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Livre blanc sur l'entreprise 2.0

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Livre blanc collectif sur l'entreprise 2.0

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  • Social Innovation : La puissance des communauts pour Innover

    LEntreprise est au cur dune socit en pleine transformation. Transformation

    des modes de vie, des usages et habitudes de consommation ; dmultiplication

    des offres disponibles, justifiant lapparition de nouveaux modes dapproche, de

    fidlisation et de nouveaux types de services ; disponibilit et abondance des

    flux dinformation ; interactions continues. Chaque jour, naissent de

    nombreuses innovations qui deviennent quasi instantanment partie intgrante

    de notre quotidien.

    Au sein de lentreprise, lvolution des attentes des collaborateurs, lmergence

    de nouveaux modles conomiques, larrive des gnrations en rseau ,

    lexigence de comptitivit, font apparatre de nouveaux besoins et usages.

    Pour tre plus agile et rester en avance de phase, lentreprise doit souvrir et

    raisonner au rythme des transformations du monde. Il devient indispensable

    dinventer de nouvelles faons dimaginer, crer et innover collectivement, en

    connectant les savoirs, les comptences et les talents.

    Lentreprise doit galement apprendre rvler, reconnaitre et rendre visibles

    les expertises de manire plus dynamique, tout en intgrant les contributions

    individuelles et collectives. Bien plus que le dploiement dun ensemble doutils,

    cest lmergence dun nouvel tat desprit centr sur louverture et le collectif,

    sur le partage et la capitalisation dynamique des connaissances, positionnant

    ainsi le collaborateur au cur du dispositif.

  • Au sein de lEntreprise 2.0, la manire dapprendre, de se former, dinteragir et

    de comprendre volue. Paralllement, lentreprise doit devenir un

    environnement propice aux changes et la connexion des ides, tout en

    organisant limmense proprit intellectuelle disponible. Trouver les moyens de

    connecter ensemble les quipes, les processus, les informations, les donnes,

    les expriences virtuelles : tout cela devient possible en permettant aux

    diffrentes organisations et mtiers dlargir leurs horizons, dinteragir et

    collaborer de manire transverse pour favoriser linnovation.

    Favoriser linnovation, cest encore tendre les frontires de lentreprise en y

    intgrant tout son cosystme de clients, de partenaires, dutilisateurs pour

    fusionner continuellement l'imaginaire des consommateurs et utilisateurs avec

    celui des concepteurs.

    Permettre tout un chacun de prendre activement part au processus

    dinnovation, quil sagisse du collaborateur, du client, du fournisseur, de

    lutilisateur final, voire du citoyen. Telle est la stratgie de Social Innovation

    de Dassault Systmes (DS), dont la mise en uvre a t acclre il y a plus

    de deux ans par le dploiement global de la plateforme communautaire DS

    SwYm, travers toutes les organisations du Groupe.

    Quelques entreprises se sont dj engages dans cette transformation 2.0 qui

    concernera demain les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs.

    L'Entreprise 2.0 devient ainsi le catalyseur d'une innovation durable.

    Pascal Daloz est directeur gnral adjoint de Dassault Systmes en charge de la Stratgie et du Marketing. Il a auparavant occup pendant six ans le poste de vice-prsident R&D de Dassault Systmes.

    Pascal possde une exprience en stratgie acquise au sein des cabinets de conseil et d'investissements bancaires, dont cinq ans passs au Crdit Suisse First Boston, en tant que conseiller en investissements bancaires auprs de grands groupes et de PME du march des NTIC. Pascal Daloz a galement pass cinq ans chez Arthur D. Little. Il est diplm de l'cole des Mines de Paris.

    http://www.3ds.com/
  • Si on parle de lentreprise 2.0 depuis 2006, date laquelle le terme a t

    invent par Andrew McAfee, on peut voir que cette anne 2010 marque de

    nombreux retours dexprience en France. Bien sr, ce terme est plus employ

    sur le web que dans les entreprises, mais quelle que soit son appellation, le

    rsultat est l : il existe aujourdhui un nombre significatif et croissant de projets

    de ce type. Il semblait donc important de faire un point sur le sujet, avec des

    visions diffrentes, puisquelles seront portes par des consultants, des

    oprationnels et des diteurs.

    Bien souvent la vision de lentreprise 2.0 se rduit une vision outils, avec la

    mise en place dune plateforme collaborative ou dun rseau social dentreprise

    (RSE) et dans une vision uniquement interne. A savoir la mise en place de

    processus collaboratifs autour de ces outils, avec les impacts que cela peut

    avoir sur lorganisation et ses modes de gouvernance. Jai voulu ici revenir sur

    lensemble des dimensions que porte lentreprise 2.0 et qui fait delle une

    entreprise globale reposant daprs moi sur 3 dimensions.

    Commenons par la plus rpandue, celle qui repose sur la mise en rseau de

    lentreprise, visant faire travailler les employs de manire collaborative, cette

    dernire prenant souvent la forme de communauts. Il ne sagit pas dune

  • exprience pilote ou dune couche supplmentaire ajoute dautres

    processus, mais bien de la colonne vertbrale de lorganisation, autour de

    laquelle sorganise lensemble des processus de lentreprise.

    La seconde dimension concerne la gestion des parties prenantes externes,

    comme les clients ou les partenaires dans le cadre dun community

    management Cest--dire que contrairement la gestion dune prsence sur

    les medias sociaux, on gre un espace soi (un espace que lon gre

    totalement, pas une page Facebook) o lon est libre de fixer ses propres rgles

    et de grer sa communaut. Cest de cette dernire que vont tre le plus

    souvent issus vos ambassadeurs/avocats. L encore, il sagit de sorganiser

    avec ces derniers, de manire collaborative, afin de produire des interactions

    gagnantes pour lensemble des parties, pouvant par exemple aboutir de la co-

    cration.

    Enfin la troisime dimension porte sur lengagement sur les mdias sociaux de

    lentreprise. Elle ne vit pas en autarcie, elle est connecte au reste du monde,

    notamment par les mdias sociaux, pour reprendre la clbre formule no one

    is an island . Cet engagement commence avant tout par de la veille, afin de

    pouvoir interagir. Que ce soit pour trouver une ide, vous faire connatre,

    trouver des clients, rpondre vos dtracteurs Bref, il s'agit de produire de la

    valeur pour votre entreprise, pas uniquement par lintermdiaire dun

    conversation manager, mais bien avec lensemble des collaborateurs de

    lentreprise.

    Pour conclure, je voudrais remercier deux personnes qui mont aid dans les

    coulisses de ce projet, Frdric Domon pour la mise en page et le graphisme et

    Tarik Lebtahi pour son aide pour obtenir cette prestigieuse prface. Et bien sr,

    merci tous les contributeurs qui ont rendu cet ouvrage possible.

    Bonne lecture tous.

  • P 2 Prface

    par Pascal Daloz

    P 9 Formation

    par Claire Leblond

    P 14 Positionnement dans le SI

    par Ccil Dijoux

    P20 Plateformes collaboratives

    par Arnaud Raynole

    P26 ROI

    par Bertrand Duperrin

    P32 Conduite du changement

    par Frdric Charles

    P41 Relations sociales

    par Vincent Berthelot

    P46 Gouvernance et management

    par Anthony Poncier

    P52 Veille

    par Aref Jdey

  • P56 Gestion des connaissances

    par Christophe Deschamps

    P60 Storytelling

    par Camille Alloing

    P65 Social learning

    par Frdric Domon

    P71 Innovation participative intgre et responsable

    par Muriel Garcia

    P76 Communauts internes et RSE

    par Fabrice Poiraud-Lambert

    P83 BtoB

    par Alain Garnier

    P87 Personal Branding

    par Fadhila Brahimi

    P94 Gnration Y

    par Julien Pouget

    P99 Marque employeur

    par Franck La Pinta

    P104 Social CRM

    par Mark Tamis

    P109 Mdias sociaux

    par Emilie Ogez

  • SKEMA Business School est une cole issue de la fusion entre le CERAM de

    Sophia et lESC-Lille. Dans sa stratgie SKEMA met un point dorgue former

    de futurs managers, pionniers de lconomie de la connaissance, capables

    de comprendre leur environnement, de sy adapter et de gnrer de la

    performance durable .

    Il sagit alors pour tous les collaborateurs de cette cole, de former des

    managers 2.0 qui collaborent et partagent pour crer de la valeur ensemble. Il

    ne sagit pas simplement dexploiter des outils mais bien de sapproprier des

    usages rendant les tudiants qui auront dcid de participer, vanglisateurs

    en entreprise et aptes rpondre aux nouvelles attentes de ces entreprises,

    tout en tant conscients des impacts sur lenvironnement.

    Lquipe des Geemiks (animatrices de communaut - documentalistes

    SKEMA), qui avait jusqu prsent le rle de connecter les individus et

  • linformation (ouvrages, bases de donnes, plateforme pdagogique, portail

    dinformation, univers thmatiques, formation aux ressources,), se concentre

    dsormais sur un second niveau de connections : les individus entre eux

    (tudiants-enseignants-intervenants-collaborateurs-entreprise). Cest dire

    mettre en relation, favoriser les connexions entre les personnes dun rseau,

    crer des espaces et des supports pour faciliter le partage, lchange et la

    contribution.

    Lobjectif est que chacun dveloppe son propre cosystme qui nest plus

    seulement informationnel mais aussi social, sappuyant sur la

    professionnalisation des pratiques et usages du Web.

    Cette seconde phase se concrtise aujourdhui par le dveloppement dun

    concept (La Fuse), destin apporter toutes les conditions requises la

    dcouverte et laffirmation de talents - donner la possibilit nos publics de

    valoriser des comptences, des passions, des valeurs

    Le dveloppement de ce concept consiste dune part la ralisation dun lieu

    favorisant le partage et tenant compte des conditions, des lieux et des temps de

    travail des individus, et dautre part la proposition de nouveaux formats

    dapprentissages intgrant un processus dindividuation au profit du collectif.

    Le lieu existe physiquement sur le campus de Lille. Il a la particularit dtre

    modulable. Il permet de rassembler toutes les conditions pour les diffrentes

    phases dun projet : du brainstorming la prise de dcision, en noubliant pas

    les besoins individuels avec la mise en place de lieux et dambiances

    favorables la dtente, le lecture, lchange

    Ce lieu physique est laboutissement dune longue rflexion qui se complte par

    un espace virtuel dans le but de casser les contraintes physiques par le Web.

