10
LES éTUDES DE L’EMPLOI CADRE Parmi les cadres en poste interrogés en décembre 2014, 3 sur 4 jugent la situation économique préoccupante : c’est la proportion la plus élevée jamais observée depuis la création du baromètre fin 2008. Ils sont aussi plus nombreux à voir la situation de leur entreprise stagner. Au final, leur optimisme quant à leur avenir professionnel dans les 12 prochains mois continue à s’effriter et leur satisfaction par rapport à l’emploi qu’ils occupent est en baisse. Dans ce contexte, seulement 16 % des cadres envisagent de changer d’entreprise dans les 12 prochains mois, contre 29 % l’an dernier. En ce qui concerne leurs démarches personnelles, c’est une stratégie en deux volets que les cadres déclinent : assurer sa place au sein de l’entreprise par le biais de suggestions pertinentes et innovantes et prendre du recul en attendant probablement que la conjoncture s’améliore. Suivre des formations courtes est un moyen qu’ils jugent intéressant afin de compléter leur éventail de compétences. Mais en ce qui concerne la gestion de leur carrière, c’est surtout à eux-mêmes, plus qu’à n’importe quelle source de conseil, qu’ils font confiance, et ce, plus ils sont âgés. – Baromètre annuel – Vague de décembre 2014 FéVRIER 2015 2015-17 –CONJONCTURE ET STRATéGIES PROFESSIONNELLES DES CADRES– Enquête auprès de 1 055 cadres en emploi dans le secteur privé

Etude Apec - Conjoncture et stratégie professionnelle des cadres

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parmi les cadres en poste interrogés en décembre 2014, 3 sur 4 jugent la situation économique préoccupante : c’est la proportion la plus élevée jamais observée depuis la création du baromètre fi n 2008. ils sont aussi plus nombreux à voir la situation de leur entreprise stagner. au fi nal, leur optimisme quant à leur avenir professionnel dans les 12 prochains mois continue à s’effriter et leur satisfaction par rapport à l’emploi qu’ils occupent est en baisse. dans ce contexte, seulement 16 % des cadres envisagent de changer d’entreprise dans les 12 prochains mois, contre 29 % l’an dernier.en ce qui concerne leurs démarches personnelles, c’est une stratégie en deux volets que les cadres déclinent : assurer sa place au sein de l’entreprise par le biais de suggestions pertinentes et innovantes et prendre du recul en attendant probablement que la conjoncture s’améliore. suivre des formations courtes est un moyen qu’ils jugent intéressant afi n de compléter leur éventail de compétences. Mais en ce qui concerne la gestion de leur carrière, c’est surtout à eux- mêmes, plus qu’à n’importe quelle source de conseil, qu’ils font confi ance, et ce, plus ils sont âgés.

– Baromètre annuel– Vague de décembre 2014

FévriEr 2015

N°2015-17

–CoNJoNCTurE ET STrATégiES ProFESSioNNELLES DES CADrES–

Enquête auprès de 1 055 cadres en emploi dans le secteur privé

APEC – ConjonCture et stratégies professionnelles des Cadres2

supérieur de 11 points par rapport à il y a un an à la même période et aussi le plus élevé depuis la création du baromètre en décembre 2008 : il était de 71 % à cette période où l’inquiétude liée au déclenchement de la crise financière était forte.L’évolution de la note moyenne donnée par les cadres trace la même image, celle d’une érosion progressive de la confiance des cadres dans l’état de l’économie, aboutissant au plus bas niveau jamais observé : 3,9 sur 10, comme en décembre 2008 (Figure 1).Cette vision varie assez nettement selon l’âge. En effet, la moyenne passe de 4,5 chez les cadres de moins de 35 ans, à 3,6 chez ceux âgés de 55 ans et plus, avec une décroissance régulière. Le regard cri-tique apporté par l’expérience professionnelle et la pleine conscience d’un marché de l’emploi moins ac-cessible aux plus âgés entraînent vraisemblablement une vision plus pessimiste de la situation écono-mique.

