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Rendements 2014 en conduite biologique Les données présentées ci-après sont issues de l’enquête rendement réalisée chaque année depuis 2002 auprès des polyculteurs biologiques. L’enquête rendement 2014 est réalisée sur 29 exploitations qui ont répondu au questionnaire : 18 dans l’Eure (724 ha recensés) et 11 en Seine Maritime (198 ha recensés). Pour tout renseignement, veuillez svp contacter Maddalena MORETTI au 06 02 38 90 95 Répartition des différentes cultures dans les deux départements Figure 1 : Répartition des surfaces cultivées dans l'Eure et en Seine Maritime (pourcentage). La dénomination « méteil » est employée pour tous les mélanges céréales protéagineux sauf dans le cas des lentilles. Des conditions météorologiques peu favorables aux cultures d’hiver Il sera difficile d’oublier la campagne 2013/14. Les conditions météo de l’année ont été particulièrement atypiques : année chaude et humide hormis un épisode de sècheresse au printemps. Les 90 mm de pluies du début de mois de novembre ont provoqué des soucis de levée suivant la date de semis ; L’automne et l’hiver chauds et humides ont favorisé un développement rapide des cultures d’hiver mais aussi des adventices qui n’ont jamais cessé de lever. Un autre effet négatif de l’absence de gel a été observé sur la structure des sols, qui n’ont ainsi pas pu profiter de l’effet structurant des températures négatives ; Le potentiel d’inoculation des maladies n’a pas non plus été réduit par le gel. Les rouilles ont fait leur apparition tôt en février sur plusieurs céréales. La septoriose est arrivée fin avril ; Une période de sècheresse au mois de mars, prolongée jusqu’au mois d’avril dans l’Eure, a pu avoir des conséquences négatives sur le rendement des cultures dans les terres à faible réserve utile (< 100 mm) ; La pratique du semis de trèfle blanc sous couvert d’une céréale s’est vulgarisée ces derniers temps. Les conditions météo de cette année ont été tellement favorables au trèfle que même les variétés naines ont gêné la moisson ; L’été se termine par des épisodes pluvieux répétés qui repoussent la conclusion des moissons, surtout en Seine-Maritime. La météo de fin de cycle provoque une baisse de la qualité des céréales panifiables (faible PS, faible Hagberg et parfois pré-germination). Fiche Repère Grandes cultures GRAB HN | Les agriculteurs BIO de Haute-Normandie - Fiche repère / Rendements grandes cultures biologiques – décembre 2014

Fiche repère rendements grandes cultures bio 2014

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Rendements 2014 en conduite biologique Les données présentées ci-après sont issues de l’enquête rendement réalisée chaque année depuis 2002 auprès des polyculteurs biologiques. L’enquête rendement 2014 est réalisée sur 29 exploitations qui ont répondu au questionnaire : 18 dans l’Eure (724 ha recensés) et 11 en Seine Maritime (198 ha recensés). Pour tout renseignement, veuillez svp contacter Maddalena MORETTI au 06 02 38 90 95

Répartition des différentes cultures dans les deux départements

Figure 1 : Répartition des surfaces cultivées dans l'Eure et en Seine Maritime (pourcentage). La dénomination « méteil » est employée pour tous les mélanges céréales protéagineux sauf dans le cas des lentilles.

Des conditions météorologiques peu favorables aux cultures d’hiver Il sera difficile d’oublier la campagne 2013/14. Les conditions météo de l’année ont été particulièrement atypiques : année chaude et humide hormis un épisode de sècheresse au printemps.

