis-me. La décisionquim’eûtparu raisonna-ble aurait été d’entériner ce projet de loi,pour tenter de penser ce qui, manifeste-ment, restepour laplupartdifficileàpen-ser, à savoir le sens, dans l’Histoire, de ladestructiondes juifsd’Europe, et enquoid’autres politiques postérieures, sansêtresemblables,sontnéanmoinscompa-rables, idéologiquement et pratique-ment, à la politiquemenée par l’Allema-gne nazie avec la collaboration, parmid’autres, de l’Etat français.p

LeguideMichelindoitselibérerdel’influencedesgrandschefsLaconnivenceestpousséetroploinetmenacel’honneurdumétier

AlexandreCammas

fondateur et directeurdu guide Fooding

et du site Lefooding.com

«L’essentieldesgrandschefsétoilésreçoiventdescritiquesgastronomiqueschezeuxsansleurprésenterl’addition.Lepatrond’Omnivore,LucDubanchet,sejustifiaitainsidansl’édition2010

deson“Carnetderoute”:“Certainestablesnousinvitentmêmesil’addition

estsystématiquementdemandée”»

«Onnepeutpasdirejusqu’iciqueleshommesaientréussiàpenserlegénocidecommeréel,saspécificité,etladifférenceradicalequiledistingue

delaguerreordinaire»

¶Retrouvez aussi l’opinion

de Jean-Claude Gayssot, ancienministre, sur la décisiondu Conseil constitutionnelcensurant la loi pénalisantla négation du génocidearménien sur Lemonde.fr

Rectificatifs&précisions

LeConseilconstitutionneladécidéderendrelenégationnismeliciteCensurerla loisurlegénocidearménienouvrelaboîtedePandore

OscarsDansnotre recensiondesFrançaisayantéténomméset ayant reçuunOscar (LeMondedu28février),nousavonsomis le com-positeurGabrielYared (Oscarde lameilleuremusiquepourLePatientanglaisen 1997),DidierLavergneet JanArchibald, quiont appor-téà LaMômeundeuxièmeOscar, celui dumaquillage,et enfin LeMozartdespickpockets,dePhilippePollet-Villard,qui a remporté l’Os-

cardumeilleur court-métrageenprisesdevueréellesen2008.Par ailleursLogoraman’apasremporté le trophéedu filmd’animation,maisceluiducourt-métraged’animationen2010.

UniversitésDans notre article intitulé«Université: l’autonomie fait valser les prési-dents» (LeMondedu 25février), le présidentde l’université d’Evry, RichardMessina, a été

battupar PhilippeHoudy soutenupar leSGENCFDT (et non par le Snesup). Par ailleurs,auMans, les élections à l’université duMaineont bien conduit à la victoire des listes dedeux collèges d’enseignants, avec sept siègeschacune,mais celles-ci ne sont pas opposées.Au contraire, toutes deux sont soutenuesparle Snesup et unanimes sur la critique de la loisur l’autonomie.

170123Mardi 6mars 2012

Page 18: le journal le monde du 6-3-2012

Raphael J.SonensheinDirecteur du centre de recherche en politiques publiques

EdmundG.Pat Brown Institute of Public Affairs,de la California State University, à Los Angeles.

Titulaire de la chaire de prestigeTocqueville-Fulbright à Paris-VIII

FrédérickDouzetMaître de conférences à l'Institut françaisde géopolitique, université Paris-VIII,

membre de l'Institut universitaire de France

Lediscoursanti-immigrésfaitrecettechezlesrépublicains.Maisilrisquedecouperlepartid’unélectoratquimonteenpuissance, lesLatinos

Etats-Unis: ledéfihispanique

Washington

Oregon

Nevada

Californie

Arizona

Utah Colorado

Wyoming

Nebraska

Kansas

Oklahoma

Minnesota

Iowa

Missouri

Illinois Ohio

Virginie

Virginie-occ.

Pennsylvanie

4 - New Jersey

6 - Delaware5 - District of Columbia

Maryland

New York

VermontNew Hampshire

3 - Connecticut2 - Rhode Island1 - Massachusetts

Maine

Indiana

Arkansas

MississippiAlabama

FlorideAlaska

Hawaï

GeorgieCaroline du Sud

Carolinedu Nord

Tennessee

Kentucky

Louisiane

WisconsinMichiganIdaho

MontanaDakotadu Nord

Dakotadu Sud

Nouveau-Mexique

Texas

+ 28 %

+ 28 %

+ 46%+ 25 %

+ 42%

1

23

456

LA POPULATION HISPANIQUE PAR ÉTAT EN 2010, en % VOTE HISPANIQUE POURLE CANDIDATDÉMOCRATE AUXÉLECTIONS DE 2004 ET DE 2008,en %

RÉPARTITION ETHNO-RACIALE DE LA POPULATIONAMÉRICAINE EN 1980 ET 2010, en %

moins de 10

Barack Obama en 2008.Elu président face au républicainJohn McCain.

John Kerry en 2004. Perdles élections face au républicainGeorgeW. Bush.

AutresAsiatiques*Afro-Américains*Hispaniques

de 10 à 20 de 20 à 30 plus de 30

New Jersey

Californie

Nevada

Nouveau-Mexique

Etats-Unis

Texas

Floride

SOURCE : PEWHISPANIC CENTER

78

7660

7463

6956

6760

6350

57

44

56

croissance la plus significative entre 2000 et 2010

* d’origine non hispanique

Blancs*

Les Latinos, un électorat en pleine croissance

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

2010

1980

JOHN SMOCK

DR

Un«charcutageélectoral»auTexas

ENNOVEMBRE, les électeurs américainschoisiront leur présidentmais aussi,entre autres, leurs élus à la Chambredesreprésentants et à l’Assemblée législativede leurs Etats. Dans les Etats à forte crois-sancedémographique, les républicainsjouent leur survie électorale, unepréoccu-pation souvent supérieure à la victoireprésidentielle.

Le Texas, bastion républicain, est uncasd’école. La populationa augmentéde20,6%endix ans, soit de 4,3millionsd’ha-bitants, dont 65%dus à la croissancedesHispaniques. L’Etat gagne quatre siègesauCongrès et doit procéder au redécoupa-gede ses circonscriptions.

Sous la coupede la loi fédérale sur lesdroits civiques de 1965, il est obligédesoumettre ses propositionsde redécoupa-ge électoral pour accordpréalable soit auministèrede la justice soit à la Cour spé-cialedeWashington. Les législateurs

texansont choisi la deuxièmeprocédure,plus longue, qui leur évite d’essuyerunéventuel refus dugouvernementObama.

Le découpageproposépar les républi-cainsduTexas est soupçonnéde favori-ser leur campet de limiter le poids électo-ral desHispaniques. Scandalisés denepouvoir transformer leur croissancedémographiqueenpouvoirpolitique,des élus hispaniquesaccusent les républi-cains d’avoir déplacédes bureauxde voteàmajoritéhispaniquedansdes circons-criptionsdéjà démocrates et d’avoir diluéleurpouvoir électoral en ajoutant desbureauxde vote blancs et républicainsdans leurs circonscriptions. Cette techni-quedite degerrymandering («charcutageélectoral») n’est pas nouvelle, elle estmême largement répandue.

Réagissant à demultiples recours surdivers aspectsdudécoupage, la Cour fédé-rale de SanAntonio s’est emparéede la

question. Elle a rejeté le plandes républi-cains et proposéundécoupage temporai-re pourpréparer les électionsde 2012.Mais le plushaut tribunal américain, laCour suprême, a considéréque la Courfédérale avait été trop loin. Soulignant lemanquede respect à l’égarddes législa-teurs de l’Etat, elle a rejeté sa décision.

EnlisementPar ailleurs, la Cour spéciale deWash-

ingtonne s’est pas encoreprononcée, leTexasn’a donc toujours pas de circons-criptions électorales.

Le conflit juridico-politiquepromet des’enlisermais une chose est certaine: lesHispaniquesauront reçu lemessage. Et,mêmeavec les logiciels les plus sophisti-quésqui soient, les républicains aurontdumal à contrer les évolutionsdémogra-phiques à venir. La polarisation racialepourrait alors se retourner contre eux.p

décryptages LEGRANDDÉBAT

Les contradictions dans les dis-cours à l’égard des Hispaniquesdans la course à l’investiturerépublicainesontpour lemoinsdéconcertantes. A la veille desprimairesdeFloride, duNevada

ou du Colorado, fin janvier, le candidatMitt Romney, ancien gouverneur duMas-sachusetts, s’évertuait à séduire l’électoratrépublicainhispaniqueen insistantsur lesbénéfices de l’immigration. Quelquetemps auparavant pourtant, il courtisaitl’électoratconservateurdeCarolineduSudenpromettantderendrelaviedesclandes-tinstellementmisérablequ’ilsviendraientà choisir l’«auto-expulsion», ce qui luivalud’êtrequalifiéparsonconcurrent,l’an-cien speaker de la Chambre des représen-tants, Newt Gingrich, de «candidat le plusanti-immigrésdetoutel’histoire».Filsd’im-migrés et fervent catholique, Rick Santo-rum,rivaldeMittRomneydans lacourseàl’investiture républicaine, adopte uneligne dure. Il qualifie de «fausse compas-sion» les propositions de Newt Gingrichd’accorder un statut légal aux clandestinsde longue date qui se comportent en bonscitoyens.

Le paradoxe est révélateur du dilemmeauquel sont enproie les candidatsdupartirépublicain, alors que lapopulationhispa-niqueconnaîtunecroissanceexponentiel-le, notammentdans les Etats du sud-ouestsusceptibles de faire basculer l’élection denovembre2012.

Dans le système électoral américain,l’entréeen jeud’unnouveaugroupepoliti-queestgénéralementunfacteurdechange-ment.Cenouveaugroupe,cesontlesHispa-niques.D’après le recensementde 2010, ilssontdésormaisplusde50millions(16%dela population), soit la première minoritédevant lesNoirs (12%) depuis 2000. Le ter-me«hispanique», selon ladéfinitionutili-sée par le Bureau du recensement, est unecatégorieethniqueausens large. Ildésigneles personnes qui choisissent de s’identi-fier commed’originehispaniqueou latinoen raison de leur héritage culturel, leurappartenance nationale, leur lieu de nais-sance ou celui de leurs parents ou de leursancêtres. Le groupe le plus important estoriginaire duMexique (63%), suivi de Por-toRico (9,2%) etdeCuba (3,5%).

Leurmontéeenpuissancedémographi-que et politique a été aussi soudaine quespectaculaire et certains leaders républi-cainss’inquiètentdevoir lesévolutionsduparti compromettre à long terme leurschancesdeconquérir cet électorat.

L’opposition à l’immigration clandesti-ne est extrêmement forte au sein duparti,particulièrementchezlesmilitantslesplusactifs. Un sondage conduit en 2011 par leGerman Marshall Fund montre que lesrépublicains ont de loin les réactions lesplus hostiles: 72% disent être inquiets del’immigrationclandestine(contre48%desdémocrates)etseuls33%préfèrent larégu-larisation à l’expulsion (contre 58% desdémocrates). Cela n’a pourtant pas tou-jours été le cas. Au cours des dernièresdécennies, le président Ronald Reagan fitvoter une loi d’amnistie (1986) et la bran-che patronale du parti républicain voyaitl’immigration comme moyen de mainte-nir le coût du travail bas, alors qu’une par-tiedesdémocratesetdessyndicatssemon-traient plus réservés sur une immigrationillimitée.

En2004,GeorgeW.Bushavaitmenédescampagnes très ciblées en espagnol etconquis plus de 40% du vote hispanique.Son stratège Karl Rove avait compris lepotentieldecetélectoratencorelargementpopulairemais qui travaille dur, aspire aurêveaméricainetpartageleursvaleursreli-gieuseset familiales.

Depuis fin 2005 pourtant, la positiondes républicains s’est considérablementdurcie, avec le vote par la Chambre desreprésentants d’un projet de loi, rejeté enjuin2007par leSénat,visantàcriminaliserl’immigration clandestine, organiser desexpulsionsmassives et renforcer lemur àlafrontière.Lesénateurrépublicaindel’Ari-zona JohnMcCainparticipaà l’élaborationd’un projet de réforme de l’immigrationpréparépardesélusdesdeuxpartis, relati-vement modéré, qui échoua en juin2007face à l’opposition des extrêmes. Mais,pour emporter l’investiture du parti répu-blicain en 2008, McCain fut contraint dedurcir son discours, allant même jusqu’àdéclarer que, si c’était à refaire, il ne vote-rait pas pour son propre projet. Certains

stratèges républicains estiment aujour-d’hui qu’il s’agit d’une immense occasionmanquée de gagner les faveurs d’un nou-veau groupe d’électeurs, tout en divisantlesdémocrates.

Comment en est-on arrivé là? Dans lesannées1960,lesrépublicainsconquirentleSud en exploitant les ressentiments desBlancs envers les Noirs en plein mouve-ment pour les droits civiques. En visantd’abord le vote blanc, ils se coupèrent duvote noir, jouant de la rhétorique racialepour réduire le vote démocrate aux seulsBlancs progressistes et auxminorités. Lesrépublicains réussirent à rallier de largesparts des classes populaires blanches, quiredoutaient l’intégration raciale de leursquartiersetde leurs écoles.

L’immigration est une autre histoire.Les représentationsà l’égarddes immigréshispaniques ne sont pas suffisammentnégatives et mobilisatrices pour réunirune largemajorité des électeurs. En revan-che,l’immigrationgalvaniselafrangeultra-conservatrice de l’électorat républicain,qui,pourdesraisonsidéologiquesetcultu-relles, ne peut se résoudre à voir l’Améri-que devenir de moins en moins blanche,anglo-saxonne et protestante. Les Blancsdevraient devenir minoritaires d’ici à2050. De plus, la montée en puissance del’électorat hispanique (9% de l’électorat)n’est pas près de s’arrêter. La croissancedémographiquedesEtats-Unisentre2000et 2010 est due, à près de 92%, à celle desminorités et à hauteur de 56% à celle desHispaniques.

Enfin, leur concentration régionale enfait un électorat pivot dans les Etats-clésqui peuvent faire basculer l’élection. CesEtats sont justement ceux qui, à cause deleur forte croissance démographique, ontgagnédesgrandsélecteursdanslerééquili-bragedes siègesauCongrès, qui a lieu tousles dix ans à la suite du recensement de lapopulation. En 2008, trois Etats du Sud-Ouest(Nouveau-Mexique,Nevada,Colora-do) et la Floride basculèrent en faveur ducamp démocrate, tous avaient connu uneforte croissance de leur électorat hispani-que. L’Arizona pourrait bien être le pro-chainsur la liste.

Pour autant, les candidats à l’inves-titure républicainen’ontde cessedemon-trer leur fermeté à l’égard de l’immigra-

tion.NewtGingrich,imprévisibleparnatu-re, alterne des positions fermes maishumanistes, avec de subtiles allusionsraciales. Mitt Romney, qui a bataillé pourconvaincre de sa fermeté, martèle désor-mais le terme «illégal», employé commenomcommunetnonsimpleadjectif,pourdésigner les immigrés clandestins, dansune logique de criminalisation. Outrel’«auto-expulsion», il soutient les loisrépressivesd’Arizona oude l’Alabamaquiempiètent sur les prérogatives fédéralesde lutte contre l’immigration et dontl’auteur, lesecrétaired’EtatduKansas,KrisKobach, s’affiche comme conseiller nonrémunérédu candidat.

Avec le soutien officiel de Pete Wilson,Romney persiste et signe. Pour assurer saréélectionen1994, l’anciengouverneurdeCalifornieavait fait campagnepour laPro-position187,unemesured’initiativepopu-laireprivantlesimmigrésclandestinsd’ac-cèsauxsoins,àl’éducationetàl’aidesocia-le. Invalidée par une cour fédérale, la loiapprouvéepar59%desCalifornienssusci-ta une vague de naturalisations et d’ins-criptions sur les listes électorales, contri-buant à faire de cet Etat un solide bastiondémocrate.

