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DIALOGUE POLITIQUE DANS LA PERSPECTIVE D’UN LARGE FRONT PATRIOTIQUE POUR LA DÉSOCCUPATION DU PAYS ET LA RÉFONDATION DE L’ETAT/NATION I.- Dialogue et Mobilisation Démocratique L’année 2014 a débuté dans la confusion, Ceux qui craignaient le chaos que ne manqueraient pas de créer la mise à exécution des menaces du Président Martelly de constater la caducité du Parlement et d’organiser avec l’actuel CTCEP illégal et inconstitutionnel, des élections pour deux tiers du Senat en référence à la loi électorale de 2008, ont poussé un ouf de soulagement et ont eu une lueur d’espoir après le vote de la nouvelle loi électorale et surtout les discours d’apaisement des autorités (Président de l’Assemblée Nationale, Président de la République et Premier Ministre) à la réouverture Parlement le 13 Janvier 2014. Par contre pour tous ceux qui étaient pris dans la mobilisation contre le pouvoir Martelly/Lamothe ou qui espéraient que cette mobilisation allaient dynamiser une reconfiguration plus positive de la scène politique, l’année 2014 a débuté dans un certain climat de morosité politique suite à la mésaventure du 29 novembre 2013. Pour l’histoire et pour la vérité, rappelons que la mobilisation contre le Président Martelly a commencé dès 2012, initiée par des partisans du pouvoir déçus des promesses non respectées du président. Certaines organisations populaires d’inspiration lavalassienne ont cherché à profiter de cette mobilisation informelle pour reparaitre sur la scène. Mais l’opposition formelle n’existait pratiquement pas. Les partis politiques et les organisations de la société civile qui animaient le mouvement démocratique entre 1986 et 2006, apparaissaient plutôt abasourdis après la catastrophe du 12 Janvier 2010 qui a littéralement cassé les reins du pays et fauché plusieurs de leurs militants et militantes, mais surtout après le cyclone politique provoqué par les manœuvres politiciennes du Président René Préval qui a affaibli et morcelé les partis comme la Fusion, l’OPL et Fanmi Lavalas en dévoyant dirigeants et parlementaires au sein de ces partis. Le pouvoir Martelly/Lamothe imposé de haut et protégé par les forces d’occupation, paraissait ainsi sans limite parce que sans opposition formelle. Et, c’est pour remédier à cette situation que l’Initiative Citoyenne (IC) a sonné au Cap Haïtien le 17 octobre 2012, le lambi du rassemblement des forces démocratiques et progressistes. Le MOPOD (Mouvement Patriotique de l’Opposition Démocratique) est ainsi né autour de deux objectifs majeurs :

Haiti: Dialogue Politique par anthony barbier

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Anthony Barbier vient de publier le document suivant sur le dialogue politique. En parcourant le document on découvre qu'il y a confusion et on se pose des questions. Est-ce un document personnel? Ou une justification pour défendre le MOPOD-Inite que beaucoup accusent d'extrémistes a cause de leur position de refus du dialogue démocratique inter-haitien? Est-ce un plaidoyer pour ouvrir la porte du dialogue au MOPOD une semaine plus tard? Apres la démission de plusieurs partis politiques du MOPOD est-ce que ce document essaie d'utiliser la reconquête de la souveraineté nationale plus comme un outil politique de ralliement autour du MOPOD plutot qu'un mouvement patriotique réel ki ta ka pèmèt peyi dayiti repran dwa granmoun li? Malgré ces interrogations j'ai lu avec plaisir ce document

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DIALOGUE  POLITIQUE DANS  LA  PERSPECTIVE  D’UN  LARGE  FRONT  PATRIOTIQUE  POUR LA DÉSOCCUPATION DU  PAYS  ET  LA  RÉFONDATION  DE  L’ETAT/NATION

