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LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Dimanche 21 janvier 2007 El Watan DES CENTAINES DE JEUNES RONGÉS PAR LE DÉSESPOIR REPORTAGE ALGÉRIE-RUSSIE UN PROJET GAZIER DE PLUS DE 3 MILLIARDS DE DOLLARS Sonatrach et le consortium russe Rosneft-Stroytransgas vont développer un projet gazier de plus de trois milliards de dollars. P. 8 MÉDECINE Pratiques illégales dans le Sud Le conseil de l’Ordre des médecins de la région de Ghardaïa dénonce les dérives de la pratique médicale dans sa région. Plus de 80% des médecins du sud-est du pays sont en porte-à-faux avec la loi en exerçant illégalement la profession. Quatre plaintes ont été recensées durant les cinq derniers mois. Ils sont quelque 1200 praticiens de la santé, toutes spécialités confondues, à exercer cette profession dans les cinq wilayas relevant du conseil de l’Ordre des médecins de la région de Ghardaïa. Celle-ci englobe Laghouat, Ghardaïa, Ouargla, Illizi et Tamanrasset. Depuis son élection le 21 décembre 2006, le conseil s’est aussitôt attelé à l’application des textes réglementaires pour remédier à certaines dérives de la pratique médicale dues à quatre années de gel de l’instance ordinale, à commencer par l’inscription au tableau des médecins qui affiche le taux dérisoire de 20% seulement. (Suite page 9) Houria Alioua A l’est et à l’ouest du pays, des jeunes se lancent par centaines dans l’aventure On les appelle les harraga Poussés par le désespoir, ils caressent le rêve de gagner l’eldorado européen Cette aventure se termine souvent dans des conditions dramatiques. In Salah De notre envoyé spécial P rotestation populaire en 2002. Plan du développe- ment du Sud décidé par le gouvernement en 2006. Mais rien n'a changé dans la ville. In Salah (400 km au nord de Tamanrasset) demeure tou- jours et peut-être pour long- temps encore prisonnière de sa situation géographique austère. Montagnes de sable, températures dépassant les 55°C à l'ombre, eau salée… et des champs gaziers. Nous ne sommes pas obligés de séjourner longtemps dans la région pour constater la misè- re quotidienne qu'endure la population locale. In Salah, chef-lieu d'une daïra qui compte plus de 30 000 habitants, n'a de ville que le nom. (Suite page 6) Madjid Makedhi L e «rêve européen» qui, hier, taraudait seule- ment les jeunes désœuvrés s'étend aux diffé- rentes catégories d'âges, à toutes les couches sociales. Diplômés universitaires, femmes et hommes mariés sont pris par la folle idée d'entrer clandestinement dans l'eldorado du vieux continent en tentant, à bord d'une pirogue de fortune, une tra- versée méditerranéenne ou atlantique des plus périlleuses. De ceux qui n'ont aucune perspective d'avenir dans une Algérie aux lendemains incertains, à ceux qui laissent tout contre une hypothétique place en Euro- pe, les flux deviennent inquiétants. Autopsie d'un phénomène. Lire dossier en pages 2 à 5 MISÈRE SUR UNE TERRE RICHE LA POPULATION D’IN SALAH ASPIRE À DES JOURS MEILLEURS Le rêve fou des harraga N° 4922 - Dix-septième année - Prix : Algérie : 10 DA. France : 1 ¤ . USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com AFFAIRE DES FŒTUS LES RESPONSABLES IDENTIFIÉS Trois employés de la clinique pri- vée d’El Achir ont été identifiés comme les présumés responsables du transport des fœtus vers la dé- charge de la commune d’El Achir (Bordj Bou Arréridj). P. 7 La population d’In Salah, au nord de Tamanrasset, ne profite pas de la richesse de ses terres Les vents de sable, l'eau salée, la chaleur et l'absence d'infrastructures com- pliquent la vie quotidienne des citoyens. PHOTO : DR

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  • LE QUOTIDIEN INDPENDANT - Dimanche 21 janvier 2007

    ElWatanDES CENTAINES DE JEUNES RONGS PAR LE DSESPOIR

    RREEPPOORRTTAAGGEE AALLGGRRIIEE--RRUUSSSSIIEEUN PROJET GAZIER DEPLUS DE 3 MILLIARDSDE DOLLARSSonatrach et le consortium russe Rosneft-Stroytransgasvont dvelopper un projet gazier de plus de trois milliardsde dollars. P. 8

    MMDDEECCIINNEE

    Pratiquesillgales dans le SudLe conseil de lOrdre desmdecins de la rgion deGhardaa dnonce lesdrives de la pratiquemdicale dans sa rgion.Plus de 80% des mdecinsdu sud-est du pays sont enporte--faux avec la loi enexerant illgalement laprofession. Quatre plaintesont t recenses durant lescinq derniers mois. Ils sontquelque 1200 praticiens de la sant, toutesspcialits confondues, exercer cette profession dansles cinq wilayas relevant duconseil de lOrdre desmdecins de la rgion deGhardaa.Celle-ci englobe Laghouat,Ghardaa, Ouargla, Illizi et Tamanrasset. Depuis sonlection le 21 dcembre2006, le conseil sestaussitt attel lapplicationdes textes rglementairespour remdier certainesdrives de la pratiquemdicale dues quatreannes de gel de linstanceordinale, commencer parlinscription au tableau desmdecins qui affiche le tauxdrisoire de 20% seulement.(Suite page 9) Houria Alioua

    A lest et louest du pays, des jeunes se lancent par centaines dans laventure On les appelle les harraga Pousss par le dsespoir, ils caressent le rve de gagnerleldorado europen Cette aventure se terminesouvent dans des conditionsdramatiques.

    In Salah De notre envoy spcial

    P rotestation populaire en2002. Plan du dveloppe-ment du Sud dcid par legouvernement en 2006. Maisrien n'a chang dans la ville.In Salah (400 km au nord deTamanrasset) demeure tou-jours et peut-tre pour long-temps encore prisonnire desa situation gographiqueaustre. Montagnes de sable,

    tempratures dpassant les55C l'ombre, eau saleet des champs gaziers. Nousne sommes pas obligs desjourner longtemps dans largion pour constater la mis-re quotidienne qu'endure lapopulation locale. In Salah, chef-lieu d'unedara qui compte plus de 30 000 habitants, n'a de villeque le nom. (Suite page 6) Madjid Makedhi

    Le rve europen qui, hier, taraudait seule-ment les jeunes dsuvrs s'tend aux diff-rentes catgories d'ges, toutes les couches

    sociales. Diplms universitaires, femmes ethommes maris sont pris par la folle ide d'entrerclandestinement dans l'eldorado du vieux continenten tentant, bord d'une pirogue de fortune, une tra-verse mditerranenne ou atlantique des plusprilleuses. De ceux qui n'ont aucune perspective d'avenir dansune Algrie aux lendemains incertains, ceux quilaissent tout contre une hypothtique place en Euro-pe, les flux deviennent inquitants. Autopsie d'unphnomne. Lire dossier en pages 2 5

    MISRE SUR UNE TERRE RICHELA POPULATION DIN SALAH ASPIRE DES JOURS MEILLEURS

    Le rve fou des harraga

    N 4922 - Dix-septime anne - Prix : Algrie : 10 DA. France : 1 . USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com

    AAFFFFAAIIRREE DDEESS FFTTUUSS

    LES RESPONSABLESIDENTIFISTrois employs de la clinique pri-ve dEl Achir ont t identifiscomme les prsums responsablesdu transport des ftus vers la d-charge de la commune dEl Achir(Bordj Bou Arrridj). P. 7

    La population dIn Salah, au nord deTamanrasset, ne profite pas de la richesse deses terres Les vents de sable, l'eau sale, la chaleur et l'absence d'infrastructures com-pliquent la vie quotidienne des citoyens.

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    D O S S I E R

    La lutte contre l'migra-tion clandestine partirdes 80 km de littoral t-

    mouchentois a commenclocalement porter ses fruitsavec de moins en moins detentatives enregistres au fildes mois de l'anne 2006. Cependant, elle a eu pour ef-fet collatral de dplacer lephnomne vers les autreswilayas ctires du pays etde le dmultiplier, lui don-nant un caractre d'exode travers ce que la chroniquerapporte d'arrestations et denaufrages. En 2006, partirde l'une ou de l'autre des 30plages tmouchentoises, surun total de 43 affaires d'mi-gration clandestine, dont 30ont avort ou l'ont t par lesservices de scurit, 113 har-raga ont russi dbarqueren terre ibrique, soit peinele quart des 394 fous del'ailleurs qui ont tentl'aventure. Mais pour com-bien qui ont pri, l'instar deces tragiques marins deHugo partis joyeux pourdes courses lointaines et quidans un morne horizontaient jamais disparus ?L, aucune statistique offi-cielle n'ose avancer dechiffres car les quelquescorps rejets par les flots nepeuvent tre comptabilisstous dans la catgorie desharraga.

    TRIG EL OUAHDAMais comment et pourquoien est-on arriv l ? Une pe-tite chronologie des vne-ments permet de se faire uneide du phnomne. Il y a eud'abord l'institution du visaSchengen et ses consubstan-tielles difficults l'obtenir,ce qui a incit les candidats l'migration fuguer via leMaroc, travers trig elouahda, pour les camps detransit de Ceuta et Mellila.Dans une seconde phase,l'Espagne a rgularis la si-tuation des premiers arrivset ferm ses camps en terreafricaine. La parade a consis-t aller directement en Ib-rie quitte, si la guardia est l'accueil, d'aller peupler uncentro, sachant l'ventua-lit d'une rgularisationqu'accordait un pays d'ac-cueil ayant grandement be-soin d'une main-d'uvre aurabais pour que, en particu-lier, son agriculture demeurecomptitive. Ainsi, ceux qui, partir de 2001, ont inaugu-r la voie taient des Tmou-chentois. La migration a pr-cisment commenc partirde la dara d'El Amria parceque depuis quelques annesdj, un courant d'migra-tion existait pour le travailsaisonnier durant la priode

    des vendanges grce au visatouristique. Une communau-t originaire de la rgions'tait mme constitue l-bas. C'est elle qui, avec lacomplicit des employeurs, aassur l'accueil des arrivants. Et si le trafic a commenc partir de la dara d'El Amria,c'est galement parce qu'il ya un port de pche, celui deBouzadjar, avec ses marins-pcheurs et ses embarcationsen nombre dont les 100 of-fertes aux mou'wazine parDjamel Ould Abbas laveille d'une campagne lec-torale. Comment voulez-vous qu'un marin refuse lapossibilit de l'ailleurs et degagner par jour l'quivalentde 6000 DA !, nous avait ex-pliqu un vieux marin. Ainsi, 80 d'entre eux ont tles premiers guides traversles flots. Aprs tout, Almerian'est qu' 94 km de pland'eau, soit 4 6h de trajet parbeau temps. Muni d'un GPS,et selon l'embarcation et lapuissance du moteur dont ondispose, on prend le dpart 21h ou minuit pour accos-ter l'aurore au moment orentrent au bercail les ba-teaux de pche espagnols, defaon ne pas se faire rep-rer par les gardes-ctes.

    VIDE JURIDIQUEEn 2004, le phnomne s'estamplifi, l'information a cir-cul et ce ne sont plus lesseuls Tmouchentois quimigrent, ceux des wilayaslimitrophes viennent de plusen plus nombreux s'entasseravec eux dans des embarca-tions que l'on commence voler. En aot, une agression estmme commise contre lepropritaire de l'une d'elles.Entran dans un guet-apens,

    il est molest et jet la mer.Les agresseurs, identif is,sont en Espagne depuis lors.Les pouvoirs publics inter-viennent alors pour que lespropritaires d'embarcationsne les laissent plus en bordde plage la merci d'un volou encore qu'elles soientl'objet d'une vente maquilleen vol de faon loignertout soupon sur le propri-taire. Mais en 2004, on n'entendraplus parler d'un cas d'mi-gration qu' la faveur d'unvol, les harraga qui cotisentpour acheter une barque etun moteur, eux, passent in-aperus. Et puis, que pouvait-oncontre des personnes dispo-sant de papiers en rgle, levide juridique tant, la seuleinfraction qu'on pouvait leurreprocher tant le vol d'uneembarcation ?

