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AFRIQUEDUCATION n°417 - Du 16 au 30 juin 2015 - www.afriqueeducation.com 25 AFRIQUEDUCATION : Madame la pré- sidente, votre pays vient de connaître une accélération du pro- cessus de sa normalisation. A Libreville, le Sommet de la CEMAC a décidé du retour de l’institution CEMAC, à son siège, à Bangui. C’est la preuve que l’insécurité tant redoutée autrefois commence à être un lointain souvenir. A Luan- da, la CIRGL vous a apporté son soutien afin que vous puissiez achever le travail que vous avez commencé à la tête de la transi- tion. Le Forum de Bangui tant redouté a été un succès. Il faut maintenant mettre en œuvre les recommandations. La CEEAC, à N’Djamena, a prolongé la transi- tion jusqu’à la fin de l’année. Les bailleurs de fonds, à Bruxelles, le 26 mai, ont promis des concours à l’occasion de la journée centrafri- caine organisée à cet effet. Le len- demain, à Paris, vous avez rencon- tré François Hollande et la patron- ne de la Francophonie, Michaëlle Jean, qui vous ont apporté leur appui. On a besoin de dire : tout va bien pour vous finalement, malgré les critiques qui sont parfois vives de certains de vos compatriotes qui pensent que vous ne faites pas assez. Catherine Samba-Panza : Les faits que vous-même avez évoqués et qui caractérisent l’actualité cen- trafricaine sont suffisamment élo- quents pour me dispenser de tous commentaires qui pourraient paraître narcissiques. Je tiens aussi à vous remercier, tout particulièrement, de l’intérêt que vous portez à notre pays en prêtant attention à l’action gouver- nementale que vous traitez en tou- te objectivité et sans complaisan- ce. Je ne peux que m’en féliciter et inciter mes frères et sœurs à faire de même. Tous mes compatriotes se devraient de puiser dans ces faits des éléments de fierté, de satis- faction et d’encouragement. Ils soulignent si besoin en était la cré- dibilité des actions qui sont réali- sées par les autorités de la transi- tion. Nous devons les capitaliser et y trouver des facteurs de cohé- sion, de synergie. Madame la présidente, j’ai beau- coup de questions et l’opinion veut exactement savoir. On critique le fait que l’insécurité ne soit pas totalement enrayée sur l’ensemble du territoire, et même, parfois, à CENTRAFRIQUE Viols, sécurité, élections à venir : Catherine Samba-Panza nous dit tout Après le succès du Forum national tenu du 4 au 11 mai, à Bangui, la présidente de la transition, Catherine Samba-Panza, ne s’était pas, encore, exprimée. Dans votre bimensuel préféré, elle livre la feuille de route qui sera, désormais, la sienne avant les élections. Avec la chef de la diplomatie européenne, l’Italienne, Federica Mogherini, le 26 mai, à Bruxelles.

Interview Centrafrique de CSP

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AFRIQUEDUCATION n°417 - Du 16 au 30 juin 2015 - www.afriqueeducation.com 25

AFRIQUEDUCATION : Madame la pré-sidente, votre pays vient deconnaître une accélération du pro-cessus de sa normalisation. ALibreville, le Sommet de la CEMACa décidé du retour de l’institutionCEMAC, à son siège, à Bangui.C’est la preuve que l’insécuritétant redoutée autrefois commenceà être un lointain souvenir. A Luan-da, la CIRGL vous a apporté sonsoutien afin que vous puissiezachever le travail que vous avezcommencé à la tête de la transi-tion. Le Forum de Bangui tantredouté a été un succès. Il fautmaintenant mettre en œuvre lesrecommandations. La CEEAC, àN’Djamena, a prolongé la transi-tion jusqu’à la fin de l’année. Lesbailleurs de fonds, à Bruxelles, le26 mai, ont promis des concours àl’occasion de la journée centrafri-caine organisée à cet effet. Le len-demain, à Paris, vous avez rencon-tré François Hollande et la patron-ne de la Francophonie, MichaëlleJean, qui vous ont apporté leurappui. On a besoin de dire : tout vabien pour vous finalement, malgréles critiques qui sont parfois vivesde certains de vos compatriotesqui pensent que vous ne faites pasassez.Catherine Samba-Panza : Lesfaits que vous-même avez évoqués

