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51610868 Charles Andre Gilis L Esprit Universel de l Islam

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L’Esprit Universel de l’Islam.

L’excellence de la Révélation muhammadienne, telle qu’elle a été évoquée

à la fin du chapitre précédent, est essentiellement liée à la Lumière

universelle du Prophète – qu’Allâh répande sur lui Sa Grâce unitive et Sa

Paix ! Cette lumière ne s’est manifestée de manière complète, dans le

monde extérieur et sensible, que par le fait de sa naissance corporelle (1).

Durant toute la période cyclique antérieure, elle était demeurée voilée,

purement spirituelle et intérieure, du moins en tant que telle ; elle

n’apparaissait au dehors qu’en mode indirect, en tant que source de la

science et de l’inspiration des prophètes et des envoyés, considérés alors

comme les « représentants » (nuwwâb) ou les « chambellans » (hajaba)

(2) de l’Esprit muhammadien (ar-Rûh al-muhammadî) : « Allâh manifesta

Muhammad – sur lui la Grâce et la Paix ! – en tant que corps et en tant

qu’esprit, en mode sensible en vertu du Nom « l’Extérieur ». Sa Loi sacrée

(sharî’a) abrogea alors ce qu’Allâh voulut qu’elle abrogeât et maintint ce

qu’Allâh voulut qu’elle maintînt » (3) ; et encore : « Lorsque vint le temps

de la manifestation de son corps très pur – qu’Allâh répande sur lui Sa

Grâce unitive et Sa Paix ! – le pouvoir statutaire (hukm) de ses

représentants ne subsista plus. » (4)

La souveraineté universelle de la Loi islamique implique, en effet,

l’apparition d’un statut nouveau, définitif et irrévocable dans le domaine

des formes extérieures et de l’agir, empêchant tout « mélange » avec les

traditions antérieures et comportant le pouvoir d’abroger, de confirmer, ou

de soumettre à un statut spécial ce qui en subsiste. Ce privilège

providentiel ne se justifie, du point de vue métaphysique, que par

l’obligation complémentaire, à charge de la communauté islamique, de

professer une Foi elle aussi une, universelle et globale dans l’ensemble

des révélations divines qui, depuis son origine, ont été faites en ce monde

et pour lui. A l’unité de la Science principielle correspond ainsi dans le

domaine de la manifestation, l’unicité de la Doctrine immuable qui assure

la direction permanente de tout le domaine traditionnel et maintient sa

cohérence. Le musulman croit, et a l’obligation de croire, à tout ce que les

prophètes antérieurs ont communiqué aux hommes par voie d’inspiration

divine, y compris dans le domaine de l’agir, tout en suivant exclusivement

et scrupuleusement les prescriptions constitutives de la Loi

muhammadienne : « Les lois sacrées (sharâ’i’) sont toutes des lumières.

La loi de Muhammad – qu’Allâh répande sur lui Sa Grâce unitive et Sa Paix

! – est parmi ces lumières comme le soleil (5) : les lumières des planètes

sont à la fois présentes et cachées, ce qui est comparable aux abrogations

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opérées par sa loi – sur lui la Grâce et la Paix ! – en dépit de la présence

des Lois antérieures. C’est pourquoi cette Loi universelle qui est nôtre

implique nécessairement pour nous la Foi en l’ensemble des prophètes ;

nous devons croire que les Lois qu’ils ont communiquées sont l’expression

d’un Droit sacré véritable (haqq) (6). Leur abrogation ne signifie

nullement qu’elles sont mensongères : cette dernière opinion est celle des

ignorants ! » (7)

Inversement, du fait même que les prophètes et les envoyés ont tous

puisé leur inspiration et leur science à la lumière de l’Esprit

muhammadien, le passage à l’Islam de ceux qui suivaient précédemment

d’autres formes traditionnelles ne constitue en aucune manière, selon Ibn

Arabî, un changement de religion : « (Le Prophète) – sur lui la Grâce et la

Paix ! – n’a appelé les hommes à rien d’autre qu’à l’Islam. Les savants

exotéristes (‘ulamâ ar-rusûm) estiment qu’il leur a été ordonné ainsi de

changer de religion alors que, pour nous, ce n’est pas du tout de cela qu’il

s’agit. En effet, les Chrétiens et (de manière générale) tous les « Gens des

Livres » (révélés) ne changent aucunement de religion lorsqu’ils se font

Musulmans ; et cela, parce que la religion qu’ils suivaient impliquait la

réalité la Foi en Muhammad – qu’Allâh répande sur lui Sa Grâce unitive et

Sa Paix ! – ainsi que l’entrée dans sa Loi à partir du moment où il a été

lui-même envoyé aux hommes (8). Sa risâla est universelle, de telle sorte

que personne d’entre les « gens de la Religion » (ahl ad-Dîn) n’a jamais

changé la sienne en devenant Musulman. Comprends donc ! » (9)