Si elles sont nécessaires pour emporterl’investiture, ces prises de position pour-raient coûter au candidat républicain desvoix précieuses en novembre prochain.Comment expliquer un calcul aussi ris-qué? Le votehispaniquen’est pas acquis àBarackObama.Ilamenéunepolitiqued’ex-pulsion très impopulaire chez les Latinos.Enseptembre2011, 1milliondeclandestinsavaient été renvoyés depuis l’entrée enfonction du président démocrate en jan-vier2009. Comparativement, 1,5milliondeclandestinsont été expulsésdu territoi-re américain au cours des huit annéesBush. Les républicainsmisent aussi sur ladémobilisation d’électeurs déçus, commeen 2010 lors des élections de mi-mandat.Mais c’est oublier que quelques candidatsproches du Tea Party doivent leur défaiteen 2010 à la mobilisation exceptionnelledesélecteurslatinos,offensésparleursatti-tudesxénophobes.

Les Hispaniques sont loin d’être ungroupemonolithique et 20% d’entre euxsont des républicains déclarés.Mais, quel-le que soit leur orientation politique, ilssont particulièrement sensibles aux atta-ques contre les immigrés. Obama a com-pris le bénéfice qu’il pouvait en tirer et arécemment pris des mesures très bienaccueillies pour faciliter la naturalisationet limiter les expulsions.

La stratégie anti-immigrés des républi-cains reste un puissant outil de mobilisa-tion de la base ultraconservatrice et peutpermettredegagnerdu terraindans l’élec-torat ouvrier blanc des régions industriel-les en crise (Michigan, Ohio). Au risque deperdrel’électionprésidentielle, lesrépubli-cainspourraientainsiconsoliderleursposi-tions au Congrès. Mais, surtout, ils s’ap-puient aussi sur une autre stratégie visantà limiter la participation électorale desminorités. Au cours de l’année 2011, lesEtatsrépublicainsontmultiplié les loisquirendent la procédure de vote ou d’inscrip-tion sur les listes électorales plus compli-quée. Il y a autant de règles électorales qued’Etats.Certainsexigentdésormaisunepiè-ce d’identité avec photopour voter, ce quebeaucoup d’électeurs ne possèdent pasdansunpaysoùlacartenationaled’identi-té n’existe pas. D’autres ont supprimé levote par anticipation plébiscité par lesminorités ou limité le nombredebureauxdevotedans certainsquartiers.

Dans une élection aussi disputée, cettestratégie hautement risquée pourrait por-ter ses fruits à court terme, aumoins pourles élections locales et à la Chambre desreprésentants. Mais, au vu des tendancesdémographiques,elle risquedes’avérerdebiencourtevue. p

Lepositiondesrépublicains s’estconsidérablementdurciedepuis2005

Leurconcentrationrégionaleenfaitunélectoratpivotdans lesEtats-clésquipeuvent fairebasculer l’élection

18 0123Mardi 6mars 2012

Page 19: le journal le monde du 6-3-2012

décryptagesANALYSES

D rôlede campagne,décidé-ment. Il y a troismois, l’ons’impatientaitvolontiers

devoir lesprincipauxprotagonis-tes s’engagerdans la jouteprési-dentielle.Depuis trois semaines,c’est chose faite :Nicolas SarkozyFrançoisHollande,MarineLePen,FrançoisBayrou, Jean-LucMélen-chonarpentent les provinces,haranguent leurspartisans, fusti-gent leurs adversaires,occupentlesondeset les écrans.

Cela,pourtant, n’a rien changéàl’espècede frustrationqui conti-nueàdominer l’étatd’espritdenosconcitoyens.Commesi cettecampagnemettait à côtéde lapla-queet esquivait l’essentiel. Com-mesi elle s’épuisaitdans le«com-batde coqs»dénoncéparM.Bay-rou, entre le championde l’UMPetceluides socialistes. Bref, si elles’ennuyaithier, aujourd’hui laFrances’agace.

Leprésidentde laRépubliques’agace.On le comprend.Depuisqu’il a enfilé sa tenuede combatélectoral rienne s’estpassé com-meprévu. Sonentréeencampa-gnedevait toutbousculer. Il allait,assuraientsespartisans, renverserles tables et lespronostics,

asphyxier ses adversaires sousunepluiedepropositionsauda-cieuses, s’imposercommele cham-pionde la réformecontre l’immo-bilisme,déclencherunedynami-quequi lui permettraitde remobi-liser soncampetdeprendre l’as-cendantenvuedupremier tour.

Trois semainesplus tard, il n’enest rien. Lapolémiquesur les son-dagesa fait long feu.Nonseule-ment les courbesd’intentiondevoteentreM.SarkozyetM.Hollan-dene se sontpas croisées commevoulait le croire–ou le faire croire– l’équipeduprésident-candidat.Mais l’écart entre lesdeuxhom-messemble, à ce jour, incompressi-ble: le candidat socialistenedécro-cheguèrede la zonedes 30%, lechefde l’Etatplafonneauxalen-toursde25%. Pis, aprèsunecourteembellie, le soutienàM.Sarkozyse tassedenouveau.Quantà sesperspectivesde second tour, ellessont toujours aussi calamiteuses.

Ainsi, le présidentpiétinequand il pensait cavalcader.Quoiqu’il fasse–vigoureuseoffensivesur sadroite, attaquesen règlecontre le candidat socialiste(«menteur»,«Tartuffe»,etc.) –, ilparaît agressif, donc inefficace,

tant il fait resurgir lepersonnageexcessif et brouillondont les Fran-çais se sontdétournésdepuis2008.Quoiqu’il dise, il est ren-voyéà sonbilan.Quand, enfin, ilfait despropositions, il est vraicafouilleusescommesur l’éduca-tionet les enseignants, ellesn’im-primentpasdans l’espritpublic,commes’il était inaudible.

Dès lors, lesdeux rendez-vousmajeursdu chefde l’Etat cettesemaine (l’émissiondeFrance 2,mardi soir, et le grandmeetingdeVillepinte,dimanche) apparais-sentdésormais commeceuxde ladernièrechancepourespérer ren-verser la vapeur, à six semainesdupremier tour.

De soncôté, le candidat socialis-te s’emploieostensiblementàrésisterà l’agacement,quin’estnidans sanaturenidans son intérêt.Mais saufà sembler craintif, il nepeut s’interdirede répliquer. Etquand il lâche ses coups, ce fauxmousouriant faitmal. Chaquejour, le réquisitoirecontre leprési-dent sortantestplus cinglant, com-meàDijon, samedi 3mars, où il adénoncé le règne, depuis cinqans,de«l’omniprésidence», de cette«omnipotencequi conduità l’im-puissance, qui elle-mêmeengendrel’irresponsabilité».

Quantà ses contre-attaques,elles sont aussi soudainesque

redoutables. La semainepassée, sapropositionde taxer àhauteurde75% les revenus supérieursà 1mil-liond’eurospar ana laissé sansvoix, pendant trois jours, toutesles«cellules riposte»duprésident-candidat; tant elle rencontre lesentimentdupeuple – cepeupledontNicolasSarkozy se veut lehéraut –, pour lequel cettemesurerelèvede laplus élémentaire jus-tice fiscale.Demain, s’il est élu, cet-temesure risquede lui coller auxbasquescommelebouclier fiscal a

colléauxbasquesdeM.Sarkozypendant sonquinquennat.Maispeu lui importe, à ce stade: il arepris l’initiativeetmarqué lesesprits.

Demême,peu lui importequel’UMPait finipar dénicherunentretienàMediapartdans lequelil jugeait inefficace, il y aunan,unteldispositif fiscal «confiscatoi-re». Car FrançoisHollandea quel-que chosededésespérant, poursesadversaires: rien, jusqu’àpré-

sent, ne semble l’atteindreni l’af-faiblir.

Il peut s’embrouiller, endirect,sur le seuil dedéclenchementdesonsuper-impôt («1millionparmois…euh,non, 1millionparan») ;il peut réduire subrepticementde300000à 150000 lenombredesfuturs«emploisd’avenir»; il peutentretenirune réelle confusionsur lamanièrede financer60000postes supplémentairesdans l’éducation; il peut changerd’attitudesur le cumuldesman-

datsqu’il entend,désormais, stric-tement limiter; il peut se livrer àuneétonnantevalse-hésitationsur le sort de la loiHadopi; il peutse retrouveraumilieudes contra-dictionsdes socialistesà l’égarddunouveautraité européen. Il peuttout cela, sansyperdredeplumes.Mais sans, pourautant, susciterune solideadhésion.

Enfin, les Français, euxaussi,s’agacent. Lepugilat engagéentrele chefde l’Etatet sonprincipal

adversaire leurdéplaît. Selonunsondagede l’IFOPpublié le4marsparLe Journaldudimanche, plusdedeuxsur trois considèrentquela campagnene sedéroulepasdansunclimat sereinet respec-tueux.Derrière ce constat, pointeuneréelle frustration:unepropor-tionéquivalente (66%à68%) jugequecette campagnen’estpasdenatureà susciterde l’espoir chezlesFrançais et qu’ellen’apportepasde réponsesà leursproblèmes.

Ilsn’ontpas tort. L’empoignadeactuelle– et tout autantdes contro-versesbaroquesetdérisoires com-mecelle sur laviandehalal, amor-céepar la candidateduFrontnatio-nal et relancéeparM.Sarkozy–éclipse lesquestionsquidevraientêtre aucentredudébat: commentrépondreà la criseéconomiqueetsocialequimine lepays, commentdésendetter la Franceet retrouverla croissance, avecquelle visiondel’avenir?

Cepeut être la chancedes candi-datsde secondrang.Dans lessemainesquinous séparentdu22avril, les Françaispourraientbienen faire, chacunà samanière,lesporte-voixde leurexaspéra-tion.Quandelle s’agace, commequandelle s’ennuie, la Francedevientvolontiers imprévisible.p

[email protected]

D rôlement bonne idée, celivre. Partir de quatre motsfameux, « Casse-toi,

pov’con», et en écrire 270 pagesinformées et passionnantes surl’histoire des offenses au chef del’Etat, de Jules Grévy à NicolasSarkozy,c’est lepariréusside l’écri-vainet journalisteRaphaëlMeltz.

L’affaire est moins anecdotiquequ’il n’y paraît car, comme l’écritl’auteur dans sa préface, l’histoiredesinsultesauprésidentestunpré-cieuxfilrougepourraconter«l’évo-lution d’une société, de sa langue,de sondegréd’acceptationde lacri-tique et du combat politique». Oùl’on découvre que Hervé Eon, lemilitant de gauche condamné à30euros d’amende avec sursis parla cour d’appel d’Angers enmars2009 pour avoir brandi aupassage du cortège de NicolasSarkozy, à Laval, un écriteau surlequel il avait inscrit «Casse-toipov’con», a demultiples prédéces-seurs : Simon Boubée, premiercitoyenàavoir été condamnépouroffense auprésident en vertude laloide1881sur la libertédelapresse,après avoir qualifié Jules Grévy de«voyou profanateur, goujat icono-claste que l’Elysée a volé à la policecorrectionnelle » ; Barillier,conseiller municipal de Paris qui,en 1901, traite le président Emile

Loubet de «cornichon pourri del’Elysée» ; Antoine Blondin qui, en1947, signe dans une revue prochede l’Action françaiseunportrait auvitriol de Vincent Auriol – quel-quesmois plus tard, dans lamêmerevue, le chef de l’Etat sera qualifiéde «pauvre nouille bedonnante».Ettousceuxquirivaliserontdevio-lencesverbalescontre legénéraldeGaulle et seront tous poursuivis etcondamnés.

L’intérêt du livre est surtout derappeler la genèse et la vie tour-mentées de l’article26 de la loi du29juillet1881,quipunitledélitd’of-

fense au président. A chaque épo-que, il trouve son procureur. Lorsdesdébatssur leprojetde loi à l’As-semblée, le républicain Madier-Montjau, proche deVictorHugo, yvoit la résurgence d’un «crime delèse-majestéaupetit-pied».«Lepré-sident de la République n’a pasbesoin d’être couvert par vos bou-cliers inutiles», s’exclame-t-il. Lavoix de Clemenceau lui fait écho:«C’est à l’opinion publique et à elleseulequ’ilappartientdevenger l’in-sulte et l’outrage faits aux servi-teursde laRépublique.»

«Insulter Giscard, c’est légal»Des décennies plus tard, l’arti-

cle26 réunira contre lui aussi bienl’avocat de l’extrême droite etfuturcandidatàl’électionprésiden-tielle Tixier-Vignancour que Fran-çois Mitterrand,moquant en 1964dans Le Coup d’Etat permanentunrégime capable de condamner à500francs d’amende un citoyenpour avoir crié «A la retraite!» aupassagedugénéraldeGaulle.

Devenuprésident de la Républi-que,FrançoisMitterrandnepropo-serapasderéformedelaloide1881,mais s’inscrira dans la lignée deValéry Giscard d’Estaing qui, dèsson élection, annonce qu’il s’enga-ge à ne jamais saisir la presse«même s’il y a des attaques contrele président». Le quotidien Libéra-tion le prend d’ailleurs aussitôt aumoten titrant à la «une», «Depuishier, insulterGiscard,c’est légal»etenpubliantenpageintérieure,unelonguelitanied’insultesà l’adresseduchefde l’Etat!

Absente des tribunaux correc-tionnels de 1974 à 2007, l’offense adonc fait une courte réapparitionsous le quinquennat de NicolasSarkozy, relançant une polémiquedont il se serait sans doute passé.«Onaeutoutledésavantagedudis-cours, on aura tout le désavantagedu retentissement du procès »,observait à la fin du XIXesiècle unquotidien en réaction à la décisiond’unprésidentduConseil depour-suivre pour offense l’un de sesopposants – il s’agissait de LéonGambetta.Centvingtansplustard,le constatvaut toujours. p

PascaleRobert-Diard

L’empoignadeactuelleéclipselesquestionsquidevraientêtreaucentredudébat:

commentrépondreàlacriseéconomiqueetsocialequiminelepays,commentdésendetter

laFranceetretrouver lacroissance?

France | chroniqueparGérard Courtois

QuandlaFrances’agace…

Livredujour

L’artdel’injurepolitique

Un colloque organisé par Le Monde et l’Association Française des Entreprises Privées (AFEP)Mardi 13 mars 2012 CARROUSEL DU LOUVRE, PARIS

PROGRAMME

Nombre limité de placesInscription : [email protected]

Avec le soutien de

07h30 : Accueil des participants08h30 : Introduction de Maurice LEVYet d’Erik IZRAELEWICZ

Intervention de François HOLLANDETable ronde :LES VOIES DE LA COMPÉTITIVITÉAnimée par Frédéric LEMAITRE, journalisteParticipants :Philippe AGHION,Economiste et Professeur à HarvardFrançois CHÉRÈQUE,Secrétaire Général de la CFDTGherard CROMME,Président du Conseil de Surveillance de ThyssenKruppPatrick KRON,Président Directeur Général ALSTOMLaurence PARISOT,Présidente du MEDEFIntervention de François BAYROU

12h30 - 14h00 : DéjeunerIntervention de Mario DRAGHI,Président de la Banque Centrale Européenne

Intervention de Herman VAN ROMPUY,Président du Conseil EuropéenTable ronde :L’INDUSTRIE AUTOMOBILE, UN CAS D’ÉCOLEAnimée par Stéphane LAUER, journalisteParticipants :Jacques ASCHENBROICH,Directeur Général de VALEORoland BERGER,Fondateur de Roland Berger Strategy ConsultantsPhilippe VARIN,Président du Directoire de PEUGEOT SATable ronde :LES PROPOSITIONS DES POLITIQUESParticipants :Jean ARTHUIS,Sénateur de la MayenneJean-François COPÉ,Secrétaire Général de l’UMPMichel SAPIN,Député de l’Indre, Secrétaire national à l’économieau Parti Socialiste et chargé du projet deFrançois HOLLANDEIntervention de Nicolas SARKOZY18h30 : Clôture de Maurice LEVYet d’Erik IZRAELEWICZ

DeVoyou àPov’ con.Les offenses au chefde l’Etat de JulesGrévyàNicolas SarkozyRaphaëlMeltzRobert Laffont, 270 p., 19€

190123Mardi 6mars 2012

Page 20: le journal le monde du 6-3-2012

culture

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6 juilletlocations : gdp.fr, 0 892 392 192 (0.34e/min), olympiahall.com,0 892 68 33 68 (0.34e/min), Fnac et points de vente habituels.