et qui caractérisent l’actualité cen-trafricaine sont suffisamment élo-quents pour me dispenser de touscommentaires qui pourraientparaître narcissiques. Je tiens aussi à vous remercier,tout particulièrement, de l’intérêtque vous portez à notre pays enprêtant attention à l’action gouver-nementale que vous traitez en tou-te objectivité et sans complaisan-ce. Je ne peux que m’en féliciter etinciter mes frères et sœurs à fairede même.Tous mes compatriotes se

devraient de puiser dans ces faitsdes éléments de fierté, de satis-faction et d’encouragement. Ilssoulignent si besoin en était la cré-dibilité des actions qui sont réali-sées par les autorités de la transi-tion. Nous devons les capitaliseret y trouver des facteurs de cohé-sion, de synergie. Madame la présidente, j’ai beau-coup de questions et l’opinion veutexactement savoir. On critique lefait que l’insécurité ne soit pastotalement enrayée sur l’ensembledu territoire, et même, parfois, à

CENTRAFRIQUE

Viols, sécurité, élections à venir : Catherine Samba-Panza nous dit toutAprès le succès du Forum national tenu du 4 au 11 mai, à Bangui, la présidente dela transition, Catherine Samba-Panza, ne s’était pas, encore, exprimée. Dans votrebimensuel préféré, elle livre la feuille de route qui sera, désormais, la sienne avantles élections.

Avec la chef de la diplomatie européenne, l’Italienne, Federica Mogherini, le 26mai, à Bruxelles.

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conseiller qui préside le Comitétechnique de coordination.Chaque mois, je reçois tous lesgénéraux qui participent auxréunions de coordination.

Que proposez-vous au niveau mili-taire et policier pour que le paysaille aux élections sans que lescandidats aient peur d’aller fairecampagne dans tel ou tel coin dupays ?Des mesures seront prises pourassurer aux candidats une libre cir-culation sur l’ensemble du territoi-

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re avec le concours des forcesétrangères car pour le moment,nos seuls moyens sont insuffi-sants pour assumer une telle res-ponsabilité.Il existe auprès de l’Agence natio-nale des élections un spécialistepour étudier, faire des propositionsidoines et veiller à leur mise enœuvre pour garantir des électionssans peur, selon les standardsinternationaux.Nous attendons qu’avec l’appuides partenaires extérieurs, il metteau point un Plan de Sécurité quicouvrirait, non seulement, les can-didats, mais aussi, les équipe-ments de même que l’ensembledes sites qui abriteront les opéra-tions électorales en prévention detout désordre inadmissible.

Où en est la restructuration de l’ar-mée, de la gendarmerie, de la poli-ce et des services de renseigne-ment du Centrafrique ? Qui vousaide dans ce domaine, et pouravoir quel résultat ? Où en est-onactuellement ?La restructuration des forcesarmées est en cours. Un haut-com-missariat à la défense et à la sécu-rité a été créé attaché au cabinetdu premier ministre. Lors du Forumnational de Bangui, les groupesarmés ont signé un accord deDDRR. Ce DDRR (Démobilisation,

Aujourd’hui, nous géronsdes problèmes de grand

banditisme. La situationétait très difficile à mon

arrivée. La MINUSCA vabientôt atteindre sa pleine

capacité, avec plus de10 000 hommes et les Sangaris sont plus quejamais aux côtés de la