    AIN TMOUCHENT, LIEUDE RALLIEMENTEn 2005, la cte d'alerte estatteinte. La demande tantdevenue forte, la criminalitfait jour avec des individuss'improvisant courtiers avecdes rabatteurs en directiondes wilayas alentours etjusque vers l'Algrois et l'estdu pays. Le courtier fournitle moyen de transport etvogue la galre ! Et parce qu'on vend n'impor-te quoi qui flotte, les vic-times de naufrage se multi-plient, gnralement caused'un moteur qui n'en peutplus. L't 2005, le Tmou-chentois est devenu le lieu deralliement de tous les harra-ga du pays. Des propritairesde palangriers se mettent dela partie, et l c'est vritable-ment des rseaux de passeursqui s'organisent. Pourquoi

    spcialement les palangriers? Parce que ces embarcationsn'ont pas bnf ici d'aidetatique pour la rnovation etqu'avec l'usure, leur entretienet leur armement reviennentcher compars aux rentresque la pche rapporte. Avecune capacit de 60 passagers bord, raison de 15 000DA le harraga, le propritai-re peut empocher une fortu-ne, soit entre 4 5 millionsde dinars en un seul voyage !Certains ne s'y sont em-ploys que pour deux outrois voyages pour se refairefinancirement. Les risquesavaient t minimiss. Parailleurs, si par mgarde,aprs avoir dcharg sa car-gaison humaine, le palan-grier apercevait les gardes-ctes espagnols, le capitainesimulait une panne ayant en-tran une drive. Un seulamateur s'est fait prendre r-cemment par la police ainsique son rseau de six pas-seurs. L'affaire n'a t pos-sible quaprs l'exploitationd'entretiens avec des har-raga refouls. Lui s'taitmontr vorace pour avoir or-ganis en grand son service.Ainsi, il s'tait mis acheterde vieux rafiots qui, une foisarrivs du ct d'Almeria,taient abandonns, lesquelques membres d'quipa-ge grassement pays se fai-sant passer pour des harragapour tre ensuite refouls parles autorits espagnoles.2006 a vu galement les es-croqueries se multiplier. Ain-si, plusieurs faux rseauxont collect l'argent de pr-tendants l'migration pourdisparatre dans la nature.Les quelques plaintes ont d-bouch sur l'arrestation desauteurs des arnaques.

    M.Kali

    Rue vers les ctes ibriques En 2006, partir de l'une ou de l'autre des 30 plages tmouchentoises, sur un total

    de 43 affaires d'migration clandestine, dont 30 ont avort ou l'ont t par les services de scurit, 113 harraga ont russi dbarquer en terre ibrique, soit peine le quart

    des 394 fous de l'ailleurs qui ont tent l'aventure.

    DES CENTAINES DE JEUNES RONGS PAR LE DSESPOIR QUITTENT LE PAYS

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    Babor el CanadaOn le reconnat officiellement : les harraga ne sont pas pourune bonne part des migrants pour raison conomique. Ilssont mme commerants ou fonctionnaires. Cependant, la plupart de ces personnes se trouvent tre desindividus sans mtiers prcis. Certains vivent mme assez biendu tbezniss en tout genre. Ils ont vhicule et parfois uncompte bancaire assez bien garni. D'o l'interrogation sur leur folie du large. En fait, qu'ilssoient dsargents ou pas, les harraga sont tous sujets uneirrpressible envie de prendre de la distance par rapport aupays. C'est vrai que je ne meurs pas de faim, bien sr grce autbezniss parfois la limite de la lgalit. Il reste que cela tient une conjoncture favorable mais de quoi sera fait demain ? Jene pourrais me raliser qu'ailleurs. Ici, l'espoir est banni avecdes obstacles sans fin. Vois par exemple nos routes hrissesde dos d'ne et qui nous font dtenir le record mondial en lamatire. L'Algrien est-il bon qu' la manire forte ?, nous ex-plique avec une rare clairvoyance un candidat pour el hedda.Alors harga contre hogra ? Peut-tre. La rage de partir est tellequ'un commerant repch in extremis d'un naufrage avec huitautres fugueurs s'est rvl tre un opr du cur encoresous contrle mdical. Pour tenir, il a d avaler ses cachets avec de l'eau de mer. Unautre jeune, refoul une premire fois d'Espagne, bien que lorsd'une seconde tentative il avait vu sombrer un un sept de sescompagnons d'infortune, nous avouait sa dtermination rci-diver. Pis, certains sont mme encourags par leur famille partir. Les 10 000 15 000 DA pays aux passeurs et les 1000 3000 euros qu'ils emportent avec eux sont gnralement lefruit d'une collecte familiale, une sorte de sondouk tadha-moun auquel mme la mre et la sur versent leur cot sousforme d'une partie de leurs bijoux. Et puis, pour appter lesplus crdules, il y a toutes sortes d'histoires colportes surl'eldorado ibrique l'instar de celle d'un babor el Canadaqui embarquerait les harraga algriens partir d'Espagne.Comme la petite histoire, elle aussi, se rpte ! M. K.

    La bouteille jete la mer tait celle d'un immigr marocainLa question de savoir pourquoi la famille de Derkouani Lakh-dar ne s'est pas manifeste vient d'tre lucide. On se rappel-le que ce harraga avait confi la mer un message d'adieu safamille alors que l'embarcation qui l'emportait vers le littoralhispanique allait couler cause du mauvais temps. Son message avait t retrouv la mi-dcembre dans unebouteille rejete par les flots 40 km l'est de Bni Saf sur laplage de Ouardania. On avait alors pens un cri de dsespoird'un harraga algrien. En fait, l'analyse du message, les gendarmes ont relev l'em-ploi d'un terme, el belda en l'occurrence, qui est plutt usitde l'autre ct de la frontire ouest. Par ailleurs, la bouteille qui contenait le message n'existe passur le march algrien mais sur celui du Maroc. C'est une his-toire qui rappelle combien les universaux du sous-dveloppe-ment et du rgne de la hogra sont partags sous certaines lati-tudes. M. K.

    36 immigrantsabandonns sur un lot en GrceTrente-six candidats l'immigration, apparemment abandon-ns par leurs passeurs sur un lot inhabit de la mer Ege, ontt rcuprs hier par les gardes-ctes grecs, a annonc le mi-nistre de la Marine. Plusieurs rotations d'hlicoptre, effec-tues par un temps proche de la tempte, ont t ncessairespour conduire les naufrags parmi lesquels six femmes etdeux enfants sur l'le voisine de Kos o ils ont t placs enobservation l'hpital. Les candidats l'immigration dont les nationalits n'ontpas t dtermines avec certitude ont indiqu avoir embar-qu sur la cte turque bord d'une vedette rapide conduite partrois personnes, puis avoir t abandonns sur l'lot. Les re-cherches avaient dbut vendredi soir la suite d'un appelanonyme au ministre de la Marine faisant tat d'un navire enfeu dans le voisinage de l'lot. Par la suite, un cargo avait indiqu avoir vu une fuse de d-tresse tire dans la mme zone. Les les de Grce orientalesont situes sur une route frquemment emprunte par les im-migrants venus d'Asie qui cherchent gagner l'Europe.

  • El Watan - Dimanche 21 janvier 2007 - 3

    D O S S I E R

    JEUNES D'ALGER ET RVES D'IMMIGRATION, ENTRE DSESPOIR ET RVOLTE

    Pourtant, on ne demande pas la luneH

    alim le chauffeur de taxi ne ces-se depuis deux jours de faire desrondes aux abords de l'entre du

    port d'Alger. Il cherche son fils de 17ans, Rabah, qui a fugu pour la troi-sime fois du domicile familial sis Kouba, au quartier Garidi I. Je l'aiaperu hier soir alors que je passaispar hasard du ct de l'enceinte duport. Il avait mis une sorte de foulardpour cacher son visage, mais il s'est en-fui ds que je l'ai vu, raconte Halim,dont une partie de l'attention est bra-que sur les parages du terminal desvoyageurs. Son fils a quitt le lyce, re-fuse de s'inscrire dans un centre de for-mation professionnelle et passe la ma-jeure partie de ses journes traneravec ses copains du quartier auxabords du port pour tenter de glisser l'intrieur de l'enceinte. Avec ses co-pains, il ne rve que de cela, lche Ha-lim, le pre. Pourtant, je lui ai proposde lui trouver un petit boulot chez descousins qui ont des commerces, mais ilne veut rien entendre, ajoute le chauf-feur de taxi qui f init par lancer unecourte prire, les larmes aux yeux, pourque son fils retrouve le droit chemin.Ils sont ainsi lgion, ces jeunes, adoles-cents, garons surtout, mais aussi desfilles, qui rvent de h'rig, de brlerles frontires. Plutt que de seconsumer ici comme une bougie,lche un des jeunes rencontrs ex-placeTrois Horloges Bab El Oued, non loindu march informel des tlphoneset des appareils photo numriques.Nous voulons y aller par mer, en ache-tant le visa, en se mariant avec unetrangre. Partir, c'est tout ! A n'impor-te quel prix, lancent ces jeunes dont laplupart ont quitt les bancs de l'cole

    avant d'arriver au bac. Sur les six ren-contrs, cinq vendent des vtements la sauvette sur les trottoirs de la rueBab Azzoun la Grande Poste. Le der-nier aide un grand frre qui possde untaxiphone Bologhine. J'ai des amisqui sont partis partir de l'ouest, l'Es-pagne puis Marseille, o ils ont rejointd'autres enfants du quartier, ditAmin. Oui, mais souvent, c'est le lotode ta vie : la mer ne pardonne pas. Ilfaut du courage et les bonnes priresdes parents pour arriver l-bas, ren-chrit Rda.

    VICTIMES DES VIEUXPensent-ils srieusement aux risquesdune traverse prilleuse et dune vieclandestine ? Et ici, c'est pas risqu ?!Tu sais combien de fois la police m'a

    saisi la marchandise ? Je ne gagne pasdes milliards, moi, et je perds tout monargent en plus des dettes chaque foisque la police dcide, comme a, d'unerafle, fulmine encre Amin. A ses yeux,les jeunes qui partent au pril de leurvie sont des victimes des vieux qui tien-nent tout et qui ne comprennent rien.On ne veut pas la lune ! Juste une si-tuation, vivre honntement, fonder unfoyer comme le veut Dieu. Mais eux,el houkouma (le gouvernement, lesautorits), ne laissent personne d'autrevivre. Y en a que pour eux, ajoute unvoisin lui qui, ple-mle, accusel'APC de Bab El Oued, les commissa-riats de police d'Alger, les gnraux, leservice technique communal qui distri-bue des projets, l'ANSEJ, etc. Nous,on vit huit dans un F2 prs de Triolet

    et je vois des jeunes en 4x4 Touaregavec des filles claquant du fric commea ! Et tu veux que je reste ici ?!, ditAmin. Si je pouvais, je partirais lapremire occasion, annonce Farid, 28ans, le plus g du groupe, vendeur devtements sur les trottoirs de Bab Az-zoun, mais voil, ma mre est seule etge, toutes mes surs sont maries etje n'ai pas de frres. Mon pre est re-trait de la RSTA (chauffeur de bus). Ilsn'ont personne part moi. Je ne pensemme pas au mariage car qui donnerasa fille un gars qui ne sait pas com-bien il gagnera demain. J'ai un voi-sin qui est parti il y trois ans Mar-seille par Almeria. Il appelle ses amisdu quartier de temps en temps : il esttoujours sans papiers, mais il dort dansdes refuges, parfois l'glise, il tra-vaille au noir et envoie par d'autresamis un peu d'argent ses frres pourmonter une picerie. Ils l'ont fait, ra-conte Amin en rvant du prcaire suc-cess story. Mais c'est vrai que je pr-fre vivre dans mon pays avec mespapiers et ma dignit, mais ils nenous ont pas laiss le choix. Ilsnoustaxent mme l'air qu'on respire. Krah-na !, lance Mourad, 23 ans, sans tra-vail, qui a quitt le lyce en premireanne.

