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La basilique de Saint Denis devenue cathédrale en 1966, est l’un des premiers chef d’œuvre de l’art gothique. Eglise d’une abbaye puissante, elle lie très tôt son destin à celui de la monarchie en devenant le lieu de sépulture des rois de France. Elle accueille plus de 70 tombeaux funéraires sculptés dont ceux de Dagobert, François 1 er , Catherine de Médicis ou Louis XVI.

Basilique

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La basilique de Saint Denis devenue cathédrale en 1966, est l’un des premiers chef d’œuvre de l’art gothique. Eglise d’une abbaye puissante, elle lie très tôt son destin à celui de la monarchie en devenant le lieu de sépulture des rois de France. Elle accueille plus de 70 tombeaux funéraires sculptés dont ceux de Dagobert, François 1er, Catherine de Médicis ou Louis XVI.

Mille cinq cents ans d'histoire se trouvent en effet dans cette cathédrale. L'église abrite les dépouilles de 43 rois, 32 reines, des princes et des chevaliers. Choisie comme nécropole royale par Dagobert, très important lieu de pèlerinage au Moyen Âge, elle est liée aux dynasties qui se sont succédé sur le trône. De Dagobert à Pépin le Bref en passant par Hugues Capet, François Ier ou Louis XVI, tous les rois de France, ou presque, y sont enterrés. Lorsque l'on pénètre à l'intérieur, 70 tombeaux ou gisants de marbre, aux visages impavides, du XIIe au XVIe siècle, s'offrent au regard. Marie-Antoinette, guillotinée en 1793 et inhumée à la sauvette à la Madeleine, fut ramenée à Saint-Denis en janvier 1815. À l'origine, c'était un mausolée gallo-romain, avant même que les chrétiens ne dominent la Gaulle. Puis ce mausolée devient une église au VIIe siècle, l'édifice étant agrandi lorsque l'évêque Saint-Denis y fût inhumé vers 630. C'est le roi Dagobert qui, le premier, sera enterré en ce lieu. Puis vers la moitié du VIIIe siècle, l'édifice devient une basilique et se voit encore grandir au fil des règnes. Depuis cette période, l'Abbaye de Saint-Denis fût le théâtre de nombreux moments incontournables de l'Histoire de la France, entre le sacre des reines, les nombreuses rénovations (notamment celle de la nécropole) et bien sûr l'inhumation des rois de France, dont toute la dynastie des Bourbons.Un véritable trésor s'est également constitué au fil des siècles et des règnes, dont quelques éléments sont aujourd'hui visible en la basilique. Profanée lors de la Révolution Française, après que tous les rois furent exhumés et enterrés dans une fosse commune, la basilique a été restaurée par Napoléon. Au niveau architectural, la bâtisse, de style gothique, possédait une haute flèche sur la façade nord, qui fût ravagée par un incendie au XIXe siècle. Le célèbre Viollet-le-Duc, réputé pour ses reproductions de monuments médiévaux disparus, devait reconstituer cette flèche, projet qui n'aboutira jamais. L'abbaye, classée Monument Historique en 1862, est devenu officiellement une cathédrale seulement en 1966.

Portes centrales modernes imitant fidèlement les portes de bronze d'origine sur lesquelles étaient figurées la Passion et la Résurrection. Largement restauré au XIXe siècle, le portail central inaugure un thème qu'on retrouve plus tard à Notre-Dame de Paris, à Chartres et à Amiens : le thème du Jugement Dernier.

Le tympan ouest représente le Jugement Dernier. Apparemment calme, en vérité tout à fait impitoyable, le Christ en mandorle surdimensionné, les yeux clos, impassible, étend les bras, chacun tenant un rouleau. Celui de droite invite les Bienheureux et celui de gauche rejette les Damnés. De fait, les "Sauvés sculptés" ont l'air serein, et repoussent avec joie les planches de leur tombeau, tandis que les "Damnés" ont bien l'air sinistre, affligés, et refusent tout effort, comme s'ils étaient conscients de ce à quoi ils sont voués.

Le portail de droite représente la dernière communion de Saint Denis, emprisonné avec deux autres saints. Derrière la prison, le préfet romain qui ordonne le martyr du saint est avec son dénonciateur et les bourreaux.

La nef de la basilique reconstruite au XIIIe siècle.

La première mention d’un instrument dans la basilique de Saint-Denis est certifiée dès 1506. En 1604, il fut remplacé par un nouvel instrument construit par Jean Carlier de Laon. Entre 1690 et 1700, un troisième orgue plus important est édifié. Pendant La Révolution, il est démonté pour être conservé au futur Conservatoire des Arts et Métiers fondé par l’Abbé Grégoire. Malheureusement, l’ensemble disparut et ne fut jamais retrouvé.En 1806, alors que Napoléon décidait de restaurer la basilique, on envisagea de reconstruire un orgue. La structure du buffet est réalisée par le maître-menuisier André Bouxin et sculptée par Blois et Brun. C’est le jeune Aristide Cavaillé-Coll (1811-1899), facteur d’orgues qui avec son père et son frère va travailler à la réalisation d’un instrument exceptionnel. De dimensions gigantesques, avec un nombre impressionnant de jeux de mixtures et de jeux d’anches, cet instrument s’imposera comme le plus bel orgue classique français.

