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Sortir du nucléaire www.sortirdunucleaire.fr n°36 | septembre-octobre 2007 | 3 Actualités du nucléaire et de ses alternatives Réseau “Sortir du nucléaire” | 9 rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04 | Tél : 04 78 28 29 22 © Martin Leers/ Centrale nucléaire du Bugey)

Sortir du nucléaire n°36

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Page 1: Sortir du nucléaire n°36

Sortir du nucléaire Æ

www.sortirdunucleaire.fr n°36 | septembre-octobre 2007 | 3€

Actualités du nucléaire et de ses alternatives

Réseau “Sortir du nucléaire” | 9 rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04 | Tél : 04 78 28 29 22

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Le 21 mai 2007, à peineentré en fonction, le nouveau présidentNicolas Sarkozy rece-vait à l'Elysée "desassociations de protec-tion de l'environne-ment" : le Réseau "Sortir dunucléaire" n'avait pasété invité malgré sonagrément national...pour la protection del’environnement. M. Sarkozy a manifes-tement voulu éviter que le Réseau puissedénoncer, en sortant de l’Elysée, l’inter-diction de remettre en cause le nucléairelors du Grenelle de l’environnement.

En effet, la veille même de cette rencontreà l'Elysée, le ministre de l'Ecologie AlainJuppé, remplacé depuis par Jean-LouisBorloo, n’avait pas hésité à annoncerexplicitement que la France continueraitdans le nucléaire et allait même construirede nouveaux réacteurs. Certes, le minis-tère de l'Ecologie a ensuite tenté de se rattraper en concédant qu'il serait possiblede "parler du nucléaire" lors du Grenelle.Mais il est clair qu'il s'agissait avant toutde se contenter d’en parler. Affligeant !

Bien que maintenu à l'écart du Grenelle, leRéseau "Sortir du nucléaire" a inlassable-ment demandé, pour preuve de la bonne foidu gouvernement, que soit au moinsannulé, avant le Grenelle, le décret quiautorise EDF à construire le réacteurnucléaire EPR à Flamanville en Normandie *.Pour éviter toute remise en question dunucléaire, le décret a été pris par le gou-vernement Villepin, dix jours avant l'élec-tion présidentielle. Ca ne s’invente pas !

"Nous ne pouvons remettre en cause unedécision déjà prise par le précédent gouvernement" : l'argument du gouver-nement est ridicule puisque M.Sarkozy afait sa campagne présidentielle sur lethème de la "rupture"… Qui peut croire que M. Sarkozy se senteengagé par un décret signé par son "ami"De Villepin ? C'est clairement un subter-fuge pour faire croire que la constructionde l'EPR ne peut pas être annulée, ce quiest parfaitement faux…

Pire : la signature le 26 juillet 2007 par M. Sarkozy d'un accord nucléaire avec ledictateur libyen Kadhafi (lors de la libéra-tion des otages bulgares) est injustifiable

et prouve une fois de plusque la question dunucléaire a été tranchéeavant le Grenelle. Avec cet accord incroyable,la France s’engage àconstruire une centralenucléaire en Libye, aumépris des risques de ter-rorisme et de proliféra-tion de l’arme atomiquesur notre planète.

C'est donc légitimementque le Réseau "Sortir du

nucléaire" a appelé les citoyens à protes-ter lors du Grenelle de l'environnementpour dénoncer la politique visiblementpronucléaire de M. Sarkozy.

Pour autant, soucieux d'être aussi unevéritable force de proposition, le Réseau"Sortir du nucléaire" publie des scénariosde "sortie du nucléaire", afin de montrerque les alternatives sont possibles. Ellespermettraient aussi de s'attaquer auréchauffement climatique tout en créantdes dizaines de milliers d'emplois locaux,en assurant véritablement l'indépendanceénergétique du pays et en réduisant lesrisques de prolifération nucléaire.

Ensemble, continuons à agir pour obtenirune politique ambitieuse de sortie dunucléaire.

Stéphane Lhomme et Philippe Brousse

* ainsi que les décrets préfectoraux grâce auxquels EDF acommencé les travaux préparatoires au chantier de l'EPR.

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Editorial

De Tripoli à Grenelle

Vie des groupes

Tribune Libre

Prison avec sursis pour S. Lhomme

Libye :marchandage nucléaire

Tritium : plus de rejets

Bure : les doutes d’un rapport

Allemagne :l’heure du bilan

Autriche :c’est toujours non

En bref

Puits canadien :pourquoi et comment ?

A lire et à voir

Tchernobyl :la Russie contaminée

Un grenelle sinon rien

Niger : AREVA pille l’uranium

Ecolowatt :les fournisseurs

d’électricité au crible

Japon :séisme retentissent

Moyen-Orient :dangereuse prolifération

Santé : la pollution électromagnétique

Sommaire

P. 40

P. 18

P. 17

A l’occasion des 10 ans du Réseau, envoyez-nous un filmde 10 mn maximum sur le nucléaire et/ou les alternati-ves énergétiques. La date limite de participation a étérepoussée au 31 décembre 2007 (au lieu du 12 novem-bre). Un jury sélectionnera les 15 meilleurs films quiseront primés. Règlement et fiche d’inscription sont àtélécharger sur notre site internet :http://www.sortirdunucleaire.frContact : [email protected]. 04 79 36 13 19

Votre film au format DVD (Compression MPEG2 de hautequalité) est à envoyer à :Festival du Film court “Sortir du nucléaire”Maison des associationsBoîte M6 - 67, rue St François de Salle73000 Chambéry

Participez au Festival du filmcourt “Sortir du nucléaire”

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Editorial

Grenelle radioactif

P. 20

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Le Réseau “Sortir du nucléaire”comme force de proposition

www.stop-iter.orgTél : 04 90 07 30 92 - 04 90 08 00 64

[email protected]

Page 3: Sortir du nucléaire n°36

Sortir du nucléaire n°36 page 3

Actualités

Le 16 juillet 2007, un séisme a mis à mal la centralenucléaire de Kashiwasaki, la plus importante dumonde. Elle est arrêtée pour au moins un an et,espérons-le, peut-être pour toujours. Il faudraitd'ailleurs fermer plusieurs centrales nippones dontles calculs de conception ont été débordés par desséismes décidément peu respectueux des prévi-sions des "spécialistes" du nucléaire. Dans la foulée, le Réseau "Sortir du nucléaire" a rendupublics des documents confidentiels qui montrentque les centrales EDF ne sont pas mieux protégéesface au risque sismique français, pourtant modéré.Rien n'y fait : tant que le pire ne s'est pas produit,l'industrie nucléaire continue sa fuite en avant…

Toujours en juillet, un important scandale de sûreténucléaire a aussi eu lieu en Allemagne, contrai-gnant les autorités à tancer les entreprises del'atome. Peu après, le 10 septembre, M. Sarkozys'est autorisé à faire la leçon aux Allemands en lesincitant à renoncer à la sortie du nucléaire.L’Allemagne, qui a nettement développé les éner-gies renouvelables, filière fortement créatriced’emplois, n’a pas besoin des conseils d’un prési-dent français qui, lui, a noué amitié – et traficnucléaire – avec le dictateur libyen Kadhafi.

Flash-back : le 24 juillet 2007 au matin, CéciliaSarkozy quitte Tripoli avec les otages bulgares dansun avion de la République française, directionSofia. Une conférence de presse est annoncée àl'Elysée… et le Réseau "Sortir du nucléaire" révèlepar communiqué l'existence d'un "troc nucléaire".Reprise par un journaliste lors de la conférence de presse élyséenne, l'info se répand comme unetraînée de poudre. Malgré les dénégations gênéesde l'Elysée, la vérité éclate et, deux jours plus tard,Sarkozy et son nouvel ami Kadhafi signent le plusécoeurant des accords nucléaires.

En essayant de vendre des EPR à des dictatures, leprésident français tente de sauver la filièrenucléaire française en pleine déconfiture. un seulréacteur EPR a pu être vendu et l'acheteur, laFinlande, s'en mord les doigts : le 10 août, Areva areconnu que le chantier comptait désormais deuxans de retards et que les pertes (qui vont être cou-vertes par la France) se montaient à ce jour à 1,5milliards d'euros. En attendant pire.

Par ailleurs, la vente de deux EPR à la Chine, claironnée par de nombreux médias, est pour lemoment annulée bien que, comme l'a révélé le

Réseau "Sortir du nucléaire" le 26 juillet, les réac-teurs soient proposés à "deux pour le prix d'un"(3,66 milliards d'euros alors qu'un seul EPR coûteen réalité 3,5 milliards !)

Enfin, la principale source d'approvisionnementd'Areva en uranium (le combustible des réacteursnucléaires) est fortement remise en cause : lesNigériens refusent désormais de voir leur uraniumlittéralement pillé par la France comme c’est le casdepuis 45 ans. Le prix de l'électricité nucléaire, déjàassez élevé, va inévitablement augmenter.D'ailleurs, début août, Areva a été obligée d'aug-menter le prix payé pour l'uranium, en attendantles négociations pour les nouveaux tarifs qui entre-ront en vigueur le 1er janvier 2008. Et le 8 septem-bre, des manifestations ont eu lieu au Niger "pourexiger le départ d'Areva"…

On le voit, le nucléaire se porte mal, et particulière-ment en France. C'est dans ce contexte que le Grenelle de l'environnement est organisé par Sarkozy, principalement pour "légitimer" lacontinuation du nucléaire. Certes, des décisionspositives seront (peut-être) prises concernant lespoissons ou la biodiversité, mais… cela ne réduiraen rien le risque nucléaire et la dangerosité desdéchets radioactifs. A suivre…

SL.

De Tripoli à Grenelle,

un été 2007 très radioactifL'été 2007 fera date dans l'Histoire du nucléaire. L'automne ne devrait pas être en reste…

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Actions contre le nucléaire militaire

Le 11 août 2007, à l’issue des Rencontres d’été duRéseau “Sortir du nucléaire”, une douzaine de mili-tants ont déployé une banderole géante au-dessusdu pont de Terenez, principal accès à la presqu'îlede Crozon en Bretagne, cœur de la force de frappenucléaire. D’autre part, 20 000 autocollants ettracts ont été distribués à l'intérieur et à l'extérieurdu festival de musique “Le bout du monde”.

Près d’un mois avant, non loin de là, des militantsavaient également manifesté lors de la venue de Nicolas Sarkozy à la base de l'Ile Longue, lesanctuaire des sous-marins nucléaires.

Ces actions visaient d'abord à rappeler la proximitédes 4 sous-marins nucléaires lanceurs d'enginsfrançais et leurs 288 têtes nucléaires. Elles cher-chaient ensuite à informer le public de la relanceactuelle de l'arme nucléaire en France, relanceconcrétisée par les nouveaux missiles nucléairesd'attaque M51, qui doivent équiper les sous-marinsd'ici 2010. Cette nouvelle posture, qui viole l'article6 du Traité de Non Prolifération nucléaire, ne peutqu'inciter des pays tels que l'Iran, la Corée du Nordou la Libye à se doter à leur tour de l'armenucléaire.

Tricastin : bientôt une étude des cancers

La Fédération Rhône-Alpes de Protection de laNature a obtenu que soit réalisée une étude sanitaire des cancers à proximité du site nucléairedu Tricastin (Drôme) dans le cadre la commissionlocale d’information. L’association déplore que les équipements nucléairesqui fonctionnent depuis plusieurs décennies

ne disposent pas déjà d’outils d’évaluation del’état de santé des populations en terme de canceret autres maladies. La FRAPNA souligne que les travailleurs et les riverains ont le droit de connaîtrel’impact sanitaire de ces industries.Contact : [email protected]

SuisseManifestation à Berne contre une nouvelle centrale nucléaire

2500 personnes ont manifesté le 8 septembre 2007sur la Place fédérale à Berne contre la constructiond'une nouvelle centrale nucléaire en Suisse. Lesparticipants répondaient à l'appel de plusieursorganisations anti-nucléaires, dont les Verts, et leparti chrétien-social.A 15h30 précises, les manifestants ont fait sonnerdes centaines de réveils, pour annoncer symboli-quement l'arrivée d'un changement énergétique. "Ils'agit de secouer les esprits", a lancé la conseillèrenationale bernoise Franziska Teuscher.

Action lors des dix ans de la centrale de Chooz (Ardennes)

En réponse à la fête organisée par EDF pour les 10ans de fonctionnement des réacteurs de Chooz B1 etChooz B2, une marche de protestation à l’initiativede “Sortir du nucléaire Ardennes” s’est dérouléeentre Chooz et Givet. Une belle réussite largementreprise dans les médias locaux.Contact : [email protected]

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Vie des groupes

ça bouge dans le Réseau !Quelques moments forts

de ces derniers mois

Action en Bretagne

Manifestation à Berne

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Marche militante

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Vie des groupes

Une génération plus tard…

Nous étions une centaine environ ce 31 juillet 2007dans le petit village de Faverges en Isère, devant lastèle rappelant la mort de notre frère Vital. Un jourpluvieux de 1977, Vital a été tué par une grenadeoffensive lors de la grande manifestation contre laconstruction du surgénérateur Superphénix (quisera arrêté 20 ans plus tard suite à de nombreuxdysfonctionnements et à un coût financier colossal). Soleil éclatant, paix d’un hameau verdoyant etfleuri, rien qui rappelle les événements dramati-ques d’il y a trente ans.Réunion d’anciens combattants ? Non, à plusieurs titres.

Certains étaient là pour se souvenir de ce qu’ilsavaient vécu, comme pour secouer leur incrédulitéque de telles choses aient été possibles en temps de paix dans une démocratie. Certains viennentchaque 31 juillet déposer une fleur au pied de l’ins-cription en une forme de pèlerinage ponctuant leurvie –ils en ressentent le besoin. D’autres, quin’étaient pas nés en 77, découvraient en compa-gnie de proches cette “histoire” et peut-être par là“l’Histoire” comme elle se construit. D’autresencore tenaient à représenter une association enlien avec les questions si graves des énergies, del’environnement, du sens à donner à notre société. Quant à nous, la famille de Vital, comment ne pasnous rendre, de temps en temps, sur les lieux où ilnous a quittés ? Non pour nous lamenter (il n’y apas besoin de lieu pour cela) mais pour ré-entrerdans cette tranche de notre vie en la partageantavec la génération suivante. Car, qu’on le veuille ounon, la mort violente de notre frère tant aiméconstitue aussi, à côté des aspects politiques del’affaire, une sorte de patrimoine familial, doulou-reux mais vivace et plein de sens.

Les mots échangés à l’ombre du chêne nous onttous convaincus que les inquiétudes et les colèresdes années 70, après trente ans de perdus, restaientpleinement d’actualité. N’assistons-nous pas à larelance des politiques nucléaires, y compris sousdes justifications environnementales ? La réflexion a-t-elle progressé depuis trente ans ?Au niveau politique, on peut sérieusement en dou-ter, mais le travail remarquable fait patiemment etde façon pédagogique par le milieu associatif–dont le Réseau “Sortir du Nucléaire”- a certaine-ment contribué à un éveil de l’opinion publique ;celle-ci commence en outre à repenser ses exigen-ces de mode et de niveau de vie. Merci de tout cœur à ceux et celles, étonnammentnombreux, qui ont fait le déplacement à Faverges-Malville ce 31 juillet 2007, à leur amitié, leur gravité,leur conviction. Le souvenir de Vital nous appar-tient, mais pas sa mémoire, et au vu de cette bellejournée il semble qu’elle soutienne quelque chosecomme un élan… vital, forcément vital.

Paul Michalon

Occupation du siège régional EDF à Rennes les 17 et 18 septembre 2007 par des militants du GANVA.

Le but : protester contre la parodie de concertationmenée par RTE (Réseau de transport de l'électricité,filiale d'EDF) au sujet du projet de ligne Très HauteTension (THT) Cotentin/Maine qui découle de ladécision de construire un nouveau réacteurnucléaire - EPR – à Flamanville dans la Manche.Contact Ganva en Bretagne : François, [email protected] 06.68.02.24.23

Site : http://www.stop-tht.orgVous participez à un groupe local ? Vous organisez des initiatives locales en lien avec le nucléaire ou lesalternatives énergétiques ? A vous de nous transmettrevos photos et un court article pour alimenter la rubrique“Vie des groupes”.

Envoyez votre contribution à :Jocelyn PEYRET [email protected] Tel. 04 79 36 13 19

N’hésitez pas à le contacter également si vous souhaitezque nous annoncions vos infos locales sur notre siteinternet et sur nos listes de diffusion départementalesqui contiennent des centaines de mails de militantsactifs près de chez vous.Si vous souhaitez créer un groupe local “Sortir dunucléaire”, Jocelyn pourra également vous aider dans vosdémarches statutaires, sur l'organisation du groupe, etc.

Un coordinateur national des groupes et actions

à votre service !

© F. Michalon

Stèle de Vital

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Nous ne pouvons plus faire l’autruche

Nous venons de recevoir le n° de juillet,merci pour tous les articles que nous lisonspeu à peu, merci tout particulièrementpour le dossier concernant ITER.Nous vous commandons 200 dossiers afinpermettre à nos familles, amis, collègues,relations, plus les milieux médical et ensei-gnant de recevoir une information claire etprécise concernant ITER qu’on ne trouvenulle part ailleurs. Il est urgent que chacund’entre nous soit capable de prendre posi-tion concernant le nucléaire : nous ne pou-vons plus faire l’autruche.Merci pour vos infos.

Jacqueline et Jean-Claude (05)

Des gens comme vous au gouvernement

Il me faut vous dire que des gens commevous il y en a peu. Je vous fais parvenircette petite somme mais faire plus estimpossible. J’ai 82 ans et toute ma vie, j’aipensé aux autres. A 16 ans, je suis passédans la résistance. Blessé en 44. Je payecher ces années noires. Il m’a fallu conti-nuer à apprendre. Tout ceci pour vous direque je regrette de ne pouvoir faire plus. Cesont des gens comme vous qu’il faudraitau gouvernement.Bien à vous.

B. (La Chesnaye)

Merci de votre action inlassable.Jacques Gaillot – Evêque de Partenia

A vous de recycler la revue

Ne jetez pas votre magazine. Après votrelecture et celle de vos proches, donnez-la àune connaissance, déposez-la dans unesalle d'attente, une bibliothèque d'un cen-tre de vacances, etc., partout où elle peutrester et être lue. En désespoir de cause,déposez-la dans une boîte à lettre quel-conque (celle d'un particulier ou d'EDF, parexemple) mais ne la jetez en aucun cas.

Gilles (70)

Un peu de sémiologie

La sémiologie est l’étude des signes, lecode intrinsèque des images, des sons, desodeurs, des événements… que notre cerveau décode pour leur donner sens. Lephilosophe feu Roland Barthes en avait jetéles bases théoriques avec la nouvellevague au cinéma. Le sémiologue le pluspopulaire aujourd’hui est Umberto Ecco.

La dernière campagne de publicité d’EDFnous permet d’en étudier le message.

Une belle image d’abord, très tendre,douce, câline : un nourrisson en pyjama,d’environ deux ans, tend d’un bras, sonbiberon juste dans le creux de “la casse-role” tracée dans le ciel nocturne par laconstellation dite de la Grande Ourse.