La perception par les cadres de la situation économique dans leur entreprise varie selon la taille de l’entreprise et le secteur d’activité

Les cadres sont de plus en plus nombreux en propor-tion à ne percevoir ni une amélioration ni une dégra-dation de la situation économique dans leur entreprise : ils sont 44 % soit 5 points de plus qu’il y 5 ans à la même période. Aussi, un cadre sur quatre considère que leur entreprise est en difficulté écono-mique et un peu moins d’un sur trois déclare que leur entreprise est en développement (Tableau 2).Des écarts sont observés selon la taille de l’entre-prise où le cadre travaille  : 47 % des cadres, qui travaillent dans les entreprises ayant entre 250 et 499 salariés, rapportent une situation bien plus dy-namique dans leur entreprise et parlent de dévelop-pement, contre 8 % citant des difficultés et 45 % ni l’un ni l’autre. Sur ce dernier aspect, la proportion passe à 67 % dans les entreprises de moins de 50 salariés.Des écarts sont aussi observés selon les secteurs d’ac-tivité : 7 cadres sur 10 dans le secteur du médico- social, de la culture, de la communication indiquent que leur entreprise connaît des difficultés, ce qui n’est le cas que de 20 % dans les activités informatiques, 16 % dans l’ingénierie- R & D et 3 % dans l’audit- conseil (avec respectivement 42 %, 67 % et 6 % mentionnant un développement économique, la si-tuation dominante dans l’audit- conseil étant très majoritairement la stabilité).

Sour

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014

– Figure 1 –Notation de la situation économique par les cadres en activité (moyenne sur notes de 1 à 10)Échelle de 1 = situation extrêmement préoccupante à 10 = situation extrêmement favorable

Déc. 2010

4,5

4,04,1

4,2

3,9

Déc. 2011 Déc. 2012 Déc. 2013 Déc. 2014

Base : cadres en emploi dans le secteur privé

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– Tableau 2 –Situation économique actuelle de leur entreprise, selon les cadres

Déc. 2010

Déc. 2011

Déc. 2012

Déc. 2013

Déc. 2014

en difficulté économique 21 % 24 % 31 % 28 % 26 %

en développement économique 39 % 33 % 28 % 28 % 29 %

ni l’un ni l’autre 39 % 42 % 40 % 42 % 44 %

ne sait pas 1 % 1 % 1 % 2 % 1 %

Total 100 % 100 % 100 % 100 % 100 %

Base : cadres en emploi dans le secteur privé

–LES CADrES iNTErrogéS NE voiENT PAS LA SiTuATioN éCoNomiquE S’AméLiorEr–La proportion de cadres jugeant la situation économique préoccupante est la plus élevée jamais observée

Ce sont aujourd’hui 3 cadres sur 4 qui estiment pré-occupante (note inférieure à 5 sur 10) la situation de l’économie française (Tableau 1). Ce niveau est

– Tableau 1 –Notation de la situation économique par les cadres en activitéEchelle de 1 = situation extrêmement préoccupante à 10 = situation extrêmement favorable

Déc. 2010

Déc. 2011

Déc. 2012

Déc. 2013

Déc. 2014

note inférieure à 5 55 % 67 % 63 % 62 % 73 %

note supérieure ou égale à 5 45 % 33 % 37 % 38 % 27 %

Total 100 % 100 % 100 % 100 % 100 %

note supérieure ou égale à 6 28 % 19 % 19 % 22 % 17 %

Base : cadres en emploi dans le secteur privé

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APEC – ConjonCture et stratégies professionnelles des Cadres 3

Les cadres sont moins nombreux en proportion que l’an dernier à signaler des recrutements durant les 6 derniers mois… mais tout autant des licenciements

Les questions concernant les licenciements et les re-crutements de cadres au cours des six derniers mois n’ont pas pour but d’en mesurer les volumes, mais de tracer des tendances indicatives de la santé écono-mique des entreprises.Fin 2014, la proportion de cadres indiquant que leur entreprise a recruté des cadres dans les six mois pré-cédant l’enquête a perdu 21 points par rapport à l’an dernier, passant de 65 % à 44 % en un an (Figure 2). En revanche, celle de ceux, dont l’entre-prise a connu des licenciements ou des départs de cadres, demeure à haut niveau (60 %).En analysant les situations des entreprises telles que déclarées par les cadres interrogés, deux situations sont en nette progression par rapport à l’an dernier : d’une part celles où licenciements ou départs ne sont pas accompagnés de recrutements (27 %, +7 points), et d’autre part celles sans mouvements d’effectifs (29 %, +14 points) (Figure 3).En revanche, la part des cadres signalant des recru-tements sans licenciements ni départs (11 %, – 10 points) et de ceux qui mentionnent les deux types de mouvements à la fois (33 %, – 11 points) connaissent toutes deux une baisse marquée.

