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SYNTHÈSE DES ÉCHANGES DU GREEN FORUM 2011 / 06 / 07 octobre GREENFORUM2011 La ( re ) conversion écologique de l’économie sera-t-elle source d’emplois ?

Synthèse Green Forum 2011

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D’ici à 2030, l’humanité aura besoin de la capacité de deux planètes Terre pour absorber ses émissions de CO2 et suivre le rythme de l’exploitation des ressources naturelles si nous conservons notre rythme de développement actuel. Notre modèle de développement montre ses limites et la transformation écologique de l’économie, de nos emplois et plus largement de notre société est aujourd’hui une nécessité. Cette mutation est d’ores et déjà enclenchée comme en témoignent l’explosion des « green technologies », la prise de conscience citoyenne mondiale ou encore l’intégration systématique de la protection de l’environnement par les grandes entreprises et les acteurs institutionnels dans leur stratégie. Néanmoins, cette transition économique est souvent décriée comme destructrice d’activités économiques et d’emplois, voir de régressions sociales. Dans un contexte de crise économique, sociale et écologique qui ne cesse de croître, et avec la conscience aigüe que tout est lié, le WWF France a souhaité engager cette réflexion en réunissant l’ensemble des acteurs concernés les 6 et 7 octobre 2011 dans le cadre du 1er Green Forum WWF (anciennement Université de la rentrée du WWF France) dont le thème était « La (re) conversion écologique de l’économie sera-t-elle source d’emplois ? » Afin de répondre à cette question stratégique pour les années à venir, le WWF a réuni l’ensemble des acteurs concernés. Economistes, sociologues, experts, syndicalistes, journalistes, responsables d’ONG, élus, banquiers et industriels afin d’échanger et de débattre, en interaction avec le public, pour proposer des solutions concrètes et durables à une transition écologique de l’économie permettant l’émergence de nouveaux emplois. Le Green Forum est une action commune et transversale qui a pour objectif, à l’aube d’élections déterminantes pour la France, de nourrir la réflexion des futurs candidats en leur apportant le fruit de cette réflexion concertée.

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SYNTHÈSE DES ÉCHANGES DU GREEN FORUM 2011 / 06 / 07 octobre

GREENFORUM2011La (re) conversion écologique de l’économie sera-t-elle source d’emplois ?

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© Concept & design by © ArthurSteenHorneAdamson

© 1986 Panda Symbol WWF - World Wide Fund For nature (Formerly World Wildlife Fund) ® “WWF” & “living planet” are WWF Registered Trademarks / “WWF” & “Pour une planète vivante” sont des marques déposées.

WWF France. 1 carrefour de Longchamp. 75016 Paris.

WWF

Le WWF est l’une des toutes premières organisations indépendantes de protection de l’environnement dans le monde. Avec un réseau actif dans plus de 100 pays et fort du soutien de 5 millions de membres, le WWF œuvre pour mettre un frein à la dégradation de l’environnement naturel de la planète et construire un avenir où les humains vivent en harmonie avec la nature, en conservant la diversité biologique mondiale, en assurant une utilisation soutenable des ressources naturelles renouvelables et en faisant la promotion de la réduction de la pollution et du gaspillage. En 2011, le WWF fête ses 50 ans.

Depuis 1973, le WWF France agit au quotidien afin d’offrir aux générations futures une planète vivante. Avec ses bénévoles et le soutien de ses 180 000 donateurs, le WWF France mène des actions concrètes pour sauvegarder les milieux naturels et leurs espèces, assurer la promotion de modes de vie durables, former les décideurs, accompagner les entreprises dans la réduction de leur empreinte écologique et éduquer les jeunes publics. Mais pour que le changement soit acceptable il ne peut passer que par le respect de chacune et chacun. C’est la raison pour laquelle la philosophie du WWF est fondée sur le dialogue et l’action. Depuis décembre 2009, la navigatrice Isabelle Autissier est présidente du WWF France.

REMERCIEMENTS : Isabelle Autissier , Présidente du WWF France et Serge Orru, Directeur Général du WWF France remercient l’ensemble des intervenants, les participants, les animateurs des tables rondes ainsi que les partenaires du Green Forum 2011,

Et enfin, Madame Nathalie Kosciusko-Morizet, Ministre de l’Ecologie, du Développement Durable, des transports et du logement pour avoir accordé son haut patronage à cet évènement.

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SOMMAIRE

DISCOURS D’INTRODUCTION pAR ISAbELLE AUTISSIER, pRÉSIDENTE DU wwF FRANCE

EMpLOIS vERTS ET ÉCO-ACTIvITÉS, DÉFINITIONS ET GRANDES TENDANCES

LA TRANSITION ÉCOLOGIqUE DE L’ÉCONOMIE MONDIALE, LES NOUvELLES OppORTUNITÉS ET EMpLOIS ASSOCIÉS

LA TRANSITION ÉCOLOGIqUE, UN DÉFI pOUR LE TRAvAIL ET L’EMpLOI

FOCUS SUR L’ÉCONOMIE vERTE, pOINT SUR LE G20 MINISTÉRIEL SUR L’EMpLOI, pERSpECTIvES pOUR LE SOMMET DES CHEFS D’ETAT à CANNES

qUELS ENSEIGNEMENTS TIRER DES RECONvERSIONS ÉCONOMIqUES vERTUEUSES, vERTES ET pORTEUSES D’EMpLOIS RÉUSSIES ?

SYNDICATS, pATRONATS ET pOUvOIRS pUbLICS, COMMENT ANTICIpENT-ILS LA MUTATION DE L’ÉCONOMIE AFIN DE pRÉpARER L’AvENIR DES EMpLOIS ?

LE GRAND TÉMOIN DE LA jOURNÉE

L’INNOvATION SOUS TOUTES SES FORMES, bASE D’UNE NOUvELLE ÉCONOMIE ET DES EMpLOIS ASSOCIÉS

LA TRANSITION SOCIAL-ÉCOLOGIqUE, COMMENT ? DÉCOUpLAGES, NOUvELLES MESURES DU bIEN-êTRE ET jUSTICE ENvIRONNEMENTALE

COMMENT LES ENTREpRISES DU SECTEUR DES TRANSpORTS DOIvENT-ELLES ANTICIpER LA TRANSITION ÉCOLOGIqUE DE L’ÉCONOMIE AFIN DE SURvIvRE ET D’ASSURER UN EMpLOI à LEURS SALARIÉS ?

DISCOURS DE CLôTURE pAR SERGE ORRU, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU wwF FRANCE

pRÉSENTATION DE L’INSTITUT DE FORMATION DU wwF FRANCE

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D’ici à 2030, l’humanité aura besoin de la capacité de deux planètes Terre pour absorber ses émissions de CO2 et suivre le rythme de l’exploitation des ressources naturelles si nous conservons notre rythme de développement actuel1. Notre modèle de développement montre ses limites et la

transformation écologique de l’économie, de nos emplois et plus largement de notre société est aujourd’hui une nécessité.

Cette mutation est d’ores et déjà enclenchée comme en témoignent l’explosion des « green technologies », la prise de conscience citoyenne mondiale ou encore l’intégration systématique de la protection de l’environnement par les grandes entreprises et les acteurs institutionnels dans leur stratégie.

Néanmoins, cette transition économique est souvent décriée comme destructrice d’activités économiques et d’emplois, voir de régressions sociales. Dans un contexte de crise économique, sociale et écologique qui ne cesse de croître, et avec la conscience aigüe que tout est lié, le WWF France a souhaité engager cette réflexion en réunissant l’ensemble des acteurs concernés les 6 et 7 octobre 2011 dans le cadre du 1er Green Forum WWF (anciennement Université de la rentrée du WWF France) dont le thème était

« La (re) conversion écologique de l’économie sera-t-elle source d’emplois ? »

Afin de répondre à cette question stratégique pour les années à venir, le WWF a réuni l’ensemble des acteurs concernés. Economistes, sociologues, experts, syndicalistes, journalistes, responsables d’ONG, élus, banquiers et industriels afin d’échanger et de débattre, en interaction avec le public, pour proposer des solutions concrètes et durables à une transition écologique de l’économie permettant l’émergence de nouveaux emplois. Le Green Forum est une action commune et transversale qui a pour objectif, à l’aube d’élections déterminantes pour la France, de nourrir la réflexion des futurs candidats en leur apportant le fruit de cette réflexion concertée.

1. Rapport «Planète vivante 2010» du WWF International.

INTRODUCTION

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Isabelle Autissier, Présidente du WWF France, a ouvert la deuxième édition du Green Forum en rappelant l’attachement de l’ONG à réunir

femmes et hommes et à les fédérer pour tenter de redessiner les contours d’un monde où l’humanité serait réconciliée avec la nature.

Le péril climatique, les pollutions de l’air, de l’eau et de la terre, la nécessité de réduire l’empreinte écologique de l’homme, sont désormais admis par un grand nombre : « Le débat sur les constats est en grande partie derrière nous, nous savons maintenant que le temps du monde fini a commencé ». La question est donc de savoir comment, chacun à son niveau (institutions, politiques, citoyens et entreprises), nous pourrons créer une nouvelle façon de produire et de consommer, et dissocier ainsi la création de richesse de la dégradation de l’environnement. Ce changement majeur nous pousse à chercher des solutions techniques qui nous permettront de traduire cette prise de conscience collective dans des faits. Quel rythme pouvons-nous imposer à cette reconversion ? Avec quels outils et avec quel investissement comptons-nous opérer ? Quelle formation et quelles politiques de R&D devrons-nous imaginer pour réussir ?

Le WWF considère que l’écologie est avant tout la question de l’homme car il ne peut y avoir un homme en bonne santé sur une planète malade sachant que les atteintes à l’environnement se traduisent avant tout par des atteintes aux droits humains en général, le droit d’avoir accès à une eau potable, un air pur, et aux droits politiques en particulier : nous constatons les risques que les crises écologiques peuvent faire peser sur les démocraties. Mettre la question de l’emploi au cœur du Green Forum, cibler ces débats sur l’environnement et le social, souligne l’importance que le WWF attribue au lien entre l’homme, citoyen de la planète, et l’environnement. Depuis qu’une nouvelle crise économique montre ses effets, ce lien est d’autant plus crucial : « bien que le social soit l’un des fondements du développement durable, on a encore tendance à les opposer, à parler d’économie dans un premier temps, et d’écologie, éventuellement et toujours après ».

Depuis cette année le WWF a lancé le programme Univers-cité2, composé d’un cycle d’évènements qui explore les modèles économiques et sociaux de demain en associant à la réflexion toutes les composantes de la société. Au cours de cette première année, les thèmes abordés sont l’économie verte, l’innovation et à la création d’un futur économique durable. C’est dans ce cadre que s’inscrit le Green Forum. Les questions qui structureront les deux journées de débats concernent des cycles importants de formation et de transformation de l’économie. Dans ce contexte la variable temps est centrale : il ne s’agit pas d’attendre les conséquences, il s’agit de se dire aujourd’hui, maintenant, tout de suite, comment faire pour que dans 20 ou 30 ans notre futur soit plus durable ?

Pour Isabelle Autissier le changement ne se fera pas du jour au lendemain, des solutions toutes faites n’existent pas. Ce qui nous permettra d’inventer une nouvelle économie à la fois plus verte et plus vertueuse, mais aussi créatrice d’emplois, sera la confrontation des idées, au travers des débats citoyens, des rencontres, des projets tels que les débats des deux prochains jours. Grâce à la multiplication de ces occasions d’échange, par l’approche pragmatique des solutions qui existent déjà et qui ont fait leurs preuves en France et dans le monde, et grâce à l’imagination de ce que nous pouvons construire demain, nous allons véritablement créer les conditions et les outils pour une nouvelle économie verte. Le WWF est particulièrement fier et heureux de contribuer au débat, tout en permettant à un large public de se questionner, de discuter et de participer, pour qu’ensemble, nous puissions enrichir la réflexion autour de ce qui peut être un avenir économique plus vert et plus vertueux, qui se soucie des hommes et de l’emploi des hommes. Isabelle Autissier a enfin remercié tous les intervenants et les participants et leur a souhaité des échanges constructifs et fructueux.

DISCOURS D’OUvERTURE

Mettre la question de l’emploi au

cœur du Green Forum souligne

l’importance que le wwF attribue

au lien entre l’homme, citoyen de la planète, et l’environnement

2. Pour plus d’informations sur le programme Univers-cité voir pages 42 et 43.

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INvENTER UN AvENIR DURAbLELe changement ne se fera pas du jour au lendemain, des solutions toutes faites n’existent pas. Ce qui nous permettra d’inventer une nouvelle économie à la fois plus verte et plus vertueuse, mais aussi créatrice d’emplois, sera la confrontation des idées, au travers des débats citoyens, des rencontres, des projets communs.

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Emplois verts et éco-activités, définitions et grandes tendances

Pierre Greffet, a eu pour mission de rappeler les définitions d’emplois verts, d’éco-activités et d’activités vertes, afin de s’assurer qu’il n’y a pas de confusion dans les termes employés. Pour quantifier et suivre l’impact réel de l’économie verte sur l’emploi, le ministère de l’Ecologie a créé, au printemps 2010, l’Observatoire national des emplois et métiers liés à la croissance verte. L’Observatoire est animé par le service de l’observation et des statistiques (SOeS) et il regroupe des représentants des ministères, de l’INSEE3, de l’ADEME4, de l’AFPA5, du CNFPT6, du CÉREQ7, des observatoires régionaux de l’emploi et de la formation (OREF), de Pôle emploi et bientôt des branches professionnelles. Pierre Greffet constate une profusion d’études en la matière et une conséquente bataille des chiffres : au cours des dernières années, trois études prévisionnelles portant sur les emplois verts ont donné lieu à des résultats très différents :

- D’après Philippe Quirion, auteur d’une recherche8 menée pour le WWF France (voir table ronde suivante) qui évalue les créations et destructions d’emplois relatives à une stratégie axée sur la sobriété énergétique, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, le montant des emplois créés d’ici à 2020 serait de 684.000 emplois nets. - L’étude9 du Boston Consulting Group (BCG) qui visait à évaluer les créations d’emplois à attendre du Grenelle de l’environnement à l’horizon 2020 a abouti au chiffre de 600.000 emplois bruts crées (les destructions d’emplois ne sont pas comptabilisées). - Enfin, dans le rapport annuel10 de 2008 de l’ADEME, estimant la création des emplois dans les activités liées à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables à l’horizon 2012, il s’agirait d’un chiffre plus modeste : 218.000 emplois directs.

