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numéro 1 - octobre 2013 - gratuit SOMMAIRE Krach test... La crise est partout, dans nos têtes, au cœur de nos polémiques, à l’amorce de nos choix de société. Quel- ques coins de ciel bleu ap- paraissent sans effacer la fébrilité de nos politiques publiques. Malgré la crise, plus de 360 000 nouvelles entreprises ont vu le jour depuis janvier 2013 en France. C’est dire que la confiance est un levier im- portant pour le développe- ment économique. Nous vous proposons ici quel- ques pistes de réflexion au- tour d’un Xavier Niel qui tente de faire passer un mes- sage à la jeunesse française, les fausses promesses de l’auto-entrepreneuriat, la ré- ticence des banquiers à ac- corder des prêts, les tentatives des politiques de favoriser la création d’entre- prises innovantes. Quel- ques portraits de citoyens audacieux, engagés dans la création d’entreprises, prou- vent que la réussite est par- fois à portée de mains. ÉDITO PAR SALA SALL NIEL : L’ENTREPRENEUR QUI A TOUT COMPRIS Rédacteur en chef : Nordine Nabili Équipe : Anaëlle Domitien Assia Labbas Vincent Manilève Florian Michel Baptiste Piroja Sala Sall Vincent Souchon Éline Ulysse (Master journalisme de Gennevilliers) Paris veut séduire les Start-up p. 3 Le journal MasterJournalisme #UCP Le mirage de l’auto- entrepreunariat p. 4 Léo Malek, le self-made man p. 5 On ne prête qu’aux riches p. 6 Le business en talons-aiguille p. 7 Patates, I’m lovin’ it p. 8

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Le journal des étudiants en journalisme de Cergy-Pontoise.

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numéro 1 - octobre 2013 - gratuit

SOMMAIRE

Krach test...La crise est partout, dansnos têtes, au cœur de nospolémiques, à l’amorce denos choix de société. Quel-ques coins de ciel bleu ap-paraissent sans effacer lafébrilité de nos politiquespubliques. Malgré la crise,

plus de 360 000 nouvellesentreprises ont vu le jourdepuis janvier 2013 enFrance. C’est dire que laconfiance est un levier im-portant pour le développe-ment économique. Nousvous proposons ici quel-ques pistes de réflexion au-tour d’un Xavier Niel quitente de faire passer un mes-sage à la jeunesse française,

les fausses promesses del’auto-entrepreneuriat, la ré-ticence des banquiers à ac-corder des prêts, lestentatives des politiques defavoriser la création d’entre-prises innovantes. Quel-ques portraits de citoyensaudacieux, engagés dans lacréation d’entreprises, prou-vent que la réussite est par-fois à portée de mains.

ÉDITOPAR SALA SALL

NIEL : L’ENTREPRENEUR QUI A TOUT COMPRIS

Rédacteur en chef : Nordine NabiliÉquipe : Anaëlle DomitienAssia LabbasVincent ManilèveFlorian MichelBaptiste PirojaSala SallVincent SouchonÉline Ulysse(Master journalisme de Gennevilliers)

Paris veut séduire les Start-up p. 3

Le journal

MasterJournalisme

#UCP

Le mirage de l’auto-entrepreunariat p. 4

Léo Malek,le self-made man p. 5

On ne prête qu’auxriches p. 6

Le business en talons-aiguille p. 7

Patates,I’m lovin’ it p. 8

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Niel pèse six milliards d’euros. Sixième fortune française. Steve Jobs tricolore, Xavier Niel estle chef d’entreprise le plus influent de France. Du minitel rose à Free Mobile, ce self-made-man a développé des sociétés grâce à son audace créatrice. Dernier défi en date, le lancementd’une silicon valley parisienne. Rencontre.

La France est-elle un pays d’as-sistés en matière de créationd’entreprise ? L’esprit d’entreprise est clairementmoins développé en France qu’auxEtats-Unis et il n’est peut être pas assezmis en avant. Nous devons encouragerl’esprit d’entreprenariat, c’est quelquechose d’indispensable au développe-ment économique d’un pays. Unechose est sûre, nous avons progressédepuis les années 2000 et c’est tantmieux. Il existe des initiatives poursoutenir les jeunes entreprises, les ins-crire dans des réseaux. C’est avec cegenre de stratégies innovantes quenous créerons les conditions d’uneéconomie performante. Si j’investis àParis aujourd’hui, c’est parce que jeveux rendre à mon pays ce qu’il m’aoffert et donner des coups de poucecomme on a pu me donner quandj’étais plus jeune.

