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Parcours en 6 tableaux Portraits de l’École du Futur 2 édition 2013 e CONSTATS, TÉMOIGNAGES ET PISTES DE RÉFLEXION Avec les témoignages de cadres et dirigeants d’entreprises, de journalistes et de chercheurs Portraits de l’École du Futur Grenoble Ecole de Management

Livre blanc ecole_du_futur

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2013 Parcours en 6 tableaux

Portraits del’École du Futur

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CONSTATS, TÉMOIGNAGESET PISTES DE RÉFLEXION

Avec les témoignages de cadres et dirigeants d’entreprises, de journalistes et de chercheurs

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Créée par la CCI de Grenoble en 1984, Grenoble Ecole de Management est l’une des meilleures écoles de management françaises (6ème sur 30) et européennes (20ème sur 100). Elle forme chaque année plus de 6 000 étudiants et cadres au sein de ses 50 programmes nationaux et internationaux, allant du Bac + 3 au niveau doctorat.Accréditée EQUIS, AACSB et AMBA, membre de la Conférence des Grandes Écoles et régulièrement classée dans la presse internationale et nationale, Grenoble Ecole de Management compte parmi les rares business schools mondiales à détenir cette triple accréditation, gage de la qualité de ses activités.Basée à Grenoble, ville d’innovation, Grenoble Ecole de Management a déve-loppé une solide expertise autour du Management de la Technologie et de l’Innovation. Grâce à cette spécificité unique en France, l’Ecole est aujourd’hui membre fondateur du campus mondial d’innovation GIANT (Grenoble Inno-vation for Advanced New technologies), qui représente un investissement d’1,3 milliard sur 5 ans.L’ESC Grenoble est l’une des quatre écoles de Grenoble Ecole de Management. Championne de l’innovation pédagogique, l’ESC Grenoble a mis en place une pédagogie différenciée dont le fondement repose sur la différenciation et la personnalisation des parcours.Ouverte sur le monde et sur la société, l’Ecole a noué de nombreuses alliances stratégiques avec des écoles et universités en géopolitique, sciences de l’in-génieur, design, mathématiques, lettres, sciences politiques, droit, histoire, philosophie…

Contact Presse :

Laura LEICKTel : +33 4 76 70 64 63 Mob: +33 6 30 28 03 [email protected]

Contact Relations Publiques :

Michel FONTTel : +33 1 44 43 55 78Mob : +33 6 13 80 05 [email protected]

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Travail collaboratif

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GamificationCartable numériqueMooc

Mooc

Podcast

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IndividualisationPersonnal learning

environment

Assessment centerLearning outcomes

Certification

e-learningLearning by doing

Learning by doing

m-learning

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Applis éducativesTABLETTES

Services

Serious gamee-portfolio

Social learning

Classe inversée

Classe inversée

À propos de Grenoble Ecole de Managagement

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Créée par la CCI de Grenoble en 1984, Grenoble Ecole de Management est l’une des meilleures écoles de management françaises (6ème sur 30) et européennes (20ème sur 100). Elle forme chaque année plus de 6 000 étudiants et cadres au sein de ses 50 programmes nationaux et internationaux, allant du Bac + 3 au niveau doctorat.Accréditée EQUIS, AACSB et AMBA, membre de la Conférence des Grandes Écoles et régulièrement classée dans la presse internationale et nationale, Grenoble Ecole de Management compte parmi les rares business schools mondiales à détenir cette triple accréditation, gage de la qualité de ses activités.Basée à Grenoble, ville d’innovation, Grenoble Ecole de Management a déve-loppé une solide expertise autour du Management de la Technologie et de l’Innovation. Grâce à cette spécificité unique en France, l’Ecole est aujourd’hui membre fondateur du campus mondial d’innovation GIANT (Grenoble Inno-vation for Advanced New technologies), qui représente un investissement d’1,3 milliard sur 5 ans.L’ESC Grenoble est l’une des quatre écoles de Grenoble Ecole de Management. Championne de l’innovation pédagogique, l’ESC Grenoble a mis en place une pédagogie différenciée dont le fondement repose sur la différenciation et la personnalisation des parcours.Ouverte sur le monde et sur la société, l’Ecole a noué de nombreuses alliances stratégiques avec des écoles et universités en géopolitique, sciences de l’in-génieur, design, mathématiques, lettres, sciences politiques, droit, histoire, philosophie…

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À propos de Grenoble Ecole de Managagement

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Introduction ......................................................... 2 par Bill RIDGERS, The Economist et Tricia BISOUX et Sharon SHINN, BizEd

Tableau 1 - Enseigner dans l’école du futur ....................... 8Parrainé par Patrick AEBISCHER, EPFL

Tableau 2 - Étudier dans l’école du futur ........................ 14Parrainé par Marion JACQUET, CISCO

Tableau 3 - Travailler dans l’école du futur ....................22Parrainé par Jean-Charles ANDRE, IBM France

Tableau 4 - Vivre dans l’école du futur ............................. 29Parrainé par Stéphane LAFARGE, Steelcase France

Tableau 5 - La recherche dans l’école du futur................ 31Parrainé par François TADDEI, INSERM

Tableau 6 - Recruter dans l’école du futur .......................38Parrainé par Sandra ENLART, Entreprise et personnel

  Le mot de la fi n ..................................................44 par Flore VASSEUR

  Conclusion ..........................................................46Par Jean-François FIORINA, Grenoble Ecole de Management 

Témoignages d’entreprises .............................54

À propos de Grenoble Ecole de Management .................. 81 Contacts presse et relations publiques

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Avec la participation de

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En guise d’introduction, nous avons demandé à plusieurs journalistes internationaux spécialisés autour des thématiques de l’enseignement supérieur en management de nous livrer leur vision de l’école du futur.

introduction

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Bill RidgeRs The economisT

Disruption ahead Business education is going through a revolution. But then, it usually is. Whether donning a hair shirt over their role in the latest corporate scandal, or worrying that their teaching is too theoretical (or not theoretical enough), business schools are prone to bouts of navel-gazing.

This time, though, it might be serious. Domestic demand for the MBA in its traditional markets, North America and Europe, is stagnating. At many business schools, students have tired of paying ever greater fees with no increase in the value of the MBA in the jobs market. Demand for business programmes is being propped up by students from emerging markets - particularly in Asia - who are still drawn by the cachet of a management degree from a prestigious Western institution. But it won’t be long before countries such as China produce their own prestigious colleges and become real competitors. Their job will be made easier if business education’s two powerhouses, the US and Britain, continue along their misguided paths of deterring foreign students with unwelcoming immigration policies.

There is a real danger that Western business schools are about to learn some of the harsh economic lessons that they have been so adept at teaching. While there will always be a market for an MBA from one of a handful of the world’s very best schools, those in the middle will find themselves squeezed. Many are already finding life unsustainable. Soft demand means they will not be able to raise prices with abandon, as was once their wont. At the same time, they will find it difficult to curb their outgoings. The cost of attracting the best faculty from around the world is crippling some; students’ demands for top-notch facilities are also taking their toll. It will not be long before mid-tier business schools start to go bust.

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New technologies, notably online classrooms and MOOCs, will further commoditise the MBA. Students will ask why they need to pay for two expensive years at university when the core first year classes can be easily learned remotely. Even those still willing to attend campus will demand that lectures are available to them at the time they want, using a delivery system that suits them.

The business schools that flourish will be those that adapt to this new reality. No-one is yet sure what will work, but institutions are already experimenting with new models. The University of North Carolina is trailing a full-time, online MBA. Thunderbird is outsourcing the servicing of its online MBA to Laureate, a for-profit company, who will also build and run overseas campuses for the school. Some traditional two-year programmes are being cut to a single year. In France, several small schools have merged, so that they might compete on the global stage. Technology has also helped schools who want to offer joint degrees across several continents.

Business education is being disrupted by technology and by market forces. Some of those that currently operate will not be operating presently. Some of those that experiment in order to survive will fail. But some will get their strategies right, and lead business education out of its current revolution. We should not mourn those that disappear. After all, as business schools themselves are adept at explaining, creative destruction is the driving force of capitalism. The institutions that teach Joseph Schumpeter’s famous mantra, no matter how hallowed, should not expect to shelter from it.

Bill Ridgers

Business Education Editor The Economist

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TRicia Bisoux and shaRon shinn Bized magazine

Five years ago, business schools were just beginning to explore the possibilities of technology for education. At BizEd magazine, we published articles about how schools were bringing iPads, collaboration software, and in-class polling platforms into their classrooms, and how the online MBA was picking up steam. Many faculty were questioning the quality of education delivered via online formats or on mobile devices. But today, fully online MBAs have become fixtures in many accredited institutions, and mobile is gaining ground as a means of educational delivery.

As “massive open online courses” (MOOCs) make their way into the higher education market, we’re sensing the same excitement—and yes, apprehension—among BizEd readers. Many professors are expressing sincere concerns that MOOCs do not represent quality education. Among those raising questions are even professors at Harvard University, a pioneer in free online education through its edX partnership with MIT and others.

However, from our vantage point, MOOCs look to be one of the most promising educational tools of the future. Partly because professors and industry watchdogs are raising concerns, purveyors already are improving and refining their models in response. MOOCs might seem chaotic and ungoverned now, but we believe it won’t be long before they’re disciplined, organized, and even essential components of the classroom, largely due to faculty input and innovations. Like online degree programs are today, MOOCs are likely to become viable and accepted elements of higher education.

Business schools of the not-so-far future are likely to use MOOCs to attract students to paid degree-granting and certification programs. MOOCs and other forms of cloud-based teaching will spark business schools to form partnerships with peer institutions around the world as they design collaborative courses, share

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content, and offer their students opportunities to attend classes and access the information they need without physical constraints. Students will interact more often with classmates thousands of miles away; more professors will be able to teach students from anywhere in the world. Moreover, business schools may rely more on MOOCs—whether generated by their own professors or professors on other campuses—to provide students with a foundation of knowledge, and then turn more to experiential, hands-on learning experiences in face-to-face delivery.

The very best scholars at top-tier schools will record lectures made available through online subscriptions, in which they cover historical precedents in industry and explain theory. Professors teaching hands-on courses in face-to-face classes are more likely to be adjuncts with real-life experience who do not have their doctorates. This new system of teaching will be especially important to business schools in emerging markets looking to supplement their curricula. It also could be a partial answer to the PhD shortage, a major issue business schools worldwide now face.

Let’s be clear: We do not believe that the traditional classroom and traditional face-to-face interactions between students and professors will disappear—far from it. Students still will crave in-person educational experiences, even as they take advantage of what cloud-based learning has to offer. Professors are most likely to use MOOCs and online technologies to supplement and expand what they do in the classroom, not replace it.

And this more global way of teaching will affect educational delivery at many business schools, but not all. Smaller, more regional schools, especially, might not have the resources to make online educational delivery a foundational part of their missions. For these schools to differentiate themselves, it’s likely that their professors will become hyper-focused on local educational needs, partnering with nearby industry to give students deeper and more meaningful hands-on experiences in the workplaces where they are most likely to find jobs. Many will specialize in industries that make sense in their markets,

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whether it’s the energy sector in the Middle East or agriculture in the American Midwest, and provide more customized, just-in-time executive education suited to each corporation’s needs. So-called “high-touch” educational experiences still will be readily available for students and faculty alike.

From what we see in the industry, how professors teach and students learn in traditional classrooms promises to change dramatically. Education will become more global, more interconnected, and more collaborative, and it often will happen on a larger scale than it does today. The future will be a turbulent but exciting time to be a business school professor—it’s an era we’re excited to witness.

Tricia Bisoux and Sharon Shinn Co-editors

BizEd magazine

Published by AACSB International in Tampa, Florida, in the United States.

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Enseigner dans l’école du futur

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L’avènement des MOOCs : un nouveau défi pédagogique pour l’enseignement ?En 2025, les prévisions nous révèlent que le nombre d’étudiants devrait doubler au niveau mondial pour atteindre environ 260 millions. La moitié de cette croissance devrait se faire en Chine et en Inde, deux pays qui prévoient de construire des centaines d’universités pour les accueillir. En parallèle, la nouvelle génération “Facebook et iPhone” a pleinement adopté les technologies numériques pour interagir socialement, avoir accès à l’information, et apprendre. Qui plus est, ces technologies sont aujourd’hui devenues matures (internet, accès mobile, large bande, plateformes), favorisant un déploiement rapide et à large échelle de la formation en ligne.

C’est dans ce contexte disruptif que s’inscrit l’avènement des MOOCs (Massive Open Online Courses), ou cours ouverts et massivement parallèles. Avec l’implication très active de plusieurs des meilleures universités au niveau mondial et grâce à un fort soutien financier, les MOOCs ont connu un démarrage foudroyant. En une année, ce sont ainsi plus de 3 millions d’étudiants qui se sont inscrits sur la plateforme Coursera, un des acteurs principaux de cette révolution.

Ces cours en ligne, souvent suivis par plusieurs dizaines de milliers d’étudiants, posent de nouveaux défis pédagogiques. Outre un format spécifique différent du cours ex cathedra,

Tableau 1

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ces enseignements en ligne imposent de repenser complètement les interactions avec les étudiants. De plus, ces enseignements ont inévitablement une influence importante sur les mêmes cours donnés sur le campus, dont le format se doit d’être beaucoup plus participatif, avec des étudiants beaucoup mieux préparés, mais aussi des enseignants dont on attend un effort et une implication beaucoup plus importants.

Les MOOCs viennent tout juste de naître et beaucoup de questions restent encore ouvertes : possibilité de créditer les cours, propriété des informations collectées et du contenu des cours, vérification de l’identité de l’étudiant, modèle de financement sur le long terme, standardisation et accréditation, définition de véritables programmes de formation en ligne, taux d’achèvement du cours, etc. Nés aux Etats-Unis, les MOOCs engendrent des questionnements différents outre-Atlantique qu’en Europe, en particulier compte tenu des différences importantes en termes d’écolages et frais de scolarité. Il n’en reste pas moins que l’Europe a une carte importante à jouer dans le développement d’une offre de cours en ligne attractive au niveau mondial : diversité et richesse linguistique, historique et culturelle, longue tradition d’enseignement dans tous les domaines des sciences humaines et sociales, des sciences naturelles, de la médecine et de l’ingénierie. Autant d’atouts que l’Europe se doit de mettre en avant dans cette nouvelle aventure pédagogique au niveau mondial.