A propos d’économie verte, Pierre Greffet propose de retenir la définition du Programme des Nations Unies pour l’Environnement « L’économie verte est une économie qui engendre une amélioration du bien-être humain et de la justice sociale, tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources. Celle-ci est donc un objectif tandis que la croissance verte est le chemin pour y parvenir. »Les emplois verts sont des métiers dont la finalité et les compétences mises en œuvre contribuent à mesurer, prévenir, maîtriser, corriger les impacts négatifs et les dommages sur l’environnement. Souvent on parle aussi d’emplois dans les éco-activités, pour éco-activités on entend les activités visant à produire des biens et des services dans le domaine de la protection de l’environnement ou de la gestion des ressources naturelles. Seuls les emplois directs sont comptabilisés comme éco-activités (unité de comptage = équivalent temps plein). Il s’agit du périmètre de référence établi au niveau européen (Eurostat) pour le suivi de long terme des emplois « verts » et qui permet des comparaisons internationales. L’Observatoire a évalué en 2009 à 427.000 le nombre d’emplois verts et à 64,4 Md€ le volume de production de ce secteur.

INTERvENTION 1Pierre Greffet, Chef du bureau de l’économie, des risques et des perceptions de l’environnement de l’Observatoire national des emplois et métiers liés à la croissance verte

427.000 c’est le nombre d’emplois verts évalué en 2009

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En France comme en Europe, ce sont les activités de protection de l’environnement qui représentent la part la plus importante des emplois environnementaux. Il faudra pourtant attendre 2013 (date d’application d’une nomenclature sur les éco-activités) et l’uniformisation des études pour obtenir les premiers chiffres de comparaison entre les pays. Sur cette période, il est interessant de noter que le sous-domaine le plus générateur d’emplois est celui des énergies renouvelables. On constate que « Les éco-activités ont augmenté plus rapidement que l’emploi en général et sont plus robustes », d’après les analyses du SOeS, le marché de l’emploi vert affiche une progression depuis 1997 de 2.9% contre 0.6% pour l’ensemble de l’emploi.

Pour élargir le périmètre, en prenant en considération tous les métiers liés à l’économie verte, Pierre Greffet a évoqué les 953.000 emplois comptabilisés par l’Observatoire en 2009, regroupant les éco-activités et les activités vertes. « Les activités vertes sont un halo autour du noyau dur des éco-activités et sont en constante évolution, en fonction de l’avancée des technologies ». Ce deuxième niveau d’activités « périphériques » comprend un ensemble d’activités dont la finalité n’est pas environnementale mais produisant des biens et services (produits) favorables à la protection de l’environnement ou à la gestion des ressources naturelles. Ces activités sont rattachées aux domaines suivants : production et distribution d’eau, gestion des espaces verts, transports (construction d’infrastructures ferroviaires, fabrication de matériels ferroviaires roulants…), autres activités (travaux d’isolation, d’étanchéité, fabrication de certains produits industriels tels que les chaudières à condensation, etc).

POuR ALLER PLuS LOIN http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Les-metiers-de-l-economie-verte-.html http://www.developpement-durable.gouv.fr/L-observatoire-national-des,18551.html« Activités, emplois et métiers liés à la croissance verte », Etudes et documents n° 43, juin 2011 : téléchargeable sur http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/ED43.pdf

LE TWEET953 000 Emplois de l’économie verte en 2009 #GreenForum2011

3. InSee : Institut national de la statistique et des études économiques.

4. ademe : agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

5. aFPa : association nationale pour la formation professionnelle des adultes.

6. cnFPT : centre national de la fonction publique territoriale.

7. CÉREQ : Centre d’études et de recherches sur les qualifications.

8. « -30% de co2 = + 684 000 emplois », etude de Philippe Quirion pour le WWF en 2008, en libre accès sur : www.etatsgenerauxemploiecologie.net/wp-content/uploads/2010/11/1-Rapport-WWF-RedUcTIon-GeS-et-emPloI-en-FRance.pdf

9. etude du Boston consulting Group en 2009 : « Réflexions sur le portefeuille de mesures Grenelle environnement.

10. «Marchés, emplois et enjeu énergétiques des activités liées à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables : situation 2006-2007-perspectives 2012 », 2008, etude réalisée par la société In numeri pour le compte de l’ademe.

2,9 % C’est la

progression de l’emploi vert sur le

marché contre 0,2 % pour

l’ensemble de l’emploi

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10Synthèse des échanges du Green Forum 2011 page

3 % NATURE / PAYSAGE / BIODIVERSITÉ

2 % POLLUTION DE L’AIR

1 % DÉCHETS RADIOACTIFS

4 % BRUIT

12 % ÉNERGIES RENOUVELABLES

7 % RECUPÉRATION

5 % MAITRISE DE L’ÉNERGIE

2 % GESTION DES RESSOURCES EN EAU

7 % SERVICES GÉNÉRAUX PUBLIC

4 % R & D

3 % INGÉNIERIE

21 % DÉCHETS

22 % EAUX USÉES

7 % RÉHABILITATION DES SOLS ET DES EAUX

257 700 EMPLOIS

56 600 EMPLOIS

112 800 EMPLOIS

Protection de l'environnementair, eau, déchets, sols,biodiversité

Gestion des ressourcesgestion durable de l'eau, récupération, maîtrise de l'énergie, énergies renouvelables

Activités transversalesservices généraux publics, recherche et développement, ingénierie

Activités « périphériques »favorables à la protection de l’environnement ou à la gestion des ressources naturelles

32 100 EMPLOIS Production et distribution d'eau

43 000 EMPLOIS Gestion des espaces verts

128 200 EMPLOIS Transports (Grenelle)construction d'infrastructures ferroviairesfabricationde matériels ferroviaires roulants

323 000 EMPLOIS Autres activitésconstruction (isolation des ouvertures,étanchéification…)fabrication de produits industriels(chaudière à condensation, lampes fluocompactes…)

427 000 éco-activités

par domaine en 2009

953 300= 427 000 éco-activités

+ 526 300 activités vertes « périphériques » en 2009

Source : Service de l’Observation et des statistiques.

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TAbLE RONDE 1 La transition écologique de l’économie mondiale, les nouvelles opportunités et emplois associés

Khalida Bouzar a présenté les résultats d’une étude11 des Nations Unies sur le verdissement de l’économie mondiale d’ici à 2050. Ce verdissement nécessiterait un investissement à hauteur de 2 % du PIB mondial, soit 1347 milliards de dollars dans 10 secteurs clés : agriculture, logement, énergie, pêche, foresterie, industrie, tourisme, transport, déchets, eau. Selon les analystes du PNUE, l’économie actuelle a montré ses limites et un « verdissement » de l’économie apparait comme l’alternative acceptable socialement et écologiquement, fondée sur un nouveau paradigme économique où la richesse matérielle ne s’accompagnerait pas inévitablement d’une augmentation des risques environnementaux, de la pénurie de ressources et de la persistance des disparités sociales. Ce nouveau scénario réduirait l’impact écologique de moitié d’ici 2050 en réduisant la demande en énergie de 20% et la demande en eau de 13% et offrirait une croissance à long terme (sur la période 2011- 2050) au moins égale à celle d’un scénario de statu quo optimiste.

Ce verdissement de l’économie entraînerait la création d’emplois supplémentaires en particulier dans les secteurs de l’agriculture (4% en 10 ans), du bâtiment (entre 2 et 3,5 millions en Europe et aux Etats-Unis d’ici 2050), de la forêt (20% d’ici 2050), du transport (10% d’ici 2050) et des énergies renouvelables (20% d’ici 2050). Cependant, il induirait inévitablement des pertes d’emplois dans certains secteurs où les ressources sont en grave déclin, comme la pêche. La mutation conduirait à une perte de revenus et d’emplois à court et moyen terme afin de reconstituer les réserves naturelles, pour éviter une perte définitive de revenus et d’emplois dans ces mêmes secteurs. Dans de tels cas, des dispositions transitoires sont nécessaires afin de protéger les travailleurs des impacts négatifs de cette transition. Ces mesures pourraient par exemple être financées par les subventions autrefois allouées à ces secteurs.

Pour centrer davantage sur la France et son plan de relance verte, Khalida Bouzar a rappelé que « la France avait été très prompte à mettre en place ce plan, et y a même consacré plus que l’enveloppe des 26 milliards d’euros prévus » Selon le PNUE, la France fait partie, avec la Corée, la Chine et les Etats-Unis, des pays qui ont le plus investi dans l’économie verte et les emplois verts escomptés s’élèveraient à plus de 500.000 emplois.

Khalida Bouzar, Directeur adjoint du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, division technologie, industrie et économie (PNUE)Philippe Quirion, Economiste, chargé de recherche au CNRSThierry Dedieu, Secrétaire confédéral en charge des questions européennes pour la Confédération Européenne des Syndicats et la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT)

Débat animé par Nathalie Croisé

11. « Vers une économie verte : Pour un développement durable et une éradication de la pauvreté - Synthèse à l’intention des décideurs », 2011, PnUe, à télécharger sur : http://www.unep.org/greeneconomy/Portals/88/documents/ger/GeR_synthesis_fr.pdf

La France fait partie des pays

qui ont le plus investi dans

l’économie verte

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Enfin, pour terminer, Khalida Bouzar a délivré les messages clés de l’étude :• la nécessité de mettre en place un agenda de croissance durable et de création

d’emplois dans les pays industrialisés et en voie de développement ; • le rôle primordial des décideurs politiques, pour la mise en place de cadres

règlementaires, fiscaux, et incitatifs ;• l’importance des investissements privés dans le financement de ce verdissement de

l’économie• le rôle que les consommateurs et la société civile ont également à jouer dans cette

transition.

Phillipe Quirion, auteur d’une étude menée pour le WWF France dans le cadre des Etats généraux Emploi/Écologie (-30% de CO2 = + 684 000 emplois) aboutissant au chiffre de 684.000 emplois créés, a rappelé que son travail était prospectif à l’horizon 2020 et ne représentait pas le nombre d’emplois verts en 2009. Selon le scénario de sortie du nucléaire présenté en septembre 2011 par l’association négaWatt12, ces emplois pourraient être créés dans les domaines des énergies renouvelables, de l’amélioration énergétique du bâtiment et des transports. Il s’agit d’emplois nets, c’est à dire directs et indirects, tenant compte aussi des emplois détruits, notamment dans le secteur du nucléaire ou de la filière automobile. « Comment fait-on pour anticiper les créations d’emplois alors que les choix sont surtout politiques, comme par exemple le développement de l’éolien off-shore ou le quasi arrêt du photovoltaïque ? » a questionné Nathalie Croisé. « Je suis contre la politique en accordéon de la France qui empêche la création d’une filière nationale », a répondu Philippe Quirion. « Prenons exemple sur l’Allemagne, qui développe la filière des énergies renouvelables électriques depuis 20 ans en s’appuyant sur une politique de tarif d’achat garanti ; Ou le Danemark, qui a su développer l’éolien grâce à une politique de la demande alors que d’autres pays ont échoué dans ce secteur avec une politique de l’offre ». « Il n’y a pas de baguette magique ni de miracle ! » poursuit Thierry Dedieu. « Dans la lutte contre le changement climatique, certains secteurs seront touchés comme les transports et d’autres au contraire bénéficieront de création d’emplois comme les énergies renouvelables. Dans certains secteurs, comme le bâtiment, ce sera plus diffus. Il n’y aura pas d’emplois nouveaux mais des adaptations ». Thierry Dedieu a réaffirmé ses craintes concernant les politiques de l’emploi. « Je regrette qu’après le plan de relance, nous soyons soumis aujourd’hui à un plan de rigueur. On va dans le mur ! Les travailleurs ont besoin d’être rassurés sur la qualité des emplois, par des anticipations politiques et la valorisation de leur métier ». Pour finir, les intervenants ont tous reconnus que la transition écologique de l’économie sera porteuse d’emplois et qu’intégrer l’écologie dans les logiques de marchés est une nécessité pour développer des modèles économiques durables. Pour réussir la transition écologique ils ont mis en avant la nécessité d’une amélioration des structures et des processus de dialogue social et ils ont enfin souligné que les pays développés doivent fournir des efforts pour aider les pays en voie de développement à suivre cette dynamique.

ECHANGES AVEC LA SALLECette table ronde a suscité de nombreuses questions et des échanges vifs avec le public. « Où se renseigner sur les formations aux emplois verts ? », a demandé une journaliste dans la salle en affirmant que « Certainement pas au Pôle Emploi en tout cas ! ». La représentante de Pôle Emploi a ensuite pris la parole. « Depuis deux ans, nous menons une politique active, avec le ministère de l’Ecologie, qui se traduit par des offres de services réels ! Nous avons mené une grande enquête auprès des demandeurs d’emplois et depuis trois mois, nous les réorientons vers des éco-activités, comme la gestion des déchets, du recyclage ou de l’assainissement, qui souffrent encore d’un déficit d’image et pour lesquels il y a plus d’offres que de demandes. Nous avons un rôle à la fois pédagogique et d’anticipation ».

Dans la lutte contre le

changement climatique,

certains secteurs seront touchés

comme celui des transports

et d’autres au contraire

bénéficieront de création

d’emplois comme les énergies

renouvelables

12. Pour télécharger le dossier de synthèse du scenario négaWatt : http://www.negawatt.org/scenario-negawatt-2011-p46.html

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Jean-Philippe Teboul, directeur d’Orientation Durable, s’est exprimé sur l’important décalage qui existe entre la formation et le marché du travail : « Il y a un mythe de la spécialisation en développement durable. Mais personne ne recrute sous cette étiquette dans les entreprises ! ». « Pourquoi n’y a t-il pas d’éducation au développement durable ? Il faut considérer l’individu dans tout son temps de vie et pas seulement au cours de sa période d’employabilité. Dans le scénario négaWatt, il est question de sobriété dans les comportements », a demandé une personne du public. « La sobriété n’est pas seulement individuelle, elle est aussi collective ! », a insisté Philippe Quirion. « Les syndicats doivent-ils renforcer leur rôle en tant que contre pouvoir afin que la tran-sition écologique soit mieux anticipée par les pouvoirs publics et par les entreprises ? » a-t-on demandé à Thierry Dedieu. « Nous essayons de peser le plus possible sur les chefs d’Etat, de travailler ensemble et en synergie. Mais il faut être lucide sur ce que l’on peut faire en France. Nous n’avons pas la même tradition de dialogue social que l’Allemagne ou les pays scandinaves. En cela, le Grenelle de l’environnement a créé une dynamique positive, riche en échanges ».

