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L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans six régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute-Normandie et Basse-Normandie, Pays de la Loire et Poitou-Charentes. Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma. COMMUNIQUE Association des cinémas de l'ouest pour la recherche N°06 Mercredi 2 mai 2012 Du côté des adhérents de l'ACOR (p.1 et 2) Soutien GNCR, Soutien ACID /GNCR (p.3) Recommandation GNCR, Soutien AFCAE Jeune public (p.4) Soutiens AFCAE actions promotion (p.5) Directeur de publication : Yannick Reix, président de l'ACOR • rédaction : Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat • [email protected] • www.lacor.info Avec le soutien du CNC et des DRAC des régions Centre, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Bretagne, Haute-Normandie, Basse-Normandie Du côté des adhérents de l'ACOR l'association Ciné'fil à Blois propose le cycle A la Marge... Expérience(s) cinématographique(s) du 9 au 15 mai 2012 en présence de Patrick Leboutte « Il n'y a de la vie que dans les marges », disait Balzac. Comment cela peut-il se traduire en images ? L'association Ciné'fil propose une semaine d'aventures filmiques (projections, café historique, balade, ateliers…), accompagnées par l’essayiste belge Patrick Leboutte, pour témoigner d'expériences collectives avec le cinéma pour ligne de mire. Le cycle « A la marge... » explorera les liens étroits entre cinéma et histoire, dans un travail transversal qui passe par le politique, une fanfare, le cinéma militant, la psychothérapie institutionnelle, l'art, la caméra en lutte... LES FILMS le Grand’tour de Jérôme Le Maire (Belgique • 2011 • 1H38) Une fanfare amateur de quarantenaires festifs s'en va marcher un week-end dans les bois. Ils ne rentreront que six mois plus tard... Séance précédée de la projection de courts métrages d’Alain Biet accompagnés en live par le Grand Orchestre de la Casserole, 10 mai à 20H30. Autre séance : 12 mai à 20H Disparaissez les ouvriers ! de Christine Thépénier et Jean-François Priester (France • 2011 • 1H18) En 2009, à Marseille, une usine d'acide tartrique est mise en liquidation judiciaire. Pendant plus de 140 jours, les ouvriers vont occuper l'usine pour manifester leur colère, réclamer justice et dire leur attachement à ce lieu. Christine Thépénier et Jean-François Priester ont filmé au jour le jour, dans cet univers rongé par la rouille, le combat de ces hommes debout, derniers survivants d'un monde voué à la disparition. Séance présentée par la réalisatrice et Patrick Leboutte vendredi 11 mai à 21H. Autre séance : 13 mai à 16H, 15 mai à 18H. les Chants de Mandrin de Rabah Ameur-Zaïmeche (France • 2011 • 1H37) Après l’exécution de Louis Mandrin, célèbre hors-la-loi et héros populaire du milieu du XVIIIème siècle, ses compagnons risquent l’aventure d’une nouvelle campagne de contrebande dans les provinces de France. Film de la semaine des Lobis, soutenu par Ciné'fil : 9 mai à 21H, 10 mai à 18H, 12 mai à 22H, 14 mai à 18H, 15 mai à 21H le Plein pays d’Antoine Boutet (France • 2009 • 58') Depuis trente ans, Jean-Marie vit en reclus dans une forêt du centre de la France. Il creuse en solitaire de profondes galeries souterraines dont il orne les parois de gravures primitives. précédé de A Belle Rouvière, les enfants d’Annaëlle Godard (France • 2010 • 25') Dans la montagne quelque part dans les Cévennes, ceux qui habitent le hameau appelé Belle Rouvière accueillent des enfants malades. Séance présentée par Patrick Leboutte lundi 14 mai à 20H30 (cf «Atelier 3»). Autres séances : 9 mai à 18H, 13 mai à 18H. la Fête prisonnière et Regard sur la folie de Mario Ruspoli (France • 1961 et 1962 • 58 ') Lozère, 1961, 1962. Mario Ruspoli, artisan du cinéma direct, filme l'hôpital psychiatrique de Saint-Alban, là où le docteur François Tosquelles invente avec quelques autres la psychothérapie institutionnelle. Deux films courts qui sont une trace historique précieuse d'une conjonction entre deux champs : l'invention d'un nouveau cinéma, un cinéma- contact grâce à une caméra légère, baladeuse ; et l'expérimentation d'une autre psychiatrie, la psychothérapie institutionnelle, qui révolutionne en permanence les rapports aliénants et hiérarchiques au sein de l'hôpital afin de pouvoir accueillir la folie et la singularité. Séance en présence de Jean Oury, fondateur de la clinique de La Borde, et Patrick Leboutte, 13 mai à 20H. CINE-BALADE avec Patrick Leboutte Patrick Leboutte est aussi un marcheur ; bon pied, bon oeil, nous l'amènerons dans nos pas, espérant tracer ces « chemins qui se font en marchant », dans les coulisses de la ville de Blois. Dimanche 13 mai (de 10h à 13h. Point de départ : port de la Creusille), nous souhaitons aux promeneurs un regard alerte, une caméra au fond des yeux, marchant autour et dans cette ville, prenant le temps de regarder. Nous ferons un film sans caméra, sans montage, avec l'idée de capter le « hors champ » de l'histoire des lieux (celle qui n'est pas inscrite) pour la déplier autrement que dans une visée touristique. Gouffres, cryptes, réserves d'eau, rails abandonnés, viaduc en friches, escaliers, passages, constructions nouvelles, espaces insolites ?..... prétextes pour une ballade/images et sons synchrones. Le Pleiin pays d'Antoine Boutet Disparaissez les ouvriers ! de Ch. Thépénier et J-F Priester le Grand’tour de Jérôme Le Maire A Belle Rouvière, les enfants d’Annaëlle Godard