    MME LES ENFANTS DE GNRAUX !Mais l'attrait de l'immigration nesemble pas concerner seulement cettefrange de la jeunesse algrienne : lescomptes rendus des arrestations deharraga renseignent sur ces cas decadres, universitaires, quadragnairesqui veulent tenter la grande vasion p-rilleuse. Constat vrifi du ct de la

    Fac centrale Alger. Je sais bien ce quim'attend ! Le diplme puis le chmageet les autres qui ne se sont pas casss latte, ils se retrouvent la tte d'affairesjuteuses, lche avec dpit Marwan,premire anne de mdecine. Immi-grer ? Bien sr que j'y pense. Est-cequ'il y a un jeune qui n'y pense pas ?!Mme les enfants de gnraux y pen-sent. Car en Algrie, mme avec ton ar-gent tu ne vis pas bien. Mon frre est Londres et travaille dans une pizzeria.Il a fait technicien suprieur en sant.En vain. A Londres, il gagne trois fois cequ'il pouvait gagner ici. Peut-tre que jevais le suivre, ajoute Marwan. Amina,22 ans, tudiante en langue arabe, trou-ve dramatiques les histoires de har-raga retrouvs parfois morts en pleinemer, mais ses yeux elle comprend.Mes parents sont enseignants l'uni-versit et j'ai trois frres encore en sco-larisation. On n'arrive pas joindre lesdeux bouts chaque fin de mois. Je nevais pas tenter de partir en Europe surdes radeaux, mais la premire bonneoccasion, au revoir et ciao, dit-elle en-core. Lila, deuxime anne en commer-ce l'Ecole suprieure sise Tafourah,nourrit d'autres espoirs : Ma sur afait ses tudes de commerce internatio-nal Paris puis elle est rentre. Tout lemonde l'a qualifie de folle. Mais de-puis, elle a mont avec des amis elleune bote de consulting depuis deuxans. Elle ne gagne pas des milliards,mais elle arrive bien vivre de son ac-tivit. Et surtout, le plus important estque mes parents l'ont toujours encou-rage prendre l'initiative et ont tou-jours respect nos choix. Lila veutsuivre l'exemple de sa sur ane.

    Adlne Meddi

    I l n'y a plus de barques neuves et encore moinsde filets en mer Sidi Salem (El Bouni, Anna-ba). Tout a disparu depuis la nuit du rveillon dunouvel an 2007. Cette cit ctire compte une po-pulation de 50 000 mes. Ses jeunes se sont verssdans le mtier de la pche que leur ont enseign,dans la pure tradition de cette rgion, leurs preset grands-pres. Ils connaissent la mer et ses dan-gers comme ils savent, guids par les toiles, navi-guer sans avoir utiliser des moyens technolo-giques sophistiqus, tel celui du guidage parsatellite (GPS). Cette dernire traverse aprscelles successives de ces trois derniers mois la-quelle ils avaient contribue, c'tait la leur. Et ilsne devaient pas la rater. Ces jeunes pcheursavaient entendu parler de ces cadavres repchspar les gardes-ctes au large de la faade mariti-me Est de l'Algrie. Peu importe, cela ne les avaitpas dcourags. Ils ne manquaient pas de parler de leur dpart in-cessant destination de La Sardaigne (Italie) chaque discussion avec les copains du quartier etmme avec les journalistes. De toutes les faons,cela ne va pas tarder. Nous sommes dj prts etn'attendons que l'arrive de quatre autres cama-rades pour tenter l'aventure europenne. Nousavons effectu le change parallle. Personnelle-ment, j'ai sur moi 1000 euros. Ils me permettrontde voir venir ds mon dbarquement en terre ita-lienne. Il n'y a plus d'espoir dans ce pays. Certes,l'Etat nous a aids financirement pour l'acquisi-tion des barques. Mais la corruption est partout etles gros requins de la pche nous laissent peinedes miettes, avait avou Mohamed Tahar M. undes pcheurs candidats au dpart. Faute de pois-son commercialiser, il avait laiss tomber lestand qu'il avait lui-mme construit en bordure demer et de la cit Sidi Salem. Puis vint le jour J. Brahim M. est un pre de famil-le au chmage habitant Sidi Salem. Sans le sou, ilavait pass toute la nuit de la veille de lAd ElAdha sur les rochers taquiner le poisson. C'tait

    beaucoup plus pour ne pas avoir expliquer sesenfants l'absence du mouton. Il nous a relat cequ'il a vu cette nuit l : Ils taient des dizaines dejeunes mettre les embarcations l'eau. Plu-sieurs y avaient dj pris place. J'ai mme vuquatre jeunes filles y accder avant que l'hommequi les accompagnait ne mette son puissant mo-teur pleins gaz. L'une aprs l'autre, une dizaine debarques ont suivi. Elles taient toutes de Sidi Sa-lem. D'ailleurs, depuis, j'ai remarqu que leurpoint d'chouage est toujours vide. Pour lui, ils'agissait bel et bien d'une opration d'migrationclandestine.Le lendemain, cette opration tait dans toutes lesbouches dans les wilayas de Annaba et El Tarf.

    Cette nuit de lAd El Kbir, des dizaines dejeunes Algriens avaient tent d'migrer clandes-tinement en Italie, partir de Sidi Salem, Cap deGarde, Chetabi (Annaba) Dar El Beida Echattet Cap Rosa (El Tarf). Ceux qui avaient assist leur dpart affirment que les migrants clandes-tins n'avaient aucun bagage. Ils savaient qu'ilsallaient l'aventure et qu'ils risquaient de prir.Ils ont os, et ont atteint les ctes de la Sardaigne.Plusieurs sont mes voisins. Ils ont tlphon auxleurs pour les tranquilliser 48 heures aprs leurentre dans une ville italienne, tmoigne Bra-him M. Selon lui, les guides taient de jeunes p-cheurs du quartier matrisant bien la navigationmaritime et la mto. Les passagers taient des

    jeunes gs entre 20 et 40 ans. Ils taient habillschaudement et certains portaient un anorak. Avantde partir, les poches pleines de patte de datte(ghers) et de sucre dans des embarcations char-ges de jerricans de fuel et d'eau potable, ilsavaient entam une trange mlope. Une louan-ge Dieu en quelque sorte pour viter leur em-barcation de chavirer. Les services de la stationmaritime principale des gardes-ctes de Annabaen auraient intercept une cinquantaine au cou-rant de l'anne 2006. Durant la mme priode,une trentaine de cadavres de harraga non identi-fis avaient t repchs alors que sept voyageursclandestins avaient t interpells au large deseaux territoriales algriennes. A. Djabali

    LA SARDAIGNE POUR DESTINATION

    Les premiers harraga dEl Kala gagnent lItalieIl y a une dizaine de jours, sept jeunes d'El Kala ont quitt clandestinement lepays dans la nuit pour les ctes de la Sardaigne, 200 km plein nord d'ElKala. Ils ont mis pied terre sur la grande le italienne le lendemain au termed'une traverse d'une dizaine d'heures, selon les informations recueilliesauprs des familles qui, officiellement, ne dclarent pas la disparition pourviter de leur faire porter l'accusation d'migration clandestine. Les fugitifsont tlphon ds leur arrive pour rassurer les leurs. En effet, El Kala,pendant que les gardes-ctes, aviss officiellement ds les premires heuresde la disparition des deux bateaux, lanaient les recherches qui leur ontpermis d'ailleurs de retrouver l'une des deux embarcations vides, la villeretenait son souffle. Sept jeunes de la cit FLN que tout le monde connat,qu'on a vus grandir au fil des ans mais pas s'panouir, ont pris le risque deperdre la vie et d'accabler leurs familles mme si ce jour-l, la mer, trs calme,rassrnait les esprits. Puis, ce qui fatalement devait arriver un jour pour ElKala s'est produit. Vers 13h, une nouvelle se rpand comme une trane depoudre : Ils viennent de tlphoner. Ils sont tous arrivs sains et saufs. Dieuseul sait les proportions que va prendre cette nouvelle saigne de jeunes,cantonne jusque-l l'ouest du pays parce que, pensait-on, la traverse dela mer d'Alboran est plus courte. Une premire tentative a eu lieu l't derniermais elle s'est solde par un chec cause d'une houle impromptue. Tout lemonde s'accorde dire que c'est le retentissement de la fuite par Sidi Salem(Annaba) la fin de l'anne dernire de plusieurs dizaines de jeunes venus detoutes les wilayas de l'Est, que les jeunes d'El Kala se sont enhardis et leur

    tour ont tent leur chance. A leur arrive en Sardaigne, cinq des jeunes d'ElKala se sont fait prendre par les gardes italiens et incarcrs quelques jours.Ils sont passs la tl, la Ra Uno SVP. Mme menotts, ils sont devenus desvedettes et, cest ce qu'il faut dplorer, car c'est le plus dramatique, pour cepays, des exemples suivre pour tous les autres. Deux d'entre eux ont puchapper tous les contrles et se rendre Rome o ils ont trouv de l'aidechez des compatriotes. Les autres, rests en Sardaigne, sont entrs encontact avec d'anciens plongeurs sardes qui travaillaient dans le corail ElKala. Aujourd'hui, tous ont obtenu une carte de circulation. Le colonel Diffari,porte-parole des forces navales, dplorait, dans un point de presse qu'il nousavait accord une semaine avant El Kala, aprs l'attaque de la caserne desgardes-ctes, la monte en cadence de ce phnomne qui ne pouvait paspargner El Kala mme si l'Italie est plus loin que l'Espagne. Il y a, selon lui,de fortes probabilits qu'El Kala devienne une voie de passage privilgiepour l'migration clandestine nationale ou subsaharienne, pour la simpleraison que les autorits italiennes sont moins svres l'encontre desclandestins. Il a tenu rappeler que rares sont les expditions de ce genre quirussissent. Les clandestins prfrent utiliser de petites embarcations pourne pas se faire reprer mais elles ne rsistent que miraculeusement la hautemer. Il a dclar qu'en 2006, 33 corps de jeunes Algriens ont t repchsseulement sur la faade maritime Est, entre Bjaa et El Kala. Pour lui, il nepeut s'agir que de harraga que leurs parents croient certainementconfortablement installs l'tranger. Slim Sadki

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    Deux jeunes dsuvrs jetant leur regard sur le port dAlger

  • El Watan - Dimanche 21 janvier 2007 - 4

    D O S S I E R

    Le droit de citoyennet pour limmigration lgale

    Propos recueillis par Nacra Benali

    Vous avez pris part au dernier sommet deTripoli sur limmigration clandestine. Etes-vous satisfait des efforts de la Libye pourbloquer le flux des immigrs et pensez-vousrenforcer cette coopration avec des payscomme lAlgrie, activement engage dansla lutte contre ce flau ?

    Nous sommes obligs de collaborer avec laLibye et cela a port ses fruits, puisque lenombre dimmigrs qui dbarquent sur nosctes a sensiblement diminu, hauteur de 900entre 2005 et 2006. Avec les Algriens, nousavons instaur galement une collaboration, etjustement la cinquantaine d'Algriens, qui ontdbarqu de manire inopine en Sardaigne, ily a quelques jours, seront expulss aprs unebrve permanence dans l'un des centres d'ac-cueil de l'le.

    Aprs leur identification, car il sembleque beaucoup d'autres Maghrbins prten-dent tre Algriens...

