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Cyclone Haiyan du 8 novembre 2013 Iles Philippines Reconstruction de bâtiments Guide synthétique de bonnes pratiques à l’usage des organisations non gouvernementales

Guide de bonnes pratiques pour la reconstruction aux Philippines

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Le 8 novembre 2013 un cyclone d’une violence rarement observée avec des vents de 315 km/h s’est abattu sur la région centrale des Philippines et a provoqué un tsunami ayant entraîné 7 500 décès ou disparitions et a affecté 14 millions de personnes, dont 4 millions sans toit, détruisant 1,1 million de maisons et de nombreuses infrastructures publiques (dont écoles, centres de santé…). Cette catastrophe naturelle, d’une ampleur exceptionnelle, a suscité un élan de solidarité planétaire. La Fondation de France a pour sa part collecté environ 2 million d'euros pour venir en aide aux sinistrés. Capitalisant sur son expérience des inondations au Bangladesh en 1991, du cyclone Mitch en 1997, du séisme en Algérie en 2003, du Tsunami en Asie du Sud-est fin 2004, puis du séisme en Haïti en 2010, la Fondation de France attribue une grande importance à la qualité de la réalisation des projets. A cette fin, elle met à disposition des ONG et partenaires un ensemble de recommandations sur des principes de bonnes pratiques, sans pour autant constituer un cahier des charges exhaustif dont le rôle de prescripteur est hors du champ de la Fondation de France, mais dont elles pourront s’inspirer pour concevoir leurs projets ou les compléter. Document préparé par Bruno LAM QUANG, architecte, consultant pour la Fondation de France.

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Cyclone Haiyan du 8 novembre 2013

Iles Philippines

Reconstruction de bâtiments

Guide synthétique de bonnes pratiques

à l’usage des organisations non gouvernementales

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Introduction

Le 8 novembre 2013 un cyclone d’une violence rarement observée

avec des vents de 315 km/h s’est abattu sur la région centrale des

Philippines et a provoqué un tsunami ayant entraîné 7 500 décès ou

disparitions et a affecté 14 millions de personnes, dont 4 millions sans

toit, détruisant 1,1 million de maisons et de nombreuses

infrastructures publiques (dont écoles, centres de santé…). Cette

catastrophe naturelle, d’une ampleur exceptionnelle, a suscité un élan

de solidarité planétaire. La Fondation de France a pour sa part collecté

environ 2 million d'euros pour venir en aide aux sinistrés.

Capitalisant sur son expérience des inondations au Bangladesh en

1991, du cyclone Mitch en 1997, du séisme en Algérie en 2003, du

Tsunami en Asie du Sud-est fin 2004, puis du séisme en Haïti en 2010,

la Fondation de France attribue une grande importance à la qualité de

la réalisation des projets.

A cette fin, elle met à disposition des ONG et partenaires un ensemble

de recommandations sur des principes de bonnes pratiques, sans pour

autant constituer un cahier des charges exhaustif dont le rôle de

prescripteur est hors du champ de la Fondation de France, mais dont

elles pourront s’inspirer pour concevoir leurs projets ou les compléter.

Document préparé par Bruno LAM QUANG, architecte, consultant pour la

Fondation de France.

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Fondation de France – Cyclone Haiyan 2013

Reconstruction – Manuel à l’usage des ONG

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Sommaire

Introduction

1. Valeurs portées par la Fondation de France

1.1 Mandat solidaire 2 3

1.2 Projets durables 2

1.3 Démarche qualitative 2

2. Principes d’intervention

2.1 Durabilité de l’action 2

Intégrer le contexte environnemental

Placer les bénéficiaires au cœur du projet

2.2 Stratégies opérationnelles 3

Se hâter lentement

Privilégier l’approche intégrée

(en lien avec d’autres ONG)

Construire mieux qu’avant « Build Back Better »

Prévoir un volet sur la prévention des risques

Préparer la stratégie de désengagement du projet

3. Gestion du projet, mode opératoire

3.1 Maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’œuvre 4

3.2 Obligation de moyen 4

3.3 Mode opératoire 4

3.3.1 Auto-construction assistée 5

3.3.2 Travailler avec une entreprise 5

4. Recommandations techniques

4.1 Le contexte réglementaire 6

4.2 Eléments de mise en œuvre 6

La conception spatiale

Les fondations

La structure

Les matériaux

Les fluides

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Fondation de France – Cyclone Haiyan 2013

Reconstruction – Manuel à l’usage des ONG

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1. Valeurs portées par la Fondation de France

1.1 Mandat solidaire

Reconstruire et aider les communautés à reprendre une vie normale, à

travers des programmes de construction/reconstruction d’équipements

(écoles, santé, centres sociaux, ..) et d’habitat, de relance

économique.