POuR ALLER PLuS LOIN www.unep.org/greeneconomy : présente les résultats du rapport évoqué par Khalida Bouzar menée dans 10 secteurs de l’économie avec la contribution de plus de 1000 experts.« -30% de CO2 = + 684 000 emplois », 2008, Philippe Quirion pour le WWF, étude en libre accès sur : www.etatsgenerauxemploiecologie.net/wp-content/uploads/2010/11/1-Rapport-WWF-REDUCTION-GES-et-EMPLOI-en-FRANCE.pdf

LE TWEET P. Quirion rappelle que les ENR et l’efficacité énergétique bénéficient de la plus forte intensité en emplois #greenforum2011

Le Grenelle de l’environnement

a créé une dynamique

positive, riche en échanges

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La transition écologique un défi pour le travail et l’emploi

Dans son intervention Dominique Meda, nous a davantage proposé des pistes de réflexion que des réponses figées. « Toutes les avancées écologiques ont longtemps été vues comme mauvaises pour les entreprises et l’emploi », a-t-elle affirmé en préambule, « Même Barack Obama a récemment renoncé à des mesures de protection de l’environnement au nom de l’emploi ». Malgré cela, la sociologue reconnaît qu’aujourd’hui on oppose de moins en moins économie et écologie, désormais on les envisage même comme deux notions complémentaires : la reconversion écologique est perçue en effet comme le déclencheur de croissance dont nos économies ont besoin. Cette argumentation est d’ailleurs adoptée par l’OCDE13, la Banque Mondiale et les syndicats : « De nombreux spécialistes s’accordent sur l’idée que ne pas prendre tout de suite le chemin de la croissance verte est une perte de croissance potentielle. C’est une position plus encourageante que le catastrophisme précédent ».

Dominique Méda a résumé ainsi les principaux problèmes que peut rencontrer la transition écologique :

• le risque que les emplois détruits soient plus nombreux que ceux créés n’est pas formellement exclu ;

• le problème de temporalité entre le court terme et le long terme dans la prise de décision ;

• le risque en période de crise de perdre à la fois sur l’emploi et l’environnement avec une accélération de la désindustrialisation en Europe.

Pourtant, elle a réaffirmé qu’une dynamique vertueuse peut se mettre en place en s’interrogeant sur deux points essentiels : les processus de transition et les politiques d’emploi.

Au sujet des processus de transition, la sociologue lance une série de questions. « Doit-on attendre un accord international ou européen ou doit-on se lancer seul ? Comment coordonner l’action européenne, alors que nous n’avons pas d’outils ? Quels objectifs faut-il se donner ? Simplement une réduction des émissions de gaz à effet de serre ou une remise en question de notre mode de production et de l’évaluation de nos richesses ? Avec quels outils et quel budget ? ». Pour Dominique Méda, ces questions doivent impérativement être débattues collectivement.

Concernant les politiques d’emploi, elle prône une anticipation de la reconversion de l’emploi en mettant en place des outils comme les bilans de compétence et les plateformes de mobilité locale. Cette anticipation pourrait être financée par un fond européen, à l’image du fond d’ajustement à la mondialisation. Elle regrette que les emplois verts soient trop souvent précaires et peu attractifs et que les besoins en compétences ne soient pas non plus anticipés. Enfin, elle s’interroge sur le paradigme de la flexisécurité. Ce néologisme qui allie flexibilité et sécurité et domine les politiques de l’emploi recouvre, selon elle, davantage de flexibilité que de sécurité. Elle a aussi dénoncé les outils qui permettent de supprimer facilement des emplois tels que les plans de départs volontaires ou la rupture conventionnelle : « Il faut revoir radicalement nos politiques d’emploi ».

« Pourrait-on avoir le beurre et l’argent du beurre ? », s’interroge finalement Dominique Méda, et concilier ainsi croissance propre et emploi durable ? Pour répondre à cette question, elle évoque le travail du Britannique Tim Jackson, auteur de Prospérité sans croissance. Selon lui la réduction prévue de 85% des gaz à effet de serre en 2050 est impossible si la croissance continue, mettant à mal la théorie du découplage économique

INTERvENTION 2Dominique Méda, Professeure de sociologie à l’Université Paris-Dauphine.

13. ocde : organisation de coopération et de développement économiques.

pour de nombreux spécialistes,

ne pas prendre tout de suite

le chemin de la croissance verte

est une perte de croissance

potentielle

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Intervention de Dominique Méda, Professeure de sociologie à l’Unioversité Paris-Dauphine.

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(continuer à produire avec un moindre impact sur l’environnement) et la loi de Kuznets (plus les pays sont riches plus ils s’occupent d’écologie). Tim Jackson ne propose pas le chemin de la décroissance mais plutôt un changement radical des comportements. Dominique Méda évoque la difficulté de mise en application de cette thèse essentiellement pour des raisons anthropologiques : « Depuis le 18ème siècle, on a recherché l’abondance, ce qui a eu pour effet d’augmenter notre confort. Mais cet objectif a également joué un rôle fondamental pour la société. Les individus sont liés par l’échange économique et la coopération au sein du travail. La recherche collective d’une production toujours plus grande permet d’avoir une société plus solide et plus stable évitant les conflits. Renoncer à cela c’est s’exposer à un risque de conflits et de violences ».

« Un choc sur la croissance entraînerait un choc sur l’emploi. Pour accommoder ce choc, Jackson propose de diminuer le temps de travail et les gains de productivité ». Cette thèse est reprise par la NEF14 qui affirme que 21 heures de travail hebdomadaire est la seule durée acceptable si nous voulons atteindre l’objectif de 85% de réduction de nos émissions à effet de serre en 2050. La sociologue voit dans ces travaux l’occasion de creuser le « concept de travail » et de lui donner un sens nouveau, avec moins de pression de rentabilité, notamment dans des secteurs des relations avec autrui comme les soins aux enfants, l’hôpital et l’éducation. Dominique Méda a conclut son intervention en évoquant deux aspects à ne pas négliger dans le contexte de la transition écologique : les nouveaux indicateurs et la concertation. « Le PIB n’est pas un bon indicateur pour mesurer l’état de développement et le bien-être d’un pays. Il en faut d’autres comme la mesure de l’état du patrimoine naturel et de la cohésion sociale. Le débat doit avoir lieu dans des conférences citoyennes, pour recréer du lien social ».

ECHANGES AVEC LA SALLECette intervention a suscité de nombreuses questions dans la salle et par SMS. A une question du public sur l’anticipation des formations vers de nouveaux métiers, Dominique Méda a répondu « Oui, il faut prendre de l’avance. Mais le problème, qui n’est pas uniquement français, c’est que pour réaliser ces formations il n’y a pas de financements disponibles et les politiques sont cloisonnées, alors que peu ou prou, tous les métiers seront touchés à plus au moins long terme.» « Les hommes et les femmes politiques françaises ont-ils une culture écologique suffisante pour assurer cette transition ? » A cette question, Dominique Méda a répondu « Non, mais ça vient ! Il est vrai que nous avons du retard par rapport à des pays voisins comme la Belgique qui met en place des programmes comme “Les Villes en transition” (la transition en question est le passage de la dépendance au pétrole à la résilience locale). Les populations locales sont invitées à créer un avenir moins vulnérable devant les crises écologiques, énergétiques et économiques qui nous menacent, en agissant dès maintenant pour reconstruire une économie locale vigoureuse et soutenable, retrouver un degré de résilience par la relocalisation des activités et par l’acquisition des qualifications qui deviendront nécessaires ».

POuR ALLER PLuS LOIN Dominique Méda, Thomas Coutrot, David Flacher, Pour en finir avec ce vieux monde, les chemins de la transition, éd. Utopia, 2011.Philippe Askenazy, Gilbert Cette, Arnaud Sylvain, Le partage de la valeur ajoutée, éd. La Découverte, 2011. Tim Jackson, Prospérité sans croissance, éd. De Boeck, 2010.Pour accéder aux travaux de l’OCDE sur la croissance verte : http://www.oecd.org/document/46/0,374fr_2649_37465_44076206_1_1_1_37465,00.html

LE TWEET DMeda rappelle que l’abondance de biens s’est imposée comme mode de pacification des relations sociales #greenforum2011

14. neF : new economic Fundation, think-tank independent anglais : http://www.neweconomics.org/

Le débat doit avoir lieu dans

des conférences citoyennes

pour recréer du lien social

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Focus sur l’économie verte, point sur le G20 ministériel sur l’emploi et perspectives pour le sommet des Chefs d’Etat à Cannes

Dans son Focus sur l’économie verte Elise Buckle débute son intervention en rappelant le rôle de lobby qu’assure le WWF auprès du gouvernement français et des institutions internationales dans les grands rendez-vous comme à l’occasion du sommet du G20 qui se réunira à Cannes, les 3 et 4 novembre 2011. « La tâche est difficile, car ce sommet a lieu dans un contexte sécuritaire. De plus en plus de décisions se tiennent à huis clos, sans participation de la société civile », a-t-elle expliqué. « Nous souhaitons par ailleurs que le G20 s’empare de la crise climatique et humanitaire et pas seulement financière. La résolution de cette crise requiert des solutions audacieuses et innovantes pour s’engager vers un modèle de société équitable et sobre en carbone. Elise Buckle regrette le manque de détermination politique : « J’ai l’image d’une planète malade, comme un grand fumeur très atteint à qui on donnerait des cigarettes gratuites. Il ne pourra pas y avoir d’emplois sur une planète morte ! ».

Elise Buckle a par ailleurs présenté deux propositions fortes en lien avec les modes de financements innovants que le WWF International porte auprès des gouvernements : • la taxation des carburants dans les secteurs des transports maritimes et aériens • la taxation des transactions financières des marchés.

Représentant près de 90% du PIB global, les pays du G20 ont en effet la possibilité d’insuffler une nouvelle dynamique économique mondiale. Précarité, chômage, insécurité environnementale, accès limité aux ressources vitales : les solutions pour y remédier sont à portée de main, pour peu qu’une volonté politique forte se dégage de ce sommet majeur.

Concernant la taxation des carburants des secteurs maritimes et aériens, le WWF rappelle que le G20 a l’opportunité de dégager un potentiel de redéploiement et d’investissements massifs dans les emplois verts et les solutions innovantes en faveur d’une économie durable et socialement équitable en décidant de réguler les secteurs maritime et aérien. Jusqu’à aujourd’hui, les carburants utilisés par ces secteurs ont été en grande partie exemptés de toute taxation. De plus, les émissions liées aux transports maritimes internationaux représentent environ 3% des émissions mondiales, soit plus que les émissions de l’Allemagne et environ deux fois plus que celles de l’Australie. Par ailleurs, il est vraisemblable que les émissions de ce secteur augmenteront de 150 à 250% d’ici 2050. Le secteur aérien pourrait quant à lui voir ses émissions augmenter de façon encore plus spectaculaire.

Un accord sur une taxation financière des carburants utilisés dans les transports maritimes et aériens génèrerait alors des dizaines de milliards de dollars par an pour soutenir un développement durable et sobre en carbone. Selon le Groupe de haut niveau sur le financement du changement climatique (AGF)15 mis en place par les Nations Unies, plus de 12 milliards de dollars pourraient être générés par la mise en place d’une taxe sur le secteur maritime et 6 milliards sur le secteur aérien, avec un prix du carbone estimé à 25 dollars la tonne de CO2. L’impact serait minime (concernant le secteur maritime, moins de 0,2% d’augmentation du prix des biens transportés par bateau). Ces financements viendraient alors abonder le Fonds Verts pour le Climat, dont la création a été décidée en décembre 2010 à Cancun.

INTERvENTION 3Elise Buckle, Responsable des campagnes G20 et Rio +20 au WWF International

15. http://www.un.org/wcm/content/site/climatechange/pages/financeadvisorygroup

D’ici 2050 il est

vraisemblable que les

émissions liées aux transports

maritimes augmenteront

de 150 à 250 %

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Elise Buckle du WWF International.

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Le WWF rappelle que les pays développés sont en effet encore bien loin de tenir la promesse faite à Copenhague d’apporter 100 milliards de dollars par an pour l’adaptation et la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement.

La seconde taxe pourrait concerner les transactions financières. Celle-ci représente une opportunité sans précédent pour répondre à la crise écologique, économique et sociale. En effet, les acteurs financiers sont eux aussi sous-taxés dans la plupart des pays. Ils bénéficient pourtant de la mondialisation tout en engendrant des risques systémiques considérables pour l’économie mondiale et la stabilité sociale et politique des pays en crise. Une telle taxe sur les transactions financières participerait à la régulation du secteur financier et lèverait les revenus nécessaires au financement des biens publics mondiaux, tels que la lutte contre le changement climatique, la réduction de la pauvreté ou encore la protection de la biodiversité. Elise Buckle a rappelé que cette taxe pourrait générer jusqu’à 400 milliards de dollars par an. Ces leviers permettraient des financements innovants en direction de la santé, de l’eau et de l’alimentation, « Ce socle de protection sociale est la condition sine qua non du changement ». Ils serviraient aussi à financer les emplois verts, en investissant massivement dans les nouveaux emplois, la formation professionnelle et le verdissement des emplois existants.

Mandatés par le G20, le FMI est arrivé à la conclusion que la mise en place technique de différentes taxes sur les transactions financières est tout à fait faisable et existe déjà dans plusieurs pays, notamment au Royaume-Uni, au Brésil, en Afrique du sud, en Inde, en Corée, en Chine et à Taiwan.

ECHANGES AVEC LA SALLE « Pourquoi ne pas taxer toutes les transactions financières, même les retraits de cartes bleues ? », a demandé une personne du public. « Nous préférons une approche pragmatique qui taxerait plutôt les gros volumes de transaction et non le consommateur lambda », a répondu Elise Buckle. « Qu’attendez-vous concrètement de la taxe maritime et aérienne ?», a questionné le public. « Nous voulons envoyer un signal fort aux politiques avant la conférence sur le climat qui aura lieu en décembre 2011 à Durban, en Afrique du Sud. Ce sera plus difficile pour le secteur aérien car si l’Europe s’est engagée, la question est de savoir si les autres pays vont la suivre », a répondu la responsable du WWF.