Le slogan : “Faisons le choix d’une puis-sance énergétique qui assure le progrèsdes générations futures”. Sous-entendu :“nucléaire”, quelle puissance ! Merci pour

le cadeau des déchets radioactifs, lesgénérations futures reconnaissantes.S’ensuit un texte incitant les consomma-teurs à se procurer un guide (E = moins deCO2) chez leur marchand de journauxmoyennant la somme de deux euros.

Hallucinant. Comment peut-on autoriserune entreprise à vendre de l’énergie etéditer à des fins commerciales un dépliantfinalement publicitaire et payant ? La luttecontre les gaz à effet de serre, si l’on sou-haite qu’elle soit utile, ne mérite pas d’êtredévoyée. Que ce “E” représente énergie ouélectricité, jamais l’énergie, quelle qu’ellesoit, produira moins de CO2 qu’elle en pro-duit jusqu’alors si on ne renonce pas à uneaugmentation de sa production.

Il est clair que les publicitaires utilisent leressort de la maternité, de l’innocenceenfantine pour construire une imagedouce et rassurante de l’électriciténucléaire auprès des consommateurs. C’estleur job. En l’occurrence, ils l’ont plutôtbien fait. Ce qui est troublant, c’est que,pour promouvoir ainsi à fortes dosesfinancières et depuis si longtemps sonélectricité nucléaire pourtant monopolepublic, EDF doit développer un fort senti-ment de culpabilité. Le tapage médiatiqueautour de la lutte contre les gaz à effet deserre arrive à point nommé.Plus curieux, le gouvernement délègue àune entreprise en voie de libéralisation(dont l’État est l’actionnaire majoritaire) lesoin d’éditer "Un guide pour comprendreet agir au quotidien, et devenir vous aussiun acteur de la lutte contre le réchauffe-ment climatique". Le Bureau deVérification de la Publicité aurait, il mesemble, dû y voir un conflit d’intérêt. EDFvend de l’électricité, pas du nucléaire etencore moins des “guides” ! Qu’attendentles professionnels de la presse pour protes-ter contre cette odieuse corruption dudroit d’information ?

Un autre point encore plus ennuyeux estrassemblé dans la promotion de l’électro-nucléaire pour chauffer (clairement icidans la publicité, pour chauffer le biberon- par extension pour "faire la cuisine"-,plus implicitement, pour chauffer le loge-ment - le pyjama, la tiédeur - pour "sechauffer"). Or, chauffer électriquement est

Sortir du nucléaire n°36page 6

Tribune Libre

Le Réseau, c'est vous !Cette revue, c'est la vôtre !

Vous souhaitez réagir ou envoyer une proposition d'article au Réseau Sortir du nucléaire ? Alors, n'hésitez pas et écrivez-nous à : [email protected]

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Occupation d'une agence EDF le 01 juillet 07 à Rennes

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Sortir du nucléaire n°36 page 7

Tribune Libre

physiquement une aberration. Il y a de tel-les pertes en calories avec l’électricité qu’ilest bien plus rentable d’utiliser une autreénergie (biogaz, bois, solaire). Pire, l’élec-tronucléaire a une efficacité énergétiquetrès médiocre. De la production à l’achemi-nement jusqu’au consommateur final, unecentrale nucléaire perd plus de 70% del’électricité produite !

Le nucléaire est un non-sens dont mêmel’humour anglais ne pourrait masquerl’horreur. Il est urgent de provoquer undébat public, démocratique, avec référen-dum, afin de choisir "une puissance éner-gétique qui assure réellement le progrès desgénérations futures".

Philip Lafeuil [email protected]

À naïf, naïf et demi ou le coup du parapluie

J’avais commandé pour la manif du 17 mars2007 un parapluie STOP EPR (*). Un superbeparapluie jaune, d’une discrétion de passemuraille. Las, La Poste n’étant plus cequ’elle était, mon parapluie s’est perdu enroute et celui qui m’a été renvoyé m’estparvenu le 18 mars. De toute façon, je n’aipu aller à aucune des manifs. Mais j’aigardé le parapluie. Et avec ce temps… latentation était grande de m’en servir, bête-ment, comme parapluie…

C’est ainsi qu’un certain samedi de juin jel’avais avec moi lors d’un rallye cyclotou-riste en Normandie. La directrice du restau-rant où nos 110 cyclistes avaient pris leurrepas de midi me voyant sortir avec monparapluie au bras me fit compliment de sonélégance. Et là, piqué par je ne sais quellemouche facétieuse, je me mis à vanter lesmérites du pébroque jaune. J’expliquais leplus sérieusement du monde à la dame quece parapluie non content d’arrêter la coursedes gouttes de pluie protégeait aussi desradiations nucléaires en cas d’accidentdans une centrale.

L’histoire s’arrêterait là si la dame avaitéclaté de rire ou m’avait giflé. Mais point dutout. Quelle ne fut pas ma stupéfactiond’entendre mon interlocutrice, directriced’un établissement imposant, me dire :“Oh ! Mais c’est rudement bien ça, d’autantque nous on en a une pas très loin de cen-trale nucléaire”. Et elle était vraimentsérieuse, elle ! Et le trésorier du club n’avaitpas encore réglé la facture des repas…Comment déniaiser la dame sans la vexer ?Car je ne pouvais quand même pas lui laissercroire en cette fable. Je m’en suis sorti sans

dégâts, la dame ne s’est pas vengée ensalant la facture.

Interpellé quelque part au niveau de monvécu par cette blague, j’ai décidé de larenouveler pour voir si j’étais tombé cejour-là sur une personne particulièrementnaïve. Je sors donc depuis systématique-ment avec mon parapluie.Immanquablement, il y a toujours une per-sonne pour parler de mon parapluie.J’explique maintenant que grâce à cesparapluies antiatomiques (et je montre lelogo que personne ne prend la peine delire) on peut maintenant se permettre deconstruire des centrales nucléaires n’im-porte où car en cas d’accident, il suffira dedistribuer les parapluies à la populationpour la protéger. Essayez et vous verrez, il ya bien sûr des gens qui voient tout de suitela blague et l’on engage la conversationsérieusement. Mais il y en a aussi, et beau-coup plus que je ne l’aurai cru auprès desquels il faut vraiment charger la barquepour qu’ils comprennent qu’on est en trainde les mener en bateau.

Suite à ces plaisanteries deux personnesm’ont demandé de leur procurer un para-pluie car elle ont envie de militer. Mais il y aeu aussi la réaction de mon kiné (quelquesannées d’études supérieures, je crois) :“…Allons Monsieur Perrin, réfléchissez unpeu, votre parapluie, il vous protège desradiations qui viennent d’en haut. Mais desradiations, en cas d’accident nucléaire il enarrivera aussi de face et là, votre parapluie,il ne sert à rien.”

Y a du grain à moudre les gars… Alors, ànos moulins (heu… pas électriques SVP).

Et si on tirait de ces facéties une arme desensibilisation. Sortons nos parapluies, passeulement les jours de manif mais tous lesjours. Engageons la conversation, testonsla crédulité des gens et révélons-leur com-bien ils sont crédules. Dénonçons leurl’abus qui est fait de leur crédulité. Et enplus, avec notre parapluie à la main on sereconnaîtra dans la rue les uns les autres.Quand tous les gars du monde auront unparapluie…

Alain Perrin

(*) Il reste une dizaine de parapluies à commander :

http://boutique.sortirdunucleaire.org/

Poème

On ne verrait plus les étoiles !

Dans la pureté du matin, Sur le compteur une saccadeAnnonce à coup sûr la cascade,Cadarache ou le Tricastin ?

A l’aube retentit le glas.Le vent apporte le nuage.Bientôt éclatera l’orage !La bruine a rouillé les lilas.

Au petit jour, on voit la fleurFermer peu à peu sa corolle,Et soudain l’abeille s’affole,Tremblante devant le malheur !

Dans un éclair je l’ai perçu,De ce cauchemar qui m’angoisse,L’onde flotte sur la paroisseEt nous pénètre à notre insu !

Peut-elle détruire à l’instant“Frémissons à cette évidence ! “ Les beaux villages de Provence,Triangle et creuset du néant ?

Plus de bébés… Non plus de fleurs…De Marcoule jusqu’à Valence,Le rossignol ferait silence !Plus d’amour…Rien que des douleurs !

La luciole et ses reflets,Sous la lune serait éteinte,Le firmament, sans une plainte,Serait désert…Plus d’oiselets…

Hiver de l’atome glacé…Si la camarde étend ses voiles,On ne verrait plus les étoiles,Sous le ciel lourd et courroucé !

Mathilde Filloz

Page 8: Sortir du nucléaire n°36

Sortir du nucléaire n°36page 8

Tribune Libre

Droit de réponse de l’ACRO Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest

138 rue de l’Eglise 14200 Hérouville-Saint-ClairEmail : [email protected] www.acro.eu.org

Monsieur le Directeur de la publication,

Dans le n°34 de la revue “Sortir dunucléaire”, un article concernant ledémantèlement de la centrale de Brennilisprétend que “le laboratoire ACRO […]admet […] la présence d’actinium 227après avoir eu connaissance des résultatsde la CRII-Rad”. Il convient de rétablir unordre chronologique des évènements plusconforme à la réalité. C’est l’ACRO qui, en2003, a révélé les anomalies parmi les des-cendants de l’uranium 235 dans les envi-rons de la centrale de Brennilis. Notre rap-port d’étude pour la communauté urbainede Brest (devenue Brest Métropole Océan)est disponible en ligne sur notre site :acro.eu.org. Sortir Du NucléaireCornouaille le sait très bien puisque nousavons dialogué sur ce rapport.

L’actinium 227 est un élément radioactifnaturel de la chaîne de l’uranium 235. Saconcentration peut varier d’un endroit àl’autre, d’une matrice à l’autre. Mais lesexcès découverts par l’ACRO et confirmésdepuis par d’autres laboratoires, n’ont, à

notre connaissance, jamais été observésailleurs. Même autour d’autres installa-tions nucléaires. S’il est normal de soup-çonner la centrale de Brennilis, il nousparaît important de comprendre l’originede ce phénomène.

C’est le but de la deuxième étude pilotéepar l’ACRO dont le rapport est aussi publicsur notre site Internet. L’ACRO continue àobserver des excès d’actinium 227 dans lescours d’eau en aval de la centrale, maisaussi dans des endroits a priori noninfluencés par les rejets aquatiques. Noussommes donc toujours dans le soupçon,sans explication irréfutable sur l’origine decette contamination. Cela nous conduit àexplorer de nombreuses hypothèses, maisnous n’avons jamais avancé l’hypothèsed’infiltrations d’eaux souterraines richesen actinium 227 qui se reconcentreraientsous le site de la centrale, comme l’affirmevotre article. De telles allégations sontpurement malhonnêtes.

A noter que nous avons aussi mis en évidence et présenté publiquement àl’Observatoire du démantèlement unecontamination en éléments radioactifsartificiels qui, eux, peuvent être attribuéssans ambiguïté à la centrale de Brennilis.En particulier du plutonium qui ne peutpas être attribué aux retombées des essaisnucléaires. Mais cela ne semble pas inté-resser le groupe Sortir du NucléaireCornouaille.

Conformément au droit sur la presse, nousvous demandons de publier ce droit deréponse dans votre revue.

Pour l’ACRO,Pierre Barbey

Réponse de l’association Sortir du Nucléaire Cornouaille à l’ACRO.

Suite à la demande de droit de réponse del’ACRO, l’association Sortir du NucléaireCornouaille a souhaité que, pour répondreà “de telles allégations sont purementmalhonnêtes”, la précision suivante soitapportée après leur lettre :

L’ACRO a écrit dans son dernier rapport misen ligne sur leur site , page 41, "De tellesobservations "relancent" d'abord l'hypo-thèse d'une origine naturelle, comme desinfiltrations d'eaux souterraines quiauraient la particularité d'être "riches" enactinium 227 et se rencontreraient à plu-sieurs endroits du bassin versant de Saint-Herbot, à commencer sur le site du SMA."

Chantal Cuisnier

Sortir du nucléaire Cornouaille53, impasse de l'Odet

29000 Quimperhttp://sortirdunucleaire29.free.fr

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Justice

Pas de certificat médical, pas de blessé, pas lamoindre ecchymose. Pas de partie civile, pas deplaignant, pas l'ombre d'une "victime". Pas mêmeune infraction… et pourtant, c'est bien à une peinede deux mois de prison - avec sursis tout de même- que Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau"Sortir du nucléaire", a été condamné par la Courd'appel de Bordeaux le 19 septembre 2007.

Pourquoi cette condamnation ?

Voici un rappel préalable de quelques autres faits :la centrale nucléaire du Blayais (Gironde) a fonc-tionné entre le 1er avril et le 26 septembre 2003sans autorisation de rejets chimiques et radioactifs,et de pompage d'eau. Il s'agit d'un délit passiblede deux ans de prison.

Le Préfet et l'Autorité de sûreté, qui auraient dûsanctionner EDF, ont au contraire "couvert" le délit.Aussi, le 27 octobre 2003, c'est l'association antinu-cléaire Tchernoblaye qui a déposé une plaintecontre la centrale nucléaire du Blayais. Une enquêtepréliminaire est soigneusement réalisée par la gendarmerie de Blaye, qui transmet le dossier auParquet de Bordeaux qui se dépêche… de ne rienfaire.

Tous les ans, à la date anniversaire du dépôt de laplainte, les militants de Tchernoblaye manifestentvainement pour demander que justice soit faite. Le27 octobre 2006, pour le 3ème "anniversaire", deuxmilitants tentent d'occuper un échafaudage situédans la cour du Palais de Justice où ont lieu des travaux.

Seul Stéphane Lhomme, Président de l'associationet, par ailleurs, porte-parole du Réseau "Sortir dunucléaire", parvient à prendre position à 12 mètresde hauteur. Il y reste plusieurs heures, avant qu'unProcureur monte à sa rencontre sous prétexte denégocier. En réalité, l'homme de loi ouvre une

trappe pour laisser monter unofficier de police pour une irres-ponsable tentative d'arrestationacrobatique.

Pour éviter toute chute, StéphaneLhomme referme immédiatementla trappe. Le Procureur met alorsvolontairement sa jambe enopposition pour tenter d'empê-cher la fermeture. L'échafaudagetangue, le policier redescend,suivi du procureur. Le militantcessera de lui-même son occupa-tion en fin d'après-midi, seraentendu par la police puis relâchédans la soirée.

Or, quelque temps plus tard, surprise : le Parquet de Bordeaux - qui est donc capable d'agir ! -poursuit Stéphane Lhomme pour "violences" com-mises sur le procureur et sur le policier. Pourtant,ces derniers ne sont pas parties civiles et ils n'ontaucune blessure.

Quatre ans et demi après l'infraction grave qu'ilsont commise, les dirigeants de la centrale nucléairedu Blayais ne sont pas inquiétés par le Parquet deBordeaux. Par contre, celui-ci a fait condamnersans la moindre justification un militant pacifiquequi ne faisait que... demander justice. "Selon quevous serez faible ou puissant…"

Apportez votre soutien à l’action de l’association TchernoblayeC/o Cinema UtopiaPlace Camille Jullian33000 BordeauxFranceTél : 05 57 95 69 33Site : http://tchernoblaye.free.fr

Selon que vous serez faible ou puissantLe Réseau "Sortir du nucléaire" proteste contre la condamnationinjuste de son porte-parole : 2 mois de prison avec sursis pour Stéphane Lhomme.

Une lecture indispensable

Nous vous invitons à lire l'enquête exclusive menée pendant plusieurs années parStéphane Lhomme : L'insécurité nucléaire: bientôt un Tchernobyl en France ?Ce livre passionnant de 250 pages (déjà un succès de librairie) est paru en avril 2006aux Editions Yves Michel.

Commandez ce livre aujourd'hui (l'exemplaire: 18 euros - port compris)à: Réseau “Sortir du nucléaire”9, rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04.Chèque à l’ordre de “Sortir du nucléaire”.Ou sur : http://boutique.sortirdunucleaire.org/

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Interview

Charlie Hebdo : Début sep-tembre 2007, la Corée du Nordacceptait officiellement dedémanteler l'intégralité de sesprogrammes nucléaires. Est-ce une bonne nouvelle ?

Monique Sené : En tout casc'est un pas dans la bonnedirection. La Corée du Nordcommençait à vraiment man-quer de nourriture, et les pres-sions exercées par la Chine ontfait leur effet. Maintenant, resteà savoir: quel programme laCorée du Nord va-t-elledémanteler exactement ?Quand est-ce qu'elle va lefaire? Quelle liberté d'inspec-

tion aura l'AIEA ? Il faut se méfier des effets d'an-nonce, et personne ne peut pour l'instant prédire sice démantèlement sera effectif ou non. Il y a tou-jours eu des allers-retours sur le sujet, et on ne peutjamais se dire “ça y est, c'est enfin terminé”... Maisdisons qu'au moins on va dans le sens du traité denon-prolifération, contrairement à d'autres paysqui ne font aucun effort pour le respecter…

Charlie Hebdo : Au même moment, l'Iran annonceavoir franchi une étape décisive dans son pro-gramme nucléaire: 3000 centrifugeuses d'enrichis-sement en fonctionnement. Est-ce un signe clairque l'Iran ne compte pas se cantonner à la produc-tion de nucléaire civil ?

Monique Sené : Trois mille centrifugeuses, c'estun seuil symbolique: ça correspond au nombre decentrifugeuses nécessaires pour fabriquer de l'ura-nium enrichi rapidement. C'est-à-dire que, si l'Iranle souhaite, il peut désormais acquérir la bombenucléaire dans un délai de un ou deux ans... A par-tir du moment où vous avez les ingrédients, il n’y aplus d'obstacles sérieux à la confection de labombe, il faut aussi dominer la technologie, mais ily a probablement suffisamment de personnes prê-tes à aider l'Iran pour que ce ne soit pas un pro-blème... Ce ne sera pas forcément la bombe necplus ultra miniaturisée, mais une bombe au moinsaussi puissante que celles d'Hiroshima ou deNagasaki, qui ont fait plusieurs centaines de mil-liers de morts.

Charlie Hebdo : Sarkozy déclare que “l'Iran dotéde l'arme nucléaire est inacceptable” et dans lemême temps, il vend du nucléaire civil à la Libye deKadhafi. Quelle lecture faites-vous de cette politique ?

Monique Sené : On menace l'Iran d'une main,alors qu'on vend du nucléaire à Kadhafi de l'autre !L’Iran est le grand Satan et Kadhafi serait un ange?Mais, il n'y a pas plus tard que quatre ou cinq ans,on disait encore de Kadhafi que c'était un monstre !IIl a pratiqué le terrorisme, les tortures, et d'un seulcoup il se serait racheté une conduite ? C'est unepolitique du “deux poids, deux mesures” qui n’aaucun sens. Officiellement, pourtant, Ahmadinejadet Kadhafi demandent la même chose: l'accès aunucléaire civil. Bien sûr que Kadhafi ne va pas direqu'il compte construire la bombe avec sa centralede dessalement !Par ailleurs, Kadhafi n'a pas besoin du nucléaire:cette source-là d'énergie ne sera pas rentable pourson pays. Il peut très bien dessaler avec son pétroleou avec l'énergie solaire. Et avec un EPR de 1650mégawatts je vois mal ce qu'il va faire de son élec-tricité... Une fois que Kadhafi a les combustibles, ilpeut faire ce qu'il veut.

Charlie Hebdo : Comment passe-t-on dunucléaire civil au nucléaire militaire ?

