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Presses Universitaires du Mirail Las conveñciones contra la cultura by Germán Colmenares Review by: Marie-Danielle Demélas Caravelle (1988-), No. 50, 25 ANS D’AMERIQUE LATINE (1988), pp. 215-217 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40853048 . Accessed: 15/06/2014 10:15 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Caravelle (1988-). http://www.jstor.org This content downloaded from 185.44.79.143 on Sun, 15 Jun 2014 10:15:20 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

25 ANS D’AMERIQUE LATINE || Las conveñciones contra la culturaby Germán Colmenares

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Las conveñciones contra la cultura by Germán ColmenaresReview by: Marie-Danielle DemélasCaravelle (1988-), No. 50, 25 ANS D’AMERIQUE LATINE (1988), pp. 215-217Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40853048 .

Accessed: 15/06/2014 10:15

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C.M.H.L.B. CARAVELLE n° 50, pp. 215-250, Toulouse, 1988.

COMPTES RENDUS

Germán Colmenares. - Las convenciones contra la cultura. - Bogo- tá, Tercer Mundo ed., 1987, 202 p.

Un livre vient de paraître, consacré à l'historiographie hispano- américaine du XIXe siècle. L'auteur, Germán Colmenares, a cherché à comprendre une tradition littéraire qui fut à l'origine de fables patriotiques toujours en usage. Ces historias patrias ont mal vieilli, « aux yeux d'un étranger, ce ne sont que prétextes à des cérémonies et des rites exotiques, ou bien des vitrines aux bibelots disparates et décrépits » (p. 16); pourtant, Germán Colmenares est parvenu a rendre passionnants les problèmes que posaient des œuvres souvent aussi prolixes qu'ennuyeuses.

Toutes, elles remémoraient l'histoire de l'indépendance; les histo- riens des nouveaux Etats fixaient l'image d'un passé récent pour ébaucher ime identité collective. Mais alors qu'ils voulaient écrire une histoire de la culture sud-américaine (culture politique, princi- palement), ils ne faisaient qu'utiliser les conventions européennes apprises en lisant Taine, Guizot, Ozanam, Quinet, Laboulaye, Thierry... Beaucoup s'étaient donné pour modèles des histoires de la révolution française et, de même qu'au XVIe siècle on avait parlé des habitants de l'Amérique comme s'il s'agissait de bergers d'Arcadie, ces lettrés ont parfois donné aux libertadors l'allure de Girondins.

« Le contenu culturel du passé, qu'il fût hispanique ou indigène, échappait aux modes de représentation importées d'Europe» (p. 70); la rupture d'avec la métropole marquait donc le début de l'histoire. Un journal équatorien écrivit, un jour de commémoration, en août 1833 : « Comme en ce temps-là (avant 1809), il n'existait pas de vie politique, peut-être ne se trouve-t-il pas un seul fait digne de sortir

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des ténèbres de l'oubli : la gloire, pour un esclave, est un mot incon- nu ou ridicule. Avec la première révolution commença un nouvel ordre des choses : depuis lors, Quito a une histoire, tachée de sang ou effacée par les larmes, mais pleine de grands souvenirs et de nobles exemples ». Avec un mépris identique, on exclua des chroni- ques le récit de la domination espagnole et les guerres indiennes, « ces guerres banales menées contre les tribus sauvages qui, au bout du compte, n'ont rien à voir avec l'histoire politique et sociale de la nation» (Vicente Fidel Lopez, cit. p 84). Il s'agissait bien d'écrire l'histoire de la Révolution, de l'Etat et de la Nation.

A Londres, en 1826, Juan Garcia del Rio et Andrés Bello fondèrent avec El Repertorio Americano les éphémérides américaines; ils éta- blirent des fêtes et des célébrations républicaines, de hauts faits, un martyrologue. Cette entreprise, et les œuvres qui suivirent, ensei- gnaient à chaque nouvelle république le sens de sa fondation et faisait connaître à l'Europe l'avenir prometteur du Nouveau Monde. « Dans bien des histoires nationales, il existait, implicitement, com- me une espèce de réclame » (p. 20).