RCA. La reconstructionde nos forces intérieures

est en cours

Bangui, de temps en temps, onentend des coups de feu. Sanslangue de bois, est-ce que lesNations-Unies et les Français, surle plan militaire et de la sécurité,présentent un bilan qui vous satis-fait ? Je pose la question car pourla population, on ne fait pas assez.Je pense qu’il faut rendre homma-ge aux forces Internationales quisont intervenues en RCA. Je profi-te de l’occasion pour rendre hom-mage à tous ceux qui sont tombésau nom de la liberté en Centra-frique. Aujourd’hui, nous gérons des pro-blèmes de grand banditisme. Lasituation était très difficile à monarrivée. Il s’agissait de faire lemoins de pertes en vies humainesque possible, c’était la stratégiesécuritaire. Qu’aurait-on dit si lesforces internationales avaient uséd’une façon massive leursarmes ?La MINUSCA qui va, bientôt,atteindre sa pleine capacité, c’est-à-dire, plus de 10 000 hommes etles SANGARIS sont plus quejamais aux côtés de la RCA. Lareconstruction de nos forces inté-rieures avec le soutien des parte-naires pour refaire et renforcer lapolice et la gendarmerie, est encours. Les patrouilles, unique-ment, composées des hommesarmés centrafricains, se déploientmaintenant, partout, aidées parles forces internationales. Nosforces de police et de gendarmeriesont la base de l’appui judiciaire.J’ai remis, en place, une chaîne decommandement composée d’offi-ciers provenant de grandes écoleset j’ai confié à l’état-major, leBataillon spécial d’Intervention.Nous respectons les mesuresprises par la Communauté interna-tionale contre la RCA en imposantun embargo sur les armes.Nous avons un centre d’opéra-tions, qui se réunit, chaque lundi,au Palais de la Renaissance (pré-sidence de la République, ndlr). CeCentre d’opérations est composédes forces internationales et natio-nales sous l’égide d’un ministre-

Accueil à N’Djamena par Idriss Déby Itno.

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Désarmement, Réinsertion etRapatriement) est sous la respon-sabilité de l’EUMAM (Mission mili-taire européenne de conseil).La transition ne fait que jeter lesbases. La loi de programmationmilitaire sera faite lors du retour àl’ordre constitutionnel.

Les élections ne pourront plus setenir en juin et juillet de cetteannée. Le budget est loin de l’équi-libre. On tourne en rond visible-ment. Pouvez-vous nous dire com-bien d’argent vous attendez dequi ? Autrement dit, quels sont lesbailleurs de fonds qui ont promisdes concours et combien ont-ilspromis ? Combien sont-ils à jour deleurs promesses ? Ces promessessont-elles suffisantes ? Combienfaut-il encore pour équilibrer lebudget des élections ?Le report des élections représentel’une des recommandations fortesdu Forum, fondé sur un exposétechnique sur les conditions tech-niques d’organisation des élec-tions présenté par le président del’Autorité nationale des élections(ANE).Voici les éléments de réponse àvos multiples interpellations surles élections. Les besoins de financement duprocessus électoral sont estimésà plus de 43 millions de dollarssur lesquels des engagements ontété annoncés dans le voisinage de22,8 millions de dollars, soit, 52 %environ des ressources néces-saires.Les partenaires extérieurs qui ontfait des annonces sont au nombrede quatre. Ce sont : - la France, à hauteur de 500.000euros, à ce jour, totalement, libé-rés ;

- l’Union africaine pour un montantde 500.000 euros ;

- l’Union européenne pour19.000.000 d’euros dont 42 %versés, et ;

- le Programme des Nations-Uniespour le développement (PNUD)pour 2.000.000 de dollars, entotalité, décaissés.

Sur la base de ces indications, sila totalité des annonces étaitdécaissée, on resterait, toujours,confronté à un gap de financementde 48% pour lequel aucun engage-ment n’est, encore, pris.A ce jour, seuls 25% des fonds ontété reçus. Nous sommes loin desobjectifs financiers pour les élec-tions. Sans commentaire. Je lais-se à votre discrétion de tirer les

nales dont la CEMAC, la CEEAC, laCIRGL et j’en passe. Qui et com-ment, concrètement, chacune deces organisations aide le Centra-frique afin que l’opinion sacheexactement qui fait quoi pouraider votre pays ?Vous me permettrez de rendre unhommage appuyé à toutes lesorganisations sous-régionales etrégionales que vous avez énumé-rées pour l’appui multiformequ’elles ne cessent de nous appor-ter, concours sans lequel la situa-tion du pays serait plus grave.Je tiens, ici, à leur exprimer toutenotre gratitude pour cette solidari-té agissante.Nos attentes financières sontassurément colossales et nouscomprenons qu’elles ne puissent yrépondre comme nous l’aurionssouhaité. Le peu que nous rece-vons rend un grand service. Bienentendu, nous ne rechignerons s’ily a un mieux.Il nous sera très bénéfique que lesautres membres de la communau-té internationale qui n’appartien-nent pas encore au cercle de nossoutiens se laissent gagner parleur exemple.