Monique Sené : On prétend qu’on ne peut pasutiliser le plutonium qui sort d'un réacteur civilpour fabriquer la bombe. Sur cette question, je suiscatégorique: c'est faux. Ce plutonium a d'ailleursété expérimenté par les États-Unis dans les années1970: ils ont fait exploser une bombe qui était faiteavec du plutonium venant de combustibles deréacteurs civils. Et ça a parfaitement marché...Autre exemple, l'Inde: elle avait un contrat denucléaire civil avec le Canada, et elle a gardé detoutes petites quantités de combustibles usés, quilui ont suffi pour extraire la quantité de plutonium(quelques kilos) pour réaliser la bombe.On est incapable de dominer la technique nucléaireet d'empêcher qu'elle se transforme en arme. Lesdeux technologies, civile et militaire, se tiennenttrop pour qu'il n’y ait pas de glissement. Quand onvend de la technologie nucléaire, on sait ce qu'onvend. C'est aujourd'hui une vraie bagarre que d'ar-river à faire comprendre que le nucléaire n’est pasune énergie comme les autres...

Avoir le nucléaire civil,c'est avoir la bombeMonique Sené, cofondatrice du GSIEN (Groupement de scientifiques pour l'information sur l'énergienucléaire) est physicienne, spécialiste du nucléaire, chercheuse au CNRS. Elle dénonce les politiques dedéveloppement nucléaire et les mensonges qui couvrent les risques accrus de prolifération de la bombe.

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Charlie Hebdo : Quels sont les États les plus proliférants ?

Monique Sené : Ce sont surtout les États-Unis,l'Allemagne et l'Angleterre qui vendent des élé-ments sensibles, comme des centrifugeuses. Quantà la France, il y a eu plusieurs tentatives de la partde nos gouvernements: dans les années 1970,Valéry Giscard d'Estaing a vendu à l'Irak un réac-teur de recherche, donc plutonigène. Mais, en 1981,Israël bombarde Osirak, le réacteur nucléaire quiavait été construit. L’Irak se retrouve par consé-quent sans nucléaire. A la même époque, en 1974,la France promet au shah d'Iran de lui vendre desréacteurs. Mais, quelques années plus tard, l'aya-tollah Khomeyni déclare que le nucléaire est tropcher et contraire à l'islam: il renonce alors au pro-jet. Plus tard, c'est l'Allemagne puis finalement laRussie qui ont repris les contrats iraniens.En ce qui concerne les pays qui ont la bombe sansen avoir officiellement le droit, le Pakistan la doitaux États-Unis, l'Inde au Canada, la Chine à l'URSS,et Israël à la France.

Charlie Hebdo : Que répondez-vous à ceux quiréfutent le danger en rappelant que, depuissoixante ans que la bombe existe, elle n'a jamaisété réemployée depuis Nagasaki ?

Monique Sené : Ce n'est pas un argument valable.L'effet de Hiroshima et Nagasaki a été tellement fortqu'il a conditionné toute la guerre froide. Pourautant, on n’est jamais à l'abri d'un chef d'État suf-fisamment fou ou irresponsable pour faire usage dela bombe atomique. Et la prolifération ne faitqu'augmenter les risques. Pourtant, l'Histoire a mon-tré que c'est toujours le pire qui arrive... On n'aaucun moyen de prévoir l'avenir. La guerre froide etl'équilibre de la terreur sont finis, mais les guerrescontinuent. Les États-Unis parlent même d'utiliser depetites bombes, dites “bombes de champ debataille”… Dans ce cas-là, pourquoi s'arrêter enchemin? Ce n'est pas nouveau: une fois qu'on aouvert la boite de Pandore, on ne sait plus la refer-mer. Par ailleurs, on n’a même pas besoin dunucléaire militaire pour faire tout péter : si des terro-ristes décidaient de faire s'écraser un avion ou plu-sieurs sur une centrale civile, ils n'auraient qu'à seservir parmi les dix-neuf sites français... Non seule-ment le nucléaire rend les États (ou leurs chefs) dangereux, mais en plus il les rend vulnérables.

Propos recueillis par Marine ChanelCharlie Hebdo - 12 septembre 2007

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Prolifération

Au moment même où les infirmières bulgares expli-quent à l'opinion publique horrifiée les tortures quele régime de Kadhafi leur a fait subir pendant desannées, on apprend qu'en échange de leur libérationla France a proposé au colonel Khadafi, en plus dequelques avions de combat, l'accès au nucléaire enlui fournissant une centrale destinée nous dit-on audessalement de l'eau de mer.

Quoi de plus généreux en effet, que de fournir del'eau douce à la population libyenne ! On comprendque ce soit madame Sarkozy, au titre de sa missionhumanitaire, qui ait été chargée d'apporter la bonnenouvelle à ce cher colonel. Mais de qui se moque-t-on ? Qui peut croire en effet un seul instant que ladessalinisation nucléaire de l'eau de mer est unesolution raisonnable pour les Libyens alors qu'ils dis-posent de pléthore de pétrole et de gaz pour dessalerà bien moindres frais et surtout sans danger leur eaude mer, sans compter l'énergie solaire.

Qui peut croire un instant, pour un pays dont laconsommation d'électricité n'atteint pas 15TWh, àl'intérêt d'un parc nucléaire alors qu'un seul réacteurEPR en fournit une douzaine. En revanche oui, c'estpour Kadhafi une occasion en or d'accéder aunucléaire, avec la caution de la France. A ceux quinous disent qu'il s'agit de nucléaire civil et quel'étanchéité avec le nucléaire militaire est garantie,on rappellera qu'il suffit de disposer de déchets d'unréacteur nucléaire pour réaliser une jolie “bombesale”.

Sans compter, bien entendu, lapossibilité de retraiter l'uraniumirradié et d'en tirer le plutoniumnécessaire à la bombe. A moinsqu'on ne croie sérieusement quenotre dictateur va s'acheter bruta-lement une conduite, ou que,comme certains le disent avec unmépris évident pour les Libyens,qu'ils seraient bien incapables, aucontraire des Iraniens, de parvenirà leurs fins et qu'il n'y a doncaucun risque.

A ceux qui nous disent que le nucléaire ne doit pasêtre réservé au nord de la Méditerranée, on feraremarquer que la plupart de ces pays n'ont pas denucléaire (Portugal, Italie, Grèce, Croatie, Bosnie,Albanie) ou se posent la question d'y renoncer,comme l'Espagne.En acceptant ce troc honteux, nucléaire contre infir-mières otages, la France expose la communautéinternationale à des risques totalement inconsidérés,et crée un précédent dangereux qui justifie d'avancele chantage et les revendications de tous les dicta-teurs fous de la planète.

Benjamin Dessus,président de l'association Global Chance

Bernard Laponche, expert international en énergie, Global Chance

Source : Libération (Rebonds) du 28 juillet 2007

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S'il est un pays ensoleillé,c'est bien la Libye.Alors pourquoi choisirl'énergie nucléaire pour alimenter cette usine ? Est-ce bien raisonnable pourla France de prendre laresponsabilité commer-ciale de cette vente? Lesréacteurs de troisièmegénération tels que celuique la France propose à laLibye utilisent l'uranium-235 dont les réserves sonttrès limitées. Alors si cetteénergie doit être choisie,ne faudrait-il pas que cesoit pour des pays sanssoleil ?

Les centrales nucléaires sont potentiellement plusdangereuses que tout autre mode de productiond'énergie donc la sécurité doit être au top niveau.Pour l'atteindre, il faut une construction résistant àtous les risques identifiés; le personnel doit bénéfi-cier d'une formation sans faille. Et sur ces exigencesse greffe le spectre du terrorisme. Même si l'édificeest d'une solidité à toute épreuve, si le personnelest hautement qualifié, le risque du terrorisme est àcraindre, outre celui d'une guerre. Les Libyenssont-ils consultés et prêts à prendre ce risque ? La réponse a son importance.

Il y a moyen de faire autrement

Parce que les centrales de dessalement existantesfonctionnent à partir d'énergies fossiles (ce qu'ilfaut dorénavant éviter), l'énergie de remplacementn'impose pas le recours au nucléaire.

Surtout en Libye. La place n'y manque pas pourinstaller une centrale solaire photovoltaïque ouheliothermodynamique! Il existe de par le mondedes centrales solaires opérationnelles, en Californiepar exemple. Pourquoi pas en Libye ? Non seule-ment la France pourrait vendre une technologie deproduction d'énergie sans risque, mais elle pourraitaussi vendre un procédé de dessalement moinsvorace en énergie. Deux procédés se partagent actuellement le marchédu dessalement thermique. Le plus répandu est ladistillation multiflash qui donne de l'eau pureaprès plusieurs opérations de chauffe, de vaporisa-tion et de condensation. L'autre procédé, dit del'osmose inverse, nécessite de filtrer et désinfecterl'eau avant de lui appliquer une pression suffisantepour la faire passer à travers une membrane nelaissant passer que les molécules d'eau.

Nouveau procédé primé

Un nouveau procédé mis au point par leLaboratoire des sciences du génie chimique (LSGC)de Nancy évite un gâchis thermique. Et l'inventionne demande pas d'être un expert en assemblage, sibien que des emplois locaux seraient créés.L'initiatrice de ce procédé, Viviane Renaudin, areçu le Grand Prix pour l'innovation de la fondationAltran, remis par Frederico Mayor, directeur géné-ral de l'Organisation des Nations unies et de Pierre-Frédéric Ténière-Buchot, Haut conseiller pour l'eauau programme de l'ONU pour l'environnement.Construire l'usine de dessalement - utilisant ce procédé moderne - à proximité d'une centrale deproduction d'énergie solaire serait l'idéal.

Hubert Reeves – AstrophysicienSource : Le Journal de Montreal - Environnement

07/08/2007

Sortir du nucléaire n°36page 12

Prolifération

L'eau, le nucléaire, le solaire et la Libye...La planète bleue ne manque pas d'eau puisque 71 % de sa surface est immergée. Mais c'estd'eau douce dont l'humanité a besoin. Toute pénurie est un problème que connaissentbeaucoup de pays. Et parmi eux: la Libye. La mer est salée. Il suffit de lui retirer le sel. La Libye dispose déjà d'une trentaine d'usines de dessalement. Une de plus, pourquoi pas ?

Le Réseau ouvert sur l’international

Pour toute information ou actions importantes concernant l’internatio-nal, merci de prendre contact avecnotre Chargé des relations internatio-nales : André LARIVIERE [email protected]. 04 71 76 36 40

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Sortir du nucléaire n°36 page 13

Pollution

Le tritium, rejet polluant de l'industrie nucléaire en 2007 ?La question du tritium revient dans l'actualité nucléaire en France par plusieurs voies :- une demande d'EDF pour augmenter les autorisations de rejet des réacteurs à eau pressurisée (REP)de 45 % dans chaque centrale, - engagement du Parlement, dans la loi de juin 2006 sur les déchets nucléaires, pour une solution sur le stockage descolis de déchets tritiés avant la fin de 2008. - installation du projet ITER à Cadarache, producteur et utilisateur de tritium gazeux.

Alors que toutes les autres révisions sont enbaisse, la quantité de tritium à rejeter dansl'eau de refroidissement par les centralesserait augmentée d'au moins 40 % afin de permettre en 2009 l'utilisation d'un combustible à haut taux de combustion(HTC). Cette augmentation des rejets résultede la nécessité de mettre plus de bore et delithium dans l'eau du circuit primaire derefroidissement des réacteurs et celle despiscines de stockage du combustible. Le tritium, résultant de la transmutation dubore et du lithium sous le flux des neutrons,est un isotope de l'hydrogène difficile àconfiner, qui se retrouve ainsi aisémentdans l'eau du fleuve.

Risque de pollution sur l’environnement

Lors de la séance du CSSIN (Conseil Supérieurde Sûreté et d'Information Nucléaire) du 31mai 2007, pour le représentant d’EDF, ils’agit d’utiliser un combustible à l’uraniumplus enrichi en le laissant plus longtempsdans le réacteur. Le but est de diminuer laconsommation d'uranium et la quantité decombustible usé. À la remarque qu’uneaugmentation de quantité de tritium rejetéannuellement de 45 % en Tricastin, appli-quée aux 17 réacteurs refroidis par le Rhônecorrespond à un facteur cinq, le représen-tant de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) arépondu qu’il veillera à une répartition équi-librée des rejets des différentes centrales lelong du fleuve.

Dormez en paix, braves gens !

En ce qui concerne la toxicité du tritium, je vous livre les conclusions de la communi-cation du CEA, Direction Des Sciences duVivant, ce même jour :

“On ne dispose pas à l'heure actuelle de don-nées expérimentales sur des expositionschroniques à faible débit et à faible dosecumulée… Il reste à proposer des valeursd’Efficacité Biologique Relative indiscutables,

en particulier pour les formes de tritiumorganiquement lié et pour les expositions de tissus à croissance et renouvellementrapide (cas de l'embryon et du foetus)….Compte tenu du nombre de travailleursexposés dans chaque pays, des réflexionssont en cours sur la mise en place d'étudesépidémiologiques coordonnées au planinternational, afin d'augmenter la puis-sance statistique par rapport aux étudesépidémiologiques réalisées dans un cadrenational (Canada, Royaume-Uni, USA)”.

Cette intervention du corps médicalm'amène à vous préciser la nature et la réalité chimique du radioélément appelétritium. Le tritium est un isotope de l'hydro-gène, il en a donc les propriétés chimiques.Il est aussi difficile à confiner dans unréservoir. Il se présente sous trois formes :

hydrogène tritié (HT), eau tritiée (HTO), tritium organique (T orga ou OBT). Souscette dernière forme, il se combine à toutesles molécules organiques rencontrées dansla nature. Dans les rivières, il s'agit essen-tiellement des micro-organismes, desalgues et des poissons.Sa demi-vie radioactive est de 12,35 ans, sonactivité massique de 359TBq/g (térabec-querels/gramme), soit environ 1000 TBqpour 3g. Ce qui fait 2000 fois celle du pluto-nium, pour une durée de vie 2000 fois pluscourte. À vous de choisir .

La Commission Permanente sur les Déchetset Matières Radioactives de l’ANCLI(Association Nationale des CLI) à laquelle jeparticipe m’a chargé, avec Monique Senédu GSIEN (Groupement de scientifiquespour l’information sur l’énergie nucléaire),d’un rapport sur l'avancement des recher-ches concernant la toxicité du tritium. Il enressort que les données dont on disposeaujourd'hui sur la toxicité du tritium sontantérieures à 2001. Dans son récent Dossiersur le réacteur à fusion nucléaire ITER ( voirci-dessous) , le Réseau Sortir du Nucléairecite Raoul Dautray, ancien HautCommissaire à L’Energie Atomique (CEA),qui “s’inquiète du devenir du tritium produit à Cadarache, 2000 fois plusradioactif que le plutonium, alors qu'on n'atoujours pas mis en service un stockagedéfinitif des déchets tritiés …”.

En résumé, le principe de précaution, inscritdans la Constitution française, voudrait quel'on attende une meilleure connaissance desrisques sanitaires de diffusion du tritiumdans la nature. Au contraire, on peut se demander si on ne se dépêche pas deprendre des décisions irréversibles avantque les risques soient mieux évalués.

Jean-Pierre MorichaudAdministrateur du Réseau

“Sortir du nucléaire “[email protected]

ITER, mythes et réalités

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La CNE (Commission nationale d'évaluation) estl'organisme chargé "d'évaluer" les travaux menéspar l'Andra sur le site de Bure dans la Meuse.Composée de douze membres, elle est présidée parBernard Tissot, faisant partie, entre autres, del'Académie des sciences. Elle a publié son premierrapport annuel, remis au gouvernement le 2 juillet2007, dans le cadre institué par la nouvelle loi du 28 juin 2006. Dans ce rapport, on trouve notam-ment des commentaires de la CNE qui peuvent unenouvelle fois semer le doute sur la pertinence duchoix de l'enfouissement en profondeur desdéchets nucléaires.

Ainsi, la CNE rappelle "qu'on ne dispose pas d'unelongue expérience provenant de travaux souter-rains dans des argiles indurées profondes." Lesconséquences d'événements pouvant se produire àBure seraient donc difficilement prévisibles. "Cetteincertitude, au moins pour ce qui concerne l'échellelocale, doit être gardée à I'esprit", poursuit le rap-port. Un peu plus inquiétantes sont les remarquessur les solutions techniques envisagées pour lasûreté, la réversibilité et l'ingénierie minière. C'esten 2009 que ces options doivent être présentées.

Or, la CNE indique que "l'état des connaissancesscientifiques n'a pas encore atteint le degré dematurité nécessaire à un choix assuré de solutionstechniques." Ces solutions portent sur Ie comporte-ment thérmo-hydro-mécanique de la roche ou

encore sur la quantité de gaz formé par corrosion.Ce problème des gaz n'aurait été pris "à bras Iecorps par I'Andra que depuis quelques années."Ainsi la CNE conclue qu'"il ne sera pas facile, dansun court laps de temps, de conduire simultanémentet en cohérence ces efforts considérables de recher-che et de développement."

Des études pourtant nécessaires pour savoir com-ment Ie futur ouvrage se comportera dans le temps.

Situation sanitaire

Le rapport relève également que certains "phéno-mènes inattendus" ou "plus amples que prévus",ont déjà été observés comme la formation de frac-tures lors de l'avancement des galeries et desdéformations. L'organisme estime ainsi que 2009est une date un peu prématurée pour "que cesquestions soient complètement maîtrisées."

Autre point qui risque d'apporter de l'eau au mou-lin des opposants au projet, le problème du temps.En effet, le document indique clairement que l'im-pact sur l'environnement sur de grandes échellesde temps reste problématique. "L'extrapolation despropriétés des matériaux à des durées bien pluslongues pose un problème de méthode scientifi-que", avance la CNE. Et de citer les ouvrages souter-rains qui sont conçus pour une durée inférieure ausiècle alors que la radioactivité des déchets

Sortir du nucléaire n°36page 14

Bure

Des doutes sur la pertinence du site d’enfouissement

des déchets nucléairesLa Commission nationale d'évaluation a rendu son rapport sur l'année 2006 sur les recherches menées par l'Andra à Bure. Plusieurs points suscitent des interrogations.

Bure : Galerie à 490 m sous terre.

© M

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Sortir du nucléaire n°36 page 15

nucléaires peut durer des centaines d'années. "Onobserve que la prédiction de nombreux phénomènesnaturels reste encore incertaine", rappelle ainsi lacommission.

Les interrogations portent également sur la santédes populations. Jugées "prioritaires", ces préoc-cupations font l'objet de propositions de la CNE. Asavoir la création d'un "état initial de Ia situationsanitaire et sociale dans la region Meuse-Haute-Marne", car visiblement, et contrairement à ce quel'on pourrait penser, on ne dipose pas encore de cetype de document.

Le rapport de la commision est disponible sur le siteinternet de la Documentation française (collectiondes rapports publics) http://www.ladocumentationfrancaise.fr

Bertrand PuysséguLa Croix de la Haute-Marne - 31.08.07

Les opposants passent à l'action

Les opposants au labo de Bure ont réalisé toute unesérie d’actions au cours de l’été 2007. Après unstage sur la "désobéissance civile", ils ont montéun canular à Houdelaincourt (Meuse) en annonçantla venue de délégations étrangères "suspectes".Cette commune a donc reçu la visite d' "Américains" et de "Libyens", dont le "colonelKhadafi", venus déposer leurs (faux) déchets surl'un des sites de forage de l'Andra... Le lendemain,les opposants ont investi l'hypermarché Leclerc deSaint-Dizier pour une dégustation de champagne"Champ'anium". Enfin, ils se sont rassemblés pourune marche la "Trans'mutance".