1.2 Projets durables

Inscrire les projets de reconstruction post-urgence dans une démarche

de développement pour les communautés concernées.

Respecter la culture et les coutumes locales, en s’appuyant sur les

solidarités locales et des réseaux pour définir au plus près les

besoins et en travaillant avec les populations.

Construire mieux qu’avant pour faire face à d’autres catastrophes :

élargir le champ des considérations et travailler selon les règles de

l’Art, ou à minima selon de bonnes pratiques.

Opter pour l’approche intégrée du projet à son environnement.

1.3 Démarche qualitative

Elle s’articule sur :

la dignité d’un environnement quotidien ;

la longévité attendue des constructions ;

le mandat moral vis-à-vis des donateurs.

2. Principes d’intervention

2.1 Durabilité de l’action

Intégrer le contexte environnemental dans sa globalité

La réussite d’un projet sera d’autant plus grande qu’il répondra au plus

près aux multiples questions posées par l’ensemble des éléments

concourant à sa réalisation. Il est donc nécessaire d’entrer dans une

démarche holistique.

Environnement physique : les contraintes physiques du site – climat,

topographie, sismicité et nature des sols, ressources naturelles locales,

voies de communication – sont à cerner par les ONG afin de proposer

des dispositifs adaptés.

Les ONG veilleront à intégrer autant que possible la préservation de

l’environnement dans leur projet, notamment les technologies

alternatives,

- par l’usage de matériaux et techniques locales),

- les énergies renouvelables (énergie solaire, eaux de pluie),

- la lutte contre les effets de serre (matériaux moins polluants

dans leur fabrication et transport,

- les plantations participant au dispositif climatique des

habitations/bâtiments et des espaces extérieurs,

- enfin le recyclage des matériaux/débris consécutifs au cyclone

et à la reconstruction.

Environnement humain : il concerne en premier lieu l’environnement

socio-culturel des populations bénéficiaires du projet, tant dans la

conception spatiale de l’habitat que les modes de mise en œuvre

(technicité et technologie localement disponibles) et d’entretien selon

leurs ressources. L’environnement institutionnel qui, pour sa part, fixe

les limites réglementaires.

Placer les bénéficiaires au cœur du projet

Définir les orientations avec les bénéficiaires en amont.

Les intégrer en phase réalisation.

Le processus de concertation des familles dès la

conception et leur implication dans l’exécution est

essentiel pour la réussite du projet : il assure

l’appropriation et l’entretien des bâtiments

construits/reconstruits, et prévoit les conditions

de l’extension intégrée à la structure à moindre

coût.

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Fondation de France – Cyclone Haiyan 2013

Reconstruction – Manuel à l’usage des ONG

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2.2 Stratégies opérationnelles

Se hâter sans courir

En situation de crise, les structures gouvernementales concernées

prises à dépourvu ont généralement besoin d’un temps de plusieurs

semaines -voire mois- pour être opérationnelles : renforcement des

structures existantes ou création de nouvelles, cadre juridique (foncier)

directives environnementales, normes constructives, processus de

validation des projets,….

Ce temps doit constituer pour les ONG une opportunité pour réaliser un

travail de projet argumenté fondé sur un travail de terrain en

profondeur. C’est pourquoi la Fondation de France favorise le soutien

aux ONG déjà opérantes avant la catastrophe. L’expérience montre que

le temps de travail investi initialement permet d’anticiper les problèmes

et gagner du temps par la suite.

L’ONG (et le cas échéant son partenaire local) doivent faire comprendre

aux populations concernées, malgré la situation d’urgence, l’enjeu de

cette démarche qui, in fine, vise à la durabilité du projet.

Privilégier l’approche intégrée

Le retour à la vie normale ne peut se faire dans le périmètre exclusif de

l’habitation ou du bâtiment construit/reconstruit, surtout en période de

post-crise. Etendre le rayon des considérations est nécessaire. Il s’agit

notamment du secteur des infrastructures d’accès (routes, transports),

l’eau (alimentation et assainissement), les équipements de première

nécessité (dispensaires, écoles, petits commerces), et les espaces

publics (plantations, gestion des déchets).

