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97 SÉQUENCE 7 La mise en scène de la parole (pp. 152-177) Les mots suffisent-ils à se faire entendre ? 0 0 La mise en œuvre de la séquence Cette séquence s’inscrit dans l’objet d’étude La parole en spectacle. Dans la perspective des pro- grammes, elle apprend aux élèves à « comprendre comment la mise en scène de la parole contri- bue à son efficacité » par un repérage et une interprétation « des codes culturels et des usages sociaux du langage » selon la visée du discours : émouvoir, informer, convaincre… Pour cela, les études concrètes de situations proposées s’articulent en trois orientations : la communication gestuelle, l’apparence vestimentaire et la mise en scène de l’espace du discours. Les documents (décors politiques, scène de théâtre, planches de bande dessinée, plateaux de télévision), tous issus du XXI e siècle, permettent aux élèves de penser autrement les situations qu’ils rencontrent au quotidien. Les progressions possibles Séquence sur trois semaines Semaine 1 Séance 1 Lecture Ouverture (pp. 152-153) Le rire en spectacle (pp. 154-155) Séance 2 Lecture L’autorité de la parole institutionnelle (pp. 158-159) Semaine 2 Séance 3 Langue L’énonciation (pp. 168-169) Séance 4 Lecture La mise en scène de la parole (pp. 162-163) Semaine 3 Séance 5 Épreuves du BAC Exercices (pp. 172-173) Séance 6 Épreuves du BAC Méthode : Critiquer et réfuter un point de vue (pp. 170-171) Sujet du bac (pp. 174-175) Séquence sur quatre semaines Semaine 1 Séance 1 Lecture Ouverture (pp. 152-153) L’importance des gestes (pp. 156-157) Séance 2 Lecture Le vêtement et la parole professionnelle (pp. 160-161) Semaine 2 Séance 3 Lecture Le vêtement et la parole institutionnelle (pp. 158-159) Séance 4 Langue L’énonciation (pp. 168-169) Semaine 3 Séance 5 Période littéraire La télévision et la mise en scène de la parole (p. 176) Histoire des arts La télévision au centre du monde, Nam June Paik (p. 177) Oral Analyser une émission de télévision (pp. 166-167) Séance 6 Lecture Les lieux de la parole politique (pp. 164-165) Semaine 4 Séance 7 Épreuves du BAC Exercices (pp. 172-173) Séance 8 Épreuves du BAC Méthode : Critiquer et réfuter un point de vue (pp. 170-171) Sujet du bac (pp. 174-175) OUVERTURE La mise en scène de la parole (pp. 152-153) Les mots suffisent-ils à se faire entendre ? 0 0 Objectifs Identifier différentes prises de parole. Associer les intentions du locuteur à sa prise de parole. Situer la visée d’une parole dans son contexte. OBJET D’ÉTUDE 0 La parole en spectacle (pp. 148-217)

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Séquence 7 La mise en scène de la parole (pp. 152-177)

Les mots suffisent-ils à se faire entendre ?

00 La mise en œuvre de la séquenceCette séquence s’inscrit dans l’objet d’étude La parole en spectacle. Dans la perspective des pro-grammes, elle apprend aux élèves à « comprendre comment la mise en scène de la parole contri-bue à son efficacité » par un repérage et une interprétation « des codes culturels et des usages sociaux du langage » selon la visée du discours : émouvoir, informer, convaincre… Pour cela, les études concrètes de situations proposées s’articulent en trois orientations : la communication gestuelle, l’apparence vestimentaire et la mise en scène de l’espace du discours. Les documents (décors politiques, scène de théâtre, planches de bande dessinée, plateaux de télévision), tous issus du xxie siècle, permettent aux élèves de penser autrement les situations qu’ils rencontrent au quotidien.

Les progressions possibles

Séquence sur trois semainesSemaine 1 Séance 1 Lecture Ouverture (pp. 152-153) Le rire en spectacle (pp. 154-155)

Séance 2 Lecture L’autorité de la parole institutionnelle (pp. 158-159)

Semaine 2 Séance 3 Langue L’énonciation (pp. 168-169)

Séance 4 Lecture La mise en scène de la parole (pp. 162-163)

Semaine 3 Séance 5 Épreuves du BAC Exercices (pp. 172-173)

Séance 6 Épreuves du BAC Méthode : Critiquer et réfuter un point de vue (pp. 170-171) Sujet du bac (pp. 174-175)

Séquence sur quatre semainesSemaine 1 Séance 1 Lecture Ouverture (pp. 152-153) L’importance des gestes (pp. 156-157)

Séance 2 Lecture Le vêtement et la parole professionnelle (pp. 160-161)

Semaine 2 Séance 3 Lecture Le vêtement et la parole institutionnelle (pp. 158-159)

Séance 4 Langue L’énonciation (pp. 168-169)

Semaine 3 Séance 5 Période littéraire La télévision et la mise en scène de la parole (p. 176) Histoire des arts La télévision au centre du monde, Nam June Paik (p. 177) Oral Analyser une émission de télévision (pp. 166-167)

Séance 6 Lecture Les lieux de la parole politique (pp. 164-165)

Semaine 4 Séance 7 Épreuves du BAC Exercices (pp. 172-173)

Séance 8 Épreuves du BAC Méthode : Critiquer et réfuter un point de vue (pp. 170-171) Sujet du bac (pp. 174-175)

OuVeRTuRe La mise en scène de la parole (pp. 152-153)

Les mots suffisent-ils à se faire entendre ?

00 Objectifs• Identifier différentes prises de parole.•Associer les intentions du locuteur à sa prise de parole.• Situer la visée d’une parole dans son contexte.

ObjeT d’éTude 0 La parole en spectacle (pp. 148-217)

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00 Déroulement de la séanceCette double page d’ouverture est une entrée en matière dans la séquence « La mise en scène de la parole » et ne doit pas forcément durer longtemps. Lancement (5 min). Le professeur écrit la problématique au tableau et recueille les hypothèses des élèves au tableau. Un élève lit le paragraphe sous le titre de séquence ce qui confirme ou infirme les hypothèses des élèves.Première étape (10 min). Les élèves découvrent les iconographies et répondent aux quatre ques-tions. Deuxième étape (5 min). Une mise en commun permet d’effectuer la correction à l’oral ou par écrit.Dernière étape (5 min). Le professeur présente au tableau les trois principaux axes d’étude (les gestes, l’apparence vestimentaire et les lieux) qu’il organise dans un schéma.

00 Pistes de réflexionQuestion 1. L’orateur à Hyde Park cherche à retenir un public de passage, tandis que la plaidoi-rie de l’avocat veut convaincre l’auditoire pour défendre son client. Lors d’une soirée télévisée électorale, les prises de parole des intervenants visent à informer le spectateur des résultats et à les analyser. Question 2. « dire l’indignation » : image 1, « susciter l’émotion » : images 1 et 2, « rechercher la clarté » : images 2 et 3, « faire rire » : image 1, « faire comprendre » : images 2 et 3, « convaincre l’auditoire » : image 2, « divertir » : image 1 et « distribuer la parole » : image 3. Question 3. L’avocat porte une robe noire à l’audience pour attester de ses compétences (la robe n’est délivrée qu’une fois le diplôme obtenu) et le rendre visible par tous. Son argumentaire en devient plus impressionnant, plus convaincant. cOMMenTAIRe 0 La noblesse et le prestige du costume judiciaire ont pour origine leur filiation avec la royauté. En effet, les avocats, qui étaient aussi des clercs, recevaient leur habit d’homme de loi directement du roi puisque la justice était l’attribut essentiel des souverains. Question 4. La parole d’un avocat et celle d’un journaliste de télévision ont en commun la maî-trise de l’éloquence, le souci de clarté et d’exhaustivité. De plus, tous deux s’appuient sur des faits, des preuves pour faire émerger la vérité d’un événement.

LecTuRe Le rire en spectacle (pp. 154-155)

Comment, avec des mots et des gestes, créer une complicité avec le public ?

00 Objectifs• Saisir la visée d’une parole dans son contexte (les comiques).•Comprendre comment la mise en scène de la parole contribue à son efficacité.• Interpréter les procédés de soulignement dans le discours.•Analyser l’utilisation de l’implicite, du sous-entendu, du lieu commun.

00 RepèresLe stand-up (expression qui signifie « se tenir debout ») est une forme particulière de one-man-show (ou one-woman-show) apparue à la fin du xixe siècle aux États-Unis. Il s’agit d’un monologue comique au cours duquel l’humoriste s’adresse au public en donnant l’impression d’improviser. Sans accessoire, sans déguisement, l’humoriste raconte des histoires drôles souvent inspirées du quotidien. Le but du stand-up est d’évoquer la vie de tous les jours de manière décalée, avec un sens de l’observation qui permette au spectateur de s’identifier à l’artiste. La complicité avec le public est essentielle : l’humoriste l’interpelle fréquemment ou prend en compte les réactions de l’auditoire pour modifier son propos. Les premiers grands artistes du stand-up sont américains : Lenny Bruce, Jerry Seinfeld, Woody Allen, Eddy Murphy… L’origine ethnique ou confession-nelle de l’humoriste est souvent une base qui lui permet de détourner les stéréotypes que ses origines supposent. Jamel Debbouze est l’un des premiers en France à se réclamer du stand-up américain. Il a créé le Jamel Comedy Club qui permet de faire émerger de nouveaux artistes tels

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que Thomas Ngijol. De nombreux humoristes français pratiquent le stand-up avec grand succès : Gad Elmaleh, Florence Foresti, Jean-Marie Bigard, Albert Dupontel, Valérie Lemercier, Anne Roumanoff…

00 Déroulement de la séanceLancement (10 minutes). Le professeur fait visionner le sketch de Florence Foresti (Florence Foresti fait des sketches à la Cigale – TF1 vidéo 2006) et fait émerger par un échange dialogué la problématique de la lecture : « Comment, avec des mots et des gestes, créer une complicité avec un public ? »Première étape (20 minutes). Les élèves répondent aux cinq premières questions en autonomie. Le professeur désigne cinq volontaires qui répondent sur un transparent. Les transparents, rétro projetés, servent à l’élaboration de la trace écrite.Deuxième étape (15 minutes). Les élèves sont répartis en quatre groupes ; chacun travaille sur une des quatre dernières questions. Un élève volontaire rassemble les idées de son groupe dans un paragraphe qu’il écrit au tableau.Quatrième étape (10 minutes). Le professeur présente la question bac et inscrit les idées de la classe au tableau. Le texte est à rédiger à la maison pour la séance suivante.

