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SESSION PASTORALE 2016. LA CONFIRMATION OU LA MISSION DE L’ESPRIT SAINT BERNARD MAITTE « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » (Isaïe 61,1). Esprit et Esprit de Dieu selon la Bible I NTRODUCTION Dans toutes les cultures du monde méditerranéen le mot « esprit » peut être utilisé dans différents sens. Ainsi encore pour nous aujourd’hui : « Partie incorporelle de l'être humain, par opposition au corps, à la matière. Être immatériel, revenant, fantôme, qui est supposé se manifester sur terre : Château hanté par les esprits. Principe de la vie psychique, intellectuelle ; capacités intellectuelles, intelligence : Avoir l'esprit pénétrant ». Ou encore par exemple en chimie : « Nom ancien de corps facilement volatils produits par distillation, particulièrement les eaux-de- vie 1 ». Cela nous permet de comprendre la richesse de ce terme, les différences mais également les analogies. Dans sa dimension culturelle « Esprit tend toujours à désigner dans un être l’élément essentiel et insaisissable, ce qui le fait vivre et ce qui émane de lui sans qu’il le veuille, ce qui est le plus lui- même et ce dont il ne peut se rendre maître 2 ». L ES DIFFERENDS USAGES DU MOT E SPRIT DANS L ’É CRITURE Le vent En hébreu le mot esprit est ruah. Il désigne d'abord le vent et ses multiples facettes : - violence : C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vais déchaîner un vent de tempête dans ma fureur, il y aura une pluie torrentielle dans ma colère, et des grêlons dans ma fureur, pour détruire (Ez 13,13). - murmure (Élie à l’Horeb) : et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère (1R 19,12). - mais aussi souffle torride qui assèche ou celui qui amène la pluie qui féconde. La respiration 1 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/esprit/31059#XPWPVodLO2zu5XlZ.99. 2 Xavier LEON-DUFOUR (sous la direction), Vocabulaire de Théologie biblique, art. Esprit, Paris, Cerf, 1981, col.388.

« L'esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m'a

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SESSION PASTORALE 2016. LA CONFIRMATION OU LA MISSION DE L’ESPRIT SAINT BERNARD MAITTE

 

«  L’esprit  du  Seigneur  Dieu  est  sur  moi  parce  que  le  Seigneur  m’a  consacré  par  l’onction  »  (Isaïe  61,1).  

Esprit  et  Esprit  de  Dieu  selon  la  Bible   INTRODUCTION Dans toutes les cultures du monde méditerranéen le mot « esprit » peut être utilisé dans différents sens. Ainsi encore pour nous aujourd’hui : « Partie incorporelle de l'être humain, par opposition au corps, à la matière. Être immatériel, revenant, fantôme, qui est supposé se manifester sur terre : Château hanté par les esprits. Principe de la vie psychique, intellectuelle ; capacités intellectuelles, intelligence : Avoir l'esprit pénétrant ». Ou encore par exemple en chimie : « Nom ancien de corps facilement volatils produits par distillation, particulièrement les eaux-de-vie1 ». Cela nous permet de comprendre la richesse de ce terme, les différences mais également les analogies. Dans sa dimension culturelle « Esprit tend toujours à désigner dans un être l’élément essentiel et insaisissable, ce qui le fait vivre et ce qui émane de lui sans qu’il le veuille, ce qui est le plus lui-même et ce dont il ne peut se rendre maître2 ». LES DIFFERENDS USAGES DU MOT ESPRIT DANS L’ÉCRITURE

ð Le vent En hébreu le mot esprit est ruah. Il désigne d'abord le vent et ses multiples facettes : - violence : C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vais déchaîner un vent de tempête dans ma fureur, il y aura une pluie torrentielle dans ma colère, et des grêlons dans ma fureur, pour détruire (Ez 13,13). - murmure (Élie à l’Horeb) : et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère (1R 19,12). - mais aussi souffle torride qui assèche ou celui qui amène la pluie qui féconde.

ð La respiration

1 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/esprit/31059#XPWPVodLO2zu5XlZ.99. 2 Xavier LEON-DUFOUR (sous la direction), Vocabulaire de Théologie biblique, art. Esprit, Paris, Cerf, 1981, col.388.

