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Synthèse de la recherche LE DÉVELOPPEMENT D’UNE CULTURE DE SANTÉ ET SÉCURITÉ AU TRAVAIL Par Patrice Baril Geneviève Dionne Manon Lajeunesse Marielle Paul-Fortin Dans le cadre du séminaire international Maîtrise en gestion de la formation Sous la supervision de Jean-François Roussel, professeur Septembre 2012

2012 - Santé et sécurité au travail-rapport

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Synthèse de la recherche

LE DÉVELOPPEMENT D’UNE CULTURE

DE SANTÉ ET SÉCURITÉ AU TRAVAIL

Par

Patrice Baril

Geneviève Dionne

Manon Lajeunesse

Marielle Paul-Fortin

Dans le cadre du séminaire international

Maîtrise en gestion de la formation

Sous la supervision de

Jean-François Roussel, professeur

Septembre 2012

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Table des matières

1. RÉSUMÉ .......................................................................................................................... 3

2. CONTEXTE ..................................................................................................................... 3

2.1 Thématique .............................................................................................................. 4

2.2 Description de la problématique .............................................................................. 4

2.3 Objectif de recherche ............................................................................................... 5

3. RECENSION D’ÉCRITS : REVUE DES PRINCIPAUX CONCEPTS ET

DÉFINITIONS ................................................................................................................. 5

3.1 Culture versus climat de santé et sécurité au travail ................................................ 5

4. SCHÉMA INTÉGRATEUR............................................................................................. 7

5. CONCEPTS ...................................................................................................................... 8

5.1 Apprentissage social et théorie socio-cognitive en santé et sécurité au

travail ....................................................................................................................... 9

5.2 La notion de conformité ........................................................................................ 10

5.3 Vers le concept de l’organisation apprenante ........................................................ 12

6. BALISAGE .................................................................................................................... 14

6.1 Méthodologie ......................................................................................................... 14

6.2 Résultats................................................................................................................. 15

7. RECOMMANDATIONS ............................................................................................... 18

7.1 Constats ................................................................................................................. 18

7.2 Conditions de succès ............................................................................................. 22

8. CONCLUSION .............................................................................................................. 23

9. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ....................................................................... 24

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3

1. Résumé

Depuis la fin des années 70, les pays nord-américains ont mis en place une série de lois et

de règlements en lien avec la santé et la sécurité des travailleurs. Une fois cette législation

en vigueur, un plafonnement de la diminution des accidents a été observé; une hausse a

ensuite été constatée en 2006. Le concept de culture de santé et sécurité au travail a fait

depuis l’objet de nombreuses recherches. Ce projet de recherche-action vise à établir des

liens entre les données recueillies lors d’entrevues menées en entreprise et ce que la

littérature scientifique a démontré à ce jour. Un schéma intégrant les concepts sera présenté

ainsi que les résultats d’un balisage effectué auprès d’entreprises qui se démarquent par

leurs bonnes pratiques en santé et sécurité au travail, liés aux résultats de la recension

d’écrits. Enfin, les limites de la présente recherche-action ainsi que des recommandations

seront présentées.

2. Contexte

Le projet de recherche-action a été mené au sein d’une entreprise manufacturière située au

Québec. Spécialisée dans le développement et la fabrication de contrôles électroniques,

cette entreprise élabore plus de 150 produits destinés aux secteurs industriel et commercial

dans les milieux agricole et résidentiel. Elle compte plus de 100 employés non syndiqués

répartis dans trois départements : administration, recherche et développement, production.

Fondée en 1990, elle a été achetée en 2008 par un groupe américain où se trouve depuis le

siège social. À la suite d’inspections effectuées en 2010, les dirigeants du siège social ont

constaté des lacunes en matière de santé et sécurité au travail. Ils ont donc imposé à

l’entreprise l’instauration d’un plan de mise à niveau. Ce plan prévoit l’implantation d’une

politique en santé et sécurité du travail répondant à la fois aux normes québécoises et

américaines, ainsi que la formation de l’ensemble du personnel en matière de santé et

sécurité. Le siège social fournit l’ensemble des ressources financières nécessaires pour

réaliser ce projet.

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2.1 Thématique

Des entrevues semi-dirigées ont été réalisées auprès de 10 employés occupant différentes

fonctions dans l’organisation hôte : gestionnaires, employés du département de production,

employés du département de recherche et développement, employés du comité Santé et

sécurité au travail. Une séance d’observation du comité Santé et sécurité au travail a

également été effectuée. Cette démarche a permis d’identifier une thématique centrale : la

culture de santé et sécurité au travail.

2.2 Description de la problématique

Plusieurs éléments recueillis lors des entrevues ont mis en relief des lacunes en matière de

santé et sécurité au travail dans l’entreprise, ce qui confirme l’évaluation faite par le siège

social. La majorité des employés interrogés ont indiqué que la santé et la sécurité des

travailleurs ne constituaient pas une priorité ou une valeur pour l’organisation. Selon eux,

cette situation dure depuis plus de 10 ans : les équipements brisés ou potentiellement

dangereux ne sont ni remplacés ni réparés, les propositions du comité Santé et sécurité au

travail ne sont pas mises en œuvre, les postes de travail ne sont pas adaptés à la tâche ou

aux travailleurs, ainsi de suite. Les personnes rencontrées ont unanimement souligné avoir

ressenti un vent de changement à la suite de l’acquisition par l’entreprise américaine.