    Nous laissons aux autorits algriennes lesoin d'tablir leur vraie nationalit. Mais cepropos, les Algriens collaborent parfaite-ment. Les Marocains en font de mme, vraidire, surtout que les Marocains reprsentent unvritable problme pour nous, car ils sont plusnombreux en termes de flux. Sur les derniers20 000 clandestins qui avaient dbarqu Lampedusa les mois derniers, 8000 taientMarocains. La police marocaine ne disposepas encore de moyens informatiques, ce quirend le rapatriement des immigrs, via leuridentification, une tche laborieuse. Notre par-ticipation la confrence de Tripoli nous a per-mis de relancer cette coopration. Lorsque lesoprations de Frontex (l'Agence europennepour la gestion de la coopration oprationnel-le aux frontires extrieures de l'Union euro-penne) reprendront, on procdera des pa-trouilles dans le dsert libyen, et encollaboration avec les autorits maltaises et li-byennes.

    Des patrouilles mixtes dans le dsert pourbloquer les candidats l'immigration clan-destine avant qu'ils n'embarquent pourl'Italie ?

    Exactement, c'est le seul moyen de rendrecette stratgie des patrouilles utile et empcherles clandestins de quitter le littoral Sud, car s'ilsdpassent les ctes, c'est plus difficile de lesintercepter. Devant ces milliers d'tres hu-mains qui arrivent ici, je ressens toute la soli-darit qui provient de ma culture d'origine. Jesuis issu de la famille de proltaires du mon-de, unissez-vous. Je me rends compte qu' tra-vers les canaux de l'immigration arrivent aussimalheureusement le trafic de la prostitution, la

    cocane... Je peux affirmer tre en mesure dedonner le droit de citoyennet limmigr quivient par des voies lgales chez nous et pourtrouver du travail. Mais, je serai intransigeant,svre, avec ceux qui contribuent hausser letaux de la criminalit en Italie. Ce paradoxe estvritablement reprsent par les populationsroms, qui une fois installes tentent de s'int-grer, d'envoyer leurs enfants l'cole, alors quecertains de ses membres commettent des volset autres crimes.

    Vous avez invit les immigrs dnoncerla traite des Blanches, la rduction de les-clavage et l'exploitation. La loi les protgeassez, selon vous ?

    Il y a des immigrs qui vivent en respectantles lois, mais il y en a d'autres qui s'adonnent toutes sortes de dlits. Nous avons eu despreuves matrielles qui dmontrent commentdes enfants de tsiganes sont dresss pour voleravec des mthodes barbares, comme on le faitavec des chiens rockweiller. Nous avons doncune humanit en souffrance prive de sesdroits et qui les revendique, face une autrehumanit impitoyable et prte commettre descrimes ahurissants. Si je ne veux pas que monpays traite les premiers l'aune du comporte-ment des seconds, il faut tre en mesure de ga-rantir, ceux qui le mritent, leurs droits. Laloi permet aux immigres, qui aident arrterceux qui les forcent se prostituer et grent desrseaux de traite des blanches, dobtenir unpermis de sjour. Mais aussi ceux qui dnon-cent le racket et l'usure. Nous menons unegrande campagne antiracket, mais la loi doitfaire en sorte que le coupable, cause des vi-cissitudes des procdures juridiques, ne se re-trouve pas libre pour narguer et menacer celuiqui l'a dnonc.

    Comment valuez-vous la menace du ter-rorisme de matrice islamiste en Italie ?

    La menace terroriste existe et elle pse sur lemonde pas seulement sur l'Italie, et selon moi,elle reste signif icative. Il y a encore desgroupes terroristes actifs, mais nous sommesbien prpars pour leur faire face et les gardersous contrle. Une activit intense des servicesde renseignements et l'change d'informationsavec d'autres pays, nous a, peut-tre, je dispeut-tre, car on ne peut raisonner qu'en fonc-tion de ce qui a eu rellement lieu, aids vi-ter des attentas. Nous maintenons cette mobili-sation en perfectionnant notamment lesaspects de la technologie qui permet de prve-nir ce phnomne. C'est pourquoi, je ne trouvepas dmentiel, mme si cela est insupportable,l'instauration des nouveaux rglements trs ri-gides pour le contrle des bagages main surles vols.

    Ne croyez-vous pas que la guerre en Irak adplac le centre de cette menace au Moyen-Orient ?

    On peroit un certain relchement dans ledispositif scuritaire en Europe. Ceci est vrai.Il existe des thtres de conflits qui ontconcentr sur eux les nergies terroristes. Il estindiscutable que les USA, avec leur interven-tion contre l'Irak, aient russi, dans un domaineau moins, concentrer le massacre terroristesur l'Irak. La pendaison de Saddam aggraverapeut-tre cela. Le tragique affrontement entrechiites et sunnites.

    Les musulmans qui vivent en Italie ne sesentent pas reprsents par lorganismeconsultatif dont les membres ont t dsi-gns par dcret par votre prdcesseur.Quelles actions comptez-vous entreprendrepour amliorer les relations entre lEtat ita-lien et la communaut musulmane ?

    L'organisme consultatif nous l'avons effecti-vement hrit, on verra ce qu'on en fera. Il estvident que devant le caractre diversifi de lacommunaut musulmane, il est diff iciledidentifier un interlocuteur unique. L'Etat res-pecte le principe selon lequel les relations avecles diffrentes confessions reposent sur l'en-tente. Il y a eu l'effort de constituer une organi-sation unifie et cela n'a pas march, car la reli-gion islamique ne possde pas de hirarchie,un accord semble difficile.

    Il s'agit donc d'tablir des relations avec tousceux qui ont un rle actif au sein de cette com-munaut musulmane. Mais nous sommes enprsence de problmes qui doivent tre absolu-ment affronts.

    D'abord, face ces coles islamiques quicommencent se multiplier dans notre pays. Ilfaut que lEtat puisse exercer un contrle sur lemrite des enseignants qui y travaillent et laqualit des programmes scolaires qui doiventrpondre aux standards pdagogiques appli-qus. Bien sr dans le respect de ce que garan-tit la Constitution et les lois pour la libert defonder des coles prives.

    Ces critres sont les mmes que ceux quenous imposons nimporte quelle cole privequi ouvre ses portes en Italie et qui doivent trerespects par ceux qui dispensent un enseigne-ment des enfants. Par ailleurs, j'estime qu'ilest inacceptable d'assister la multiplicationde mosques construites avec des capitaux quiviennent d'autres pays. Nous sommes en traindtudier, inspirs par le modle franais, lapossibilit de crer une fondation, dans laquel-le feront partie des Italiens et vers laquelleconflueront toutes les ressources financiresd'o qu'elles proviennent, de par le monde, etqui ont pour but de financer des uvres civiles

    ou religieuses. Bien sr, la fondation nest pasautorise dtourner ces fonds vers dautresprojets.

    Cette disposition concernera-t-elle seule-ment les centres islamiques ou sera-t-elletendue d'autres confessions ?

    Ceci est un problme qui se pose concrte-ment, exclusivement pour les musulmans. Lesorthodoxes ne posent pas ce problme, ni lesjuifs ni les boudhistes. Je veux savoir qui fi-nance quoi dans mon pays. Plus de transparen-ce est souhaitable.

    Concernant la politique italienne, beau-coup dans l'opposition et mme dans la coa-lition parient sur la prennit du gouverne-ment Prodi. Croyez-vous qu'il va survivrejusqu' la fin de son mandat ?

    Je crois que oui. Pour pouvoir dfaire ungouvernement, il faut tre en mesure d'en for-mer un autre.

    Pour une rforme lectorale qui serve unirles uns aux autres, sur le modle du systmemajoritaire deux tours, il faut garder l'espritque le meilleur alli est le parti le plus impor-tant de la coalition oppose. A part la loi lec-torale, le rformisme ne signifie pas seulementlibrer le service public. Il faut garantir unedistribution plus solidaire des ressources mme de garantir aux catgories vulnrablesune rmunration minimum non infrieure un certain seuil.

    Pour que les contributions plus consistantespuissent soutenir les revenus les plus bas. Pourtre rformistes, il n'est pas ncessaire d'tredes modrs outrance et des libraux. Celaest utile pour ouvrir le service public plus deconcurrence, mais cela n'est pas l'unique voie.Il y a une norme richesse financire qui a ten-dance se concentrer entre peu de mains. Cequi engendre un sentiment croissant d'ingalitqui provoque un profond ressentiment au seinde notre socit.

    Le projet d'un grand parti dmocratiquevoulu par plusieurs leaders de la coalitionde centre-gauche est-il la solution ?

    Le cercle vicieux de la frustration, de ladsapprobation... si on comprend cela, nous ducentre-gauche, on peut trouver l'humus sur le-quel on prvoit de construire le parti dmocra-tique et le rendre plus riche et plus mme dene pas susciter les polmiques qu'il suscite au-jourd'hui. Voyez ce que sont devenus nos tradi-tionnels partis de rfrences en Europe : le Par-ti travailliste hollandais de Wouter Bos, le Partisocial-dmocrate allemand, bien que OskarLafontaine ait russi emporter avec lui unebonne part de la base, le Labour anglais, que leDieu des Anglicans lui vienne en aide... Leparti socialiste en France russit se mimerderrire le sourire de Sgolne et joue de ma-nire intelligente la carte fminine avec tout ceque cela comporte de politique et d'apolitique.Cela montre que nous sommes face un pro-blme plus gnral. Le danger d'un populismede droite est l. Si la rponse ne vient pas du r-formisme, elle viendra du populisme. Ce ma-laise de notre temps nous incite nous occuperd'immigration, de citoyennet et de lutte contrela criminalit avec un mlange de ralisme etd'idalisme. Jamais l'un sans l'autre. N.B.

    GIULIANO AMATO. Ministre de lIntrieur italien

    La police italienne a pour chef, depuis juin 2006, un universitairespcialis en droit constitutionnel, qui a failli devenir prsident de laRpublique italienne si ses compagnons de la coalition de gauche nelui avaient pas prfr un autre ancien ministre de lIntrieur, GiorgioNapolitano. Personnalit politique attache aux valeurs humanistesuniverselles, Giuliano Amato, 68 ans, a occup deux reprises lefauteuil de chef du gouvernement (en 1992 et en 2000). Lauteur deUn autre monde est-il possible ?, entre une rflexion solitaire sur lanouvelle rforme destine sauver la gauche du danger de la drivepopuliste de droite et une nergique intervention au Snat sur lesystme des retraites, trouve le temps daller narguer la camorra Naples. Cet ancien dput socialiste et vice-prsident de la Conventioneuropenne, assure vouloir mettre de lordre dans la maison Italie,sans propagande et sans faire de limmigration clandestine et durisque terroriste un prtexte pour justifier une politique de rpressionxnophobe et islamophobe.

    Giuliano Amato

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  • Ils affluent sur les ctesmauritaniennes. Auquotidien. Depuis dessemaines, voire des mois.Ils sont Nouakchottnotamment, Nouadhibou surtout.Venus par milliers del'Afrique subsaharienne,ces candidats l'exil,d'une dizaine denationalits, attendent surce bout de terre peuprospre le grand jour,le jour o ilss'embarqueront bordd'une pirogue de fortune la recherche de la terrepromise.