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Rap

V endredi 2mars, à l’heure oùMarineLePen,candidateàlaprésidentielle, s’immerge

parmi les éleveurs de charolais auSalon de l’agriculture, cinq desmembres du groupe Sexion d’As-saut s’installent aux Montsd’Auvergne,uncafédu13earrondis-sementdeParisoùtrônentdespor-traits de généreuses bovines deSalers. C’est un hasard. Purs Pari-gotsmélangés, ils fonthalte chez lebougnat en sortant d’AdoFM etavant de filer vers Skyrock. Lapatronnesertdessaladesdechèvrechaud,et lesenfantsde la«Neuviè-me Zone» (le 9e arrondissement)peaufinent la promotionde L’Apo-gée, leur troisième album studio,qui sort lundi 5mars.

«Marine Le Pen sera présidentele jour où les animaux pourrontvoter», scandeMaîtreGims (Gand-hi Djuna, Français né au Zaïre en1986)dans75Degrés, longtextequicommenceparunappel,«Citoyen,citoyenne», et finit par un constatsec – «On te souhaite la bienvenuefiston, fais bien tes études/Têtu, unvécuaussi profondque le troude lasécu » – chanté par Doomans(Mamadou Baldé, Franco-Gui-néen).

NRJ a inscrit très vite dans saplaylistAvantqu’elleparte,untitremoralisateur sur la nécessité dechoyer sa maman, une sorte d’hy-bride de Laisse pas traîner ton filsde NTM et du Papa de La Fouine.Après avoir vendu400000exem-plairesde L’Ecoledes points vitaux,paruen2010,Sexiond’Assautveutpoursuivre une épopée commer-ciale, et musicale, en récusantl’idée «que le rap est une histoirecommunautaire», dit Maska (Bas-tienVincent, néen 1985).

Stoppé net dans son envol àl’automne 2010 à la suite d’unedéclaration déplacée sur l’homo-sexualité, Sexion d’Assaut avaitdûravalersonorgueil,etserecons-truire un avenir sans représaillesou annulations de concerts. Enéchange,leshuitgarçonsontenga-gé un dialogue avec les associa-tions de défense des droits desgays et lesbiens, à la demande decesdernières.

Ainsi, ont-ils levé ensemble l’o-merta : oui, dans la culture de larue, nimbée de communautaris-me, l’homosexualité est unedéviance; oui, pour les autres, lerap est une musique d’étrangers,abrutis et brailleurs. Entre la polé-mique et aujourd’hui, il y a eu undisque,Enattendant l’apogée, uneintense activité sur le Net, l’ouver-ture d’une boutique aux Halles,activités gérées parWati B, le labelet lamarque crééepar le collectif…Les Sexion d’Assaut sont désor-

mais prudents. Quand ils explici-tent le gimmick de Disque d’or,tube enpuissance,«onbosse com-me des Noichs, bosse comme desNoichs» – des Chinois –, ils préci-sent : « Ils ne prennent jamais devacances et se suicident quand ilsn’ontpas 18demoyenne,mais c’estbien, on est pour, on n’a riencontre.»

Ce dont rend compte d’abordavec bonheur leur nouvel album,Apogée : c’est du travail d’artiste,de l’audace,«un sacrifice construitavec des amis», dit Lefa (KarimFall, du quartier des Abbesses). Enouverture, trois titres retracent ceparcours (Mets pas celle-là, Madirection, Disque d’or), démentantla facilité qu’il y aurait à tricoterquelques rimes quand on n’aimepas l’école. Et, s’ils affirment les

ambitionsdugroupe, ces raps auxrefrains chantants (sur le modèlede Casquette à l’envers) ne roulentpas desmécaniques, ne virent pasà l’autopromotion,mais affichentles objectifs: le Disqued’or.

Il y avait aussi des vaches danslesprésdeBosguérard-de-Marcou-ville (Eure), où Sexion d’Assaut alouéunemaisond’hôtepourenre-gistrer L’Apogée. Déposé au boutd’un chemin de terre en camionavec le matériel, un ingénieur duson et un «beat-maker» (un com-positeur), legroupeaété contraintà l’isolement pour travailler plusvite.«Anos débuts, on était un col-lectif [en 2002, Sexion d’Assautenglobait une vingtaine depersonnes],onallaitchez l’un,chezl’autre, on rappait ensemble. Puis,on a perdu cette habitude, parcequ’on a commencé à avoir une vieprivée. En Normandie, on a retrou-vé cette ambiance-là, dit Maska.Dans la cuisine, il y avait lesmains,Stan, le faiseur de sons ; dans lesalon lesmélodies fusaient; et onaretrouvé le plaisir de chanterensemble, une vraie cohésion.»

L’Apogée séduit par le travailrythmique, entrelacs d’Afrique,dezouk,defunk,derumba,dedan-

ce-hall, de house, avec clapping,piano et violons synthétiques. Le« flow» – ce rythme de la paroledes rappeurs – est puissant.«Nous avons insisté sur les tramesmusicales plus que sur les textes…Quoi qu’il y ait des chansons trèspersonnelles», souligne Maska(BastienVincent,purproduitde larue desMartyrs, avec des originesancrées en Lozère). Maska, quis’est converti à l’islam, religionpartagée avec ses camarades afri-cains de la Sexion, raconte ainsidans La Tache sa condition deBlanc, visage pâle qui s’est choisiune nouvelle famille chez sescopainsd’école noirs.

Ce que raconte Sexion d’Assautn’estpaslabanlieue,mais lecentrede Paris, ce 9e arrondissementbourgeois qui fut aussi le quartierdes peintres dissipés et des caba-retshantéspar les femmesdepeti-te vertu. Boboïsé, il a couvé sespoches, «rebeus» au squareMon-tholon, «renois» à celui d’Anvers.Le quartier a ses nantis, et sesenfants de femmes de ménage etde concierges, son Bar-tabac de laruedesMartyrsetsoncircuitscolai-re, « collège Paul-Gauguin, lycéeEdgar-Quinet», suiviparplusieursdesmembresde la Sexion.

De cette diversité tricotée danscette «terre dumilieu», on retien-

draaussiqueLefaestlefilsduSéné-galais Cheick Tidian Fall, percus-sionniste majeur de la scène jazz,complice d’Archie Shepp, de l’ArtEnsemble of Chicago, ou de Pha-roah Sanders ; Maître Gims estcelui de Djuna Djunana, chanteurau sein du groupe Viva La Musicade Papa Wemba. «Et on voudraitqu’on soit sur le mode caillera etgrosmytho!», dit Gims.Mais non,frère.p

VéroniqueMortaigne

L’Apogée, 1CDWati B/Sony Music.En tournée à partir du 10mai. Au Palaisomnisports de Paris-Bercy le 22mai à19h30. 8, bd de Bercy. De 30¤ à 60¤.

«Rebeus»ausquareMontholon,«renois»àceluid’Anvers, lequartierasesnantis,etsesenfantsde

femmesdeménage

Sexiond’assautenembuscaderuedesMartyrsGare!AMontmartreaujourd’hui, lepoulbotporte la«Casquetteà l’envers», jouedurapetprônelemétissage

Avec1995, le14earrondissementdeParispossèdesalangueetsaculture

Cinq des huitmembres du groupe de rap Sexion d’assaut en promotion pour leur nouvel album, «L’Apogée». AGNES DHERBEYS

1995, c’est l’autre collectif rap dela capitale.Mais eux se situentsur «l’axeMontparnasse-Mon-trouge», communedebanlieuesudd’un des cinq rappeurs, Fon-kyFlav’, 24ans, diplôméd’unmas-ter demarketing et communica-tion. Il fait aussi du coupoffice demanageur.

Onavait quitté ces sixgarçons(avec leurDJ, Lo’) à la veillede leurconcertauBataclanàParis (LeMon-dedu 15novembre2011).Un showfestif et brouillon jouéàguichetsfermésdevant 1800fans, et toutcequecomptait alors l’industriededisquesdedirecteursartisti-ques. Ilsn’avaient alors commeseuldisquepubliéqu’unEP (exten-dedplayest un formatmusicalentre l’albumet le single) de cinqtitres,LaSource.Leur activitéintensesur leurpageFacebook, for-tede 71000membresà l’époque,leursapparitions constantessurdes scènesouvertes, leurs clipsori-ginauxpostés surYouTubeavaientassuré leurpromotionsansmêmeuneafficheposée.

Hasarddu calendrier, leurdeuxièmeEP, sobrement intituléLaSuite, sort lemême jour que l’al-bumde Sexiond’Assaut. Aprèsunepremière tournée automnaledevingt-cinqdates enprovince,aussi remplies que la datepari-sienne, lesmembresde 1995quirépètentà l’envi qu’ils veulenttout faire tous seuls se sont trou-védepuisdeux«partenaires»,

FonkyFlav’dixit : le tourneurBleuCitronet lamajorPolydor. C’est celabel d’Universalqui a remportélepot en leur apportant leurdistri-butionet leur service depresse:«C’est lamaisondedisques qui res-pectait le plus notre indépendan-ce, nos choix, assure Fonky Flav.On fait ce qu’onveut: on choisit lessingles, les clips, les dates de sortie.Onarrive avecunproduit fini eton impose toutesnos conditions.»

Ces jeunes entre 19 et 22 ans,qui se reconnaissentvolontiers declassemoyenne, fils de fonction-naire (pourNekfeu), d’agentimmobilier et d’employéede ban-que (pourAreno Jaz) ou élevéeparunemère célibataire-auxiliairedevie (pour Sneazzy), sont affûtésdans leurs négociationsavec leshow-business,mais ils le sontaussi heureusementpour euxdans leurs rimes.

Défendre leurs convictionsLeshuit titres de La Suite révè-

lent plus que leur premier essaiunvéritable talent d’écriture, l’en-vie de remettre au cœurdu rapfrançais leDJ, ses techniquesdesample, son éclectismedans leschoixdesmusiques et ungoûtprononcépour les boucles jazz. Encela, ils rendent eneffet homma-ge au rapdumilieudes années1990, l’influence communedessixmembresde ce groupequi sesont connus soit par le biais dulycéePaul-Bertdans le 14earron-

dissementde Paris (pour Sneazzy,Nekfeu,DJ Lo’), soit dansun clubdebasket (Areno Jaz et AlphaWann), soit par le site communau-taireMyspacepour Fonky Flav’.

Dans leshuit titres, il n’y a pasde refrain facile si ce n’est avecleur copineMarguerite duBledpourTempsperdu.Dans son clipLa Suite, réalisépar leGarage, unautre collectif de jeunes réalisa-teurs, photographes, et graphis-tes, le groupemontre l’envers dudécordes vidéos rap.On les voitsur le tournagede leur propre clipsuivant le chariot de leur camera-manet déambulantdans Paris.

La script les suit, apportant desfumigènes, enlevant lemanteauen fourrure àune jolie fille ensous-vêtements, et lamêlant à cet-te bandede joyeuxdrilles, qui nesemblent avoir commeseul éten-dardpolitiqueque «Nique le FN,nous, c’est la France offensée».

Dans leurs autres textes, ilsessaient avec lamêmehonnêtetédedéfendre leurs convictionsmal-gré leur jeune âgedansCommeungrand,dedécomplexer lesfilles dansTaille de guêpe, ou d’ex-pliquer commeFonky Flav’dansCommentdire : «Dire je t’aime,c’est dur,même si le compte y est.»Toujours en tournée, le prochaindéfi de 1995, c’est de remplir leZénithde Paris, le 23avril. Gon-flés, culottés et assurémentdéter-minés, ces 1995. p

StéphanieBinet

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culture

S ilhouette noire, filiforme, le visageémacié, Ivan Péault cache bien sonjeu.Sousdesdehorscalmes,presque

trop, le trentenaire ne manque pasd’idées, animéparunevolontéquasipoli-tique de transmettre toutes les formes deculture. Il y a juste un an, à Poitiers, IvanPéaultamontélePlanB,unbarquinecor-respond à aucun code du genre, où l’onpeut «Boire, Bouffer, Bouquiner et déBat-tre». A la fois scène de théâtre, de musi-que, rampe de skate, bibliothèque, lieu dedébatsféministesetécolos, salled’exposi-tion,l’espaceseveutuncarrefourdecultu-res, un lien entre le public et les artistesémergents. Sans prétention. L’endroit estchaleureux, accueillant et suffisammentvaste pour accueillir jusqu’à 150 person-nes : deux pièces de 160 m² dans unancien garage à proximité de la gare, deslampesenaluminium,desvieuxsiègesdecinéma, desmurs rouges et gris.

IvanPéaultdétailleunparcoursperson-nel parfois chaotique, mais toujours gui-

dé par la volonté de « fairede la culture». Il est pour-tant incapable de dire d’oùlui vient ce désir. «Je suis néà Cholet, où c’est le néantculturel. Il n’y a même pasde radio indépendante, etc’est quandmême domma-ge de se limiter à ce qu’onentendsur labandeFM.Mesparents sont issus d’unmilieu modeste, voire pau-vre. Mon père n’écoutaitmême pas de musique… Si,Véronique Sanson !» Dansla discothèque d’IvanPéault,ontrouvedelamusi-que classique, du folk, de lachanson française. Des

goûts hétéroclites qui se sont forgés avecletemps,augrédesrencontresetdesocca-sions. Et qui ne rentrent pas en ligne decompte lorsque le patron du PlanBaccueille des groupes: «Je ne veux pasmelimiter à ceque j’aime. Cequi compte, c’estla qualité!»

Le jeune homme a donc bâti seul sapropre identité culturelle, qu’il dit êtreincapable de définir : « J’ai pris ce qu’onm’a donné!» Au collège déjà, Ivan Péaultfaisait ses propres choix, sans demanderson avis à personne. Il préférait suivre lescours de littérature et d’histoire que ceux

de sciences, qu’il séchait allègrement.Sans jamais cesser d’être bon élève.«J’avaisunpeu l’impressiond’être levilainpetit canard. J’étais l’intello, le gauchiste.»

Après son bac, Ivan Péault entame desétudesde lettresmodernesàRennesavantdesedirigervers l’information-communi-cation.Acetteépoque,sesparentslevoientprofesseur à la fac, mais il entre dans lemilieu associatif. Il trouve un emploi-jeune dans une structure d’édition, L’Œilélectrique: «Mon père était désemparé, ilespéraitmieux pourmoi. Mais c’étaitmonchoix,et jel’aiassuméjusqu’aubout.»Lors-qu’il parle de cette époque, Ivan Péaults’anime. Il côtoie «enfin» des gens qui luiressemblent,avecqui ilpartageunesoifdeprojets,de libertéetunengagementpoliti-que. «Je suis plutôt un rouge !», s’amu-se-t-il. «Enfin», il transmet la culture etorganise des ateliers d’écriture dans des

centres de déten-tion et des lycéesprofessionnels.

Pour lepatronduPlanB, la culture estunmoyendedéfen-dre et d’affirmer ses idées. De penser lemonde : «On ne peut pas être un boncitoyensansculture.»Quelquesoitsonpro-jet, Ivan Péault travaille à ce que tout lemonde puisse y accéder. «A un moment,j’ai voulu monter une bibliothèque ambu-lante avec un copain. Onavait envie de cir-culer de village en village dans un bus àdeuxétages.Mais onamanquéde finance-ments !» Pour lui, la culture ne s’est pasassez démocratisée, «elle est encore réser-véeàceuxquiontlesressourcesintellectuel-les et financières. Cen’estpasnormal».

Avec le Plan B et ses bières bio à2,50euros, IvanPéaultveutêtreaccessibleà tous. Des familles viennent écouter desconcerts de slam, des étudiants viennentvoir des improvisationsde théâtre, «il y amêmedes jeunes UMP, et çame va,mêmes’ils ne me ressemblent pas !». Idéaliste,Ivan Péault l’est indéniablement.«Onmel’a toujours dit, ça inquiétait même mesparents!»Mais le jeune homme est aussiun battant. De ses lectures, il retient sur-tout Sartre et Camus. LeMythe de Sisyphel’a notamment beaucoupmarqué: «Pourdépasser l’absurdité de la vie, Camusnousdit qu’il faut se révolter. Moi j’ai besoin deprojets et de créations pour dépasser mesangoisses.»Aujourd’hui, le Plan B est sonprojet, mais «pour encore cinq ans maxi-mum», confie Ivan Péault, avantunautredépart culturel et altruiste.p

Ariane Lecointre

Prochain articleCatherine Baïacheà Saint-Sulpice-sur-Loire.