D’après les employés interrogés, la nouvelle direction a des intentions très différentes par

rapport à la santé et sécurité au travail; ils s’attendent donc à ce que ces intentions se

traduisent en actions et en changements concrets. Cependant, certaines difficultés

demeurent, dont le fait que la personne responsable de mettre en œuvre le plan de mise à

niveau en santé et sécurité ainsi que la formation qui s’y rattache n’a aucune expérience

dans le déploiement et le soutien de ce type de mandat, ce qui en complexifie la

planification, la mise en œuvre et le suivi.

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5

2.3 Objectif de recherche

L’analyse des informations recueillies lors des entrevues a fait ressortir de nombreux

éléments relatifs à la culture de santé et sécurité au travail. Les réponses recueillies1

pointaient toutes vers cette problématique de culture. Les répondants ont notamment

mentionné que la formation pourrait amener des changements de comportement en matière

de santé et sécurité au travail. Selon eux, la planification et la gestion du changement

étaient cruciales pour garantir le succès de l’implantation d’une politique en santé et

sécurité au travail. Le nombre d’éléments mentionnés et la relative unanimité des propos

des personnes interrogées ont donc permis de déterminer que l’objectif de cette recherche

serait d’identifier les leviers favorisant le développement d’une culture de santé et sécurité

au travail dans une entreprise manufacturière.

3. Recension d’écrits : revue des principaux concepts et définitions

Étant donné la pluralité des définitions du concept de culture de santé et sécurité au travail,

il est apparu nécessaire de bien le camper et de le différencier du concept de climat de santé

et sécurité au travail.

3.1 Culture versus climat de santé et sécurité au travail

Tout d’abord, Reason (2000) définit la notion de santé et sécurité au travail comme étant la

capacité des individus ou des organisations à gérer les risques et les dangers afin d’éviter

des dommages ou des pertes tout en atteignant leurs objectifs.

Selon la littérature, culture et climat en santé et en sécurité sont deux termes distincts,

mais reliés (Mearns et Flin, 1999). Cooper (2000) a réalisé un historique des recherches

portant sur la culture de santé et sécurité au travail. Il constate que cette dernière a été

étudiée principalement sous deux angles. Le premier angle s’attarde aux perceptions

1 Portrait de la situation actuelle en santé et sécurité, formation, gestion du changement et valeur perçue de la

santé et sécurité

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partagées qui guident les comportements sécuritaires appropriés et adaptatifs, basés sur des

repères environnementaux (Zohar, 1980); le second s’intéresse aux attitudes partagées par

les employés en regard de la santé et la sécurité au travail (Cox et Cox, 1991). Ce constat a

amené Cooper (2000) à distinguer le climat de la culture de santé et sécurité au travail (en

se basant sur Rousseau, 1988), lorsqu’il précise que : le climat réfère spécifiquement aux

descriptions que font les gens de leurs expériences de tous les jours, alors que la culture

reflète de façon plus large les normes sociales qui prévalent au sein d’un groupe.

Essentiellement, un bon climat de santé et sécurité au travail serait donc caractérisé par un

engagement à prendre soin et à se soucier collectivement de soi et des autres, sur la base de

perceptions et attitudes positives similaires relatives à la santé et sécurité au travail

(Cooper, 1997). S’inspirant du modèle de causalité triadique réciproque de Bandura (2007),

Cooper (1993) a créé un modèle qui positionne le climat de santé et sécurité au travail en

tant que composante de la culture de santé et sécurité au travail. Dans ce modèle, le climat

réfère à des facteurs psychologiques internes, soit l’ensemble des perceptions, des facteurs

cognitifs et émotionnels et des ressentis des individus. La culture de santé et sécurité au

travail se révèle donc un concept plus large qui comprend de multiples facettes, comme les

normes sociales, les valeurs et les structures (Parker et collab., 2006; Cooper, 2000; Cox et

Cox, 1991; Lee et collab., 1993; Coyle et collab., 1995; Mearns et collab., 1997;

Williamson et collab., 1997).

Dans le cadre de la présente recherche, les définitions suivantes ont été retenues pour

camper les concepts de culture et de climat de santé et sécurité au travail. La culture de

santé et sécurité au travail est un sous-ensemble de la culture organisationnelle (Parker,

Lawrie et Hudson, 2006; Clarke, 1999). Cette dernière est un cadre de référence composé

de croyances, de valeurs et de comportements partagés par les membres d’une même

organisation, qui sous-tendent l’inconscient collectif et conditionnent les perceptions que

l’organisation a d’elle-même et de son environnement (O’Toole, 2002; Schein, 1986). Le

climat de santé et sécurité au travail est également un sous-ensemble du climat

organisationnel (Neal et collab., 2000); il consiste en la perception qu’ont les employés des

efforts effectués par leur organisation en matière de santé et sécurité au travail et a une

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7

structure tridimensionnelle comprenant des pratiques déclaratives (entraide), actives

(conformité) et proactives (coaching) (Zohar et Luria, 2005; Johnson, 2007).