Patrick AEBiSchER,

Président Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL)

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noTRe consTaTLa seule certitude concernant l’avenir de l’enseignement est l’imminence d’un

“big bang” qui va modifier durablement nos repères, nos habitudes et nos certitudes.A l’heure d’entamer cet ouvrage de prospective sur les enjeux de l’école du futur, nous sommes bien conscients que, de tous les chapitres que nous souhaitons aborder (étudier dans l’école du futur, vivre dans l’école du futur, travailler dans l’école du futur, faire de la recherche), le plus complexe - mais également le plus passionnant - est ce premier thème : enseigner dans l’école du futur.Depuis des siècles, la grande majorité des cultures se sont accordées sur un modèle dominant  : l’enseignement est la transmission d’un corpus de savoirs depuis un “détenteur” du savoir, l’enseignant, vers des élèves, les étudiants. En résumé : une approche verticale et à sens unique. Certes, les courants de pédago-gie alternative apparus au fil du temps ont introduit des variables d’expérimenta-tion, d’alternance entre pratique et théorie, d’individualisation de l’enseignement mais ils n’ont abouti qu’à des évolutions “à la marge” d’un modèle pyramidal. Tout cela, c’était avant.Nous sommes arrivés aujourd’hui à la conjonction de progrès technologiques de différentes natures qui vont radicalement bouleverser des notions fonda-mentales dans l’enseignement tel que nous le connaissons aujourd’hui  : le savoir, la pédagogie, la distance, la relation avec le professeur, l’évaluation, et la notion même de ce qu’est un cours.

la Technologie eT le savoiRDepuis quand n’avez-vous pas été dérangé chez vous un samedi matin par un vendeur d’encyclopédie Universalis ? Au-delà de l’effet bénéfique sur votre séré-nité de fin de semaine, les faits sont là : le savoir et la connaissance se sont libé-rés du papier, du contenant. Ils sont majoritairement gratuits et en accès libre et direct. L’effet positif de cette tendance de fond est évident : l’ouverture du savoir au plus grand nombre à la connaissance est un progrès. La seule limite à la soif de connaissance d’un individu est devenue sa curiosité… et non plus son portefeuille.Pour nous, établissements d’enseignement supérieur, et pour l’école du futur, c’est un défi. Comment capter l’attention d’une meute d’étudiants armés d’ordi-nateurs portables, de smartphones ou de tablettes et qui sont capables de mobi-liser une masse de connaissance considérable dès lors que le professeur a énoncé la thématique du jour, ou même consulter en quelques clics l’historique de ses publications et de sa reconnaissance académique sur le sujet. Difficile de ne pas être dépassé, en tant qu’enseignant et d’apporter une réelle plus value pour ses élèves si l’on conserve ses vieux schémas de pensée et de méthode.Pour autant, nous n’imaginons pas une seule seconde que l’enseignement dans l’école du futur puisse s’envisager sans l’enseignant. Dès lors, il devra trouver sa

Tableau 1 | Enseigner dans l’école du futur

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Page 14: Livre blanc ecole_du_futur

place, puisqu’il ne se contente plus de transmettre ce qu’on lui a appris. Dans l’école du futur, l’enseignant est essentiellement un guide : il flèche les parcours vers la connaissance, il alerte, il corrige, il vérifie, il évalue, il commente, il oriente et met ses étudiants en situation. Il n’est pas forcément le détenteur du savoir mais plutôt celui d’une sagesse et d’une expérience : celle qui permet de distin-guer dans la masse d’information LE facteur pertinent, d’aiguiser un esprit critique et d’apprendre à appréhender le cas particulier dans une multitude de règles générales.Ainsi, dans l’école du futur, il sera inévitable de repenser l’enseignement dans son organisation profonde : à quoi bon consacrer les heures de cours en présen-tiel à l’acquisition des concepts théoriques pour se retrouver seul chez soi face à des cas pratiques pour lesquels l’échange aurait été bénéfique ? L’enseigne-ment dans l’école du futur passera donc par une acquisition des savoirs par des vecteurs technologiques (ressources disponibles sur le web, e-learning, e-books, MOOCs et une mise en pratique via des travaux en présentiel supervisés par un enseignant-guide.

la Technologie eT la PédagogieEn matière de pédagogie, un livre entier ne suffirait pas pour lister les innova-tions rendues possibles par la technologie. Depuis les serious games, jusqu’aux MOOCs, en passant par l’avènement de l’ère de la tablette tactile et interactive, chaque école, chaque entreprise annonce à grand renfort de communication “sa” recette miracle. Et si l’échelon de l’inventaire à la Prévert n’était pas le bon ?De nos recherches pour définir l’école du futur, nous avons acquis une certitude : la pédagogie du futur ne sera pas bridée par l’émergence d’une technologie dominante. Elle sera au contraire caractérisée par une multitude de vecteurs à la disposition de l’élève.Depuis près d’une décennie, les business schools ont testé et adopté le concept de formation “à la carte” pour leurs étudiants (qui leur permet de choisir leurs options, leurs majeures, etc…) et le curseur de la personnalisation va encore s’accentuer. Dans l’école du futur, l’élève choisira non seulement quelle discipline il souhaite étudier mais aussi COMMENT il souhaite l’aborder  : cours magis-tral, MOOC, serious games, e-learning… Cela induira nécessairement une plus grande flexibilité dans les diplômes que nous proposons à nos élèves. La montée en puissance des “certificats”, comme autant de cordes à l’arc principal de compé-tence de l’élève, permettront d’améliorer la lisibilité des parcours.Pour les professeurs, un nouveau chantier passionnant se présente  : reforma-ter les cours pour fournir à chaque étudiant le “juste niveau” de connaissance. Par exemple, pour un élève qui s’oriente vers une carrière dans la finance, une maîtrise poussée des normes et modèles mathématiques à travers des cours magistraux, TD, travaux de groupe et exercices d’approfondissement en e-lear-ning permettront d’obtenir un diplôme. Pour l’étudiant qui s’achemine vers une

Tableau 1 | Enseigner dans l’école du futur

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Page 15: Livre blanc ecole_du_futur

carrière dans le marketing, un MOOC reprenant les principaux concepts et une série d’exercices en ligne pour valider la compréhension valideront un certificat. La pédagogie sur mesure, vieille chimère de l’enseignement, sera le pilier de l’école du futur avec son corollaire, celui d’un socle minimum de connais-sances requises par grande thématique.

la Technologie eT la disTanceAssez naturellement, la notion de distance (et, en allant plus loin, celle de “présence”), va connaître une véritable révolution. L’école du futur ne sera pas forcément un “lieu physique”. A moyen terme, il n’est pas complètement impru-dent d’imaginer que certains étudiants seront un jour diplômés de campus sur lesquels ils n’auront jamais mis les pieds (ou qui n’auront pas d’existence maté-rielle). D’où l’importance croissante des services pédagogiques et para pédago-giques que nous aborderons dans le chapitre 3 de cet ouvrage.Les MOOC sont le premier signal qui bouleverse nos repères. Comment imaginer que dans l’école du futur, nos étudiants renoncent à accéder à des cours dispen-sés gratuitement par les meilleurs professeurs de chaque discipline pour préférer retrouver le siège moelleux d’un amphithéâtre mal chauffé un lundi matin ?L’école du futur devra relever le défi de réconcilier la distance et le contact. Il lui faudra organiser nos deux notions précédentes - le savoir et la pédagogie - pour alterner entre des sessions dispensées par des sommités à distance, et l’étude de proximité des spécificités d’un territoire ou d’un marché.La mise en réseau des écoles du futur, et donc l’harmonisation des programmes, sera donc une étape clé de la globalisation du savoir et de l’abolition de la barrière des distances : le meilleur de l’enseignement, partout, tout le temps. Le décalage horaire restera alors la seule limite (surmontable) pour rassembler des élèves dispersés aux 4 coins du monde pour un cours ou un travail de groupe. Cette universalité de la connaissance, dont l’accès à internet est la tête de pont, offrira à des étudiants jusqu’ici exclus de fait des filières d’excellence, des opportunités à la hauteur de leurs talents. L’enseignement de proximité sera alors un relais, déten-teur d’une expertise spécifique, liée à un contexte local ou une discipline de niche.Le maillage de l’école du futur sera dès lors en place, dans un savant dosage entre distance et présence. Les établissements qui tireront leur épingle du jeu seront ceux qui maîtriseront de ce dosage.

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Tableau 1 | Enseigner dans l’école du futur

Page 16: Livre blanc ecole_du_futur

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conclusionNotre conviction est claire : épaulé par la machine, le rôle du professeur n’est plus uniquement celui de détenteur du savoir et enseigner dans l’école du futur n’aura pas grand-chose à voir avec l’enseignement tel que nous le connaissons aujourd’hui et depuis des siècles.

La technologie va profondément bouleverser le rôle de l’enseignant.

➔ Épaulé par la machine, son rôle n’est plus celui de détenteur d’un savoir absolu, mais il est le garant de l’intelligence dans la recherche et la mobilisation des connaissances.

➔ Dans l’école du futur, il n’y aura plus un manuel et une méthode de référence pour apprendre.

Chaque élève construira sa propre expérience pédagogique en ayant à sa dispo-sition des ressources (e-learning, cours magistraux, travaux de groupe, MOOC) adaptés à son profil, ses capacités, et l’utilisation finale qu’il souhaite faire de son enseignement.

➔ Les distances auront disparu au profit d’un marché global où chaque acteur de l’enseignement devra choisir sa voie pour exister : l’excellence académique, la connaissance d’une problématique locale ou la spécialisation sur des sujets de pointe.

➔ Dans la même dynamique, le corps professoral sera structuré autour de différentes catégories, chercheurs, experts, chargés de TD, etc.

La véritable question sera alors de déterminer qui crée le savoir. En d’autres termes, et contrairement à ce que pourraient craindre les plus sceptiques, nous assisterons au grand retour de la pédagogie avec un grand “P”. La personnalité du professeur sera stratégique car l’école du futur ne sera pas uniquement un labora-toire technologique, et les économies de fonctionnement générées par les progrès dans ce domaine seront absorbées par l’investissement dans l’humain, devenu le vrai facteur différenciant.

Tableau 1 | Enseigner dans l’école du futur

Page 17: Livre blanc ecole_du_futur

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Étudier dans l’école du futur

maRion JacqueT ciscoLes nouveaux modèles et espaces d’enseignement intégrant les nouvelles technologiesLe cours magistral, même s’il a toujours sa place, doit évoluer pour être en meilleure adéquation avec la manière dont les élèves apprennent et interagissent à l’aide des possibilités offertes par les TIC. Les conférences peuvent être plus interactives, y compris avec la présence physique ou virtuelle d’intervenants extérieurs, et proposer une interaction plus grande avec l’enseignant à travers l’utilisation des technologies. L’enregistrement de la leçon et son visionnage avant le cours par les étudiants peut conduire à enrichir le contenu dispensé et à introduire une plus grande interaction. Les espaces d’enseignement doivent pouvoir prendre en compte ces évolutions, et soutenir l’évolution des modes d’interaction.

Il s’agit donc bien de remettre l’étudiant plus clairement au centre de l’enseignement et d’accroître l’engagement des élèves en misant sur l’interaction et la participation. On ne parle pas d’une absence d’orientation et de continuité, mais au contraire d’une plus grande proximité des enseignants et un accompagnement de l’étudiant. Ceci passe par la fluidité des enseignements et des apprentissages individuels ainsi que par des travaux collectifs. Ce besoin d’encadrement, de tutorat et/ou coaching de l’élève se manifeste dès son arrivée dans l’université pour faire naître l’appartenance à une communauté.

Tableau 2

Page 18: Livre blanc ecole_du_futur

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La dimension virtuelle ne doit pas être absente. De manière croissante, les élèves vont être amenés à apprendre en dehors de la salle de classe, et l’enjeu est de les accompagner également dans ce contexte particulier d’apprentissage. Il s’agit d’assurer que la qualité de la relation à la connaissance et à l’enseignement soit préservée. Dans ce cadre, il faut assurer une continuité entre l’enseignement présentiel, celui qui pourra être dispensé à distance, et l’apprentissage individuel qui sera celui de l’étudiant en utilisant les TIC.

Pour la salle de classe et l’amphithéâtre •Écrans LCD à brancher et écrans d’affichage mobile • Appareils mobiles qui peuvent servir de support

d’interaction avec les professeurs•Tableaux blancs interactifs• Téléprésence et vidéoconférence afin

d’associer des experts à distance• Capture de l’enseignement, y compris le contenu vidéo ou les

présentations

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Pour la dimension virtuelle et à distance•Vidéo et audio streaming•IPTV•Classes virtuelles•Technologies de la présence - la messagerie instantanée, etc•Environnements d’apprentissage virtuel•Réseaux sociaux et outils Web 2.0•E-portfolio•Outils de création numérique•Serious games

L’important ne sera pas la technologie en soi, mais la bonne combinaison de l’aménagement physique, de ressources technologiques mises en œuvre de façon cohérente, et d’une évolution de la pédagogie.

L’évolution des enseignements et les nouveaux besoins de la recherche, la sensibilisation à un immobilier durable au cœur du campus et la demande croissante d’un accès à l’information permanent depuis tout lieu que ce soit dans la sphère privé ou professionnelle, amène à positionner le numérique comme un facteur clé de transformation.

Cisco se propose d’accompagner cette transformation des campus français à travers la création de plateformes de services de nouvelle génération à travers le réseau IP.

Ces nouveaux services donnent la possibilité :I. de repenser les espaces d’enseignement devenus accessibles 24H sur 24 à l’étudiant et l’enseignant chercheurs dans les learning centresII. de mutualiser les infrastructures aussi bien des couches basses que des couches hautes dans un centre de donnée en nuage. Ce data center en cloud fournit un environnement optimal d’hébergement des serveurs aux systèmes d’information de l’ensemble des membres en assurant une haute disponibilité de ces service (exemple du PRA)

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III. de mutualiser la gestion technique du bâtiment avec les services aux utilisateurs dans ces éco campus ou campus intelligents vers de nouveaux lieux de vie attractifs, accueillants et conviviaux où les médias de la sphère privée et de la sphère professionnelle (BYOD) fusionnent et convergent.

En somme, nous avons fait l’exercice à travers ces trois initiatives de traduire la mise en œuvre des nouvelles technologies dans un campus numérique dit campus connecté avec tous les bénéfices que peuvent en retirer le corps enseignant, les étudiants, les chercheurs, les administratifs et le maillage que l’on pourrait ainsi développer avec l’extérieur dont le secteur privé.

Il n’y a plus de barrières technologiques à dépasser, la technologie est fiable, mature et éprouvée et doit nous conduire vers ces nouvelles plateformes de services.

Marion JacquetSales Business Developer Manager Higher

Educationcisco Systems

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noTRe consTaT“Étudier dans l’école du futur” est probablement un titre trop restrictif compte tenu des évolutions que nous anticipons dans ce domaine. On pourra certes étudier, mais surtout tester, apprendre, expérimenter, simuler, collaborer, rencontrer, échanger, s’évaluer, comme nous venons de le définir dans le chapitre précédent, mais surtout, l’idée même de lieu (“dans” l’école du futur) risque de devenir obsolète. La notion d’école, au sens physique du terme, va perdre rapidement sa matérialité.Il serait trop réducteur de se contenter dans ce chapitre d’analyser comment

“étudier dans l’école du futur” en simple miroir du chapitre “enseigner dans l’école du futur”. Néanmoins, on ne peut pas faire abstraction des interactions entre les deux problématiques. Oui, la technologie va – encore davantage – péné-trer et modifier la vie de l’étudiant. Oui, elle va ouvrir de nouvelles perspectives, des accès à des ressources insoupçonnées ou hors d’atteinte aujourd’hui.Mais certains principes demeurent : la technologie n’est qu’un moyen, pas une fin. Si étudier dans l’école du futur devait se résumer à savoir cliquer sur l’icône de son navigateur internet, Google et Wikipedia remplaceraient Harvard et Stanford au panthéon des formations d’enseignement supérieur. Puisque l’accès à l’information n’est plus l’alpha et l’omega pour l’étudiant, la difficulté réside forcément ailleurs : dans l’aptitude à trier, synthétiser et valider ses sources. Pour l’école, c’est un nouveau rôle qui se dessine : accompagner l’étudiant dans son parcours, le guider dans ses choix, garantir (ou alerter) sur la cohérence pédagogique de son cursus. In fine, l’école ne se positionnera plus comme un rail sur lequel on dépose des wagons d’élèves, mais comme une tour de contrôle qui oriente, valide les différentes options et cautionne le parcours construit par chaque élève.Le grand défi de l’école du futur est de déterminer où se placera le curseur entre ce que l’élève doit savoir, et ce qu’il peut se contenter de savoir… cher-cher. Et au final, comment pourra-t-on valider et évaluer ses connaissances tout comme ses choix ?

l’éTudianT qui aPPRendLa première “espèce” d’étudiant que nous retrouverons dans l’école du futur est l’étudiant élève. Descendant direct de nos étudiants contemporains, il a cepen-dant su s’adapter aux évolutions de son environnement. Quand son illustre ancêtre – l’élève du 21ème siècle – se rend chaque matin dans l’école de son village, de sa ville ou son quartier pour intégrer (de gré ou de force) des matières prédé-finies et prédigérées par un professeur qui restitue ce qui lui paraît être essentiel, l’élève du futur, lui, a le choix.Le choix du lieu : physique ou virtuel. En effet, de plus en plus d’universités ou d’écoles vont, à l’image des pionniers que constituent les plateformes Coursera, Udacity ou EdX, proposer leurs contenus en ligne. L’étudiant en apprentissage

