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1 ». QUESTIONS NOTARIALES DE DROIT PATRIMONIAL DE LA FAMILLE Par Joëlle Vassaux, Consultante associée au CRIDON NordEst, Professeure agrégée des Universités Sandrine Le Chuiton, Consultante au CRIDON NordEst, Docteur en droit Virginie Godron, Consultante au CRIDON NordEst, Docteur en droit Par Hélène Paerels, Consultante au CRIDON NordEst, Docteur en droit Et Frédéric Vauvillé, Conseiller Scientifique du CRIDON NordEst, Professeur agrégé des Universités . JOURNÉES DINFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

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». QUESTIONS NOTARIALES DE DROIT PATRIMONIAL DE LA FAMILLE 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par Joëlle Vassaux,  Consultante associée au CRIDON Nord‐Est, Professeure agrégée des Universités 

Sandrine Le Chuiton,  Consultante au CRIDON Nord‐Est, Docteur en droit 

Virginie Godron, Consultante au CRIDON Nord‐Est, Docteur en droit 

Par Hélène Paerels, Consultante au CRIDON Nord‐Est, Docteur en droit 

Et Frédéric Vauvillé, Conseiller Scientifique du CRIDON Nord‐Est, Professeur agrégé des Universités 

. JOURNÉES D’INFORMATION 2014  

(SESSION AUTOMNE) 

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IÈRE PARTIE : LES RÉGIMES MATRIMONIAUX  

I. COMMUNAUTÉ  

A.] Composition des patrimoines 

B.] Avantage matrimonial 

C.] Dissolution de communauté  

II. SÉPARATION DE BIENS 

 2ÈME PARTIE : LA PETITE SUCCESSION   

I. OUVERTURE DE LA SUCCESSION  

A.] Détermination de la cohérie 

B.] Détermination de l’actif successoral 

C.] Détermination du passif successoral  

II. GESTION DE LA SUCCESSION   

A.] Détermination de l’option successorale 

B.] Mesures d’urgence  

C.] Paiement du passif successoral 

 3EME PARTIE : ACTUALITÉ DES DONATIONS‐PARTAGES  

I. LA REQUALIFICATION D’UNE DONATION‐PARTAGE EN DONATION SIMPLE  

A.] Les conditions de la requalification 

B.]  Les conséquences de la requalification 

C.] Les méthodes permettant d’écarter la requalification  

II. LA DONATION‐PARTAGE COMPRENANT DES LOTS DE NATURE DIFFÉRENTE  

 

Page 4: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

 

4EME PARTIE : DONATIONS ET PLUS‐VALUES 

IMMOBILIÈRES  

I. LES « FAUSSES DONATIONS‐PARTAGES » ET LES PLUS‐VALUES IMMOBILIÈRES DES 

PARTICULIERS 

 

A.]  Le partage  réalisé dans un  second  temps donne‐t‐il  lieu  à plus‐

values immobilières ? 

B.] Quelles sont  les modalités de calcul de  la plus‐value  immobilière 

dégagée lors de la revente faisant suite au partage ? 

 

II. LA RÉINCORPORATION DANS UNE DONATION‐PARTAGE D'UNE DONATION ANTÉRIEURE ET 

LES PLUS‐VALUES IMMOBILIÈRES DES PARTICULIERS 

 

A.] Lorsque l’immeuble est réattribué au donataire initial 

B.] Lorsque l’immeuble est attribué à un autre que le donataire initial 

 

III.  LA  DONATION‐PARTAGE  CUMULATIVE  ET  LES  PLUS‐VALUES  IMMOBILIÈRES  DES 

PARTICULIERS 

 

IV. LES DONATIONS‐CESSIONS  

 

VI. LES DONATIONS‐CESSIONS ASSORTIES D’UN QUASI‐USUFRUIT : DANGER ? 

 

 

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 Par Joëlle Vassaux, Consultante associée au CRIDON Nord‐Est, Professeure agrégée des Universités Et Frédéric Vauvillé, Conseiller Scientifique du CRIDON Nord‐Est, Professeur agrégé des Universités   

». Journées d’information 2014 (Automne)

». 1ÈRE PARTIE : LES RÉGIMES MATRIMONIAUX 

Page 6: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

 

 

I. COMMUNAUTÉ  

A.] Composition des patrimoines 

 

B.] Avantage matrimonial 

 

C.] Dissolution de communauté  

 

II. SÉPARATION DE BIENS 

 

Page 7: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

 

I. COMMUNAUTÉ 

A. Composition des patrimoines 

1. L’actif commun 

a. Les stock‐options  

 Article 1404 du code civil 

Forment des propres par leur nature, quand même ils auraient été acquis pendant le mariage, les vêtements  et  linges  à  l'usage  personnel  de  l'un  des  époux,  les  actions  en  réparation  d'un dommage corporel ou moral, les créances et pensions incessibles, et, plus généralement, tous les biens qui ont un caractère personnel et tous les droits exclusivement attachés à la personne. 

Forment aussi des propres par leur nature, mais sauf récompense s'il y a lieu, les instruments de 

travail nécessaires à  la profession de  l'un des époux, à moins qu'ils ne  soient  l'accessoire d'un 

fonds de commerce ou d'une exploitation faisant partie de la communauté. 

 Article L225‐183 du code de commerce 

L'assemblée générale extraordinaire fixe le délai pendant lequel les options doivent être exercées. 

Les droits résultant des options consenties sont incessibles jusqu'à ce que l'option ait été exercée. 

En cas de décès du bénéficiaire, ses héritiers peuvent exercer l'option dans un délai de six mois à compter du décès. 

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 Cour de cassation Chambre civile 1 Audience publique du mercredi 9 juillet 2014 N° de pourvoi: 13‐15948 Publié au bulletin Cassation partielle 

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant : 

Attendu, selon  l'arrêt attaqué, que  le divorce de M. X... et de Mme Y..., mariés sans contrat en 1969, a été prononcé  le 28  juin 2007,  les effets en étant  fixés dans  leurs rapports au 2 octobre 2002  ;  que  des  difficultés  se  sont  présentées  lors  de  la  liquidation  de  leur  communauté notamment  quant  au  sort  des  options  de  souscription  ou  d'achat  d'actions  qui  avaient  été attribuées au mari avant cette date et qu'il avait levées, pour certaines avant la dissolution, pour d'autres après, selon les délais d'exercice stipulés lors des attributions ;  

Sur les deux branches réunies du moyen unique du pourvoi principal : 

Vu les articles 1401 et 1404 du code civil, ensemble l'article 1589 du même code et l'article L. 225‐183, alinéa 2, du code de commerce ; 

Attendu, selon ces  textes, que si  les droits  résultant de  l'attribution, pendant  le mariage à un époux commun en biens, d'une option de souscription ou d'achat d'actions forment des propres par nature, les actions acquises par l'exercice de ces droits entrent dans la communauté lorsque l'option est levée durant le mariage ; 

Attendu que, pour décider que  la valeur patrimoniale des « stock‐options », attribuées à M. X... avant  le  2  octobre  2002  et  levées  postérieurement  à  cette  date,  doit  être  intégrée  à  l'actif communautaire,  après  avoir  énoncé que  les «  stocks‐options »  constituant un  complément de rémunération, le caractère commun ou propre de leur valeur patrimoniale dépend seulement de la date à  laquelle elles sont attribuées,  la date de  levée de  l'option permettant uniquement de déterminer cette valeur, qui correspond au différentiel entre  le prix d'exercice de  l'option et  la valeur du  titre au  jour de son acquisition, ou,  le cas échéant,  le prix de sa  revente  réalisée à  la même époque, l'arrêt retient qu'ainsi, la valeur des « stock‐options », attribuées à M. X... avant le 2 octobre 2002 et  levées postérieurement à  cette date, entre en  communauté, peu  important leur période d'exercice et l'origine des fonds ayant financé l'acquisition ; 

Qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violé les textes susvisés ; 

Et sur le premier moyen du pourvoi incident : 

Vu l'article 1401 du code civil ; 

Attendu qu'aux termes de ce texte, la communauté se compose activement des acquêts faits par les  époux  ensemble  ou  séparément  durant  le  mariage,  et  provenant  tant  de  leur  industrie personnelle que des économies faites sur les fruits et revenus de leurs biens propres ; 

Attendu que, pour dire que les sommes issues des « stock‐options » attribuées à M. X... et levées avant  le  2  octobre  2002,  réalisées  après  cette  date,  doivent  être  intégrées  dans  l'actif communautaire  et  ordonner  en  conséquence  l'intégration  dans  l'actif  communautaire  d'une somme de 207 194, 42 euros à ce  titre,  l'arrêt  retient que  la plus‐value  réalisée pour  les 5 000 actions  concernées  s'élève à 386 600 euros dont  il  convient de  soustraire  les  impôts acquittés pour celle‐ci, soit une plus‐value nette de 231 380 euros, de  laquelle  il faut encore déduire une somme de 21 055, 58 euros représentant l'impôt de solidarité sur la fortune acquitté à ce titre par M. X... entre 2004 et 2010 ; 

Page 9: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

 

Qu'en  statuant  ainsi,  alors  que  la  plus‐value  réalisée  était  indifférente  et  que,  comme  le demandait Mme Y..., dans le partage à intervenir, la valeur à retenir pour des actions qui, acquises pendant le mariage par la levée de l'option de souscription ou d'achat exercée par le mari durant celui‐ci, se trouvaient en nature dans l'actif commun au jour de la dissolution de la communauté, était leur prix de cession pendant l'indivision post‐communautaire, la cour d'appel a violé le texte susvisé ; 

Enfin, sur le second moyen du pourvoi incident : 

Vu l'article 815‐9 du code civil ; 

Attendu que, pour débouter Mme Y... de sa demande tendant à mettre à la charge de M. X... une indemnité au titre de l'occupation de la villa du Lavandou, l'arrêt retient que celle‐ci ne justifie pas de  ce que M. X...  a  la  jouissance privative  et  exclusive de  ce bien  ; Qu'en  statuant  ainsi,  sans rechercher si, comme  le soutenait Mme Y...,  l'ordonnance de non‐conciliation n'attribuait pas  la jouissance de ce bien au mari, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision ; 

PAR CES MOTIFS : 

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a décidé que les sommes issues des « stock‐options » attribuées à M. X... et  levées avant  le 2 octobre 2002, réalisées après cette date, doivent être intégrées  dans  l'actif  communautaire,  et  ordonné,  en  conséquence,  l'intégration  dans  l'actif communautaire d'une somme de 207 194, 42 euros à ce titre, que  la valeur patrimoniale des « stock‐options », attribuées à M. X... avant  le 2 octobre 2002 et  levées postérieurement à cette date, doit être intégrée à l'actif communautaire et ordonné en conséquence l'intégration dans le passif  communautaire de  la  somme de 1 525 485 euros, et débouté Mme Y... de  sa demande tendant  à mettre  à  la  charge  de M.  X...  une  indemnité  au  titre  de  l'occupation  de  la  villa  du Lavandou,  l'arrêt  rendu  le  19  décembre  2012,  entre  les  parties,  par  la  cour d'appel  de  Paris  ; remet, en conséquence, sur ces points,  la cause et  les parties dans  l'état où elles se  trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Versailles. 

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b. La pharmacie 

 Cour de cassation Chambre civile 1 Audience publique du mercredi 4 décembre 2013 N° de pourvoi: 12‐28076 Publié au bulletin Rejet 

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant : 

Sur le moyen unique, pris en ses diverses branches, ci‐après annexé : 

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Rennes, 2 octobre 2012), que les héritiers de François X..., décédé le 27 décembre 2005, ont reçu de l'administration fiscale une proposition de rectification visant à intégrer dans  l'actif de  la  communauté ayant existé entre  le défunt et Mme X...  la  valeur d'un fonds de commerce de pharmacie ; 

Attendu que Mme X... fait grief à  l'arrêt de décider que  la valeur de  l'officine de pharmacie doit être réintégrée dans l'actif de communauté et, en conséquence, d'écarter sa demande tendant à voir déclarer non fondée la décision du directeur des services fiscaux et à obtenir le dégrèvement de l'imposition et des pénalités contestées ; 

Attendu qu'après avoir, par motifs adoptés, relevé qu'à  la date de  l'obtention de  l'autorisation préfectorale de création de l'officine de pharmacie, la clientèle, élément essentiel du fonds de commerce, n'existait que de manière potentielle, et retenu, à bon droit, que seule l'ouverture au public entraînait la création d'une clientèle réelle et certaine, la cour d'appel a constaté que l'officine créée par Mme X... avait été ouverte  le 29 mai 1961, postérieurement au mariage des époux, le 28 avril 1961 ; qu'elle en a exactement déduit, hors toute dénaturation, que la valeur de cette  officine  devait  être  réintégrée  dans  l'actif  de  la  communauté  ;  que  le moyen  n'est  pas fondé ; 

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi. 

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c. L’administrateur judiciaire 

 Cour de cassation Chambre civile 1 Audience publique du mercredi 28 mai 2014 N° de pourvoi: 13‐14884 Publié au bulletin Cassation partielle 

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant : 

Attendu,  selon  l'arrêt attaqué, que M. X... et Mme Y...  se  sont mariés  le 7  février 1975  sous  le régime légal et ont divorcé le 10 avril 2007 ; 

Sur le premier moyen du pourvoi principal de Mme Y... : 

Attendu  que Mme  Y...  fait  grief  à  l'arrêt,  statuant  sur  les  difficultés  nées  de  la  liquidation  du régime matrimonial,  de  confirmer  le  jugement  en  ce  qu'il  a  dit  que  l'étude  d'administrateur judiciaire de M. X... est dépourvue de caractère patrimonial et par conséquent ne doit pas figurer à  la masse  active de  la  communauté et en  ce qu'il  l'a déboutée de  sa demande  afférente  aux produits de l'étude, alors, selon le moyen : 

1°/ que l'absence de droit de présentation et de clientèle attachés à la fonction d'administrateur ne suffit pas à exclure toute valeur patrimoniale de l'étude d'administrateur et qu'en déduisant de cette seule absence que l'étude ne constituait pas un élément d'actif de la communauté, la cour d'appel a violé les articles 815 et suivants du code civil, ainsi que les articles 1401 et suivants du même code ; 

2°/ que la cour d'appel a constaté que l'administrateur peut exercer d'autres missions que celles confiées  par  la  juridiction  et  que  cela  génère  pour  l'étude  un  revenu  supplémentaire,  ainsi d'ailleurs que  l'établissent  les  comptes d'exploitation qui  font apparaître une  rubrique « divers mandats » avec un solde de 96 182 euros au 31 décembre 2003, de 35 351 euros au 31 décembre 2004 et de 71 361 euros au 31 décembre 2006, et qu'en s'abstenant de  tirer  les conséquences légales  de  ses  constatations  d'où  résultait  une  patrimonialité  de  l'étude  faisant  de  celle‐ci  un élément d'actif de la communauté, la cour d'appel a violé les articles 815 et suivants du code civil, ainsi que les articles 1401 et suivants du même code ; 

3°/ qu'à  supposer même que  l'étude  litigieuse  soit dépourvue de valeur patrimoniale, elle n'en constitue pas moins un bien commun dont les fruits et revenus, conformément à l'article 815‐10, alinéa 2, du code civil, accroissent à  l'indivision et qu'en décidant du contraire,  la cour d'appel a violé cette dernière disposition, ensemble l'article 1401 du code civil ; 

Mais  attendu  qu'ayant  retenu  à  bon  droit  que  les  tâches  à  accomplir  par  un  administrateur judiciaire ne constituent que l'exécution de mandats de justice, conformément à l'article L. 811‐1, alinéa 1er, du  code de  commerce, et qu'il n'existe pas de droit de présentation et de  clientèle attachés à  la  fonction, peu  important  son exercice à  titre  individuel ou  sous  forme de  société, quelle qu'en soit  la  forme, et peu  important  l'accomplissement par  l'administrateur de missions limitativement énumérées et qualifiées d'accessoires par  l'article  L. 811‐10, alinéa 3, du même code,  la  cour d'appel  en  a  exactement déduit que  l'étude de M. X... ne  représentait pas une valeur patrimoniale devant être  inscrite à  l'actif de  la communauté et, partant, ayant généré des fruits et revenus pour l'indivision post‐communautaire ; que le moyen n'est fondé en aucune de ses branches ; 

Mais sur le moyen unique du pourvoi incident de M. X... : 

Vu l'article 815‐9 du code civil ; 

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Attendu que, pour déclarer M. X... redevable envers l'indivision d'une indemnité pour l'occupation d'un appartement commun devenu indivis, l'arrêt retient que, si l'ordonnance de non‐conciliation, intervenue avant l'entrée en vigueur de la loi du 26 mai 2004, ne comporte aucune disposition sur la nature de  la  jouissance du domicile conjugal par M. X...,  il ne saurait s'en déduire que celui‐ci pourrait être dispensé du versement d'une indemnité d'occupation, alors qu'il n'est pas contesté qu'il a occupé privativement  le bien, et qu'en application des dispositions de  l'article 815‐9 du code  civil,  c'est  à bon droit que  les premiers  juges ont  considéré que Mme Y... était  fondée à réclamer, à compter du 1er octobre 2004, soit à compter de  la date des effets du divorce, une indemnité d'occupation,  celle‐ci  étant due du  seul  fait qu'elle  a  elle‐même  été privée du  libre usage du bien et aucun élément ne permettant de retenir que le fait que M. X... ait assumé seul la charge des enfants, point non discuté par Mme Y..., pourrait le soustraire à cette obligation ; 

Qu'en  se  déterminant  ainsi,  sans  rechercher,  ainsi  qu'elle  y  était  invitée,  si  l'occupation  de l'appartement  commun  par  M.  X...  avec  les  enfants  issus  de  l'union  ne  constituait  pas  une modalité  d'exécution,  par Mme  Y...,  de  son  devoir  de  contribuer  à  l'entretien  des  enfants,  de nature à exclure toute indemnité d'occupation ou à en réduire le montant, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision au regard du texte susvisé ; 

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le second moyen du pourvoi principal : 

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il déclaré M. X... redevable envers  l'indivision d'une indemnité mensuelle de 2 000 euros pour  l'occupation de  l'appartement de Lyon, à compter du 1er octobre 2004  jusqu'au 1er septembre 2009,  l'arrêt rendu  le 5 février 2013, entre  les parties, par  la cour d'appel de Lyon  ;  remet, en conséquence,  sur ce point,  la cause et  les parties dans l'état où elles  se  trouvaient avant  ledit arrêt et, pour être  fait droit,  les  renvoie devant  la cour d'appel de Grenoble. 

Page 13: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

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2. L’actif propre 

 

a. Le contrat de retraite complémentaire 

 Art.1401 du Code civil 

La communauté se compose activement des acquêts faits par les époux ensemble ou séparément durant  le mariage, et provenant tant de  leur  industrie personnelle que des économies faites sur les fruits et revenus de leurs biens propres. 

 Art.1404 du Code civil  

Forment des propres par leur nature, quand même ils auraient été acquis pendant le mariage, les vêtements  et  linges  à  l'usage  personnel  de  l'un  des  époux,  les  actions  en  réparation  d'un dommage corporel ou moral, les créances et pensions incessibles, et, plus généralement, tous les biens qui ont un caractère personnel et tous les droits exclusivement attachés à la personne. 

Forment aussi des propres par leur nature, mais sauf récompense s'il y a lieu, les instruments de 

travail nécessaires à  la profession de  l'un des époux, à moins qu'ils ne  soient  l'accessoire d'un 

fonds de commerce ou d'une exploitation faisant partie de la communauté. 

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 Cour de cassation  Chambre civile 1  Audience publique du 30 avril 2014  N° de pourvoi: 12‐21484  Publié au bulletin Cassation partielle  

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l’arrêt suivant :   

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que le divorce de M. X... et de Mme Y... ayant été prononcé le 10 février 2000 sur assignation du 14 juin 1995, le notaire chargé des opérations de liquidation et de partage de  la communauté ayant existé entre  les époux a dressé un procès‐verbal de difficulté ; que, devant la cour d’appel, Mme Y... a soulevé la nullité du rapport d’expertise ordonnée par le premier juge au vu duquel le tribunal a statué ;   

Sur le premier moyen, après délibération de la deuxième chambre civile :   

Attendu que le premier moyen n’est pas de nature à permettre l’admission du pourvoi ;   

Sur le deuxième moyen, après délibération de la deuxième chambre civile :   

Attendu que Mme Y...  fait grief à  l’arrêt de  statuer en  rejetant comme  tardive  sa demande de nullité  du  rapport  d’expertise  alors  selon  le moyen,  que  la  nullité  d’une mesure  d’instruction résultant de ce qu’elle a été réalisée en méconnaissance du principe de la contradiction peut être soulevée en tout état de cause ; qu’en énonçant, dès lors, pour écarter la demande de Mme Y... tendant au prononcé de la nullité du rapport d’expertise judiciaire établi par Mme Z... fondée sur la méconnaissance du principe de la contradiction, que Mme Y... n’avait pas soulevé cette nullité devant  le  premier  juge  avant  toute  défense  au  fond  et  qu’en  application  des  dispositions  de l’article 175 du  code de procédure  civile,  la demande de Mme Y... devait être écartée,  la  cour d’appel a violé  les dispositions des articles 16 et 175 du code de procédure civile, ensemble  les stipulations de l’article 6. 1 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales ;   

Mais  attendu que  si  la demande de nullité d’une expertise ne  constitue pas une exception de procédure mais une défense  au  fond,  elle demeure  soumise  en  application de  l’article 175 du code de procédure  civile  aux dispositions qui  régissent  la nullité des  actes de procédure  ; que Mme Y... ayant présenté des défenses au fond avant de soulever la nullité du rapport d’expertise, la cour d’appel a décidé à bon droit que la nullité était couverte ;   

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;   

Sur le troisième moyen :   

Attendu que Mme Y... fait grief à l’arrêt de la débouter de sa demande d’intégration à l’actif de la communauté de  la  somme de 445 000 euros  correspondant  à  la  valeur du  contrat de  retraite complémentaire Médéric, alors, selon le moyen :   

1°/  que,  la  valeur,  au  jour  de  la  dissolution  de  la  communauté,  d’un  contrat  de  retraite complémentaire, dont les cotisations ont été payées avec des fonds communs fait partie de l’actif de  la  communauté  ;  qu’en  énonçant,  dès  lors,  pour  retenir  que  le  contrat  de  retraite complémentaire  Mederic  souscrit  par  M.  Christian  X...  ne  constituait  pas  un  actif  de  la communauté  de  biens  ayant  existé  entre  lui  et  Mme  Dominique  Y...  et  pour  débouter  en conséquence Mme Dominique  Y... de  sa demande  relative  à  ce  contrat, que  ce même  contrat n’était  pas  un  contrat  d’assurance, mais  un  contrat  de  retraite  complémentaire  à  laquelle M. Christian  X...  ne  pourra  prétendre  qu’à  la  cessation  de  son  activité,  sans  constater  que  les 

