28
1 Mémoire et viticulture. Les grandes phases historiques 27 siècles d’histoire de la vigne et du vin

Oenopole vin et mémoire

Embed Size (px)

Citation preview

1

Mémoire et viticulture. Les grandes phases historiques

27 siècles d’histoire de la vigne et du vin

Les Volques, les Etrusques et le vin. VIIe s. Les Volques découvrent le vin étrusque d’importation grâce aux ports locaux. Les Etrusques y arrivent par bateaux (port du Cailar en cours de fouilles, Espéran …) Les amphores débarquées remontent par les chemins ou le long des rivières (Vistre, Rhôny) on les identifient pour la première fois en Gaule à Calvisson, sur l’oppidum de la Liquière (séquence PY, étalon).

Les Etrusques sont originaires de Toscane actuelle ( région de Florence, Arrezzo…). Contemporains des Grecs,( -1000, -600) précurseurs des Romains dont ils fondent la première dynastie (les Tarquins), ils ont leur propre civilisation où le vin est un produit de luxe servi dans une vaisselle de luxe.

Les Volques et les Grecs de Marseille

VIe s. av.N.E. : apport de la culture de la vigne plantée «  à l’orientale »par les Grecs de Marseille

IVe et IIIe s. : Les Volques de Nîmes commercent avec les Grecs de Marseille.

Ils fondent la Tour Magne « phare » du territoire, visible de loin. Leur pays comprend la Vaunage, la plaine du Vistre jusqu’aux étangs, et s’étend du Rhône à Lattes.

Copiant la technique viticole marseillaise ils sont les premiers viticulteurs de la Gaule avant les Romains dans le pagus nemausis dès le IVe s. av. N.E.

4

Les Volques viticulteursStrabon décrit au 1 er siècle les Volques, qui administrent 24 communes au temps des Grecs de Marseille puis sous l’Empire romain. Ils ont des monnaies (oboles de Marseille) dès le IIIe s. av. N.E. Ils font du vin pour eux, modestement et n’en font pas commerce car le vin reste cher et luxueux et Marseille a le monopole de sa culture et de son commerce

5

Les Volques et le vin : traces locales

VIIe s. av. N.E. : Découverte à Calvisson sur l’oppidum de la Liquière d’amphores vinaires étrusques par l’archéologue Michel PY. La « séquence PY » sert d’étalon archéologique pour ce type d’amphores en Méditerranée. Ces amphores ont été retrouvées aussi sur le port du Cailar attestant du marché local avant la création de Marseille. Dans leur modeste cabane, les gaulois de Calvisson buvaient cependant dans de belles coupes étrusques importées comme le vin et retrouvées sur place. Le vin est alors un produit de luxe , rare et précieux.

VIIe s. av. N.E. : Découverte à Calvisson sur l’oppidum de la Liquière d’amphores vinaires étrusques par l’archéologue Michel PY. La « séquence PY » sert d’étalon archéologique pour ce type d’amphores en Méditerranée. Ces amphores ont été retrouvées aussi sur le port du Cailar attestant du marché local avant la création de Marseille. Dans leur modeste cabane, les gaulois de Calvisson buvaient cependant dans de belles coupes étrusques importées comme le vin et retrouvées sur place. Le vin est alors un produit de luxe , rare et précieux.

IVe s. av. NE Les Volques, vie quotidienne sur l’oppidum Gailhan

Grâce aux fouilles de B.Dedet on connaît l’habitat en détail autour de l’an 350 av. N.E.2 pièces principales avec deux foyers. L’une est la resserre à provisions avec contenants et contenus de victuailles, l’autre espace de réception a un foyer pour le repas collectif. Dehors, porcherie, espace à fumer les viandes et poissons.

Grâce aux fouilles de B.Dedet on connaît l’habitat en détail autour de l’an 350 av. N.E.2 pièces principales avec deux foyers. L’une est la resserre à provisions avec contenants et contenus de victuailles, l’autre espace de réception a un foyer pour le repas collectif. Dehors, porcherie, espace à fumer les viandes et poissons.

Le vin est présent sous 2 formes : des amphores de Marseille attestent de la présence de vin marseillais, mais la présence de pépins de raisin pour le vin atteste d’une culture locale de la vigne. Un service à vin ou à liquide est retrouvé en poterie locale.

Le vin est présent sous 2 formes : des amphores de Marseille attestent de la présence de vin marseillais, mais la présence de pépins de raisin pour le vin atteste d’une culture locale de la vigne. Un service à vin ou à liquide est retrouvé en poterie locale.

7

Un autre habitat du IVe s. av. N.E. à Lattes

Fouilles de D. Lebeaupin.Un pressoir est retrouvé dans la cour devant l’habitation urbaine adossée au rempart.

Fouilles de D. Lebeaupin.Un pressoir est retrouvé dans la cour devant l’habitation urbaine adossée au rempart.