Parlons maintenant, si vous le vou-lez bien, de la justice. Un vastechantier. Pourquoi ne pas avoirdélégué vos compétences carré-ment à la CPI qui dispose desmoyens et des réseaux néces-

conclusions d’une pareille situa-tion.Je redis toute notre volonté poli-tique, notre détermination à alleraux élections dans les délais lesplus courts. C’est le lieu de réité-rer notre appel à la communautéinternationale afin qu’elle rendeles moyens disponibles pour lesélections.

Le Centrafrique appartient à plu-sieurs organisations sous-régio-

A ce jour, seuls 25% desfonds ont été reçus pourorganiser les élections.

C’est sans commentaire. Jelaisse à votre discrétion detirer les conclusions d’une

pareille situation

Séance de travail à l’Elysée, le 27 mai matin.

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saires pour faire le travail à votreplace ?La saisine de la CPI répond à lavolonté des autorités de la Transi-tion de mener la lutte contre l'im-punité. Il est vrai que mon pays aété marqué par des violations mas-sives et graves des droits del'homme, il est impératif de rendrejustice aux victimes et leur per-mettre de faire le deuil, suite à l'ex-trême brutalité des drames vécus.Le Traité de Rome sur la CPI a pré-vu le principe de complémentaritéqui offre la possibilité de la miseen place des tribunaux ad hoc, per-mettant de juger l'ensemble desprésumés auteurs des faits.Dans ce domaine, nous avions unepremière innovation par la mise enplace de la Cour pénale spéciale dela RCA (composée de 27 magis-trats dont 13 étrangers) en terrecentrafricaine, avec la promulgationde la loi sur cette haute juridictionappelée à juger les présumésauteurs de faits de crimes de guer-re et de crimes contre l'humanité.L'une des recommandations duForum national de Bangui relativeà la Commission Justice VéritéRéparation et Réconciliation seraopérationnelle dans un proche ave-nir, pour une approche de justicecoutumière pour les auteurs, quine seront pas passibles despeines répressives afin de parfairele pardon et la réconciliation.

Au regard de l’état dans lequel setrouve votre pays, il y a encorebeaucoup à faire, même si leschoses avancent dans le bon sens.Qu’est-ce que vous avez commen-cé à faire et que va trouver votresuccesseur en arrivant ?Mon successeur en arrivant trou-vera :- Des forces armées et de sécuritéréorganisées

- Les FACA remises en ordre- La sécurité- La réconciliation entre Centrafri-cains

- Un ensemble de recommanda-tions du Comité de Suivi duForum national de Bangui

- Une Cour pénale spéciale opéra-tionnelle

- La paix- La RCA reconnue par la Commu-nauté Internationale.

Toutes choses que je n’ai pas trou-vées en arrivant en janvier 2014.Cela dit, le chantier est immenseet il restera beaucoup à faire.Nous allons pouvoir lancer leDDRR.La restauration de l’autorité del’Etat dans l’arrière-pays qui est encours devra être consolidée pourdonner les fruits sécuritaires dontle pays a un grand besoin.En gros, je veillerai à mettre enœuvre les recommandationsissues du Forum. Comme, il s’agitd’un vaste chantier, il en resterapour nos successeurs.

Vous êtes la présidente du Centra-frique. Un métier dur. Très dur aupoint qu’il a dépassé vos prédé-cesseurs hommes. A la tête del’Union africaine, il y a une femme,Xhosazana Dlamini-Zuma que vousconnaissez. Comme secrétairegénérale de l’Organisation interna-tionale de la francophonie, c’est,également, une femme que vousvenez de rencontrer à Paris. Jepourrais aussi citer SamanthaPowell qui vous a déjà rendu visite,à Bangui, tout comme, Fatou Ben-souda, la procureur de la CPI. Jecite ces femmes (il y en a d’autres)car je suis persuadée qu’ellesferaient tout pour vous aider àréussir votre mission. Les sollici-tez-vous suffisamment ?Pour le moins, toutes les femmesrespectables que vous avez citéessont très attentives au sort de laRCA. Elles ne ménagent pas leursefforts pour voler à son secourschaque fois qu’elles sont sollici-tées. Peut-être que nous gagne-rions à les solliciter plus souvent.Mais notre stratégie consiste àcompter d’abord sur nos propresmoyens, l’apport des autres nedevant venir qu’en appoint et nonconstituer l’essentiel.