–L’oPTimiSmE DES CADrES CoNTiNuE DE bAiSSEr–53 % des cadres sont optimistes pour leur avenir professionnel.

Dans les vagues précédentes, la majorité des cadres exprimait une position optimiste quant à leur avenir professionnel. C’est cependant de moins en moins vrai au fil du temps, la part d’optimistes baissant graduellement chaque année. Fin 2014, c’est à peine plus de la moitié d’entre eux qui s’affirment encore optimistes, soit une baisse de 5 points par rapport à l’enquête précédente (Figure  4). En raison du contexte de difficultés économiques persistantes et du manque de perspectives positives, l’optimisme se trouve ainsi à un niveau historiquement bas dans le contexte de ce baromètre.Les cadres les plus jeunes restent aussi les plus opti-mistes : c’est le cas de 75 % des cadres de moins de

Base : cadres en emploi dans le secteur privé

– Figure 2 –Part de cadres mentionnant des mouvements d’effectifs dans leur entreprise au cours des 6 derniers mois

62 %65 %

44 %

60 %64 %

60 %

Recrutementde cadres

Départou licenciement

de cadres

Déc. 2012 Déc. 2014Déc. 2013

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Base : cadres en emploi dans le secteur privé

– Figure 3 –Part de cadres mentionnant des mouvements d’effectifs dans leur entreprise au cours des 6 derniers mois

20 %20 %

27 %

39 %

44 %

33 %

Licenciementsou départs négociés

sans recrutement

Licenciementsou départs négociésavec recrutement

24 %21 %

11 %

17 %15 %

29 %

Recrutements sanslicenciements

ou départs négociés

Sans recrutementsni licenciements / départs

Déc. 2012 Déc. 2014Déc. 2013

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– Figure 4 –Part de cadres se disant optimistes pour leur avenir professionnel dans les 12 prochains mois

Base : cadres en emploi dans le secteur privé

Déc. 2010 Déc. 2011 Déc. 2012 Déc. 2013 Déc. 2014

64 % 62 %59 % 58 %

53 %

APEC – ConjonCture et stratégies professionnelles des Cadres4

est en baisse de façon globale (Figure 5). Ainsi, la satisfaction quant à l’intérêt du travail baisse de 3 points en un an à 70 %, celle portant sur les relations avec le supérieur hiérarchique, de 8 points à 55 %. Celle concernant la charge de travail chute de 18 points, à 38 %. En revanche, celle portant sur la politique RH de l’entreprise demeure stable, à un niveau assez bas il est vrai (37 %).

L’insatisfaction, en particulier celle portant sur la charge de travail et les relations avec le hiérar-chique, se retrouve particulièrement dans certains secteurs, ceux qui ont déjà été signalés comme ma-nifestant un niveau d’optimisme bas : ingénierie, R&D, médico- social, culture, communication, ser-vices divers aux entreprises, banque, assurance, immobilier. En revanche, l’informatique et l’audit- conseil sont les secteurs où la satisfaction exprimée est la plus forte.

Cette évolution des indices de satisfaction suggère une certaine image de l’évolution récente de l’emploi des cadres. Il semble que le contexte de crise a en-traîné une intensification de la charge de travail (à mettre en lien avec leur constat sur les mouvements d’effectif) amenant à des tensions croissantes avec leur manager, tandis que la politique RH au niveau de l’entreprise demeure en retrait.

Perspectives d’évolution : les cadres anticipent une absence de changement

Aussi bien en ce qui concerne leurs conditions de travail, leur rémunération ou leurs perspectives de carrière, les cadres se montrent moins nombreux qu’il y a un an à prévoir des évolutions positives (Figure 6). Ils ne basculent pas pour autant vers des prévisions négatives, mais plutôt vers la vision d’un statu quo. Celle- ci rassemble 41 % des cadres en ce qui concerne les conditions de travail (+10  points), 48 % pour la rémunération (+11 points) et 38 % pour les perspectives de car-rière (+7 points).