L’esprit est aussi ce souffle respiratoire qui anime la masse corporelle ; Il vient de Dieu : Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant (Gn 2,7), et retourne à Dieu : la poussière retourne à la terre comme elle en vint, et le souffle de vie, à Dieu qui l’a donné. Vanité des vanités, disait Qohèleth, tout est vanité ! (Ecc 12,7-8). En somme, l’homme n’en est pas le maître.

ð L’esprit de l’homme Ce souffle que l’homme reçoit devient ce qui le caractérise comme être animé, c’est son âme (anima) vivante. En ce sens ce souffle est aussi le sien, c’est son esprit et il en manifeste toutes les émotions : peur, colère, joie : Alors l’esprit de leur père Jacob reprit vie (Gn 45,27), etc. Ce mot ruah est donc aussi bien la conscience de l’homme que son esprit autrement dit son être.

Il est remarquable que lors du 1er récit de la création : Au commencement, Dieu créa le ciel et la

terre. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut (Gn 1,1-3), ce terme ait été interprété aussi bien comme le « souffle de Dieu » ou comme un « vent violent » ou comme « l’Esprit de Dieu ». Dans tous les cas, ce récit nous dit le « possible » de la vie, de l’homme comme de tous les êtres. Mais, il nous dit une chose à laquelle il nous faut être attentif : pour que la vie soit possible, pour que la terre informe et vide s’anime il faut « le dire » de Dieu. L’Esprit souffle où il veut mais le dire en révèle la plénitude et l’être : Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, l'univers, par le souffle de sa bouche (Ps 32,6).

ð Les esprits dans l’homme

L’anthropologie biblique pressent combien l’homme peut être aussi « possédé » par un ou des esprits. Que ce soit une force néfaste : jalousie, haine, prostitution, impureté… ou un esprit bienfaisant : justice, supplication… C’est bien parce que l’homme se sent quelquefois envahi d’une force étrangère que cela le mènera à un discernement des esprits (par ailleurs cher au Pères du Désert). C’est aussi le pressentiment d’un esprit qui transforme et sanctifie, qui livre ses dons ; mieux, qui est le révélant même de celui qui est choisi, oint, consacré ou autrement dit le Messie : Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur qui lui inspirera la crainte du Seigneur. Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs. Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. Du bâton de sa parole, il frappera le pays ; du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant. La justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins. Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. Ce jour-là, la racine de Jessé, père de David, sera dressée comme un étendard pour les peuples, les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure (Is 11,1-10).

Dans le passage biblique qui nous occupe, au moins par le titre de notre propos, tout ce que nous venons d’évoquer se retrouve et s’éclaire

L’ESPRIT DE DIEU Le Chapitre 61 d’Isaïe met en scène le héraut de Dieu

ð Versets 1-4 : présentation de la mission « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur, et un jour de vengeance pour notre Dieu, consoler tous ceux qui sont en deuil, ceux qui sont en deuil dans Sion, mettre le diadème sur leur tête au lieu de la cendre, l’huile de joie au lieu du deuil, un habit de fête au lieu d’un esprit abattu. Ils seront appelés « Térébinthes de justice », « Plantation du Seigneur qui manifeste sa splendeur ». Ils rebâtiront les ruines antiques, ils relèveront les demeures dévastées des ancêtres, ils restaureront les villes en ruines, dévastées depuis des générations. »

ð Versets 5-9 : promesse d’un retournement de situation pour les « compatriotes » de ce porte-parole de Dieu

« Des gens venus d’ailleurs se présenteront pour paître vos troupeaux, des étrangers seront vos laboureurs et vos vignerons. Vous serez appelés ‘‘Prêtres du Seigneur’’ ; on vous dira ‘‘Servants de notre Dieu’’. Vous vivrez de la ressource des nations et leur gloire sera votre parure. Au lieu de votre honte : double part ! Au lieu de vos opprobres : cris de joie ! Ils recevront dans leur pays double héritage, ils auront l’allégresse éternelle. Parce que moi, le Seigneur, j’aime le bon droit, parce que je hais le vol et l’injustice, loyalement, je leur donnerai la récompense, je conclurai avec eux une alliance éternelle. Leurs descendants seront connus parmi les nations, et leur postérité, au milieu des peuples. Qui les verra pourra reconnaître la descendance bénie du Seigneur ».

