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EGPS 18/10/2014 - Les idées à retenir des échanges

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Les idées à retenir des Etats généraux du PS à Argenteuil

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Etats-généraux du Parti socialiste à Argenteuil

Banlieue, intégration, laïcité, vivre-ensemble : les idées à retenir du débat 1

d’idées

Les idées fortes du mot d’introduction de Philippe Doucet, député du Val d’Oise La laïcité et la République : nos valeurs, notre cadre de référence…

● C’est l’héritage de la Révolution française : “Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi” (Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789)

● C’est celui de la loi de 1905 :

○ Article 1 > La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.

○ Article 2 > La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, [...], seront supprimées des budgets de l'État, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes.

● C’est ce que Jaurès appelait la République sociale, la liberté, l’égalité, la fraternité,

la laïcité. La réalité, ce sont les accommodements raisonnables dans la pratique de la laïcité. Le premier de ces accommodements, c’est le maintien, en 1919, du Concordat en Alsace-Moselle. C’est, aujourd’hui, une série de dispositifs fiscaux et d’avantages indirects accordés aux associations cultuelles. Comment faire sens de cette situation du quotidien ? C’est une question à laquelle tous les élus locaux, tous les responsables politiques, tous les Républicains, sont confrontés. La réalité, c’est, dans la société française, l’affaiblissement de l’égalité, ce que François Dubet appelle un “renoncement à produire de l’égalité”. La réalité, c’est 750 quartiers concernés par la politique de la ville, dans lesquels vivent 6 millions de personne, comme chez nous, à Argenteuil. Et nous disons “quartiers” pour ne pas dire “ghettos”. Car malgré l’argent, le temps et les efforts consacrés, c’est bien la logique des ghettos qui s’est renforcée. Il n’y a plus une mais plusieurs éducations

1 Les idées rapportées ne sont pas des citations, seul le prononcé fait foi 

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nationales, quand à Argenteuil-Bezons 28 % sortent du système scolaire sans rien, alors que la moyenne nationale est à 10 %. Et nous ne sommes pas les plus mal lotis ! La réalité, c’est un Front national qui recentre son discours sur son essentiel à lui : l’identité —pouvons nous citer une seule proposition économique du FN ? Naturellement, non, leur programme est inexistant. Mais face à cela, face à ce recentrage sur un discours d’identité, notre contre-discours, le seule qui vaille, le discours républicain, celui de l’égalité, n’est pas suffisamment porté. La réalité, enfin, c’est l’abandon des classes populaires, à gauche, par une élite de gestion. Le Parti socialiste est le parti des gens modestes et tout en poursuivant son élan réformateur et en regardant la réalité du monde, de la mondialisation, du capitalisme et du marché tel qu’il est aujourd’hui, nous devons retrouver la voie des gens modestes. Notre perspective, c’est l’engagement 46 de François Hollande pris pendant la campagne présidentielle de 2012 :

Je proposerai d’inscrire les principes fondamentaux de la loi de 1905 sur la laïcité dans la Constitution en insérant, à l’article 1er, un deuxième alinéa ainsi rédigé : « La République assure la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes et respecte la séparation des Églises et de l’État, conformément au titre premier de la loi de 1905, sous réserve des règles particulières applicables en Alsace et Moselle. »

Notre perspective, c’est le “Discours de Philadelphie” à la française. Dans ce grand discours sur la question raciale, Barack Obama a redéfini le cadre du vivre ensemble américain (18/02/2008). Nous devons faire notre “discours de Philadelphie” sur le vivre-ensemble républicain français moderne.

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Les idées fortes du mot d’introduction de Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du Parti socialiste. Le monde a changé, le Parti socialiste doit changer lui aussi. Comment rester républicain dans ce nouveau monde ? Marine Le Pen s’empare du sujet, et les médias avec elle : le musulman d’aujourd’hui, c’est le juif d’hier. Le contexte ? Nous sommes en guerre en Irak et en Syrie, et une autre guerre est à nos portes en Ukraine. L’Europe est en déflation. La classe ouvrière est émiettée. Nous traversons une révolution de l’immatériel : l’éducation, la culture, le travail se dématérialisent et nous projette dans un nouveau monde. Le triptique républicain se confronte à ce nouveau monde :

● la liberté ? la liberté individuelle exacerbée ne percute-t-elle pas le vivre-ensemble ?

● l’égalité ? l’universalité de ce principe n’est-il pas fréquemment remis en cause ? ● la fraternité ? nous devons la rendre possible par la laïcité, mais il y a un travail de

revitalisation à faire Le Parti socialiste a été battu idéologiquement avant d’arriver au pouvoir en 2012. La séquence médiatique actuelle ne fait que révéler avec plus d’intensité la “zemmourisation” rampante de la société française, cette séparation que l’on veut construire entre les Français “de souche” et les Français de papier. C’est une déconstruction de la République. La droite a perdu le combat de l’identité face au Front national, et se replie sur celui du libéralisme à outrance. Le PS est divisé idéologiquement, politiquement émietté : il nous faut nous reformuler, redéfinir l’offre politique du Parti socialiste. Le PS doit être le parti des gens modestes. Nous nous sommes trop concentrés sur la gestion et avons oublié de donner de l’espoir dans des lendemains meilleurs. C’est ce lendemain meilleur et les moyens d’y arriver que nous devons redéfinir pour redonner de l’espoir.