35 ans, contre 61 % de ceux de 35 à 54 ans et seule-ment 44 % des cadres de plus de 55 ans. Ces derniers sont même trois fois moins nombreux que ceux de moins de 35 ans à se dire très optimistes (6 %, contre 19 %).Comme on l’a déjà noté, les attitudes des cadres diffè-rent selon le secteur d’activité dans lequel ils tra-vaillent. L’optimisme est ainsi beaucoup plus marqué dans les activités informatiques (70 %) et surtout l’audit- conseil (95 %), secteurs où les perspectives sont apparemment meilleures. Inversement, les cadres se montrent beaucoup moins optimistes dans l’ingénierie et la R&D, le médico- social, la culture, la communica-tion, les services divers aux entreprises (30 %) ainsi que dans la banque, l’assurance, l’immobilier (38 %).

globalement, la satisfaction des cadres dans l’emploi est en recul

La part de cadres se déclarant très ou assez satisfaits sur différents aspects liés à l’emploi qu’ils occupent

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Base : cadres en emploi dans le secteur privé

– Figure 5 –Part de cadres se déclarant satisfaits de leur emploi selon 4 critères

Déc. 2010 Déc. 2011 Déc. 2012 Déc. 2013 Déc. 2014

76 %

66 %

53 %55 % 55 %

56 %

38 %

37 %37 %

40 %38 %

39 %

66 % 65 %63 %

55 %

74 % 74 % 73 %

70 %

Intérêt du travail Charge de travail

Relation avec le hiérarchique Politique RH de l'entreprise

APEC – ConjonCture et stratégies professionnelles des Cadres 5

–LES CADrES PriviLégiENT uNE STrATégiE DE STAbiLiTé ET DE PriSE DE rECuL–quitter son entreprise n’est pas à l’ordre du jour

Dans un contexte marqué par des difficultés éco-nomiques, avoir un emploi est une sécurité, et le quitter peut s’avérer risqué. Pour les 12 prochains mois, plus de la moitié des cadres (55 %, +12  points par rapport à décembre  2013) pré-voient avant tout de demeurer dans leur entreprise actuelle en restant au même poste, tandis que 12 % d’entre eux (+2 points) pensent changer de poste mais sans partir de l’entreprise. Parallèle-ment, les perspectives de mobilité externe volon-taire connaissent une chute importante, passant de 29 % à seulement 16 % en un an, niveau le plus bas jamais observé (Figure 7).

Base : cadres en emploi dans le secteur privé

– Figure 6 –Nature des évolutions prévues pour les 12 prochains mois

26 %

31 %

26 %

31 %

16 %

41 %

29 %

34 %

27 %

37 %

16 %

48 %

36 %

31 %

35 %

31 %

28 %

38 %

Déc. 2012 Déc. 2013 Déc. 2014 Déc. 2012 Déc. 2013 Déc. 2014 Déc. 2012 Déc. 2013 Déc. 2014

Évolutions sur les conditionsde travail dans 12 prochains mois

Évolutions sur la rémunérationdans 12 prochains mois

Évolutions sur les perspectivesde carrière dans 12 prochains mois

Évolution négative Pas de changement Évolution positive

43 % 43 % 43 %37 % 36 % 36 % 33 % 34 % 34 %

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Base : cadres en emploi dans le secteur privé

– Figure 7 –Prévisions pour les 12 prochains mois

Déc. 2012 Déc. 2013 Déc. 2014

Rester dans la mêmeentreprise au même poste

Quitter volontairementvotre entreprise actuelle

Rester dans la mêmeentreprisesur un autre poste

Perdre votre emploi

Ne sait pas

45 %

27 %

29 %

16 %

12 %

10 %

12 %

6 %

6 %

8 %

10 %

10 %

11 %

43 %

55 %

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APEC – ConjonCture et stratégies professionnelles des Cadres6

En tête des stratégies prioritaires : s’ancrer dans l’entreprise… tout en relativisant

Quelle stratégie appliquer pour traverser dans les meilleures conditions les tourmentes économiques et leur impact sur l’entreprise ? Les principales réponses données par les cadres témoignent d’une approche rationnelle et pertinente de la situation en se recen-trant sur leur entreprise actuelle (Tableau 3).