A voir :“TOUS N’ONT PAS DIT OUI”

Depuis 1980, l’industrie nucléaire, dépassée par lagestion de ses propres déchets, cherche à enfouirles plus toxiques. Ceux dont la période de décrois-sance radioactive pourrait se prolonger - au delàdes activités humaines terrestres - pendant desmilliers d’années.Face à de nombreuses tentatives d’enfouir (dans leGard, dans la Vienne), la réponse des populations atoujours été NON.En Meuse et en Haute-Marne, dans le cadre abusifde la loi “Bataille”, les élus locaux ont dit OUI.Contre l’avis des habitants de la région et soutenuspar une manne financière conséquente, ils ontaccepté que dans leur région s'installe d’abord unlaboratoire de recherche, puis un centre d’enfouis-sement des déchets à vie longue.

Autour du site retenu par l'Andra (Agence natio-nale pour la gestion des déchets radioactifs) à BUREdans le sud meusien, les populations locales ontvivement réagi. Les arguments qu’elles opposent

vigoureusement ne manquent pourtant pas de bonsens et de légitimité : NON à l'enfouissement dedéchets dont on sait tous d'ores et déjà qu'il estirréversible - NON à l'enfouissement des responsa-bilités des générations actuelles - NON à un paricomplètement fou qui met inéluctablement en périlles générations à venir.

OUI à une gestion plus raisonnée des déchets exis-tants - OUI à d'autres modes de production énergé-tique - OUI au principe de précaution - OUI à la sor-tie du nucléaire, nécessaire et impérative…

Ce n’est pas nouveau, démocratie et nucléairen’ont jamais fait bon ménage… le film d’Alain Riesretrace la lutte des hommes et des femmes qui,depuis 1994 dans un petit coin perdu de l'est de laFrance, s’opposent au rouleau compresseur dulobby nucléaire.

Film : “Tous n’ont pas dit oui”Durée : 26 mnRéalisation : Alain Ries - [email protected] : Patricia Dalliohttp://www.patriciadallio.com/Auteur du Cd audio “D’où vient l’eau des pluies”.

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Bure

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Les moyens choisis par l'Allemagne pour favoriserla production d'électricité issue de sources d'éner-gie renouvelable se sont avérés extrêmement béné-fiques. Cette conclusion est le résultat de l’évalua-tion de la loi sur la promotion des énergies renou-velables (Erneuerbare-Energien-Gesetz ou EEG),dont le rapport complet a été présenté début juillet2007 par le ministère fédéral allemand del'Environnement (BMU). Selon Sigmar Gabriel,ministre fédéral, la EEG est un grand succès en ter-mes de protection du climat, d'approvisionnementénergétique et d'emploi. Grâce à ce texte, les fabri-cants allemands ont atteint une position domi-nante sur cet important marché, a-t-il ajouté.

Une position dominante

Entrée en vigueur le 1er avril 2000 et modifiée en2004, l’EEG est le résultat de la transposition de ladirective européenne relative à la promotion desénergies renouvelables dans le secteur de l'électri-cité. Elle regroupe toutes les dispositions relativesau développement de l’énergie hydraulique, de labiomasse, du biogaz, de la géothermie, de l’éolienet du solaire. Elle a permis de porter la part desénergies renouvelables dans la production électri-que allemande de 6,3% en 2000 à 12% en 2006.L’objectif fixé par cette loi qui demandait que lapart d’électricité produite à partir de sourcesrenouvelables atteigne 12,5% en 2010 a même déjàété atteint en 2007 et sera peut-être même dépassé.Le ministre allemand est donc très confiant pourl’atteinte du second objectif fixé à 20% en 2020 et à45% en 2030.

Outre la réduction des émissions de gaz à effet deserre et l’augmentation de l’efficacité énergétique,les 27 pays membres de l'Union européenne ont eneffet pris l'engagement collectif de faire passer lapart des énergies renouvelables dans la consom-mation totale d'énergie de 6,5 à 20% d'ici à 2020.

Côté émissions de CO2, le BMU estime que l’EEG apermis d’éviter les émissions de 45 millions de ton-nes en 2006 soit 8 millions de tonnes supplémen-taires par rapport à 2005. Selon le ministère, l'EEGcontribue de manière significative à la protectiondu climat.

Pour le BMU, la loi allemande pour la promotion desénergies renouvelables a également eu des retom-bées économiques positives. Les énergies renouvela-bles sont en effet un facteur considérable d'investis-sement et sont devenues un secteur majeur pourl'exportation. Neuf milliards d'euro ont ainsi étéinvestis dans des installations en Allemagne en 2006.Le BMU estime que plus de 214 000 personnes ont étéemployées dans le secteur grâce à l'EEG. Par ailleurs,plus de 70% des éoliennes produites en Allemagnesont exportées et le BMU estime que les perspectivesdu secteur photovoltaïque, se développant d'unemanière semblable, sont prometteuses.

L 'Allemagne est ainsi devenue au cours des 10 der-nières années un leader sur le marché mondial del'énergie éolienne et semble prendre la même voiedans le photovoltaïque et les centrales électriques àbiomasse.

Néanmoins, l’évaluation de l’EEG a démontré que lemode de soutien de certains secteurs doit êtreadapté pour mieux les développer et fournir d'au-tres incitations à l'innovation. C’est le cas parexemple de l'énergie éolienne en mer.

F.ROUSSEL-LABYActu Environnement

Allemagne :400 000 emplois seront créés d’ici 2020

Une dernière réévaluation récente de l’étude démon-tre que 235 000 personnes sont actuellementemployées dans le secteur des énergies renouvelablesen 2006 (20 000 de plus que ce qui était annoncédans la première évaluation de juillet 2007 !). Endeux ans, le nombre d’emplois créés a atteint uneprogression de 50% ! D’après cette étude, le chiffrepourrait atteindre 400 000 emplois permanents en2020 ! Alors quand est-ce qu’on s’y met en France ?

Il est possible de télécharger l’étude complète (en allemand) sur le site du BMU :

http://tinyurl.com/22xozg

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Allemagne

L’heure est au bilanpour la loi allemande sur les

énergies renouvelablesLe ministère fédéral allemand de l'Environnement (BMU) a présenté un rapport d'évaluationflatteur des résultats de l'application de la loi allemande sur les énergies renouvelables (EEG)entrée en vigueur le 1er avril 2000.

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Autriche

Etant donné ce nouveau contexte, le ComitéConsultatif autrichien sur le nucléaire (AustrianNuclear Advisory Board), comité consultatif auprèsdu gouvernement autrichien, s'est vu confier lamission d'évaluer la contribution potentielle del'énergie nucléaire à la lutte contre le changementclimatique et son éventuelle capacité à assurer unavenir durable pour le secteur de l'énergie. Lesavances faites dans les secteurs des sciences et destechnologies sont-elles telles qu’il est nécessaire de revoir la politique autrichienne de l’énergie, sur-tout dans sa dimension nucléaire, au vu du change-ment climatique et du “pic pétrolier”? L'optionnucléaire est-elle devenue une option durable ?

L'évaluation, intitulée “Énergie nucléaire, politiqueclimatique et durabilité”, a été publiée récemment (1)et elle a mis en avant une vérité qui dérange; mal-gré les quelques améliorations en ce qui concernela sécurité des centrales nucléaires, une longue listed'occasions ou l'on a “frôlé la catastrophe” indiqueclairement que l’absence d'accidents graves nepeut jamais être totalement garantie. Mettant decôté cette éventualité, l'énergie nucléaire crée ungrand nombre de problèmes et risques environne-mentaux : par exemple des émissions radioactivesde bas niveau en fonctionnement normal qui peu-vent être nuisibles à la santé et le problème quireste globalement sans solution, à savoir lestockage définitif des déchets nucléaires.L'évaluation souligne le fait que la prolifération de l'énergie nucléaire continue à créer de gravesproblèmes. Elle rappelle également que les centra-les nucléaires ne peuvent être que partiellementprotégées contre une attaque terroriste. Si l'on tientcompte des vrais coûts de l’énergie nucléaire, cen'est même pas une solution bon marché. Les mesures prises pour conserver l'énergie et l'utilisation d'autres sources d'énergie sont autre-ment plus efficaces que 1’énergie nucléaire en termes écologiques et économiques.

En conclusion, l'Autriche continuera à critiquerl'énergie nucléaire et à développer sa politiqued'énergie pour l'avenir en mettant l'accent sur l’ef-ficacité énergétique et les sources d'énergies alter-natives. Dans le contexte global, l'Autriche va ren-

forcer sa position en tant que propriétaire desavoir-faire dans le domaine des technologiesd'énergie renouvelable. De même, elle sera impli-quée dans la création des conditions préliminairesnécessaires au démantèlement des programmesd'énergie nucléaire dans d'autres pays.

L'Autriche est convaincue qu'en poursuivant cettevoie, elle contribuera à la prise de conscience qu'ilest nécessaire d'arriver à une utilisation durable etplus responsable de l'énergie dans un contexteglobal.

Birgit Hell

Attachée aux Affaires agricoles et environnementales de l'Ambassade d’Autriche

Source : La Lettre des entretiens européens 1er semestre 2007

Non au nucléaire : l’Autriche ne changera pas d’avisTout le monde sait que l’Autriche s'oppose à l’énergie nucléaire du point de vue national.Les citoyens autrichiens ainsi que les partis politiques s'accordent à dire que l’énergienucléaire comporte trop de risques et que l'utilisation de l’énergie nucléaire est un acte d’irresponsabilité car elle laisse aux générations futures le soin de trouver une solution auxdéchets nucléaires. En attendant, le réchauffement de la planète a rendu nécessaire la réduc-tion des émissions de gaz à effet de serre. De même, les prévisions concernant la fin du pétrole et du gaz à bas prix rendent essentielleune révision de nos politiques d'énergie.

(1) Texte intégral de l’évaluation en allemand et anglais sur le site :http://www.umweltnet.at/articleview/56678/1/7031

Autriche : course à reculons de JakobNeff pour demander l'abrogation dutraité europeéen Euratom.

© P

LAGE

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L’énergie verte de Saint Etienne

La plus grande centrale photovoltaïque de Francese trouve sur le toit d’une des tribunes du stadeGeoffroy-Guichard à Saint Etienne. Ses 2600 m2 depanneaux solaires sont en service depuis la rentrée2007. Elle produira annuellement l’équivalent de laconsommation de 60 foyers.

Stocker l'énergie des éoliennes pour produire de l'électricité sans vent

La découverte promet d'aider les éoliennes ou lescentrales solaires à s'affranchir des caprices de lamétéo. Une équipe d'ingénieurs australiens del'université de Nouvelle-Galles du Sud, à Sydney, atrouvé le moyen de stocker l'électricité dans descuves, sous forme liquide. La centrale éolienne de King Island, une île du sud de l'Australie, expérimente ainsi depuis 2003 un accumulateur àcirculation qui emmagasine l'excédent d'électricitéproduit lorsque le vent souffle fort pour le restituerlorsqu'il faiblit.Ce système pourrait lever l'un des obstacles quifreinent le développement des énergies renouvela-bles, en leur permettant d'alimenter le réseau enl'absence de vent ou de soleil. A King Island, legénérateur thermique qui prend le relais deséoliennes quand il n'y a pas de vent a vu saconsommation de fioul diminuer de moitié. " Leprincipe de ces batteries est connu depuis long-temps, mais personne n'était parvenu à le mener austade de la commercialisation ", dit Maria Skyllas-Kazacos, l'ingénieur chimiste qui dirige depuisvingt ans les recherches de l'université de Nouvelle-Galles du Sud sur ces accumulateurs.

Contrairement aux batteries classiques au plomb,ces derniers utilisent des électrolytes (liquides danslesquels baignent les plaques de l'accumulateur)qui ne sont pas stockés à l'intérieur, mais dansdeux réservoirs externes. C'est leur mise en contact,dans une cuve centrale, qui produit de l'électricité.Pour la recharge, l'apport de courant provenantdes éoliennes assure la séparation des deux électro-lytes, qui sont à nouveau stockés dans leurs réser-voirs. L'avantage du système à circulation sur lesbatteries classiques réside dans sa capacité à four-nir aussi bien un kilowattheure que plusieurs cen-taines de mégawattheures.

L'accumulateur de King Island peut ainsi restituer200 kilowatts d'électricité pendant quatre heures."Théoriquement, les capacités de stockage sont illi-mitées : il suffit d'augmenter la capacité des cuvesd'électrolytes ", confirme Mme Skyllas-Kazacos. Lesquatre réservoirs de King Island contiennent 55 000litres. Pour gagner de la place, il est possible de les

entreposer sous terre. Une poignée de centraleséoliennes testent déjà le système, sur l'île japonaised'Hokkaido ou encore aux Etats-Unis.

Source : Le Monde - 8 septembre 2007

3ème génération de cellules photovoltaïques ?

Des chercheurs de l’Université Friedrich-Schiller de Jena (Allemagne) viennent d’entamer un projetde recherche visant à développer des cellules photovoltaïques de 3ème génération. L’équipe duprofesseur Wolfgang Witthuhn mise sur le potentieldes cellules à couches minces, qui devraient rem-placer les techniques actuelles à base de silicium.Les experts de Jena ont opté pour la voie des semi-conducteurs directs, comme par exemple un com-posé cuivre-indium-sulfure, dont la meilleurecapacité d’absorption photonique rend possibleleur utilisation sous forme de couches près de 100fois plus fines, sans nécessairement devoir recourirà des matériaux d’une grande pureté.Pour améliorer le rendement de ces cellules inorga-niques en couches minces (d’un facteur 2 voire 3 !),les chercheurs souhaitent les coupler en série. Detelles "cellules tandem" existent déjà mais leur coûtest rédhibitoire. M. Witthuhn souhaite rendre cescellules de 3ème génération transparentes, ce quipermettrait d’en recouvrir des façades entières. Iladmet qu’ "il ne s’agit encore que d’un rêve", maisun rêve au potentiel économique considérable.Le projet de recherche, prévu pour 2 ans, estfinancé à hauteur d’un demi million d’euros par leministère de la Recherche du Land de Thuringe.A suivre...

Source : Université Friedrich-Schiller de Jena

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En bref

Des nouvelles encourageantes

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En bref

Pas de climatisation en dessous de 26 degrés !

"Dans les locaux dans lesquels est installé un sys-tème de refroidissement, celui-ci ne doit être misou maintenu en fonctionnement que lorsque latempérature intérieure des locaux dépasse 26°",stipule un article du décret 2007-363, publié aujournal officiel du 21 mars et entré en vigueurdepuis dimanche.Cette disposition participe aux efforts pour réduirela consommation d'énergie et lutter contre la pro-duction de gaz à effet de serre responsables duréchauffement climatique, précise-t-on au minis-tère de l'Ecologie, du Développement et del'Aménagement Durables (Medad).Mais on souligne au ministère qu'il s'agit d'une"recommandation", et qu'"il n'y a pas de sanction"prévue en cas de non-application, car "l'idée est dedonner dans un premier temps un signal politiqueassez fort" pour inciter les utilisateurs de systèmesde climatisation à la modération.

Tordons le cou au mythe du nucléaire bon marché et ne produisant pas de CO2

Une nouvelle étude d’avril 2007, issue du ministèrede l’Environnement allemand le confirme : lenucléaire produit du CO2 tandis que la productionde chaleur et d’électricité par des chaudières encogénération est moins coûteuse et meilleure pourl’environnement.

Pour le ministre allemand de l’Environnement,Sigmard Gabriel, “contrairement à ce qu’aimentaffirmer ses partisans, l’atome produit aussi duCO2. Les mines d’uranium produisent des quantitésconsidérables de gaz à effet de serre qui dépassentlargement celles nécessaires pour mettre en placedes énergies renouvelables, éolienne, hydrauliqueou biogaz. Mais même une chaudière à cogénéra-tion utilisant le gaz terrestre a un bilan CO2 quisoutient facilement la comparaison avec l’énergienucléaire”.

Cette étude fait le bilan des émissions totales degaz à effet de serre des principales sources de pro-duction d’électricité. Il en ressort clairement quesuivant l’origine de l’uranium, une centralenucléaire allemande génère entre 31 et 61g de CO2par KWh produit. En comparaison, les énergiesrenouvelables produisent des quantités moindres :seulement 23g/kWh pour l’éolien et 39 g/kWh pourl’énergie hydraulique. Seule l’électricité photovol-taïque dépasse l’électricité nucléaire avec89g/kWh.Le prétendu avantage de l’électricité nucléairediminue encore si l’on tient compte aussi du faitqu’un ménage n’a pas besoin uniquement d’élec-tricité mais aussi de chaleur et qu’il est beaucoupplus efficace d’utiliser la chaleur perdue lors de laproduction d’électricité, comme lors de la cogéné-ration. En effet, lorsqu’on utilise de l’électriciténucléaire, on a parallèlement besoin d’une autre

source de chaleur pour se chauffer, le plus souventdu fuel ou du gaz, ou bien des convecteurs et unchauffe-eau électrique (au très faible rendement).Une chaudière locale qui produit à la fois de la cha-leur et de l’électricité émet moins de gaz à effet deserre (747g de CO2) que la combinaison électriciténucléaire et chauffage au fuel (772g de CO2), pourla production d’un kWh d’électricité et 2 kWh dechaleur. Le meilleur bilan pour le climat revient deloin à la cogénération à partir de biomasse (228gde CO2). Le ministre concluait ainsi : “Si l’on veutvraiment enrayer les changements climatiques, onn’a pas besoin d’électricité nucléaire supplémen-taire mais de davantage de cogénération”.

L’étude montre aussi que si on compare les coûts deproduction de l’énergie, le nucléaire est plus coû-teux que l’ensemble des énergies fossiles. Les coûtsdes énergies renouvelables se situent pour l’énergieéolienne juste au-dessus, bien que ne soient pasintégrés les “coûts externes” qui, dans le cas d’unaccident atomique, pourraient prendre des pro-portions absolument incalculables.

“Lorsqu’on étudie, sans a priori idéologique,l’énergie atomique, il est clair que celle-ci n’est pasle moyen le moins coûteux de produire de l’électri-cité. Il est temps de tordre le cou au mythe del’atome bon marché et ne produisant pas de CO2”concluait le ministre de l’Environnement. “Même enne tenant pas compte des risques potentiels énor-mes du nucléaire, l’énergie atomique ne se classeque moyennement sur le plan des émissions de CO2et des coûts de production. L’énergie nucléairen’est pas et ne sera pas une option pour pallier auxchangements climatiques. Nous avons de bienmeilleures possibilités à notre disposition pour pro-duire de l’énergie : les énergies renouvelables et lacogénération”.

C’est dit !

L’historien tchèque Petr Lunak a écrit à propos d’unplan d’invasion militaire de la France conçu parl’URSS et l’armée Tchéchoslovaque en 1964 durantla guerre froide :“Le plan prévoyait 130 tirs nucléaires pour attein-dre Lyon”.