2012 | Communiqué N°06

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Page 1: 2012 | Communiqué N°06

L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans six régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute-Normandie et Basse-Normandie, Pays de la Loire et Poitou-Charentes.

Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma.

C O M M U N I Q U EA s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ' o u e s t p o u r l a r e c h e r c h e

N°06 Mercredi 2 mai 2012

Du côté des adhérents de l'ACOR (p.1 et 2)

Soutien GNCR, Soutien ACID /GNCR (p.3)

Recommandation GNCR, Soutien AFCAE Jeune public (p.4)

Soutiens AFCAE actions promotion (p.5)

Directeur de publication : Yannick Reix, président de l'ACOR • rédaction : Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat • [email protected] • www.lacor.infoAvec le soutien du CNC et des DRAC des régions Centre, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Bretagne, Haute-Normandie, Basse-Normandie

Du côté des adhérents de l'ACORl'association Ciné'fil à Blois propose le cycle

A la Marge... Expérience(s) cinématographique(s)du 9 au 15 mai 2012 en présence de Patrick Leboutte

« Il n'y a de la vie que dans les marges », disait Balzac. Comment cela peut-il se traduire en images ? L'association Ciné'fil propose une semaine d'aventures filmiques (projections, café historique, balade, ateliers…), accompagnées par l’essayiste belge Patrick Leboutte, pour témoigner d'expériences collectives avec le cinéma pour ligne de mire. Le cycle « A la marge... » explorera les liens étroits entre cinéma et histoire, dans un travail transversal qui passe par le politique, une fanfare, le cinéma militant, la psychothérapie institutionnelle, l'art, la caméra en lutte...

LES FILMSle Grand’tour de Jérôme Le Maire (Belgique • 2011 • 1H38)Une fanfare amateur de quarantenaires festifs s'en va marcher un week-end dans les bois. Ils ne rentreront que six mois plus tard... Séance précédée de la projection de courts métrages d’Alain Biet accompagnés en live par le Grand Orchestre de la Casserole, 10 mai à 20H30. Autre séance : 12 mai à 20H

Disparaissez les ouvriers ! de Christine Thépénier et Jean-François Priester (France • 2011 • 1H18)En 2009, à Marseille, une usine d'acide tartrique est mise en liquidation judiciaire. Pendant plus de 140 jours, les ouvriers vont occuper l'usine pour manifester leur colère, réclamer justice et dire leur attachement à ce lieu. ChristineThépénier et Jean-François Priester ont filmé au jour le jour, dans cet univers rongé par la rouille, le combat de ceshommes debout, derniers survivants d'un monde voué à la disparition.Séance présentée par la réalisatrice et Patrick Leboutte vendredi 11 mai à 21H. Autre séance : 13 mai à 16H, 15 mai à 18H.

les Chants de Mandrin de Rabah Ameur-Zaïmeche (France • 2011 • 1H37)Après l’exécution de Louis Mandrin, célèbre hors-la-loi et héros populaire du milieu du XVIIIème siècle, ses compagnons risquent l’aventure d’une nouvelle campagne de contrebande dans les provinces de France. Film de la semaine des Lobis, soutenu par Ciné'fil : 9 mai à 21H, 10 mai à 18H, 12 mai à 22H, 14 mai à 18H, 15 mai à 21H

le Plein pays d’Antoine Boutet (France • 2009 • 58')Depuis trente ans, Jean-Marie vit en reclus dans une forêt du centre de la France. Il creuse en solitaire de profondes galeries souterraines dont il orne les parois de gravures primitives. précédé de A Belle Rouvière, les enfants d’Annaëlle Godard (France • 2010 • 25') Dans la montagne quelque part dans les Cévennes, ceux qui habitent le hameau appelé Belle Rouvière accueillent des enfants malades. Séance présentée par Patrick Leboutte lundi 14 mai à 20H30 (cf «Atelier 3»). Autres séances : 9 mai à 18H, 13 mai à 18H.

la Fête prisonnière et Regard sur la folie de Mario Ruspoli (France • 1961 et 1962 • 58 ')Lozère, 1961, 1962. Mario Ruspoli, artisan du cinéma direct, filme l'hôpital psychiatrique de Saint-Alban, là où le docteur François Tosquelles invente avec quelques autres la psychothérapie institutionnelle. Deux films courts qui sont une trace historique précieuse d'une conjonction entre deux champs : l'invention d'un nouveau cinéma, un cinéma-contact grâce à une caméra légère, baladeuse ; et l'expérimentation d'une autre psychiatrie, la psychothérapie institutionnelle, qui révolutionne en permanence les rapports aliénants et hiérarchiques au sein de l'hôpital afin de pouvoir accueillir la folie et la singularité.Séance en présence de Jean Oury, fondateur de la clinique de La Borde, et Patrick Leboutte, 13 mai à 20H.