Sans avoir la charge de répondre à l’ensemble des besoins, le projet

doit poser les questions pertinentes et apporter à son niveau des

éléments de réponse possible. La mise en réseau avec des ONG

spécialisées dans ce secteur peut être envisagée ou suggérée.

Construire mieux qu’avant « Build Back Better »

La catastrophe a révélé la fragilité des constructions face aux

agressions naturelles. Les Philippines connaissent une vingtaine de

cyclones par an et les habitudes à minima ont été prises en

conséquence. Dans le cas d’un super cyclone comme Haiyan ces

pratiques sont à revoir à la hausse : la probabilité d’une plus grande

occurrence de tels cyclones, si elle n’est pas avérée à ce jour, est

néanmoins posée et nous ne pouvons désormais les ignorer.

Il faut donc améliorer les pratiques vers un plus solide (pas

nécessairement vers un plus sécuritaire du fait des matériaux légers

utilisés qui « ne tuent pas », à l’inverse de la maçonnerie). Le dernier

volet du présent manuel donne des recommandations en ce sens.

L’implantation des constructions est également un élément à cerner,

notamment en bordure de mer, et le débat n’est pas encore tranché à

ce stade. La prudence recommande néanmoins un recul de ces

constructions par rapport au littoral, l’habitat des pêcheurs devant faire

l’objet d’une conception particulière.

Sensibiliser à la prévention des risques

Investir/réinvestir un habitat ou un équipement ne se limite pas à la

fourniture d’une construction/reconstruction, même si sa conception

répond à un construire mieux qu’avant. Les risques majeurs faisant

partie du contexte géographique des îles Philippines, la prévention de

ces risques est à intégrer au projet par le biais d’exercices de

sensibilisation aux usagers en termes de comportement à l’intérieur de

la construction et à son évacuation. Le Local Disaster Risk Reduction

and Management Fund (LDRRMF, défini selon le décret RA 10121 de

2010 sur le National Disaster Risk Reduction and Management),

programme encourageant les autorités locales à investir en la matière à

Pour être viable sur les court et long termes, la

reconstruction d’un quartier ne concerne pas

seulement l’habitation mais plus largement

l’accès aux besoins vitaux de la communauté :

infrastructures physiques, eau, assainissement,

alimentation.

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Fondation de France – Cyclone Haiyan 2013

Reconstruction – Manuel à l’usage des ONG

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concurrence d’environ 5% de leur budget, n’est pas appliqué partout et

l’ONG pourrait se mettre en rapport pour examiner les modalités de

soutien à ce programme le cas échéant.

Préparer la stratégie de désengagement du projet

Rendre les bénéficiaires autonomes et responsables du projet constitue

un gage de pérennisation de l’action et par conséquent de la réussite du

projet : c’est dans ce contexte que doit s’envisager le départ de l’ONG.

Le désengagement est une phase en soi qu’il convient de prévoir dès la

phase conception, avec un budget si nécessaire pour un

accompagnement des bénéficiaires au cas où il resterait des prestations

à sécuriser au moment du départ (nouveaux repères à asseoir en cas

de relocalisation éloignée du lieu de vie d’avant la catastrophe,

harmonisation sociale, projet économique lié à la construction, etc.).

Cet accompagnement peut prendre plusieurs formes : l’ONG française

ou locale reste pour la durée nécessaire, une autre ONG relai identifiée

pour un accompagnement spécifique, les éventuels self-help groups mis

en place lors du projet prennent eux-mêmes le relai.

3. Gestion du projet, mode opératoire

3.1 Maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’œuvre

Dans tout projet de construction, deux fonctions doivent être

clairement définies : la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre.

Le maître d’ouvrage est l’entité porteuse du projet de construction, le

commanditaire. Il est responsable de l’expression des besoins

(objectifs, budget, calendrier), mais n’a pas forcément les

compétences techniques pour réaliser l’ouvrage. Il représente les

utilisateurs finaux à qui l’ouvrage est destiné. On peut considérer que

l’ONG et l’association partenaire sont les maîtres d’ouvrage.