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cotisations dudit  contrat n’avaient pas  été payées  avec des  fonds  communs,  la  cour d’appel  a violé les dispositions de l’article 1401 du code civil ;   

2°/  que,  la  valeur,  au  jour  de  la  dissolution  de  la  communauté,  d’un  contrat  de  retraite complémentaire, dont les cotisations ont été payées avec des fonds communs fait partie de l’actif de la communauté ; que la communauté se dissout par le divorce ; qu’aux termes des dispositions de  l’article 262‐1 du code civil, dans  leur rédaction antérieure à  la  loi du 26 mai 2004, qui sont applicables à la cause, le jugement de divorce prend effet dans les rapports entre époux, en ce qui concerne  leurs  biens,  dès  la  date  de  l’assignation  en  divorce  ;  qu’en  énonçant,  dès  lors,  pour débouter Mme Dominique  Y...  de  sa  demande  relative  au  contrat  de  retraite  complémentaire Mederic souscrit par M. Christian X..., que ce dernier avait cessé de souscrire à ce contrat en 2003 et que  le capital de ce même contrat au 31 décembre 2001  s’élevait à  la  somme de 3 135, 11 euros, quand ces circonstances, postérieures au jour de l’assignation en divorce en date du 14 juin 1995, date de  la dissolution de  la  communauté de biens ayant existé entre M. Christian X... et Mme Dominique Y..., étaient indifférentes, la cour d’appel a violé les dispositions de l’article 1401 du  code  civil,  ensemble  les  dispositions  de  l’article  262‐1  du  code  civil,  dans  leur  rédaction antérieure à  la  loi du 26 mai 2004, qui sont applicables à  la cause, et de  l’article 1441 du code civil ;   

Mais  attendu  qu’ayant  relevé  que  le  contrat,  au  titre  duquel  les  sommes  étaient  réclamées, ouvrait droit à une retraite complémentaire de cadre dont  le bénéficiaire ne pourrait prétendre qu’à la cessation de son activité professionnelle, la cour d’appel, qui a ainsi caractérisé un propre par nature, a rejeté, à bon droit,  la demande tendant à  inclure dans  l’actif de  la communauté  le montant  des  sommes  litigieuses  ;  que  le  moyen  dont  la  première  branche  est  sans  portée, s’attaque, en sa seconde, à des motifs surabondants ; qu’il ne peut donc être accueilli ;   

Sur les sixième, septième, huitième et neuvième moyens, ci‐après annexés :   

Attendu que ces moyens ne sont pas de nature à permettre l’admission du pourvoi ;   

Mais sur le quatrième moyen :   

Vu l’article 262‐1 du code civil dans sa rédaction antérieure à celle issue de la loi n° 2004‐439 du 26 mai 2004, ensemble l’article 1409 du même code ;   

Attendu  que,  pour  rejeter  la  demande  de  Mme  Y...  tendant  à  ne  retenir  au  passif  de  la communauté que  l’impôt sur  le revenu afférent à  la déclaration partielle n° 1,  l’arrêt, par motifs adoptés, relève que l’expert a retenu l’ensemble des revenus déclarés sur l’année 1995 et a établi la partie devant  être  supportée par  la  communauté,  arrêtée  à  la date de  l’assignation,  et que cette méthode est parfaitement cohérente ;   

Qu’en statuant ainsi alors que seuls les revenus déclarés jusqu’au jour de l’assignation, soit le 14 juin 1995, devaient être pris en compte pour déterminer la part d’impôt sur le revenu à la charge de la communauté, la cour d’appel a violé les textes susvisés ;   

Et encore sur le cinquième moyen :   

Vu l’article 4 du code de procédure civile ;   

Attendu que, pour décider que Mme Y... doit une indemnité pour l’occupation de la propriété du Parc  Berger  à  compter  du  13  avril  2000,  l’arrêt  retient  que  les  parties  s’accordent  pour  faire démarrer celle‐ci à la date de l’arrêt d’appel ;   

Qu’en se déterminant ainsi la cour d’appel a dénaturé les conclusions qui lui étaient soumises par lesquelles Mme Y...  faisait valoir que  l’indemnité d’occupation ne courrait qu’à partir de  l’arrêt définitif de divorce, soit à partir du 16 mai 2000, et méconnu le texte susvisé ;   

Et, enfin, sur le dixième moyen, pris en sa première branche :   

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Vu l’article 1476 du code civil ;   

Attendu que, pour débouter Mme Y... de sa demande d’attribution préférentielle de la propriété B...,  l’arrêt se borne à énoncer que celle‐ci apparaît prématurée en  l’état,  l’expert ayant à  juste titre  rappelé que  les  comptes  définitifs  seront  établis  par  le  notaire  chargé  des  opérations  de liquidation de la communauté ;   

Qu’en  se déterminant par un  tel motif  impropre à  justifier  sa décision,  la  cour d’appel a privé celle‐ci de base légale au regard du texte susvisé ;   

PAR CES MOTIFS :   

CASSE ET ANNULE, mais  seulement en  ce qu’il  a  rejeté  la demande de Mme Y...  tendant à ne retenir au passif de la communauté que l’impôt sur le revenu afférent à la déclaration partielle n° 1, décidé qu’elle doit une  indemnité pour  l’occupation de la propriété du Parc Berger à compter du 13 avril 2000 et  l’a déboutée de sa demande d’attribution préférentielle de  la propriété B..., l’arrêt rendu le 20 mars 2012, entre les parties, par la cour d’appel d’Aix‐en‐Provence ; remet, en conséquence, sur ces points,  la cause et  les parties dans  l’état où elles se trouvaient avant  ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Nîmes ;   

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b. Le remploi 

 Art. 1434 du Code civil 

L'emploi  ou  le  remploi  est  censé  fait  à  l'égard  d'un  époux  toutes  les  fois  que,  lors  d'une acquisition,  il  a  déclaré  qu'elle  était  faite  de  deniers  propres  ou  provenus  de  l'aliénation  d'un propre, et pour  lui  tenir  lieu d'emploi ou de  remploi. A défaut de cette déclaration dans  l'acte, l'emploi ou le remploi n'a lieu que par l'accord des époux, et il ne produit ses effets que dans leurs rapports réciproques. 

 Art.1436 du Code civil 

Quand le prix et les frais de l'acquisition excèdent la somme dont il a été fait emploi ou remploi, la communauté  a  droit  à  récompense  pour  l'excédent.  Si,  toutefois,  la  contribution  de  la communauté est supérieure à celle de l'époux acquéreur, le bien acquis tombe en communauté, sauf la récompense due à l'époux. 

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   Cour de cassation  Chambre civile 1  Audience publique du 27 février 2013  N° de pourvoi: 11‐23833  Non publié au bulletin  Cassation partielle  

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l’arrêt suivant :  

Sur le premier moyen :  

Vu l’article 1434 du code civil ;  

Attendu, selon ce texte, que l’emploi ou le remploi est censé fait à l’égard d’un époux, toutes les fois que, lors d’une acquisition, il a déclaré qu’elle a été faite de deniers propres ou provenus de l’aliénation  d’un  propre,  et  pour  lui  tenir  lieu  d’emploi  ou  de  remploi  ;  qu’à  défaut  de  cette déclaration dans l’acte, l’emploi ou le remploi n’a lieu que par l’accord des époux, et il ne produit ses effets que dans leurs rapports réciproques ;  

Attendu,  selon  l’arrêt attaqué, qu’après  le prononcé de divorce de M. X... et de Mme Y..., des difficultés sont nées pour la liquidation et le partage de leur communauté réduite aux acquêts ;  

Attendu que, pour dire qu’un  immeuble situé à Royan était un bien propre de Mme Y...,  l’arrêt retient, après avoir relevé le désaccord des parties, qu’aux termes de l’acte authentique passé le 18 octobre 1995, cet immeuble a été acquis par Mme Y... et par ses filles, la première en usufruit à  concurrence  de  174  000  francs  (26  526,  13  euros)  et  les  secondes  en  nue‐propriété  à concurrence de 406 000 francs (61 894, 30 euros) et que cet acte ne comporte aucune clause de remploi spécifiant l’origine des fonds ;  

Qu’en statuant ainsi, alors qu’en  l’absence de déclaration de remploi,  le bien acquis en cours de communauté est réputé commun, la cour d’appel a, par refus d’application, violé le texte susvisé ;  

PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur le second moyen :  

CASSE ET ANNULE, mais  seulement en ce qu’il  rejette  la demande de M. X...  tendant à  ce que l’immeuble de Royan soit déclaré bien commun, l’arrêt rendu le 28 mars 2011, entre les parties, par la cour d’appel de Pau ; remet, en conséquence, sur ce point, la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Toulouse ;  

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 Cour de cassation  Chambre civile 1  Audience publique du 25 septembre 2013  N° de pourvoi: 12‐21280  Publié au bulletin Cassation partielle  

LA  COUR DE  CASSATION,  PREMIÈRE  CHAMBRE  CIVILE,  a  rendu  l’arrêt  suivant  : Attendu,  selon l’arrêt attaqué, que par acte du 27 juin 1966, la ville de Colmar a vendu un terrain à bâtir à Yvette X..., épouse en  secondes noces de François Y... avec  lequel elle était mariée  sous  le  régime de communauté de meubles et acquêts ; qu’à  l’acte, auquel est  intervenu son mari,  il était  indiqué que cette acquisition était « pour son bien propre avec l’autorisation de son mari comme remploi à titre de propriété » ; que, le 6 octobre 1992, les époux Y... ont vendu à Mme Sylvie Y..., leur fille, cet  immeuble  sur  lequel  ils  avaient  construit  une maison,  en  se  réservant  un  droit d’usage  et d’habitation  ; qu’Yvette X... étant décédée  le 7 mars 2003, et  son mari  le 18  février 2004, des difficultés sont nées dans les opérations de liquidation et partage de la succession de François Y... qui  laissait  trois  enfants de  son premier mariage, Mme  Z..., MM.  Jean‐Paul  et  Francis  Y...,  (les consorts  Y...)  et  deux  enfants  de  sa  seconde  union, Mme  Sylvie  Y...  et M.  Rémy  Y...  ;  que  les consorts Y... ont prétendu que les deux ventes étaient des donations déguisées ;   

Sur  les premiers moyens du pourvoi principal et du pourvoi  incident qui sont  identiques, pris en leurs trois branches :   

Attendu que  les consorts Y... font grief à  l’arrêt de  les débouter de  leur demande tendant à voir requalifier  la vente du 27  juin 1966 en donation déguisée et à voir  juger que  la valeur du bien vendu doit entrer dans la masse successorale, alors, selon le moyen :   

1°/ que  l’emploi ou  le remploi est censé fait à  l’égard d’un époux, toutes  les fois que  lors d’une acquisition,  il  a  déclaré  qu’elle  était  faite de  deniers  propres  ou provenus  de  l’aliénation d’un propre, et pour  lui  tenir  lieu d’emploi ou de  remploi  ; qu’à défaut de  cette double déclaration dans  l’acte,  l’emploi ou  le remploi n’a  lieu que par  l’accord des époux et  il ne produit ses effets que dans leurs rapports réciproques ; que cette règle a le caractère d’une règle de fond ; qu’il ne peut  être  pallié  à  l’absence  de  déclaration  relative  à  l’origine  des  deniers  par  une  prétendue reconnaissance  implicite de  l’origine propre des deniers résultant de  l’intervention à  l’acte et de l’acceptation du  remploi par  l’autre époux  ; qu’en  l’espèce, dès  lors que comme  l’admet  l’arrêt attaqué,  l’acte  du  27  juin  1966  ne  comportait  pas  la  déclaration  que  l’acquisition  est  faite  de deniers  propres  ou  provenus  de  l’aliénation  d’un  propre  de  l’épouse,  le  remploi  ne  pouvait produire  ses  effets  à  l’égard  de MM.  Jean‐Paul  et  Francis  Y...  et  de Mme Danielle  Y...  ;  qu’en décidant le contraire, la cour d’appel a violé l’article 1434 du code civil ;   

2°/ que  l’emploi ou  le remploi est censé fait à  l’égard d’un époux, toutes  les fois que  lors d’une acquisition,  il  a  déclaré  qu’elle  était  faite de  deniers  propres  ou provenus  de  l’aliénation d’un propre, et pour  lui  tenir  lieu d’emploi ou de  remploi  ; qu’à défaut de  cette double déclaration dans  l’acte,  l’emploi ou  le remploi n’a  lieu que par  l’accord des époux et  il ne produit ses effets que  dans  leurs  rapports  réciproques  ;  qu’en  l’espèce,  dès  lors  que  l’acte  du  27  juin  1966  ne comporte  pas  la  déclaration  que  l’acquisition  est  faite  de  deniers  propres  ou  provenus  de l’aliénation  d’un  propre  et mentionne  seulement  l’accord  des  époux  pour  la  réalisation  d’un remploi, ledit remploi ne pouvait produire ses effets que dans les rapports réciproques entre les époux et non à l’égard de MM. Jean‐Paul et Francis Y... et de Mme Danielle Y... enfant du conjoint de l’acquéreur, nés d’un premier mariage ; qu’ainsi, la cour d’appel a violé l’article 1434 du code civil ;   

3°/ qu’en  l’absence de déclaration dans  l’acte d’acquisition, de  l’origine propre des  fonds ayant servi  à  la  financer,  c’est  à  celui  qui  entend  invoquer  néanmoins  l’existence  d’un  remploi,  de démontrer que  l’acquisition a été effectivement réalisée par  l’apport de fonds propres et que  la 

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déclaration d’intention des époux de  faire un  remploi ne masque pas une donation déguisée  ; qu’en énonçant que c’est à M. Jean‐Paul Y..., Mme Danielle Y... et M. Francis Y... qu’il appartenait de démontrer la fraude en établissant que le prix aurait été en réalité payé au moyen de deniers communs, la cour d’appel a violé les articles 1402, alinéa 1er, 1434 et 1315 du code civil ;   

Mais attendu que, selon l’article 1434 du code civil, dans les rapports entre époux il y a emploi ou remploi,  malgré  l’absence  de  déclaration  dans  l’acte  d’acquisition  que  celle‐ci  était  faite  de deniers propres ou provenus de l’aliénation d’un propre et pour tenir lieu d’emploi ou de remploi, dès lors que les époux ont eu cette volonté ; que les héritiers du mari n’ayant pas, à cet égard, la qualité de  tiers, c’est à bon droit qu’après avoir constaté que, si  l’origine des deniers n’est pas expressément précisée dans l’acte, le mari est intervenu à celui‐ci pour accepter le remploi, l’arrêt attaqué a retenu que l’emploi de fonds propres de l’épouse pour l’acquisition étant ainsi établie, il appartenait  aux  consorts  Y...  qui  se  prévalaient  d’une  donation  déguisée  d’établir  que  le  prix aurait été en  réalité payé par des deniers  communs  ; qu’en aucune de  ses branches  le moyen n’est donc fondé ;   

Sur les deuxièmes moyens, des pourvois qui sont identiques, ci‐après annexés :   

Attendu  qu’il  est  encore  fait  grief  à  l’arrêt  de  déclarer  les  consorts  Y...  irrecevables  en  leur demande de requalification de la vente du 6 octobre 1992 en donation déguisée faute de qualité à agir ;   

Attendu que ce moyen est privé de portée par le rejet du premier et ne peut donc être accueilli ;   

Mais sur les troisièmes moyens, pris en leurs secondes branches qui sont identiques :   

Vu les articles 564 et 565 du code de procédure civile ;   

Attendu  qu’en  matière  de  partage,  les  parties  étant  respectivement  demanderesses  et défenderesses quant à l’établissement de l’actif et du passif, toute demande doit être considérée comme une défense à une prétention adverse ;   

Attendu que, pour déclarer irrecevables les demandes des consorts Y... tendant à voir juger que la communauté a droit à une récompense pour l’accroissement de valeur apporté au bien propre de l’épouse par  la construction financée par  la communauté,  l’arrêt retient que cette demande est nouvelle puisqu’elle ne tend pas aux mêmes fins que la demande initiale laquelle avait pour objet le rapport à la succession de la valeur du bien acquis par Mme Sylvie Y... le 6 octobre 1992 ;   

Qu’en statuant ainsi, la cour d’appel a violé les textes susvisés ;   

PAR  CES MOTIFS,  et  sans  qu’il  y  ait  lieu de  statuer  sur  les  premières  branches  des  troisièmes moyens :   

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il a déclaré  irrecevables  les demandes des consorts Y... tendant à voir  juger que  la communauté a droit à une récompense pour  l’accroissement de valeur apporté au bien propre à l’épouse par la construction financée par la communauté, l’arrêt rendu  le 12 mai 2011, entre  les parties, par  la cour d’appel de Colmar ; remet, en conséquence, sur ce point, la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Nancy ;   

Page 21: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

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3. Le passif 

. Les plus‐values latentes 

 Cour de cassation Chambre civile 1 Audience publique du mercredi 14 mai 2014 N° de pourvoi: 13‐16302 Publié au bulletin Cassation partielle 

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant : 

Sur le moyen unique : 

Vu l'article 1409 du code civil, ensemble l'article 150‐0 A, I, 1 du code général des impôts ; 

Attendu,  selon  l'arrêt attaqué, que M. X...et Mme Y...se  sont mariés  le 30  janvier 1975  sous  le régime légal et ont divorcé le 5 avril 2006 ; 

Attendu que, pour débouter Mme Y...de sa demande tendant à ne pas voir inscrire au passif de la communauté,  dans  le  projet  d'état  liquidatif  notarié,  l'imposition  sur  les  plus‐values  latentes d'actions  ayant  dépendu  de  la  communauté  et  attribuées  à M.  X...,  l'arrêt,  statuant  sur  les difficultés nées du règlement du régime matrimonial, retient, par motifs adoptés, que c'est à juste titre que le notaire liquidateur a tenu compte de la fiscalité future qui sera attachée à la mutation des actions et sera due par leur attributaire ; 

Qu'en statuant ainsi, alors que l'imposition litigieuse constitue une dette future et hypothétique qui ne naîtra,  le cas échéant, qu'après  la dissolution de  la communauté et ne peut donc être inscrite au passif de celle‐ci, la cour d'appel a violé les textes susvisés ; 

PAR CES MOTIFS : 

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a confirmé le jugement du 15 novembre 2011 en ce qu'il a débouté Mme Y...de sa demande tendant à voir dire qu'il n'y a pas  lieu d'intégrer dans  le projet  d'état  liquidatif  l'imposition  future  sur  les  plus‐values  dites  latentes  déjà  réglées  et concernant  les sociétés Arg Sarege Fideta et Arg Soissons,  l'arrêt rendu  le 31  janvier 2013 entre les parties par  la  cour d'appel d'Amiens  ;  remet, en  conséquence,  sur  ce point,  la  cause et  les parties  dans  l'état  où  elles  se  trouvaient  avant  ledit  arrêt  et,  pour  être  fait  droit,  les  renvoie devant la cour d'appel de Paris. 

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B. Avantage matrimonial 

1. Définition et sort de  l’avantage matrimonial en cas de divorce et de décès 

 Article 1527, alinéa 1er du Code civil 

Les  avantages  que  l'un  ou  l'autre  des  époux  peut  retirer  des  clauses  d'une  communauté conventionnelle, ainsi que ceux qui peuvent résulter de la confusion du mobilier ou des dettes, ne sont point regardés comme des donations.  

 Cour de cassation  Chambre civile 1  Audience publique du 28 mai 2014  N° de pourvoi: 13‐17618  Non publié au bulletin Cassation partielle  

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l’arrêt suivant :  

Sur le moyen relevé d’office après avis donné aux parties, en application de l’article 1015 du code de procédure civile :  

Vu l’article 16 du code de procédure civile ;   

Attendu,  selon  l’arrêt attaqué, que M. X... et Mme Y...  se  sont mariés  le 23 août 1997  sous  le régime  conventionnel  de  la  communauté  réduite  aux  acquêts  ;  que  leur  contrat  de mariage contenait une clause  suivant  laquelle Mme Y... avait  fait apport d’une maison d’habitation à  la communauté, à charge pour celle‐ci d’acquitter le solde d’un emprunt ayant financé l’acquisition du bien ;  

Attendu  que  l’arrêt,  après  avoir  confirmé  le  jugement  ayant  prononcé  le  divorce  des  époux, retient à juste titre que l’apport en communauté de Mme Y..., qualifié de donation par les parties, constitue un avantage matrimonial prenant effet au cours du mariage et régi par la loi du 26 mai 2004  et  en  déduit  qu’en  application  de  l’article  265  du  code  civil,  il  n’est  pas  affecté  par  le prononcé du divorce aux torts du mari et n’est donc pas susceptible de révocation ;  

Qu’en statuant ainsi, sans avoir au préalable invité les parties à présenter leurs observations sur la requalification envisagée, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;  

PAR CES MOTIFS et sans qu’il y ait lieu de statuer sur les griefs du pourvoi :   

CASSE  ET  ANNULE, mais  seulement  en  ce  qu’il  a  dit  n’y  avoir  lieu  à  révocation  de  l’avantage matrimonial consenti par Mme Y... par acte notarié du 29  juillet 1997,  l’arrêt rendu  le 7  février 2013, entre  les parties, par  la  cour d’appel d’Aix‐en‐Provence  ;  remet, en  conséquence,  sur  ce point,  la cause et  les parties dans  l’état où elles se trouvaient avant  ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Montpellier ;  

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 Cour de cassation  Chambre civile 1  Audience publique du 25 septembre 2013  N° de pourvoi: 12‐11967  Publié au bulletin Rejet  

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l’arrêt suivant :  

Attendu, selon  les arrêts attaqués (Aix‐en‐Provence, 21  janvier 2010 et 20  janvier 2011), que M. X... et Mme Y... se sont mariés le 25 octobre 1993 sous le régime de la communauté réduite aux acquêts avec clause de partage inégal en cas de décès de l’un d’eux ; qu’aux termes du contrat de mariage,  le  mari  a  apporté  divers  droits  à  la  communauté,  dont  un  portefeuille  de  valeurs mobilières d’une valeur de 3 345 155 francs (509 965,60 euros) et une somme de 340 000 francs (51 832,66 euros) en numéraire ; que le divorce des époux a été prononcé aux torts exclusifs de l’épouse par un arrêt du 21 mars 2003 ; 

Sur les trois premiers moyens, ci‐après annexés : 

Attendu que ces moyens ne sont pas de nature à permettre l’admission du pourvoi ;  

Sur les quatrième et cinquième moyens réunis : 

Attendu que Mme Y... fait grief à  l’arrêt du 21  janvier 2010 de dire que M. X... est créancier de l’indivision  post  communautaire  d’une  somme  de  51  832,66  euros  au  titre  de  son  apport  en numéraire, ainsi que, le cas échéant, d’une somme de 509 965,60 euros correspondant à la valeur liquidative des  valeurs mobilières  apportées par  lui  à  la  communauté,  à  la date de  l’apport,  si celles‐ci ne se retrouvent pas dans l’actif de communauté alors, selon le moyen :  