Quels sont les objectifs de ce projet ?Les entrepreneurs doivent pouvoir seconcentrer pleinement à la créationet au développement de leur entre-prise. C’est l’idée directrice. Il fautqu’ils se lancent ! Avec cet incuba-teur numérique, on veut avant toutdonner aux jeunes un accès à des lo-caux réellement moins chers que lesprix des locaux parisiens. L’autre ob-jectif est de simplifier la partiecontractuelle et d’aider les entrepre-neurs sur tous les services autour dela gestion d’une société qui sontcomplexes. Ils devraient alors pou-voir se focaliser pleinement sur lelancement de leur projet plutôt quede se demander à qui envoyer tel do-cument, que ce soit de la comptabi-lité ou du juridique. On cherche àamener localement à cet endroit tousces services pour répondre à toutesces questions.

Le cadre fiscal est-il adapté à la créa-tion d’entreprise en France ? C’est essentiel d’avoir une idée claire.Les jeunes ne doivent pas se retrouverpiégés par des problèmes de locaux oude fiscalité. Voilà pourquoi on essaye depermettre aux entrepreneurs de réaliserleur projet dans les meilleures condi-tions. En mutualisant les locaux, on re-trouve une sorte d’émulation quiencourage aux développements desStart-up. Un jeune qui crée son entre-prise ne doit pas se préoccuper de la fis-calité,. Il y a des experts pour cela. Il doitpouvoir concentrer son énergie sur lesidées, les partenariats et les marchésemergents pour que son entreprisemarche. Lorsqu’il sera très riche, il auraplein de problèmes et il s’interrogeraalors sur le cadre fiscal. Au départ, lesentrepreneurs doivent passer au dessusde cela et se concentrer totalement pourla pérennité de leur entreprise.

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Xavier Niel : « L’esprit d’entreprise n’est pasassez développé en France »

@FlorianMchl

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Paris joue son va-tout pourséduire les Start-up

Paris n’a pas dit son dernier motdans la partie qui l’oppose à Lon-dres et ses autres rivaux. L’enjeu ?Créer de nouveaux terrains fertilesà l’émergence de jeunes entreprisesinnovantes. Et le jeu en vaut lachandelle puisqu’il s’agit de dyna-miser l’économie numérique. Sec-teur qui pourrait entrainer lacréation de centaines de milliersd’emplois d’ici quelques années etbien évidemment de tirer la crois-sance économique française. Enpériode de crise, la France en a bienbesoin.« Paris capitale européenne du nu-mérique », Anne Hidalgo aime va-loriser le potentiel numérique de lacapitale. Pour autant, notre agglo-mération reste loin de Londres entermes d’attractivité des jeunesstructures. Le classement effectuépar le Startup Genome Project meten évidence le retard de la France

par rapport à sa voisine outre-manche. Quand Londres s’affichefièrement à la 7e place, Paris ac-cuse un retard et n’occupe que le11e rang. Mais l’actuelle adjointeau maire a de quoi se réjouir : laFrance est leader dans le top 10 des500 entreprises du secteur techno-logique les plus performantes enEurope, Afrique et Moyen Orientselon le cabinet Deloitte.

Pour un Google ou Facebookfrançais

La prétendante à la marie de Parisaux prochaines municipales a faitun joli pied de nez à sa concurrenteNathalie Kosciusko-Morizet en ac-ceptant l’aide financière de XavierNiel. Car après le financement del’école 42 visant à former les futursgénies de l’informatique, celui quia fait son entrée dans le top 10 des

plus riches de France sort une nou-velle fois des sous de sa poche. Lefondateur de Free contribuera àhauteur de 90% à la rénovation dela Halle Freyssinet, un projet quidevrait coûter au minimum 150millions d’euros.Cet immense environnement de100 000 m2, situé dans le 13e ar-rondissement, aura la capacitéd’accueillir de nombreuses Start-tups. Lesquelless profiteront d’unespace de travail collaboratif, d’im-primantes 3D et de commerces an-nexes, et même d’un restaurantouvert 24/24.Pour le patron charismatique,l’idée, c’est de favoriser l’émer-gence d’un nouveau Facebook oud’un Google français. Sourire auxlèvres, Xavier Niel sait que laFrance a encore du chemin à faire.

@BaptistePiroja

La Halle Freyssinet compte bien attirer ceux qui feront l’économie numérique de demain.