Les 90 mm de pluies du début de mois de novembre ont provoqué des soucis de levée suivant la date de semis ;

L’automne et l’hiver chauds et humides ont favorisé un développement rapide des cultures d’hiver mais aussi des adventices qui n’ont jamais cessé de lever. Un autre effet négatif de l’absence de gel a été observé sur la structure des sols, qui n’ont ainsi pas pu profiter de l’effet structurant des températures négatives ;

Le potentiel d’inoculation des maladies n’a pas non plus été réduit par le gel. Les rouilles ont fait leur apparition tôt en février sur plusieurs céréales. La septoriose est arrivée fin avril ;

Une période de sècheresse au mois de mars, prolongée jusqu’au mois d’avril dans l’Eure, a pu avoir des conséquences négatives sur le rendement des cultures dans les terres à faible réserve utile (< 100 mm) ;

La pratique du semis de trèfle blanc sous couvert d’une céréale s’est vulgarisée ces derniers temps. Les conditions météo de cette année ont été tellement favorables au trèfle que même les variétés naines ont gêné la moisson ;

L’été se termine par des épisodes pluvieux répétés qui repoussent la conclusion des moissons, surtout en Seine-Maritime. La météo de fin de cycle provoque une baisse de la qualité des céréales panifiables (faible PS, faible Hagberg et parfois pré-germination).

Fiche Repère Grandes cultures

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Rendements dans l’Eure

Figure 2 : Rendements pondérés moyens, inférieurs et supérieurs recensés en 2014, surfaces et nombre d'agriculteurs concernés pour chaque culture dans l'Eure. La dénomination « méteil » est employée pour tous les mélanges céréales protéagineux sauf dans le cas des lentilles.

Les rendements sont décevants pour les céréales en général. Encore une fois, les méteils font preuve d’une bonne capacité d’adaptation dans des conditions difficiles comme celles de cette année. Ils affichent des rendements supérieurs aux autres cultures malgré un écart de 34 q/ha entre le meilleur et le plus mauvais rendement, et ne descendent pas en dessous de 30 q/ha, avec des rendements maximum de 60 q/ha.

Les rendements de la féverole sont très aléatoires mais globalement satisfaisants. Mauvaise année en revanche pour la lentille.

Dans le graphique suivant, on peut comparer les rendements 2014 de chaque culture (histogrammes pleins) avec les données moyennes issues des années de suivi (histogrammes vides).

Figure 3 : Rendements pondérés moyens, inférieurs et supérieurs, surfaces totales recensés pour le calcul de la moyenne et nombre d'années de référence pour chaque culture dans l'Eure depuis 2002. Les carrés gris pleins représentent les résultats 2014, les carrés vides la moyenne pondérée pour les années et les surfaces de référence. La dénomination « méteil » est employée pour tous les mélanges céréales protéagineux sauf dans le cas des lentilles.

Le blé a connu des années plus mauvaises que 2014 (en 2007, avec les pluies de mai, juin et juillet, le rendement moyen était descendu à 29,4 q/ha). Cette année, il est à 31,3 q/ha. La pluie du mois d’août a perturbé les moissons avec des conséquences négatives sur les taux d’humidité à la récolte, mais surtout sur la qualité (PS et Hagberg faibles). Par contre, les taux de gluten ont été souvent élevés, sans doute en raison des faibles rendements (faible dilution du gluten).

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151,9 68,2 77,2 257,6 55,3 54,8 20,2 33,0 6,0

8 6 7 9 6 5 2 4 1

meteil orge féverole blé triticale avoine épeautre lentille lin graine

Rend

emen

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ha)

Année 2014 - Eure

Surfaces (ha)

Nbre agriculteurs

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43,6 628,9 3293,2 589,2 279,6 905,1 364,5 94,3 1123,9 78,9 93,9 198,0

4 13 13 13 12 13 12 9 13 7 3 13

escourgeon méteil blé triticale épeautre orge avoine seigle féverole pois lentilles lin graine

Rend

emen

t (q/

ha)

Comparaison des rendements 2014 avec l'historique - Eure

Surface (ha)

Nbre années

Page 3: Fiche repère rendements grandes cultures bio 2014

Ce sont principalement les céréales d’hiver, et notamment l’épeautre et le triticale qui connaissent cette année les plus mauvaises performances observées depuis 2002. Malgré leur réputation d’espèces rustiques et peu sensibles aux maladies, certaines variétés ont été attaquées très précocement par la rouille jaune qui a, dans certaines cas, sévérement reduit la surface photosynthétisante des cultures.

