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LA MUTATION NUMÉRIQUE EST UNE OPPORTUNITÉ POUR LES FEMMES La parité entre les hommes et les femmes progresse en entreprise mais lutte toujours contre les stéréotypes. Et si la transformation digitale leur offrait une occasion de s’affirmer par la redistribution équitable des postes clés ? Nelly Dubout, fondatrice et dirigeante du cabinet Birds Conseil, est coach certifié HEC. Femme de l’industrie IT & du Digital, elle opère depuis plus de 15 ans dans le management marketing et commercial. Elle est experte en coaching de dirigeants, d’entités en dysfonctionnement, de carrières au féminin et de mutation digitale. et marquer une certaine distance par rapport au court terme. Le digital transforme les métiers et en fait émerger de nouveaux. Le moment est venu d’identifier les compétences favorables, de s’y préparer et de se positionner auprès des comités de direction : Chief Digital Officer, Data Scientist, UX Designer, Digital Director, … Se positionner, passe par le « Oser demander », les femmes ne sont pas des vers luisants, elles doivent demander pour avancer. L’entreprise d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a dix ans, ni celle de demain car la transformation digitale bouleverse l’ensemble des codes. Aussi vivons- nous dans un monde professionnel dans lequel les start-ups se démarquent par leur agilité et leur implication naturelle dans le digital, et là également, la femme y trouvera sa place. La conjoncture est idéale pour qu’elle se positionne dans l’entreprise ou en devienne la créatrice. 1 Michel Ferrary est l’auteur de « Management des ressources humaines. Entre marché du travail et acteurs stratégiques », Dunod (2014). E.D.I N°54 | décembre 2015 – janvier 2016 52 Le constat est sans appel. Seuls 30 % des chefs d’entreprise en France sont des femmes, une proportion qui tombe à 12 % dans l’IT. Pourtant, à l’heure du digital, l’entreprise a besoin de femmes, y compris à des niveaux de responsabilité significatifs. Au-delà de la simple notion d’égalité entre les hommes et les femmes, ces dernières apportent surtout une valeur ajoutée indispensable pour la société de demain. Une étude menée par Michel Ferrary 1 sur les performances des entreprises du Cac 40 a démontré que les 14 sociétés de l’échelle boursière dont le taux d’emploi féminin est supérieur à 35 %, atteignent un C. A. qui dépasse de 28,5 % celui de leurs concurrents. Identifier les barrières qui freinent la progression des femmes dans les entreprises IT est le premier objectif. Cela commence par le manque de confiance mais aussi par le déficit en termes de réseaux et de relations amicales sur leurs lieux de travail. En parallèle, la vie plurielle et familiale (maternité, éducation des enfants et logistique de la maison) dresse souvent un obstacle devant la vie professionnelle. En 2013, elles étaient encore plus de la moitié à connaître des difficultés pour concilier vie personnelle et vie active. De plus, les femmes sont généralement beaucoup plus exigeantes envers elles-mêmes. Il n’est pas rare qu’une femme s’assure au préalable de rassembler 100 % des compétences requises avant de demander un poste, alors qu’un homme proposera sa candidature sans hésitation, même à 50 %… La transformation digitale est un terreau d’opportunités et le plafond de verre se fendille au fur et à mesure que les femmes se saisissent de ces nouveaux codes du numérique. Les compétences demandées dans l’entreprise contemporaine ne sont plus celles d’hier. Il est désormais essentiel d’intégrer les notions de collaboration, transversalité, agilité et anticipation. Le vocabulaire digital doit être maîtrisé : comprendre les interlocuteurs et les tendances confère un avantage indéniable. L’ascendant technique contribue à l’agilité professionnelle et personnelle En complément, les femmes doivent aussi s’approprier les outils de dernières générations tels que Microsoft Office 365, Google For Work ou Salesforce. La maîtrise de ces moyens, généralement accessibles à distance au travers du cloud, donne aussi la possibilité de développer le télétravail, ce qui facilite aussi la gestion des priorités entre vies privée et professionnelle. Le 3.0 est un réflexe à acquérir pour développer son employabilité vers le haut. Cela commence par la gestion de son image, physique aussi bien que virtuelle. Dès à présent, elles doivent incarner le poste qu’elles convoitent. LinkedIn et Twitter deviennent les armes qui donneront de la visibilité à leur expertise. Selon Gerald Karsenti, P.-D.G. de Hewlett Packard Enterprise, les leaders de demain devront posséder une vision simple et claire, une parfaite compréhension des enjeux du numérique, une écoute active, un sens de l’humain et de l’émotionnel – s’éloigner du fameux QI – Par Nelly Dubout, CEO Birds Conseil, coach certifié HEC Tendance Femmes dans l’IT Sur 21 entreprises qui comptent plus de 35 % de femmes dans leurs effectifs ont connu, en moyenne, une croissance de leur C.A. de 4% supérieure aux autres. Source : « Les femmes influencent-elles la performance des entreprises ? » in Travail, genre et sociétés n°23, éd. CNRS

La Mutation Numérique est une opportunité pour les femmes !