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Les idées fortes de la table ronde “Laïcité et République” avec notre invitée Esther Benbassa Oui la banlieue est toujours dans la République ! Mais la banlieue est oubliée ! La première bataille est sémantique, car les mots employés heurtent.

● La banlieue : Le terme de “banlieue” véhicule un imaginaire proche du terme anglosaxon “suburbs”, associé à la pauvreté, à la marginalisation. Ce terme est stigmatisant et doit être combattu. Le terme “jeune de banlieue” désigne dans l’impensé médiatico-politique ces jeunes pauvres, marginaux, rebelles, magrhébins…

● L’intégration, traduit une démarche unidirectionnelle, à laquelle il faut substituer

l’idée de contrat qu’exprime beaucoup mieux le terme d’inclusion : on doit s’inclure, on doit inclure.

Ces mots qui blessent, depuis des années, les habitants des quartiers populaires, provoquent une révolte, un sentiment de revanche : hier les émeutes, aujourd’hui le jihad. L’école est au coeur du problème et de la réponse, car la réponse passe nécessairement par la prévention donc l’éducation. Mais l’école, elle aussi, est en crise, et pas seulement dans les quartiers populaires. Hier elle éduquait et instruisait. Aujourd’hui elle instruit seulement, et dans la plus grande difficulté. La laïcité n’est pas une religion, la laïcité n’est pas le “laïcisme”, c’est un mode d’emploi du vivre ensemble, de tolérance. Sarkozy a dévoyé la défense de la laïcité en la noyant dans l’islamophobie. Avec Sarkozy, défendre la laïcité, c’était combattre l’Islam, c’était poser l’Islam comme un “problème”. Or la laïcité républicaine originelle, que dit-elle ? Que toutes les religions doivent être respectées et qu’aucune discrimination ne saurait être tolérée. La droite a stigmatisé, soit. Mais que fait la gauche pour le vivre ensemble ? Le droit de vote des étrangers a été rapidement enterré. On a vu bien peu de “couleur” sur les listes aux élections intermédiaires. La gauche a perdu la banlieue ! La gauche doit faire des gestes symboliques ! Si les mots blessent, les symboles comptent : le vote des étrangers aux élections locales fait partie de ces symboles.

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Les idées fortes de la table ronde “Islam et intégration” avec notre invité Nordine Nabili En préambule, « Islam et intégration », c’est un faux débat. La vraie question serait davantage « Banlieue et intégrisme ». La question de l’identité se pose quand on est en crise. L’affaiblissement, notamment économique de la France, pose la question identitaire. Qui plus est, les immigrés de la première génération comme leurs enfants souffrent d’un problème de légitimité : leurs parents n’avaient pas vocation à rester en France, nombre d’entre eux anticipaient un retour au pays ; leurs enfants sont sans cesse ramenés à leur origine et dans l’obligation de se justifier d’être français, d’être de “vrais français”. Pointés du doigt comme boucs-émissaires de tous les maux, stigmatisés et discriminés, une partie de ces jeunes issus de l’immigration, issus des couches populaires, sont tentés par le repli identitaire et peuvent être attirés par les discours intégristes. Face à cette marginalisation, la laïcité, qui devrait être une « codification du vivre ensemble » comme l’a rappelé Jean-Christophe Cambadélis, devient trop souvent une « identité » revendiquée comme immuable, servant à « stigmatiser » les Français de confession musulmane à droite et dans l’extrême-droite. La question qui se pose est bien comment éviter qu’une partie des jeunes des quartiers, nouvelles classes populaires, exclus économiquement et socialement, ne trouvent refuge dans un islam politique et intégriste. Comment éviter que les banlieues ne se désintègrent ? 1. Relégitimiser la jeunesse de banlieue en leur (re)donnant la parole. Des initiatives comme le Bondy Blog vont dans ce sens. Les médias et les partis politiques ont en ce sens un rôle à jouer : la faiblesse des partis politiques vient d’un manque de représentativité. S’ouvrir est impératif, tout comme le fait de revenir à l’esprit du « socialisme municipal » : les quartiers doivent être des laboratoires d’idées. Il faut également arrêter de focaliser sur les « destructeurs » mais faire entendre les « constructeurs » 2. La gauche doit être plus offensive sur des grandes avancées comme le droit de vote aux étrangers, promis de puis 30 ans… La gauche au gouvernement aurait dû être à l’offensive sur ce sujet et révéler les blocages en allant au vote quitte à ne pas avoir la majorité au Congrès. Le droit de vote aux étrangers permettrait de changer la culture politique des jeunes issus de l’immigration. La gauche doit avoir le courage de ses idées, pour faire renaître la fierté d’être de gauche.

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3. Investir dans la jeunesse et s’investir dans les quartiers : redonner un élan à la politique de la ville. Réinvestir politiquement les quartiers. Donner envie aux jeunes des quartiers de s’inscrire en politique et de reprendre le chemin du débat politique et de la participation citoyenne.