L’orge de printemps a obtenu de bons rendements, tandis que l’avoine, qui est pourtant en majorité une avoine de printemps, se retrouve cette année dans sa limite inférieure de rendement. Les attaques de rouille couronnée peuvent, en partie, expliquer cet échec.

La fèverole semble ne pas avoir souffert des conditions climatiques difficiles de l’année, avec un rendement de 31,9 q/ha par rapport à une moyenne de 24,2 q/ha depuis 2002. Il s’agit dans l’Eure en majorité de féverole d’hiver. La météo douce et humide a favorisé le developpement de cette espèce. De plus, il n’y a pas eu de développement particulier des ravageurs dans le département.

Cette année, nous n’avons pas de données pour l’escourgeon, le seigle et les pois dans le département. C’est particulièrement dommage pour l’escourgeon, culture pour laquelle nous avons très peu de références, mais qui sort généralement en premier parmi les cultures au niveau rendement (figure 3).

Dans la figure 4 les rendements moyens, inférieurs et supérieurs observés depuis 2002 sont traduits en marges brutes. L’analyse de ce graphique permet de constater que la marge brute du blé reste assez stable (1280 ± 200 €/ha). La lentille fournit une marge comparable mais bien plus aléatoire.

Figure 4 : Produits bruts moyens, inférieures et supérieures calculées sur la base des rendements recensés depuis 2002. Les prix (€/T) utilisés pour le calcul sont reportés sous l'histogramme correspondant à chaque culture. * Blé meunier.

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280 1300 360 350 350 1300 280 290 290 350

escourgeonlentilles blé* épeautre orge lin graine triticale avoine seigle féverole

Prod

uit b

rut (

€/ha

)

Produits bruts moyens 2002/2014 - Eure

Prix (€/T)

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Rendements en Seine-Maritime

Figure 5 : Rendements pondérés moyens, inférieurs et supérieurs recensés en 2014, nombre d'hectares et nombre d'agriculteurs concernés pour chaque culture en Seine Maritime. La dénomination « méteil » est employée pour tous les mélanges céréales protéagineux sauf dans le cas des lentilles.

Le nombre d’agriculteurs et les surfaces concernées sont moins nombreux en Seine-Maritime que dans l’Eure. La plupart des agriculteurs biologiques dans ce département sont polyculteurs-éleveurs avec peu de cultures de vente. Les rendements restent décevants, pour les mêmes raisons déjà citées dans l’Eure.

Etant donnée la différence des surfaces concernées, toute comparaison avec l’Eure est à prendre avec précaution. Ceci dit, les rendements moyens pluriannuels (figure 7) en Seine-Maritime sont supérieurs à ceux observés dans l’Eure (figure 3) pour toutes les cultures. Au contraire en 2014, si l’on ne considère que les trois cultures qui dépassent les 30 hectares dans le 76, nous constatons des rendements inférieurs pour le blé (- 5 q/ha) et les méteils (- 8 q/ha), et comparables pour l’orge de printemps.

La cause pourrait être une météo encore plus limitante dans ce département, avec des écarts de température et de pluviométrie par rapport à la norme encore plus importants. Les pluies du mois d’août ont été tellement fréquentes et abondantes que les moissons se sont prolongées jusqu’au mois de septembre.

Figure 6 : Rendements des trois cultures principales dans l'Eure et en Seine-Maritime en 2014.

En général, et compte-tenu des limites imposées aux interprétations par le faible nombre de surfaces recensées, l’année mauvaise se confirme pour toutes les cultures (figure 7). Même pour les méteils, qui ont pourtant connu des résultats satisfaisants dans l’Eure, les rendements demeurent décevants. Le blé connait son plus mauvais rendement depuis 2002. Le triticale qui en Seine-Maritime (contrairement à l’Eure) a habituellement un rendement supérieur au blé, n’est pas loin de sa limite inférieure.