Tableau 2 | Étudier dans l’école du futur

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pourra donc composer son menu avec une offre pédagogique pléthorique : l’enjeu sera alors pour l’école de garantir l’acquisition des connaissances tout en prenant en compte la dimension d’épanouissement personnel qui transformera l’appre-nant en étudiant.Le choix des matières ensuite : à sa disposition, plus de “cursus” pré-établi mais une variété quasi infinie de parcours à imaginer. Libre à lui de se construire et d’apprendre des notions ciblées (par exemple en devenant LE spécialiste dans une discipline de niche) ou de se construire un profil de généraliste. Dans cette étape clé, le rôle de l’école sera de l’aider à se définir et valider la cohérence de son parcours par rapport à son projet professionnel. La vraie valeur ajoutée de l’école sera sa capacité à accompagner chaque étudiant dans sa voie, en l’aidant à se dépasser, se révéler et atteindre son objectif en minimisant les concessions.L’étudiant dans l’école du futur pourra donc apprendre ce qu’il veut, quand il veut depuis l’école ou la plateforme de son choix. L’école sera son partenaire pour l’évaluer, l’autoriser à poursuivre son apprentissage ou lui imposer une pause dans sa progression pour résoudre sa triple équation personnelle  : ambitions / capacités / résultats. C’est à cette condition sine qua non que l’individualisation des parcours ne rimera pas avec anarchie. Autre garde-fou à cette liberté immense à première vue  : les besoins et les demandes exprimées par les employeurs, seuls juges in fine. Pour faciliter la lisi-bilité des parcours pour ces “clients” de l’école du futur, la normalisation d’un écosysytème de validation et de certification des connaissances et des compé-tences sera indispensable.En résumé, cette première “version” de l’étudiant de l’école du futur ne sera pas une “espèce” radicalement différente de celle que nous connaissons aujourd’hui  : elle étudiera ses leçons, à cela près qu’elle aura le choix de la matière et du professeur, ce qui nécessitera un sursaut de maturité et d’esprit critique et une prise de décision autonome. Pour arrêter ses choix, l’étudiant pourra s’appuyer sur l’école et aura la responsabilité de s’informer au préa-lable sur les perspectives d’avenir de son cursus à court et moyen terme.

l’éTudianT qui saiT TRouveR eT TRaiTeR l’infoRmaTion L’autre facette de l’étudiant du futur sera la plus innovante, et la plus critique. Sans tomber dans les clichés faciles, force est de constater que nous évoluons dans un monde toujours plus complexe, rapide et interconnecté. Si l’instituteur de nos grands parents se contentait de retranscrire un savoir identique à plus de 90% à celui qu’il avait reçu en tant qu’élève, on estime que ce taux est d’ores et déjà tombé sous les 50% (source : interview de Michel Serres – magazine Usbek et Rika n°3 (sept. 2012). Il n’est pas complètement fantasque d’anticiper que ce pourcen-tage va continuer à décroître, toujours plus vite.

Tableau 2 | Étudier dans l’école du futur

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Patrick AEBiSchER,

Titres et fonction

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Dès lors, comment garantir à notre étudiant du futur que l’essentiel de ce qui lui a été appris ne sera pas dépassé lorsqu’il entrera sur le marché du travail ? Tout simplement en lui apprenant à apprendre, thème que nous avions abordé dans notre précédent livre blanc “Former les dirigeants de 2030”.Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours.Si tu donnes un Kotler & Dubois à un élève, il réussira son examen. Si tu lui apprends à se tenir au courant des dernières innovations du management et du marketing stratégique, il réussira sa carrière.Dans l’école du futur, la compétence clé de l’étudiant consiste à disposer d’une méthodologie pour organiser ses recherches, et d’un sens critique aiguisé pour traiter l’information  : pour cela, la maîtrise d’un certain nombre de savoirs fondamentaux sera essentielle. Un cursus de formation spécifiquement dédié à ce sujet devra donc être mis en place pour assurer aux étudiants leur autonomie et leur compétence à long terme dans un environnement professionnel où les informations et les tendances ont une date de péremption. On s’approchera donc de la notion de “métier d’étudiant”, chère à Alain Coulon.Entre autre levier permettant d’offrir un socle solide à l’étudiant du futur, on peut miser sur la géopolitique qui sera l’une des clés de compréhension de l’informa-tion. Elle lui permettra de décoder les intérêts qui président à la montée en puis-sance de tel ou tel courant de pensée ou de management.L’école du futur, c’est l’apprentissage du passé optimisé par les technologies du futur pour permettre à l’individu de se construire, avec plus d’humanisme, de collaboration et une importance croissante accordée au développement personnel. Pour cela, l’infrastructure même de l’école en tant que lieu de vie devra s’adapter. A chaque activité, à chaque discipline son espace pédagogique. L’école bicéphale amphi / salle de TD a vécu. Place aux salles de créativité, de travaux de groupe, aux “box” de réunion, à un espace pour la vie sociale et associative, aux salles d’assessment. Autre tendance lourde  : le fact-checking, dont on sent venir le règne, prendra également une part croissante dans le fonctionnement de l’étudiant du futur. Trop risqué de copier/coller des notices Wikipédia ou des blogs de spécialistes autoproclamés. Vérifier, recouper et discerner le bon grain de l’ivraie sera la nouvelle plus value de l’étudiant dans l’école du futur. C’est sur sa capacité à identifier et traiter les sources d’informations pour prendre ses décisions qu’il fera la différence. C’est donc dans leur capacité à transmettre ces compétences clés à leurs étudiants que les écoles du futur feront la différence.

Tableau 2 | Étudier dans l’école du futur

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Tableau 2 | Étudier dans l’école du futur

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conclusionSi l’apprentissage ne sera bousculé que dans ses vecteurs, c’est l’aptitude de l’étu-diant à se maintenir “à jour” dans son domaine d’expertise qui caractérisera le fait “d’étudier dans l’école du futur”. C’est un des challenges dans l’école du futur. Plutôt que de CRM (Customer Relationship Management), on parlera de SRM (Student Relationship Management), pour entrer dans une logique d’apprentis-sage tout au long de la vie, à la fois dans sa discipline initiale et sa reconversion. Etudier sera alors une notion façonnée sur un triptyque “trouver – traiter – inté-grer l’information”.Pour l’école du futur, c’est une nouvelle source de compétition : garantir la qualité de l’enseignement, la capacité à forger l’esprit critique et de synthèse de ses étudiants ET certifier le tout. Elle garantit la cohérence de l’ensemble et “labellise” le profil de l’étudiant.

➔ Apprendre sera plus stimulant : les sources d’information seront plus variées et les disciplines plus nombreuses. Condition sine qua non : une maîtrise accrue des savoirs fondamentaux.

➔ Étudier dans l’école du futur impliquera la capacité à bâtir son propre parcours.

➔ L’étudiant du futur devra surtout apprendre à apprendre : la validité de son corpus initial de connaissances sera limitée. Sa méthodologie pour trouver et traiter l’information sera LA compétence la plus recherchée par les employeurs. Elle sera donc LA discipline sur laquelle l’école du futur devra se différencier.

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Travailler dans l’école du futur

Jean-chaRles andRe iBm fRanceLe modèle d’enseignement, d’acquisition de connaissances et de développement des compétences a une très forte probabilité d’évoluer de façon significative dans les 10 prochaines années. Les innovations technologiques majeures ont tout au long de notre histoire entraîné des ruptures (disruption) dans l’économie des sociétés, qui se sont matérialisées par des transformations importantes.

Le numérique, au cours des 10 dernières années, a déclenché des changements assez radicaux dans la façon de produire et de distribuer la musique, le “business model” de cette industrie s’est transformé avec l’apparition des plateformes de téléchargement, de nouveaux acteurs ont émergé, d’autres disparaissent. Le cinéma, la presse écrite sont aussi confrontés à ces changements, des experts de la presse écrite envisagent sérieusement la possibilité qu’il n’y ait plus de quotidiens imprimés sur papier dans 10 ans.

Tout comme la musique ou la presse, le monde de l’enseignement s’interroge sur l’impact du numérique sur ses pratiques. Cependant les activités sont de natures différentes, l’industrie de la musique, la presse, le cinéma sont des activités de contenu uniquement alors que l’enseignement est mixte : contenu et relation apprenant / enseignant. Les experts considèrent que ce modèle mixte va perdurer en évoluant par un déplacement du curseur vers plus ou moins de numérique selon les disciplines, les phases d’apprentissage et la nature de la demande. Il est difficile d’imaginer une disparition de ce modèle hybride présence / distance que nous connaissons aujourd’hui, à la fois pour des raisons culturelles et techniques.

L’évolution de la demande va être un élément déterminant de cette transformation. Les analystes entrevoient un changement prévisible de la demande en formation tant quantitativement que qualitativement. Des études montrent que le nombre

Tableau 3

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d’étudiants va croître de 100 millions dans le monde à court terme (supérieur à 10 ans) et la demande en enseignants d’une dizaine de millions. L’employabilité tout au long de la vie est devenue une préoccupation majeure des apprenants. Les frontières entre collège, lycée, universités et formation continue vont s’estomper.

Formation initiale et formation continue vont devoir s’adapter et vont profiter de cette technologie qui nous permet d’être toujours connecté et supprime les distances. En Amérique du Nord, beaucoup de formations en Master évoluent pour permettre aux étudiants de travailler et d’étudier en même temps. Quelle différence avec la formation continue sur l’approche ?

Nous évoluons vers un modèle d’apprentissage personnalisé considérablement facilité par des apprenants toujours connectés. Les MOOCs qui créent un buzz important sur la planète enseignement sont le signal de cette transformation, même si tous les professionnels s’accordent à reconnaître que c’est un phénomène à prendre très au sérieux, personne n’est prêt à admettre qu’il s’agit du nouveau modèle. Toutes les initiatives qui ont révolutionné les usages du numérique ces 10 dernières années ont commencé par des expérimentations à l’échelle de la planète de services et d’usages nouveaux sans que pour autant leurs initiateurs en connaissent le “business model”, celui-ci a émergé progressivement ou parfois reste à découvrir. Les MOOCS sont des expérimentations de ce type mais d’autres vont voir le jour et vraisemblablement cohabiter.

Ce qui est essentiel pour nos écoles et universités, dans une compétition mondiale où le numérique efface les frontières de la salle de classe et des campus, c’est d’être conscientes que demain sera très différent et que la seule façon de s’y préparer pour ne pas se retrouver dans la situation de certaines industries telles que celles du contenu est de lancer des expérimentations, tirer les leçons et déployer largement celles qui permettent de faire de réelles avancées pour satisfaire les nouveaux besoins.

En conclusion, beaucoup de choses vont changer au cours des 10 prochaines années, expérience palpitante et forcément pleine de défis. Ne pas s’y préparer serait faire courir un risque à nos institutions d’enseignement.

Jean-charles ANDREBusiness Development Executive,

education & smarter citiesPublic sectoriBM France

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Tableau 3 | Travailer dans l’école du futur

noTRe consTaTNous l’avons déjà abordé dans les premiers chapitres de cet ouvrage : l’école du futur signera le grand retour de la pédagogie. Une pédagogie s’appuyant sur une gamme d’outils technologiques toujours plus poussés pour un résultat toujours plus personnalisé. Dans cette évolution, l’un des facteurs clés de réussite sera la montée en puissance et en compétence des services annexes des écoles pour accompagner le mouvement.Jamais par le passé, le personnel hors “enseignement et recherche” n’a été pris en compte à sa juste valeur dans les classements internationaux. C’était une grave erreur. Ce sera désormais impossible.A l’image d’une armée de l’air qui communique avec pédagogie pour expliquer que pour un pilote d’avion de chasse, il faut une équipe de 80 personnes au sol (mécaniciens, ingénieurs, aiguilleurs du ciel…), la “nouvelle” pédagogie propo-sée dans l’école du futur devra s’appuyer sur un travail d’équipe. C’est dans un écosystème de spécialistes qui travaillent en équipe que va s’intégrer le professeur, dernier maillon d’une chaîne de création et de diffusion du contenu pédagogique.Cette nouvelle organisation aura plusieurs conséquences  : la création de nouveaux métiers plus spécialisés, la professionnalisation des équipes, l’im-portance capitale de la coordination et la nécessité de s’appuyer sur un système d’information toujours plus performant.

sPécialisaTion eT cooRdinaTion : TRavailleR agileLa distance et les nouveaux modes de pédagogie vont nécessairement créer de nouveaux besoins de compétences.Adieu photocopieur, point névralgique des facultés et écoles où se retrouvaient les enseignants et le personnel administratif pour leurs travaux. Lorsque le profes-seur ou le chercheur aura produit son contenu, c’est un ballet d’experts qui se mettra en branle pour le proposer selon différents canaux (élèves en présentiel/élèves à distance), différents formats (détaillé pour les étudiants en spécialisation, synthétique pour les élèves en certification).Puis, ce sera aux métiers de la technique de s’illustrer : captation son et image, animation, post production, montage, codage… Enfin, les fonctions adminis-tratives et de suivi des étudiants devront réaliser la synthèse et le travail de tri pour adresser les bons cours aux bons étudiants, s’assurer qu’ils les ont reçus / suivis et qu’ils ont été évalués pour leur permettre de progresser dans leur parcours et de débloquer (un peu à la manière des jeux vidéos) de nouveaux modules disponibles.Dans cette chaîne d’action, les compétences seront de plus en plus spécialisées. On peut même anticiper sans trop d’audace que certains points d’expertise seront confiés à un réseau de partenaires externes constitué autour du noyau dur

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du personnel des écoles. Chaque acteur n’aura donc pas les mêmes besoins en termes d’information ou d’organisation du travail. On assistera, au sein même des écoles, à un recours aux modes d’organisation utilisés pour les étudiants  : travail à distance, nouvelles méthodes d’évaluation. En effet, comment prôner l’individualisation des parcours pour les étudiants tout en conservant la même organisation pour l’ingénieur du son et le documentaliste ?Ainsi, le fil directeur qui permettra à tous les artisans de l’école du futur de travail-ler ensemble (et pas simplement au même endroit) et de répondre avec toujours plus de réactivité et de pertinence aux besoins, non plus d’une promo, mais d’une infinie variété de parcours individuels, sera le système d’information (SI).

le si : PieRRe angulaiRe de l’école du fuTuRIl n’y aura plus un professeur : il y aura une équipe pédagogique.Il n’y aura plus une promo : il y aura des parcours.Il n’y aura plus un système d’informations : il y a aura des applicatifs.Chaque acteur de l’école du futur, de l’enseignant au responsable de la cafété-ria, devra pouvoir accéder aux informations qui LUI sont utiles. Combien d’étu-diants sont inscrits pour ce cours ? Combien appartiennent à l’école ? Combien seront présents, combien le téléchargeront depuis des campus décentralisés ? Combien sont inscrits en approfondissement ou dans une formation certifiante qui nécessite un programme plus détaillé ?Pour la cafétéria  : combien d’étudiants ont des cours sur le site aujourd’hui ? Combien auront une pause déjeuner à 12h ? A 13h ? Combien sont intolérants au gluten ?Sinon ? Le chaos.On ne peut pas envisager d’exploiter toutes les libertés que nous offrent les nouvelles technologies en matière de pédagogie et d’individualisation des parcours sans s’appuyer sur une organisation professionnalisée et une infor-mation fluidifiée.Travailler dans l’école du futur impliquera la capacité à collaborer avec les services en charge des SI pour leur exprimer les besoins spécifiques à chaque catégorie et les aider dans la conception et le maintien de la pertinence de leurs applicatifs. Nous anticipons d’ailleurs qu’à la guerre des annonces et des recru-tements pour s’attirer les meilleurs professeurs, s’ajoutera une guerre sans merci des meilleurs SI (probablement chassés dans les entreprises stars de la discipline telles que Google ou Apple) capables d’offrir des systèmes apportant un avantage compétitif décisif à leurs établissements.

