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À la découverte des jardins de Quatre-Vents …€ la découverte des jardins de Quatre-Vents Infolettre – Jardinage Volume 1, numéro 3 – novembre 2015 2/5 Le but de M. Cabot

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À la découverte des jardins de Quatre-VentsInfolettre – Jardinage

Volume 1, numéro 3 – novembre 2015

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Les paysages des jardins de Quatre-Vents sont de toute beauté.

Un récent voyage m’a amenée dans les terres vallonnées de la région agricole de Charlevoix, au Québec, pour visiter les jardins de Quatre-Vents qui, selon plusieurs, figurent parmi les plus beaux jardins en Amérique du Nord. On dit que ces jardins situés dans des collines qui surplombent le magnifique fleuve Saint-Laurent sont l’un des secrets les mieux gardés du Canada. Ils ne sont ouverts au public que quelques jours par été. Heureusement, nous avions acheté nos billets plusieurs mois à l’avance. Nous avons constaté rapidement l’ampleur et la beauté des 28 acres de jardins lors d’une visite matinale.

La conception des jardins de Quatre-VentsPendant notre visite, nous en avons appris beaucoup sur Francis Cabot, le créateur des jardins de Quatre-Vents. Né aux États-Unis, ce financier diplômé de Harvard se passionnait pour l’horticulture. Horticulteur autodidacte, avec des talents de botaniste, il a hérité des jardins de Quatre-Vents, en 1965. Il s’agit d’un legs de sa grand-mère, à qui on avait donné la seigneurie en 1902. Jusqu’à sa mort en 2011, à 86 ans, il a passé ses étés à cet endroit avec sa famille pour restaurer et développer les jardins en incorporant des idées de jardins anglais, japonais, et même de jardins du Taj Mahal, en Inde.

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Le but de M. Cabot était de créer des jardins qui rivaliseraient avec les jardins les plus prestigieux du monde. Ceux qui l’ont connu disent que c’était un homme doux, attentionné et perfectionniste. Un jour, après qu’une tempête eut frappé ses jardins, il s’est même excusé auprès des visiteurs, car ce qu’ils allaient voir n’était pas irréprochable. Lors de notre passage, les soins apportés aux jardins, magnifiquement diversifiés, ont contribué à rendre la visite tout simplement parfaite.

Une variété des plantes alpines préférées de M. Cabot poussent dans les terrasses de pierre calcaire entourant la résidence.

Même si la saison de croissance de la région est courte (zone de rusticité canadienne : 4; américaine : 4), M. Cabot a été en mesure de cultiver une variété impressionnante de végétaux. Plusieurs sont indigènes, mais on y trouve aussi certaines espèces exotiques. Malgré leur configuration précise et organisée, les jardins n’ont pas été aménagés selon un plan global. Ils ont simplement évolué. L’une des premières grandes réalisations de Francis Cabot fut d’utiliser la pierre calcaire locale pour construire des terrasses et des murets avec plates-bandes – une solution éliminant la prolifération de mauvaises herbes – afin d’y cultiver des plantes alpines. Lors de ma visite, les murets et les marches qui relient sa maison et les plus grands jardins étaient couverts d’une variété de ses plantes alpines préférées.

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Les topiaires à l’avant du four à pain du jardin de la boulangère sont taillées en forme de pains.

La propriété compte 24 jardins au total. Certains sont petits, d’autres sont extraordinairement grands. La visite a débuté par trois petits jardins clos près de la résidence de M. Cabot. Le jardin de la boulangère comprend un four à pain et des topiaires sempervirentes en forme de pain. Le jardin des fines herbes se compose de légumes-feuilles et de fines herbes plantés dans des conteneurs. Tout près se trouve le jardin des invités où poussent des topiaires de cèdre en forme de meubles.