4. Schéma intégrateur

Le schéma qui suit présente l’intégration de l’ensemble des concepts abordés dans cette

recherche; il reflète la définition retenue du concept de culture de santé et sécurité au travail

et des facteurs qui favorisent son implantation. La culture s’exprimant dans ce que Cooper

et Bandura ont défini comme le « contexte », elle est représentée comme l’élément central

du schéma. La culture irradie ainsi dans chaque élément qui compose l’organisation et

s’observe dans la « fenêtre » de différents contextes.

Adapté de Bandura (1977, 1986); Cooper (1993a); Dejoy et collab. (2004); Johnson

(2007); Green et Kreuter (1991); Cangelosi Crossman (2008).

Culture de santé

et sécurité au travail

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5. Concepts

Le schéma qui précède est le fruit de l’intégration de plusieurs recherches alors que le

tableau qui suit en regroupe les différents concepts qui sont par la suite explicités. On y

distingue les liens entre le niveau, la dimension et les facteurs, pour ensuite pointer les

leviers sur lesquels il est possible d’agir pour influencer chacune des dimensions et

produire un changement sur la culture de santé et sécurité au travail.

Tableau intégrateur des différents concepts

Niveau Dimensions Facteurs Leviers

Facteurs

psychologiques

internes

Climat

Individuel : cognition,

émotions, ressentis

Prédisposants

Croyances, attitudes,

valeurs

Satisfaction au travail

Compétences

Engagement envers

l’organisation

Connaissances

Facteurs

observables

externes

Organisation

Systèmes

managériaux, lois,

espace, règlements

Facilitants

Aspects

environnementaux et

systémiques

Engagement de la direction

Actions de la direction

Communications

Comportements au

travail

Actions et décisions

De renforcement

Récompenses et

punitions conséquentes

aux comportements

Participation à la prise de

décision

Environnement de travail

Habitudes de travail

(Bandura, 2007;

Cooper, 2000;

Green et Kreuter,

1991; DeJoy et

collab., 2004;

Reason, 2000;

Cangelosi

Crossman, 2008;

O’Toole, 2002;

Ruchlin et collab.,

2004; Parker et

collab., 2006;

Hudson, 2007;

Reniers et collab.,

2011)

(Bandura, 2007; Reason,

1997; Cooper, 2000;

Johnson, 2007; Cangelosi

Crossman, 2008; Reniers et

collab., 2011)

(Green et Kreuter, 1991;

Cooper, 2000; DeJoy et

collab., 2004; Johnson,

2007; Cangelosi Crossman,

2008; Reniers et collab.,

2011)

(Cooper, 2000; DeJoy et collab.,

2004; Johnson, 2007; Cangelosi

Crossman, 2008; Reniers et collab.,

2011)

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5.1 Apprentissage social et théorie socio-cognitive en santé et sécurité au travail

Le modèle de Cooper (2000) s’appuie sur les recherches de Bandura (2007) sur

l’apprentissage social et la triade socio-cognitive. Les trois principes directeurs de ce

schéma sont donc la bidirectionnalité des relations, la force relative des éléments et la

successivité des interactions. Cette triade socio-cognitive place l’individu au cœur d’un

triangle d’interactions entre des facteurs psychologiques internes, la situation et les

comportements qu’ils adoptent dans un contexte donné. Ce sont ces interactions qui sont

illustrées par les flèches bidirectionnelles dans le schéma présenté précédemment. Ce

modèle reconnaît explicitement que la force relative de chaque élément peut être différente

dans une situation donnée : par exemple, la conception d’un système de production

(organisation) peut exercer davantage d’effets sur le comportement des travailleurs que sur

leurs attitudes (climat) à l’égard de la sécurité. De même, l’influence réciproque de chaque

élément peut ne pas se produire simultanément : il peut y avoir un délai entre un

changement dans les comportements en santé et sécurité des travailleurs et l’activation

d’une influence réciproque avec les systèmes de santé et sécurité organisationnels. Bandura

affirme que cette relation de réciprocité ne signifie pas que les sources d’influence sont de

force égale. Cette influence bidirectionnelle indique que les individus sont à la fois le

produit et le moteur de leur environnement (Cooper, 2000). Une situation est donc autant

fonction de la personne que les comportements de cette même personne est fonction de la

situation (Bowers, 1973; Cooper, 2000). Le schéma ci-dessus illustre notamment que les

individus s’appuient sur leurs schémas mentaux et les signaux que leur envoie leur

environnement pour autoréguler leurs comportements (Bandura, 1991; Cooper, 2000).