Les historiens héritaient d'une histoire qui venait de commencer. « Ils pouvaient se sentir maîtres des origines de l'histoire au moment où l'action et la volonté semblaient capables de la façonner... C'est pour cela que l'historiographie hispano-américaine du XIX6 siècle synthétisait, comme ne purent le faire la littérature ou la philosophie, une vision du monde » (p. 20).

Mais alors qu'ils attribuaient chacun à leur Etat une spécificité incomparable (dont se ressentent encore aujourd'hui les études his- pano-américaines), les historiens sud-américains du XIXe siècle avaient formé comme une république des lettres : l'Argentin Bartholomé Mitre entretenait une correspondance suivie avec les Chiliens Benja- min Vicuña Mackenna (dont il avait partagé la prison) et Diego Barros Arana; celui-ci connaissait José Maria Restrepo, un Colombien lié au Vénézuélien Rafael Maria Baralt. Le Bolivien Gabriel René-Moreno avait été l'élève du Chilien Miguel Luis Amunategui; le Péruvien Felipe Paz Soldán échangeait des avis avec Mitre et Vicuña Mackenna, et l'Equatorien Federico Gonzalez Suarez s'entretenait avec le Colombien José Manuel Groot. S'ils se devaient de forger des identités nationales différentes, ces hommes suivaient le même projet.

En 1847, une polémique fameuse, entre Andrés Bello et José Victo- rino Lastarria, établit pour un siècle les règles du genre historique en Amérique du Sud. Lastarria et Bello divergeaient sur le sens à donner à la liberté récemment gagnée et ils en tiraient des conclu- sions opposées quant au rôle de l'histoire. Inspiré de Benjamin

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COMPTES RENDUS 217

Constant, Bello distinguait l'indépendance politique de l'Etat - un fait acquis - de la liberté qui se confond avec l'extension de la sphère privée et qui restait à établir en ménageant les traditions encore vivaces; il refusait l'idée que l'histoire nationale dût se fonder sur une tabula rasa et il souhaitait une reconstitution méthodique d'un passé sans rupture, l'étude « des coutumes domestiques d'une époque donnée, de la fondation d'un village, des vicissitudes, des désastres d'un autre, l'histoire de notre agriculture, de notre com- merce, de nos mines, la juste appréciation de tel ou tel aspect de notre système colonial » (cit. p. 64). Tandis que Lastarria préconisait la lutte contre tout héritage : l'historien, citoyen d'élite et fondateur, devait détruire les traces du passé. « II reste encore à donner quel- ques grands coups de hache au gros arbre de la superstition et des préjugés » (cit. p. 58).

Les conceptions de Lastarria l'emportèrent et, avec elles, une his- toire progressiste et morale, exemplaire, grandiloquente, héroïque, abusant des conventions dramatiques et du ressort des passions afin de mettre en scène de beaux gestes et de grands hommes. Les historiens se chargèrent d'abolir le passé en vue du jour où la plèbe finirait par se confondre avec le Peuple des constitutions. « En Amé- rique hispanique, le présent est moins prisonnier du passé que des images que l'on a construites de ce passé » (p. 23).

Un auteur excentrique, Gabriel René-Moreno, se déroba aux con- ventions volontaristes. Au lieu de l'anathème et de la louange, il se servit de l'ironie, et il laissa à d'autres les héros et les traîtres, et les bons sentiments, pour ciseler les petitesses d'une société de province en ses derniers jours coloniaux. « Sous des sourires perfides, des dissimulations sans bornes, des convoitises lancinantes, des apréhen- sions cachées, des perspicacités extrêmes; toutes ces vétilles, exqui- ses et nuisibles, s'agitaient expertement, comme des microbes, jusque dans le vide social du Haut Pérou... » (cit. p. 192). Gabriel René- Moreno décrivit, sans la condescendance des « costumbristes », les rites infimes et quotidiens, les célébrations et les cérémonies privées de signification d'un monde finissant. Cet homme qui écrivait l'his- toire de son pays en exil au Chili, fut peut-être seul à n'avoir pas usé d'artifices importées.

Las convenciones contra la cultura retrace les débats, les impasses et les tâches orgueilleuses des lettrés du XIXe siècle, et, parfois, laisse deviner les réflexions présentes d'un historien sur le sens de sa vocation dans un pays qui cède à la violence. Les deux registres avivent l'intérêt de ce livre.

Marie-Danielle Démêlas.

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