    SKEMA est implante dans plusieurs pays et il tait donc ncessaire doffrir aux

    quipes distantes la possibilit de partager.

    http://www.geemik.net/wp-content/uploads/2009/11/degre-de-connectivite-espace2.pnghttp://www.lafusee.fr/
  • Si le lieu physique nexiste pas encore sur le campus parisien, le concept y est

    pourtant bien dploy. Lespace disponible sur les deux campus parisiens nest

    pas suffisant. Alors pour pallier ce dficit nous essayons dexploiter dautres

    espaces, ailleurs dans la ville, une option qui se rvle souvent intressante

    puisquelle permet de saffranchir du cadre enseignement (penser out of

    the box ), favorisant linnovation.

    En ce qui concerne les formats dapprentissage, nous mettons en place des

    modules de formations-dcouvertes pour apprendre autrement. Ces

    modules se composent aujourdhui sous diffrentes formes, adaptes des

    besoins et des envies diffrents.

    Parmi ces modules on retrouvera :

    des ateliers numriques destins changer en 45 minutes sur les

    usages professionnels du web. Parmi les sujets abords nous proposons

    la gestion de lidentit numrique, lexploitation et la validation des

    ressources numriques, les techniques de veille, un point sur le droit et

    internet Ces ateliers nont pas de programmation dfinie. Le but tant

    que la programmation sappuie sur les demandes des tudiants de faon

    tre plus mme de rpondre leurs besoins et les rendre acteurs de

    leur formation.

    des cafs dcouvertes pour rencontrer des personnalits atypiques

    (artistes, voyageurs, entrepreneurs), en sappuyant sur la convivialit,

    autour dun caf. Comme pour la majorit des modules ici aussi le

    contenu doit terme tre propos par les tudiants.

    des cafs polyglottes o il sagit dapprendre une langue dans un

    contexte convivial en changeant sur lactualit entre des publics de

    diffrentes origines.

    http://www.lafusee.fr/exploration/explorations/programmation-evenements/ateliers-numeriques/http://www.lafusee.fr/exploration/explorations/programmation-evenements/cafe-decouverte/
  • une formation aux potentiels cratifs pour dvelopper sa personnalit et

    son talent, apprendre saffranchir des apprhensions, savoir

    comprendre ses besoins pour constituer des quipes en jouant sur la

    complmentarit des profils, dvelopper sa crativit pour innover. Cette

    formation est consommatrice en temps et est dispense par Isabelle

    NORMAND un petit nombre dtudiants. Cependant elle transparait

    aussi dans les projets que lon met en place avec les tudiants comme le

    projet Creatinove- Une anne pour travailler autour de la MOBILITE

    avec environ 30 tudiants qui travailleront sur la pluri-dimensionnalit du

    mot, et gnreront des contenus issus de rencontres, de lectures, pour

    terme imaginer et raliser un vnement en mars 2011.

    La mise en place dun systme de veille partage pour apprendre

    changer sur des thmatiques cibles, et participer la co-construction

    dune base de connaissance commune,

    des modules dchanges et de mise en pratiques autour de la gestion de

    lidentit numrique pour les sensibiliser et les accompagner

    comprendre les mcanismes et les logiques du web, adopter des

    rflexes intelligents. Ils baignent de plus en plus tt dans le web et nont

    pas toujours un regard loign sur ce quils font.

    Finalement, rendre ltudiant acteur mais aussi auteur suppose daccepter quil

    partage sa vision, sa connaissance et valorise au sein du groupe des

    comptences quil na pas lhabitude de mettre en avant dans le cadre de

    lcole ou mme professionnellement.

    Pour cela nous leur proposons dtre animateur datelier, dtre organisateur de

    cafs dcouvertes, dtre auteur de tutoriel, de partager leur veille en rdigeant

    un billet de blog, dtre contributeur dans le cadre dun wiki cole autour des

    thmatiques dispenses, de collaborer sur des projets avec des quipes

    gographiquement disperses Le module de formation-dcouverte devient

    leur module quils animent, quils alimentent.

    http://www.lafusee.fr/exploration/explorations/programmation-evenements/creatinove/
  • Faire reste finalement le meilleur moyen dapprendre.

    Ces modules sont destins notre public cole . Il ne sagit donc pas

    uniquement des tudiants mais aussi des enseignants, des chercheurs, des

    entreprises partenaires et des rseaux professionnels. Lenjeu est, terme, de

    participer la cration dun rseau de savoirs et de connaissances au sein de

    lcole et avec des acteurs externes, linitiative non plus seulement des

    collaborateurs, des enseignants, de la mdiathque mais des tudiants eux-

    mmes.

    Lapport du Web 2.0 dans tout a ? Cest simplement de faciliter le

    dveloppement de ces usages en sappuyant sur des outils quils utilisent

    souvent dans un cadre purement ludique pour stimuler leur participation au sein

    dune communaut.

    Prochaine tape : connecter les savoirs !

    Claire LEBLOND est une Geemik , ou autrement dit une

    Animatrice de la communaut entrepreneuriat SKEMA

    Business School. Cette communaut regroupe tudiants,

    chercheurs, enseignants, entreprises et porteurs de projet de

    lincubateur TONIC. Le rle danimateur consiste entre autre

    impulser une dynamique de partage au sein des membres de la

    communaut. Elle est prsente plus particulirement sur les deux

    campus parisiens de SKEMA (La Villette et La Dfense) et

    intervient lITEEM pour des cours de veille stratgique et

    dIntelligence Economique.

    Elle est co-auteur sur trois blogs : le blog geemik autour de notre

    mtier, le blog Sinformer pour se former (rsultat de sa veille sur

    les tendances et actualits de lentrepreneuriat) et

    YouOnTheWeb (sur les usages professionnels du Web).

    http://www.claireleblond.com/http://www.geemik.net/?p=424http://www.skema-bs.fr/frhttp://iteem.ec-lille.fr/http://www.geemik.net/http://youontheweb.fr/
  • Les Rseaux Sociaux sont maintenant aux portes de l'entreprise. La question

    que l'on peut se poser est : comment inscrire ces plateformes collaboratives

    dans la stratgie de la direction informatique ?

    Les entreprises ont massivement investi ces dernires annes dans la mise en

    oeuvre de systmes critiques leur permettant de rationaliser et d'optimiser la

    planification de ressources (Enterprise Resources Planning - ERP), la relation

    client (Customer Relationship Management - CRM), la logistique et

    l'approvisionnement (Supply Chain Management - SCM) et la gestion de cycle

    de vie de produits (Product Lifecycle Management - PLM).

    Dans son remarquable ouvrage sur le PLM (1), Michael Grieves propose une

    cartographie pour illustrer le positionnement du PLM au sein des autres

    systmes critiques de l'entreprise.

  • L'objectif de cet article est d'tendre cette cartographie pour montrer comment

    les Rseaux Sociaux d'Enterprise (Enterprise Social Networks - ESN) peuvent

    s'inscrire dans cette stratgie et en quoi ils sont complmentaires des systmes

    existants.

    Les systmes de l'Entreprise 1.0

    Figure #1 : Les Systmes de lentreprise 1.0

    Dans la carte de Michael Grieves, l'ordonne identifie les diffrentes fonctions

    et activits de l'entreprise et l'abscisse les diffrents domaines de

    connaissance.

    Ce schma simple montre les intersections entre ces systmes ainsi que le

    besoin essentiel d'intgration.

    Dans un but pdagogique, il est modifi ici pour illustrer une problmatique

    essentielle de l'entreprise qui n'apparait pas ici : la gestion du savoir tacite non

    captur. Ainsi a t rduite la largeur des colonnes (PLM, CRM, SCM) et de la

  • ligne (ERP) pour mettre en vidence le fait que ces systmes ne couvrent pas

    l'intgralit de leur domaine de comptence.

    La nature liquide des ESN

    Comme le remarque Andrew McAfee dans son essai (2), ces systmes

    historiques ont pour objet de structurer et contrler les activits des travailleurs

    de la connaissance ; ils ont des frontires claires ainsi qu'un strict cadre de

    responsabilits.

    Les Rseaux Sociaux d'Entreprise, en revanche, sont de nature compltement

    diffrente. Si les ERP, SCM, CRM ou PLM sont des produits complexes avec

    des responsabilits bornes, les ESN sont des systmes "faciles d'accs,

    ouverts, mergents et dpourvus de structure a priori" (A. McAfee).

    Ces outils ont dmontr sur internet leur formidable adquation pour la

    ralisation de projets collaboratifs d'envergure. La simplicit d'utilisation facilite

    l'adoption. Ils capitalisent sur l'effet de rseau pour faire merger de nouveaux

    usages ; leur utilisation peut voluer selon les besoins.

    En d'autres termes, plutt que forcer l'utilisateur s'y adapter, les ESN

    s'adaptent aux usages des travailleurs du savoir. Cela confre un caractre

    liquide aux ESN qui leur permet de s'infiltrer et remplir les espaces laisss

    vacants par d'autres systmes.

    Les ESN n'ont pas de forme prdfinie, ils s'adaptent la forme de leur

    contenant. Ici: le cadre de l'activit et de la connaissance de l'entreprise ou, tout

    au moins, le savoir correspondant captur dans les systmes d'information

    Capture de la connaissance

    Les ESN sont particulirement appropris pour la capture d'information.

  • Tout d'abord, il est beaucoup plus facile et bien moins intimidant pour les

    travailleurs du savoir de capturer des units de connaissance sur des

    plateformes collaboratives (wikis, blogs, forums etc ...) que sur des systmes

    dentreprise complexes, linterface peu conviviale grant des donnes la

    structure prdtermine.

    Dautre part, ces plateformes collaboratives offrent un point d'entre unique

    pour la recherche d'information quelque soit la nature du document (blog,

    document Office, annonce etc ...). Cela contribue rduire de manire

    significative le temps pass rechercher de linformation.

    Communauts de savoir et innovation

    Un second aspect contribuant la nature liquide des ESN est la notion de

    communauts. Ces outils collaboratifs contribuent en effet naturellement la

    cration et l'animation de communauts transverses qui, dans le contexte de

    l'entreprise, se structurent autour de domaines d'expertise, de connaissance

    mtier et de savoir faire.