    Nouadhibou (Mauritanie)De notre envoy spcial

    Assis sur un rocher, pieds dansl'eau, tte couverte d'un bonneten laine, Amadou M'Bombi

    jette son regard loin dans l'immensitde l'Atlantique. Il se laisse emporterun instant par un rve, son propre rvede se retrouver un jour de l'autre ctde l'ocan. A Santa Cruz de Tnriffe, Las Palmas de Gran ou sur une autrele de la communaut autonome desCanaries. Peu importe le point de chu-te d'une traverse atlantique fatiganteet des plus prilleuses. Ce jeune Ma-lien, qui n'a vu la couleur de la merqu'une fois arriv il y a deux ans Nouadhibou, vient quotidiennementnoyer son chagrin ici, au cap Blanc, quelque 13 km au nord du port depche de Nouadhibou, la deuximeville mauritanienne. Chaque soir, la sortie de son travailau crpuscule, il se rend dans ce petitbout de terre enfonc dans l'eau oca-nique, comme s'il s'agit d'un lieu sa-cr. Etre ici me rappelle le premierjour o je suis mont bord d'une pi-rogue destination des les Canaries,il y a un an, lche Amadou, s'engouf-frant ensuite dans un silence religieux.Mais aprs un instant d'hsitation, ilpoursuit : C'tait un mois d'octobre.On tait une soixantaine. J'ai pay maplace, comme tous les autres passa-gers, 150 000 ouguiyas (prs de 500euros). La pirogue avait belle gueule.Le passeur, un Mauritanien, nous adonn rendez-vous 3h du matin iciau milieu de ces rochers. J'ai prisavec moi le minimum permis bordde la barque, savoir un bidon dedeux litres d'eau portable et une bou-teille en plastique vide pour pisser de-dans. C'est tout. Personne n'avait ledroit de prendre quelque chose deplus. Le poids tait bien compt. Lepasseur tait l'heure. C'tait unenuit trs obscure ; il ny avait pas delune. J'tais, comme toutes les autrespersonnes, content d'embarquer.C'tait pour moi un moment de dli-vrance, de rupture avec la souffran-ce. Le voyage commenait bien, 3hdu matin. Nous avons russi quit-ter le rivage sans susciter l'attentiondes gardes-ctes, certainement en-dormis. Au fur et mesure que nousnous loignions de la cte, je me sen-tais loin de la misre, se rappelle-t-il.Mais voil que l'aventure tourne

    court. Au bout de quelques heures denavigation, en dbut de matine, la pi-rogue finit par tre repre. Lesgardes-ctes nous ont pris de court.C'tait un retour la case dpart. Ledpit se lisait sur tous les visages despassagers. Une profonde tristesses'emparait de moi. Car mon rve s'estvite effondr et l'aventure s'est termi-ne en queue de poisson. Pas commeje voulais. J'ai t rapatri au Mali,comme les autres ont t refouls dansleurs pays respectifs, raconte-t-ilavec un brin de tristesse, les yeux tou-jours points droit vers l'ocan.L'chec de cette premire tentative n'apas dissuad Amadou qui, quelquesmois plus tard, revient Nouadhibouavec le mme enthousiasme et la fer-met de partir vaille que vaille en Eu-rope. Il est son quatorzime moisdans cette ville ctire. Je travaille,dit-il, au port de pche pour une men-sualit de 30 000 UM (90 euros).

    EL QIRANE OU LA FAVELA DES CLANDOSSoit. Il gagne de quoi tenir jusqu' laprochaine aventure. Si je suis revenuici, c'est pour partir en Europe. Ici,c'est comme Bamako, il n'y a aucuneautre perspective. L-bas, en Europe,au moins, je suis sr de gagner plusd'argent qu'ici, et de pouvoir envoyerde temps autre quelques sous mamre et mes deux surs. Amadou

    essaie d'amasser un peu d'argent n-cessaire pour les frais de la prochainetraverse. Il n'a pas peur de la mort.Je suis conscient des risques de latraverse. Je risque la mort Mais enfait, les hommes ne sont-ils pas touscondamns mort avec des sursis in-dfinis ? Et puis, qu'est-ce que la vie adonc de si regrettable pour moi ?Rien, part la souffrance, la faim, lamisre Je n'ai rien vu de bon de cet-te vie, tonne-t-il comme pour expri-mer un marasme tant refoul.Il n'est pas le seul vouloir tout prixrejoindre l'archipel des les Canaries.Ici, Nouadhibou, il n'y a qu'eux,nous confie Mansour Iry, un jeuneMauritanien dsuvr. Eux, ce sontles candidats l'exil, les clandestinscomme on les dsigne dans cette villede pche. Mansour se rappelle bien dujour de dpart de Nouadhibou desti-nation des les Canaries de OmarMoulay, un autre Malien, chauffeur detaxi. Il y a, peine une semaine, il aappel un ami. Il est Tnriffe. Il seporte bien, indique-t-il. Les cas sontnombreux. Souvent, l'annonce d'unetraverse russie encourage davantageles Africains subsahariens persv-rer dans leur dmarche et y faire tousles sacrifices possibles. Il suffitqu'un seul russisse pour entraner lesautres, affirme Mansour. Pour lesaventuriers, Islas Canarias demeurentl'incontournable porte d'accs l'el-

    dorado europen. Depuis la fermeturedes voies traditionnelles via la Mdi-terrane, notamment travers les en-claves espagnoles de Ceuta et de Me-lilla, les immigrs clandestins ont vir l'Ouest, du ct de l'Atlantique. Etles ctes les moins surveilles, maisaussi les moins loignes sont cellesde la Mauritanie. Le nombre d'Africains subsahariensgrandit du jour en jour. A fin 2006, onparlait de 20 000 personnes massessur les ctes de Nouadhibou. Beau-coup plus, peut-tre. Elles sont de di-verses nationalits, de l'Afrique del'Ouest surtout. Il y a des Gambiens,des Ghanens, des Congolais, desGuinens, des Maliens, des Gabonais,des Ivoiriens, des Camerounais et sur-tout des Sngalais. Ils sont partout Nouadhibou. Ils se regroupent parpays d'origine, notamment dans un bi-donville au nom rvlateur de LasPalmas. Le gros se trouve dans l'im-mense favela dnomme ElQirane, le quartier de Zounoudj(les noirs), comme le dsignent lesMauritaniens. C'est dans ce quartier,situ quelques encablures seulementdu port, que nous avons rencontrcheikh Cisso, prsident de l'associa-tion gambienne. Aprs une brve dis-cussion dans son sommaire bureau,cheikh Cisso accepte de nous faire vi-siter le foyer dont dispose son associa-tion. Le lieu est une sorte de laby-rinthe au bout duquel on trouve unesalle (moyenne) pleine de monde :c'est enfin le foyer. C'est ici que nousrencontrons Mamadou N'Dy de Gui-ne Bissau. Sorti au milieu d'une fou-le compacte qui regarde un match du

    championnat espagnol entre Real Ma-drid et Valence dont le score est djde 1 0, Mamadou nous salue d'unfranais approximatif. Aprs unchange en patois africain avec le pr-sident de l'association, l' aventuriernous invite le suivre dans une autrepetite salle loin du brouhaha du foyer.

    C'EST LA FAUTE LA MERJ'ai fait cinq tentatives pour aller enEspagne. Toutes ont chou, lance-t-il d'emble, avant de baisser les yeuxcomme par honte. Mamadou peine, audbut, parler. Puis, au bout d'un mo-ment, sa langue se dlie et remue dessouvenirs pour nous raconter l'une desplus tragiques de ses pripties. Madernire tentative, raconte-t-il, remon-te au dbut du mois de novembre. J'aiintgr un groupe de 150 personnes,la plupart sont des Sngalais. J'aiembarqu avec moi mes deux frrescadets. Nous avons achet une vieillepirogue avec 1,5 million UM (5000euros). Chacun d'entre nous a contri-bu hauteur de 10 000 UM (30 eu-ros). Nous nous sommes embarqusdu cap Blanc. Nous avons pris avecnous des bidons de carburant, de l'eauet quelques gilets de sauvetage totale-ment uss. D'un geste vloce de samain gauche, il crase une larme etcontinue : Le voyage a malheureuse-ment mal tourn au bout d'une semai-ne en haute mer. Un courant oca-nique nous a tirs vers le point dedpart. Nous avons essay de rsister.Mais la mer tait trop agite et soule-vait des vagues de plus de trois mtresqui s'abattaient sur nous jusqu' ceque notre barque soit renverse. Je mesuis rveill sur un lit d'hpital Nouadhibou. J'ai eu une chance quemes deux frres n'ont pas eue. Car,eux, ils ont pri en plein ocan, com-me une dizaine d'autres passagers.C'est ma faute. Je les ai entrans avecmoi, regrette-t-il, avant de tomber ensanglots. Mais, c'est la faute la mer! A sa sortie de l'hpital, Mamadous'est vu pris en charge par l'associationgambienne, ce qui l'a enchant. Jemange et je dors ici. J'essaie d'oublieret de refaire ma vie. Une chose est sre: je ne remonterai plus bord d'une pi-rogue, lche-t-il avec regret. Le choctait tel que Mamadou frmit rienqu'en entendant le mot pirogue. Cettemsaventure l'a marqu jamais. Mal-gr des pilogues souvent tragiques,des naufrages, des arrestations et desnoyades, l'entreprise des Africainssubsahariens, de l'Ouest surtout, conti-nue. (...) Mokrane At Ouarabi

    (A suivre)

    El Watan - Dimanche 21 janvier 2007 - 5

    D O S S I E R

    Gagner l'Europe ou mourir en pirogueDES MILLIERS D'IMMIGRS SUBSAHARIENS AFFLUENT SUR LES CTES MAURITANIENNES

    L'glise de Mauritanie s'est lance, depuis des mois, dansdes actions humanitaires envers les naufrags. Elle tenteavec ses moyens limits de porter assistance ces milliersd'Africains subsahariens qui chouent Nouadhibou,aprs une traverse atlantique rate. Mgr Martin Happe,vque de Mauritanie, a mme appel les curs chari-tables travers le monde de venir en aide ces rescapsd'un rve bris. L'appel est mis sur le net. Aidez-nous leur ouvrir nos portes, les couter, les mettre en contactavec d'autres, leur servir de bote lettres, les accueillirpour une nuit ou deux et enterrer les corps de ceux qui senoient dj au dpart, peut-on lire sur un site internet. Lemessage est accompagn d'une adresse postale avec lamention : Venir en aide la paroisse de Nouadhibou.Nous voyons au passage un peu Nouakchott mais sur-tout Nouadhibou, suite au travail de la presse, beaucoupde gens commencent s'intresser eux et sont prts nous aider. Seulement, nos possibilits d'aide (coute, ac-

    cueil pour une nuit ou deux, bote postale, soins, etc.) res-tent forcment trs limites. Une fois arrivs Nouadhi-bou, rien n'arrtera ces jeunes gens aller plus loin. En g-nral, ils ne voient pas d'avenir pour eux possible dansleurs pays d'origine. C'est l qu'il faut intervenir ! Mais celaest videmment au-dessus des forces d'une petite glisecomme celle de la Mauritanie, exclusivement composed'trangers, nous explique Mgr Martin Happe. Selon lui,l'afflux des Africains subsahariens, qui prtendent l'im-migration clandestine, se concentre sur la Mauritanie de-puis que le passage terrestre par l'Algrie et le Maroc estdevenu presque impossible. La paroisse de Nouadhibouessaie tant bien que mal d'attnuer les souffrances de cesimmigrs qui se retrouvent sans argent ni toit aprs uneaventure qui a mal tourn. Souvent, explique Mgr Happe,ils sont condamns faire n'importe quoi dans l'espoir depouvoir refaire leur vie. Ce qui n'est pas toujours facile.Nous tentons ainsi de les orienter M. A. O.