Cépages

La vitis Vivifera en Languedoc oriental est identifiée dès le Ve s. av. N.E. Gailhan) L’aspiran est le cépage autochtone le plus ancien identifié.L’amineum d’origine italienne de grande qualité, nigra ou syriacaLe passum ancêtre du muscat

La vitis Vivifera en Languedoc oriental est identifiée dès le Ve s. av. N.E. Gailhan) L’aspiran est le cépage autochtone le plus ancien identifié.L’amineum d’origine italienne de grande qualité, nigra ou syriacaLe passum ancêtre du muscat

Les grandes villas viticoles et l’expansion de la production au temps des gallo-romains.Le Picatum, vinifié dans les dolia en Gaule se vend dans tout l’Empire.

Les Volques devenus gallo-romains I er s. av. N.E. au Ve après.

Villas de Roquemaure et Castillon IIIe au Ve s. ap. N.E. On passe du chai à dolia au chai à tonneaux vers Le Ve s.

Un service à vin marseillais, des copies marseillaises de bucchero étrusque et un marchand de vin à l’époque romaine

Services à vin au temps des Volques

11

12

• Les populations locales ont adopté le vin qui est un produit de luxe pour les raisons suivantes :

• Monnaie d’échange avec d’autres produits locaux

• Utilisation dans les rites funéraires et votifs

• Dans les réceptions à domicile servi dans une vaisselle de luxe.

• Utilisation dans le cadre de l’exercice démocratique de la vie publique, notamment dans l’importation du symposium grec dans les provinces de culture grecque comme la Narbonnaise ou le vin était bu publiquement selon un rite précis.

VIIe av. N.E.au Ve siècle ap. N.E. Le vin dans l’Antiquité

• Développement du christianisme dès le Ve s. Implantation précoce des abbayes bénédictines en milieu humide dès le VIIIe s. : Psalmodi commerce céréales, sel, salaisons et vins, une multinationale forte de 90 filiales au XIIe s. Le vin sert dans la liturgie et perdure en tant que produit sacré.

• L’arrivée des Français en baie d’Aigues-Mortes en 1248 change le profil du commerce local. Les voies de pèlerinages se développent, de nouveaux gestionnaires s’installent.

• D’autres abbayes fleurissent sur l’ancien territoire des Volques devenu comté de Toulouse puis rattaché au royaume de France en 1229. Franquevaux, Sylveréal sous le contrôle de Saint-Gilles, ville frontière comme Beaucaire avec le Saint Empire romain Germanique (comté de Provence).

VIe au XVe siècles Moyen Age et commerce d’abbaye

VIe au XVe siècles le MOYEN AGE La basse vallée du Rhône, un site stratégique

• Saint-Gilles d’où l’on embarque pour les Croisades avant la création d’Aigues-Mortes par les Français devient la base des frères Templiers et Hospitaliers qui contrôlent le pélérinage et en assurent l’intendance. Ils s’emparent des vignobles au détriment des abbayes, source de revenus. C’est l’origine de la création du vignoble de Saint-Christol, n°2 dans l’ordre des Commanderies Hospitalières après saint-Gilles.

• De grands hommes façonnent le territoire : Louis IX, Phillipe le Bel, Guillaume de Nogaret, seigneur de la Vaunage et de la Vistrenque. Ils développe le commerce du vin.

• Cependant certaines résistent comme l’abbaye de Psalmodi qui développe ses filiales :Teilhan, Salinelles, Aspères, Saussines

Psalmodi et ses filliales, les chemins du vinReprise des chemins antiques , Via Domitia,

développement des voies de pèlerinage en baie d’Aigues-Mortes accès par le chemin d’Arles qui traverse Beauvoisin et Vauvert, expansion des canaux…

1229, Le Languedoc est rattaché au Royaume de France

Développement du grand commerce après l’arrivée des Français.

La faculté de médecine de Montpellier travaille sur le vin pour ses qualités médicinales.

Jusqu’à la Renaissance la situation n’évolue guère en terme de production et de gestion.

Le Royaume de France et les chemins de commerce

XVIe XVIIe XVIIIe développement économique

Création du canal du Midi, qui relie Beaucaire à l’Atlantique, création du port de Sète ouvrant sur la Méditerranée. Concurrence des vins et eaux de vie du Languedoc à l’exportation.

Les verriers du Languedoc (syndicat à Sommières) se spécialisent dans la verrerie viticole.

La faculté de médecine de Montpellier développe la pharmacopée autour du vin, du vinaigre et des alcools. Les chimistes s’empare du tartre fabriqué par les vignerons(le verdet) pour la teinture, ouvrant de nouveaux marchés.