1°/ que le droit de reprise résultant de l’application de l’article 267 du code civil ne peut s’exercer que pour autant que  le bien apporté se retrouve dans  la communauté au moment du divorce, à moins  qu’un  autre  bien  lui  ait  été  subrogé  ;  qu’en  décidant  que M.  X...  serait  créancier  de l’indivision post  communautaire d’une  somme de 51 832,66  euros, montant de  son  apport  en numéraires, et,  le cas échéant, si elles ne se  retrouvent pas dans  l’actif de communauté, d’une somme  de  509  965,60  euros  correspondant  à  la  valeur  liquidative  des  valeurs  mobilières apportées par lui à la communauté, à la date de l’apport, la cour d’appel a violé le texte susvisé ; 

2°/ que  la contradiction entre  les motifs et  le dispositif équivaut à un défaut de motifs  ; qu’en énonçant, dans les motifs de son arrêt, que M. X... est en droit de voir retirer à son profit de l’actif de communauté les valeurs mobilières apportées si elles se retrouvent en nature, ou à défaut se voir dire créancier de la communauté d’une somme égale à son apport, à savoir 509 965,50 euros, et voir retirer à son profit de l’actif de communauté ou se voir dire créancier de cette dernière de la  somme de 51 832,66 euros, montant de  son  apport en numéraires, et en  retenant, dans  le dispositif  de  sa  décision,  que M.  X...  est  créancier  de  l’indivision  post  communautaire  d’une somme  de  51  832,66  euros,  et,  le  cas  échéant,  si  elles  ne  se  retrouvent  pas  dans  l’actif  de communauté, d’une somme de 509 965,60 euros correspondant à la valeur liquidative des valeurs mobilières apportées par  lui à  la  communauté,  la  cour d’appel a violé  l’article 455 du  code de procédure civile ;  

3°/ qu’en  l’état des motifs du  jugement qui, pour décider que  la reprise ne pourrait s’appliquer aux  apports  en  numéraires,  dès  lors  que  les  ex‐époux  ne  travaillant  pas  au moment  de  leur mariage, ils avaient probablement servi à la vie quotidienne du couple, la cour d’appel, qui n’a pas caractérisé  en quoi  la mise en  communauté du  solde de  ce  compte  courant par M. X...  aurait relevé d’un avantage matrimonial que M. X... aurait consenti à Mme Y..., a privé sa décision de base légale au regard de l’article 267 du code civil ; 

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Mais attendu que l’article 267, alinéa 1er, ancien du code civil dispose que, lorsque le divorce est prononcé  aux  torts  exclusifs  d’un  époux,  celui‐ci  perd  de  plein  droit  tous  les  avantages matrimoniaux  que  son  conjoint  lui  avait  consentis  ;  que  ce  texte,  rédigé  en  termes  généraux, s’applique  à  tous  les  avantages  que  l’un  des  époux  peut  tirer  des  clauses  d’une  communauté conventionnelle  et,  notamment,  de  la  stipulation,  au  moment  du  mariage,  d’une  clause d’apports ;  que  la  liquidation  des  intérêts  pécuniaires  des  époux  devant  être  faite  sans  tenir compte  des  avantages matrimoniaux  consentis  par  le mari  à  son  épouse,  c’est,  dès  lors,  sans encourir  les griefs des moyens que  la cour d’appel a décidé que  le mari était fondé à reprendre ses apports ou la valeur de ceux‐ci ; que les moyens ne sont pas fondés ; 

PAR CES MOTIFS : 

REJETTE le pourvoi ; 

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 Cour de cassation  Chambre civile 1  Audience publique du 30 avril 2014  N° de pourvoi: 13‐16380  Publié au bulletin Rejet  

LA  COUR  DE  CASSATION,  PREMIÈRE  CHAMBRE  CIVILE,  a  rendu  l’arrêt  suivant  :  Sur  le moyen unique :   

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Caen, 5 février 2013), que M. X... et Mme Y... se sont mariés sous le régime de  la communauté universelle, selon contrat de mariage reçu  le 18 mars 1989 par M. Z..., notaire ; qu’ils ont divorcé par consentement mutuel le 21 novembre 2008 ; que reprochant à M. Z... d’avoir manqué à  son devoir de conseil en omettant de  lui  indiquer que  sans clause de reprise des apports en cas de divorce,  les biens de  la communauté seraient partagés par moitié, malgré  le  déséquilibre  manifeste  des  apports  de  chaque  époux,  M.  X...  l’a  assigné  en indemnisation ;   

Attendu que M. X... fait grief à l’arrêt de rejeter sa demande indemnitaire, alors, selon le moyen, que la perte de chance constitue un préjudice réparable, direct et certain ; qu’en l’espèce, la cour d’appel a retenu que M. Z... avait commis une faute en informant faussement les époux X...‐ Y... de ce qu’en cas de divorce, leur régime de communauté universelle leur permettrait de reprendre les  apports  qu’ils  avaient  faits  à  la  communauté  au  jour  du mariage  et  que  cette  faute  avait entraîné  un  préjudice  caractérisé  par  une  perte  de  chance  de  choisir  un  autre  régime matrimonial ; qu’en refusant cependant toute  indemnisation à M. X... parce qu’il ne démontrait pas que  la perte de chance de choisir un autre régime matrimonial aurait engendré pour  lui un préjudice  direct  et  certain,  la  cour  d’appel,  qui  n’a  pas  tiré  les  conséquences  légales  de  ses propres constatations, a violé l’article 1147 du code civil ;   

Mais attendu qu’après avoir retenu une faute à l’encontre du notaire, l’arrêt relève que la perte de  chance de  choisir un autre  régime matrimonial était minime, dès  lors que  la préoccupation principale des époux  lors de  la signature du contrat de mariage était d’assurer  la protection du conjoint survivant et non d’envisager les conséquences d’une rupture du lien matrimonial, et que les parties avaient tenu compte des modalités de la liquidation du régime matrimonial pour fixer le montant de la prestation compensatoire ; qu’en l’état de ces énonciations et appréciations, la cour d’appel a pu estimer que M. X... ne justifiait pas d’un préjudice direct et certain résultant de la perte d’une chance  raisonnable d’adopter un autre  régime matrimonial  ; que  le moyen n’est pas fondé ;   

PAR CES MOTIFS :   

REJETTE le pourvoi ;   

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 Cour de cassation  Chambre civile 1  Audience publique du 25 septembre 2013  N° de pourvoi: 12‐23111  Publié au bulletin Rejet  

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l’arrêt suivant :  

Attendu,  selon  l’arrêt  attaqué  (Montpellier,  14  juin  2011)  que  le  17  janvier  1994  a  été homologuée  la  convention  par  laquelle  Yves  X...  et  Anne‐Marie  Y...  ont  adopté  pour  régime matrimonial  la  communauté  universelle  avec,  en  cas  de  dissolution  par  décès,  attribution intégrale  de  la  communauté  à  l’époux  survivant,  sans  que  les  héritiers  de  l’époux  prédécédé puissent  effectuer  la  reprise  des  apports  et  capitaux  tombés  dans  la  communauté du  chef  de celui‐ci ; que le 13 juin 2002, Yves X... est décédé après son épouse en laissant pour héritier leur enfant  commun, M.  Jean‐Christophe  X...,  et  pour  légataire  universelle,  l’Association  Fraternité sacerdotale Saint Pierre qu’il avait instituée, par testament authentique ; que M. X... a fait valoir qu’en sa qualité d’héritier de sa mère, il disposait d’une créance sur la succession de son père au titre des apports et capitaux tombés en communauté du fait de celle‐ci ; 

Sur le premier moyen, pris en ses trois branches, ci‐après annexé : 

Attendu qu’il est fait grief à l’arrêt de dire que la masse commune n’avait pas lieu d’être partagée, qu’en l’absence de tout actif et passif successoral, il n’y avait pas lieu de procéder aux opérations de  comptes  et  de  liquidation  de  la  succession  de  Anne‐Marie  Y...  et  de  débouter  M.  Jean‐Christophe X... de ses demandes tendant à se voir reconnaître une créance sur  la succession de son père en sa qualité d’héritier de sa mère ;  

Attendu que c’est sans méconnaître l’autorité de la chose jugée par le jugement du 13 juin 2005 que l’arrêt retient que dans son dispositif cette décision n’a tranché le fond du litige qu’en ce qui concerne l’ouverture des successions, la désignation du bénéficiaire du contrat d’assurance‐vie et n’a, pour  le surplus, qu’ordonné une mesure d’expertise préalable aux opérations de  liquidation des deux successions, de sorte qu’il convient de statuer sur la créance réclamée par M. X... ; que le moyen, qui manque en  fait en sa deuxième branche et est sans portée dans sa troisième, ne peut donc être accueilli ; 

Et sur le second moyen : 

Attendu qu’il est encore fait grief à  l’arrêt de dire que  la masse commune n’avait pas lieu d’être partagée, qu’en l’absence de tout actif et passif successoral, il n’y avait pas lieu de procéder aux opérations de comptes et de  liquidation de  la succession de Anne‐Marie Y..., et de débouter M. Jean‐Christophe X... de ses demandes tendant à se voir reconnaître une créance sur la succession de son père en sa qualité d’héritier de sa mère, alors, selon le moyen, que lorsque les époux ont choisi  le  régime  de  la  communauté  universelle  avec  clause  d’attribution  intégrale  au  conjoint survivant  en  stipulant  que  les  héritiers  de  l’époux  prédécédé  ne  pourront  faire  la  reprise  des apports et capitaux tombés dans  la communauté du chef de  leur auteur, ces derniers disposent d’un  droit  de  créance  correspondant  à  la  valeur  de  ces  apports  sur  la  succession  du  conjoint survivant  ; qu’au cas présent, à supposer que  l’autorité de chose  jugée ne soit pas reconnue au jugement du 13 juin 2005 concernant la créance de l’exposant sur la succession de son père, M. Jean‐Christophe X... a  fait  valoir, dans  ses  conclusions d’appel  (p. 6 et 9), qu’il bénéficiait d’un droit de créance envers la succession de son père à hauteur de la valeur des apports et capitaux entrés en communauté du chef de sa mère, ainsi que le jugement entrepris l’avait retenu (p. 5 et 6) ; que pour débouter l’exposant de sa demande de créance, la cour d’appel a relevé que l’article 6 de  l’acte de changement de régime matrimonial avait eu pour effet de  transférer au conjoint survivant  l’ensemble des biens mobiliers et  immobiliers de son épouse prédécédée sans que M. 

Page 27: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

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Jean‐Christophe  X...  puisse  invoquer  un  droit  de  reprise  en  l’état  de  la  stipulation  des  époux écartant ce droit ; qu’en statuant ainsi sans rechercher si l’exclusion de la reprise en nature de ces apports  et  capitaux  ne  laissait  pas  subsister  au  profit  de M.  Jean‐Christophe  X...  un  droit  de créance sur la succession de son père pour la valeur de ces apports, ainsi qu’elle y avait été invitée par  l’exposant,  la  cour  d’appel  a  privé  sa  décision  de  base  légale  au  regard  de  l’article  1525, alinéa 2, du code civil ensemble les règles applicables en la matière ; 

Mais  attendu que  lorsque  les époux  sont  convenus, en adoptant  le  régime de  la  communauté universelle avec attribution intégrale au conjoint survivant, d’exclure la reprise par les héritiers du conjoint prédécédé des apports et capitaux tombés dans la communauté du chef de celui‐ci, ces derniers n’ont aucune créance à faire valoir sur la succession du survivant au titre de leur valeur ; que le moyen n’est donc pas fondé ; 

PAR CES MOTIFS : 

REJETTE le pourvoi ; 

Page 28: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

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2. Apport à communauté d’un bien donné  

 Article 924‐4 du code civil 

Après  discussion  préalable  des  biens  du  débiteur  de  l'indemnité  en  réduction  et  en  cas d'insolvabilité de ce dernier,  les héritiers réservataires peuvent exercer  l'action en réduction ou revendication contre  les  tiers détenteurs des  immeubles  faisant partie des  libéralités et aliénés par  le gratifié.  L'action est exercée de  la même manière que contre  les gratifiés eux‐mêmes et suivant  l'ordre  des  dates  des  aliénations,  en  commençant  par  la  plus  récente.  Elle  peut  être exercée contre les tiers détenteurs de meubles lorsque l'article 2276 ne peut être invoqué. 

Lorsque, au jour de la donation ou postérieurement, le donateur et tous les héritiers réservataires présomptifs ont consenti à l'aliénation du bien donné, aucun héritier réservataire, même né après que le consentement de tous les héritiers intéressés a été recueilli, ne peut exercer l'action contre les tiers détenteurs. S'agissant des biens légués, cette action ne peut plus être exercée lorsque les héritiers réservataires ont consenti à l'aliénation. 

 Article 1411 du code civil 

Les  créanciers  de  l'un  ou  de  l'autre  époux,  dans  le  cas  de  l'article  précédent,  ne  peuvent poursuivre leur paiement que sur les biens propres et les revenus de leur débiteur. 

Ils peuvent, néanmoins, saisir aussi les biens de la communauté quand le mobilier qui appartient à leur débiteur au  jour du mariage ou qui  lui est échu par succession ou  libéralité a été confondu dans le patrimoine commun et ne peut plus être identifié selon les règles de l'article 1402. 

Page 29: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

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C. Dissolution de communauté 

1. Report de la date par les héritiers  

 Article 262‐1 

Le  jugement de divorce prend effet dans  les rapports entre  les époux, en ce qui concerne  leurs biens : 

‐  lorsqu'il est prononcé par consentement mutuel, à  la date de  l'homologation de  la convention réglant l'ensemble des conséquences du divorce, à moins que celle‐ci n'en dispose autrement ; 

‐  lorsqu'il est prononcé pour acceptation du principe de  la  rupture du mariage, pour altération définitive du lien conjugal ou pour faute, à la date de l'ordonnance de non‐conciliation. 

A  la demande de  l'un des époux,  le  juge peut fixer  les effets du  jugement à  la date à  laquelle  ils ont cessé de cohabiter et de collaborer. Cette demande ne peut être  formée qu'à  l'occasion de l'action  en  divorce.  La  jouissance  du  logement  conjugal  par  un  seul  des  époux  conserve  un caractère gratuit jusqu'à l'ordonnance de non‐conciliation, sauf décision contraire du juge. 

 Article 1442 

Il ne peut y avoir lieu à la continuation de la communauté, malgré toutes conventions contraires. 

Les époux peuvent, l'un ou l'autre, demander, s'il y a lieu, que, dans leurs rapports mutuels, l'effet de la dissolution soit reporté à la date où ils ont cessé de cohabiter et de collaborer. 

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 Cour de cassation Chambre civile 1 Audience publique du mercredi 14 mai 2014 N° de pourvoi: 13‐14095 Non publié au bulletin Rejet 

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant : 

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 19 décembre 2012), qu'André X... et Marie Madeleine Y... se sont mariés en 1956 sous le régime légal de la communauté des meubles et acquêts ; qu'ils sont décédés,  elle,  le 14 mai 1991,  lui,  le 4  janvier 2004  ; qu'à  l'occasion de  la  liquidation de  leurs successions des difficultés sont nées entre, d'une part, Mme Z..., héritière d'André X..., et, d'autre part,  les  héritiers  de  Marie  Madeleine  Y...,  Mme  Sophie  Y...,  représentante  légale  et administrateur de biens de Marcel Y..., son père, dont la présomption d'absence a été constatée par jugement du 14 décembre 2009, M. Lionel Y... et Mme A..., son frère et sa soeur ; 

Sur le premier moyen : 

Attendu que M. Lionel Y... et Mme Sophie Y... font grief à l'arrêt de dire que la cohabitation et la collaboration entre  les époux avaient cessé à  la date du 27 novembre 1975 et, en conséquence, que  la consistance de  la communauté ayant existé entre eux doit être déterminée à cette date, alors, selon  le moyen, que seuls  les époux peuvent demander  le  report de  la date d'effet de  la dissolution de  la  communauté  ; qu'il  était  constant en  l'espèce que  les  époux  Y...‐X...n'avaient jamais divorcé, ni entamé une quelconque procédure en ce sens, et qu'André X..., après le décès de son épouse, en 1997, et jusqu'à son propre décès, en 2004, n'avait à aucun moment manifesté le désir de voir  reporter  la date de dissolution de  la  communauté  ; qu'en déclarant  cependant recevable  la demande de report  formée par  les héritiers d'André X...,  la cour d'appel a violé  les articles 1441 et 1442 du code civil ; 

Mais  attendu qu'aux  termes de  l'article 1442 du  code  civil,  les  époux peuvent,  l'un ou  l'autre, demander, s'il y a lieu, que, dans leurs rapports mutuels, l'effet de la dissolution soit reporté à la date à  laquelle  ils ont cessé de cohabiter et de collaborer  ; qu'aux  termes de  l'article 1491 du même  code  les  héritiers  des  époux  exercent,  en  cas  de  dissolution  de  la  communauté,  les mêmes droits que ceux des époux qu'ils représentent ; qu'ayant relevé que la communauté avait été dissoute par le décès de l'épouse, c'est à bon droit que la cour d'appel a déclaré recevable la demande de  l'héritière du mari du  report de  l'effet de cette dissolution à  la date à  laquelle  les époux avaient cessé de cohabiter ; 

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ; 

Et sur le second moyen, pris en ses deux branches, ci‐après annexé : 

Attendu qu'il est encore fait grief à l'arrêt de dire que la cohabitation et la collaboration entre les époux avaient cessé à la date du 27 novembre 1975 ; 

Attendu que la cour d'appel qui n'était pas tenue de procéder à une recherche qui ne lui avait pas été demandée, a retenu, à bon droit, que la preuve de la cessation de la cohabitation des époux fait présumer la cessation de leur collaboration ; que le moyen n'est pas fondé ; 

PAR CES MOTIFS : 

REJETTE le pourvoi. 

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2. Omission des récompenses et responsabilité du notaire 

  Cour de cassation  Chambre civile 1  Audience publique du 13 décembre 2012  N° de pourvoi: 11‐19098  Publié au bulletin Cassation  

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l’arrêt suivant :  

Donne acte à l’EARL du Puits du marronnier du désistement de son pourvoi ; 

Attendu, selon l’arrêt attaqué, qu’un jugement irrévocable a prononcé le divorce de M. Y... et de Mme Z... et a homologué la convention définitive ainsi que l’état liquidatif portant règlement des conséquences  pécuniaires  du  divorce,  établi  par  M.  A...,  notaire  ;  que  soutenant  que  des récompenses dues à la communauté par son épouse y avaient été omises, M. Y... a assigné cette dernière en paiement de ces sommes, reprochant à titre subsidiaire au notaire d’avoir failli à son obligation de conseil et lui réclamant réparation à hauteur des mêmes montants ; 

Sur le premier moyen : 

Vu l’article 279 du code civil ; 

Attendu  que  pour  déclarer  irrecevable  la  demande  formée  par  M.  Y...  contre  Mme  Z...  en paiement d’une somme d’argent à titre de récompense due à la communauté, l’arrêt relève que la convention définitive, signée par  les parties, bénéficiait, avec  le  jugement d’homologation, de l’autorité de la chose jugée ; 

Qu’en  statuant  ainsi,  alors que  si  la  convention définitive homologuée ne peut être  remise en cause,  un  époux  divorcé  demeure  recevable  à  présenter  une  demande  ultérieure  tendant  au partage complémentaire de biens communs ou de dettes communes omis dans  l’état  liquidatif homologué, la cour d’appel, qui a méconnu l’étendue de ses pouvoirs, a violé le texte susvisé ; 

Et sur le second moyen, pris en ses deux branches : 

Vu l’article 1382 du code civil ; 

Attendu que pour  juger que  le notaire n’avait pas failli à ses obligations professionnelles,  l’arrêt énonce,  d’une  part,  que M.  Y...,  chef  d’entreprise  agricole  avisé,  connaissait  parfaitement  les mécanismes bancaires et financiers et était ainsi en mesure de défendre ses intérêts au cours de la procédure en divorce et pendant  la phase de  liquidation du régime matrimonial, d’autre part, que  le  notaire  n’était  pas  en mesure  de  connaître  tous  les modes  de  financement  des  biens propres et communs dont disposaient les époux en sorte qu’il incombait à M. Y..., ainsi que l’a fait Mme  Z...,  de  signaler  spontanément  à  l’officier  ministériel  les  financements  réalisés  par  la communauté en faveur des biens propres de son conjoint ; 

Qu’en  statuant  ainsi,  alors  qu’il  incombait  au  notaire,  quelles  que  soient  les  compétences personnelles des parties, de s’enquérir auprès d’elles du point de savoir si les biens leur revenant en propre avaient été financés, en tout ou partie, par  la communauté, et,  le cas échéant, de se faire communiquer tout acte utile, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;   

PAR CES MOTIFS : 

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CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,  l’arrêt rendu  le 16 mars 2011, entre  les parties, par la cour d’appel de Poitiers ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l’état où elles se  trouvaient  avant  ledit  arrêt  et,  pour  être  fait  droit,  les  renvoie  devant  la  cour  d’appel  de Bordeaux ; 

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II. LA SEPARATION DE BIENS Clause relative à la contribution aux charges du mariage : « Les époux contribueront aux charges en 

proportion de leurs facultés respectives ; chacun d’eux sera réputé avoir fourni au jour le jour sa part 

contributive, en sorte qu’ils ne seront assujettis à aucun compte entre eux, ni à retirer à ce sujet aucune 

quittance l’un de l’autre ». 