    L'GLISE DE NOUAKCHOTT AU SECOURSDES NAUFRAGS

    Echantillon de vieilles pirogues bord desquelles les immigrs clandestinsrisquent leur vie pour rejoindre l'eldorado europen

    La cour du centre de transit de Nouadhibou, d'une capacit de 240 lits, construitavec le concours financier de l'Espagne

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  • Contre toute attente et au momento le bureau reprenait ses assises,la nouvelle de la dmission des

    membres de la section syndicale duCNES Constantine est tombe hier.Une dmission que personne n'esprait,y compris dans le camp des dissidents,au moment o la position du bureau estdevenue extrmement forte o le climats'est assaini et les choses devenues faciles. Le bureau dirig par Khaled Bessila aentrin, hier, la dcision en expliquantdans une dclaration signe par les cinqmembres du bureau les raisons de cettedcision. Remontant la gense des troubles orga-niques qui divisent la section depuis leclash survenu en mai 2006 et les diver-gences au sujet de la poursuite ou non dela grve des enseignants, la dclarationrappelle d'abord la promesse solennellefaite lors de la dernire AG que le CNESne sera ni brad ni livr n'importe quidans le noir. Nous tiendrons jusqu' ceque la situation soit claire pour tout lemonde, pour passer le flambeau au col-lectif des adhrents. Quelques jours peine aprs le non-lieuprononc par la justice en faveur du co-ordinateur local, et avant cela un verdictfavorable aussi dans l'affaire opposant lasection au rectorat de l'universit deConstantine, le bureau semble s'tre d-fauss d'un certain nombre d'ennuisalors que les prises de bec avec les dissi-dents ne sont plus d'actualit. Aujour-d'hui, ajoute la dclaration, il y a eu suffi-

    samment de dcantation et suffisammentde recul pour que chacun sache qui estqui. Nous estimons que nous avons plus redouter que les enseignants soientabuss. Une note de regret accom-pagne le texte concernant le manque deconscience de la part des adhrents d'uneresponsabilit individuelle dans la dci-sion et dans l'action. Il n'y a rien de plus surprenant que devoir des universitaires assistsdansleur opinion. Les dmissionnaires n'ontpas manqu non plus de tirer sur des d-lgus dissidents anims seulement pardes luttes intestines, troites et insen-ses, la reconfiguration de l'appareilCNES en oubliant le but. Le prochaincongrs cre un enjeu et suscite les pr-parations pour le positionnement, un jeudans lequel les dmissionnaires se disentdsintresss. Cependant, la nouvelle situation va cer-tainement ajouter aux ennuis du bureaunational. Contact, hier, Ali Boukaroura,numro un du CNES, a reconnu que ava tre difficile de grer la situation Constantine 70 jours du congrs natio-nal. Il s'est dit contre cette dmissionmme si elle tait prvisible, mais au caso elle est accepte, il serait dans l'obli-gation de dsigner un bureau provisoirepour prparer une AG lective. Parailleurs, l'un des membres de la coordi-nation locale dissidente, M. Benelhadj, aexprim son tonnement devant cette d-cision qu'il a dit surprenante et contra-dictoire par rapport ce qui s'est passavant. Nouri Nesrouche

    L e Conseil suprieur de la magistratu-re (CSM) se runira partir de de-main en session disciplinaire durant unesemaine, a-t-on appris de source judi-ciaire. Cette runion sera prside par lepremier prsident de la Cour suprme,Kaddour Berradja.A lordre du jour, 18 dossiers relatifs auxsanctions prises lencontre de magis-trats, soit pour faute professionnelle,abus dautorit ou leur conduite dans la gestion des affaires de justice dans le cadre de lexercice de leurs fonctions.A signaler que cette session devait se te-nir la veille de lAd, mais elle a t re-porte pour une date ultrieure en raisonde lvnement. Il sagit de la premiresession disciplinaire o prendront partdeux nouveaux magistrats, lun rempla-ant Kaddour Berradja, nomm laCour suprme, et lautre remplaant dellu du Conseil dEtat et de la Cour su-prme, admis la retraite. De mmequil sagit de la premire runion la-quelle assisteront de nouveaux membres

    dont le reprsentant du prsident de laRpublique. Il est galement importantde signaler que cette session intervientjuste aprs le bureau permanent, installil y a 20 jours, un instrument vivementdemand par le syndicat pour ter lachancellerie la gestion de la carrire desmagistrats dsormais pleinement du res-sort du CSM.Il reste cependant le problme du sigede cette haute instance, toujours logedans le btiment du ministre de la Justi-ce. Pour des raisons dindpendance, lesmagistrats exigent quelle soit autono-me. Pour linstant, aucune infrastructurena t mise la disposition du CSM. Denombreux syndicalistes voient en lanouvelle composante du CSM un pre-mier pas vers lindpendance du conseil,en attendant une rvision du statut desmagistrats pour lever les quivoques enmatire de retraite de ses reprsentants,de lorganisation de ses structures etautres points jugs en dphasage par rap-port aux vraies rgles dindpendance dela justice. Salima Tlemani

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    L A C T U A L I T

    Suite de la page 1

    Il tait environ 15h30quand nous sommes ar-rivs, le 17 janvier

    2007, l'aroport d'In Sa-lah en provenance de HassiMessaoud. Les signes ap-parents d'un dsenclave-ment patent sont, d'ores etdj, visibles ici au niveaude l'infrastructure aropor-tuaire, distante de quelque3 4 km de la ville. L'aro-port ne dispose que d'unepetite baraque qui sert desalle d'accueil aux visi-teurs. Le salon d'honneur,adjacent cette salle, nes'ouvre que pour les offi-ciels. Les procdures d'em-barquement se font encoremanuellement. Le dcorn'est pas le mme que celuique nous avons vu,quelques heures aupara-vant, l'aroport de HassiMessaoud o pour transi-ter, le passager doit avoirun laissez-passer. Et enco-re, le prcieux ssame n'estpas dlivr pour tout lemonde. On ne donne pasun laissez-passer tout lemonde. Il faut que le de-mandeur prsente les mo-tifs de son dplacementdans la rgion. Ce n'est pasune zone touristique, nousdclare un policier rencon-tr l'aroport de HassiMessaoud.

    LE GAZ : BNIDICTIONOU MALDICTION ?Les mesures de scuritsont trs rigoureuses danscette infrastructure. Noustions contraints de remplirles fichiers de police deuxfois. Il est tout fait nor-mal. La zone est strat-gique et mrite une scuri-t maximale, a prcisencore le policier. La ville dIn Salah res-semble plutt un hameauperdu entre les dunes del'immense dsert. Pourtantla rgion dort sur des tr-sors. Elle est l'un deschamps les plus riches duSahara en gaz. Toutefois, larichesse ne profite pas sescitoyens. Les jeunes de largion, qui ont exprimleur rvolte contre ledsuvrement et la misrequi rongent leur quotidienpar des meutes en 2002,demeurent toujours dans

    l'expectative. Mais leur at-tente risque de durer enco-re longtemps. En attendant,ces jeunes dambulentdans les rues sablonneusesde la ville. L'attente risquede durer des annes encore.Les postes d'emploi sontrares. Le seul salut pour eux estde se faire embaucher parl'une des entreprises tran-gres activant dans leschamps de gaz. Pour celaaussi il faut matriserd'abord l'anglais. Les gensne travaillent que dansl'administration ou dansl'enseignement. Il n'y a pasd'autre opportunit d'em-ploi, a affirm un jeune,vendeur de cigarettes quenous avons rencontr aumarch des fruits et l-gumes du centre-ville. L,mis part les quelques pro-duits de l'artisanat local, lamarchandise qui s'y vendest importe du Nord. G-nralement, les fruits et l-gumes, proposs des prixsimilaires ceux pratiqus Alger, proviennent deGhardaa, une wilaya limitrophe. A part la qualit des pro-duits, les prix sont prati-quement les mmes queceux pratiqus au Nord, aprcis Mohamed, vendeurdans ce march depuis5 ans. Les lieux semblentdserts. Le march taitpresque vide lorsque noussommes arrivs vers16h30. Les gens ne sor-tent qu'aprs 17h. En plus,ils sont rares ceux qui vien-nent s'approvisionner, a enchan notre interlocu-teur. In Salah souffre, selon

    ses habitants, de plusieurscarences. En sus du ch-mage, la ville semble livre la merci des vents desable. Un danger menaant pourles populations. Selon levice-prsident de l'APC, ily a mme des familles quiont perdu leurs maisons,car elles ont t enseveliessous le sable. In Salah estsitue dans couloir connupar le soulvement desvents de sable, notammentdurant les mois de janvieret fvrier. Mme la RN1reliant In Salah Tam a tsouvent coupe par lesable, a-t-il expliqu. Laville, a-t-il ajout, demeureparfois coupe du mondedurant 2 3 jours. O sontdonc les richesses de cettecontre ?

    A LA RECHERCHE DE SPCIALISTES DE LA SANTLes recettes annuelles de lafiscalit ptrolire devanttre engranges par l'APCne sont pas pour amliorerle quotidien de la popula-tion. Pourtant les recettesexistent. Selon le P/APC,Labiadh Mohamed, lacommune a reu en 2003prs de 17 milliards de cen-times, en 2004, 15 mil-liards et en 2005, 13 mil-liards de centimes. En2006, nous n'avons rienreu, car les entreprisestrangres sont parties, a-t-il justifi.Le problme le plus pi-neux, compliquant encoreplus la vie des citoyens dInSalah, est l'eau sale. Letaux de salinit des eaux at-

    teint des niveaux trs le-vs (317 mlg/litre). Laconsommation de cette eauprovoque de nombreusesmaladies, en particulierl'hypertension et l'insuffi-sance rnale. La mise en place par Briti-sh Petroleum de quatre sta-tions de dessalement d'eaua allg un peu les souf-frances des malades aux-quels on cde l'eau traitegratuitement. Cependant,le problme est loin d'trersolu, d'autant que le pro-jet de transfert des eauxsouterraines dIn Salahvers Tam ne profitera pas la population locale. Ce projet n'est pas destin In Salah. La seule choseque l'on peut gagner sontles postes d'emploi et lacration d'autres villes toutau long du trac du projet,a attest le P/APC. Ce dernier nous a mmesurpris en affirmant que InSalah ne souffre pas duproblme d'eau. Nousavons ramen de l'eau deFeggaret Ezzouar (est de laville). Il ne manque actuel-lement que le chteau, dontles travaux de constructionsont dj en cours, a-t-ilrenchri. Selon lui, la villesouffre de manque de spcialistes de la sant,plus particulirement degyncologues, d'orthop-distes Les malades doi-vent se dplacer soit Adrar (700 km) ou Ghar-daa (400 km). Devant cettemultitude de contraintesquotidiennes, les gens dInSalah se contentent de sa-vourer le calme assourdis-sant de leur ville M. M.

    LA POPULATION DIN SALAH ASPIRE TOUJOURS DES JOURS MEILLEURS

    Misre sur une terre riche

    In Salah est lune des rgions les plus fournies du Sahara en gaz, mais cette richesse neprofite pas ses citoyens

    QUELQUES SEMAINES DU CONGRS

    Dmission du bureaudu CNES Constantine

    JUSTICE

    Le CSM en sessiondisciplinaire demain

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    VISITE DE M. DEBR ALGER

    Des dputs plaidentpour le boycott

    La visite en Algrie deJean-Louis Debr, prsi-dent de lAssemble na-

    tionale franaise et parmi lesprincipaux artisans de la loi du23 fvrier 2005, qui glorifie lecolonialisme franais enAfrique du Nord, na suscitaucune raction de la famillervolutionnaire. Ni lOrganisation nationale desmoudjahidine (ONM) ni cellesdes enfants de chouhada(ONEC et CNEC), encoremoins la puissante fdrationdes anciens condamns mort,nont jug utile de commenterla visite. Si les tlphones por-tables des responsables des or-ganisations cites taientteints durant la journe dhier,il ne faut pas omettre le faitquaucun communiqu traitantle sujet na t rendu public.Seuls quelques dputs ont d-clar avoir pris linitiative deboycotter toute rencontre aveclhte de Amar Sadani. Parmi

    eux, Lakhdar Benkhellaf, d-put dEl Islah, qui souligneque son engagement neconcerne que sa personne. Lepeuple algrien n'oubliera ja-mais le gnocide commis parlarme franaise en Algrie de1830 1962. Il est dautantplus outr depuis la promulga-tion de la loi 23 fvrier 2005qui a t dfendue bec etongles par M. Debr, estimele dput. Et dajouter : Affi-cher son mcontentement propos de cette visite est le mi-nimum faire.Pour rappel, le Parlement alg-rien devait runir en juin 2005les membres de ses deuxchambres. Le but tait dadopter, avant le2 juillet de la mme anne(date de la clture de la sessionde printemps), une rsolutiondans laquelle il devait rpondreau Parlement franais. Le pr-sident de lAssemble populai-re nationale (APN), Amar Sa-

    dani, avait dclar lpoquequil tait en phase de concer-tation avec le prsident duConseil de la nation, Abdelka-der Bensalah. La rsolution na jamais vu lejour. Presque en mme temps,lONM, prside par Moha-med Cherif Abbas (RND),avait galement rejet cette loidans lensemble et dans le d-tail. Il faut rappeler que lOr-ganisation nationale des moud-jahidine (ONM) avait appel, la mme date, dans un commu-niqu, toutes les institutionsconstitutionnelles, les partispolitiques, les organisations,les unions, les associations etla socit civile lire attenti-vement le texte de la loi fran-aise du 23 fvrier 2005 et prendre la position adquatepour protger les sentiments(du) peuple et pour rester fid-le aux mes de nos martyrs etaux sacrifices de nos moudja-hidine. Djamel Zerrouk

    La venue Alger du prsident de lAssemble nationale franaise, undes artisans de la loi du 23 fvrier 2005 sur la glorification de la

    colonisation, na pas fait ragir lONM.