00 Réponses aux questions

Le regard compliceQuestion 1. Florence Foresti crée une complicité avec son public en partageant avec lui ses réflexions sur les raisons pour lesquelles l’oreille humaine a cette forme. Chacun peut se poser cette question et donc s’identifier à l’humoriste. Elle emploie d’autre part un langage familier (« Il y a quand même deux ou trois trucs bien faits » (lignes 1-2), « Il y a des trucs super bien » (ligne 6) et donne l’impression d’improviser ses propos comme s’il s’agissait d’une conversation futile entre amis. Question 2. Le sketch aborde plusieurs préoccupations quotidiennes : pourquoi l’oreille humaine a-t-elle cette forme ? (lignes 1 à15) Comment les autres nous perçoivent-ils physi-quement ? (lignes 22 à 24) À quoi servent les poils disgracieux ? (lignes 38-39). Elle évoque également la fabrication du corps humain comme un travail à la chaîne que chacun connaît. Le spectateur peut se reconnaître dans ces préoccupations qui concernent la vie de tous les jours.Question 3. Florence Foresti incarne la caricature de la jeune femme préoccupée par son appa-rence : « Si la nature était bien faite […] on n’en peut plus » (lignes 22-25), « Nous les filles, on s’en fout des poils » (ligne 39). Elle se pose des questions de manière naïve (pourquoi l’oreille humaine a-t-elle cette forme) en formulant des hypothèses pleines de bon sens et d’humour. Elle brocarde les hommes avec humour : «Tu n’as qu’à leur rajouter un truc qui ne sert pas. C’est quoi ça, là ? Des neurones ? Vas-y, mets-leur, je m’en fous, je n’en veux pas moi » (lignes 51-53). L’utilisation de « nous, les filles » à deux reprises (ligne 23 puis ligne 38) souligne la volonté de voir les spectatrices se reconnaître dans l’humoriste. Elle suscite donc la sympathie du public en se présentant comme une jeune femme ordinaire pleine de gouaille.

Le corps en spectacleQuestion 4. La comédienne se présente sur scène vêtue d’un tee shirt et d’un pantalon noirs banals afin que chaque spectateur puisse se reconnaître en elle. Il s’agit d’une stratégie pour créer une complicité avec le public qui s’identifie à l’humoriste.Question 5. Florence Foresti s’appuie sur le comique de gestes pour souligner ses répliques. Les photogrammes du spectacle montrent qu’elle recourt aux grimaces expressives et à la caricature (geste de l’embarras sur la photographie du haut de la page 155). Elle mime ses propos autour de l’oreille en donnant à voir à quoi ressemblerait un être humain avec une oreille sur le front par exemple. Le comique de gestes appuie le comique de mots pour une plus grande efficacité.

La parole comiqueQuestion 6. Florence Foresti donne l’impression de réfléchir en même temps qu’elle s’exprime. Les dix premières lignes du sketch semblent mimer l’évolution de la pensée : elle cherche le sujet dont elle va parler. Les hypothèses successives des lignes 9 à 14 suivent une logique immédiate : elle s’interroge sur les raisons pour lesquelles nos oreilles ont cette forme et imagine quelle

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aurait été la vie quotidienne avec d’autres créations. Le « laisse tomber » (ligne 14) suggère qu’elle suit le fil de ses pensées : elle se représente le designer ayant dessiné les oreilles humaines puis la chaîne de fabrication de l’être humain par associations d’idées. Le registre courant, parfois familier, ainsi que les multiples formes de phrases (exclamatives, interrogatives) utilisés imitent la conversation ordinaire et font oublier que le sketch est écrit et joué à de multiples reprises.Question 7. Florence Foresti imite d’abord la jeune femme préoccupée par son apparence (le volume de ses fesses ligne 23, les poils à épiler ligne 39). Elle caricature également le créateur inspiré en imaginant que les oreilles humaines ont été créées par un designer italien « branché Art Déco » (ligne 18) qu’on a laissé faire parce qu’il était le « fils du patron » (ligne 18). Elle parodie enfin des ouvriers à la chaîne peu motivés par leur travail (« Ben laisse Paulo, elles s’épileront » (ligne 45)), exécutant les tâches de manière mécanique et grands consommateurs d’alcool (« il y en a même un qui était bourré : le préposé aux poils » (lignes 40-41). Toutes ces imitations relèvent du comique de caractère qui réside dans l’exagération de traits de la person-nalité, des manières, du phrasé, des défauts et des manies de personnages stéréotypés.Question 8. L’humoriste se moque des femmes obsédées par leur apparence : « Si la nature était bien faite, nous, les filles, aurions les fesses devant pour les regarder au moins une fois correctement dans notre vie dans la glace » (lignes 22 à 24) ou « Nous, les filles, on s’en fout des poils. On passe notre vie à les éliminer » (lignes 38-39). Les hommes sont présentés comme étant mysogines – « Cela leur laissera moins de temps pour nous faire chier » (ligne 46) –, peu motivés par le travail « laisse Paulo » (ligne 45), lâches (« si jamais cela tourne au vinaigre, on sera bien contents d’avoir le dessus », ligne 49) et peu intelligents (« Tu n’as qu’à leur rajouter un truc qui sert pas. […] Des neurones ? Vas-y mets-leur, je m’en fous, je n’en veux pas moi. », lignes 52-53). Elle souligne enfin le manque d’humour supposé des hommes : « tu mettras un peu de second degré pour nous les garçons » (ligne 54). Il s’agit d’un comique basé sur la caricature.Question 9. Les « rires et applaudissements » apparaissent à la ligne 29. Ils marquent la satis-faction du public devant la performance de l’artiste qui est partie d’une interrogation banale (Pourquoi les oreilles ont-elles cette forme ?) pour entrer dans un univers plein de fantaisie qu’elle brosse avec de multiples gestes et accents. Les « rires » de la ligne 36 correspondent à la complicité ressentie par le public à la dénonciation d’un travers des hommes qui seraient trom-peurs par nature et la mise en valeur de l’intuition féminine (« tu fais pareil sur les hommes sinon elles vont se douter de quelque chose » (ligne 35). À la ligne 45, les rires sont liés au comique d’exagération : le public imagine la femme avec un torse poilu. Les « applaudissements » qui sont mentionnés ligne 46 et grandissent ligne 53 marquent l’adhésion du public féminin aux propos de l’humoriste qui se moque des hommes en suggérant qu’ils sont musclés mais stupides. Les applaudissements sont donc les plus nombreux quand l’identification du public à l’humoriste est la plus forte.

Question BacLecture, analyse et interprétation.Selon Molière, la comédie se propose de « corriger les vices des hommes en les divertissant ». Le spectateur peut se reconnaître dans un personnage caricaturé sur scène et, en prenant conscience qu’il est ridicule puisque le personnage suscite le rire du public, essayer par la suite de corriger ses défauts. Florence Foresti s’inscrit dans cette tradition comique. En recourant au raisonnement par l’absurde – « il fallait mettre [les fesses] devant ou alors il fallait une tête qui pivote à 360° » (lignes 26-27) » pour que les femmes puissent mieux juger de leur apparence – , elle invite le public féminin à prendre du recul par rapport à son souci du physique. Les hommes sont décrits comme misogynes, accordant plus d’importance aux muscles qu’aux neurones (« Tu n’as qu’à leur rajouter un truc qui sert pas. […] Des neurones ? Vas-y mets-leur, je m’en fous, je n’en veux pas moi. » (lignes 52-53)). Ils sont par ailleurs présentés comme régentant tout puisque la chaîne de fabrication de l’être humain imaginée par Florence Foresti apparaît comme pouvant n’être dirigée que par des hommes. Enfin, l’humoriste suggère que les hommes manquent d’hu-mour quand le public masculin manifeste sa réprobation par rapport aux propos qu’elle tient sur eux : « et puis tiens, tu nous mettras un peu de second degré pour nous les garçons, je crois qu’on en aura besoin » (lignes 54-55). Elle expose ainsi explicitement son intention : par le

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second degré, chacun est invité à ne pas prendre au pied de la lettre les reproches comiquement énoncés mais à réfléchir sur son comportement pour se montrer plus juste et raisonnable.

LecTuRe L’importance des gestes (pp. 156-157)

Comment le corps accompagne-t-il la parole ?

00 Objectifs•Comprendre que les gestes influencent la réception d’un discours. • Interpréter plusieurs gestes dans une situation de communication. • Être conscient des codes culturels et des usages sociaux du langage.

00 RepèresLes études, de plus en plus nombreuses, sur la communication gestuelle s’inscrivent dans une réhabilitation générale du corps comme objet d’étude historique, sociologique et artistique depuis la 2e moitié du xxe siècle. On appelle communication gestuelle tout signe corporel accompagnant, complétant ou rem-plaçant la parole avec pour effet de traduire, intentionnellement ou non, un état affectif ou de transmettre une information. Cette gestualité (qui comprend les gestes, les postures et les mimiques) possède un impact supérieur au verbal d’autant qu’elle est universelle (seul 5 % de nos gestes sont culturels). On peut distinguer :– les gestes conscients et maîtrisés : ils clarifient le discours, appuient ou miment certains mots et traduisent les motivations du locuteur. Ex : serrer le poing pour montrer sa conviction ou bien balayer l’espace avec ses mains de gauche à droite pour mimer la structure de ses idées… Maîtriser ses gestes permet aussi de donner du poids à ses arguments pour mieux convaincre l’auditoire. – les gestes involontaires : ces gestes inconscients expriment des sentiments que l’on préfére-rait souvent cacher. Ainsi, rougir lors d’une prise de parole publique révèle involontairement le mal-être et les faiblesses du locuteur. – les gestes d’ouverture : ils facilitent le contact avec les autres et prouvent que l’on tient compte de son interlocuteur, qu’on s’ouvre à ses idées. Il suffit par exemple de regarder son interlocuteur dans les yeux ou d’acquiescer de la tête en écoutant son discours…– les gestes de fermeture : souvent involontaires, ils consistent par exemple à croiser les bras lorsque l’interlocuteur s’oppose à vos idées ou encore à repousser ses remarques en plaçant les paumes de la main vers l’extérieur. Par ailleurs, certains gestes vont jusqu’à se substituer aux mots. Par exemple, tendre la main à un collègue signifie qu’on le salue sans forcément redoubler l’acte d’un « bonjour », lever le pouce suffit à attester de la réussite d’une action tout comme pointer du doigt un enfant suffit à poser un interdit.

00 Déroulement de la séanceLancement (5 min). Le professeur peut faire semblant d’interroger un élève en le désignant et du regard sans dire mot. En révélant le tour, le professeur introduit l’importance des gestes dans la communication.Première étape (15 min). Deux élèves prennent en charge la lecture de la bande dessinée. Le professeur traite les questions 1 et 2 à l’oral puis les élèves répondent aux questions 3 à 5 par écrit. Une mise en commun a lieu pour corriger les réponses. Deuxième étape (15 min). Les élèvent lisent la rubrique « Connaissances BAC » que le professeur commente puis ils répondent aux questions 6 à 9. Une correction est proposée. Dernière étape (20 min). Le professeur demande aux élèves d’écrire la trace écrite à partir du résumé de la rubrique « Connaissances BAC » et d’exemples concrets tirés de la bande dessi-née. Pour la séance prochaine, les élèves rendront la compétence d’écriture (Question Bac) qui pourra être évaluée.

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00 Réponses aux questions

La situation de la communicationQuestion 1. Cette planche de la bande dessinée Quai d’Orsay présente la rencontre entre le ministre des Affaires étrangères (l’émetteur) et un étudiant en sciences politiques (le récepteur). Le ministre lui demande d’intégrer son cabinet pour éviter une crise internationale au royaume imaginaire de Lousdem. Question 2. Le motif de l’entretien devient explicite dans la vignette 3 lorsque le ministre annonce : « J’ai besoin d’une équipe, Arthur… un commando ».