CINE-BALADE avec Patrick LebouttePatrick Leboutte est aussi un marcheur ; bon pied, bon oeil, nous l'amènerons dans nos pas, espérant tracer ces « chemins qui se font en marchant », dans les coulisses de la ville de Blois. Dimanche 13 mai (de 10h à 13h. Point de départ : port de la Creusille), nous souhaitons aux promeneurs un regard alerte, une caméra au fond des yeux, marchant autour et dans cette ville, prenant le temps de regarder. Nous ferons un film sans caméra, sans montage, avec l'idée de capter le « hors champ » de l'histoire des lieux (celle qui n'est pas inscrite) pour la déplier autrement que dans une visée touristique. Gouffres, cryptes, réserves d'eau, rails abandonnés, viaduc en friches, escaliers, passages, constructions nouvelles, espaces insolites ?..... prétextes pour une ballade/images et sons synchrones.

Le Pleiin pays d'Antoine Boutet

Disparaissez les ouvriers ! de Ch. Thépénier et J-F Priester

le Grand’tour de Jérôme Le Maire

A Belle Rouvière, les enfants d’Annaëlle Godard

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CYCLE DOCUMENTAIRE « MARGE(S) ET FOLIE(S) »Tout au long du mois de mai, les Bibliothèques de Blois-Agglopolys, organisent un cycle de projection de quatre films documentaires sur le thème «Marge(s) et folie(s)» :

Histoires autour de la folie de Paule Muxel (1993 • 1H47) | 4 mai à 20H30Titicut Follies de Frederick Wiseman (1967 • 1H24) | 9 mai à 20H30 Robert Walser, 1878-1956 de Catherine Sauvat (1996 • 48 ') | 18 mai à 20H30L’Incinérateur de cadavres de Juraj Herz (1968 • 1H40) | 25 mai à 20H30. 16 mai à 20H30 : projection de films réalisés dans les ateliers des clubs thérapeutiques des cliniques de psychothérapie institutionelle, à l’auditorium de la Bibliothèque Abbé Grégoire.

LES ATELIERS : LE CINEMA DANS SON PLUS SIMPLE APPAREIL, par PATRICK LEBOUTTEPatrick Leboutte est critique itinérant, essayiste. Il enseigne l’histoire du cinéma à l’INSAS de Bruxelles et dirige la collection DVD « Le geste cinématographique » aux Editions Montparnasse. Il anime de nombreux séminaires, dans l’esprit de « L’image, le monde », revue dont il fut le co-fondateur et le rédacteur en chef et dont le projet est de penser le monde aujourd’hui grâce à l’outil du regard qu’est le cinéma.Participation aux ateliers sur inscription à [email protected] ou 02 54 55 06 87, ou sur place. Tarif : 5€ pour un atelier. 10€ à partir de 2 ateliers.

Atelier 1 : le geste documentaire : une expérience artistiquePartir, au plus loin comme au plus proche, enregistrer d’autres gestes, d’autres corps, d’autres décors, d’autres savoirs, puis revenir ensuite pour transmettre cette connaissance du monde à ceux qui ne sont pas partis et qu’on appelle des spectateurs, ce mouvement définit bien la mission traditionnellement assignée aux images documentaires : rendre compte de la réalité à partir de la réalité même. Pour ma part, j’attends davantage du cinéma : qu’il ne se contente pas de filmer le monde, mais qu’il fasse voir au-delà ; qu’il ne l’entérine pas, qu’il ne le reflète pas, mais qu’il l’interroge, l’interprète et le construise, m’offrant de me situer personnellement face à lui. La vérité documentaire tient dans ce geste-là, elle est la vérité du cinéma : art de faire apparaître ce que nul encore n’avait perçu, expression de la relation particulière qui lie un cinéaste au monde, non pas le monde tel qu’il est, mais tel qu’il est toujours à constituer, au départ de soi, comme on le voit, comme on se voit. En ce sens, le cinéma documentaire est un usage du monde, l’exercice d’un regard devenu geste, et les films qui en résultent sont dès lors ceux qui nous regardent. Au fond, il conviendrait de distinguer entre le genre et le geste documentaires. Genre documentaire : toute suite d’images dont les éléments préexistent au projet, existent en soi, dans le monde, constituant un déjà là indépendant du film à faire. Geste documentaire : opération menée sur le monde et l’image qui l’exprime, où le sujet filmant oublie ce qu’il savait au préalable du sujet filmé, au profit d’une nouvelle relation née de l’acte cinématographique lui-même, dans le présent du tournage et du montage, dans la disponibilité à leurs aléas ; où le travail du film ainsi conçu, au fur et à mesure qu’il se construit, est précisément ce qui documente tout à la fois le monde, le cinéma, le cinéaste et, au bout du parcours, le spectateur devant un écran. Le geste documentaire serait alors cet art socratique qui permet à chacun de se connaître soi-même.Samedi 12 mai de 9H30 à 12H, au Pavillon à Blois. 