Tableau 3 | Travailer dans l’école du futur

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La création, l’accès, la maîtrise et la diffusion de l’information seront les quatres piliers du collaborateur de l’école de demain, quelle que soit sa fonction.C’est l’autre facette du Student Relationship Management que nous avons abordée dans le précédent chapitre.

conclusionC’est la première fois dans l’histoire de l’enseignement que le personnel non-pédagogique des écoles aura, aux côtés du professeur, un rôle aussi important à jouer. Un rôle capital pour permettre d’exploiter toutes les ressources et les possibilités offertes par les nouvelles technologies et modes d’organisation au service de la pédagogie. Individualiser les parcours implique de suivre non plus une promotion mais des “individus-étudiants”.Proposer des cours en MOOC ou à distance crée de nouveaux métiers, de nouvelles spécialités. Autour de l’enseignant va se structurer une “équipe péda-gogique” qui autrefois évoluait de manière plus ou moins cloisonnée mais qui dans l’école du futur sera contrainte (et c’est tant mieux !) de s’interconnecter. En trois mots : “tous pour un !»L’école du futur sera un lieu où les performances individuelles se feront en équipe. Le tout grâce à un fil rouge : l’information, et les systèmes qui la stockent et la dispensent le plus rapidement et le plus utilement à chaque collaborateur.

➔ De nouveaux métiers plus spécialisés pour relever les défis pédagogiques

➔ Une harmonisation des interactions entre les différents services de l’école pour une organisation agile

➔ Un socle commun pour permettre à chacun d’être créateur et utilisateur d’une information adaptée : le système d’information.

➔ L’équipe pédagogique sera la partie immergée du Student Relationship Management.

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Tableau 3 | Travailer dans l’école du futur

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Travail collaboratif

Travail collaboratif

Travail collaboratif

GamificationCartable numériqueMooc

Mooc

Podcast

Podcast

IndividualisationPersonnal learning

environment

Assessment centerLearning outcomes

Certification

e-learningLearning by doing

Learning by doing

m-learning

m-learning

Applis éducativesTABLETTES

Services

Serious gamee-portfolio

Social learning

Classe inversée

Classe inversée

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Ce chapitre sera rédigé par la prochaine promotion entrante du Programme Grande Ecole de Grenoble Ecole de Management. Nos « premières années » de la rentrée 2013 seront invitées à s’emparer du sujet pour nous proposer LEUR vision de l’école du futur.

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Vivre dans l’école du futur

sTePhane lafaRge sTeelcase fRanceLa qualité de l’enseignement est plus importante que jamais et les universités et grandes écoles sont confrontées à des défis sans précédent, induits par des évolutions de plusieurs ordres, où l’espace d’apprentissage joue un rôle de premier plan.

Le premier bouleversement tient tout d’abord aux styles d’enseignement et d’acquisition des connaissances. Aujourd’hui, l’accent est mis sur la participation des étudiants et le développement du travail collaboratif en petits groupes, qui favorisent l’esprit d’équipe et la créativité. En effet, dans de nombreuses disciplines académiques, les programmes scolaires évoluent vers une théorie constructiviste de l’apprentissage, dans laquelle les étudiants font leurs propres découvertes. C’est de cette manière que les universités enseignent aux étudiants à acquérir des compétences au profit de l’économie de la connaissance : le travail en groupe, la collaboration avec les autres, une résolution créative des problèmes et d’autres aptitudes intellectuelles vitales.

Or, ainsi que nos équipes de recherche Workspace Futures ont pu le constater, la plupart des salles de cours font véritablement obstacle à l’apprentissage et ne répondent pas aux besoins individuels des étudiants et des enseignants. Dès lors, comment les salles de cours peuvent-elles susciter l’interaction, donner aux étudiants l’envie d’apprendre, et aux professeurs l’envie d’enseigner ?

Les changements sont d’ordre démographique. Se former n’est plus l’apanage des jeunes. Les étudiants plus âgés qui mettent à jour leurs qualifications dans une perspective professionnelle (formation continue), sont très présents dans les cursus. Les jeunes générations avec des attentes nouvelles modifient aussi la donne. Comment faire face à des attentes si différentes en termes d’espaces et d’environnements pédagogiques ?

Tableau 4

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Enfin, la révolution est d’ordre technologique. Les étudiants ont un accès immédiat à l’information. Internet, l’enseignement à distance et les réseaux sans fil ont changé les habitudes d’enseignement et d’apprentissage. Les étudiants recherchent, exploitent, créent et partagent du contenu grâce aux informations mises à disposition sur Internet. On peut apprendre et travailler partout à n’importe quel endroit du Campus. Les bibliothèques ne sont plus les lieux privilégiés d’accès à la connaissance. Comment redéfinir les nouveaux espaces d’apprentissages ? Sans oublier d’intégrer au sein de la salle de cours les innovations technologiques auxquelles les étudiants sont rompus.

Autant de défis à relever pour les grandes écoles et universités dans un contexte encore accentué par la véritable concurrence que se livrent tous les établissements pour attirer et retenir les meilleurs intervenants, enseignants et étudiants. L’enjeu : faire valoir leurs spécialités par le biais de programmes de recherche et de coopération plus intenses avec l’industrie et d’autres partenaires académiques.

On l’aura compris, concevoir les meilleurs environnements pédagogiques nécessite des expertises multiples. Steelcase coopère avec des universités et grandes écoles dans de nombreux pays, afin de comprendre comment les étudiants et les enseignants apprennent, se concentrent, collaborent et nouent des relations sociales. Nos équipes élaborent au quotidien des solutions qui permettent de rénover l’apprentissage en dépoussiérant les salles de cours. Offrons enfin aux étudiants des outils technologiques et des espaces d’apprentissages novateurs qui les préparent dans les meilleures conditions à leur avenir professionnel, comme des professionnels

Pour en savoir plus :http://www.steelcase.fr/fr/savoir-faire/recherches-et-prospective/pages/ magazine-360-numero-2.aspx

Stéphane LafargeDirecteur Général

Steelcase France

Tableau 4 | Vivre dans l’école du futur

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La recherche dans l’école du futur

fRancois Taddei inseRmDans un monde qui se transforme à un rythme sans précédent, comment le système éducatif peut-il préparer les enfants d’aujourd’hui à relever les défis du vingt-et-unième siècle ?

L’adaptabilité et l’exploration sont capitales pour toute espèce vivant dans un environnement qui se transforme, dans lequel des mécanismes générateurs d’innovations sont sélectionnés. La créativité humaine revêt une importance croissante alors que notre environnement se transforme toujours plus vite grâce au développement exponentiel de la science et des technologies de l’information et de la communication. Pourtant, les systèmes éducatifs évoluent plus lentement que la société dans son ensemble et l’éducation traditionnelle n’est pas idéalement organisée pour promouvoir de façon optimale la créativité et l’aptitude à renouveler nos connaissances. En conséquence, seuls les pays qui mettent en œuvre des politiques de réforme de leur système éducatif pour promouvoir l’adaptabilité et la créativité chez l’adulte et l’enfant sont susceptibles de demeurer à la pointe du développement humain et technologique.

Les leçons provenant des sciences sociales indiquent que la créativité, l’initiative et la prise de risques devraient être encouragées en formant les enfants d’aujourd’hui à devenir des constructeurs de savoirs créatifs et collaboratifs, c’est-à-dire capables de renouveler régulièrement leurs connaissances et de les utiliser de façon productive dans leur vie sociale et professionnelle. Etant donné que l’élève ne développe ces aptitudes

Tableau 5

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Tableau 5 | La recherche dans l’école du futur

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de façon optimale que si l’environnement est favorable, et étant donné la difficulté inhérente à l’évaluation de la créativité de millions d’enfants pris individuellement, je propose d’axer l’évaluation de la créativité dans l’éducation sur la qualité de l’environnement éducatif. Une analyse comparative des systèmes éducatifs montre qu’il en existe une très grande diversité, que des initiatives intéressantes sont tentées localement, mais ce n’est que dans quelques pays que l’on assiste à des débats d’échelle nationale sur le sujet, qui laissent émerger de nouveaux paradigmes éducatifs susceptibles de favoriser la créativité.

En termes de politique, je propose dans mon rapport pour l’OCDE l’expérimentation de nouveaux projets éducatifs, le développement d’environnements et de programmes créatifs et la diffusion des meilleures méthodes pédagogiques dans les différents pays, et par delà les barrières linguistiques, par l’organisation d’un réseau d’expériences bien conçues et d’échange d’information accessible à tous.

Des recommandations destinées aux différentes parties prenantes qui souhaitent promouvoir la créativité figurent ci-dessous.

Quelques recommandations clé pour promouvoir la créativité dans l’éducation1) Recommandations générales“Vous ne pouvez pas faire ça – ça ne s’est jamais fait.” Une telle phrase étouffera dans l’œuf tout effort créatif. Elle s’adresse trop souvent à des étudiants, à des professeurs ou à des dirigeants désireux de promouvoir le changement. Dans une société tournée vers l’avenir, un argument d’un tel conservatisme ne devrait plus être utilisé pour juger de la valeur d’un projet.

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Tableau 5 | La recherche dans l’école du futur

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2) Recommandations aux étudiantsComme des étudiants l’ont déclaré à plusieurs reprises après avoir ouvert leurs perspectives sur leur propre avenir “les barrières les plus infranchissables étaient dans ma tête – l’autocensure était ma pire ennemie”. Lorsque les étudiants osent se montrer créatifs et prendre des initiatives, il leur faut travailler dur et parfois lutter contre le conservatisme, suivre leurs idées et trouver ce que Ken Robinson appelle “leur élément”.

3) Recommandations aux parentsCréez un environnement propice dans lequel vos enfants peuvent construire leur créativité et croire en leur potentiel. Aidez-les à trouver des écoles et des universités où ils pourront s’épanouir et se préparer à un avenir dans lequel bien des choses auront changé.

4) Recommandations aux professeursSoyez disponibles lorsque les étudiants vous demandent votre avis sur leurs idées. Imaginez des cours dans lesquels ils pourront développer leurs propres projets. Créez des réseaux avec des collègues qui partagent vos idées sur la pédagogie, toutes disciplines confondues.

5) Recommandations aux établissements scolaires et aux doyensEncouragez la créativité des professeurs et des étudiants, et donnez-leur les moyens, en termes de temps, de soutien administratif et d’espace, de développer des programmes créatifs dans lesquels les étudiants pourront travailler sur des projets individuels et collectifs. Si, dans un premier temps, ces programmes ne sont pas accessibles à tous, sélectionnez les étudiants en fonction de leur motivation à la prise d’initiatives et de leur volonté de dialoguer avec les étudiants et les professeurs créatifs.

6) Recommandations aux universitésEncouragez les approches interdisciplinaires et la création de programmes académiques pouvant permettre aux étudiants de lancer des projets et de développer leur créativité. Créez des “espaces de créativité» dédiés au développement des projets des étudiants, ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours de l’année. Ces espaces devraient être conçus comme des incubateurs de créativité.

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Tableau 5 | La recherche dans l’école du futur

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7) Recommandations aux fondationsLes fondations sont les organes de financement les plus flexibles, et souvent les plus créatifs et les plus réactifs. En tant que telles, elles sont souvent les premières à financer des programmes créatifs émergents et à les soutenir dans les premiers temps, tout comme des fonds d’investissement soutiennent les start-up. Elles pourraient même aller encore plus loin et aider à créer ces incubateurs de créativité.

8) Recommandations aux gouvernementsVeillez à ce que votre pays soit dans les premiers à attirer les talents créatifs. Favorisez la culture de la créativité en organisant un débat national sur ce thème. Patronnez des publications et des traductions d’ouvrages et de programmes de télévision consacrés à la créativité. Créez à l’échelle nationale des programmes visant à promouvoir la créativité dans l’éducation. Organisez à l’échelle nationale des réseaux de programmes créatifs interdisciplinaires et assurez-en le financement à long terme.

9) Recommandations aux communautés créatives de constructeurs de savoirsDéveloppez des sites web, des outils logiciels ouverts et des lieux dédiés à la promotion de l’enregistrement, de l’échange et de la création d’idées entre constructeurs de savoirs créatifs et collaboratifs, en facilitant les réunions et les réunions en ligne, si possible dans des lieux créatifs dédiés à de tels échanges. Pour en optimiser l’impact, ces sites web devraient être à la disposition de tous les esprits créatifs et faire partie de ressources éducatives ouvertes.

François TADDEiSpécialiste de l’Innovation dans l’éducation

Directeur de recherche en biologie des systèmes à l’Inserm,

Faculté de médecine Paris Decartes, Necker

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noTRe consTaTDans l’école du futur, la recherche sera l’un des poumons de la création du savoir. On n’isolera plus l’enseignement, dispensé dans la salle de classe, des recherches, menées sur le terrain, en bibliothèque ou laboratoires. Pour cela un certain nombre de conditions devront être réunies  : une recherche qui partira de problèmes pertinents, et orientée vers les enseignements, une recherche plus transversale qui implique les différentes communautés de l’école du futur, et une recherche plus internationale pour travailler en réseau sur des projets complexes. En un mot, une recherche “engagée”. Engagée avec l’ambition d’avoir un impact concret et mesurable sur son environnement.Les préjugés qui ont caricaturé le corps des chercheurs comme déconnectés des réalités de la société en opposition avec des écoles qui forment des étudiants à un environnement concret, ont peu à peu rompu le dialogue entre ces deux popu-lations.Les rapprocher, leur démontrer par l’exemple et la pratique que leurs travaux se complètent et s’enrichissent, faire admettre l’idée que la recherche permet d’anticiper et de produire des outils adaptés, même si un détour par la recherche est nécessaire : voilà les défis qui s’offriront à la recherche dans l’école du futur.

une RecheRche inTégRéeLa recherche devra se positionner comme un pilier intégré à l’écosystème de l’école du futur. Son intégration se fera à différents niveaux.Intégrée au sein de son établissement, elle ne sera plus une citadelle isolée. Elle sera en contact transversal avec les différentes composantes de l’école, corps profes-soral, intervenants, étudiants, étudiants à distance, fonctions pédagogiques pour favoriser les échanges et les collaborations. Le bouleversement majeur que va connaître l’école, organisation séculaire, et que nous décrivons depuis plusieurs chapitres, ne pourra pas se passer d’une recherche pour l’accompagner dans sa mutation sans précédent. De ce rapprochement, de bon sens et de bon augure, naîtront de nouvelles vocations et de nouveaux modes de travail.Elle devra ensuite être intégrée dans son environnement. Nous l’avons démontré et répété, l’école du futur sera placée sous le signe du grand retour de la pédagogie, et dans cette perspective, la création de savoir, de contenu, directement issu de la recherche, sera un enjeu majeur de cette géopolitique de l’enseignement que nous anticipons. D’où la nécessité d’engager une large part du corps professoral dans une démarche de recherche pour développer les capacités d’anticipation et d’adaptation d’une part, et d’autre part de production d’outils et résultats utili-sables par le corps professoral, les étudiants, les entreprises, etc.Enfin, elle devra être intégrée dans la société. La recherche doit réaffirmer la dimension quasi philosophique qui est la sienne. Dans une société où les indivi-

Tableau 5 | La recherche dans l’école du futur

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dus en général, et nos étudiants en particulier, évoquent de plus en plus dans leurs aspirations une quête d’éthique et de sens, la recherche doit tenir son rang : aider à mieux comprendre un monde plus complexe, éclairer et apporter des pistes et des solutions pour une société meilleure.

une RecheRche à géoméTRie vaRiaBleDans l’école du futur, la recherche devra réconcilier différentes contraintes : travailler en réseau, s’intégrer dans une logique internationale, offrir une spécialisation de pointe, le tout sur des sujets en rapport avec son environne-ment.Autant en faire son deuil tout de suite : chaque école ne pourra pas s’offrir une recherche pertinente sur tous les sujets. La spécialisation, intelligente et perti-nente en fonction de chaque écosystème, assurera à moyen terme la pérennité d’unités de recherche ayant acquis la reconnaissance et l’expertise nécessaire pour rayonner sur la scène internationale.Internationale mais pas forcément globale !La coopération entre chercheurs sera renforcée, ainsi que les échanges et copro-duction de travaux, mais une place plus importante sera réservée à une recherche adaptée au contexte local. La mise en réseau des équipes de recherche devient donc décisive : les méthodes utilisées en gestion de projet appuyées par la montée en puissance et en pertinence des systèmes d’information que nous avons étudiés dans le chapitre 3, accompagneront cette nouvelle organisation. Ainsi, en gagnant en souplesse, en flexibilité et en expertise, la recherche deviendra une pièce maîtresse dans l’école du futur.

conclusionLa recherche est trop souvent perçue ou positionnée comme une entité “à part” au sein des écoles. A l’avenir, elle sera partout ! Tout d’abord parce que pour faire face aux immenses défis organisationnels auxquels elle va être confrontée, l’école du futur se doit d’explorer différentes trajectoires, différentes voies, et ne peut pas se priver des solutions que lui apporteront les chercheurs !Ensuite, parce que le circuit de transfert entre recherche et application concrète sera raccourci par différents éléments : une intégration plus poussée de la recherche dans son écosystème, et une nouvelle organisation agile qui intègrera la recherche en mode projet dans une logique internationale.Résultat : la recherche s’intègrera de manière croissante dans l’enseignement pédagogique en constituant à la fois une discipline plus familière et un ballon d’oxygène pour assurer à chaque établissement la production de contenu péda-gogique de qualité et pertinent.