La parole et l’argumentationQuestion 3. Le ministre fait lire une citation à l’étudiant qu’il imagine sensible à la valeur des livres et des idées. Ce moyen détourné ajoute une légitimité et une aura à la parole du ministre qui devient l’héritier d’une tradition politique. cOMMenTAIRe 0 Comme le ministre avec l’étudiant, nombreux sont les écrivains et essayistes à citer des auteurs reconnus en exergue de leurs livres. La citation séduit le lecteur et situe l’œuvre dans un chemin de pensée. Cette filiation renforce l’impact des arguments à venir. Question 4. Par le choix de son lexique, le ministre cherche à susciter la crainte de l’étudiant. Son discours mobilise en effet le champ lexical de l’affrontement : « dangereux » (vignette 8), « menace » (v. 7), « frapper » (v. 9), « tensions » (v. 11). Par son débit nerveux et cadencé, le ministre fait sentir à l’étudiant l’urgence d’agir et ne lui laisse aucun temps de réflexion. Le mutisme du jeune homme et son expression stupéfaite (dernière vignette) nous prouvent le succès de l’argumentaire. Question 5. Pour intégrer le cabinet, l’étudiant doit attester d’une disponibilité totale, posséder un esprit d’équipe, se montrer réactif dans l’urgence et respecter la hiérarchie.

Les gestes et l’argumentationQuestion 6. Le corps très mobile du personnage principal est agité par l’urgence de la situation et le désir de convaincre. Son corps envahit l’espace de l’étudiant et tend à le dominer, à l’écra-ser. Ses gestes structurent son discours au même titre que ses arguments. cOMMenTAIRe 0 L’implication du corps dans la communication ne se réduit pas aux gestes, atti-tudes et postures mais concerne aussi la manière d’occuper l’espace. La proxémie, discipline développée par Edward Hall dans les années 1960, analyse ces distances physiques présentes dans toute interaction. Elle démontre que la nature de l’interaction modifie la distance entre les deux interlocuteurs. Par exemple, la sphère intime suppose une distance moyenne de 45 cm entre les interlocuteurs contrairement à la sphère sociale située : entre 1 m et 3,5 m de distance. Dans la bande dessinée, le ministre envahit l’espace de l’étudiant en transgressant la distance physique de l’entretien professionnel (qu’on mesure entre 1.2 m et 1.8 m) pour s’immiscer dans sa sphère intime. Question 7. Dans la vignette 4, l’index pointé sur le jeune homme lui rappelle avec menace les exigences de sa future fonction.Dans les vignettes 5 et 10, le poing fermement serré du ministre renforce sa volonté d’agir et de peser dans les relations internationales. Dans la vignette 9, le ministre accompagne le rythme binaire de son discours en balayant l’es-pace de ses mains. On les imagine se déplacer à gauche pour introduire la réplique « Aujourd’hui, c’est l’Amérique » avant de se porter à droite et d’ajouter : « Demain, d’autres puissances… ». Question 8. Dans la vignette 3, le ministre affiche une posture en retrait avec les mains jointes lorsqu’il demande à l’étudiant de rejoindre son équipe. Ce geste trahit sa crainte d’accuser un refus et une certaine faiblesse. Question 9. D’après sa gestuelle, le ministre possède un caractère dominant et autoritaire (l’index pointé, v.8). Ses gestes révèlent aussi sa volonté d’agir sur les événements (la main serrée, v.5), un esprit structuré (les mains qui balayent l’espace, v. 9) et une certaine faiblesse lorsqu’il demande de l’aide (les mains jointes, v. 3). cOMMenTAIRe 0 La synergologie est la discipline, encore peu institutionnalisée, qui étudie les rapports entre la personnalité d’un individu et les mouvements de son corps : gestes, atti-tudes, postures. Par exemple, une personne dite « sanguine » occupera l’espace d’une gestua-

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lité ample, affirmée et abondante tandis que les gestes du « lymphatique » seront plus rares, lents et réguliers.

Question BACCompétences d’écritureCorrigé possible : Si j’ai bien compris, Monsieur le Ministre, (il regarde le ministre dans les yeux) vous me demandez d’intégrer votre équipe de… (il tend la main vers le ministre pour lui rappeler que l’expression vient de lui)… « commando » pour apaiser les tensions internationales au Royaume de Lousdem. Cette décision suppose deux choses (il compte avec ses doigts) : que je me reconnaisse dans vos conceptions de la politique mais aussi que j’accepte les contraintes de la fonction. Pour le premier aspect, je constate aussi, en lisant la presse, que les attentats du 11 septembre 2001 ont fragilisé les États-Unis au point de les mener vers une politique de… (il tend la main vers le ministre) « guerre préventive » comme le disiez à l‘instant. Et, je crois comme vous, qu’une telle attitude ne peut que conduire à une crise diplomatique lourde de conséquences. (le poing serré, il frappe l’air) Il faut intervenir ! (il place ses doigts en faisceaux) Et puis, si nous n’intervenons pas, le Royaume de Lousdem ne pourra pas lutter seul : la France est son seul espoir ! Enfin, en ce qui concerne les contraintes de la fonction, je les accepte toutes mais (son corps se tasse et il joint ses mains) serait-il possible de m’accorder deux jours par semaine pour achever ma thèse ? Eh bien, puisque cela vous convient, (il se lève et se tient droit, face au ministre) je crois que vous avez compris que j’acceptais votre proposition (il croise les bras). Enfin, il ne me reste qu’une seule crainte : mon inexpérience sur le terrain !

00 Critères d’évaluation– Présence claire d’une décision (1 point)– Justification par des arguments pertinents (2 points)– Présence de gestes et postures qui renforcent le discours (3 points)– Prise en compte du destinataire (1 point)– Maîtrise de la langue (3 points)

LecTuRe L’autorité de la parole institutionnelle (pp. 158-159)

Le vêtement sert-il à renforcer le pouvoir des mots ?

00 Objectifs•Repérer et interpréter les codes de la tenue institutionnelle. •Comprendre comment le vêtement rend la parole institutionnelle plus vraie.• Être conscient des codes culturels et des usages sociaux du langage.

00 RepèresPar vêtement institutionnel nous entendons les uniformes rattachés à des métiers d’État comme la justice, la santé, l’armée, les forces de l’ordre… Ce vêtement, très codifié, possède une double utilité : pour celui qui le porte, il prépare à la prise de fonction en lui prodiguant l’autorité nécessaire et pour le citoyen qui l’observe, il impressionne différemment selon le métier et sa perception (sentiment de protection, de respect, d’admiration, de crainte….). Ce double pouvoir provient de certaines particularités de l’uniforme qui exacerbent l’autorité de son discours :– la symbolique des couleurs : le vêtement colore la parole d’une force symbolique qui sensibi-lise, consciemment ou non, le citoyen. Par exemple, le rouge de la tenue de procureur symbolise la royauté. Antoine Garapon, spécialiste du rituel judiciaire, confirme qu’ « alors même que la monarchie a disparu en France, la robe judiciaire marque la survivance symbolique, dans la République, de la personne même du roi ». D’une autre manière, la tenue de camouflage kaki du militaire rappelle au citoyen qu’il s’adresse à un homme d’action, apte à mener des opérations dangereuses sur le terrain : le pouvoir de ses mots n’en est que renforcé ;

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– la mise en forme du corps : selon l’exercice de l’autorité (par une action physique ou par un discours), on constate que l’ampleur de l’uniforme varie. En effet, l’habit d’avocat dissimule le corps du sujet qui doit s’effacer pour mieux incarner l’institution tandis que la coupe ajustée de l’uniforme de feu des sapeurs-pompiers annonce la prédominance du physique. Dans ce dernier cas, c’est le corps lui-même qui, valorisé par l’uniforme, instaure l’autorité du discours ;– le pouvoir des accessoires : Il s’agit par exemple des décorations honorifiques du procureur ou du colonel qui donnent à admirer la réussite de leur parcours professionnel. D’autres accessoires représentent les valeurs attendues dans la parole de celui qui les porte. Par exemple, l’écharpe tricolore et la cocarde des maires de France (cocarde ornée d’un coq et entourée de feuilles de laurier et de chêne) attestent de la présence des valeurs républicaines dans le discours des élus.

00 Déroulement de la séancePour mener ce déroulement de séance dans les meilleures conditions, il est conseillé de le mettre en œuvre avec un effectif réduit. Lancement (5 min). Le professeur projette deux images montrant chacune un médecin au travail : un seul des deux est identifié comme tel grâce au port de la blouse blanche. Le professeur demande aux élèves d’attribuer deux adjectifs qualifiant chacun des hommes. Il les classe au tableau selon les connotations. Première étape (25 min). Le professeur sépare la classe en deux groupes. Un groupe étudie les questions relatives à l’homme de loi (avocat et procureur) à savoir : 1, 2, 4, 5, 6 et 7 tandis que l’autre prend en charge les questions relatives à l’infirmière à savoir : 3, 5, 6 et 8. Pour rééquilibrer le travail, on peut ajouter une ou deux questions sur la tenue d’infirmière. Le professeur apporte une aide individualisée pour améliorer et valider les réponses de chaque élève. Deuxième étape (20 min). Chaque élève du groupe « homme de loi » forme un binôme avec un élève du groupe « infirmière » : ils échangent et expliquent leurs réponses en respectant l’ordre des questions de la page 159. Dernière étape (5 min). Le professeur lit et commente la « Question Bac » et demande de la rédiger pour la séance prochaine. Il vérifie ainsi que l’échange entre élèves a été constructif.

00 Réponses aux questions

Le code vestimentaireQuestion 1. Les détails caractéristiques du costume d’avocat sont : la longue robe noire, le rabat blanc et l’épitoge. Le vêtement est très codifié car il doit témoigner de la rigueur et la « mise en ordre » (l. 5) du corps de l’avocat. Question 2. On repère cette hiérarchie d’après la robe du procureur qui arbore une épitoge en hermine et un manteau de drap rouge : tous deux symboles de la royauté. Les décorations, récompenses d’une carrière qu’on imagine brillante, ont la même fonction. cOMMenTAIRe 0 La hiérarchie et les compétences s’expriment aussi par le vêtement au sein d’une même profession, comme pour les magistrats. En effet, la taille de l’hermine sur l’épitoge croît proportionnellement à l’avancement du magistrat. De même la ceinture de sa robe nous ren-seigne sur le prestige de son lieu d‘exercice : sa couleur est bleue en province et noire à Paris. Question 3. La blouse d’infirmière est d’abord conçue pour faciliter les tâches quotidiennes. La coupe ajustée et les manches courtes garantissent l’aisance nécessaire lors des déplacements et des soins. La position des boutons et les poches réservées aux instruments professionnels permettent de gagner de temps au profit du patient. La blouse permet aussi à l’infirmière d’ex-primer sa personnalité puisque certaines poches sont réservées à ses effets personnels : bijoux, agenda, téléphone…

La vérité et la parole vraieQuestion 4. La robe de l’avocat renforce sa parole car elle incarne les valeurs de la justice telle que l’équité, l’« ordre » (texte 1, l. 5), la « vérité institutionnelle » (texte 1, l. 11) et atteste la présence de ces valeurs dans la parole de l’avocat. Question 5. La robe, incommode pour travailler, permet surtout à l’avocat « d’être vu » (texte 1, l. 3) comme dans un « habit de théâtre » (texte 1, l. 2-3). C’est l’ampleur de cette longue étoffe noire qui impressionne et accentue la présence de l’avocat. L’emphase des gestes s’accompagne

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des mouvements de l’étoffe : « la robe donne forme au discours » (texte 1, l. 15). Quant à l’infir-mière, sa blouse est un élément « glorifiant » (texte 2, l. ) aux yeux des patients. Elle décuple son charisme et son assurance. Question 6. La couleur noire, au tribunal, connote l’absence de fantaisie, la gravité et la priva-tion. Cette couleur conforte donc la vérité de l’avocat fondée sur la rigueur de la démonstration et la logique de l’argumentaire. Il en est autrement de la couleur blanche dans le monde médical. Symbole de connaissance, de probité et d’hygiène, le blanc de la blouse d’infirmière conforte une parole scientifique à valeur explicative et objective. cOMMenTAIRe 0 À l’origine, les hommes de loi appartenaient au clergé. Pour cette raison, ils ont revêtu une robe noire en signe de soumission à leur célibat et, par extension, le noir est devenu au tribunal un signe d’abnégation, de privation. Pour la tenue d’infirmière, l’utilisation de la couleur blanche s’explique par la volonté de changer l’image négative de la blouse. Longtemps, la blouse a en effet été perçue comme une protection contre les agressions d’un milieu réputé sale : c’est la blouse grise du quincailler qui se protège des visseries rouillées, c’est la blouse noire du maquignon (vendeur de chevaux). Le blanc de la tenue d’infirmière a transformé cette perception en valorisant le souci d’hygiène des personnels soignants.