Odéon-Théâtre de l’Europe01 44 85 40 40 • theatre-odeon.eu

Direction Olivier Py

7 – 14 mars 2012Théâtre de l’Odéon 6e

en allemand surtitréde & mise en scèneOlivier Pyavec Sebastian König,Lucas Prisor, MandyRudski,Ingo Raabe, Uli Kirsch,Ilse Ritter, Uwe Preuss,Claudius von Stolzmannpiano Mathieu El Fassi

Faiseursdeculture | Alaveillede laprésidentielle, laparoleàceuxqui fontbouger les régions

IvanPéault, àPoitiers

CarlPhilippEmanuelBachSonates pour YukioJocelyne Cuiller (clavicorde).Voilàundisquequi fait dresserl’oreille dès la premièrenote et nelaisserapas tomber l’attention.Depuisunpremier disqueparuen2007 ( intituléRêveries pourconnaisseursetamateurs), laclave-ciniste JocelyneCuiller s’est faitune spécialitéde l’instrumentpré-férédeCarl PhilippEmanuelBach(1714-1788), le clavicorde, ancêtredupiano. Elle y déploie une fou-gue, un emportement, une jubila-tion, unepoésie frémissante etintime, qui donnent à cettemusi-que tourmentée (et tourmentan-te) les couleurs insenséesd’unthéâtre intérieur. Lepremier dis-quemettait en résonance le préro-mantismedu fils de Bach avec les«promenades» de Jean-JacquesRousseau. Sonatespour Yukio enréfère cette fois à l’écrivain japo-nais YukioMishima, dont la cordesensible se rompit volontaire-ment sous le sabre le 25novembre1970.pMarie-AudeRoux1CD Ligia Digital.

JaojobyMilaAnaoComptantparmi les chanteursmalgachesqui ont eu le plus denotoriété sur la scène internatio-nale, Jaojoby revient à ce qu’il saitlemieux faire: le salegy. Aprèss’être égarédansunevariété sanssaveur sur sonalbumprécédent,le chanteur se reconnecte avec cestyle tonique (rythmeen6/8) etsouriantqui a fait de lui une star àMadagascar et lui a valuunebelle

audienceauprèsdupubliceuropéen,après sasignaturesur ledéfunt

labelMarabi, créépar ChristianMousset, directeurdu festivalMusiquesmétisses d’Angoulême.Rythmecanaille prenant sa sour-cedans le norddupays, dans les

rites de possessionet ceux liés auculte des ancêtres, le salegy estunemusiquede fête, légère etgaie, s’accompagnantd’unedanseplutôt coquine. Surun salegyimprégnéde rock ou sous influen-ce sud-africaine, Jaojobymet par-fois des paroles évoquantdessujets tels que la déforestation, lasécheresseou les feuxde brousse,plaies récurrentesde l’Ile rou-ge. pPatrickLabesse1CD Budamusique/Universal.

BruceSpringsteenWreckingBallClochettes, carillon, guitaresconquérantes, appuiprofonddela batterie et chœurs. Pas de dou-te, lemurde sonde Phil Spectorcontinued’irriguer lamusiquedeBruceSpringsteendansWeTakeCare of Our Own, en ouverture de

WreckingBall, nou-vel albumduchan-teur et gui-tariste. Elledevraittenir, avec

sonaspect hymne,une bonnepla-cedans le répertoire de la tournéemondialede Springsteenprévuepour l’heure du 18mars au31juillet.MêmeambiancedansDeath to My Hometown, avec unviolonet des chœurs celtiquesoudans LandofHopeandDreams.Pour le reste de cet enregistre-ment traversépar unevision som-bredes Etats-Unis en crise autantqueparune fiertépatriotique–qui ne se confondpas avecdunationalisme– synonymedemeilleurs lendemains, Springs-teenpuise dans le folk irlandais, legospel ou la country (WeAre Alive,dont l’accrochedécalqueRingofFire, de Johnny Cash), des fonda-mentaux traités à l’efficacité, sanssurprises. Springsteen, en campa-gnepour sa tournée desArena etdes stades, signeunalbumbasi-que, bien cadré et un rienplusconvaincantque ses deuxprécé-dents opus rock.p SylvainSiclier1 CD Columbia/Sony Music.

O n n’avait pas forcément lecœur à chanter… victoire,samedi 3mars, à l’issue de

ladiffusion, endirectduPalaisdescongrès, à Paris, de la 27e cérémo-nie des Victoires de la musique.L’Audimat a été sévère pour Fran-ce 2, face à la concurrence deTheVoice, le télé-crochet de TF1,qui,avecses8,4millionsdespecta-teurs(35,2%departsd’audience),abalayé les 2,6millions de specta-teurs (12,6% d’audience), du rituelannuel de la variétéhexagonale.

Pire, seuls 9% des moins de35ans ont suivi une remise derécompensesquipèchestructurel-lement d’un manque de rythmecontrelequell’animatrice,Alessan-dra Sublet, n’a rien pu. La moyen-ne d’âge des lauréats y était-elleaussipourquelquechose?Hubert-Félix Thiéfaine (prix de l’artisteinterprète masculin et album dechansons), 63 ans, Laurent Voulzy(chanson originale), 63 ans, Jean-Louis Aubert (spectacle musical),56 ans, Catherine Ringer (artisteinterprète féminine), 55 ans, lesont-ils fait fuir?

Unedes vertus desVictoires estdediffuserenprimetimedesartis-

tes peu conviés sur les plateauxtélé. Les jeunes ne sont pas lesseulsàenprofiter, car l’ostracismepeut durer. « Je suis un peu long,mais j’en profite pour une fois quej’ai les caméras surma tronche, j’aitrenteansà récupérer», remerciaitainsi le grand vainqueur de la soi-rée, Hubert-Félix Thiéfaine.Enthousiasmantes deux premiè-resVictoiresdeceJurassienindoci-le dont l’exigence poétique, tou-jours resplendissante dans son 16e

album,Supplémentsdemensonge,alongtempseffrayéradioettélévi-sion, tout en cimentant la fidélitéd’un large public. Peu de gaminsaussi libresquecetatypique, capa-ble de citer Brahms, Rimbaud ouNietzscheà la tribune.

Effervescence en coulissesComme lui, propre producteur

de sonalbum(distribuépar Sony),plusieursdes«Victorieux»témoi-gnaientdudynamismedusecteurindépendant. Egalement modèlede singularité, dont l’énergie créa-tive a transcendé le deuil de soncompagnon, Fred Chichin(1954-2007), l’ex-Rita MitsoukoCatherine Ringer est produite parla structure indépendante Becau-se, comme le duo Justice, lauréatdesmusiques électroniques.

Récompensant également lesprisesderisquede labels fonction-nanthorsdesmajors,deuxprojetssoutenus par lamaison 3eBureau:leduo fémininBrigitte (révélationscène) et le rappeurOrelsan, autrevedettede la soiréeavecsesVictoi-res «album de musiques urbai-nes» (Raelsan) et «révélation dupublic». Des prix aux allures de

revanche pour celui dont unechansondejeunesse,SalePute,dif-fuséesur leNet, avait crééen2009une polémique, l’accusant d’en-courager la violence sexiste.

Si la cérémonie se traînait sou-vent, l’effervescence régnait encoulisses, à l’arrivée de FrançoisHollande. Après son meeting deDijon,lecandidatsocialisteàl’élec-tionprésidentielleavait raliéParis«pour partager desmoments avecdes artistes». Vers 23h30, l’espaceVIP connaissait ainsi une ambian-ce inédite de cohue de campagneélectorale. Beaucoup de profes-sionnels entendaient profiter decette venue et dudîner qui suivaitpour «poursuivre la pédagogie»d’un candidat, qui semblait enopposition avec eux sur la loiHadopi. Désireux d’aplanir cesdésaccords, François Hollandeinsistait sursavolontédepoursui-vre le projet d’un Centre nationalde lamusique, lancépar legouver-nement Fillon, et de «protéger lesdroits des créateurs autant queceux de la diffusion». Tout ens’amusant de ce que « la victoire,nous la recherchons tous». p

StéphaneDavet

LePlanB,deuxpiècesdansunanciengarage,deslampesenaluminium,desvieuxsiègesdecinéma…

Qu’attendez-

vous d’une

politique

culturelle?

«Qu’elle aidelemilieu asso-ciatif, quiprend lerelais dansles villesquand lespouvoirspublics nefont pasgrand-chose.Et éduquer àla culture dèsle plus jeuneâge. Si l’écolene le fait pas,qui s’en occu-pera?»

SélectionCD

Floc-floc-floc:authéâtre,Camilleprendl’eau

PatrimoineLa police grecquedémantèle un traficd’antiquités«Plus dehuitmille pièces demonnaie de toutes formes, principalementenbronze, allantduVIeeVI siècle avant Jésus-Christ à l’époquebyzantine, ontété trouvées», a annoncé, dimanche4mars, la police grecqueaprèsavoir procédéà 44 arrestations,un vaste coupde filetmenéparplus dedeux centspoliciers, qui ont perquisitionné55 bâtimentsdans 13 préfec-tures. Ils ont notamment arrêtéunhommede66 ans, agent retraitédesdouanes, qui pourrait être le cerveaude cette entreprise criminelle, etse rendait souvent enBulgarie, enAllemagne, enSuisse et enAngleter-re. Les autorités ont également récupérédes antiquités sansprix dontdenombreuses icônes enbois datant de l’époquebyzantine, trois objetsenor et pléthorede bijoux. Elles ont également saisi 19 détecteursdemétaux. – (AFP.)

Hubert-Félix Thiéfaine.BERTRAND LANGLOIS/AFP

LesVictoirespourlesvieux,tantmieuxLacérémonie récompense les survivants, les résistantset les indépendantsde lachanson

L anouvelledirectionduThéâ-tredes Bouffes duNord,dans le quartier de LaCha-

pelle, aimemélanger les genres,au risquedeproposer des specta-cles «branchouilles», comme LaDamede lamer, d’Ibsen, dont lerôle-titre est tenupar Camille, etlamise en scène signéeparClaudeBaqué. Encoreque:miseen scène est unmot trop grandpour la chose.

Il s’agit d’unevague idée, quiprend formedans le décor: unpand’eau sombre, contenupardes rebordsque les acteursenjam-bent, avant depatauger, avecleurs chaussures, leurspantalonsou leurs robes longues.Onentendun léger floc-floc-floc

quand ils se déplacent.Onvoit semouiller le bas de leurs costu-mes, on s’étonnequ’ils soientsecs (en changent-ils? sont-ilsséchésvite fait dans les loges?),quand ils émergentdes coulissespourunenouvelle entrée en scè-ne.«J’espère que l’eau est chauf-fée»,disait une spectatrice à l’is-suedu spectacle. Elle l’est, sinonce serait un coupà attraper lagrippe.

IndigenceQuandun spectacle appelle de

telles réflexions, c’est qu’il y aunproblème.Dans le cas de LaDamede lamer, le problème se résumeàun floc-floc-floc généralisé: lapièced’Ibsen senoiedans l’indi-

gence.On l’entendmal, onne lacomprendpas. C’est pourtantunebellehistoire, énigmatiqueetenvoûtante.Celle d’une jeunefemme,Ellida, qui a épouséunveufpèrededeuxfilles,maisn’ar-rivepas à oublier unhommequ’elle a connu, et dont le destin,commele sien, était lié à lamer.Dans ses notes d’intention,ClaudeBaquéparle, lui, d’unesirè-nedevenue femme.D’où l’eauqui envahit le plateau.Mais celane saurait suffire ànous immer-ger dansun texteque les comé-diensdisent commes’ils tour-naient lespagesd’un annuaire.

Certains,dontDidier Flamand,sontpourtantbons. Ils font cequ’ils peuventpour éviter le nau-

frage. Camille fait demême, à safaçon.Elle auneprésence,unebel-le gestuelle, et sa voix, bien sûr.Parmoments, elle chante, accom-pagnéededeuxcors et d’un tuba,qui restent en fonddeplateau, ausec.Mais elle seheurte àune limi-te: jouer au théâtre estunmétier,qu’ellenepossèdepas. Il paraîtqu’elle aimepassionnémentLaDamede lamer, et qu’elle«auraitaussi bienpu la chanter», selonClaudeBaqué. Eneffet: c’eût été,sans aucundoute beaucoupplusintéressant si Camille s’étaitemparéede la pièce écrite parIbsenen 1888, et en avait fait unspectaclevenantd’elle, et de samoderneaura aquatique.p

Brigitte Salino

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COUETTE ROUSSE, sandales à plate-forme, robe imprimée de billetsà l’effigie de la reine Elizabeth,VivienneWestwood, 70ans,revient sur sa carrière.Vous avez fait votre premier défiléen 1982 à Paris. Comment voyez-vous l’évolution de lamode?

Trente ans, tant que ça? Jeme rap-pelle, c’était dans le salon de théAngelina. Quant à l’évolution de lamode, je ne suis pas les tendances, jen’ai pas la télévision, ne lis pas lesmagazines. Nombre de célébritésportentmes vêtements et je neconnais pas leur nom.Vous avez deux passions, lamodeet la défense de la planète.Comment conciliez-vous les deux?

Dans cette collection, six piècessont réalisées en lainemérinosd’Australie que je promeus, car c’estune fibre naturelle de toute beauté.Mon credo, c’est «Achetezmoins,mieux et faites durer !»On transfor-me les citoyens en consommateurstous azimuts. On leur fait croirequ’ils ont le choix,mais ils sont escla-ves d’une obsession, acheter. Résul-tat : les gens dans la rue se ressem-blent, ce sont des clones sans style.

Vous êtes nostalgique des tempsanciens?

Monmari, qui a vingt-cinq ans demoins quemoi,m’a trouvée fantasti-que sur une photo où j’avais 16 ans,les cheveux attachés, une jupe corol-le…Une époque où je rêvais de res-sembler à unmannequin deChris-tianDior. Si on regarde les costumesduXVIIesiècle, – ce que nous avonsfait pour cette collection –, on est sur-pris par la fierté et la dignité de ceuxqui les portent. En 2012, on les regar-derait commedes extraterrestres.Certes, il s’agissait de nobles avec desprivilèges et de la culture. Aujour-d’hui, les gens, bombardés d’infor-mations, n’ont guère le loisir de secultiver.Moi, je fais des vêtementsavec des références historiques,pour rendremes contemporainsplus beaux.Pourquoi portez-vous cette robeà l’effigie de la reine Elizabeth?

Je suis fan de la reine, elle est syno-nymede tradition, de ciment socialet d’une exception toute britanni-que. Sans elle, la Grande-Bretagneressemblerait aux autres paysd’Europe, ce qui serait fade, non?p

Propos recueillis parV. L.

FocusVivienneWestwood:«Lesgensdanslaruesontdesclonessansstyle»

mode

cHermès. A. KLEIN/AFP

Un vêtementqui colle à la peaupar Véronique LorelleSur le podium d’Issey Miyake, dimanche4mars, il n’y avait, au début du défilé, quedes carrés de tissus suspendus à un por-tant. Des assistants-soubrettes ont surgi,munis d’un fer chaud, et sous l’effet de lavapeur, voilà l’étoffe qui rétrécit à vued’œil. Elle se métamorphose ici en unetunique qui épouse la silhouette, là enune robe longue évoquant tantôt le plissé,tantôt le tricot. Issey Miyake a inauguréun nouveau procédé, baptisé SteamStretch, à base de fibres rétractiles trans-formables à haute chaleur. Le rêve du vête-ment intelligent ne date pas d’hier. AndréCourrèges, qui fête cette année cinquanteans de mode, imagi-nait déjà, avec sestuniques pantalonsfuturistes, un uni-forme secondepeau. Hussein Cha-layan avec les LED,et Julien Fournié,avec le latex, tra-vaillent sur desmatériaux inédits.Bientôt, on ne pour-ra plus parler chif-fons. p

L e noir et blanc minimaliste de cethiver laissera la place, dans quelquesmois, à une palette automnale très

nature et couture. ChezHaiderAckermann,comme chez beaucoup de stylistes, s’invi-tent lebleu électrique ou lamoutarde,maisaussi des teintes plus sourdes : lie-de-vin,chocolat oupourpre. Le créateur a simplifiéles lignes de ses vêtements et ses enroule-ments caractéristiques, pourune collectiontout en sensualité et virtuosité. Les robes separent sur le devant de queue-de-pie ou denœuds style obi, les vestes dépourvues derevers ou de boutons, sont cintrées par delarges ceintures, la taille est haute, le toutdans une opposition de lainages généreux,de cuir oude satin.