LE TWEETE Buckle il n’y a pas d’emplois verts sur une planète morte #WWF #greenforum2011

Mise à jour actualité du G20 à Cannes : un bon départ pour les financements innovants pour le climat et le développement, mais encore du chemin jusqu’à Durban.

Pour Elise Buckle « la Présidence française du G20 a eu le mérite de garder la question du climat à l’agenda du G20 et de faire de la taxe sur les transactions financières sa priorité, avec le soutien de l’Allemagne, l’Espagne, le Brésil, l’Ethiopie, l’Union Africaine et l’Argentine, mais beaucoup de chemin reste à parcourir avant que ces financements innovants soient concrètement mis en place. Le WWF demande aux pays du G20 d’agir d’urgence pour que le Fond Vert pour le climat, qui sera discuté lors du prochain sommet de Durban (décembre 2011), soit rapidement mis en place et alimenté par les financements innovants. » « Le sommet du Durban doit mettre en place un programme de travail de long terme sur les financements innovants car ils représentent un outil absolument nécessaire pour financer la reconversion dans les pays pauvres » ajoute Tasneem Essop, Leader sur le Climat pour le WWF-Afrique du Sud. « Le sommet du G20 de Los Cabos (Mexico) qui aura lieu juste après Rio+20 doit faire de l’économie verte et des financements innovants pour le climat et le développement ses grandes priorités pour 2012 », conclut Vanessa Perez Cirera, Directrice des politiques climatiques pour le WWF Mexique.

Source : Communiqué de presse du WWF France, 4 novembre 2011.

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Quels enseignements tirer des reconversions économiques vertueuses, vertes et porteuses d’emplois réussies ?

Depuis 2007, le cabinet Syndex a piloté trois études au niveau européen sur le lien entre une économie décarbonée et l’évolution de l’emploi.

La première étude : « Impact sur l’emploi du changement climatique et des mesures de réductions des émissions de CO2 dans l’UE à l’horizon 2030 » a été réalisée en 2006-2007, conjointement pour la direction générale environnement de la Commission Européenne et la Confédération Européenne des Syndicats. L’objectif était de modéliser l’impact sur l’emploi des réductions des émissions de gaz à effet de serre de 40 % à horizon 2030 afin de construire des outils opérationnels pour chaque secteur d’activité. Les conclusions montrent qu’il n’y aura globalement pas de destruction d’emplois mais une hausse de 1,5%, recouvrant des modifications considérables de l’offre et de la demande d’embauche et de qualifications sectorielles et intersectorielles.

La deuxième étude : « Dérèglements climatiques, nouvelles politiques industrielles et sorties de crise » de 2009, avait pour objectif de préparer des outils dans le cadre du Sommet de Copenhague sur les changements climatiques et était destinée à la négociation entre la CES17 et les acteurs travaillant sur les politiques climatiques volontaristes. Les conclusions montrent que la contrainte carbone représente une menace pour l’emploi des secteurs du raffinage, de la sidérurgie, de l’aluminium, de la cimenterie, de la chimie et des matériaux de construction. En revanche, les biens d’équipements mécaniques et électriques et les machines connaitraient une croissance nette. La production d’électricité connaitrait une croissance modérée de l’emploi, tandis que, dans le secteur de l’automobile, s’opérerait une mutation des emplois par la transition vers une économie bas carbone. L’étude préconise d’instaurer des instruments européens appropriés avec l’implication des partenaires sociaux, tels des dispositifs d’anticipation des transitions socio-économiques au niveau des entreprises, des secteurs et des territoires ainsi que des programmes de formation adaptés.

La dernière étude : « Initiatives impliquant les partenaires sociaux en Europe sur les politiques du changement climatique et l’emploi », a été réalisée conjointement avec les partenaires sociaux européens en 2010-2011. L’étude présente de nombreux exemples de projets menés à bien, au niveau européen. En Allemagne, dans le secteur du bâtiment, « l’Alliance pour l’emploi et l’environnement », initiative lancée par la confédération syndicale DGB18 a proposé un programme de rénovation de 300.000 appartements par an qui a donné lieu à la création de 221 000 emplois verts en 2008 et 340.000 en 2010. « Ce qui est difficile en France a été possible en Allemagne où existent une formation professionnelle innovante et une synergie entre tous les acteurs du bâtiment », a expliqué Alain Mestre, rappelant que l’importance du marché noir en France fausse les plans de formation de ce secteur car les salariés non déclarés ne peuvent pas bénéficier de formations. Au Danemark, les chantiers navals de Lindoe du groupe danois Maersk sont un autre exemple de réussite qui illustre le rôle des partenaires sociaux dans la politique industrielle bas carbone. La fermeture des chantiers sera effective en mars 2012 privant normalement 2500 personnes de leur emploi. Afin de reconvertir les salariés vers des emplois dans les secteurs des éoliennes off-shore et des énergies marines, un partenariat public-privé a été signé. La structure créée et dénommée LORC18 est à la fois un centre

INTERvENTION 4

Alain Mestre, Responsable développement durable au sein du cabinet Syndex16

16. Syndex est un cabinet d’experts qui travaille depuis quarante ans au service des représentants des salariés. Il mène notamment des études prospectives avec les partenaires sociaux.

17. confédération européenne des syndicats.

18. dGB : deutscher Gewerkschaftsbund (confédération allemande des syndicats) est la confédération syndicale majeure du pays. Ses 8 syndicats adhérents représentent plus de 7 millions d’adhérents.

340 000 nouveaux emplois

on été créés en Allemagne en 2010 dans le secteur du

bâtiment

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de R&D et un centre de formation innovant dédié à la reconversion de 2 500 salariés, en coopération étroite avec les partenaires sociaux19. L’accord a été accepté par les syndicats car il prévoit la reconversion de tous les salariés pour maintenir ainsi le volume d’emplois des chantiers navals d’avant fermeture. Aujourd’hui, 500 personnes sont déjà converties et opérationnelles.

ECHANGES AVEC LA SALLE « Quelle est la potion magique pour que ça marche ? » a demandé Grégoire Even, du WWF et coordinateur du Green Forum. « Il faut que tout le monde joue le jeu : les organisations syndicales, les dirigeants d’entreprises, mais aussi les organisations sectorielles patronales, les partenaires sociaux, les services publics, les différents niveaux hiérarchiques. Mais il faut aussi une carotte pour motiver ! Que le verdissement représente des avantages pour les salariés », a expliqué Alain Mestre. « La crise systémique qui est devant nous nécessite des politiques volontaristes de conversion de filières. Tous ces exemples soulignent le rôle incontournable des partenaires sociaux à la fois dans la mise en place de politiques d’efficience énergétique et les reconversions économiques réussies. »

« J’ai une question naïve : ça marche mieux dans les pays décentralisés ? » a demandé Jean-Stéphane Devisse, directeur des programmes du WWF. « Oui » a répondu Alain Mestre, « Notre système de production français est fondé sur des branches et des secteurs alors que la mise en œuvre et le suivi de la transition doit se faire à un niveau territorial ». « Existent-ils déjà des chartes ou labels qui garantissent la qualité des formations au niveau européen en ce qui concerne la formation continue et initiale dans le secteur des métiers verts ou verdissants ? ». « Non », a répondu Alain Mestre à cette question SMS. « Il y a des discussions au niveau européen mais pas de labels ni de certifications. La formation est assurée par les industriels et fait partie de la concurrence ! Elle est considérée comme un potentiel de compétitivité et du coup capitalisée plutôt que partagée, ce qui représente un frein à la transmission des compétences intra et intersectorielles. Comme nous l’avons vu dans la deuxième étude, il est nécessaire de définir et mettre en œuvre une démarche intégrée d’anticipation socio-économique telle que des dispositifs et outils appropriés de GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences) pour optimiser la gestion de la transition sociale accompagnant les nouveaux métiers et qualifications des salariés engendrées par les nouvelles filières technologiques « produit-process » bas carbone, et tout particulièrement les filières de formation de base et continue adéquates. » répond Alain Mestre. Enfin, à la question « La reconversion écologique de l’économie sera-t-elle source d’emplois ? », Alain Mestre a répondu « Oui… et non ! ».

POuR ALLER PLuS LOIN Pour accéder au dernier rapport de Syndex qui analyse cinq cas visant à la fois une meilleure utilisation des ressources et la création d’emplois « verts » : http://www.syndex.fr/Transition-verte

LE TWEETAMestre la crise systémique qui est devant nous nécessite des politiques volontaristes de conversion de filières #greenforum2011 #syndex

19. loRc : lindoe offshore Renewable centre.

20. les organisations syndicales metalWorkers Unions et 3F participent au loRc council, organe consultatif.

Le rôle des partenaires

sociaux est incontournable

dans une reconversion économique

réussie 

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TAbLE RONDE 2 Syndicats, patronats et pouvoirs publics, comment anticipent-ils la mutation de l’économie afin de préparer l’avenir des emplois ?

Guillaume Duval a demandé à l’auditoire s’il avait le sentiment que les parties prenantes réunies pour ce débat, syndicat-patronnat-pouvoirs publics, travaillaient suffisamment ensemble pour préparer la transition écologique et la mutation économique. Les réponses du public se penchaient plutôt vers le non : « Vous allez devoir convaincre! » a résumé l’animateur. Hélène Bégon a rappelé que le rôle du ministère de l’Ecologie n’était pas de convaincre mais de donner un Plan21 pour l’économie verte, qui est une conséquence du Grenelle. « Ce Plan, c’est une gouvernance, qui réunit autour de la table toutes les parties prenantes pour établir un état des lieux, les actions à mener et les formations à mettre en place », a précisé Hélène Bégon. La représentante du ministère a donné trois exemples d’actions en cours. Premièrement, l’accent a été mis sur les métiers de la biodiversité et du génie écologique : « Nous pensons que ces métiers vont émerger ». Des études sur le secteur de la production d’électricité ont également été menées aboutissant à des préconisations pour adapter les formations du CNAM22. Enfin, le BTS Tourisme a été modifié pour y ajouter des compétences liées à l’économie verte. Cette démarche a pu aboutir grâce à une action conjointe avec l’Education nationale. « L’essentiel n’est pas spectaculaire. Nos actions vers l’économie verte à travers ce Plan ne vont pas révolutionner le marché de l’emploi, mais la somme de toutes ces petites avancées est importante ». Elle a souligné en outre que ce plan pour l’économie verte n’a pas besoin d’un budget faramineux, il s’agit davantage d’une question de conscience et de volonté. « On met autour de la table des grosses têtes qui chauffent et qui donnent de leur temps ! ». Hélène Bégon partage l’idée qu’il est difficile de prouver que la reconversion écologique créera des emplois, en revanche elle est persuadée que cette nouvelle économie vertueuse et durable apportera du bien-être et qu’il est indispensable d’évaluer le risque de perdre des emplois. « On évolue plus vite dans nos têtes que dans les faits. La mutation est irréversible, et si on la prépare, ça se passera mieux ».Joëlle Remoissenet a insisté quant à elle sur le décalage entre les beaux discours et la réalité. Les objectifs affichés du Grenelle I de création d’emplois dans les secteurs du bâtiment, des énergies renouvelables, de l’agriculture biologique et du photovoltaïque n’ont pas été remplis. On assiste plutôt à des licenciements et des rétractations de commandes dans des secteurs durement touchés. « Il faut une volonté politique forte, sinon on ne fait rien ! ». Joëlle Remoissenet a présenté trois exemples d’actions des Pays de Loire : 1) la rénovation dans le sens de l’efficacité énergétique de tous les lycées de la région, 115 lycées, dotée d’un budget de 460 millions d’euros, a pour but l’amélioration énergétique des bâtiments, selon l’objectif des 3 x 30 : 30% d’économie d’énergie, 30% de diminution de gaz à effet de serre et 30% d’énergies renouvelables (pédagogie de l’exemple). 2) La reconversion de l’entreprise Bénéteau est quant à elle un bel exemple de reconversion économique concertée et de synergie dans l’action du privé et du public. Le constructeur de bateaux s’est diversifié dans de nouvelles techniques de constructions modulaires BBC (Bâtiment Basse Consommation, dont le label sera obligatoire dès 2012), exploitable par exemple dans la construction des internats. 3) La restauration

Hélène Bégon, Sous-directrice de l’intégration des démarches de développement durable par les acteurs économiques, Ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement (MEDDTL)Joëlle Remoissenet, Conseillère régionale Pays de Loire, commission éducation et apprentissageChristine Dupuis, Secrétaire nationale, chargée de l’emploi, du développement durable et de la mixité professionnelle de l’Union Nationale des Syndicats Autonomes (UNSA)Sandrine Bourgogne, Secrétaire générale adjointe, Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises (CGPME)Jacky Fayolle, Directeur du centre études & prospectives, Groupe Alpha

Débat animé par Guillaume Duval, du magazine Alternatives Economiques.

21. «Plan de mobilisation pour les métiers de la croissance verte» en 2010. ce plan, mis en place dans le cadre du Pacte de Solidarité ecologique initié par le Grenelle environnement, contribue au développement de nouveaux emplois et à l’évolution des métiers liés à la croissance verte.

22. cnam : conservatoire national des arts et métiers.

les métiers de la biodiversité et du génie écologique

vont émerger

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collective durable. A ce sujet la région s’est fixé l’objectif « provocateur » du « 100% bio dans les cantines » et 42 établissements sont déjà concernés. Cela répond à un triple enjeu de solidarité, de santé et d’environnement. La conseillère régionale a insisté sur l’investissement supplémentaire que doit fournir l’Etat, en particulier pour aider les PME. « Notre économie est à bout de souffle mais on continue quand même ! Nous devons créer une économie sociale et remettre l’humain et la nature au cœur de l’économie », a-t-elle conclu. Le bilan de Christine Dupuis est plutôt mitigé, si l’économie verte est très importante pour son syndicat en termes de bien-être et de croissance, ce ne sont pas les emplois verts de demain qui résoudront la crise économique actuelle. « C’est la raison pour laquelle nous travaillons beaucoup sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, au niveau des territoires. Cette démarche est au cœur du projet de l’UNSA. Nous pensons que lorsque tous les acteurs se mettent autour de la table : Pôle Emploi, la Région, le Préfet, les organisations patronales et syndicales et décident de mener des actions, les résultats sont favorables pour les salariés ». Bénéteau est une expérience exemplaire dont son syndicat était partie prenante, en revanche, le cas d’une entreprise de fabrication de matelas de Troyes, sur le point de fermer ses portes, illustre le cas inverse. Rien n’a été anticipé pour proposer une solution de reclassement aux 900 salariés concernés. La solution de la reconversion de l’entreprise en recyclage de matelas a été proposée trop tardivement pour envisager une solution optimale. Elle pointe ainsi du doigt l’importance de l’anticipation dans le cadre d’une reconversion qui intègre les partenaires sociaux. L’anticipation permet de prévoir et d’explorer plusieurs scénarios possibles et pose les bases d’un dialogue social plus détendu entre les différents acteurs.