Tableau 5 | La recherche dans l’école du futur

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Les valeurs de sens, d’éthique et de “care” étant aujourd’hui une priorité pour les étudiants, la recherche offre une excellente réponse pour résoudre la quadrature du cercle : s’améliorer, se dépasser et avoir un impact positif sur la société.

➔ Une recherche qui aidera l’école du futur à faire sa révolution

➔ Une recherche qui produira des solutions concrètes aux problématiques étudiées par les établissements

➔ Une recherche qui sera un outil stratégique pour la crédibilité des établissements dans la nouvelle géopolitique de l’enseignement

➔ Une recherche qui s’engagera pour améliorer la société

➔ Une recherche transversale qui travaillera de manière intégrée dans un réseau international

➔ Une recherche spécialisée sur les problématiques locales car il sera impossible d’être pertinent sur tous les sujets

Tableau 5 | La recherche dans l’école du futur

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Recruter dans l’école du futur

sandRa enlaRT enTRePRise eT PeRsonnelL’école du futur est un sujet qui m’intéresse car il se situe au carrefour des deux derniers ouvrages que j’ai coécrit avec Olivier Charbonnier, “Faut-il encore apprendre ?» et “A quoi ressemblera le travail demain ?” De mes recherches et de mes rencontres autour de ces sujets, j’ai acquis un certain nombre de convictions. Principalement concernant la notion d’apprentissage : au-delà des 10 compétences clés pour 2020 définies par l’Institute for the Future de l’Université de Phoenix, nous pouvons identifier des tendances fortes.

Les capacités cognitives, peu mises en avant dans les modes traditionnels d’apprentissage et d’enseignement vont acquérir leurs lettres de noblesse et se révéler de précieux atouts dans une école du futur étroitement associée aux nouvelles technologies qui stimulent la curiosité, l’intuition, la créativité. Le résultat pour les étudiants de l’école (et les travailleurs) du futur sera une plus grande flexibilité mentale et des capacités accrues pour trouver son chemin et s’adapter dans un environnement inconnu.

Viendront ensuite un renforcement de l’utilité des connaissances de base. Il serait trop simpliste de penser que la masse d’information que constitue internet se suffit à elle-même. C’est oublier un peu trop vite qu’internet n’est qu’un outil, et que le plus perfectionné des outils n’est pas d’une grande utilité sans un bon mode d’emploi ! Mais quels sont les savoirs de base qui permettront aux élèves du futur d’être des chercheurs d’information éclairés ? A défaut de dresser une liste gravée dans le marbre, établissons plutôt quelques critères : les compétences fondamentales devront permettre de situer une information par rapport à une autre, ils s’apparentent plus à une carte mentale qu’à une succession de connaissances. Ils doivent transcender les disciplines et permettre de tisser des liens entre économie et histoire, politique et mathématiques, littérature et géographie.

Tableau 6

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Autre changement de paradigme, l’école du futur devra accompagner ses étudiants dans le passage d’une logique de compétences collectives à une logique de savoir-être en réseau. C’est déjà une difficulté aujourd’hui pour de nombreuses entreprises : la collaboration ne se décrète pas. Il faut donc fournir aux étudiants les clés pour tendre vers un fonctionnement collaboratif (travailler ensemble) puis coopératif (faire œuvre commune). Mais pour faire œuvre commune, il faut plus que des savoirs ! C’est à la fois une culture, un rapport au travail, des enjeux personnels et psychologiques. La pédagogie devra donc jouer un rôle de socle commun pour tendre vers cet objectif. L’immersion des jeunes générations dans les réseaux, sociaux notamment, seront un plus. Ils leur permettront de comprendre plus rapidement que le savoir-être en réseau consiste principalement à gérer la distance relationnelle qui rend efficace à court ou moyen terme une compétence collective.

Enfin, et c’est peut-être le plus important : réapprendre régulièrement à penser ! Compte tenu du rythme soutenu auquel se succèdent les innovations et la créativité, il faudra trouver les moyens intellectuels et collectifs de se redonner du souffle et de l’intelligence à un rythme régulier au risque de se retrouver rapidement dépassé.

En conclusion, je pense qu’il est important de prendre conscience que pour la première fois, travail et enseignement sont traversés par un même phénomène qui ébranle leurs schémas traditionnels : la technologie. Si les esprits chagrins peuvent y voir un risque de perte de repère, je propose de considérer cela comme une opportunité, celle de réinventer dans un même mouvement les codes et fondements du monde du travail et de l’école du futur pour aligner deux univers qui ont tant à s’apporter mutuellement !

Sandra EnlartDirectrice Générale

Entreprise et Personnel Auteure “à quoi ressemblera le travail demain ?”

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noTRe consTaTL’école du futur devra se focaliser sur sa mission première  : fournir à ses étudiants un savoir qui leur permet de trouver leur voie et un métier. C’est aussi simple que cela. Pour y parvenir, plusieurs facteurs devront être réunis.Tout d’abord, il sera décisif de proposer un contenu pédagogique plus réactif et toujours plus proche de la réalité de l’entreprise. A cet effet, elle pourra recourir à des serious games immersifs et favoriser l’entrée de l’entreprise dans l’école par des modules assurés exclusivement par des intervenants issus du monde profes-sionnel. Mais il faudra également gommer les frontières entre école et entreprise par un recours plus massif encore à l’apprentissage dont on observe déjà qu’il résout à lui seul deux problèmes majeurs : le financement des études et l’insertion professionnelle. En évitant un choc de culture et un changement de rythme trop abrupt entre école et entreprise, nous créerons alors des conditions idéales pour la réussite de la transition élève / professionnel. Autre spécificité de l’école du futur, le jeune professionnel qui quitte son établisse-ment ne dira plus adieu aux bancs de son amphithéâtre : il leur dira simplement au revoir. Les compétences requises en entreprise évoluent avec une telle dyna-mique que l’apprentissage tout au long de la vie et le retour sur les bancs de l’école seront une nécessité d’où le besoin d’échanges accrus entre école et employeur.

aPPRendRe un méTieRL’école du futur, nous l’avons déjà évoqué, ne transmettra plus un corpus de connaissances théoriques : elle enseignera un métier à travers l’acquisition de compétences.Au-delà de la nécessaire transformation de la culture pédagogique que nous avons principalement abordée dans les chapitres 1 et 2, cette nouvelle donne aura un impact direct sur la structure et les méthodes des enseignements.L’apprentissage d’un métier n’est pas condamné à demeurer une tâche fasti-dieuse et volontairement éloignée de la réalité du terrain.L’avènement et le succès fulgurant des serious games est à ce titre symptoma-tique : plutôt que de s’insurger contre le temps passé par notre jeunesse sur des jeux vidéos, proposons lui des cours aussi réalistes que possible qui utilisent les codes de l’univers des “gamers”. Au-delà de l’aspect ludique, l’immersion dans un univers aussi proche que possible de l’environnement réel facilite à la fois l’apprentissage et l’insertion de l’élève dans ses futures fonctions. Ils seront donc une piste à développer fortement, d’autant que de jeunes entreprises françaises spécialisées dans ce secteur sont à la pointe de l’innovation.Autre aspect à développer, pour poursuivre la logique de segmentation des personnels de l’école : la généralisation du recours à des intervenants profession-nels pour assurer les certificats et autre modules spécialisants, en complément des professeurs et responsables de TD . Plusieurs effets bénéfiques pour cette mesure :

Tableau 6 | Recruter dans l’école du futur

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crédibiliser le contenu enseigné, créer des contacts entre les étudiants d’une filière et les professionnels déjà en poste et par conséquent limiter les erreurs d’aiguil-lages que nous observons chaque année, lorsque des étudiants découvrent un monde du travail trop éloigné des enseignements théoriques qu’ils ont reçus.

géReR une caRRièReUne carrière dans l’école du futur débutera par une période d’apprentissage en alternance entre entreprise et théorie. Elle se poursuivra par des allers-retours sur les bancs de l’école pour des mises à niveau ou des nouvelles orientations de carrière.La notion de carrière elle aussi va complètement être modifiée. Nous l’avions déjà évoqué dans notre ouvrage sur la formation des dirigeants paru en 2012 : la carrière linéaire mono employeur de nos aïeux appartient déjà au passé.La prochaine étape est écrite d’avance : la carrière non linéaire à employeur multiple.Autrement dit, nos étudiants changeront d’employeurs ET de métiers plusieurs fois au cours de leur vie professionnelle, avec parfois (de plus en plus, souhaitons-le) des parenthèses entrepreneuriales. Pour permettre cette souplesse, et cette richesse dans la carrière d’un individu, nous en revenons inévitablement à la nécessité de recentrer le contenu pédagogique de l’école du futur sur des compé-tences plutôt que sur des contenus théoriques qui peuvent trop rapidement se passer de mode ou de pertinence. Mais pour s’adapter à l’évolution des métiers et des marchés, un retour régulier sur les bancs de son école ne sera plus l’exception mais la norme. Cette mise/remise à niveau pourra se faire à l’initiative de deux demandeurs : le profession-nel qui souhaite réorienter sa carrière ou muscler ses compétences, ou l’employeur qui veut maintenir ses collaborateurs aux meilleurs standards et adapter leurs compétences à de nouveaux besoins.A ce titre, l’école du futur deviendra le point de repère dans la carrière de ses élèves, adaptée pour faciliter son insertion professionnelle, capable de l’alerter sur les nouveaux métiers et les nouvelles compétences, et lui offrant des cursus de mise à niveau pour garantir sa pertinence et lui offrir de nouvelles perspectives.

conclusionDe nos jours, la frontière entre école et monde professionnel, même si elle tend à se perméabiliser, reste trop marquée. Mais surtout, une fois quittés les rivages de son école, l’étudiant devenu professionnel a peu de chance de se voir offrir une nouvelle occasion de venir s’installer sur les bancs d’un amphithéâtre.Pour mieux recruter, dans l’école du futur, l’entreprise devra renforcer les liens avec la salle de cours en soumettant des cas pratiques et en participant à la créa-tion de serious games, en proposant à ses collaborateurs de venir dans les écoles

Tableau 6 | Recruter dans l’école du futur

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dispenser certains cours et partager leur expérience. Sur un plan plus formel, le développement de l’apprentissage pour faciliter à la fois le financement des études et la réussite de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés reste un levier puissant à développer davantage.Enfin, un véritable travail de collaboration pour la mise en place d’un parcours de formation tout au long de la vie des étudiants/collaborateurs sera indispen-sable pour accompagner des individus qui ne se satisferont plus d’une carrière linéaire mais désireront renforcer leurs compétences ou changer d’orientation.

➔ Augmenter les échanges entre école et entreprise pourrendre les contenus pédagogiques plus pertinents

➔ Innover en généralisant les serious games

➔ Favoriser l’intervention de professionnels pour animer certains cours

➔ Accentuer le recours à l’apprentissage pour faciliter le financement des études et l’insertion professionnelle

➔ Rapprocher entreprises et école pour élaborer un véritable parcours de formation “tout au long de la vie” qui permette une remise à niveau ou une réorientation des collaborateurs.

Tableau 6 | Recruter dans l’école du futur

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Travail collaboratif

Travail collaboratif

Travail collaboratif

GamificationCartable numériqueMooc

Mooc

Podcast

Podcast

IndividualisationPersonnal learning

environment

Assessment centerLearning outcomes

Certification

e-learningLearning by doing

Learning by doing

m-learning

m-learning

Applis éducativesTABLETTES

Services

Serious gamee-portfolio

Social learning

Classe inversée

Classe inversée

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Le mot de la fin

floRe vasseuR

Ces dernières années, les efforts fournis par les écoles de commerce pour conserver ou gagner des places dans les classements les ont conduites à se détourner de leur utilité première. Nous en sommes arrivés à une situation problématique où l’on observe un décalage entre l’adéquation et l’anticipation des besoins entre l’offre (l’école) et la demande (l’élève et l’entreprise).

Mais la correction est proche, et elle se fera de manière plus disruptive : l’enseignement est l’un des derniers secteurs à ne pas avoir vécu sa “révolution internet”, les tentatives de e-learning se résumant jusqu’ici à des cours traditionnels en version “zéro papier”.

L’émergence des plateformes de cours en ligne de type MOOCs comme Coursera par exemple, va révolutionner l’enseignement sur un plan pédagogique mais aussi sur un plan économique. Les écoles et universités vont devoir repenser en profondeur leur modèle pour pouvoir continuer à justifier des frais de scolarités élevés tout en fournissant des cours dont la qualité pédagogique ne sera pas toujours supérieure à ceux mis en ligne gratuitement par Harvard, voire, à terme, par eux-mêmes…

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De mon point de vue, la notion même de CV va être revisitée. Les cours théoriques seront “piochés” par les étudiants parmi l’offre gratuite pléthorique financée par de la publicité déguisée pendant que l’école du futur devra apporter autre chose pour se différencier : enseigner en face à face ce que l’on ne peut pas découvrir seul devant son ordinateur. L’expérimentation, les travaux de groupe, la pensée systémique. On assistera progressivement à un phénomène de “flip education” où la théorie s’apprendra à domicile tandis que le temps de présence en classe sera consacré aux applications, à la stimulation, au travail et à la réflexion en groupe.

Comme tout changement de paradigme, il suscite des réactions anxiogènes. Se remettre en question, se réinventer, suscite toujours ce type de comportement tout à fait humain. Mais ce qui m’interpelle, (et m’inquiète), à titre personnel, c’est la forme de déni de ce mouvement, qui est en marche qu’on le veuille ou non, au sein des grandes écoles françaises. C’est en tout cas à ce type de réactions que j’ai été confrontée lorsque j’ai approché les fleurons de notre système éducatif au sujet des plateformes MOOC. Ce que nous devons comprendre pour bâtir l’école du futur, c’est que cette révolution se fera avec ou sans nous. Voulons-nous la subir ? Ou y participer pour y faire entendre nos voix ?

Flore VasseurRomancière, journaliste et entrepreneur

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L’école du futur, dessinée par…

Jean-François Fiorina, Directeur adjoint Grenoble Ecole de Management

conclusion

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à l’heure de clôturer ce livre blanc, quelles sont les conclusions de ce travail pour moi, Directeur d’une Grande Ecole de Management ? Les enseignements que nous pouvons tirer de ce travail de prospective et de nos nombreux échanges avec des experts, dirigeants et personnalités passionnés ou impactés par la thématique de l’école du futur peuvent être répartis autour de quatre axes forts.

quelle esT la mission de mon école ? Dans l’école du futur - beaucoup plus encore que dans celle d’au-jourd’hui - il sera nécessaire que les établissements accordent beau-coup de temps et de travail à la définition claire de leur mission. Après avoir défini cette mission, ils devront évaluer leur impact sur leurs différentes communautés. En résumé  : à quoi je sers ? Ma mission est-elle de former des étudiants sur un savoir faire de niche pour un secteur d’activité défini par mon ancrage terri-torial ? Ai-je l’ambition de me positionner comme un établisse-ment d’excellence à l’échelle internationale ? Ou comme un acteur reconnu pour sa pédagogie innovante qui permet au plus grand nombre d’accéder à un niveau de diplôme satisfaisant ?