Le maître d’œuvre porte la responsabilité conceptuelle, et

opérationnelle s’il suit les travaux de la construction dans des

conditions de délais, de coûts et de qualité définis de façon

contractuelle. Il est responsable de ses choix techniques. A ce titre, la

maîtrise d’œuvre doit être incarnée par un homme de l’art ou une

entité compétente (bureau d’études, architecte, ingénieur).

N’étant pas un maître d’ouvrage au sens classique, l’ONG doit

maîtriser les processus de contractualisation de travaux ; il est donc

impératif de bien poser les définitions des acteurs afin de déterminer

les droits et devoirs de chacun : la règle qui prévaut est que « celui qui

paye commande ». L’ONG est donc l’opérateur du projet et la

personne morale qui contractualise les divers prestataires.

3.2 Obligation de moyen

L’ONG titulaire du financement est responsable de l’ouvrage

financièrement et juridiquement durant la durée du chantier et jusqu’à

sa livraison. Mais elle n’offre pas de garantie post-construction (type

décennale). Elle a donc une obligation de moyen et doit (faire)

respecter les réglementations, codes et normes en vigueur localement,

notamment :

- La sécurité des personnes employées sur les chantiers ;

- Le respect des procédures administratives ;

- La conformité des ouvrages aux normes constructives (y compris

parasismiques et anticycloniques).

3.3 Mode opératoire

La réponse efficiente à cette obligation de moyen est confortée par un

mode opératoire à maîtriser à chaque étape du projet, pour

l’essentiel :

Phase conception

Documentation du projet : sa production est requise avant le

lancement des travaux. Elle comprend, à minima :

- Une note sur la programmation fonctionnelle et spatiale des

espaces à construire ;

- Une notice descriptive et argumentée du principe constructif

(technicité et matériaux) ;

- Une image d’ambiance réaliste du projet (une esquisse lors du

dépôt du dossier de demande de subvention à la Fondation de

France est acceptée : un dossier complet sera remis après

acceptation et avant le lancement des travaux) ;

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- Un budget qui comprend également un volet sur la prévention

des risques.

Le désengagement de l’ONG du projet est à planifier à ce stade.

Phase travaux

Fourniture des matériaux : elle est conditionnée par le

bon/meilleur rapport qualité-coûts, sur la base d’un bordereau de prix

(de type : nature/qualité, quantité, prix unitaire) pour comparer les

différents fournisseurs (bien préciser les modalités de transport) ;

La construction d’un prototype dans le cas d’opération d’habitat

permet aux bénéficiaires de visualiser et valider, et à l’ONG de vérifier

son approche, son design, l’impact dans le site, et aux hommes de

terrain les aspects techniques. Capitaliser pour opérer les ajustements

nécessaires avant de passer à la duplication.

La supervision du chantier visera à la bonne exécution en

conformité aux documents fournis et sur l’avancement. Les équipes

seront dotées de contremaître(s) expérimenté(s). Un comité de

pilotage, assurant également la coordination, sera constitué d’un

représentant de chaque partie (ONG/partenaire local, équipe

d’exécution, les bénéficiaires) et rédigera un compte-rendu

hebdomadaire interne.

La réception des travaux et la remise de l’ouvrage au bénéficiaire

L’ONG doit procéder à la remise formelle de l’ouvrage au bénéficiaire

pour se décharger de toute responsabilité ultérieure. Un engagement

moral de l’ONG peut être demandé en cas de désordres ultérieurs sur

une période d’un an par exemple. Il est aussi possible de transférer la

garantie sur l’entreprise.

Un document type de réception des travaux (procès-verbal) sera

élaboré, et un autre séparé (attestation, certificat,…) pour la remise de

la construction au bénéficiaire.

D’après les projets reçus pour financement, deux types de mode

opératoire se mettent en place, auxquels il convient de préciser les

spécificités.

3.3.1 Auto-construction assistée: contractualisation informelle

L’opérateur organise le chantier par recrutement direct de tâcherons,

sous la supervision d’un chef de projet, en appui aux familles. Il s’agit

de projets d’habitat où, à travers cette gestion opératoire liée à la

bonne exécution de l’ouvrage, l’ONG démontre sa valeur ajoutée vis-à-

vis d’une entreprise classique.