La protection des marchés, plantations et arrachage sont règlementés; la bourgeoisie protestante et les seigneurs rachètent les vignes aux abbayes. Le travail du vin monte en qualité. Les bonnes grappes font le bon vin, les moins bonnes sont brûlées en eau-de-vie

18

XVIIe XVIIIe Grandes figures

De grandes figures locales font la promotion du vin : Montcalm, né à Vestric et agronome développe le vignoble sur la Costière et à Aigues-Mortes. Les descendants de Guillaume de Nogaret également, propriétaires des châteaux d’Aujargues, Boissières, Beauvoisin,

Générac, Manduel…

• Développement du Vignoble languedocien de manière intensive. C’est l’âge d’Or de la viticulture ; le vin change une nouvelle fois de statut, porteur d’emplois et de richesse. Il devient un aliment pour les masses ouvrières naissantes, un gagne-pain pour les paysans du Languedoc, un commerce « juteux » pour les négociants.

• 1875 : record de production française :83 millions d’hectolitres(56,6 millions d’hectolitres en 2004). Un tiers du territoire rural du Languedoc est planté, c’est le plus grand vignoble de France, comme le plus ancien.

• Impact sur l’urbanisme et le paysage• Belles maisons, beaux édifices publics, art de vivre, développement du

service de table, il devient le partenaire de la gastronomie française. Toute table bourgeoise qui se respecte sert du bon vin à table, le fait goûter…

• Le vin devient plaisir, goût, travail d’artiste.

20

XIXe : la vigne un développement économique prospère

XIXe et Début XXe la vigne une économie prospère

Développement du réseau ferroviaire en Petite Camargue, création du canal du Rhône à Sète pour les plus gros gabarit de pinardiers.

XIXe et Début XXe la vigne structurant urbain

Maisons bourgeoises à décor viticole

XIXe et Début XXe la vigne structurant urbain

Foudres et urbanisme

XIXe et Début XXe la vigne structurant rural et paysager

• 1863 : premières attaques en France

• 1887 :72% touché

• La France importe 12 millions d’hectolitre par an alors que le vignoble algérien s’accroit car il n’est pas touché

On exempte d’impôts les replantations en terrain irrigable car le phylloxera craint l’eau. On greffe des plants étrangers pour faire repartir la production française.

Loi Griffe de 1889 autorise le vin de sucre qui titre à 5,5° pour sauver les betteraviers du Nord concurrencés par le sucre de canne et alimenter les bistrots en piquette pour les masses populaires, privées de vin devenu trop cher depuis le phylloxera.

Les négociants prennent le goût au coupage et au vin de sucre au détriment de la production repartante au début du XXe s.

Les paysans du Midi, travailleurs de la vigne, plongés dans la misère car leur vin ne se vend plus, se révoltent contre le gouvernement et Clémenceau en 1907. les « Gueux du Midi » accusent les producteurs et négociants en sucre de frauder la marchandise, prônent le vin naturel fabriqué sans sucre et accusent le gouvernement de les couvrir par des lois. 25

XIXe et Début XXe crise du phylloxera et révolte de 1907

.Après 700 000 personnes à Montpellier, 150 000 à Beziers, 100 000 à Narbonne170 000 à Perpignan, des morts et des blessés « le Tigre » fini par plier.

La révolte restera gravée dans la mémoire française. Des cartes postales sont éditées pour commémorer l’évènement.

26

Marcellin Albert et les 87 « fous » d’Argelliers soulèvent le petit peuple des vignerons, propose d’abolir la Loi sur les vins de sucre et de surtaxer les sucres.

Début XXe révolte de 1907

27

De nouvelles unités de production, les caves coopératives vont permettre aux vignerons de réguler une production extensive en fédérant leurs efforts. Ces caves sont les héritières de la révolte de 1907, elles sont le témoin d’une solidarité autour d’un produit.

Forteresses des vignerons, symbole de la convergence des gestes et des savoir-faire, ces caves « cathédrales » dominent le paysage. Elément majeur et identitaire du patrimoine languedocien, elles sont aujourd’hui menacées voir détruites.

Le Ministère de la Culture a initié le Label patrimoine du XXe s. en France.

Sur 10 caves classées au patrimoine sur le GARD 6 sont dans le Pays Vidourle Camargue : Gallician, Vergèze, Aigues-Vives Souvignargues, Aubais, St Théodorit aussi inscrite MH.

Début XXe Renouveau création des caves Coopératives

Du choc Pétrolier à nos jours

Les années 1970 ont été un véritable clivage dans la société ouvrant les portes du monde d’aujourd’hui.Fermeture des usines et des mines entraînant la baisse massive de la consommationOuverture de la concurrence étrangère, Algérie, Amérique latine… Le vin de bas de gamme n’est plus concurrentiel et de nouveau un marasme s’installe mais de courte durée. Reprenant 27 siècles de geste les vignerons du Languedoc arrivent immédiatement à refaire du vin de grande qualité, inventif et créatif avec de nouveaux cépages sur des terroirs ancestraux dont les secrets leur sont transmis de génération en génération. Il s’en suit une requalification du vignoble. Arrachage et plantations de cépages améliorateurs. La création des appellations du Languedoc viendra couronner ce travail de qualité en créant les cadres nécessaires à son maintien. .