De la réponse à ces questions devra découler un plan de dévelop-pement cohérent sous peine d’être immédiatement sanctionné par un marché de l’enseignement supérieur très structuré. Pour valider ce plan de développement et assurer des garanties aux étudiants, à leurs familles, aux entreprises etc, un système “d’assurance qualité” sera indispensable. Qu’il se nomme EQUIS, AACSB, AMBA ou qu’il soit un label à inventer, le certificat qualité sera le référentiel qui permettra à chacun de trier l’offre pléthorique de formations pour sélectionner l’établissement de ses rêves et surtout, une garantie que le “service” proposé est conforme à ce qui était promis !

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le gRand ReTouR de la PédagogieC’est la conclusion forte de notre travail, et que nous avons retrou-vée à notre grand plaisir dans les témoignages de nos experts ! Après avoir tour à tour standardisé cette discipline au nom de l’égalitarisme, puis l’avoir enterrée au nom du progrès techno-logique, l’école du futur, nous l’avons démontré, sera le terrain de jeu et d’expérimentations en tout genre des pédagogues. Tout simplement parce que la pédagogie sera la principale plus-value des établissements. Dans un enseignement du futur où s’affronte-ront des géants mondiaux qui diffuseront gratuitement leurs cours, la seule ressource pour attirer des étudiants et les convaincre de confier leur formation à une école sera la pédagogie.

la sTimulaTion de l’éTudianT Le dispositif existant en matière d’enseignement (compléter les cours magistraux en amphi par des travaux dirigés et de groupe) va sérieusement être ébranlé dans l’école du futur. Pour attirer et conserver les étudiants, mais surtout pour leur offrir une meil-leure formation qui maximisera leur chance de pénétrer avec succès sur le marché du travail, l’école du futur va multiplier les occasions d’apprentissage. Cette multipédagogie, innovante et stimulante, devra varier les situations, les formats, les occasions, les méthodes d’évaluation. Avantage pour l’école  : une manière de challenger en permanence ses étudiants pour les rendre agiles. Pour les étudiants  : une pédagogie personnalisée qui permet à chacun d’exprimer ses atouts dans des registres différents. Pour l’entreprise, des futurs collaborateurs plus aptes à s’adapter aux situations multiples auxquelles ils seront confrontés.

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la Technologie comme moyen eT non comme finLe raccourci est évident mais il est malheureusement erroné. L’école du futur ne sera pas une tablette. Mais la tablette sera l’une des facettes de l’école du futur. La technologie sera un outil puis-sant au service de l’école du futur, mais pas la finalité, de la même manière que vous ne payez pas votre abonnement téléphonique pour avoir un smartphone mais pour échanger des informations ! La chance de l’école du futur réside dans la synchronisation de maturité d’un écosystème de technologies qui vont lui permettre d’atteindre ses véritables objectifs  : personnaliser ses enseigne-ments et sa pédagogie pour atteindre la mission qu’elle se sera fixée.

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Quelles seront les conséquences concrètes de ces enseignements pour mon établissement ?

1) La réorganisation des flux de l’écoleNous devrons aménager notre école et gérer la circulation des flux avec davantage de précision. Avec la multiplicité des parcours, une école ne sera plus un lieu qui alternera les temps forts d’activité et les temps morts. L’usage des lieux (salles de social learning, amphis, salles de groupes, etc.) devra être optimisé. Il faut alors repenser à la fois les espaces pour offrir à chaque temps fort de l’enseignement un cadre adapté (échanges, interaction, théorie, distance, multimé-dia, etc.) et gérer la multiplication des flux à l’intérieur et entre ces espaces.

2) Le rôle critique des systèmes d’information et le basculement dans l’ère du big dataLes SI seront au cœur du dispositif. Corps enseignant, étudiants, fonctions supports et direction de l’école seront dépendants de la qualité, la pertinence et la rapidité à laquelle ils peuvent obtenir l’information qui les concerne.

3) Les fonctions supports au service de la pédagogiePas d’école du futur sans grande pédagogie. Pas de grande pédago-gie sans personnalisation, pas de personnalisation sans des services pédagogiques et supports qui gagnent en expertise pour gérer des flux et des cas particuliers plus complexes. La mutation vers l’or-ganisation de l’école du futur s’appuiera sur un travail d’équipe renforcé.

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4) La production et la valorisation de contenu seront des phases critiquesLes métiers de la communication pour se distinguer et faire connaître les spécificités de chaque école seront également des enjeux clés.

5) L’école du futur ne pourra pas tout faireInstant de lucidité, constat de faiblesse ? Non, agilité ! Nous ne pourrons pas être des experts dans tous les domaines. La réussite sera donc collective et passera par la capacité des écoles à s’entourer d’un écosystème de partenaires fiables, capables de l’assister dans tous les domaines qui s’éloigneront de son cœur de compétence : la pédagogie ! L’école du futur sera donc une communauté de profes-sionnels et d’experts au service de l’étudiant.

Quoi qu’il en soit, l’école du futur ne pourra fonctionner que si les établissements préparent et accompagnent les professeurs à ces évolutions et apprennent à apprendre aux étudiants.

Jean-François Fiorina Directeur adjoint

Grenoble Ecole de Management Directeur de l’ESC Grenoble

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Jean-fRancois fioRina

BiographieDiplômé de l’INSEEC Bordeaux et d’un MBA à l’University of America de San-Francisco, il commence sa carrière en tant que banquier à la BRED avant de deve-nir consultant à l’international.Il rejoint par la suite le groupe Sup de Co Amiens-Picardie, tout d’abord comme professeur de commerce international avant de devenir Directeur du programme ESC et des relations internationales.Il arrive en 2000 à Grenoble Ecole de Management, en tant que Responsable des Mastères Spécialisés.En 2003, il prend la tête de l’ESC Grenoble, regroupant au sein du groupe, le Programme Grande Ecole, 8 Mastères Spécialisés, 1 Master of Science, 1 Bachelor, 3 formations continues diplômantes, 2 500 étudiants sur 4 sites en France et 2 à l’étranger.Il devient début juillet 2012, Directeur adjoint de Grenoble Ecole de Management, tout en conservant ses fonctions de Directeur de l’ESC Grenoble. Il est égale-ment Président de la banque d’épreuves Passerelle depuis 2007 et vice-président d’Atout+3 depuis 2008.Ardent défenseur de la pédagogie différenciée, il milite et oeuvre pour un ensei-gnement des futurs managers, ouvert sur la société et sur le monde, basé sur la création de passerelles entre les différentes disciplines : management, ingénierie, design, art, géopolitique…Fin connaisseur du monde de l’enseignement supérieur en France et du marché mondial de l’Education, il est reconnu par ses pairs pour sa capacité à défricher des territoires nouveaux. Il développe ces sujets et fait part de ses convictions sur son blog : http://blog.educpros.fr/fiorina/Editeur des notes CLES (notes hebdomadaires d’analyse géopolitique), il est cofondateur du Festival de Géopolitique et de Géoéconomie de Grenoble.

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Travail collaboratif

Travail collaboratif

Travail collaboratif

GamificationCartable numériqueMooc

Mooc

Podcast

Podcast

IndividualisationPersonnal learning

environment

Assessment centerLearning outcomes

Certification

e-learningLearning by doing

Learning by doing

m-learning

m-learning

Applis éducativesTABLETTES

Services

Serious gamee-portfolio

Social learning

Classe inversée

Classe inversée

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AccentureAlcAtel

AprilAxA

cApgeminicAsio

crédit AgricolegdF sueZ

l’oréAllAFArge

totAl

temoignAges d’entreprises

Ils dessinent leur école du futur

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aRmelle caRminaTi-RaBasse accenTuRe Ma position concernant l’école du futur se fonde sur ma double expérience : celle de cadre dirigeante dans une firme internationale évoluant dans un environnement global, et celle de … maman ! Lorsque je voyage à travers les 53 pays dans lesquels nous sommes présents, que j’observe le dynamisme en matière d’enseignement supérieur dont font preuve certains pays désormais indûment dits “en voie de développement” pour fournir à des entreprises gourmandes en talents comme la nôtre les étudiants les mieux formés possibles, je m’interroge…

Que veut le modèle Français ? Que propose-t-il en termes de chaîne de valeur ? Quel équilibre a-t-il établi entre soft et hard skills ? Comment un système qui base sa capitalisation de talents sur une forme anxiogène de sélection des talents bruts et non de culture bienveillante peut-il garantir une employabilité et un équilibre personnel optimal pour nos enfants, pour notre nation ? Dans certains pays dans lesquels mon cabinet évolue, comme l’Inde par exemple, la production de nouveaux programmes d’enseignement a été au contraire co-construite avec les entreprises, tout en s’appuyant sur les fondements hérités du système scolaire britannique.

Car notre conviction est qu’une firme multinationale comme Accenture qui recrute chaque année plus de 60 000 collaborateurs fait partie intégrante de l’écosystème de l’enseignement et de la formation ! La mise en place de parcours en alternance et de formations certifiées abattent, dans bien des nouvelles économies dorénavant, les frontières traditionnelles qui peuvent persister entre école et monde professionnel pour les talents qui ne sont pas “prêt-à-l’emploi” en quantités calibrées comme dans les économies matures.

Les défis que nous aimerions voir résolus par l’école du futur tiennent essentiellement dans l’accélération de la formation des talents. Pour illustrer mon propos, l’école d’aujourd’hui sait produire des diplômés avec une cuisson

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lente et artisanale, mais les besoins et décalages considérables de compétence que nous éprouvons et qui pourraient nous conduire à terme à assécher le marché des jeunes diplômés doivent nous encourager à passer à l’ère du micro-ondes !

L’autre challenge pour l’école du futur réside dans le mouvement de fond de la “dématérialisation”. De la même façon que nous, entreprises, avons dû affronter les contraintes - et les opportunités - d’implantations aux quatre coins du globe avec des équipes territorialement dispersées et d’autres en télé-travail, l’école du futur va devoir imaginer à son tour de nouveaux codes pour faire grandir les talents sans contact physique. A mon sens, la clé de ce paradoxe résidera dans le pari délibéré sur les rites. A notre échelle, nous avons expérimenté très tôt la suppression des repères habituels que constituent un bureau fixe et des horaires uniques. Nous avons offert à nos salariés des options différentes. Mais pour ne pas nous perdre, nous avons renforcé nos efforts autour de lieux de vie et d’échange, de rites communs d’intégration ou encore de temps forts et collectifs : en d’autres termes, plus on veut virtualiser la vie, plus il faut la ritualiser. Car le ciment qui fonde la culture d’une école et soude ses étudiants demeurera le vécu commun, les émotions et les rites partagés.

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Enfin, je terminerai par un dernier point qui mine, de mon point de vue, le système français. Nous avons tenté de nous approprier l’injonction de ce début de millénaire “vis ton rêve” en l’abordant par le mauvais angle. En France, cela a entraîné une pression accrue sur nos enfants pour qu’ils choisissent très tôt une voie et s’y tiennent pour la vie ! Il n’est pas rare de croiser des parents angoissés parce que leur jeune ado n’a pas d’idée précise de ce qu’il veut faire plus tard, et il n’y a pas de meilleure façon à mon avis de générer de la frustration stérile pour toutes les parties. Dans l’approche anglo-saxonne, et plus particulièrement américaine, le message est plus rassurant : “tu ne sais pas ce que tu veux : prends ton temps, nous allons t’aider à trouver. L’important c’est que tu deviennes qui tu es”. Cette méthode me semble apporter de meilleurs garanties d’épanouissement réaliste et progressif pour nos élèves et la révolution inévitable que va vivre notre système éducatif serait l’occasion rêvée pour changer de référentiel.

Pour conclure, « quand le vent du changement se lève, les uns construisent des murs, les autres des moulins à vent ». J’espère que la France ne se trompera pas de chantier !

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Armelle carminati-RabasseDirectrice Générale Monde

pour le Capital Humain et la DiversitéAccenture

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Jean-luc BeylaT alcaTelMa conviction concernant l’école du futur est qu’elle doit se concentrer sur 3 axes forts :

•L’adaptation aux rythmes individuels ;•Une ouverture sur l’entreprenariat ;•Une maîtrise accrue des langues étrangères.

L’adaptation aux rythmes individuels permettra de prendre en compte une réalité : dans une classe, le rythme unique conduit irrémédiablement à une fracture entre ceux qui se sentent ralentis, et ceux qui finissent par être laissés sur le bord du chemin.

Les progrès technologiques et la diffusion du savoir en dehors des seules mains de l’enseignant permettront à chaque élève de construire son propre rythme de progression. Cet apprentissage aura lieu en classe, chez lui, partout où l’on pourra disposer d’une connexion internet. Retrouver, pour des élèves en difficulté, le goût d’apprendre les conduira à intégrer une donnée importante : l’avenir appartiendra à ceux qui apprendront toute leur vie.

Cette capacité à aller chercher en permanence du savoir, à s’ouvrir, puis forcément, et cela nous conduit vers notre deuxième axe : à entreprendre !

Le développement du sens critique, le goût de l’effort, habituer l’élève à se poser des questions, remettre en cause les vérités établies, faciliter l’approche collaborative, toutes ces nouvelles habitudes conduiront mécaniquement les élèves à être moins réticents dans la prise de risque et l’entreprenariat. Ils auront intégré que si aucun poste ou aucune fonction dans l’entreprise ne les intéresse, ils peuvent écrire leur propre aventure.

Même si l’on sort là des recommandations “pratiques”, il est important d’aider l’élève à s’émerveiller et l’étudiant à s’emparer de son propre futur en lui ouvrant les espaces !

C’est ici qu’intervient le dernier point de mon argumentation :

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la maîtrise des langues étrangères. Maîtriser (au moins !) l’anglais sera fondamental pour s’ouvrir à d’autres marchés et d’autres cultures. A une époque charnière où nos voisins se penchent sur la maîtrise de langues issues des pays des BRICs, en plus de l’anglais et de leur langue maternelle pour accroître leur compétitivité, la polémique qui fait rage en France sur l’entrée de l’anglais dans certains cours à l’université fait figure de folklore et de combat d’arrière garde !

Ce point de blocage est symptomatique, de mon point de vue, de la gestion de notre héritage. La France est très fière (à raison !) de son héritage scolaire et universitaire et du rôle moteur qu’elle a joué dans le monde pour l’accession du plus grand nombre à l’éducation.

Mais elle a tendance à se scléroser lorsqu’il s’agit de se projeter dans un environnement en mouvement rapide qui doit se réinventer. Nous devons accepter que malgré le poids de notre histoire et notre rayonnement international, nous ne pourrons pas dicter notre modèle seuls !

S’ouvrir, parler les langues de nos partenaires, créer, innover et s’adapter au rythme de chacun, voilà ma vision de la new french touch !

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Jean-Luc BEYLATPrésident

Alcatel-Lucent Bell Labs France Vice-Président

Pôle de compétitivité mondial Systematic

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chRisTine goavec sTéPhane TheochaRis aPRilL’envieL’envie d’apprendre, l’envie de rejoindre une entreprise, l’envie de progresser, de se dépasser, de transmettre, de faire bouger les lignes… Notre point de vue sur l’école du futur est qu’elle doit remettre au cœur de ses préoccupations l’envie. L’envie est un levier puissant : inculquée à nos enfants, elle sera le moteur de leur trajectoire et leur permettra d’exprimer le meilleur de leur potentiel. Mais au-delà de ce constat, assez abstrait, comment appliquer ce concept dans l’école du futur ?