ChezHermès, les épices ont la part belle,du safran au paprika, en passant par le poi-vre. La voyageuse dessinée par ChristopheLemaire a des allures de gaucho de luxe,dans des jupes de peau, sous des gilets decastor lustré, chapeau de feutre et bottes àpetits talons. Lesmatières sont àsedamner.Bambou, dernière compagne de SergeGainsbourg, clôt le showen robe de veloursd’un vert évoquant l’aurore boréale. Si lesétoffes et les cuirs précieux sont mis enlumière, les femmes passent un peu ausecondplan.

Chez JeanPaul Gaultier, c’est l’inverse.Les modèles défilent dans une versionannées 1980 en costume rayures tennissous un Perfecto rouge doublé léopard,robes aux imprimés tags avec coiffurepunk. Elles sont belles, tandis que les vête-ments semblent déjà vus, voire communs.Pourtant,àyregarderdeplusprès, lesimpri-més graffitis sont des tissages, la fourrureest peinte, les pantalons taillés dans dupython.Gaultierasunousberner.Dugrandart.

Le blanc est la toile de fond sur laquellePhoebe Philo, directrice artistique de Céli-ne, fait ses gammes – beige, turquoise, ver-millon, taupe, etc. Elleproposeunravissantpantalon ample rose, à larges poches pla-quées, sous une tunique de peau bordeauxet une robe en mosaïque de fourrure colo-rée,telleuntableaudeMarkRothko.Promisà un bel avenir, le pantalon à l’entrejambeabaissé, décoré à l’arrière dumollet de zips,le foulardporté à lamanière de Lucky Luke,enagneaubicolore, ou lecolblancenpointesous lementon, telle la proue d’unnavire.

Carol Lim et Humberto Leon nous plon-gent dans un bain de jouvence pour leurvéritablepremierdéfilépourKenzo.Lessty-listesnew-yorkais sedébarrassentdel’inspi-ration ethnique, trop présente jusqu’alors,auprofitd’unegarde-robeplus ludique,des-tinée à séduire les jeunes : motifs grappesde raisin, imprimés géométriques et cou-leurs franchescommeles talonsetsemellesdes chaussures fluo.

Les femmes-louves de Viktor &Rolf nesortent qu’à la nuit tombée, en robe devison et mousseline de soie, manteau defourrure plus ou moins rasé, pour un effetgraphique, le tout couleur de lune, argentou cuivre. Cette collection est l’une des plusréussies et féminines de ces dernières sai-sons. La palette la plus fraîche, la plusincroyable,estcelledeReiKawakubo, fonda-trice de la marque Comme des garçons. lastyliste japonaise aux soixante-dix prin-tempsdessineunegarde-roberose, lilas,ver-millon, bleu électrique, loin du corps, com-me celle d’un mannequin de carton, pourpetite fille ayant arrêté de grandir. p

VéroniqueLorelle et JoëlMorio

Aufildesdéfilés

AmbiancesforestièresDesteintesdesous-boiségaient les collectionsde l’hiverprochain

PhoebePhiloproposeunerobeenmosaïquedefourrurecolorée, telle

untableaudeMarkRothko

DKenzo. PIERRE VERDY/AFP

dHaider Ackermann.BUKAJLO FREDERIC/SIPA

D JeanPaulGaultier.AFP PHOTO/PIERRE VERDY

cUnmodèledeVivienneWestwood. DR

Prêt-à-porterPARIS | AUTOMNE HIVER 2012-2013

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&vous

EconomisersursestravauxécolosLETESTest instructif. Taper«tra-vauxécologiques» surGoogleper-metdevisualiser la junglenuméri-quedeconseils etdemisesenrela-tionen toutgenreproposésenligne.Résultat: desmilliersd’inter-nautesse rabattent sur les sitesdedistributeurs (Leroy-Merlin.com,3,2millionsdevisiteursuniquesmensuels, selonMédiamétrie,Cas-torama.com,2,4millions),qui ontd’ailleursétoffé leurs rubriques«aideauxtravaux».

Untout jeunesite, Calcu-leo.com,entendservir deported’entréeà tous ceuxquiveulentavoirunemaisonpeugourmandeenénergie (doublevitrage,poêleàbois…).«Nousproposonsuncalcu-

lateurgratuitqui permetà chacund’estimer les aides en créditsd’im-pôt, aides régionales,départemen-tales, auxquelles il a droit»,expli-que JérémiePras, cofondateurdusite.L’idée estd’accompagner lesinternautesdudébutà la findeleurs travauxenproposantensuitede lesmettre en relationavecdesprofessionnels.»

Tendance à l’achatmalinPierre Pinneteau, jeune retrai-

té habitant près d’Avignon, vientainsi d’économiser 250 euros.Cela représente «10%dumon-tant des travauxd’isolation enouate de cellulose demamaison»,explique-t-il.

Branco, 36ans, consultantdansla finance (qui requiert l’anony-mat), a aussiutiliséCalculeopourestimer ses créditsd’impôt. Il vafaireappel àunprofessionnelconseillépar ce sitepour les tra-vauxd’isolationextérieurede samaison.Mais, pour le reste, il apré-féré fairemarcher la concurrenceen ligne.«J’ai achetémonballonthermiquesurEconology.fr, etmapompeà chaleurair-air surDomo-telec.fr etai économisé8000euros, soit 50%dumontantdesdevis quim’avaientétéprésen-tés», explique-t-il, satisfaitde cetteristourne.

Une tendanceà l’achatmalinqueconfirmeGabrielGormezano,

cogérantdusite aixoisEconology,spécialisédans lesmaisonsécologi-ques.«Nousconnaissonsunecrois-sanceàdeuxchiffres, et huit clientssurdix sontdesparticuliers, dit-il.L’achatdirectdes internautesa étéfreinépar les crédits d’impôtquinefonctionnaientque surdesdevisincluantachat et posedumatérielpardesprofessionnels.»Mais lescréditsd’impôtdiminuent, et cer-tainsartisansont eu lamauvaisehabitudedegonfler lesprixdumatériel,donnant l’impressionauxparticuliersde fairedes écono-mies…à tort.D’où l’engouementpour l’achatdirect, retourdebalan-cierdes internautesavisés. p

L.Be.

Modede vie

L e retour des beaux jours vatraditionnellement de pairaveclesprojetsimmobiliers…

et le stress qui les accompagne:recherched’appartementetdémé-nagement sont des activités chro-nophages et énergivores, causantbien souvent des dépenses impré-vues.

En quelquesmois sont apparusdessitesdestinésà faciliter lavieetfaire des économies, que l’on soitlocataireoupropriétaire. RevuedeWebdecesservicesmalins,bienve-nusen tempsde crise.

«Réseauter» pour trouver unappartementMargauxPelenadûvisiter une vingtaine d’apparte-ments à Paris avant de trouver lebon. Leboncoin.fr, Seloger. com,Pap.fr, Explorimmo.com, etc.«J’avais une quinzaine d’ongletsouverts sur mon ordinateur pourchacune des annonces intéressan-tes, se souvient-elle. Comme àParis les appartements partentdans la seconde, cela allait danstous les sens.»

De cette expérience acrobati-que, cette jeune diplômée a tiréune idée. Avec Sébastien Zerah etAdrien Pavillet, deux ingénieursrencontréssur lesbancsd’unmas-ter à HEC, elle vient de lancer, le1ermars, Home’n’go, un réseausocial conçu pour optimiser seschances de trouver la perle rare.«C’est un espace unique et privatifde recherche où chacun peut cen-traliser ses annonces gratuite-ment, explique-t-elle.Pourchaqueappartementoumaisonidentifiés,notre site apportera des précisionsutiles pour faire son choix : lycéesles plus proches, taxes foncières,tauxde criminalité du quartier.»

Home’n’go (homengo.com) vachercherces informationsofficiel-les, accessibles en libre-service surInsee.fr et Data.gouv.fr. Elle tra-vailleégalementavecdesrégiesdetransport de grandes villes com-me la RATP. Quant au réseaud’amis, il peut être invité à rentrerdans la boucle numérique pour

commenterlasélectiondesappar-tements. «Par mail, un Parisienpourra rapidement dire à soncopainmarseillaisquiveutmonterà la capitale que le quartier de telappartement est super…, ou inver-sement », explique MargauxPelen.

La jeune entreprise compte serémunérer en servant d’intermé-diaire pour des déménageurs oudes banques,mais aussi, à l’imagede Facebook, en affichant de lapublicité ciblée aux internautes.

Economiser les loyers de préa-vis Julie (qui souhaite rester ano-nyme) n’en revient toujours pas.«En quelques clics, j’ai économisé

deux mois de loyer, soit1 400euros », explique-t-elle.Début décembre2011, cette Lyon-naise, aspirante avocate, décidededéménageràParispourretrou-ver son ami. Seul problème: sonpropriétaire veut qu’elle paye lestrois mois de préavis. « J’ai alorsentendu parler de Changedap-part.com. J’y ai inscrit mon loge-ment en expliquant qu’il pouvaitêtre libéré dès janvier 2012. J’aid’ailleurs partagé cette annoncesur Facebook avec tous mesamis », raconte-t-elle. Dans lasemainequiasuivi,elleareçuqua-tre propositions de repreneurs.Juliea jouéalorsà l’agent immobi-lier. Elle a regardé les dossiers et

transmis ceux qu’elle trouvait lesplus sérieux. «Mon propriétaire achoisi l’un d’entre eux, et j’ai puquitter Lyon fin décembre», expli-que-t-elle satisfaite. Comme salocation parisienne commençaiten janvier, elle n’a même pas eude double loyer à payer. Déposeruneannoncesur le site estgratuit,mais Julie a micropayé quelqueseuros pour la diffuser sur Face-booketTwitter.Mathieu,compta-ble stéphanois (qui tient à conser-ver l’anonymat), s’y est pris unpeu plus tard, mais il y a mis lesmoyens:«Pourtrouverplus facile-ment un successeur locataire, j’aiproposé sur le site une prime de160eurosà celui qui serait choisi.»

Résultat, Mathieu a reçu dixoffres de reprise en un tempsrecorddontuneaété acceptéeparson propriétaire. «J’ai économiséunmois de préavis, soit 640 euros,moins la prime reversée», dit-il.

Pour Guillaume Phéline,cocréateurdusite,«tout lemondeest gagnant» : le propriétaire n’apas à chercher et peut d’embléerelouer son appartement; le loca-taire partant économise le préa-vis et est bien plus motivé pourtrouver rapidement un rempla-çantque lesagences.Enfin, lenou-vel arrivant accède plus facile-mentauxoffres,paruncanalqua-si relationnel.

Le site, lancé fin novembre,enregistre 1500 visites par jour,le double par rapport à débutfévrier. Et, dans 5% des offres enligne, une prime pour l’arrivantest offerte… une première enFrance.

Déménager low cost Selonl’Insee, 6millions de personneschangent de domicile chaqueannée. Soit environ 2,5millions dedéménagements dont seul lequartestréalisépardesprofession-nels. Ainsi, chaque semaine, enmoyenne 30000 déménage-ments se font avec lesmoyens dubord: camionnette louée ou prê-tée, copains appelés à la rescous-se…UnsystèmeDquiaamenécer-tains à…détourner l’usagedesboî-tes de stockage.

La société G7, connue notam-ment pour sa flotte de taxis pari-siens,a lancéen2009Mobilbox.fr,

un service pour aérer le quotidiendes habitants de petits espaces.Principe simple: une boîte de 8m3

vousest livréeenbasdechezvous.Vous la remplissez et Mobilbox lastocke dans un entrepôt proche.Or,depuis l’été2010,date à laquel-le la société a finalisé le maillagedu territoire français –elle possè-de 7 sites de stockage à proximitéde grandes agglomérations –, descentaines de Français ont utiliséces boîtes caves ambulantespour…déménagerensept joursouun peu plus. Et pour cause. Pourun déménagement entre Paris etMarseille de 16m3, soit un deux-trois pièces, la livraison à un autredomicile de 2 Mobilbox coûte1 130 euros, environ deux foismoins cherque leprixd’undémé-nageur traditionnel. En revanche,ces utilisateurs ne prennent pasl’option«aide»–uneoudeuxper-sonnes viennent vous assister –,car,de l’aveumêmede ladirigean-te de Mobilbox, Sandrine Boillot,dans ce cas, ils ne sont «plus com-pétitifs».

Mobilbox vient de mettre enligne un estimateur de volumepour faciliter les démarches desinternautes et a désormais unconcurrent: la sociétédéménager-seul.com,quivendboîteset autresmatériels, a lancé début février laGirafbox. Une manière d’occuperlemarché,alorsquelasociétéamé-ricaine Pods, inventrice duconcept il y a quinze ans, vient des’installerauCanadaet…auRoyau-me-Uni. p

LaureBelot

Voilà de quoi titiller le détectivequi sommeille en chacun denous. Le site Changerdeville.frpermet de visualiser gratuite-ment le profil des habitantsd’une ville : proportion de céliba-taires, de seniors, de famillesavec enfants ; importance deslogements sociaux ou inhabi-tés… Ces cartes sont bluffan-tes pour les grandes villes, où,par arrondissement, la préci-sion est celle du pâté demai-sons.Les informations proviennentdu recensement de l’Insee etsont actualisées tous les ans.Le site propose également untest ludique pour déterminer laville la plus appropriée à sa per-sonnalité ainsi que des conseilset des rabais pour déménager.Par pure curiosité, on peut ainsivérifier que les familles avecenfants et les seniors désertentles rues pentues de la Croix-Rousse à Lyon, que les célibatai-res sont très nombreux et régu-lièrement répartis dans lesarrondissements parisiens,alors que les seniors sont surre-présentés…dans le 16e arrondis-sement.

BonsplansenlignepourdéménagerRéseauxsociauxetsites Internetpermettentderéduire lescoûtspourse logerets’installer

Choisir d’habiter… dansunquartier de célibataires

LescarrossesdelaRépubliqueCes images ont fait le tour du monde : 7mai 1995, peu après22heures, une CX Prestige Turbo 2 quitte l’Hôtel de Ville deParis en trombe. A son bord, Jacques Chirac, qui vient d’être éluprésident de la République, salue les Parisiens croisés sur le par-cours. S’ensuit une sorte de course-poursuite avec les photogra-phes et journalistes àmoto, qui finalement conduira tout lemonde à… l’Hôtel de Ville.Cette CX, aujourd’hui exposée auMusée Chirac à Sarran (Corrè-ze) ne fera pas partie de l’exposition consacrée aux Citroën pré-sidentielles à l’espace Citroën C42, avenue des Champs-Elysées,à Paris. Mais, que les passionnés soient rassurés, une répliqueexacte sera présente. En revanche, l’authentique Traction avant15CV six cylindres du président René Coty voisinera avec lanonmoins authentique DS ayant servi à Charles de Gaulle. Ony verra également la Citroën SM deGeorges Pompidou, rallon-gée et découvrable, réalisée par le célèbre carrossier Henri Cha-pron. La SM seramêmeutilisée par les présidents Giscard d’Es-taing etMitterrand. Clin d’œil à la période : un isoloir sera ins-tallé à l’espace C42 pour que les visiteurs élisent leur… Citroënpréférée. p François Bostnavaron (PHOTOS CITROËN COMMUNICATION)

Votez Citroën. Du 9mars à la mi-juin. Espace C42, 42, avenue des Champs-Elysées, Paris 8e. Citroen.fr

Trouver un logement relève souvent du parcours du combattant.NICOLAS TAVERNIER/REA

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M aintenant, je peux ledire: j’adore les gueulesdes Irlandais. LesO’Con-

nell, O’Callaghan,Healy…Ça trans-pire le rugbydesmines sur cestotemsconcassés. Entraîneur, jecherchaisdes termes guerriers,agressifs, voirehaineux, à l’heurede les rencontrer.Desmotsdeves-tiaires en somme. Là, du fonddemoncanapé, entourédemafamille, de celle demon frèreTho-mas, et dequelquesbouchéesdegâteauau chocolat, je les trouvaissympathiquesces «Irish». Parcequ’ils s’y filent, commeondit com-munément. Je crois qu’ils sontarri-vésdécomplexésau Stadede Fran-ce, qu’ils avaient la volontéd’en-rayer la spiralede leurs échecs, etque la prisedu score a largementcompliquénotre tâche.