La relation qui a été relevée au cours de la présente étude entre la

fonction de l’Esprit et la notion de forme s’applique dès lors, d’une façon

directe, aux rapports de la tradition islamique avec l’ensemble des autres

formes traditionnelles : à l’Esprit universel du Prophète – sur lui la Grâce

et la Paix ! – correspond nécessairement l’existenciation de la forme

parfaite qui est celle de l’Islam. Envisagé en tant que Verbe, l’Essence est,

par essence, indépendant de toute détermination particulière (10) ; il n’en

demeure pas moins, comme nous l’avons vu, que les formes de sa

manifestation sont douées d’excellence les unes par rapport aux autres.

De manière analogue, on observe, dans le domaine des formes

géométriques planes, une certaine excellence du cercle que ne possèdent

ni l’hexagone, ni le carré, ni aucune autre forme, qu’elle soit polygonale

ou non (11) : « La forme circulaire est la plus excellente et occupe, dans

le domaine des formes, le même rang que l’alif parmi les lettres : elle

inclut l’ensemble des formes (12) tout comme la lettre alif inclut

l’ensemble des lettres » (13). L’excellence de l’Islam est liée, dans cette

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perspective, à une affirmation explicite, exprimée en vertu d’une

inspiration divine sur le plan formel lui-même, de l’unité et de

l’universalité de tout le domaine traditionnel.

L’Esprit universel de l’Islam est la manifestation suprême de la

miséricorde d’Allâh, qui s’étend à tous les êtres : tout d’abord aux

prophètes et aux envoyés, par le fait qu’ils ont uniquement la charge de la

communication de l’Ordre et du Message divins, non celle d’inspirer la Foi

dans les cœurs. Cette restriction constitue une excuse pour eux lorsque

l’Ordre d’Allâh transmis par leur intermédiaire n’est pas suivi d’effet et

obéi (14).

Ensuite aux destinataires du Message, auxquels Allâh, par pur don de Sa

miséricorde, communique Ses Signes qui ne sont autre que Lui-même :

« Dis : « les Signes sont uniquement auprès d’Allâh » » (Cor.6.109). Dans

le cas de l’Islam au sens strict, il s’agit, au premier chef, de l’inimitabilité

du Coran (i’jâz), signe divin de la véridicité du Prophète, tout au moins

pour les Arabes : ceux-ci sont seuls à pouvoir reconnaître ce signe ce

signe du fait que le Coran a été révélé dans leur langue (15). S’agissant

des non-Arabes, c’est plutôt l’universalité du Message provenant du

Seigneur des Mondes qui constitue le signe par excellence : « (Le

Prophète) n’était qu’un illettré (ummiyyan) parmi d’autres ; et voilà qu’il

leur communiquait de la part d’Allâh, des choses dont ils savaient que nul

envoyé qualifié de la sorte ne pouvait connaître, si ce n’est par l’effet d’un

enseignement divin… Le Coran mentionnait ce qu’avaient mentionné les

Livres sacrés antérieurs, et le Prophète n’avait la science de leur contenu

que par le Coran. Les Juifs, les Chrétiens et ceux qui étaient détenteurs de

tels Livres le savaient fort bien : le signe leur venait donc de la part

d’Allâh, puisque le Coran lui-même venait « d’auprès de Lui ». » (16)

Enfin, et ceci n’est pas le moins étonnant, l’Esprit universel muhammadien

comporte un aspect de miséricorde à l’égard de ceux qui refusent de

croire à la risâla de l’Envoyé – sur lui la Grâce et la Paix ! On rapporte que

celui-ci, confronté à l’opposition acharnée de certaines tribus arabes, avait

résolu de faire des invocations contre elles au cours de chaque prière

obligatoire (17), durant un mois entier. Mais alors, « Allâh, sachant qu’Il

exauçait (Son Prophète) chaque fois que ce dernier L’invoquait, agit par

voie d’inspiration et lui fit défense de continuer ces invocations : c’était là

une façon de maintenir leur existence, et une miséricorde qui leur était

faite. En même temps, Il révéla : « Nous t’avons envoyé uniquement

comme une miséricorde pour les mondes » (Cor.21.107), c’est-à-dire :

