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Des écoliers incollables sur le barda du Poilu Yzernay - Quels étaient leurs équipements, à nos braves soldats de 14-18 ? Et comment survivaient-ils dans les tranchées ? Les enfants le savent désormais, grâce à un passionné. zs 1"3 Reportage Dans son uniforme couleur bleu ho- rizon, sa besace au côté, son sac à dos et ses bidons, il a bien fière al- lure, notre Poilu du jour, Sans oublier le casque dit Adrian, et le fusil Lebel. Bref, en voilà un soldat ! Ce lundi après-midi, il fait face aux élèves de CM2 de l'école Sainte- Anne. Et il a pour nom Eric Veillet. Ce collectionneur passionné d'objets de la Grande Guerre fait découvrir aux enfants tout l'équipement nécessaire dans les tranchées, Du matériel au- thentique, récupéré ici et depuis de nombreuses années. Pour détailler son barda, il se Iivre à un strip-tease. Un déshabillage par- tiel, où chaque élément retiré donne lieu à quelques explications. " Regar- dez mon casque. ll a gravé, de- vant, un dessin de grenade repré- sentant l'infanterie. ll y a le même dessin sur chaque bouton de ma capote bleue. " Consignes en tissu Avant d'arriver au vêtement, Éric doit se débarrasser de l'attirail qui pèse sur ses épaules. François, l'ensei- gnant, lui prête main-forte car « on ne peut pas l'enlever tout seul. ll faut toujours un copain pour aider ". Ça commence par l'as de carreau, un sac toilé de 1870 qui contient tout le nécessaire du troufion. À l'intérieul une vraie caverne d'Ali Baba ! chaque objet a son utilité, parfois sur- prenante. Comme ce martinet " pour nettoyer ses habits en les fouet- tant ". Mais le plus incroyable est un grand carré de tissu, imprimé d'ins- criptions. " C'est le mouchoir d'ins- truction. Toutes les consignes pour le soldat sont écrites dessus. Ça ne s'effacera pas comme sur du pa- pier ". Le ceinturon, appelé brelage, révèle également trois cartouchières de 48 cartouches chacune, une baïonnette d'un côté et un autre ou- til de l'autre (serpette, pelle...). Le bi- dasse porte aussi en bandoulière un ou deux sacs à vivres, et une gourde à eau de deux litres. " L'équipement complet d'un Poi- lu dans les tranchées pèse envi- ron 25 kg, révèle Éric. Et il ne s'en sépare jamais ! " On imagine alors le calvaire du fantassin, tout crotté dans la boue de son abri d'infortune. Avec sa paire de lourds godillots, et tout ce paquetage encombrant. Avec aussi la vermine, et I'ennemi à portée de fusil. Les écoliers peuvent-ils ima- giner ? Face à leurs nombreuses ques tions, Éric est intarissable. ll racontt les tranchées, les 600 km de lignel de front, de la mer du Nord jusqu'au; Vosges, " trois lignes de tranchéer sinueuses, parallèles, reliées entn elles par des boyaux pouvant at teindre jusqu'à 8 km de longueur " Chaque Poilu y passait dix jours er première ligne, puis reculait dix joun en deuxième ligne, et encore dir jours en troisième ligne, avant de re monter au plus près du feu. Aucune hygiène " Mais comment se lavaient-ils ? , La réponse est claire : " Tant qu'ils étaient dans les tranchées, ils ne se lavaient pas. lls étaient pleins de pouX. » lnimaginable pour des en. fants de 2016 ! Eric Veillet se présente aux élèves en tenue et avec tout léquipement du poilu.

 · Created Date: 3/29/2016 9:53:48 AM

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Des écoliers incollables sur le barda du PoiluYzernay - Quels étaient leurs équipements, à nos braves soldats de 14-18 ? Et commentsurvivaient-ils dans les tranchées ? Les enfants le savent désormais, grâce à un passionné.

zs 1"3

Reportage

Dans son uniforme couleur bleu ho-rizon, sa besace au côté, son sac àdos et ses bidons, il a bien fière al-lure, notre Poilu du jour, Sans oublierle casque dit Adrian, et le fusil Lebel.Bref, en voilà un soldat !

Ce lundi après-midi, il fait face auxélèves de CM2 de l'école Sainte-Anne. Et il a pour nom Eric Veillet. Cecollectionneur passionné d'objets dela Grande Guerre fait découvrir auxenfants tout l'équipement nécessairedans les tranchées, Du matériel au-thentique, récupéré ici et là depuisde nombreuses années.

Pour détailler son barda, il se Iivre àun strip-tease. Un déshabillage par-tiel, où chaque élément retiré donnelieu à quelques explications. " Regar-dez mon casque. ll a gravé, là de-

vant, un dessin de grenade repré-sentant l'infanterie. ll y a le mêmedessin sur chaque bouton de macapote bleue. "

Consignes en tissu

Avant d'arriver au vêtement, Éric doitse débarrasser de l'attirail qui pèsesur ses épaules. François, l'ensei-gnant, lui prête main-forte car « on nepeut pas l'enlever tout seul. ll fauttoujours un copain pour aider ". Çacommence par l'as de carreau, unsac toilé de 1870 qui contient tout lenécessaire du troufion. À l'intérieulune vraie caverne d'Ali Baba ! Oùchaque objet a son utilité, parfois sur-prenante. Comme ce martinet " pournettoyer ses habits en les fouet-tant ".

Mais le plus incroyable est ungrand carré de tissu, imprimé d'ins-

criptions. " C'est le mouchoir d'ins-truction. Toutes les consignes pourle soldat sont écrites dessus. Ça nes'effacera pas comme sur du pa-pier ". Le ceinturon, appelé brelage,révèle également trois cartouchièresde 48 cartouches chacune, unebaïonnette d'un côté et un autre ou-til de l'autre (serpette, pelle...). Le bi-dasse porte aussi en bandoulière unou deux sacs à vivres, et une gourdeà eau de deux litres.

" L'équipement complet d'un Poi-lu dans les tranchées pèse envi-ron 25 kg, révèle Éric. Et il ne s'ensépare jamais ! " On imagine alorsle calvaire du fantassin, tout crottédans la boue de son abri d'infortune.Avec sa paire de lourds godillots, ettout ce paquetage encombrant. Avecaussi la vermine, et I'ennemi à portéede fusil. Les écoliers peuvent-ils ima-

giner ?Face à leurs nombreuses ques

tions, Éric est intarissable. ll raconttles tranchées, les 600 km de lignelde front, de la mer du Nord jusqu'au;Vosges, " trois lignes de tranchéersinueuses, parallèles, reliées entnelles par des boyaux pouvant atteindre jusqu'à 8 km de longueur "Chaque Poilu y passait dix jours erpremière ligne, puis reculait dix jounen deuxième ligne, et encore dirjours en troisième ligne, avant de remonter au plus près du feu.

Aucune hygiène

" Mais comment se lavaient-ils ? ,

La réponse est claire : " Tant qu'ilsétaient dans les tranchées, ils nese lavaient pas. lls étaient pleins depouX. » lnimaginable pour des en.fants de 2016 !

Eric Veillet se présente aux élèves en tenue et avec tout léquipement du poilu.