 Cour de cassation  Chambre civile 1  Audience publique du 25 septembre 2013  N° de pourvoi: 12‐21892  Publié au bulletin Rejet  

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l’arrêt suivant :  

Sur le premier moyen, pris en ses deux branches :   

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Aix‐en‐Provence, 12 avril 2012), qu’après le divorce des époux X...‐Y...,  qui  avaient  adopté  le  régime  de  la  séparation  de  biens,  des  difficultés  sont  nées  pour  la liquidation et le partage d’un immeuble indivis entre eux ;  

Attendu qu’il est fait grief à l’arrêt de débouter M. X...de sa demande tendant à voir reconnaître qu’il est  créancier de Mme Y... pour  avoir  financé  l’achat de  l’immeuble  indivis,  alors,  selon  le moyen :   

1°/ que l’époux marié sous le régime de la séparation de biens qui a intégralement financé de ses deniers personnels l’acquisition d’un immeuble indivis est créancier à l’égard de son conjoint lors de la liquidation du régime matrimonial ; qu’en ayant débouté M. X...de sa demande en raison de l’absence de dépassement de sa part contributive aux charges du mariage, la cour d’appel a violé les articles 1469, 1479 et 1543 du code civil ;   

2°/ que la « convention contraire des parties » prévue à l’article 1479, alinéa 2, du code civil peut seulement exclure la revalorisation de la créance et non son principe même ; qu’en énonçant que l’article  2  du  contrat  du  21  août  1974  relatif  aux  charges  du mariage  interdisait  à M.  X...de réclamer une  récompense pour  son  financement de  l’immeuble  indivis,  la  cour d’appel  a  violé l’article 1479 du code civil ;   

Mais attendu que, d’une part, après avoir relevé que  les époux étaient convenus en adoptant  la séparation de biens qu’ils  contribueraient  aux  charges du mariage dans  la proportion de  leurs facultés  respectives  et  que  chacun  d’eux  serait  réputé  avoir  fourni  au  jour  le  jour  sa  part contributive en sorte qu’aucun compte ne serait fait entre eux à ce sujet et qu’ils n’auraient pas de  recours  l’un  contre  l’autre  pour  les  dépenses  de  cette  nature,  les  juges  du  fond  ont souverainement estimé qu’il ressortait de la volonté des époux que cette présomption interdisait de prouver que l’un ou l’autre des conjoints ne s’était pas acquitté de son obligation ; que, d’autre part,  après  avoir  constaté,  par motifs  adoptés,  que  l’immeuble  indivis  constituait  le  domicile conjugal, la cour d’appel en a exactement déduit que M. X...ne pouvait réclamer, au moment de la liquidation de leur régime matrimonial, le versement d’une indemnité compensatrice au titre d’un prétendu excès de contribution aux charges du mariage pour avoir financé seul l’acquisition de ce bien ; que le moyen n’est fondé en aucune de ses deux branches ;   

Et sur les deux autres moyens, pris en leurs diverses branches, ci‐après annexés :   

Attendu que ces moyens ne sont pas de nature à permettre l’admission du pourvoi ;   

PAR CES MOTIFS :   

REJETTE le pourvoi ;   

Page 34: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

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 Cour de cassation  Chambre civile 1  Audience publique du 18 décembre 2013  N° de pourvoi: 12‐17420  Publié au bulletin Rejet  

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l’arrêt suivant :  

Donne  acte  à M.  X...  du  désistement  de  son  pourvoi  en  ce  qu’il  est  dirigé  à  l’encontre MM. Edouard et Sébastien X... ; 

Attendu,  selon  l’arrêt  attaqué  (Bordeaux, 31  janvier 2012), que M. X..., qui  s’était marié  le 22 juillet 1978 avec Mme Y..., sous  le régime de  la séparation de biens, a exercé, à titre  individuel, une  activité  d’agent  immobilier,  avant  de  créer,  en  1985,  avec  son  épouse,  la  societe Mandel immobilier,  chacun  des  époux  détenant  250  parts  sociales  ;  qu’en  1986, M.  X...  étant  devenu notaire, Mme Y... a poursuivi seule l’activité de la société jusqu’en 1990, époque à laquelle cette société a été liquidée ; que les époux ont acquis, notamment, indivisément, chacun pour moitié, de 1987 à 1990, cinq immeubles de rapport et, en 1991, un immeuble leur servant de résidence secondaire  ; qu’au mois de novembre 2006, M. X...  a  assigné  son  épouse,  à  titre principal,  en révocation  des  donations  indirectes  qu’il  soutenait  lui  avoir  consenties  en  finançant  les acquisitions immobilières et, subsidiairement, en fixation de ses créances envers l’indivision ; 

Sur le premier moyen, pris en ses deux branches : 

Attendu que M. X... fait grief à  l’arrêt de  le déclarer non fondé à révoquer  la donation  indirecte consentie  à  son  épouse  au  titre  du  financement  de  l’immeuble  indivis  de  Piraillan  et  de  le débouter de  ses demandes  subsidiaires  tendant  à  se  voir  reconnaître,  au même  titre,  titulaire d’une créance sur l’indivision ou sur son épouse, sur le fondement des articles 815‐2 et 815‐13 du code civil et des principes régissant l’enrichissement sans cause, alors, selon le moyen : 

1°/ que la contribution aux charges du mariage ne saurait englober les dépenses d’investissement réalisées par un époux au nom de son conjoint  impécunieux aux  fins de constituer à celui‐ci un patrimoine immobilier et qu’en décidant en l’occurrence que le financement intégral par le mari de l’immeuble indivis de Piraillan constituait une simple modalité de contribution aux charges du mariage, la cour d’appel a violé par fausse application les articles 214 et 1537 du code civil et par refus d’application les articles 815‐2 et 815‐13 du code civil ; 

2°/ que  la seule contribution en nature de  l’épouse aux charges du mariage n’avait pu servir de cause au financement par le mari de sa part des dépenses d’investissement relatives à l’immeuble indivis  de  Piraillan,  qu’encore  eût‐il  fallu  que  l’épouse  apporte  au ménage  plus  qu’une  simple contribution  aux  charges  du mariage,  ce  que  l’arrêt  attaqué  n’a  pas  constaté,  et  que  la  cour d’appel a ainsi violé par refus d’application les articles 1096 et 1371 du code civil ; 

Mais  attendu,  d’une  part,  que  la  contribution  aux  charges  du  mariage,  distincte,  par  son fondement et par son but, de l’obligation alimentaire, peut inclure des dépenses d’investissement ayant pour objet  l’agrément  et  les  loisirs du ménage  ; qu’ayant  relevé que  l’activité  stable de l’époux  lui  procurait  des  revenus  très  confortables  lui  permettant  d’acquérir  une  résidence secondaire pour  la  famille,  les  juges du  fond ont pu décider que  le  financement par  le mari de l’acquisition d’un  tel bien  indivis participait de  l’exécution de  son obligation de  contribuer  aux charges du mariage ; 

Et attendu qu’ayant ainsi retenu qu’en exécutant cette obligation, le mari n’avait fait que payer sa dette,  la  cour  d’appel  n’avait  pas  à  procéder  à  une  constatation  que  sa  décision  rendait inopérante ; 

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D’où il suit que le moyen ne saurait être accueilli : 

Sur le second moyen, pris en ses trois branches, ci‐après annexé : 

Attendu que M. X... fait encore grief à l’arrêt de rejeter sa demande de révocation des donations au titre des immeubles de rapport acquis pendant la vie commune ; 

Attendu qu’il  incombait au mari, qui  invoquait  l’existence d’une donation révocable, de prouver avoir  financé  les  acquisitions  litigieuses  dans  une  intention  libérale  ;  qu’après  avoir  justement relevé  que  la  seule  circonstance  que  les  comptes  joints  ouverts  au  nom  des  époux  étaient alimentés par les seuls revenus du mari était insuffisante à caractériser cette intention libérale, la cour  d’appel  a  constaté  que,  de  1986  à  1990, Mme  Y...  avait  assumé  seule  les  fonctions  de gérante de  la  société Mandel  immobilier  sans percevoir  aucune  rémunération puisque M. X..., devenu  notaire,  ne  pouvait  plus  exercer  aucun  rôle  au  sein  de  celle‐ci,  la  cour  d’appel  a  fait ressortir que l’activité de l’épouse était allée au‐delà de son obligation de contribuer aux charges du mariage et estimé que cette activité constituait la cause des versements effectués par le mari au titre de  l’acquisition des  immeubles, peu  important que  le mari ait aussi financé  l’acquisition des parts sociales ; qu’elle a, par ces seuls motifs, légalement justifié sa décision ;  

PAR CES MOTIFS : 

REJETTE le pourvoi ; 

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 Par Sandrine Le Chuiton, Consultante au CRIDON Nord‐Est, Docteur en droit Et Frédéric Vauvillé, Conseiller Scientifique du CRIDON Nord‐Est, Professeur agrégé des Universités   

». Journées d’information 2014 (Automne)

». 2ÈME PARTIE :LA PETITE SUCCESSION 

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I. OUVERTURE DE LA SUCCESSION 

 

A.] Détermination de la cohérie 

 

B.] Détermination de l’actif successoral 

 

C.] Détermination du passif successoral 

 

II. GESTION DE LA SUCCESSION  

 

A.] Détermination de l’option successorale 

 

B.] Mesures d’urgence  

 

C.] Paiement du passif successoral 

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I. OUVERTURE DE LA SUCCESSION 

 

A.] Détermination de la cohérie 

 Article 1215 du Code de procédure civile 

En  cas  de  décès  d'un  majeur  faisant  l'objet  d'une  mesure  de  protection  exercée  par  un mandataire judiciaire à la protection des majeurs, ce dernier peut, en l'absence d'héritiers connus, saisir  le  notaire  du  défunt  en  vue  du  règlement  de  la  succession  ou,  à  défaut,  demander  au président de la chambre départementale des notaires d'en désigner un.  

Si  le notaire  chargé du  règlement de  la  succession ne parvient pas  à  identifier  les héritiers du majeur protégé,  le mandataire  judiciaire à  la protection des majeurs, autorisé à cet effet par  le juge des tutelles, ou le notaire, dans les conditions de l'article 36 de la loi du 23 juin 2006 portant réforme des successions et des libéralités, peut délivrer un mandat de recherche des héritiers. 

 Article 36 de la Loi n° 2006‐728 du 23 juin 2006 portant réforme des successions et des libéralités  

Hormis le cas des successions soumises au régime de la vacance ou de la déshérence, nul ne peut se livrer ou prêter son concours à la recherche d'héritier dans une succession ouverte ou dont un actif a été omis  lors du règlement de  la succession s'il n'est porteur d'un mandat donné à cette fin.  Le  mandat  peut  être  donné  par  toute  personne  qui  a  un  intérêt  direct  et  légitime  à l'identification des héritiers ou au règlement de la succession. 

Aucune rémunération, sous quelque forme que ce soit, et aucun remboursement de frais n'est dû aux  personnes  qui  ont  entrepris  ou  se  sont  prêtées  aux  opérations  susvisées  sans  avoir  été préalablement mandatées à cette fin dans les conditions du premier alinéa. 

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B.] Détermination de l’actif successoral 

 Conseil d’État N° 339147  

Lecture du mercredi 29 juin 2011 

Vu les autres pièces du dossier ; 

Vu la loi n° 78‐17 du 6 janvier 1978 ; 

Vu la loi n° 78‐753 du 17 juillet 1978 ; 

Vu le code de justice administrative ; 

Considérant que les consorts A ont formulé, le 16 août 2004, une demande auprès du centre des services informatiques (cellule FICOBA) du ministère de l’économie, des finances et de l’industrie tendant à obtenir communication de la liste des comptes bancaires détenus par Mlle C, leur tante décédée, dont  ils étaient  les héritiers  ; qu’une décision  implicite de rejet de cette demande est née  du  silence  gardé  par  l’administration  ;  que  la  commission  d’accès  aux  documents administratifs,  saisie  de  ce  refus  par  les  consorts  A,  a,  dans  sa  séance  du  4  novembre  2004, considéré  comme  communicable,  en  l’espèce,  le  document  demandé  dans  la  mesure  où  la nécessité de cette communication était invoquée aux fins d’établir la dette fiscale de la succession et de  liquider celle‐ci  ; qu’en  l’absence de  suites données à  cet avis,  les  consorts A ont  saisi  le tribunal administratif de Melun qui, par jugement du 7 janvier 2010, a annulé la décision implicite de  l’administration  rejetant  leur  demande  tendant  à  obtenir  la  communication  de  la  liste  des comptes bancaires de leur tante décédée ; 

Considérant qu’aux  termes du dernier alinéa de  l’article 2 de  la  loi du 6  janvier 1978  relative à l’informatique, aux  fichiers et aux  libertés, dans sa  rédaction applicable à  la date de  la décision statuant sur la demande du 16 août 2004 : La personne concernée par un traitement de données à  caractère  personnel  est  celle  à  laquelle  se  rapportent  les  données  qui  font  l’objet  du traitement. ; qu’aux  termes  de  l’article  39  de  cette même  loi  dans  sa  rédaction  applicable  :  I. Toute  personne  physique  justifiant  de  son  identité  a  le  droit  d’interroger  le  responsable  d’un traitement de données à caractère personnel en vue d’obtenir : / (...) 4° La communication, sous une forme accessible, des données à caractère personnel qui la concernent (...) ; qu’aux termes de l’article 5 de l’arrêté du 14 juin 1982 relatif à l’extension d’un système automatisé de gestion du fichier  des  comptes  bancaires,  dit  fichier  FICOBA,  dans  la  version  applicable  à  la  date  de  la décision statuant sur la demande du 16 août 2004 : Le droit d’accès prévu par l’article 34 [devenu l’article 39] de la loi n° 78‐17 du 6 janvier 1978 s’exerce auprès du centre des impôts du domicile fiscal du titulaire ; 

Considérant  qu’en  jugeant,  pour  annuler  la  décision  implicite  de  l’administration  rejetant  la demande  des  consorts  A,  que  ceux‐ci  devaient  être  regardés,  en  leur  qualité  d’ayants  droit héritant des  soldes des comptes bancaires de  leur  tante, comme des personnes concernées au sens de l’article 39 de la loi du 6 janvier 1978, et bénéficiaient, sur ce fondement, de la possibilité d’accès qu’il prévoit, le tribunal administratif de Melun n’a pas commis d’erreur de droit ; que si les modalités d’accès au fichier FICOBA ont été modifiées postérieurement à la décision de refus, le  tribunal  administratif  en  a,  à  bon  droit,  tenu  compte  en  statuant  sur  les  conclusions  à  fin d’injonction ; que, dès lors, le ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de l’Etat n’est pas fondé à demander l’annulation du jugement attaqué ; 

D E C  I D E  :Article 1er  : Le pourvoi du MINISTRE DU BUDGET, DES COMPTES PUBLICS ET DE LA REFORME DE L’ETAT est rejeté. 

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ADRESSES UTILES 

 

▪ Cnil (Ficoba) 

8, rue Vivienne  

CS 30223  

75083 Paris cedex 02 

Téléphone : +33 (0)1 53 73 22 22 

Fax : +33 (0)1 53 73 22 00 

 

▪ Agira 

1 rue Jules Lefebvre 

75431 PARIS CEDEX 09 

 

La demande auprès de l’AGIRA est gratuite et s’effectue par courrier simple. Elle doit comporter obligatoirement : 

‐ les nom, prénoms et adresse du ou des bénéficiaires 

‐ les nom, prénoms et dates de naissance et de décès du ou des défunts 

‐ la copie de l’acte ou du certificat de décès 

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 Article L151 B du Livre des procédures fiscales (applicable à compter du 1er janvier 2016) 

 1.  Le  notaire  chargé  d'établir  l'actif  successoral  en  vue  du  règlement  de  la  succession  pour laquelle  il  a  été  mandaté  demande  à  l'administration  fiscale  et  obtient  de  celle‐ci  la communication des informations détenues par celle‐ci en application de l'article 1649 A du code général des impôts, afin d'identifier l'ensemble des comptes bancaires ouverts au nom du défunt.  

En vue du règlement d'une succession,  les ayants droit obtiennent de  l'administration fiscale  les informations mentionnées au premier alinéa du présent 1. 

2. Le notaire chargé d'établir l'actif successoral en vue du règlement de la succession pour laquelle il a été mandaté obtient, sur sa demande, auprès de l'administration fiscale la communication des informations détenues par celle‐ci en application du  I de  l'article 1649  ter du code général des impôts, afin d'identifier l'ensemble des contrats de capitalisation souscrits par le défunt.  

Le notaire joint à sa demande le mandat l'autorisant à agir au nom des ayants droit.  

3.  Le  notaire mandaté  par  le  bénéficiaire  éventuel  d'un  contrat  d'assurance  sur  la  vie  dont  le défunt était l'assuré obtient, sur sa demande auprès de l'administration fiscale, la communication des informations détenues par celle‐ci en application du même I et relatives aux contrats dont le mandant est  identifié comme bénéficiaire, à  l'exclusion des  informations relatives à d'éventuels tiers bénéficiaires.  

Le notaire joint à sa demande le mandat l'autorisant à agir au nom du bénéficiaire éventuel. 

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C.] Détermination du passif successoral 

1. Principes généraux 

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CRIDON Nord-Est

Courriel : [email protected] Site : http://www.cridon-ne.org

Certifié ISO 9001 version 2000

9 RUE DE PUÉBLA. 59042 LILLE CEDEX. Téléphone: 03 28 38 18 38 Télécopie 03 20 30 64 92

FLASH N° 7/2013

PRESCRIPTION DES ANCIENNES DETTES : LES JOURS SONT COMPTÉS !

ATTENTION :

La présente étude ne concerne que les dettes soumises à la prescription de droit commun. Pour les dettes soumises à une prescription spéciale, il convient de se reporter aux dispositions les régissant spécifiquement.

La loi n° 2008-561 du 17 juin 2008 portant réforme de la prescription en matière civile a notamment réduit la durée de la prescription de droit commun : de trentenaire (anc. art. 2262 C. civ.) elle est désormais quinquennale (art. 2224 C. civ.).

Au titre des dispositions transitoires, l’article 26 de la loi précise que :

« I. ― Les dispositions de la présente loi qui allongent la durée d'une prescription s'appliquent lorsque le délai de prescription n'était pas expiré à la date de son entrée en vigueur. Il est alors tenu compte du délai déjà écoulé.

II. ― Les dispositions de la présente loi qui réduisent la durée de la prescription s'appliquent aux prescriptions à compter du jour de l'entrée en vigueur de la présente loi, sans que la durée totale puisse excéder la durée prévue par la loi antérieure.

III. ― Lorsqu'une instance a été introduite avant l'entrée en vigueur de la présente loi, l'action est poursuivie et jugée conformément à la loi ancienne. Cette loi s'applique également en appel et en cassation ».

La loi du 17 juin 2008 a été publiée au JO du 18 juin de la même année. La loi est donc entrée en vigueur le lendemain de cette publication, soit le 19 juin 2008 (art. 1er C. civ. ; Cass. 1re civ., 16 mai 2012, n° 11-16.239). En application des dispositions transitoires, les dettes antérieures au 19 juin 2008 seront donc prescrites au maximum le 19 juin 2013.

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Bien évidemment, ces règles ne s’appliquent que dans la mesure où la prescription a bien commencé à courir et qu’il n’existe pas de cause d’interruption ou de suspension de la prescription opposable au débiteur.

Prenons un cas concret : une dette soumise à la prescription de droit commun est née le 19 juin 2007. Le cumul de l’année écoulée entre cette date et le 19 juin 2008 et des cinq années du 19 juin 2018 au 19 juin 2013 (six ans en tout) étant inférieure à l’ancienne prescription trentenaire, cette dette sera prescrite le 19 juin 2013.

Ceci signifie par exemple qu’une succession qui paraissait déficitaire jusqu’à présent pourra désormais être considérée comme bénéficiaire si tout ou partie des dettes se trouvent éteintes par la prescription.

Pour un autre exemple – le paiement des créances de salaire différé – nous nous permettons de vous renvoyer à la note rédigée par Mme Gain, « La prescription du salaire différé : actionner ou interrompre la prescription avant le 18 juin 2013 », parue dans la News-Letter du Cridon Nord-Est du 28 mai 2013.

De manière générale, le notaire, mandataire d’un créancier ou d’un débiteur, doit garder en tête ces nouvelles règles relatives à la prescription afin soit de conseiller en temps utile l’interruption ou la suspension de la prescription de la dette, soit d’invoquer la prescription en présence d’une demande formulée par un créancier.

Sous réserve qu’il n’existe pas de cause d’interruption ou de suspension de la prescription, la date du 19 juin 2013 sonnera le glas de nombreuses dettes !

S’agissant des causes d’interruption ou de suspension de la prescription :

- Les actions personnelles ou mobilières se prescrivent par cinq ans à compter du jour où le titulaire d'un droit a connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant de l'exercer (art. 2224 C. civ.). L’ignorance de l’existence de la dette empêche celle-ci de courir.

- La prescription ne court pas à l'égard d'une créance qui dépend d'une condition, jusqu'à ce que la condition arrive, à l'égard d'une action en garantie, jusqu'à ce que l'éviction ait lieu et à l'égard d'une créance à terme, jusqu'à ce que ce terme soit arrivé (art. 2233 C. civ.).

- La prescription ne court pas ou est suspendue contre celui qui est dans l'impossibilité d'agir par suite d'un empêchement résultant de la loi, de la convention ou de la force majeure (art. 2234 C. civ.).

Page 47: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

3

- Elle ne court pas ou est suspendue contre les mineurs non émancipés et les majeurs en tutelle, sauf pour les actions en paiement ou en répétition des salaires, arrérages de rente, pensions alimentaires, loyers, fermages, charges locatives, intérêts des sommes prêtées et, généralement, les actions en paiement de tout ce qui est payable par années ou à des termes périodiques plus courts (art. 2235 C. civ.).

- Elle ne court pas ou est suspendue entre époux, ainsi qu'entre partenaires liés par un pacte civil de solidarité (art. 2236 C. civ.).

- Elle ne court pas ou est suspendue contre l'héritier acceptant à concurrence de l'actif net, à l'égard des créances qu'il a contre la succession (art. 2237 C. civ.)

- La prescription est suspendue à compter du jour où, après la survenance d'un litige, les parties conviennent de recourir à la médiation ou à la conciliation ou, à défaut d'accord écrit, à compter du jour de la première réunion de médiation ou de conciliation. La prescription est également suspendue à compter de la conclusion d'une convention de procédure participative (art. 2238 C. civ.).

- La prescription est également suspendue lorsque le juge fait droit à une demande de mesure d'instruction présentée avant tout procès (art. 2239 C. civ.).

- La reconnaissance par le débiteur du droit de celui contre lequel il prescrivait interrompt le délai de prescription (art. 2240 C. civ.).

ATTENTION :

Il convient de s’assurer qu’un courrier émanant du débiteur ou de son mandataire ne contienne pas de reconnaissance de dette. La vigilance dans l’envoi de ces courriers, par exemple dans le cadre du règlement d’une succession, s’impose.

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- La demande en justice, même en référé, interrompt le délai de prescription ainsi que le délai de forclusion (art. 2241 C. civ.).

ATTENTION :

La jurisprudence retient qu’une demande formulée dans le cadre d’un PV de difficultés vaut interruption de la prescription (v. par ex. Cass. 1re civ., 6 déc. 2005, Bull. civ. 2005, I, n° 480). Le notaire rédacteur d’un tel procès-verbal, en particulier un acte dressé avant le 19 juin 2013, devra être particulièrement attentif à ce point.

- Le délai de prescription ou le délai de forclusion est également interrompu par une mesure conservatoire prise en application du code des procédures civiles d'exécution ou un acte d'exécution forcée (art. 2244 C. civ.)

ATTENTION :

Rappelons au surplus que l’exécution d’une décision de justice peut être poursuivie dans un délai de 10 ans (art. L. 111-4 C. proc. civ. ex.)

- L'interpellation faite à l'un des débiteurs solidaires par une demande en justice ou par un acte d'exécution forcée ou la reconnaissance par le débiteur du droit de celui contre lequel il prescrivait interrompt le délai de prescription contre tous les autres, même contre leurs héritiers.

- En revanche, l'interpellation faite à l'un des héritiers d'un débiteur solidaire ou la reconnaissance de cet héritier n'interrompt pas le délai de prescription à l'égard des autres cohéritiers, même en cas de créance hypothécaire, si l'obligation est divisible. Cette interpellation ou cette reconnaissance n'interrompt le délai de prescription, à l'égard des autres codébiteurs, que pour la part dont cet héritier est tenu. Pour interrompre le délai de prescription pour le tout, à l'égard des autres codébiteurs, il faut l'interpellation faite à tous les héritiers du débiteur décédé ou la reconnaissance de tous ces héritiers. (art. 2245 C. civ.).