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« pour que tu leur soit miséricordieux ». En effet, le Prophète a été

envoyé aux hommes dans leur totalité (18) pour qu’il leur soit

miséricordieux selon les diverses formes de la miséricorde, et notamment

en invoquant (Dieu) en leur faveur pour qu’Il leur accorde le succès et la

guidance ; c’est pourquoi il disait – sur lui Sa Grâce unitive et Sa Paix ! – :

« O Allâhumma, guide ceux qui font partie de mon peuple, car ils ne

savent pas ! » » (19). Certes la référence aux « mondes » autorise une

interprétation purement métaphysique du verset cité : la miséricorde

universelle est identifiée à la haqîqa muhammadiyya, c’est-à-dire la réalité

principielle et transcendante du Prophète – qu’Allâh répande sur lui Sa

Grâce unitive et Sa Paix ! (20) cependant, dans le présent commentaire,

le Cheikh al-Akbar tient compte uniquement des circonstances qui

entourent la révélation du verset : la miséricorde est envisagé en tant

qu’elle s’applique à la manifestation temporelle de Muhammad et à son

attitude à l’égard de ceux qui lui témoignent leur hostilité. Ce point de vue

souligne, mieux encore que le précédent, l’importance traditionnelle du

« voile de servitude » sous l’apparence duquel le Verbe éternel fut

existencié en Islam, de telle sorte que l’excellence est attribuée, sur le

plan formel, moins à la personne de Muhammad qu’à la fonction divine

qu’il représente.

Au dernier verset de la Sourate de la Caverne, le Très-Haut ordonne à Son

Prophète de dire : « Je suis uniquement une créature humaine (bashar)

semblable à vous. Il m’a été inspiré que votre Divinité est une Divinité

unique ». Selon le Cheikh al-Akbar (21), la mention de l’inspiration fait

référence, ici également, à la fonction prophétique, tandis que celle de la

bashariyya « contient un enseignement pour nous » (22) : celui de

respecter les convenances spirituelles aussi parfaitement que le Prophète

– sur lui la Grâce et la Paix ! – les a respectées lui-même.

Le Très-Haut a dit également, après avoir mentionné les prophètes

antérieurs – sur eux la Paix ! – « Ceux-là sont ceux qu’Allâh a guidés :

conforme-toi donc à leur Guidance » (Cor.6.90). En effet, « Leur guidance

provenait d’Allâh. Elle n’était autre que sa propre Loi sacrée – qu’Allâh

répande sur lui Sa Grâce unitive et Sa Paix ! C’est-à-dire : « Tiens-toi

fermement à ta propre Loi avec laquelle tes lieutenants sont établis avant

toi pour établir la Religion » ; « et n’y introduisez pas de séparation ! »

(Cor.42.13) » (23). La distinction de la fonction et de la personne apparaît

ici dans le fait qu’il est dit : « Conforme-toi à leur Guidance », et non :

« Conforme-toi à eux », tandis que la Parole : « n’y introduisez pas de

séparation » est considérée par le Cheikh comme une indication de l’unité

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métaphysique de toutes les formes traditionnelles (ahadiyyat ash-

sharâ’i’).

Si le Prophète a dit : « Je suis le seigneur (sayyid) des Fils d’Adam… », il a

ajouté aussitôt : « … et sans vaine gloire » (wa lâ fakhra) ; toujours selon

le Cheikh : « Il a nié qu’il cherchait à en tirer gloire, puis il a mentionné la

fonction (rutba) à laquelle appartient véritablement l’honneur, fonction

dont il n’était que l’interprète et qui lui faisait tenir ce langage :

l’Intercession et la Station Louangée (al-maqâm al-mahmûd) (24). C’est

toujours à la fonction, et non pas à nous-même, qu’appartient

l’honneur. » (25) Le plus grand des Maîtres a dit encore : « Si l’on objecte

(lorsque nous faisons état de la royauté et de la seigneurie universelles du

Prophète) qu’il a dit de lui-même : « Ne me conférez aucune

excellence ! », nous répondons que ce n’est pas à nous qu’il appartient de

le faire ! » (26)

O Allâhumma, accomplis une Grâce parfaite et une salutation de Paix

complète

Sur un Prophète par lequel les nœuds sont défaits, les tristesses

soulagées, et les besoins satisfaits, les désirs atteints, ainsi que les

meilleurs fins,

Et par le visage généreux duquel le nuage est amené à pleuvoir (27) ; de

même sur sa Famille et ses Compagnons en tout instant et en tout souffle,

autant de fois qu’il y aura de choses connues (ma’lûm) de Toi.

