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A M. RENAN MEMBRE DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES Author(s): Vicomte E. de Rougé Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 7 (Janvier à Juin 1863), pp. 194-198 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41734177 . Accessed: 19/05/2014 02:02 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.72.185 on Mon, 19 May 2014 02:02:20 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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A M. RENAN MEMBRE DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRESAuthor(s): Vicomte E. de RougéSource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 7 (Janvier à Juin 1863), pp. 194-198Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41734177 .

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A M. RENAN

MEMBRE DE L 'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Monsieur et savant confrère, Je vous transmets, comme vous l'avez désiré, les réflexions que me

suggère l'étude des fragments égyptiens recueillis par vous dans le cours de votre mission en Phénicie. Le fragment n° 1, provenant d'Aradus, appartenait à une statuette naophore. On ne peut y mécon- naître ni le style égyptien du temps des Saïtes, ni l'origine de la matière, qui est également de provenance égyptienne. Ce qui reste des inscriptions permet d'abord de lire un nom propre deux fois répété à l'extrémité des légendes, c'est-à-dire derrière le dos. Ce nom propre est déjà fort intéressant à lui seul, car il peut, comme une médaille, indiquer l'époque du monument. Il se lira sans difficulté

sa pîz

Ra-uah-het Shat ta-ti.

C'est-à-dire « Psammétik Im qui a illuminé la double région. » En effet, Ra-uah-het est le nom d'intronisation, ou premier cartouche de Psammétik Ier. Rien de plus commun que les noms de particuliers composés ainsi avec un nom de roi, suivi d'une épithète. Tous les pharaons illustres, et surtout Psammétik Ier, en fournissent de nom- breux exemples. Ce même nom Ra-uah-het est devenu le nom propre du roi Ouaphrès; la prononciation vulgaire suivait l'ordre suivant :

^ O uah-het-p-ra (en insérant l'article />, non écrit dans l'an-

cien style). Les papyrus hiératiques l'écrivent même souvent dans cet ordre qui explique la transcription Ouaphrès, où les mots se trouvent contractés. Je regarde cependant comme certain que ce n'est pas le nom propre du pharaon Ouaphrès , mais bien le premier

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cartouche de Psammétik I" qui a servi à composer le nom de notre personnage. L'éclat du règne de ce dernier souverain justifierait suf- fisamment cette manière de voir, qui est d'ailleurs confirmée par la seconde inscription.

Les titres, mutilés dans les légendes, laissent encore reconnaître

les qualifications de '|^

Ä x ave sahu, titre de cour ou fonc-

tion civile qui n'a pas été bien définie dans ses attributions, et puis une charge sacerdotale qui paraît avoir trait au stolisme d'un dieu nommé Hor-xent-xat ; c'est un des titres sous lesquels Horus était déjà connu.

Les restes de la légende verticale gravée derrière le dos ne nous fournissent pas d'autres lumières sur ce point. Le nom de Psammétik s'y trouve placé de telle sorte que, par l'interruption de la légende, je ne puis décider s'il faut traduire « le prêtre de Psammétik, no- fre » ou bien : « le prêtre Psammétik-nofre. »

Dans l'un ou l'autre cas, la présence du nom de Psammétik justifie notre conjecture précédente sur le nom .propre Ra-mh-het se-hat tati. Nous trouvons à la fin de l'autre ligne un nou' eau nom propre qui se lit Anipu. Il est accompagné du titre le justifié , attribué ordi- nairement aux morts; ce doit être le père du précédent personnage.

En résumé : matière égyptienne, travail égyptien et légendes du beau style saïte, noms propres et titres purement égyptiens; mais aucune circonstance qui paraisse dénoter un rapport intentionnel entre ce beau fragment et le lieu où il a été découvert.

Le fragment n° 2, d'Aradus, n'a conservé qu'un reste d'inscription où l'on distingue nettement la mention « du temple de la déesse « Bubaslis, dame de la vie des deux régions. »

m 7 -ÝZ Ha neter nte Veset nev anx ta-ti.

*Cette déesse a été fort en vogue sous les Saïtes, à l'époque desquels le style du monument m'engagerait à reporter également ce frag- ment.

Le n° 3, d'Aradus, ne consiste malheureusement qu'en un très-petit fragment d'une inscription qui a dû décorer les quatre côtés d'une table à libations. C'est encore l'œuvre d'une main égyptienne; mais

le personnage qui y est nommé porte la qualification "j, qui désigne

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196 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. les étrangers. 11 parait s'être nommé Pen-amon, nom qui est cepen- dant bien purement égyptien et porte la qualification de chef , qui a pu être civile ou militaire. On aperçoit encore la fin d'un second nom

propre, portant également le signe dislinctif *j ;

en sorte que ce petit

fragment excite notre curiosité sans la satisfaire en aucune façon. Le petit fragment de cylindre ou de tablette ronde provenant de

Tyr accuse aussi très-visiblement le style saïte. C'était une belle matière et un beau travail égyptien. Le nom du dèdica teur ne subsiste plus; on voit seulement qu'il adressait son hommage à la déesse Neith, avec un titre ou une désignation de localité qui mérite d'être recueillie et qui ne me paraît pas avoir encore été signalée.

tUTÏ !0

Hotep suten ta net hat sevti

Hommage royal adressé à Neith dans le rempart? Quoique la déesse Neith ait les plus grands rapports avec la Tanit

phénicienne, on ne peut néanmoins conclure de ce simple rensei- gnement que Tyr ait été réellement la destination intentionnelle du monument.