Source : Le Figaro du 19 septembre 2007

Pour plus d’informations :L’étude “Hintergrund :Treibhausgasemissionenund Vermeidungskosten dernuklearen, fossilen underneuerbarenStrombereitstellung” est téléchargeable en allemandsur : http://www.bmu.de/

atomenergie/downloads/doc/

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Alternatives

Le puits canadienPour quelques degrés de plus ou de moins

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Alternatives

Ni l’idée ni le principe ne sont nouveaux !Pourtant, il semble que nous découvrons tout justele puits canadien en France. Mais que l’on nommecet aménagement puits provençal comme autrefoisou désormais puits canadien, il s’agit bien de lamême technique, bénéficiant toutefois pour ce dernier des progrès de la connaissance.Le principe est simple. Il s’agit d’aspirer l’air à l’ex-térieur de la maison et de le faire circuler à une profondeur comprise entre un mètre cinquante etdeux mètres sous la surface du sol, afin qu’il seréchauffe en hiver et se rafraîchisse en été avantd’être distribué dans toutes les pièces à vivre dulogement. Bien sûr, il est tout à fait possible de neraccorder le puits canadien qu’avec une seule piècede la maison. Dans tous les cas, pour une consom-mation dérisoire d’un ou plusieurs ventilateurs, latempérature intérieure d’une ou plusieurs piècespeut varier de cinq à huit degrés les jours de caniculeet offre la possibilité de sous dimensionner nota-blement l’installation de chauffage en prévision del’hiver. De plus, cet aménagement assure le renouvellement de l’air de la maison avec un apport qui n’est pas prélevé par l’intermédiairedes bouches d’aération des fenêtres, d’où une économie de chauffage en hiver puisque l’air péné-trant par le puits canadien est déjà préchauffé. Rienque des avantages.

Indispensable amplitude thermique

L’échange thermique se réalisant dans la terre estdonc la mise en pratique d’un système géothermi-que dit de surface. Partant du principe qu’à deuxmètres de profondeur, la température du sol est àpeu près constante, c’est-à-dire quatre degrés enhiver et dix-sept en été, le puits canadien ne seraefficace que si la température extérieure descenden dessous de cette valeur minimale en hiver etgrimpe au-dessus de celle maximale en été. Dans lecas contraire, c’est-à-dire souvent en inter saison,il est plus judicieux de stopper le fonctionnementdu puits canadien pour privilégier l’aspirationdirecte de l’air extérieur. Il serait ridicule de rafraî-chir ou de réchauffer la maison alors que la tempé-rature extérieure est proche de celle de confort.

Certaines VMC, assurant la répartition de l’air du puits canadien dans la maison, possèdent unprocédé “bypass”, avec sonde automatique oudéclenchement manuel, permettant de gérer cettemanœuvre indispensable. Bien sûr, ces valeurs detempérature peuvent varier en fonction du climatde la région, de la nature du sol et de l’exposition

du terrain. “Pour que l’installation d’un puits cana-dien donne son maximum, assure David Jannueld’Inova-Terre, plusieurs paramètres sont à prendreen compte. Il faut que le sol soit composé d’une terrela plus fine possible. De la terre végétale ou de latourbe, c’est parfait. Et il faut que l’amplitude ther-mique entre les saisons soit importante. Toutefois cesystème reste très efficace dans tous les cas.”

Choix crucial du tuyau

Le puits canadien est composé d’une tour avec chapeau et filtre, seul élément visible à l’extérieur,et d’un tuyau. Ce dernier est la pièce la plus impor-tante du dispositif.

Connue depuis fort longtemps, la technique d’échange thermique entre l’air et la terre à faible profondeur est la traduction d’une géothermie de surface. Aujourd’hui, le puits canadien, système permettant de gagner quelques degrés en plus à l’intérieur de la maison en hiver et quelques degrés en moins en été, couplé avec une VMC, permet de bénéficier d’un air de qualité sans cesse renouvelé. Un véritable plus pour le confort de la maison et du porte-monnaie.

Lorsque le terrain est en pente, il est plus facile de creuser mécaniquement la tranchée à la bonne profondeur.

Il faut toujours travailler au niveau et à la règle lorsde la pose du tuyau pourbien respecter la pente àdonner pour l'évacuationdes condensats.

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La matière de la tour, qu’elle soit en inox ou en tôlegalvanisée, n’a aucune influence. David Jannuel estmême en train de réfléchir à l’emploi du bois et dela terre cuite, juste pour un rendu plus esthétique.Il faut, bien sûr, que le matériau choisi ne dégageaucune odeur désagréable ou substance toxique,même à faible dose. Ce chapeau et le filtre doiventinterdire l’entrée de tout autre élément que l’air.Tous les six mois, il faut prendre soin de nettoyer lefiltre.

L’entrée de l’air, au sommet de la tour fixée au solsur un socle en béton, doit se situer à environ unmètre cinquante de hauteur ; le terrain d’implanta-tion de la tour étant, bien entendu, dégagé devégétation à proximité immédiate. Et attention, ilne sera pas possible de réaliser des cultures printa-nières à l’aplomb du tuyau du puits canadien car laterre s’y réchauffe moins vite.

Quant au tuyau, c’est un autre souci. Certains préconisent l’usage du PVC solide, de la gaineannelée électrique, du polyéthylène ou de la terrecuite. Comment choisir entre tous ? Procédons parélimination. Le PVC est à proscrire, même s’il est lemoins cher, car c’est une matière pouvant dégagerdes vapeurs nocives. La gaine annelée électriquen’est pas prévue pour cet usage et sa tenue dans le temps pose quelques interrogations. De plus il est également proscrit d’utiliser un tuyau dontl’intérieur ne serait pas lisse ; l’eau de condensation(condensas) pourrait alors stagner et des bactériesse développer. La terre cuite serait la matière idéalepour garantir un bon échange thermique entre l’airet la terre, mais il est difficile, voire impossible, degarantir des raccords entre les tuyaux parfaitementétanches sous la terre et le gaz Radon (voir enca-dré) pourrait envahir la maison ; sans oublier lespossibles infiltrations d’eau. Reste donc le poly-éthylène.

Une seule longueur

“Il faut absolument que le tuyau soit d’une seulelongueur, soutient Olivier Martin d’Inova-Terre,pour éviter tous problèmes d’infiltrations, de dété-rioration ou de développements bactériologiquesdus à la présence de raccords.” Cette précaution estvraiment la clef de la réussite d’une bonne installation. Lisse à l’intérieur pour diminuer laperte de charge et annelé à l’extérieur pour assurerun bon échange thermique, le tuyau ne doit enaucun cas être placé sous la maison ou le long desfondations car alors ce serait la maison quiréchaufferait le puits canadien et non l’inverse. On considère qu’en moyenne une longueur d’une trentaine de mètres est nécessaire, mais surdes parcelles de terrain de surface modeste, rien

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Alternatives

Mise en place du tuyau.

Le tuyau est enveloppéd'une couche de sable

afin de ne pas le blesser,d'éliminer les poches d'air etde le maintenir en place lors

du rebouchage de la tranchée.

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n’empêche de disposer en parallèle plusieurs lon-gueurs de tuyau écartées au minimum d’un mètre.Toujours dans le souci constant du bon échange ther-mique, le diamètre du tuyau ne doit pas dépasservingt centimètres.L’avantage du polyéthylène haute densité est sarésistance à la pression du sol, tout en conservantune souplesse indispensable pour palier à tous risques de mouvements de terrain. Enfin, aumoment du rebouchage de la tranchée, il faut pren-dre soin de ne pas laisser de poche d’air entre letuyau et la terre car elle ferait office d’isolant et depiège à Radon.

Accessible géothermie

La maison en construction, avec ses briques mono-mur, se dresse dans le ciel du Dauphiné d’Auvergne.Tout autour, une fine et profonde tranchée trace lesillon du puits canadien. Comme le terrain est enpente, sur le devant de la maison, la tranchée est de faible profondeur ; un remblais est prévu. Unecouche de sable bien tassé offre un lit confortableau tuyau. Avec peine, Olivier et David déploient celong serpent bleu et l’installent avec soin dans latranchée, vérifiant la pente au niveau et à la règle.André Malengreau, le propriétaire, les aide : “J’aichoisi un puits canadien car c’est un système degéothermie à un prix raisonnable pour un terrain enpente comme le mien. La qualité de l’air, une bonneventilation et gagner quelques degrés en plus ou enmoins, je trouve que l’idée est bonne. Avec cetteinstallation, je divise la puissance de ma chaudièrepar deux.”Une fois positionné en pente douce, minimum deuxpour cent, pour récupérer les condensas, le tuyauest entouré de sable puis la tranchée rebouchée.Dans le mur en béton banché du sous-sol, un man-chon a été scellé. Olivier enfile un joint torique sur letuyau et étale un peu de graisse végétale dessuspour faciliter sa mise en place dans le manchon. “Laliaison avec le mur doit être parfaite pour évitertoute infiltration d’eau et de terre “ insiste-t-il. À l’intérieur, sur le mur du sous-sol, la pose d’undouble-té de raccordement avec collecteur decondensas, siphon et trappe de nettoyage, permetde diriger l’air tout en récupérant l’eau quel’échange thermique ne manque pas de produire entrès faible quantité. Voilà le puits canadien installé.

Ventilation ou non ?

“Une étude thermique prenant en compte les maté-riaux constituant la maison, son volume, le nombreet la surface des ouvertures et l’exposition géné-rale, devrait toujours être réalisée en amont pourdéfinir les besoins en chauffage et les dimensionsdu puits canadien, souligne encore David Jannuel.Malheureusement, ce n’est pas souvent accepté,alors nous sur-dimensionnons l’installation pourgarantir son bon fonctionnement et répondre à unéventuel agrandissement futur de la maison. Quipeut le plus, peut le moins.”

L’air arrive dans la maison ; il faut le répartir correctement. Faire entrer l’air du puits canadienuniquement dans une pièce, même s’il s’agit decelle à vivre, c’est se donner bien de la peine pourpeu de résultat. Autrefois, à l’époque du puits provençal, l’important était de rafraîchir la piècede vie de toute la famille ; les chambres n’étaientoccupées que la nuit et il n’existait ni bureau nisalle de jeux. Aujourd’hui, la famille s’appropriel’espace global de la maison tout au long de la journée. Pour Pascal, qui a réalisé un puits canadien dans les règles de l’art mais qui n’a pasinstallé de ventilation, le regret est grand avec lerecul : “Si j’avais imaginé le confort apporté parcette technique, pour un investissement supplé-mentaire raisonnable, j’aurais installé la VMC pourdiffuser l’air dans toute la maison. Aujourd’hui, les travaux sont achevés et c’est un peu tard pourpasser les tuyaux à l’intérieur de la maison.”Il convient donc de renouveler l’air dans toutes les pièces. Pour ce faire, l’installation d’une VMCdouble flux paraît incontournable. Une bonne ven-tilation de la maison, un rendement maximum dupuits canadien pour une très faible consommationd’énergie électrique : voilà donc le programmeproposé.

Un exemple

La maison du couple Malengreau, en Dauphinéd’Auvergne mesure 100 m2. La hauteur sous plafond est de 2,50 m, donc le volume s’élève à 250m3. Avec un tuyau dont le débit est de 300 m3 àl’heure (diamètre intérieur 17,3 cm), et considérantla réglementation en vigueur imposant de renou-veler la totalité du volume d’air toutes les deux

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Alternatives

La tranchée est rebouchée,le puits canadien va pouvoir fonctionner dans son environnementprotégé de l'extérieur. A l'extérieur, seule la présence de la cheminéetrahit l'installation d'un puits canadien.

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heures, le temps que l’échange thermique soitassuré, c’est-à-dire 21 secondes, une longueur de 35mètres de tuyau aurait suffi. Quarante mètres ontété enfouis ; prévoir un peu plus permet d’envisagerun agrandissement futur de la maison ou de ména-ger une plus grande vitesse de ventilation car ici lepuits canadien est relié à une VMC double flux.

Bien sûr il est beaucoup plus simple d’installer unpuits canadien lors d’une construction ou d’unerénovation complète de la maison qu’au momentd’une simple amélioration, car les travaux sont toutde même conséquents. Il faut compter entre 2 000et 2 500 euros TTC, pose comprise, pour des systè-mes de ce type. “ Malheureusement il n’existe pasde crédit d’impôts pour l’installation d’un puitscanadien, regrette David Jannuel. Et au-delà de

l’aspect financier, pour le grand public, cettemesure est aussi une garantie sur les techniquesconcernées. Alors nous devons encore grandementsensibiliser.”

La Ventilation Mécanique Contrôlée

La VMC assure une ventilation régulière et confor-table quelles que soient les conditions climatiquesextérieures. Elle est destinée à limiter l’apparitiond’humidité dans les maisons et à assurer une bonnehygiène de l’air par extraction de l’air vicié, renou-velé par de l’air frais. La VMC désigne tous les dispositifs comportant au moins un équipementmotorisé d’évacuation ou d’insufflation forcéed’air frais. Le principe est simple : la ventilation se fait par des entrées d’air neuf situées dans lespièces sèches (séjour et chambre) et une extractionde l’air vicié au niveau des pièces de service oùl’humidité peut être présente (cuisine, salle debains, wc). La prise d’air neuf dans les piècessèches se réalise généralement au niveau desmenuiseries à l’aide de bouches auto réglables.L’air circule ensuite vers les pièces humides en passant sous les portes intérieures de la maison.L’extraction se fait alors par tirage naturel oumécanique à l’aide de bouches d’extraction raccor-dées à un moteur qui évacue l’air vicié à l’extérieur.Il s’agit là d’une VMC simple flux. Un échangeurpeut permettre de récupérer la chaleur acquise parl’air extrait afin de réchauffer l’air extérieur avantde l’insuffler dans les pièces de la maison grâce àune autre ventilation. Il s’agit d’une VMC doubleflux. En cas de liaison de la VMC à un puits canadien, il convient d’obstruer les bouches autoréglables des menuiseries dans les pièces sèches.

Texte et photos : Bruno AuboironArticle paru dans Habitat Naturel n°16

www.habitatnaturel.fr

Deux sites internet pour en savoir plus :

www.puitscanadien.comwww.construire-sain.com

Le filtre doit être régulièrement vérifié etnettoyé pour assurer un

bon fonctionnement de l'installation.

D’origine naturelle, le Radon est un gaz noble radioactif provenant de la désintégration de l’uranium etdu radium présents dans les sols, surtout granitique et volcanique. Il ne réagit pas avec d’autres élé-ments chimiques et il est inodore et incolore. Il est particulièrement dense, huit fois plus que l’air. Enatmosphère libre, il est rapidement dilué et sa concentration reste faible, en revanche il s’accumuledans les espaces clos, notamment dans les maisons, les sous-sols et les vides sanitaires. La ventilationest le seul remède à ce mal. Une exposition à de fortes concentrations de Radon augmente le risque decancer, en particulier du poumon. Un puits canadien mal conçu ou mal installé peut être une consé-quente source d’apport de Radon dans l’espace à vivre. D’après l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, avec l’aide des Directions Départementalesdes Affaires Sanitaires et Sociales, les départements les plus concernés, où sont réalisés des dépistagesde ce gaz dans les bâtiments publics, sont : Allier, Hautes-Alpes, Ardèche, Ariège, Aveyron, Calvados,Cantal, Corrèze, Corse, Côtes-d’Armor, Creuse, Doubs, Finistère, Indre, Loire, Haute-Loire, Lozère, Haute-Marne, Morbihan, Nièvre, Puy-de-Dôme, Hautes-Pyrénées, Rhône, Saône-et-Loire, Savoie, Haute-Saône,Deux-Sèvres, Haute-Vienne, Vosges et Territoire de Belfort. Trois niveaux sont définis en termes d’expo-sition : en dessous de 400 Bq/m3 (pas de risque particulier), entre 400 et 1 000 Bq/m3 (risque faible etactions correctrices à envisager), au-delà de 1 000 Bq/m3 (fort risque et actions d’envergures à entrepren-dre, risque pouvant entraîner la fermeture d’un site en attendant son traitement).

Le Radon : un gaz radioactif

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Le guide des économies d’énergie

La raréfaction des énergies fossiles, la libé-ralisation de l’énergie, les coûts cachés descentrales nucléaires… Tout confirme ce quel’on sait depuis longtemps : le coût desénergies va augmenter régulièrement avecson lot de conséquences sociales. Il fautdonc changer nos habitudes issues d’unmonde où l’énergie et l’eau étaient peuchères et insuffisamment considérées.Changer nos habitudes ne signifie pasretourner à la bougie, mais simplement évi-ter les gaspillages inutiles non générateursde confort, améliorer l’isolation de nos mai-sons et si possible recourir à des énergiesrenouvelables.

Nous avons demandé à Jean-ChristianLhomme, auteur de La Maison économe etLes Energies renouvelables de nous donnerles clés de ce nouveau monde économe.Vous trouverez dans ces pages des conseilsprécis et pratiques pour réduire vos factu-res et votre impact sur l’environnement. Cehors-série d’Habitat Naturel s’adresseaussi bien au propriétaire qu’au locataire,prend en compte maison individuelle etlogement collectif, construction neuve etbâti existant. Il est illustré par de nom-breux exemples d’installations ou deconstructions réussies, reproductibles par-tout en France. Un carnet d’adresses fournià la fin vous sera utile pour passer à l’acte.Bienvenue dans la sobriété énergétique !

Gwenola Doaré

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Petit mémento des énergies renouvelables

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“Les oubliés de Novozybkov”un DVD à voir et à diffuser

Jean-Charles Chatard, journaliste indépen-dant, réside en Corse où il tient une entre-prise de presse. Depuis 1998, il a produit

plusieurs reportages sur la catastrophe deTchernobyl diffusés sur les chaînes de télé-vision nationale en France : “Tchernobyl,autopsie d’un nuage”, “Mensonge ounégligence d’Etat ?”, “Corse le mensongeradioactif”… Il a consacré à ce dossier desdizaines d’heures d’interview et des kilo-mètres de films. Participant à titre béné-vole à la mission, il a “tourné” plus de 8heures d’images.

Michel Deschler, sympathisant de l’asso-ciation, professionnel de l’image, a“monté” un film émouvant d’environ 17minutes à partir de ces images intitulé“Novozybkov, les oubliés de Tchernobyl”.

Plus de 20 ans après l’explosion, à 200 kmde Tchernobyl, ce film témoigne que lacatastrophe se poursuit : le sol est conta-miné par le césium radioactif, la contami-nation se propage par le biais de la chaînealimentaire, on évacue des villages maison reloge aussi sur des sols contaminés…Ces images sont libres de diffusion et peuvent être utilisées pour des projectionspubliques en mentionnant leur origine.Dans la limite du stock disponible, unexemplaire de ce film est expédié par LaPoste contre l’envoi de 7 euros en timbrespostaux français au siège de l’association :“Les Enfants de Tchernobyl”84 route d’Aspach F - 68800 Vieux-Thann.

Sortir du nucléaire n°36 page 25

A lire et à voir

Deux ouvrages et un DVD à découvrir

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Sortir du nucléaire n°36page 26

A voir

Le Maire de la ville de Novozybkov (47 000 habitants)nous accueille à la frontière entre la Fédération

de Russie et l’Ukraine, située à 75 km au sud de sa ville. Son intervention met un terme aux longues et

laborieuses formalités concernant l’entrée du matériel vidéo et de mesure de la radioactivité.

Novozybkov centre avec la grande place desparades. Là comme ailleurs, des foules devaientêtre massées le 1er mai 1986 dans la totale incons-cience du danger nucléaire tombant du ciel.Région proche du point frontalier triple entreRussie-Belarus-Ukraine avec peu de ressources.