Le bordereau de prix concernant les projets de plus grande échelle

(au-delà de 30 habitations) fera l’objet d’un document spécifique : les

critères sur la nature et la qualité des matériaux figurant

succinctement sur le bordereau de prix initial seront explicités ainsi

que leur mise en œuvre, sous forme d’un petit cahier des charges afin

de garantir une qualité homogène sur l’ensemble de l’opération, le

bordereau de prix étant alors joint à la fin du document.

Le P.V. de réception et l’attestation de remise de l’habitation seront

signés par les représentants de l’ONG et de chaque famille.

3.3.2 Travailler avec une entreprise: contractualisation formelle

L’opérateur passe des contrats avec une (des) entreprise(s) et des

prestataires affiliés du secteur du bâtiment. La démarche se conforme

alors aux règles des marchés privés en vigueur aux Philippines. Selon le

contrat passé, l’entreprise principale peut prendre la responsabilité de

l’ouvrage à son compte.

Ce mode opératoire s’applique davantage à des programmes plus

complexes (habitat en dur, rénovation d’équipements,…) faisant appel à

une technicité avérée (gros-œuvre, métallerie,..).

En phase conception ;

Un document de marché privé type sera élaboré pour un appel d’offres,

avec une partie décrivant les obligations entre l’entreprise et

l’ONG/partenaire local, une seconde sur la description des ouvrages et

matériaux en référence aux normes locales en vigueur, et le bordereau

de prix.

Une note de calcul sera jointe pour les éléments de structure.

En phase réalisation ;

Des tests de matériaux en cours de chantier seront effectués.

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Reconstruction – Manuel à l’usage des ONG

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Le comité de pilotage comprendra un représentant de l’ONG/partenaire

local, de l’entreprise, et du maître d’ouvrage (association locale, public -

éducation, santé,…, familles s’il s’agit d’un projet d’habitat complexe ou

à grande échelle).

Le P.V. de réception et l’attestation de remise de l’habitation ou de

l’équipement seront signés par les représentants des parties.

4. Recommandations techniques

4.1 Le contexte institutionnel et réglementaire

La mise en œuvre du projet doit être en conformité avec la

réglementation locale, de son implantation à sa livraison. L’ONG devra

donc s’en informer au préalable auprès des instances locales et tenir

une veille informationnelle du fait des évolutions possibles

(modifications, annulations en raison des populations et/ou de la

faisabilité par les associations, ONG,…).

Les institutions gouvernementales concernées par la reconstruction

sont :

Le National Economic and Development Authority (NEDA), cabinet

responsable du Plan, en charge de la conception. Le NEDA joue un rôle

important dans la gouvernance des conseils de développement

régionaux et locaux. Il agit en tant que vice-président de la task force

en charge de l’urgence et la reconstruction ;

Le Department of Public Works and Highways (DPWH) en charge

de l’exécution. Il est représenté dans les Visayas à Iloilo, Roxas,

Tacloban, Cebu. Il est le référent pour la réglementation en matière de

construction.

Autres institutions :

Le National Disaster Risk Reduction and Management Council

(NDRRMC) est composé de membres du gouvernement et

d’organisations civiles, ONG, ... Il gère les affaires relatives à la

réduction des risques (décret RA 10121 de 2010) et a crée un fonds, le

Local Disaster Risk Reduction and Management Fund.

Le Department of Social Welfare and Development (DSWD) dépend

du NDRRMC et dirige la planification, la coordination et le monitoring

de toutes les actions de réponse aux catastrophes par le biais de la

Risk Reduction and Management Program Division.

La réglementation obéit à deux logiques :

L’une créée ad-hoc, avec l’initiative/directive RAY -

Reconstruction Assistance on Yolanda – qui sera conduite par

l’Office of the Presidential Assistant for Rehabilitation and

Recovery. Le document RAY devrait être diffusé aux autorités

locales (Local Government Units, en théorie jusqu’à l’échelle du

quartier - barangay). La réglementation et les normes

nationales et locales sont consultables auprès des antennes du

PWDH.

L’autre existante étant le Building Code utilisé pour la

construction des bâtiments.

A noter une démarche parallèle d’informations est réalisée par des

ONG ou plateformes d’ONG (cf par ex. le réseau de la Croix Rouge;

liens en fin du document).

4.2 Eléments de mise en œuvre

Un ensemble de recommandations sur des principes techniques est

donné ici à l’usage des ONG et opérateurs, sans pour autant constituer

un cahier des charges stricto senso, dont elles pourront s’inspirer pour

concevoir leurs projets ou les compléter.