Atelier 2 : Paroles de femmes, mémoires du mondeTout au long des années 60 et 70, le cinéma direct, art d’enregistrer conjointement les images et les sons, libéra la parole. Ce fut alors une incroyable envolée d’accents, de parlures, d’intonations, comme autant de lâchers de ballons venus de corps auparavant largement absents des écrans, hommes et femmes ordinaires du cinéma, comme aime l’écrire Jean-Louis Comolli. Au nombre de ceux-ci figure une poignée d’ouvrières comptant parmi les plus beaux portraits de femmes de l’histoire du cinéma. Certes leur vie n’est pas forcément un poème, mais leur capacité à la nommer, à la comprendre, à l’imager n’en finit pas d’étonner, scellée par leur immuable dignité. Patrick Leboutte vous propose de passer l’après-midi auprès d’elles, à voir ce qu’elles nous disent, à écouter ce qu’elles nous montrent, pour nous réchauffer, pour penser.Dimanche 13 mai de 14 à 16H, salle Jean Cros 2 à Blois.

Atelier 3 : Vu d’en basRégulièrement on nous propose de regarder la terre vue du ciel, autrement dit du point de vue des marchands : calendrier des postes, Google Map, Home ou ses produits dérivés évidemment vendus par Yann-Arthus Bertrand, soit tout un archivage numérique, un quadrillage satellitaire du monde. Il faut se méfier de ceux qui affirment prendre de la hauteur et se séparent ainsi de leurs semblables. Leur envol suppose des moyens que nous ne possédons pas : un bar-fumoir dans la nacelle, le financement d’une grande banque, l’approbation des puissants. Depuis toujours, le geste documentaire contredit leurs façons, préférant travailler l’ici-bas en demeurant les pieds sur terre. Des humains de part et d’autre d’une caméra, serait-elle posée dans la glaise, et bien sûr la relation qui s’ensuit : voilà ce qui personnellement me suffit ; cinéma dans son plus simple appareil, dira-t-on, cinéma tout nu, cinéma povera.Lundi 14 mai de 17H30 à 19H30, à La Fabrique à Blois.

CAFÉ HISTORIQUE «Ciné-luttes : concevoir la création politique des images dans l’après Mai 68 » par Sébastien LayerleLe cinéma militant des années 68 n’a rien moins que foulé les frontières séparant le professionnel de l’amateur, le système de la marge, l’acte créateur de l’activisme. Indissociable des luttes sociales et des affrontements idéologiques du moment, à l’écoute de paroles nouvelles ou subversives, il met à bas les hiérarchies professionnelles et oppose d’autres modèles de création hors des circuits traditionnels de production et de diffusion. Ce sera l’objet de ce café historique que d’évoquer, dans le contexte de l’après Mai 68, quelques-unes de ces expériences alternatives, que celles-ci envisagent la caméra comme une “arme” politique ou comme un “outil” à partager.

Sébastien Layerle est maître de conférences à l'Université de la Sorbonne Nouvelle Paris 3. Il consacre ses activités de recherche aux rapports entre histoire et cinéma à travers l'étude des films militants et de l'audiovisuel d'intervention sociale des années 1960 et 1970.Vend. 11 mai à 18H. Entrée libre et gratuite.

FILMS COURTS + DISCUSSIONSAteliers d’images – expériences collectivesL'Inter-club des trois cliniques du Loir et Cher dites de « psychothérapie institutionnelle » a organisé en amont du cycle proposé par Cinéfil plusieurs séances de visionnage ; soit une douzaine de films, courts et moyens métrages, récents ou films d'archive. Présentés tour à tour dans les trois lieux, ces films, conçus dans les ateliers par les patients et les soignants, amateurs d'images et/ou cinéastes en devenir, ont fait l'objet de moult échanges. Puis un choix s'est imposé, de façon paritaire, pour le rendez vous sur grand écran, le 12 mai. On parlera de cinéma du partage, d'expériences collectives qui posent la question de comment réaliser des films dans les lieux thérapeutiques, au dedans ou

au dehors. Où se place la caméra ? Qui filme et fait le montage ? Comment construire un film de façon collective ? Qu'est-ce que filmer et être filmé ?Chaque film sera présenté, dans sa singularité, par les achemineurs de ces images et sera suivi d'un débat avec les spectateurs.