Le fragment conique trouvé à Sidon paraît avoir appartenu au pied d'un autel en granit, analogue à celui que possède le musée du Louvre. Les signes qu'on peut distinguer dans la fin du cartouche

brisé ^ setep-en, se trouvent ainsi placés dans une trop grande

quantité de cartouches royaux pour nous guider vers une conjecture sérieuse. J'inclinerais néanmoins à reconnaître dans ce morceau le style de la vingtième dynastie, large de dessin, mais souvent rude et grossier dans l'exécution. L'hommage du pharaon, et très-probable- ment l'autel lui-même, était dédié au dieu Supti ̂

dont le

symbole était l'épervier diadémé, ici figuré, et dont la qualification ordinaire était celle de seigneur de l'Orient. Son nom est suivi du signe • seigneur, qui était sans doute complété sur le monument

par le signe de l'Orient, f JL! . Supti était, avec Hathor, la

divinité locale particulièrement adorée dans les établissements égyp- tiens de la presqu'île du Sinai; mais on le trouve mentionné sur

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beaucoup d'autres monuments, et ce fragment nous hisse encore dans la plus grande incertitude sur les causes qui ont pu amener son transport sur la côte phénicienne (1).

Si je ne trouve pas que la présence des fragments que nous venons d'étudier puisse être alléguée comme un souvenir direct de l'établissement de centres égyptiens en Phénicie, je serai beaucoup plus affirmalif en ce qui concerne le bloc calcaire, orné d'un bas- relief, trouvé dans les fouilles de Gébeïl. Il ne s'agit plus ici d'un petit monument, statuette ou autel, dont le transport peut être expliqué, par bien des causes diverses, sur une côte constamment sillonnée par les navires. Le fragment de Gébeïl faisait partie d'un bas-relief qui a nécessairement décoré un édifice d'une grande di- mension. La légende qui accompagnait les sculptures n'a pas été

retrouvée; nous n'avons que son dernier mot, « éternellement, »

fin ordinaire des légendes dédicatoires ; mais les lettres sont de telle dimension que la dédicace, même la plus courte, sculptée dans un pareil module, devait accompagner nécessairement l'ornementation d'une porte ou d'une portion quelconque d'un édifice considérable et entièrement décoré par une main purement égyptienne, mais construit en pierres du pays lui-même. Si ce point est mis hors de doute, comme vous le pensez, par l'examen des caractères minéralo- giques de cette roche calcaire, le bloc de Gébeïl aura une significa- tion archéologique bien plus nette que celle de tous les morceaux dont nous venons de parler. Le bas-relief représente un pharaon, reconnaissable à l'urseus dressé sur son front; il est figuré, suivant un usage fréquent, recevant l'accolade d'une déesse, qui est coiffée du disque solaire et des cornes de vache, c'est-à-dire une des formes ordinaires d'Isis ou d'Hathor. Sur l'époque du monument, je ne pourrais donner que le résultat d'une impression : la finesse du contour et une certaine grâce particulière me porterait encore à songer à l'époque des Saïtes, plutôt qu'à la dix-huitième ou à la dix- neuvième dynastie.

S'il nous avait été donné d'étudier des restes plus nombreux du monument dont le bloc calcaire de Gébeïl a certainement fait partie, nul doute que nous n'eussions pu y puiser des renseignements cer-

(1) Je ne dois pas omettre cependant de vous signaler le rôle que Supti, en sa qualité de dieu de l'Orient, joue dans les tableaux qui accompagnent les conquêtes des Pharaons. On le trouve notamment amenant à Ramsés II les peuples vaincus de la Syrie. (V. Lepsius, Monuments , III, 144.)

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198 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. tains et bien précieux pour l'histoire. La vraie cause et surtout l'épo- que précise de l'influence égyptienne que l'on a remarquée dans les monuments de ce pays, nous eussent probablement été très-claire- ment expliquées. Je veux donc espérer contre tout espoir, et penser que ce sol si bouleversé recèle encore quelques blocs égarés qui nous rendront le nom du pharaon qui voulut consacrer par la construction d'un édifice religieux son séjour sur le sol de l'antique Gébeïl. L'hisloire des rapports de l'Égypte avec les régions syriennes nous rapporte en effet des renseignements qui peuvent faire songer à des époques très-diverses. Quels établissements durables avaient fondés les Égyptiens pendant leur domination, après les conquêtes de Tout- mès Ier et de ses successeurs ? Les gouverneurs égyptiens des pro- vinces asiatiques, dont parlent clairement les inscriptions du temps de Ramsés II (Sésostris), ont-ils construit des villes et des temples dans leur style national? Ce sont là des données historiques très- probables, mais auxquelles des monuments trouvés sur le sol de l'Asie n'ont pas encore donné le caractère de faits incontestables. Les stèles et bas-reliefs gravés sur les rochers, trophées passagers de la victoire, ne sont pas probants pour le fait spécial dont nous cher- chons ici la trace, et qui expliquerait admirablement l'influence égyp- tienne, si profondément empreinte dans les monuments phéniciens les plus anciens. Les établissements égyptiens du temps de Psammé- tik seraient d'une époque trop récente pour rendre raison de cette influence, dont il faut nécessairement faire remonter l'origine jusqu'au temps de la dix-huitième et de la dix-neuvième dynastie. C'est alors que la domination durable des pharaons réunit toutes les conditions nécessaires pour laisser dans les arts et dans la religion des peuples conquis ces traces qui nous sont si clairement apparues sur les monuments phéniciens.

Vicomte E. de Rougé.

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