Wood et Bandura (1989) ont démontré la validité de ces principes au sein des

organisations, notamment en ce qui concerne les décisions managériales. Cette

modélisation, combinée à des enquêtes sur la perception des risques en santé et sécurité au

travail2, a également mis en évidence que la perception des risques était variable en

fonction de la position hiérarchique occupée par l’employé, et ce, sans égard à l’industrie.

2 Au sein d’industries manufacturières, chimiques et de transformation alimentaire

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Diverses recherches ont d’ailleurs établi que la direction aurait tendance à

systématiquement sous-évaluer les risques par opposition aux travailleurs (Ostberg, 1980;

Rushworth et collab., 1986; Cooper, 1997).

5.2 La notion de conformité

Sur la base de la théorie de la fixation des objectifs de Locke et Latham (1990), Cooper

explique que le produit d’une culture de santé et sécurité au travail serait un ensemble

d’éléments observables reflétant « les efforts individuels et organisationnels pour améliorer

la santé et la sécurité au travail sur une base quotidienne ». Comme on englobe alors les

actions et les engagements de l’organisation et des employés dans les éléments observables,

cela permet d’aller au-delà de la stricte observation des mesures statistiques d’accidents et

d’incidents. La diminution de ces statistiques peut en effet être attribuable à l’absence de

rapports ou d’évaluations de la santé et sécurité au travail, et non à l’absence d’incidents

proprement dite (Cooper, 2000). Cela met en lumière comment la notion de conformité, soit

l’action de se conformer à un ensemble de normes et de procédures, influence à la fois les

actions et les résultats en matière de santé et sécurité au travail. Dans le schéma, cela

s’illustre par une interaction successive entre l’organisation, le climat et les comportements

au travail.

Dans cette optique, DeJoy, Gershon et Schaffer (2004) ont démontré qu’un climat positif de

santé et sécurité au travail crée un environnement qui favorise, soutient et renforce une

meilleure conformité des travailleurs par rapport aux comportements de santé et sécurité au

travail3. En d’autres termes, si différentes mesures pour encourager l’adoption de

comportements sécuritaires sont mises en place par l’organisation, encore faut-il que les

travailleurs adoptent les comportements attendus en se conformant à ces mesures. D’après

DeJoy et collab. (2005), les comportements individuels et collectifs seraient influencés par

trois catégories de facteurs : ceux prédisposant les comportements (individuels), ceux

facilitant les comportements (environnementaux et systémiques) et ceux renforçant les

3 En utilisant le cadre de référence PRECEED-PROCEED de Green et Kreuter (1991)

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comportements (rétroactions produites ou anticipées). Chacun de ces groupes de facteurs se

positionne dans le schéma présenté précédemment. Cela fait apparaître le climat de santé et

sécurité au travail comme un élément modérateur dans la production de comportements

sécuritaires. En d’autres termes, l’organisation met en place un ensemble de systèmes pour

soutenir la santé et la sécurité au travail en visant à développer des comportements

sécuritaires chez les employés. Cependant, l’ensemble des perceptions, cognitions et

ressentis (le climat) vient influencer la relation entre les efforts organisationnels et la

décision des employés d’adopter ou non un comportement.

Johnson (2007) a d’ailleurs démontré la valeur prédictive du climat de santé et sécurité au

travail en tant que générateur de comportements sécuritaires. Cinq études4 avaient

également documenté cette valeur prédictive. L’étude de Johnson (2007) renforce les

résultats de ces études et confirme l’impact du climat de travail sur l’adoption de

comportements sécuritaires, allant ainsi dans le même sens que DeJoy et collab. (2005). En

d’autres termes, le climat de santé et sécurité influence les comportements au travail. Tout

comme Cooper (2000), Johnson prend en considération des facteurs cognitifs, sociaux et

environnementaux dans son étude.

O’Toole (2002), en s’appuyant sur Baley (1997), note lui aussi que les perceptions des

employés relatives à l’engagement de la direction, la participation de leurs collègues et

l’efficacité de la formation exercent également un impact positif en matière de génération

de comportements sécuritaires au travail. La littérature suggère donc que les perceptions

des employés relativement à ces facteurs influencent la probabilité qu’ils se conforment aux

règles, politiques et procédures de santé et sécurité au travail. Cela confirme l’interaction

entre le climat et les comportements au travail illustré dans le schéma présenté

précédemment.

4 Cooper et Phillips, 2004; Gillen et collab., 2002; Hoffman et Mark, 2006; Hoffman et Stetzer, 1996; Zohar,

2002

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5.3 Vers le concept de l’organisation apprenante

Hasle et Jensen (2006) ont étudié le changement en santé et sécurité au travail au moyen du

concept d’organisation apprenante. Ils ont mis en évidence le rôle central joué par les

agents de changement dans le développement de la santé et sécurité au travail sur le plan

organisationnel, ainsi que les risques associés à l’incapacité de ces derniers à prendre en

charge ces projets complexes comportant une large part d’imprévus. De plus, la revue et

l’analyse de la littérature suggèrent que la création d’une culture de santé et sécurité au

travail positive soit un défi de niveau organisationnel; le concept de culture de santé et

sécurité au travail ne se limite donc pas aux seules dimensions individuelles

(comportements ou cognition).