    Ces communauts juxtaposent les comptences de diffrents types d'experts

    (technique, architecture, marketing produit, ventes, consultants) sur un domaine

    particulier. Cela permet de construire (et capturer !) une expertise multi

    dimensionnelle sur des problmatiques pointues.

    Accessoirement, en encouragent des conversations entre diffrents experts

    situs dans des silos diffrents de l'entreprise, les ESN permettent des

    confrontations de points de vue et d'ides diffrentes. Et nous savons depuis

    les travaux de Mark Granovetter (3) ou Ronald Burt (4) qu'il s'agit l d'un

    formidable moyen pour faire advenir l'innovation.

    Intgration de processus

    Enfin, la fluidit de ces plateformes ouvertes leur permet une intgration

    technique facile avec les autres systmes, et ce faisant, une meilleure

  • intgration des processus de lentreprise (*Business Process Management

    BPM).

    Sur internet, les services en ligne (API) de Flickr, Twitter ou Facebook jouissent

    dun succs considrable en grande partie grce leur simplicit. Au niveau de

    lentreprise, les rseaux sociaux offrent une stratgie alternative, fluide et

    lgre, aux Architectures Orientes Services (SOA), lourdes et complexes, pour

    rpondre aux besoins de BPM (5).

    Les diteurs ne sy sont pas tromps. SAP propose une offre StreamWork qui

    sintgre avec son ERP, PTC propose un SocialPLM avec SocialLink (intgr

    avec Sharepoint) tandis que Dassault Systmes propose avec 3DSwYm une

    plateforme communautaire sintgrant sa Plateforme PLM V6.

    Les Systmes de lentreprise 2.0

    Figure #2 : Systmes de lentreprise 2.0

  • Le positionnement des ESN dans le SI dentreprise : un environnement conducteur

    facilitant la capture et le partage des connaissances, la cration de communauts

    transverses et une plus facile intgration des processus mtiers.

    (1) Michael Grieves : Product Lifecycle Management, Driving the Next Generation of Lean Thinking

    (2) Enterprise 2.0 : New Collaborative Tools for Your Company Toughest Challenges - Harvard Business School Press

    (3) Mark Granovetter : The Strength of Weak Links

    (4) Ronald Burt : The Social Origin of Good Ideas

    (5) Forrester : Social Technologies Will Drive the Next Wave of BPM

    Cecil Dijoux travaille depuis plus de 20 ans dans les systmes

    dinformation, exprience qui la amen travailler ltranger,

    dans des grands groupes ou des start-ups. Il travaille aujourd'hui

    chez Lectra o il est en charge des quipes Dveloppement et

    Architecture Plateforme de l'offre Lectra Fashion PLM, solution de

    Product Lifecycle Management pour l'industrie de la mode. Cecil

    blogue depuis 3 ans sur #hypertextual au sujet des cultures, des

    organisations et des rseaux sociaux.

    http://www.prosocia.thinkingarts.myzen.co.uk/application/workfiles/social_networking/arran_SOGI.pdfhttp://blogs.forrester.com/clay_richardson/09-09-02-social_technologies_will_drive_next_wave_bpm_suiteshttp://twitter.com/cecildijouxhttp://ceciiil.wordpress.com/
  • Converser, c'est travailler

    Alors que certains voient dans la conversation une pratique futile, dans l're de

    l'entreprise 2.0, elles donneront l'avantage aux organisations qui sauront la

    dompter.

  • A travers le mail, la conversation est de fait, aujourd'hui, le principal mode

    de collaboration

    Le principal outil de collaboration dans les entreprises est la messagerie mail.

    C'est un fait. On y change informations, organise les runions, transporte des

    documents. Dans le meilleur des cas on l'utilise pour notifier et contextualiser

    un document accessible via un lien. Ce n'est pas faute d'avoir essay de

    structurer les dmarches et de les outiller par du Groupware ou de la

    planification. L'change prime sur le partage. Les besoins primaires portent plus

    sur l'change et l'interaction que sur la diffusion ou le partage de ressources.

    En tout cas l'effort supplmentaire ncessaire est dissuasif.

    Est-ce une incapacit a aller vers plus de rigueur collective ? ou une

    ncessit pragmatique ?

    Autour de projets structurant, de nombreux micro-projets apparaissent. Ces

    derniers sont diffus : les personnes impliques fluctuent, le droulement est peu

    programm, voire les objectifs volutifs. La gnralisation du mode projet a

    conduit un affaiblissement mthodologique : les besoins de travail collectif

    ncessitant des pratiques communes, le plus petit dnominateur la emport. La

    notion de collaboration a volu du fait des possibilits de communication

    accrues, du moins elle s'est largie.

    Ou une limite de l'approche centre document ?

    Est-ce l'chec des processus de collaboration structure ? Ou des plateformes

    de partage traditionnelle dites "Groupware" ? C'est en tout cas un point d'arrt

    leur prtention d'universalit dans ce domaine.

    Reconnaissons leur un certain nombres de contraintes :

    des plateformes centres sur les documents : difficile de partager

    l'information connexe, ne serait-ce que celle permettant de contextualiser

    la version de travail que l'on vient de dposer par exemple. Parfois, on y

  • dispose d'un forum, mais la construction en silo impose une dissociation

    entre documents et discussions. Si bien, qu'on utilise ces espaces pour

    crer un rfrentiel documentaire en complment de la plateforme

    d'change qui reste la messagerie, entrainant une complexit

    supplmentaire dans la transmission des ressources partager au sein

    du projet.

    des plateformes ncessitant une organisation pr-dfinie : une

    arborescence, la liste des membres, les options de l'espace, etc. Ceci

    signifie, qu' l'aube d'un projet, il faut anticiper son organisation et sa

    structuration.

    un espace administrer : imposant soit que tous les collaborateurs aient

    accs cette possibilit, mais en gnral cette option est carte par

    peur ( raison) de voir pulluler les espaces inactifs, soit de centraliser la

    gestion des espaces entrainant un manque de ractivit pnalisant pour

    les micro-collaborations.

    Les solutions de gestion collaborative de projets restent adaptes aux

    professionnels du projet ; elles leur sont finalement peut-tre rserves...Notre

    vision de la collaboration doit prendre acte de ce constat ; ne plus l'associer

    systmatiquement un besoin de partage documentaire.

    L'entre dans les modes d'organisation en rseau

    L'entreprise 2.0, qualifie galement d'tendue, gnre de nouveaux besoins

    de collaboration. Ceci est en parti li aux nouvelles facilits d'change et de

    connexions entre les gens.

    Les nouveaux contextes collaboratifs

  • Chaque projet ou plutt collaboration, conduit travailler avec de nouvelles

    personnes pour la premire fois. Les motivations et les niveaux d'implication

    sont diffrents d'un participant a un autre.

    De moins en moins centrs sur un processus, les enjeux de collaboration se

    dportent sur la capacit : identifier les bons interlocuteurs, les fdrer, les

    impliquer, voire les mobiliser.

    Des pratiques qui mettent en jeu le capital social de chacun. Ceci est d'autant

    renforc que les terrains de collaboration dpassent les frontires de

    l'entreprise.

    La collaboration douce*

    Dans ce contexte mergent de nouvelles formes de collaboration plus douces,

    centres sur la conversation, facilitant la prise de connaissance de l'autre et

    reposant sur une organisation en rseau. Chacun est en mesure, pour

    coordonner une action, d'initier trs simplement une discussion avec les autres.

    Dans le fil pourra s'insrer les ventuels documents. En fdrant, les

    discussions au sein d'une communaut, qu'il sera possible ensuite d'organiser,

    voire d'en structurer l'information si ncessaire. Une gestion de l'information

    dont les points d'entre sont les participants, la chronologie, les mots clefs

    associs la vole. La prsentation de l'information est centre sur soi.

    Finalement, il s'agit d'une version organise des pratiques existantes

    aujourd'hui dans la messagerie.

  • Schma : Social collaboration - Partager toute linformation lie une activit au sein dune

    conversation

    Une forme de collaboration complmentaire avec celles existantes

    Elle ne remplace pas totalement les outils existants : messagerie ou partage

    documentaire. Elle les complte et s'articule bien avec elles, de sorte

    recentrer les usages sur les points forts de chacun. Cette collaboration douce

    est plus amont dans le processus de production. Les rflexions, la coproduction

    peut s'organiser autour de conversations, et leur fruit est dvers dans un

    rfrentiel documentaire projet. Elle concerne galement les collaborations

    moins formelles. En revanche, elle permet de recentrer l'usage du mail.

    Une rupture d'usage paradoxale

    Alors que cette forme de collaboration est complmentaire aux espaces de

    partage et proche de l'usage existant de la messagerie, elle constitue une

    rupture d'usage parfois difficile ngocier. A ce jour, j'explique cela

    principalement par la peine positionner un nouvel outil qui chevauche la

    messagerie et les outils existants de partage sans offrir de relle articulation. La

    situation est accentue par la faible appropriation des concepts du 2.0 et a

  • fortiori, de leur faible prise en compte dans les stratgies d'entreprise.

    Autrement dit, les dmarches d'outillage manquent parfois de sens.

    Maintenant, je constate que l'enjeu autour du dveloppement des usages est

    mieux pris en compte dans les grandes organisations. Nul doute galement que

    les diteurs proposeront prochainement des passerelles avec les espaces de

    partage traditionnels et la messagerie.

    *Terme employ pour qualifier le fait que ces nouvelles collaborations s'initient en douceur, de

    manire implicite. Elles ne ncessitent aucune prparation et peuvent dmarrer avant tout

    engagement d'appartenance une quipe ou un projet.

    Arnaud Rayrole, fondateur et dirigeant du cabinet Useo, conseille

    et assiste depuis 10 ans les organisations pour la russite de leurs

    projets Web, des transformations associes et le dveloppement

    des nouveaux usages cibles. Il a dirig plusieurs tudes de

    rfrence dans ce domaine, notamment sur les rseaux sociaux

    d'entreprise tlchargeable gratuitement sur la Communaut

    USEO.

    http://twitter.com/arayrolehttp://www.useo.fr/http://communaut.useo.fr/http://communaut.useo.fr/
  • La question du ROI de lentreprise 2.0 est une des plus dbattue et sujette

    controverse. Cela sexplique par lapparente opposition de deux postulats.