Dès la fin du XIIIe siècle, les vitraux occupent une place plus importante grâce à la découverte de la croisée d'ogive.  Ici une partie de la série des rois de France.

Voûte de l’allée centrale.

Les stalles de Saint-Denis n'appartiennent pas à l'histoire de la basilique. Elles proviennent de la chapelle du château de Gaillon, en Normandie et remontent au XVIe siècle. C'est une commande du cardinal Georges d'Amboise, archevêque de Rouen. Viollet-le-Duc prit la décision de les installer à Saint-Denis au XIXe siècle.Les scènes illustrent des épisodes de la Vie de Jésus, de la Vierge et de martyrs. C'est un très beau travail de marqueterie.

La basilique de Saint-Denis fut le premier édifice présentant une rosace au-dessus d'un portail central. Les vitraux furent réalisés par Suger qui voulait rendre la basilique transparente grâce aux vastes baies vitrées laissant passer la lumière.

Le tombeau de François Ier et de sa femme Claude de France .Ce monument est le plus important des tombeaux de Saint-Denis. En 1548, Henri II charge l'architecte Philibert de l'Orme de l'exécution du mausolée de ses parents. L'architecture est ordonnée comme un arc de triomphe romain en référence aux campagnes militaires de François 1er dont les victoires sont sculptées sur les bas-reliefs des soubassements. Le roi et la reine sont représentés en orants sur le monument accompagnés de trois enfants morts avant leur père. Sous la voûte, les gisants en transis sont allongés sur des sarcophages identiques.

La célèbre bataille de Marignan près de Milan en 1515 détaillée en plusieurs épisodes sur le soubassement du tombeau.

L'urne sculptée en marbre contenant le cœur de François Ier

La table de marbre des ducs d'Orléans fut commandée en 1502 par Louis XII à des sculpteurs italiens. 24 statuettes représentant les apôtres et des saints garnissent les niches. 

Gisants commandés par Saint Louis

Isabelle d'Aragon (1247-1271) première épouse de Philippe III le Hardi

Clovis II (635-657)

Charles Martel (685-741)

Philippe III le Hardi (1245-1285)

Philippe IV le Bel (1268-1314)

Berthe (726-783) dite au grand pied, et Pépin le Bref (714-768) son époux.

Carloman (866-884) et Louis III (863-882) petits fils de Charles le Chauve

Carloman II et Louis III, fils de Louis II. Ils devinrent rois de France en 879 et se partagèrent le territoire en 880. Mais à la mort de Louis en 882, Carloman hérita de la totalité du royaume de France.

Gisants du roi Charles VI et la reine Isabeau de Bavière.

Gisant en marbre de Bertrand de Guesclin, connétable de France (1320-1380).

Le buste est celui de Charles VII, roi de France de 1422 à 1461.

Gisant de Louis de Sancerre, connétable de France (1342-1402)

Charles V le Sage (1338-1380) et Jeanne de Bourbon (1338-1377)

Orants de Louis XVI, roi de France de 1754 à 1792, et de la reine Marie-Antoinette. Ils furent commandés par Louis XVIII à l’occasion du retour des cendres des souverains et achevés vers 1830.

La chapelle de la Vierge et ses baies jumelles à vitraux.

Les gisants de Clovis, premier roi franc chrétien, et Childebert son fils n'étaient pas dans la basilique au moment de la Révolution Française. Ils ont été ajoutés au moment où on a rapatrié tous les autres gisants à la demande de Louis XVIII en 1816 et 1817. Celui de Clovis était à l'église Ste Geneviève et celui de Childebert à Saint Germain des Près. Ce dernier est considéré comme le plus ancien gisant de la France du Nord. A l’arrière plan, Frédégonde.

Le chevet de l’abbé Suger, œuvre majeure édifiée de 1140 à 1144, dont les parties hautes ont été reconstruites au XIIIe siècle, était destiné à présenter les reliquaires des saints martyrs. L’absence de murs entre les chapelles et les grandes surfaces vitrées créent un mur de lumière continue.

Tombeau de Louis XII et d'Anne de Bretagne réalisé en marbre par Jean Juste en 1531. Sur la plate-forme sont représentés les priants du roi et de la reine; autour les 12 Apôtres et les 4 vertus cardinales. 

Louis XII et Anne de Bretagne sont représentés morts, nus et décharnés à l'intérieur du tombeau en marbre de Carrare incrusté de bas-reliefs représentant des scènes des guerres d'Italie.