Comme le soulèvent Farrington-Darby et collab. (2005), même si des facteurs individuels

entrent en ligne de compte, l’environnement créé par l’organisation contribue largement à

déterminer les attitudes, croyances et perceptions de la santé et sécurité au travail des

employés qui la composent. Les comportements au travail sont en partie déterminés par les

attitudes, les croyances et les perceptions des individus, ce qui conduit à penser que la

culture de santé et sécurité au travail d’une organisation va, ultimement, modeler les

comportements des employés (et inversement). Farrington-Darby et collab. (2005) ainsi que

Cangelosi Crossman (2008) s’appuient pour affirmer cela sur le modèle de performance

organisationnelle de Gilbert (1978), qui soutient que le comportement n’est pas une fin,

mais le moyen d’atteindre un objectif, tandis que la performance est un produit de

l’interaction comportementale avec l’environnement. En d’autres termes, les interactions

entre les systèmes organisationnels, les facteurs individuels et les comportements qui

permettent à l’organisation « d’apprendre collectivement » sont les mêmes qui sous-tendent

le schéma présenté précédemment. Développer une culture de santé et sécurité au travail

serait donc un apprentissage à la fois individuel et organisationnel.

Dans l’optique que les accidents ont une cause systémique (organisationnelle) plutôt que

strictement individuelle, Reason (1997) a proposé qu’une culture de santé et sécurité au

travail se déclinait en diverses sous-cultures composant une culture principale. Par cette

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prémisse, il a associé la culture de santé et sécurité au travail au concept de « culture

éclairée », qui dépendrait d’une « culture de rapports », qui elle-même dépendrait d’une

« culture juste ». Ce concept a été repris par la suite par plusieurs chercheurs5.

La « culture éclairée » réfère à un système d’information qui collecte, analyse et dissémine

les informations relatives aux accidents, incidents, manques et indicateurs de santé et

sécurité au travail de l’organisation. Elle permet d’avoir une vision d’ensemble de la santé

et sécurité au travail d’un point de vue organisationnel. La « culture de rapports » réfère

au climat favorisant le rapportage d’accidents, d’incidents et de manques. Cette dernière

dépend de la « culture juste », qui assure une atmosphère de confiance encourageant et

récompensant les individus qui participent activement à la santé et sécurité au travail. Une

« culture souple » serait la clef de voûte de ces autres « cultures », car elle permet à

l’organisation de mettre en œuvre les ajustements nécessaires pour maintenir la santé et

sécurité au travail.

En somme, l’organisation qui possède une « culture apprenante » peut mettre en œuvre ce

qui précède parce qu’elle se caractérise par sa volonté et sa capacité de tirer les conclusions

qui s’imposent, en fonction des données lui parvenant de son système d’information de

santé et sécurité au travail, et par sa volonté d’implanter des réformes majeures lorsque le

besoin s’en manifeste (Reason, 2000; O’Toole, 2002; Ruchlin et collab., 2004). Autrement

dit, l’organisation apprenante s’adapte constamment en fonction de signaux internes

(provenant des individus qui la composent) et externes (provenant du contexte et de

l’environnement).

Cooper (2000) affirme que l’approche de Reason (1997) s’intègre dans son modèle : les

éléments psychologiques réfèrent à la culture juste, les aspects comportementaux à la

culture de rapports, les éléments organisationnels aux cultures souple et apprenante. Cela

illustre comment chacune de ces cultures interagissent pour créer la culture éclairée que

Reason associe à la culture de santé et sécurité au travail.

5 Cooper, 2000; O’Toole, 2002; Ruchlin et collab., 2004; Hudson, 2007, cité par Reniers et collab., 2011

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6. Balisage

Comme dernière étape, un balisage a été effectué dans trois entreprises des secteurs de la

sidérurgie et de la transformation des métaux, de l’énergie et de l’aéronautique. Ce balisage

avait pour but de colliger les pratiques d’organisations manufacturières devant se

conformer à des exigences locales et internationales en santé et sécurité du travail, et

reconnues comme novatrices en la matière par la CSST6. Ce balisage devait permettre une

comparaison entre les notions provenant de la recension d’écrits et la pratique en milieu

organisationnel.

6.1 Méthodologie

La perception du concept de culture de santé et sécurité au travail a été évaluée à l’aide

d’un questionnaire élaboré à partir des dimensions du schéma. Ce questionnaire a été

élaboré sur la base de différents outils :

le questionnaire ZSCQ (Zohar et Luria, 2005; Johnson, 2007);

les tables de facteurs et leviers (Cooper, 2000);

une taxonomie de la culture de santé et sécurité au travail (Parker, Lawrie et

Hudson, 2005).

Le questionnaire a été administré aux responsables de la santé et sécurité au travail. Notre

but était de valider l’expression tridimensionnelle du concept de culture de santé et sécurité

au travail en questionnant les organisations sur le climat, les systèmes organisationnels et

les comportements relatifs à la santé et à la sécurité au travail.