D’une part, la réponse la plus fréquemment donnée, qui rassemble un cadre sur deux et qui progresse de 10 points en un an, est de prendre du recul et de profiter de la vie, en attendant probablement que la conjoncture s’améliore.D’autre part, la deuxième réponse donnée, presque aussi fréquente que la première, est d’être force de proposition, d’innovation (46 %, +3 points). Autre-

– Tableau 3 –Stratégies personnelles que les cadres pensent mettre en oeuvre dans les 12 prochains mois

Déc. 2012 Déc. 2013 Déc. 2014

prendre du recul et profiter de la vie 38 % 39 % 49 %

Être force de proposition, d’innovation 43 % 43 % 46 %

enrichir votre réseau professionnel 53 % 50 % 39 %

Être irréprochable dans votre travail 40 % 37 % 34 %

prendre des dispositions pour changer de métier 30 % 31 % 33 %

soigner vos relations avec vos collègues 26 % 21 % 19 %

faire aboutir un projet extraprofessionnel 22 % 20 % 12 %

soigner vos relations avec vos hiérarchiques 19 % 17 % 9 %

ne rien changer 5 % 5 % 5 %

Plusieurs réponses possibles, total supérieur à 100 %.Base : cadres en emploi dans le secteur privé

ment dit, il s’agit pour les cadres de s’ancrer dans leur entreprise en affichant une attitude positive, créative, en se présentant comme utiles, voire indispensables, par le biais de l’apport d’idées, de solutions et de contributions. À cet égard il est intéressant de noter que la stratégie consistant à essayer d’entrer dans les bonnes grâces des supérieurs hiérarchiques, sans doute jugée vaine, n’est défendue que par une mino-rité qui va en se réduisant (9 %, – 8 points).En revanche, les cadres sont minoritaires à choisir de quitter le contexte de l’entreprise et vouloir se concentrer sur un projet extra- professionnel (12 %, – 8 points).

Notons que l’approche, qui était jusqu’ici la plus for-tement mise en avant, celle consistant à entretenir son réseau, apparaît aujourd’hui nettement moins en faveur des cadres, perdant 11 points, à 39 %.

APEC – ConjonCture et stratégies professionnelles des Cadres 7

Les cadres expriment un léger regain d’intérêt pour la formation

Pour trois cadres interrogés sur quatre, les formations courtes se placent au premier plan des actions jugées utiles pour les douze prochains mois (Figure 8). Cette part est en augmentation depuis l’an dernier (+7 points). Les formations courtes, qui permettent aux cadres d’ac-quérir un complément de compétences en relativement peu de temps, apparaissent de plus en plus comme un bon moyen de gérer leur avenir professionnel : ces for-mations leur permettent principalement d’être plus opérationnels dans leur emploi, et dans une moindre mesure, de renforcer leur employabilité afin de faire face à d’éventuelles difficultés et perte d’emploi1.Les formations longues et les bilans de compétences sont également mentionnés par les cadres interrogés, mais de façon beaucoup moins fréquente (respecti-vement 39 % et 31 %).Enfin, la valorisation des acquis de l’expérience (VAE) voit sa part décroître, puisqu’elle n’est plus citée que par 15 % des cadres (– 7 points). Cette solution ne semble pas avoir la faveur des cadres, qui semblent en avoir une connaissance restreinte. Il est vrai qu’au fil du temps les cadres sont de plus en plus diplômés.

Pour la gestion de leur carrière, les cadres réservent plus que jamais leur confiance à eux- mêmes

Sept cadres sur dix (+8 points) préfèrent se dé-brouiller seuls plutôt que d’obtenir de l’aide et des conseils pour la gestion de leur carrière et un sur deux évoque à ce sujet l’entourage personnel, amical et familial (Figure 9). (48 %). Les organismes spécia-lisés, comme l’Apec ou les cabinets de conseil, ne sont mentionnés que par moins d’un cadre sur trois : la confiance qui leur est accordée semble subir cette année une légère érosion (– 5 points). Quant aux contacts au sein de l’entreprise (supérieur hiérar-chique, DRH), ils ne sont toujours évoqués que de façon marginale.

L’âge joue le rôle de facteur différenciant pour ce type de comportement, mais cependant de façon li-

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Base : cadres en emploi dans le secteur privé

– Figure 8 –Actions jugées utiles pour les douze prochains mois

Déc. 2012 Déc. 2013 Déc. 2014

Suivre des formations courtes

Suivre des formations longues(au moins un mois)

Faire un bilan de compétences

Engager des démarchespour une VAE

71 %

42 %

37 %

39 %

44 %

39 %

31 %

26 %

15 %

22 %

67 %

73 %

1. Ces formations ont principalement pour objectif d’être immédiatement opérationnelles pour 64 % des cadres concernés, d’après l’étude de l’Apec parue en 2014 « Perceptions et pratiques des cadres en matière de formation continue ».