    LAGHOUATBelkhademsvit

    C ontre toute attente etbien que disposant dela moiti des voix quecompte le collge lecto-ral, le candidat FLN, MihouEl Houari (P/APW), pour-tant favori, a perdu le si-ge de snateur face aucandidat MSP qui ne dis-pose que de 27 lus. y a eutrahison. Cest un affrontsagissant de la wilayadont est originaire le SG.La direction se doitdagir, dclarait-on.Connaissant Belkhadem,trop prudent pour se per-mettre dinterfrer dansles diffrends en son fief, Abada qua t confie la mission de dcider dessanctions et des mesures prendre. Une runion a ttenue mercredi dernier huis clos, en prsence desdputs de la formation,avec lappui des rapportstransmis la direction,manant du groupe FLN osont cits le prsident dela commission de wilayade restructuration et unmembre du conseil natio-nal comme tant les insti-gateurs de la campagnecontre le candidat FLN.Abada y a soutenu que lacommission de disciplinestatuera et que la sanctionminimale lendroit desmis en cause, cest quilsne peuvent plus prtendretre candidats et reprsen-ter le FLN. Outre le gel et probable-ment lexclusion de troiscandidats rfractaires,Abada, qui a confi quatre cadres centraux lamission de superviser larestructuration, aprs la dissolution de lacommission installe ceteffet, a tenu prciser que la composition deskasmas installes dansdes circonstances dou-teuses sera reconsidreen vue de linstallation dela mouhafadha avant la findu mois en cours. M. Z.

    AFFAIRE DES FTUS(EL ACHIR)

    Les auteurs prsums dudlit identifis

    Le mystre qui entourait la dcouverte de 14 ftus et 3 jambesdadultes, mercredi dernier, enfouis dans une dcharge de lacommune dEl Achir (10 km de Bordj Bou Arrridj), selon

    lenqute prliminaire de la Gendarmerie nationale, vient de livreren grande partie ses secrets. En effet, on apprend de sources scuri-taires que trois employs de la clinique prive dEl Achir, savoirladministrateur, lambulancier et un agent de service, en dtentionprovisoire pour les besoins de lenqute, devraient comparatredans les prochaines 48 heures devant le procureur prs le tribunalde Mansoura. Ils ont t identifis comme tant les responsablesdu transport des ftus vers lendroit cit en haut.Des tmoins oculaires auraient donn le signalement de lambu-lance qui rdait dans les parages des heures tardives de la nuit. Leresponsable de la clinique, dans une dclaration orale la presse,fait endosser la responsabilit son administrateur qui agit de sonpropre chef sans consulter la hirarchie, mais il reconnat que lescadavres sortaient de sa clinique. Cependant, il tient prciser queson tablissement ne pratique pas dinterruption volontaire degrossesse, contrairement ce qui a t colport par la rue, et revientsur la procdure suivre dans ce cas de figure qui va de lincinra-tion lenterrement. A rappeler quen plus des 8 ftus dcouvertsmercredi dernier, la brigade canine, dpche jeudi dernier, en adterr six autres aprs avoir pass au peigne fin la dcharge et sesenvirons. A lheure o nous mettons sous presse, le directeur de laclinique est toujours dans les locaux de la gendarmerie pour treentendu. Les habitants, sous le choc, suivent de prs lvolution delenqute. AEK Djerbah

    SIDI BEL ABBS

    Un berger enlevpar un groupe armU n berger g de 73 ans, B. A., a t enlev par un groupe arm,dans la nuit du jeudi vendredi, dans la rgion de Sidi Chab, lextrme sud de wilaya de Sidi Bel Abbs. Selon une source scu-ritaire, le septuagnaire a t surpris par quatre individus armsalors quil faisait patre son troupeau de moutons proximit de lafort de Takarouma. Une opration de recherche a t enclenche,hier laube, par les forces de lordre et des membres des groupesdautodfense de Sidi Chab pour retrouver la personne kidnappe,indique cette mme source. M.Abdelkrim

    GRANDE-BRETAGNE5Algriens suspectsde terrorisme acceptentd'tre extrads C inq Algriens souponns de terrorisme et dtenus en Grande-Bretagne ont accept d'tre extrads vers leur pays d'origine, aindiqu hier la tlvision britannique BBC. Ces cinq hommessont tous des terroristes prsums et certains auraient des liensavec des cellules terroristes extrmistes algriennes, a expliqula chane. Leurs avocats ont expliqu que les cinq hommes nepouvaient plus supporter cette dtention dure indtermine etconsidraient que leur seule option tait de rentrer chez eux. Lepremier quitter le territoire devait partir ds hier, a prcis laBBC, ajoutant que le gouvernement britannique avait pris desassurances que les hommes ne seront pas maltraits leur retouren Algrie. Ils font partie d'un groupe de 27 trangers dtenus par-ce qu'ils sont considrs comme reprsentant une menace pour lascurit nationale britannique. Certains d'entre eux seraient dte-nus en Grande-Bretagne sans procs, depuis plus de quatre ans.

    LUTTE CONTRE LES FAUX MOUDJAHIDINE

    Une association est neE n dpit des dmentis successifs du ministreen charge du secteur et du secrtaire gn-ral de l'ONM, l'affaire des faux moudjahidineest loin d'tre enterre. Les dernires sortiesmdiatiques de Mustapha Bougouba et du co-lonel Ahmed Benchrif, insistant sur la nces-sit d'assainir les rangs des moudjahidine, ontremis l'affaire en question au devant de la sc-ne. En effet, des officiers de l'ALN, des ex-cadres de l'Etat, des enfants de chouhada, deshistoriques et des moudjahidine semblent dci-ds prendre en main la question. Ces derniers ont, l'issue d'une runion orga-nise hier Alger, dcid de crer une associa-tion pour dbusquer les usurpateurs du titre demoudjahid. La runion s'est tenue, selon Be-nyoucef Mellouk, ex-cadre du ministre de laJustice, connu pour tre le principal dnoncia-teur des magistrats faussaires, au domiciledu colonel Ahmed Ben Chrif. Ce premier conclave, auquel ont pris gale-ment part des dlgus des six wilayas histo-riques, a permis, selon notre source, de dga-ger un bureau provisoire compos de sixmembres pour cette association dnommeAssociation de lutte contre les faux moudjahi-dine. Prsid par le colonel Ahmed Benchrif, cebureau est compos galement du colonelMustapha Abid (ex-responsable de la wilayaV) du docteur Nabila Benboulad (fille du cha-hid Mustapha Benboulad), de Amar Melah(fils du chahid Ali Melah), de Bensad Ahmed

    (ex- responsable de l'Association des enfantsde chouhada) et de Benyoucef Mellouk(moudjahid et ex- cadre du ministre de la Jus-tice). Cela dit, les concepteurs de cette associationcomptent amorcer leur travail partir d'Oran(wilaya historique V) o ils tiendront des r-unions et des confrences autour de la questionde faux moudjahidine. Des rencontres simi-laires sont galement prvues Blida (IV), Tizi Ouzou (III), Khenchela (I), Skikda (II) etBiskra (VI). Objectif : installer des bureaux rgionaux pourcette association. Pour revenir la l'ide de lacration de cette association, tout a commenclorsque Benyoucef Mellouk a t approch pard'importants acteurs de la rvolution algrien-ne. J'ai accept parce qu'il y a volont deprendre en main srieusement ce dossier, adclar M. Mellouk. Licenci de son poste de chef de service ducontentieux au ministre de la Justice, Melloukfera deux fois de la prison pour avoir os d-noncer les faussaires qui ont touch toutes lesinstitutions de l'Etat. Aujourd'hui, il affirmedtenir 132 dossiers qui concernent des ma-gistrats faussaires ainsi qu'une liste de 328noms, dont les dossiers ont disparu. En 2004,le ministre des Moudjahidine, Mohamed Ch-rif Abbas, a reconnu l'existence de 10 000 fauxmaquisards. Un chiffre qui semble drisoiresi on s'en tient aux observateurs qui se sontprononcs jusque-l cet effet. R. Beldjenna

  • El Watan - Dimanche 21 janvier 2007 - 7

    ANNABA INFO

    Avoir ltat de la cantine scolaire dewilaya, les lus qui accompagnaientle wali dans sa visite de travail et

    dinspection, mardi dernier, nont pas man-qu de se poser au moins une question :Par quel miracle, des intoxications ali-mentaires ont-elles pu tre vites dans lescoles. Un tat des lieux excrable. A par-tir de ce qui ressemble un centre bactrio-logique, tous les ingrdients pour un pota-ge de microbes taient runis en ce lieu.Cest partir de l que sont servis 1200 re-pas chauds pour les tablissements sco-laires de Annaba. Ceux qui y activent sem-blent stre accommods des relents de cet-te cuisine. La puanteur des lieux, malgr lecoup de balai spcial visite, a suscit r-probation et condamnation des lus et descadres de la wilaya. Quelle que soit lacharge de travail de cette infrastructure dela direction de lducation, cela ne doit pastre pris comme argument pour justifierlinjustifiable, considre un de ces lus.Dans des conditions dhygine des plus dplorables eten labsence de tout spcialiste de la dittique, sontquotidiennement prpars les repas chauds destinsaux lves. Interrog sur la dmarche raliser pourlapprovisionnement des stocks, le responsable decette grande cantine a rpondu le plus normalementdu monde : Nous nous dbrouillons au jour le jour,par-ci par-l. La scne aurait t particulirementcocasse en dautres circonstances et pour une autre

    catgorie de consommateurs. On nen est videm-ment pas l. Dans la dcomposition actuelle de la ges-tion des deniers publics et des risques encourus sur lasant de nos enfants, la situation de cette cantine sco-laire de Annaba apparat comme tant un dossier ou-vrir pour une enqute approfondie sur sa gestion.Lnervement de Brahim Benghayou, wali deAnnaba, et sa raideur volontairement provocante de-vant le gestionnaire des lieux sont annonciateurs de

    mesures appeles tre prises. Lon est arri-v jusqu sinquiter de labsence des re-prsentants des parents dlves dans le sui-vi de cette cantine. Si lon se rfre la r-ponse faite par le gestionnaire au wali, lesapprovisionnements seffectueraient sansappel doffres tel que stipul par la rgle-mentation. En clair, pour prparer les 1200repas, lon achte chez le copain du coin, duvoisin lointain ou du cousin germain et peuimporte la qualit pour peu que soit remis lafacture ou le bon pour. Cest en tous les caslinterprtation donner aux propos du ges-tionnaire en rponse linquitude du wali.Une cantine donner des nauses aux plusaffams et qui active depuis des annes loinde tout contrle des services comptents dela wilaya y compris celui des services delhygine et de la salubrit publique, il y a dequoi se poser des questions sur la compten-ce des responsables locaux. La situation so-ciale et le niveau intellectuel des parents des1200 lves bnficiaires du repas chaud

    nont pas permis ce jour dinscrire sur le registre unequelconque raction. Pourtant, des parents avaient eu sinquiter de ltat de sant de leur enfant souffrantde douleurs au ventre, avec une forte fivre et des vo-missements. Pas une seule fois ils ne lirent les souf-frances de leur progniture une intoxication alimen-taire. Le remde de grand-mre ou une automdica-tion a suffi calmer les esprits. Lela Azzouz

    La puanteur des lieux, malgr le coup de balai spcial visite, a suscit rprobation et condamnation des lus et des cadres de la wilaya.