L’autorité de celui qui parleQuestion 7. L’autorité de l’avocat et du procureur s’amplifie par le vêtement de plusieurs façons. Par la noblesse de ses étoffes (hermine, drap rouge, épitoge en fourrure), la robe rend visible le prestige social du métier d’avocat. Par son aspect codifié, la robe connote la rigueur, la droiture d’esprit. Enfin, la robe et ses décorations attestent des compétences du procureur et de ses succès.Question 8. La blouse blanche donne le courage d’affronter certaines situations difficiles et stressantes : « Une fois ma blouse mise, je n’ai plus le trac » (l. 5). D’autre part, elle rassure le patient qui perçoit son pouvoir « salvateur » (l.2) et, par la blancheur du vêtement, son souci d’hygiène. En somme, la tenue protège l’infirmière en même temps qu’elle sensibilise le patient. cOMMenTAIRe 0 Le personnel soignant semble conscient des pouvoirs protecteurs et rassurants de la blouse car aucun règlement n’oblige à la porter.

Question BACLecture, présentation du corpusCorrigé possible : Les deux textes et leurs illustrations associent les fonctions de l’homme de loi (plaider pour défendre son client) et de l’infirmière (soigner et rassurer ses patients) avec les caractéristiques du vêtement. Ils montrent que, selon des codes propres à chaque tenue, le vêtement accentue l’autorité de la parole institutionnelle. En effet, la robe d’avocat et de procureur, véritable « habit de théâtre » (texte 1, l. 2-3) renforce la présence de celui qui parle. De plus, la noblesse des étoffes (fourrure en hermine, revers de manche en soie) impressionne l’interlocuteur ce qui amplifie l’autorité de l’homme de loi. La robe, « elle-même […] discours » (texte 1, l. 13), incarne aussi les valeurs attendues dans la parole de l’avocat : la rigueur et la « vérité institutionnelle » (texte 1, l. 11). À l’inverse, la tenue d’infir-mière est moins destinée à impressionner qu’à rassurer le patient en attestant de ses compé-tences. En effet, la coupe ajustée et les manches courtes de la blouse attestent que l’infirmière agit vite et avec aisance : cela lui confère un pouvoir « salvateur » (texte 2, l. 1-2). Par ailleurs, le blanc de la tenue connote la propreté et la maîtrise de connaissances scientifiques par la soignante. L’ensemble documentaire démontre en détails que la blouse d’infirmière et la robe d’homme de loi renforcent, chacun à sa manière, le pouvoir de leur parole.

00 Critères d’évaluation– Présentation du métier d’homme de loi et d’infirmière (2 points)– Description des tenues institutionnelles (2 points)– Utilisation des deux textes pour montrer comment le vêtement renforce l’autorité de la parole (4 points)– Maîtrise de la langue (2 points)

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LecTuRe Le vêtement et la parole professionnelle (pp. 160-161)

Comment le vêtement dit-il ce que l’on sait faire ?

00 Objectifs•Comprendre comment la tenue de travail annonce les compétences de celui qui la porte. •Analyser l’évolution du regard d’un personnage. • Être conscient des codes culturels et des usages sociaux du langage.

00 RepèresCertaines professions recourent au port de l’uniforme non seulement par nécessité fonction-nelle mais aussi parce que l’habit de travail se pense comme un signe d’identification et d’appar-tenance. Il confère à celui qui le porte le pouvoir de dire ce qu’il sait faire et ce de plusieurs manières. – L’uniforme renseigne sur les activités du métier. En effet, les détails de la tenue de cuisinier nous informent sur certaines tâches professionnelles : l’épais tissu de la veste de cuisine indique le contact avec des produits inflammables, le tour de cou (pour absorber la sueur) et le col droit de la veste (pour être à l’aise) rappellent que cuisiner nécessite un effort physique tandis que les chaussures antidérapantes confirment que le cuisinier agit dans la précipitation. À l’inverse, le costume-cravate du cadre supérieur annonce plutôt des activités à dominante conceptuelle.– L’uniforme atteste d’une qualification. Lorsque le pilote de ligne se présente aux voyageurs, son uniforme prouve l’obtention de son diplôme et, ce faisant, sa maîtrise des compétences nécessaires au décollage de l’avion. La tenue de pilote rassure et semble dire : « Vous voyez, je sais faire voler un avion ». – L’uniforme indique la position hiérarchique. Cette fonction de la tenue professionnelle impose autant une autorité qu’elle facilite le travail en équipe. Une hôtesse de l’air confirme que : « le chef de cabine, dans la phase d’embarquement et de clôture du vol, doit repérer d’un simple regard « qui fait quoi » : c’est une phase stressante et la communication non verbale, à travers les signes de reconnaissance du vêtement, constitue un outil facilitateur ». Le statut pro-fessionnel s’exprime souvent au travers de détails tels que la taille des manches. En effet, dans la restauration rapide le cuisinier porte une tenue à manches courtes (associée aux compétences manuelles) tandis que les responsables se différencient par des manches longues. Un autre moyen de rendre visible son statut réside dans les couleurs comme en témoigne l’expression « col blanc-col bleu » séparant les cadres des exécutants. C’est ainsi qu’un simple col tricolore (bleu, blanc, rouge) suffit à distinguer l’artisan ordinaire du Meilleur ouvrier de France.

00 Déroulement de la séanceLancement (5 min). Le professeur peut questionner les élèves sur leur perception d’eux-mêmes et celle de leur entourage lorsqu’ils portent leur habit professionnel : le costume (filières de l’hôtellerie, du commerce…) ou la blouse (filières industrielles, sanitaires et sociales…). Il explique ensuite les objectifs de la séance. Première étape (20 min). Le texte 1 est lu par un élève en deux temps (1er temps : l. 1 à 20, 2e temps : l. 21 à 61). Les élèves répondent oralement aux questions 1 et 2 puis par écrit aux questions 3 à 7. Une mise en commun permet une correction écrite. Deuxième étape (20 min). Un élève lit la « Question Bac ». Éclairés par les commentaires du pro-fesseur, ils y répondent en autonomie. Ce travail peut faire l’objet d’une évaluation. Dernière étape (10 min). Le professeur vérifie les acquis de la séance en demandant à quelques élèves de choisir une autre tenue professionnelle pour expliquer comment elle « dit ce que l’on sait faire ». Ex : l’uniforme militaire, l’uniforme de pompier…

00 Réponses aux questions

Le vêtement professionnelQuestion 1. Camille perçoit d’abord le changement d’identité de Franck avec stupéfaction et demeure « interdite » (l. 20) puis elle s’avère « fascinée » (l. 33) à la vue de cet homme nouveau.

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Enfin, toute perturbée, Camille est « partagée entre se concentrer […] et lever la tête pour ne pas en perdre une miette » (l. 34). cOMMenTAIRe 0 Une autre tenue professionnelle fascine tout autant : l’ « uniforme de feu » des sapeurs-pompiers. Ginette Francequin (Le vêtement de travail, une deuxième peau, Eres, 2008) rap-pelle que « 90 % de la population apprécient l’uniforme de pompier ». Lorsqu’elle questionne un pompier volontaire de 25 ans, il confirme que « les pompiers sont encore sans doute les per-sonnes en uniforme « préférées » et les plus admirées par la population. Nous sommes perçus dans une relation humaine de soutien et d’aide ». Question 2. Les candidats de l’émission Masterchef se présentent au jury « en vêtement de travail » (l. 2). Leur tenue indique qu’ils ont franchi un premier pas dans l’univers de la gastrono-mie. L’acquisition de nouvelles compétences se traduit donc par un changement d’apparence vestimentaire. Question 3. La tenue de travail rassure celui qui la voit car elle annonce les qualités profession-nelles de celui qui la porte. C’est bien cette tenue qui métamorphose, aux yeux de Camille, le Franck négligé en un talentueux cuisinier.

L’autorité de la parole professionnelleQuestion 4. Le vêtement de cuisine de Franck traduit certaines de ses qualités professionnelles. À son « pantalon nickel » (l. 21) et à sa « veste impeccablement repassée » (l. 21) on perçoit la rigueur et le sens de l’organisation. Son « tablier et torchon immaculés » (l. 23) prouve son souci d’hygiène et sa maîtrise des techniques de cuisine. Question 5. Les apprentis présentent leur plat en « vêtement de travail » (l. 2) face à un jury en « costume trois-pièces » (l. 3). La distinction hiérarchique est forte : le tablier, souvent taché, rappelle leur niveau de débutant tandis que la tenue cérémonieuse du jury rend compte de leur accomplissement professionnel, de leur réussite. Question 6. Dans le texte 1, les termes techniques employés par les professionnels sont nom-breux : « commis » (l. 3), « chef de partie » (l. 6), « saucier » (l. 41), « du pourpier » (l. 52), « roquette » (l. 54), « ficoïde glaciale » (l. 58). Dans le texte 2, les termes techniques sont : « écrasée » (l. 4), « textures » (l. 6), « bouchées » (l. 8), « insipide » (l. 11). L’utilisation d’un voca-bulaire technique permet de repérer la hiérarchie établie dans la cuisine (le commis n’a pas la même autorité que le chef), de décrire avec précision les saveurs et enfin de distinguer les varié-tés d’ingrédients (dans le texte 1, la salade se décline en quatre variétés). cOMMenTAIRe 0 Le vocabulaire spécialisé permet aussi de nommer les divers ustensiles de cuisine selon leur fonction. Par exemple, le couteau à désosser ne requiert pas la même technique de coupe que le couteau à filet de sole. Question 7. Le vêtement ne suffit pas à valider la compétence de celui qui parle car il importe aussi de maîtriser un savoir-faire, une technique. Il ne suffit pas d’être déguisé en pilote de ligne pour faire décoller un avion !cOMMenTAIRe 0 Revêtir le vêtement professionnel ne suffit pas à acquérir les compétences annoncées par le vêtement : il faut parfois se méfier des apparences. En effet, si l’uniforme annonce les compétences d’un professionnel, il peut aussi bien duper en attestant de compé-tences que la personne ne possède pas. Le film Attrape-moi si tu peux de S. Spielberg illustre cet usage fallacieux de l’uniforme. Il raconte l’histoire vraie de Frank Abaganale Jr, adolescent fugueur, virtuose de la fausse identité, se faisant passer tour à tour pour pilote de ligne, médecin ou avocat dans l’Amérique des années 60. La fascination et la crédibilité que confère le costume, devenu panoplie, lui ouvrent les portes de milieux professionnels dont il ignore tout.