Novozybkov centre : 770 000 Bq/m2 de césium137, 184 km de Tchernobyl

20 ans après l’arrivée de la contamination.Dans les milieux naturels conservant la contamination,

un peu partout dans la ville, nous mesurons entre 400 000 et 1 million de Bq/m2 de césium137.

Marché de Novozybkov. Les produits locaux assu-rent l’essentiel des ressources alimentaires de cegrand marché. Le matériel portatif de mesure nepermet aucune appréciation tant le “bruit defond ambiant” de césium137 est important. Aquelques dizaines de km de là, les endroits sonttrès variablement contaminés.

Marché de Novozybkov. La bonne humeur a pris le des-sus sur l’inquiétude jamais loin. Les marchandes four-nissent des attestations de contrôle de leurs produits.

Il est facilement admis que la marchandise refusée n’estpeut-être pas vendue mais pas détruite non plus.

Le Maire de Novozybkov se bat pour que ses admi-nistrés puissent conserver les “privilèges” liés à laradioactivité : exonération des impôts fonciers,retraites augmentées, meilleures bourses d’études,priorité d’accès dans les universités de Moscou, anti-cipation de l’âge de la retraite, séjour annuel ensanatorium, soins et médicaments gratuits... L’étatrusse veut déclasser Novozybkov au motif que lasituation radiologique serait redevenue “normale”.La ville se lance dans un procès contre l’état.

Orphelinat de Novozybkov. Bien soutenu par la ville, sasituation contraste avec celle, délabrée, de l’hôpital

dépendant de l’état. Des enfants peuvent être recueillisaprès déchéance de l’autorité parentale.

Dans la région, les naissances sont inférieures de 25 %aux décès ; 238 nouveau-nés sur 1000 présentent des

anomalies à Novozybkov.Depuis 1994, il n’y a pratiquement plus de moyenspour soutenir cette région. L’agriculture devienttrès extensive. Le peu de fertilité naturelle des solss’use avec les dernières machines du temps de lacollectivisation. Le manque d’engrais facilite l’as-similation des contaminants radioactifs.

Environ 1 million de Bq/m2. Sviatsk, bourg agricole àune dizaine de km de Novozybkov, près du Belarus, aété récemment évacué par une décision de 1991. Ici le

centre culturel a été pulvérisé. On l’a pourtantconstruit après la catastrophe de 1986. Il a fallu du

temps pour prendre la véritable dimension de l’événement à près de 200 km de distance

RUSSIE : dans la région fortement

Carte des niveaux de fortes contaminations radioactives sur

l’Ukraine, le Belarus, la Russie (entre environ 100 000 et des

millions de Bq/m2 de césium137).

Peu connue dans sa vision d’ensemble carpubliée en 8 coupures (ATLAS of CAESIUM

DEPOSITION on EUROPE AFTER the TCHERNOBYLACCIDENT, Communauté européenne, 1998).

Cette cartographie s’avère remarquable-ment fiable dans l’espace ex-soviétique.

L’association “LES ENFANTS de TCHERNOBYL”,

s’est rendue en septembre 2006dans les régions du sud-ouest dela Russie fortement contaminées

par les retombées radioactivesde Tchernobyl.

Voici le compte rendu en photos.

contaminée de NOVOZYBKOV

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Sortir du nucléaire n°36 page 27

A voir

Sviatsk, bourg russe à 185 Km de Tchernobyl, évacué etfinalement rasé à cause d’environ 1 million de Bq/m2 decésium 137 présents 20 ans après. Habité et cultivé pendant- et durant une demi-décennie après - l’installation de lacontamination, on peut imaginer ce que la population a dûsubir des méfaits de la radioactivité. D’autant que, si l’onmesure aisément la présence du césium 137, l’on ignore lesteneurs en strontium et plutoniums, entre autres.L’ancien chef du kolkhoze de Sviatsk se recueille devant les restes de l’église abattue.

Lourd héritage et difficile face à face entregénérations. D’un côté le vieux chef d’entre-prise collectiviste qui revisite avec nostalgie lesenthousiasmes et les réalisations du temps desa jeunesses dont ne subsiste qu’une terre qu’ila fallu fuir. l’autre côté la jeune générations’interroge face au poids de l’héritage.

Entre les 1 million de Bq/m2 du bourg complètement rasé de Sviatsk et les 800 000 Bq/m2 du village à moitié abandonné de Staryi Vychkov, un important troupeau de vache pâture.

Cet enfant d’environ 3 ans joue à remplir desflacons de terre sableuse dans ce qui fut la ruede son village pendant que nous mesurons à côté de lui 740 000 Bq/m2 de césium 137.Ce village de Staryi Vychkov est semi-aban-donné. La famille de cet enfant, réfugiée duKazakhstan depuis peu se plaint de maladiesfréquemment rencontrées dans ces lieux.

Ce village évacué a été réoccupé par des réfugiés venus,pour l’essentiel, des anciennes républiques asiatiques del’URSS, ravis de trouver gratuitement un toit et une terre.15 nationalités se côtoient à Staryi Vichkov où nous mesurons jusqu’à 850 000 Bq/m2. Dans le potager de lamaison de l’enfant ci-dessus nous mesurons 600 000Bq/m2 de césium 137.

Zaborié, à 220 km de Tchernobyl : nous mesurons 3 250 000 Bq/m2 de césium 137dans la forêt et 1 650 000 Bq/m2 dans cechaume de céréales récoltées. Tout près d’ici oùle Maire nous invite à une mesure donnant 3 millions de Bq/m2, des militaires de l’ArméeRouge passant par là auraient dit : “C’est ici larégion la plus contaminée de Russie”.

Zaborié, une centaine d’habitants dont onze enfants, avec Maire et Pope, ont résisté à l’évacuation au prétexte“que le village d’accueil prévu n’avait pas d’école “...Le dénuement sur 3 millions de Bq/m220 ans après.

2007, deux groupes d’”Enfants de Tchernobyl”sont accueillis par des familles françaises : 127en juillet, 103 en août dont 12 gamins russes deNovozybkov. Ce sont les 2480èmes enfants quel’asso amène séjourner en France.

Les mesures corporelles de contamination en césium 137 desorganismes des enfants - payées par l’asso - avant, puisaprès le séjour estival, montrent une baisse moyenne de 30à 40% au bout des 3 semaines de séjour dans les famillesfrançaises. L’asso finance aussi les cures de pectine enUkraine et au Bélarus.

La “zone interdite” de proximité(30-40 km) apparaît comme un

argument de communication contestabletant les fortes contaminations la débordent jusqu’à 250 km de distance !Le message essentiel des scientifiquessoviétiques responsables de cettecartographie est le suivant : “Des

populations importantes vivent sur desniveaux de contaminations considérablesdont on se doit de les protéger”.Message trahi par diverses pressions etmanigances internationales.

Contact : “Les Enfants de Tchernobyl“84 route d’Aspach, 68800 Vieux-ThannTel./fax : 03 89 40 26 [email protected]

contaminée de NOVOZYBKOV

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Permettez-moi de la résumer à ma manière. Avant,en 1960, en 1930, en 1890, elle s’incarne dans dessociétés savantes. Des professeurs chenus, parfoisavec monocle, souvent avec binocles, et toujoursbarbichus, se penchent sur le sort de la nature. Dupoint de vue de telle espèce curieuse. Ou pour esti-mer qu’en tel lieu - l’archipel des Sept-Îles, vers1910, par exemple - les hommes détruisent tout demême un peu trop. En somme, rien. Ou plutôt riend’autre que de belles connaissances inutiles. Ce quin’est pas inutile.

1968 voit émerger une vraie critique écologi-que et sociale de ce qu’on appelle alorsle capitalisme. Et les sociétés savantessont percutées par le mouvementde la jeunesse. Il en sort un machincomplexe et ramifié, appeléFédération française des sociétés deprotection de la nature (FFSPN), qui deviendra France NatureEnvironnement (FNE). Laquelle fédé-ration regroupe, d’après ses chiffresen tout cas, 3 000 associations loca-les et régionales, parmi lesquellesla Frapna, Bretagne Vivante, NatureCentre, Nord Nature, etc.

Avant, et surtout après, d’autresstructures émergent. La Ligue pour laprotection des oiseaux (LPO), en fait lagrande ancêtre, des antennes nationales duWWF ou de Greenpeace, les dissidents de Robin desBois, et une multitude d’associations centrées surtelle ou telle question particulière.

Bien entendu, j’oublie beaucoup de gens, qui mepardonneront. Ce n’est pas un livre. Ce mouvementest en tout cas, au long de ses méandres, fortméprisé, ou intégré, ce qui n’est guère mieux. Lesforces politiques connues ont l’invective facile, etne se privent guère d’employer le florilège completdes insultes. Les écologistes de terrain seront tous,à un moment ou à un autre, des demeurés, desintégristes, des terroristes, des imbéciles. Des enne-mis du progrès en marche.

Beaucoup choisiront la voie du compromis avecl’État. Et les subsides publics qui vont avec. Desmilliers siègent, au moment où j’écris, dans quan-tité de commissions officielles, départementalesdans la plupart des cas. Ce que j’appelle l’intégra-tion. Avec fil à la patte.

Et d’autres, financés par les entreprises et/ou lesdons privés, affichent une indépendance nette-ment plus ferme par rapport aux choix politiquesgénéraux de la France. Ce qui n’est pas rien. Notezque, dans les deux cas, je ne cite personne. Non pasque j’aie la moindre crainte, croyez-moi. Mais seu-lement parce que ce n’est ni le lieu, ni le moment.Cela viendra.

Ce qui compte ici, c’est que ce mouvement multi-forme a été tenu aux marges de la société officielle.Qu’il a été ignoré, bafoué, maltraité comme aucun

autre. Le moindre roitelet politique, leplus petit marquis local se sont

permis pendant des décenniesde faire des cartons faciles surle gentil ornithologue, sur lediscret naturaliste amoureuxdu criquet d’Italie, sur l’ai-

mable défenseur de la vie. Nul neprotestait. Et nul en tout cas ne

trouvait le moyen de riposter à lahauteur de ce qu’il faut bien

nommer offense.

Or voilà que tout a changé enquelques semaines. Pour la

première fois dans l’histoire decette mobilisation encore jeune,

notre bon maître, un certainSarkozy, fait asseoir les manants au

salon. On peut parler d’un choc. Jospin,cet incurable nigaud, aidé comme on sait parAllègre, ce noble esprit, en aurait été incapable,par myopie historique et définitive.

Sarkozy n’est pas un stratège, mais il est en revan-che un tacticien de grande qualité. Et il a parfaite-ment saisi la carte qui se présentait. En tournant lapage de quarante ans d’avanies, en installant lesONG écolos au rang d’interlocuteurs légitimes, il ad’évidence marqué un point. Dérisoire, si l’onregarde de loin, mais crucial si l’on se concentre surla petite tambouille habituelle.

Car quoi ? Avec le Grenelle de l’environnement, quidoit proposer une vingtaine de mesures d’ici deuxmois, un piège à mâchoire s’est refermé sur les éco-logistes. C’est le jeu de la patate chaude. Celui quise retrouvera avec elle dans la main au coup de sif-flet aura perdu la partie. Soit les associations quit-tent la table avant la fin du grand déballage, maisen ce cas, il leur faudra s’expliquer devant la

Sortir du nucléaire n°36page 28

Tribune

Un Grenelle sinon rien ?De l’art de ne pas se faire des amis. Je vais en effet écrire des choses désagréables sur desgens que j’apprécie généralement. Et pourtant, je crois bien appartenir à ce vaste mouve-ment pour la protection de la nature, protéiforme, étrange et méconnu, né en France il y après de quarante ans. L’histoire de ce dernier reste approximative, car elle n’a pas encoreété écrite.

Page 29: Sortir du nucléaire n°36

Tribune

société. Et je fais confiance à Sarkozy pour faireaccroire qu’il aura tout fait pour aborder les dos-siers brûlants. Éventuellement en annonçant unesurprise qui clouera la critique sur place. Il en estcapable.

Soit les associations restent jusqu’au bout, et parlà-même donnent à ce gouvernement un labelécolo qui le suivra, volens nolens, pendant desannées. Quel que soit le résultat final. Soit enfin lesONG, qui dans les coulisses, je vous le dis ici, secombattent durement pour le leadership de la dis-cussion avec Borloo, se déchirent publiquement.Mais alors, il n’y aura rien de plus simple que dedénoncer les irresponsables. À l’ancienne.

Prenons l’hypothèse numéro deux. Les associationsrestent à leur place, et dressent un bilan en demi-teinte de ce fameux Grenelle. Je la tiens commevraisemblable, du moins à l’heure où j’écris. Car jene suis pas devin, non pas. Admettons donc cetteéventualité. Eh bien, j’affirme que l’ensemble dumouvement entrerait à cet instant dans une terriblerégression. Car sortir de la semi-clandestinité desquarante dernières années, c’est très plaisant, il n’ya aucun doute. Seulement, où est l’analyse géné-rale ? Où est la vision d’ensemble ?

Laisser penser que ce gouvernement pourrait, parsimple volonté - on en est d’ailleurs immensémentloin -, changer la donne écologique, est une bouf-fonnerie. Ni plus, ni moins. C’est la reprise d’unevieille fable à laquelle nous avons tous cru plusd’une fois : si tous les gars du monde voulaientbien se donner la main… Oui, s’ils. Mais ils ne.

Ils ne, parce que le monde, jusqu’à plus ampleinformé, est tenu par des intérêts plus forts que lespropos et les envolées. Économiques, politiques,sociaux. Et si l’on met de côté les falbalas, les effetsde manche et de propagande, la publicité, la com-munication d’entreprise, que reste-il ? Unemachine de guerre, devenue certes incontrôlable,mais qui sert bel et bien des hommes, des États, deschiffres d’affaires. Et cette machine écrase et détruità une vitesse encore jamais vue dans l’histoirehumaine, qui a tout de même deux millions d’an-nées au moins.

Le Grenelle de l’environnement, en l’état actuel dudispositif, a toutes chances de démobiliser ceux quiveulent se battre encore, et de répandre l’illusion,auprès des autres, que la situation est souscontrôle. Or c’est non seulement faux, mais aussiridicule. Le mouvement de protection de la nature,où je compte tant d’amis - à la LPO, au WWF, chezGreenpeace, à la Fondation Hulot, à FNE - doit aucontraire se pencher au plus vite sur son passé.

Il n’y a pas d’autre urgence que de comprendrenotre échec collectif. Car depuis sa naissance, notremouvement n’a fait qu’accompagner la destruc-tion. Il aura été, je suis désolé de l’écrire, le coges-tionnaire du grand massacre en cours. Comme onpeut dire que la FNSEA a été la cogestionnaire de ladisparition de la paysannerie. Je sais que ces paro-les en blesseront plus d’un, mais je ne suis pas làpour faire plaisir, en tout cas pas seulement. Il y aquarante ans, les menaces étaient locales, éparses,réversibles. Elles sont aujourd’hui globales, cumu-latives, planétaires.

J’ajouterai un point qui me peine. Les grandsefforts consentis pour sauver des bouts de nature -les gorges de la Loire, le cap Sizun, l’Écopôle duForez, les nombreuses réserves naturelles - ont finipar masquer l’essentiel. Un confetti reste à jamaisun confetti. Je suis infiniment heureux de pouvoircirculer entre les îlots de Molène, et d’y voir pho-ques et dauphins. Peu de lieux me plaisent autantque le Haut-Vercors, la pointe de Castelmeur ou laferme de Bonnefond, proche des sources de la Loire.

Mais ce qu’il fallait sauver, ce qu’il faudra sauverdemain, ce sont des espaces cohérents, des bassinsentiers de fleuves, des écosystèmes complexes etreliés, la France même, et le monde. Le mouvementécologiste, auquel j’appartiens plus que jamais,doit trouver une voie neuve. Elle ne passe pas par leboulevard de Grenelle. Oh non !

Fabrice Nicolinohttp://fabrice-nicolino.com/index.php

Sortir du nucléaire n°36 page 29

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Page 30: Sortir du nucléaire n°36

Avec effet rétroactif au 1er janvier, Areva enlèveraou achètera cette année dans ce pays plus de 3 000tonnes d'uranium métal à 40 000 Francs CFA (61euros) le kilo contre 27 300 (42 euros) à ce jour, soitune augmentation de l'ordre de 50 %.

Pourtant, ce prix est à peine le tiers de celui pratiqué aujourd'hui sur le marché spot (126 000Francs CFA, soit 192 euros). Malgré les dénégationsofficielles des groupes miniers, le prix spot reste laréférence confidentielle pour les contrats à cinq oudix ans. De plus, le cours de l'uranium n'est pasprès de s'effondrer, puisque la demande à l'échellemondiale peut être estimée à 80 000 tonnes pourune production effective de 46 700 tonnes.

AREVA : extorquer à bas prix les matières premières

A la lumière de ce nouveau contrat, deux questionsse posent. La première ressort des rapports entre legroupe français et les autorités nigériennes. Alorsque, depuis des décennies, les prix sont renégociéschaque année en octobre, pourquoi Areva conclutcette année une convention à la fin juillet en accep-tant une rémunération en hausse de 50 % ? Laseconde se rapporte, plus généralement, à l'ordreéconomique mondial. Comment expliquer que l'ONUdéfinisse en 2000, avec solennité, les objectifs dumillénaire en matière de développement pourréduire la pauvreté de 50 % d'ici à 2015, et que lesmatières premières indispensables à la consomma-tion des puissants soient extorquées à bas prix à despays qu'elle-même classe parmi les plus "pauvres"?

On peut avancer quelques éléments de réponse à la première question. Si Areva s'est assuré, dèsseptembre 2004, le riche gisement d'Imouraren aunord (4 000 tonnes par an en 2012), les permis derecherche d'uranium, accordés par le Niger en 2006et avril 2007, ont remis en cause son monopole traditionnel. Ces deux dernières années, Areva aacquis quatre des trente-huit permis répartis surquinze sites. L'ouverture s'est faite notamment versl'Afrique du Sud, l'Australie, le Canada et la Chine.La volonté des autorités nigériennes de diversifierleurs partenaires a poussé Areva à se montrer plusà l'écoute des revendications du Niger en matièrede prix.

A cela s'ajoutent les récents déboires de ses repré-sentants sur place, un ancien attaché de défense à

l'ambassade de France au Niger et un ancien diplo-mate fraîchement reconvertis, tous deux expulsésen avril et en juillet car soupçonnés d'intelligenceavec le Mouvement nigérien pour la justice (MNJ),expression d'une rébellion touareg réanimée enfévrier.

Une extravagante conduite politique du monde

La seconde question se pose avec une cruelle acuitépour le peuple nigérien. Selon les critères de l'indice de développement humain, retenus par leProgramme des Nations unies pour le développe-ment (PNUD), le Niger occupe la dernière positiondans le classement de l'ensemble des pays dumonde. Cette place est largement due au très forttaux d'analphabétisme (89 %), plus sensible encorechez les femmes.

Pourtant, l'uranium du Niger est enlevé par lesgroupes miniers, dont le français Areva en premierlieu, au tiers du cours mondial, et l'énergienucléaire est la parade choisie par les puissancesindustrielles pour limiter soit-disant le réchauffe-ment de la planète et préserver l'équilibre des éco-systèmes.