    LES AUTORITS DE WILAYA SUR LE TERRAIN

    Cantine scolaire ou centre bactriologique ?

    UN NOUVEAU SIGEPOUR LAPW Quils restent ou quilspartent la fin de leur mandat expiration en avril 2007, leslus de lAssemble populairede wilaya auront eu lasatisfaction de marquer dunepierre blanche leur passagedans cette institution. Au-deldes oprationssocioconomiques quils ontannuellement prconises oulances destination de lapopulation, ils ont galementdcid de construire un sigepour lAPW. Le dossier estbien ficel avec la mise enplace dune enveloppefinancire de 40millions dedinars. Il nattend plus que lechoix du terrain soit la citFLN, Beni Mhaffeur ou proximit des Tours duBelvdre. Pour beaucoup, lacit du FLN pourrait savrerun choix judicieux. S. B.

    CONFRENCE-DBATSUR LA GRIPPE AVIAIRE Jeudi dernier, le public a tconvi une journe portesouvertes sur la grippe aviaireorganise par le dpartementde biologie de luniversitBadji Mokhtar encollaboration avec les 2associations estudiantinesBioclub et Pharmaclub et leservice infectieux de lhpitalDorban Annaba. Abrite par lepalais de la culture et des artsMohamed Boudiaf, lamanifestation a attir unegrande foule. Y ont tdbattus lors de confrencesdbats improvises, lesaspects de ce flau loriginede la perte de nombreusesvies humaines travers lemonde. Cette journe desensibilisation se veut unealerte sur la ncessit duneplus grande vigilance pourviter notre pays dtreconfront, jusquici pargnpar la grippe aviaire, aux piresproblmes.

    M. C. H.

    870 EMPLOIS CRS EN 2006 El Bouni, la commune qui arussi ponger totalementson dficit financier et sassurer un bon matelasfinancier en 2006avec plus de350millions de dinars dansses caisses, a galement prisen charge le dossier emploi.Aprs avoir procd aurecrutement, dans un cadreou un autre, 870dentre euxen 2006, ses services ontfrapp toutes les portes desentreprises publiques etprives pour en caserdautres. Beaucoup ontrpondu favorablement, entreautres la direction rgionaleAir Algrie. La conventionsigne entre les deuxinstitutions portait sur lerecrutement, pour une duredtermine, dune quinzainede bagagistes durant toute lapriode de plerinage auxLieux Saints de lIslam. Uneautre convention a t signeavec lInstitut dhtellerie deBou Sada pour la formation,financirement assume parlAPC, de plusieurs jeunes.

    M. C. H.

    1798 LOGEMENTS RURAUX EL BOUNI

    Nettoyage par le fond L e constat tabli par les autorits locales sur la situation de plusieurstablissements scolaires dans la wilaya de Annaba est alarmant.Durant leurs diffrentes visites, ces dernires ont pu enregistrerdes dfaillances, telles que des murs et des plafonds menaant deseffondrer, des lves non chausss, dautres sans presque rien sur lapeau et dpourvus darticles scolaires. Des enseignants confronts labsence de moyens de transport contraints de dbourser plus que leursalaire mensuel pour rejoindre quotidiennement leur poste de travailloign. Des coles sans eau, sans sanitaires et parfois sans lectricit.Elles ont galement enregistr labsence dhygine lintrieur de bonnombre dtablissements du secondaire et du moyen. Il a fallu donc auxautorits locales plusieurs semaines pour arriver la conclusion que lesecteur de lducation ncessite un nettoyage par le fond. Elles avaient euen tte cette folle gestion du subliminal collectif. Ces autorits ne sont pasarrives comprendre que dans ce secteur stratgique, o les pouvoirspublics ont inject une rglementation aussi sertie de sens, claire deconnotations sonores, o les concepteurs y ont patiemment dos lchorespectif de la vie scolaire, lon ait pu atteindre un niveau de dgradationaussi avanc. Durant pratiquement toutes les tapes de la visite des 11communes et les 3 dernires de Annaba, lon a essay de cacher enmontrant, de montrer en cachant et de dissimuler en dplaant. Lon arendu hommage en agressant lintelligence et adress des complimentssonnant comme des gifles et des injures. Cela a t bel et bien le cas toutau long de ces longues escapades par monts et par vaux effectues par ladlgation de wilaya. Ses membres taient, presque chaque arrt, invits une collation. Le wali a explor et investi les coles, les salles de classeset mme les sanitaires. Il na nglig aucun coin et recoin. Il a interrog etsest interrog sur telle ou telle autre insuffisance, dfaillance fuite deresponsabilit. Il a exprim sa satisfaction des chefs dtablissementsscolaires pour les efforts quils ont consentis pour rendre leurtablissement plus performant. Il en a menac dautres au regard delabandon total qui caractrise leur cole, collge ou lyce.

    M. F. GadiLE FAIT DU JOUR

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    LANCEMENT DE LOPRATION 100 LOCAUX PAR COMMUNE F inalement, aprs plusieurs moisdattente et de reculade, la directionde lurbanisme et de la construction deAnnaba lance la deuxime tranche delopration 100 locaux commerciauxpar commune. Pour le moment, rienne transparat de la premire tranchequi devait permettre des jeunes deplusieurs communes, autres queAnnaba, de faire leurs premiers pasdans le commerce lgal. De Chetabi El Bouni et de Berrahal An Berda enpassant par El Eulma et Chorfa, lon nediscute que des locaux commerciaux.Ils sont attribus au prix symbolique des candidats dont les dossiers auraientfait lobjet dune tude approfondie.Les siges de commune sont quoti-diennement assigs par les jeunes larecherche de la moindre information

    sur ces locaux et sur les critres rem-plir pour en bnf icier.Particulirement Annaba, ville com-merante o le moindre carr despaceavantageux cote cher. Les 2 avis dappel doffres pour la ra-lisation de la 2e tranche. Huit com-munes sur les 12 sont concernes :Annaba (100 locaux), El Gantra SidiAmar (50), cit 1er Mai El Bouni (25),Oued El Aneb (5), Zaoua Chetabi(5), Seradi (10) dont 5 Roumanetteet 5 An Barbar, Bensalem Miloud Trat (5), El Khoualed Berrahal (5).Il sagirait de la suite de loprationdont la premire tranche avait t lan-ce il y a quelques mois. La communede Annaba a hrit de la plus grossepart puisquil lui a t accord 300 lo-caux commerciaux. Samy B.

    G lobalement, la commune dElBouni, lune des plus impor-tantes en densit de population dupays, a bnfici dun programme de1798 logements ruraux. Cette com-mune est galement celle o il existeune forte concentration de bidon-villes et de familles dmunies im-plantes dans une vingtaine de locali-ts et agglomrations. Sidi Salem,Gharbi Assa, Bouzaroura I et II, 1er

    Mai, Chaouli Belgacem, AnChouhoud, Allelick en sont les plusconnues. Ils sont rpartis travers les20 agglomrations, dont GuerbiAssa, Bouzaroura I et II. Le pro-

    gramme a t lanc depuis plusieursannes, dont 318 logements en 2003,380 en 2004 et 1100 en 2005. Bienque les dlais de ralisation dpas-sent rarement les 18 mois pour la plu-part des projets, ce jour pas un seullogement rural na encore t rcep-tionn. Tout autant que dans les autrescommunes, largument du conten-tieux foncier est avanc pour justifierle retard. Le refus des attributaires deprocder au paiement de leur quote-part financire est un autre justificatifque les structures de lEtat mettentsur la table lorsquon leur parle de re-tard. Adnne D.

  • El Watan - Dimanche 21 janvier 2007 - 8

    C O N O M I E

    ALGRIE-RUSSIE

    Un projet gazier de plusde 3milliards de dollars

    Les discussions entre l'Al-grie et la Russie sur lesquestions nergtiques

    ont dbut hier Alger entre leministre de l'Energie et desMines, Chakib Khelil, et le mi-nistre russe de l'Energie et del'Industrie, Victor Khristenko,qui effectue une visite officiellede quatre jours. La visite du mi-nistre russe rpond celle qu'aeffectue, Chakib Khelil, enRussie au mois d'aot 2006.Pour le ministre de l'Energie,cette premire visite du mi-nistre russe intervient dans lecadre du dveloppement desopportunits de cooprationexistantes, dans l'change desexpriences et le renforcementdu partenariat entre Sonatrachet Gazprom dans diffrents do-maines, y compris la commer-cialisation du GNL. Les discus-sions d'hier se sont concentressur des points prcis tels que leprojet de dveloppement d'unprojet gazier entre Sonatrach etle consortium russe composde Rosneft et Stroytransgas.La compagnie nationale deshydrocarbures, Sonatrach, et leconsortium russe avaient rali-s au mois de fvrier 2006 uneimportante dcouverte de gaz condenst dans le bassin d'Illizisur le primtre de Gara Tisselit(bloc 245). Le consortium rus-se avait obtenu le bloc au moisde fvrier 2001 lors du premieravis d'appel d'offres organispar l'Algrie. Le test effectusur le rservoir OrdovicienUnit IV-3 a donn sur duse1/2 : 11 751 m3/h de gaz et 2.97m3/h de condenst avec une

    pression en tte de 133 psi. Cet-te dcouverte tait la seconderalise dans le bloc 245 parl'association Sonatrach-Ros-neft-Stroytransgaz. La premi-re dcouverte avait t annon-ce au mois de mars 2004.

    STABILIT DU MARCHAu cours des essais, le puitsavait produit dans les rservoirsOrdovicien et Dvonien un d-bit cumul d'huile lgre de180 m3/j avec une paisseur de60 m environ. TAKW-1 tait ledeuxime puits for sur le pri-mtre par le consortium. Lepremier puits qui a montr desrsultats positifs a t terminle 28 dcembre 2003. La pro-fondeur atteinte par chacun desdeux puits avoisinait 2500 m.Selon Chakib Khelil, l'autorisa-tion du dveloppement du gise-ment sera donne le plus ttpossible et les travaux sont trsavancs, d'aprs les experts.Nous pensons que ces gise-ments doivent tre dvelopps

    le plus tt possible, car c'estdans l'intrt de l'Algrie et deSonatrach et aussi dans l'int-rt des entreprises russes, aindiqu le ministre en estimantque le projet pouvait ncessiterun investissement situ entre 3et 4 milliards de dollars. Jus-qu' prsent, l'investissementdes deux socits russes dansl'exploration a t de 66 mil-lions de dollars. Vu l'importance du projet, ilsemble que la visite du ministreest conue pour acclrer leprojet. M. Khelil a indiqu queles deux parties vont dfinir, la fin de cette visite, un cadrede dialogue et de cooprationau niveau des ministres avec lasignature d'un mmorandumd'entente et aussi un cadre desuivi de cette coopration quicible des projets concrets dansles domaines de l'exploration,de la production, de transport etde la commercialisation duGNL. Le ministre a indiquque l'Algrie et la Russie

    contribuent travers leur pro-duction de gaz et de ptrole l'approvisionnement du mondeet la scurit de cet approvi-sionnement. De son ct, le mi-nistre russe a soulign que cetterencontre, qui intervient aprsla visite du ministre algrien Moscou en aot dernier, et quia abouti la signature de deuxmmorandums d'entente entreSonatrach et Gazprom et Sona-trach et Loukoil, devrait per-mettre de dvelopper la coop-ration dans des projets concretstouchant toute la chane ner-gtique. Notre objectif principal est dedvelopper la coopration bi-latrale dans tous les domainesnergtiques allant de l'explo-ration, exploitation jusqu'autransport et la commercialisa-tion, a dclar M. Khristenko.Pour le ministre russe, cetterencontre pourrait contribuerau dveloppement des relationsbilatrales dans le domainenergtique