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LA MUTATION NUMÉRIQUE EST UNE OPPORTUNITÉ POUR LES FEMMESLa parité entre les hommes et les femmes progresse en entreprise mais lutte toujours contre les stéréotypes. Et si la transformation digitale leur offrait une occasion de s’affirmer par la redistribution équitable des postes clés ?

Nelly Dubout, fondatrice et dirigeante du cabinet Birds Conseil, est coach certifié HEC. Femme de l’industrie IT & du Digital, elle opère depuis plus de 15 ans dans le management marketing et commercial. Elle est experte en coaching de dirigeants, d’entités en dysfonctionnement, de carrières au féminin et de mutation digitale.

et marquer une certaine distance par rapport au court terme. Le digital transforme les métiers et en fait émerger de nouveaux. Le moment est venu d’identifier les compétences favorables, de s’y préparer et de se positionner auprès des comités de direction : Chief Digital Officer, Data Scientist, UX Designer, Digital Director, … Se positionner, passe par le « Oser demander », les femmes ne sont pas des vers luisants, elles doivent demander pour avancer. L’entreprise d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a dix ans, ni celle de demain car la transformation digitale bouleverse l’ensemble des codes. Aussi vivons-nous dans un monde professionnel dans lequel les start-ups se démarquent par leur agilité et leur implication naturelle dans le digital, et là également, la femme y trouvera sa place. La conjoncture est idéale pour qu’elle se positionne dans l’entreprise ou en devienne la créatrice. 1 Michel Ferrary est l’auteur de « Management des ressources humaines.

Entre marché du travail et acteurs stratégiques », Dunod (2014).

E.D.I N°54 | décembre 2015 – janvier 201652

Le constat est sans appel. Seuls 30 % des chefs d’entreprise en France sont des femmes, une proportion qui tombe à 12 % dans l’IT. Pourtant, à l’heure du digital, l’entreprise a besoin de femmes, y compris à des niveaux de responsabilité significatifs. Au-delà de la simple notion d’égalité entre les hommes et les femmes, ces dernières apportent surtout une valeur ajoutée indispensable pour la société de demain. Une étude menée par Michel Ferrary1 sur les performances des entreprises du Cac 40 a démontré que les 14 sociétés de l’échelle boursière dont le taux d’emploi féminin est supérieur à 35 %, atteignent un C. A. qui dépasse de 28,5 % celui de leurs concurrents. Identifier les barrières qui freinent la progression des femmes dans les entreprises IT est le premier objectif. Cela commence par le manque de confiance mais aussi par le déficit en termes de réseaux et de relations amicales sur leurs lieux de travail. En parallèle, la vie plurielle et familiale (maternité, éducation des enfants et logistique de la maison) dresse souvent un obstacle devant la vie professionnelle. En 2013, elles étaient encore plus de la moitié à connaître

des difficultés pour concilier vie personnelle et vie active. De plus, les femmes sont généralement beaucoup plus exigeantes envers elles-mêmes. Il n’est pas rare qu’une femme s’assure au préalable de rassembler 100 % des compétences requises avant de demander un poste, alors qu’un homme proposera sa candidature sans hésitation, même à 50 %… La transformation digitale est un terreau d’opportunités et le plafond de verre se fendille au fur et à mesure que les femmes se saisissent de ces nouveaux codes du numérique. Les compétences demandées dans l’entreprise contemporaine ne sont plus celles d’hier. Il est désormais essentiel d’intégrer les notions de collaboration, transversalité, agilité et anticipation. Le vocabulaire digital doit être maîtrisé : comprendre les interlocuteurs et les tendances confère un avantage indéniable.

L’ascendant technique contribue à l’agilité professionnelle et personnelleEn complément, les femmes doivent aussi s’approprier les outils de dernières générations tels que Microsoft Office 365, Google For Work ou Salesforce. La maîtrise de ces moyens, généralement accessibles à distance au travers du cloud, donne aussi la possibilité de développer le télétravail, ce qui facilite aussi la gestion des priorités entre vies privée et professionnelle. Le 3.0 est un réflexe à acquérir pour développer son employabilité vers le haut. Cela commence par la gestion de son image, physique aussi bien que virtuelle. Dès à présent, elles doivent incarner le poste qu’elles convoitent. LinkedIn et Twitter deviennent les armes qui donneront de la visibilité à leur expertise. Selon Gerald Karsenti, P.-D.G. de Hewlett Packard Enterprise, les leaders de demain devront posséder une vision simple et claire, une parfaite compréhension des enjeux du numérique, une écoute active, un sens de l’humain et de l’émotionnel – s’éloigner du fameux QI –

Par Nelly Dubout, CEO Birds Conseil, coach certifié HEC

Tendance Femmes dans l’IT

Sur 21 entreprises qui comptent plus de 35 % de

femmes dans leurs effectifs ont connu, en moyenne,

une croissance de leur C.A. de 4% supérieure aux autres.

Source : « Les femmes influencent-elles la performance des entreprises ? »

in Travail, genre et sociétés n°23, éd. CNRS

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