- L'interpellation faite au débiteur principal ou sa reconnaissance interrompt le délai de prescription contre la caution (art. 2246 C. civ.).

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5

Rappelons enfin que le débiteur peut renoncer à invoquer la prescription, cette renonciation pouvant être expresse ou tacite. La renonciation tacite résulte de circonstances établissant sans équivoque la volonté de ne pas se prévaloir de la prescription (art. 2251 C. civ.).

Or, pour la jurisprudence traditionnelle, le paiement d’une dette prescrite vaut le plus souvent renonciation à la prescription (v. par ex. Cass. civ., 18 déc. 1883, DP 1884, 1, p. 364). Attention donc aux paiements irréfléchis !

Lille, le 7 juin 2013

La consultante, Le Directeur,

S. LE CHUITON D. BOULANGER

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45 

 

2. Le « vieux » jugement 

 Article L111‐4 du Code des procedures civiles d’exécution 

L'exécution  des  titres  exécutoires  mentionnés  aux  1°  à  3°  de l'article  L.  111‐3 ne  peut  être poursuivie  que  pendant  dix  ans,  sauf  si  les  actions  en  recouvrement  des  créances  qui  y  sont constatées se prescrivent par un délai plus long. 

Le délai mentionné à l'article 2232 du code civil n'est pas applicable dans le cas prévu au premier alinéa. 

 

3. La question des prêts 

 Article L137‐2 du code de la consommation 

L’action des professionnels, pour les biens ou les services qu’ils fournissent au consommateur, se prescrit par deux ans. 

 

4. La question de l’aide sociale 

 Art. 2224 du Code civil 

Les actions personnelles ou mobilières se prescrivent par cinq ans à compter du jour où le titulaire d'un droit a connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant de l'exercer. 

 Article R131‐6 du Code action sociale et familiale 

En cas de décès d'un bénéficiaire de  l'aide sociale,  le maire avise  le service d'aide sociale chargé du mandatement des allocations dans le délai de dix jours à compter soit du décès, soit de la date à laquelle celui‐ci est porté à sa connaissance en application de l'article 80 du code civil. 

Lorsque  le  décès  se  produit  dans  un  établissement  de  santé  ou  dans  un  établissement d'hébergement  social  ou  médico‐social,  l'obligation  prévue  au  premier  alinéa  incombe  au directeur de l'établissement. 

 

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46 

 

 II. GESTION DE LA SUCCESSION  

 

A.] Détermination de l’option successorale 

 Article 784 du Code civil 

Les  actes  purement  conservatoires  ou  de  surveillance  et  les  actes  d'administration  provisoire peuvent être accomplis sans emporter acceptation de la succession, si le successible n'y a pas pris le titre ou la qualité d'héritier. 

Tout autre acte que requiert  l'intérêt de  la succession et que  le successible veut accomplir sans prendre le titre ou la qualité d'héritier doit être autorisé par le juge. 

Sont réputés purement conservatoires : 

1°  Le paiement des  frais  funéraires  et de dernière maladie, des  impôts dus par  le défunt, des loyers et autres dettes successorales dont le règlement est urgent ; 

2° Le recouvrement des fruits et revenus des biens successoraux ou la vente des biens périssables, à charge de justifier que les fonds ont été employés à éteindre les dettes visées au 1° ou ont été déposés chez un notaire ou consignés ; 

3° L'acte destiné à éviter l'aggravation du passif successoral. 

Sont réputés être des actes d'administration provisoire  les opérations courantes nécessaires à  la continuation à court terme de l'activité de l'entreprise dépendant de la succession. 

Sont également réputés pouvoir être accomplis sans emporter acceptation tacite de la succession le renouvellement, en tant que bailleur ou preneur à bail, des baux qui, à défaut, donneraient lieu au paiement d'une  indemnité, ainsi que  la mise en oeuvre de décisions d'administration ou de disposition engagées par le défunt et nécessaires au bon fonctionnement de l'entreprise. 

 

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n° 14037*02

Renonciation à succession (Articles 804, 724-1, 768 et suivants du code civil et 1339 du code de procédure civile)

Nous vous invitons à prendre connaissance de la notice avant de remplir votre formulaire.

Vous voudrez bien cocher les cases correspondant à votre situation, renseigner les rubriques qui s’y rapportent et signer votre formulaire.

1 - Renseignements vous concernant :

Votre nom de famille : _______________________________________________________________________

Votre nom d’usage (exemple : nom d’époux (se)) ____________________________________________

Vos prénoms : _______________________________________________________________________________

Votre adresse : ______________________________________________________________________________

Code postal : I__I__I__I__I__I Commune : ____________________________________________________

Pays : _______________________________________________________________________________________

Votre numéro de téléphone: I__I__I__I__I__I__I__I__I__I__I

Votre adresse courriel : ______________________@_______________________________________________

Votre profession : ____________________________________________________________________________

Votre lien de parenté avec le défunt : ________________________________________________________

• Si vous représentez la personne héritière : (si vous êtes le père et la mère d’un enfant mineur exerçant en commun l'autorité parentale, en ce cas cocher 2 cases ci-dessous et signez tous les deux)

Vous êtes : Son père sa mère son tuteur

Autre (à préciser) _____________________________________________________________

1

Nous sommes là pour vous aider

Page 53: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

veuillez indiquer :

son nom de famille : _________________________________________________________________________

son nom d’usage (ex. nom d’époux (se)) :_____________________________________________________

son (ses) prénoms : ___________________________________________________________________________

sa profession : _______________________________________________________________________________

son lien de parenté avec le défunt : __________________________________________________________

•Si vous êtes assisté(e) de votre curateur, veuillez indiquer :

Son nom: ___________________________________________________________________________________

Son adresse: ________________________________________________________________________________

Code postal I__I__I__I__I__I Commune : ____________________________________________________

Pays : _______________________________________________________________________________________

Numéro de téléphone I__I__I__I__I__I__I__I__I__I__I

Adresse courriel : _____________________@______________________________________________________

Votre curateur doit aussi signer ce formulaire.

2 - Le successible est une personne morale :

Vous êtes son représentant légal, après avoir complété votre état civil au paragraphe -1- du présent formulaire, veuillez donner ci-après les renseignements concernant l’organisme que vous représentez :

Sa dénomination : ___________________________________________________________________________

Vous la représentez en qualité de_____________________________________________________________

Son adresse: _______________________________________________________________________________

Code postal I__I__I__I__I__I Commune ______________________________________________________

Son numéro de téléphone : I__I__I__I__I__I__I__I__I__I__I

Son adresse courriel : ______________________@_________________________________________________

3 - Renseignements concernant le défunt :

Son nom de famille : _________________________________________________________________________

Son nom d’usage (exemple : nom d’époux (se)) : _____________________________________________

Ses prénoms : ________________________________________________________________________________

Sa date de naissance I__I__I__I__I__I__I__I__I 2

Page 54: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

Adresse de son dernier domicile : _____________________________________________________________

Code postal I__I__I__I__I__I Commune : _______________________________________________________

Pays: ________________________________________________________________________________________

Décédé(e) le I__I__I__I__I__I__I__I__I à : _______________________________________________________

Commune : _________________________________________________________________________________

Code postal: I__I__I__I__I__I ou pays ___________________________________________________________

4 - Votre demande :

Je demande au greffier du tribunal de grande instance d’enregistrer ma présente déclaration de renonciation et de m’en donner récépissé.

Cochez la case correspondant à votre situation :

Je déclare, en qualité d’héritier légal du défunt désigné ci-dessus, renoncer à sa succession

Je déclare, en qualité d’héritier testamentaire du défunt désigné ci-dessus, renoncer au(x) legs suivant(s) : ________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

N’oubliez pas de joindre à votre demande toutes les pièces justificatives nécessaires à l’examen de votre déclaration.

Vous trouverez la liste des pièces à joindre en dernière page de la notice de ce formulaire.

3

Page 55: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

5- signature de la déclaration :

déclaration faite par un seul déclarant (en cas d’assistance du curateur voir en fin de formulaire)

Fait le I__I__I__I__I__I__I__I__I à _______________________________________________________________

Nom et prénom du déclarant :_______________________________________________________________

Votre signature :

déclaration faite par les deux parents au nom d’un enfant mineur (exerçant en commun l'autorité parentale)

Fait le I__I__I__I__I__I__I__I__I à _______________________________________________________________

Nom et prénom du père : ___________________________________________________________________

signature du père :

Fait le I__I__I__I__I__I__I__I__I à _______________________________________________________________

Nom et prénom de la mère : ________________________________________________________________

signature de la mère :

déclaration faite avec l’assistance du curateur :

Fait le I__I__I__I__I__I__I__I__I à _______________________________________________________________

Nom et prénom du curateur :________________________________________________________________

signature :

La loi n°78-17 du 6 janvier 1978 relative aux fichiers nominatifs garantit un droit d’accès et de rectification des données

auprès des organismes destinataires de ce formulaire.

4

Page 56: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

1

Nous sommes là pour vous aider

n°51411#02

Renonciation à succession (Articles 804, 724-1, 768 et suivants du code civil et 1339 du code de procédure civile)

NOTICE1

Si vous êtes héritier désigné par la loi ou par un testament, vous pouvez accepter ou renoncer à la succession. Cette notice et le formulaire qui l’accompagne, vous permettent de refuser la succession. L’article 771 du code civil vous accorde un délai minimal de 4 mois à compter du jour du décès pour décider d’accepter ou de refuser une succession : pendant cette période, on ne peut vous obliger à faire un choix mais vous pouvez tout à fait, si vous le souhaitez, renoncer immédiatement après le décès. Pour être opposable* aux tiers, la renonciation faite par l’héritier ou par le légataire universel *ou à titre universel* doit être obligatoirement adressée ou déposée au greffe du tribunal de grande instance (art.1339 du code de procédure civile) en utilisant le formulaire ci-joint. Il vous suffit de le compléter et de l’envoyer, après avoir lu cette notice qui vous guidera pour renseigner les différentes rubriques. Elle est accompagnée de la liste des pièces à joindre et vous explique certains des termes employés (lexique).

Conseils pour remplir votre demande :

Paragraphe 1 : «renseignements vous concernant»

Les renseignements demandés à ce paragraphe, concernent la personne qui signe la déclaration. Remplissez cette partie avec soin, ces informations étant indispensables au tribunal pour établir le récépissé. Le formulaire peut être utilisé que vous renonciez personnellement ou au nom et pour le compte d’un héritier* ou légataire*.

Lorsque vous n’êtes pas personnellement héritier ou légataire, par exemple lorsque vous renoncez au nom de votre enfant mineur ou au nom d’une société, d’une association (personnes morales), vous devez compléter les rubriques concernant l’héritier ou le légataire ou la personne morale (voir explications en page suivante paragraphe 2).

1 Les mots accompagnés d’un astérisque * sont expliqués dans le lexique

Page 57: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

2

Lorsque vous bénéficiez d’une mesure de curatelle, votre curateur doit signer la renonciation avec vous.

Lorsque vous renoncez au nom d’un enfant mineur ou d’une personne majeure bénéficiant d’une mesure de tutelle, vous devez, d’abord, demander au juge des tutelles l’autorisation de le faire. Il s’agit selon le cas :

- du juge aux affaires familiales (J.A.F) exerçant les fonctions de juge des tutelles du

tribunal de grande instance du domicile du représentant légal* du mineur ;

- du juge des tutelles du tribunal d’instance de la résidence de la personne sous tutelle.

Vous joindrez la copie de l’ordonnance rendue, à votre formulaire de renonciation à succession.

Paragraphe 2 : le successible est une personne morale

Seule, la personne qui a qualité pour représenter la personne morale, peut signer valablement la renonciation à succession ou à un legs. Si vous n’avez pas cette qualité, vous devrez justifier d’un mandat ou d’une procuration qui sera annexé à l’acte de renonciation. Veuillez indiquer à quel titre vous agissez : président, maire, gérant….selon la personne morale que vous représentez.

Paragraphe 3 : renseignements concernant le défunt :

Afin d’éviter tout risque d’erreur (homonymie), cette partie doit être complétée à l’aide de la copie intégrale de l’acte de naissance du défunt ou d’un autre acte d’état civil le concernant. En application de l’article 720 du code civil « les successions s’ouvrent par la mort, au dernier domicile du défunt *» c'est-à-dire que c’est cette adresse qui détermine le tribunal auquel vous devez envoyer ou remettre votre renonciation. Ex : Si vous êtes domicilié à PARIS, que le dernier domicile du défunt est à EVIAN, vous devez rechercher le tribunal compétent* pour la ville d’EVIAN, vous enverrez donc votre formulaire au tribunal de grande instance de THONON LES BAINS.

Vous trouverez l’adresse des tribunaux sur le site : http://www.justice.gouv.fr/recherche-juridictions/consult.php

Paragraphe 4 : votre demande :

Veuillez cocher la case correspondant à votre situation. Vous disposez de quelques lignes pour apporter toutes les précisions que vous jugez utiles à la rubrique «observations».

Page 58: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

3

Paragraphe 5 : signature de la déclaration

N'oubliez pas de dater et signer votre déclaration de renonciation. Les deux parents doivent signer la déclaration de renonciation au nom et pour le compte de leur enfant, dès lors qu’ils exercent en commun l’autorité parentale. Dans le cas, où un seul des parents exerce l’autorité parentale (par exemple lorsque l’un des parents est décédé ou lorsque qu’est intervenue une décision judiciaire de retrait de l’autorité parentale), seul ce parent signe la déclaration de renonciation. Vous recevrez ultérieurement, par lettre simple, un récépissé de votre renonciation que vous devrez conserver et qui vous permettra de justifier de votre démarche, notamment à l’égard des créanciers de la succession qui tenteraient de vous poursuivre.

A qui adresser votre demande ?

Votre demande doit être adressée par lettre simple, ou déposée au greffe du tribunal de grande instance du lieu d’ouverture de la succession, qui correspond au dernier domicile du défunt (article 720 du code civil). N’omettez pas de joindre les pièces énumérées dans la liste du formulaire rappelée ci-après. Les coordonnées du tribunal de grande instance compétent sont accessibles sur le site Internet du ministère de la Justice, sur le lien suivant : http://www.justice.gouv.fr/recherche-juridictions/consult.php

Liste des pièces à joindre

I - Les documents ci-après doivent dans tous les cas accompagner votre déclaration de renonciation à succession :

- la copie intégrale de l’acte de décès ; - la copie intégrale de l’acte de naissance de l’héritier ou du légataire ; - la copie d’un justificatif d’identité du signataire de la renonciation : carte d’identité française (2 faces) ou étrangère, carte de séjour temporaire, carte de résident, carte de ressortissant d'un Etat membre de l'Union européenne ou de l'Espace économique européen.

II- de plus, selon le cas, veuillez joindre : ► Si vous êtes sous curatelle : - la copie du jugement nommant le curateur ; - la copie du justificatif d’identité de votre curateur. ► Si vous représentez un enfant mineur : - la copie intégrale de l’acte de naissance de l’enfant ; - la copie de l'ordonnance du juge des tutelles vous autorisant à renoncer pour le compte de votre enfant.

Page 59: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

4

► Si vous représentez une personne sous tutelle :la copie de la décision du juge des tutelles vous autorisant à renoncer pour le compte de la personne protégée.

► Si vous représentez une personne morale, vous devez joindre : - le document justifiant de votre capacité à représenter la personne morale. ► Si vous avez mandat de signer la renonciation au nom d’un héritier : - copie du mandat ; - copie de la carte d’identité du mandant.

LEXIQUE DES TERMES EMPLOYES

Ce lexique a pour but de vous expliquer de manière simple des réalités juridiques complexes, pour connaître exactement l’étendue de vos droits vous pouvez consulter directement le code civil et le code de procédure civile sur LEGIFRANCE à l’adresse ci-

après : http://www.legifrance.gouv.fr/

OUVERTURE D’UNE SUCCESSION : (art. 720 du code civil) l’ouverture d’une succession se produit au moment de la mort d’une personne. Ce n’est donc qu’à partir de ce moment que vous pouvez adresser votre formulaire de renonciation au greffe du tribunal. Le lieu de l’ouverture de la succession est fixé par la loi au dernier domicile du défunt, ce lieu détermine le tribunal de grande instance auquel vous devez vous adresser. COMPETENT : le tribunal compétent est celui qui a seul, par application de la loi, le pouvoir d’enregistrer votre renonciation OPPOSABLE AUX TIERS : se dit d’une situation, de fait ou de droit, qui ne peut être ignoré par les autres auxquels vous la faites connaître pour vous protéger : ainsi, si le défunt a laissé des dettes, vous pouvez opposer votre renonciation au créancier qui viendrait vous en réclamer le paiement. Le créancier devra tenir compte de votre renonciation et vous ne serez pas tenu de payer. HERITIER : toute personne qui a droit, de par la loi ou en application d’un testament, à une part d’une succession ou à la totalité de cette dernière. LEGS : bien donné par testament à une personne. LEGATAIRE : toute personne qui reçoit un bien en exécution d’un testament. Il existe trois catégories de légataires : - le légataire universel qui reçoit la totalité des biens disponibles,

- le légataire à titre universel qui reçoit une fraction de la succession,

- le légataire particulier qui reçoit un ou plusieurs biens déterminés. REPRESENTANT LEGAL : personne qui a le pouvoir d’agir au nom d’une autre, par exemple les parents pour leurs enfants mineurs, le gérant pour sa société…

Page 60: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

49 

 

 Article 806 du Code civil 

Le renonçant n'est pas tenu au paiement des dettes et charges de la succession. Toutefois, il est tenu  à  proportion  de  ses  moyens  au  paiement  des  frais  funéraires  de  l'ascendant  ou  du descendant à la succession duquel il renonce. 

 

 Article L132‐8 du Code des assurances 

Le capital ou  la rente garantis peuvent être payables  lors du décès de  l'assuré à un ou plusieurs bénéficiaires déterminés.  

Est  considérée  comme  faite  au profit de bénéficiaires déterminés  la  stipulation par  laquelle  le bénéfice  de  l'assurance  est  attribué  à  une  ou  plusieurs  personnes  qui,  sans  être  nommément désignées,  sont  suffisamment  définies  dans  cette  stipulation  pour  pouvoir  être  identifiées  au moment de l'exigibilité du capital ou de la rente garantis.  

Est  notamment  considérée  comme  remplissant  cette  condition  la  désignation  comme bénéficiaires des personnes suivantes : 

‐les enfants nés ou à naître du contractant, de l'assuré ou de toute autre personne désignée ; 

‐les héritiers ou ayants droit de l'assuré ou d'un bénéficiaire prédécédé.  

L'assurance  faite au profit du  conjoint profite à  la personne qui a  cette qualité au moment de l'exigibilité.  

Les  héritiers,  ainsi  désignés,  ont droit  au bénéfice  de  l'assurance  en proportion  de  leurs  parts héréditaires. Ils conservent ce droit en cas de renonciation à la succession.  

En  l'absence  de  désignation  d'un  bénéficiaire  dans  la  police  ou  à  défaut  d'acceptation  par  le bénéficiaire, le contractant a le droit de désigner un bénéficiaire ou de substituer un bénéficiaire à un autre. Cette désignation ou cette substitution ne peut être opérée, à peine de nullité, qu'avec l'accord  de  l'assuré,  lorsque  celui‐ci  n'est  pas  le  contractant.  Cette  désignation  ou  cette substitution  peut  être  réalisée  soit  par  voie  d'avenant  au  contrat,  soit  en  remplissant  les formalités édictées par l'article 1690 du code civil, soit par voie testamentaire.  

Lorsque  l'assureur  est  informé  du  décès  de  l'assuré,  l'assureur  est  tenu  de  rechercher  le bénéficiaire, et, si cette recherche aboutit, de l'aviser de la stipulation effectuée à son profit. 

 

 

 

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50 

 

 Conseil d’Etat N° 316881 

Lecture du mercredi 21 octobre 2009 

Vu  la  convention  européenne  de  sauvegarde  des  droits  de  l’homme  et  des  libertés fondamentales ;  

Vu le code de l’action sociale et des familles ;  

Vu le code des assurances ;  

Vu le code civil ; 

Vu le code de justice administrative ; 

Après avoir entendu en séance publique : 

‐ le rapport de M. Pascal Trouilly, Maître des Requêtes,  

‐  les  observations  de  la  SCP Masse‐Dessen,  Thouvenin,  avocat  de M.  A  et  de  la  SCP  Gadiou, Chevallier, avocat du département de la Seine‐Saint‐Denis,  

‐ les conclusions de M. Luc Derepas, rapporteur public ; 

Sur le bien‐fondé de la récupération, par le département de la Seine‐Saint‐Denis, de la somme de 41 099, 44 euros : 

Considérant, d’une part, qu’en vertu des dispositions de  l’article 146 du code de  la famille et de l’aide sociale, ultérieurement reprises au 2° de l’article L. 132‐8 du code de l’action sociale et des familles, dans leur rédaction applicable à la date de l’ouverture des droits à l’aide sociale de Mme Irma  B,  une  action  en  récupération  est  ouverte  au  département,  notamment  b)  contre  le donataire  lorsque  la  donation  est  intervenue  postérieurement  à  la  demande d’aide  sociale  ou dans  les cinq ans qui ont précédé cette demande ; que, d’autre part, aux termes de  l’article 894 du code civil : La donation entre vifs est un acte par lequel le donateur se dépouille actuellement et irrévocablement de la chose donnée en faveur du donataire qui l’accepte ;  

Considérant qu’un contrat d’assurance vie soumis aux dispositions des articles L. 132‐1 et suivants du  code  des  assurances,  dans  lequel  il  est  stipulé  qu’un  capital  ou  une  rente  sera  versé  au souscripteur en cas de vie à  l’échéance prévue par  le contrat, et à un ou plusieurs bénéficiaires déterminés en cas de décès du souscripteur avant cette date, n’a pas en  lui‐même  le caractère d’une donation, au sens de l’article 894 du code civil ; que, toutefois, la qualification donnée par les parties à un contrat ne saurait faire obstacle au droit pour l’administration de l’aide sociale de rétablir, s’il y a  lieu, sa nature exacte, sous  le contrôle des  juridictions de  l’aide sociale et sous réserve pour  ces dernières, en  cas de difficulté  sérieuse, d’une question préjudicielle  ; qu’à  ce titre,  un  contrat  d’assurance  vie  peut  être  requalifié  en  donation  si,  compte  tenu  des circonstances dans  lesquelles  ce  contrat a été  souscrit,  il  révèle, pour  l’essentiel, une  intention libérale de  la part du souscripteur vis‐à‐vis du bénéficiaire et après que ce dernier a donné son acceptation ; que l’intention libérale est établie lorsque le souscripteur du contrat, eu égard à son espérance de vie et à  l’importance des primes versées par  rapport à  son patrimoine, doit être regardé, en réalité, comme s’étant dépouillé de manière à la fois actuelle et irrévocable au profit du bénéficiaire à raison du droit de créance détenu sur l’assureur ; que, dans ce cas, l’acceptation du bénéficiaire, alors même qu’elle n’interviendrait qu’au moment du versement de la prestation assurée  après  le  décès  du  souscripteur,  a  pour  effet  de  permettre  à  l’administration  de  l’aide sociale  de  le  regarder  comme  un  donataire,  pour  l’application  des  dispositions  relatives  à  la récupération des créances d’aide sociale ; 

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51 

 

Considérant  qu’il  résulte  de  l’instruction  que Mme  Irma  B  a  bénéficié  de  prestations  d’aide sociale, versées par le département de la Seine‐Saint‐Denis, pour un montant total de 76 906,67 euros, à raison de son hébergement à  la maison de retraite de  l’hôpital Muret de Sevran, entre 1999 et 2003, année de son décès ; qu’en 1994 et 1995, alors âgée, respectivement, de 81 et de 82 ans, elle avait souscrit deux contrats d’assurance vie d’une durée de huit ans prorogeable par tacite reconduction, en désignant finalement comme bénéficiaire, en 1997, son neveu, M. Roger A ; que ce dernier a perçu, après le décès de sa tante, une somme, nette d’imposition, égale à 41 099,44 euros ; que, compte tenu de  l’âge de Mme B au moment de  la souscription des contrats d’assurance  vie  litigieux  ainsi  que  de  l’importance  des  primes  versées  par  rapport  à  son patrimoine,  la souscription de ces contrats doit être regardée comme procédant d’une  intention libérale ; que, par suite, c’est à bon droit que le département de la Seine‐Saint‐Denis a estimé que M. A avait bénéficié d’une donation de la part de sa tante ;  

Considérant,  toutefois, que montant de  la  récupération doit être  fixé à  celui des  seules primes versées par Mme Irma B, soit à la somme de 38 249,46 euros ;  

Sur les conclusions tendant à l’application des dispositions de l’article L. 761‐1 du code de justice administrative : 

Considérant qu’il n’y a pas lieu, dans les circonstances de l’espèce, de faire droit aux conclusions présentées par le département de la Seine‐Saint‐Denis en application de ces dispositions ; que ces mêmes dispositions font obstacle à ce qu’il soit fait droit aux conclusions présentées à ce titre par M. A ; 

D E C I D E : Article 1er : La décision du 14 février 2008 de la commission centrale d’aide sociale et la décision du 12 septembre 2005 de  la commission départementale d’aide sociale de  la Seine‐Saint‐Denis sont annulées.  