    Le premier est que tout investissement se justifie, quil soit en argent, en temps,

    en attention. Le second est que la force de tels projets est de rendre

    lorganisation adaptable, flexible, plus mme de ragir aux imprvus et

    rsoudre des problmes qui sont, plus que lexcution de tches normes, le

    quotidien des collaborateurs aujourdhui. Sagissant donc dun systme visant

    mieux ragir face un imprvu qui devient la norme, on ne peut systmatiser et

    mettre en quation les bnfices induits vu quon parle, justement,

    dvnements imprvisibles.

  • On a donc longtemps entendu, et on entend encore, quil nest aucun besoin de

    justifier dun ROI, que la valeur du projet se comprend delle-mme. Cest

    dailleurs le constat fait a posteriori chez General Electric o lon dit que leur

    intranet 2.0 est le heartbeat of the company , son pouls. Un constat ais

    faire a posteriori mais un raisonnement difficilement tenable dans la grande

    majorit des organisations pour des raisons dont lvidence est telle quil nest

    besoin ni de les justifier ni mme de penser les remettre en cause. Cela

    signifie-t-il que ce type de projet ne peut voir le jour que dans des organisations

    croyantes et convaincues ? Pas le moins du monde. Il faut simplement

    sinterroger sur la notion de ROI et lappliquer l o elle est applicable. Ca nest

    pas parce quon ne peut mettre le bnfice en quation quon ne peut ni le

    prvoir ni le mesurer selon des critres soit financiers soit suffisamment

    parlants pour que la valeur ne puisse tre discute.

    Lentreprise 2.0 nest en aucun cas une fin en soi. Cest une modalit

    dexcution au service de lentreprise, de sa stratgie, de ses modes

    opratoires. On peut donc logiquement avancer que si rien ne change aprs

    son avnement cest que le projet na pas lieu dtre. Cela amne galement

    regarder le problme sous un autre angle : si le projet nest quun moyen il faut

    donc aller mesurer les buts quil sert. Innovation ? Renforcement du sentiment

    dappartenance ? Collaboration ? Coordination. Tout cela se mesure en termes

    dides, de cycle dincubation, de nombre de runions, de temps ncessaire

    pour rsoudre un problme, de dure dun cycle de vente si on vise une

    population commerciale, denqute de climat La liste de ces micros

    indicateurs adapts un point de fonctionnement de lentreprise ou la

    fonction dun collaborateur donn est longue et il sagit simplement disoler celui

    ou ceux qui ont du sens dans un cas donn. Il sera alors ais de mesurer leur

    volution dans le temps.

    Une fois la question de la mesure traite, reste celle de la prvisibilit. Dans le

    cadre dun projet entreprise 2.0 il faut bien avoir conscience que a nest pas

  • loutil qui dlivre de la valeur mais les pratiques de travail et modes opratoires

    quil permet. Ds lors tout raisonnement visant rendre certain et mettre en

    quation des sommes de comportements individuels est par dfinition biais et,

    sil peut rassurer, napporte aucune garantie sur la ralisation de la prvision,

    lamlioration des indicateurs susmentionns. Cela ne veut pas dire pour autant

    que, in fine, la valeur du projet dpendra au mieux du bon vouloir des uns et

    des autres ou, au pire, du hasard. On peut augmenter le taux de certitude par

    rapport la ralisation des bnfices attendus en travaillant sur des nouvelles

    pratiques de travail quotidiennes et leur adoption davantage que sur ladoption

    de loutil en tant que tel.

    Beaucoup des rgles suivies au quotidien, quelles soient implicites ou

    explicites, sont dues aux contraintes imposes par des outils de travail qui ne

    permettaient pas tel ou tel mode dinteraction, de collaboration. Lorsquon parle

    doutils qui lvent les contraintes en question, il faut donc obligatoirement

    envisager de repenser la manire dont on travaille. Cest la seule manire de

    garantir que, effectivement, un niveau de collaboration plus lev, une

    organisation plus souple, permettront datteindre les objectifs oprationnels

    quon sest fix. Il ne sagit donc pas dexhorter les collaborateurs davantage

    de partage et decollaboration mais de bien penser les scnarii dusage des

    outils adapts aux objectifs, besoins et contraintes de chacun, des routines

    quotidiennes lgres qui transformeront peu peu le travail. Cest cette

    condition et cette condition seule que la promesse de dpart se tenue.

    Les outils de lentreprise 2.0 nont aucun ROI. Ce dernier est trouver dans les

    modes opratoires, procdures et processus nouveaux quils supporteront. En

    effet tout ce qui touche lentreprise 2.0 relve de ce que lon nomme le capital

    intangible de lentreprise. On y trouve les comptences des collaborateurs que

    lon dveloppe, les ides et solutions que ces derniers peuvent apporter, le lien

    entre ces mmes collaborateurs qui permet de renforcer la collaboration et

    lagilit, linformation gnre Lentreprise, historiquement, peine tirer le

    meilleur de ce potentiel dans lequel elle investit beaucoup pour dlivrer

    davantage de valeur. La raison en est simple : jusqu prsent les outils

  • disposition des collaborateurs permettaient peu permettre ce potentiel dtre

    identifiable, capitalisable, mobilisable et donc utilisable. Cela change avec le

    social software mais une seule condition : que les processus par lesquels

    on cre de valeur en travaillant rapprennent exploiter ce capital sur lequel ils

    ne pouvaient se reposer auparavant.

    Beaucoup de stratgies entreprise 2.0 ont eu, jusqu prsent, pour seul

    objectif damener les utilisateurs utiliser des outils nouveaux. Lorsquils ont

    rencontr le succs ils nen nont pas pour autant systmatiquement amen

    crer de la valeur. En effet rien de sert de rendre identifiable un expert que

    personne na le droit de solliciter ou si celui-ci na pas le droit de se rendre

    disponible. Rien ne sert de dvelopper des boites ides pour rentre

    lorganisation plus innovante si les personnes en charge de linnovation ne

    prennent pas ce canal en compte. Et rien ne sert, enfin, de favoriser les

    changes et les transferts de bonnes pratiques si les collaborateurs ne sont pas

    autoriss essayer des solutions nouvelles dans leur quotidien.

    A linverse, dans une entreprise comme CISCO, par exemple, les processus de

    dcision et de conception de business models nouveaux, par exemple, sont

    construits sur ce fonctionnement en rseau et la capacit identifier et

    mobiliser les expertises. Rsultat : des chiffres concrets sur la dure de

    conception des plans labors par lentreprise, sur ce quils lui ont rapport, sur

    la capacit de lorganisation saisir les opportunits du march. Comme le

    prcisent dailleurs Norton et Kaplan dans leur ouvrage Strategy Maps , les

    actifs intangibles ne dlivrent de la valeur que lorsque leur utilisation fait partie

    intgrante dun processus dentreprise.

    Lenjeu de lentreprise 2.0 nest ds lors pas la dmonstration dun ROI

    mcanique mais la transformation dun potentiel humain, social, fait de savoirs,

    dides, de capacit rsoudre des problmes seul ou collectivement en une

    valeur tangible au niveau oprationnel qui amliorera, in fine la cration de

    valeur. Le potentiel de valeur est en effet connu et identifiable et nest donc pas

  • trouver ni dmontrer. Cest sa capacit devenir plus quun potentiel qui est

    donc en question.

    Tout cela nous amne apprhender la question du ROI de lentreprise 2.0

    sous un angle nouveau, en partant des bons postulats et se posant les bonnes

    questions :

    Les outils de lentreprise 2.0 nont aucune valeur en soi. Plutt que

    chercher le ROI de loutil cest le ROI du projet ou des projets quil

    supporte quil convient dobserver.

    La question nest ds lors plus de se demander comment un outil va

    crer de la valeur mais comment lorganisation va utiliser loutil pour en

    crer davantage. Un outil entreprise 2.0 ne cre aucune valeur dans

    le statu quo organisationnel.

    Plutt que se demander quel est le bnfice d1 investi dans un

    projet entreprise 2.0 il convient plutt de se fixer des objectifs

    stratgiques et oprationnels clairs, les dcliner en termes de pratiques

    puis envisager les outils qui rendent les pratiques possibles. Le ROI du

    projet est datteindre des objectifs plus ambitieux par le biais de modes

    opratoires nouveaux.

    Pour rduire la zone dincertitude autours de la ralisation de la

    promesse il faut penser larticulation entre le projet entreprise 2.0 et les

    business process pour rendre aussi mcanique et systmatique que

    possible lapport du projet au fonctionnement de lentreprise mme si

    dautres usages peuvent, bien sur, tre dvelopps hors de ce primtre.

    Il convient, enfin, de prendre en compte le cot de linaction. Laisser des

    potentiels en jachre alors quon investit pour les dvelopper, maintenir

    les goulots dtranglement qui limitent la collaboration, se priver du

  • potentiel dinnovation des collaborateurs dans une conomie qui connat

    des cycles de plus en plus court a un prix.

    Plutt que penser ROI, penser valeur ajoute et nouveaux modes de

    cration de valeur.

    Bertrand Duperrin, Consultant chez Nextmodernity, accompagne

    les entreprises dans la mise en place de nouveaux modes de

    cration de valeur et processus collaboratifs.

    Expert reconnu des problmatiques de rseaux sociaux

    dentreprise et de leur positionnement dans le processus de

    cration de valeur, il anime notamment un blog sur le sujet et

    intervient dans nombre de confrences en France et ltranger.

    http://twitter.com/bduperrinhttp://www.duperrin.com/
  • Le changement, au cur du RSE

    Le rseau social d'entreprise RSE cre du lien et du liant entre les diffrents

    collaborateurs d'une mme entreprise et facilite ainsi lintelligence collective.

    C'est--dire, la capacit partager linformation et produire collectivement de

    la connaissance et des savoir-faire. Le RSE est complmentaire aux

    dmarches centres sur le document, comme la gestion documentaire ou la

    gestion des connaissances. Il sappuie sur les liens entre les collaborateurs, et

    non sur un moteur de recherche, pour filtrer et donner du sens linformation,

    parfois en quasi temps rel.