I.- Dialogue et Mobilisation Démocratique

L’année   2014   a   débuté   dans   la confusion, Ceux qui craignaient le chaos que ne manqueraient pas de créer la mise à exécution des menaces du Président Martelly de constater   la   caducité   du   Parlement   et   d’organiser   avec   l’actuel   CTCEP illégal et inconstitutionnel, des élections pour deux tiers du Senat en référence à la loi électorale de 2008, ont poussé un ouf de soulagement et ont eu une lueur  d’espoir après le vote de   la   nouvelle   loi   électorale   et   surtout   les   discours   d’apaisement   des   autorités  (Président  de  l’Assemblée  Nationale,  Président  de  la  République  et  Premier  Ministre)  à la réouverture Parlement le 13 Janvier 2014. Par contre pour tous ceux qui étaient pris dans la mobilisation contre le pouvoir Martelly/Lamothe ou qui espéraient que cette mobilisation allaient dynamiser une reconfiguration plus positive de la scène politique, l’année   2014   a   débuté   dans   un   certain   climat   de morosité politique suite à la mésaventure du 29 novembre 2013.

Pour   l’histoire   et   pour   la   vérité,   rappelons que la mobilisation contre le Président Martelly a commencé dès 2012, initiée par des partisans du pouvoir déçus des promesses non respectées du président. Certaines organisations populaires d’inspiration   lavalassienne  ont   cherché  à  profiter  de  cette  mobilisation informelle pour reparaitre sur la scène. Mais l’opposition   formelle   n’existait   pratiquement pas. Les partis politiques et les organisations de la société civile qui animaient le mouvement démocratique entre 1986 et 2006, apparaissaient plutôt abasourdis après la catastrophe du 12 Janvier 2010 qui a littéralement cassé les reins du pays et fauché plusieurs de leurs militants et militantes, mais surtout après le cyclone politique provoqué  par   les  manœuvres   politiciennes  du  Président  René  Préval   qui   a   affaibli et morcelé les  partis  comme  la  Fusion,  l’OPL  et  Fanmi  Lavalas en dévoyant dirigeants et parlementaires au sein de ces partis.

Le pouvoir Martelly/Lamothe imposé  de  haut  et  protégé  par  les  forces  d’occupation, paraissait  ainsi  sans  limite  parce  que  sans  opposition  formelle.  Et,  c’est  pour  remédier  à  cette situation que  l’Initiative  Citoyenne  (IC)  a  sonné  au Cap Haïtien le 17 octobre 2012, le lambi du rassemblement des forces démocratiques et progressistes. Le MOPOD (Mouvement  Patriotique  de  l’Opposition  Démocratique) est ainsi né autour de deux objectifs majeurs :

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1) Accompagner le peuple revendicatif dans ses manifestations contre les dérives et fausses promesses du pouvoir

2) Favoriser et dynamiser le dialogue et la concertation entre les forces patriotiques, progressistes et populaires dans  la  perspective  d’un  grand  front  pour la refondation  de  l’Etat/Nation dans le contexte d’une  alternative démocratique et populaire favorisant à la fois l’intégration  économique  et  sociale des masses appauvries et notre insertion en tant que nation souveraine dans le marché globalisé qui aujourd’hui se fait de plus en plus sans nous, sinon contre nous.

Les  deux  objectifs  sont  étroitement  liés  et  c’est  pour  ne  pas  avoir saisi cette étroite et nécessaire liaison que les groupes lavalassiens qui étaient impliqués avec le MOPOD dans la mobilisation populaire, ont cassé cette dernière en cherchant à en prendre la direction exclusive. Aujourd’hui  ils  doivent  commencer  à  se  rendre  compte  que,  contrairement  à  une  prétention  insensée,  ils  n’ont  ni  la  légitimité,  ni  la  capacité  politique  pour se proclamer « maitres exclusifs » de la mobilisation populaire. Au contraire le secteur lavalas déjà sérieusement affaibli par les dérives du pouvoir Aristidien et les manœuvres  politiciennes  du  Président  René  Préval,  est  sorti  davantage  divisé de la mésaventure du 29 novembre 2013.

2.- Elections, Dialogue et Mobilisation Démocratique

Le MOPOD a redynamisé la scène politique et légitimé  l’opposition démocratique à l’occupant  et  ses  alliés  au  pouvoir. Par la mobilisation populaire contre les dérives du pouvoir  et  l’idée  d’un  dialogue  constructif  pour  la  cohésion  des  forces  démocratiques et populaires, le MOPOD a  réveillé  l’esprit  de  résistance  et  l’instinct  combatif  de  notre  peuple. L’espoir  progressivement  renaissait.