En aucun cas ces recommandations ne font usage de substitution à

l’homme de l’art que l’ONG consultera en conception et chantier.

Ces principes techniques sont également à l’intention des familles qui

coréaliseront leur habitat et acquerront ainsi une meilleure

connaissance de la construction.

Page 9: Guide de bonnes pratiques pour la reconstruction aux Philippines

Fondation de France – Cyclone Haiyan 2013

Reconstruction – Manuel à l’usage des ONG

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La conception spatiale

Elle s’inscrit dans un processus d’action durable (cf.§ 2.1), en intégrant

l’impact des codes socioculturels sur l’espace commun et domestique,

dont un auvent d’accueil, la « cuisine » qui ne peut être réduite à une

kitchenette, la partie toilettes située en arrière voire séparée, et un

plancher surélevé contre les inondations et l’humidité du sol.

La conception intègrera les contraintes sismiques et cycloniques: une

compacité des volumes sera recherchée pour limiter la prise au vent.

Des dispositifs de ventilations transversale et verticale des pièces

seront prévus, avec des débords de toiture suffisants contre la pluie et

l’ensoleillement, une réduction du bruit de la pluie, des plantations à

proximité pour apporter une régulation thermique accrue, un système

d’occultation permettant luminosité et ventilation en cas de pluie.

Les abords immédiats seront également traités (accès, écoulement des

eaux, stockages/réserves extérieurs éventuels).

Les fondations

La qualité du sol détermine le type et la profondeur des fondations. Une

étude à minima est donc à effectuer par un professionnel. Les sols

argileux requièrent une attention particulière. Dans le cas d’un remblai,

il ne faut pas considérer celui-ci dans le calcul, sa stabilisation prenant

jusqu’à une vingtaine d’années.

L’implantation sur un terrain en déclivité est à éviter pour des raisons

de coût. Pour des fondations continues, il faut nécessairement les

stabiliser par un dispositif lourd – gradins, murs de soutènement, etc.

Fondations continues : elles reçoivent des charges linéaires (murs

porteurs) avec une semelle filante en béton armé. Elles ne sont pas

recommandées, de mise en œuvre complexe : assise homogène, drain.

Fondations ponctuelles : elles conviennent à des sols divers et tout type

de programme, dont l’habitat en bois : les poteaux sont fixés sur un

pied, boulonnés aux platines métalliques latérales traitées anticorrosion

scellées dans des plots en béton à un niveau hors d’eau. Ce dispositif

assure une longévité et un remplacement facilité si nécessaire. Ne pas

ancrer les poteaux en bois directement dans le sol !

La structure – parasismique et anticyclonique

Espaces domestiques

Traiter la continuité spatiale dehors-

dedans en milieu subtropical

Observer la distribution public-privé

Concevoir la cuisine selon les us locaux

Régler la hauteur d’allège des ouvertures

au mode de vie et mobilier de la famille

Anticiper l’espace de l’extension

Implantation

Site protégé si possible - vents, inondations

Facilement accessible

Orienter selon l’ensoleillement et les vents

Prévoir une distance minimale entre

habitations pour ventilation et extension

future

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Fondation de France – Cyclone Haiyan 2013

Reconstruction – Manuel à l’usage des ONG

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Le contreventement des éléments de structure - poteaux, poutres et

solives – sera réalisé par des triangulations systématiques dans les

trois dimensions - plans verticaux, horizontaux et à la jonction des

deux – également au niveau des ouvertures. Ces éléments seront

convenablement dimensionnés, avec liaisonnement par connecteurs

(ou par moisement selon savoir-faire).

Les ouvrages en maçonnerie seront chaînés horizontalement et

verticalement, avec le coulage des poteaux dans des vides harpés, une

fois les murs montés. Les poteaux sont préférables aux murs porteurs.

La charpente sera contreventée dans les trois dimensions, arrimée à la

structure, avec des lisses en diagonale connectant les fermettes (anti-

flambement) et des croix de Saint-André pour les efforts longitudinaux.

Tout porte-à-faux, ou débord de toit supérieur à environ 60cm pour

des raisons de protection optimisée au soleil et à la pluie, sera repris

par des fiches qui ajouteront à la rigidité de la structure.