Sandrine Bourgogne, a rappelé que 97% des entreprises en France ont moins de 10 salariés. « A l’image de l’Europe, les emplois créés le sont surtout dans les PME et ce sont des emplois qui se maintiennent ». En effet, au cours des 20 dernières années, 80% des emplois créés l’étaient dans les très petites entreprises. La création de nouveaux emplois verts pour la plupart des chefs de petites entreprises est vécue comme une contrainte. « Notre rôle est de positiver et de leur prouver qu’il y a des opportunités en termes d’emplois. Pour ce faire, il y a le Plan Métiers Grenelle 1 que nous avons suivi et qui est un mouvement fort. Mais ce n’est pas suffisant. Pour les aider à s’investir, il faut également mettre l’accent sur leurs branches professionnelles, qui sont souvent les premiers prescripteurs de ces petites entreprises, il faut avoir aussi une approche plus transversale sur les formations ».

Dernier intervenant à prendre la parole, Jacky Fayolle est revenu sur une étude récente23 diffusée par le CEREQ24 portant sur la « bulle des formations environnementales », qui conclue au trop grand nombre de ces formations et au risque beaucoup plus élevé pour ces diplômés de se retrouver durablement au chômage. « Cela pose un problème fondamental, si ces formations produisent des chômeurs, que les diplômes ne correspondent pas à la demande. Nous n’avons pas besoin de petits métiers environnementaux mais uniquement de métiers hautement qualifiés ». Jacky Fayolle a mis en avant le fait que la France était en avance avec son plan de mobilisation pour le verdissement des emplois. « En revanche, le mariage de la compétitivité économique et de la vertu écologique n’est pas gagné d’avance », a t-il conclu.

ECHANGES AVEC LA SALLEUne étudiante en master développement durable est intervenue pour défendre sa compétence technique. « Les emplois verts sont parfois nébuleux pour les salariés qui sont réservés et pensent que cela signifie pour eux la perte de leur emploi », a expliqué Christine Dupuis. « Pourquoi, en 2008, on disait que la crise était une opportunité et qu’aujourd’hui, on dit que c’est un frein ? », s’est interrogée une personne du public. « Pour que la crise nous permette de rebondir, elle doit tomber sur un corps résilient. Ce n’est pas le cas aujourd’hui », a répondu Hélène Bégon.

LE TWEETSBourgogne #CGPME 97% des entreprises en France ont moins de 10 salaries. C’est 80% des créations d’emplois #greenforum2011

23. etienne campens, olivier aznar, Thibaud mazerm, « la bulle des formations environnementales », Bref du ceReQ, n°289, juillet 2011.

24. CÉREQ : Centre d’études et de recherches sur les qualifications.

L’anticipation permet de

prévoir plusieurs scénarios et pose

les bases d’un dialogue social

plus détendu

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« Tout n’est qu’une question de point de vue ». Le dynamisme et l’humour de Jean-Philippe Teboul ont clôt la journée. Le directeur d’Orientation Durable, dont la mission est de mettre en relation demandeurs d’emploi et recruteurs dans les métiers du développement durable, a résumé les différentes interventions en livrant son analyse. Il est tout d’abord revenu sur la notion floue de métiers verts en expliquant que chaque employeur a sa notion de développement durable. « Si vous parlez de développement durable à un entrepreneur en BTP, il va penser à ce qui l’intéresse, c’est à dire les marchés publics, alors qu’un banquier sera intéressé par l’investissement socialement responsable, qui représentait 52 milliards d’euros l’an dernier. Le même mot n’a pas le même sens suivant la personne à qui l’on s’adresse et un demandeur d’emploi doit donc adapter son discours ».

« Il faut sauver le soldat social ! » a plaisanté Jean-Philippe Teboul pour résumer un autre thème, cher aux syndicats, pour qui l’amélioration environnementale de la pratique industrielle ne peut se faire au détriment du social. « La production supplémentaire d’une tonne de CO2 affecte la planète entière, alors qu’un désastre social touchant tout le monde est perçu de façon très indirecte ». Les actionnaires s’intéressent principalement à la qualité environnementale au détriment de la qualité sociale. Le principal espoir vient alors du consommateur, pense Jean-Philippe Teboul. « A l’avenir, nous aurons tous les outils pour comparer la qualité sociale de deux produits, nous avons donc l’espoir que le social rattrape l’environnemental ».

Jean-Philippe Teboul a terminé sur une note d’optimisme en constatant que tous les intervenants, qu’ils soient syndicats, ONG, petites et grandes entreprises, administrations nationales et internationales, sont tombés d’accords sur plusieurs points importants : - La nécessité que l’ensemble des parties prenantes soient impliquées dans les problèmes ;- La question de l’emploi est davantage une question de configuration que de volume ;- L’importance de la reconversion écologique de l’économie ne doit pas se faire au

détriment du social.

Pour revenir sur le facteur temps largement évoqué, Jean-Philippe Teboul a rappelé que de nombreux projets d’éco-conception avaient été stoppés faute de trésorerie et qu’il était difficile dans les grands groupes, souvent détenus par des actionnaires, de mettre en place des projets à long terme alors qu’ils risquaient d’être revendus plusieurs fois dans les années suivantes. Enfin, « L’ennemi du développement durable a été trouvé » a t-il affirmé. « Ce ne sont pas les gouvernements des pays riches, ni les multinationales, mais le court-termisme ». Comme l’ont souligné la quasi-totalité des intervenants «Le développement durable nécessite non pas une vision à 3 ou 6 mois mais à 5 ou 10 ans. Les enjeux du développement durable demandent de façon impérative que les décideurs réfléchissent à long terme et seules les collectivités ont une réflexion sur plus de cinq ans tandis que les entreprises ont une vision à cinq mois ».

A la question centrale du Green Forum, la reconversion économique sera-t-elle source d’emplois, il a répondu « Oui, trois fois oui. Le gros gisement d’emplois est toujours du côté environnemental, car il y a des raisons d’embaucher et des raisons d’investir ».

LE GRAND TÉMOIN DE LA jOURNÉE

Jean-Philippe Teboul, Directeur d’Orientation Durable

L’ennemi du développement durable c’est le

« court-termisme »

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Extraits du premier Baromètre des emplois de la croissance verte et du développement durable, réalisé en septembre 2011 par Orientation Durable.

Le baromètre est un diagnostic établi après examen des offres en ligne d’une cinquantaine de sites internet consacrés au marché de l’emploi.

78 % ÉNERGIES RENOUVELABLES

5 % COLLECTIVITÉS ET ONG

9 % EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE

8 % INTÉGRATION DU DD DANS DES MÉTIERS CLASSIQUES

1292 offresd’emplois verts. Répartition par familles de fonctions

Source : Cabinet Orientation Durable. Baromêtre des métiers, septembre 2011.http://www.orientationdurable.com/wp-content/uploads/2011/11/Barometre-complet.pdf

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L’innovation sous toutes ses formes, base d’une nouvelle économie et des emplois associés

Avant de lancer le débat, Arnaud Ardouin a voulu sonder l’auditoire et dégager une grande tendance : l’innovation peut-elle créer des emplois ? Levée de cartons verts, c’est un oui massif. « Pas besoin de débat alors, on vous laisse ! », s’est amusé le journaliste avant de donner la parole à Laetitia Tuffery, co-auteur d’une étude25 menée en 2011 pour le compte de Natureparif et ayant pour but de quantifier les emplois favorables à la biodiversité et les moyens à mettre en œuvre pour augmenter leur nombre. Il en ressort que les bio-emplois sont encore peu nombreux (1 emploi sur 1000) et que les métiers liés à la gestion des ressources naturelles (sylviculture, aménagement du territoire,...), largement plus nombreux, sont mis en place par le secteur public et des chantiers d’insertion. Selon cette étude, pour augmenter le nombre de ces emplois, il faut combiner la politique de l’offre et celle de la demande. Ce qui ne sera possible que grâce à un soutien régional, permettant d’augmener la production. « On ne peut pas généraliser l’innovation », a affirmé Laetitia Tuffery, pour revenir au sujet du débat. « Il faut savoir quel secteur est concerné et de quel type d’innovation il s’agit ». Laetitia Tuffery a suggéré de mettre en place une politique à double dividende, produisant un effet positif sur la création nette d’emplois et la biodiversité, avec les leviers de la formation et du soutien financier. La notion de double dividende traduit l’idée que la mise en place d’une fiscalité environnementale (taxe carbone ou quotas échangeables mis aux enchères) peut permettre simultanément un bénéfice environnemental et un bénéfice de nature économique. Cela permet :- de ne pas modifier le montant des recettes fiscales pour l’État ;- de donner à la puissance publique les moyens de préserver notre environnement

commun ;- de relancer l’emploi, devenu beaucoup moins onéreux pour les entreprises ;- de séparer le travail, du droit des individus à avoir les moyens d’une subsistance décente (logement, nourriture, santé, éducation).

Pour résumer, c’est un impôt pour que ceux qui prélèvent le plus sur les biens collectifs, soient ceux qui rendent le plus à la collectivité.« Oui, mais pour que ça marche, il faut être dans l’anticipation. Nous ne sommes pas juste une banque de financement ! », a répondu le Vice-président la région Pays de Loire. « Interrogeons nous aussi sur la manière dont nous préparons les femmes et les hommes aux métiers de demain ? ». Jean-Philippe Magnen a insisté sur le fait que les métiers de demain ne seront pas tous verts et que l’innovation ne doit pas être uniquement technologique mais également socio-économique. « Etes-vous des mercenaires qui agissez dans les entreprises pour mettre en place l’innovation ?» a demandé Arnaud Ardouin à Paul Peityra « Nous ne sommes pas des mercenaires, mais un cluster, c’est à dire plutôt un intégrateur de trois types d’acteurs que sont les entreprises, les collectivités et le monde de la recherche. Mais également une start-up dans le domaine de la transformation de l’économie par les services. Pour nous, l’innovation est un vecteur de transformation des éco-systèmes, au niveau de la technologie mais aussi des services ».

Laetitia Tuffery, Chargée d’études - Centre d’Etudes de l’EmploiPaul Pietyra, Directeur de Nekoé, pôle d’excellence sur l’innovation par les services Stéphane Voisin, Directeur ISR, CA ChevreuxNicolas Blanc, Directeur projets territoires, infrastructures / universités, innovation, du groupe Caisse des DépôtsJean-Phillipe Magnen, Vice-président en charge de l’emploi, de la formation et des métiers de demain de la Région Pays de Loire

Débat animé par Arnaud Ardoin de La Chaîne Parlementaire

TAbLE RONDE 3

25.laetitia Tuffery et alt., « les emplois favorables à la biodiversité en Ile-de-France », 2011.

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Arnaud Ardoin anime le débat « L’innovation sous toutes ses formes », base d’une nouvelle économie et des emplois associés.

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Nicolas Blanc a rappellé que le développement durable était une des priorités de la Caisse des Dépôts, dont l’un des moyens développés pour verdir l’économie est d’aider l’innovation territoriale. « On constate que cela existe davantage dans d’autres pays européens, avec les clusters et les pôles de compétitivité. Le pire de tout, c’est la non-action ! » La notion d’investissement à long terme est très importante pour la Caisse des Dépôts qui investit dans des projets au service du développement de tous les territoires, donnant ainsi du temps à l’innovation et à une croissance durable.

Stéphane Voisin, chargé de présenter le Living Planet Fund26, qui est un fond d’investissement socialement responsable (ISR) lancé en 2003 par le WWF International, rappelle que « l’innovation financière est rarement écologique » et qu’au contraire le Living Planet Fund permet d’investir dans des entreprises européennes qui proposent des solutions écologiques comme les éco-produits, les énergies renouvelables et la gestion durable de l’eau. « Le pôle de croissance le plus fort est celui de l’efficacité, énergétique notamment. Son succès vient aussi du fait qu’il a besoin de peu de financement, contrairement aux énergies renouvelables ». Selon lui, la filière des éco-produits marche bien et est créatrice d’emplois. « Contrairement aux idées reçues, le degré d’innovation dans tous ces secteurs est relativement faible. L’innovation technologique crée surtout de l’obsolescence sans réel impact écologique positif et parfois un impact catastrophique sur le plan social. Il est plus question de choix que de technologie. On choisit entre deux technologies existantes » a affirmé le représentant du CA Chevreux.

« Qui donne l’impulsion pour verdir les emplois ? », demande Arnaud Ardouin. « C’est souvent le politique qui donne l’impulsion et travaille ensuite avec les différents partenaires. Dans notre région, on oppose aujourd’hui le développement de l’éolien maritime à la construction d’un nouvel aéroport près de Nantes. Il y aurait 4000 emplois créés de chaque côté, mais dans le premier choix, on réindustrialise en créant des emplois dans le sens d’une conversion écologique. L’élu doit se positionner », répond Jean-Philippe Magnen. « La bonne nouvelle », d’après Nicolas Blanc, « c’est que l’on sera content de voir disparaître les secteurs de l’économie plus polluants, très intensifs en capital, mais sur des segments particuliers de populations très formées type ingénieurs, et qui seront remplacés dans quelques décennies par des secteurs où l’emploi sera territorialisé, à plutôt moins forte intensité capitalistique ; pour donner un exemple il pourrait s’agir de l’éolien off-shore qui remplace une partie de la production énergétique qui aujourd’hui est alloué au nucléaire. Le kilowatt/heure produit est beaucoup plus intensif en emploi que dans le premier cas ». « Dans les territoires, l’emploi est moins volatile, moins soumis aux aléas du marché et de la mondialisation. On peut donc être raisonnablement optimiste sur des phénomènes de transition économique qui sont prometteurs en terme de création d’emplois ». Il a également souligné que cette analyse est loin des prédictions d’une France désindustrialisée n’offrant plus que des services. Il a par ailleurs constaté une évolution intéressante des problématiques : « Le Grenelle initial n’était pas de créer de la valeur ou de l’emploi, mais d’aller vers des modes de production moins intensifs en carbone. C’est donc plutôt positif ». Pour lui aussi, il ne reste plus qu’à se doter d’outils capables de mesurer la création de valeur autrement que par le prisme étriqué du PIB et de mettre en place des collaborations public-privé.