Article 2 : Le montant de la créance du département de la Seine‐Saint‐Denis à l’égard de M. A est fixé à 38 249,46 euros.  

 

 Article 809 du Code civil  

La succession est vacante : 

1°  Lorsqu'il  ne  se  présente  personne  pour  réclamer  la  succession  et  qu'il  n'y  a  pas  d'héritier connu ; 

2° Lorsque tous les héritiers connus ont renoncé à la succession ; 

3°  Lorsque,  après  l'expiration  d'un  délai  de  six mois  depuis  l'ouverture  de  la  succession,  les héritiers connus n'ont pas opté, de manière tacite ou expresse. 

 Article 809‐1 du Code civil 

Le juge, saisi sur requête de tout créancier, de toute personne qui assurait, pour le compte de la personne décédée, l'administration de tout ou partie de son patrimoine, de toute autre personne intéressée ou du ministère public, confie la curatelle de la succession vacante, dont le régime est défini à la présente section, à l'autorité administrative chargée du domaine. 

L'ordonnance de curatelle fait l'objet d'une publicité. 

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 Article 809‐2 du Code civil 

Dès sa désignation, le curateur fait dresser un inventaire estimatif, article par article, de l'actif et du passif de  la succession par un commissaire‐priseur  judiciaire, un huissier ou un notaire, selon les  lois  et  règlements  applicables  à  ces  professions,  ou  par  un  fonctionnaire  assermenté appartenant à l'administration chargée du domaine. 

L'avis  au  tribunal,  par  le  curateur,  de  l'établissement  de  l'inventaire  est  soumis  à  la  même publicité que la décision de curatelle. 

Les créanciers et légataires de sommes d'argent peuvent, sur justification de leur titre, consulter l'inventaire et en obtenir copie. Ils peuvent demander à être avisés de toute nouvelle publicité. 

 Article 809‐3 du Code civil 

La déclaration des créances est faite au curateur. 

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B.] Mesures urgentes 

 Cour de cassation  Chambre civile 1  Audience publique du 6 février 2007  N° de pourvoi: 04‐19379  

Sur le moyen unique, pris en ses deuxième et troisième branches : 

Vu les articles 1324 du nouveau code de procédure civile et 1382 du code civil ; 

Attendu  que  Pierre  X...,  locataire  d’un  appartement  appartenant  à  la  société  l’Etoile  (la bailleresse), est décédé le 24 mars 2001, en laissant pour lui succéder ses trois enfants, Jacques, Gérard  et  Françoise,  cette  dernière  étant  placée  sous  le  régime  de  la  tutelle  ;  que, postérieurement  au  décès,  la  bailleresse  a  demandé  la  libération  de  l’appartement  et  la restitution des clefs ; que M. Y..., notaire, a transmis à la bailleresse les coordonnées des héritiers et l’a informée de l’intention de deux de ceux‐ci de renoncer à la succession ; 

que les trois héritiers ont renoncé à la succession les 29 octobre 2001, 19 février et 5 juin 2002 ; que le 1er octobre 2002, M. Y... a transmis le dossier de la succession devenue vacante ainsi que les  clefs  de  l’appartement  à  l’administration  des  domaines  ;  que  soutenant  que M.  Y...  avait commis  une  faute  en  s’abstenant  de  lui  remettre  les  clefs  de  l’appartement,  la  bailleresse  l’a assigné en paiement de dommages‐intérêts ; 

Attendu que, pour condamner M. Y... à payer à la société l’Etoile la somme de 7 000 euros à titre de dommages‐intérêts, après avoir  rappelé que  le notaire a été  informé dès  le 14 mai 2001 de l’intention  de  la  bailleresse  de  récupérer  les  lieux,  qu’à  cette  époque,  il  savait  qu’aucun  des enfants  n’avait  l’intention  de  reprendre  la  location  à  son  nom  dès  lors  que  deux  d’entre  eux avaient manifesté  leur  intention  de  renoncer  à  la  succession  et  qu’ils  n’avaient  pas  droit  à  la reprise du bail à leur nom en application de l’article 14 de la loi du 6 juillet 1989, information que la bailleresse  lui avait rappelé et qu’il aurait dû répercuter aux héritiers, ses mandataires,  l’arrêt attaqué relève que, par courrier du 26 octobre 2001, M. Jacques X... avait indiqué qu’il ne voyait aucune objection à la remise des clefs et que, le 28 octobre 2001, M. Gérard X... avait répondu à la  bailleresse  qu’il  ne  savait  pas  pourquoi  M.  Y...  ne  pouvait  le  renseigner  au  sujet  de l’appartement de son père ; que l’arrêt énonce qu’en sa qualité de professionnel du droit, M. Y... ne pouvait ignorer qu’en application de l’article 14 de la loi du 6 juillet 1989, le bail était résilié de plein  droit  par  le  décès  du  locataire  et  qu’après  s’être  assuré  de  l’absence  de  conjoints,  de concubine notoire, de partenaire lié par un pacte civil de solidarité, d’ascendant ou de personnes à  charge et de descendants  vivant depuis plus d’un an avec  le  locataire avant  son décès,  il  lui appartenait  de  procéder  sans  délai  à  la  restitution  du  logement  à  la  bailleresse  qui  la  lui demandait, restitution à laquelle aucun des descendants ne s’opposait ; que l’arrêt retient que le défaut d’intention de reprise du  logement manifesté par les successibles et  le désir concomitant de la bailleresse de reprendre possession du bien lui appartenant auraient dû conduire le notaire à la restitution des clefs du logement et à l’évacuation des objets mobiliers le garnissant et ayant appartenu au défunt  la dite  restitution étant en effet  indépendante de  l’issue de ses diligences concernant  la succession qui a finalement été déclarée vacante, et qu’en s’abstenant de ce faire et en attendant qu’après  la  renonciation des  trois  successibles à  la  succession de  leur père,  la bailleresse sollicite la désignation d’un administrateur provisoire aux fins de cette restitution, M. Y... a commis une faute dans la gestion de son mandat de notaire ; 

Attendu  qu’en  statuant  ainsi,  alors  qu’en  sa  qualité  de  notaire, M.  Y...  ne  disposait  d’aucun pouvoir propre l’autorisant à faire procéder à l’enlèvement des meubles garnissant l’appartement occupé par  le défunt et à restituer  les clefs de ce  logement à  la propriétaire,  la cour d’appel qui 

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54 

 

n’a pas  constaté que M. Y... avait  reçu des  instructions du  représentant de Mme X..., majeure protégée, a violé les textes susvisés ; 

PAR CES MOTIFS et sans qu’il y ait lieu de statuer sur la première branche du moyen : 

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il a condamné M. Y... à payer  la somme de 7 000 euros à  la société  l’Etoile,  l’arrêt rendu  le 17  juin 2004, entre  les parties, par  la cour d’appel de Paris  ;  remet,  en  conséquence,  sur  ce  point,  la  cause  et  les  parties  dans  l’état  où  elles  se trouvaient avant  ledit arrêt et, pour être  fait droit,  les  renvoie devant  la cour d’appel de Paris, autrement composée ; 

 

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 Article 1324 du Code de procédure civile 

Lorsqu'il  n'y  a  pas  de  successible  connu  et  si  le  contrat  de  location  a  pris  fin,  le  président  du tribunal de grande instance ou son délégué peut autoriser, dans les conditions prévues au premier alinéa de  l'article 1325,  le propriétaire des  locaux à  faire enlever  les meubles et à  les  faire soit déposer dans un autre lieu, soit cantonner dans une partie du local qui était occupé par le défunt. Les frais d'enlèvement et de conservation des meubles sont avancés par le propriétaire.  

L'huissier de justice assiste au déplacement des meubles et dresse procès‐verbal des opérations.  

Si  des  scellés  avaient  été  apposés,  il  les  lève  puis  les  réappose  sur  les  lieux  dans  lesquels  les meubles sont déposés ou cantonnés, dans les conditions prévues à l'article 1322.  

Lorsqu'il avait été dressé un état descriptif, l'huissier de justice assure la clôture des lieux où sont déposés ou cantonnés les meubles et il conserve les clés. 

C.] Le paiement du passif successoral 

1. Principes généraux 

 Article 1372 du Code civil 

Lorsque volontairement on gère l'affaire d'autrui, soit que le propriétaire connaisse la gestion, soit qu'il  l'ignore,  celui  qui  gère  contracte  l'engagement  tacite  de  continuer  la  gestion  qu'il  a commencée, et de  l'achever jusqu'à ce que  le propriétaire soit en état d'y pourvoir  lui‐même ;  il doit se charger également de toutes les dépendances de cette même affaire. 

Il se soumet à toutes les obligations qui résulteraient d'un mandat exprès que lui aurait donné le propriétaire. 

 

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2. Frais funéraires et succession déficitaire (ou de  la nécessité de  la vacance) 

a. En l’absence de saisie 

 Article  784 du code civil 

Les  actes  purement  conservatoires  ou  de  surveillance  et  les  actes  d'administration  provisoire peuvent être accomplis sans emporter acceptation de la succession, si le successible n'y a pas pris le titre ou la qualité d'héritier. 

Tout autre acte que requiert  l'intérêt de  la succession et que  le successible veut accomplir sans prendre le titre ou la qualité d'héritier doit être autorisé par le juge. 

Sont réputés purement conservatoires : 

1°  Le paiement des  frais  funéraires  et de dernière maladie, des  impôts dus par  le défunt, des loyers et autres dettes successorales dont le règlement est urgent ; 

2° Le recouvrement des fruits et revenus des biens successoraux ou la vente des biens périssables, à charge de justifier que les fonds ont été employés à éteindre les dettes visées au 1° ou ont été déposés chez un notaire ou consignés ; 

3° L'acte destiné à éviter l'aggravation du passif successoral. 

Sont réputés être des actes d'administration provisoire  les opérations courantes nécessaires à  la continuation à court terme de l'activité de l'entreprise dépendant de la succession. 

Sont également réputés pouvoir être accomplis sans emporter acceptation tacite de la succession le renouvellement, en tant que bailleur ou preneur à bail, des baux qui, à défaut, donneraient lieu au paiement d'une  indemnité, ainsi que  la mise en oeuvre de décisions d'administration ou de disposition engagées par le défunt et nécessaires au bon fonctionnement de l'entreprise. 

 Article L312‐1‐4 du Code monétaire et financier  

La personne qui a qualité pour pourvoir aux funérailles du défunt peut obtenir, sur présentation de  la  facture des obsèques,  le débit  sur  les  comptes de paiement du défunt, dans  la  limite du solde créditeur de ces comptes, des sommes nécessaires au paiement de tout ou partie des frais funéraires, auprès des banques  teneuses desdits comptes, dans  la  limite d'un montant  fixé par arrêté du ministre chargé de l'économie.  

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 Arrêté du 25 octobre 2013 relatif au règlement des frais funéraires 

Le montant mentionné à l'article L. 312‐1‐4 du code monétaire et financier est fixé à 5 000 euros. Ce montant est revalorisé annuellement en fonction de l'indice INSEE des prix à la consommation hors tabac. 

 

b. En cas de saisie 

Cour de cassation 

Chambre civile 1 

Audience publique du mercredi 10 juillet 2013 

N° de pourvoi: 12‐25255 

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant : 

Sur le moyen unique, pris en sa première branche : 

Vu l'article 1382 du code civil, ensemble les articles 29 et 43 de la loi n° 91‐650 du 9 juillet 1991 alors en vigueur ; 

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que M. A... et Mme B... ont, pour l'acquisition d'un appartement en indivision,  contracté  un  emprunt  auprès  de  la  Banque  populaire  du  Nord  (la  banque)  ;  qu'à l'occasion de la revente de ce bien, ils ont chargé leur notaire dépositaire du prix, la SCP X...‐ Y...‐ Z...  (le  notaire),  de  désintéresser  la  banque  et  de  procéder  ensuite  au  partage  du  solde  leur revenant  ;  que  la  Communauté  européenne  a  pratiqué  entre  les mains  du  notaire  une  saisie‐attribution à l'encontre de M. A... pour obtenir le paiement d'une somme due en exécution d'une décision  définitive  de  la  juridiction  répressive  (Paris,  30  avril  2003),  mesure  qui  n'a  pas  été contestée  ; que  le notaire a, dans ces conditions,  refusé de désintéresser  la banque,  laquelle a engagé une action en paiement contre ses débiteurs qui ont alors recherché la responsabilité de l'officier public ; 

Attendu  que  pour  condamner  le  notaire  à  garantir  les  consorts  A...‐  B...  d'une  partie  des condamnations  prononcées  à  leur  encontre  et  à  les  indemniser  au  titre  d'un  préjudice moral, l'arrêt  énonce  qu'en  application  de  l'article  815‐17,  alinéa  2,  du  code  civil,  la  Communauté européenne,  créancier  personnel  de M.  A...,  ne  pouvait  pas  valablement  saisir  la  part  de  son débiteur dans le bien indivis, mais seulement provoquer le partage auquel était suspendu le sort de la saisie litigieuse, ainsi privée d'effet pratique immédiat, imputant à faute le refus de l'officier public,  professionnel  du  droit  qui  ne  pouvait  ignorer  l'avantage  ainsi  conféré  par  la  loi  aux créanciers de l'indivision, de se dessaisir des fonds au profit de la banque ; 

Qu'en  statuant  ainsi,  alors  qu'il  n'appartient  pas  au  notaire  d'apprécier  la  validité  de  la  saisie pratiquée entre ses mains,  laquelle produit ses effets  tant que  la  juridiction compétente n'en a pas prononcé l'annulation ou la mainlevée, la cour d'appel a violé les textes susvisés ; 

Vu l'article L. 411‐3 du code de l'organisation judiciaire ; 

PAR CES MOTIFS et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres branches du moyen : 

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il condamne la SCP X...‐ Y...‐ Z... à garantir M. A... et Mme B... d'une partie des condamnations prononcées à  leur encontre et à  les  indemniser d'un préjudice moral, l'arrêt rendu le 19 avril 2012, entre les parties, par la cour d'appel de Douai ;  

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 Par Virginie Godron, Consultante au CRIDON Nord‐Est, Docteur en droit   

». Journées d’information 2014 (Automne)

». 3ÈME PARTIE : ACTUALITÉ DES DONATIONS‐

PARTAGES 

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I. LA REQUALIFICATION D’UNE DONATION‐PARTAGE EN DONATION SIMPLE 

 

A.] Les conditions de la requalification 

 

B.] Les conséquences de la requalification 

 

C.] Les méthodes permettant d’écarter la requalification 

 

II. LA DONATION‐PARTAGE COMPRENANT DES LOTS DE NATURE DIFFÉRENTE  

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I. LA REQUALIFICATION D’UNE DONATION‐PARTAGE EN DONATION SIMPLE 

 

A.] Les conditions de la requalification 

 Cour de cassation  Chambre civile 1  

Audience publique du 6 mars 2013  

N° de pourvoi: 11‐21892  

Publié au bulletin Cassation  

M. Pluyette (conseiller doyen faisant fonction de président), président  

Mme Bignon, conseiller apporteur 

M. Domingo, avocat général 

SCP Lyon‐Caen et Thiriez, SCP Peignot, Garreau et Bauer‐Violas, avocat(s) 

REPUBLIQUE FRANCAISE 

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS 

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l’arrêt suivant :  

Sur le moyen relevé d’office, après avertissement donné aux parties :   

Vu les articles 1075 et 1076 du code civil, dans leur rédaction antérieure à celle issue de la loi du 23 juin 2006, ainsi que l’article 1873‐3 du même code ;   

Attendu  qu’il  n’y  a  de  donation‐partage  que  dans  la  mesure  où  l’ascendant  effectue  une répartition matérielle de ses biens entre ses descendants ;   

Attendu, selon l’arrêt attaqué, qu’en 1990, M. Roger X... et son épouse commune en biens, Mme Henriette  Y...,  ont  consenti  un  bail  rural  portant  sur  54  ha  de  terres  et  de  bois  au GAEC  des Perchets qu’ils  avaient  constitué  avec deux de  leurs  six  enfants, Michel  et René,  ceux‐ci  étant devenus  les  seuls  titulaires des parts  sociales en 1995  ; que, par acte notarié du 29 décembre 1995,  après  avoir  constitué  six  lots  avec  l’ensemble  de  leurs  biens,  les  époux  X...  ont  déclaré consentir une donation, à  titre de partage anticipé, à  leur  fils Bernard, d’un  lot composé d’une maison  d’habitation  et,  à  chacun  de  leurs  cinq  autres  enfants,  Bernadette, Michel, Micheline, René  et  Françoise, d’un  lot  composé d’un  cinquième  indivis des parcelles de  terres  et de bois dépendant de  leur communauté et des biens propres du mari, une soulte devant être versée à chacun par Bernard  ; que  l’acte comporte  la clause suivante  : “ Du consentement de toutes  les parties,  les  parcelles  de  terres  et  de  bois  (...)  ne  feront  pour  le  moment  l’objet  d’aucune attribution  privative  et  demeureront  dans  l’indivision  entre  les  donataires  copartagés  (...), copropriétaires dudit bien chacun pour un cinquième. Il est bien entendu que le bien en cause a été  donné  en  vue  de  son  attribution  privative  par  voie  de  donation‐partage  ;  par  suite,  cette attribution devra être opérée dans  le respect des proportions dans  lesquelles  les donataires aux présentes ont été gratifiés, et dans les conditions prévues aux articles 1076, alinéa 2, du code civil “  ; que Michel X... étant décédé  le 23 décembre 2002 en  laissant pour  lui succéder son épouse, Mme Z..., et  leurs cinq enfants, Nicolas, Hélène, Etienne, Corinne et Antoine  (consorts Z...‐ X...), ceux‐ci ont assigné les époux Roger X..., M. René X... et Mmes Bernadette, Micheline et Françoise X... en partage de l’indivision ;  

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Attendu que, pour débouter les consorts Z...‐ X... de leurs demandes, l’arrêt retient qu’au regard des stipulations claires et non ambiguës de l’acte du 29 décembre 1995, celui‐ci doit être qualifié de donation‐partage,  la volonté des ascendants donateurs de  réaliser une donation‐partage de l’ensemble de leurs biens étant démontrée par la composition et l’attribution de chaque lot et par la fixation d’une soulte, peu important que cinq des six lots soient constitués de biens indivis dès lors qu’un bien a été attribué à titre privatif à  l’un des donataires, que, dès  lors que, dans cette donation‐partage,  il  a  été  prévu  une  clause  de maintien  dans  l’indivision,  le  partage  ne  peut s’effectuer  en  application  de  l’article  1076,  alinéa  2,  du  code  civil  que  par  la  volonté  des ascendants  donateurs  survivants  qui  s’y  opposent,  que  la  circonstance  que  les  donateurs n’entendent pas de  leur vivant autoriser  le partage de  l’indivision, n’ôte pas à  l’acte en cause sa qualification  de  donation‐partage  dès  lors  qu’un  lot  a  été  attribué  à  titre  privatif  à  l’un  des descendants,  que  la  clause  d’indivision  n’emporte  pas  non  plus  création  d’une  indivision conventionnelle entre les copartagés indivis dès lors que sa cessation ne peut être provoquée par l’un d’eux et ne peut résulter que de la volonté des ascendants donateurs en application du texte précité ;   

Qu’en statuant ainsi, alors que, quelle qu’en ait été la qualification donnée par les parties, l’acte litigieux,  qui  n’attribuait  que  des  droits  indivis  à  cinq  des  gratifiés,  n’avait  pu,  à  leur  égard, opérer  un  partage,  de  sorte  qu’à  défaut  de  répartition  ultérieure  de  biens  divis  par  les ascendants, cet acte s’analysait en une donation entre vifs ayant eu pour effet de faire sortir les biens  du  patrimoine  des  donateurs  et  de  créer  une  indivision  conventionnelle  entre  les donataires à  laquelle  il pouvait être mis fin dans  les conditions prévues par  l’article 1873‐3 du code civil, la cour d’appel a violé les textes susvisés ;   

PAR CES MOTIFS :   

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions,  l’arrêt rendu  le 31 mars 2011, entre  les parties, par la cour d’appel d’Amiens ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Douai ;  

Condamne les consorts X... aux dépens ;   

Vu l’article 700 du code de procédure civile, rejette la demande des consorts X..., les condamne à payer aux consorts Z...‐ X... la somme de 3 000 euros ;   

Dit que  sur  les diligences du procureur général près  la Cour de  cassation,  le présent arrêt  sera transmis pour être transcrit en marge ou à la suite de l’arrêt cassé ;   

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, première chambre civile, et prononcé par le président en son audience publique du six mars deux mille treize.   