Des_marchesCinéfil présente plusieurs courts métrages, en présence de leurs auteurs : Regarde où tu marches de Frédéric de Manassein Retards 1, 2, 3, 6, et 9 de Claire Labastie. Samedi 12 mai de 14H à 19H au cinéma Les Lobis. Entrée libre et gratuite. Poursuite de cette programmation 16 mai 2012 à l'Auditorium de la Bibliothèque Abbé Grégoire à 20H30.Regarde où tu marches de Frédéric de Manassein

Classe de lutte de Chris Marker et du Groupe Medvekine Bezançon (1968)

Titicut Follies de Frederick Wiseman

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Soutien GNCRFAUST de Alexandre Sokourov

Russie • 2011 • 2H14 • avec Johannes Zeiler, Anton Adasinskiy, Isolda Dychauk, Georg FriedrichSophie Dulac • 20 juin 2012 • Mostra de Venise 2011 : Lion d'or

Plus d'infos sur le site du distributeur iciPrésentation (vidéo) du film sur Arte.tv ici

Edition d'un document d'accompagnement 4 pages GNCR

Librement inspiré de l'histoire de Goethe, Alexander Sokourov réinterprète radicalement le mythe. Faust est un penseur, un rebelle et un pionnier, mais aussi un homme anonyme fait de chair et de sang conduit par la luxure, la cupidité et les impulsions.

e Faust de Sokourov est un défi à la notion de temps et d’histoire. C’est comme si le cinéaste russe reprenait le mythe forgé par Goethe là où

Murnau l’avait laissé, en 1926. Il lui ajoute la parole, qui rugit en cataractes ininterrompues, et la couleur, passée au filtre mercuréen et vert-de-gris, dont Sokourov s’est fait le spécialiste.

LPlastiquement, ce Faust est un vertige : son plan d’ouverture, un miroir philosophal flottant dans les cieux, est à classer parmi les plus beaux de cette Mostra. (…) Sokourov fait briller dans son film un cinéma des origines, dont l’artisanat est exhumé miraculeusement : les décors, le jeu des acteurs, les lumières et les anamorphoses semblent surgis d’une glaise ancestrale dont les secrets s’étaient perdus.La fin renoue d’ailleurs littéralement avec les éléments : entre laves pétrifiées et geysers turgescents, Faust le damné s’absorbe bientôt lui-même dans la matière de la nature dévorante. Olivier Séguret • Libération ici

e mythe de Faust version Sokourov nous plonge dans une narration captivante, une sorte de transe tranquille et lancinante, où le docteur pactisant avec le diable est aspiré dans un mouvement perpétuel, circulaire et descendant. La musique participe à cette idée de "film-promenade", très

présente, il ne s’agit jamais d’un sur/soulignage, mais d’un accompagnement très subtil de cette ronde avec le mal. Sans renier sa tendance élégiaque, Sokourov imprime à ce récit un ton bouffon, celui d’une farce d’une ironie jouissive, à laquelle contribue pleinement le personnage de Mephistopheles, incarnation omnipotente du mal rendue dans un état de fragilité et d’incertitude, malmené tout en malmenant. Bref, une figure d’une folle complexité, loin des représentations simplistes actuelles de la séduction maléfique.

L

Par son régime d’image emprunt de merveilleux, le plan d’ouverture évoque clairement le conte – même si l’ensemble renvoie à la fable ; un papier (le fameux pacte) flotte dans les nuages et finit par fondre sur la petite ville : « il était une fois… » Ce n’est pas une surprise, mais Sokourov déploie une verve esthétique renversante. Chaque plan réinvente le précédent, de même pour chaque séquence. Sans renier son goût pour l’image-tableau et la révérence aux maîtres (Brueghel, Vermeer, Rembrandt, Ingres…), il s’émancipe de la nature morte pour basculer vers la fresque, en atteignant ici un sens prodigieux de la variation et du mouvement.Faust intègre une tétralogie sur le mal, les trois premiers (Moloch, Taurus et Le Soleil) se centraient sur des figures historiques (rien moins que Lénine, Hitler et Hiro-Hito), tandis que ce dernier volet décolle de l’incarnation terrestre pour mieux y retomber : le mal comme malédiction "choisie" par une humanité déréglée et maudite. Arnaud Hée • Critikat ici

Soutien ACID / GNCRL'ÉTÉ DE GIACOMO d'Alessandro Comodin2011 • France / Italie / Belgique • 1H18 • avec Giacomo Zulian, Stefania Comodin, Barbara Colombo • Niz ! • 4 juillet 2012Festival de Belfort 2011 : Grand Prix, Prix Documentaire sur Grand Écran, Prix GNCR | Locarno 2011 : Léopard d'or section Cinéastes du présent

Edition d'un document d'accompagnement 4 pages GNCRLe film sera présenté à Cannes dans la sélection ACID

C’est l’été dans la campagne du nord de l’Italie. Giacomo, un adolescent sourd, part au fleuve avec Stefania, sa meilleure amie. En s’éloignant des sentiers battus, ils se perdent et arrivent dans un endroit paradisiaque où ils se retrouvent seuls et libres. Ils ont 19 ans, leurs sens s’éveillent.