ð Versets 10-11 : Jubilation par un chant de joie au Dieu sauveur « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car il m’a vêtue des vêtements du salut, il m’a couverte du manteau de la justice, comme le jeune marié orné du diadème, la jeune mariée que parent ses joyaux. Comme la terre fait éclore son germe, et le jardin, germer ses semences, le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes les nations ».

Dans la littérature rabbinique se dégage de manière déterminante la figure du Messie (messias en latin ; meschikhâ en araméen). Ce terme français vient de l’hébreu machiah, signifiant « oint », celui qui sacré par le Seigneur est le Rédempteur de la fin des temps.

Deux aspects sont donc soulignés : la personne même de celui qui est oint et sa mission de type eschatologique. Dans la bible, le oint peut désigner le prêtre, le roi ou le prophète que l’onction soit réelle ou allusive. C’est donc associé à une mission divine que l’oint est identifié. Dès lors, l’oint et l’ère messianique de la fin des temps vont converger pour former ce qu’on appelle le messianisme.

De plus, le terme de Messie est souvent associé dans la Bible au nom de Dieu (Yahvé)

pour exprimer que l’oint « est mis par l’onction dans un rapport spécial avec Dieu… pour les prophètes, l’Oint de Dieu est bientôt le roi idéal qu’Israël attend ; il donnera non seulement la domination universelle à son peuple, mais aussi la justice et la paix au monde entier… Dans le

deuxième Isaïe, la conception du Messie se dégage de tout ce qu’elle avait conservé jusque-là de matériel. Le salut du monde devient le but de l’histoire, l’élection d’Israël ne lui confère plus la prérogative de la puissance, mais celle de la douleur, il doit souffrir pour régénérer l’humanité et convertir tous les hommes à la loi du Dieu unique… Le Messie fait place à l’ère messianique3 ». Les Écritures nous décrivent donc l’Esprit de Dieu comme transformant des personnes les rendant capables de gestes « divins » afin de confirmer le peuple dans sa vocation, à en faire le serviteur et le partenaire de Dieu. Nous pourrions dire que de manière systématique, l’onction est conférée pour manifester une vocation. Celle-ci est d’abord une mise en relation que ce soit avec Dieu ou que ce soit avec le peuple appelé à être un peuple messianique. C’est de cette relation qu’une mission prend sens. On pourra saisir en ce sens l’importance de cette parole prophétique d’Isaïe citée Luc lorsqu’il fait le récit des débuts de Jésus en Galilée : « Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert… Lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge. Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : ‘‘L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre (Luc 4, 1… 21) ». ET L’ŒUVRE DU SALUT L’oint et l’effet de l’onction : une œuvre de l’Esprit de Dieu Quatre réalités entrent donc en jeu et finissent par s’interpénétrer dans l’approche par Israël de la notion de l’esprit : une personne (l’oint) – un don (l’Esprit de Dieu) – un geste (l’onction) – une vocation (la réalisation de l’Alliance). Ainsi : « Venu de Dieu et orientant vers Dieu, l’Esprit est un Esprit saint. Venu du Dieu d’Israël et consacrant Israël au Dieu de l’Alliance, l’Esprit est sanctificateur. Cette action et cette révélation s’affirment en particulier selon trois lignes : ligne messianique du salut, ligne prophétique de la parole et du témoignage, ligne sacrificielle du service et de la consécration. Selon ces trois lignes, le peuple d’Israël est appelé tout entier à recevoir l’Esprit4 ». Les œuvres de l’Esprit sont alors multiples mais en même temps unifiées dans un perspective de salut, témoignage et consécration. Pour l’œuvre du Salut : - l’Esprit de Dieu poursuit l’œuvre de l’Exode et la prolonge. Il « est » avec tel personnage (juge) il fond sur sa proie ou il revêt d’une armure, - le rite de l’onction consacre les rois pour manifester l’empreinte indélébile de l’Esprit (1 Sa 10,1),

3 Danièle IANCU-AGOU, in Dictionnaire des temps des lieux et des figures, sous la direction de André VAUCHEZ, art. Messie, Paris, Seuil, 2010, p.378. 4 Jean GILBERT, in VTB, op. cit, art. Esprit de Dieu, col. 391.