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Parrainé par Xavier Niel, les responsables socialistes viennent de faire leur rentrée numérique. Main dans lamain, Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo ont annoncé la création de la plus grande pépinière d’entreprisesdu monde dans la halle Freyssinet qui sera rénovée et ouverte en 2016.

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Le mirage de l’auto-entrepreunariat

Il y a un an, les entrepreneurs s’estimantplumés par les réformes économiquesdu gouvernement Ayrault contre-atta-quaient en se surnommant les «pi-geons», forçant les socialistes à fairemarche arrière. La fédération des auto-entrepreneurs (FEDAE) reprennaitl’idée 6 mois plus tard avec son propremouvement baptisé les «poussins» pourfaire entendre son message : l’auto-en-trepreneuriat va mal et les choses doi-vent changer.Mis en place à partir de janvier 2009, lerégime d’auto-entrepreneur devait relan-cer la création d’entreprise en France ensimplifiant les démarches. Monter sonauto-entreprise est à la portée de tout lemonde et peut même se faire en ligne enquelques minutes. La possibilité est ou-verte aux salariés comme aux deman-deurs d’emploi et les risques et lescharges fiscales sont relativement fai-bles. Le succès ne se fait pas attendre :depuis quatre ans les auto-entreprises re-

présentent la moitié des entreprisescréées en France.Ces chiffres tapageurs cachent pourtantune réalité bien plus sombre, celle de laprécarité. Les études de l’INSEE met-tent ainsi en évidence que moins d’unquart des auto-entrepreneurs sont parve-nus à se verser un salaire en 2011 et queles-dits salaires restent inférieurs auSMIC dans 90% des cas. On est loin del'El Dorado rêvé par les fiévreux de l’en-trepreneuriat indépendant.

URSSAF manipulé mais sans pitié

L’autre face cachée de l’auto-entrepre-neuriat c’est qu’il sert de plus en plus àdéguiser le travail salarié auprès del’URSSAF. Ni vu ni connu, un nombrecroissant d’entreprise demande à leursemployés d’endosser le statut d’auto-en-trepreneur. Cette petite manipulationleur permet de payer des factures deprestation plutôt que des salaires, ce qui

représente d’importantes économies enterme de charges salariales. L’URSSAFprévoit des amendes sans pitié quand cetype de manoeuvre est découverte mais,en temps de crise, l’opportunité est tropbelle pour de plus en plus d’entreprisesen difficulté.La situation n’est donc pas toute rosedans le milieu de l’auto-entrepreneuriatet la précarité semble être la règle plutôtque l’exception. La réforme du budgetde la Sécu du gouvernement Ayraultn’est pas venue arranger les choses, enchoisissant d’augmenter les cotisationssociales des auto-entreprises de 2 à 3 %.L’aventure devient donc un peu plus pé-rilleuse pour les milliers d’entrepreneursen herbes qui se décident chaque annéeà sauter le pas. Cela ne semble pourtantpas les décourager : 291 721 nouvellesauto-entreprises ont été créées en 2011.

@_Souche_

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Chiffres Clés- 1200 nouvelles auto-en-treprises sont créées enmoyenne chaque jour- 9200 euros, c’est le chif-fre d’affaire annuel moyend’une auto-entreprise- Trois quarts des auto-en-trepreneurs avouent qu’ilsn’aurait pas créé d’entre-prise sans ce régime- Les auto-entreprises serépartissent en 3 secteursd’activités : vente de mar-chandise (29 %), presta-tion de service (40%) etprofession libérale (31%)

Le statut d’auto-entrepreneur séduit toujours plus de travailleurs avides d’indépendance mais se révèle bien sou-vent rempli de fausses promesses. Retour sur un régime d’entrepreneuriat accusé d’entretenir la précarité.

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C'est en forgeant qu'on devient forge-ron. Voilà un proverbe qui s'appliquebien à Léo Malek. Ce jeune Valdoi-sien, alors âgé de 20 ans s'est lancé dansle monde de l'entrepreneuriat. GraphicConnection est née en 2011. Posé surson bureau, entouré de ses crayons etde prototypes de produits, Léo analysele chemin parcouru. Dès 16 ans, lejeune homme intègre le milieu de l'artvisuel. À travers un stage dans une mai-son d'édition, il fait ses premiers pasdans le graphisme. Deux ans plus tard,il abandonne sa terminale S pour tra-vailler à temps plein au sein de cettestructure. Léo Malek va néanmoins re-prendre le chemin de l'école. « Vu monsalaire de misère, j’ai décidé de repren-dre les études. » Le jeune homme seréoriente vers une école de l'image, LesGobelins. Fort de nouvelles compétences, LéoMalek ne s'arrête pas en si bons che-mins. Il décide d'entreprendre un certi-ficat d'aptitude en conception-design.En parrallèle de ses études, il se lance àson compte en septembre 2011 : « Ils'agissait de m'épanouir davantage etd'acquérir de l'expérience ». Graphic