6 La Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) est l’organisme auquel le gouvernement du

Québec a confié l’administration du régime de santé et de sécurité du travail. À cette fin, elle voit

notamment à l’application de la Loi sur la santé et la sécurité du travail et de la Loi sur les accidents du

travail et les maladies professionnelles. Elle organise également des concours visant à reconnaître

l’innovation et l’excellence en gestion de la santé et sécurité au travail.

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6.2 Résultats

De nombreux éléments du balisage sont venus appuyer ce qui a été relevé lors de l’analyse

préliminaire dans l’entreprise ainsi que dans la recension d’écrits.

Au sujet de la culture de santé et sécurité au travail, l’ensemble des entreprises balisées

affirment que celle-ci comprend différents aspects. Ces aspects se regroupent dans les

dimensions du schéma présenté précédemment : les perceptions individuelles, les systèmes

organisationnels et les comportements au travail. Les entreprises s’entendent pour dire que

la culture de santé et sécurité au travail est influencée par des normes et des politiques, ce

qui relève des systèmes organisationnels. Elles illustrent la culture par des actions et des

interventions au quotidien, ce qui est relatif aux aspects comportementaux. Selon les

personnes rencontrées, les travailleurs doivent être imprégnés par une mentalité et une

façon de voir les choses en matière de santé et sécurité au travail, ce qui réfère directement

aux facteurs psychologiques internes regroupés au sein du climat de santé et sécurité. De

plus, elles affirment que la culture de santé et sécurité au travail s’exprime par l’application

de mesures en accord avec les décisions de gestion et les politiques : des actions

quotidiennes (telles que du coaching, l’ajustement des postes de travail, etc.) sont mises en

place pour soutenir une culture de santé et sécurité au travail en corrigeant les

comportements, engageant personnellement chaque travailleur. Ce dernier élément fait

intervenir la notion d’interaction entre les actions et décisions de l’organisation, les

rétroactions liées aux comportements et le développement d’un ensemble de perceptions

(climat) positives par rapport à la santé et sécurité au travail. La description que les

entreprises font de la culture de santé et sécurité au travail reprend donc deux des principes

directeurs du schéma : bidirectionnalité des relations et successivité des interactions. La

notion de force relative des éléments n’a pas été expressément mentionnée.

Au sujet du climat, les personnes interrogées mentionnent que leur entreprise considère les

facteurs humains et l’environnement physique de travail comme les causes des accidents de

travail. Cela concorde avec les recherches qui expliquent que les accidents ont une cause

systémique et avec les relations qui sous-tendent les dimensions du schéma : les systèmes

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organisationnels, les perceptions individuelles et les comportements adoptés au travail. En

ce qui a trait aux moyens pris par ces entreprises, ce sont des audits ainsi que différents

rituels (comme des vérifications en début de quart de travail) qui assurent que les

équipements de protection sont en place, portés adéquatement et conformes. La

reconnaissance envers les employés est utilisée comme moyen pour encourager les bons

comportements.

Enfin, en utilisant la circulation de l’information à tous les niveaux dans les entreprises par

des moyens diversifiés (tableaux d’affichage, rencontres d’équipe, séances de coaching,

etc.), ces entreprises s’assurent de cultiver un ensemble de perceptions, de croyances et de

valeurs communes à l’ensemble des membres de l’organisation. Cela concorde avec les

moyens à mettre en œuvre pour développer la dimension « climat » décrits dans la

littérature, soit augmenter l’engagement envers l’organisation, les connaissances, les

compétences et, ultimement, la satisfaction au travail des employés.

Lorsqu’interrogées sur la dimension organisationnelle, les personnes rencontrées ont fait

valoir que le responsable de la santé et sécurité au travail exerce un rôle-conseil auprès de

la haute direction et des travailleurs, ainsi qu’un rôle important dans la gestion du

changement; cet élément concorde avec la littérature qui met en lumière l’importance du

rôle des agents de changement dans l’implantation d’une culture de santé et sécurité au

travail. Dans le but de promouvoir le développement d’une culture de santé et sécurité au

travail, les organisations ont utilisé divers moyens afin d’aligner leurs pratiques

organisationnelles en fonction de leur objectif. Par exemple, des rencontres de gestion entre

les différents départements et niveaux hiérarchiques sont effectuées régulièrement dans les

organisations, de même que des communications exclusivement consacrées à la promotion

de la santé et sécurité au travail.

La littérature soulevait que l’organisation devait mettre en place un ensemble de facteurs

facilitant le développement d’une culture de santé et sécurité au travail. En ce sens, les

entreprises balisées ont mis en œuvre un certain nombre d’actions, d’engagements et de

communications pour y arriver. Des formations sont notamment mises en place par la

Page 17: 2012 - Santé et sécurité au travail-rapport

17

direction afin de maintenir ou de développer la culture et d’informer les employés en

matière de santé et sécurité. Ces formations sont accompagnées de coaching qui, lui, est

utilisé pour modifier les comportements pendant l’exécution des tâches. La communication

est considérée comme étant essentielle; elle est fréquemment utilisée pour faire circuler

l’information et établir des liens entre les différents niveaux hiérarchiques de l’entreprise.