Texte de soutien de l'ACID, par Pascal Deux et Mariana Otero

Des éclats de lumière, de l’eau, des rires, des cris, des éclaboussures, des marches sur des sentiers, les herbes qui fouettent les mollets, de la boue chaude et païenne sur les corps, de la sensualité, « premier amour et autres chagrins », l’éveil, l’émerveillement, le trouble, « vous êtes tous verts de peur car dès les premiers baisers vous savez que ça ne pourra pas durer », le cinéma des origines et les origines du cinéma, l’insouciance, la confiance dans le cinéma, dans le plan, dans l’image, le son, les personnages, croire que tout ça fait récit, est émotion, résonne chez le filmeur comme chez le spectateur, le courage de quitter le chemin tracé de ce qu’on avait décidé de faire, l’amour fou du cinéma, la captation de l’éphémère , de ce qui ne se produit qu’une fois, ne se reproduira plus, la vie, la mort, la fin à l’ouvrage, la mélancolie, qu’est-ce que c’est beau la mélancolie, Les petites amoureuses et Badlands, au diable les références et les citations, regardons là le film que nous avons sous les yeux et voyons le comme ce qu’il est, un simple et pur moment d’enchantement.

…] L'Eté de Giacomo ressemble à un cousin de comédie du Blissfully Yours d'Apichatpong Weerasethakul, ses paradis perdus et déjeuners sur l'herbe. Le temps dure plus longtemps chez Comodin, et L'Eté de Giacomo s'étale, s'allonge, ne raconte quasiment rien pendant 1h20 mais la magie opère. (...)

cette caméra qui suit deux jeunes gens dans la forêt, qui deviendrait presque une jungle des Fidji avant de déboucher sur un lac d'enfance. Giacomo et Stefania y régressent jusqu'à une innocence idyllique, jeux potaches et cons, juste le soleil, la flotte et le temps qui s'écoule. Il y a une grâce dans le cinéma de Comodin qui fait que ce qui ailleurs passerait pour du rien parvient ici à construire quelque chose.

[

Avant tout par l'absence de frontières, de traits bien distincts, d'explications. Giacomo et Stefania pourraient aussi bien être frère et sœur, amants, amis, la question ne se pose plus dans la parenthèse hors du monde que le réalisateur ouvre. L'idéal au bord de l'eau est traversé par d'autres moments d'exaltation qui brisent de façon quasi invisible la linéarité, un exutoire lorsque le duo s'essaie à la batterie, une énergie bariolée dans les manèges de fête foraine. (...) Lorsque les enjeux deviennent plus dramatiques dans la dernière partie du film (qui présente le même Giacomo, au même endroit, mais avec une autre fille, son amoureuse), la mélancolie, inévitable, s'invite. (..) Au bout du compte, tout semble pouvoir s'envoler en un instant. Alessandro Comodin a réussi à capturer cette fragilité et on est très curieux de voir ce que ses prochains films nous raconteront. Nicolas Bardot • Filmdeculte ici

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Recommandation GNCR

BABYCALL de Pål SletauneNorvège • 2011 • 1H36 • avec Noomi Rapace, Kristoffer Joner et Vetle Qvenild Werring

Jour2fête • 2 mai 2012Festival de Rome 2011 : Prix d'interprétation féminine

Festival Gegardmer 2012 : Grand prix et Prix de la critique

Plus d'infos sur le site du distributeur ici

Anna fuit son ex-mari violent, avec son fils de 8 ans, Anders. Ils emménagent à une adresse tenue secrète. Terrifiée à l’idée que son ex-mari ne les retrouve, Anna achète un babyphone pour être sûre qu’Anders soit en sécurité pendant son sommeil. Mais d’étranges bruits, provenant d’un autre appartement viennent parasiter le babyphone. Anna croit entendre les cris d’un enfant...

NOTE D’INTENTION DU RÉALISATEURBabycall est un film sur une héroïne moderne, un thriller psychologique qui repousse les frontières de l’imagination. Il nous plonge dans l’univers d’Anna, un territoire inquiétant, où l’on apprend qu’il n’est possible d’avoir confiance en rien ni personne.Le film est un voyage dans l’esprit, il soulève la question suivante : qui peut décider de ce qui est vrai dans notre vie ?Comme la plupart des gens, j’ai été très influencé par ma propre éducation et ai toujours été intéressé par les mécanismes qui régissent les relations entre proches.Après être devenu père, j’ai réalisé combien les relations entre les parents et leurs enfants peuvent être fragiles et vulnérables.J’ai longtemps voulu explorer ce thème et, au fur et à mesure que je développais le scénario de Babycall, j’ai compris que l’amour pouvait être la plus dangereuse des émotions.

endue célèbre par son interprétation de Lisbeth Salander dans la première adaptation du best-seller Millénium, la suédoise Noomi Rapace a rapidement exporté son talent à Hollywood, côtoyant Robert Downey Jr. et Jude Law dans Sherlock Holmes 2, puis embarquant dans l’équipage du

très attendu Prometheus de Ridley Scott. La voir en tête d’affiche d’un iconoclaste film norvégien est donc une bonne surprise. D’autant plus quand le film est du niveau de Babycall !