Question BACLecture, analyse et interprétationCorrigé possible : Dans cet extrait Anna Gavalda décrit, en quatre étapes, l’évolution du regard de Camille sur Franck, son compagnon, lorsqu’elle le découvre en tenue de cuisinier. En effet, le passage de la ligne 27 à 29 nous rappelle d’abord que Camille perçoit Franck de façon très péjorative puisqu’il est tour à tour « vantard » (l. 27), « crétin » (l. 27), « péteux » (l. 27) et misogyne. Mais cette énumération ne sert qu’à renforcer sa stupeur lorsqu’elle découvre

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Franck en habit de cuisinier : « Elle leva la tête et resta interdite » (l. 20). La métamorphose est si radicale qu’ « elle ne le reconnut pas » (l. 21). Ensuite, Camille ressent une irrésistible fascina-tion qu’elle explique par le « prestige de l’uniforme » (l. 29) : elle ne peut s’empêcher d’admirer Franck en levant « la tête pour ne pas en perdre une miette » (l. 34). Enfin, aux yeux de Camille, la tenue professionnelle revalorise Franck comme en témoignent les expressions mélioratives : « plus grand », « beaucoup plus calme que d’habitude » (l. 35). Dans ce passage, le lecteur suit les étapes de l’évolution du regard de Camille et ressent nette-ment la rupture entre l’image de Franck au quotidien et l’image du cuisinier accompli.

Critères d’évaluation– Présence des étapes de l’évolution du regard de Camille (4 points)– Illustration par des citations placées entre guillemets (2 points)– Mise en avant d’une rupture entre l’homme ordinaire et le cuisinier (2 points)– Maîtrise de la langue (2 points)

LecTuRe La mise en scène de la parole (pp. 162-163)

Comment la mise en scène peut-elle favoriser le débat d’idée ?

00 Objectifs•Comprendre comment la mise en scène de la parole contribue à son efficacité. •Repérer les caractéristiques de différentes prises de parole.•Analyser l’importance de la disposition scénique dans la circulation de la parole.

00 RepèresCertaines des émissions proposées ci-dessous à titre d’exemple ne sont plus programmées mais de nom-breux extraits vidéos sont accessibles sur le site de l’Institut National de l’Audiovisuel (www.ina.fr)Longtemps, la parole publique s’est inspirée de la tradition théâtrale où le locuteur tient un discours-monologue face à un public muet. C’est le cas de la remise des prix Nobel, des discours de réception à l’Académie française ou de la cérémonie des Césars qui a d’ailleurs lieu au théâtre du Châtelet à Paris. Patrick Amey (La parole à la télévision, les dispositifs des talk-shows, 2009) qua-lifie cette parole solennelle de « monologale ». En rupture avec ce dispositif, le débat implique une parole délibérative et « dialogale » où les échanges d’idées participent à la quête commune d’une vérité. Pour se faire, les participants, en nombre réduit, se font face autour d’une table de forme souvent ovoïde ou triangulaire afin que circule la parole. Sa mise en scène télévisée construit soit un espace de sociabilité (c’est par exemple le « studio-salon » dans l’émission Ce soir ou jamais ou l’atmosphère du « studio-café » dans l’émission Face au français) soit un espace de réflexion à l’ambiance studieuse comme dans l’émission C’est dans l’air. Conjointement et depuis les années 1980, le dispositif des talk-shows instaure de nouvelles modalités de circulation de parole qu’Amey appelle « polylogale ». Dans ce modèle télévisé, le public, qu’il soit citoyen ordinaire ou emblématique, intervient indirectement (témoignage téléphonique, vote ou ques-tion par SMS) ou lors d’une prise de parole sur le plateau. Ce changement affecte toute la scénographie des plateaux de télévision : l’espace réinvestit l’idéal antique de la parole démocra-tique avec le « studio-amphithéâtre » (l’émission Du fer dans les épinards) ou bien se construit de manière polycentrée entre l’espace de l’animateur, l’espace des experts/chroniqueurs et l’espace du public (émission On ne demande qu’à en rire). Dès lors, l’animateur voit son rôle se renforcer puisqu’il connecte désormais tous ces espaces de parole en même temps que le contenu même du discours se transforme : plus simple, plus concis, plus divertissant pour maintenir l’attention du téléspectateur.

00 Déroulement de la séanceLancement (5 min). Le professeur peut annoncer qu’un débat oral aura lieu la semaine prochaine dans cette salle. Il demande alors aux élèves : « Comment pourrait-on modifier l’espace de manière à favoriser la circulation de la parole ? ». Il introduit ensuite les objectifs de la séance. Première étape (15 min). Pour chaque document, le professeur demande à un élève de lire le

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commentaire introduisant le document et de décrire chaque disposition scénique. Les élèves répondent oralement aux questions 1 et 2 et par écrit aux questions 3 à 5. Une mise en commun permet une correction écrite.Deuxième étape (15 min). Les élèves prennent connaissance des schémas de circulation de la parole et de la durée des interventions. Le professeur commente puis invite les élèves à répondre aux questions 6 à 8. Troisième étape (15 min). Le professeur projette un tableau vierge au rétroprojecteur (en hori-zontal : les titres des trois documents, en vertical : les trois axes du cours). Les élèves volontaires viennent le remplir de façon synthétique. Ce tableau tient lieu de trace écrite. Dernière étape (5 min). Un élève lit à haute voix la « Question Bac » que le professeur demande de réaliser pour la séance prochaine.

00 Réponses aux questions

La construction de l’espaceQuestion 1. Dans la parole solennelle (doc. 1) : trois participants s’expriment, dans la parole en débat (doc. 2) cinq participants prennent la parole et dans la parole de proximité (doc. 3) sept intervenants interagissent avec le public. Question 2. Le public de la parole solennelle est séparé des intervenants par cette frontière visible qu’est la scène tandis que dans la parole de proximité, le public est intégré au plateau de télévision. Cette différence nous amène à conclure que la disposition du public détermine sa prise de parole selon qu’il sera spatialement exclu (public passif) ou intégré (public actif). Question 3. Dans le document 1, les participants, qui font face au public, parlent peu pour conserver son attention. Dans les documents 2 et 3, la disposition des six participants en face à face facilite les interventions plus longues et les échanges. On remarque aussi dans la parole en débat (doc. 2) que les participants les plus prolixes sont souvent proches de l’animateur dont le rôle consiste à distribuer la parole.

La circulation de la paroleQuestion 4. La parole solennelle est une parole très codifiée et ritualisée (dans notre cas, le présentateur introduit les nominés, il annonce le lauréat puis le public écoute son discours). De plus, la parole ne circule pas puisqu’elle est frontale : de la scène vers l’auditoire. À l’inverse, la parole de proximité est dynamisée et mise en spectacle par l’animateur qui fait interagir des intervenants au statut varié : experts, invités, public. Question 5. Le public de la cérémonie de remise des prix ne prend pas la parole car ni la disposi-tion scénique, ni l’événement ne s’y prêtent : il ne s’agit pas d’un débat d’idées, ni d’une réunion mais bien d’un discours de remerciement. Comme au théâtre, le public ne peut qu’écouter sans intervenir.

L’interactivitéQuestion 6. Dans le document 2, l’intervenant B s’exprime le plus longtemps car sa parole circule et s’adresse à tous les participants. Dans le document 3, c’est l’animateur qui prend le plus la parole car c’est l’acteur central dans un talk show. Il présente et annonce les thèmes de l’émission, distribue la parole et il assure les transitions de façon divertissante. Question 7. Les participants les plus actifs lors du débat sont A, B et D. Le participant C s’est isolé du groupe puisque ses interventions sont de courte durée et ne tiennent pas compte de l’intervenant D, ce qui nuit à la circulation de la parole. Question 8. La parole de proximité choisit d’impliquer le public comme moyen indirect de faire participer les téléspectateurs à l’émission. En effet, ceux-ci s’identifient au public présent sur le plateau qu’il s’agisse d’un porte-parole ou d’un citoyen ordinaire. D’autre part, l’intervention du public enrichit le débat de témoignages, d’une parole « vraie » et rend plus dynamique la circu-lation de la parole sur le plateau. Le rôle des experts consiste seulement à fournir des réponses synthétiques et éclairantes pour le public. cOMMenTAIRe 0 Le public de télévision intervient selon des degrés variables. Patrick Amey (La parole à la télévision, le dispositif des talk-shows) en distingue trois : – le « public manifestant » dans certaines émissions de divertissement. Il peut applaudir, huer en chœur mais n’est pas autorisé à prendre la parole ;

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– le « public auditoire » des débats culturels qui incarne l’« idéal » du téléspectateur : attentif et révérencieux ;– le « public participant » de certains talk-shows. Emblème de la parole démocratique, le citoyen ordinaire devient alors un interlocuteur à part entière.Mais si la parole du public prime dans certains talk-shows, celle des experts demeure prédomi-nante dans la plupart des émissions d’information, dans les débats politiques et les magazines culturels. La parole des professionnels donne en effet une légitimité à l’émission de par leur statut (c’est le « pouvoir-dire ») et leur talent de rhéteur (c’est le « savoir-dire »).

Question BACCompétences d’écritureL’élève peut accompagner son texte d’un schéma du plateau de télévision (sur le modèle des pages 162-163) pour rendre compte de la circulation de la parole selon ses choix de mise en scène. Corrigé possible : Pour réaliser l’émission « Les jeunes, leur avenir, leur métier » nous avons opté pour le dispositif de la parole de proximité (document 3). Les raisons qui ont motivé notre décision sont nom-breuses. Tout d’abord, au niveau de la disposition scénique, nous avons intégré au maximum le public de lycéens et d’étudiants dans l’espace interlocutif des experts. Pour cela, les gradins ne sont séparés du reste du plateau que par quelques mètres. Notre choix de placer le public en hémicycle renforce aussi sa visibilité : il en sera d’autant plus sollicité par l’animateur. En effet, c’est à lui qu’il revient de faire interagir les spectateurs avec les experts, réunis au centre de l’hémicycle. Pour cela, nous avons pensé à deux modes d’intervention : l’animateur prête d’abord le micro aux volontaires qui veulent poser une question puis il invite (après concertation) des représentants du public à venir témoigner au centre du plateau. D’autre part, en ce qui concerne l’atmosphère, nous avons conçu un décor résolument intimiste où les couleurs dominantes sont le bleu et le blanc. Le plateau devient ainsi propice à une discussion sereine et à l’écoute attentive des participants qui s’expriment en toute confiance. Par ailleurs, pour que la parole circule régulièrement et de façon homogène, les trois experts et les trois représentants du public se font face, confortablement assis sur des canapés design. L’animateur, qui doit se distinguer des autres participants, prend place sur un fauteuil cosy situé entre les deux canapés. Enfin, pour le cadrage, nous avons limité les gros plans afin d’éviter les différences de temps d’apparition à l’image. Nous savons en effet que les participants les plus visibles à l’image sont aussi ceux qui interviennent le plus fréquemment. Ainsi, nous avons privilégié les plans larges où tous les participants sont présents dans l’image ainsi que des plans d’ensemble qui englobent toute la scène y compris le public. Dans ce même esprit de parole démocratique, notre éclairage est uniforme et intense pour ne mettre personne en retrait. En somme, nous avons démontré que nos choix de mise en scène (espace scénique, atmosphère, cadrage) ont optimisé la circulation de la parole de tous les intervenants de l’émission.