Les élections c’est quand ? Elles sont au centre des prioritésde la transition. Et, nous sommes

Accueil majestueux par François Hollande.

Les élections sont au centredes priorités de la

transition. Nous sommesmobilisés pour les organi-

ser dans le courant del’année 2015. Mais nousn’avons pas le contrôle de

tous les facteurs quidoivent nous y conduire

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mobilisés pour les organiser dansle courant de l’année 2015.Mais,nous ne pouvons nous empêcherde reconnaître que nous n’avonspas le contrôle de tous les fac-teurs qui doivent nous y conduire.Nous avons évoqué, plus haut,ceux qui ont trait aux finances quenous peinons à rassembler pourpouvoir tenir des élections trans-parentes dont la crédibilité nesouffrirait d’aucune contestation.

Allez-vous procéder à un remanie-ment ministériel maintenant quele Forum vous a donné une sortede feuille de route ?La stabilité gouvernementale estimportante pour mettre en œuvreles recommandations du Forumqui a plaidé pour le maintien desinstitutions de la transition. Cepen-dant, nous nous réservons le droitde procéder à des ajustementstechniques au cas où la mise enœuvre des recommandations duForum ne donne pas entière satis-faction. Nous ne pouvons nouspermettre le luxe d’un laxisme à cesujet.

En dehors de l’organisation desélections, quels sont les autresprincipaux chantiers auxquelsvous allez vous attaquer avant depasser le pouvoir à votre succes-seur ?Les chantiers sont innombrables.Le mandat de la transition demême que sa durée relativementlimitée ne peuvent permettre deles traiter tous de manière appro-fondie. Forcément ils feront partiedes dossiers dont nos succes-seurs hériteront aux points où ilsseront.Je pense à la question sécuritairequi est la condition sine qua nond’un retour à la paix, une conquêtede tous les instants. On peut y ver-ser la démobilisation, le désarme-ment, la réinsertion et le rapatrie-ment, moyens les plus sûrs d’éra-dication de l’insécurité tantdécriée, d’ailleurs, à juste titre. Larestructuration des Forces dedéfense et de sécurité me préoc-

cupe aussi. La justice est un autresujet de préoccupation car sanselle, il ne peut y avoir de véritableréconciliation qu’elle précède etsoutient. La République centrafri-caine est un pays meurtri. Il luisera difficile de retrouver la pléni-tude de ses moyens sans uneassistance humanitaire consistan-te pour faciliter les relocalisationset les réparations en faveur desvictimes. Voilà un autre chantierqui n’est pas des moindres.Le nerf de la guerre, ce sont lesfinances. La mobilisation des res-

sources toujours plus accrues estun défi que nous nous employonsà relever.

A propos de cette histoire de violdes soldats français sur lesenfants centrafricains. Quandallez-vous dire réellement ce quis’est passé à votre peuple quiattend les explications de sa prési-dente ? Car jusque-là, vous ne vousêtes pas beaucoup exprimée surce sujet qui fâche.Ce sujet est grave, même, très gra-ve. Et la réserve dont je fais preu-ve est liée à la gravité de l’histoire.Je m’exprimerai, pleinement,lorsque l’enquête, en cours, mettraà notre disposition les élémentsd’information, qui apporterontl’éclairage nécessaire.

Votre dernier mot ? Merci infiniment pour l’opportunitéque vous m’offrez pour communi-quer avec mes compatriotes etavec la communauté internationalequi est à notre chevet et pour toutl’effort que vous ne cessez dedéployer afin que la réalité centra-fricaine ne soit pas noyée par l’ac-tualité mondiale. C’est avec un réel plaisir que jevous retrouverai, toujours, pourévoquer, avec vous, la situation enRépublique centrafricaine, quinous interpelle sans cesse. ■Propos recueillis à Bangui le 4 juin

par Jean-Paul Tédga

L’histoire de viol desenfants centrafricains pardes soldats français est un

sujet grave, très gravemême. Et la réserve dontje fais preuve est liée à la

gravité de l’histoire. Jem’exprimerai, pleinement,lorsque l’enquête, en cours,mettra à notre dispositionles éléments d’information,qui apporteront l’éclairage

nécessaire.

Première rencontre avec Michaëlle Jean, la patronne de l’OIF, à Paris, le 27 mai.

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