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5,4 8,5 30,8 4,0 29,6 26,4 62,2 10,4 11,5 9,0

1 2 4 1 4 2 5 2 2 2

avoine escourgeon meteil épeautre orge triticale blé féverole lentille colza

Rend

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ha)

Année 2014 - Seine-Maritime

Surface (ha)

Nbre agriculteurs

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blé meteil orge

Rend

emen

t (q/

ha)

27

76

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Figure 7 : Rendements pondérés moyens, inférieurs et supérieurs, surfaces totales recensés pour le calcul de la moyenne et nombre d'années de référence pour chaque culture en Seine-Maritime depuis 2002. Les carrés gris pleins représentent les résultats 2014, les carrés vides la moyenne pondérée pour les années et les surfaces de référence. La dénomination « méteil » est employée pour tous les mélanges céréales protéagineux sauf dans le cas des lentilles.

La surface recensée pour la féverole cette année est trop faible pour généraliser les résultats. Pour les rendements observés, le facteur limitant a été la météo du printemps, encore plus exacerbée que dans le 27. Cette culture a donc subi de fortes attaques de mildiou, rouille et botrytis.

Figure 8 : Produits bruts moyens, inférieures et supérieures calculées sur la base des rendements recensés depuis 2002. Les prix (€/T) utilisés pour le calcul sont reportés sous l'histogramme correspondant à chaque culture.

En ce qui concerne le blé, les marges brutes sont d’environ 100 €/ha plus élevés en Seine Maritime que dans l’Eure, mais avec une fluctuation plus importante.

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655,1 587,4 32,7 278,8 162,9 1081,8 12,5 94,3 558,9

13 13 6 12 13 13 2 9 12

triticale méteil seigle orge avoine blé escourgeon épeautre féverole

Rend

emen

t (q/

ha)

Comparaison des rendements 2014 avec l'historique Seine-Maritime

Surfaces (ha)

Nbre années

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360 350 280 350 290 350 290 280 700

blé orge triticale épeautre seigle féverole avoine escourgeon colza

Prod

uit

brut

(€

/ha)

Produits bruts moyens 2002/2014 - Seine-Maritime

Prix (€/ha)

Page 6: Fiche repère rendements grandes cultures bio 2014

Comparaison de la marge brute du blé bio et du blé conventionnel : données 2014 Dans le tableau suivant sont détaillés les produits, les charges et les marges brutes du blé en bio et en conventionnel en fonction des rendements et des prix observés en Haute-Normandie en 2014.

Conduite conventionnelle* Conduite bio

Rendement 2014 (t/ha) 8,9 3,3

Prix (€/t) 165 360

Produit brut (€/ha) 1 468 1 188

Fumures (€/ha) 222 0

Semences (€/ha) 63 140

Traitements (€/ha) 173 25**

Charges totales (€/ha) 458 165 Marge brute (€/ha) 1 010 1 023

Marge brute avec aides à la conversion (€/ha) - 1 223

Marge brute avec aides au maintien (€/ha) - 1 123

Tableau 1 : Comparaison des produits, des charges et des marges du blé en conduite conventionnelle et biologique. *Données CER 2014, **un passage de houe et un passage de herse étrille (d’après le barème d’entraide 2014-2015).

Suite à l’analyse des données depuis 2002, l’année 2014 a été particulièrement mauvaise. Malgré une saison peu favorable et un rendement inférieur de 60% par rapport aux systèmes conventionnels, on ne constate pas de différences au niveau de la marge brute entre les deux conduites. Le maintien du rendement à de tels niveaux en conventionnel a coûté cher en traitements phytosanitaires (surtout en fongicides et herbicides). En bio, le niveau de charges moins élevé et des meilleurs prix permettent d’atteindre des niveaux de marges brutes comparables au conventionnel.

Figure 9 : Répartition des charges opérationnelles et de la marge brute sur la culture du blé en bio et en conventionnel. *Données CER France.

Les aides au maintien et à la conversion majorent les marges en bio. N’oublions pas que le blé reste une culture rentable. Dans une approche globale, ce complément de marge sert à compenser les moins bons résultats des autres cultures de la rotation.

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fumures 0%

semences 12%

traitements 2%

marge brute 86%

Blé biologique

fumures 15%

semences 4%

traitements 12%

marge brute 69%

Blé conventionnel*

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Le GRAB HN remercie les agriculteurs biologiques de Haute Normandie qui ont participé à cette enquête.

Action réalisée avec le soutien financier de :

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