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1 Le 24 juin 2015 Des soldes d’été sous pression Contexte : un motif d’espoir malgré tout Dans le sillage de soldes d’hiver catastrophiques, sous l’effet des attentats du mois de janvier 2015 dans la capitale, les commerçants attendent beaucoup de cette période de rabais qui a débuté aujourd’hui. Malgré des ventes en valeur moins importantes que lors des soldes d’hiver, les soldes d’été devraient générer leur lot de bonnes affaires pour les consommateurs. La bonne tenue des ventes de textile et d’habillement au cours du 1 er trimestre 2015 (+2,8 %) laisse penser que l’envie d’acheter commence à revenir. Toutefois, les commerçants restent conscients des difficultés rencontrées par les clients en termes de potentiel réel de consommation. A ce titre, les consommateurs ne sont plus aujourd’hui que 60 % à déclarer vouloir profiter des soldes pour réaliser de bonnes affaires, contre plus de 70 % quinze ans auparavant (source : Credoc). L’allongement de la durée officielle des soldes, portée par le législateur de cinq à six semaines depuis le 1 er janvier 2015, ne devrait pas faire évoluer positivement les choses : « Six semaines de soldes, c’est beaucoup trop ! Ils vont se finir le 4 août, ça ne sert à rien car il n’y aura plus personne à Paris ! » proteste ce commerçant interrogé ce matin. Des ventes privées et promotions permanentes Réservées il y a encore peu de temps à quelques clients privilégiés, les opérations de ventes à prix cassés, par des ventes privées ou des promotions, sont dorénavant largement banalisées dans le paysage commercial parisien. De grandes enseignes proposent, parfois depuis quinze jours, des présoldes aux détenteurs de cartes de fidélité, sous la forme d’un code couleur identique à celui utilisé pendant les soldes officiels. Un commerçant parisien s’inquiète même de l’avenir du dispositif : « Aujourd’hui, les soldes ne veulent plus rien dire ; avec les promotions et ventes privées, on est en soldes toute l’année ! ». De ce fait, seuls 47 % des consommateurs pensent dorénavant que les soldes constituent le meilleur moyen de faire de bonnes affaires, contre encore 64 % l’été dernier. Des rabais élevés pour écouler rapidement les stocks Les commerçants ont proposé des remises élevées dès l’ouverture car les stocks sont élevés et les clients ne se contentent plus de petits rabais, ce que confirme ce commerçant parisien rencontré dans la matinée : « les clients sont très exigeants maintenant ; si nous voulons qu’ils achètent, il faut que nous proposions des remises importantes : à moins de 50 %, ils n’achètent pas ». C’est la raison pour laquelle les commerçants affichent allègrement dans leur vitrine des rabais oscillant entre 40 et 50 % en première démarque, voire même 60 % sur certains accessoires. Certaines enseignes appliquent même parfois 10 % supplémentaires pour les détenteurs de cartes de fidélité. Les principaux sites de ecommerce proposent des remises encore plus importantes, jusqu’a 60 % dès la première démarque. Ce facteur, conjugué à une météo ensoleillée et favorable, a permis une bonne fréquentation des magasins depuis ce matin, même si ce n’est pas l’euphorie d’antan.

Soldes d'été 2015 : des soldes d’été sous pression

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Le 24 juin 2015  

 Des soldes d’été sous pression 

 Contexte : un motif d’espoir malgré tout Dans  le sillage de soldes d’hiver catastrophiques, sous  l’effet des attentats du mois de  janvier 2015 dans  la  capitale,  les  commerçants  attendent  beaucoup  de  cette  période  de  rabais  qui  a  débuté aujourd’hui. Malgré des ventes en valeur moins  importantes que  lors des soldes d’hiver,  les soldes d’été devraient générer  leur  lot de bonnes affaires pour  les  consommateurs.  La bonne  tenue des ventes de textile et d’habillement au cours du 1er trimestre 2015 (+2,8 %)  laisse penser que  l’envie d’acheter commence à revenir.  Toutefois, les commerçants restent conscients des difficultés rencontrées par les clients en termes de potentiel  réel  de  consommation.  A  ce  titre,  les  consommateurs  ne  sont  plus  aujourd’hui  que  60 %  à déclarer  vouloir profiter des  soldes pour  réaliser de bonnes  affaires,  contre plus de 70 % quinze ans auparavant (source : Credoc). L’allongement de la durée officielle des soldes, portée par le législateur de cinq à six semaines depuis le 1er janvier 2015, ne devrait pas faire évoluer positivement les choses : « Six semaines de soldes, c’est beaucoup trop ! Ils vont se finir le 4 août, ça ne sert à rien car il n’y aura plus personne à Paris ! » proteste ce commerçant interrogé ce matin.  