  • Pour arriver ce stade de fonctionnement de lentreprise, le facteur humain

    est bien sr prpondrant. La mise en place dun RSE demande donc un

    accompagnement des changements important. Mais rciproquement le

    rseau est un formidable levier de changement et de dcloisonnement pour

    lentreprise. Surtout pour celles dont les marchs sont en mutation profonde et

    qui doivent sadapter. Cette double dynamique est un moteur qui se nourri du

    changement. La matrise de sa conduite est certainement sur le moyen terme

    un facteur de performance des entreprises.

    Le focus de cet article est sur linterne de lentreprise et naborde pas le

    changement dans le dploiement de RSE externes avec les clients.

    Quest ce que la conduite des changements ?

    Quand on parle de conduite des changements, on fait rfrence la capacit

    de mettre en place un programme daccompagnement jouant la fois

    sur plusieurs leviers:

    communiquer de manire continue et diffrencie,

    dvelopper les comptences (formation, coaching, ...),

    amnager lorganisation et le fonctionnement,

    adapter les modes de management

    La conduite du changement agit sur l'utilisation du futur systme et dans le cas

    du RSE sur son ancrage profond dans le fonctionnement de lentreprise.

    Lobjectif unique atteindre tant qu'une "masse critique" d'utilisateurs utilise

    toutes les potentialits proposes par le RSE. Les deux checs viter tant la

    sous-utilisation et le dvoiement.

    La sous-utilisation parce que la mise en place dun RSE est un investissement,

    mme si le retour sur investissement est rarement le premier objectif de mise

    en place, une sous-utilisation rduit dautant les gains potentiels. Mais aussi de

    faon plus empirique pour bnficier de la loi de Metcalfe qui dit que la

  • valeur dun rseau est proportionnelle au carr du nombre de ses participants,

    donc deux fois plus de participants veut dire quatre fois plus de valeur

    pour tous les membres. Le risque de rejet tant toujours prsent, il peut

    conduire une sous-utilisation.

    Le dvoiement, ou le dtournement des usages, est un chec traditionnel de la

    mise en place de nouveaux systmes. Dans le cas du RSE il reste un risque

    dchec surveiller mais il nest pas certain que ce soit toujours ngatif et par l

    est plus difficile apprcier. En effet, si de nouveaux usages, non prvus au

    dpart mergent, ils peuvent tre bnfiques pour lentreprise, la fois pour

    lusage du RSE et pour ses rsultats.

    Comment traiter ces deux risques ?

    Commenons par identifier les changements

    La premire tape dun tel programme est lidentification des changements

    induits c'est--dire de ce que va impacter la mise en place du rseau. Les

    principaux changements induits que lon constate sont :

    le fait de ne pas savoir lavance qui va lire ce que lon crit, ce qui est

    une rupture forte par rapport lemail qui reste la rfrence dans

    lentreprise

    la cration de son identit numrique interne, avec la trace de tous ses

    commentaires exposs tous et des choses aussi simples que sa photo

    expose tous (incroyable mais vrai !)

    la remise en cause des lignes hirarchiques tablies puisque tout le

    monde peut commenter tous les sujets. Qui est cette personne et de

    quelle autorit elle parle de ce sujet ?

  • le changement de comportement : comme le partage rig en

    principe , le droit lerreur , les rponses incertaines je ne sais

    pas mais demande untel

    laugmentation de la vitesse de diffusion des informations dans

    lentreprise, que lon constate aprs quelques mois de mise en place,

    Cest aussi lidentification des opportunits de changement qui peuvent tre

    apportes par la mise en place dun RSE:

    le dcloisonnement des services,

    la possibilit daborder des thmes totalement transverses, comme

    linnovation, lthique ou la scurit, sans tre oblig de crer une

    organisation spcifique pour cela,

    le retour dans loprationnel avec une plus grande visibilit de salaris

    ou de rseaux parfois enfouis dans les mandres des entreprises,

    comme les documentalistes, les gestionnaires de connaissance, les

    analystes,

    Ce travail didentification est difficile conduire de faon thorique avant la

    mise en place du RSE. On sappuiera donc, le plus possible et le plus en

    amont, sur les retours dexpriences dentreprises plus avances dans la mise

    en place, et en extrapolant son entreprise.

    On sera cependant prudent sur la comparaison au sein dun secteur dactivit et

    on sappuiera plus sur la proximit culturelle et sociale dune entreprise

    avant de se comparer. Ainsi deux acteurs du mme secteur, lun hyper-

    centralis avec une marque nationale et des effectifs dans la socit depuis

    20ans, et lautre hyper-dcentralis avec une proximit locale et un recrutement

  • important rcemment, auront certainement peu de points en commun au niveau

    des changements induits et des opportunits de changement pour la mise en

    place dun RSE.

    Le programme de conduite des changements

    Sur la base de cette analyse, on va travailler sur les quatre plans

    daccompagnement prsents ci-avant : communication, dveloppement des

    comptences, organisation, dveloppement des mtiers

    Plan de communication

    La premire communication est essentielle. Cest le nom de la

    plateforme ! Son logo si possible. Ne la ngligez pas, il est ensuite

    trs dur den revenir. Ainsi les SwYm See What You mean (Dassault

    Systemes), Join (GDF SUEZ avec le in de Linkedin), Engage

    (Alcatel-Lucent), LIO Plaza (Lyonnaise des Eaux), sont les premires

    signatures, comprhensibles en interne, qui donneront envie de rejoindre

    ou non le RSE.

    Dposez les noms de domaines internet associs votre nom, car le

    RSE de demain sera certainement la collaboration avec vos partenaires,

    dans le cadre dune entreprise 2.0 tendue sur le Web,

    En fonction de la stratgie de migration, big bang ou mode

    viral , prparez les communications adaptes au lancement. Dans le

    premier cas par exemple un compte rebours avant le lancement et un

    teasing interne, dans le second, un kit (email, plaquette, jetons, )

    mettre dans les mains des premiers participants pour aller recruter eux-

    mmes les suivants. Apprenez leur le recrutement !

    Les communications visent dans un premier temps expliquer pourquoi

    ce changement et pourquoi il nest plus possible de ne pas voluer :

    trop de connaissance se perd dans lentreprise, lemail devient ingrable,

  • le cloisonnement nous empche dinnover Ensuite de montrer en quoi

    ce changement est attractif, ce quil apporte, lentreprise puis

    chacun. Cette communication peut tre cible en fonction des mtiers.

    Enfin de montrer que personne ne sera laiss au bord du chemin et

    que des moyens seront dploys pour accompagner chacun,

    Dans tout projet il y a 10% dopposants, 10% de fans et 80% de non

    dtermins. La priorit est bien sr de convaincre les non

    dtermins pour les faire basculer en fans avant de sattaquer aux

    opposants. Des risques dmesurs par rapport la ralit de la mise en

    place (confidentialit, juridiques, sociaux, ) seront souvent mis en

    avant par ces derniers ds le dpart. A ce stade, ils sont potentiels. Le

    suivi du niveau de risque rel est donc une activit importante du

    projet, afin dadapter progressivement son dispositif avec la monte en

    charge, mais en aucun cas de prvoir ds le dpart un dispositif de

    scurit en dcalage total avec les usages et certainement dissuasif

    pour les nouveaux membres.

    La monte en charge tant progressive (ce qui laisse le temps dadapter

    le plan de conduite des changements), la publication dun tableau de

    bord ou darticles dans les moyens de communications internes, avec

    des chiffres de frquentation, dides, des cas dusages, des

    interviews, permet de maintenir lattention et de dcider les personnels

    en respectant leur rythme dadhsion des nouveauts

    Plan de dveloppement des comptences

    Cest bien sr un aspect essentiel pour rpondre aux changements

    induits, notamment ceux qui touchent aux comportements : le partage

    dides, de documents, de photos la Charte dusages du RSE est la

    premire rponse, quoique pas souvent trs pdagogique

    Laccompagnement des animateurs de communauts est essentiel et

    prioritaire, avant celui des utilisateurs. En effet les plateformes tant trs

  • ergonomiques, lapproche est souvent intuitive. En revanche ce qui ne

    lest pas sont les concepts et les techniques danimation. Un

    Community manager sommeille dans chaque salari !

    Commencez par rveiller ceux qui vont faire du recrutement pour vous,

    russir les premires communauts et assurer la monte en charge de la

    plateforme. Lidentification de ces animateurs potentiels se fait en amont

    pour prparer le lancement. Avec la rgle des 2% danimateurs, 8% de

    contributeurs et 90% de lecteurs, vous pouvez facilement calculer

    combien il faut en trouver pour cibler une communaut de 100, 500 ou

    1000 personnes. Prvoyez que seulement 70% dentre eux iront jusqu'

    une communaut bien installe.

    Notre exprience montre quil y a souvent en premier abord confusion

    entre un RSE et un portail de communication entreprise. Former les

    Animateurs permet dviter cette erreur et de russir dpasser la

    communication descendante et engager la conversation entre les

    membres. Le positionnement du RSE au sein de lintranet ds le dpart

    demande une grande maturit de lentreprise. Il semble plus simple den

    faire quelque chose part pour que les utilisateurs comprennent et

    ressentent quils sont dans quelques chose de nouveau, avant de le

    ramener terme comme une brique essentielle de lintranet.

    Dvelopper les comptences cest aussi reconnatre les bons

    comportements, les valoriser et les faire savoir. Je sais, cela fait un peu

    reflex de Pavlov (bien = rcompense) mais que serait Foursquare,

    rseau social forte croissance bas sur la golocalisation des lieux que

    lon visite, sans les badges et le pouvoir de devenir maire dun lieu,

    qui rcompensent notre conduite et nous challengent ?

    Dveloppement des mtiers

    Le sujet majeur dans ce domaine est lvolution du management. Il est

    peut tre un peu tt dans les retours dentreprise pour dtailler des actions

    prcises, mais le mtier de manager dans une entreprise 2.0 volue. On lira

  • cependant le chapitre Gouvernance & Management de cet ouvrage collectif.

    Un impact sera probablement un besoin de moins dassistance technique

    mtier (le collaborateur peut lobtenir de lui-mme au travers du RSE), mais

    plus daccompagnement humain et de dveloppement personnel. Linsertion

    de la gnration Y dans les entreprises sera trs instructive sur cette

    adaptation ou non du management.

    Le mtier de community manager pour lanimation de

    communauts externes, lintersection de la clientle (fidlit), de la

    communication, du marketing et de lanimation des ventes. Ce mtier ne

    peut pas rester celui dun snipper , externe et isol de lentreprise. Il

    aura ncessairement une composante interne danimation de ces

    diffrents mtiers pour en augmenter lefficacit et la coordination des

    actions au sein des communauts externes (Facebook, LinkedIn ).