Gloire à la Transcendance de ton Seigneur, le Seigneur de l’Elévation hors

de l’atteinte de ce qu’ils attribuent !

Que la Paix soit sur les Envoyés !

Et Louange à Allah le Seigneur des Mondes ! (28).

(1) C’est là que réside la justification métaphysique de la célébration du

Mawlid ou fête de la naissance du Prophète – sur lui la Grâce et la Paix !

(2) Ce mot désigne les « gardiens de la porte », mais sa racine comporte

aussi le sens de « voile » (hijâb).

(3) Futûhât, chap.12.

(4) Ibid., chap.42.

(5) Il ne s’agit pas d’une simple image, mais d’un symbolisme précis lié à

la fonction solaire de sayyidnâ Idrîs, ce que confirme l’indication

complémentaire donnée aussitôt, selon laquelle les Lois antérieures à

l’Islam sont compatibles aux « lumières des planètes ».

(6) Ceci est lié selon Ibn Arabî, à la fonction de la Pierre Noire qui, au Jour

du Jugement, témoignera en faveur de ceux qui l’auront « touchée avec

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vérité », c’est-à-dire qui auront été fidèles au Pacte primordial conclu

entre Allâh et les « descendants d’Adam », quelle que soit la Loi sacrée

qu’ils auront suivie.

(7) Futûhât, chap.339.

(8) L’Islam est l’expression directe et la plus parfaite, parmi toutes celles

qui subsistent encore aujourd’hui, de la Religion Immuable qui a été

donnée aux hommes dès l’origine. C’est pourquoi toute incompréhension

manifestée à l’égard de l’Islam à partir d’une forme traditionnelle

antérieure s’accompagne nécessairement d’une incompréhension

concordante de l’un ou l’autre aspect essentiel que cette forme comporte.

Cependant, au strict point de vue du Droit divin, seule demeure la Loi

muhammadienne dont la juridiction s’étend, en principe, à l’ensemble du

domaine traditionnel.

(9) Ibid., chap.495. L’entrée en Islam n’est donc pas une conversion au

sens courant du terme.

(10) Cette indépendance explique que le Christ puisse paraître, à certains

points de vue, comme « supérieur » au Prophète. En tant que Verbe, il est

considéré en en effet comme une hypostase immédiate du Principe

suprême. L’Esprit, dont la fonction est plus « circonstanciée », apparaît

alors comme procédant du Verbe : « l’Esprit procède du Commandement

de mon Seigneur (min Amri Rabbî) ; cette perspective métaphysique est

reflétée, en théologie chrétienne, par la doctrine du filioque. En revanche,

en tant qu’il est lui-même une manifestation ou une révélation particulière

de l’Esprit universel, expression suprême de la Science divine essentielle,

le Christ apparaît en position inférieure par rapport à ce dernier. On

constate à ce propos, une fois de plus, combien de formules utilisées dans

le Coran sont nuancées et précises, puisque le Christ y est désigné par les

termes Kalimatu-Hu wa Rûhun min-Hu : « Son Verbe » et « Un Esprit

procédant de Lui » (Cor.4.171). Dans ces deux expressions, le pronom de

la troisième personne Hu, est, grammaticalement, celui de la « personne

absente » et, symboliquement, celui du mystère de l’Essence suprême. On

remarque donc que le Christ est rattaché à l’Essence de manière directe

en tant que Verbe et indirecte en tant qu’Esprit, car la particule min

implique une certaine idée de dépendance, de spécification et partition.

Quant à l’expression Rûhu-Hu (Son Esprit) qui rattache l’Esprit

directement à l’Essence et qui, comme celle de Kalimatu-Hu, n’intervient

qu’une seule fois dans le texte sacré (cf. Cor.4.171 et 32.9), elle se

rapporte non pas au Christ, mais bien à l’excellence de l’Esprit

muhammadien, ce que Qâchânî indique clairement dans son commentaire.