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Base : cadres en emploi dans le secteur privé

– Figure 9 –Contact privilégié pour être conseillé dans sa gestion de carrière

Déc. 2012 Déc. 2013 Déc. 2014

Personne en particulier,démarche personnelle

Entourage personnel(famille, amis)

Structure spécialisée(cabinet de conseil, Apec)

Supérieur hiérarchique

DRH

57 %

49 %

51 %

48 %

32 %

33 %

28 %

14 %

14 %

13 %

7 %

6 %

6 %

Organisme de formationcontinue

Ne sait pas

9 %

5 %

5 %

3 %

1 %

1 %

61 %

69 %

APEC – ConjonCture et stratégies professionnelles des Cadres8

À noter qu’il convient de tempérer ces chiffres déjà modestes en précisant que le questionnaire ne de-mandait pas le niveau de connaissance de ces ou-tils.

Concernant le CPF, 21 % des cadres qui disent savoir en quoi il consiste manifestent l’intention de s’adres-ser en 2015 à des conseillers habilités. Pour le CEP, à nouveau, la proportion est deux fois plus faible (10 %).

On remarquera que la notoriété de ces deux services augmente avec l’âge, et que c’est chez les cadres de plus de 55 ans qu’elle est la plus forte (24 % pour le CEP, 49 % pour le CPF contre respectivement 6 % et 25 % pour les cadres âgés de moins de 35 ans). Ce-pendant, cette catégorie de cadres, pour qui la pers-pective de la fin de carrière est souvent plus présente que celle de l’évolution professionnelle, se sent moins concernée par ces services. De fait, seuls 13 % d’entre eux disent qu’ils consulteront des conseillers au sujet du CPF, et 1 % au sujet du CEP.

mitée. En effet, les jeunes cadres de moins de 35 ans ont tendance à s’adresser à leur entourage plutôt qu’à ne compter que sur eux- mêmes (68 % contre 53 %), tandis que chez les plus de 55 ans, c’est l’in-verse, 80 % ne recherchant l’aide de personne. En revanche, les parts des autres sources de conseil ne changent pas selon l’âge.

–quESTioN D’ACTuALiTé : LE CoNSEiL EN évoLuTioN ProFESSioNNELLE (CEP)–CEP, CPF : une connaissance peu répandue, des intentions d’utilisation faibles

Quatre cadres sur dix déclarent savoir en quoi consiste le compte personnel de formation (CPF), et un cinquième disent connaître le contenu du conseil en évolution professionnelle (CEP) (Tableau 4).

– Tableau 4 –Connaissance et intention d’utilisation des services inscrits dans la loi sur la réforme de la formation professionnelle (en %)

Conseil en évolution professionnelle (CEP)

Compte personnel de formation (CPF)

sait en quoi consiste le service*

oui 18 % 40 %

non 82 % 60 %

Total 100 % 100 %

sollicitera des conseillers habilités courant 2015**

oui certainement 2 % 4 %

oui peut- être 8 % 17 %

non sans doute pas 67 % 62 %

non certainement pas 22 % 13 %

ne sait pas 1 % 4 %

Total 100 % 100 %

* Base : cadres en emploi dans le secteur privé** Base : cadres en emploi dans le secteur privé ayant déclaré avoir connaissance du service concerné

APEC – ConjonCture et stratégies professionnelles des Cadres 9

Les cadres ne se jugent pas toujours bien informés sur les différents aspects recouvrant le CEP

Le conseil en évolution professionnelle (CEP), intro-duit par la loi sur la réforme de la formation profes-sionnelle du 5 mars 2014, se traduit par un éventail de services dont pourront bénéficier les personnes ressentant le besoin de faire le point sur leur évolu-tion de carrière et, éventuellement, d’entreprendre des actions pour stimuler celle- ci.

Quelle appréciation les cadres ont- ils de leur propre niveau d’information en ce qui concerne les domaines sur lesquels porte le CEP, et qui se répartissent en quatre grands axes ?Sur certains points, ils l’estiment suffisant. Ainsi, concer-nant leurs propres compétences, 8 sur 10 d’entre eux déclarent être très ou assez bien informés, et ne sem-blent donc pas ressentir le besoin d’une aide particulière (Figure 10). Concernant l’identification des opportuni-tés d’emploi qui les concernent, plus de la moitié se di-sent encore bien informés. L’assurance sur ce point apparaît donc moins forte. C’est surtout sur les deux autres points mentionnés que le sentiment d’être bien

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Base : cadres en emploi dans le secteur privé