Par la pédagogie ! La pédagogie est un instrument fondamental dont on a trop rapidement cru qu’il pourrait être remplacé par le progrès technologique.

Mais ce professeur qui nous a donné le goût de la philosophie, cette leçon d’histoire que l’on a retenue parce que l’on nous l’a contée plutôt qu’apprise, ou encore ce manager qui un jour nous a donné les clés pour nous révéler : aucun manuel, aucune tablette ni aucun MOOC ne pourront l’égaler !

En revanche, il faut imaginer les moyens de mettre ces progrès technologiques AU SERVICE de la pédagogie : ne plus associer le smartphone en classe à la notion d’interdit mais en faire par exemple un support à la disposition de chaque élève pour interagir, participer, apprendre en s’amusant dans des cours conçus pour être vécus comme des jeux .

Pour atteindre cet objectif, il faudra rompre avec une partie de notre culture judéo-chrétienne qui implique que l’apprentissage soit associé à l’effort et la douleur, sinon pas de mérite !

Ce virage vers la pédagogie répond également à un second impératif : redonner sa légitimité au “sachant”. Dans une ère de l’information instantanée, le professeur (comme le manager !)

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ne peut plus asseoir son statut sur la détention du savoir. Il la tirera de sa capacité à mettre en perspective les informations et à leur donner du sens. La pédagogie sera, à terme, la caractéristique du dirigeant dont il tirera la reconnaissance de ses équipes.

Cette révolution pédagogique devra s’accompagner d’autres aménagements que nous avons également retrouvés – à notre grande satisfaction - dans le livre blanc de Grenoble Ecole de Management : la personnalisation des parcours et le renforcement du “savoir être”.

La personnalisation des parcours et l’individualisation des programmes permettront à chacun de “devenir qui il est”, notion chère au Groupe April.

Devenir qui l’on est n’est pas qu’une phrase en l’air, c’est un objectif qui garantit que l’individu sera capable d’assumer des positions courageuses, parfois en rupture avec les habitudes. C’est ce que nous attendons de nos collaborateurs, et que nous attendrons de plus en plus des élèves issus de l’école du futur. Car rien n’est plus dangereux pour une entreprise que de rester figée sur ses vieux schémas.

Le renforcement du savoir-être, notion forcément plus floue à définir et à transmettre, constitue une “garantie” : celle que les étudiants issus de l’école du futur seront capables d’incarner des valeurs, les leurs, celles des entreprises et organisations qu’ils rejoindront –ou qu’ils créeront !- avec intégrité.

En résumé, en remettant la pédagogie au centre de l’école du futur, en personnalisant les parcours et les approches, et en aidant nos jeunes à acquérir un savoir-être, nous leurs rendrons l’envie : le plus puissant des stimulants que l’on puisse imaginer !

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christine GOAVEcDirecteur Homme, Marque, Culture

Groupe April

Stéphane ThEOchARiSDirecteur Université

Groupe April

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anne-JulieTTe heRmanT axaCe que m’inspire l’école du futur est avant tout une intuition un peu à rebours des idées reçues : je ne suis pas persuadée que l’on attendra d’un jeune diplômé du futur qui entre sur le marché du travail des compétences de fond radicalement différentes de celles que nous attendons aujourd’hui.

En effet, même si nous sommes entrés dans l’ère de l’économie numérique, même si les savoir-faire techniques de demain ne sont plus ceux d’aujourd’hui, même si l’environnement de travail et le rapport des individus au travail et au savoir évoluent, il me semble qu’il y a un invariant qui traverse les époques : nous attendons avant tout d’un nouvel arrivant qui rejoint un corps social constitué qu’il en assimile rapidement les règles et coutumes pour comprendre comment s’y intégrer et y apporter de la valeur.

S’insérer et trouver sa place dans un ensemble, voilà la vraie compétence que doivent démontrer nos étudiants. Elle ne se fonde pas sur une discipline en particulier mais sur une méthode de pensée et d’analyse. De ce point de vue, l’acceptation par l’étudiant du fait qu’il a appris à apprendre, mais qu’il ne sait pas tout est donc une première étape essentielle. Elle sera constituée d’un savant mélange d’humilité, d’attitude apprenante, d’envie, de capacité à décrypter son environnement, à conceptualiser la chaîne de valeur, jusque dans l’évaluation de la capacité de sa structure d’accueil à entendre, accepter ou résister au changement.

Toute la difficulté, mais aussi tout le challenge résident en effet dans une intéressante injonction paradoxale : pour nombre d’entreprises, il est attendu d’une jeune recrue qu’elle soit à la fois compatible avec la culture maison et un agent de changement. Car l’entreprise a plus que jamais besoin de renouveler son vivier de compétences en particulier dans nombre de domaines nouveaux comme ceux liés à l’économie numérique pour lesquels le dialogue entre “digital natives” et “digital immigrants” est fondamental. Et dans une réaction en chaîne complexe et dont l’alchimie est difficile à établir, l’entreprise attend autant qu’elle redoute les propositions disruptives de ces jeunes fraîchement sortis des salles de classe. Pour eux, il s’agit d’un quitte ou double. S’ils ont la force de caractère et la finesse d’analyse

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pour tour à tour pousser l’entreprise dans les retranchements de sa capacité de remise en cause tout en sachant parfois atténuer leurs ambitions pour ne pas atteindre le point de rupture commun à tout corps constitué : c’est gagné. Ils ont réussi à impacter, à hybrider, à fertiliser l’entreprise. Mais pour beaucoup d’étudiants, c’est l’échec.

Car ce que nous observons de commun chez nos dirigeants, c’est leur capacité, tout au long de leurs parcours, à faire bouger les lignes : créer et transmettre une vision, relier les problématiques, créer du lien, tisser des partenariats, embarquer avec eux des équipes dans leurs projets, en jouant tour à tour sur la force de caractère et la finesse d’analyse, sont des compétences essentielles.

Mais pour faire bouger les lignes, la vision ne suffit pas : il faut en plus une solide capacité de lecture de l’environnement et la maîtrise de codes. C’est peut-être là l’un des principaux plafonds de verre trop peu souvent admis, qui constitue encore un frein majeur à l’accession de profils plus diversifiés à des postes de direction générale sur le long terme. Là aussi, l’école du futur peut avoir un rôle déterminant à jouer : en effectuant à l’attention de ses élèves de tous milieux un travail de transmission des codes plus ou moins explicites qui régissent l’entreprise et ses cercles dirigeants, et ainsi leur permettre d’influencer leurs entreprises en profondeur et durablement.

L’entreprise peut et doit être le terreau qui sécurise et qui accélère la pousse, en offrant au quotidien l’occasion de grandir et d’acquérir de nouveaux savoir-faire - mais la capacité à apprendre et la maîtrise des codes sont en quelque sorte la graine initiale. Sans elle, le terreau ne sert à rien ! Et cette graine, c’est pour moi l’école qui la plante.

En conclusion, et en synthèse, je dirais que l’école a toujours eu comme vocation de former des citoyens. La mission de l’école du futur sera donc tout simplement de former les citoyens du futur, en leur permettant de prendre pleinement leur place dans une société qui se transforme souvent plus vite que les institutions - afin justement d’aider ces dernières à s’adapter à la nouvelle donne !

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Anne-Juliette hERMANTDirectrice Groupe de la formation

et du développementAxa

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geoffRey BuRns caPgeminiMon témoignage sur l’école du futur sera éclairé par deux éléments : mon expérience de DRH qui me conduit à recruter des talents depuis plus de 20 ans (dont près de 700 jeunes diplômés cette année), et ma grille de lecture anglo-saxonne du fait de mes origines américaines.

Ce qui m’interpelle dans le modèle actuel, et que je souhaiterais voir évoluer dans l’école du futur, c’est la “diplômite” aigüe qui contamine à la fois les écoles et les entreprises, plus particulièrement en France. Au cours de ma carrière aux Etats-Unis, j’ai toujours donné la priorité aux compétences plutôt qu’au diplôme du candidat. En clair, je préfère recruter un développeur qui présente une expérience technique solide – même si il a suivi un cursus littéraire - qu’un informaticien diplômé qui n’a pas démontré ses qualités.

C’est ce paradoxe auquel devra à mon sens s’attaquer en priorité l’école du futur, et je me réjouis que Grenoble Ecole de Management rejoigne ce point de vue dans ce livre blanc: redonnons ses lettres de noblesse à la compétence des individus, et remettons le diplôme à sa juste place : une ligne sur un CV et une garantie de compétence, pas un sésame absolu !

Mais je ne me contenterai pas de rejeter la faute sur les écoles ! Nous, entreprises, avons notre responsabilité dans la situation actuelle et notre rôle à jouer pour faire changer les choses. Pour cela, nous devrons modifier nos habitudes de recrutement et de détection des talents. A l’autre bout de la chaîne, nous devrons, particulièrement pour les entreprises de conseil, assumer un véritable travail de pédagogie auprès de nos clients, qui sont souvent très attachés à la formation d’origine des consultants que nous leur proposons.

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Mon souhait pour la relation entre l’entreprise et l’école du futur est le suivant : faisons un pas l’un vers l’autre, cassons les barrières, mettons la compétence au centre de la problématique en imaginant de nouveaux référentiels (labels, reconnaissance des programmes de formation internes aux entreprises) et donnons ainsi une chance à toutes les matières grises, quel que soit leur diplôme d’origine !

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Geoffrey BurnsDirecteur du recrutement,

Application servicescapgemini

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sonia canville casioApprentissage et Ecole du futurNotre monde est en constante évolution et il change de plus en plus rapidement. Il est très difficile de savoir à quoi il ressemblera à l’avenir. Dans ce contexte, la question fondamentale est de savoir comment faire en sorte que nos enfants puissent s’y adapter et y réussir grâce à l’apprentissage que nous leur offrirons.

La conception que nous avons aujourd’hui de l’apprentissage repose en grande partie sur l’idée que la connaissance est une somme de contenus, concepts et compétences tirés de matières. Dans cette perspective traditionnelle, l’enseignant doit faire assimiler cette somme de connaissances à des étudiants et les tester lors d’examens. Ainsi ces connaissances sont supposées être emmagasinées afin de servir plus tard.

Mais de quelles connaissances les enfants auront-ils vraiment besoin demain ?

Nul aujourd’hui ne peut réellement répondre à cette question. Au-delà, bien évidemment des savoirs fondamentaux nécessaires à tous, ce qui leur sera le plus utile sera probablement d’être capable d’en tirer profit.

Cela nous conduit donc à envisager l’enseignement du futur plutôt comme une volonté de développer les capacités de chacun à travailler avec la connaissance, à savoir l’utiliser de manière inventive dans des contextes nouveaux, plutôt que comme une simple somme de savoirs théoriques appris et déconnectés les uns des autres.

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Ainsi à l’avenir, les disciplines ne seront plus vues comme des fins en soi mais en tant que contextes dans lesquels les capacités à apprendre et les capacités à utiliser la connaissance, l’information pourront être développées.

En conclusion, l’objectif sera d’apprendre à utiliser et à adapter la connaissance et les compétences pour résoudre des problèmes, mais aussi pour travailler et vivre dans des sociétés et des entreprises constituées de diversité, avec d’autres individus ayant des savoirs, des talents et des idées complémentaires.

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Sonia canville Products Manager

Spécialiste éducationcasio

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chRisTian Rouchon cRediT agRicoleMême si ma formation d’expert comptable ne m’a pas conduit à fréquenter les amphis des grandes écoles de commerce ou d’ingénieur, mon expérience en tant que professionnel, recruteur et père m’a permis de faire certaines observations.

Tout d’abord, je constate que la généralisation des expériences à l’étranger, en particulier les stages, a un effet extrêmement positif sur nos jeunes : ils sont immergés loin de leurs parents et de leur environnement habituel ce qui les conduit à mûrir et

“grandir” plus vite. Ils expérimentent ainsi plus tôt la “solitude” professionnelle après une parenthèse étudiante riche en contacts et qui favorise la vie en communauté. Ils doivent alors apprendre à aller vers l’autre, poser des questions et s’intégrer dans un groupe constitué où ils ne constituent pas le centre d’intérêt.

En parallèle, je m’inquiète parfois du décalage que nous observons entre la perception que se font les jeunes diplômés du monde de l’entreprise et la réalité à laquelle ils sont confrontés en entrant dans le monde du travail.

Tout d’abord, l’environnement relativement préservé de leurs études ne les a pas préparé à évoluer dans un monde où cohabitent et échangent des publics plus hétérogènes. Ensuite, je constate que les formations théoriques qu’ils ont reçues sont certes très poussées, mais les éloignent parfois de la réalité du terrain, et du bon sens dont il faut savoir faire preuve pour résoudre des problèmes du quotidien.

Ce cheminement qui les conduit à partir d’un constat opérationnel pour le résoudre progressivement avec des solutions conceptuelles les déstabilise. Cela pose à mon sens une seconde question : à vouloir en apprendre beaucoup à nos étudiants, enseignons-nous bien ? J’ai parfois le sentiment que les acquis de nos jeunes sont vastes mais fragiles. Pour leur offrir une large palette de compétences, on multiplie les disciplines mais ils sont en difficulté dès que les problèmes du terrain ne

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correspondent plus au cadre prévu, car ils ne disposent pas d’assez de “densité” technique pour personnaliser leur approche. Comme je le répète, même si la plupart d’entre nous avons suivi 15 à 20 ans de cours de mathématiques au cours de notre scolarité, ce qui nous est le plus utile reste la règle de 3 !

Enfin, je pense que l’école du futur aura une piste d’amélioration en apportant à ses étudiants des projets à long terme. Nous observons que les jeunes diplômés sont déstabilisés dans l’entreprise par le “temps long” de nos sujets. Ils ont été formés comme des guépards : capables de puissantes accélérations pour réussir des partiels ou des travaux de groupe sur des durées limités, mais ils s’essoufflent dès que l’effort s’allonge sur plusieurs mois ou années. Ils ont alors des difficultés à poser des jalons, définir des livrables etc.

En résumé, je pense que la grande avancée de l’école du futur sera de gommer la différence entre enseignement et supérieur et entreprise, et ne plus se focaliser sur la formation de jeunes diplômés mais de jeunes collaborateurs ! 69

christian RouchonDirecteur Général

crédit Agricole Sud Rhône-Alpes

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henRi ducRe gdf suezLes nouveaux talents dont les entreprises auront besoin Mondialisation, crise économique, problématiques environnementales, développement d’internet et des réseaux sociaux… Le monde évolue à vitesse grand V, et il faut nous habituer à considérer que plus qu’un état ponctuel de crise, nous sommes entrés dans une nouvelle ère de changement permanent. Pour apprendre à vivre et à entreprendre au rythme de ces évolutions, pour faire du changement permanent un terrain d’opportunités, de nouveaux modèles sont à inventer, de nouvelles postures sont à adopter.

L’entreprise d’aujourd’hui doit innover de façon continue et redéfinir ses modes de travail afin de maintenir un haut niveau de performance. Il est urgent, et même vital, de mettre l’agilité au cœur des efforts de transformation :

• Agilité des organisations, qui ont besoin pour maintenir leur pertinence d’un rythme de changement interne en ligne avec celui du changement externe.

• Agilité des managers, ferments de la vraie coopération, celle du sens et de l’objectif clair et partagé, acteurs de la motivation des collaborateurs par le sens.

• Agilité des mentalités, car la transformation impose des attitudes ouvertes et entrepreneuriales.

• Agilité du collectif enfin, en développant la confiance en l’autre et en utilisant la richesse de la diversité.

Les talents de demain seront des femmes et des hommes sachant s’adapter, coopérer, innover, prendre des risques, entreprendre, oser. C’est à cela que doit les préparer l’école du futur.

Bien sûr, nous aurons toujours besoin de compétences et de savoir-faire, que nous devrons être en mesure de renouveler sans cesse pour nous adapter à de nouveaux clients, à de nouveaux marchés, à de nouveaux contextes. Avec l’ouverture massive des connaissances au plus grand nombre , le système éducatif devra réinventer son rôle.