Lematch, je l’ai franchementapprécié,mêmes’il se conclutparunedouble déception: celledesIrlandais– car c’est le gainduTour-noi qui leur échappedéfinitive-ment – et la nôtre, puisque c’est legrandchelemqui s’enfuit. Aprèsdeuxvictoires, lapressen’est pasla seule à ypenser; les joueurs etle staff aussi,mêmes’ils ne com-muniquentpas dessus.

Notreentamede jeuvacertaine-ment faireparler. Elle est pourtantbiendifférentede celles vécuesfaceà l’Italiepuis enEcosse. Jecroisque les Bleus étaient aucontrairedésireuxdebiendébu-ter enproduisantdu jeu, qu’ils enavaient eux-mêmessoupédedémarrer commeundiesel, et cet-te interception leur a coupé lesjambes. Jeme souviensqu’en2010notre talond’Achille concer-nait le débutdenosdeuxièmesmi-temps.A tel point queThierryDusautoir,notre capitaine, laissaitl’engagementà l’adversairequandil gagnait le «toss» [le tirageausort] pourmieuxrécupérer le bal-lonaprès la pause…

Ladéfense inverséedenosadversairesnousa contrariés, etnousavonsconnudes difficultés ànousy adapter. Par la suite, onauraitpupenseràun«copier-col-ler» dumatchd’Edimbourg,quandnos joueursont laissépas-

ser l’orageet pu revenirau score.Remonter 11points, cen’est pasneutre. Cela traduitune farouchedétermination,une forcede carac-tère,un étatd’esprit.Onaurait pucroireque le plus gros était faitlorsqu’ils sont revenusàhauteur,à l’heurede jeu,mais les Irlandaisont remis lapression. Tactique-ment, les drops (manqués)deBeauxis sur la fin étaientbons àtaper. Je reste étonnéd’ailleursque les Irlandais aient fait entrertardivement leurbuteurO’Garapour tenter lamêmechose.

Au final, lematchnul pourraits’apparenter àunedéfaite.Maisquestion contenu, il y a eu dubon,voireplus, dans le XVde France.En touche – ce quin’est pas rien

face à l’alignementdes verts –, enmêlée, dans la bataille des rucks,les Françaism’ont semblé supé-rieurs. Et concéder seulementqua-tre pénalités – après les cinqcontre l’Italie puis en Ecosse –,c’est très, très fort. Cette stat’ doitbattre tous les records.

Non, je neme suis pas emmer-déune secondedevant cematch!Undropaurait tout changé, à com-mencerpar les commentaires etles analysesmédiatiques. Vieillerengaine. L’Angleterre arrive àson tour,mêmeheure,mêmelieu, dimanche. Cen’est déjà pasunmatchnormal d’ordinaire. Là,les Bleus, probablement frustrés,vontmettre les bouchéesdoublespendant la semaine. Le grand che-lemest peut-êtreperdu,mais cer-tainementpas le Tournoi. p

Ancien sélectionneur du XV de France,vice-champion du monde en Nouvelle-Zélande, Marc Lièvrement vient depublier «Cadrages et débordements»,(Ed. La Martinière).

Football

LeParis-Saint-GermainretrouvesonfauteuildeleaderduchampionnatLe clubde la capitale, toujours fébrile défensivement, s’est appuyé surses qualités offensivespour battreAjaccio (4-1) et ainsi reprendre la têtedu championnatde France, dimanche4mars, au termede la 26ejour-née.Une semaine après avoir abandonné la place de leader àMontpel-lier, les Parisiensont profité dumatchnul desHéraultais àDijon (1-1)pour reprendre les commandes.

BiathlonMartin Fourcade double championdumondeMartinFourcade a remportédimanche4mars à Ruhpolding, enAllema-gne, sondeuxième titre de championdumondeen s’imposantdansl’épreuvedepoursuitedevant le Suédois Bergmanet le RusseChipouli-ne. La veille, le Français avait déjà remporté lamédaille d’or dans lesprint.«Çadépasse tout ce que je pouvais espérer dansmavie», a décla-réMartin Fourcadequi, à 23 ans, est devenu le troisièmebiathlètedel’histoire à réaliser le doublé sprint-poursuite après le Russe Pavel Rosto-vtsev et leNorvégienOle Einar Björndalen.

BoxeL’UkrainienWladimir Klitschkobeaucoup trop fort pour le Français Jean-MarcMormeckJean-MarcMormecka perdu sonpari foude ravir, à 39 ans, le titre dechampiondumondedes poids lourds à l’UkrainienWladimirKlits-chko, 35 ans. Le Français a été battu par arrêt de l’arbitre au 4e round,samedi 3mars, à Dusseldorf, enAllemagne. Jean-MarcMormeckest la50evictime avant la limitedeWladimirKlitschko.

RésultatsSaint-Etienne-Evian 0-2Lille-Auxerre 2-2Nancy-Lyon 2-0Marseille-Toulouse 0-1Sochaux-Valenciennes 1-1Dijon-Montpellier 1-1Bordeaux-Nice 1-2Caen-Brest 0-0Paris-SG-Ajaccio 4-1Lorient-Rennes 0-2

Classement: 1.Paris-SG: 55;2.Montpellier : 54;3. Lille : 47 ;4.Rennes: 43;5.Saint-Etienne:43;6. Toulouse: 43; 7. Lyon: 40;8.Marseille : 39;9.Bordeaux:36; 10.Valenciennes: 31 ;11.Brest : 30; 12. Evian: 30;13.Caen: 28; 14. Lorient : 27 ;15.Dijon: 27; 16.Nice: 26;17.Nancy: 26; 18.Ajaccio: 26 ;19.Auxerre : 23;20.Sochaux: 21.

Cadrage | chroniqueMarc Lièvremont

Jenemesuispasemmerdéuneseconde!

26ejournée de Ligue 1

sport

Athlétisme

S ousuncielgrisetunetempé-rature proche de 10 degrés,les 33 000 participants,

championsetanonymes,dusemi-marathondeParis,quis’estdérou-lé dimanche 4mars, ont bénéficiéde conditions climatiques favora-bles à la performance. Cette 20e

édition a été la plus rapide puis-

que les records masculin et fémi-nin ont été battus. On retiendraqu’à l’arrivée sur l’esplanade deVincennes, toutes les places despodiumsétaientoccupéespardesKényans.

Chez les hommes, StanleyBiwottdevient lepremiercoureuràdescendre sous la barrede l’heu-re. Il a franchi la ligned’arrivée (en59min44s), devant ses compa-

triotes Bernard Koech et ReubenLimaa. Chez les femmes, PaulineNjeri s’est imposéeenpulvérisantd’1min40s le précédent recordétablipar laRoumaineAlinaTecu-ta (1h09min37s), en 1997.

Jusqu’à quel point les condi-tionsclimatiquesidéalespeuvent-elles expliquer ces records ? Etcomment justifier l’hégémoniekényane?«Dans cepays, la course

fait partie de la culture, expliqueDominique Chauvelier, quadru-ple champion de France dans lesannées 1990. Courir au Kenya,c’est comme jouer au foot ici : c’estnaturel ! En Europe, il faut bienadmettre que ce sport ne fait pasrêver les jeunes. Ils disent que lemarathon, c’est dur, et qu’en plusça ne rapporte rien!»

Le spectre du dopageLa plupart des athlètes

kényans s’entraînent à Iten, unpetitvillageperchéà2400md’al-titude dans la vallée du Rift. Ilscourent dès les premières lueursde l’aube sur des routes poussié-reuses. Les entraînements sontorganisés trois fois par jour, et iln’y a aucunedistractionauxalen-tours. Du côté de la fédération,toutestbienstructuréetunsystè-mede détection efficace a étémisen place à travers le pays pourrepérer les futurs champions.

Aujourd’hui, le Kenya a relé-gué toutes les autres nations – ycompris l’Ethiopie, son éternelrival – au rang de faire-valoir.Maiscertainesperformances fontnaître des soupçons de dopage,notamment parce qu’il n’y a pasde suivi longitudinaldes athlètes.«Ona vu récemment des Kényansboucler des marathons en2h05min,alorsqu’ilsétaient tota-lement inconnus l’an dernier,explique Dominique Chauvelier.Quand je vois qu’au marathon deNew York, en 2011, le vainqueurbat le record et arrive frais commeun gardon, je me dis qu’il y a unproblème.»p

Pierre Lepidi

Tournoides six nationsFrance-Irlande, 17-17

T ous frustrés ! Le match nul(17-17)entre l’équipedeFran-ce et celle d’Irlande, diman-

che4marsauStadedeFrance, lorsde la rencontreduTournoides sixnations reportée il y a trois semai-nes, n’a pas été de ceux dont lesdeux camps ont le sentiment desortir vainqueurs, après avoir jetétoutesleurs forcesdans labataille.

Philippe Saint-André, mana-geur des Bleus, l’avouait sansambages : «Dans le vestiaire, il yavait une sensationde défaite, pasde match nul…» Thierry Dusau-toir, l’irréprochable capitaine del’équipe de France, insistait sur ladéception de ne pas avoir sugagner un match « largement ànotre portée ». « Franchement,quand on donne quatorze points[sur deux essais du redoutableailierTommyBowe]gratuitementavant la pause, on n’a que ce quel’onmérite», adéclaré lecapitaine.

Son homologue irlandais PaulO’Connell, qui aurait pu légitime-ment se satisfaire d’avoir tenu enécheclesvice-championsdumon-de sur leur terrain, ressassait deson côté « le sentiment d’avoirmanqué une opportunité», s’affi-chant «vraiment déçu» de la per-formancede son équipe en secon-demi-temps…

Il y eut quand même un vain-queurdans cematch: le public duStade de France, qui poussa sonéquipe jusqu’à ladernièreattaquedu tempsadditionnel, échouéeentoucheà 10mètresde la ligned’es-sai irlandaise.

La touche, ce fut justement l’undes points satisfaisants dumatch,

face à un alignement réputé par-mi lesmeilleursde laplanèteOva-le. Mais d’autres secteurs du jeuont été beaucoup moins maîtri-sés, comme l’animation offensi-ve, le jeu au pied ou le combatdans lesrucks,dumoins jusqu’à lapause.

L’équipede France savait pour-tant à quoi s’attendre face à desIrlandais experts dans la batailleau sol, et l’encadrement avaitinsisté toute la semaine sur lanécessité de mieux débuter lematch que lors des précédentessortiesduXVdeFrance, allant jus-qu’à réaménager le planningd’avant-match pour éviter cesretards à l’allumage. Résultat ?Onze points de retard à lami-temps (6-17)…

Aucun joueur,dans les couloirsdu Stade de France, ne paraissaitentrevoir un début d’explicationà ce mal récurrent. «On essaye dechercher une solution depuis uncertain temps pour y remédier,

commentait Philippe Saint-André. Aujourd’hui, on n’a pastrouvé.» Et si, tout simplement,les Bleus n’arrivaient à élever leurniveau de jeu qu’une fois souspression?

Patrice Lagisquet, l’entraîneurdes lignes arrière, préférait plai-der pour un manque de «vécu etd’équilibre». «Nous sommesenco-re en phase d’apprentissage»,a-t-il indiqué.C’estsansdoutevraipour le staff bleu, mais le XV dedépart comptait dans ses rangsonze finalistes de la Coupe dumonde…

Et ce n’est pas aux nouveauxvenus que l’on peut adresser lemoindre reproche: le centreWes-ley Fofana (Le Monde du28février) a (encore) inscrit unessai, et le deuxième-ligne YoannMaestri a été élu homme dumatch. Philippe Saint-André, quidemandait aux Bleus, la veille dumatch, «d’en mettre encore plusdans la dimensionphysique, enco-

re plus dans la dimensionmentaleet encore plus d’intensité dans lapréparation pour bien commen-cer», peuts’interrogersur l’étatdefraîcheur de certains de sesjoueurs avant les deux dernièresrencontres duTournoi.

Car si le rêve de grand chelems’est évanoui dans la grisaillehumide du Stade de France, unevictoire finale reste envisageable.Il faudra pour cela écarter uneéquipe d’Angleterre en pleinereconstruction dimanche 11mars,toujours au Stade de France – et ilya fort àparierque les joueursà laRose commenceront la rencontrepiedauplancher. Il faudraensuitedominer chez eux lesGallois, tou-jours invaincus.

Si les Bleus réalisent ce doubleexploit, ils risquent alors de res-sentir à nouveau un fugitif senti-ment de frustration pour avoirlaissé filer le grand chelem faceaux Irlandais.p

PhilippePérin

DEBAT PUBLIC

En collaboration avec

‘‘Changeons la place du sport dansla société!’’

En présence de Mayhar Monshipour, Roxanna Maracineanu, Claude Onesta,Jacques Monclar, d’universitaires et d’élus locaux

Mardi 6 mars 2012de 10h à 15h

à l’Espace Fraternité10/12 rue de la Gare93300 Aubervilliers

Vous êtes une association, une collectivité, un bénévole, ou simplement un passionné de sport

Venez partager vos propositions pour changer le sport!Inscription à l’adresse [email protected]

ou par téléphone au 01 44 54 94 94

www.apels.org

Partenaires fondateurs Partenaires officiels

Remonter11points,cen’estpasneutre.Celatraduitunedétermination,

uneforcedecaractère,unétatd’esprit

Etsi lesBleusn’arrivaientàéleverleurniveauqu’unefoissouspression?

Ausemi-marathondeParis, lesKényansraflenttoutIlsontbattu les recordsmasculinet féminin,mais leurhégémonie faitnaîtredessoupçons

La conquête du ballon a souvent été âpre, dimanche 4mars au Stade de France. BOB EDME/AP PHOTO

UnmatchnulaugoûtdedéfaiteTenusenéchecpar l’Irlande, lesBleusneréussirontpas legrandchelem

24 0123Mardi 6mars 2012

Page 25: le journal le monde du 6-3-2012

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AU CARNET DU «MONDE»

Naissance

Eva et Françoissont heureux de faire part de la naissancede leur fils

Elias OTCHAKOVSKY-LAURENS,le 25 février 2012, à Aubagne.

Décès

Jeanne,son épouse,Laurence et Philippe,

ses enfants,Eva, Eden, May, Joan, Alix,

ses petites-filles,Georges,

son frèreet sa famille,Jean-Charles Dalvin,

son neveuet sa famille,

font part du décès de

Pierre DANAND,survenu àMarseille, le 29 février 2012.

François Klutchko,son fils,Nathalie et Daniel Danzon,

sa fille et son gendre,Camille et Maxime Danzon,

ses petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Colette DELAVIER.Une cérémonie d’adieu aura lieu

le jeudi 8 mars 2012, à 13 heures,au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, à Paris.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Patrick Fridenson,Janine Galpin-Fridensonet leur fils, Eric,Georges Fridenson,Jomi et Dora Frydenzon,

leurs enfants et petits-enfants,Les familles Dressen et Durrleman,La famille Fournier,L’association Nadia et Lili Boulanger,Ses élèves dans le monde entier,Tous ses amis au cours

de cette traversée du siècle,

ont la douleur de faire part de la mort de

Ruth FRIEDENSOHN,professeur de piano et de musique,

survenue le 29 février 2012, à Paris,à l’âge de cent deux ans.

Une cérémonie civile se déroulerale vendredi 9 mars, à 16 heures, aucrématorium du cimetière du Père-Lachaise, à Paris 20e (entrée 71, rue desRondeaux, métro Gambetta, parkingpossible dans le cimetière).

110, avenue Simon Bolivar,75019 Paris.

Claudine et Jean-Pierre Balducchi,Sylvie et Bruno Buzzi,

ses enfants,Laurent, Marion et Nicolas,

ses petits-enfants,ont la tristesse de faire part du décès de

Janine GAUTIER,née DUMAS,

survenu le 1er mars 2012,dans sa quatre-vingt-onzième année.Elle a rejoint son époux,

Jacques GAUTIERet sa fille,

Magali,disparue le 1er mars 1982.La cérémonie religieuse aura lieu

le mardi 6 mars, à 14 h 30, au templede l’Oratoire, à Nîmes, suivie del’inhumation au cimetière de Ners.