Cela dit, il convient de rappeler que, aussi bien dans l’expression

coranique ar-Rûh min Amri Rabbî que dans les termes Rûhun min-Hu, la

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particule min peut être considérée comme indicative d’une identité : selon

la réalité véritable, le Verbe et l’Esprit sont un, étant identiques à

l’Essence même d’Allâh. Dans cette perspective, la « supériorité de

l’Esprit » subsiste encore, mais ne peut plus se comprendre que par

référence à la manifestation de la Forme parfaite qui est celle de l’Homme

Universel au terme de la phase « descendante » de sa réalisation.

(11) Toute figure reflète un aspect du Principe, mais le cercle est seul à

exprimer son caractère « englobant » et totalisateur, lié à l’attribut divin

de Science. C’est pourquoi le cercle est, par excellence, la figure

géométrique de l’Esprit.

(12) Toute figure complexe ou irrégulière peut-être ramenée à une figure

simple, et toute figure simple et régulière peut être ramenée au cercle qui

est à la fois son origine et sa limite.

(13) Futûhât, chap.295.

(14) Ibid., chap.337.

(15) Ibid.

(16) Ibid.

(17) Ce type d’invocation rituelle est appelé qunût.

(18) Allusion à Cor.34.28. Cette totalité comporte un aspect de

succession : l’ensemble des hommes depuis l’origine de l’humanité ; et un

aspect de simultanéité : l’ensemble des hommes depuis que la Loi

islamique a été proclamée.

(19) Futûhât, chap.382.

(20) Dans le Kitâb al-Mawâqif (Mawqif 89), l’émir Abd al-Qâdir l’Algérien

prend appui sur ce verset pour développer une doctrine complète de

l’Esprit universel muhammadien et de ses symboles coraniques.

(21) Futûhât, chap.351.

(22) C’est-à-dire, avant tout, pour ceux qui ont atteint en Islam la

réalisation métaphysique suprême.

(23) Ibid., chap.10. Dans le contexte du présent chapitre, on notera avec

une particulière attention que la défense divine faite au Prophète

d’invoquer contre ceux qui s’opposaient à lui, et l’obligation concordante

de témoigner à leur égard de la miséricorde, sont considérés par le Cheikh

al-Akbar, au chapitre 400 des Futûhât, comme faisant partie de la

« Guidance de Jésus » (Hudâ ‘Îsâ). On remarque effectivement une

certaine analogie entre le hadîth cité plus haut : « O Allâhumma, guide

ceux qui font partie de mon peuple, car ils ne savent pas ! » et la parole

du Christ en croix : « Mon Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce

qu’ils font » (Luc, 23.34). Ibn Arabî mentionne aussi le fait que le

Prophète – sur lui la Grâce et la Paix ! – avait passé toute une nuit à

méditer une parole coranique attribuée à sayyidnâ ‘Îsâ : « Si Tu les

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châties, cependant ils sont Tes serviteurs ! Et si tu leur pardonnes, en

vérité c’est Toi qui est l’Inaccessible, le Sage » (Cor.5.118) ; Cf. Le Livre

des Chatons de Sagesses, p.419-422.

(24) Futûhât, chap.351.

(25) La fonction d’intercession que le Prophète mentionna en cette

circonstance et qu’il mit en relation avec sa « seigneurie » est explicitée

dans le hadîth : « Pour tout prophète, il y a une demande exaucée.

Chaque prophète s’est empressé de formuler la sienne, alors que moi j’ai

tenu la mienne cachée : il s’agit de l’intercession en faveur des grands

pêcheurs de ma communauté ». Il faut bien voir qu’il s’agit en

l’occurrence de l’Intercession ultime et suprême annoncée par la parole

divine : « Les anges ont intercédé, les prophètes ont intercédé, les

croyants ont intercédé : seul demeure le plus Miséricordieux des

Miséricordieux (arhamu-r-râhimîn) ». La seigneurie universelle du

Prophète apparaîtra donc, dans l’autre monde, non seulement comme un

« retournement » de la parfaite servitude qu’il aura assumée en celui-ci,

mais aussi comme la manifestation plénière de sa miséricorde.

(26) Ibid., chap.10.

(27) La pluie qui se répand avec une égale abondance « sur les bons et

sur les méchants » est un symbole de la Miséricorde universelle.

(28) Cette prière, connue sous le nom de « Prière ignée », est considérée

comme faisant partie des « Trésors d’Allâh ».

(Charles-André Gilis, L’Esprit Universel de l’Islam, chap. XXII, p.203-213)