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 Cour de cassation  Chambre civile 1  

Audience publique du 20 novembre 2013  

N° de pourvoi: 12‐25681  

ECLI:FR:CCASS:2013:C101311 

Publié au bulletin Cassation partielle  

M. Charruault, président  

M. Savatier, conseiller apporteur 

M. Chevalier, avocat général 

SCP Richard, SCP Vincent et Ohl, avocat(s) 

REPUBLIQUE FRANCAISE 

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS 

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l’arrêt suivant :   

Attendu, selon  l’arrêt attaqué que, par acte du 5 février 1987 visant  les articles 1075 et suivants du code civil, Magdeleine X..., veuve de Bernard Y... a procédé à une donation “ à titre de partage anticipé “ à leurs trois enfants, Sabine, Pierre et Thierry, qui l’ont acceptée, de tous ses droits dans les immeubles dépendant de la communauté ayant existé avec son mari, sous la condition que M. Thierry Y... consente la licitation de ses droits tant dans ces immeubles que dans ceux dépendant de la succession de Bernard Y... au profit de sa soeur et de son frère moyennant un prix déterminé dont  les modalités de paiement étaient fixées  ; que, par testament olographe du 12 août 1999, Magdeleine X... a consenti des legs à chacun de ses enfants ; qu’elle est décédée le 22 août 2005, postérieurement à son fils, Pierre Y..., décédé le 12 juin 2003, en laissant sa veuve, Mme Elvine Z... et  leurs quatre enfants, MM. Antoine, Vincent,  Jean‐Marie et Thibault Y...  ; que des difficultés étant nées pour  la  liquidation des successions de Bernard Y... et de Magdeleine X...,  le partage judiciaire a été demandé ;   

Sur le premier moyen :   

Vu  l’article 1075 du  code  civil dans  sa  rédaction  antérieure  à  celle  issue de  la  loi du 23  juin 2006 ;   

Attendu  qu’il  n’y  a  de  donation‐partage  que  dans  la  mesure  où  l’ascendant  effectue  une répartition matérielle des biens donnés entre ses descendants ;   

Attendu  que,  pour  décider  que  l’acte  du  5  février  1987  s’analyse  en  une  donation‐partage cumulative non soumise à rapport et non rescindable pour  lésion et débouter, en conséquence, M. Thierry Y... de ses demandes de rapport, l’arrêt retient que le partage intervenu, accepté par les trois enfants, obéit aux dispositions des articles 1075 et suivants du code civil, peu important que tous  les biens donnés n’aient pas été partagés entre  les trois héritiers et qu’aux termes du même acte, M. Thierry Y... se soit engagé à liciter sa part à son frère et à sa soeur ;   

Qu’en statuant ainsi, alors que, quelle qu’en ait été la qualification donnée par les parties, l’acte litigieux, qui n’attribuait que des droits  indivis à deux des  trois gratifiés n’avait pu opérer un partage, de sorte que cet acte s’analysait en une donation entre vifs, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;   

Et sur le second moyen, pris en sa première branche :   

Page 77: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

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Vu les articles 561 et 566 du code de procédure civile ;   

Attendu que, pour inviter les parties à saisir à nouveau le tribunal, à défaut d’accord entre elles, à la  suite des opérations de partage  confiées  au notaire  afin qu’il  soit  statué  sur  la qualification juridique de  l’acte du 12 août 1999 et  sur  les  conséquences du décès de Pierre Y...  sur  le  legs particulier qui lui avait été consenti par Magdeleine X..., l’arrêt retient que ces questions n’ont pas été soumises au tribunal et sont soulevées pour la première fois en cause d’appel ;   

Qu’en statuant ainsi alors que saisie, par l’effet dévolutif de l’appel, de la demande de liquidation et partage de la succession de Magdeleine X..., l’ensemble des contestations élevées sur le mode d’y procéder pouvait lui être soumis, la cour d’appel a violé les textes susvisés ;   

PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur les autres griefs :   

CASSE  ET ANNULE, mais  seulement  en  ce qu’il  a débouté M.  Thierry  Y... de  ses demandes de rapport et invité les parties, à saisir à nouveau le tribunal, à défaut d’accord entre elles, suite aux opérations de partage confiées au notaire, pour voir statuer sur la question de la nature de l’acte du 12 août 1999 et sur les conséquences du décès de Pierre Y... sur le legs particulier qui lui a été consenti par Magdeleine X...,  l’arrêt  rendu  le 13 décembre 2011, entre  les parties, par  la  cour d’appel de Riom ; remet, en conséquence, sur ces points, la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Lyon ;   

Condamne Mmes C... et Z..., veuve Y..., et MM. Jean‐Marie, Thibault, Vincent et Antoine Y... aux dépens ;   

Vu  les  articles  700  du  code  de  procédure  civile  et  37  de  la  loi  du  10  juillet  1991,  rejette  les demandes ;   

Dit que  sur  les diligences du procureur général près  la Cour de  cassation,  le présent arrêt  sera transmis pour être transcrit en marge ou à la suite de l’arrêt partiellement cassé ;   

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, première chambre civile, et prononcé par le président en son audience publique du vingt novembre deux mille treize.   

Page 78: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

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B.] Les conséquences de la requalification 

Tableau comparatif :  les conséquences successorales des donations‐partages et des donations simples 

  Donation simple  Donation‐partage 

Rapport Présumée rapportable, sauf volonté 

expresse contraire du donateur Jamais rapportable 

Evaluation des biens 

donnés pour la 

masse de calcul de la 

quotité disponible et 

de la réserve 

Au jour du décès du donateur, selon 

leur état au jour de la donation. En cas 

de vente, est réunie fictivement la 

valeur du bien au jour de l’aliénation, 

ou la valeur du bien subrogé en cas de 

subrogation 

Au jour de l’acte si les 

conditions du gel des valeurs 

sont remplies 

 

Exercice de l’action 

en réduction 

Si la donation porte atteinte à la 

réserve des héritiers, ils disposent 

d’une action en réduction à l’encontre 

de cette libéralité. Peu importe à cet 

égard que les héritiers réservataires 

aient été remplis de leurs droits 

réservataires par d’autres libéralités 

(art. 924 C. civ.). 

Il faut tout d’abord 

déterminer si la donation‐

partage a rempli ou non 

chacun des enfants de sa part 

de réserve (art. 1077‐1 C. 

civ.). Si tel est le cas, la 

donation‐partage n’est pas 

réductible. Sinon, et si les 

biens existants ne suffisent 

pas à lui fournir sa réserve, 

l’héritier peut agir en 

réduction. 

Action en 

complément de part Oui  Jamais 

Prescription de 

l’action en réduction 

 

5 ans à compter du décès du donateur, 

ou 2 ans à compter du jour où les 

héritiers ont connaissance de l’atteinte 

portée à leur réserve, sans pouvoir 

excéder 10 ans après le décès  

 

5 ans après le décès du 

donateur, ou 5 ans après le 

décès du survivant des 

donateurs en cas de 

donation‐partage conjonctive 

(sauf pour l’enfant non 

commun qui peut agir dès le 

décès de son auteur) 

 

C.] Les méthodes permettant d’écarter la requalification 

 

Page 79: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

68 

 

II. LA DONATION‐PARTAGE COMPRENANT DES LOTS DE NATURE DIFFÉRENTE  

 CA Grenoble, 19 nov. 1987,  Juris‐Data n° 1987‐049044 (extrait) 

Attend que pour le calcul de la réserve, il convient aux termes memes de l’article 1078, susvisé de se placer au jour de la donation‐partage, et non pas à une date ultérieure, telle l’ouverture de la succession, ou la date la plus rapprochée du partage, pour apprécier si la quotité disponible a été dépassée dans  l’attribution faite à Baptiste,  lequel, héritier réservataire pouvait cumuler sa part réservataire (15 %) et  la quotité disponible (25 %), soit 40 % de  l’actif net de  la succession ; que lorsque  la  libéralité est  limitée dans un premier temps à  la nue‐propriété, et s’étendra au décès du donateur dans un second temps, à la pleine propriété, le calcul de la réserve doit être effectué sur la valeur totale des biens, et non sur la valeur de la nue‐propriété ; 

 

 

 

Page 80: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

69 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Par Hélène Paerels, Consultante au CRIDON Nord‐Est, Docteur en droit  

». Journées d’information 2014 (Automne)

». 4ÈME PARTIE : DONATIONS ET PLUS‐VALUES 

IMMOBILIÈRES 

Page 81: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

70 

 

Page 82: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

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I. LES « FAUSSES DONATIONS‐PARTAGES » ET LES PLUS‐VALUES IMMOBILIÈRES DES 

PARTICULIERS 

 

A.]  Le partage  réalisé dans un  second  temps donne‐t‐il  lieu  à plus‐

values immobilières ? 

 

B.] Quelles sont  les modalités de calcul de  la plus‐value  immobilière 

dégagée lors de la revente ultérieure ? 

 

II. LA RÉINCORPORATION DANS UNE DONATION‐PARTAGE D'UNE DONATION ANTÉRIEURE ET 

LES PLUS‐VALUES IMMOBILIÈRES DES PARTICULIERS 

 

A.]  Première  hypothèse :  l’immeuble  est  réattribué  au  donataire 

initial 

 

B.]  Seconde  hypothèse :  l’immeuble  est  attribué  à  un  autre  que  le 

donataire initial 

 

III.  LA  DONATION‐PARTAGE  CUMULATIVE  ET  LES  PLUS‐VALUES  IMMOBILIÈRES  DES 

PARTICULIERS 

 

IV. LES DONATIONS‐CESSIONS 

 

V. LES DONATIONS‐CESSIONS ASSORTIES D’UN QUASI‐USUFRUIT : DANGER ?  

 

Page 83: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

72 

 

 

I.  LES  « FAUSSES  DONATIONS‐PARTAGES »  ET  LES  PLUS‐VALUES  IMMOBILIÈRES  DES 

PARTICULIERS 

 Article 150 U, IV du Code général des impôts (depuis le 1er janvier 2008) 

« Le I ne s'applique pas aux partages qui portent sur des biens meubles ou immeubles dépendant d'une  succession  ou  d'une  communauté  conjugale  et  qui  interviennent  uniquement  entre  les membres originaires de l'indivision, leur conjoint, des ascendants, des descendants ou des ayants droit à titre universel de l'un ou de plusieurs d'entre eux.  

Il en est de même des partages portant sur des biens indivis issus d'une donation‐partage et des partages portant sur des biens  indivis acquis par des partenaires ayant conclu un pacte civil de solidarité ou par des époux, avant ou pendant le pacte ou le mariage ».  

 BOFip‐BOI‐RFPI‐PVI‐10‐40‐100‐20140414, § 20 

« L'exonération s'applique aux partages portant sur des biens acquis par voie de donation‐partage intervenant entre  les donataires  co‐partageants,  leurs  conjoints, descendants ou ayants‐droit à titre universel de l'un ou plusieurs d'entre eux. 

Les biens reçus par tout autre type de donation ne sont pas éligibles à l'exonération ». 

 BOFip‐BOI‐RFPI‐PVI‐10‐40‐100‐20140414, § 80 

« Pour  la  détermination  de  la  plus‐value  réalisée  lors  de  la  cession  ultérieure  du  bien  par l'attributaire du partage ayant bénéficié du régime de faveur,  le prix d'acquisition s'entend de  la valeur vénale du bien au jour de l'entrée dans l'indivision. 

Corrélativement, la date d'acquisition à retenir, pour la détermination de l'abattement pour durée de détention prévu à l'article 150 VC du CGI, s'entend de la date d'entrée en indivision ». 

Page 84: JOURNÉES D'INFORMATION 2014 (SESSION AUTOMNE)

73 

 

 

II. LA RÉINCORPORATION DANS UNE DONATION‐PARTAGE D'UNE DONATION ANTÉRIEURE ET 

LES PLUS‐VALUES IMMOBILIÈRES DES PARTICULIERS 

▪ Cas 1 :  

1990 : Madame V a reçu, par donation de ses parents, la pleine propriété d’un immeuble évalué 10.000 €. 

2004 :  l’immeuble  a  été  réincorporé  dans  une  seconde  donation‐partage  à  l’issue  de  laquelle l’immeuble fut attribué, à nouveau, à Madame V. 

2014 : Madame V cède l’immeuble. 

 

▪ Cas 2 :  

1990 : Madame V a reçu, par donation de ses parents, la pleine propriété d’un immeuble évalué 10.000 €. 

2004 :  l’immeuble  a  été  réincorporé  dans  une  seconde  donation‐partage  à  l’issue  de  laquelle l’immeuble fut attribué à Monsieur V, le frère de Madame V. 

2014 : Monsieur V cède l’immeuble. 

 

III.  LA  DONATION  PARTAGE  CUMULATIVE  ET  LES  PLUS‐VALUES  IMMOBILIÈRES  DES 

PARTICULIERS 

▪ Cas 1 :  

1970 : Monsieur et Madame D ont acquis, au titre de la communauté réduite aux acquêts existant entre eux, un immeuble. 

2000 : Monsieur D est décédé laissant pour lui succéder : 

‐ son épouse titulaire de la ½ en pleine propriété et la ½ en usufruit ; 

‐ ses trois enfants, chacun titulaire de 1/6 en nue‐propriété. 

2010 :  Madame  veuve  D  a  fait  donation‐partage  cumulative  à  ses  trois  fils,  de  biens  lui appartenant en propre ainsi que de la quotité disponible des biens communs et des biens propres lui appartenant par suite du décès de son époux. 

A l’issue de cette opération, l’immeuble susvisé est attribué à Monsieur D2, l’un des enfants.  

2014 : Monsieur D2 cède l’immeuble. 

 

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 TGI Quimper, 15 juin 1999, n° 98/01435, Queinnec, RJF 1/00 

L’acte qui  associe de  façon  indivise un partage  amiable de  la  succession du prédécédé  et une donation‐partage des biens de l'ascendant survivant constitue une donation‐partage cumulative. Dès  lors qu'il existe une  indivision entre  l'épouse commune en biens et ses enfants sur un bien ayant appartenu à la communauté jusqu'au décès de l'époux prédécédé, le partage de l'indivision a un effet déclaratif pour les biens indivis (sans qu'il y ait lieu de distinguer entre la part relevant de  la  liquidation  de  la  communauté  et  celle  relevant  de  la  succession).  L'attributaire  d'un  lot jusqu'alors indivis est réputé en être propriétaire depuis le décès de l'époux prédécédé. 

 BOFip‐BOI‐RFPI‐PVI‐10‐40‐100‐20140414, § 80. 

«  Pour  la  détermination  de  la  plus‐value  réalisée  lors  de  la  cession  ultérieure  du  bien  par l'attributaire du partage ayant bénéficié du régime de faveur,  le prix d'acquisition s'entend de  la valeur vénale du bien au jour de l'entrée dans l'indivision. 

Corrélativement, la date d'acquisition à retenir, pour la détermination de l'abattement pour durée de détention prévu à l'article 150 VC du CGI, s'entend de la date d'entrée en indivision. 

Il en est notamment ainsi en cas de cession par l'attributaire d'un bien acquis pour partie dans le cadre d'une donation‐partage faisant suite à une acquisition indivise par voie de succession. Dans cette  situation,  la date à  retenir pour  la détermination de  l'abattement précité,  s'entend de  la date du décès ». 

 

IV. LES DONATIONS‐CESSIONS 

 Article paru dans la News Letter du CNE 2014 :  

La  donation‐cession  peut‐elle  être  contestée  par  l’administration  fiscale  ?  De  nouveaux éléments de réponse…  

Au cours de ces dernières semaines, le Comité de l’abus de droit fiscal et le Conseil d’Etat ont eu l’occasion de se prononcer sur ce fameux montage. Conclusion : le montage n’est pas contestable si deux précautions  sont  respectées. Premièrement,  il est  impératif   que  le prix de cession  soit réellement appréhendé par le donataire. Le donateur ne doit, par aucun moyen, se réapproprier les  fonds provenant de  la vente consentie par  le donataire. Secondement,  la donation doit être antérieure à la cession.    

Le  Comité de l’abus de droit fiscal a eu l’occasion de réaffirmer la première condition dans un avis rendu le 13 mars 2014 (CADF/AC n° 2/2014). Affaire n° 2013‐45 concernant M. et Mme P (impôt sur le revenu). Cet avis fut publié par l’administration fiscale sur impots.gouv.fr. 

Dans cette affaire, le Comité conclut, compte tenu de l’ensemble des circonstances de l’affaire, à l’absence  de  dépouillement  irrévocable  de  la  part  des  donateurs  de  sorte  que  ne  sont  pas remplies les conditions de la donation, laquelle présente un caractère fictif. 

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Le  Comité  émet  en  conséquence  l’avis  que  l’administration  est  fondée  à mettre  en œuvre  la procédure de  l’abus de droit fiscal pour écarter  l’acte de donation. L’administration est ainsi en droit d’imposer au nom des donateurs l’intégralité de la plus‐value réalisée suite à la cession des parts et d’appliquer la majoration de 80 % prévue par l’article L64 du LPF. 

Les circonstances de l’affaire étaient les suivantes : 

Le 1er août 2008, Monsieur et Madame P font donation à leur fille mineure de la pleine propriété de 296 actions et de la nue‐propriété de 1184 actions de la même société. 

L’acte  comporte  une  clause  de  remploi  stipulant  qu’en  cas  d’aliénation  de  ces  titres,  la  nue‐propriétaire  s’interdit,  sauf  accord  exprès  des  usufruitiers,  de  demander  le  partage  en  pleine propriété du prix représentatif de ces derniers et s’oblige, au contraire, à remployer le produit de ces aliénations dans tous biens dont l’acquisition pourra être décidée par les seuls usufruitiers afin de permettre le report des droits de ces derniers sur les biens nouvellement acquis. 

Le 3 août 2008, Mademoiselle P cède, avec ses parents, ses actions et droits. 

Le 10 août 2008, une convention de quasi‐usufruit est conclue entre Monsieur et Madame P et leur  fille.  Elle  stipule  que  les  époux  exerceront  leur  usufruit  sur  le  produit  de  la  vente  et s’engagent à restituer ce montant à leur fille ou à ses ayants droit au terme de l’usufruit.  

Après  examen  des  flux  financiers  sur  les  comptes  bancaires  des  époux  et  de  leur  fille, l’administration fiscale met en évidence, par ailleurs, que Monsieur et Madame P ont appréhendé la quasi‐totalité des  sommes perçues  lors de  la vente des actions en affectant  le prix perçu au règlement  de  leurs  impositions  personnelles,  à  des  dépenses  de  train  de  vie  et  à  des investissements. 

Dans  un  arrêt  en  date  du  28 mai  2014,  n°  359911,  Inédit  au  recueil  Lebon,  le  Conseil  d’Etat confirme quant à lui la seconde condition : la donation doit être antérieure à la cession 

L’affaire  portait  sur  une  donation‐cession  de  parts  de  société.  L’administration  contestait  ce montage  au motif que  la  cession des  titres  avait  été  réalisée  avant  la donation  ;  la plus‐value devait  ainsi  être  calculée  à  la  date de  la  cession. Or,  à  cette date,  les  titres  étaient  encore  la propriété des donateurs et c’est entre leurs mains que devait être imposée la plus‐value sans tenir compte de la donation opérée plus tard. 

Le raisonnement est  imparable mais encore  faut‐il que  l’administration parvienne à établir que, dans les faits, la cession a bien eu lieu avant la donation. 

L’administration y était parvenue dans une affaire  soumise à  la Cour administrative d’appel de Douai, qui a donné lieu à un arrêt en date du 28 mai 2013, n° 12DA00129, Tilliette. 

Elle avait démontré que dans les faits, l’acquéreur des actions et M. et Mme Tilliette (les parents) avaient trouvé un accord sur  la chose et  le prix avant  la date de  la donation‐partage des titres à leurs enfants. 

Dans l’affaire qui fut soumise au Conseil d’Etat et pour laquelle fut rendu l’arrêt du 28 mai 2014, l’administration n’est, en revanche, pas parvenue à établir cette chronologie.  

En  l’espèce, par acte du 20  juin 2000  (enregistré  le 4  juillet),  le contribuable avait déclaré avoir transféré  à  chacun  de  ses  enfants  450  parts  par  deux  ordres  de mouvements  inscrits  sur  le registre de la société le 16 juin 2000. 

Par  acte  du  23  juin  2000,  le  contribuable  avait  conclu une  promesse  de  cessions  d’actions  au profit  d’un  acquéreur.  Cette  promesse  comportait  une  condition  suspensive  selon  laquelle  la cession définitive était suspendue à un audit avec une remise de rapport fixée au 27 juin 2000 et une faculté pour l’acquéreur de renoncer à cette acquisition au vu de ce rapport. 

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Le paiement des actions était intervenu le 10 juillet 2000. 

Le  Conseil  d’Etat  retient,  d’une  part,  que  la  clause  insérée  dans  la  promesse  relative  à  la réalisation d’un audit « présentait un caractère suspensif impliquant que le transfert de propriété ne pouvait intervenir avant sa levée. » et, d’autre part, que « le paiement du prix le 10 juillet 2000 révélait l'existence d'un accord du cessionnaire et valait levée de la condition suspensive ».  

La  cession  est  donc  intervenue  après  la  donation.  L’administration  ne  peut  pas  soutenir  le contraire. 

Il ressort de ces récentes décisions qu’une attention toute particulière doit être portée à  la date de réalisation de la vente. Aucun élément ne doit permettre à l’administration de démontrer que la vente est intervenue avant la donation. Idéalement, pour éviter tout risque, la donation devrait être faite que l’acquéreur n’ait été trouvé…    

 

V. LES DONATIONS‐CESSIONS ASSORTIES D’UN QUASI‐USUFRUIT : DANGER ? 

Avis CADF/AC n° 2/2014, séance 13 mars 2014 

Affaire n° 2013‐45 concernant M. et Mme P (impôt sur le revenu) 

Par acte notarié du 1er août 2008, M. et Mme P ont fait donation à leur fille, née en 2001, de la pleine propriété de 296 actions de la SAS X ainsi que de la nue‐propriété de 1184 actions de cette même société laquelle a pour activité le conseil, la création, l’exploitation et la vente de services multimédia d’information et de commerce électronique.  

La nue‐propriété  a  été  évaluée  à  3/10e de  la  valeur des  titres  en pleine propriété  s’élevant  à 412,50 euros par action. Cet acte comporte une clause de remploi stipulant qu’en cas d’aliénation de ces  titres,  la nue‐propriétaire s’interdit, sauf accord exprès des usufruitiers, de demander  le partage  en  pleine  propriété  du  prix  représentatif  de  ces  derniers  et  s’oblige,  au  contraire,  à remployer le produit de ces aliénations dans tous biens dont l’acquisition pourra être décidée par les  seuls  usufruitiers  afin  de  permettre  le  report  des  droits  de  ces  derniers  sur  les  biens nouvellement acquis. 