« Pour aider concrètement les industries à verdir leurs activités, la région Pays-de-Loire soutient les laboratoires de recherche sur l’évolution des matériaux, les clusters et grappes d’éco-construction » a expliqué Jean-Philippe Magnen.

« Rien ne peut évoluer si la puissance publique ne donne pas l’impulsion pour créer de nouvelles filières industrielles. Le chef d’entreprise est un animal à sang-froid, ce n’est pas lui qui fait les choix », poursuit Stéphane Voisin, en rappelant que « Les leaders technologiques européens se font tailler des croupières par la Chine et la Corée ». La Chine investit 600 millions d’euros pour l’innovation quand la Corée y consacre 6,7 % de son PIB. « Il faudra sortir du schéma : si le politique décide, l’entreprise suivra. Il y a trop de verrous juridiques qui bloquent les initiatives », a poursuivi Nicolas Blanc.

26. http://www.wwf.fr/agir/investir-dans-des-fonds-responsables/living-planet-fund-pour-des-investissements-socialement-responsables

C’est souvent le politique qui donne

l’impulsion pour verdir les emplois

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Pour Jean-Philippe Magnen, « Le choix du tout nucléaire a empêché le développement d’autres filières innovantes. On doit à la fois susciter la création d’activités économiques sur notre territoire et en même temps, prendre conscience qu’un certain nombre de filières se sont développées plus vite en Allemagne ou dans les pays d’Europe du nord. Il faut imaginer des coopérations inter-régionales au niveau européen ».

« Pourquoi une entreprise a besoin de l’accompagnement d’un pôle spécialisé dans l’innovation par les services comme Nekoé ? » demande Arnaud Ardouin à Paul Pietyra, « Nous faisons émerger l’horizontalité de l’économie plus que la verticalité. La transformation par les services reste très abstraite. On nous appelle pour des raisons pragmatiques, quand l’entreprise a un gros souci financier, ou parce que le chef d’entreprise a une vision qu’il souhaite voir appliquer ».

ECHANGES AVEC LA SALLELaurent Carrié, de la CFE-CGC, un syndicat de cadres, a entamé la session d’interaction avec le public de façon provocatrice : « A cette table ronde, tous mes ennemis sont représentés : banquier, politique et économiste. Je trouve votre discours anxiogène. Moi, si je dis aux salariés d’une usine que la croissance verte c’est formidable mais que ça va détruire vos emplois, je suis séquestré dans la minute ! ». « Je cumule les trois tares : banquier, économiste et politique » a plaisanté Nicolas Blanc avant de répondre « Accompagner les filières dans leur évolution n’est pas anxiogène. En revanche, si vous dîtes aux salariés de l’industrie sidérurgique que dans 50 ans, tout sera pareil, là c’est très inquiétant ». « Exactement », a surenchérit Jean-Philippe Magnen. « Il ne faut pas abandonner l’industrie, mais l’aider à se convertir et se diversifier. Ce n’est pas anxiogène, c’est porteur d’espoir ». Pour Laetitia Teffery « Il n’y a pas de scénario catastrophe, mais une vision à court, moyen et long terme ». Paul Pietyra a conclu en disant que « Les grandes transformations des entreprises mettaient 15 ans à aboutir ». Arnaud Ardouin a demandé au public de répondre de nouveau à la question sur l’innovation créatrice ou non d’emplois et malgré quelques cartons rouges supplémentaires, la réponse était toujours OUI.

POuR ALLER PLuS LOIN Laetitia Tuffery et alt., « Les emplois favorables à la biodiversité en Ile de France », téléchargeable sur : http://www.natureparif.fr/attachments/observatoire/EtudeEmplois/CEE-Natureparif-rapport_final_web.pdfSite du Living Planet Fund : http://www.livingplanetfund.com/

LE TWEETJPM > Il faut casser l’idée que l’Economie Sociale et Solidaire et ses innovations seront encore pendant des décennies de l’émergence ou de l’expérimentation

Les grandes transformations des entreprises

mettaient 15 ans à aboutir

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Consultation du public pendant le Green Forum 2011.

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La transition social-écologique, comment ? Découplages, nouvelles mesures du bien-être et justice environnementale

Eloi Laurent a tenu à manifester son estime pour le WWF, qui, grâce à ses recherches et à ses bases de données, a joué un rôle très important dans sa culture écologique.

Son intervention avait pour objectif de replacer la question de la transition écologique de l’économie dans le contexte plus ample de la social-écologie, sujet de ses travaux. Il en a illustré l’approche, les conséquences analytiques et politiques ainsi que les solutions, en perspective d’une conclusion qui a porté sur la question de l’emploi.

Eloi Laurent a démarré sa présentation par deux images, un tableau et une représentation graphique des « limites planétaires », issues d’un célèbre article27 publié dans la revue Nature en 2009. Actuellement nous avons atteint ces limites dans trois domaines : les changements climatiques, la biodiversité et le cycle de l’azote. Ces images visaient à illustrer son propos : dans l’appréhension des crises écologiques actuelles, les sciences dures comme la biologie et la physique ne font que constater le dépassement des limites planétaires, sans nous permettre de formuler de solutions. Afin d’y remédier, nous avons besoin d’intégrer la dimension des sciences sociales. La social-écologie, ou l’approche sociale-écologique, est justement la compréhension des questions environnementales mettant en lien sciences naturelles et physiques, et sciences sociales. Ce chaînon manquant du savoir écologique est une grille de lecture nouvelle pour la résolution des crises qui concernent les facteurs environnementaux et sociaux.

Les crises écologiques révèlent ce qu’Eloi Laurent appelle le grand paradoxe de la connaissance et de l’action. Depuis deux décennies, les sciences de l’environnement ont fait des progrès considérables. Pourtant, nous voyons notre environnement se dégrader davantage. L’unique hypothèse valable pour expliquer ce paradoxe est simple : d’une part, nous ne savons pas encore tout ce que nous devrions savoir et d’autre part, nous ne savons pas comment réformer les systèmes humains pour préserver les systèmes naturels. En effet, nous manquons encore de données qui ne relèvent pas forcement de la connaissance scientifique des problèmes.

Pour Eloi Laurent, les sciences sociales et humaines détiennent la clé des problèmes révélés par les sciences dures car elles nous permettent d’enquêter sur les comportements individuels et collectifs. De ce fait, nous pourrons décrypter les mécanismes et les leviers efficaces pour instaurer des dynamiques de changement dans nos sociétés. Intégrer la dimension des sciences sociales dans l’approche analytique permet de reconnaitre que les crises écologiques sont aussi des crises sociales et de passer ainsi à la compréhension du volet politique de la social-écologie.Au niveau politique le principe est le même : dans l’analyse et dans la recherche des solutions, il ne faut pas scinder les deux dimensions écologique et sociale. Nous n’arriverons pas à résoudre les crises écologiques si nous n’imbriquons pas les enjeux écologiques dans les questions sociales. Tant qu’on ne fera pas d’emblée des politiques social-écologiques, où chaque question sociale trouvera une traduction dans les questions écologiques, nous n’arriverons pas à progresser. Pour préparer cette transition, raisonner en termes d’économie ne suffit plus. Dans l’approche des crises écologiques et des catastrophes écologiques il faut mettre en lumière les enjeux de gouvernance et de justice. Un tremblement de terre, les changements climatiques et l’érosion de la biodiversité ne sont pas des événements « neutres » en termes d’enjeux sociaux. Les crises écologiques vont faire exploser les injustices environnementales, et les citoyens commenceront à être vraiment sensibles à cet enjeu quand ils comprendront que derrière la question écologique se cache la question des inégalités.

INTERvENTION 5Eloi Laurent, Economiste, professeur à l’Université de Standford et conseiller scientifique au OFCE / Science Po-Paris, centre de recherche en économie.

27. Rockström J. et al, “a safe operating space for humanity”, nature, Septembre 2009, 461(7263) :472-5.

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Dès lors, la social-écologie n’est plus seulement une grille de lecture du présent mais devient un horizon politique. C’est par la construction et l’application des politiques social-écologiques que nous pourrons reformer la social-démocratie et son projet politique. Il faut réformer les systèmes humains pour préserver les systèmes naturels, à l’aide de politiques sociales écologiques. Le sens profond du message de la social-écologie est un profond message d’espoir : nos sociétés seront plus justes si elles sont plus soutenables, et elles seront plus soutenables si elles sont plus justes.

Une fois posé le cadre général de la social-écologie, il convient de poser de façon plus approfondie et pratique les instruments avec lesquels nous pourrions construire la transition social-écologique. Ces instruments sont la résilience social-écologique, les découplages, une économie verte, la conception et la mise en œuvre des nouveaux indicateurs de développement humain.

Construire la résilience social-écologique : nous avons déjà expérimenté certaines catastrophes écologiques et nous savons que d’autres crises vont arriver. Il s’agit donc de s’adapter de manière démocratique et non darwinienne aux crises écologiques, de les affronter de façon égalitaire et de les anticiper en s’armant d’instruments capables de nous protéger. Si nous n’intégrons pas dès à présent le facteur écologique dans nos politiques publiques de prévention, il y aura des catégories de gens protégées et d’autres extrêmement vulnérables. Sur un plan politique et social, ces instruments indispensables seront des protections social-écologiques collectives. Il s’agit ici d’inventer l’Etat-Providence social-écologique. Si, dans la résolution des crises environnementales, nous ne prenons pas en charge la variable sociale nous allons vivre ce que l’économiste appelle « le monde du cyclone Katrina, monde dans lequel si vous êtes noir et pauvre, vous mourrez. Si vous êtes riche et blanc et vous avez une voiture privée vous vous échappez ». L’exemple de la canicule de 2003 et du plan qui en a découlé est un exemple pertinent. La canicule était un événement social profondément inégalitaire : 90 % des victimes avait plus de 65 ans. La catégorie socioprofessionnelle et l’isolement social ont été les principaux facteurs déterminants les taux de mortalité. Une autre canicule a frappé la France trois ans après. Le plan Canicule a démontré son utilité car il a permis de limiter les dégâts. La nécessité de travailler dans le sens des politiques social-écologiques est valable aussi pour d’autres domaines des politiques publiques : la fiscalité (on ne peut pas construire une fiscalité carbone sans inclure les aspects sociaux), les questions liées à l’urbanisme, aux transports collectifs, etc.

L’excès d’inégalités peut empêcher le développement humain, les inégalités sociales devenant écologiquement insoutenables. En reconnaissant les inégalités environnemen-tales et en visant ainsi une transition juste à travers un Etat providence social-écologique, on réconciliera les citoyens avec l’écologie et on évitera l’illusion de l’arbitrage envi-ronnemental-social. De plus, il est nécessaire de considérer les inégalités comme levier important dans la mobilisation des personnes. L’exemple de la précarité énergétique28

est un sujet majeur d’injustice sociale. 13 % des ménages français sont victimes de pré-carité. Au Royaume-Uni, de 2003 à 2009, ce nombre est passé de 3 % à 18 % sous le coût des prix de l’énergie.

La précarité énergétique dépend de trois facteurs : le niveau des revenus, les conditions de logement, le prix de l’énergie. Ces trois facteurs s’aggraveront au cours des prochaines années. La précarité énergétique est une question préoccupante et la mise en garde est tangible : en France il n’y a actuellement ni réflexion ni prospection à ce sujet. Nous n’avons pas de données sur le nombre de personnes exposées aux risques industriels, aux pollutions sonores et aux déchets toxiques et encore moins d’outils au niveau des politiques publiques. Si nous n’agissons pas avec les bons outils et des politiques publiques social-écologiques dès maintenant, nous aurons à terme des problèmes de justice sociale.

28. au Royaume-Uni, où les travaux sur la précarité énergétique ont commencé dès le début des années 1990, un ménage est considéré comme en situation de « pauvreté énergétique » (fuel poverty) s’il dépense plus de 10 % de son revenu pour maintenir un « niveau adéquat de chaleur » dans son logement, soit une pièce à vivre à 21 degrés et les autres pièces de son logement à 18 degrés (on inclut le coût en énergie du chauffage de l’eau et de l’éclairage) Il s’agit de la définition la plus précise de la pauvreté énergétique qui existe à ce jour dans l’Union européenne. extrait de « Pour une justice environnementale européenne, le cas de la précarité énergétique » dans la revue de l’oFce Débats et politiques n°120 – “Économie du développement soutenable”, sous la direction d’Éloi laurent.

L’excès d’inégalités peut empêcher

le développement humain

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En France 60 % de personnes exposées aux risques industriels vivent en ZUS29

(Zone Urbaines Sensibles). Ce chiffre est exemplaire dans la boucle sociale/environnementale des inégalités : vous avez des revenus modestes, vous habitez en banlieue, vous avez des conditions environnementales qui sont dégradées, cela va diminuer votre bien être et par conséquent hypothéquer vos conditions de développement humain.

Les pouvoirs publics ne peuvent plus faire l’impasse sur l’environnement dans lequel nous vivons alors que celui-ci détermine en partie notre santé et plus largement notre bien-être. Qu’il s’agisse d’environnement de travail, de résidence ou de loisirs, cette problématique doit être intégrée dans les politiques publiques.

Les découplages30 : Sur ce sujet, Eloi Laurent ne partage pas l’avis de Tim Jackson31, pour lui il n’y a pas un « mythe » du découplage (l’impossibilité d’un découplage absolu entre la croissance économique et son impact environnemental occupe le cœur de la démonstration de l’ouvrage du chercheur britannique Tim Jackson) mais bien une réalité dont il faut se donner les moyens car il s’agit du grand instrument qu’il va falloir utiliser dans les 30 prochaines années pour penser et accompagner la transition. Les résultats de l’application des découplages au sein de l’EU en général (l’UE à réussi son découplage absolu entre croissance économique et émissions de gaz à effet de serre) et des Pays Bas en particuliers sont porteurs d’espoir.