Le tombeau monumental d'Henri II et Catherine de Médicis a été réalisé de 1560 à 1573. Il est en marbre de différentes couleurs.Au niveau inférieur on trouve les transis du roi et de la reine. Une fois l’œuvre des sculpteurs achevée, Catherine de Médicis jugea son transi trop macabre et décharné ; elle le refusa et en fit sculpter un second que l’on peut voir à Saint-Denis (le 1er est au musée du Louvre).Aux quatre angles les monumentales vertus cardinales (prudence, force, tempérance et justice) de bronze et sur les bas-reliefs du soubassement les vertus théologales (charité, foi et espérance)

Ces trois gisants, en marbre, d'auteurs inconnus, furent réalisés dans le premier tiers du XIVème siècle. 

Philippe VI 1328-1350

Jean II le Bon 1350-1364

Philippe V le Long, roi de France et de Navarre de 1316-1322

Jeanne d’Évreux + 1371, troisième épouse de Charles IV en 1325

Charles IV le Bel, roi de France et de Navarre de 1322-1328

Blanche + 1393

Gisants en marbre d'Henri II et Catherine de Médicis (hors tombeau) réalisés par Germain Pilon en 1583. Il est à noter que les plis des tenues ont été sculptés considérant que les statues seraient debout.

Le tombeau du roi Dagobert est placé à l’endroit où le souverain fut inhumé en 639 ; à droite les reliques de saint Denis.

Le caveau des Bourbons. Louis XVI (1754-1793) : roi de France et de Navarre de 1774 à 1793. Lui  et son épouse, Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, furent après leur exécution inhumés au cimetière de la Madeleine de Paris. Leur corps furent transférés le 21 janvier 1816, date anniversaire de la mort du roi, dans la basilique Saint-Denis où ils furent placés sous des dalles portant leur nom.Louis XVIII le Désiré (1755-1824) : roi de France et de Navarre en 1815, puis de 1815 à 1824, son règne ayant été interrompu par les Cents Jours. Inhumé en la basilique Saint-Denis, il fut d’ailleurs le dernier souverain français à l’être. Son épouse, Marie-Louise de Savoie, fut inhumée dans la chapelle du roi Henry VI dans l’abbaye de Westminster (le couple était alors en exil), puis transférée en 1811 dans la cathédrale Santa-Maria de Cagliari, en Sardaigne. Elle repose sous un tombeau datant de 1830. Il est à noter qu’elle ne porta jamais le titre de reine de France puisqu’elle mourut avant que Louis XVIII ne monte sur le trône.

Sépulture vide de Charles X

Sépulture de Louise de Lorraine

Sépulture de Louis VII le Jeune

Sépulture de Louis XVISépulture de Marie-Antoinette

Sépulture de Louis XVIII

Crypte archéologique, où étaient les sépultures de Saint Denis et ses compagnons de martyr, Rustique et Eleuthère.

Cénotaphe d'Henri IV

Le "tombeau" de Louis XIV (en réalité cénotaphe du XIXe siècle).Louis XIV fut inhumé à Saint-Denis à sa mort en 1715. Mais curieusement, le Roi-Soleil, si fastueux, n'eut pas de monument funéraire à sa gloire. Comme pour son grand-père Henri IV et son père Louis XIII, le cercueil ne fut que déposé dans le caveau des Bourbons, dans la crypte. Pourtant, Mansart avait bien reçu commande de projet pour une grande rotonde des Bourbons, et Louis XIV avait un temps songer faire du dôme des Invalides son mausolée.Ce n'est que bien après les profanations de la Révolution, sous la Monarchie de Juillet, que Louis-Philippe Ier voulut rendre hommage à son prédécesseur dont les restes avaient disparu en 1793 dans la fosse commune ouverte par les révolutionnaires.Le monument que l'on trouve aujourd'hui dans la chapelle commémorative des Bourbons, dans la crypte, ne date que des années 1841-42. Il est l'œuvre de l'architecte Debret.

L’ossuaire aménagé en janvier 1817 à la demande de Louis XVIII, renferme une partie des ossements royaux exhumées par les révolutionnaires en 1793 et placés par eux dans des fosses communes au nord de la basilique. Cette petite pièce était l’ancien tombeau du Vicomte de Turenne, maréchal de France sous Louis XIV.

L’entrée du bras Nord de la basilique a ceci de particulier qu’il s’agit d’un portail royal. Ce n’est pourtant pas le portail principal ; la grande entrée est en effet le portail occidental. Trente six rois sont représentés assistant au martyre des patrons de l’église. Ce portail Nord est le seul à nous être parvenu à peu près intact.

Le tympan du portail nord de la basilique Saint-Denis (dit Porte des Valois) date probablement de la dernière partie du XIIe siècle et montre, vis à vis des autres sculptures de la basilique, une réelle évolution de l'art gothique. Ce détail représente la décapitation de saint Denis.

Les scènes du tympan reprennent en la parachevant l’iconographie des portails latéraux de la façade occidentale.Le thème central est celui du martyre de Denis et de ses compagnons, qui leur assure la glorification éternelle et céleste, ici représentée par la couronne qu’apportent deux colombes au sommet du tympan. Le Christ apparaît auréolé du nimbe crucifère à la clef de la voussure juste au dessus ; il semble approuver par sa seule présence tout ce qui se passe plus bas.