Connection voit le jour.Le jeune entrepreneur alterne alors for-mation pratique, cours théoriques etson projet personnel : « Je ne sortaispas. Je travaillais entre 50 et 60 heurespar semaine. Je passais des nuitsblanches à travailler sur mon projetpersonnel. » Des sacrifices aujourd'huirécompensées. Léo Malek estime avoirmûri personnellement et s'être profes-sion- nellement enrichi : « Voir la satis-faction du client, le compte en banquequi gonfle, le bouche à oreille qui fonc-tionne, toutes ces choses me donnent laforce de continuer. » Une renomméeque le jeune homme explique par unediscipline de fer : « Il faut être carré etorganisé. Je m'efforce de tenir mes en-gagements envers mes clients en res-pectant les délais de livraison. »Au fur et à mesure, le carnet d'adressesdu jeune graphiste-designer se garnitpetit à petit. Du petit restaurant grec à laholding d'Aéroports de Paris en passantpar les particuliers, Graphic Connectiona pris son envol. Des groupes réprésen-tant 15% de son porte-feuille de clients.« Mais je dois avoir quatre projets parmois pour être rentable ».

Aujourd'hui, Léo Malek témoigned'une certaine impatience. « Mon seulsouci est de sortir du travail au “black”et de déclarer officiellement mon entre-prise ». En effet, l'enregistrement admi-nistratif de Graphic Connection per-mettrait au jeune entrepreneur de décro-cher des contrats supplémentaires. « Lefait que je sois jeune et mon entreprisenon déclarée sont autant de facteurs quirebutent certains clients à me faireconfiance. » Un problème que Léo es-père vite régler avec l'aide de la Maisondes Artistes. Il s’agit d’un organismequi permet aux jeunes entrepreneurs dese déclarer en tant qu’artiste auteur etde prendre en charge tous les frais ad-jacents (URSSAF, cotisation pour la re-traite, etc.).Malgré cette impatience, Léo a sa têtebien posée sur les épaules. « Je garde àl’esprit que le client est roi et que je doism’adapter. » Léo Malek se donne en-core cinq ans pour stabiliser son entre-prise avant de recruter des salariés .Alors c’est qui le patron?

@ElineUlysse

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Léo Malek : « Voir la satisfaction du client etle compte en banque qui gonfle… »Logo, flyers, packaging, maquettes... Autant de supports que Léo Malek magnifie et rend attractif. À l’heure où lechômage touche près de 25% des 18-25 ans, Léo a choisi de prendre son avenir en main. Portrait.

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On ne prête qu’aux riches

Après avoir passé quinze minutesavec les deux représentants du Créditmutuel, Jean Yobol a les traits fati-gués. « Je galère depuis le mois dejuin », explique-t-il. Ce professeurvient tout juste de lancer son site desoutien scolaire yobsglobalservices.frfinancé uniquement avec ses écono-mies. Mais aujourd’hui, il a besoin defonds pour continuer à développerson site. Sauf que la banque ne suitpas. « Sans cet argent je stagne. Jeperds toute mon énergie à lesconvaincre d'accélérer les procé-dures au lieu de me concentrer surmon projet.»

Consommer ou créer ?

Même constat pour Céline Yao. Audeuxième étage de la Chambre deCommerce, cette jeune femme netient plus en place. Après avoir quittéson travail de vendeuse, elle a décidélancer son propre commerce spécia-lisé dans les extensions et les per-ruques. « Je suis une personneimpatiente, avec beaucoup de vo-lonté, du coup j’ai voulu faire tout ra-pidement ». Seulement face à tant deprécipitation, les banques auprès des-quelles elle a présenté son projetn’ont pas accroché. « Ma banque nem’a pas suivi et je n’ai pas pu avoiraccès au prêt création d’entreprise.»Elle avoue alors à demi mot avoir tri-ché pour pouvoir investir : « je mesuis tournée vers la banque postalepour un crédit à la consommationpour pouvoir me lancer ». Bien évidemment du côté des prê-teurs, le discours est différent. « Un

projet est financé uniquement s’il estsolide » affirme Ludivine Calegari dela Société générale. Avec comme cri-tère indispensable «l’expérience ».Exit les jeunes diplômés et les per-sonnes en reconversion. Selon laprofessionnelle, même les jeunes en-trepreneurs peuvent avoir accès à cesprêts spéciaux « création d’entre-prise” proposés par les banques“s’ils sont qualifiés”. »