Des ventes privées et promotions permanentes Réservées  il y a encore peu de temps à quelques clients privilégiés,  les opérations de ventes à prix cassés,  par  des  ventes  privées  ou  des promotions,  sont  dorénavant  largement  banalisées  dans  le paysage commercial parisien. De grandes enseignes proposent, parfois depuis quinze jours, des pré‐soldes aux détenteurs de cartes de fidélité, sous la forme d’un code couleur identique à celui utilisé pendant  les  soldes  officiels.  Un  commerçant  parisien  s’inquiète même  de  l’avenir  du  dispositif : « Aujourd’hui,  les soldes ne veulent plus rien dire ; avec  les promotions et ventes privées, on est en soldes toute l’année ! ».  De ce fait, seuls 47 % des consommateurs pensent dorénavant que les soldes constituent le meilleur moyen de faire de bonnes affaires, contre encore 64 % l’été dernier.  

Des rabais élevés pour écouler rapidement les stocks Les commerçants ont proposé des remises élevées dès  l’ouverture car  les stocks sont élevés et  les clients ne  se  contentent plus de petits  rabais,  ce que  confirme  ce  commerçant parisien  rencontré dans la matinée : « les clients sont très exigeants maintenant ; si nous voulons qu’ils achètent, il faut que nous proposions des remises importantes : à moins de 50 %, ils n’achètent pas ». C’est  la  raison  pour  laquelle  les  commerçants  affichent  allègrement  dans  leur  vitrine  des  rabais oscillant  entre  40  et  50  %  en  première  démarque,  voire même  ‐60  %  sur  certains  accessoires. Certaines enseignes appliquent même parfois  ‐10 % supplémentaires pour  les détenteurs de cartes de fidélité.  Les principaux sites de e‐commerce proposent des remises encore plus  importantes,  jusqu’a  ‐60 % dès la première démarque.  Ce facteur, conjugué à une météo ensoleillée et favorable, a permis une bonne fréquentation des magasins depuis ce matin, même si ce n’est pas l’euphorie d’antan.  

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 L’affluence  est  toujours  au  rendez‐vous  dans  les  grands  magasins  parisiens  qui,  comme  à  leur habitude,  bénéficient  de  l’attrait  de  nombreux  clients  internationaux  venus  profiter  des  bonnes affaires. Débutant à  ‐30 %,  les remises atteignent facilement  ‐50 % sur certains articles. De plus,  le niveau bas du dollar par rapport à l’euro constitue un effet d’aubaine pour les touristes qui peuvent profiter  d’un  pouvoir  d’achat  plus  important.  Les  grands magasins  ne  seront  pas  les  seuls  à  en bénéficier car 75 % des commerçants parisiens déclarent profiter de  la manne  touristique, surtout nord‐américaine. 

 Le e‐commerce toujours en plein essor De  plus  en  plus  connectés  et  surtout  mieux  informés,  les  consommateurs  ont  désormais  pris l’habitude de réaliser des achats soldés en ligne et la tendance ne semble pas vouloir s’arrêter : lors des trois premiers mois de l’année 2015 en France, les ventes sur internet ont progressé de près de 14 % par rapport au 1er trimestre 2014 ; elles atteignent désormais plus de 15 milliards d’euros, soit environ 2 milliards de plus que l’an dernier (source : Fevad).  Même  si  le  panier moyen  est  en  léger  repli  (79  €  contre  81,5  €  l’an  dernier),  il  est  largement compensé par une augmentation de 18 % du nombre de transactions enregistrées en un an.  Les achats réalisés via  les  tablettes  tactiles ou  les smartphones continuent à se renforcer car cette autre forme de commerce séduit des clients par son aspect moderne, rapide et peu contraignant.  

Des commerçants réalistes et prudents « Nous  sommes  réalistes :  les  soldes  d’avant  n’existent  plus  et  la  fréquentation  n’est  plus  aussi importante que par  le passé ». Ce commerçant parisien résume  le sentiment général de ce premier jour. Les clients sont quand même présents en nombre et il n’est pas rare d’observer quelques files d’attente aux  caisses des magasins ; néanmoins, du  fait de  la multiplication des ventes privées ou promotions  tout au  long de  l’année,  les consommateurs devraient être moins présents au  rendez‐vous des soldes cet été. L’optimisme reste malgré tout de mise, mais la prudence domine.     Le  30  juillet  2015,  le  CROCIS  dressera  un  bilan  définitif  des  résultats  des  soldes  à  partir  d’une enquête  réalisée auprès d’un échantillon  représentatif de 300 commerçants parisiens,  complétée par 80 entretiens en face‐à‐face, qui déterminera si les soldes d’été 2015 ont atteint leurs objectifs dans les commerces parisiens.