    Organisation

    Au niveau de lorganisation la priorit est la mise en place de celle qui

    permettra de gouverner le RSE lui mme. En effet, mme sil a t lanc

    par une Direction Fonctionnelle particulire comme la Dir Com ou la DSI,

    il est essentiel que la plateforme devienne celle de lentreprise. Un

    comit de gouvernance RSE doit donc piloter son volution et dcider

    des rgles au fur et mesure quil en a besoin. Doit-on permettre des

    liens vers des vidos sur Youtube ? Deux Directions ont-elles lanc des

    communauts trop proches qui rduisent la lisibilit du RSE, la

    Charte des usages doit voluer, voil les premiers travaux de ce

    comit.

    Ce comit peut tre associ un comit existant comme le comit

    intranet par exemple, qui est souvent dj transverse.

    Des mesures dvolution de lorganisation seront peut tre

    ncessaires pour optimiser les contributions et maximiser lefficacit de

    lentreprise. A ce stade, on sait que lon a russi insrer le RSE dans

    les processus comme outil de travail de certains collaborateurs,

  • gnralement transverses et en charge de lanimation de rseaux dans

    lentreprise (Qualit, Scurit, Veille, Innovation). Cest un signe

    encourageant et concret de limpact du RSE !

    Cette conduite du changement ne doit donc pas tre sous-estime, mme si les

    moyens lui consacrer ne sont pas forcment dmesurs. Elle ne doit pas

    devenir une fin en soi, mais rester un catalyseur, c'est--dire un composant

    chimique qui acclre la vitesse dune raction sans en changer les produits

    finis. Alors vos burettes et bon dosage.

    Frdric Charles, Responsable de la Stratgie et de la

    Gouvernance, la Direction des Systmes dInformation de

    Lyonnaise des Eaux (Suez Environnement). Il rejoint la filiale

    Lyonnaise des Eaux du groupe Suez Environnement en 2007 lors

    de la cration d'un service ddi la stratgie et la gouvernance

    du SI. C'est au sein de ce service qu'il cr le ple SI collaboratif qui

    regroupe l'ensemble des services de collaboration offerts aux 7 000

    utilisateurs de Lyonnaise des Eaux (messagerie, intranet, gestion

    documentaire, rseau social, ...). Ce ple offre une plateforme

    cohrente et sociale ( 2.0 ) pour la gestion de la connaissance et

    lintelligence collective. Il anime le blog Greensi.

    http://twitter.com/fcharleshttp://www.greensi.fr/
  • Gnration Y, entreprise 2.0, E-rputation, personnal branding autant de mots

    clefs mais surtout de pratiques et dusages qui viennent percuter les formes

    actuelles de revendication portes par les syndicats. Pour comprendre les dfis

    relever pour les syndicats il faut poser un regard rapide sur le chemin

    parcouru pour en arriver moins de 7% de syndiqus en France.

    Les relations sociales en France sinscrivent dans la dure avec deux sicles

    dhistoire des syndicats, de leurs rapports avec les organisations patronales et

    les instances politiques au pouvoir. Forges dans la lutte et les relations tenant

    plus du conflit que du dialogue face un patronat peu enclin partager ou

    remettre en question son pouvoir de dcision, les organisations syndicales ont

    vcu leurs 30 glorieuses avant un dclin inquitant. Ce dclin est li aux

  • mutations de lentreprise et de lconomie, des relations mettant lindividu au

    centre et affaiblissant le collectif, une mondialisation aux effets multiples mais

    dont le principal rsultat est dloigner les vrais responsables des mesures

    appliques localement.

    Ce dclin qui conduit la dsyndicalisation sinscrit en parallle de la

    dsaffection des lections prudhomales mais aussi des lgislatives ou

    prsidentielles.

    Dans ce contexte lentreprise 2.0 amne un nouveau regard sur lvolution

    possible des relations sociales dans lentreprise puisquelle lie la fois

    lautonomie et le collectif, la transparence et louverture.

    Certaines questions viennent de suite lesprit :

    Quelle place pour les syndicats entre un salari connect et une

    entreprise collaborative ?

    Quelles nouvelles formes dactions, de relations, de dialogue ?

    Quid du rle de mdiateur entre le collectif et les dirigeants assurs par

    les syndicats lors dun conflit ?

    Lentreprise 2.0 est, on le sait, un peu victime dune vision rose voire

    bisounours de lentreprise, la vision dune entreprise ou tout le monde collabore,

    communique, travaille, innove pour une performance collective forcment

    meilleure. Oubli les jeux de rle, mis au rebus la logique de lhonneur de

    Iribarne1 ou celle des acteurs de Crozier2 !et revenir un tat fantasm dune

    entreprise sans hirarchie paralysante pour permettre des acteurs autonomes

    daccomplir au mieux leurs tches. Lentreprise 2.0 ne sembarrasse donc pas

    de ltude des relations sociales : elle part du postulat que celles-ci sont

    devenues inutiles, puisque la transparence et louverture permettent de grer le

    moindre problme quasiment en temps direct.

    1 http://www.crcom.ac-versailles.fr/spip.php?article118

    2 http://qualiconsult.pagesperso-orange.fr/crozier.htm

  • On sinterroge quelque peu sur la place des corps intermdiaires et donc des

    managers comme des reprsentants du personnel dans cette mutation ainsi

    que des prsupposs culturels nord amricain ports par ce concept

    dentreprise 2.0. Lentreprise plate se veut plus communicante et simple mais

    au passage elle crase des fonctionnements existant depuis le dbut de

    lentreprise capitaliste sans donner les clefs de cette transition. La

    reprsentativit relle des syndicats dj prise en cisaille entre la dsaffection

    des salaris depuis maintenant plus de 15 ans et la monte en puissance

    dInternet qui permet aux salaris de se passer du porte voix syndical pour se

    faire entendre. La dure ralit est que cette reprsentativit ne fait que saffaiblir

    un peu plus avec larrive du 2.0.

    Imaginez quun syndicat vous parle du mcontentement des salaris vis--vis

    dun projet, dune rorganisation ou autre problme collectif en vous informant

    de ce que dit la base. Vous, en bon RH 2.0, vous leur montrez les rsultats de

    votre veille sociale interne : un sondage en ligne positif, pas de commentaires

    ngatifs votre dernier billet sur le sujet, pas plus que sur les blogs de salaris,

    et lors du dernier vido chat que vous avez organis ces questions nont pas

    t abordes. Qui sera finalement le plus reprsentatif ? Au nom de la loi : le

    syndicat, sil a obtenu au moins 10% aux dernires lections professionnelles.

    Mais quel poids aura-t-il pour faire des propositions, reprsenter les salaris

    lors des ngociations ? Ce serait une grave erreur que de sen rjouir comme

    de nombreux journalistes et quelques hommes politiques sont en train de le

    faire en expliquant longueur de colonnes que les syndicats sont dpasss,

    constituent un obstacle au changement, cotent trop cher et nuisent la

    comptitivit des entreprises. Les plus aveugles demandent mme que la grve

    ne soit plus un droit constitutionnel Rappelons nous que la baisse du

    leadership syndical dans un conflit mne trop souvent la radicalisation et que

    lmergence dacteurs clefs, ports par des coalitions phmres, non forms

    la ngociation constitue rapidement un handicap une sortie de crise matrise.

    Notre vision des relations sociales dans une entreprise 2.0 reste cependant

    positive partir du moment o lon reconnat un certain quilibre dans la

  • dynamique des diffrentes forces et que les syndicats ne sont pas (comme trop

    souvent) le refuge des salaris, ayant peu de comptences, de leadership et

    denvie, mais voulant surtout se mettre labri. Ainsi la direction tout intrt

    dvelopper des outils dexpression des salaris en interne afin de ne pas les

    conduire directement vers des plateformes externes sils ne parviennent pas

    se faire entendre sur lintranet. Elle doit ensuite adapter sa veille sociale ces

    nouveaux outils. elle pourra alors comprendre les points de crispation et de

    satisfaction des salaris et dtecter les signaux faibles qui permettent de

    mesurer la qualit du dialogue social. Les RH ont dfinir des rgles du jeu

    pour faire vivre ce dialogue en interne, former les managers au dialogue social

    de proximit, entre autres par un meilleur usage de ces nouveaux outils. Ils sont

    aussi lgitimes pour travailler sur une charte dusage des mdias sociaux et

    assurer le community management des diffrents espaces en collaboration

    avec la communication. De leur ct les syndicats doivent assurer une

    meilleure matrise des diffrents espaces de communication mis leur

    disposition dans lentreprise, sans en dpendre totalement en dveloppant une

    communication externe de qualit et les outils web dun marketing syndical. Il

    est essentiel quils parviennent susciter le renouvellement des anciens cadres

    et travailler sur le-reputation des nouveaux pour redonner confiance aux

    salaris et leur donner envie de venir les trouver pour un conseil, un appui.

    Lensemble de ces acteurs ne peut se passer de comprendre en quoi une

    prsence sur les diffrents espaces du web 2.0 constitue la fois un test

    dusage et un positionnement avant-gardiste qui leur donne une nouvelle

    lgitimit face aux nouveaux employs travaillant de plus en plus en rseau et

    habitus ces usages. Le RH comme le syndicaliste devraient se positionner

    pour tre, de par leur professionnalisme et leur comptence, le premier rflexe

    de contact pour un salari confront un problme ou une question, et non

    pas laisser google, twitter ou facebook prendre leur place. Lentreprise 2.0 doit

    tre celle du lien social retrouv, ce lien est construire pour redonner du sens

    au travail et dvelopper une performance sur le long terme en remettant

  • lhumain au centre de lentreprise, lhumain comme objet et non pas seulement

    comme moyen du profit.

    RH et syndicats peuvent trouver des pistes parfois communes pour dvelopper

    au sein de lentreprise un climat social plus serein, une meilleure prise en

    compte des besoins dcoute, dexpression, de participation des salaris la

    bonne marche de lentreprise tout en assurant son dveloppement conomique.

    Vincent Berthelot est un spcialiste des stratgies d'utilisation du

    web social pour l'entreprise en interne et en externe en particulier

    sur les domaines RH, comptences, mobilit, management,

    relations sociales. De formation RH et communication interculturelle

    il a introduit le premier intranet RH dans un grand groupe franais.