R

Thriller psychologique et drame d’épouvante à la fois, le quatrième film du remarqué Pal Sletaune (Junk Mail) marche sur les traces du Roman Polanski de Répulsion et du Locataire, nous entrainant dans le quotidien de plus en plus inquiétant d’une mère de famille instable, à deux doigts de sombrer dans la folie. Fragile et belle, Noomi Rapace porte donc le film sur ses épaules, campant un personnage de jeune femme en rupture de lien social et dont le seul attachement au monde reste son enfant surprotégé.

Si l’on devine bien qu’un drame particulièrement terrible fut à l’origine de son comportement fuyant et déséquilibré, Sletaune ne s’attarde jamais là-dessus, ni sur les manifestations étranges qui parsèment son film. À l’aide d’une mise en scène discrète mais d’une efficacité redoutable, et d’un scénario manipulateur se jouant des repères du spectateur, Babycall délivre quelques trésors de sensibilité et d’émotion, sans jamais perdre de vue son héroïne ou le drame qui la bouleverse. Un vrai grand film, qui a remporté le Grand Prix au Festival de Gérardmer 2012.

Frédéric Wullschleger – abusdeciné.com ici

Soutien AFCAE Jeune public

COULEUR DE PEAU : MIEL de Jung et Laurent BoileauFrance / Belgique • 1H15 • à partir de 11 / 12 ansGebeka films • 6 juin 2012 sur copies 35 et DCP

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Ils sont 200.000 enfants coréens disséminés à travers le monde depuis la fin de la guerre de Corée. Jung est l’un d’entre eux, né en 1965 à Séoul et adopté en 1971 dans une famille belge.

Adapté du roman graphique Couleur de peau : Miel, le film revient sur quelques moments clés de la vie de Jung : l’orphelinat, l’arrivée en Belgique, la vie de famille, l’adolescence difficile... Il nous raconte les événements qui l’ont conduit à accepter ses mixités. Le déracinement, l’identité, l’intégration, l’amour maternel, tout comme la famille recomposée et métissée, sont autant de thèmes abordés avec poésie, humour et émotion... Réalisé dans un étonnant mélange d’images réelles et dessinées, entre présent et souvenir, utilisant à l’occasion des archives historiques et familiales, Couleur de peau : Miel est un récit autobiographique qui explore des terres nouvelles, au croisement du documentaire, de la fiction et de l’animation.

Page 5: 2012 | Communiqué N°06

Soutiens AFCAE actions / promotion

BARBARA de Christian PetzoldAllemagne • 2012 • 1H45 • avec Nina Hoss, Ronald ZehrfeldPyramide distribution • 2 mai 2012Festival de Berlin 2012 : Ours d'argent, Prix de la mise en scène

Edition d'un document d'accompagnement 4 pages AFCAEPlus d'infos sur le site du distributeur iciPrésentation(vidéo) du film sur Arte.tv iciEntretien avec le réalisateur sur courte-focale.fr ici | sur Cineuropa ici

Eté 1980. Barbara est chirurgien-pédiatre dans un hôpital de Berlin-Est. Soupçonnée de vouloir passer à l'Ouest, elle est mutée par les autorités dans une clinique de province, au milieu de nulle part. Tandis que son amant Jörg, qui vit à l'Ouest, prépare son évasion, Barbara est troublée par l'attention que lui porte André, le médecin-chef de l'hôpital. La confiance professionnelle qu'il lui accorde, ses attentions, son sourire... Est-il amoureux d'elle ? Est-il chargé de l'espionner ?

Le thème de la séparation entre Allemagne de l'Est et de l'Ouest, qui fait régulièrement les beaux jours du cinéma allemand à l'étranger (La Vie des autres, Good Bye Lenin !), est ici abordé avec une délicatesse et une pudeur peu communes. Barbara est une infirmière mystérieuse qui débarque, à l'orée des années 1980, dans une petite ville de province. On la sent chargée d'un lourd passé que le récit va dévoiler peu à peu, dans une logique narrative des plus classiques.

C'est d'ailleurs ce qui rebute un peu, à première vue : un film qui place tranquillement ses pions à intervalles réguliers, construit avec une méticulosité presque ronronnante (...) Il ne serait pas interdit, alors, de se sentir pris au piège d'un dérangeant sentiment d'artificialité, si ce n'est que l'aspect pointilliste du scénario en constitue paradoxalement la force. Car le film révèle, par l'acuité tranquille de sa mise en scène, tout ce qu'un mur pourtant situé à des kilomètres du lieu de l'intrigue a pu creuser comme distance entre les êtres. C'est ce qui constitue en partie l'intérêt de Barbara, par la façon dont Christian Petzold déplace les enjeux de l'Histoire dans un lieu où l'architecture est dépourvue de tous les signes autoritaires de l'époque. Ne reste alors plus que les personnages pour la faire vivre, par le biais d'une direction d'acteurs qui procède par petites touches.