« Etre une femme, c’est déjà unegarantie »

Une affirmation qui n’a pasconvaincu Jackie Galleron et JadeDelahye. Ces jeunes femmes de res-pectivement 25 et 24 ans se sentent«baladées par les banques. » « Ellesnous demandent un apport de 20 à30% du financement total du bud-get.» Pour celles qui veulent se lancerdans la restauration, c’est missionimpossible. « Cela représente aumoins dix années d’économies », re-grette Jackie Galleron. Clémence de la Seure et ConstanceJeanperrin sont les bons exemples de

création d’entreprise. Devant unevingtaine de personnes, elles ontanimé l’atelier “J’ai créé mon entre-prise et après.” Elles l’affirment«être une femme, c’est déjà une ga-rantie.» En moins de quatre se-maines, les fonds nécessaires pour lasociété de conseil ont été levés. «C’est un cercle vertueux, dès lorsqu’une banque vous accorde un prêt,les autres structures vous prêtent. Sic’est un refus, c’est l’inverse et toutse bloque. »

Pas de prise de risque donc pour lesbanques. Un tiers du financement de-mandé en apport personnel, une ex-périence plus que solide exigée et unesprit créatif pour pouvoir s’extirperde toute la pagaille administrative de-mandée : la ruée vers le prêt à la créa-tion d’entreprise est semée d’em-bûches. La seule petite entreprise quine connaît pas la crise restent donc labanque. .

@AnaelleDom

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Mardi 24 septembre, la chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Val d’Oise ouvrait ses portes pour unesoirée autour de la création d’entreprise. L’occasion pour les entrepreneurs débutants de découvrir le pôle fi-nancement où les banquiers séduisaient les visiteurs avec des prêts “création d’entreprise”.

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À l’heure où le gouvernement cherche àpromouvoir l’entrepreneuriat fémininpour redresser l’économie du pays, Cé-cilia Gracian fait partie des femmes quiont osé se lancer dans la création d’en-treprise. En 2007, elle a conçu l’escar-pince ; un embout en plastique qui seclippe à l’extrémité des talons aiguillesafin de permettre le tout terrain. Des boucles rousses, un maquillage dis-cret et un look très féminin. Elle se décritavec humour : « Je suis optimiste et en-thousiaste, têtue mais sympathique. Unevraie tête de lard quoi ! », lâche-t-elleavec un sourire espiègle.

Son idée d’entreprise lui est venue demanière aussi insolite que naturelle : «En 2007, lors du mariage de ma cousine,je pensais à mes escarpins que j’avaisencore abîmés. Mon kiffe était de pou-voir mettre mes talons aiguilles partout.C’est là que m’est venue l’idée de l’es-carpince qui se fixerait au bout du talonafin de le protéger en toutes circons-tances », raconte Cécilia.Par la suite, la jeune femme, après avoirimaginé et dessiné l’objet, pioche dansses propres économies afin de le fabri-quer chez un plasturgien. « Je devaistrouver le bon produit qui s’adapteraitbien aux talons aiguilles tout en permet-tant une bonne stabilité. Il m’a fallu 2-3ans pour que les premiers bons proto-types voient le jour », explique-t-elle. En février 2012, elle dépose sa marque àl’INPI (Institut national de la propriétéintellectuelle) et crée son entreprise :«Mon buget de base était de 15 000€.Pour l’instant mes dépenses s’élèvent à10 000€. Je n’ai bénéficié d’aucune aide,juste de conseils de mes proches. Je mesuis occupée de toute la paperasse seule », confie-t-elle.