- celui qui doit servir Dieu et le peuple plus saintement est l’oint du Seigneur, le Messie ; l’Esprit descend sur lui, repose sur lui, fait éclater toutes ses ressources, Pour l’œuvre du témoignage - l’Esprit fait parler avec puissance au nom du vrai Dieu, - l’Esprit est force pour parler au nom même de Dieu, - Parole de Dieu et son Esprit sont intrinsèquement lié dans l’acte prophétique, - l’Esprit et alors intelligence et force, mais aussi connaissance de Dieu et de ses voies, - l’Esprit fait tenir debout pour témoigner Pour l’œuvre du service qui consacre - tâche prophétique et tâche messianique (annoncer et établir la justice) est assumée par la figure du Serviteur même si cela passe par la souffrance, - cet Esprit qui repose sur le serviteur le consacre dans une fonction royale - en mettant son Esprit en son serviteur Dieu prend plaisir en celui qu’il choisi - l’Esprit conduit au don de soi, au sacrifice il est ainsi sanctificateur. Pour toutes ces œuvres l’Esprit peut prendre la forme du souffle, du vent, de l’air, du feu, de la lumière, de la nuée, de la pluie, de l’eau, de la source… il est aussi Parole. L’Écriture en associant Parole et Esprit dit les deux puissances données par Dieu pour que tout le peuple soit un peuple saint, consacré au Seigneur, pour que l’Esprit repose sur tout le peuple appelé à être un peuple prophétique, pour que par toute la réponse de sa vie et de ses actes le peuple soit saint comme Dieu est Saint. Aussi : « La Parole pénètre du dehors, comme l’épée met à nu les chairs ; l’Esprit est fluide et s’infiltre insensiblement. La Parole se fait entendre et connaître ; l’Esprit demeure invisible. La Parole est révélation ; l’Esprit transformation intérieure. La Parole se dresse, debout, subsistante ; l’Esprit tombe, se répand, submerge5 ». On pourra trouver là une piste pour comprendre, dans le judaïsme, la fête de Pentecôte. Au départ, la pâque juive dans sa relation au monde agricole est symboliquement la fête des semences et pentecôte est alors fête des prémices, car les premiers fruits de la récolte étaient alors offert au Temple. Mais la signification profonde de la fête est de célébrer le don de la Torah. Israël conjoint ainsi fruit donné par Dieu et Parole donnée par Dieu et le retour de ces dons en sacrifice de louange. Bien sûr, cela n’est pas sans échos pour les chrétiens lorsqu’ils fêtent aujourd’hui Pentecôte, fruit et don de l’Esprit et Parole de Salut pour tous les hommes. CONCLUSION Les chrétiens feront une lecture « accomplie » de toute la tradition biblique de l’Esprit dans le judaïsme. En effet, ils confesseront que Jésus accomplit toutes les Écritures, parce qu’il est le Messie, l’oint de Dieu. Les prophéties se réalisent, car désormais les disciples du Christ – c’est-à-dire l’oint – forment un peuple rempli de l’Esprit, don promis par Jésus, pour être un peuple entièrement prophétique, royal et sacerdotal. Toute la grâce des sacrements – qui chacun donne l’Esprit –, et particulièrement ceux du baptême et de la confirmation sont d’être fondés dans cette tradition de l’Esprit dans le judaïsme. Nous pouvons peut-être mieux saisir maintenant la force de la parole rituelle prononcée lors de l’onction post-baptismale faite avec l’huile parfumée :

5 Idem.

« N., tu es maintenant baptisé : le Dieu tout-puissant, Père de Jésus, le Christ, notre Seigneur, ta libéré du péché et t’a fait renaître de l’eau et de l’Esprit Saint. Désormais, tu fais partie de son peuple, tu es membre du Corps du Christ et tu participes à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi. Dieu te marque de l’huile du salut afin que tu demeures dans le Christ pour la vie éternelle ». C’est alors avec cette huile parfumée, huile d’allégresse selon Hyppolite de Rome, que l’évêque marque le confirmand, faisant de lui pleinement un chrétien (un autre Christ) pour achever en lui ce que Dieu a commencé en le consacrant dans l’Esprit-Saint.