En nous rendant au jardin du sous-bois, nous avons vu cinq ruisseaux artificiels, ainsi que l’une des plantes préférées de Francis Cabot : la primevère. Il en a planté plus de 100 variétés afin d’admirer une floraison continue tout le long de la saison de jardinage. Nous avons ensuite visité le lac des Libellules, un petit lac créé par un barrage sur l’un des ruisseaux qui traversent la propriété. Le paysage entourant le lac est informel et peuplé de plantes indigènes. Un simple pont rouge japonais capte l’attention des visiteurs. En amont se dresse un pont lune chinois bleu pâle et, dans les bois, un musicien jouait un solo de violon spécialement pour nous. On aurait dit une peinture impressionniste vivante.

Le pont lune chinois est entouré d’un décor naturel.

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Réflexion du pigeonnier dans le bassin.

Un autre attrait de la propriété est le pigeonnier, un petit bâtiment destiné à l’élevage des pigeons. M. Cabot l’a construit en se basant sur des photos et des dessins datant de 1926. À l’avant du pigeonnier se trouve un bassin étroit avec des allées bordées de cèdres de chaque côté. M. Cabot a planifié l’aménagement de sorte qu’on puisse admirer la réflexion du pigeonnier dans l’eau noire du bassin.

Avec l’aide d’un maître-menuisier japonais, M. Cabot a créé un jardin asiatique dont l’achèvement a nécessité plus de 10 ans. C’est dans ce jardin que nous avons vu deux répliques de pavillons japonais du 15e siècle, nichées dans un ravin traversé par un ruisseau bordé de roches recouvertes de mousse et surplombé de deux ponts de cordage.

La piscine creusée en pierre naturelle donne sur un vaste panorama.

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Pendant le reste de la visite, nous avons observé des endroits qui offraient de vastes panoramas et des champs où broutait un troupeau de bœufs à longues cornes. Le splendide fleuve Saint-Laurent était visible de la piscine creusée en pierre naturelle. La propriété était décorée de surprenantes sculptures d’animaux de la forêt, de grenouilles et d’un maringouin géant.

Une allée des jardins de Quatre-Vents.

Pour plusieurs d’entre nous qui aimons l’horticulture, l’héritage de Francis Cabot se fait bien sentir, non seulement par ses jardins – ses jardins de Stonecrop, à Cold Spring dans l’État de New York, sont aussi ouverts aux visiteurs –, mais aussi par ses nombreuses contributions au monde de l’horticulture. Il a fondé l’organisme sans but lucratif Garden Conservancy, voué à la conservation de jardins privés exceptionnels en Amérique du Nord, dont les jardins d’Alcatraz qui ont été entretenus par des prisonniers et des gardiens pendant plus d’un siècle, et le Longue Vue House and Gardens de La Nouvelle-Orléans, qui a été endommagé par l’ouragan Katrina. Il a aussi fondé l’Aberglasney Restoration Trust pour restaurer un jardin du Carmarthenshire, au pays de Galles, datant du 16e siècle. Il a été conseiller du Royal Botanical Garden, en Ontario, et président du New York Botanical Garden dans les années 1970. M. Cabot a été l’un des rares étrangers à être nommé membre honoraire de l’Ordre du Canada et il a été fait chevalier de l’Ordre national du Québec.

Toutefois, c’est sans doute la création des jardins de Quatre-Vents qui le définit le mieux. Avant sa mort, il a mis sur pieds le Charlevoix Trust pour conserver le jardin jusqu’au dernier quart du présent siècle. Les profits tirés des visites sont donnés à un centre écologique local. Souhaitons que de plus en plus d’amateurs d’horticulture aient la chance de visiter les jardins de Quatre-Vents. Les billets sont en vente sur le site Web du Centre écologique de Port-au-Saumon (www.cepas.qc.ca).

Photos et texte de Julianne Labreche

Julianne Labreche est une rédactrice indépendante passionnée d’horticulture et bénévole pour le groupe Master Gardeners d’Ottawa-Carleton.

Bibliographie

Francis H. Cabot, The Greater Perfection : The Story of the Gardens at Les Quatre Vents. New York, W.W. Norton & Company, Inc. 2001.