    Il partage ses convictions au travers d'un blog personnel

    Conseilwebsocial, ainsi que de conseils, interventions en

    entreprise, congrs ou salons.

    http://twitter.com/vinceberthelothttp://www.conseilwebsocial.com/
  • De la gouvernance dans lentreprise 2.0

    Quand on rencontre des responsables dentreprises, dans le cadre dun projet

    de travail collaboratif, lide que collaboratif = anarchie ou autogestion

    revient souvent (mme si cette peur diminue). Le rle du top management

    ne disparat pas, il va valider les processus collaboratifs de fonctionnement et le

    primtre de la collaboration : interne, clients, partenaires... Mme si on peut

    constater une autonomie plus importante : cela veut dire aussi libert et moyens

    de faire . Mais il est toujours l pour fixer la stratgie et les objectifs de

    lentreprise.

    Pour dvelopper le travail collaboratif dans lentreprise, le top management se

    doit dtre plus quun sponsor, il doit aussi tre exemplaire dans son attitude et

  • son application des principes collaboratifs. Cela se concrtise notamment par

    une plus grande agilit (rduction des temps de dcision en phase avec

    loprationnel et/ou le terrain lis aux feedbacks), un dcloisonnement et une

    transparence lis une plus grande fluidit de la circulation de linformation. On

    peut parler dorganisation intgrative. La grande diffrence avec une

    organisation classique est donc une plus grande coute des dirigeants et

    lempowerment des collaborateurs. De fait, le top management doit tre plus

    focalis sur le sens et les rsultats, que sur un micro-management des quipes.

    Il y a donc bien une rduction de la pyramide au profit dune organisation plus

    horizontale (reposant dune part sur les notions didentit des acteurs et dautre

    part de multi-communauts). Il est illusoire, comme le rappelle John Chambers,

    le CEO de Cisco, de penser quil dirige seul 66 000 collaborateurs. Cest

    pourquoi il faut rduire le ct bureaucratique et rigide de lorganisation li au

    modle pyramidale des organisations classiques (dlgatives comme les

    appelle Henry Mintzberg). Dailleurs cette transmission de la vision et sa

    rception peut se faire de manire directe, travers le blog du PDG ou plus

    largement sur une plateforme collaborative avec la possibilit pour les

    collaborateurs de ragir et dialoguer.

    Si la gouvernance volue dans la mise en place dune entreprise 2.0 ou

    organisation collaborative, de fait les modes de management doivent aussi

    voluer.

    Du management 2.0 dans lentreprise

  • Quand on parle de travail collaboratif en entreprise, tout de suite le terme

    community manager est prononc. Si la cration de communauts est lune des

    principales incarnations du travail collaboratif, il nen demeure pas moins que le

    management traditionnel continue dexister : le modle du manager 2.0

    nest pas uniquement celui du community manager. Pendant longtemps (cest

    souvent encore le cas), le manager tait celui qui dtenait linformation et la

    transmettait ses quipes, sur le modle information = pouvoir. Alors

    quattendre de ce manager nouvelle gnration ?

    Tout dabord il doit instaurer la confiance dans ses quipes. Cela veut dire une

    libre expression et des changes, qui doit mener du management participatif,

    savoir des prises de dcisions collectives par lensemble de lquipe et donc

    au final plus dengagement. Evidemment, ce rle de manager ne doit pas tre

    uniquement conu dans un rapport de pouvoir et de hirarchie. Cest donc plus

    un rle danimateur ou facilitateur que le manager va jouer. En effet, dans tout

    groupe humain il y a parfois des tensions, des choses rsoudre, et celui qui

    est au-dessus de la mle peut aider faire avancer les choses. Si le

    management est participatif, on peut supposer aussi que le niveau de

    dlgation au quotidien est important. En effet, le manager est l pour faire

    grandir ses quipes et atteindre des rsultats. Il sagit donc de conduire ses

    collaborateurs dans la direction souhaite par lentreprise et leur donner les

    moyens de leur autonomie afin quils puissent grandir individuellement mais

    aussi collectivement. Cela veut dire tre l en soutien, donner un conseil ou

    aider en cas de besoin. Le temps quil dgage ainsi lui permet de prendre le

    temps de faire grandir son quipe, prendre le temps de la rflexion pour donner

    du sens laction et surtout distinguer les priorits pour les hirarchiser

    (important/urgent).

    Mais plus que la distribution de tches effectuer, il dveloppe la volont de

    ses quipes travailler de manire collaborative et leur donne les moyens de

    travailler de manire collaborative (savoir et pouvoir). Il va tre un promoteur.

  • Cest lui qui va faire le lien avec son n+1 ou n+2 pour promouvoir le travail de

    ses collaborateurs, aider mettre en valeur les ralisations personnelles et

    collectives de son quipe. Mme si dans un systme en rseau, on est

    beaucoup plus proche dun personal branding interne qui va forcment

    jouer sur la rputation du collaborateur au sein de lentreprise.

    Cela renvoie tout simplement quelques notions-cls qui sont :

    le respect au lieu de la domination

    La confiance au lieu de la discipline

    la transparence au lieu de lopacit

    le collectif au lieu de lindividuel

    La valorisation au lieu de lappropriation

    Cela na rien de nouveau, en effet, tout comme le travail collaboratif ou les

    communauts (on a pas attendu le web 2.0 pour cela). Mais beaucoup de

    managers sinquitent pour leur statut dans le cadre dune organisation

    collaborative. En effet, si leur rle volue, leur comportement va devoir aussi

    voluer. Etre un manager, ne veut pas dire faire preuve de leadership. Et

    pourtant dans le cadre dune organisation collaborative, les managers vont

    surtout devoir faire preuve de leadership. Cest--dire passer de comptences

    managriales une posture. Les managers vont devoir rpondre notamment

    deux dfis, souvent inhabituels dans les organisations traditionnelles : savoir

    coordonner sans centralisme et savoir animer sans hirarchie.

  • A travers ces deux piliers, on retrouve notamment les problmatiques dun

    management de projet ou transverse. Pour cela, et afin de permettre chacun

    de dvelopper son potentiel, il va falloir insuffler principalement 3 choses :

    Un sentiment de libert, en acceptant de lcher prise et perdre le

    contrle

    Un sentiment de communaut, en renforant le sentiment dappartenance

    Un objectif de sens, afin que les collaborateurs puissent sinvestir

    pleinement dans leur travail.

    Par cette posture de leadership, le manager va devenir un catalyseur qui inspire

    ses collaborateurs. Il libre lnergie des collaborateurs, sait trancher ou trouver

    un consensus quand cela est ncessaire. Cela veut dire accompagner ses

    collaborateurs en faisant preuve desprit douverture, mais aussi leur permettre

    de grandir en leur accordant le droit lerreur (donc dlguer), sans lequel la

    confiance et la prise de risque nest pas possible. Il faut crer un environnement

    favorable au succs de lindividu.

    Cette partie fait souvent peur aux managers. Ils craignent le regard de leur

    suprieur et de leurs collaborateurs. La dlgation ne rduit pas lautorit, elle

    nempche pas la reconnaissance du suprieur et des collaborateurs, au

    contraire. Faire preuve de reconnaissance et de soutien motive les autres. Le

    but dun manager est dorganiser et de dvelopper une quipe. On vous juge

    sur votre animation dquipe, pas sur votre capacit faire. Comme le disait

    Peter Drucker : 90% de ce que nous nommons le management consiste

    compliquer le travail des collaborateurs. Dans un nouveau monde de

    management, je vois lemploy grer sa charge de travail et demander un

    soutien un coach quand il en a besoin .

  • En guise de conclusion

    Certains managers ne sauront ou ne voudront pas faire cette rvolution

    culturelle . Ce rle nest pas forcment fait pour eux, car il est parfois trop

    loign de leur histoire et leur culture. Il sagit donc dimpliquer le management

    et de lui ouvrir des perspectives. Plus les managers seront impliqus tt, moins

    ils auront limpression dtre la dernire roue du carrosse et seront ouverts

    ce changement. Les managers doivent jouer un rle dans ce changement

    culturel et ainsi tre reconnus pour ce travail dapport lentreprise

    collaborative. De plus, ces managers vont tre les principaux relais dans la

    mise en place de communauts ou de travail collaboratif dans votre

    organisation. Comme cela a t dit plus haut, cette entreprise 2.0 est

    intgrative, il ne sagit donc pas de laisser des managers au bord du chemin.

    Pour ceux qui ne pourraient pas sadapter, lentreprise se doit de les diriger vers

    dautres rles, comme celui dexpertise par exemple.

    Anthony Poncier est docteur en histoire contemporaine et titulaire

    dun master de management stratgique et d'intelligence

    conomique. Il a enseign, les relations internationales Paris X

    Nanterre et les NTIC lIUFM de Paris. Il est Directeur/consultant

    au cabinet USEO en management et entreprise 2.0 (management

    2.0, travail collaboratif, SCRM, stratgie autour des mdias

    sociaux...). Par ailleurs, il participe rgulirement des

    confrences en France et linternationale, intervient pour des

    enseignements dans des grandes coles (HEC, SKEMA) ou en

    inter-entreprises et publie rgulirement des articles pour des

    revues et des medias online. Il tient aussi un blog sur ces

    thmatiques.

    http://twitter.com/aponcierfile:///C:/Users/Frdric/Desktop/E-SPRIT/02-%20ECOLLAB/livre%20blanc%20v2/(http:/poncier.org/blog
  • Quelle veille pour les Entreprises 2.0

    Dfinir lentreprise 2.0 serait une vaine tentative qui la fige dans un cadre qui va

    lencontre de ses caractristiques intrinsques. Ainsi, il est plus pertinent de

    parler de ce qui caractrise une entreprise 2.0 : agile, fonctionne et sappuie sur

    un rseau de comptences et mobilise leur juste valeur les applications

    logicielles dites sociales. Une entreprise 2.0 est alors un terrain fertile,

    dchanges mtier entre pairs, entre travailleurs de savoirs, entre

    professionnels. Et cest bien ce niveau que linformation devient la clef de

    voute pour une performance individuelle et collective : elle circule, elle senrichit

    et elle se transforme en connaissances.