Le 3 août 2008, dans le cadre d’un protocole d’acquisition des actions de la SAS X, la SARL Y s’est engagée  à  acquérir  le  solde  des  actions  de  la  SAS  avant  le  18  août  2008.  De  leur  côté,  les actionnaires se sont engagés à céder les titres qu’ils détenaient sur la base d’un prix par action de 412,50 euros. 

Le 3 août 2008, Mlle P a cédé à la SARL Y les 296 actions de la SAS X détenues en pleine propriété pour la somme de 122 100 euros, et, avec ses parents, les 1184 actions, dont la propriété avait été démembrée, de cette dernière société pour la somme de 488 400 euros. 

La cession des titres détenus en pleine propriété, effectuée au prix où Mlle P  les avait reçus en donation,  n’a  généré  aucune  plus‐value.  La  cession  des  1184  actions  a  généré  une  plus‐value imposable à l’impôt sur le revenu, au taux de 18 %, et aux contributions sociales, d’un montant de 325 516 euros, soit une imposition globale de 97 979 euros. Les sommes issues de la cession des 1184 actions ont été portées sur un compte bancaire ouvert au nom des usufruitiers et de la nue‐propriétaire. 

Une convention de quasi‐usufruit en date du 10 août 2008, conclue entre les époux P et leur fille, enregistrée le 10 septembre suivant, stipule que les époux exerceront leur usufruit sur la somme de 488 400 euros et s’engagent à restituer ce montant à leur fille ou à ses ayants droit au terme de  l’usufruit.  Cette  convention  précise,  s’agissant  de  la  déclaration  d’emploi  par  les  quasi‐usufruitiers,  que  ceux‐ci  déclarent  verser  cette  somme  à  titre  de  prime  sur  un  contrat d’assurance‐vie  et,  s’agissant  de  la  créance  de  restitution  à  la  nue  propriétaire,  que  celle‐ci 

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dispense expressément  les quasi‐usufruitiers de donner une sûreté pour garantir  les restitutions en fin d’usufruit. 

L’analyse  des  flux  financiers  relevés  sur  les  comptes  bancaires  a  permis  à  l’administration  de constater que M. et Mme P avaient appréhendé  la quasi‐totalité des sommes perçues  lors de  la vente  des  actions  de  la  SAS  X  en  affectant  le  prix  perçu  au  règlement  de  leurs  impositions personnelles, à des dépenses de train de vie et à des investissements.  

L’administration  a  estimé  que  les  donateurs  avaient  en  réalité  entendu  conserver  l’entière disposition du produit de la cession des biens donnés. Elle a mis en oeuvre la procédure de l’abus de droit fiscal prévue à l'article L. 64 du livre des procédures fiscales et a écarté comme fictif l’acte de donation du 1er août 2008. Elle a soumis à l’impôt sur le revenu et aux contributions sociales l’intégralité de  la plus‐value réalisée  lors de  la cession des 1480 actions de  la SAS X, établie à  la somme de 591 176 euros, sous déduction de la plus‐value déjà imposée d’un montant de 325 516 euros. 

Le  Comité  a  entendu  ensemble  le  contribuable  et  son  conseil  ainsi  que  le  représentant  de l’administration. 

Il  ressort de  cette audition que  la  cession des actions de  la SAS X  s’inscrit dans  le  cadre d’une opération de “ leverage buy out ” (LBO) pour laquelle M. et Mme P avaient une dette s’élevant à environ  un  million  d’euros  et  que  le  contrat  d’assurance‐vie,  souscrit,  conformément  à  la convention de quasi‐usufruit, a été offert à titre de garantie en vue de la couverture de la moitié de cette dette. 

Le Comité constate, en premier lieu, que le produit, s’élevant à 122 100 euros, tiré de la cession des 296 actions de la SAS X, données en pleine propriété à leur fille, a été utilisé par les époux P, à hauteur de 116 400 euros, pour le règlement de l’impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux dont  ils étaient redevables au titre de  l’année 2008, afférents principalement à  la plus‐value de cession des 1184 titres, et pour le financement de dépenses de train de vie. 

Le Comité estime que la plus‐value générée par la cession conjointe des 1184 actions de la SAS X était  imposable au nom de M. et Mme P en  tant qu’usufruitiers dès  lors que  la  convention de quasi‐usufruit conclue le 10 août 2008 a eu pour effet d’annuler la clause de report de l’usufruit en cas d’aliénation des biens transmis prévue dans l’acte de donation du 1er août 2008 de sorte que cette clause ne s’est jamais appliquée. 

Il en déduit que M. et Mme P  se  sont ainsi  réappropriés  les  fonds  issus de  la  cession des 296 actions de la SAS X données en pleine propriété. 

Le Comité relève, en second lieu, que seule la somme de 340 000 euros a été versée sur le contrat d’assurance‐vie ayant été souscrit et que  le surplus de  la somme de 488 400 euros a permis de réaliser des placements au nom de Mme P (livret de développement durable et plan d’épargne en actions),  de  rembourser  une  avance  faite  aux  époux  P  ou  encore de  régler  diverses  dépenses courantes. 

Le Comité déduit de  l’ensemble de  ce qui précède que, dans  le  contexte global dans  lequel  la donation s’est  inscrite,  les opérations  réalisées  révèlent  l’absence de dépouillement  irrévocable de la part des donateurs de sorte que ne sont pas remplies les conditions de la donation, laquelle présente un caractère fictif. 

Le Comité émet en conséquence  l’avis que, dans  les circonstances de  l’espèce,  l’administration était fondée à mettre en oeuvre la procédure de l’abus de droit fiscal prévue par l’article L. 64 du livre des procédures fiscales pour écarter l’acte de donation du 1er août 2008 et imposer au nom de M. et Mme P l’intégralité de la plus‐value réalisée suite à la cession des 1 480 actions de la SAS X.  

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Enfin,  le  Comité  estime  que M.  et Mme  P  doivent  être  regardés  comme  ayant  eu  l’initiative principale  des  actes  constitutifs  de  l’abus  de  droit  et,  en  outre,  en  ont  été  les  principaux bénéficiaires au sens du b) de l’article 1729 du code général des impôts. Il émet, par suite, l’avis que l’administration est fondée à appliquer la majoration de 80 % prévue par ces dispositions. 

 CAA Lyon, 7 nov. 2013, n° 12LY02321 

1. Considérant que Mme D...B...a  fait  l'objet en 2007 d'un contrôle sur pièces à  l'issue duquel a été  rehaussé,  selon  la procédure de  répression des abus de droit et après un avis défavorable émis le 9 juin 2008 par le comité consultatif pour la répression des abus de droit, le montant de ses cotisations d'impôt sur  le revenu et de contributions sociales au titre de  l'année 2003  ; que, par  le  jugement  attaqué,  le  Tribunal  administratif  de  Lyon  a  rejeté  la  demande  de  Mme B...tendant à la décharge des cotisations supplémentaires d'impôt sur le revenu auxquelles elle a été assujettie  ; que Mme B...relève appel de ce  jugement et sollicite  la décharge de  l'ensemble des impositions supplémentaires mises à sa charge au titre de l'année 2003 ; 

Sur la recevabilité de la requête : 

2. Considérant que  si, dans  le  cadre de  la procédure de  répression des  abus de droit mise  en œuvre  par  l'administration  fiscale,  Mme  B...a  été  assujettie  au  titre  de  l'année  2003,  non seulement  à  une  cotisations  supplémentaire  d'impôt  sur  le  revenu,  d'un montant  de  242  466 euros, mise en recouvrement le 30 avril 2009, mais également à des cotisations supplémentaires de contribution sociale généralisée, de contribution pour le remboursement de la dette sociale et de prélèvement social, d'un montant de 153 816 euros, mises en recouvrement le 31 juillet 2009, elle  s'est  bornée,  devant  le  Tribunal  administratif  de  Lyon,  à  solliciter  la  décharge  de  la  seule cotisation  supplémentaire d'impôt  sur  le  revenu  ; que, dès  lors,  les  conclusions de  l'appelante tendant à la décharge des cotisations supplémentaires de contributions sociales auxquelles elle a été  assujettie  au  titre  de  l'année  2003,  qui  n'ont  pas  été  soumises  aux  premiers  juges,  ont  le caractère de conclusions nouvelles en cause d'appel et sont, par suite, irrecevables ; 

Sur le bien‐fondé du surplus des impositions litigieuses : 

En ce qui concerne la loi fiscale : 

3. Considérant qu'aux  termes de  l'article L. 64 du  livre des procédures  fiscales, dans  sa version alors  applicable  :  "  Ne  peuvent  être  opposés  à  l'administration  des  impôts  les  actes  qui dissimulent la portée véritable d'un contrat ou d'une convention à l'aide de clauses : / (...) b) Ou qui  déguisent  soit  une  réalisation,  soit  un  transfert  de  bénéfices  ou  de  revenus  (...)  / L'administration est en droit de restituer son véritable caractère à l'opération litigieuse. En cas de désaccord sur les rectifications notifiées sur le fondement du présent article, le litige est soumis, à la demande du contribuable, à  l'avis du comité consultatif pour  la répression des abus de droit. L'administration peut également soumettre le litige à l'avis du comité dont les avis rendus feront l'objet d'un  rapport annuel.  / Si  l'administration ne  s'est pas conformée à  l'avis du comité, elle doit apporter la preuve du bien‐fondé de la rectification. " ; 

4. Considérant qu'il résulte de ces dispositions que  l'administration est fondée à écarter comme ne  lui étant pas opposables  certains  actes passés par  le  contribuable  lorsque  ces  actes ont un caractère fictif, ou, que, recherchant le bénéfice d'une application littérale des textes à l'encontre des objectifs poursuivis par leurs auteurs, ils n'ont pu être inspirés par aucun autre motif que celui d'éluder ou d'atténuer les charges fiscales que l'intéressé, s'il n'avait pas passé ces actes, auraient normalement supportées, eu égard à sa situation ou à ses activités réelles ; qu'en l'espèce, dans la mesure où  le  comité  consultatif pour  la  répression des abus de droit,  saisi par  l'administration fiscale, a émis un avis défavorable à la mise en œuvre des dispositions de l'article L. 64 du livre des procédures fiscale, il incombe à l'administration, qui ne s'est pas conformée à cet avis, d'apporter devant le juge de l'impôt la preuve du bien‐fondé de la rectification ; 

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5. Considérant, d'une part, qu'aux  termes du 1. du  I. de  l'article 150‐0 A du  code  général des impôts, dans sa version alors applicable : " (...) les gains nets retirés des cessions à titre onéreux, effectuées directement ou par personne  interposée, de valeurs mobilières, de droits sociaux (...) sont soumis à l'impôt sur le revenu lorsque le montant de ces cessions excède, par foyer fiscal, 15 000 euros par an (...) " ; 

6. Considérant, d'autre part, qu'aux termes de l'article 894 du code civil : " La donation entre vifs est  un  acte  par  lequel  le  donateur  se  dépouille  actuellement  et  irrévocablement  de  la  chose donnée en faveur du donataire qui l'accepte " ; qu'aux termes de l'article 578 du même code : " L'usufruit est le droit de jouir des choses dont un autre a la propriété, comme le propriétaire lui‐même, mais à  la charge d'en conserver  la substance "  ; qu'en vertu de  l'article 581 dudit code, l'usufruit " peut être établi sur toute espèce de biens meubles ou immeubles " ; qu'aux termes de l'article 587 du même code : " Si l'usufruit comprend des choses dont on ne peut faire usage sans les consommer, comme l'argent, les grains, les liqueurs, l'usufruitier a le droit de s'en servir, mais à la charge de rendre, à la fin de l'usufruit, soit des choses de même quantité et qualité soit leur valeur estimée à la date de la restitution " ; 

7.  Considérant,  enfin, que,  pour  l'application  des dispositions  précitées  de  l'article  150‐0 A  du code  général des  impôts,  l'imposition  de  la  plus‐value  constatée  à  la  suite  des  opérations  par lesquelles  l'usufruitier et  le nu‐propriétaire de parts  sociales dont  la propriété est démembrée procèdent ensemble à la cession, ou à tout acte fiscalement assimilé à une cession, de ces parts sociales, se répartit entre l'usufruit et la nue‐propriété selon la valeur respective de chacun de ces droits  ;  que,  toutefois,  lorsque  les  parties  ont  décidé,  par  l'acte  qui  est  à  l'origine  du démembrement de propriété, que le droit d'usufruit serait, à la suite de la cession, reporté sur le prix issu de celle‐ci, la plus‐value est intégralement imposée entre les mains de l'usufruitier ; 

8. Considérant qu'il résulte de  l'instruction que, par actes unilatéraux en date du 28 mars 2003, enregistrés  le  19  juin  2003, Mme  B...a  déclaré  faire  donation,  d'une  part,  à  son  fils  majeur C...B...de la nue‐propriété de 187 actions de la SAS Rhodanienne d'alimentation et, d'autre part, à son  fils mineur  A...B...de  la  nue‐propriété  de  188  autres  actions  de  la même  société,  tout  en conservant,  pour  elle‐même,  l'usufruit  de  ces  375  actions  ;  que  la  valeur  des  actions respectivement démembrées et cédées aux deux fils de Mme B...a été évaluée à 456 333 euros et 458 874 euros, soit au total, pour  les deux donations, 915 327 euros,  la valeur de  la seule nue‐propriété  transmise,  représentant  60  %  de  la  valeur  en  pleine  propriété,  étant  elle  estimée, s'agissant des actions cédées à M. C...B..., à 273 860 euros et, s'agissant des actions cédées à M. A...B..., à 275 324 euros, soit au total, pour les deux donations, 549 185 euros ; que, par acte daté du 31 août 2003, M. C...B..., M. A...B...et Mme B...ont  respectivement cédé à  la SAS Ferneydis, pour un prix global de 1 915 000 euros,  la nue‐propriété de 187  titres,  la nue‐propriété de 188 titres et  l'usufruit des 375  titres de  la SAS Rhodanienne d'alimentation  ; que  la SAS Ferneydis a procédé au  règlement du prix de  cession par un  chèque de 237 000 euros émis en  septembre 2003 au nom de Mme B..., un virement de 678 000 euros effectué le même mois au profit de la même Mme B...et, s'agissant du solde, deux chèques émis en novembre 2003, à nouveau au nom de Mme B... ; que par acte daté du 29 septembre 2003, Mme B..., d'une part, et ses fils A...etc..., d'autre part, ont convenu de convertir l'usufruit des actions de la SAS Rhodanienne d'alimentation en un quasi‐usufruit au sens de l'article 587 du code civil portant sur ces actions ou sur leur prix de cession en cas de vente ultérieure de celles‐ci ; 

9. Considérant que, dans  la proposition de  rectification adressée à Mme B...le 31 mai 2007,  le vérificateur a considéré qu'en raison de l'absence d'acceptation par les donataires des donations, de  l'absence  de  perception  de  droits  de mutation  lors  de  ces  donations,  de  la  communauté d'intérêts existant avec l'acquéreur, du règlement à Mme B... de l'intégralité du prix de cession, et de la signature, postérieurement à la cession, d'une convention de quasi‐usufruit non assortie de garantie, il n'existait aucune réelle intention libérale de la part de Mme B..., qui s'est dans les faits réappropriée l'intégralité du prix de cession, et que, dès lors, les actes de donation procédant au démembrement des titres litigieux étaient constitutifs d'un montage artificiel ayant pour seul but de minorer le montant de la plus‐value de cession réalisée lors de la vente des actions ; qu'il en a conclu que ces actes, entachés d'abus de droit, ne pouvaient être opposés à  l'administration et 

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que,  par  suite,  il  y  avait  lieu  de  regarder  Mme  B...comme  ayant  cédé  elle‐même  la  pleine propriété des titres et comme étant soumise, sur la totalité de leur prix de cession, à l'imposition, dans  les  conditions prévues aux articles 150‐0 A et  suivants du  code général des  impôts, de  la plus‐value réalisée ; 

10. Considérant, en premier lieu, que les actes de donation du 28 mars 2003 comportaient chacun une  clause ainsi  rédigée  :  "  La présente donation est  faite  sous  la  charge pour  le donataire de céder  les titres reçus en nue‐propriété en pleine propriété, à première demande du donateur et dans un délai maximum de deux  ans  à  la présente donation.  /  Les  fonds en provenance de  la cession seront obligatoirement employés à la souscription ou à l'acquisition de titres eux‐mêmes démembrés de manière à permettre à  l'usufruitier de percevoir  les  fruits des titres souscrits ou acquis  "  ;  qu'en  application  de  cette  clause,  la  cession  simultanée  de  la  nue‐propriété  et  de l'usufruit des titres à un tiers devait mettre fin à l'usufruit portant sur les titres, les parties étant néanmoins tenues de remployer l'intégralité du prix de cession à la souscription ou à l'acquisition de nouveaux  titres destinés à être démembrés  ; que ni  les nus‐propriétaires ni  l'usufruitière ne pouvaient conserver les fonds provenant de la cession ; qu'il est toutefois constant que Mme B...a perçu,  au  cours  du mois  de  septembre  2003  et  avant  la  signature  de  la  convention  de  quasi‐usufruit du 29 septembre 2003, une somme de 915 000 euros, représentant 47,78 % du prix de cession en pleine propriété et excédant  le montant de 766 000 euros, représentant 40 % dudit prix  de  cession,  qui  lui  aurait  été  définitivement  dû  en  qualité  d'usufruitière  si  les  actes  de donation n'avaient pas été assortis d'une clause de remploi des fonds ; que, postérieurement à la signature de  la convention de quasi‐usufruit, elle a également perçu  le solde du prix de cession des  actions  vendues  le  31  août  2003,  soit  une  somme  de  1  000  000  euros  ;  que MM.  C...  et A...B...n'ont en revanche perçu aucune somme à  la suite de  la cession des titres dont  ils étaient nus‐propriétaires  ; qu'ainsi, Mme B...a appréhendé et a conservé  l'intégralité du prix de cession des titres cédés le 31 août 2003, contrairement à ce qui était prévu par les stipulations des actes de donation du 28 mars 2003 ; 

11.  Considérant,  en  second  lieu,  que  la  convention  de  quasi‐usufruit  du  29  septembre  2003 prévoit  qu'elle  a  pour  objet  de  "  convertir  l'usufruit  réservé  sur  les  actions  en  quasi‐usufruit toujours au profit de Mme B...", qu'en sa qualité de quasi‐usufruitier, cette dernière " conserve la jouissance de l'intégralité des actions ou de leur prix de cession en cas de vente desdites actions ", que, par dérogation aux dispositions de l'article 578 du code civil, elle " pourra librement disposer des actions, objet de  la convention, dans  les conditions prévues à  l'article 587 du code civil " et qu'à l'extinction de son droit de quasi‐usufruit sur les actions, à savoir à son décès, elle sera tenue d'une  "  obligation  de  restitution  ayant  pour  objet  soit  les  actions,  soit  une  somme  d'argent équivalente  au  minimum  à  915  307  euros  "  ;  que  cette  convention,  au  demeurant  conclue postérieurement  à  la  cession  des  actions  sur  lesquelles  elle  porte,  a  eu  pour  conséquence d'anéantir la clause de remploi figurant dans les actes de donation du 28 mars 2003, d'instaurer, postérieurement à la cession des titres, un usufruit sur le prix de cession, non prévu par les actes de donation, et de permettre à Mme B...de disposer  librement,  sous  couvert du quasi‐usufruit ainsi créé, de la totalité du prix de cession des titres ; 

12. Considérant que l'appréhension par Mme B...de l'intégralité du prix de cession des titres et la conclusion, postérieurement à la cession et alors qu'une partie de ce prix, excédant la quote‐part correspondant à  la valeur de  l'usufruit des actions, avait déjà été  réglé à Mme B...seule, d'une convention de quasi‐usufruit permettant à l'intéressée de disposer librement du prix de vente des actions  révèle  que  Mme  B...n'a  pas  eu  l'intention  de  mettre  ses  enfants,  sa  vie  durant,  en possession  de  la  nue‐propriété  soit  desdites  actions  soit  d'autres  titres  démembrés,  comme stipulé dans  les  actes de donation du 28 mars 2003, mais  seulement de  leur  remettre  la nue‐propriété d'actions dont l'usufruit serait reporté sur le prix, au moment où elle‐même déciderait de  la  cession  desdites  actions,  et  de  constituer  ainsi  à  leur  profit  une  simple  créance  de restitution, au demeurant non assortie d'une garantie, dont  ils ne pourront exiger  le paiement qu'en  fin d'usufruit  ; que, dès  lors, en  relevant,  au  cours de  la procédure de  rectification, que Mme B...s'est réappropriée  l'intégralité du prix de cession, fût‐ce sous couvert d'une convention de quasi‐usufruit, l'administration fiscale a établi que les actes de donation n'ont pas été motivés 

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par l'intention libérale affichée et que ces actes, en tant qu'ils dissimulent la véritable nature de la chose donnée, présentent un caractère fictif ; que, dans cette mesure et pour ces seuls motifs, le ministre  de  l'économie  et  des  finances  apporte  la  preuve  que Mme  B...a  commis  un  abus  de droit ; 

13.  Considérant,  dès  lors,  qu'il  y  a  lieu  de  restituer  leur  véritable  caractère  aux  opérations litigieuses  ;  que,  compte  tenu  de  l'abus  de  droit  commis  par Mme  B...,  celles‐ci  doivent  être analysées comme des cessions simultanées de  la nue‐propriété et de  l'usufruit de parts sociales démembrées, pour  lesquelles  le  report de  l'usufruit  sur  le prix  était prévu dès  l'acte qui  est  à l'origine du démembrement de propriété ; qu'il résulte de ce qui a été dit plus haut que, dans une telle hypothèse, la plus‐value devait être intégralement imposée entre les mains de l'usufruitier ; que, par suite, c'est à bon droit que l'administration fiscale a considéré que le montant de la plus‐value réalisée par Mme B...devait être calculé en tenant compte de la totalité du prix de cession des actions de la SAS Rhodanienne d'alimentation ; 

En ce qui concerne la doctrine administrative : 

14. Considérant que le moyen tiré de ce que le recours à des conventions de quasi‐usufruit serait validé par  l'instruction 5 C‐1‐01 du 13  juin 2001 n'est pas assorti des précisions permettant d'en apprécier  le  bien‐fondé  ;  qu'en  tout  état  de  cause,  cette  instruction,  qui  prévoit,  à  ses paragraphes n° 10 et 15, qu'en cas de cession en pleine propriété de titres dont  la propriété est démembrée  sans  répartition  du  prix  de  cession,  la  plus‐value  est  imposable  au  nom  du  nu‐propriétaire en cas de remploi ou au nom de  l'usufruitier en cas de quasi‐usufruit, ne comporte aucune  interprétation  différente  de  la  loi  fiscale  dont  Mme  B...pourrait  se  prévaloir  sur  le fondement de l'article L. 80 A du livre des procédures fiscales ; 

15. Considérant qu'il résulte de tout ce qui précède que Mme B...n'est pas fondée à soutenir que c'est à tort que, par le jugement attaqué, le Tribunal administratif de Lyon a rejeté sa demande ;