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Parce que les entreprises évoluent dans un environnement de plus en plus international et hyper-connecté, elles ont besoin d’individus réactifs, sachant gérer la complexité et travailler en réseau, et des managers adaptés à ce nouveau contexte.

Elles ont également besoin de consciences éveillées et actives, dans ce contexte de changement permanent, à l’importance - capitale - d’une performance durable et responsable.

Nous savons aujourd’hui que la motivation est avant tout une question de plaisir et de bien-être au travail. Il convient de réhabiliter la créativité, l’initiative personnelle et la confiance en soi comme des facteurs-clés de performance des organisations, et d’y préparer au mieux les collaborateurs de demain.

Avec plus d’encouragements. Avec un droit au tâtonnement expérimental et à l’erreur, car pour un échec peuvent émerger plusieurs réussites. Avec des projets et des prises de décision collectives. Avec la prise en compte des spécificités de chacun et la reconnaissance de différents types de talents et d’intelligences.

Notre Groupe GDF SUEZ avance déjà dans ces directions.

A travers les formations de son université d’entreprise, et par des politiques RH, mettant les talents individuels au service de la performance collective et le collectif au service du développement et de l’employabilité des personnes.

Notre projet d’entreprise est bien plus qu’un projet industriel : By People For People, c’est une philosophie, une vision commune, un projet humain et social qui fédère nos 220 000 collaborateurs.

En cohérence avec ce projet d’entreprise, notre ambition RH est de valoriser et de développer notre capital humain, dans toute sa diversité, pour nos métiers partout dans le monde.

L’évolution des systèmes d’apprentissage jouera un rôle primordial dans l’atteinte de cette ambition.

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henri DucréDGA en charge des RH

GDF SUEZ

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eRic melleT l’oRealTous les enseignements et les convictions que j’ai pu acquérir sur l’école du futur en général, et sur la formation en particulier, me viennent d’une source : le terrain.

Ce terrain que j’ai arpenté comme commercial pour le Groupe L’Oréal à mes débuts, et sur lequel j’ai observé des situations que l’on ne retrouvait pas dans les manuels de l’école. J’y ai constaté qu’une équipe formée, soudée, inspirée et responsabilisée peut déplacer des montagnes - ou a minima dépasser ses objectifs !

La principale recommandation que je peux donc faire pour l’école du futur – et qui rejoint les conclusions du livre blanc de Grenoble Ecole de Management – est la suivante : la pédagogie est LE pilier de l’enseignement.

être concret, pratique, ludique, interactif, encourager à expérimenter sans craindre de se tromper, voilà les leviers sur lesquels nous avons bâti les différents programmes qui ont conduit à la création de la L’Oréal Sales Academy.

Mais proposer des formations à un public multiculturel nécessite en amont un travail considérable de méthodologie et de construction pédagogique. Ainsi, nous nous sommes efforcés dans nos programmes, de nous concentrer sur l’essentiel. Cela nous conduit à proposer des contenus simples en apparence, mais qui sont le socle d’applications complexes : en clair, nous avons imaginé un solfège qui permet à chacun d’écrire sa propre symphonie !

L’autre point clé de notre pédagogie qui pourrait s’appliquer à l’école du futur est le cheminement que nous proposons au cours de nos formations : knowing, training, doing.

Acquérir les fondements théoriques, appliquer ce que l’on a appris puis l’expérimenter sur le terrain. Cette logique permet au participant (ou à l’élève) d’intégrer plus rapidement, et surtout plus durablement ce qu’on lui a enseigné. Il ne se contente plus de comprendre sa formation : il la vit.

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Enseigner selon ces deux principes – et beaucoup d’autres que nous avons développés avec Denis Cristol dans notre ouvrage Développer une université d’entreprise - Créer un levier de Business Development permet non seulement d’atteindre l’objectif de la montée en compétence des collaborateurs, mais constitue également une garantie pour que chacun puisse se développer selon sa propre personnalité.

Ce sera l’enjeu pour notre école du futur : dans une société à forte tendance individualiste, recentrons la pédagogie sur la personne pour permettre à chaque élève d’être soi-même sans pour autant l’encourager à devenir caricatural pour se singulariser à tout prix. Mais dans le même élan, il faudra insister sur les notions de partage et de collaboration car nos étudiants doivent comprendre très tôt qu’il n’y a pas de grande réalisation sans travail d’équipe.

Enfin, je voudrais évoquer un dernier point de vue important et personnel pour l’école du futur. Il fera peut-être sourire mais pour autant je pense que l’on ne doit pas se priver d’afficher de hautes ambitions sur un sujet aussi fondamental : j’attends de l’école du futur qu’elle inspire, qu’elle fasse rêver, qu’elle redevienne cet idéal auquel nous avons renoncé : un lieu où chacun vient apporter de lui-même et acquérir des outils pour forger sa propre destinée. C’est cette dimension-là, la plus difficile à définir, qui fera la différence entre une école du futur qui s’adapte à des contraintes et une école du futur qui élève l’individu.

C’est sur toutes ces évolutions majeures que nous devons accompagner l’école du futur, afin qu’elle cesse de former avec l’entreprise un couple qui cohabite encore trop souvent sans se comprendre. Plutôt que de considérer que nous sommes “condamnés” à vivre ensemble, lançons-nous le défi d’être des partenaires qui s’enrichissent l’un l’autre !

Apporter le contenu utile, le proposer avec une pédagogie innovante, faire adhérer plutôt que former, permettre à chaque étudiant d’être lui-même, voilà une feuille de route ambitieuse et réaliste pour l’école du futur !

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Eric MelletDirecteur du Développement

et de la Formation CommercialeL’Oréal Division Produits Professionnels

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fRédeRic maRTin lafaRgeTout d’abord, je souhaite exprimer mon intérêt - oserais-je dire mon plaisir - à témoigner dans un ouvrage qui nous parle de futur.

Un travail qui nous permet de sortir d’une logique court termiste pour réfléchir et évoquer des décisions courageuses et prospectives. Car si la logique de long terme est l’un des piliers de la culture du Groupe Lafarge - dont l’activité même implique des cycles longs et des décisions dont les conséquences portent et s’étalent souvent sur plus d’un demi siècle - elle ne dicte pas assez souvent sa loi à des décisions prises dans un agenda politique ou de rentabilité qui cadre mal avec un sujet aussi fondamental que l’école du futur.

Sur le fond, que peut attendre un Groupe international comme Lafarge, ou tout autre employeur exposé à des marchés complexes, de l’école du futur ?

Plus d’interactions, plus de défis, plus de compréhensions mutuelles, plus d’expertise sur des disciplines fondamentales.

Moins de formatage, moins de “théories” qui seront resservies sans analyse de la situation.

Nous forgeons cette analyse sur la base de deux convictions : l’avenir appartient aux entreprises qui sauront faire évoluer et progresser leurs collaborateurs, et, dans cette logique, la formation initiale, celle fournie par l’école du futur, aura un rôle critique par les nouveaux modèles qu’elle sera capable de nous apporter pour nous confronter et nous remettre en cause.

Nous attendons donc des étudiants équipés d’un bagage initial fort autour de compétences clés (économie, géopolitique, stratégie) et de quelques modèles théoriques de référence.

La véritable plus value de ces futures recrues sera leur capacité à ne plus calquer des modèles appris en cours sur des situations réelles, mais à s’inspirer des réalités des problématiques business pour les résoudre en s’inspirant des

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modèles étudiés. En résumé : inverser leur approche ! De la même manière, la capacité d’un jeune diplômé à challenger son environnement avec des concepts novateurs est une vraie richesse pour prémunir les entreprises contre le risque de baisser leur garde et se noyer dans leurs vieux schémas.

Charge à l’entreprise ensuite, de nourrir son collaborateur en lui transmettant toutes les connaissances spécifiques à son environnement et ses marchés, en intégrant que l’expérience et le partage de bonnes pratiques entre collègues constitueront également une part importante du bagage de compétences du collaborateur. Charge également à elle, comme nous le faisons chez Lafarge, d’entretenir le savoir faire de ses équipes à travers des programmes à la pointe des nouveaux concepts.

C’est pourquoi je partage la vision développée par Grenoble Ecole de Management : l’école du futur et les entreprises devront accroître leurs échanges pour fournir aux étudiants des connaissances en phase avec les besoins du marché, et des programmes de formation tout au long de la vie qui permettent aux collaborwateurs de se perfectionner.

Pour conclure, je pense que l’école du futur devrait s’inspirer de ce slogan que j’ai pu observer récemment au cours d’un déplacement aux Etats-Unis : « Whatever your skills : come with your behaviour !* »

* Qu’importent vos compétences : venez avec votre état d’esprit !

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Fréderic MartinGroup Learning & Development for innovation and performance

Lafarge

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Jean-luc aBelin lafaRgeNous partageons au sein de Lafarge une préoccupation commune avec l’école du futur : le partage des connaissances.

La gestion des connaissances est fondamentale pour rester compétitifs et s’assurer que l’entreprise met tout en œuvre pour continuer à “apprendre de ce qu’elle sait”. Pour cela il est important de donner aux collaborateurs une structure qui permet l’échange, la transmission et le transfert des savoirs et compétences au-delà des barrières culturelles ou linguistiques. Si une entreprise ne met pas en place un système structuré de capitalisation des connaissances, elle se prive de connaissances et d’expertises qui disparaissent quand les employés quittent l’entreprise puisque l’on peut alors considérer que tout ce qui n’est pas partagé est perdu.

Pour remédier à ce projet nous avons mis en place un projet en 2005 lorsque l’activité béton a pris conscience de l’intérêt de transférer rapidement les bonnes pratiques commerciales et marketing qui pouvaient être mises en pratique dans des délais très cours et avoir un effet “presque immédiat” sur la performance.

Les enjeux ont été dès lors clairement définis et les 5 objectifs majeurs étaient :

•Améliorer la performance •Conserver et enrichir notre savoir-faire •Accélérer le transfert des bonnes pratiques issues du terrain•Réduire les délais de mise en œuvre • Identifier les bonnes pratiques locales pouvant devenir des

standards groupe

Un programme de partage des connaissances a donc été lancé pour que toutes les bonnes pratiques soient centralisées et donner ainsi un accès à tous les collaborateurs via une interface unique. Lafarge a alors développé en interne un outil de partage des connaissances.

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L’outil initial, au regard des évolutions technologiques, est devenu obsolète, notamment parce qu’offrant des possibilités de recherche limitées et peu performantes et une interface d’ajout de contenu peu attractive. C’est dans ce cadre que dès 2010 s’est inscrit le choix d’une nouvelle solution, propre à mieux valoriser les bonnes pratiques.

En outre, le développement de l’usage d’internet dans la sphère privée a amené les utilisateurs à devenir plus exigeants sur les performances et les fonctionnalités de l’outil.

Afin d’anticiper les évolutions d’usage de notre plateforme, nous avons, avant même d’avoir choisi la solution technique, réfléchi aux objectifs, aux utilisateurs, aux type de documents à partager, aux modes d’utilisation de la plateforme, à la gouvernance et à la manière dont nous allions animer et administrer l’outil .

En outre, durant la phase de rédaction des spécifications fonctionnelles de notre nouvelle plateforme, des études ont été lancées auprès des utilisateurs pour identifier les freins et les attentes. L’objectif était d’inclure dans notre cahier des charges tous les éléments de réponses liés aux aspects technologiques et humains. Un deuxième niveau d’attentes et de freins était plus lié aux aspects culturels et comportementaux et de leurs connaissances, dont dépendraient les outils et la communication à mettre en œuvre pour favoriser, le déploiement, l’appropriation et l’utilisation régulière de la nouvelle plateforme.

Enfin, cet outil repose sur un dernier facteur, le plus important : le facteur humain. Nous nous appuyons sur un réseau de knowledge managers dans chaque pays, généralement issus des fonctions marketing, de la communication ou de la formation et qui consacrent environ 15 % de leur temps à faire vivre cet outil en particulier et le knowledge management en général. En effet, ils gèrent localement la plateforme, ils animent les communautés de knowledge owners afin de les inciter à proposer de nouvelles bonnes pratiques et à utiliser celles déjà existantes ! Dernier point,

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compte tenu de la forte exposition internationale de notre groupe, ils traduisent certains documents fondamentaux et animent des actions de formation et communication en langue locale.

Quelles ont été les conséquences et les faits observables au sein de l’entreprise ?

Si on compare le nombre de bonnes pratiques enregistrées sur l’ancien outil et le nouvel outil, le résultat est probant : il y a + 70 % de nouvelles bonnes pratiques par rapport aux autres années, dû principalement à la récupération des données précédemment hébergées dans les teamwork spaces. D’autre part, les utilisateurs saluant la facilité du matériel interface et en particulier lorsqu’ils font une recherche, trouvent ce qu’ils cherchent, ce qui les incite à proposer eux-mêmes des bonnes pratiques aux Knowledge Managers.

Après un long travail de modernisation et d’adaptation de l’outils à nos contraintes, on constate que les utilisateurs consultent plus de documents qu’auparavant. On est actuellement à + 35 % de documents consultés par mois et par utilisateur par rapport à l’ancien outil.

Le transfert de connaissances, le partage et la notion de proximité sont les finalités du Knowledge Management qui permet d’évaluer les gains réels en termes de chiffres d’affaire ou de bénéfices. Mais tant que les personnes ne seront pas fières d’avoir mis à profit des bonnes pratiques, cela restera difficile à détecter et à mesurer. C’est le prochain chantier des entreprises et de l’école du futur et c’est grâce à une amélioration de la perception de l’utilité du transfert de connaissances que nous y parviendrons.

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Jean-Luc AbelinKnowledge Manager

Lafarge

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gilles cochevelou ToTalL’Ecole du futur, ou plutôt l’Ecole de demain, sera interculturelle et interdisciplinaire. Interculturelle, au sens où les étudiants proviendront d’horizons différents en termes de nationalités, d’origine sociale, d’expérience de vie… Interdisciplinaire pour que l’Ecole soit un creuset où puissent s’allier les composantes humaines, artistiques, scientifiques, technologiques et économiques de tout projet.

L’Ecole mettra en contact le plus tôt possible les étudiants avec le monde professionnel (entreprises, petites ou grandes, centres de recherche, de design…), les exposera à la problématique de la recherche, c’est-à-dire la production de connaissances nouvelles, et développera la culture de l’innovation en incitant les étudiants à s’engager dans la création d’entreprise.

Les parcours seront moins linéaires, entrecoupés d’expériences professionnelles au sein du cursus “licence – master – doctorat”. La distinction entre formation initiale et formation continue deviendra plus ténue.

Les professeurs joueront sur une palette élargie : enseignants, ils devront s’adapter à l’inéluctable montée en puissance de l’offre en ligne ; animateurs de groupes de projet ou de recherche, ils devront éventuellement trouver les financements ad hoc, et constituer et diriger les équipes qui mèneront à bien ces projets. Enfin, ils seront probablement associés à la création des entreprises qui essaimeront de leur groupe de recherche.

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L’Ecole de demain sera au cœur du triangle enseignement-recherche-innovation. Elle aura un très fort impact sur nos modes de vie, car elle donnera le goût de l’apprentissage permanent, et celui d’entreprendre. Des modèles existent, comme le Media Lab du MIT ou la d-school de Stanford, mais il n’y a aucune raison que ces modèles ne puissent être adaptés à notre environnement. Les écosystèmes qui se sont développés autour des pôles de compétitivité s’y prêtent, de nombreuses initiatives prometteuses de rapprochement entre universités, écoles d’ingénieurs, de management, d’humanités, d’architecture, de design vont dans ce sens.

Et demain, les étudiants issus de ces Ecoles ne chercheront plus un emploi : ils le créeront.

80Gilles cochevelou

Directeur Formation, Education, UniversitéTOTAL

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Portraits del’École du Futur

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CONSTATS, TÉMOIGNAGESET PISTES DE RÉFLEXION

Avec les témoignages de cadres et dirigeants d’entreprises, de journalistes et de chercheurs

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