Critères d’évaluation– Choix d’un dispositif favorisant la circulation de la parole (1 point)– Justification pertinente des choix de mise en scène (4 points)– Prise en compte de tous les aspects de la mise en scène : décor, cadrage, éclairage… (3 points)– Maîtrise de la langue (2 points)

LecTuRe Les lieux de la parole politique (pp. 164-165)

De quelles façons le choix d’un lieu influence-t-il l’exercice de la parole ?

00 Objectifs•Comprendre comment la mise en scène de la parole contribue à son efficacité. •Analyser l’influence du lieu sur le discours politique et sa réception. • Situer le lieu du discours dans sa dimension historique.

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00 RepèresDans son traité de rhétorique, Aristote distingue trois catégories dans la pratique de l’art ora-toire : un raisonnement logique et argumenté (le logos), l’image que l’orateur cherche à donner (l’ethos) et enfin les émotions qu’il utilise pour séduire l’auditoire (le pathos). Or, dans nos démo-craties représentatives, où la majorité des dirigeants sont élus par le peuple, les médiologues constatent une importance accrue de l’ethos et du pathos dans l’éloquence politique. Dès lors, le lieu où se tient le discours devient primordial car il oriente la teneur de la parole et sa réception selon différents procédés. – La disposition scénique : emphatique et éloquent ou bien sobre et savant, le discours s’adapte selon : le degré de mobilité de l’orateur, la superficie de la salle, la répartition du public (fron-tale, circulaire), et le nombre de militants présents. On se souvient par exemple, de B. Obama répondant aux questions de 4 000 étudiants réunis dans l’immense amphithéâtre du Parc des Expositions à Strasbourg. Le président adoptait une parole jeune et en interaction avec les étu-diants, dynamisée par d’incessants déplacements, le micro à la main. – La symbolique du lieu : certains lieux sont choisis pour la force symbolique qu’ils expriment et qui chargent ainsi les mots de l’ « esprit des lieux ». C’est le cas des nombreux discours socia-listes au gymnase Japy à Paris où déjà en 1899 s’était tenu le premier comité général des organi-sations socialistes. Le lieu symbolise donc l’union politique et les fondements du socialisme. De même, le discours de N. Sarkozy à Versailles s’imprègne de l’aura d’un lieu prestigieux, symbole de la royauté française. – La mise en spectacle médiatique : la parole de l’orateur est mise en scène par un dispositif de sons et lumières destiné à captiver l’auditoire comme l’acteur sur scène. Le discours est amplifié par de nombreuses enceintes et des images (de militants, de slogans, de l’orateur lui-même…) sont projetées sur grand écran. Ce dispositif est l’expression la plus affirmée du pathos dans la parole politique. Les meetings de S. Royal ou de F. Bayrou à Bercy en sont l’illustration.

00 Déroulement de la séanceLancement (5 min). Le professeur peut diffuser une courte séquence du documentaire Le Prési-dent d’Yves Jeuland durant laquelle le politique George Frêche prononce un discours. Il demande aux élèves de bien observer le lieu où le discours est prononcé. Le professeur explique ensuite les objectifs de la séance. Première étape (15 min). Pour chaque document, le professeur demande à un élève de lire le commentaire introduisant le document et de décrire chaque lieu. Les élèves répondent orale-ment à la question 1 et par écrit aux questions 2 à 4. Une mise en commun permet une correc-tion écrite. Deuxième étape (15 min). Un élève lit à haute voix la rubrique « Connaissances BAC » que le professeur commente. On répond aux questions 5 à 8 par écrit et à la question 9 par oral. Troisième étape (15 min). Le professeur lit et commente la « Question Bac » à laquelle les élèves répondent en semi-autonomie. La correction peut servir de trace écrite à la séance. Dernière étape (5 min). Si les lieux s’y prêtent, le professeur peut vérifier les acquis des élèves en demandant : « Dans quelle salle du lycée, et avec quels aménagements, le discours de rentrée du proviseur aurait-il le plus de portée ? ».

00 Réponses aux questions

Le regard de l’orateurQuestion 1. L’espace spectaculaire (doc. 2) valorise le mieux l’orateur car le prestige du décor et la disposition concentrique de la salle renforcent sa présence.Question 2. Seuls l’espace spectaculaire (doc. 2) et l’espace détourné (doc. 3) rendent suffisam-ment visible l’orateur pour qu’il mette en scène sa parole. Libre de parcourir la scène, il peut accompagner son discours de gestes et de postures. Question 3. Par sa mobilité, l’orateur se rend plus convaincant. En effet, ses déplacements expri-ment son dynamisme et ses gestes renforcent ses arguments. D’autre part, un orateur mobile parviendra plus facilement à maintenir l’attention de l’auditoire que dans une position statique. cOMMenTAIRe 0 Le théâtre, dans le registre de l’émotion, a mené le plus loin les réflexions sur

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l’importance des déplacements dans la réception de la parole. Certaines personnalités politiques appliquent ces techniques théâtrales au discours politique comme celui de Ségolène Royal au Zénith à Paris en 2008. L’organisateur de la soirée, le producteur et acteur de cinéma Dominique Besnehard, confirme qu’ « elle a écouté les conseils de deux professionnels du théâtre, Ariane Mnouchkine (metteur en scène) et Didier Bezace (comédien) ». Les changements sont notables : le pupitre a disparu, la femme politique occupe l’espace scénique comme une vraie comédienne, ses gestes sont amples et maîtrisés.

La disposition scéniqueQuestion 4. Dans l’espace habituel (doc. 1), la scène disparaît dans l’arrière-plan rouge ce qui atténue la portée du discours des intervenants. De plus, les chaises sont alignées, d’une même hauteur, face à la scène : la visibilité de l’auditoire en est restreinte. Dans l’espace détourné (doc. 3), la salle impressionne par ses dimensions et la disposition des chaises connote le ras-semblement puisque l’auditoire entoure l’orateur. Ces différences orientent la perception du discours : dans le document 1, l’impact émotionnel sera moindre que dans le document 2. Question 5. Les trois lieux recourent aux sons et lumières avec des effets différents sur l’audi-toire. Ainsi, dans l’espace habituel (doc. 1) et dans l’espace détourné (doc. 3), les micros et les enceintes ne font qu’amplifier le discours pour assurer une meilleure écoute. Il en est autrement dans le document 2, où les moyens techniques rendent l’événement spectaculaire. Les effets de lumière théâtralisent le discours de l’orateur pour mieux fasciner l’auditoire. Question 6. Alors que l’espace habituel (doc. 1) ne se réfère pas directement à un lieu histo-rique de l’éloquence, l’espace spectaculaire (doc. 2) s’inspire explicitement de l’Antiquité et de la configuration du Sénat en forme d’amphithéâtre. Enfin, le gymnase Jappy (doc. 3), espace détourné de sa fonction, se veut l’héritier de l’art oratoire du xixe siècle. À l’époque, les orateurs investissaient des lieux inattendus tels que les salles de jeux, les cafés, les réfectoires…cOMMenTAIRe 0 On remarque qu’aujourd’hui les lieux de la politique s’inspirent conjointement des trois périodes de la rubrique « Connaissances BAC ». Ainsi, il est fréquent qu’une personnalité politique s’exprime dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale (héritier de l’antique Sénat romain) puis investisse un lieu inattendu comme un gymnase, une salle de spectacle (dans la tradition du xixe siècle) tout en veillant à prendre la parole dans les nouveaux médias (télévision, internet). La nature de la prise de parole (emphatique ou réservée, affectée ou démonstrative, vulgarisée ou technique…) changera selon l’atmosphère et les possibilités de communication du lieu.

La circulation de la paroleQuestion 7. Dans la salle de congrès, il est permis d’attendre un discours plein d’emphase et de grandiloquence pour emporter l’adhésion de l’auditoire par l’émotion. Dans la salle de réunion, le ton sera plus sobre et le discours sûrement plus analytique, détaillé et argumenté. Le lieu est plus propice à une réflexion argumentée qu’à l’effervescence du public.Question 8. C’est dans la salle de réunion que la parole circule le mieux en raison de l’effectif réduit des militants et de leur proximité avec l’orateur. Néanmoins, la salle de congrès (doc. 2) peut, si les interventions sont maîtrisées, permettre la prise de parole de l’auditoire par le biais d’un micro. La circularité des gradins assure en effet à celui qui parle une visibilité qui facilite les échanges entre la scène et le public. cOMMenTAIRe 0 On peut aussi conjecturer que l’espace spectaculaire dispose des moyens audio-visuels pour diffuser sur grand écran (visible en arrière-plan) l’image de l’orateur mais aussi les interventions du public. Question 9. La parole solennelle a toute sa place dans l’espace spectaculaire en raison du pres-tige d’une salle moderne et spacieuse et grâce aux sons et lumières spectaculaires. La disposition de la salle en amphithéâtre renforce aussi l’éloquence de l’orateur rendu visible de toute part.

Question BACLecture, présentation du corpusCorrigé possible : Les trois documents iconographiques représentent une vue d’ensemble de la préparation des lieux en prévision d’un discours politique. Or, on s’aperçoit que la configuration de chaque salle va influencer l’exercice de la parole.

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En effet, dans tous les documents le principe est identique : une personnalité politique s’adresse, depuis une scène, à des militants qui lui font face. De même, chaque salle recourt à un dispositif sonore et/ou lumineux pour amplifier la réception de son discours. Néanmoins, au-delà de ces points communs, chaque disposition scénique possède des particularités qui vont influencer la teneur du discours autant que sa réception. Par exemple, à la simplicité dépouillée de la petite salle de réunion (doc. 1) va correspondre une parole politique posée et propice à la réflexion ainsi qu’aux interventions du public. À l’inverse, les dimensions spectaculaires de la salle de congrès (doc. 2) et du gymnase (doc. 3) vont orienter le discours vers l’emphase et le sensation-nel pour exalter le public disposé en hémicycle. Les moyens techniques (sons et images) de la salle de congrès sont aussi dévolus à cette fonction : faire du discours un spectacle audiovisuel. Ces trois documents démontrent donc l’importance du choix du lieu dans la nature des infor-mations et des émotions que l’on veut transmettre au public.

Critères d’évaluation– Présentation des trois documents (nature, idées essentielles) (1 point)– Mise en avant de leurs points communs (3 points)– Mise en avant de leurs différences (4 points)– Maîtrise de la langue (2 points)

VeRS Le bAc ORAL Analyser une émission de télévision (pp. 166-167)

00 Objectifs•Repérer et prendre en notes les procédés de mise en scène de la parole télévisée. •Analyser la mise en scène de la parole télévisée.•Restituer et mettre en commun ses observations à l’oral.