L’engagement et l’implication de la haute direction sont jugés nécessaires pour assurer le

développement et le maintien d’une culture de santé et sécurité au travail; des activités de

reconnaissance sont donc organisées à cette fin. En ce qui a trait à l’application de mesures

disciplinaires, tous s’entendent pour dire que ce n’est pas souhaitable. Des mesures sont

prises régulièrement (audits et indicateurs de performance) afin d’évaluer l’état de la

situation dans les différentes usines et de planifier adéquatement les actions correctives à

mettre en œuvre. Les résultats sont compilés, analysés et diffusés.

Enfin, au sujet des comportements au travail, les entreprises considèrent qu’il faut

impliquer les travailleurs dans la prise des décisions entourant la santé et sécurité au travail,

par exemple lorsque vient le temps d’évaluer l’organisation d’un poste de travail. Cet

élément était expressément mentionné dans la littérature en tant que facteur de

renforcement des comportements au travail. De plus, d’après les entreprises, le suivi des

règles et obligations en matière de santé et sécurité n’augmente pas la complexité des

tâches dans la mesure où ce suivi est planifié et élaboré dans le but de susciter l’adhésion de

tous. Pour y arriver, les entreprises sollicitent la participation des employés, ce qui assure

que leur avis et leurs idées sont pris en considération dans le processus de prise de décision.

Les entreprises ont exprimé des attentes élevées au chapitre de la participation des

employés aux activités relatives à la santé et sécurité au travail; deux d’entre elles

mentionnent qu’elles évaluent les employés à l’aide d’indicateurs de performance. Ces

évaluations des habitudes de travail permettent de rétroagir sur les comportements des

employés, ce qui a été mentionné dans la littérature comme un facteur renforçant l’adoption

de comportements sécuritaires.

De façon globale, le balisage concorde donc avec la littérature quant aux définitions,

facteurs et leviers préalablement identifiés dans le tableau intégrateur.

Page 18: 2012 - Santé et sécurité au travail-rapport

18

7. Recommandations

7.1 Constats

L’impact recherché par le développement d’une culture de santé et sécurité au travail est de

tenter de contrer le phénomène de plafonnement en santé et sécurité au travail observé en

entreprise malgré la mise en œuvre de lois et règlements dans les années 70 (Parker et

collab., 2006; Cangelosi Crossman, 2008). Selon la littérature, l’amélioration de la culture

de santé et sécurité au travail s’avère plus efficace que l’augmentation de la supervision ou

l’implantation de procédures plus rigoureuses pour améliorer la performance en santé et

sécurité au travail (Reason, 1998; Parker et collab., 2006). Pour ce faire, les agents de

changement responsables de mener ce projet doivent être en mesure d’identifier les

occasions de changement, d’établir des consensus autour des problématiques en santé et

sécurité au travail et de leurs possibles solutions, et de construire des alliances au sein de

l’organisation pour soutenir le développement et l’implantation des projets de changement

en santé et sécurité au travail (Hasle et Jensen, 2006).

En implantant un plan de mise à niveau en santé et sécurité au travail, l’objectif poursuivi

par le siège social de l’entreprise est d’améliorer la performance en santé et sécurité au

travail de sa filiale. Afin d’aider l’entreprise à mettre en place une culture de santé et

sécurité au travail et d’éviter l’effet de plafonnement occasionné par la seule recherche de

conformité, les moyens suivants, soutenus par la littérature et le balisage, ont été retenus :

Page 19: 2012 - Santé et sécurité au travail-rapport

19

Niveau Dimensions Facteurs Leviers Moyens

Facteurs

psychologiques

internes

Climat

Individuel :

Cognition

Émotions

Ressentis

Prédisposants

Croyances

Attitudes

Valeurs

Satisfaction au

travail

Compétences

Engagement envers

l’organisation

Connaissances

Agir sur les perceptions en mettant en place :

des mécanismes de gestion de changement de

comportement (formation, rencontre, diffusion

d’information, coaching, sensibilisation);

des procédures et rituels pour effectuer des

vérifications fréquentes et pour assurer une

communication quotidienne au sujet de la santé et

sécurité au travail (audit, observation, implication des

employés).

Pour stimuler l’engagement envers l’organisation, le

développement des connaissances et des compétences et

agir directement sur la satisfaction au travail.

Page 20: 2012 - Santé et sécurité au travail-rapport

20

Niveau Dimensions Facteurs Leviers Moyens

Facteurs

observables

externes

Organisation

Systèmes

managériaux

Lois

Espace

Règlements

Facilitants

Aspects

environnemen-

taux et

systémiques

Engagement de la

direction

Actions de la

direction

Communications

Soutenir les systèmes relatifs à la santé et la sécurité au

travail en :

impliquant tous les niveaux de gestion (siège social,

direction de chaque département, etc.) dans les

différentes activités liées à la santé et sécurité au travail

(rencontres, comité Santé et sécurité au travail,

activités de reconnaissance, communication);

utilisant les résultats obtenus lors de vérifications

(audits) dans le but d’améliorer la performance en

santé et sécurité au travail;

diffusant les résultats obtenus lors de vérifications

(audits) à l’ensemble des employés (cadres et

syndiqués) afin de favoriser la transparence des

communications et la compréhension commune des

projets relatifs à la santé et sécurité au travail;

employant des moyens de communication variés,

favorisant l’accessibilité et la fréquence de la

circulation de l’information à tous les employés, peu

importe leur niveau hiérarchique, et ce, afin de

favoriser une compréhension commune des projets

relatifs à la santé et sécurité au travail.