Eloi Laurent a listé les 4 dimensions à prendre en compte pour cet instrument et de fait quatre découplages :

1) Découplage économie/bien-être : découplage de l’activité économique et du bien-être humain. Cet objectif ne pourra pas être atteint sans passer par la conception et la mise en œuvre de nouveaux indicateurs de développement humain, pas seulement au niveau national, le niveau local est aussi envisageable (ex. en septembre 2010 Les Pays de la Loire ont mis en place des nouveaux indicateurs de développement après avoir organisé une délibération publique sur le sujet). Au sujet de l’emploi, Eloi Laurent a rappelé l’importance de la qualité de l’emploi qui se pose dans le cadre de ce découplage : est-ce que nous pouvons augmenter la qualité de l’emploi tout en augmentant la quantité des emplois ?

2) Découplage économie/ressources naturelles : découplage de l’activité économique de l’usage des ressources naturelles par l’accroissement de la productivité matérielle.

3) Découplage économie/impact environnemental : le revenu et l’emploi augmentent alors que se réduisent les dégradations environnementales par le développement de l’économie verte (éco-industries, fonctionnalité, circularité, etc.). L’exemple de l’UE de découplage absolu entre croissance économique et émissions de gaz à effet de serre (augmentation PIB par habitant, diminution des émissions CO2) est dans ce cadre un exemple de réussite.

4) Découplage bien-être/impact environnemental : le bien-être humain augmente sans pour autant dégrader l’environnement.

29. exemple issu des données des travaux de la délégation interministérielle à la ville.

30. Il y a découplage lorsque le taux de croissance d’une pression sur l’environnement (par exemple les émissions de co2) devient inférieur à celui de sa force motrice (par ex. la croissance du PIB). on parle de découplage absolu si la pression sur l’environnement (par ex. le volume des émissions de co2) demeure stable ou décroît tandis que la variable mesurant la force motrice augmente (par exemple le PIB réel en volume). Il y a découplage relatif lorsque la pression sur l’environnement augmente mais à un taux de croissance moindre que celui de la force motrice (taux de croissance du PIB > taux de croissance des émissions) ». « Faut-il décourager le découplage ? », Éloi laurent, dans la revue de l’oFce, Débats et politiques n°120 – « Économie du développement soutenable », octobre 2011, sous la direction d’Éloi laurent.

31. auteur de Prospérité sans croissance, (éd. de Boeck, 2010). cette publication est une version largement revue et complétée de l’étude que Tim Jackson a réalisée pour le compte de la Sustainable Development Commission, une instance consultative du gouvernement britannique, au sein de laquelle Tim Jackson est commissaire au développement durable. Il déconstruit la croissance économique comme impératif de progrès ou synonyme de prospérité et formule des propositions pour passer à un autre modèle de production, vert, florissant et durable.

Les résultats de l’application

des découplages au sein de l’EU

sont porteurs d’espoir

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Economie verte : Eloi Laurent a insisté sur le besoin d’investir massivement dans ce secteur, il faut développer l’économie circulaire et fonctionnelle, les éco-industries et les incitations de la part des pouvoirs publics. L’économie verte sera le sujet du sommet de Rio en juin 2012, il aura donc davantage de littérature internationale (OCDE, PNUE) à consulter sur les pays en voie de développement comme pour les pays développés.

Les incitations : pour modifier les comportements et les attitudes des citoyens les incitations sont des moteurs importants. Selon Eloi Laurent l’action des pouvoirs publics ne doit pas seulement impacter le prix mais également la valeur. L’économie « compte » et mesure, et « mesurer, c’est gouverner ». Dans la délibération en faveur des nouveaux indicateurs de développement il y a la question de la mesure et donc du changement de valeur.

Pour revenir à la question de l’emploi et se reposer la question principale de ce Green Forum : est-ce que la reconversion écologique de l’économie sera-t-elle source d’emplois, l’économiste a cité une étude de 2004 de l’OCDE. Cette étude a comparé, pour 27 pays sur 35 faisant partie de l’OCDE, les 7 secteurs les plus polluants en mettant en relation la part cumulative que cela représente en termes d’emplois et en termes d’émissions de CO2. Les conclusions sont édifiantes : 80 % des émissions de CO2 dans l’OCDE sont le fait de secteurs qui représentent moins de 10 % de l’emploi. Les secteurs les plus polluants sont très intensifs en capital et faiblement intensifs en emplois. Eloi Laurent a rappelé que ce constat a été également fait par les intervenants de la précédente table ronde. « Cela démontre que le découplage emplois / carbone n’est donc pas un fantasme. Dans le cadre de l’étude de l’OCDE que nous venons de citer, supprimer ces emplois (moins de 10 %) permettrait d’atteindre notre objectif de réduction des émissions de CO2 (80 %) et de faire émerger de nouveaux emplois plus verts, pour que la balance de l’emploi soit positive en net ».

Enfin, pour finir sur la crise économique que nous traversons et la mesure de la soutenabilité, Eloi Laurent a renvoyé à la question des indicateurs et notamment au rapport Fitoussi-Sen-Stiglitz32. « D’un coté nous avons une crise économique et de l’autre une crise de valeur. D’un coté une crise qui pousse les gens à demander plus de croissance et plus d’emplois et de l’autre une crise qui nous dit que nos indicateurs de mesure de richesse sont périmés, inadaptés et la crise économique en est la preuve car nous n’étions pas prêts. Tout semble dire : il faut passer à de nouveaux instruments. Pourtant les nouveaux indicateurs de bien être et de soutenabilité préconisés par le rapport FSS ont été mis en œuvre notamment par l’INSEE, il y a des groupes de travail qui ont été mis en place au niveau national et international car les indicateurs sont un instrument capital de la transition : « Le PIB existe depuis 50 ans, on ne pourra pas en sortir demain. Mais le fait que tout le monde le considère officiellement comme périmé est une très grande avancée ».

ECHANGES AVEC LA SALLELaurent Carrié, du syndicat CFE-CGC : « Votre présentation me fait penser à celle d’un autre économiste, il y a 15 ans, qui faisait l’apologie de la mondialisation et de ses bienfaits. On voit ce que ça a donné ! Vous n’avez pas l’impression d’avoir une vision idéaliste ? Je vous donne un exemple : vous avez dit qu’en France 60 % des personnes exposées aux risques industriels vivent en ZUS, en tant que représentant des salariés je peux vous dire que 95% des victimes des accidents industriels sont des salariés. Parfois la théorie peut être très éloignée de la réalité. (…) Vous n’avez pas parfois des doutes sur le fait que l’on va très loin dans une vision idéaliste de ce nouveau monde qui se prépare ? ».

32. la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi sur la mesure de la Performance Économique et du Progrès Social a été crée en 2008 sur l’initiative du gouvernement français. elle a remis en septembre 2009 un rapport qui s’appuie sur les très nombreux travaux de recherche appliquée qui ont été menés dans divers domaines des sciences économiques et sociales au cours des dernières années. ces travaux proposent des indicateurs synthétiques de bien-être plus appropriés que le PIB, ainsi que des tableaux de bord visant à appréhender performance économique et qualité de vie à travers leurs différentes facettes.

80 % des émissions de CO2

dans l’OCDE sont le fait

de secteurs qui représentent

moins de 10 % de l’emploi

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« Je n’ai pas l’impression d’être pétri de certitudes sur tout ce que j’ai dit. A vous écouter, on a l’impression que le monde est soumis à la logique écologique, mais c’est tout le contraire qui est vrai ! Les politiques écologiques ne sont pas du tout mainstream » a répondu Eloi Laurent. « Regardez combien on consacre à la protection de l’environnement dans le budget de l’Etat français : cela ne représente que 3 %, aujourd’hui dans le système fiscal français les taxes environnementales ne représentent que le 2%. La reconversion dont on parle n’existe pas encore aujourd’hui ; on commence tout juste à entendre la parole écologique ». Eloi Laurent a précisé aussi qu’il a « de moins en moins de doutes sur la grave réalité des crises écologiques car la qualité des travaux scientifiques est irréprochable, mais j’ai aussi de moins en moins de doutes « sur le fait qu’on est face à une industrie de mensonges et d’enfumage qui ne veut pas le reconnaître ». « Et j’ai aussi des doutes sur le caractère acceptable et démocratique de l’industrie qui consiste à nier cette réalité de la crise écologique ». Sur les autres éléments de la question, le chercheur a tenu à préciser la différence entre le risque d’accident industriel évoqué dans la question de Laurent Carrié et les effets sur la santé des populations exposées aux risques industriels. Les accidents sont des inégalités qui apparaissent de manière brutale à un moment donné alors que les risques industriels évoqués par Eloi Laurent sont plutôt des formes d’inégalité latentes du fait d’habiter à proximité d’un établissement industriel ou d’un site toxique : l’exposition prolongée à la pollution, les risques d’effets à long terme sur la santé (augmentation du nombre des cancers) etc. L’économiste a regretté que sur ces questions le débat public se fasse encore attendre : nous n’avons actuellement quasiment aucune donnée statistique de ce type sur l’industrie nucléaire.

« Pourquoi tous ces chercheurs n’ont pas encore inventé LE nouveau PIB ou tout autre indicateur que tout le monde attend ? », interroge Cyrille Jubert, fondateur d’un bureau de conseil en communication RSE. « Il y a 35 nouveaux indicateurs qui sont proposés, mais il ne faut surtout pas inventer un nouveau PIB ou un anti-PIB ni un indicateur unique, car cela pose un grand problème de pondération. Aujourd’hui il faut avant trouver un accord sur la méthode et surtout sur l’objectif à atteindre », conclut l’économiste.

POuR ALLER PLuS LOIN Eloi Laurent, Social-écologie, Ed. Flammarion, 2011.Eloi Laurent, Jean-Paul Fitoussi, La Nouvelle Ecologie politique, Ed Seuil, 2008.Éloi Laurent « Faut-il décourager le découplage ? » et « Pour une justice environnementale européenne : le cas de la précarité énergétique » dans la revue de l’OFCE, Débats et politiques n°120, octobre 2011.Didier Blanchet, Marie Clerc, Mathilde Gaini, « Les préconisations du rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi – quelques illustrations » dans L’économie française, INSEE ref Édition 2010.

LE TWEETEloi Laurent La transition social-ecologique est le nouvel horizon de la social-democratie.

Les risques industriels sont

des formes d’inégalité latentes 

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Comment les entreprises du secteur des transports doivent-elles anticiper la transition écologique de l’économie afin de survivre et d’assurer un emploi à leurs salariés ?

Dominique Pialot a rappelé que les transports représentent une part significative des émissions de CO2 en France, et globalement les impacts des transports sur l’environnement n’ont cessé de croître malgré les efforts du secteur : une étude prospective à horizon 2050, prévoit un doublement des émissions de CO2 alors que l’objectif de l’Union européenne est une réduction de 60 %. « Comment la RATP s’attaque au défi du changement climatique et avec quelle incidence pour l’emploi ? » a demandé Dominique Pialot à Françoise Combelles. « Comme le disait avant Eloi Laurent, nous ne séparons pas crise écologique de la crise économique, et nous agissons avec cette double difficulté. Nous continuons notre développement vers la grande couronne, où le besoin de transport en commun est croissant : nous ne représentons que 11% de part de marché, contre 60 % à Paris. En revanche, nous sommes financés par les pouvoirs publics et en temps de crise c’est plus difficile de faire avancer les choses à la fois sur le versant économique et sur celui écologique », a t-elle expliqué. « Dans ce sens, nous nous attachons à favoriser les transports collectifs non polluants et les transports complémentaires, entre autre le vélo, pour faire augmenter le taux actuel de son usage à Paris ». Pour une entreprise comme la RATP, envisager ces mutations demande de repenser les chaines multimodales et se traduit par le changement de certains emplois internes. Il s’agit notamment de modifier l’ingénierie du transport collectif au profit d’une ingénierie de la mobilité qui pense le transport public dans sa dimension plus globale, « de porte à porte ». Les métiers d’accueil et de vente doivent aussi évoluer pour mieux orienter les usagers à la logique des transports multimodales. Cela demande de la formation à l’eco-conception et aussi un enrichissement des compétences à tous les niveaux.

« Ce n’est pas une évolution qu’on affronte mais qu’on anticipe. De fabricants d’automobiles, nous devons passer à un statut de fournisseur de mobilité, tout en diminuant l’impact environnemental de nos produits », a répondu Patrice-Henry Duchêne de PSA. Selon lui, le rapport à l’automobile à moyen et long terme ne passera pas forcément par la propriété. Raison pour laquelle l’entreprise produit vélos, scooters et voitures électriques et développe des services permettant au voyageur de choisir à tout moment le mode de transport le plus adapté, selon son usage, son besoin et le lieu où il habite. PSA a commercialisé deux types de services. Le premier permet à partir d’une carte chargée d’aller dans 40 villes et plus de 100 points de vente et récupérer le vecteur de mobilité qui convient le mieux. Le deuxième est une plate-forme informatique où les usagers peuvent faire des simulations de transport, réserver un billet de train ou louer un véhicule. « En terme d’emplois, la mutation technologique va faire évoluer la fabrication, qui sera réalisée par des anciens salariés reconvertis. Nous procédons également à des formations et à des recrutements pour la nouvelle offre de service multifonction ». Patrice-Henry Duchêne a mis en garde contre la surévaluation des capacités de la population à changer ses comportements. Des études montrent qu’il n’y aura pas moins de véhicules en 2050, mais qu’ils seront différents.

Dominique Olivier, Secrétaire confédéral en charge du développement durable, CFDT Dominique Launay, Secrétaire général de l’Union interprofessionnelle des transports, CGTJean-Stéphane Devisse, Directeur des programmes du WWF-France Patrice-Henry Duchêne, Délégué général développement durable, PSA Peugeot CitroënFrançoise Combelles, Déléguée générale à l’innovation et au développement durable, RATPPierre Albano, Directeur délégué environnement, Air FranceAlain Mestre, Expert transports et prospectives, cabinet Syndex

Débat animé par Dominique Pialot du quotidien La Tribune

TAbLE RONDE 5

Le rapport à l’automobile

à moyen et long terme

ne passera pas forcément

par la propriété

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Eloi Laurent, économiste, professeur de l’Université de Standford.