00 RepèresCette activité doit permettre à l’élève d’associer le genre de l’émission (journal télévisé, talk show, débat…) et ses codes respectifs avec le type de parole mise en scène. En effet, selon le genre de l’émission la parole sera plus ou moins informative, divertissante ou polémique comme le représente le schéma ci-dessous. Les concepteurs des émissions construisent cette parole en combinant plusieurs éléments. Il s’agit d’abord de l’image (le cadre, le montage pour les émissions en différé, le mouvement, l’angle de vue, la lumière) et du son (voix, bruits, musique) qui vont renforcer ou limiter la fréquence et l’impact des interventions. C’est aussi le décor qui colore le discours d’une ambiance (décor de l’intimité inspiré de certaines pièces de la maison comme le salon, la cuisine voire la bibliothèque ou plutôt inspiré de l’espace public comme la

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salle de café, la rue, le tribunal…). Le décor, qui crée souvent un univers fictif pour les émissions divertissantes, laisse de plus en plus apparaître ses équipements technologiques dans les émis-sions informatives. Les caméras et rails de travelling se veulent alors les garants d’une certaine transparence, d’une objectivité de l’information. Enfin, la circulation et la nature de la parole sont déterminées par le statut d’experts ou de profanes des intervenants ainsi que leur disposi-tion sur le plateau de télévision. Car, si depuis deux décennies, le citoyen ordinaire a investi de nombreuses scènes de la parole divertissante, l’intervention des experts demeure prédominante dans la plupart des émissions d’information, de débat politique et les magazines culturels.

00 Déroulement de la séanceLancement (5 min). Le professeur peut questionner les élèves sur les émissions qu’ils regardent en dehors des films, séries et documentaires. Le professeur classe au tableau les émissions selon trois types de paroles : divertissante, informative, polémique. Il pourra s’aider du schéma de la rubrique « Repères ». Enfin, il explique qu’à chaque type de parole télévisée correspond une mise en scène spécifique comme va le démontrer l’analyse d’un extrait vidéo d’émission. Première étape (5 min). La classe est divisée en trois groupes. Chaque groupe prend connaissance du contenu de sa grille et le professeur attribue à chaque élève du groupe deux à trois éléments à observer. Deuxième étape (20 min). Le professeur diffuse, à deux reprises, une courte séquence de talk-show (cinq à dix minutes suffisent amplement) riche en prises de parole. Les élèves prennent des notes de ce qu’ils ont à observer. Troisième étape (20 min). Chaque groupe met en commun ses notes et présente à la classe, sur transparent, un tableau récapitulatif de ses observations. Dernière étape (5 min). On met en commun les observations sous la forme d’un schéma synop-tique ou d’un paragraphe. Par manque de temps, le professeur peut demander aux élèves de rendre cette synthèse pour la séance prochaine.

LAnGue L’énonciation (pp. 168-169)

00 Objectifs•Connaître et repérer les indices de l’énonciation.• Produire un énoncé comportant un jugement.•Champ linguistique : l’énonciation, les procédés de soulignement et d’effacement du

discours.

00 RepèresL’énonciation est l’acte de production d’un énoncé par un émetteur dans une situation de com-munication. Cet énoncé s’adresse à un destinataire dans des circonstances spatio-temporelles particulières. L’énonciation se distingue de l’énoncé qui est le produit oral ou écrit de l’acte d’énonciation. Les indices de l’énonciation sont nombreux : – les pronoms personnels, les déterminants et les pronoms possessifs qui renvoient à l’émetteur (« je », « mon », « le mien »…) et au destinataire (« tu », « vous », « ton », « le tien »…). – les indices de lieu qui permettent de repérer le référent par rapport au site de l’énonciation. Par exemple, « ici » désignant le lieu où l’émetteur parle va s’opposer à « là » qui désigne ce qui est éloigné. De même, les compléments de temps comme « aujourd’hui », « hier », « en ce moment… » sont des repères par rapport au moment de l’énonciation. – les modalités d’énoncé qui renvoient à l’attitude de l’émetteur vis-à-vis du contenu de l’énoncé. Cette fonction dite expressive peut être exprimée par le doute (« Il est sans doute parti », « Je viendrai demain »), l’affectif (« heureux », « émouvant », « ennuyeux ») ou l’évaluatif (bon/mauvais, vrai/faux). – l’émetteur exprime aussi ses sentiments à travers son intonation. À l’écrit, la ponctuation tente de restituer ces nuances (exemple du point d’exclamation qui souligne la colère).

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Au delà de cette perspective strictement linguistique, l’énonciation peut être aussi appréhen-dée dans la perspective des rapports sociaux, objet de la sociolinguistique. Il s’agit de montrer comment le lieu social de la communication (institutionnel ou non), les positions sociales res-pectives des protagonistes, leur apparence influencent l’énonciation.

00 Déroulement de la séanceLancement (5 min). Le professeur écrit au tableau une phrase-exemple comportant des indices désignant l’émetteur, le destinataire et un indice temporel. Il demande ensuite aux élèves de repérer ces indices à l’aide de leurs acquis. Pour cela, il demande : « qui parle ? à qui ? et d’où on parle ? ». Il introduit alors la notion d’énonciation et un élève en lit la définition à la page 168. Première étape (5 min). La lecture des parties A et B (page 168) concernant l’émetteur, le des-tinataire et les indices spatio-temporels donne un éclairage plus précis sur ces notions que la plupart des élèves connaissent. Deuxième étape (20 min). Les élèves travaillent en semi-autonomie sur les exercices 1, 2, 3 et 4. On procède à la correction. Troisième étape (5 min). La lecture de la partie C (page 168) introduit la place du jugement de l’émetteur dans son énoncé. Quatrième étape (20 min). Les élèves travaillent en semi-autonomie sur les exercices 5, 6, 7 et 8. Le professeur peut corriger les exercices 5 à 7 et ramasser le travail d’écriture (exercice 8) qui réinvestit toutes les notions de la séance.

00 Corrigé des exercices

Exercice 1-1re réplique : H1 est présent à trois reprises avec « je » et H2 avec « te ».-3e réplique : H1 est présent avec « je », « me », « moi » et H2 avec à deux reprises « tu » et « t’ ».

Exercice 2Les indices de temps sont : « à deux heures », « quelques mois » et les indices de lieu sont : « l’autobus », « au restaurant », « chez Céleste », « chez Emmanuel ».

Exercice 31. Les indices de temps sont : « hier, 31 décembre », « jour de l’an », « cette année là », « vingt ans », « aujourd’hui » et « 1er janvier ». Les indices de lieu sont : « sur un coin de la cheminée », « à Paris ». 2. On peut remarquer que Guy de Maupassant a publié sa nouvelle le 1er janvier 1886. L’auteur fait correspondre les dates évoquées dans le récit : « C’était hier, 31 décembre » et « la fête du 1er janvier » avec la date de publication dans le journal. C’est pour lui et son personnage, Georges Garin, une sorte de date anniversaire. 3. L’auteur a choisi de faire parler le narrateur à la 1re personne, c’est-à-dire « je ». Ce procédé rapproche le lecteur et le narrateur : c’est ce qu’on appelle l’identification.

Exercice 41. Les indices d’un jugement favorable de l’auteur sur l’art du discours sont « rien ne semble plus beau », « quoi de plus agréable […] qu’un discours tout paré, embelli ». 2. « C’est un grand plaisir de convaincre de la justice de belles idées. »

Exercice 5– Le clonage est une manipulation sans risque. Avec cette découverte, l’humanité va connaître un progrès formidable. – Les éoliennes se dressent dans le ciel de France, annonciatrices d’une époque plus saine et durable.– Rien d’intéressant dans ce film ennuyeux et au dénouement prévisible.

Exercice 6Messieurs, il y a méprise sur le mobile du vol. Mon client, Jean Valjean, tient moins du scélérat que de l’homme pauvre. Sans métier ni logis, devenu esclave de la faim, Valjean a emprunté un pain pour survivre parmi des temps si durs. Son honnêteté l’aurait conduit à le rendre dès qu’il eut trouvé un travail car mon client ne redoute ni le labeur ni le repentir.

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Exercice 71. Les marques du jugement de l’émetteur sont : « des vagues de six mètres », « chaos », « exter-mination ». 2. Le but du discours est d’apeurer l’auditoire. Cet objectif est atteint à en croire les spectateurs terrorisés du premier rang.

Exercice 8 (écriture)Chers camarades de classe, Je tiens à vous remercier de tout cœur pour la confiance que vous m’accordez durant cette année scolaire. Vous représenter dans le lycée sera un honneur et un enchantement. Je suis d’autant plus ému par votre choix qu’il m’arrive parfois d’être en retrait. Mais soyez tranquille ! L’enthousiasme que vous me témoignez aujourd’hui me grandit et me redonne toute l’assurance dont j’avais besoin. Merci à tous.

00 Critères d’évaluation– Prise en compte de la situation orale d’énonciation (2 points)– Présence d’indices désignant l’émetteur et les destinataires (2 points)– Expression des sentiments (3 points)– Originalité du texte (2 points)– Maîtrise de la langue (1 point)

MéThOde Critiquer et réfuter un point de vue (pp. 170-171)

00 RepèresDans un premier temps il faut dénoncer la thèse réfutée. Il s’agit donc de la reformuler clai-rement, de l’expliquer de manière à montrer qu’on l’a bien comprise et que l’on sait de quoi on parle. Il est également nécessaire de prouver qu’elle met en jeu un point de vue erroné ou incomplet, ou encore une opinion reposant sur des valeurs qui ne nous conviennent pas, qu’il nous faut combattre.Dans un deuxième temps, il faut critiquer la démarche argumentative. Il s’agit donc de démontrer que la stratégie argumentative adoptée par l’auteur de la thèse à réfuter n’est pas pertinente parce que le contexte dans lequel elle s’inscrit a changé, qu’elle relève du domaine de l’opinion ou qu’elle est de mauvaise foi. Il faut également montrer que les arguments utilisés sont erronés, futiles ou ne reposent sur aucune vérité scientifique par exemple. On montre également que ces arguments peuvent aussi entraîner des conséquences négatives pour l’homme ou pour la société. Dans un troisième temps, on apporte des contre-arguments et des contre-exemples issus du corpus et des connaissances personnelles.

Exercices d’entraînement (pp. 172-173)

00 Corrigé des exercices

L’analyse du sujet

Exercice 11. Le thème du sujet est le discours, le dialogue.2. Les dialogues n’ont jamais réglé les problèmes.

Exercice 21. Le point de vue est que l’art n’influence pas le jugement.2. Les mots sont : « contestez », « montrez », « autre regard sur le monde ».

Exercice 31. Le sujet 1 demande de réfuter un point de vue.2. Les expressions sont : « vous êtes opposé à ce point de vue », « vos contre-arguments ».

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Exercice 41. Le point de vue est que l’homme est libre de refuser s’il le juge nécessaire.2. L’objectif du texte est de réfuter un point de vue.

Le plan de l’argumentation à rédiger

Exercice 5 1. et 2. D’après cette affiche les activités humaines et les habitudes d’une consommation excessive conduisent au gaspillage de l’eau qui entraîne la sécheresse dans certaines régions françaises. 3. En d’autres termes, la surconsommation d’eau est un risque majeur pour les populations.