Les familles Prettre, Giessner, Diessel,Pierret, BouchiéEt ses amis,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme ClaudeGIESSNER-PRETTRE,

ancien directeur de recherche au CNRS,laboratoire de chimie théorique,

survenu le 24 février 2012, à Paris,à l’âge de soixante-quatorze ans.

L’inhumation aura lieu le mercredi7 mars, à 15 heures, au cimetièrede Moragne (Charente-Maritime).

Figeac. Livernon.

Claude Juskiewenski,son épouse,Anne Juskiewenski

et son compagnon,Pierre-Georges et Nadia Juskiewenski,

ses enfants,Rémi et Adrien Bensoussan,Alexandre et Léa Juskiewenski,

ses petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

Serge JUSKIEWENSKI,chirurgien des Hôpitaux de Toulouse,professeur à l’université Paul Sabatier,chevalier de la Légion d’honneur,croix de la Valeur militaire,

officierdans l’ordre des Palmes académiques,

survenu le 2 mars 2012,à l’âge de soixante-dix-neuf ans.

Les obsèques seront célébrées le jeudi8 mars, à 15 heures, en l’église Saint-Sauveur de Figeac, suivies de l’inhumationdans l’intimité familiale.

Une messe de célébration sera ditele jeudi 15 mars, à 18 h 30, en l’églisede Dalbade, à Toulouse.

Daniel et Catherine Mareet leurs filles, Dorothée et Elisa MareAinsi que Sophie Noiran Mare,

son arrière-petite-fille,ont la douleur de faire part du décès de

Mme Susy MARE,née GOLDBERG.

Les obsèques auront lieu le mardi6 mars 2012, à 10 h 15, au cimetière Saint-Jean de Mandelieu (Alpes-Maritimes).

Regine NOACK,née BÜHREN,

28 juin 1944 - 24 février 2012.

Nous avons perdu un être merveilleux.

Steffen Noack,Katharina Hedtstück,

Helge Röstermundt et Lilith,Thomas Geschke,Nicole Renoult,Annie Goudy,Solange Communal,Alice et Gaëlle Joubay,Agathe Communal,Elisabeth Röstermundt.

[email protected]

Josanne Quénelle,sa femme,Alain et Christine,Claudine et Jean-Louis,Rémi et Françoise,

ses enfants,Laurent et Julia,Benjamin et Katia,Anne et Alban,Denis et Xiaoxiao,Emilie et Alain,Martin,

ses petits-enfants,Raphaël, Elisa, Romane, Rose

et Zadig,ses arrière-petits-enfants,Toute sa familleEt ses amis,

ont la tristesse de faire part du décès deM. Gilbert QUÉNELLE,

survenu le 1er mars 2012,dans sa quatre-vingt-dix-neuvième année,à son domicile.

«Ma route aura été longue et belle.Merci à vous tous. »

Un hommage lui sera rendu le mercredi7 mars, à 16 heures, au crématorium ducimetière du Père-Lachaise, entrée parl’avenue du Père-Lachaise, à Paris 20e(métro Gambetta).64, rue des Plantes,75014 Paris.

Bernard Riandière La Rocheet Josette Riandière Saint-Hilaire,ses parents,Nathalie Riandière La Roche,

son épouse,Hélène et Antoine,

ses enfants,Agnès Riandière La Roche,

sa sœur,Benoît Colin,

son neveu,Olivier et Pascale Bergeron,

ses beau-frère et belle-soeuret leurs enfants, Lucie et Clément,Jean et Colette Riandière La Roche,

son oncle et sa tanteet leurs enfants et petits-enfants,Denis et Janine Cels Saint-Hilaire,

son oncle et sa tanteet leurs enfants et petits enfants,Les familles Grandsimon, BergeronEt les très proches amis,

ont la douleur de faire part de la disparitionbrutale, le 13 février 2012,à l’âge de cinquante et un ans, de

PhilippeRIANDIÈRE LA ROCHE.

La cérémonie a eu lieu au cimetièredu Père-Lachaise, Paris 20e, le samedi25 février.Les familles remercient toutes les

personnes qui s’associent à leur peine.Cet avis tient lieu de faire-part.

Les éditions Retzont la tristesse d’annoncer le décès de leurfondateur

François RICHAUDEAU,le 27 février 2012,dans sa quatre-vingt-treizième année.

Elles partagent l’affliction de sa famille,de ses amis et de tous ceux qui l’ont connuau cours de sa longue carrière.

Auteur et éditeur prolifique, chercheurpassionné, il avait consacré des travauxpionniers à la communication écrite et à lapédagogie de la lecture.

Georgette Jachimowicz,Nicole et Marcel Sztabowicz,Thérèse et Roger Levine,Joëlle et Serge Sztabowicz,Paulette et Maurice Brédoire,

ses enfants,Ses quinze petits-enfantsEt vingt-sept arrière-petits-enfants,Tous ses amis et alliés,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. ChaïmWulfSZTABOWICZ,(dit Henri VAISE),

médaille du combattant volontairede la Résistance,

croix du combattant,croix du combattant volontaire,

commission militaire FFI n°274662,diplôme d’honneur au combattantde l’Armée française 1939-1945,

survenu le 3 mars 2012,dans sa centième année.

Les obsèques auront lieu le mardi6 mars, à 11 heures, au cimetière parisiende Bagneux.

Ni fleurs ni couronnes.

40, rue d’Enghien,75010 Paris.

Paris. Alger. Rabat.Tananarive. Wallis.

Mme Françoise Barthod,sa compagne,Ses enfants,Ses petits-enfantsAinsi que tous ses proches,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Jean-Pierre VALLÉE,retraité de l’Education nationale.

La cérémonie aura lieu au crématoriumdu cimetière du Père-Lachaise, le mardi6 mars 2012, à 14 h 45.

Boîte C18,27, rue Rébeval,75019 Paris.

Nicole Vialard,son épouse,Ses enfants,Ses petits-enfantsAinsi que toute sa famille,

ont la tristesse de faire part du décès de

Michel VIALARD,survenu le 2 mars 2012,dans sa quatre-vingt-quatrième année.

Une cérémonie religieuse sera célébréele mercredi 7 mars, à 10 h 30, en l’égliseSaint-Sulpice, à Paris 6e.

Sylvie Wallach Barbey,Jacques et Ani Bovon

avec Chloé et Zoé,Éléonore Bovon

avec Juliette,Gilles Bovon et Valérie Garreau

avec Alfred,Anne-Gaëlle Bovon-Abbet

et François Abbet,

font part du décès, le 28 février 2012,à quelques jours de ses soixante-quatreans, de

Jean-Claude WALLACH,Arts, culture, développementLes Tréteaux de France.

Une manifestation culturelle en souvenirde ses engagements sera organiséeultérieurement à Paris et annoncée par voiede presse

[email protected]

Souvenir

Jean-François ALLOUIS,6 mars 2007.

Sa familleEt ses amis

ne l’oublient pas.

Colloques

Grand débat :la réponse européenne à la criseEuro, gouvernance économique,discipline budgétaire, croissance…Quel bilan, quelles perspectives ?La Commission européenne

organise une conférence ouverte à tousavec Olli Rehn, Michel Barnier,Jean Leonetti, Jean Arthuis,Christophe Caresche,

Daniel Cohn-Bendit, Michel Guerlavais,Jean-Dominique Giulani, Sylvie Goulard,Elisabeth Guigou, Jean-François Jamet,Fabienne Keller, Constance Le Grip,Edouard Lecerf, Jean Pisani-Ferry

et Catherine Trautmann.Présentation d’un sondage

TNS Sofres inédit.Mardi 6 mars 2012,de 9 heures à 13 h 15.Maison de la Chimie,

28, rue Saint-Dominique, Paris 7e.Programme détaillé : ec.europa.eu/france

Inscription obligatoire :[email protected]

(01 41 34 20 79).

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Conférences

Université populaire du quai Branly,à Paris

Saison 2011-2012

Prochains rendez-vousdu théâtre Claude Lévi-Strauss

Histoire mondiale de la colonisation,jeudi 8 mars 2012, 18 h 30,

Sun Yat-Sen, par Marie-Claire Bergère,historienne et sinologue.

jeudi 15 mars 2012, 18 h 30,Norodom Sihanouk,

par Pierre Brocheux, historiende l’Indochine et du Vietnam.

jeudi 22 mars 2012, 18 h 30,Jean-Marie Tjibaou, par Alban Bensa,

anthropologue spécialistede la Nouvelle Calédonie.

Grand Témoin,vendredi 16 mars 2012, 18 h 30,

Hassan Massoudy,calligraphe d’origine irakienne.

vendredi 30 mars 2012, 18 h 30,Roger-Pol Droit, écrivain et philosophe.

Décalages : les autres et nous,jeudi 29 mars 2012, 18h30,

Le nu en Chine et en Occident,avec François Jullien, philosopheet Nadeije Dagen, historienne d’art.

Entrée libre dans la limitedes places disponibles.

Renseignements : 01 56 61 70 00www.quaibranly.fr

Jean-François Colosimo,président du Centre national du livre,et Olivier Nora, président-directeur

général des éditions Fayardvous invitent à une conférence-débat avecIsmail Kadaré à l’occasion de la parutionde La Provocation et autres récits.Le jeudi 8 mars 2012, à 19 heures.

Centre national du livre53, rue de Verneuil,

75007 [email protected]

01 49 54 68 65.

Page 26: le journal le monde du 6-3-2012

L’autre«Artist»«The Artist too». En début de semaine dernière, tous les médiasn’avaientd’yeuxquepourTheArtist, le filmaux cinqOscarsdeMichelHazanavicius. Et, parmi la pluiedes grands titres de la presse, celui dusitede l’hebdomadairebelge LeVif : «TheArtist too: les fantastiqueslivres volants deMorris Lessmore» (bit.ly/wm6epP). Cet article invite à«découvrir d’urgence le lauréat de l’Oscar dumeilleur court-métraged’animation», une «histoire onirique et allégorique sur le pouvoir deshistoires»,deWilliam Joyce et BrandonOldenburg, des studiosMoon-boot. Au «Envolez-vous»qui ponctue ces propos,ma souris déploie sesailes et d’un clic, prend son envol,mamain etmes yeuxà ses trousses(bit.ly/wUhZzA).Lamagie des livres. Sur son balcon, ceint de pilesde livres, unhomme,cousingermain en couleurs deBusterKeaton – écrit paisiblement lors-que la tempête se lève, balayant tout sur sonpassage. L’hommerésiste,mais l’œil du cyclonen’en fait qu’une bouchée, le recrachant à quelqueslieuesde là, aumilieude terresdévastées, aussi lessivées que les imagesmaintenantennoir et blanc. Il reprend ses esprits et tousse.Quelqueslettres s’échappentde sa bouche tandis que son livre, qui l’amiraculeu-sement suivi, est, lui, vierge de tout écrit. Si tout est à rebâtir, tout est àréécrire aussi. Soudain,unvol de livres passedans le ciel, recolorisantles paysages sur sonpassage.Dans leur sillage, une jeune femmeangéli-queoffre ànotreKeaton l’ouvragequi semble lamaintenirdans lesairs : un livreouvert sur l’illustrationd’unpersonnage à tête d’œuf. CeHumptyDumpty, campé sur ses deux jambes, vient se poster près delui. Il le guide jusqu’àune bâtisse, une bibliothèqueaux rayonsgarnisd’ouvrages aussi vivants que lui. Vivantsparce que, commeKeaton,nous lions avec euxune relation intimiste, riche en enseignements etenprolongements. A l’écran, l’enchantementne fait que commencer.Qued’émotions, que…oui, vous aussi «Envolez-vous»!p

PrésidentielleLa semaine des quatre jeudisNoscandidats à laprésidentielle sont adorables. Ils veulent tousnotrebonheur.Rienpoureux, toutpournous. Ils saventexactement cequ’ilnous faut, nousquine savons rien. Imaginezqu’il n’y ait pasd’élections,aucune,nada; nousn’aurions rien. Commenousvoulonsbeaucoup,nousavons inventé le septennatde cinqans, tout comme jemettaismesplus gros souliersdevant la cheminéepour avoirplusde cadeauxàNoël.Quediriez-vousde la semainedesquatre jeudis et de la retraiteaprès lebaccalauréat? Si nous sommesnombreux,nousy arriverons.Imaginezunegrandepaniquepournos candidats: que lesprédéces-seurs aient fait tout le travail, une Franceheureuseet apaisée! Plusderéformesdans le tiroir! Une catastropheouuncauchemar?Nos hommespolitiques sont ainsi faits qu’ils adorent quand tout vamal. Crise oupas crise, ils se précipitent tous! Sinon, à quoi ça sert queRambo, il se décarcasse? Oui, notre prochain président s’appelleraRambo. XavierHuon, Guipavas (Finistère)

Courriels

C’est toutNet! Marlène Duretz

Lundi5marsTF1

20.50 Parole de candidat.Marine Le Pen/Jean-Luc Mélenchon.Magazine.22.50 Esprits criminels. Série.Faire et refaire (S6, 3/24)V. Doses mortellesU.La Voix des sagesV. (saison 1, 13 et 16/22).1.10 Au Field de la nuit.Invités : Olivier Poivre d’Arvor, Gérard Oberlé,Florence Chapiro, Pierre Lescure, Tony Gatlif,Isabelle Carré et Samuel Labarthe... (85min).

FRANCE2

20.35 Cold Case/Affaires classées.Série. On achève bien les jockeys (S7, 6/22,inédit) ; La Ballade de John Henry (S5, 12/18)U ;Le Secret de la confession (saison 1, 12/23)U.23.00Mots croisés.Taxe de campagne. Invités : Valérie Pécresse,Michel Sapin, Florian Philippot, Nicolas Beytout,Jean Peyrelevade et Renaud Dély (75min).

FRANCE3

20.35 Discographie. Claude François.22.40 Soir3.23.05 Docs interdits.Une histoire du terrorisme. [1/3] Acte 1 :les années de libération (1945 - 1970).0.05 La Case de l’oncle Doc.L’Insaisissable Albert Kahn : le banquier utopiste.Documentaire (France, 2012, 55min).

CANAL+

20.55Kaboul Kitchen.Série (saison 1, 10 à 12/12, inédit).22.25 Spécial investigation.Trafic d’organes : un scandale au cœur de l’Europe.23.15 L’Œil de Links. Magazine.23.40 La Ligne droitepFilm Régis Wargnier. Avec Rachida Brakni, CyrilDescours, Clémentine Célarié (Fr., 2011, 100min).

ARTE

20.35 Nobody KnowspFilm Hirokazu Kore-Eda. Avec Yûya Yagira,Ayu Kitaura, Hiei Kimura (Japon, 2004).23.00 L’Eté de Kikujiroppp

Film Takeshi Kitano. Avec Takeshi Kitano,Yusuke Sekiguchi (Japon, 1999, v.o., 120min).

M6

20.50 Top chef. Episode 6. Télé-réalité.23.40 Un dîner presque parfait.Aurillac. Jeu (160min).

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En EuropeAmsterdamAthènesBarceloneBelgradeBerlinBerneBruxellesBucarestBudapestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLa ValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavik

RigaRomeSofiaStockholmTallinTiranaVarsovieVienneVilniusZagrebDans le mondeAlgerAmmanBangkokBeyrouthBrasiliaBuenos AiresDakarDjakartaDubaiHongkongJérusalemKinshasaLe CaireMexicoMontréalNairobi

New DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatRio deJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

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Amiens

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Strasbourg

Orléans

Caen

Cherbourg

Rennes

Brest

Nantes

Poitiers

Montpellier

Perpignan

Marseille

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Nice

Clermont-Ferrand

Lyon

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Bordeaux

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Besançon

Rouen

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Mercredi

Mardi 6mars06.03.2012

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25 km/h

50 km/h

50 km/h

85 km/h

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-18 degrés à Montréal en matinée : l’hiver n’est pas fini !