Pour démontrer le souci de l’organisation pour la santé

et la sécurité des employés par des engagements, des

actions et communications concrètes et cohérentes.

Page 21: 2012 - Santé et sécurité au travail-rapport

21

Niveau Dimensions Facteurs Leviers Moyens

Comportements

au travail

Actions et

décisions

De

renforcement

Récompenses

et punitions

conséquentes

aux

comportements

Participation à la

prise de décision

Environnement de

travail

Habitudes de

travail

Renforcer l’adoption de comportements sécuritaires en :

tenant compte des commentaires provenant des

travailleurs lors de la mise en application d’une règle

relative à la santé et sécurité au travail;

présentant aux employés les bénéfices associés à

l’adoption de comportements sécuritaires;

évaluant et en rétroagissant sur les comportements

des employés de façon formelle ou informelle

(coaching comportemental);

exprimant de la reconnaissance à l’égard des

résultats relatifs à la santé et sécurité au travail à ses

employés de façon formelle et informelle.

Pour favoriser la participation de tous à la prise de

décision concernant la santé et la sécurité et

encourager le développement et le maintien d’un

environnement de travail et d’habitudes de travail

considérés sécuritaires.

Page 22: 2012 - Santé et sécurité au travail-rapport

22

7.2 Conditions de succès

La recension d’écrits et le balisage ont révélé que certaines conditions de succès devaient

être présentes pour assurer le succès du développement d’une culture de santé et sécurité au

travail :

Climat Il est important que tous les employés aient la même compréhension de

la santé et sécurité au travail, malgré leurs différences (niveaux

hiérarchiques, générations, scolarité, fonctions, etc.).

L’ensemble des membres de l’organisation, de la haute direction aux

travailleurs, est solidairement responsable de la performance en santé et

sécurité au travail.

La santé et sécurité doit être une préoccupation de tout un chacun, et ce,

à tous les jours.

Organisation L’équipe de direction doit avoir un fort leadership sur les plans de

l’innovation, de la production et des relations de travail pour développer

une culture de santé et sécurité.

L’organisation doit inclure les objectifs en santé et sécurité dans sa

planification annuelle.

L’expérience de l’agent de changement (intervenant interne ou externe)

est une des pierres angulaires du succès ou de l’échec du

développement d’une culture de santé et sécurité au travail.

Comportements

au travail

Il faut tenir compte du fait que le changement des habitudes et des

comportements des travailleurs est un défi de tous les jours, et ce, à tous

les niveaux.

L’organisation doit impliquer les travailleurs de façon systématique lors

de prise de décision en matière de santé et sécurité au travail.

Les travailleurs doivent être toujours vigilants.

Page 23: 2012 - Santé et sécurité au travail-rapport

23

8. Conclusion

La recherche a permis de confirmer la problématique et de situer son importance dans le

cadre du contexte de l’entreprise. L’expérience de l’agent de changement dans un mandat

de développement d’une culture de santé et sécurité au travail est apparue dans la littérature

comme une des pierres angulaires du succès ou de l’échec du développement d’une culture

de santé et sécurité au travail. La nécessité de prendre en considération les dimensions

organisationnelle, individuelle et comportementale a été démontrée, et des moyens d’agir

sur les leviers propres à chacune de ces dimensions ont été recommandés à l’entreprise.

La complexité d’induire un développement de la culture de santé et sécurité au travail a été

illustrée par la nature des liens bidirectionnels unissant chacune des dimensions : apporter

des changements à l’une d’elles aura des répercussions sur les deux autres, pour le meilleur

comme pour le pire. Le fait que cela relève d’un processus évolutif et itératif, appuyé sur la

notion d’organisation apprenante, suggère que l’idée de créer une taxonomie de la culture

de santé et sécurité au travail pourrait outiller plus concrètement les entreprises dans leur

autoévaluation lorsqu’elles s’engagent dans un tel processus.

Cependant, cette perspective taxonomique n’a pas été explorée au-delà du stade prospectif

dans la recension d’écrits; combinée aux limites fonctionnelles d’un balisage auprès d’un

intervenant dans trois entreprises, la présente recherche ne permet pas d’en tirer des

conclusions qui soient généralisables en ce qui concerne la taxonomie. Des recherches

beaucoup plus exhaustives seraient nécessaires afin d’en valider l’utilisation au sein du

modèle de Cooper (2000).

Page 24: 2012 - Santé et sécurité au travail-rapport

24

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