Sortir du nucléaire n°36page 30

Afrique

A qui profite l'uranium nigérien ?

D'un côté, des discours sur l'aide au développement, de l'autre le pillage des matières pre-mières. Le groupe français Areva vient de renouveler ses contrats miniers avec le Niger.

Page 31: Sortir du nucléaire n°36

Afrique

Sauvegarder la planète en maintenant dans lamisère la majorité de la population qui vit dans sesespaces recélant l'indispensable source d'énergie ?Cette extravagante conduite politique du mondealimente à peine la mauvaise conscience des ins-tances internationales. A l'ONU et dans d'autresenceintes, il est de bon ton de ressasser, non sanscondescendance, l'impérieuse nécessité d'accroîtrel'aide publique au développement quand la théoriedu pillage des matières premières n'est pas aussimorte qu'on le croit - à l'image de ce qui se passeau Niger.

Les objectifs du millénaire, la nouvelle ligneMaginot de la bonne conscience universelle, nefont plus que nourrir des colloques et des fonction-naires internationaux, peu attentifs à la réalité desrapports de force qui scellent le contenu descontrats et conventions signés par des groupesminiers au Niger, en Afrique ou ailleurs dans lemonde.

Guy LabertitConseiller Afrique de la Fondation Jean-Jaurès

Importantes manifestations contre Areva

Plusieurs milliers de manifestants ont manifesté le 9septembre 2007 à Niamey pour exiger le départ dela société française Areva, accusée de financer lesrebelles touareg actifs dans le nord du pays, richeen uranium.

"Nous exigeons qu'Areva quitte purement et simplement le Niger, et que les deux sociétésd'exploitation de l'uranium (basées au Nord)soient nationalisées", a déclaré à l'AFP NouhouArzika de la Coalition contre la vie chère, principalorganisateur de la manifestation.

Areva, numéro un mondial du nucléaire civil,exploite depuis 40 ans deux gisements d'uranium,l'un à ciel ouvert à Arlit pour la Société des mines del'Aïr (Somaïr) et l'autre souterrain pour laCompagnie minière d'Akokan (Cominak), prèsd'Arlit.

"Nous dénonçons les travers d'Areva, qui, noncontente de tirer de grands profits au Niger, se per-met de financer le MNJ (Mouvement des Nigérienspour la justice, rébellion touareg)", a accusé M.Arzika.

Il a estimé que depuis le début de l'exploitation deson uranium, le Niger n'avait gagné "en tout etpour tout que 300 milliards FCFA" (environ 457 mil-lions d'euros).

Selon les organisateurs, ces manifestations sontorchestrées à l'appel d'organisations de consom-mateurs, des mouvements de jeunes, des chô-meurs, des associations féminines et des ONG dedéfense des droits de l'homme. Le Niger, l'Etat le plus pauvre de la planète, est letroisième producteur mondial d'uranium avec 9%de parts de marché.

Ses relations avec Areva ont commencé à se dégra-der à partir du mois de juin avec l'expulsion de deux cadres d'Areva, accusés de soutenir lesrebelles touareg.

D'après le président du Niger, M.Tandja, ce soutienprésumé du groupe français au MNJ, vise à empê-cher d'autres compagnies étrangères concurrentesde s'installer dans la zone pour exploiter l'uranium.

Source : AFP

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Page 32: Sortir du nucléaire n°36

“ECOLO WATT, comparatif écolo des fournisseursd’électricité” explore le nouveau marché françaisde l’électricité sous l’angle écologique. L’objectifest de guider les consommateurs dans le choix de leur fournisseur en mettant en valeur ceux quiproposent les offres et services les plus respectueuxde l’environnement et d’inciter les autres à s’amé-liorer. Les performances globales de chaque opéra-teur sont notées à partir de l’évaluation de leursmix énergétiques actuels, de leurs politiques énergétiques passées et futures, de leurs servicesénergétiques et de leurs politiques commerciales.

Au terme de la notation, les résultats sont sansappel : le classement fait surgir de fortes disparitésentre fournisseurs d’électricité. Enercoop, sociétécoopérative d’intérêt collectif (SCIC), apparaît nettement comme le seul opérateur à proposer auxconsommateurs une offre véritablement respec-tueuse de l’environnement. Excepté GEG Sourcesd’énergies, qui atteint un niveau moyen, tous les autres réalisent des performances globalesmauvaises, voire catastrophiques, du point de vueenvironnemental.

Le mix énergétique français : faible en renouvelables, fort en nucléaire

La composition des mix énergétiques actuels desfournisseurs, c'est-à-dire la proportion de chaquesource d’énergie utilisée dans l’électricité vendueaux clients, constitue le critère le plus important.L’électricité d’origine renouvelable (énergiesolaire, éolienne, géothermique, petite hydrauli-que, biomasse…), non polluante et inépuisable, estmise en valeur. Le nucléaire est pénalisé pour la menace qu’il fait peser sur l’environnement et la santé. Sont aussi pénalisées des technologiesfortement émettrices de gaz à effet de serre(pétrole, charbon, fioul…) responsables des chan-gements climatiques.

Globalement, le mix énergétique actuellementvendu en France est limité en émissions de CO2 et donc en gaz à effet de serre mais se caractérisepar une faible part d’énergies renouvelables et uneforte proportion de nucléaire. On est loin de l’ob-jectif fixé par l’Union européenne de porter à 21% lapart d’électricité d’origine renouvelable dans laconsommation nationale d’ici à 2010.

Le mix d’EDF (composé à 86% de nucléaire) alimente en effet près de 90 % du marché sur lequella plupart des autres fournisseurs viennent s’ap-provisionner. Seul Enercoop se démarque et obtientla note maximum dans cette catégorie avec uneélectricité d’origine 100% renouvelable, qui negénère ni danger nucléaire ni CO2.

Des politiques énergétiques diversifiées

Dans la même logique, la notation de l’évolutionpassée et future des mix énergétiques des fournis-seurs met en valeur l’augmentation de la part des énergies renouvelables, tandis que tout inves-tissement ou toute augmentation de la part desénergies les plus polluantes (nucléaire, charbon etfioul) sont fortement pénalisés.

On remarque que dans le contexte nouveau del’ouverture à la concurrence, beaucoup d’incertitu-des pèsent sur les investissements des opérateursdans les installations de production ou sur les choixd’approvisionnement. Ils témoignent néanmoinsde positionnements très différents. Alors que cer-tains s’orientent résolument vers les énergiesrenouvelables (Enercoop, GEG Sources d’Energies),d’autres investissent dans les technologies nucléai-res et thermiques polluantes (EDF et Poweo parexemple).

Les réponses à la nécessité de faire des économies d’énergie

La troisième rubrique concerne l’appréciation de lapolitique des différents fournisseurs d’électricité enmatière d’aide et d'encouragement à la maîtrise dela consommation de leurs clients. Les points sontattribués aux opérateurs en fonction du niveau etde la qualité des informations et conseils qu’ilsfournissent à leurs clients concernant les économiesd’énergie mais aussi des incitations faites auxconsommateurs pour qu’ils réduisent leur consom-mation et enfin des audits ou services énergétiquesproposés.

Tous les fournisseurs proposent à leurs clients desinformations et conseils plus ou moins élaboréspour réaliser des économies d’énergie. Certainsopérateurs se contentent de lister quelques “écoges-tes”, d’autres vont plus loin en proposant à leursclients diverses formules d’audits énergétiques. Le

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Energie

Greenpeace passe au crible les performances

écologiques des fournisseurs d’électricitéAvec l’ouverture totale du marché de l’électricité le 1er juillet 2007, de nouveaux fournisseurspeuvent désormais proposer leurs services aux particuliers. Dans le comparatif Ecolo Watt,Greenpeace évalue la qualité environnementale d’EDF et de ses concurrents. Les résultats del’étude révèlent d’importantes disparités et peu d’offres écologiques sérieuses, à l’exceptiond’Enercoop.

© Kristof

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Energie

plus souvent, ces audits permettent aux consomma-teurs d’identifier leurs postes de consommationd’électricité (éclairage, production d’eau chaude,chauffage…) et d’agir concrètement pour atteindreune meilleure efficacité énergétique (mise en placed’ampoules basse consommation, etc.).

En termes de politique commerciale, les perfor-mances environnementales des fournisseurs sontaussi très disparates. EDF n’obtient aucun point surce critère, tant l’opérateur historique fait la promo-tion de systèmes énergiquement inefficaces commele chauffage et les chauffe-eau électriques. En revanche, en proposant des systèmes tarifairesqui incitent leurs clients à diminuer leur consom-mation, Poweo et Direct Energie obtiennent la notemaximale.

Quid des offres vertes

Ecolo Watt réalise aussi une plongée dans le marchéde l’électricité verte pour évaluer la qualité desoffres vertes proposées par les opérateurs qui n’of-frent en effet pas le même niveau d’exigence entermes de mode de fonctionnement et d’origine del’électricité.

Les offres électriques vertes existant actuellementen France sont le plus souvent fondées sur le sys-tème des certificats verts. S’ils attestent qu’unecertaine quantité d’électricité d’origine renouvela-ble a bien été injectée sur le réseau, ces certificatsrestent un outil très contestable. Tout d’abord, lesystème d’émission des certificats et leur vente se fait de manière totalement déconnectée de laproduction et de la vente de l’électricité renouvela-ble. Au point qu’un véritable marché parallèle ducertificat vert s’est mis en place. Un fournisseurd’électricité peut continuer à se fournir auprès dumarché classique –essentiellement à base de nucléaire en France– et acheter par ailleurs descertificats verts. En outre, ce système ne favorisepas réellement l’essor des énergies renouvelablescar il n’implique pas obligatoirement que les four-nisseurs qui achètent ces certificats réinvestissentune partie de leurs bénéfices dans ces technologies.Enfin, la plupart des offres vertes sont liées à de laproduction hydraulique, une technologie large-ment amortie et parmi les plus rentables. Les clientsvont ainsi payer plus cher une “offre verte” quiprovient d’une production parmi les moins chères !

Pour répondre à ces problèmes, le Comité de liaisondes énergies renouvelables (Cler) développe actuel-lement en partenariat avec le WWF une déclinaisonfrançaise du label européen d’électricité verte dehaute qualité, “Eugene”, sous le nom d’Eve. Les cri-tères d’attribution du label sont stricts et doiventrespecter des conditions d’éligibilité (une centralede production doit répondre à des normes environ-nementales quant à l’impact des sources d’énergiesrenouvelables utilisées) et d’additionnalité (l’offre

électrique verte doit encourager le développementdes énergies renouvelables en favorisant l’appari-tion de nouvelles capacités de production oul’amélioration des capacités existantes). SeulsEnercoop et Direct Energie feront pour l’instant desoffres de qualité suffisante pour bénéficier de celabel.

Au final on s’aperçoit que bien que contestée, la libéralisation du marché de l’électricité permetde replacer les enjeux écologiques liées à sa pro-duction et à sa consommation au cœur du débat.Malheureusement, Enercoop constitue pour l’ins-tant le seul et l’unique fournisseur à la hauteur deces enjeux…

Tous les détails de l’évaluation : sur www.revolution-energetique.org

Gaëlle PIERREGreenpeace

Aux côtés de nombreuses autres associations comme Greenpeace, le RéseauSortir du nucléaire est membre fondateur d’Enercoop dont les valeurs vont depair avec les nôtres : équité, transparence et respect de l’environnement. Pour sa part, la Fédération “Ateliers”, qui rassemble plusieurs associations,dont le Réseau “Sortir du nucléaire” (dans les locaux du 9, rue Dumenge à LyonCroix-Rousse) a décidé de souscrire au contrat proposé par Enercoop pourbénéficier d’une électricité garantie 100% renouvelable. En achetant les kWhrenouvelables que nous consommons, Enercoop aide concrètement au déve-loppement de nouveaux moyens de production d’énergies renouvelables(solaire, éolien, biomasse…).

Enercoop – 11, rue de l’Eglise – 75020 ParisSite : www.enercoop.fr - E-mail : [email protected] - Tel. 01 73 02 69 25

Découvrez Enercoop, fournisseur d’électricité 100 % renouvelable !

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Que s’est-il passé ?

Le 16 juillet 2007 à 10h13, la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, située dans le Nord-Ouest du Japon, quiabrite sept réacteurs nucléaires d’une puissancecumulée de 8 212 MWé , a été frappée par un séismetrès important de magnitude 6,8 sur l’échelle deRichter . La violence du séisme est à mettre en lienavec la grande proximité de l’épicentre du séisme,à 9 kilomètres seulement des réacteurs. Ce séisme afait onze victimes et plus de 1800 blessés, dont laplupart dans la ville de Kashiwazaki contiguë à lacentrale.

Sept personnes ont été blessées dans l’enceinte dela centrale nucléaire. Quatre réacteurs étaient enfonctionnement lors du séisme et ont été arrêtés enurgence , les trois autres réacteurs étaient en arrêtpour inspection. Cette centrale nucléaire, qui est laplus grande au monde par sa puissance, appartientà la Tokyo Electric Power Company (Tepco), le pre-mier producteur d’électricité du Japon, éclaboussérécemment par de nombreux scandales.

La centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kawira n’apas été conçue pour résister à la violence du séismedu 16 juillet. Au Japon, les centrales nucléaires doi-vent supporter un tremblement de terre de magni-tude 6,5 or les secousses du séisme du 16 juilletétaient trois fois supérieures . Les sept réacteurs onttous subi des secousses supérieures aux secoussesmaximales prévues . La centrale a été très abîmée etplusieurs rejets incontrôlés de radioactivité ont eulieu. Plus de 15 jours après le séisme Tepco aannoncé que la turbine du réacteur n°3 avaitencaissé des accélérations sismiques 6,8 fois plusintenses que les accélérations maximales prévuespar les normes japonaises pour la centrale. Ce sontprobablement les secousses les plus importantesjamais enregistrées dans une centrale nucléaire . Leréacteur n° 2, qui était en fonctionnement pendantle tremblement de terre, a subi des accélérationstrois fois et demi plus fortes que ce qu’il pouvait

théoriquement affronter . Ce réacteur était d’autantplus vulnérable qu’il était en cours de démarrage :le combustible nucléaire contient alors le maximumde matière fissile. C’est une phase délicate du faitde la forte réactivité initiale du combustible, quidoit être surveillée de près pour éviter tout embal-lement du réacteur. Exercice délicat pendant unséisme de magnitude 6,8.

La centrale a subi des dégâts importants

Huit jours après le tremblement de terre, TEPCOrépertoriait 67 incidents dans la centrale dont 15concernaient les installations nucléaires . Parmi les incidents les plus graves, un incendies’est déclaré sur un transformateur du réacteur n°3qui a brûlé pendant deux heures avant d’être éteintpar les pompiers. Ce feu lié à l’huile isolante pré-sente dans le transformateur aurait été provoquépar l’affaissement du sol de 50 cm. Les canalisa-tions d’eau pour lutter contre les incendies,endommagées par le séisme, étaient indisponibles.La centrale ne possédait pas d’extincteurs adéquatspour lutter contre les feux de produits à base depétrole bien qu’on y trouve des centaines de mil-liers de litres de fuel pour alimenter les générateursde secours des réacteurs nucléaires. Il a donc falluattendre l’arrivée de ces produits pour combattrel’incendie. Dès lors les employés de la centrale sontrestés impuissants devant l’incendie, attendant lespompiers qui n’arrivaient pas. L’exploitant a

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Dossier

Séisme atomique au Japon:Le nucléaire civil ébranlé dansle monde

La centrale japonaise après le séisme du 11/07 © AP

Derrière la route crevassée, la centrale de Kashiwazaki © AP

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Dossier

déclaré avoir appelé les pompiers mais la ligneétait occupée ! Ce 16 juillet était un jour férié natio-nal au Japon, et seuls 17 pompiers étaient de permanence dans la ville de 95 000 habitants deKashiwasaki dévastée par le séisme. On se douteque les pompiers devaient être très occupés. Cinqpompiers d’astreinte arriveront au bout d’uneheure pour éteindre le feu. Selon les pompiers de Kashiwasaki, il s’agissait dutroisième incendie cette année dans cette centrale.En avril dernier, il avait fallu trois heures à la cen-trale pour signaler un départ de feu aux pompiersde la ville. Vingt et un ans après la catastrophe deTchernobyl, dans un des pays les plus développésau monde, le risque incendie dans une centralenucléaire est totalement négligé alors que le feupeut conduire à l’accident majeur.Hormis ce transformateur, cinq autres ont été forte-ment détériorés et présentaient des fuites d’huile.Des inspecteurs gouvernementaux en visitant lacentrale accidentée ont déclaré que si un seultransformateur avait pris feu, c’était uniquement“par chance”. Dès que les quatre réacteurs nucléaires en fonction-nement lors du séisme ont été arrêtés en urgence, ilétait vital de refroidir les cœurs des réacteurs cardes réactions de fission se poursuivaient et déga-geaient une chaleur d’une très grande intensité.Celle-ci aurait suffi à faire fondre le cœur et à reje-ter des quantités importantes de radioactivité dansl’environnement . L’exploitant n’a pas expliqué siles quatre réacteurs ont pu être refroidis grâce àune alimentation électrique extérieure ou bien seu-lement par des générateurs de secours. Les trans-formateurs défectueux ont pu provoquer une perted’alimentation électrique extérieure des réacteurs,le risque de fusion des cœurs nucléaires aurait alorsété augmenté. A noter qu’une ligne à haute tensiona été coupée dans la centrale pendant le séisme.

Les bâtiments abritant les réacteurs nucléaires doi-vent être construits à même la roche, selon les normes

antisismiques japonaises mais ce n’était pas le casdes bâtiments auxiliaires qui ont subi de fortsdégâts. La route qui traverse la centrale a été cou-pée. A certains endroits, le sol de la centralenucléaire a subi des affaissements allant jusqu’à1,60 m qui expliquent notamment les dégâts impor-tants dans les transformateurs . Les conduites reliéesaux cheminées d’évacuation des gaz et des particu-les radioactives se sont déplacées sur cinq réacteurs.Le bâtiment du réacteur n°1 a été éventré.

Les sept piscines de désactivation , dans lesquellessont immergés les combustibles nucléaires uséspour qu’ils refroidissent, ont toutes débordé. Unecaméra de surveillance a filmé des vagues de plusd’un mètre de hauteur lors du séisme, dans la pis-cine du réacteur n°3 qui abritait du combustible auplutonium . Le combustible usé n’est pas un maté-riau anodin, il est brûlant de radioactivité. S’il n’estpas refroidi en permanence, il peut entrer en fusionet relâcher en masse de la radioactivité comme celas’est passé à la centrale de Paks en Hongrie en 2003.Il est aujourd’hui impossible de savoir dans quelétat se trouve le combustible usé dans les piscinesdes réacteurs.

Rejets incontrôlés de radioactivité : plus de 300 millions de becquerels rejetésdans l’environnement

La piscine du réacteur n° 6 a laissé s’échapper aumoins 1200 litres d’eau radioactive dans la mer duJapon mais un responsable de Tepco a annoncéqu’une quantité nettement plus importante avaitdû fuir . On a découvert aussi deux autres fuites d’eauradioactive dans les sous-sols du réacteur . La che-minée du réacteur 7 a laissé échapper des particu-les radioactives pendant apparemment trois jourscar un employé avait oublié d’éteindre la ventila-tion de la turbine du réacteur. Il s’agit de rejetssignificatifs : 300 MBq , c’est-à-dire 300 millions debecquerels d’iode 131, d’iode 133, de cobalt 60 et dechrome 51. Les rejets d’iodes ont duré trois jours.Tous ces éléments radioactifs présentent un risque

Incendie d’un des transformateurs du réacteur n°3. Où sont les pompiers ?