En Europe12h TU

Si les pressions remonterontnettement et que le vent faiblira surlamoitié nord, il faudra s'attendreencore à un ciel capricieux sur denombreuses régions. Les cumulussouvent denses déclencheront desaverses ici et là, plus fréquentes sur leBassin parisien, au pied des Pyrénéeset sur la Corse. Des éclaircies parfoisbelles se développeront aussi, plusfranchement sur la façade ouest.

Sainte ColetteCoeff. demarée

LeverCoucher

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Giboulées et fraîcheur

Aujourd’hui

météo& jeux écrans

Mardi6marsTF1

20.50 Dr House.Série. En quarantaine. Chacun sa croix(saison 7, 7 et 8/23, inédit)U ; Des motspour ne pas le dire. Classé X (S6, 6 et 7/21).0.00 Forgotten. Série. Les Parachutés.Chienne de mort (S1, 4 et 6/17, 100min).

FRANCE2

20.35 Des paroles et des actes.Magazine présenté par David Pujadas.Invité : Nicolas Sarkozy.23.30 Infrarouge.La Vie amoureuse des prêtres (France, 2012).0.20 Simone Veil : une loi au nom des femmes.Documentaire. Richard Puech (2010, 55min).

FRANCE3

20.35 Le Grand Ménage.Téléfilm. Régis Musset. Avec Chantal Lauby,Charlotte de Turckheim (France, 2010).22.20 et 2.40 Soir3.22.45 Ce soir (ou jamais !).Présenté par Frédéric Taddeï (125min).

CANAL+

20.45 Football.Ligue des champions (8es de finale retour) :Arsenal -Milan AC (0-4). En direct de Londres.23.15 Caranchoppp

Film Pablo Trapero. Avec Ricardo Darin,Martina Gusman (Argentine, 2010, 105min)V.

ARTE

20.35 Thema-Les Leçons de Fukushima.20.40 Enquête sur une super-catastrophenucléaire. Documentaire (2012).21.30 Nucléaire, la fissure franco-allemande.Documentaire. Ralf Gladitz. 22.25 Débat.22.50 Un héritage rayonnant.Les Déchets du nucléaire. Documentaire.23.40 Le Dessous des cartes.Le Nucléaire civil en 2012. Magazine.23.55 Minamisanriku, la ville engloutie.Documentaire (Allemagne, 2012, 55min).

M6

20.50 La vérité si je mens!pFilm Thomas Gilou. Avec Richard Anconina,Richard Bohringer, Amira Casar (France, 1997).22.30Devenir riche à tout prix.[1 et 2/2]. Documentaire (2012, 155min).

Lessoiréestélé

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditionsdatées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les joursMots croisés et sudoku.

Sudokun˚12-056 Solutiondun˚12-055

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

télécopieur : 01-57-28-21-21Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;

Par courrier électronique : [email protected]édiateur :[email protected]

Abonnements : par téléphone : de France 32-89(0,34¤ TTC/min) ; de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89.

Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤

Internet : site d’information: www.lemonde.frfinances : http://finance.lemonde.fr

Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr

Documentation : http ://archives.lemonde.frCollection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40

Le Mondesur microfilms : 03-88-04-28-60

Résultats du tirage du samedi 3mars.2, 3, 24, 27, 39 ; numéro chance : 8.Rapports :5 bonsnuméros etnuméro chance : pas de gagnant ;5 bonsnuméros : 336613,70 ¤ ;4 bonsnuméros : 1 164,70 ¤ ;3 bonsnuméros : 10,20 ¤ ;2 bonsnuméros : 4,80 ¤.Numérochance : grilles à 2 ¤ remboursées.Joker : 8 968 717.

Motscroisés n˚12-056

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FacileCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

Lesjeux

Cinquante ans après le cessez-le-feu

GUERRE D’ALGÉRIEMÉMOIRES PARALLÈLES

En partenariat avecUN HORS-SÉRIE DU MONDE

Loto

Horizontalement Verticalement

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II

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VIII

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X

Solution du n° 12 - 055HorizontalementI. Anticipation. II. Routinier. Ré.III. Rubens. Tubât. IV. Ar.Méprisant.V. Cri. Si. Ut. Go.VI.Hisseras. Bey.VII. Ecot. Au.Mura.VIII.Ui. Et. Tag. Ag.IX. Secrètes. Hie.X. Erpétologies.

Verticalement1. Arracheuse. 2.Nourricier.3. Tub. Iso. CP. 4. Item. Stère.5. Cinèse. Têt. 6. Inspira. To. 7. Pi.Autel. 8. Aetius. Aso. 9. Trust. MG.10. BA. Bu. Hi. 11.Orangeraie.12.Nettoyages.

Philippe Dupuis

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1. Propos que vous ne devriez pascomprendre. 2. Aiment aller voirailleurs. Préposition.3.Disposaient en ordre. 4. Envoieles Etats - Unis vers les étoiles.Hercule y rencontra un lion. 5. Letitane. Joli coup au billard. 6. Pasdu tout ragoûtant. ADAC sur nosterrains. 7. Trois points sur quatre.Article. Sur place. 8. Vautmieuxque la force. Champion des courts.9. Sépare au sommet. Facile etagréable. 10.Nous veulent dumal.Personnel. 11.Ouvre le journal.N’importe qui. Se lance.12.Donnent de l’intensité.

I. Fait signe et annonce la suite.II. Au fond, elle est là pour broyer.Reines de France et d’Angleterre.III. Ramassés sur le tapis. Mettentle feu dans la descente.IV. Comme un faucon que l’on nesaura pas apprivoiser. Crie enforêt.V.Met la France à l’échelle.Amis du vent dans ses voiles.Possessif.VI. Enfant de Gaïa.Perturbe le climat.VII. Finissentdans les corbeilles et les paniers.Vous fera une belle jambe.VIII. Agitation passagère. Accordde la France d’en bas. IX. Lepremier fut le Bon. Donnasse de lacouleur.X. Aérées dans la page.

26 0123Mardi 6mars 2012

Page 27: le journal le monde du 6-3-2012

WebdocumentaireRussie, en route pour le changementAlorsque lepouvoir russepréparaitsaprésidentielle,notrecorrespondan-te,Marie Jégo, aparcouru la routeallantdeSaint-PétersbourgàMoscoupouren tirer leportraitmultimédiad’unesociétéenmouvement.UnwebdocumentairecoproduitparLeMondeetArte. (PHOTO:MAX AVDEEV)http://www.lemonde.fr/international/

Anepasmanquer sur0123.fr

La«Gauckmania»gagnel’Allemagne

Lettred’AllemagneFrédéric Lemaître

0123

S i vouspensezqu’endémocratiel’électiond’unprésidentde la Répu-bliquene saurait s’apparenter àune

«BisounoursParty», l’Allemagneprouvel’inverse.Après la démissiondeChristianWulff, accusé de corruptiondans l’exerci-ce de ses fonctions précédentes, son suc-cesseur semble élu avantmêmed’avoirfait campagne.

Certes, le présidentde la Républiqueallemandeest loin d’avoir les pouvoirs del’hôtede l’Elysée. C’est le chancelier quidirige le pays. Le présidentne fait que lereprésenter. Il n’est d’ailleurs élu queparun collègede 1240personnes: 620dépu-tés et autant de délégués envoyéspar lesParlements régionaux.

Néanmoins, à la seule exceptionde1989–quand le président sortant,RichardvonWeizsäcker (CDU), avait étéréélu sans candidat face à lui –, chaque

électiondonne lieu àunduel classiquedroite-gauche.

Le 18mars, il en ira tout autrement. Joa-chimGauck représenteranon seulementle Parti social-démocrate (SPD) et lesVerts qui l’avaientdéjà présenté en 2010contreChristianWulff,mais aussi, cettefois, la CDUd’AngelaMerkel, la CSUbava-roise et le Parti libéral (FDP). Autantdireque, face à lui, BeateKlarsfeld, la candida-te duparti de la gauche radicaleDie Lin-ke, n’a aucune chance.

Depuis la désignationde JoachimGauck, le 19février, l’Allemagne sembleenproie àune véritable «Gauckmania».Près de 70%desAllemands se félicitentde cette candidature.Dans l’indifférencegénérale, ce pasteur de 72 ans vamêmebousculer le protocole.

Divorcéde sa précédente épouse –avec laquelle il a quatre enfants –, il n’a

toujourspas épouséDaniela Schadt, lajournaliste avec qui il vit depuisdouzeans. «Vivre» n’est d’ailleursqu’une semi-vérité. Si JoachimGauck réside àBerlin,sa compagne travaille et habite àNurem-berg. Signede l’évolutiondesmentalités:seuls 12%de ses compatriotespréfére-raientque leur président convoleen justes noces.

Sonprédécesseur semble surtout avoirété intéressépar les avantagesmatérielsliés à sesmandatspolitiques. La renteannuellede 199000euros qu’il va rece-voir jusqu’à la finde ses jours scandaliselesAllemands.A l’inverse, JoachimGauckparaît davantageêtrehommede convic-tionquedepouvoir. 63%d’entre euxjugentqu’«avecGauck, il y a de nouveauquelqu’unàBerlin à qui l’on peut faireconfiance».

Pasteur à Rostock, dans l’ancienneAlle-magnede l’Est, JoachimGauck fait alorspartie duNouveauForum, cemouve-mentpolitiquequi a contribuéà la chutedu régimecommuniste. Très vite après lachuteduMur, en 1989, il plaidepour laréunificationdes deuxAllemagnes,quand laplupart de ses amis rêvent enco-re d’uneAllemagnede l’Est démocrati-que.De 1990à 2000, il dirige le très sensi-ble centrede documentationdes archivesde la Stasi. Il joue à ce titre un rôle si déter-minantdans la réappropriationpar lesAllemandsde cedouloureuxpasséqu’auj-ourd’hui encore ses concitoyensparlentsouventde l’«administrationGauck»pour évoquer ce service.

Peu charitable à l’égarddes ancienscommunistes, JoachimGauckn’a pas quedes amis. L’hostilité que lui voue tou-joursDie Linke, parti encore très présentdans l’est de l’Allemagne, le prouve. Excel-lent orateur, à la fois profond et touchant,JoachimGauck affiche ses convictions –celles d’unhumaniste libéral – quitte àdéplaire àunepartie de sonauditoire.

LemouvementOccupyWall Street?«J’ai vécudansunpays où lesbanquesétaientoccupées», rappelle-t-il. Lesmani-festationscontre la gigantesquefuturegarede Stuttgart?Attentionà la culturedeprotestation«qui s’enflammedèsqu’ils’agitdedéfendre sonpré carré».Mêmesi

«ondoit se réjouir quand les citoyens selèventde leur canapépourparticiperàunedémarchequi contribueà ladémocratie».

Et quandChristianWulff, dansundeses raresmomentsde couragepolitique,affirmeque « l’islam fait partie de l’Alle-magne», JoachimGauck rectifie: «Non,pas encore» Lors d’une cérémoniepour

ses 70ans, AngelaMerkel lui rendun telhommagedébut 2010que certainspar-lent de «déclarationd’amour». Fait raris-sime: la chancelière s’y attardequa-treheures. Pourtant, quelquesmois plustard, lorsqu’il faut élire un successeur àHorstKöhler, le président lui aussi démis-sionnaire, elle refuse JoachimGauck, pro-posépar la gauche, et imposeChristianWulff.«C’est la plus grande fautede sacarrière par ailleurs étonnante», jugeaujourd’hui Josef Joffe, undes dirigeantsdeDie Zeit.

En février, c’est également contrainteet forcéepar la gauche et par le Parti libé-ral qu’elle accepte de soutenir JoachimGauck. En l’absenced’explicationsofficiel-les, les supputationsvont bon train surles réservesde cette fille de pasteurquiprésente tant depoints communs avecl’intéressé. Reproche-t-elle à cemilitantdesdroits de l’hommeden’être quemonothématique? Craint-ellepar avanceles initiativesd’une forte personnalitéqui ne lui doit rien? Trouve-t-elle juste-ment qu’elle et lui sont trop semblablespour représenter le pays?Nulne le sait.

Demêmequenulne sait si cet «Oba-maallemand», comme le surnommentcertains, va contribuer à réhabiliter l’ima-gedes responsablespolitiquesou, aucontraire, renforcer leurdiscrédit enincarnant la société civile. Quoi qu’il ensoit, la présidenceGauck s’annoncepassionnante.p

[email protected]

O nl’avait vuà froid, on l’arevuà chaud,dans la cha-leurexclusivedufeude

l’actualité.«MisterVladimiretdoc-teurPoutine», dimanchesoir4mars, surFrance5, tombaitàpointnommé,quelquesheuresseulementaprèsque l’onavaitappris l’électionde l’hommeenquestiondès lepremier tourde laprésidentielle russe. Programmécesoir-là, le deuxièmevoletdudocumentaireétait consacréaucôtéobscurde la force.Au«doc-teurPoutine», intrigant, autoritai-re, voireviolent, quand le chapitrepremier,diffusé la semaineprécé-dente, tiraitplutôt leportraitd’un«misterVladimir», présidentvisionnaire, acteurmajeurdudégeletdu rapprochementavecl’Occident.

«Le retourdugrand froid», letitrede la facebdudocumentairesevoulait-il visionnaire?Onyson-geaitunrien inquiet ense souve-nantdes images furtiveshappéesquelquedeuxheuresplus tôt audétourdes journauxtélévisésde20heures. SurFrance2, aprèsunsujet surunaccidentde luge surve-nudans lesmontagnes françaises,onyvoyaitunPoutineenanorakbleu,placeduManègeàMoscou,pétrifié soitpar le froid, soit parl’émotion–onnesaura jamais –,s’avancervers sesmilliersdesup-porteurs. Il sembleque levisageachangé, se soit enrobé, se soitassouplipeut-être, les convictionssûrementpas. Làencore, est-ce lefroid,oubien l’effetdutempsàruminerson impatience?Mystè-re. La camérade toute façonnes’at-tardepas, le reportageestboucléenmoinsdequatreminutes.Mêmesilhouettecrispée, sur lamêmescèneplaceduManège,hui-tièmesujet surTF1. Instants toutaussibrefs.

C’estdire si cen’estpas facilede

rencontrerVladimirVladimiro-vitchPoutinesur lepetit écranencedimanched’élection.Mêmeàcherchersur sa«box», parmidescentaines, les chaînes russesou lesbouquets russophones.

Jeudepatience: ChannelOneRussia, chaîneprivée«leaderenRussie», selon laprésentation.Abonnement: 1 europarmoisavec, enprime,EuronewsRussie.Vremyafaitpartied’unautrebou-quet.Ami-journée,mêmeceschaî-nesvaquentà leursprogrammeshabituels.ChannelOne, reportagesurTahiti ; surEuronewsRussie,«prestigeet traditionduBolchoï».Il faudraattendre 18heures,heuredeParis, pourque tombent lespre-miers résultats, quidéjàne fontplus l’ombred’undoute, etquedesdébats s’enviennentbouscu-ler les sériesdominicalesdeOne.

Du coup, outre France 5, c’estsur La Chaîneparlementaire, à22h30, que l’on apuobserver lon-guement, sousun autre angle, lasilhouetteduprésident russe. «LesystèmePoutine» raconte l’ascen-sionvertigineuse et lamétamor-phosede cepetit gradé sans enver-guredevenuprésidentd’undespluspuissants paysde la planète,mais où 25%de lapopulationvitdésormais sous le seuil de pauvre-té. Avec cette ultimevériténoctur-ne, entendue sur LaChaîneparle-mentaire: «Poutine est loyalenvers sa patrie, et non envers leshommes.»C’est peut-être cela quiplaît aupeuple russe.p

Pasfacilederencontrer

VladimirPoutinesurlepetitécranencedimanched’élection

Enfévrier,c’estcontrainteetforcéequ’AngelaMerkel

acceptedesoutenirJoachimGauck.Craint-elleparavancelesinitiativesd’unefortepersonnalitéquineluidoitrien?

C’est toutvu ! | chroniquetéléparOlivier Zilbertin

Vladimir,oùes-tu?

pTirage duMondedatédimanche4-lundi 5mars 2012: 395 554 exemplaires. 1 2 3

270123Mardi 6mars 2012

Page 28: le journal le monde du 6-3-2012

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Marie Lichtenberg,rédactrice de modeet son sac ‘‘Marie’’

ÉDITION LIMITÉE

Tél.

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