Mais l’occupant  a  vite  compris  et  a  déployé en conséquence une stratégie à double volet visant à casser la mobilisation populaire et à récupérer l’idée  du  dialogue  promue par le MOPOD. D’un  côté  il  fait  pression  sur  le  Parti  Fanmi  Lavalas  pour  l’obliger  à  désavouer ses  bases  populaires  impliquées  dans  la  mobilisation  pendant  que,  d’un  autre côté, il aiguillonne le Président Martelly vers un ensemble de concessions qui le rendent méconnaissable. Sans vraiment changer son arrogance et ses propos grivois vis-à-vis du Parlement et de la classe politique, le Président a multiplié vers la fin 2013 les appels au « dialogue pour les élections » tout en feignant d’autres concessions mineures  lui  permettant  de  conserver  l’essentiel  pour  gagner  les  prochaines  élections :

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- le CTCEP tonton Noël, inconstitutionnel et illégal ; - le Gouvernement Lamothe, corrompu et incompétent, mais décidé à mobiliser toutes

les forces conservatrices et les ressources publiques du pays pour entretenir le chaos indispensable au statu quo.

Personne  n’est  dupe  que  ce  changement de stratégie a été dicté et imposé au pouvoir par  l’occupant. Mais cela répond aux préoccupations des forces conservatrices internes qui craignent  le  départ  des  forces  d’occupation  dont la présence leur parait indispensable au maintien du système actuel fondé sur la rente, la prédation et l’exclusion  sociale.  En attendant de restaurer la dictature comme seule garantie de survie pour ce Système.

Le soit disant dialogue avec le pouvoir Martelly/Lamothe  sous  l’égide  de  la  CEH pour des élections prétendument crédibles, répond à une stratégie élitiste et conservatrice visant à des « élections sans le peuple » pour sauvegarder le système en attendant de restaurer la dictature. On  dialogue  entre  amis  pour  légitimer  l’occupation  et l’impunité  du  pouvoir  Martelly/Lamothe  qui  est  un  pouvoir  corrompu  et  illégitime  n’ayant  aucune  autonomie  propre  autre  que  celle  d’exclure  et  réprimer  pour  voler,  piller,  extorquer  

Les formations politiques comme la Fusion,  l’OPL et La KID qui depuis 1986 étaient au  cœur  de  la  mobilisation  démocratique  pour  le  changement  de  ce  système  inique,  se  montraient jusqu’à  présent  réticentes  face à la mobilisation démocratique du MOPOD contre  les  dérives  de  l’équipe  Martelly/Lamothe sous  prétexte  qu’elles  désapprouvaient  la  présence  des  groupes  de  base  lavalas.  Aujourd’hui  elles  s’allient  au  parti  Fanmi Lavalas et à Kontra-Pèp pour dialoguer avec le pouvoir et ses alliés en vue de partager le gouvernement et les prochaines élections. Ce faisant, ils ont choisi le camp des ennemis du peuple car toutes les élections/magouilles et chauvesouris qui ont contribué à ensanglanter le tissu social, à morceler et atomiser le mouvement démocratique depuis la fin des années 1990, ont été préparées, financées et proclamées  par  l’occupant  et  ses  alliés  au  pouvoir. Les dirigeants historiques de ces partis le savent, mais fatigués et épuisés ils optent pour la survie dans le système.

3.- Le MOPOD  n’est  ni  populiste,  ni  extrémiste

La  mobilisation  que  prône  le  MOPOD  n’est  pas  populiste    dans  le  sens  précis  qu’elle  ne  vise pas à promouvoir un « leadeur sauveur », mais à dynamiser la cohésion des forces démocratiques et populaires pour légitimer notre demande de désoccupation et nos actions  visant  la  refondation  de  l’Etat/Nation.  Elle vise à mobiliser le peuple dans toutes ses composantes, économiques, sociales et politiques dans les départements, les communes et les sections communales autour des quatre crise majeures qui tenaillent le pays menaçant son existence même :