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« La croissance du transport aérien est en hausse », à quant à lui affirmé Pierre Albano, d’Air France. Pour diminuer son impact environnemental, la compagnie aérienne peut intervenir sur l’avion et le carburant. « Nous faisons de la recherche sur des appareils permettant la réduction des bruits et des émissions de CO2 et sur des matériaux innovants. Ces recherches génèrent de nombreux emplois. Concernant les carburants, nos recherches portent sur d’autres énergies pour réduire la facture économique et diminuer notre dépendance aux énergies fossiles ». Pierre Albano a avancé l’hypothèse des biocarburants comme moyen de maintenir des emplois et même d’en créer dans certains pays.

Dominique Launay a fait le point sur le transport routier, très émetteur de CO2, en particulier le transport routier de marchandises. D’après le syndicaliste, il est en augmentation et en majorité géré par des entreprises étrangères employant des salariés étrangers : « Nous sommes face à un véritable dumping social, qui tire les coûts vers le bas, et empêche les modes de transports alternatifs de se mettre en place, comme le ferroviaire, qui au lieu de se développer voit sa part diminuer. Nous allons dans le sens inverse du Grenelle I. C’est une anomalie en termes de développement durable car le transport routier coûte de plus en plus cher. Il y a vraiment besoin de réorienter les choses, il faut placer l’humain au cœur et jouer la complémentarité plutôt que la concurrence dans les transports ». Dominique Launay a par ailleurs insisté sur la nécessité d’une maitrise publique plus importante, car il s’agit de choix de société, donc de choix politiques et d’un renforcement du service public qui ne soit pas soumis à la rentabilité immédiate. « La privatisation entrainerait une recherche de rentabilité à court terme incompatible avec la recherche et l’amélioration du service. La création d’un pôle public des transports qui travaillerait sur les complémentarités et la multi-modalité, signifiera pour nous forcement création d’emplois ».

Alain Mestre a exposé le scénario tendanciel étudié par Syndex en rappelant les deux enjeux considérables du secteur des transports : premièrement, les émissions de CO2, « Les transports sont le seul secteur où il est prévu une forte hausse voir un doublement en 2050 dans les pires prévisions » et deuxièmement la bataille énergétique, « même pour les transports publics, l’énergie est le plus gros poste du budget ». L’étude montre que si on augmente la part des véhicules hybrides et électriques de 20% en 2020 puis de 40% en 2030, l’impact sur l’emploi sera très positif : 30.000 emplois seraient détruits mais 130.000 seraient à créer, en revanche non substituables. Il y aurait donc un énorme enjeu de transition sociale à gérer. Dans le transport routier, le défi est difficile : 360.000 personnes en France et 5 millions en Europe sont concernées. En revanche, si l’on développe les transports collectifs voyageurs, qui comptent déjà 220.000 salariés, 760.000 emplois pourraient être créés.

Dominique Olivier de la CFDT, s’est d’abord félicité de l’avis commun récemment rendu sur les transports par le patronat, les syndicats, les collectivités territoriales et les associations écologiques et concernant la priorité donnée à la mer, au fret, au fluvial et à la volonté de faire reculer l’aviation et le routier ; ainsi que la multi-modalité et la mise en place d’un système d’information intégré pour que les usagers utilisent les différents modes de transports. Concernant les transitions professionnelles, il a regretté le manque d’anticipation sur les changements à opérer et l’énorme retard pris depuis le Grenelle de l’environnement. « Tout le monde est tombé du placard quand sont sortis les décrets d’application du Grenelle début 2011, alors qu’on le savait depuis 2007 ! Nous avons 10 ans de retard ». « Les initiatives internes aux entreprises ne permettent pas d’avancées suffisantes. Au niveau des conventions collectives, aucun travail d’anticipation n’a été lancé à ce jour, comme les contrats d’études prospectives sur l’évolution des métiers, les emplois et les compétences, qui demandent un à deux ans de travail, et ensuite la conduite de négociations paritaires pour ajuster les référentiels de métiers, les classifications...». Dominique Olivier préconise la mise en place de plateformes territoriales qui apporteraient de l’information, du conseil et de l’accompagnement aux salariés devant changer de métier.

760.000 emplois pourraient

être créés si l’on développe

les transports collectifs voyageurs

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Pour finir, Jean-Sébastien Devisse du WWF-France, a rappelé les contraintes, climat, coût énergétique, concurrence exacerbée et les défis de la transition écologique : créer des emplois, diminuer la consommation énergétique et améliorer l’offre de services. « Il faut privilégier les secteurs économiques créateurs d’emplois, les technologies moins intensives en énergie et gaz à effet de serre, se servir d’instruments financiers comme une contribution climat-énergie ou les fonds de placements pour les régions ». « La réussite sera dans le panachage des solutions » a t-il conclu.

ECHANGES AVEC LA SALLE« La France est-elle en retard ? » ont demandé plusieurs personnes du public. « L’Europe est en retard sur les bio-carburants par rapport aux USA. Les pays ont du mal à se coordonner et sont toujours dans la concurrence », a expliqué Pierre Albano. « La filière automobile n’est pas en retard. Nous aurons atteint l’objectif des 95 grammes de CO2 par kilomètre en 2020 », a affirmé Patrice-Henry Duchêne. « Nous sommes en retard sur la taxe carbone qui n’arrive toujours pas et qui entraîne des fraudes massives. Nos outils sont inadaptés », d’après Françoise Combelles.

LE TWEET DLauney CFDT # transport routier marchandises : il coûte de plus en plus cher et nous allons dans le sens inverse du Grenelle I.

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Serge Orru – Directeur Général du WWF France

Mes chers amis de la planète,

Comment produire de la richesse sans détruire le vivant ? Comment inventer l’économie du moindre impact sur l’environnement proche et lointain ? Comment favoriser l’industrialisation verte dans notre pays et en Europe ? Comment éviter un monde qui vivra entre Madonna et l’Abbé Pierre ?

Ce sont des questions fondamentales auxquelles vous avez tous commencé à apporter des réponses lors de ces deux jours de débats pertinents et fructueux, et je vous en remercie vivement.

Nous le savons tous : la route vers une économie verte créatrice d’emplois est encore longue, et nous avons besoin de travailler de concert pour expliquer, éclairer, démontrer sans caricaturer, pour convaincre nos décideurs que la transition écologique de nos sociétés doit être réfléchie par tous, dans une coopération conflictuelle parfois, mais dans le même objectif toujours. Il y a urgence à agir et à créer les conditions d’un dialogue social concerté sur les mutations de l’économie verte. Fort de ses 5000 experts et de ses 50 années de combat pour une planète vivante, le WWF compte y prendre, avec les représentants de la société civile, toute sa part.

L’une de nos missions est de stopper la dégradation de notre environnement, et nous montrerons que cette démarche est fortement créatrice d’emplois, parce que l’écologie est la solution. L’écologie globale, celle de la nature et des relations humaines, celle qui contribue au bien-être de celles et ceux qui nous entourent est la voie à suivre, dans l’ensemble interconnecté du vivant.

Une autre de nos missions est de stopper le péril climatique.

L’économie décarbonée est une obligation car le défi principal du changement climatique nécessite sobriété et efficacité énergétique mais aussi beaucoup de philosophie. La précarité énergétique planétaire est l’affaire de tous les pays et la gouvernance planétaire de ce sujet, vecteur de misère et de guerre, doit se réaliser très rapidement. Cette gouvernance mondiale a commencé à se dessiner l’année passée lors de la Conférence Internationale sur la Biodiversité de Nagoya. Elle doit se concrétiser, notamment lors de la Conférence Internationale de Durban sur les questions climatiques, pour que le développement durable devienne le paradigme majeur de toute décision économique et politique. Nos intervenants l’ont démontré lors des échanges de ce Green Forum consacré à l’économie verte : il nous sera difficile de créer des emplois sur une planète pauvre en biodiversité. Mettons fin au diktat d’un PIB qui ne prend pas en compte les nouveaux indicateurs de richesses et de développement ! C’est l’empreinte social-écologique qui doit devenir l’indicateur principal de nos vies, en prenant en compte la cohésion sociale et l’état réel du patrimoine naturel.

DISCOURS DE CLôTURE

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Il ne peut y avoir d’écologie sans le respect des droits humains et sociaux, sans la parité femme-homme, sans un rapport équilibré entre les pays du Nord et les pays du Sud, sans coopération ni partage !

Au WWF, nous continuerons inlassablement à travailler avec les syndicats, avec les entreprises, avec les gouvernements et leurs oppositions, avec toutes les forces vives de notre société. Notre objectif est un développement humain durable, protecteur de la nature. Dans cette optique, et avec la volonté farouche de participer à ce changement, le WWF développe des formations à la fois innovantes, engagées et techniques. Je vous invite d’ailleurs, que vous soyez décideurs ou bien particuliers, à vous rendre sur notre site www.institutdeformation.fr. Vous y trouverez une multitude de sessions de formation afin de partager notre vision et d’anticiper, avec nous, les mutations de notre société.

En fait c’est tout cela la solidarité écologique ! Ensemble, faisons-la émerger !

Militons ensemble pour que l’hybridation de l’écologie à la politique, à l’économie, à la justice sociale sur toute la rotondité de la planète devienne l’axe principal de réflexion de nos décideurs.

Le dividende social, économique et environnemental ne doit plus dépendre de la cupidité planétophage qui règne aujourd’hui en maître sur notre Terre.

A l’aune d’élections capitales pour notre pays, il est temps de montrer que l’écologie n’est pas l’ennemi de l’emploi. Au contraire, elle le nourrit et le réinvente constamment.

Ce que nous avons sû faire sur le Grenelle de l’Environnement, dans cette négociation inédite que nous avons réussi à imposer à un gouvernement de culture très productiviste, doit être initié sur chaque territoire, au quotidien, avec toutes les forces vives de notre pays. Nos intervenants nous l’ont démontré : cette transformation écologique de nos sociétés est possible. Nul ne peut diriger ou gouverner contre l’avenir.

Nous pourrions ériger comme maxime principale de notre démarche cette magnifique phrase de Romain Gary : « L’homme n’est encore qu’un pressentiment de lui-même : un jour, il sera. » . Soyons ensemble, enfin, pour que vive la social-écologie !

L’indicateur principal de nos vies doit

devenir l’empreinte social-écologique

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Engagé depuis plus de dix années aux côtés des entreprises et des collectivités territoriales à travers de nombreux partenariats, le WWF France a développé une connaissance pointue du fonctionnement de ces acteurs et des leviers à actionner pour réduire leur empreinte écologique. Convaincu qu’il faut aller plus vite et plus loin, le WWF lance en mai 2011 le programme Univers-cité dont l’objectif est d’accélérer la transition écologique de l’économie. Comment ? En

organisant des évènements comme le Green Forum sur la prospective économique qui sont destinés aux professionnels mais aussi en lançant un Institut de Formation. Pour le WWF, ces nouveaux modèles économiques arriveront à voir le jour grâce aux femmes et aux hommes qui œuvrent quotidiennement dans leur entreprise ou leur collectivité. Avec son Institut de formation, le WWF France souhaite permettre à toutes les entreprises, collectivités et citoyens de participer à l’émergence d’un nouveau modèle économique et social.

Comment intégrer l’éco-conception dans ses processus? Comment gérer les rapports ONG-entreprises ? Comment mettre en place une politique d’achats durables ? Convaincu que ces problématiques se posent aussi bien à de grands groupes qu’aux PME ou aux acteurs territoriaux, le WWF France conçoit des formations qui peuvent correspondre à des structures de toutes tailles. Organisme agréé, l’Institut de Formation WWF propose des formations inter et intra entreprises afin de répondre au mieux à un objectif majeur : réduire l’empreinte écologique de son activité.

Engagées et techniques, les formations WWF France sont créées et animées par des experts internes et par des formateurs extérieurs à l’association. Toutes les personnes qui suivront une formation WWF France partageront la vision de l’ONG et s’approprieront des méthodes et des outils concrets et pratiques nécessaires à la mise en place d’une économie du moindre impact.

INSTITUT DE FORMATION DU wwF FRANCE

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• Mettre en place une politique d’achats durables

• Réduire l’impact de son entreprise sur la biodiversité

• Atelier d’éco-conception inter-entreprises : de l’amélioration à l’éco-innovation

• Atelier d’éco-conception intra-entreprise : de l’amélioration à l’éco-innovation

• Communication éco-responsable : la RSE appliquée aux métiers de la communication

• Mettre en place une politique « papier responsable »

• Management de la relation ONG-Entreprises pour les entreprises : du mécénat au Social Business en passant par la stratégie RSE

• Management de la relation ONG-Entreprises pour les ONG : du mécénat au Social Business

• Manager le développement durable et la responsabilité sociale de son organisation (sur 10 mois)

• Adapter sa carte et ses menus en restauration pour promouvoir une alimentation durable

• Les collectivités territoriales face aux grands enjeux de durabilité

• Réduire l’empreinte écologique de son foyer

• Développer sa connaissance du goût et des aliments pour devenir un consommateur responsable

Silvia Marcon - Responsable de l’Institut de formation du WWF France

Tel : 01 55 25 84 63 / [email protected]

Pour connaitre le contenu des formations WWF ou recevoir un catalogue

http://institutdeformation.wwf.fr

FORMATIONS ENTREpRISES & COLLECTIvITÉS

FORMATIONS TOUT pUbLIC

CONTACTS ET INFORMATIONS pRATIqUES

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wwF.FR• SYNTHÈSE DES ÉCHANGES DU GREEN FORUM 2011

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SYNTHÈSE DES ÉCHANGES DU GREEN FORUM 2011

1973

87

5 000180 000

année de la création du bureau français du WWF

bénévoles en réseauà travers toute la France

donateurs du WWF France au 1er novembre 2010

salarié(e)s du WWF France engagé(e)s au quotidien pour offrir aux générations futures une planète vivante

© 1986 Panda Symbol WWF - World Wide Fund For nature (Formerly World Wildlife Fund) ® “WWF” & “living planet” are WWF Registered Trademarks / “WWF” & “Pour une planète vivante” sont des marques déposées. WWF – France. 1 carrefour de longchamp. 75016 Paris.

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