Malgré un agenda chargé, Cécilia gardequand même du temps pour se consacrerà ses enfants. « En tant que mères, nousrencontrons des freins au niveau de lagestion du temps et du quotidien. On doitêtre de véritables couteaux suisse. » Au square, comme tous les après-midi,elle goûte tranquillement avec sa fille de3 ans et avoue que ses enfants sont saforce et sa joie de vivre, car son emploidu temps est chargé : « le matin de 9h à16h, je vais rencontrer mes clientes.Jusqu’à 20h, je m’occupe de mes filles.Après, je m’occupe des tâches adminis-tratives liées à mon entreprise ; la comp-tabilité, la communication, la gestion dusite et autre paperasseries. Mon entre-prise c’est ma seule personne. »Malgré une communication uniquementpar relation, Cécilia a réussi à attirer en-viron 400 clientes pour 8000! de béné-fices mais ce n’est qu’un début. La chefd’entreprise garde son optimisme : « J'aides économies qui m'aident à assurerjusqu'à ce que le marché se créé.  »

@SashaSall

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Business au féminin...Femme, mère et entrepreneuse, Cécilia Gracian possède de multiples casquettes. À 40 ans, elle a su al-lier créativité et utilité en créant une entreprise spécialisée dans la fabrication d’embouts de protec-tion pour talons aiguilles. Portrait d’une femme qui n’a pas froid aux yeux.

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Une assurance certaine et un flot de parolemillimétré, Fabien Houry, 35 ans, sait où ilva. Il fête les deux ans de son « Saveurspomme de terre », restaurant dédié au fa-meux tubercule. Un vrai pied de nez aux di-zaines de fast-food de la ville nouvelle.Après avoir passé 10 ans à gérer des clientsinternationaux pour une société américainede télécom, cet ancien étudiant en école decommerce a décidé de tout miser sur lapomme de terre. « Je m’ennuyais ferme,j’avais des économies et ce projet de longuedate, alors j’ai tenté l’aventure », raconte-t-il. Fini la com’ et le costard, place auxpommes et au cheddar, au chili con carne etau saumon fumé. À 9 euros le menu, 4 deplus que le grec et 2 de plus que le MacDo,ses pommes de terre séduisent de plus enplus de monde, à la recherche d’un repasplus équilibré qu’à l’accoutumée.

Passion Patates

« La patate est un aliment de base, ça te calepour la journée et c’est parfait pour la santé.J’ai toujours aimé en manger depuis toutpetit, c’était une évidence. » Son concept depommes au four (plus de 1h30 de cuissonpar tête !) a même été franchisé et déposé àla prestigieuse INPI, l’institut national de lapropriété intellectuelle.Car oui, le marché de la patate est porteur.Selon le Comité National Interprofessionnelde la Pomme de Terre (CNIPT), le tubercule« reste le premier légume consommé par lesFrançais », avec plus de 50 kilogrammespar an et par personne. Deux fois plus quela très populaire tomate.Pourtant, pour monter son restaurant, le par-cours fut long. Business plans, subventions

de l’Etat pour projet innovant, paperasseriesadministratives, démarchages auprès desbanques... Le chemin de croix a duré un anet demi : « C’était très dur, dix banquess’étaient dites intéressées, une seule m’asuivi. Si c’était à refaire je ne serais pas sûrde savoir comment m’y prendre », racontele restaurateur avant d’ajouter « monter sonentreprise aujourd’hui relève presque del’exploit. »Une fois installé, toujours pas de répis

financier : loyers, salaires, crédits, pro-duits. Pour satisfaire une centaine declients par jour, près de 1,5 tonnes sontnécessaires chaque mois, en provenancede Rungis. « Certains produits sont bios, pas tous,regrette Fabien, car les prix explose-raient, et les clients ne se sentent pas en-core concernés par l’agriculturebiologique. » En effet, les « patatophiles» ne lui en tiennent pas rigueur, et lebouche à oreille fonctionne à merveille.

La pomme de terre 2.0

Tellement même que l’entrepreneur nourritde grandes ambitions pour son tubercule fa-vori. « Si tout va bien, j’ouvrirai un secondrestaurant à Paris, et pourquoi pas ailleursen France. » En attendant, et pour fidélisersa clientèle, il rivalise d’audace : « D’ici lafin de l’année il se peut qu’on organise unjeu, « les pommes d’or » : des petits ticketsseront cachés dans des pommes de terre, etles chanceux repartiront avec un vrai lingotd’or ! »La e-réputation de son entreprise est mêmeau cœur de son plan de communication :bientôt une application pour smartphonesavec QR codes, alertes mails ou sms, descommandes en lignes, une page Face-book… Steve Jobs avait sa pomme, Fabiena sa patate.

@VincentMnV

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Patates : I’m lovin’ itÀ Cergy, les étudiants, qui jusque là erraient en quête d’un déjeuner entre l’université et le centrecommercial, ont trouvé leur nouvel idole : la patate garnie.

Prochain M le journal,le 25 octobre 2013 :

L’écologie politique...