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- La crise de souveraineté politique (Le pays est occupé) - La crise sociale (Nous entretenons la plus grande masse de pauvres dans la

caraïbe) - La   crise   de   développement   économique   (L’économie   de   rente   ne   produit   plus  

rien, même si la « raison rentière1 » subsiste) - La crise environnementale

Face à ces quatre crises qui nourrissent les misères de notre population, le MOPOD propose un dialogue inclusif, démocratique et populaire autour de cinq objectifs définissant sa vision du processus de refondation/reconstruction nationale :

- La stabilité sociopolitique par la mise en place et le renforcement des institutions prévues dans la Constitutions de 1987 pour consolider la démocratie représentative et participative ainsi que le développement humain durable.

- Le développement économique durable (création de mécanismes  et  d’infrastructures  de  production durable de richesses économiques);

- La  protection  de  l’environnement  naturel  et  du  patrimoine  culturel  haïtien ; - La justice Sociale (distribution équitable de richesses en créant des mécanismes

permettant  d’éliminer graduellement la pauvreté et de réduire les inégalités criantes) ; - La récupération de la souveraineté politique en commençant par un retrait négocié et

progressif de la MINUSTAH et ses forces armées;

La mobilisation du MOPOD n’est   pas   jusqu’auboutiste non plus. Elle réclame la démission  de  l’équipe  Martelly/Lamothe pour bien signifier au peuple que le MOPOD ne dialogue pas avec ses ennemis. Mais que cette équipe parte maintenant ou dans deux ans à la fin du mandat du Président Martelly, le MOPOD se structure en un mouvement politique pour offrir à notre peuple un instrument stratégique pérenne capable de mobiliser des moyens et méthodes de luttes non violentes, pacifiques et démocratiques pour gagner les prochaines élections.

Dans ce sens, le MOPOD n’est  pas  une alliance électorale, mais un espace pérenne de mobilisation patriotique, démocratique et populaire pour la désoccupation du pays  et  la  Refondation  de  l’Etat/nation.  C’est  dans  cet  esprit  que  dans  sa  résolution  No  15 à la retraite de la Côte des Arcadins, le MOPOD se déclare « resté ouvert aux autres forces démocratiques, populaires et progressistes désireuses de le rejoindre dans le souci de construire un large front républicain » 1 Alain Giles, la raison rentière, Rencontre. Revue haïtienne de société et de culture, No 24-25, janvier 2012.

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4.- Faire la politique autrement

La jeunesse majoritaire en Haïti  et  dans  la  Diaspora  n’a  cessé  d’exiger  une  autre façon de faire la politique pour sortir de la tradition du présidentialisme autocratique qui projette le Président de la République comme seul figure de proue du système garantissant le partage des dépouilles de la rente. Le MOPOD propose une voie de faire la politique autrement d’une   part   en   offrant   un   espace   de   mobilisation   sur   les  problèmes structurels du pays, en particulier :

- L’intégration   nationale, en particulier des masses exclues depuis 1806

- L’insertion internationale sur une base souveraine et digne, moyennant :

- La création  de  richesses  dans  le  contexte  d’une  économie  productive  et solidaire, et :

- La  mise  en  place  d’un  Etat  légitime  fondé  sur  le  droit  pour  garantir  la  cohésion et la paix sociale

D’autre   part, en institutionnalisant la méthode des élections primaires qui offrent aux   multiples   candidats   une   chance   d’être   choisi   pour   le   poste  convoité  et  une  autre  de  faire  partie  d’une  équipe  de  pouvoir avant et non plus après les élections. La  méthode  traditionnelle  d’un  président  illégitime  parce   que   issu   d’élections   frauduleuses   organisées   sous   l’égide   de  puissance  tutrices  qui  l’affaiblissent  pour  mieux  le  dominer,  ne  tient  plus  la  route.   Elle   crée   et   entretient   l’instabilité   et   le   chaos. Le nouvel autocrate président   n’inspire   confiance   à   personne, parce que illégitime et affaibli. Les accords politiques doivent être conclus avant les élections dans une dynamique   de   construction   d’un   pouvoir   cohérent   valorisant   les  qualifications et compétences individuelles et collectives en rapport avec les solutions envisagées aux différents problèmes du pays.