Et qui révèle progressivement ce que cache le personnage de Barbara, suivie par la Stasi car suspectée de vouloir passer à l'ouest. Même si ces enjeux s'incarnent dans une trajectoire conventionnelle (comment redonner un certain sens à sa vie en s'investissant dans le travail), ce n'est encore une fois pas tant la facture qui compte, mais ce qu'elle dissimule derrière son apparente quiétude. La relation entre Barbara et le médecin prend alors une autre dimension, à mesure que la gentillesse de celui-ci devient suspecte de collaboration avec le régime. Loin de jouer la carte du suspense à ce sujet, Petzold questionne plutôt la dimension paranoïaque de son récit, dévoilant toute la perversité du régime de traque imposé à l'héroïne : n'est-ce pas s'avouer vaincu par le système si l'on considère la bonté des autres comme une potentielle menace ? Et d'y répondre avec une intelligence retorse tout au long du film, par un attachement sans failles à la valeur du travail, cette valeur que le régime communiste a tenté d'imposer comme étendard de la splendeur communiste à tout un peuple. Ce n'est donc surtout pas la moindre des choses que de mettre en scène le quotidien laborieux d'un médecin et de son infirmière, car ils sont les seuls à même de panser les plaies, de soigner ce cancer qui ronge toute une société. Julien Marsa • Critikat ici

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LA PETITE VENISE de Andrea SergeFrance / Itralie • 2011 • 1H38 • avec Zhao Tao, Rade Sherbedgia

Haut et court • 13 juin 2012 • Mostra de Venise 2011

Plus d'infos sur le site du distributeur iciEdition d'un document d'accompagnement 4 pages AFCAE

Sur une île de la lagune vénitienne, un pêcheur fait la connaissance d'une jeune chinoise récemment immigrée. Une douce amitié naît peu à peu entre ces deux êtres que tout semble séparer. Mais leurs sentiments dérangent deux communautés qui se rejettent: Italiens et Chinois voient d'un mauvais oeil leur complicité naissante...

Propos du réalisateur (extrait du dossier de presse) :

Le point de départ de ce film est un visage, celui d’une jeune femme qui pourrait être Shun Li. C’était dans une « osteria » vénitienne, le genre d’endroit fréquenté par les pêcheurs du coin depuis des générations. Le souvenir de ce visage, tellement incongru et étranger à ces lieux patinés par les années, ne m’a plus quitté. En observant cette jeune femme, son passé, son histoire, le chemin qu’elle avait emprunté jusque-là... tout devenait source de fiction. Quel genre de relations aurait-elle pu nouer dans une région comme la mienne, si peu habituée aux changements ? (...)

L’idée de ce film naît également de deux exigences, d’une part, celle de parler de la relation entre l’individu et l’identité culturelle, d’autre part, l’envie de raconter deux lieux et deux mondes emblématiques de l’Italie actuelle que sont les banlieues multi-ethniques romaines et vénitiennes.

[…] Au fond, La Petite Venise est le lieu imaginaire - mais absolument réaliste - de la rencontre de deux mondes en crise : le monde de ceux qui sont contraints ou qui ont choisi d’abandonner leurs racines, et le monde de ceux qui voient leurs racines se transformer profondément, jusqu’à disparaître.Deux mondes qui découvrent soudain, dans la richesse d’un dialogue presque impossible, une voie pour retrouver une dignité, et surtout un échange avec l’autre. Ces deux mondes se jaugent et comprennent qu’ils ont le même problème ; en se confiant davantage, ils essayent de se sauver mutuellement.Un salut presque onirique, rendu possible également par le charme d’un lieu, la lagune vénitienne au sud de Venise, un lieu qui n’a presque jamais été raconté par le cinéma italien et européen.

Je n'ai pas fait d'école de cinéma et j’ai d’ailleurs longuement hésité entre devenir cinéaste plutôt qu'être chercheur à l'Université... Mes deux parcours professionnels sont liés par le désir profond de raconter la vie et l'histoire des migrants. Alors j'ai commencé à voyager dans des directions opposées, en Europe d’Est en Ouest, des Balkans jusqu'en Afrique. J'avais toujours une caméra avec moi et j'ai commencé à réaliser mes premiers documentaires. Je n'ai jamais eu d'intérêt particulier pour l'immigration chinoise, jusqu’à ce que je rencontre la vraie Shun Li dans le café de Chioggia, là, j'ai compris que son histoire était celle que je souhaitais raconter. Le cinéma est mon arme pour dénoncer, même s’il m’aide à rêver aussi bien sûr...