– Figure 10 –Niveau d’information des cadres concernant les points sur lesquels porte le CEP (en %)

Très bien informé Assez bien informé Pas très bien informé Pas du tout informé

La connaissance des compétencesque vous possédez, celles que vous devez

mettre en avant pour votre recherched’emploi et celles que vous auriez

intérêt à acquérir

L’identification des offreset des opportunités d’emploi

qui vous concernent

Les métiers et les secteursqui recrutent dans votre région

Les formations auxquelles vouspouvez avoir accès pour assurervotre évolution professionnelle

et les solutions pour les financer

24 % 53 % 16 %

11 % 42 % 40 %

9 % 37 % 34 %

9 % 23 % 52 % 16 %

20 %

7 %

7 %

2. Source : arrêté du 16 juillet 2014 fixant le cahier des charges relatif au conseil en évolution professionnelle prévu à l’article L. 6111-6 du code du travail, Journal officiel, 24 juillet 2014.

–ANNExE–Le conseil en évolution professionnelle (CEP)2

Le conseil en évolution professionnelle a pour ambition de favoriser l’évolution et la sécurisation du parcours professionnel des actifs, dans le cadre du service public régional de l’orientation.Le conseil en évolution professionnelle constitue un processus d’appui à l’élaboration et à la concrétisation des projets personnels d’évolution professionnelle des actifs qui en expriment le besoin et, le cas échéant, des projets de formation associés visant à accroître leurs aptitudes, compétences et qualifications profes-sionnelles, en lien notamment avec les besoins économiques existants et prévisibles dans les territoires.Il prend la forme d’une offre de services gratuite, accessible à tout actif (personnes en emploi salarié ou non salarié, et demandeurs d’emploi) indépendamment de son âge, de son secteur d’activité, de son statut et de sa qualification. Cette offre de services se décline en trois niveaux, en fonction des souhaits et des besoins du bénéficiaire : un accueil individualisé ; un conseil personnalisé ; un accompagnement à la mise en œuvre du projet professionnel.Il est délivré par les opérateurs suivants : Pôle emploi, les Cap emploi, l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), les missions locales et les organismes paritaires agréés au titre du congé individuel de formation, ainsi que par les organismes désignés par la région comme opérateurs régionaux du CEP.

informé est moins fort, concernant moins de la moitié des cadres interrogés : les métiers et secteurs qui recru-tent (46 %) et les possibilités de formation (32 %).

www.apec.fr

ASSoCiATioN Pour L’EmPLoi DES CADrES51 BouleVard Brune – 75689 paris CedeX 14

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du lundi au Vendredi de 9H À 19H*prix d’un appel local

© Apec, 2015

Cet ouvrage a été créé à l’initiative de l’Apec, Association pour l’emploi des cadres, régie par la loi du 1er juillet 1901 et publié sous sa direction et en son nom. Il s’agit d’une œuvre collective, l’Apec en a la qualité d’auteur.

L’Apec a été créée en 1966 et est administrée par les partenaires sociaux (MEDEF, CGPME, UPA, CFDT Cadres, CFE-CGC, FO-Cadres, UGICA-CFTC, UGICT-CGT).

Toute reproduction totale ou partielle par quelque procédé que ce soit, sans l’autorisation expresse et conjointe de l’Apec, est strictement interdite et constituerait une contrefaçon (article L122-4 et L335-2 du code de la Propriété intellectuelle).

À la fin de chaque année, l’Apec interroge environ 1 000 cadres du secteur privé en emploi sur leur perception de la situation économique et sur leurs stratégies professionnelles personnelles.Le questionnaire est organisé en deux parties. La première se compose de questions permanentes, ce qui permet de suivre les évolutions de l’état de l’opinion des cadres. La deuxième aborde un sujet d’actualité ou une thématique particulière.L’enquête a été réalisée par Internet du 10 au 22 décembre 2014 auprès d’un échantillon de 1 055 cadres du secteur privé en poste. Les résultats ont été redressés de manière à être représentatifs des cadres du secteur privé affiliés à l’Agirc (caisse de retraite complémentaire des cadres) selon l’âge et le sexe.

– méTHoDoLogiE–

iSbN 978-2-7336-0830-2FévriEr 2015

Cette étude a été réalisée par le département études et recherche de l’Apec.Analyse et rédaction : Christophe Thill.Direction de l’étude : Maïmouna Fossorier.Direction du département : Pierre Lamblin.