Vue sur la route qui traverse la centrale. © AP

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pour la santé humaine. De plus, ces émissionspourraient indiquer une détérioration du combus-tible dans le réacteur.Dans les sous-sols du réacteur n°1, une fuite de 1670litres d’eau radioactive a été découverte mais l’ex-ploitant n’a donné aucune information sur laradioactivité du rejet.Plusieurs centaines de fûts de déchets radioactifsont été renversés et plusieurs dizaines se sontouverts : là non plus, aucune information sur laradioactivité rejetée.

Enfin, Tepco a annoncé neuf jours après le séismeque le bâtiment du réacteur n°1 avait été inondépar une fuite de 2 millions de litres d’eau à caused’une canalisation incendie percée lors de l’affais-sement du sol à proximité du réacteur .L’équivalent du contenu de 5 piscines de 25 mètress’est engouffré dans un bâtiment supposémentétanche qui abrite un réacteur nucléaire.L’industriel a annoncé une “faible” contaminationde l’eau sans en dire plus.

Comme les industriels du nucléaire en ont l’habi-tude, Tepco a déclaré, dans les heures qui ont suivile séisme, que la radioactivité échappée sanscontrôle ne présentait aucun risque. Mais rien ne leprouve puisque l’exploitant n’a toujours pas livréd’informations suffisantes pour évaluer le risquesanitaire réel et n’a pas, semble-t-il, effectué decampagne de prélèvements d’échantillons dansl’environnement de la centrale pour analyser laradioactivité dégagée lors du séisme. Hormis pourles rejets de la cheminée du réacteur n° 7 et de lapiscine de combustible usé, Tepco a gardé lesilence plusieurs semaines sur la nature des élé-ments radioactifs échappés et la radioactivité desfuites n’est pas toujours chiffrée. Immédiatementaprès le séisme, le site web de Tepco qui informaitles habitants vivant à proximité des réacteurs desmesures de la radioactivité dans la centrale a cesséde fonctionner pendant 56 heures. Voici une coïn-cidence malheureuse.

On ignore toujours dans quel état est la zone la plussensible des réacteurs, les cœurs nucléaires. Tepcoa déclaré que les inspections des cuves n’auraientlieu qu’à partir d’octobre prochain. Ceci n’a pasempêché l’AIEA d’affirmer que la centrale s’en étaitbien sortie lors d’une inspection de la centrale le 17août dernier …

Dormez, braves gens !

Il semble que le séisme du 16 juillet n’ait pas eu raison de l’inébranlable culture dumensonge de Tepco, qui a d’abord affirméqu’il n’y avait eu qu’un incendie de transfor-mateur et aucune fuite de radioactivité. Douzeheures après le séisme, l’industriel annonçaitune fuite radioactive de 1,2 litre puis rapide-ment le volume de cette fuite a été multipliépar 1000. Il est tout aussi étonnant que l’exploitant n’arrive pas à déterminer levolume d’eau radioactive qui a pu s’échapperdes piscines de combustible usé, alors qu’ilsuffit de comparer le volume des piscinesavant la fuite et après …Par la suite, on a aussi appris que des centainesde fûts de déchets radioactifs s’étaient renversés. Il faudra attendre quatre jours pourque Tepco annonce 5 fuites de radioactivité et 67 incidents différents. Un peu tard pour

protéger les 95 000 habitants de Kashiwazira, dontl’agglomération se situe à proximité immédiate de la centrale ébranlée. L’industriel a justifié seshésitations par le fait que le personnel avait étéévacué des lieux lors du séisme et n’avait donc paspu mesurer la radioactivité. On retrouve ici lemélange, malheureusement bien connu en France,de dissimulation d’informations, de mensonges,d’incompétence et d’impréparation propres aux industriels du nucléaire. Les déclarationscontradictoires de Tepco ont renforcé la méfiancedes Japonais envers une industrie nucléaire quiconnaît des scandales à répétition. Cette entreprisea ainsi avoué en 2002 avoir dissimulé des informa-tions 29 fois dans des rapports d’inspection sur lasûreté de ses réacteurs nucléaires . Les 17 réacteursnucléaires de l’industriel ont alors été arrêtés pourinspection. En 2007, Tepco a avoué 200 nouvelles falsificationsd’informations concernant ses réacteurs nucléairesdepuis trente ans . Les tergiversations sur le bilan du séisme du 16 juilletpourraient coûter très cher à Tepco. Le Premierministre japonais a critiqué les manquements dansl’information du public et le ministre de l’Industriejaponais a vertement rappelé à l’ordre l’entreprisedès le lendemain du séisme. L’arrêt de la centralecoûtera à l’exploitant au moins un milliard d’euros.Les autorités de la région frappée par le séisme estiment que la peur des consommateurs japonaisd’une contamination des produits agricoles locauxpourrait provoquer une perte supérieure au milliard d’euros .

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Dossier

Fûts de déchets radioactifs renversés dans la centrale de Kashiwazaki. © AP

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Dossier

Il y a une faille sismique active sous la centrale nucléaire

Selon l’Agence japonaise de météorologie, unefaille active court maintenant sous la plus grandecentrale nucléaire du monde . C’est la répartitiondes répliques après le séisme qui a permis de loca-liser la faille. Une faille active est une fracture del’écorce terrestre le long de laquelle se produisentdes tremblements de terre. Cette faille n’avait pasété révélée par les sondages de prospection réalisésavant la construction des réacteurs. En 2005, laHaute cour de justice de Tokyo a rejeté la plainte de33 habitants de Kashiwazaki qui remettaient encause la fiabilité des études de risque sismique de la centrale. Cette même cour a aussi statuénégativement sur la possibilité qu’une faille activesous la centrale existe et qu’elle puisse provoquerun accident lors d’un violent séisme . La centrale de Kashiwazaki est fermée pour uneannée selon le quotidien Nikkei mais la centraled’Onagawa a été fermée deux ans suite à un séismeen 2005 qui avait provoqué moins de dégâts. Pourredémarrer la centrale, Tepco devra prouver augouvernement que les structures des réacteursn’ont pas été abîmées irréversiblement. Elle devraaussi prouver que la centrale résisterait à un séismeencore plus puissant. C’est une gageure. Il est probable que ces réacteurs ne redémarrent jamais.

Un séisme sous la centrale ne laisseraitaucune chance aux réacteurs nucléaires

Selon Katsuhiko Ishibashi, un sismologue réputé auJapon, le monde est passé tout près d’un “Genpatsu-Shintsai”, c’est-à-dire de la combinaison d’un violent tremblement de terre et d’un accidentnucléaire avec des millions de morts à la clé et unenation à genoux. Il est aujourd’hui évident que les normes antisismi-ques japonaises appliquées aux centrales nucléairessont totalement obsolètes. Ce séisme est le troisièmeen deux ans qui excède ces normes dans une cen-trale japonaise. Le risque sismique démultiplie lapossibilité d’un accident majeur. Voilà pourquoi leJapon doit fermer tous ses réacteurs définitivement.Les autorités japonaises attendent-elles que leurpays soit dévasté par la radioactivité pour arrêterces centrale ? Personne ne peut plus ignoreraujourd’hui qu’un accident nucléaire gravemenace le Japon et au-delà, toute l’Asie.

Martin Leers Salarié du Réseau “Sortir du nucléaire”

[email protected]

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Ces derniers mois, la chronique des “affaires atomiques” (pour reprendre le titre du livre deDominique Lorentz) a été riche. Bien sûr, il y a eu le feuilleton iranien et nord-coréen, mais, malgrétout le secret et la manipulation qui caractérisentl’information dans ce domaine, on voit aisément,par la façon dont ils relancent la course aux arme-ments, comment les États-Unis procèdent. Ils utilisent le programme nucléaire iranien (au lance-ment duquel ils ont beaucoup contribué) pour“couvrir” la reprise de la prolifération nucléaire.Venant après la décision de fournir de la technologie

nucléaire civile à l’Arabie Saoudite et àl’Égypte, l’accord de coopérationnucléaire entre l’Inde et les Etats-Unisrendu public le 3 août 2007, vient d’enapporter une éclatante démonstration.Cet accord — en contradiction avec leprogramme commun de l’“Allianceprogressiste” aujourd’hui au pouvoir etqui s’était prononcé pour le désarme-ment nucléaire global — doit mettreseulement 14 réacteurs nucléaires sur 22sous le contrôle de l’AIEA (Agence inter-nationale de l’énergie atomique). Les autres pourront fournir assez deplutonium pour 25 nouvelles bombespar an — pour un arsenal actuel d’unecentaine de bombes présenté jusque-làcomme le minimum dissuasif nécessaire

et suffisant… Par ailleurs, l’Inde pourra aussistocker du matériel nucléaire militaire dans des ins-tallations hors contrôle de l’AIEA et importer l’ura-nium pour les réacteurs sous contrôle. L’Indepourra alors utiliser l’uranium de production natio-nale uniquement pour les armes.Cet accord vise à construire un nouveau rapportpolitico-stratégique avec l’Inde dans un schémaplus large, conçu par Washington pour “contenir“la Chine, isoler l’Iran et créer un axe nucléaire asia-tique dominé par les États-Unis avec l’Inde, leJapon — poussé à se doter d’armes nucléaires — etIsraël.Ainsi, Washington utilise, après l’avoir encouragé,le programme nucléaire iranien pour couvrir cetterelance du nucléaire, mais aussi pour justifier unemploi éventuel d’armes nucléaires précisémentcontre l’Iran !…En même temps, le développement du programmenucléaire militaire israélien a induit mécanique-ment une inquiétude et une émulation parmi les États qui pouvaient se sentir menacés et a alimenté la prolifération nucléaire à commencerpar l’Irak et l’Iran (l’Égypte y a aussi beaucouppensé…) qui entendaient réaliser une percée stratégique avec “l’ennemi sioniste”.Cette responsabilité d’Israël dans la proliférationrégionale, souvent oubliée, masquée ou niée — pour les amis d’Israël, c’est l’Iran le vrai et seulresponsable —, est pourtant reconnue aussi bienpar Robert Gates, l’actuel secrétaire d’État à laDéfense des États-Unis, par Georges Le Guelte,ancien secrétaire général du Conseil des gouver-neurs de l’AIEA et directeur de recherches à l’Iris(Institut de relations internationales et stratégi-ques), que par Jean-François Daguzan, maître derecherche à la FRS (Fondation pour la recherchestratégique).En effet, la présence de loin la plus déstabilisatricede toute la région est le puissant arsenal israélienqui a permis à Israël de prétendre jouer le rôle degendarme nucléaire pour tout le Moyen-Orient, àcommencer par le bombardement du réacteurOsirak en Irak le 7 juin 1981.Aujourd’hui, avec la logique infernale de la dissua-sion nucléaire qui conduit les États-Unis à doter ungrand nombre de pays de l’arme nucléaire pour lesattirer dans leur propre orbite, la non-solution desproblèmes politiques régionaux et d’abord de la question palestinienne, accélérant la course aux armements les plus sophistiqués, crée les conditions d’un affrontement nucléaire auxconséquences incalculables.

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Prolifération

Le nucléaire au Moyen-Orient :

l’urgence d’une solutionEtat des lieux de la situation par Bernard Ravenel, l’auteur d’un livre récent Israël, Iran… Dénucléariser le Moyen-Orient.

A lire :

Israël, Iran… Dénucléariser le Moyen-Orient

Bernard Ravenelavec la collaboration de

Patrice Bouveret. Co-édition Association France

Palestine Solidarité etObservatoire des

armements/CDRPCSeptembre 2007, 72 pages,

5 euros + port : 2 eurosÀ commander au : CDRPC,187, montée de Choulans,

69005 Lyon.

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Face à cette situation, la proposition de faire duMoyen-Orient une “zone exempte d’armes nucléai-res” (Nuclear free zone) est d’une urgence absolueet vitale. Elle est sur le tapis depuis l’époque desnégociations pour le TNP (traité pour la non-proli-fération) ; elle est reproposée régulièrement pardes résolutions de l’Assemblée générale desNations unies. En 2003, la troïka européenne(Allemagne, France et Grande-Bretagne) qui négo-ciait avec l’Iran, l’a reprise. Elleest toujours bloquée par Israël etles États-Unis, alors que d’autreszones exemptes d’armes nucléai-res ont été instituées (Amériquelatine et Caraïbes, Afrique, Sud-Est asiatique, Pacifique Sud).Cette proposition essentielle doitêtre popularisée, relancée sanshésitation face à ceux qui veulentbombarder l’Iran : elle est la voiemaîtresse pour désenclencher lalogique de guerre généraliséedans la région et pour ouvrir unprocessus réellement nouveauinversant nettement la tendance,et qui pose de manière nouvelleles autres problèmes et en pré-pare la solution. Ce serait unchoix qui débloquerait franche-ment tout le processus actuelle-ment bloqué, du désarmementnucléaire promis et non tenu aumoment du lancement du TNP, ily a 37 ans… L’Europe est làencore placée devant sa respon-sabilité historique face à un problème qui met en jeu l’avenirde l’humanité et de la planète…

C’est ce qu’a demandé la Plateforme des ONG pourla Palestine aux candidats à l’élection présiden-tielle et aux élections législatives de 2007. Lesréponses restent encore bien incertaines… C’estcette bataille pour des réponses plus engagées etsurtout pour des engagements fermes qu’il nousfaut continuer.

Bernard Ravenel

1. Les risques de guerre nucléaire sont aujourd’hui beaucoup plus concrets et graves que pendant les années de la guerre froideoù s’était maintenu un certain “équilibre de la terreur”.2. Les pays dotés d’armes nucléaires ont décidé de façon délibérée, en violation des engagements pris en signant le TNP de nejamais renoncer à ces armes et même de les perfectionner… Pour les États nucléaires non signataires du TNP, comme Israël, l’Indeet le Pakistan, la question ne s’est même pas posée…3. Actuellement, dans le secret de laboratoires bien gardés, se développent — surtout aux États-Unis, mais aussi en France — des recherches très actives et pointues visant à réaliser des armes nucléaires de type nouveau. L’objectif est surtout leur miniatu-risation — les “mini-nukes” — pour annuler la distinction essentielle entre armes nucléaires et armes conventionnelles et, par conséquent pour justifier leur utilisation sur le champ de bataille y compris de manière préventive. Si bien que la proliférationnucléaire prend des formes complètement nouvelles beaucoup plus incontournables et trompeuses.4. Le régime de non-prolifération nucléaire institué dans les années 1970, complété par l’interdiction des essais nucléaires en 1996,est aujourd’hui en crise, car inadéquat pour contrôler les nouveaux développements technologiques. Le récent accord nucléaireindo-étatsuniens qui vient d’être officiellement conclu (août 2007) en permettant à l’Inde — non signataire du TNP — de dévelop-per son arsenal nucléaire, porte un coup décisif au système global de non-prolifération en encourageant tous les États — y com-pris l’Iran — à produire des armes nucléaires.5. Il existe un lien étroit entre les programmes militaires et les programmes civils, dont on constate une relance simultanée en cemoment (cf. le projet EPR). Les programmes civils sont, depuis l’origine, toujours subordonnés et liés aux programmes militaires —officiels ou non — qui en sont le support et la motivation réelle. Cette fonctionnalité des programmes civils pour les programmesmilitaires est une donnée structurante du phénomène nucléaire.

B. R.

L’ESSENTIEL A SAVOIR EN CINQ POINTS :

Sortir du nucléaire n°36 page 39

Prolifération

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Mentions légales : Sortir du nucléaire n°36 – Septembre-octobre 2007Abonnement pour un an (4 numéros) : 12 euros.Directeur de publication : Patrice BouveretRédacteur en chef : Philippe BrousseMaquette : WladdCPPAP : 0608 G 83296 – ISSN : 1276-342 X

Tirage :20 000 exemplaires.Imprimé par Savoy Offset (74) sur papier 100 % recyclé.Retrouvez toute l’actualité sur : www.sortirdunucleaire.frLa reproduction des articles est autorisée et vivement conseillée sous réserve d’en indiquer la source et le nom des auteurs. Les "publicités" sont des échanges avec des partenaires triés sur le volet, sans aucune contrepartie financière.

Lignes à haute tension, transformateurs, fours à micro-ondes, écrans d'ordinateur, Wi-Fi, téléphones portables,installations électriques domestiques... Les sources d'émission de pollutions électromagnétiques se multiplient.

EEnnffiinn uunn lliivvrree ssuurr llaa ppoolllluuttiioonn éélleeccttrroommaaggnnééttiiqquuee !!

Livre simple et grand public, ce premier guide pratique sur lespollutions électromagnétiques est très accessible dans soncontenu par des propos toujours appuyés d’exemples concretsde la vie courante, avec explications sur les champs électroma-gnétiques, leur nocivité, et des solutions et conseils pratiquesdéveloppés à travers l’électricité dite “biocompatible” pour éviter les conséquences sur la santé humaine et animale.Alarmant dans le sens où il fait prendre conscience de ces phénomènes qui se multiplient dans notre quotidien, mais pasalarmiste pour autant.

On y apprend dans un premier temps ce que sont les ondes ou champs électromagnétiques (CEM), divisées en 2 catégories(les champs électriques et les champs magnétiques), leur fonctionnement, le moyen de les mesurer et de les classifier. Al’aide d’exemples concrets et s’appuyant sur nombre d’études,l’auteur passe en revue les effets sur la santé (le plus grave allantjusqu’au cancer et la leucémie, notamment infantile), ainsi queles facteurs (installations électriques, matériaux de constructionutilisés pour l’habitat…) et seuils de risques (normes différentesselon les pays) et bien entendu en présente les sources (lignesélectriques à haute tension, équipements électriques, lampes,ordinateurs, fours à micro-ondes, téléphones portables…).Un utile rappel des notions d’électricité nous est également proposé.Une grande partie de l’ouvrage est consacrée dans un deuxièmetemps aux solutions existantes et précautions à prendre pourlutter contre les nuisances des CEM (soit par la prévention, soitpar la protection) à travers une liste de conseils pratiques et d’erreurs ou fausses solutions à éviter. Il est presque toujourspossible de lutter contre les CEM liés à des sources domestiques,contrairement à ceux provenant de lignes Haute ou Très HauteTension, transformateurs ou encore antennes relais pour les téléphones cellulaires.

Préfacé par Michèle Rivasi, l’ouvrage propose d’intéressantesannexes composées d’exemples concrets d’habitations soumisesà des CEM, un article paru dans la presse et un annuaire très utileet bien fourni d’électriciens sur toute la France sensibilisés et expérimentés dans cette question des environnements élec-tromagnétiques.

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Guide de l’électricité biocompatiblePollutions électromagnétiquesClaude Brossard, Ed. Des Dessins et des Mots, 2006185 pages, 20 euros port compris à commander à :Réseau Sortir du nucléaire– 9, rue Dumenge – 69317 Lyon Cedex 04

Ou dans la boutique en ligne : http://boutique.sortirdunucleaire.org/

Mobilisons-nous contre ITER

en manifestant le samedi 10 novembre à Marseille

Programme, départs groupés, affiche et tract : www.stop-iter.org