Exercice 61. Le point de vue est favorable.2. Les arguments de l’auteur sont : la ville est humaine car elle a été construite par l’homme ; la ville protège l’homme de la nature.3. L’auteur a un point de vue favorable sur la ville. D’une part, la ville ayant été construite par l’homme, elle ne peut qu’être humaine puisque qu’il l’a aménagée à son intention. D’autre part, la nature est un lieu qui présente certains dangers pour l’être humain et la seule façon de s’en protéger était de bâtir des cités.

Exercice 71. L’auteur a une opinion négative sur cette émission.2. Dans son premier argument, il explique que certaines personnalités ont été présentées de façon très négative sans que ce fait soit prouvé. Dans son deuxième argument il estime qu’il est dan-gereux pour la démocratie de dire que les hommes politiques sont soit stupides, soit crapuleux. 3. Premier contre-argument : les émissions satiriques font des caricatures des personnalités qu’elles présentent ; elles grossissent certains traits dans le but de faire sourire et c’est ainsi qu’il faut le prendre. Deuxième contre-argument : pour les personnalités il s’agit toujours d’une publicité et la plupart savent très bien l’utiliser.

Exercice 81. L’opinion présentée par cette affiche est la suivante : il faut modifier notre façon de vivre pour sauver la planète de la pollution.2. et 3. Réduire les exclusions : offrir à chacun la possibilité de se cultiver ; Habiter autrement : construire des habitations mieux isolées et moins énergivores ; Se déplacer autrement : déve-lopper les transports en commun les transports non polluants ; Renforcer la démocratie : déve-lopper et encourager les associations de quartier. 4. Pour sauver la planète de la pollution et pour mieux vivre à Orléans, l’Agenda 21 présente les actions suivantes.D’une part, il est urgent de réduire les exclusions, c’est-à-dire qu’il faut favoriser l’accès de tous aux services de la commune (ex : les bibliothèques et les médiathèques).D’autre part, il s’agit d’habiter autrement. En d’autres termes la conception des logements doit être modifiée. Il s’agit par exemple de les rendre moins énergivores en améliorant l’isolation.De plus, les déplacements des citadins seront facilités par la multiplication des transports en commun ou l’utilisation de bicyclettes en location.Enfin, il est urgent de renforcer la démocratie à travers le développement d’associations de quartiers.

La rédaction de l’introduction et de la conclusion

Exercice 91. Le thème du sujet de réflexion était le dialogue, la persuasion par la parole.2. Présentation du thème : combien de fois Victor Hugo a-t-il ému ou fait trembler les bancs de l’Assemblée par ses discours sur la misère, sur l’injustice ou sur la paix ? Présentation du point de vue à réfuter : la parole, en elle-même, ne peut pas suffire à régler un conflit, assurent certains.Annonce du plan : après avoir expliqué cette opinion, je dirai en quoi elle est inexacte.3. Il s’agit d’une anecdote.

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Exercice 10Que ce soit au cours du journal télévisé, dans une émission spécifique comme « 7 sur 7 » ou au cours d’une soirée électorale, les orateurs, politiciens ou non, spécialistes ou non, se suivent sur le petit écran pour exposer points de vue, arguments et contre-arguments. Selon certains, ces émissions ne sont qu’une tribune, une occasion pour les invités de se produire en spectacle et ne nous permettent pas de mieux comprendre le monde. Après avoir présenté et expliqué cette opinion, je dirai en quoi elle est erronée.

Exercice 111. Le thème du sujet est le dialogue, la communication orale. 2. Les idées essentielles sont que dialoguer permet de trouver de solutions aussi bien au sujet des conflits personnels que des conflits collectifs.

Exercice 12Ainsi, les émissions politiques, les débats télévisés permettent à chacun de mieux comprendre le monde et la société. En effet ce sont souvent des spécialistes qui s’expriment et nous éclairent de façon objective. De plus, les opinions divergentes nous laissent la possibilité de forger notre propre opinion. Enfin, ces émissions sont la preuve de la démocratie.

SujeT du bAc La parole en spectacle (pp. 174-175)

00 Évaluation des compétences de lecture (10 points)Question 1. Présentation du corpusLe corpus est composé de deux textes contemporains – l’un d’Erik Orsenna, l’autre d’Alain Bentolila –, et d’une œuvre d’Henri Galeron, illustrateur. Dans le texte 1 le langage est l’outil de communication par excellence : ayant perdu leurs mots, le frère et la sœur échoués sur une île mystérieuse semblent perdus, désespérés (lignes 5-6). Dans le texte 2, le langage est le rempart à la violence : quand les mots se mettent en ordre, les gens communiquent et contrôlent leurs pulsions. Dans le document 3, les lettres s’évadent de la page de l’écrivain : c’est l’angoisse de la feuille blanche ; comme l’indique le titre de l’œuvre, le texte ne progresse plus.Question 2. Analyse et interprétationL’auteur du document 2 dit dans le début de son texte que la langue est faite « pour parler à ceux que l’on n’aime pas, pour leur dire des choses qu’ils n’aiment sans doute pas ». Dans le texte 1 on relève les pensées de la narratrice lignes 3 à 5 : « Il bougea les lèvres, sans doute pour m’injurier, comme d’habitude » et « Je lui préparai une réplique à ma façon ». Ces lignes illustrent bien les propos de l’auteur du texte 2. Question 3. Analyse et interprétationSelon Alain Bentolila, la cause de la violence est l’absence de communication orale ou écrite. Les personnes qui ne parviennent pas à créer des phrases, orales ou écrites, pour s’exprimer – donc incapables de construire et de transmettre avec des mots leurs opinions ou leurs sentiments –, conservent en eux des idées désordonnées qu’ils ne maîtrisent pas ou très peu. Un jour, ce chaos éclate dans des actes incontrôlés.

00 Évaluation des compétences d’écriture (10 points)IntroductionIl est courant d’entendre dire qu’être diplomate c’est savoir mener une affaire avec tact. On dit alors de ceux qui ont beaucoup d’aisance dans la communication, qu’ils sont habiles et subtils dans les relations sociales, que ce sont des diplomates-nés. Ces gens-là manient la langue avec une facilité déconcertante, sont toujours conciliants et évitent ou règlent pacifiquement les conflits. Ils esquivent ainsi toute forme de violence et confirment la thèse d’Alain Bentolila pour qui la violence naît d’une absence de communication orale ou écrite. Il me semble que cette conception est cependant restrictive. Après l’avoir démontré, je présenterai d’autres causes de la violence.Plan– Point de vue restrictif car rien ne prouve qu’avant le langage les hommes étaient violents entre eux ; face à la rudesse de la nature ne fallait-il pas mieux qu’ils s’entendent, qu’ils s’unissent ?

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De plus dans le règlement diplomatique d’un conflit c’est souvent celui qui manie le mieux la langue qui fait tourner la situation à son avantage ; cette supériorité ne pourrait-elle être une nouvelle source de conflit ?– Parmi les autres causes de la violence on peut citer les différences culturelles qui entraînent une perception différente du monde pouvant être sources de conflits ; les causes sociales comme la misère, la pauvreté, le chômage faisant naître un sentiment de révolte ; les causes psychologiques voire éducatives (l’enfant reproduit souvent ce qu’il a vu ou vécu). Enfin on peut se demander si une révolution – qui ne peut être que violente – n’est pas légitime et par conséquent n’apparaît plus comme telle quand il s’agit de lutter contre l’oppresseur.ConclusionAinsi l’absence de communication ou de possibilité de communiquer ne peuvent être à elles seules à l’origine de la violence. D’autres causes comme le facteur culturel, le facteur social ou le facteur psychologique sont à prendre en compte pour remédier à un fléau qui touche toutes les strates de la société.

hISTOIRe deS ARTS La télévision au centre du monde (p. 177)

00 Objectifs•Découvrir un des artistes précurseurs de l’art vidéo.• Étudier l’œuvre d’art dans sa relation à l’évolution de la société moderne. •Vocabulaire : installation, sculpture contemporaine.

00 RepèresNam June Paik (1932-2006) est un artiste sud-coréen. Après des études en esthétique, en histoire de l’art et en musique à Tokyo, il travaille la musique électronique à Cologne, dans un studio qui est l’un des premiers à s’intéresser à ce type de production sonore. C’est à cette époque qu’il rencontre le musicien plasticien et poète américain John Cage. Il participe au premier festival du mouvement Fluxus, qui à travers des happenings, met à mal les catégories traditionnelles de l’art, et rejette, selon le principe dadaïste, l’idée même d’œuvre d’art. En 1963, Nam June Paik réalise la première œuvre vidéo (Treize Téléviseurs préparés), dans laquelle le trajet de l’électron est per-turbé à l’intérieur du tube cathodique et transforme des images figuratives en formes abstraites. En 1965, il se sert de la première caméra vidéo portable. Il déclare la même année : « Tout comme la technique du collage a remplacé la peinture à l’huile, le tube cathodique remplacera la toile. » À la fin des années 1960, il propose des performances avec la violoncelliste Charlotte Moorman.À partir de 1986, il réalise des familles de robots créés à partir de téléviseurs anciens ou récents. Le robot Olympe de Gouges, présenté ici, fait partie d’un ensemble consacré à la révolution française et commandé à l’artiste dans le cadre de la célébration du bicentenaire en 1989. L’ins-tallation présentée au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris comporte 200 téléviseurs en tout (nombre d’années depuis 1789) répartis entre les robots Rousseau, Robespierre, Voltaire, Diderot et Olympe de Gouges, placés devant l’immense tableau de Dufy La Fée Electricité, et une construction de 5 m de haut constituée de 10 colonnes de téléviseurs à l’entrée de la salle. Le titre de l’œuvre (La Fée électronique) fait écho au tableau de Dufy.ReMARque 0 Dans l’art contemporain, une installation est une œuvre obtenue par la disposition de matériaux et d’éléments divers dans un espace. Elle est une sorte d’éclatement du volume traditionnel de la sculpture, aux limites effacées, que le spectateur peut souvent parcourir.

00 Lecture de l’imageQuestion 1. Les téléviseurs anciens trouvent ici un nouvel usage en devenant les éléments constitutifs d’un robot. Le choix de leur forme et de leur grandeur permet de symboliser le corps d’Olympe de Gouges (les « jambes » sont assez fines alors que le « bassin » est élargi ; le choix d’un téléviseur ovale pour la « tête » apporte une certaine féminité).Question 2. En utilisant des téléviseurs anciens avec leurs cadres en bois, l’artiste enlève la dimension futuriste qui est généralement attribuée au robot. D’une certaine manière, nous

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avons affaire à un robot du passé. La présence de fleurs artificielles, symbole de féminité, accen-tue ce caractère légèrement désuet.

00 Sujet de réflexionEn réalisant le robot Olympe de Gouges à partir de postes de télévision, Nam June Paik souligne combien notre monde est habité par l’image télévisuelle. Le robot incarne la multiplicité des écrans, qui sont animés ici par une image vidéo. L’œuvre montre que notre rapport à la réalité (ici la personne d’Olympe de Gouges) est organisé par le prisme télévisuel. Pourtant, le regard n’est pas véritablement tragique, car en raison de sa construction à partir de vieux téléviseurs, le robot n’est guère inquiétant. La télévision est notre monde et désormais plusieurs générations se retrouvent autour de cet objet commun, familier et incontournable.