La toiture sera de préférence à 4 pentes pour limiter la prise au vent,

avec une aération haute en croupe. Les pentes seront conformes au

bon usage local, et les gouttières/chéneaux aideront à stocker l’eau.

Les matériaux

La bonne qualité des matériaux et leur assemblage sont gages de

meilleure longévité. Pour le bois, les parties avec aubier seront rejetées.

La toiture en tôle – avec recouvrement satisfaisant des panneaux et

vissage minutieux - sera doublée d’un contreplaqué hydrofuge pour

réduire le bruit de la pluie et la radiation du soleil, à défaut d’un faux-

plafond sous fermettes avec passage d’air pour l’évacuation en toiture.

Les cloisons permettront la ventilation: les panneaux tressés

remplaçables par les familles sont recommandés. A défaut, des

contreplaqués hydrofuges avec provision de bouches basses et hautes.

Pour les bâtiments utilisant le béton, des précautions de fabrication et

de mise en œuvre sont à observer : qualité, granulométrie et propreté

du sable et des agrégats, dosage sable-ciment-eau, sections des fers

selon calculs et mise en œuvre selon plans, coffrage, coulage et curage

Qualité des matériaux pour la construction en maçonnerie

Granulométrie adéquate des agrégats

Propreté avant la mise en œuvre

Dosages adéquats selon usage: ex. 350

kg de ciment par m3 de béton hte-résist.

Aciers de qualité et sections correctes

Parpaings PS 20 cm à nervure centrale.

Bonnes pratiques

Suivre les principes de construction chaînée

Travailler avec des plans de ferraillage

Superviser pour assurer un bon gâchage,

coulage du béton, curage selon les règles

Réunions de chantier régulières avec CR

Opération de réception des travaux.

Page 11: Guide de bonnes pratiques pour la reconstruction aux Philippines

Fondation de France – Cyclone Haiyan 2013

Reconstruction – Manuel à l’usage des ONG

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Les fluides (eau, assainissement, électricité)

La pollution des sols, et donc des puits en zones rurales, par la mer

pose problème à l’alimentation en eau potable. Dans l’hypothèse -

importante – d’un retour à la normale pas avant une année, la

question doit être abordée dans les projets ainsi que les dispositions

prévues - unités de traitement (intégré au projet ou à distance avec

moyen de transport), kits individuels de filtration. Un système de

récupération des eaux pluviales à prévoir dans les projets constituera

une réponse – et limitera par ailleurs l’érosion des sols.

Pour l’évacuation des eaux usées (cuisine, lavage), de nombreux

systèmes existent – dont l’oxygénation par les plantes – et l’ONG se

réfèrera aux textes réglementaires.

De même pour l’évacuation des eaux vannes (wc) - fosse septique

classique humide (prévoir alors l’alimentation en eau de l’appareil

sanitaire, fosse sèche, ou éco-latrines à deux fosses alternées avec

récupération pour compost. Le système choisi devra recevoir

l’adhésion des familles qui auront la charge de l’entretien.

Les projets expliciteront leur réponse en termes d’alimentation en eau

potable et d’assainissement. Dans tous les cas, l’ONG se rapprochera

des acteurs gouvernementaux ou ONG spécialisées.

La production électrique d’avant le cyclone consistait pour beaucoup de

familles défavorisées en un piquage informel sur le réseau municipal.

Sans toutefois parvenir à rompre avec cette pratique à terme, l’ONG

pourra envisager une technologie alternative par des panneaux

solaires, pour fournir l’éclairage. Une étude devra être faîte au

préalable pour les coûts et la maintenance par les familles.

Liens utiles http://www.rappler.com/move-ph/issues/disasters/recovery/46793-storm-resilient-shelters

http://preparecenter.org/topics/preparedness-issues-philippines-typhoon-haiyan-recovery -

Travailler AVEC les familles, les communautés,

plutôt que travailler pour elles.

Le plus important n’est pas de lui donner le poisson à

manger, mais de lui apprendre à le pêcher – dicton universel.

Technologies alternatives

Récupération des eaux de pluie par gouttière

et citerne

Production d’électricité par capteurs solaires

(après étude de faisabilité)

Etudier la possibilité d’éco-latrines par fosses

alternées – acceptabilité et pratiques

Etudier le traitement des eaux usées à

épandage par l’oxygénation par les plantes.