  • Ainsi, la veille dans son acception large, cest dire lensemble des activits de

    recherche, de surveillance et de production dtudes, serait amene sadapter

    aux caractristiques dune entreprise 2.0. Sans parler forcment de veille 2.0,

    cette activit a tout intrt prendre en considration trois paramtres clefs,

    pour quelle apporte une vraie valeur ajoute lentreprise :

    Une logique de gouvernance et de pilotage

    Une mobilisation intelligente des comptences internes

    Un appui dordre technologique orient vers les mtiers de lentreprise

    Dabord, il est important de concevoir lactivit de veille dans sa globalit, de

    manire transversale lensemble des mtiers et fonctions de lentreprise. En

    effet, un dispositif de veille efficace et performant ncessite une approche de

    gouvernance et de pilotage des ressources mobilises, des activits mises en

    uvre selon des processus conus de manire collaborative. Cette

    gouvernance va permettre de mesurer lefficacit des actions de veille aux trois

    niveaux suivants : oprationnel, tactique et stratgique. Le pilotage travers

    des indicateurs clefs dordre quantitatif ou qualitatif permet par ailleurs

    dapporter les correctifs ncessaires aux carts constats.

    En outre, une dmarche de gouvernance permet de coordonner lensemble des

    activits de veille dans lentreprise 2.0 et dassurer une forme dinteroprabilit

    des systmes de veille individuels et collectifs. Cette interoprabilit est

    dautant plus ncessaire que dans une entreprise 2.0, il nest pas envisageable

    de confier la veille une seule et unique entit centrale, ni de la dlguer sans

    un minimum daccompagnement et de coordination lensemble des

    collaborateurs. Il sagit en effet du deuxime paramtre de la veille dans

    lentreprise 2.0.

    Etant donn lagilit et la souplesse dune entreprise 2.0, la forme la plus

    adquate pour la conduite des activits de veille serait un habile et dlicat

    mlange entre centralisation et dcentralisation. En effet, il sagit de mobiliser

    intelligemment les comptences internes, mtier et support, dans une

  • dynamique globale de veille. Ceci signifie que les profils info-documentaires

    comme les documentalistes et veilleurs seront mobiliss sur des aspects prcis

    comme la qualification des sources, le transfert mthodologique et

    laccompagnement interne, le pilotage des outils logiciels

    Quant aux profils dits mtier, savoir les ingnieurs, les chercheurs, les

    responsables produits, les chargs marketing et vu leur demande croissante

    dautonomie en terme de recherche et de surveillance, ils seront sollicits sur

    les aspects danalyse mtier, voire danalyse stratgique. Ces travailleurs du

    savoir, ou knowledge workers, sont souvent demandeurs dune veille

    spcialise, sur-mesure, en fonction de leurs mtiers et activits, en plus dune

    volont dautonomie dans lexploitation et le traitement des donnes

    rcupres. Pour pouvoir satisfaire ces interlocuteurs tout en sinscrivant dans

    une logique de performance et dans les processus mtier, il est alors

    indispensable de concevoir des modalits de collaboration adquates.

    Ceci passe notamment par la mise en place de communauts de partage de

    pratiques et de connaissances, qui rassemblent des spcialistes et des experts.

    Ces communauts peuvent tre par exemple animes par des professionnels

    de linformation. La collaboration peut aussi se concrtiser travers la mise en

    uvre de comits danalyse, en mobilisant diffrents profils mtier pour la

    production commune de livrables valeur ajoute : notes de conjonctures,

    bulletins dactivit

    La collaboration devient ainsi indispensable, surtout dans un contexte o un

    seul individu collaborateur ne peut matriser lensemble des techniques et

    mthodes de travail, danalyse et de production. Donc, il est plus raisonnable de

    se fier cette intelligence collective pour apporter et crer une valeur ajoute

    adapte lensemble des profils impliqus. Cette collaboration, et dans une

    logique doptimisation et defficacit, ne peut se concevoir sans un minimum

    dappui technologique, qui saligne sur le Systme dInformation global de

    lentreprise.

  • Lappui technologique se matrialise notamment travers la mise disposition

    dapplications collaboratives pour la production de contenu comme les wikis ou

    les outils ddition collective type Google Docs, mais aussi travers les rseaux

    sociaux dentreprise (RSE). En effet, les RSE peuvent apporter une vritable

    valeur ajoute, surtout sils sont mobiliss dans le cadre de projets mtiers

    spcifiques : lancement dun nouveau produit, conception de maquette,

    laboration dun benchmark A travers leurs fonctions de partage de contenus,

    la fois numriques et terrain, mais aussi les possibilits dannotation et de

    commentaires, les RSE permettent aux collaborateurs de crer du sens partir

    des donnes partages, de confronter les diffrentes visions du marketeur, de

    lingnieur, du communicant et du responsable produit. Avec une interface

    unique daccs linformation web et terrain, une traabilit et un historique des

    actions, ainsi que la co-production de contenus et de sens, les RSE contribuent

    la ralisation dconomies dchelle synonymes de gain de temps, defficacit,

    de rduction des marges derreur et donc de performance.

    Donc, en guise de conclusion, une veille pour une entreprise 2.0 est par

    essence collaborative, tire profit des infrastructures logicielles dites sociales, et

    notamment les RSE, tout en prenant en compte les aspects de gouvernance et

    de pilotage pour assurer une continuit et une dynamique en lien direct avec les

    mtiers de lentreprise.

    Aref JDEY est consultant-chercheur spcialiste en systmes de veille et management de l'information. Aref anime le blog de rfrence Demain la veille qui traite du mtier de la veille et des

    problmatiques lies au Web 2.0, les rseaux sociaux et l'entreprise 2.0.

    http://twitter.com/demainlaveillehttp://www.arefjdey.com/http://www.demainlaveille.fr/
  • Le knowledge management, ou gestion des connaissances , est loin d'tre

    un sujet neuf. Depuis que les chercheurs Nonaka et Takeuchi ont publi, il y a

    une quinzaine dannes, un article expliquant comment les connaissances

    tacites pouvaient tre captures, partages et stockes en sappuyant

    notamment sur les intranets naissants, les projets de KM non eu de cesse de

    se multiplier. Jusqu' ce que l'on s'aperoive qu'ils ne tenaient pas leurs

    promesses et entranent finalement dception et gchis financier. C'est que,

    sous la pression d'diteurs presss de vendre du "soft", on avait sans doute

    oubli la vrit premire rappele par Peter Drucker : "La connaissance est

    entre les deux oreilles des employs et seulement l". La pomme de la

    connaissance reste une simple pomme tant quon ne la pas mang. Il faut donc

    au pralable l'avoir repre, cueillie puis ingre pour qu'elle produise l'nergie

    qui supportera l'action. Dit autrement, il faut lavoir volontairement recherch

    (veille, filtrage de linformation utile), puis se l'tre approprie

    (analyse/synthse, apprentissage, rabchage ) pour commencer en tirer

    les bnfices (mise en uvre, savoir-faire, intgration une nouvelle thorie).

    Cest donc dans laction que ce qui tait une information, cest--dire une

  • connaissance en devenir, se rvle une connaissance opratoire, donc une

    connaissance tout court.

    Quoi de neuf docteur?

    L'arrive dans les organisations depuis 5 ans d'une gnration d'outils issus du

    web bouleverse le paysage du KM. Quils soient issus du web nest en effet pas

    anodin, cela veut dire qu'ils ont bien souvent t crs par des dveloppeurs

    solitaires (au dbut en tout cas) dans le but de rpondre leurs besoins

    propres, qu'il s'agisse de mieux partager l'information l'intrieur d'un groupe

    projet (les wikis de Ward Cunningham) ou de grer ses favoris

    (Muxway/Delicious de Joshua Schacter). Ces outils ont donc t conus pour

    rpondre un besoin ressenti au niveau individuel et il s'agit l d'une

    perspective trs diffrente de celle des outils de KM de premire gnration

    centrs sur le sacro-saint document et plaant le groupe (quipe projet, service)

    avant l'individu. Les rseaux sociaux dentreprise (RSE) et outils qui leur sont

    dornavant associs (wikis, blogs, microblogging,..) sont focaliss, on la assez

    dit, sur lindividu. Chaque action quil effectue dans le systme est

    automatiquement rattache son profil de manire visible (notification au

    groupe quUntel a partag tel document) ou invisible (capture et agrgation des

    clics dans un objectif de filtrage collaboratif de type Amazon). Ces outils ont

    donc pour premier objectif de servir lindividu tant au niveau de ses besoins

    personnels, trouver lexpert interne, linformation utile, quau niveau de ses

    besoins de collaboration : travailler en mode projet, crer une communaut de

    pratique, On oublie toujours en effet que collaborer pour collaborer nest pas

    un objectif, en tout cas pas dans le monde de lentreprise. Un groupe, un

    rseau, une communaut, une quipe nest au dpart que la somme des

    individualits qui le composent. Le temps passant, si tout se passe bien et que

    le contexte sy prte, cette addition peut devenir multiplication des talents. Cest

    cependant rare, fortement li lalchimie qui natra de la rencontre de ces

    individualits et peu prs imprvisible. Ce qui ne veut pas dire quil ne faut

    pas mettre en place les conditions pour que cela arrive. Si les fonctionnalits de

  • loutil que lon dploie sont penses pour servir le groupe avant lindividu, elles

    ne lamneront pas sen servir (syndrome du a me sert rien votre truc ).

    Avec les RSE lindividu est central parce quil est linitiative des conversations.

    Cest parce quil partage un lien vers un article important quil gnre des

    ractions : discussions, argumentations, objections, De la valeur ajoute

    donc.

    Ce faisant, ces systmes qui laissent vivre linformation deviennent les

    rceptacles dlments potentiellement riches. Bribes dinformations stockes

    ici et l, susceptibles, une fois agrges, via un moteur de recherche interne

    par exemple, de faire merger des lments dcisionnels utiles. Raison pour

    laquelle, selon nous, les prochaines briques se greffer sur les RSE seront des

    applications de traitement automatique du langage (ex : text mining via

    interfaces graphiques) qui permettront lutilisateur dexploiter cette base de

    donnes interne de manire quantitative.

    Pour continuer la comparaison avec les outils de premire gnration, il faut

    noter lapparition dvolutions ergonomiques simples mais indispensables. Lun

    des problmes majeurs tait en effet la ncessit pour un e